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THEWORLD BANK DiscussionPaper EDUCATION AND TRAINING SERIES Report No. EDT99 Education, Expérience et Salaires en Côte d'Ivoire: Une Analyse à Partir de l'Enquête de Main d'Oeuvre de 1984 A. G. Komenan June 1987 Education and Training Department Operations Policy Staff The views presented here are those of the author(s), and they should not be interpreted as reflecting those of the World Bank. Public Disclosure Authorized Public Disclosure Authorized Public Disclosure Authorized Public Disclosure Authorized

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THEWORLD BANK

Discussion Paper

EDUCATION AND TRAINING SERIES

Report No. EDT99

Education, Expérience et Salairesen Côte d'Ivoire:

Une Analyse à Partir de l'Enquête deMain d'Oeuvre de 1984

A. G. Komenan

June 1987

Education and Training Department Operations Policy Staff

The views presented here are those of the author(s), and they should not be interpreted as reflecting those of the World Bank.

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Discussion Paper

Education and Training Series

Report No. EDT99

EDUCATION, EXPERIENCE ET SALAIRES EN COTE D'IVOIRE

Une Analyse à Partir de l'Enquête de Main d'Oeuvre de 1984

Andri G. Komenan

Research DivisionEducation and Training Department

June 1987

The World Bank does not accept responsibility for the views expressedherein, which are those of the author(s) and should not be attributed tothe World Bank or its affiliated organizations. The findings,interpretations, and conclusions are the results of research or analysissupported by the Bank; they do not necessarily represent official policy ofthe Bank.

Copyright Q 1987 The International Bank for Reconstruction and Development/The World Bank

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Abstract

The paper examines the relationship between education,experience and salary in Côte d'Ivoire, by means of an earnings function.The data are from a sample of the 1984 Ivorian firm-based manpower survey.The main results are that private returns to education in Côte d'Ivoiredisplay a stable trend from the lowest to the highest level of educationwith much variation in between; returns to education of women is largerthan that of men; the private returns to vocational education are higherthan those to general education (i.e., not taking into account the relativeunit cost of the two educational systems); there is no difference in theimpact of education on salary according to the location of the firm;educated foreign workers are better paid than their Ivoirian counterparts;and the impact of education on salary is higher in public firms than inprivate ones.

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TABLE DES MATIERESPage

I. Les Données . ............................................. 3

II. Le Modèle . ............................................... 8

II.1. Les Limites du Modèle ................................... 10

III. Résultats Empiriques .................................... il

III.1. Les Taux de Rendements Privés de l'Education .... ........ 23

III.2. Enseignement Général et Enseignement Technique .... ...... 27

III.3. Les Différences Entre Hommes et Femmes .................. 35

III.4. Le Lieu d'Implantation de l'Etablissement .... ........... 40

III.5. L'Origine du Travailleur ................................ 43

III.6. Secteur Public-Secteur Privé ............................ 47

III.7. L'Origine du Capital .................................... 55

IV. Rappel des Résultats .................................... 60

Reférences . ............................................. 63

Appendice . ............................................... 65

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Cette étude analyse le rôle joué par l'éducation dans le

fonctionnement du marché du travail en Côte d'Ivoire, et spécialement dans

la détermination des salaires. La méthodologie est celle de la fonction de

gains de Mincer et les donnees sont issues de l'enquête de 1984 sur la main

d'oeuvre en Côte d'Ivoire.

Les relations entre l'éducation et les salaires ont éte étudiées

dans presque tous les pays du monde et ont constamment confirmé un fait

généralement admis: plus un individu est instruit, plus son salaire est

élevé. Bien qu'il y ait de profonds désaccords quant aux raisons de cette

relation positive entre le niveau d'éducation et les salaires (cf par

exemple la théorie de l'écran ou la théorie du marché du travail cloisonné)

la très grande majorité des études du type utilisent le modèle développé

par Mincer (1974). En ce qui concerne la Côte d'Ivoire, et ce jusqu'à une

période récente, de telles études étaient relativement rares; en fait la

seule étude ayant fait l'objet de publication est celle réalisée par Terry

Monson (1979). Cependant, de toutes recentes études par Van der Gaag et

Vivjerberg (1987a et b), Grootaert (1987) et Komenan (1987) ont commence à

combler ce vide. Ce papier est une contribution à ces tentatives de

compréhension des déterminants des salaires en Côte d'Ivoire. Ces études

ont en commun, à une exception près (celle de T. Monson), d'être basées sur

la fonction de gains proposée par Mincer; les études de Van der Gaag et

Vivjerberg (1987a et b) et de Grootaert utilisent comme base de données

l'importante enquête auprès des ménages realisée en 1985-86 conjointement

par la Banque Mondiale et la Côte d'Ivoire, alors que l'étude précédente de

Komenan est basée sur une enquête réalisée en 1985 auprès des entreprises;

la présente atude est, quant à elle, basée sur un echantillon aléatoire

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d'environ 1% de la plus récente enquête de main d'oeuvre de Côte deIvoire

(1984). Ces recherches présentent sans aucun doute des bases intéressantes

de comparaisons qui ne manqueront pas d'être menées ici; le lecteur est

cependant prié de se réferrer à l'étude de Grootaert pour une comparaison

entre les résultats de ce dernier et ceux obtenus par Van der Gaag et

Vijverberg.

Dans son article, Terry Monson utilise une méthode modifiée du

taux interne de rentabilité de l'éducation; ses estimations indiquent que

la rentabilité de l'éducation est la plus élevée vers la fin de

l'enseignement secondaire pour chuter de facon abrupte pour les années qui

suivent. L'éducation est une composante importante de l'action de l'état

ivoirien qui y consacre la part la plus large de son budget de

fonctionnement (plus de 40%). Hormis les trois ministères

traditionnellement charges d'éducation (enseignement primaire, éducation

nationale, et enseignement technique), plus de dix autres ministères

forment des cadres techniques de leurs domaines respectifs dans des

établissements de tous niveaux qu'ils ont créé et qu'ils financent

directement; on peut citer par exemple l'Ecole Nationale Supérieure des

Travaux Publics, l'Ecole Nationale Supérieure des Postes et

Télécommunications, l'Ecole de la Marine, l'Ecole Nationale Supérieure des

Sciences Agronomiques. Les efforts qui ont été faits pour améliorer

l'adéquation entre l'education et les emplois ont donné naissance à un

faisceau extremement complexe de filières de l'enseignement technique et de

la formation professionnelle.

Sur le plan quantitatif, bien que l'enseignement primaire

universel ne soit pas encore effectif en Côte d'Ivoire, des progrès

notables ont été realisés; en effet, les taux de scolarisation au niveau de

l'enseignement primaire sont passés de 30% en 1960 à 77% en 1983, au niveau

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de l'enseignement secondaire de 6% en 1960 à 20% en 1983 et enfin au niveau

de l'enseignement supérieur de 1,3% en 1975 à 2,4% en 1983.

Le marché du travail en Côte d'Ivoire est, quant à lui,

particulièrement marqué par l'ouverture vers l'extérieur de l'économie;

ainsi, les expatriés (c'est à dire les ressortissants des pays

industrialisés) représentent à peu près 4% de la force de travail, les

autres africains 30% et les ivoiriens 65%. La distribution des rôles sur

ce marché du travail en est une autre particularité; en effet les expatriés

occupent la majorité des postes de haut niveau, les ivoiriens la majorité

des postes intermédiaires et les africains non ivoiriens se retrouvent le

plus souvent dans les emplois subalternes. Dans un souci d'homogénéité, ce

papier traitera essentiellement des deux derniers groupes.

La première section de ce papier décrit les données, la seconde

présente le modèle d'analyse utilisé, la troisième constitue

l'investigation empirique elle-mê:me et enfin la quatrième section résume

les résultats obtenus.

I. Les Données

Il n'est pas toujours possible d'obtenir des données fiables sur

la force de travail en Afrique. La Côte d'Ivoire dans ce domaine fait un

peu figure d'exception; l'enquête sur la main-d'oeuvre conduite tous les 5

ans auprès des entreprises publiques et privées de Côte d'Ivoire par

l'Office National de la Formation Professionnelle et le Ministère du Plan

fournit une base importante pour l'étude de l'évolution de la force de

travail en Cte d'Ivoire; l'échantillon étudié ici est tiré de la plus

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récente de ces enquêtes; le tableau No. 1 en presente les principales

caracteristiques. Dans le tableau No. 1 les données sont subdivisées en

grandes catégories (hommes/femmes, importance de la participation

financière de l'état, localité, nationalité). Le tableau indique que le

salaire moyen des travailleurs en Côte d'Ivoire est de 75.000 francs CFA,

avec un ecart-type comparativement élevé qui confirme des variations

importantes dans les salaires. Le niveau d'instruction moyen est de 4,5

années c'est-à-dire du niveau approximatif du cours élimentaire 2eme année;

l'écart-type est aussi très élevé. Le nombre moyen d'années d'ancienneté

est d'à peu près 6 années, avec aussi de larges variations. Presque 50% des

travailleurs de leéchantillon sont illetrés, 24% d'entre eux ont acquis un

diplome et 40% ont suivi une formation de type général contre 12% qui ont

suivi une formation technique ou professionnelle.

L'analyse de ce tableau indique que les femmes représentent 9.25%

de l'échantillon, ce qui correspond à peu de chose près à leur importance

dans la force de travail (8.5%, d'après l'étude de ONFP/DER sur l'Emploi

Féminin dans le Secteur Privé et Semi-public et la Formation

Professionnelle des Jeunes Filles en Côte d'Ivoire en 1984); d'une manière

générale on peut constater que les femmes ont un salaire plus élevé que les

hommes (30% de plus); cependant il est facile de constater que ceci est lié

à leur plus haut niveau moyen d'instruction (7,05 années d'études contre

4,1, soit 72% de plus) ce qui leur permet d'occuper des emplois de niveau

plus élevés; en outre, alors que 51% des hommes n'ont aucun niveau

d'instruction, seulement 25% des femmes sont dans ce cas et la proportion

de ces dernières dans les différents niveaux d'éducaticn est plus grande

que celle des hommes; proportionnellement deux fois plus de femmes que

d'hommes ont obtenues un diplôme et proportionnellement plus de femmes

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ont reçues une formation technique et professionnelle. Un autre fait qui

mérite d'êre mentioné est que les coefficients de variation des deux

groupes sont très différents. Celui des femmes indique une concentration

plus nette de leur salaires. Ceci correspond à la réalite du marché du

travail en Côte d'Ivoire où les femmes sont concentrées dans les positions

intermédiaires de l'échelle des postes.

La deuxième distinction qui est faite dans le tableau No. 1 est

celle entre les établissements publics et les établissements privés. Les

premiers regroupent les municipalités, les "établissements publics", les

instituts de recherches et les sociétés à participation publique à 100%.

Il est clair, à partir de ce tableau, que toutes les moyennes du secteur

prïvé sont supérieures à celles du secteur public. Ainsi, les salaires du

prive sont généralement supérieurs à ceux du public; ceci pourrait être

facilement attribué au fait (surprenant) que les niveaux d'instruction

moyens et les nombres moyens d'ancienneté dans l'entreprise des

travailleurs du privé sont aussi plus grands que ceux du public. Il faut

aussi noter que le coefficient de dispersion des salaires dans le privé est

nettement supérieur à celui du public, ce qui indique une plus petite

variation entre les niveaux de salaires dans ce dernier secteur. Le

secteur privé embauche une proportion légèrement plus grande de femmes, de

diplômés et clairement une proportion plus petite de non-scolarisés que le

secteur public.

La troisième distinction (entre Abidjan et l'intérieur du pays)

est par contre beaucoup plus intéressante dans la mesure ou des différences

notables peuvent être observées; le critère de distinction choisi a été la

sous-préfecture. Les salaires sont nettement plus élevés à Abidjan qu'à

l'intérieur du pays et la différence est substantielle (136%). Les raisons

d'une telle situation sont multiples; d'abord le coût de la vie étant

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supposé être moins élevé a l'intérieur du pays qu'à Abidjan, les salaires

ont tendance à y être plus bas. Ensuite, le niveau moyen d'instruction des

travailleurs à Abidjan est nettement plus élevé qu'à l'intérieur (le

double) et cette différence s'élargit à mesure que l'on considère des

niveaux de plus en plus élevés d'instruction; le nombre d'années

d'ancienneté est aussi plus élevé à Abidjan qu'à l'interieur (de 46%) ce

qui pourrait provenir d'une plus grande instabilité des travailleurs de

l'intérieur ou du caractère recent des implantations dans cette partie du

pays (ou encore des deux). L'écart-type des salaires à Abidjan indique une

dispersion proportionnellement beaucoup plus grande qu'à l'intérieur. Les

travailleurs de l'intérieur représentent à peu près 40% de l'échantillon.

Ces observations suggèrent fortement que la localité est un facteur

important dont il faut tenir compte dans l'analyse statistique.

La distinction entre les ivoiriens et les africains non-ivoiriens

(ANI) tend à confirmer qu'une part importante de la différence des salaires

entre Abidjan et l'intérieur du pays est due à une différence de niveaux

d'instruction; les ivoiriens sont, en moyenne, plus instruits que les ANI;

il est à noter que l'écart entre les niveaux d'instruction moyens des

africains non ivoiriens et les ivoiriens est nettement plus élevé que

l'écart correspondant entre Abidjan et l'intérieur, et pourtant la

différence des salaires y est moindre (73%). La nationalité semble ètre

aussi un facteur discriminant dont il faut tenir compte; avant toute

conclusion, cependant, il sera necessaire de dégager l'effet combiné de

l'origine et du lieu d'implantation de l'établissement. Les ANI

représentent 30% de l'échantillon.

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Tableau No 1.

Caractéristiques de l'Echantillon:Moyennes ou Proportions par Grands Sous Ensembles

Variable Hommes Femmes Public Privé Abidjan Intérieur Ivoiriens A.N.I.* Total

Salaire 73.110 95.290 56.042 78.174 986820 40.950 8e6.29 50.055 75.180(119.830) (88.110) (83.589) (118.042) (142.280) (41.220) (118.841) (110.707) (117.415,

Années d'Etudes 4,10 7,05 3,39 4,61 5,41 2.72 S.5S 1.79 4.50

(4,80) (5,07) (4,60) (4,92) (5,07) (4.12) (4.86) (3.92) (4.96)

Ancienneté 5.89 6.15 4,85 5.94 86.3 4.E4 6.94 5.56 5.82

(6.05) (t.86) (5,39) (5,92) (6.32) (5.30) (5.83) (6.45) (6.03)

Sexe (Hommes *n %) -- -- 88% 92% 89% 93% 88% 96% 91%

Pas d'Etudes 61% 25% 59% 46% 38% 65% 35% 79% 48%

Primaire < CM2 7% 5% ex 7% 8% 5% 8% 5% 7%

CM2 16% 20% 14% 18% 18% 13% 21% 6% 16%

Secondaire < 3èm 8% 7% 4% 7% 7% 6% 9% 2% 7%

Troisième 11% 21% 9% 12% 14% 7% 15% 3% 11%

3ème < Secondaire < Terminales 3% 8% 4% 3% 5% 1% S% 0% 3%

Terminales 3% 5% 2% 3% 4% 1% 3% 2% 2%

DUT/BTS 2% S% 2% 2% 3% 1% 3% 0% 2%

Université/Grandes Ecoles 2% 3% 1% 2% 3% 1% 2% 2% 2%

Titulaires de Dipl6mes 22% 44% 20% 26% 32% 12% 32% 8% 24%

Enseignement Général 40% 45% 30% 43% 47% 29% 50% 18% 40%

Enseignement Technique 4X 12% 5% 6% 7% 1% 6% 1X 5%

Formation Professionnelle e% 18% 6% 7% 8% S% 9% 1% 7%

Nombre d'Observations 1739 177 474 1393 1173 743 1315 601 1916-------------------------------------------------------------------- __-------__--------------------------------------

A.N.I. = Africaine Non Ivoiriens.CM2 = Cours Moyen 2ème Année.DUT = Dipl8me Universitaire de Technologie (requiert en général 2 années d'enseignement supérieur).BTS = Brevet de Technicien Supérieur (requiert 2 années d'enseignement supérieur).Entre parenthèses, écart-types pour les variables continues et pourcentages pour les variables catégorielles.

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II. Le Modèle:

Le modèle de base utilisé dans cette étude est la fonction de

gains de Mincer dont la formulation générale est la suivante:

LnS = a + bE + cExp + d(Exp)2

où, LnS est le logarythme népérien du salaire mensuel de l'individu,

E est le nombre d'années d'études de l'individu,

Exp est le nombre d'années d'expérience dans l'entreprise.

Le nombre d'années d'études est exprimé à partir du niveau

d'éducation déclaré par le travailleur et l'expérience professionnelle à

partir de l'ancienneté dans l'entreprise employant actuellement le

travailleur. L'utilisation de l'ancienneté dans l'entreprise comme

représentation de l'expérience professionnelle du travailleur tendrait à

sous-estimer cette dernière dans la mesure où elle ne tient pas compte de

1'expérience éventuellement acquise dans des emplois précédents. Des

etudes semblables ont tenté de contourner ce problème en estimant cette

expérience par la formule mincérienne: Age - durée des études - 6 ans.

Cette formule à plusieurs défauts; d'abord, elle ne mesure que l'expérience

potentielle et non rée1le dans la mesure où elle considère les périodes de

chômages comme nulles; ensuite, elle ignore les migrations à partir des

zones rurales ou des pays limitrophes qui sont importantes en Côte

deIvoire; ces migrants généralement adultes et souvent très peu ou pas du

tout scolarisés qui arrivent sur le marché du travail moderne sans

expérience professionnelle adéquate se voient attribuer par cette formule

une ancienneté très grande; ceci a pour effet de sous-estimer

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l'impact de cette variable dans les fonctions de gains. Enfin, cette

formule serait difficilement applicable dans le contexte ivoirien étant

donnée la proportion importante d'illettrés dans la force de travail (un

travailleur sur deux) qui entrent donc sur le marché du travail à des ages

variables.

Le modèle de base presente plus haut sera étendu par

l'introduction du carré du nombre d'années d'études afin d'indiquer

l'évolution des rendements marginaux de l'éducation par rapport au salaire

et un ensemble de variables binaires visant à saisir les effets de

certaines imperfections du marché du travail dues au sexe des travailleurs,

leur origine, le lieu d'implantation de l'établissement; finalement, afin

de déceler l'éventuelle présence de crédentialisme dans les critères de

rémunérations des employeurs de Côte d'Ivoire, une variable binaire prenant

la valeur "un" si le travailleur est titulaire d'un diplôme et "zero" s'il

ne l'est pas sera introduite. Par ailleurs, des équations separees pour

chacune de ces classes seront estimees afin d'observer le comportement

interne des variables relatives à l'éducation. La variable dépendante est

le logarythme nepérien du salaire mensuel. Cette formulation du salaire

s'explique dans la théorie du capital humain par le fait que c'est le

salaire relatif des individus qui est lié à l'investissement éducatif.

Cependant, un autre argument en faveur de la fonction logarythmique, et qui

explique en grande partie sa popularité, est qu'elle permet une meilleure

représentation statistique. (Hechman et Polachek, 1974) En conséquence,

le modèle étendu est le suivant:

LnS = a + bE cE2 + dExp e(Exp)2 + fSexe + gDipl. + hLieu + iOrig.

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II.1 Les Limites du Modèle

Ce modèle a une limite queil convient de mentioner: il ignore au

moins deux types de facteurs qui peuvent être raisonnablement considérés

comme des déterminants importants du salaire. Le premier type de facteur

ignoré ici est l'ensemble des éléments exogènes qui ont améné les individus

de leéchantillon à travailler comme salariés dans les entreprises qui les

emploient plutôt que de se mettre, par exemple, à leur propre compte; il

pourrait y avoir de bonnes raisons de penser que les critères

d'autosélection ont une influence significative sur la performance des

travailleurs; c'est le problème du biais de sélectivita pour lequel Heckman

(1979) a proposé une solution qui consiste à estimer un coefficient (lamda)

destiné à capturer les causes qui amènent les individus à seorienter vers

un type d'activité plutôt qu'un autre et, ensuite, à introduire ce

coefficient comme variable indépendante dans la fonction de gains. Cette

procédure à deux étapes n'est malheureusement pas possible ici dans la

mesure ou elle exige pour être appliquée que l'on dispose de données

individuelles sur la population de base (par exemple ici les données issues

du recensement de la population).

Le deuxième type de facteurs ignorés ici appartient aussi à la

categorie dite des "facteurs inobservables", c'est-à-dire l'ensemble des

caractéristiques personnelles et innées des travailleurs qui sont des

daterminants importants des salaires mais qui ne sont qu'imparfaitement

mesuras par les variables traditionnelles utilisées dans les fonctions de

gains; on peut citer par example l'intelligence, la motivation, etc. Van

der Gaag et Vijverberg (1987b) ont introduit dans leur modèle une variable

indiquant si le travailleur savait lire, écrire et/ou compter et sensée

capturer une partie des effets de ces "facteurs inobservables"; ceci a

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cependant donné des résultats mitigés (voir Grootaert pour une critique sur

ce point). Une autre étude (Boissière et al., 1985) utilisant des

résultats de tests a conclu à l'importance de tels facteurs dans

l'explication des différences de salaires.

III. Résultats Empiriques:

Le tableau No. 2 présente les corrélations entre les différentes

variables indépendantes du modèle; la corrélation la plus forte se situe

entre le diplôme et le nombre d'années d'études. Ceci n'a rien de

surprenant dans la mesure ou les diplômes sont obtenus à la fin des cycles

scolaires. Les variables les plus corrélêes avec le salaire sont celles

relatives à l'éducation (nombre d'années d'études et diplôme), un troisième

facteur étant la localité et enfin la nationalité du travailleur. Le fait

le plus important à noter à l'analyse de ce tableau, cependant, est le

niveau de correlation entre les variables relatives à l'éducation, d'une

part, et la nationalité et le lieu d'implantation de l'établissement

d'autre part; ces coefficients de corrélation de plus 0,26 (0,36 entre la

nationalité et le nombre d'années d'études) suggèrent que l'on interprète

les coefficients relatifs à ces variables avec quelques précautions.

Finalement, il faut aussi mentioner la relation qui existe entre le sexe du

travailleur et les variables relatives à l'éducation (diplôme et années

d'études) et qui confirment clairement que les femmes ont en général un

niveau d'instruction plus élevé (et sont titulaires de diplômes plus

souvent) que les hommes. Il s'agit là d'un biais important du marché du

travail en Côte-d'Ivoire qui est tel que l'accès des femmes y est, dans une

large mesure, conditionné par leur niveau d'instruction. Hormis ces

variables, il y a très peu (ou pas du tout) de relation statistique entre

les autres variables, et rnême de façon surprenante entre l'ancienneté et le

nombre d'années d'études, ou l'ancienneté et le sexe.

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Tableau No. 2

Tableau des corrélations

Salaire Années d'Etudes Ancienneté Sexe DiplSme Nationalité Localité

Salaire 1.000 0.4373** 0.1781** -0.0547. 0.2837** 0.1448.. 0.2319**

Années d'Et. 1.0000 0.0213 -0.1745.. 0.6045.. 0.3554.. 0.2673**

Ancienneté 1.0000 0.0353 0.0075 0.0287 0.1685**

Sexe (Homme = 1) 1.0000 -0.1417.. -0.1186** -0.0615*

DipîSme (Oui = 1) 1.0000 0.2639Q. 0.2356**

Nationalité (Ivoirien = 1) 1.000 0.1615**

Localité (Abidjan = 1) 1.000

Nbre de cas: 1916 1-tailed Signif: -0.01 *s - 0.001

Le tableau Ai (en appendice) presente les estimations de

différentes fonctions de gains dans lesquelles une variable indépendante

supplementaire est ajoutée à la fonction précédente. Toutes les équations

estimees sont statistiquement significatives et révèlent une proportion de

la variance du salaire expliquee d'au moins 42%. Dans l'équation No. 1, la

seule variable indépendante est le nombre d'années d'études. Cette

équation "explique" 42% de la variance du salaire, et le taux de rendement

moyen de l'année d'étude est de 12%. Ce coefficient, bien que plus élevé

que ceux que l'on trouve en général dans les pays industrialisés, est dans

les limites du raisonnable si on le compare aux taux de l'ordre de 13 a 14%

(sinon plus) que l'on trouve dans d'autres pays sous-développés

(Psacharopoulos, 1985).

Dans l'équation No. 2, le carré de la variable années d'études

est introduit afin d'observer le sens et l'amplitude de l'évolution du taux

marginal de l'année d'études relatif au log du salaire. L'impact de la

variable années d'études est réduite de 25% tout en restant statistiquement

significatif indiquant ainsi une covariance positive entre les deux termes;

le coefficient relatif au terme quadratique est positif et significatif, ce

qui suggère des rendements marginaux croissants dûs aux années d'études.

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Ce dernier fait peut, à première vue, surprendre dans la mesure ou des

rendements marginaux décroissants ont été observés ailleurs,

particulièrement dans les pays industrialisés. Par exemple Mingat et

Jarousse (1987) rapportent des rendements décroissants de l'ordre de 0,2%.

Deux raisons peuvent être avancées pour expliquer cette situation. D'abord,

la situation du marché du travail en Côte d'Ivoire présente une certaine

carence de l'offre de cadres éduqués à tous les niveaux et spécialement aux

niveaux les plus élevés, et un nombre important de travailleurs non

scolarisés (48%), ce qui expliquerait la forme exponentielle de la fonction

de gains. Une deuxième raison pourrait être liée aux données elles-memes

dans la mesure ou elles ne tiennent pas compte des années d'études au-delà

de la maîtrise qui sont toutes classifiées au même niveau que la maîtrise

(17 annees d'études); il y aurait de bonnes raisons de croire que si une

décroissance marginale des rendements de l'éducation devait être observee,

elle le serait à partir de ce niveau. La réalite du marché du travail en

Côte d'Ivoire semble contredire cependant la première interprétation

puisque l'on observe un excès d'offre de main d'oeuvre très qualifiée

reflété par le chômage de nombreux diplômés d'enseignements secondaire et

$upérieur; dans une telle situation, la théorie néo-classique postule que

les salaires baissent afin de réaliser l'équilibre sur le marché du

travail. Comme on le sait, les salaires sont généralement rigides à la

baisse, ce qui permet de conclure que la situation dacrite par les

rendements croissants des salaires par rapport aux années d'études observés

sont le reflet d'une imperfection dans le fonctionnement du marché du

travail en Côte-d'Ivoire. L'introduction du terme quadratique n'ajoute

rien à la proportion de la variance expliquée par le modèle qui demeure

stable à 42%.

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Dans leéquation No. 3 l'expérience professionnelle est ajoutée au

modèle; le pouvoir explicatif du modèle est accru de 11%, passant de 42% à

53%. Le coefficient de la variable expérience professionnelle indique que

chaque année d'expérience compte pour 4.7% de la variation des salaires; le

coefficient relatif au nombre d'années d'études décroit légèrement et son

terme quadratique s'accroit, quant à lui, légérement également. Cette

relative stabilité de ces coefficients mérite d'être mentionnée dans la

mesure oùi l'on se serait normalement attendu à un accroissement

significatif de l'impact de l'éducation. Un tel accroissement, obtenu dans

de nombreuses études (Mincer, 1974; Mingat et Jarousse, 1987;

Psacharapoulos, 1977; ... ) s'explique par la covariance negative entre le

niveau d'eéducation et l'ancienneté, les travailleurs les plus anciens étant

les moins éduqués. -Le marché du travail dans le secteur formel en Côte

d'Ivoire ne présente cependant pas cette image comme l'indique le tableau

suivant qui revèle que la distribution du nombre d'années d'études en

fonction de l'expérience professionnelle des travailleurs est en forme de

cloche renversee (plus ou moins symétrique) et relativement applatie,

confirmant ainsi une faible correlation entre ces deux variables (en fait,

comme le montre la table de corrélation présentée plus haut, le coefficient

de corrélation entre le niveau d'éducation et l'expérience professionnelle

n'est que de 0.021).

Tableau No. 4Nombre Moyen d'Années d'Etudes par Groupe d'Ancienneté.

Expérience Moyenne Ecart Type

1 an ou moins 3.30 4.802 a 3 ans 4.91 5.1S4 a 5 ans 4.90 6.076 a 10 ans 6.13 4.9411 a 16 ans 4.48 4.78Plus de 15 ans 3.69 4.40

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Cette situation ne devrait pas être particulière à la Côte

d'Ivoire dans la mesure ou elle est certainement due au faible niveau

général de scolarisation (et aussi aux déperditions scolaires qui

expliquent que de nombreux jeunes entrent sur le marché du travail avec un

faible niveau d'instruction, ou même complètement analphabètes).

Un autre fait qui mérite d'être mentioné est le pourcentage

d'accroissement du pouvoir explicatif du modèle (11 %) qui se retrouve

exactement dans l'équation No. 9 (présentée en appendice) où l'expérience

toute seule "explique" 11% de la variation de salaire. Ceci confirme

l'absence presque totale de collinéarité entre l'éducation et l'expérience.

Dans l'equation No. 4 l'hypothèse de rendements marginaux décroissants du

salaire par rapport à l'ancienneté est testée. Il a été vérifié par

ailleurs que si le salaire des travailleurs s'accroit avec l'anciennete,

cet accroissement se fait à un taux décroissant au fil des années.

Plusieurs raisons peuvent justifier ce fait; d'abord des raisons naturelles

liees à la réduction des capacités physiques ou intellectuelles du

travailleur à mesure que son âge s'accroit; ensuite, des raisons techniques

(pour certaines catégories de travailleurs): la réduction de leur

competence due à l'obsolescence de leur connaissances devant l'évolution

des techniques.

Afin de saisir la réaction du marché du travail face à ce

phénomène, le carré de l'expérience est ajouté au modèle, et le signe du

coefficient de ce terme quadratique devrait être négatif si l'hypothèse de

décroissance du taux marginal d'augmentation du salaire par rapport à

l'ancienneté est vérifiée. L'addition du carra de l'ancienneté n'améliore

pas de façon substantielle le pouvoir explicatif du modèle; les

coefficients relatifs aux années d'études demeurent stables. Le

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coefficient relatif à l'ancienneté s'accroit, quant à lui, de plus de 70%;

celui relatif à son terme quadratique est significatif et affecté du signe

négatif espéré. --

Les coefficients indiquent que les années d'ancienneté et les

années d'études accroissent en moyenne les salaires dans des proportions

comparables. Ce résultat pourrait suggérer que l'année d'investissement

post-scolaire serait aussi rentable que celle d'investissement scolaire et

ceci lorsque que l'on considère l'investissement post-scolaire dans la

perspective de la politique de formation professionnelle continue en

vigueur en Côte-d'Ivoire. Cette suggestion est à considérer avec beaucoup

de précautions, cependant, parce que la rentabilité de l'investissement

post-scolaire n'est pas indépendante de leinvestissement scolaire; il est

maintenant généralement admis qu'ils sont, dans une large mesure,

complémentaires. Ainsi un travailleur débutant avec 6 années d'études

(niveau Certificat d'Etudes Primaire Elémentaire) touche 37.667 francs

alors qu'un travailleur illetré ayant 10 années d'expérience toucherait

41.637 francs, c'est-à dire 3.970 francs (10%) de plus. Cette différence

est très rapidement comblée après la première année d'ancienneté.

L'equation No. 6 indique que si ce nouveau travailleur est titulaire du

CEPE, il touche 43.528 francs soit plus que le travailleur illetré ayant 10

années d'ancienneté. Dans l'équation No. 5, une variable binaire est

introduite afin de revéler d'éventuelles différences de salaire dues au

sexe du travailleur; l'introduction de cette variable n'améliore pas le

pouvoir explicatif du modèle et laisse pratiquement inchangées les autres

variables; de plus, le coefficient représentant le sexe n'est pas

statistiquement significatif. Ceci est une confirmation des résultats

obtenus plus tôt par Pégatienan (1979) en utilisant l'enquête de main

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d'oeuvre de 1979 comme base de données, ainsi que par Van der Gaag et

Vijverberg, par Grootaert; et par Komenan. Une première explication de ce

résultat serait qu'en Côte-d'Ivoire le sexe des travailleurs n'est pas un

facteur important dans la détermination des gains individuels. Il est,

cependant, à noter que ce résultat est nettement insuffisant pour conclure

de l'absence de discrimination sexuelle dans la mesure où pour arriver à

une telle conclusion il faudrait, entre autres choses, montrer que tous les

travailleurs ont les memes chances d'accès à tous les postes de travail,

quel que soit leur sexe. Il y a, à cet egard, dans l'étude de Grootaert des

indications que lorsque les indemnités (souvent liées aux responsabilités)

sont incluses dans le salaire, il y a une différence significative de

remuneration entre hommes et femmes.

En outre, la table des corrélations revèle des coefficients

significatifs entre le sexe des travailleurs et les variables relatives à

l'éducation (nombre d'années d'études et le fait d'être ou non diplômé) et

la table No. 1 indique que le nombre moyen d'années d'études des femmes est

nettement supérieur à celui des hommes (7,05 contre 4,10 années) et que

seulement 25% des femmes sont illetrees contre 51% des hommes. Il

semblerait donc que l'accès des femmes au marché du travail soit assez

fortement conditionné par leur niveau d'études. Les données disponibles ne

permettent cependant pas de tester cette hypothèse.

L'équation No. 7 considère l'effet du diplôme sur les salaires.

L'introduction d'une variable binaire indiquant si oui ou non le

travailleur a obtenu un diplome n'améliore pas le pouvoir explicatif du

modèle. Cependant, le coefficient relatif aux années d'études décroit d'à

peu près 15%, ceci suggère qu'une partie de l'effet attribué aux années

d'études était en fait die au diplôme. Le coefficient relatif au diplôme

est statistiquement significatif et relativement élevé (à peu près 18%).

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Ceci indique que la seule obtention d'un diplôme accroît en moyenne le

salaire d'un travailleur de 18% par rapport à celui qui n'en possède pas

(toutes choses égales par ailleurs). Les autres coefficients ne sont pas

affectés par l'introduction de la variable diplôme. Au moins deux

interprétations de ce résultat sont possibles. La première, conforme à la

théorie de l'écran, serait que les employeurs utilisent les diplomes comme

un puissant "signal" des aptitudes et de la productivité potentielle des

travailleurs. La seconde, inspiree par la théorie du capital humain,

serait qu'en fait les travailleurs détenteurs d'un diplôme sont plus

productifs que les autres, à niveau d'instruction égal. Une façon

rudimentaire de tester la première hypothèse est d'estimer des fonctions de

gains pour des groupes de travailleurs ayant des nombres d'années

d'ancienneté différents et d'observer le coefficient relatif au diplôme.

Le tableau suivant présente ces coefficients.

Tableau No 5.Coefficients rélatifs au dipl8me à differents niveau d'ancienneté.

Ancienneté 0 <2 <6 <10 >=10

Coefficient 0.41* 0. 19* 0.15* 0. 17* 0. 20*

Les coefficients sont tous statistiquement significatifs. Ils

indiquent que l'obtention du diplôme a un impact extremement important

(41%) dans la détermination du salaire des nouveaux travailleurs et cet

impact s'aménuise progressivement à mesure que le travailleur acquiert de

l'expérience professionnelle.

Ce test tendrait a confirmer la thèse selon laquelle les

employeurs utilisent le diplôme comme un indicateur à-priori de la

productivité future du travailleur, en l'absence de tout autre critère,

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mais qu'a mesure que la relation de travail se prolonge, ils accumulent

d'autres éléments qui leur permettent de réduire le poids accordé au

diplôme dans l'appréciation qu'ils font des rendements du travailleur. Ce

test est cependant rudimentaire (faute de mieux avec les données

disponibles) dans la mesure ou, comme toutes les données transversales,

celles-ci mettent en présence plusieurs générations de travailleurs avec

des caractéristiques differentes. Il se peut donc que les coefficients

observes revèlent en fait un effet de génération et que, par exemple, le

coefficient relativement élevi du diplôme observé pour les nouveaux

travailleurs soit en partie due à une rareti relative (rélative au nombre

de "sorties" du systame aducatif) de diplômés à la suite des desperditions

croissantes du système iducatif. Une analyse de l'évolution actuelle de

l'appareil iducatif ivoirien pourrait réveler si une telle hypothèse à

quelque crédit. Faute de données meilleures, une analyse de l'évolution

des taux de redoublement presentie dans le tableau suivant montre

clairement qu'une proportion de plus en plus grande d'élèves du primaire et

du secondaire redoublent leurs classes et sont probablement de bons

candidats à l'entrée sur le marché du travail demunis de dipl&mes.

Tableau No. ôEvolution des Taux de Redoublement en Ct d'Ivoire de 1975 a 1984.

Niveau 1976 1980 1984----------------------------------------------- _--__--_--

Prlima re 21% 20% 26%Secondai re 13% 12% 16%

L'introduction du lieu d'implantation de l'établissement dans

l'équation de gains améliore de façon substantielle le pouvoir explicatif

du modèle, dans la mesure ou le coefficient de détermination grimpe de 54%

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a 60%; ensuite, comme espéré étant donné le niveau élevé de la corrélation

entre le lieu d'implantation de l'établissement d'une part et le niveau

d'instruction des travailleurs (0,27%) et le fait ou non d'être titulaire

d'un diplôme (0,24%) d'autre part, les coefficients rélatifs à l'éducation

sont substantiellement affectés à la baisse; l'impact du nombre d'années

d'instruction décroit de plus de 21% et celui du diplôme de plus de 27%.

Comme espéré aussi, leimpact de l'année d'anciennete est aussi réduit

substantiellement (de plus de 12%); le coefficient de corrélation entre le

lieu d'implantation et l'ancienneté est de 17%. Le fait de travailler à

Abidjan accroit rait les salaires de près de 60% par rapport à ceux des

autres lieux d'implantation. Ce fait n'est certainement pas surprenant

dans la mesure ou, en pratique, le lieu d'exercice de son emploi est un

critère important dans la détermination des salaires en Côte d'Ivoire.

Certains avantages sous forme de primes sont accordés aux travailleurs

d'Abidjan afin deajuster les salaires par rapport au cout extrêmement élevé

de la vie dans cette ville. On peut toutefois être surpris par leimportance

de l'impact de la variable (60%); une première explication (la plus

évidente) est certainement que cette variable saisit en fait une partie non

négligeable des effets dûis à l'éducation des travailleurs et il n'est pas

possible, pour l'instant, de séparer ces effets afin d'en connaître la

répartition exacte; il s'agit ici des problèmes de multicollinéarite

mentionés plus haut. Dans la suite de ces notes, différentes équations

vont être estimées par lieu d'implantation, ce qui éliminera le problème.

L'analyse du marché du travail en Côte d'Ivoire suggère

clairement que l'origine des travailleurs est certainement un élément

important à analyser. L'équation No. 8 présente les résultats de

l'estimation de la fonction de gains avec l'origine des travailleurs comme

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variable binaire (ivoirien ou africain non ivoirien); le niveau de

multicollinéarite entre les variables relatives à l'éducation et l'origine

des travailleurs rend plus difficile l'interprétation des résultats-que

dans l'équation précédente.

Que faut-il retenir de cette section? Tout d'abord, il faut

retenir que l'éducation joue un rôle très important dans la détermination

des salaires en Côte d'Ivoire; le nombre d'années d'études en est un

élément primordial et aux effets croissants et l'obtention d'un diplôme est

certainement une voie sûre d'accroissement des salaires. L'expérience

contribue largement à la détermination des salaires avec un taux

d'accroissement des salaires de l'ordre de 7 à 8% par année d'ancienneté

c'est-à-dire à un niveau comparable aux annees d'études. Le lieu

d'implantation de l'ëtablissement est un élément important de segmentation

du marché du travail et conditionne l'analyse dans une large mesure. Il

est donc important, devant l'hétérogénéite de ce marché par rapport à cet

élément, de séparer les travailleurs par lieu d'implantation de

l'établissement.

Les équations No. 9 à 13 visent à observer l'évolution du

coefficient relatif à l'expérience à mesure que des variables sont ajoutées

au modèle. Ces équations ne présentent pas de surprises réelles; les

coefficients élevés relatifs au diplome et au sexe s'expliquent par la

corrélation entre eux et le nombre d'annees d'études; ils capturent donc

une partie des effets de ces dernières en leur absence dans l'équation.

L'introduction du nombre d'années d'études dans l'équation No. 11 a pour

effet attendu de réduire considérablement ces coefficients, et celui

relatif au sexe redevient insignifiant. La spécification de l'équation No.

14 est celle que l'on trouve le plus souvent dans la littérature, et qui,

par conséquent, fournit la base de comparaison la plus facile; elle est

donc présentée dans le texte.

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Tableau No a.Résultats des Régressions(Ensemble de l'Echantillon)

Variables Coefficients

Année d'Etudes 0,1126e

Expérience 0,0779*(18,0)

(Expérience)2 -0,0016*(-6,74)

Constante 3,07

R2 0,62

F 718,2

Nombre d'observations 1916

D'après cette estimation, chaque annee d'études accroît le

salaire de 11,25%, chaque annee d'ancienneté de 7,75% (avec un taux

marginal de décroissance de 0,15%); le modèle dans son ensemble explique

52% de la variance du salaire. Comparativement, Grootaert (1987) obtient

des résultats légèrement différents en utilisant la même spicification

(voir appendice), mais nettement plus proches de ceux-ci que ceux obtenus

par Van der Gaag et Vijverberg (1987b) avec une spécification quelque peu

différente. La raison principale des différences entre les résultats de

Grootaert et ceux de ce papier réside certainement dans le type de données

utilisées; l'analyse de Grootaert est basee sur l'enquête aupres des

ménages qui est, à bien des égards, moins homogène que l'enquête sur la

main d'oeuvre qui sert de base à la présente étude. Les diffirences avec

l'analyse de Van der Gaag et Vijverberg proviennent non seulement des mêmes

causes, mais aussi de deux facteurs importants: le choix de la forme de la

variable dépendante et l'expression de l'ancienneté.

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Van der Gaag et Vijverberg utilisent comme variable dépendante le

logarythme du salaire horaire calcula à partir des informations fournies

par les répondants au questionnaire; Grootaert explique que les données

concernant le nombre d'heures et de jours de travail effectifs fournies par

les répondants pêchent par beaucoup d'imprécision et donc, pourrait

conduire à la craation de valeurs anormales; ceci est certainement renforcé

par le fait qu'en Côte d'Ivoire, la periode "normale" de transaction sur le

marché du travail est le mois, pour la plupart des catégories de

travailleurs, même si le salaire est souvent exprimé par heure.

L'ancienneté dans l'équation de Van der Gaag et Vivjerberg est calculée à

partir de la formule mincérienne: âge moins années d'études moins 5 ans; ce

papier explique dans sa section 2 pourquoi cette procadure est jugée

inappropriee dans le cas de la Côte d'Ivoire.

III.1. Les Taux de Rendements Privés de l'Education:

Il a été considtré jusqu'ici que toutes les annees d'études

accroissaient le salaire du même montant; bien que le terme quadratique du

nombre d'annaes deatudes indiquait qu'il n'en était pas ainsi, la

contribution particulière de chaque niveau d'études reste à mesurer. Pour

ce faire, l'aducation est d'abord traitée comme une variable catégorielle

avec chaque niveau d'enseignement représentant une categorie. Le tableau

suivant présente les résultats.

Les taux de rendements présentés dans ce tableau seexpriment en

fonction du niveau d'éducation immédiatement inférieur; par exemple le taux

de rendement annuel de 30,71% de l'enseignement secondaire du second cycle

s'entend comme le taux marginal de rendement de l'année d'instruction du

secondaire du second cycle par rapport au ler cycle du secondaire. Les taux

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de rendements privés de l'éducation entre 2 niveaux consécutifs d'éducation

ont été calculés comme des taux annuels d'accroissement des salaires entre

ces deux niveaux d'éducation. Si C2 est le coefficient de régression

relatif au niveau 2 d'instruction, si cl est le coefficient correspondant

pour le niveau 1, si 'deltaE' est la différence entre les nombres moyens

d'années deétudes entre ces deux niveaux; et, finalement, si SO, Sl, et S2

sont respectivement les logarythmes du salaire de celui qui n'a aucun

niveau d'éducation, de celui qui est au niveau 1 et de celui qui est au

niveau 2, SO(l+cl) est le logarythme du salaire de celui qui s'est arreté

au premier niveau d'éducation, SO(1+c2) étant le logarythme du salaire de

celui qui est du niveau 2 d'éducation, etc... .Ainsi, le taux de rendement

annuel du niveau 2 d'éducation par rapport au niveau 1 serait:

re = (SO(1+c2 )-SO(1+cl)]f[So(l+cl)'deltaE'], ou en simplifiant,

re=(c2-cl)/[(1+cl)'deltaE']. Soit, ici: re=(1,2020-0,5143)/[4x1,5143].

eDeltaEe représente ici le coût d'opportunité attaché à la poursuite des

études jusqu'au niveau supérieur. Bien que les études primaires soient

longues de 6 annees, un coat d'opportunité de seulement 2 années a été

choisi ici pour illustrer le fait que les élèves du primaire ont en fait

très peu de possibilités si l'on exclut la fréquentation d'un établissement

scolaire.

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Tableau No. 8Résultats des Régressions et Taux de Rendements Privés de L'éducation

Variable Coefficient CoOts d'Opportunité Taux de Rendements privés

de Régression en Années d'Etudes de l'Education

Pas d'Etudes

Primaire 0,5143* 2,0 25,72%

(9,97)

Secondaire ler Cycle 1,2020* 4,0 11,36%

(18,38)

Secondaire 2nd Cycle 3,2305* 3,0 30,71%

(15,17)

Supérieur ler Cycle 4,2837* 2,0 12,41%

(15,6)

Supérieur 2nd Cycle ô,9313* 2,0 25,05%(20,1)

Expérience 0,0872*

(13,4)

(Expérience)2 -0,0019*

(-6,5)

Constante 3,2480*

(119,8)

R2 0,44

F 212,2

Nombre d'observations 1916

Note: Les coefficients des variables binaires ont été ajustés.

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Représentation des taux de Rendements par Niveaux d'Education

Taux de Rendements

30%I

20% I

15%

10%I

Primaire Secondaire 1 Secondaire 2 Supérieur 1 Supérieur 2

L'analyse de l'estimation de la fonction de gains traitant

l'éducation comme une variable catégorielle explique 44Z de la variance du

logarythme du salaire. Les coefficients rélatifs à l'ancienneté demeurent

stables confirmant le peu de covariance existant entre l'éducation et

l'ancienneté. Les coefficients rélatifs aux differents niveaux d'éducation

s'accroissent à mesure que le niveau s'élève, celui relatif à

l'enseignement supérieur de second cycle étant plus de 13 fois celui

relatif à l'enseignement primaire.

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L'analyse des taux de rendements révèle que ceux-ci varient

considérablement selon les niveaux, et se représentent en forme de dents de

scie; ainsi le taux de rendement de l'année d'études du primaire est de

l'ordre de 26% alors que celui du premier cycle du secondaire est de

l'ordre de 11%. Par contre, à partir du second cycle du secondaire, le

taux est multiplié par presque 3 pour atteindre 31%, puis décline encore en

ce qui concerne les cycles courts de l'enseignement supérieur (12%) pour

s'accroître à nouveau avec les cycles longs de 1'université (25%). La

tendance globale est cependant à la stabilité. Ce résultat ne confirme pas

les tendances pour l'Afrique contenues dans Psacharopoulos (1985:586) qui

indiquent un taux de rendement privé beaucoup plus important au niveau

primaire qu'aux niveaux suparieurs. De plus, ces taux sont nettement

infarieurs à beaucoup de ceux mentionés dans le même article. Ces résultats

suggèrent clairement deux choses: (1) la valeur monétaire de l'enseignement

primaire en Côte d'Ivoire est nettement inférieure à celle d'autres pays

comparables. Ceci peut etre attribué à l'expansion de ce niveau

d'éducation et aux progres vers l'enseignement primaire universel réalisés

par ce pays; (2) le marcha du travail préfère les cycles longs (du

secondaire et du supérieur) qu'il remunère proportionnellement mieux que

les cycles courts. Cette préférence est certainement une incitation

supplémentaire à poursuivre les études aussi loin dans les différents

niveaux que les moyens financiers et les aptitudes intellectuelles le

permettent.

III.2. Enseignement Général et Enseignement Technique.

L'analyse menée jusqu'ici a implicitement considéré le type de

formation reçue par les travailleurs comme uniforme, c'est-à-dire qu'il n'y

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a pas de différence de rémuneration entre celui qui a suivi un cursus

d'enseignement général et celui qui en a suivi un d'enseignement technique

(ici, par enseignement technique il faut entendre aussi bien l'enseignement

technique à proprement parler que la formation professionnelle). Leétude

du comportement du marché du travail vis-a-vis des deux types

d'enseignement est importante pour plusieurs raisons parmi lesquelles les

choix de politique d'éducation, et par consequent, l'allocation des

ressources de ce secteur entre eux est peut-etre la plus fondamentale.

L'enseignement technique est, il est bien connu, un investissement coûIteux

auquel la Côte d'Ivoire consacre une fraction importante de son budget,

avec pour objectif, de former les cadres techniques nationaux de tous

niveaux capables de soutenir l'effort général de développement. A titre

d'exemple, selon certaines estimations, les dépenses annuelles de

fonctionnement de l'enseignement secondaire technique seraient de plus de

150% supérieures à celles de l'enseignement secondaire général (Bellew,

1986). A cela il faut ajouter le fait que l'enseignement technique

requiert des investissements en construction et matériels d'équipement bien

plus importants que l'enseignement général. La réponse du marché du

travail par rapport à cet effort de formation est certainement un test

important de la rentabilité des ressources consacrees à la formation

technique et une base d'analyse pouvant guider une éventuelle réallocation

de ces ressources.

Au moins deux méthodes d'analyse des effets du type de formation

sont possibles; la première est d'estimer des équations de gains séparées

selon le type de formation. Cette méthode a l'avantage d'inclure les

interactions entre la formation générale et la formation technique mais

présente l'inconvenient de ne pas permettre de dégager avec certitude

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l'impact spécifique de chaque type de formation. De plus, les éventuelles

différences dans l'impact du nombre d'années d'études observees et

attribuées au type de formation peuvent en fait être dûes à d'autres

facteurs extérieurs au modèle mais importants déterminants des salaires

(par exemple l'origine sociale, l'habileté, le sexe, etc..). La deuxième

méthode consiste à estimer une fonction unique de gains avec des variables

binaires pour chaque type de formation et chaque niveau d'éducation. Bien

que cette dernière méthode ne corrige pas le problème des facteurs

exogènes, elle permet de montrer l'effet spécifique de chaque type de

formation ainsi que de comparer directement les rendements par niveau

d'eéducation et à travers elles les types de formation. Cette méthode

ignore cependant (en théorie) les interactions entre les deux types de

formation. Etant donné les avantages et les inconvenients de chaque

méthode, elles sont toutes les deux utilisées successivement dans cette

section. Le tableau No. 9 présente des statistiques sur l'échantillon, du

point de vue du type de formation.

Tableau No. 9

Enseignement Général et Enseignement Technique

(Principales Statistiques, Enseignement Post-Primaire)

Salaire Moyen

Ecart-Type Tous Secondaire Supérieur Secondaire Secondaire Supérieur Supérieur

Nombre de Cas Niveaux Tous Tous ler 2nd 1er 2nd

Nombre Moyen D'Années D'Etudes Confondus Niveaux NiveaUx Cycle Cycle Cycle Cycle

Enseignement Général 108.475 93.319 262.655 84.110 152.000 211.670 285.600

(95.011) (67.971) (169.065) (56.400) (100.120) (213.350) (145.500)

324 295 29 255 40 9 20

10,19 9.11 12.55 15 17

Enseignement Technique 180.686 135.262 327.442 113.940 159.860 233.800 455.140

(198.576) (84.847) (342.048) (70.820) (93.130) (152.050) (471.800)

220 168 52 90 78 30 22

12,14 9.76 12.41 15 17

Total 137.678 108.538 304.247

(150.105) (77.136) (292.517)

544 463 81

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L'échantillon comprend 324 travailleurs ayant suivi une formation

générale et 220 une formation technique. Le type de formation est

probablement celui suivi en dernier par le travailleur. Il n'est cependant

pas possible de connaître la séquence de succession entre enseignement

général et enseignement technique dans le cursus scolaire du travailleur.

Une telle information aurait été d'une grande importance pour déterminer,

d'après les critères du marché du travail, quelle est la combinaison (et le

cursus) optimale à suivre pour une plus grande efficacité dans le monde du

travail.

D'après le tableau No. 9, globalement aussi bien qu'à niveau

d'instruction égal, celui qui a suivi une formation technique est mieux

rémunére que celui qui a suivi une filière d'enseignement général. La

différence de rémunération est minimale au niveau du second cycle du

secondaire et maximale au niveau du second cycle de l'enseignement

supérieur. D'autre part, alors que pour les travailleurs ayant suivi

l'enseignement général chaque niveau d'études accroît les salaires d'un

montant à peu près constant (sauf entre les cycles longs et les cycles

courts de l'université), pour l'enseignement technique, ce montant est

croissant. Une explication de ce phénomène serait que dans le cas de

l'enseignement technique, chaque étape du cursus correspond à un "savoir-

faire" donné (et accru par rapport à l'étape précédente) et suffisant pour

être presque qu'immédiatement efficace en entreprise, ce qui n'est pas le

cas de l'enseignement général qui certes accroit les capacités

d'apprentissage sur le tas, de "formabilité" (dans le sens de Thurow), sans

pour autant lui fournir les connaissances techniques de base.

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Le tableau No. 10 présente les estimations de la fonction de

gains séparée pour les deux catégories.

Tableau No. 10.Résultats des Régressions

(Enseignement Technique/Enseignement Général)-------------------------------------------------------------

Ens. Qeneral Ens. Techn.

Année d'Etudes 0,1879* 0,1781*(16,05) (12,97)

Expérience 0,0741* 0,1005*(8,40) (8,32)

(Expérience)2 -0,0012* -0,0026*(-2,40) (-3,74)

Constante 2,3820* 2,2922*(19,04) (12,08)

R2 0,48 0,49

F 99,05 89,98

Nombre d'observations 324 220

Nombre Moyen d'Années d'Etudes 10,19 12,14

L'examen du tableau No. 10 montre clairement que les variables du

modèle expliquent sensiblememt la meme proportion de variance du salaire,

et que les coefficients de l'équation relative a l'enseignement technique

sont en valeur absolue plus grands que ceux de l'enseignement général. Les

implications de ce constat sont que (1) les salaires des produits du

système d'enseignement technique sont plus sensibles au nombre d'années

d'études et d'ancienneté et (2) le rendement marginal de l'année

d'ancienneté décroit plus rapidement dans le cas des produits de

l'enseignement technique que de ceux de l'enseignement général.

L'interprétation immédiate du premier point est que les années

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d'enseignement technique accroissent plus la productivité des travailleurs

que les années d'enseignement général, et qu'en plus les investissements

post-scolaires des produits de l'enseignement technique sont plus rentables

que ceux des produits de l'enseignement général. La formation technique

permettrait donc de mettre en valeur la formation de base reçue dans

l'enseignement général (si tant est que la formation générale précède

toujours la formation technique et que l'impact observé de l'année de

formation technique est en fait l'impact d'une combinaison des deux types

de formation) et d'optimiser la formation en cours d'emploi.

Le deuxième point (la différence entre les décroissances des taux

marginaux de l'annee d'ancienneté) mérite que l'on s'y arrête; une façon de

distinguer l'enseignement genéral de l'enseignement technique est le degré

de spécificité; l'enseignement technique étant plus spécifique que

l'enseignement général, c'est-à-dire plus lié a un type particulier de

savoir-faire. Le travailleur ayant suivi ce type d'enseignement est aussi

plus exposé au phénomène d'obsolescence (de dépassement de ses

connaissances devant le progrès technique) et moins apte à seadapter et à

se renouveller que le travailleur ayant suivi une filière générale.

Cependant, bien que ceci soit théoriquement vrai en général, on peut arguer

que les agents d'exécution sont plus affectés par le phénomène que les

cadres de niveaux supérieurs parce que ces derniers ont nécessairement, de

par la façon dont les études sont organisees, une somme de connaissances

générales suffisantes leur fournissant une capacité d'adaptation plus

grande. Une façon évidente de tester cette hypothèse est d'estimer des

fonctions de gains du même type sur des sous-ensembles de l'échantillon

correspondant à des niveaux d'éducation différents par type de formation et

d'observer le degré de décroissance du rendement marginal de l'année

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d'ancienneté. Le nombre limité d'observations dans chaque groupe ne permet

malheureusement pas d'y procéder. Il convient maintenant de mener une

comparaison directe de l'effet de chaque type de formation, par niveau (la

deuxième méthode). Le tableau No. 11 présente les résultats des

estimations des deux fonctions de gains traitant l'éducation comme une

variable catégorielle.

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Tableau No 11.

Résultats des Régressions(Enseignement Général/Enseignement Technique)

------------------------------------------------

CoefficientVariable de Régression------------------------------------------------

Primaire ------

Second. ler Cycle Général 0,2823*(6,89)

Second. 1er Cycle Technique 0,5609*(7,88)

Second. 2nd Cycle General 1,3140*(9,75)

Second. 2nd Cycle Technique 1,4228*(13,8)

Supérieur ler Cycle Général 2,3882*(8,92)

Supérieur ler Cycle Technique 2,8098*(13,1)

Supérieur 2nd Cycle General 3,8271*(12,9)

Supérieur 2nd Cycle Technique 6,1351*(16,9)

Expérience 0,0770*(9,96)

(Expérience)2 -0.001S*(-4,19)

Constante 3,8729*

R2 0,49

F 98,8

Nbre d'observations 988------------------------------------------------

Note 1: Les résultats présentés dans cette tablene concernent que les travailleurs ayantété scolarisés.

Note 2: Les coefficients des variables binairesont été ajustés.

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L'analyse des résultats présentés dans le tableau précédent fait

apparaitre très clairement deux choses. Premièrement, l'impact de

l'enseignement technique sur les salaires est, à niveau d'éducation égal,

toujours superieur à celui de l'enseignement général. Deuxièmement,

l'écart entre leenseignement technique et l'enseignement général est le

plus sensible aux deux extrémités (ler cycle de l'enseignement secondaire

et enseignement universitaire long). Devant ces resultats, la question qui

se pose à l'économiste est de savoir si la différence de rentabilité

financière réflète la différence entre les coûts de formation; il est

évident que la formation technique est bien plus onéreuse que la formation

générale et selon des données récentes, en 1983, le coût de l'année-élève

dans l'enseignement technique secondaire était 2,5 fois supérieur à celui

de l'enseignement général. Ainsi, comparés à l'enseignement général, les

rendements de l'enseignement secondaire technique ne semblent pas riflèter

ses coûts élevés. Il serait cependant hasardeux de tirer des conclusions

hâtives à ce niveau dans la mesure oÙ le seul critère de comparaison

utilisé jusqu'ici est la réponse du marché du travail en terme de

rémunération (utilisé comme un substitut de la productivité du travail).

Ce dernier pourrait être en la matière un indicateur imparfait dans la

mesure où il ne tient pas compte d'un certain nombre de facteurs tels que

le temps de recherche du premier emploi qui semble être, dans beaucoup de

cas, plus court pour les "sorties" du système d'enseignement technique que

pour les "sorties" de celui de l'enseignement général.

III.3. Les Différences entre Hommes et Femmes.

L'objet de cette section est d'analyser les éventuelles

différences de rémunerations entre hommes et femmes ainsi que le rôle joué

par l'éducation dans ces différences. Le fait que l'analyse globale qui a

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précédé n'a permis de dégager aucune discrimination sexuelle sur le marché

du travail, lorsque leon tient compte des caractéristiques personnelles

aussi bien qu'institutionnelles incite davantage à l'approfondissement des

investigations afin de confirmer ces premiers résultats tant il est vrai

que la question de l'égalité des sexes sur le marché du travail apparait

comme étant un des problèmes fondamentaux de l'heure dans de nombreux pays.

Dans les tableaux Ai et A2 il est implicitement suppose que les

coefficients des variables indépendantes ainsi que la constante sont

identiques pour les deux sexes; cependant si certains de ces coefficients

étaient différents d'un sexe à l'autre (c'est-à-dire s'il y avait une

différence structurelle entre les déterminants des salaires des deux

sexes), le coefficient relatif au sexe pourrait alors sous-estimer la

différence réelle entre sexes. Une solution à ce problème est d'estimer des

fonctions de gains séparées. Le tableau suivant présente les fréquences

par sexe à travers les différentes catégories socio-professionnelles, les

niveaux d'études ainsi que les salaires moyens comparés des hommes et des

femmes par catégorie professionnelle et par niveau d'études. A ce niveau

il convient de rappeler un certain nombre de faits mentionés dans les

sections qui précèdent. Les femmes employées dans le secteur moderne en

Côte d'Ivoire ont en moyenne un niveau d'instruction nettement supérieur a

celui des hommes. Quelqu'en soient les raisons (culturelles ou économiques)

il est un fait que les femmes non scolarisées se dirigent en général vers

les activités de type indépendant et n'offrent leur force de travail sur le

marché moderne que celles qui ont acquis un minimum de scolarisation. Il

en résulte que seulement 25% des femmes dans l'échantillon n'ont jamais

reçu d'éducation alors que c'est le cas de 51% des hommes. Il n'est donc

pas surprenant, compte tenu du rôle joué par l'éducation dans la

détermination directe du salaire et dans la classification des

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travailleurs, que le salaire moyen des femmes soit supérieur a celui des

hommes. Il faut noter ici que cette situation ne semble pas être unique à

la Côte deIvoire; les mêmes tendances sont observées au Cameroun, un pays

en beaucoup de points comparable à la Côte d'Ivoire (Atangana-Mébara;

Martin et Ta Ngoc, 1984:95-96, 237).

Tableau No 12.

Table des Fréquences et Moyennes des Salair-s par Catégorie Professionnel le et par Niveau d'Instruction.

Non Primaire Secondaire Secondaire Université Université Total Salaires

Scolartiés ler Cycle 2nd Cycle 1er Cycle 2nd Cycle Moyens

Directeur/Cadre (H) 0 10 24 28 18 36 116 289.603

(F) 0 0 4 5 8 6 23 260.739

Agent de Mattrise CH) 29 35 63 32 12 0 171 132.374

(F) 0 2 a 9 1 0 20 153.700

Travailleur Qualifié (H) 115 132 103 29 0 0 379 72.989

(F) 2 15 25 9 0 0 51 88.314

Travailleur Non Qualifié (H) 384 179 95 5 0 0 663 50.057

(F) 23 22 12 1 0 0 58 45.655

Manoeuvre/Apprenti (H) 355 44 il 0 0 0 410 24.522

(F) 20 5 0 0 0 0 25 25.720

Total (H) 883 400 296 94 30 36 1739

(F) 45 44 49 24 9 6 177

Salaire Moyens (H) 39.660 74.027 90.716 155.223 223.700 398.611 -- 73.108

(F) 32.756 68.159 99.020 164.917 245.333 229.167 -- 95.288

Le Tableau No. 12 indique que les femmes touchent en moyenne plus

que les hommes (95.288 Francs contre 73.108 Francs); il a été cependant

mentionné plus haut que cela vient essentiellement du fait que celles-ci

ont un niveau d'instruction supérieur aux hommes. Ce dernier fait (niveau

d'instruction supérieur) associé au fait qu'en général les employeurs

tendent à ne pas confier des postes de responsabilité aux femmes (pour des

raisons diverses parmi lesquelles la disponibilité de tous les jours est un

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argument important) permet d'expliquer les tendances que l'on peut noter

dans le tableau. En effet on peut remarquer par exemple, que les femmes

représentent 20% des effectifs des directeurs et cadres supérieurs; la

majorité d'entre elles ayant un niveau d'éducation post-secondaire, et

toutes au moins le niveau secondaire, alors que 9% des hommes de cette

catégorie n'ont qu'un niveau d'instruction équivalent à l'enseignement

primaire, et moins de la moitié ont le niveau de l'enseignement supérieur.

Cette tendance se confirme à tous les niveaux de l'échelle des postes, et

se réflète dans le fait qu'elles ont en moyenne un salaire plus élevé dans

les catégories oùà le niveau d'instruction joue un certain rale et où les

compensations duies aux responsabilités n'ont pas d'effet; par exemple parmi

les agents de maîtrise et les travailleurs qualifiés. Ceci suggèrerait une

certaine surqualification des femmes par rapport aux fonctions qu'elles

occupent (en prenant la qualification des hommes comme norme). Une autre

explication supplémentaire de la différence de salaires moyens entre hommes

et femmes serait que celles-ci sont concentrées dans les emplois de type

administratif qui, en général, sont mieux rémunérés que les emplois

manuels. Ces observations sont pleinement compatibles avec celles

contenues dans Pegatienan (1979). Cependant, à l'exception des

travailleurs diplomés des cycles longs de leenseignement supérieur, les

ecarts ne sont pas suffisamment substantiels et systématiques pour suggérer

une quelconque discrimination dans un sens ou dans l'autre. Si

discrimination il y a, elle pourrait se trouver au niveau du rythme des

promotions et de l'attribution des responsabilités, a niveau d'éducation

égal. Les données disponibles ne permettent malheureusement pas de

développer ce point. Des fonctions de gains séparées pour chaque sexe ont

été estimées et les résultats sont présentés dans le tableau suivant.

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Tableau No. 13.Résultats des Régressions

(Hommes/Femmes)

Hommes Femmes

Année d'Etudes 0,1107* 0,1260*(36,1) (18,4)

Expérience 0,0771* 0,0828*(12,3) (4,2)

(Expérience)2 -0,0015* -0,0015*(-6,S) (-1,7)

Constante 3,07* 2,97*(38,14) (114,0)

R2 0,51 0,e7

F 601,9 120,5

Nombre d'observations 1739 177

La première remarque qu'il convient de faire à l'analyse de ces

resultats concerne la différence dans le pouvoir explicatif du modèle.

L'estimation de la fonction de gains parmi les femmes explique 67% des

variations de salaire, alors que parmi les hommes, il explique 51% des

variations de salaire, soit une différence de 16%, ce qui est substantiel.

On est donc, à ce point, tenté de conclure que le modèle du capital humain

sied bien mieux à l'analyse du salaire des femmes qu'à celui des hommes.

La seconde remarque qu'il convient de faire concerne l'impact des années

deétudes sur le salaire; chaque année d'étude accroÎt le salaire des

femmes de 12,60% et celui des hommes de 11,07%. Il apparait donc, d'après

ces résultats que l'éducation a un impact plus fort sur le salaire des

femmes que sur celui des hommes (cette difference est statistiquement

significative) attestant du fait que l'éducation des femmes serait plus

rentable que celle des hommes. Une explication de ce phénomène pourrait se

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trouver dans l'existence de deux marchés du travail séparés (un pour les

femmes et un pour les hommes) avec peu de communications entre eux, et que

les deux marchés du travail, non seulement fonctionneraient de façon

différente, mais que les demandes de travail seraient satisfaites à des

degrés différents. Ces résultats semblent donc fournir un support

empirique à la théorie du marché du travail segmenté; une analyse plus

poussée (en cours) est cependant requise pour confirmer cette hypothèse.

III.4. Le Lieu d'Implantation de l'Etablissement:

La première section de ces notes a montré que le lieu

d'implantation de l'établissement (Abidjan ou l'intérieur) est un facteur

déterminant des salaires en Côte d'Ivoire. L'explication proposée pour

cette constatation est que le coût de la vie est moins elevé à l'intérieur

du pays qu'à Abidjan et que, par consequent, les travailleurs y ont la

possibilité de maintenir le même niveau de vie avec un salaire moindre.

Une autre hypothèse plus difficile a tester serait que les entreprises

ayant tendance à s'implanter à Abidjan (et ses environs) plutôt qu'à

l'intérieur du pays, la demande de travail y est plus forte et la

compétition parmi les employeurs est telle que les salaires grimpent plus

rapidement qu'à l'intérieur. Il reste, cependant, à étudier les rendements

de l'éducation aux deux endroits afin de voir si des diffarences peuvent

être observées à ce niveau. Auparavant, une analyse des caractéristiques

de l'échantillon selon le lieu d'implantation de l'établissement s'impose.

Le tableau No. 14 prasente les principales données.

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Tableau No. 14Caractéristiques de l'Echantillon Selon le Lieu d'Implantation de l'Etablissement.

----- _.--------------------------------------------------__------------------__---------------

Moyenne des Salaires

Abidjan* Intérieur* Abidjan Intérieur

Années d'Etudes 5,41 2,72(5,07) (4,12)

Ancienneté 8,83 4,54

(8,32) (5,30)

Total 1.173 743 98.823 40.953

(100,0%) (100,0%)

Directeurs/Cadres 116 24 304.157 192.208

(9,9%) (3,2%)Agent de Maîtrise 158 33 140.367 107.030

(13,5%) (4,4%)

Travailleur Qualifié 326 104 80.429 67.183

(27,8%) (14,0%)Travailleur Non Qualifié 42S 298 58.904 38.493

(38,2%) (39,8%)Manoeuvre/Apprentis 149 288 34.651 19.350

(12,7%) (38,5%)

Non Scolarisés 443 485 53.465 28.410(37,8%) (65,3%)

Primaire 314 130 84.105 47.700

(26,8%) (17,5%)Secondaire 1er Cycle 248 97 101.351 87.722

(21,2%) (13,1%)

Secondaire 2nd Cycle 99 19 158.354 151.158(8,4%) (2,5%)

Université ler Cycle 32 7 249.218 134.857(2,7%) (0,9%)

Université 2nd Cycle 37 5 397.081 208.800(3,2%) (0,7%)

--------------------------------------------------------------- __------------__--------------

* Entre parenthèses, écart-types pour les variables continues et pourcentages pour les variablescategorielles.

A peu près 40% des travailleurs de l'échantillon sont employés

dans des établissements implantés en dehors d'Abidjan; leur salaire moyen

est de 60% inférieur à celui de ceux d'Abidjan, mais leur niveau d'études y

est aussi nettement inférieur (2,72 contre 5,41 années en moyenne) ainsi

que leur ancienneté (4,54 contre 6,63). L'analyse de la distribution des

travailleurs par catégories socio-professionnelles montre que les

établissements de l'intérieur emploient proportionnellement moins de cadres

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qualifiés et plus de travailleurs non qualifiés que les établissements

d'Abidjan. En conséquence, le niveau d'instruction de leurs travailleurs y

est moins élevé et leur distribution par niveau d'instruction l'atteste

clairement; 65% des travailleurs à l'interieur du pays n'ont jamais été

scolarisés (contre 37% à Abidjan). Il semble, donc à l'analyse du tableau

No. 14, que la différence des salaires entre Abidjan et le reste du pays

est essentiellement dûe au plus faible niveau d'instruction et d'ancienneté

des travailleurs de l'intérieur. Le tableau suivant présente les fonctions

de gains estimées pour les deux groupes de travailleurs et permet donc de

déterminer si la différence de rémunerations est en partie due à une

différence dans l'impact de l'éducation.

Tableau No. 1SRésultats des Régressions

(Abidjan/Intérieur)--------------------------------------------------------- _

Abidjan Intérieur

Année d'Etudes 0,0974* 0,1083*(29,S) (21,ô)

Expérience 0,05S1* 0,0952*(7,9) (9,5)

(Expérience)2 -0,0008* -0,0029*(-2,8) (-S,S)

Constante 3,39* 2,82*(94,8) (88,4)

R2 0,47 0,50

F 344,7 251,9

Nombre d'observations 1178 743

Le modèle explique une plus grande proportion de la variance du

logarythme du salaire à l'intérieur du pays qu'à Abidjan et l'impact des

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différents facteurs y semble supérieur; l'année d'étude y est mieux

rémunérée, ainsi que l'année d'ancienneté, et la tendance de l'impact

marginal de l'ancienneté à décroître y est beaucoup plus forte. Un test

d'égalité entre les coefficients des années d'études a conclu qu'il n'y a

pas de différence dans l'impact de l'éducation entre les deux types

d'implantations. L'année de scolarité serait donc rémunérée

proportionnellement de la même manière à Abidjan qu'à l'intérieur du pays.

Ceci confirme l'hypothèse, proposée ci-dessus, selon laquelle les

différences de rémunérations resideraient essentiellement dans le fait que

les travailleurs de l'intérieur ont un niveau d'instruction inférieur à

ceux d'abidjan.

III.5. L'Origine du Travailleur:

Le marché du travail en Côte d'Ivoire est caracterisé par une

forte proportion d'étrangers participant à la production à différents

niveaux; ainsi les "expatriés" c'est-à-dire les ressortissants des pays

développés (parmi lesquelles les francais sont les plus nombreux) occupent

pour la plupart les postes les plus élevés dans la hierarchie des

catégories socio-professionnelles. Les ressortissants des autres pays

africains (ANI) sont, quant a eux, plus nombreux à l'autre extrémité de

cette échelle, et les ivoiriens sont largement majoritaires dans les

catégories intermédiaires (cadres moyens, agents de maîtrise, employés

qualifiés). Dans cette itude, le choix a été fait de se concentrer sur les

travailleurs africains seulement; cette section introduit cependant les non

africains (NA) dans l'echantillon afin de comparer l'impact de l'éducation

sur les salaires des trois groupes d'employas.

Les ANI représentent 31% de l'échantillon, ils ont, en général,

un niveau d'éducation bien moins élevé que les ivoiriens (1,79 années

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d'études eninoyenne contre 5,55 pour les ivoiriens) touchent en moyenne 75%

moins que les ivoiriens; les NA ont quant à eux un niveau d'éducation

nettement supérieur aux autres groupes (13,65 années d'études en moyenne,

soit 2,5 fois le niveau moyen d'études des ivoiriens) et touchent en

moyenne plus de 12 fois plus que les ivoiriens; le tableau No. 16 fournit

les détails.

T.ble.u No. 16

Caract-etiq,,e de l'Ech-ntillon Selon l'Origine du Traneilleur.

Moyenne de. S.leiree

I-oiriens. ANI. NA. I-oiri.ns. ANI. NA.

Anné-e d'Etudos 5,55 1,79 13,65

(4,86) (3,92) (3,38)

Ancienneté 5,94 5,56 6,30

(5,83) (6,45) (6,95)

Lie-, d'In,plantation

Abidjan 875 298 62

Intérieur 440 303 20

Tot.l 1.315 601 82 86.630 50.055 662.549

(100,0%) (100,0%) (100,0%)

Di recteurs/Cadres 109 30 73 277.277 312.500 713.616

(8,3%) (5,0O%) (39,0%)

Agent de Ma. trise 174 17 8 134.667 134.000 246.375

(13,2%) (2,8%) (9,76%)

Tr.-aillel- Q.el ifié 370 60 1 76.151 66.517 264.000

(26,1%) (10,0%) (1,22%)

Traa illeur Non Qualifié 477 244 0 55.067 39.217

(36,3%) (40,6%) ---

Mano-u.re/Apprentis 185 250 0 31.497 19.480 ----

(14,1%) (41,6%)

Non Scola.ri.é 456 472 1 47.561 31.319 110.000

(34,7%) (78,5%) (1,22%)

Pnimeine 377 67 2 76.170 58.119 270.000

(28,7%) (11,1%) (2,44%)

Secondaire l.r Cycle 315 30 15 90.311 108.533 373.467

(24,0%) (05,0%) (18,3%)

Secondaire 2nd Cycle 100 18 22 161.300 134.389 450.182

(7,6%) (3,0%) (26,8%)

Uninersité 1er Cycle 36 3 14 238.028 116.667 724.286

(2,7%) (0,5%) (17,1%)

Univ-rsité 2nd Cycle 31 il 28 334.419 487.091 1.001.179

(2,4%) (1,8%) (34,2%)

ANI = Africains Mon IN oi. iene NA = Non Africain.

e Entr- pérenthèses, écart-types pour le. nariables continuee et pourcentage. pour les neri&ble

catégoriel I...

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- 45 -

La distribution des travailleurs par origine et catégories socio-

professionnelles montre clairement que les ANI se retrouvent

essentiellement dans les positions subalternes puisque 82% d'entre eux sont

ou travailleurs non qualifiés ou manoeuvres (la proportion correspondante

pour les ivoiriens est de 50%) tandis que les NA sont dans leur écrasante

majorité dans des postes de haut niveau (89% d'entre eux); en plus 35% de

ces postes sont occupés par des NA qui constituent seulement 4% de

l'échantillon total. Le niveau d'instruction permet d'expliquer une partie

de la différence entre les moyennes de salaires des trois groupes; en

effet, les ANI neont dans leur très large majorité aucun niveau d'études

(79%) (contre 35% pour les ivoiriens), alors qu'un seul NA de l'échantillon

est dans ce cas. Leanalyse de la distribution des moyennes de salaires par

catégorie socio-professionnelle ou par niveau d'instruction montre

clairement que les NA sont en moyenne les mieux payes dans la plupart de

ces catégories, suivis par les ivoiriens (sauf dans les catégories les plus

élevées où les ANI touchent en moyenne plus que les ivoiriens).

L'explication du fait que les ivoiriens paraissent, a catégorie socio-

professionnelle égale, recevoir des salaires plus élevés que les ANI

pourrait être trouvée dans le fait que plus de la moitié des travailleurs

ANI travaillent en dehors d'Abidjan et donc subissent les taux de

rémunérations qui y sont appliqués. Les ANI par contre percoivent en

moyenne plus que les ivoiriens aux niveaux les plus élevés des hiérarchies.

Cette étude étant consacrée essentiellement à l'analyse de l'impact de

l'éducation sur le salaire, il convient donc après ces constatations de

s'interroger sur ce dernier. Le tableau No 17. présente les résultats des

régressions.

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Tableau No. 17.Résultats des Régressions

(Ivoiriens/Africains non-Ivoiriens)

Ivoiriens ANI NA

Année d'Etudes 0,0948* 0,1268* 0,1366*(30,7) (18,3) (4,28)

Expérience 0,0706* 0,0826* -0,0216(11,0) (6,9) (-0,49)

(Expérience)2 -0,0012* -0,0018* 0,0017(-4,3) (-3,4) (0,93)

Constante 3,27* 2,84* 4,24*(107,0) (65,2) (9,0)

R2 0,50 0,46 0,16

F 438,0 163,7 6,12

Nombre d'observations 1316 601 82

Le tableau No. 17 montre que le modèle du capital humain explique

beaucoup mieux les variations de salaires des ivoiriens que ceux des ANI et

des NA; l'estimation de l'équation de gains parmi les NA est, à cet égard,

remarquable dans la mesure où le coefficient de détermination n'est que de

16% et que seul l'impact de l'éducation est statistiquement significatif

(hormis le terme constant). Leimpact de l'éducation est plus grand sur les

salaires des ANI et des NA que sur ceux des ivoiriens. Ainsi, chaque année

d'étude accroit le salaire d'un ANI de près de 12,7%, celui d'un NA de

13,7% et celui d'un ivoirien de 9,5%.

Une explication de la différence d'impact de l'éducation entre

les ivoiriens et les ANI serait liée au bas niveau général d'instruction

des travailleurs ANI et à leur haut coefficient de variation (écart-typel

moyenne). En effet, comme il a été mentioné plus haut, près de 80% des

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travailleurs ANI n'ont jamais été à l'école (contre 35% des ivoiriens), 11%

d'entre eux n'ont pas dépassé le niveau de l'école primaire (contre 29% des

ivoiriens) et moins de 10% d'entre eux l'ont dépassé (contre près de 40%

des ivoiriens). Les deux distributions à travers les niveaux d'instruction

sont donc différentes en ce sens que le biais vers les niveaux bas

d'éducation des ANI est nettement plus prononcé que celui des ivoiriens;

dans ces conditions tout accroissement du nombre d'années d'études des ANI

tend à avoir un impact beaucoup plus grand qu'un accroissement identique

chez les ivoiriens. A cette explication s'ajoute le fait déjà mentionné

qu'au niveau le plus élevé, le salaire moyen des ANI est nettement

supirieur a celui des ivoiriens (près de 50% de plus). Une hypothèse

pouvant justifier cela serait celle d'une politique des salaires visant a

payer aux cadres de haut niveau des autres pays africains une compensation

pour leur éloignement (de facon similaire aux "expatriés"). Ceci n'est

pourtant pas la seule explication possible, et pour la theorie du capital

humain ces résultats suggèreraient que les travailleurs ANI instruits

seraient plus productifs que les ivoiriens instruits. Cette dernière

explication est aussi valable en ce qui concerne la différence deimpact de

l'éducation entre les ivoiriens et les NA.

III.6. Secteur Public-Secteur Privé:

La comparaison entre le secteur public et le secteur privé est

interessante dans la mesure oÙ elle permet de mesurer l'impact du premier

sur le marché du travail et les éventuelles distorsions qu'il y provoque.

En effet, le secteur public est souvent considéré comme étant non

compétitif par différence avec le secteur privé qui, lui, obéi beaucoup

plus aux lois du marché et aux critères de rentabilité qui y sont

appliqués. De plus, la présente difficile situation économique de la Côte

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d'Ivoire a amene à s'interroger sur la politique des salaires pratiquée par

l'Etat et à appliquer les mesures draconniennes de leur réduction dans la

plupart des établissements publics. Cette section analyse les différences

de salaires dans ces deux secteurs ainsi que l'impact de l'éducation sur

leur politique de rémunération. L'enquète de main d'oeuvre qui sert de

base à cette étude est essentiellement consacrée au secteur prive et semi-

privé, il n'est donc pas possible de mener une comparaison complète dans la

mesure ou une partie importante du secteur public en est absente; il s'agit

de la fonction publique.

Le secteur public est représenté par les municipalités, les

etablissements publics, les instituts de recherches, et les sociétés à

participation publique a 100%; le secteur privé quant à lui est constitué

des sociétés à capitaux à 100% privés aussi bien que de celles ou l'Etat a

une participation inférieure à 100%. Les organismes publics multinationaux

ont été exclus de l'analyse dans la mesure ou les politiques de salaires y

répondent probablement à d'autres critères que ceux utilisés par les

établissements en Côte d'Ivoire. Le tableau No. 18 présente les

principales caractéristiques de l'échantillon.

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Tableau No. 18Caractéristiques de l'Echantillon Selon le Statue de l'Etablissement

---------------------------------------------------------- __------------

Moyenne des SalairesEtablissements Sociétés -----------------------

Publics* Priées* Etab. Pub. Soc. Priv.

Années d'Etudes 3,39 4,81

(4,60) (4,91)

Ancienneté 4,85 S,94(5,39) (5,90)

Total 474 1393 55.042 78.179

(100,0%) (100,0%)

Directeurs/Cadres 25 104 240.800 272.712(5,27) (7,47)

Agent de Maîtrise 38 140 121.283 137.443(8,02) (10,05)

Travailleur Qualifié 97 319 86.819 77.075

(20,46) (22,9)Travailleur Non-Qualifié 190 519 34.732 54.938

(40,08) (37,26)Manoeuvre/Apprentis 124 311 20.146 26.363

(28,16) (23,33)

Non Scolarisés 280 834 28.829 42.940

(59,07) (45,S)

Primaire 93 341 57.086 76.510

(19,62) (24,S)

Secondaire 88 358 112.704 108.000(18,57) (25,S)

Université 13 62 214.692 287.961(2,74) (4,S)

---------------------------------------------------------------- __---------

* Entre parenthèses, écart-types pour les variables continues etpourcentages pour les variables catégorielles.

D'après le tableau précédent, 25% des travailleurs de

l'échantillon sont employés dans des établissements publics, et 75% dans

des sociétés privées. Le niveau moyen d'études ainsi que le nombre moyen

d'années d'ancienneté sont plus élevés dans les sociétés privées que dans

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les établissements publics. Il en est de même pour les salaires moyens qui

indiquent une différence de l'ordre de 23.000 francs entre les sociétés

privées et les établissements publics. Il apparait donc que les

établissements privés en Côte d'Ivoire paient en moyenne des salaires plus

élevés que les établissements publics (dans un sens large de la notion

d'établissement). L'analyse de la distribution des salaires par catégories

professionnelles confirme cette tendance; a catégorie professionnelle

donnée, les travailleurs du secteur privé touchent plus que ceux du secteur

public. Leanalyse par niveaux d'lnstruction est aussi compatible avec ce

qui précède; le secteur privé paie mieux les travailleurs à tous les

niveaux d'instruction à l'exception du niveau secondaire où les

travailleurs du secteur public touchent en moyenne plus que ceux du secteur

privé, bien que la différence soit insignifiante (de l'ordre de 5%). Une

observation des fréquences par catégories et par niveaux d'études indique

que la force de travail dans les sociétés privées et les établissements

publics a grosso modo la même composition. Cependant, on peut clairement

noter une plus grande concentration des travailleurs dans les niveaux les

plus bas des deux types de hiérarchie (professionnelle et d'instruction)

dans les sociétés publiques que dans les sociétés privées. Le tableau No.19

presente les résultats des régressions.

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Tableau No. 19.

Résultats des Régressions

(Public/Privé)

Etab. Pub. Soc. Privée

Année d'Etudes 0,1188* 0,1076*

(22,3) (31,7)

Expérience 0,0766* 0,0827*

(6,2) (11,0)

(Expérience)2 -0,0018* -0,0019*

(-2,8) (-5,4)

Constante 2,95* 3,10*

(71,6) (98,2)

R2 0,60 0,49

F 234,4 443,4

Nombre d'observations 474 1393

Les deux estimations présentées dans le tableau ci-dessus sont

statistiquement significatives. Une plus grande proportion de la variance

du salaire est expliquée par le modèle des gains pour les établissements

publics que pour les sociétés privées (60% contre 49%). Ce fait n'est pas

surprenant dans la mesure ou l'on sait que le niveau d'éducation et le

nombre d'années d'expérience sont les principaux déterminants du salaire

dans le secteur public, alors que dans le secteur privé des éléments

importants tels que la compétence professionnelle, l'ardeur au travail,

l'assiduité, le nombre effectif d'heures de travail hebdomadaire, etc. ont

une très grande importance. Ces éléments n'ont cependant pas pu être

introduits dans le présent modèle et sont insuffisamment représentés par

ceux qui ont été utilisés dans cette étude.

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Les coefficients indiquent clairement des impacts différents de

l'éducation sur les salaires selon le type d'établissement. Ainsi,

l'impact de l'éducation est plus fort parmi les travailleurs des

établissements publics que parmi ceux des sociétés privées. L'inverse

s'observe avec l'ancienneté; il semblerait donc que les remunerations des

investissements scolaires et post-scolaires soient inversement reliées.

Une interprétation de ce phénomène est que, bien que les entreprises

privées en Côte d'Ivoire rémunèrent les travailleurs en fonction du niveau

d'études (celui-ci étant un signal de la productivité future du

travailleur), une plus grande part de la variation future du salaire dépend

de la performance reelle qui est capturée, ici, par l'ancienneté (en partie

peut-être parce qu'elle est une fonction positive de ce dernier). Le

coefficient de l'ancienneté pour le secteur privé réflèterait donc plus,

selon cette interprétation, l'accroissement réel de productivité da à un

apprentissage en cours d'emploi (sur le tas ou sous une autre forme) que le

coefficient pour le secteur public qui répond beaucoup plus à des règles

preétablies. L'impact de l'investissement postscolaire serait donc

supérieur dans le secteur ou sa rentabilité importe le plus, et celui de

l'investissement scolaire y serait moindre (bien que déjà relativement

élevé) simplement parce que, comparé au secteur public, il y représente un

indicateur moins fidèle de la productivité du travailleur.

Cette analyse suppose cependant que l'impact de l'éducation est

uniforme à travers les différents niveaux scolaires. Cette hypothèse est

certainement très restrictive et l'on peut penser à juste titre que cet

impact varie avec les niveaux de scolarité. Pour saisir ces différences de

nouvelles fonctions de gains ont eté estimées avec des variables binaires

représentant les niveaux d'éducation; le tableau No. 19 en présente les

résultats.

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Tableau No. 20.Résultats des Régressions avec les Niveaux d'Education

(Public/Privé)------------------------------------------------------

Etab. Pub. Soc. Privée

Pas d'Education --- ---

Primaire 0,8478* 0,7350*

(9,43) (13,02)

Secondaire 2,344* 1,5779*(18,12) (22,65)

Université 5,5422* 6,5853*(12,28) (24,27)

Expérience 0,0779* 0,0872*(6,14) (11,43)

(Expérience)2 -0,0019* -0,0021*

(-2,9) (-6,99)

Constante 2,96* 3,13*

(68,7) (92,7)

R2 0,57 0,47

F 128,9 251,4

Nombre d'observations 474 1393----------------------------------------------------

Note: Les coefficients des variables binaires ontété ajustés.

Les estimations contenues dans le tableau ci-dessus confirment

les résultats obtenus précédemment; a sàvoir que l'impact de l'ancienneté

est plus fort dans le secteur privé que dans le secteur public, que la

proportion de variance du salaire expliquée par l'équation du secteur

public est plus grande que celle du secteur privé, et que finalement la

rentabilité de l'éducation est en général plus grande dans le secteur

public que dans le secteur privé, à l'exception de l'université. Ceci peut

etre expliqué par la théorie économique qui veut que le prix des biens sur

le marché se fixe à l'intersection de leur offre et de leur demande; le

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marché du travail fonctionne à bien des égards selon ces principes, et donc

offre aux plus instruits (et aux plus productifs), parce qu'ils sont plus

rares, des salaires plus élevés. Le marché du travail n'est cependant pas

homogène et les secteurs publics et privés peuvent être consideres comme

deux segments qui obeissent de facon différenciée aux lois de ce marché.

Il n'est par conséquent pas étonnant que la rentabilité de l'éducation soit

supérieure pour les segments les plus rares de la force de travail dans le

secteur privé qui répond plus aux fluctutations de ce marché que dans le

secteur public qui y est moins sensible.

Il est intéressant à ce niveau de comparer ces résultats avec

ceux obtenus ailleurs; Psacharopoulos (1983) présente des résultats obtenus

dans 6 pays dont 3 développés et 3 sous-développés. Les résultats obtenus

ici sont à bien des égards différents de ceux rapportés par Psacharopoulos.

D'abord, dans les pays étudiés par ce dernier, le secteur public paie en

moyenne beaucoup mieux que le secteur privé (alors que le contraire a été

observé ici). Ensuite, la rentabilité de l'éducation (du type mincerien) y

est supérieure dans le secteur privé que dans le secteur public, ce qui est

différent de ce qui a été obtenu ici; cette rentabilité est en général

supérieure pour les pays sous-développés à ceux obtenus pour la Côte

d'Ivoire. Enfin le coefficient de détermination de l'équation de gains

appliquée au secteur public est, pour la Côte d'Ivoire, nettement supérieur

à celui du secteur privé, alors que les deux coefficients ne sont pas

sensiblement différents dans les équations estimées par Psacharopoulos.

Pour resumer cette section, on peut rappeler les principaux

résultats obtenus. Tout d'abord il a été établi que les travailleurs du

secteur public (moins la Fonction Publique) en Côte d'Ivoire ont en moyenne

un niveau d'instruction et une ancienneté inférieurs à ceux du secteur

privé. Ensuite, le salaire moyen dans le secteur public est nettement

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inférieur au salaire moyen dans le secteur privé et ce dernier traite

beaucoup mieux ses travailleurs à tous les niveaux de l'échelle des postes

et pour ainsi dire à la plupart des niveaux d'instruction. Les fonctions

de gains ont montré que le modèle du capital humain pouvait etre utilisé

pour expliquer la détermination des salaires dans les secteurs public et

privé en Côte d'Ivoire, et que la rentabilité de l'éducation est différente

dans les deux secteurs. L'impact de l'éducation est plus grand dans le

secteur public que dans le secteur privé alors que l'inverse tend à être

vrai pour l'ancienneté.

III.7. L'Origine du Capital:

L'ouverture de la Côte d'Ivoire vers l'extérieur et sa politique

economique deappel à leinNTestissement des capitaux étrangers a eu pour

effet l'implantation de nombreuses entreprises dominées par le capital

international (occidental ou libanais); il serait donc intéressant

d'analyser les relations entre l'eéducation et les salaires selon l'origine

du capital. Pour cela, l'analyse qui suit se rapporte seulement aux

établissements privés de ]L'échantillon. Trois catégories ont été

distinguées: les entreprises dominées par le capital ivoirien (50 à 100%

ivoirien), les entreprises dominées par le capital étranger non libanais

(50 à 100% étranger) et les entreprises libanaises (100% libanais). Le

tableau No. 21 présente les caractéristiques de la main d'oeuvre dans ces

trois catégories.

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Tableau No. 21

Caract,ristiques de l'Euhantillon Salon l'origine du Capital

Moyenna das Salaira8

Capital Capital Capital

Ivoirien. Etrangrer Libanais* Ivoirien Etrangar Libanais

Années d'Etudes 4,07 3,68 2,92

(5,11) (4,54) (3.34)

Ancien ne té 5.44 5,86 1,42

(5,32) (6,66) (1,84)

Total 382 495 24 71.118 69.956 36.458

(100,0%) (100,0%) (100,01)

Di recteurs/Cadras 33 32 0 233.939 278.406

(8,64) (6,45) (0.°)

Agant da Maîtrise 35 43 0 125.457 130.000

(9,16) (8,69) (0,O)

Tranailleur Qualifié 61 109 1 73.049 68.532 47.000

(15,97) (22,02) (4,17)

Travailleur Non QluIifié 180 182 13 48.517 48.956 36.467

(47,12) (36,77) (62,50)

Menoeuvre1

Apprentis 73 129 8 25.575 29.062 35.125

(19,11) (26,06) (33,3)

Non Scolarisés 207 251 13 47.087 44.446 31.308

(54,19) (50,71) (54,17)

Primaire 72 123 8 59.917 66.569 37.375

(18,85) (24,85) (33,33)

Secondai re 59 87 3 85.542 87.035 56.333

(15,45) (17,58) (12,50)

Université 22 13 0 219.000 352.000

(5.76) (2,63) (0,0)

e Entra parenthèses, éuart-typea pour las variables continues et pourcantagas pour las variables

catégoriel les.

D'après le tableau précédent, les travailleurs employés dans les

entreprises dominées par le capital ivoirien représentent 42% de ceux de

l'échantillon employés dans des entreprises dont l'origine du capital a pu

être déterminée. Ceux employés dans des entreprises dominées par le

capital étranger (non libanais) representent 55% et ceux employés dans des

entreprises libanaises représentent moins de 3%. Les entreprises

ivoiriennes embauchent des travailleurs avec un niveau d'études supérieur

aux autres types d'entreprises (bien que la différence avec les entreprises

étrangères soit très légère) et la moyenne outrageusement basse dans les

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entreprises libanaises est à noter. La moyenne de l'ancienneté est plus

importante dans les entreprises étrangères que dans les autres (il y a

cependant très peu de différence avec les entreprises ivoiriennes) et

encore une fois on peut distinguer la moyenne très basse des entreprises

libanaises (plus de 4 fois plus basse que les entreprises étrangères), ce

qui suggère une très grande instabilité de la main d'oeuvre dans ces

entreprises.

La moyenne des salaires ne présente pas de différence

significative entre les entreprises ivoiriennes et etrangeres, cependant

les entreprises libanaises se distinguent encore une fois par une moyenne

très basse (la moitié de la moyenne des salaires dans les entreprises

ivoiriennes) probablement due au type de travailleurs qu'elles recrutent.

La distribution des travailleurs dans les différentes catégories

professionnelles confirme les similitudes entre entreprises ivoiriennes et

entreprises étrangères dans la mesure où a peu près les mêmes proportions

de travailleurs se retrouvent dans les mêmes catégories et à peu près les

memes niveaux de salaires sont pratiqués dans chacune des catégories. Il

faut cependant noter que les entreprises ivoiriennes ont une proportion

plus grande de travailleurs non-qualifiés que les entreprises étrangères

qui, par contre, ont une proportion plus grande de travailleurs qualifiés.

Les entreprises ivoiriennes semblent payer mieux leurs travailleurs

qualifiés que les entreprises étrangères (mais la différence peut-etre

considérée comme mineure compte tenu de la taille de l'échantillon et donc

des chances d'erreurs). Par contre ces dernières rémunèrent mieux leurs

cadres de haut niveau que les entreprises ivoiriennes. Il est difficile de

tirer des conclusions, quant aux entreprises libanaises compte tenu du

nombre limité d'observations dans chacune des catégories socio-

professionnelles; il est cependant très clair que dans ces entreprises la

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main d'oeuvre locale est essentiellement une main d'oeuvre subalterne de

bas niveau, essentiellement des travailleurs non-qualifiés et que les

postes de responsabilité sont tous confiés à des étrangers (non-africains);

la tendance en ce qui concerne les salaires semble être que les entreprises

libanaises traitent moins bien leurs travailleurs que les autres.

L'analyse de la distribution des travailleurs par niveau

d'instruction montre, encore une fois, que les structures des entreprises

ivoiriennes et etrangères sont similaires. Il semble cependant que les

entreprises ivoiriennes aient une plus grande préférence que les

entreprises etrangères pour les travailleurs illetres et les diplômes

d'université, alors que ces dernières ont des proportions plus grandes que

les ivoiriennes dans les niveaux intermédiaires (primaire et secondaire).

Les entreprises libanaises, préfèrent embaucher de niveau scolaire égal ou

inférieur au primaire. L'analyse des salaires révèle que les entreprises

etrangères traitent légèrement mieux leurs travailleurs, specialement les

diplomis de l'université, à l'exception des non-scolarisés. Les

travailleurs des entreprises libanaises recoivent les salaires les plus bas

quelque soit le niveau d'études. Le tableau No. 22 présente les résultats

des estimations de fonctions de gains pour les entreprises ivoiriennes et

les entreprises étrangères. Le nombre limité d'observations ne permet

malheureusement pas d'estimer avec certitude une telle fonction pour les

entreprises libanaises.

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Tableau No. 22.Résultats des Régressions

(Selon l'Origine du Capital)

Entr. Ivoir. Entr. Etrang.

Années d'Etudes 0,0981* 0,0964*(14,32) (15,45)

Expérience 0,0914* 0,573*(5,13) (4,79)

(ExpérIence) 2 -0,0028* -0,0008*

(-3,16) (-1,75)

Constante 3,168* 3,280*(44,87) (62,66)

R2 0,38 0,39

F 77,37 107,22

Nombre d'observations 382 495

Ces résultats montrent que la proportion de variance du salaire

expliquée par les deux equations ainsi que le rendement de l'éducation sont

les memes. Aussi, lorsque l'on considère l'investissement scolaire,

l'origine du capital n'est pas un facteur discriminant important. La

rëglementation plus ou moins souple des principes de remunerations

(salaires minima imposés par le gouvernement et barèmes des salaires

indicatifs par niveau d'études établis par l'UPACI) pourraient etre un

élément explicatif de l'identité de l'impact de l'éducation sur les

salaires.

L'impact de l'investissement post-scolaire, bien qu'apparaissant

différent, ne l'est en fait pas statistiquement. Un test de Chow a conclu

à l'identité structurelle des deux équations; seuls les deux termes

quadratiques sont statistiquement différents l'un de l'autre indiquant que

la depréciation de l'investissement post-scolaire se fait à un rythme plus

accéléré dans les entreprises étrangères que dans les entreprises

ivoiriennes.

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La principale conclusion de cette section est que, hormis le cas

particulier des entreprises libanaises pour lesquelles il n'a pas été

possible d'estimer une fonction de gains, la rémuneration de

l'investissement éducatif (scolaire et post-scolaire) est identique dans

les entreprises privées ivoiriennes et étrangères en Côte d'Ivoire.

IV. Rappel des Résultats.

Une toute première conclusion qu'il convient de tirer de cette

étude est que la fonction mincérienne de gains sied bien à l'analyse du

marché du travail en Côte d'Ivoire, et en consequence, il peut en

constituer un outil privilegié. Les fonctions estimees ont permis

d'expliquer une proportion substantielle de la variance des salaires en

Côte d'Ivoire (jusqu'a 60%) ainsi que les différences existant entre les

groupes analysés selon des critères différents.

Le deuxième résultat de cette étude, tout en confirmant les

résultats précédents obtenus en Côte d'Ivoire, contredit ceux obtenus dans

d'autres pays à savoir qu'il n'y a pas de différences de rémunerations

entre hommes et femmes sur le marché du travail en Côte d'Ivoire. De plus,

les rendements de l'éducation des femmes sont supérieurs à ceux des hommes.

Le troisième résultat important de ces notes est que les

rendements privés de l'éducation se présentent en dents de scie à mesure

que l'on progresse des niveaux scolaires inférieurs aux niveaux supérieurs;

la tendance générale est cependant à la hausse; alors que ce taux est de

plus de 30% dans l'enseignement secondaire du 2eme cycle, il est de moins

de 14% dans l'enseignement primaire et de 11% dans leenseignement

secondaire du ler cycle, de 12% dans l'enseignement supérieur court et de

25% dans l'enseignement supérieur long. Ce résultat est différent de ce

qui a été obtenu ailleurs oùi les taux de rendements sont en général

décroissants avec les niveaux d'études et il incite aussi à des recherches

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complémentaires spécialement à cause de ses implications en matière de

politique de financement et d'allocation des ressources d'éducation. La

distinction entre l'enseignement général et l'enseignement technique a

permis de montrer que les rendements de l'enseignement technique sont de

façon constante supérieurs à ceux de l'enseignement général (à niveau

d'instruction égal) et que les differences les plus sensibles se situent au

niveau du premier cycle du secondaire et des cycles longs de l'université.

Il y a, cependant, des raisons de penser que les taux de rendements sociaux

(qu'il n'a pas été possible de calculer ici) des deux types d'enseignement

ne réflèteraient pas ces tendances dans la mesure oùi l'enseignement

technique est nettement plus couteux que l'enseignement général.

Il n'y a pas de différence d'impact de l'éducation sur les

salaires entre les entreprises situées à Abidjan et celles situées à

l'intérieur du pays, bien que les salaires soient inférieurs dans cette

dernière catégorie. L'origine du travailleur a, par contre, une grande

importance dans l'impact de l'education sur les salaires dans la mesure ou

l'éducation est plus rentable parmi les africains non ivoiriens et les non

africains que les ivoiriens. Ceci est certainement le reflet d'une

politique d'attraction des cadres instruits d'autres pays qui désireraient

se faire embaucher en Côte d'Ivoire.

Leimpact de l'éducation dans le secteur public est supérieur a

celui du secteur privé; par contre le contraire est observé en ce qui

concerne l'ancienneté. Si ce dernier est interprété comme un

investissement post-scolaire on pourrait conclure que les entreprises

privées accordent plus d'importance que les établissements publics à ce

type d'investissement qu'à l'investissement scolaire. Ceci est

certainement conforme au principe de fonctionnement des entreprises privées

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dans la mesure ou elles supportent directement une part importante de

l'investissement post-scolaire (sous la forme de la taxe sur la formation

professionnelle continue) et donc prétent une attention particulière à la

rentabilité de cet investissement en veillant à ce qu'il soit compatible

avec l'emploi et immédiatement utilisable.

L'origine du capital ne semble pas être un critère important

lorsque l'on analyse la rentabilité de l'éducation. Dans les entreprises

dominées par le capital privé ivoirien aussi bien que dans celles dominées

par le capital privé étranger l'impact de l'éducation et de l'ancienneté

est identique. Les entreprises libanaises semblent cependant se distinguer

a cet egard, mais le nombre limité d'observations n'a pas permis, afin de

le confirmer, d'estimer la fonction de gains pour ce groupe.

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APPENDICE

Tableau No. AlRésultats des Régressions

(Ensemble de l' échantillon)

VARIABLES (1) (2) (3) (4) (5) (8) (7) (8)

Années d'Etudes 0.1158* 0.086* 0.0787* 0.0718* 0.0712* 0.0699* 0.0471* 0.0195*(37.3) (9.8) (9.6) (9.0) (8.9) (7.1) (5.92) (2.45)

(An. d'Et.) 2 0.0024* 0.0031* 0.003* 0.0033* 0.0035* 0.0039* 0.0053*(3.6) (5.0) (5.5) (5.6) (6.8) (6.86) (9.52)

Expérience 0.04e6* 0.0799* 0.0802* 0.0799* 0.0700* 0.0673*

(20.4) (13.6) (13.5) (13.5) (12.63) (12.57)

(Expérience) 2 -0.0016* -0.0016* -0.0018* -0.0014* -0.0013*

(-6.09) (-6.12) (-6.07) (-5.74) (-5.42)

Sex (Homme=1) -0.036 -0.027 -0.0119 0.0189

(-0.8) (-0.57) (0.26) (0.44)

Daipl8me (Oui=1) 0.183* 0.1157* 0.0968*

(4.23) (2.93) (2.58)

Localité (Abidjan=l) 0.6868* 0.5596*

(16.76) (18.69)

Nationalité (Ivoirien=1) 0.4121*

(11.86)

Constante 3.4* 3.4* 3.16* 3.09* 3.13* 3.12* 2.92* 2.74*

R-Carré 0.42 0.42 0.5273 0.64 0.54 0.54 0.60 0.63

Nbre de cas 1916 1916 1916 1916 1916 1916 1916 1916

F 1393.7 707.5 713.2 654.3 443.4 375.8 409.4 402.0

Note: Les coefficients relatifs aux variables binaires ont été ajustés conformément à la technique proposéepar Halvorsen and Palmquist (1980). D'aprés les auteurs, la méthode d'interprétation directe des coefficients

des variables binaires tend à sous-estimer l'impact de ces variables; la façon de corriger cela est d'appliquerla formule suivante: impact = exp(c) - 1, ou e est la coefficient de régression.

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Tableau No. A2

Résultats des Régressions

(Ensemble de il échantillon)------------------------------------------------------------- __--------------__-------------------------------

VARIABLES (9) (10) (11) (12) (13) (14)

Années d'Etudes 0.1044* 0,1125*

(29.5) (39,9)

Expérience 0.04796* 0.04748* 0.09322* 0.0944* 0.0773* 0,0775*(15.3) (17.1) (13.08) (13.3) (13.02) (13,0)

(Expérience) 2 -0.0022* -0.0022* -0.0015* -0,0015*

(-7.0) (-7.1) (-6.7) (-6,74)

Sex (Homme=1) -0.21* -0.0236(-3.3) (-0.5)

Diplôme (Oui=1) 1.43* 1.37* 1.32* 0.1609*

(22.8) (22.3) (21.7) (3.73)

Constante 3.6* 3.4* 3.3* 3.5* 3.09* 3,07*

R-Carré 0.11 0.3 0.3 0.3 0.S3 0,52

Nbre de cas 1918 1918 1916 1918 1916 1916

F 234.9 409.6 296.9 225.8 436.6 718,2

Note: Les coefficients des variables binaires ont été ajustés selon la technique de Halvorsen et Palmquist.

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TABLEAU AS

TABLEAU COMPARATIF DES ESTIMATIONS DE FONCTIONS DE GAINS EN COTE D'IVOIRE.…-- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

Variable Ce Papier Groot.aert V. der G./W. V.

Variable Dépendante Log(Salaire Mensuel) Log(Slal.re Mensuel) Log(Salaire Horaire)

Années d'Etudes 0,1125* 0,131* 0,207*

(39,9) (20,1) (22,8)

Années d'Etudes Techniques n.i. n.i. 0,113*

(4,63)

Ancienneté 0,0775* 0,098* 0,053*

(13,0) (97,4) (4,38)

(Ancienneté)2 -0,0015* -0,0019* -0,0001

(-5,7) (4,0) (0,36)

Constante 3,086* 9,575. 3,363*

(120,2) (110,3) (18,84)

R2 0,53 0,49 0,59

F 718,2 162,5 n.d.

Nombre de Cas 1916 500 n.d.

n.i.: Non inclus dans l'analyse.

n.d.: Non disponible.

Les estimations de Grootaert sont tirées du tableau No 17, page 44 de son étude.

Les estimations de Van der Oaag et Vijverberg sont tirées du tableau No 2.1, page 6 de leur étude.

Psacharopoulos (1985) rapporte un taux de rentabilite moyen pour l'Afrique de 13%.