Developpement Analyse 415

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Th´ eor` eme de la pha se station nai re http://www.maths.univ-rennes1.fr/carles/ENS/ Pour arrive r `a pr´ esent er ce esul tat en d´ evelo ppement , on pe ut (doi t ?) se restreindre au cas d’une seule variable. On peut aussi se contenter de calculer un ´ equiv alent de l’int´ egrale, et seulement mentionner l’existence d’un d´ eveloppe ment asymptotiq ue `a tout ordre. Th´ eor` eme 1  Soient  u C 0  (R, C),  φ C (R, R). On suppose que  φ  pos- s` ede un unique point critique sur  supp u, et que ce point critique est non d´ e g´ en´ er´ e: !x c  ∈ supp u/φ (x c ) = 0 , et φ (x c ) = 0 . On note  I (λ) :=   +−∞ e iλφ(x) u(x)dx. Alors (si  u(x c ) = 0 ), I (λ)  ∼ λ+ 2π λ e i π 4  sgn φ (xc) |φ (x c )| 1/2  u(x c )e iλφ(xc) . (1) De plus, il existe des op´ erateurs di´ erentiels  A 2ν  d’ordre au plus  2ν  tels que pour tout  N  ≥ 1, I (λ) N 1 ν =0 e iλφ(x c ) λ 1 2 +ν  A 2ν   d dx u (x c )  C N λ 1 2 +N  , (2) o`u  C N  d´ epend de   u  et de  φ. Remarques  : 1. Par partition de l’unit´ e, cette formule se g´ en´ eralise au cas o` u  φ  a plus ieur s (for ement un nombre ni) poi nts crit ique s non d´ eg´ en´ er´ es sur supp u : les contributions de chaque point critique se superposent. 2. Ce r´ esu lt at se g´ en´ era lis e au cas de la dimens ion que lco nqu e. La eri ee seconde de la phas e est remp lac ´ ee par sa hess ienne , le sign e par la signature de la hessienne, et la premi` ere racine dans (1) devient une puissance  n/2. 3. Dans le th´ eor` eme, on peut aussi supposer que  u  est un ´ el´ement de l’espace de Schwartz S (R) (et que  φ  poss` ede un unique point critique, non d´ eg´ en´ er´ e). 1 Université de Rennes 1 Préparation à l’agrégation de mathématiques Auteur du document : R. Carles

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Theoreme de la phase stationnaire

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Pour arriver a presenter ce resultat en developpement, on peut (doit ?)se restreindre au cas d’une seule variable. On peut aussi se contenter decalculer un equivalent de l’integrale, et seulement mentionner l’existenced’un developpement asymptotique a tout ordre.

Theoreme 1   Soient  u ∈ C ∞0   (R,C),  φ ∈ C ∞(R,R). On suppose que  φ  pos-sede un unique point critique sur   supp u, et que ce point critique est non degenere :

∃!xc ∈ supp u/φ(xc) = 0, et φ(xc) = 0.

On note  I (λ) :=

   +∞−∞

eiλφ(x)u(x)dx. Alors (si  u(xc) = 0),

I (λ)   ∼λ→+∞

 2π

λ

eiπ4  sgn φ(xc)

|φ(xc)|1/2   u(xc)eiλφ(xc).(1)

De plus, il existe des operateurs differentiels  A2ν  d’ordre au plus  2ν  tels que pour tout  N  ≥ 1,

I (λ) −N −1ν =0

eiλφ(xc)

λ12+ν 

A2ν 

  d

dx

u

(xc)

≤  C N 

λ12+N 

 ,(2)

ou  C N   depend de  u  et de  φ.

Remarques   :

1. Par partition de l’unite, cette formule se generalise au cas ou   φ   a

plusieurs (forcement un nombre fini) points critiques non degeneressur supp u : les contributions de chaque point critique se superposent.

2. Ce resultat se generalise au cas de la dimension quelconque. La deriveeseconde de la phase est remplacee par sa hessienne, le signe par lasignature de la hessienne, et la premiere racine dans (1) devient unepuissance n/2.

3. Dans le theoreme, on peut aussi supposer que   u   est un element del’espace de Schwartz S (R) (et que φ  possede un unique point critique,non degenere).

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Université de Rennes 1Préparation à l’agrégationde mathématiquesAuteur du document :

R. Carles

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Demonstration   : pour simplifier les ecritures, on suppose que   xc  = 0. La

preuve du theoreme s’organise alors comme suit :

1. On factorise la phase   φ   pres de 0 pour la rendre quadratique sur unvoisinage de l’origine.

2. On montre que les contributions en dehors de ce voisinage sont negli-geables dans l’integrale  I (λ).

3. Par changement de variable, on se ramene a une phase quadratique.

4. On donne un sens a 

 eix2

2  dx et on en donne la valeur.

5. La preuve se termine par application de la formule de Parseval.

1. D’apres la formule de Taylor avec reste integrale,

φ(x) − φ(0) = x2

2

   10

2(1 − t)φ(tx)dt.

Par hypothese,  φ(0) = 0, donc il existe un voisinage  U  de l’origine tel queφ ne s’annule pas sur  U . On definit

ψ(x) := x

   10

2(1− t)φ(tx)dt

1/2

.

La fonction  ψ  est de classe  C ∞ sur U . Pour x ∈ V  voisinage de 0, on a

φ ◦ ψ−1(x) − φ(0) =  1

2 sgn φ(0)x2.

Remarque  : en dimension superieure, le meme type de resultat est donnepar le lemme de Morse, qui se demontre par le theoreme d’inversion locale.

2. Soit  χ   une fonction de troncature verifiant les proprietes suivantes :   χ ∈C ∞0   (R), supp χ ⊂   U , et   χ(x) = 1 pour   x   pres de 0. L’integrale   I (λ) sedecompose alors en

I (λ) =   +∞−∞

eiλφ(x)(uχ)(x)dx +   +∞−∞

eiλφ(x)u(1 − χ)(x)dx.(3)

La seconde integrale est negligeable d’apres le resultat suivant.

Lemme 1   (Lemme de la phase non stationnaire) Soit  v ∈ C ∞0   (R). On sup-pose que  φ ne s’annule pas sur  supp v. Alors pour tout  N  ≥ 0, il existe une constante  C  (dependant de  N ,  φ  et  v) telle que 

 R

eiλφ(x)v(x)dx

≤   C 

λN  .(4)

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Remarque   : d’apres ce lemme, la seconde integrale apparaissant dans (3)

est un  O(λ−

N ) pour tout  N , donc n’intervient pas en vue de la preuve dutheoreme, car elle contribue toujours comme un reste dans le developpementasymptotique.

Preuve du lemme de la phase non stationnaire   : il suffit d’ecrire R

eiλφ(x)v(x)dx =

 R

φ(x)eiλφ(x) v(x)

φ(x)dx,

et de remarquer que par hypothese, la fonction  v/φ ∈ C ∞0   (R). Une integra-tion par parties donne

 R φ

(x)e

iλφ(x) v(x)

φ(x) dx =

  i

λ R e

iλφ(x) v(x)

φ(x)

dx.

La fonction vφ

est elle aussi dans   C ∞0   (R), donc on peut recommencer

cette manœuvre,  N  fois pour demontrer le lemme.   2

4. Definition et calcul de l’integrale de Fresnel.

Lemme 2   Soit  g ∈ S (R)  telle que  g(0) = 1. Alors la limite suivante existe,

limε→0

 R

eix2

2  g(εx)dx.(5)

De plus, cette limite est independante du choix de la fonction   g, on la note   eix

2

2  dx, et   R

eix2

2  dx =  eiπ4

√ 2π.

Demonstration  : on commence par montrer que cette limite existe et a lavaleur annoncee pour une fonction  g   particuliere, puis on montre que pourune autre fonction, la limite est la meme.

Notons   I   = R

e−x2/2dx   = 2

 ∞

0   e−x2/2dx. En ecrivant   I 2 comme une

integrale double sur un quart du plan, et en passant en coordonnees polaires,on calcule directement  I  =

√ 2π. Par changement de variable homogene, on

a, pour tout  σ > 0,

 R

e−σx2

2  dx = 

2πσ

 .

Par prolongement analytique, pour tout  z ∈ C  avec Re z > 0, on a

 R

e−zx2

2  dx =

 2π

z  .

Prenons z  =  ε2 − i. R

eix2

2  e−(εx)2

2   dx =

   2π

ε2 − i.(6)

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Le second membre a une limite quand   ε  tend vers zero, donc pour  f (x) =

e−

x

2

/2 (qui est bien une fonction comme dans l’enonce du lemme),

∃ limε→0

 R

eix2

2  f (εx)dx =  eiπ4

√ 2π.

Soit maintenant une fonction   g   comme dans le lemme. En ecrivant   g   =g − f  +  f , on constate qu’il suffit de montrer

limε→0

 R

eix2

2  (g − f )(εx)dx = 0

pour achever la preuve du lemme.

En posant y  =  εx  dans l’integrale precedente, il vient R

eix2

2  (g − f )(εx)dx =  1

ε

 R

ei  y2

2ε2 (g − f )(y)dy.(7)

On procede alors comme dans la preuve du lemme de la phase non station-naire, en remarquant que la fonction

x →   g(x) − f (x)

x

est egalement dans la classe de Schwartz. Une integration par parties montrealors que l’integrale (7) est un  O(ε), ce qui acheve la preuve du lemme.   2

5. Il reste pour terminer la preuve du theoreme a etudier la premiere integraledans (3). Par le changement de variable  x =  ψ−1(y) (qui a bien un sens carla fonction   χ  est supportee dans   U   voisinage de l’origine ou est defini lediffeomorphisme  ψ), cette integrale devient

eiλφ(0) R

eiλ2 y

2 sgnφ(0)(uχ) ◦ ψ−1(y)|(ψ−1)(y)|dy.(8)

Notons w  = |(ψ−1)|.(uχ)◦ψ−1. Par construction, w ∈ C ∞0   (R). On appliquela formule de Parseval,

 R

f g =  1

2π R

f g,

avec   f (y) =   eiλ2 y

2 sgnφ(0) et g   =   w. La formule de Parseval s’applique ades fonctions de  L2, et evidemment  f  ∈  L2 : le calcul qui suit se justifie en

remplacant  f   par  f ε(y) = eiλ2 y

2e−ε

2y2/2 et en faisant tendre  ε  vers 0. Cette justification est une consequence du lemme 2.

Le calcul des integrales de Fresnel (en passant par la forme canonique)donne

f (ξ ) = e−isgnφ(0)

2λ  ξ2ei sgnφ

(0)π4

 2π

λ .

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L’integrale (8) vaut donc

eiλφ(0)ei sgnφ

(0)π4√ 

2πλ

 R

e−isgnφ(0)

2λ  ξ2 ¯g(ξ )dξ.

Par convergence dominee, la derniere integrale tend, lorsque   λ   tend vers+∞, vers  

R

¯g(ξ )dξ  = 2πg(0) = 2πw(0),

d’apres la formule d’inversion de Fourier. On a aussi

w(0) = (uχ)(0)(ψ−1)(0)

=   u(0)ψ(0)

=  u(0)

|φ(0)|1/2 .

Ceci prouve la premiere partie du theoreme. Il semble delicat de prouverla seconde partie (manque de temps sans doute), mais il faut mentionnerqu’on a toutes les cartes en main pour le faire : il s’agit d’utiliser le develop-pement de Taylor de la fonction exponentielle a l’origine, en rappelant quela transformee de Fourier echange produit par un polynome et derivation.

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