Apocrypha 10, 1999

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APOCRYPHA

en 1990 par Jean Claude PICARD

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APOCRYPHA

internationale des itteratures apocryphes

International Journal of Apocryphal Literatures

Directeur de publication

S.C. MIMOUNI

Secretaire de redaction

M.-J. PIERRE

Comite de redaction

F.

AMSLER, J.-D: DUBOIS, P. GEOLTRAIN,

R. GOUNELLE,S.J. V OICU

Comite scientifique

I. BACKUS,B. BOUVIER, F. BOVON, Z. IZYDORCZYK,S.

JONES,A. LE BoULLUEc, J.-N. PERES,M. STAROWIEYSKI

Revue pubIiee avec Ie concours scientifique

de l Association pour I etude de Ia Iitterature apocryphe chretienne

(A.E.LA.C.)

et

de Ia Societe pour I etude de Ia Iitterature apocryphe chreiienne

(S.E.LA.C.)

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 R POLS

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D/1999/0095/102

ISBN 2-503-50885-5

Printed in the E.U. on acid-free paper

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SOMMAIRE

« Une lettre perdu Clement d' Alexandrie ?

Morton Smith et l' Evangile secretde Marc»

par A. JAKAB . 7

« La polymorphy du Christ dans Ie christianisme ancien. Remarques sur quelques

definitions et quelques enjeux »

par H. GARCIA 16

« Le theme litteraire du linceul et du satire du Seigneurdepuis leg temoignages

des apocryphes usqu'a ceux des recits de pelerinages»

par J -L. FEIERTAG 56

«The TransitusMaritP : The tradition and its Origins »

par M. CLAYTON 74

«La tradition litteraire de la dormition et de l'assomption de Marie en

anglais ancien »

par R. FAERBER 99

« Lait et miel, ou la douceur du Verbe »

par M.-J. PIERRE 139

«Les Actes de Mar Mari: une figure apocryphe au service de l'unite communautaire»

par C. & F. JULIEN 177

«La Vie latine d'Adam et Eve. Analyse de la Tradition macuscrit»

par J -P.PETTORELLI 195

Comptes-Rendus 297

Livres rec;usa la Redaction 331

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La Societepour l etude de la litterature apocryphe chre-

tienne, voulant assurer au Comite de redaction de la

Revue une pleine liberte scientifique, decline la responsa-

bilite des articles et la laisseau.xauteurs.

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Attila JAKAB

Universitede Geneve

VNE LE1TRE « PERD VE » DE CLEMENT

D' ALEXANDRIE ?

(MORTON SMIlli ET L'« EVANGILE SECRET» DE MARC)

In 1958 Morton Smith discovered at the monastary of Mar

Saba, he ragment of a letter attributed to Clementof Alexandria.

Since ts edition in 1973 the text has a lot of profuse studies. The

growing attention of theexege.~isf the New Testaments explained

by the fact that Clement mentioned a «secret Gospel» of Mark.

In spite of some doubts about its authenticity the debate has

become essentiallyexegetical nd the acceptance f the letter com-

munis opinio. This is why an inquiry seemsustified this question:

Does this fragment have the same interest for the history of

ancient Christianity? The response s "No". Moreovel; we argue

that this text should be called. «Writing» or «Letter of Pseudo-

Clement of Alexandria ».

En 1958 Morton Smith de(;ouvrait,au monasterede Mar Saba,

Ie fragment d'une lettre attribueea Clementd'Alexandrie. Depuis

son edition, en 1973, e texte 11' onne lieu a une abondante ittera-

lure. L'attention grandissantedes exegetes u Nouveau Testament

s'explique par la mention d'zm «Evangile secret» de Marc, dont

Clement (?) fait etat. Malgre les incertitudes quant a son authen-

ticite, Ie debat est devenu esS entiellementxegetiqueet l'accepta-

tion de la lettre communis opinio. C'est pourquoi une enquete

s'imposait a ce sujet : Ie fragment a-t-il un meme interet pour

l'histoire du christianismean~ien? La reponseest non. En plus,

nous proposons de donner d ce texte une nouvelle appellation

«Ecrit » ou « Lettre de Pseudo-Clementd' Alexandrie ».

Pendant 'ete 1958 e savant americain Morton Smith qui tra-

vaillait au monastere de Mar Saba -"situe dans Ie desert de

Juda, a une vingtaine de kilometres au sud-estde Jerusalem" -,

ayant "pour tache d'inventorier et de decrire un lot de livres,

surtout imprimes", fait une: decouverte inatlendue. "A la fin

d'un de ces livres imprimes, une edition des Lettres d' gnace

Apocrypha 10,1999, p. 7 -15

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A. JAKAB

d' Antioche publiee a Amsterdam en 1646 1, l decouvre en effet

trois pages manuscrites ~ontenant un fragmenf extrait des

lettres du tres saint Clement, auteur des Stromates 3 (ek ton

epistolon tau hagiotatou Klementos tau stromateos4). Apres

  quinze aDSde recherch~s avec consultation ou collaboration

des meilleurs specialistes, I utilisation de plusieurs disciplines

dont -suivant A. Mehat -la possession st rarement reunie dans

une seule personne s, Morton Smith a rendu publique sa decou-

verte, en 1973, dans deux ouvrages sortis en meme temps: l'un

savant6et l'autre destine alllgrand public7.

Si la publication [de cette decouverte] a fait sensationet pro-

voque un vir debat , ce dernier a ete tout de meme en partie

faussepar Ie fait que Ie savant americain a exploite Ie nouveau

document pour batir une these revolutionnaire [voir insoute-

nable S]a propos du Jesushistorique et des origines du christia-

nisme . Outre l'authenticite de ce fragment de Lettre, il a egale-

ment soutenu l'anterior~te de l'Evangile secret dont il y est

question par rapport aux autres Evangiles canoniques.D'ou sa

 theorie extravagante d'UJlJesusmagicien, pratiquant un bapte-

me esoterique et transgressant les normes sexuelles de son

temps .9

1. Epistulae genuinaeS. Ignatii Martyris. Edite par Isaac Voos, Blaeu,

Amsterdam, 1646. Op. cit. dans M. W. MEYER: The Youth in the

« Secret Gospel of Mark » dans Semeia49, 1990,p. 129.

2. Cf. Jean-Daniel KAES1LI L'« Evangile secret de Marc ». Une ver-

sion longue de l'Evangile de Marc reservee aux chretiens avancesdans

l'Eglise d' Alexandrie ? dans Le mystereapocryphe. ntroduction a une

litterature meconnue. Edile par Jean-Daniel Kaestli et Daniel

Marguerat. (Essais Bibliques:,N° 26) Geneve, 1995,p. 85-86.

3. Traduction d' Alain LE BOULLUEC La lettre sur 1'« Evangile

secret» de Marc et Ie «Quis dives salvetur ?» de Clement

d' Alexandrie dans Apocrypha 7, 1996,29. Pour la traduction du frag-

ment voir aussi J.-D. KAES1 LI, p. cit., p. 103-106; idem: Evangile

secret de Marc dans Ecrits IJpocryphes hretiens . (Bibliotheque de la

Pleiade] Gallimard, Paris, 1997,p. 55-69.

4. Cf. M. SMITH Clement 0.( Alexandria and a Secret Gospel of Mark,

Cambridge (Mass.), 1973,p. 448.

S. Compte rendu de A. MEJ1iATe l'ouvrage de M. Smith, cite supra,

dans Revuede 'Histoire desReligions 190,1976,p. 196.

6. Morton SMITH: Clement<11,(lexandria and a Secret Gospel of Mark,

Harvard University Press,Cambridge (Mass.), 1973,x+454pages.

7. Idem: The Secret Gospel' : The Discovery and Interpretation of the

SecretGospelAccording to Af'ark, Harper & Row, New York, 1973.

8. Cf.le compte rendu de A. MEHAT ans op. cit., p. 196.

9. a. J.-D. KAES1LI.OD. it.. D.86.

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NE LETrRE PERDUE DE CLEMENT D ALEXANDRIE ?

1. Le contenD

Pour savoir ce qu il y a d important dans cet ecrit de Clement

(1), destine a un certain Theodore, DOUgDOUg ontentons de

reproduire Ie resume reussi que fournit Jean-Daniel Kaestli.

D apres lui : DOUg y apprenons d abord que l Eglise

d Alexandrie utilise deux v ersions differentes de l Evangile de

Marc. La premiere version a ete redigee par Marc a Rome du

vivant de l apotre Pierre; eUe contient une selection des faits de

la vie de Jesus et est destinee a l instruction de «ceux qui re~oi-

vent l enseignement» (I, 15~18). a deuxieme version a ete com-

posee a Alexandrie, oil Marc s est rendu apres a mort de Pierre;

eUe est plus complete, «plus spiritueUe» que la premiere, car

l evangeliste a ajoute a son oeuvre certains actes et paroles de

Jesus de caractere mysterieux, et sa lecture est reservee aux

seuls chretiens avances que la Lettre appelle «ceux qui se per-

fectionnent» ou «les inities aux grands mysteres» (I, 18-22 ; I,

24 -11,2). C est celie deuxieme version que Clement designe par

Ie titre «to mustikon euaggelion» (II, 5 ; II, 12), que l on rend

habituellement par «I Evangile secret». Celie traduction -DOUg

dit Kaestli -n est qu a moitie satisfaisante, car elle ne rend pas

compte du fait que l adjectif «mustikos» (qui donnera en fran-

~ais « mystique ») est de la meme famille que Ie mot « mystere ».

II s agit donc non seulement d un Evangile qui doit rester secret,

mais aussi d un Evangile qui donne acces a un mystere. Celie

version de l Evangile de Marc est donc bien un texte «apo-

cryphe », «cache» : elle rapporte des actes de Jesus qui ont un

gens mysterieux et doivent rester ignores de ceux qui n ont pas

atteint un degre suffisant de connaissance.

La Lettre DOug evele encore l existence d une troisieme ver-

sion de l Evangile de Marc. En effet, Ie texte secret n a pas ete

assezbien garde ; il Y a eu des fuites dans l Eglise. Un certain

Carpocrate, chef de file d un mouvement gnostique pronant une

morale libertine, a reussi a obtenir une copie de l Evangile

secret, en s attachant leg :servicesd un presbytre d Alexandrie

qui y avail acces.Grace a ce larcin, Carpocrate a pu interpreter

Ie texte selon ses propres conceptions et y a meme apporte des

complements. L Evangile secret de Marc, DOUg it Clement, est

ainsi devenu la source de la doctrine des Carpocratiens (II, 2-

10).10

10. bid.,p. 86-87

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A. JAKAB

2. Le debat

Concernant 'authenticite de ce fragment, contrairement a son

contenu relatif a 1'«Evangiile secret» de Marc et a son nterpre-

tation, elle n'a jamais con$lIitue d'apres DOllS)'enjeu d'un veri-

table questionnement. A l'exception de quelques erudits -dont

Murgiall, Musurillo12,QuesneW3,Osborn14Oil, plus recemment

encore, Criddle15 la plup'art des specialistes ..jugent convain-

caDle la demonstration detaillee qu'en a donne Morton

Smith 16. Ce dernier, par la difficulte d'expliquer les circons-

lances d une «fabrication», qu' elle soil ancienne ou tardive,

l'examen du texte, l'etude du vocabulaire [et] les paralleles cle-

11 Cf. Charles E. MURGIA :: Secret Mark: Real or Fake? dans

Reginald H. FULLER: Longer Mark.. Forgery, Interpolation, or Old

Tradition? (Center for Hermeneutical Studies. Colloquy, 18) Berkeley,

1975,p. 35-40.

12 Cf. Herbert MUSURILLO Morton Smith's Secret Gospel dans

Thought 48, 1973,p. 327-331.

13 Cf. Quentin QUESNELL: The Mar Saba Clementine: A Question

of Evidence dans The Catholic Biblical Quarterly 37,1975, p. 48-67.

14Cf. Eric OSBORN: Cleme:mt f Alexandria: A Review of Research,

1958-1982 dans The Second ,Century3, 1983,p. 219-244. Suivant l'au-

teur, the letter is a pious forgery with an account of the life of Mark

later than Eusebius of Caesarea . D'apres A. H. CRIDDLE: On the

Mar Saba Letter Attributed tiC)Clement of Alexandria dans Journal of

Early Christian Studies3, 1995,p. 216. Voir egalement es p. 215-216et

n. 2-5. One reason why I do not.accept the fragment concerning a

secret Gospel of Mark as genuine is that is not coherent with what

Clement thought; it is coherrentwith what a forger with a literal mind

would have made of ClemeNt . E. OSBORN: Origen : The Twentieth

Century Quarrel and Its Recovery dans Origeniana Quinta. Ed. by R.

J. Daly, Leuven, 1992,p. 32-3:3.

15 Cf. A. H. CRIDDLE, p. cit., p. 215-220.

16J.-D. KAESTLI, p. cit., p. 89. Dix ans a peine apres a publication de

sa decouverte, et malgre l'avis oppose de certains patrologues, Smith

disait deja: The attribution of the letter to Clement is commonly

accepted and no strong arguntent against t has appeared . M. SMITH

Clement of Alexandria and SecretMark: The score at the end of the

first decade dans The HarJ.'ard Theological Review 75, 1982, p. 457.

Plus recemment voir S. LEYJlN The Early History of Christianity, in

Light of the «Secret Gospel.. of Mark dans Aufstieg und Niedergang

der romischen Welt. Teil II : Principat, Berlin -New York, 1988,p. 4270-

4292. From what we do know, I consider he epistle to be, more likely

than not, a genuine work of Clement (op. cit., p. 4274). Voir egalement

Marvin W. MEYER: The Youth in the «Secret Gospel of Mark » dans

Semeia49,1990,p.129-153. (specialement e p.138).

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UNE LE1TRE PERDUE DE CLEMENT D' ALEXANDRffi ?

11

mentins , a effectivement conclu a l'authenticite de celie

Ldtre}7 A dire vrai, cela lui etait necessairepour pouvoir batir

sa theorie. Et il en est de meme, comme Ie remarque avec ustes-

se A. Le Boulluec, de la plupart des exegetes du Nouveau

Testament qui , pour pouvoir utiliser Ie temoignage de la'lettre

attribue a Clement , en vue d'etudier la structure de Marc et

son histoire redactionnelle, considerent l'authenticite du .docu-

ment comme allant de soi, ou bien estiment que la valeur des

renseignements ainsi transmis n'est en TieDdiminuee si la lettre

n'est pas de Clement, etant entendu qu'elle ne petit etre poste-

rieure au lIIe siecle .18

Si Ie savant fran~ais exprime son souhait de parvenir a tine

conclusion sure a ce sujet 19, sqparticle prouve que la question

est certainement plus difficile ~ trancher qu'il ne Ie parait. La

demarche est entravee non seulement par la disparition -depuis

la publication de Smith -du manuscrit original, qu'il est Ie seul

erudit a avoir vu2o,mais egalement -pensons-nous -par l'intro-

duction du texte grec de ce fragment dans la deuxieme edition,

revue par U. Treu en 1980, du tome IV, 1 des oeuvres de

Clement publiees par O. Stahlin21,qui a beaucoup fait pour

conferer de l'autorite au document 22,avant meme que leg pro-

blemes souleves par cette Lettre en elle-meme -dont l'ecriture

17 Cf.le compte rendu de A. MEHATdans op. citt'p. 196.

18 Cf. A. LE BOULLUEC,p. cit., p. 32 et n. 8. {,.

19 Ibid., p. 33.

20 Thomas Talley, suivant son propre recit, n'a pas reussi a Ie, voir en

1980. My own attempts -dit-il -to see the manuscript in January of

1980 were frustrated, but as witnesses to its existence I can cite the

Archimandrite Meliton of the Jerusalem Greek Patriarchate who, after

the publication of Smith's work, found the volume at Mar Saba

and removed it to the patriarchal library, and the patriarchal librarian,

Father Kallistos, who told me that the manuscript (two folios) has

been removed from the printed volume and is being repaired . a. T.

TALLEY: Liturgical Time in the Ancient Church: The State of

Research dans Studia Liturgica 14, 1982,p. 45. D'apres M. W. MEYER,

op. cit., p. 130.

21 Cf. Clemens Alexandrinus : 4. Band: Register. I. Teil : Citaten-

register, Testimonienregister,nitien register ur die Fragmente, Eigen-

namenregister. Herausgegeben von Otto STAHLIN. Die griechischen

christlichen Schriftsteller der ersten drei Jahrhunderte, 39. 1). 2e edition

revue par U. TREU : Akademie-Verlag, Berlin, 1982. Voir de meme

dans M. GEERARD Clavispatrum graecorum. Volumen I : Patres ante-

nicaeni. (Corpus Christianorum) Brepols, Turnhout, 1983, p. 140, n°1397.

22 Cf. A. LE BOULLUEC,p. cit., p. 33, n:\{O.

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A. JAKAB

du texte a ete datee, par leg specialistes de paleographie

grecque, du XVIlle siecle; 3 soient resolus on, au mains, mieux

eclaircis.

Des la parution de cettc decouverte du savantamericain, l'at-

tention des specialistess'est de plus en plus focalisee sur Ie debat

exegetique au sujet de l' <,; vangile secret» de Marc sans qu'ils

puissent eliminer pour autant l'epineuse question de l'authenti-

cite.24D'apres Le Boullucc, "une fois retombee l'effervescence

provoquee par leg elucubrations de l'inventeur [en occurrence

M. Smith] sur Ie «Jesus magicien» qu'il pretendait decouvrir

dans ce texte" de Mar Saba, a critique "s'est pen a pen partagee

entre deux tendances : 1une incline a faire du « Marc secret» un

apocryphe elabore a partir des evangiles canoniques, et datant

du lie siecle ; l'autre integre 1'« Evangile secret» a l'histoire

redactionnelle des synoptiques et considere que cette forme

longue de Marc est anterieure au Marc canonique". Suivant

l'avis de l'auteur, cette "seconde tendance est en train de deve-

niT communis opinio, affirmee par l'article de Marvin W. Meyer

("Mark, Secret Gospel of"') dans The Anchor Bible Dictionary5.

Elle est neanmoins vigoureusementcombattue -dit-il -au profit

de la premiere, par des savants comme John P. Meier6 et F.

Neirynck27".28

3. L'authenticite de la lettre

Independamment du gTand interet que ce texte represente

pour les specialistesdu Nouveau Testament, nous pouvons nous

demander s'il en va de meme pour l'histoire du christianisme

ancien en general et celui d' Alexandrie en particulier. Entre-

prendre une telle demarche d'analyse de ce document, sans a

pretention de pouvoir ainsi resoudre Ie probleme de son authen-

ticite, est d'autant plus justifie a nos yeux qu'il fait etat du rap-

port de Marc a la metrop(1lemediterraneenne.

L'ecrit en question, un extrait d'une lettre de Clement a

23. Ct. J.-D. KAESTLI,Op. cit., p. 101

24. Ct. ibid., p. 83-102 ; S. LEVIN,op. cit., p. 4272-4275.

25. Ct. Vol. 4, New York -London, 1992,p. 558-559.

26. Ct. J. P. MEIER: A Marginal Jew. Rethinking the Historical Jesus.

Vol. I : The Roots of the PrG1blem nd the Person,New York -London,

1992,p. 120-123.

27. Ct. F. NEffiYNCK "La tuite du jeune homme en Mc 14, 51-52" dans

EphemeridesTheologicaeL(J vanienses5, 1979,p. 43-66.

28. Cf. A. LE BOULLUEC,p. cit., p. 32-33.

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NE LE1TRE PERDUE DE CLEMENT D' ALEXANDRIE ?

Theodore -personnage (sans aucun doute chretien) qui nous est

reste inconnu jusqu'a present -est tine reponse rectificative de

l'auteur aux interrogations du destinataire, au sujet d'un

« Evangile secret » de Marc, altere par leg carpocratiens.Des ses

premieres lignes (1, 1-10) nous sommes nformes que Theodore

est en conDit avec ces demiers et que leur enseignementa pro-

pos de Marc Ie perturbe. It s'adresse donc a Clement pour se

renseigneravec exactitude. Et par ce fait il nous suggere a ques-

tion : oil se trouvent leg deux interlocuteurs? La reponse qui, en

premier lieu, petit nous venir a l'esprit est que Theodore ecrit a

Clement depuis Alexandrie, apres Ie depart de ce demier. Mais

dans ce cas, pourquoi ne :s;'est-ilpas adresse plutot aux autres

chretiens de la vii Ie (a Origene par exemple) ou aux «pres-

bytres» qui depuis la mort de Marc (suivant Ie temoignage du

fragment) etaient leg depositaires de son «Evangile spirituel»?

L'inverse, c'est-a-dire Ulne lettre adressee a Clement a

Alexandrie serait-il plus vrai? Rien de moins sur. Car, apres

avoir expose la «tradition» sur leg evangiles (celui compose a

Rome et puis l'autre a Alexandrie) de Marc (1, 15-27), Clement

ajoute ce qui suit: au moment de mourir, illegua son ouvrage

a l'Eglise qui est a Alexandrie [te ekkLesia e en ALexandreia'29],

oil il est conserve aujoul§d'hui encore de fa~on parfaitement

sure, (et oil) it est lu a ceux-la seuls qui gout inities aux grands

mysteres (1,28 -II, 2)30 d'oil nous pouvons deduire que ni l'un

ni l'autre ne se trouvaient dans cette ville.

Un autre element troublant de ce fragment est 'attitude et la

documentation de Clement au sujet de Carpocrate et des carpo-

cratiens. S'il cite un long passagede Sur La ustice d'Epiphane,

fils de Carpocrate (sur lequel il reste discret), dans ses

Stromates31,et y rapporte leg rumeurs qui courent sur leg

debauches des carpocratiens32,l nous donne neanmoins l'im-

pression de ne pas bien leg connaitre personnellement ; tout

comme Origene qui declare n'en avoir jamais rencontre.33Dans

la Lettre rendue publique par M. Smith, Clement affirme par

contre que leg carpocratiens sont leg astres errants annonces

par la prophetie (1, 3), qui s'egarent loin de la voie etroite des

29. a. M. SMITH: Clementof Alexandria...,op. cit., p. 448-450.

30. Traduction de J.-D. KAESTLI ans op. cit., p. 104.

31. Ct. Clement: Strom. Ill, 6, 1 -8, 3 & 9, 2-3.

32. Ct. ibid. III, 10,1.

33. Ct. Origene : Contre CelseV; 62 : Celse -dit-il -«connait encore

les Marcelliniens disciples de Marcellina, les Harpocratiens [Celse con-

fond sansdoute Harpocrate, Ie dieD egyptien, avec Carpocrate, e mait-

re d' Alexandrie] disciples de Salome, d'autres disciples de Mariarnrne

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JAKAB

commandements pour (aller a) l'abime sans imites des peches

charnels et corporels 34 I, 3-4). En plus, dit-il, s'enorgueillis-

sant d'etre libres, ils sont devenus esclavesde desirs serviles 35

(I, 6-7). 11nous est donc facile de constater que l'auteur partage

des certitudes, bien plus que des rumeurs, avec son interlocu-

leur. 11y considere egalement que Ie fondement de la doctrine

des carpocratiens est 1'« Evangile secret» de Marc -obtenu en

usant d'artifices trompeurs (11,4) par Ie biais d'un presbytre36

de l'Eglise d' Alexandrie -que carp ocr ate interpreta alors

conformement a sa pensee blasphematoire et charnelle ; bien

plus, ille souilla meme en melant les mensonges es plus impu-

dents aux paroles pules et saintes 37 II, 5-8) ce qui est visible-

ment en total desaccordavec sa suggestionde Strom. III, 5, 3 ou,

pour Clement, c'est plutot Epiphane Ie veritable fondateur de

l'heresie evoquee.

En dernier lieu, nous devons encore mentionner les rensei-

gnements devoiles par ce fragment, relatifs a l'Evangeliste.

Suivant son fecit, apres que Pierre eut subi Ie martyre, Marc

passa a Alexandrie (I, 18-19) ou il composa un evangileplus

spirituel a l'usage de ceux qui se perfectionnent (1,21-22).38Par

ce fait, Clement nous suggere que Ie christianisme non seule-

ment y est deja bien present, mais aussi qu'il est egalement divi-

se. 11y a au moins deux groupes, suivant la capacite de progres-

sion des chretiens dans Ie sanctuaire inaccessible de la verite

et d'autres disciples de Marthe ». Malgre mon zele a l'etude -poursuit

Origene -, non seulement pour scruter Ie contenu de notre doctrine

dans la variete de ses aspects,mills encore, autant que possible, pour

m'enquerir sincerement des opinions des philosophes, je n'ai jamais

rencontre ces gens-Ia. (Sources Chretiennes, 147) Paris, 1969,p. 169.

34. Traduction de J.-D. KAESTLIans op. cit., p. 103.35.

Ibid., p. 103.36.

Pour les presbytres, temoins de la tradition chez Clement voirA.

VILELA : La condition collegiale despretres au lIfe siecle,Paris, 1971,

p. 28-36. Cette reference au presbytre qui nous laisse entendre l'existen-

ce d'une «Eglise » (communaute ou institution ?) plutot bien structuree

deja dans la premiere moitie du second siecle infirme, d'apres nous,

plus qu'elle ne confirme l'authenticite de ce document. Ce qui caracte-

rise Ie debut du christianisme alexandrin est, ustement, Ie manque des

structures bien definies. En plus, la remarque de la Lettre suppose un

Carpocrate exterieur a la communaute chretienne. Or, suivant nos

informations, un tel cas de figure est egalement a exclure. A. JAKAB:

 Gnostiques? Les premiers chretiens d'Alexandrie dans Acta Antiqua

Academiae Scientiarum Hungaricae 38,1998,p. 321-332,37.

Cf.la traduction de J.-D. KAESTLI ans op. cit., p.105.

38. Ct. ibid.. p. 104.

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15

NE LElTRE PERDUE DE CLEMENT D' ALEXANDRIE ?

cachee par sept voiles (I, 26). Marc vient donc a Alexandrie,

non pas pour fonder quoi que ce soit, mais pour vivre, travailler

et ecrire, a l'attention des chretiens avances,son evangile secret;

ce qui est tout a fait Ie contraire a ce que dit Eusebe a son

sujet39.D'autre part, Ie recit de sa mort dans cette Lettre (I, 28)

ne laisse pas de doute sur sa causenaturelle, ce qui, cette fois-ci,

contredit la tradition de l'E,glise copte sur Ie martyre de Marc a

Alexandrie. Des lors, nous pensons que ce temoignage pourrait

etre considere comme une tradition a part, car il suppose 'eta-

blissement du christianisme dans celie cite avant la venue de

Marc, qui y decede de mort naturelle, sans que nous sachions

pour autant quel fut son role dans ' «Eglise» a laquelle illegua

son oeuvre secrete.

Pour ce constat nous avons use de conditionnel, car, d'apres

nous, il y a peu de chances que cela traduise l'existence reelle

d'une telle tradition. Mais s'il nous est difficile de nous pronon-

cer avec certitude pour ou cantle l'authenticite de ce document

(meme si nous penchons plutot veTS e demier), les remarques

precedentesnous amenent cependant a ne pas prendre, pour Ie

moment, ce texte en consideration comme une source, meme

eventuelle, pour l'histoire des premiers temps du christianisme a

Alexandrie. D'apres nous. il y a beaucoup trop de questions en

suspens au sujet de ce fragment qui doivent etre resolues non

seulement avant d'arriver a un resultat SOT,ant souhaite par A.

Le Boulluec4°, mais aussi avant de batir des theories sur son

contenu. Par consequent, no us nous permettons de proposer,

dorenavant, l'utilisation du terme «Ecrit» ou «Lettre de Pseudo-

Clement d'Alexandrie », ariD d'eviter toute conclusion ou affir-

mation qui pourrait apparaitre sans ondement par la suite.

39. Ct. Eusebe Hist. Eccl II, 16,1. Voir aussiBirgerA. PEARSON:

 Earliest Christianity n Egypt: SomeObservations ansTheRootsof

EgyptianChristianity, hiladelphia, 986, .138.

40.Ct. A. LE BOULLUEC,r. cit.,p. 33.

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/fugues GARCIA ,

Ecole Pratique des Haures Etudes, Paris*

LA POLYMORPHIE DU CHRIST.

REMARQUESSURQUELQUES

DEFINITIONS ET SUR DE MULTIPLES

ENJEUX

The aim of this study s to criticize et round off some recentdef-

initions of the christo ogical themeof polymorphy, as it appears

in many Christian texts at the beginning of our era. The literary

and religious context then i$ fundamentally enlarged, especially n

order to investigateseveral related research rails, such as poly-

onymy or the so-called literary genre metamorphosis and

finally some Christian ascetic traditions, which bear some new

and significant light on the subject of polymorphy. Each of these

researchareas constitutesa singular and organized stageor type

of the universal and polymorphic phenomenon of religious

polymorphy in Antiquity.

Le present travail a pour propos de critiquer et de completer

certainesdefinitions recentesdu theme christologique de la poly-

morphie, tel que ce themese presentedans un grand nombre de

textes chretiens des premiers siecles de notre ere. A cette in, il

recadre ces definitions dans un contexte eligieux et litteraire plus

large et evoque certains themesconnexesconstituant autant d'e-

clairages et de pistes de recherches autour de la polymorphie,

notamment les themesdu genre litteraire metamorphoses et de

la polyonymie, ainsi que certainesdonneesascetiques t hagiogra-

phiques tardives, veritables residus d'elaborations theologiques

anterieures concernant la polymorphie. Chacune de ces pistes

manifesteune etapesinguliere et determinee, ' est-a-dire ational-

isee et systematisee, 'un lerreau polymorphique global et quasi

universel dans les religions de l'Antiquite. Le phenomenepoly-

morphique apparaft ainsi proprement polymorphe , a la fois

fondamental et typee a la mesuredesreligions receptrices.

* Hugues Garcia prepare un doctorat a la Section des sciences reli

.'. '

gteusesde l'Ecole PratIque des Hautes Etudes.

Apocrypha 10,1999, p.16 -55

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LA POLYMORPHIE DU CHRIST 17

Le present travail a pour propos de critiquer, positivement et

negativement, certaines definitions recentes du theme christolo-

gique de la polymorphie, tel que ce theme se presente dans un

grand nombre de textes chretiens des premiers siecles de notre

ere. L'enjeu est de recadrer ces definitions dans un contexte reli-

gieux et litteraire global et d'evoquer certains themes connexes

constituant autant d'eclairages et de pistes de recherches autour

de la polymorphie. Ainsi seront envisages eg themes du genre

litteraire metamorphoses et de la polyonymie, dans leurs ana-

logies avec Ie theme de la polymorphie.

Finalement, d'autres pistes seront evoquees,d'autres perspec-

tives brievement proposeesconcernant a trajectoire d'un pheno-

mene aussi argement repandu dans leg religions de l' Antiquite,

qu'elles soient palenne , juive et chretienne, notamment Ie fait

de la reception rationalisee du phenomene de la polymorphie, a

savoir la maniere dont chaque religion, heritiere et participante

de ce phenomene, 'a adapte a sa demarche religieuse, itteraire,

rituelle, ascetique,voire artistique.

Metamorphose et polymorphie dans a recherche recente

P.J. Lalleman a recemment presente un status quaestionissur

Ie sujet de la polymorphie du Christ, notamment en ce qui

concerne Ie corpus des actes apocryphes des apotres. Sa contri-

bution a tente a la fois de problematiser un certain nombre de

donnees ambigues et d'identifications jugees hatives et de de{i-

nir strictement Ie phenomene de la polymorphie. Le principal

apport de son enquete consiste dans sa distinction nette entre .

metamorphose et phenomene polymorphique, Ie deuxieme

terme designant un cas specifique dans Ie champ du premier.

Dans ce contexte, la metamorphose signifie un changement de

forme , Ie fait qu'un dietl, par exemple, puisse assumer line

autre forme et apparence que sa propre forme; la polymorphie

implique, selon P.J. Lalleman, Ie fait d'une metamorphose speci-

fique, selon aquelle un dieu peut etre vu differemment et simul-

tanement par plusieurs personnes1.L'aspect de simultanelte est

ici decisif: pour P. J. Lalleman, line succession de metamor-

phoses n'est pas suffisante pour identifier ce phenomene comme

strictement polymorphique2. Celie reduction de definition

La. P.J. LALLEMAN, Polymorphy of Christ , dansJ. N. BREMMERd.

The Apocryphal Acts of John, KAMPEN: Kok Pharos, 1995, p. 99:

 Polymorphy is a metamorphosis of sucha kind that the person or deity

can be seendifferently by different people at the same ime .

2. Cf. P.J. LALLEMAN, . 102: Polymorphy can be distinguished from

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H. GARCIA

amene par consequenta une reduction du repertoire des textes

qui manifestent un evenerrnent e polymorphie3. P. J. Lalleman

ecarte notamment la vision d'Isale concernant la descente du

Christ, oil Ie Christ descecnd travers leg cieux, en prenant suc-

cessivement une apparelllce semblable a celie des anges de

chaque ciel4, usqu'a apparaitre comme un enfant pres de Marie,

au terme de la descente5.

P.J. Lalleman s'appuie lexplicitement sur la definition critique

de la polymorphie donnee anterieurement par E. Junod, et selon

laquelle "la polymorphie est l'apparition deliberee de quelqu'un

sous plusieurs formes; Ie changementde formes n'est pas dissi-

mule, it est au contraire rendu evident pour Ie temoin 6.

En fait, P.J. Lalleman inflechit profondement celie definition

en reduisant, comme on l'a vu, Ie champ du phenomene poly-

morphique aux apparitiolns d'un meme personnage sous des

formes differentes et simu~tanees.

11est evident, cependal:llt, ue leg propos memes de E. Junod

ne permettent pas une telle reduction. Au contraire, E. Junod

precise, par ailleurs, sa d,efinition en mentionnant clairement

qu'il s'agit ici "d'apparitions simultanees ou successivesd'un

meme etre sous des ormes differentes et destineesa etre vues"7.

Du Teste,E. Junod insiste surtout sur leg deux criteres sui-

vants: l'unite fondamentale du personnagepolymorphe dans ses

differentes apparitions, successives u simultanees, et Ie fairque

l'apparition effective soit non seulementvisible mais aussidesti-

nee a etre vue par un temoin.

the wider concept of metamorphosis, n which a person (often but not

always Christ) takes severa~ orms consecutivelybut not at the same

time".

3. a. P.J. LALLEMAN, p. 99-103.

4. Cf. Ascension d'/saie, X, 16-31; cpoXI, 23-32.

5. Cf. Ascension d'/sai'e, XI, 8-11. LALLEMAN ualifie ces passagesde

PAscensiond'/saie de "specific forms of metamorphosis" (p.102s.).

6. Cf. E. JUNOD, Polymorphie du Dieu Sauveur", dans J. Ries ed.

Gnosticisme et monde hellenistique. Actes du Colloque de Louvain-la-

Neuve (/1-14 mars 1980), Louvain: lnstitut Catholique/ lnstitut

Orientaliste, 1982,p. 39 (cf. P. J. LALLEMAN,p. 99); cf. egalement Ie

propos suivant de JUNOD: La particularite premiere de la polymorphie

consiste dans Ie paradoxe d'ooe unite se manifestant sous plusieurs for-

mes; cette apparition paradoxale, en regie generate, ait probleme pour

celui qui en est Ie temoin" (ibid.).

7. Cf. E. JUNOD, . 39; voir el ):aiementes propos complementairesdans

E. JUNOD/ . D. KAES1LI ctlJ Johannis2, urnhout: Brepols, 1983, . 471.

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19

A POLYMORPHIE DU CHRIST

La distinction fondamentaijle e P.J. Lalleman entre metamor-

phose et polymorphie apparait donc gratuite, a la fois infondee

et proprement inexplicable~. Le phenomene polymorphique

admet ex genere suo la simu~ltanelte t la succession es appari-

tions differentes d'un meme etre, comme Ie manifestent les

documents memes dans leur ,diversite, ainsi qu' on va ,Ieconstater

plus bas. 11apparait necessaire,dans ce contexte, de conserver a

definition plus large et la te:tnlinologie meme de E. Junod, de

parler ainsi de differents "types" de polymorphie9 et de chercher

a etablir une veritable "tYP(]iiogie" d'un phenomene aussi arge

et fluide1o. De ce fait, l'exemple precedent de la descente du

Christ dans l'Ascension d'lj'.ai"e est pleinement requis comme

type de "polymorphie successive".

Plus profondement, la distinction meme entre metamorphose

et polymorphie, Ie premier 1erme designant Ie cadre general et

Ie phenomene fondamental du secondcompris comme cas speci-

rique, ne laisse pas d'etre problematique. Se pose ici la question

des traditions diverses utilisant ce phenomene polymorphique

depuis son origine discernable. Dans ce contexte, on pourrait

suggerer une distinction in'ilerse a celIe de P. J. Lalleman et

8. J'avoue ne pas comprendtJe, a partir du seul article de P. J.

LALLEMAN,es presupposes et llies aisons qui president a celie reduc-

tion thematique. De fait, alors qu'il evoque Ie Papyrus d'Oxyrhynque

1380 qui mentionne line invoc~on litanique a Isis ou apparaissent es

titres de "polymorphe" et "aux multiples noms", LALLEMAN e se satis-

fait pas de l'exacte definition de la polymorphie qu'il donne lui-meme:

"It seems hat here "polymorph@us"means no more (sic) than "capable

of many metamorphoses " (ct. P.J. LALLEMAN, . 112). Dans son livre

recent, et par ailleurs remarquable (ct. P. J. LALLEMAN The Acts of

John. A Two Stage Initiation into Johannine Gnosticism, Leuven:

PEETERS,998), e n'ai pas trouve de changement ignificatif a cet egard.

9. Comme Ie fait, par exemple, J. M. VAN CANGH, Miracles evange-

liques-miracles apocryphes", ,dansF. Van Segbroeck et alii eds. The

Four Gospels1992. FestschriftF. NEIRYNCK , Louvain: PEETERS,992,

pp. 2317-18: "Le premier [type~1 t Ie plus frequent est celui de l'appari-

tion du Christ ou de l'apotre :sous es traits d'un bel enfant ou d'un

jeune homme pour operer line delivrance [...] 11 aut distinguer ce type

de polymorphie d'un autre type, ou Ie Christ prend differentes formes

antithetiques, en meme temps" (cet auteur est cite sans reelle critique

par P.J. LALLEMANui-meme).

10. Cf. E. JUNOD . 38; ct. ibill . Ie propos initial de E. JUNOD: "Si Ie

Dieu polymorphe, tel Protee, eft par definition un etre qui se derobe a

toute saisie, e motif de la pol:ymorphie parait lui-aussi echapper a la

saisie de l'analyse. Chaque de~cription d'un phenomene de polymor-

phie, chaque texte faisant allusion a la polymorphie constitue line sorte

de cas particulier quand on l'examine de pres."

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20

H. GARCIA

considerer a metamorphose comme un cas specifique d'un phe-

nomene polymorphique global, 3tOA{, Op(j)o~tant ici synonyme

de 3taVt6 op<\lO~t offrant ainsi toute une palette de possibilites,

de un a l'infinill, palette dont on pourrait determiner les types en

fonction du nombre d'apparitions (metamorphose, bimorphie,

trimorphie, etc.), voire selon que ses apparitions multiples sont

simultanees ou successives12.

Cette distinction inversee repose sur Ie constat meme de P.J.

Lalleman, selon equel,

In the NT milieu at least two types of metamorphosis were current:

in the Hellenistic world the idea of a god temporalily assuming

human form, and in Judaiismas well as in the mystery cults the idea

of a human being transpo~ed nto super natural forms 3.

Dans ce cadre, eu egatd aux traditions religieuses porteuses

de ce phenomene polymonphique, il semble que l'on puisse ogi-

quement appliquer Ie terulle polymorphie a l'assomption par line

divinite, voire un ange, d'autres formes que la sienne propre, en

tant que sa condition et sa puissance divines, reconnuescomme

telles, ui permettenta priori de multiples possibilites, et Ie terme

metamorphose a la transformation limitee d'un homme en line

forme superieure14,notamment divine ou angelique, selon leg

religions concernees. L'idee de polymorphie precederait ainsi

celIe de metamorphose, dans la mesure ou, chronologiquement,

leg sources litteraires et. mythologiques a notre disposition,

notamment grecques et egyptiennes, ont d'abord applique Ie

phenomene au monde des dieux, sons 'angle de l'anthropomor-

phie ou de la zoomorphie15.Le propos d'Herodote qui avance

notamment l'opmion selon laquelle Homere et Hesiode ont ete

les premiers a creer l'ensemble des representations du pantheon

11. Ct. Ie principe logique et, somme toute, naturel de classification de

H. C. Puech, Annuaire de l'EPHE, 5e section, 1965-66, p. 122.

u. a., par exemple, Irenee Adversus Haereses, I, 24, 4 (metamorpho-

se); Actes de Jean, 88-89 (bJmorphie); Actes de Pierre, 21; Apocryphe

de Jean, II, 1,30-2,9 (trimorphie); Ascension d'Isaie, X, 16-31 (hexa-

morphie), etc.

13. Ct. P.J. LALLEMAN, p. 99,

14. au it. a transformation ponctuelle d'un dieu polymorphe en tine

seule forme (qui petit Ie plus. petit Ie moins I).

15. Sur ces differents genres de polymorphie, ct. W. BURKERT, Greek

Religion, Cambridge, Mass. : Harvard University Press, 1985, pp. 64-65;

noter egalement Ie propos suggestif de D. MEEKS, "Zoomorphie et

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LA POLYMORPHIE DU CHRIST 21

grec: theogonie, noms des dieux et surtout leurs multiples

figures ou formes, est a cet egard significatif6.

De fait, un simple regard sur Ie corpus homerique manifeste, a

cote des metamorphoses ponctuelles au niveau des episodes du

reCip7, des convictions fondamentales. Ainsi ce long "roman"

epique qu'est l'Odyssee deploie Ie recit de l'assistance bien-

veillante d' Athena, d'abord impuissante puis active, continuelle

et polymorphe, aupres d'Ulysse. On peut surtout Doter Ie veri-

table sommaire du recit precedent que livre alors Ulysse :

1\1 n'as pas reconnu cette fille de Zeus, celIe qu'a tes cotes, en toutes

tes epreuves, u retrouvas toujours, veillant a ta defense ...] Oui, tou-

jours et partout, quand nous devrons agir, e serai pres de toi, sans e

manquer amais...

-Deesse [Athena], quel mortel, quelqu'habile qu'il soit, pourrait te

reconnaitre aussitot rencontree: tu te rends toi-meme semblable a

toute chose (Of yap au-ci)v 1taVtLEL<JKEL~);e que je sais bien, moi,

c'est que ton devouement etait a mes cotes tant qu'au pays de Troie,

les fils de l' Acha"ieant mene la bataille..}8

Cette capacite polymorphe fondamentale est encore celle

image des dieux dans 'Egypte ancienne", dans Le tempsde La eflexion

VII (Corps des dieux), 1986, pp. 171-191, notamment p. 176: Les

humains "font partie des dout, c'est-a-dire des etres animes suscitespar

Ie demiurge. C'est pour cette raison qu'une force sumaturelle [..0]peut

prendre indifferemment "la forme d'un serpent, d'un chien, d'un

humain ou d'un crocodile". La forme humaine est, ici, une parmi

d'autres possibles, sans aucune preseance. Les etres animes sont de

meme nature et vivent un meme destin".

16. Cf. Histoires, II, 53 : ELbEa u-cWv t]l r]vaVtE~; noter encore I, 131 :

OUKav6pW1toIjnJEa~ VOI LOaVles perses] -cou~ 6EOU~Ka-ca 1tEpOt

.EMt]VE~ ELvaL.

17. Noter, par exemple, Athena chez Homere, Iliade, Iv; 75; Odyssee,

VI, 22; VIII, 194; XIII, 221-288.

18. Cf. Odyssee,XIII, 299-301.393-394.312-313.On peut noter un pro-

pos general analogue en Odyssee,XVII, 483-487: "Antinoos, frapper

un pauvre vagabond Insense,quelle honte Si c'etait par hasard quel-

qu'un des dieux du ciel Les dieux prennent les traits de lointains etran-

gers, et sous toutes Les ormes, s'en vont de ville en ville inspecter les

vertus des humains et leurs crimes", deja cite par Platon, RepubLique,

381d et e. Noter encore,dans Ie meme sens,Euripide Bacchantes, 77so;

1018-1020,a propos de Dionysos polymorphe: "Ce dieu que tu pre-

tends avoir vu clairement, comment etait-il (1tO'LO~CL~v)? -Comme

illui plaisait" (61tOLO~}6EA).

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22 H. GARCIA

d' sis, selon sa propre revelation dans leg Metamorphoses

d' Apulee :

Me voici, Lucius, tes prieres m'ont touche, moi, mere de ce qui est,

maitresse de taus les elements, origine et souche des generations,

divinite supreme, reine des manes, moi, la premiere parmi ceux

d'En-Haut, visage unique des dieux et des deesses; es plages lumi-

neuses du ciel, les souffles salutaires de la mer, les silences pie ns de

larmes des Enfers, tout est gouverne au gre de ma volonte; mon etre

divin est unique et nombreusessont les ormes, divers les rites, nfinis

les noms par lesquelsme venere 'univers entier (cuius nomen unicum

multiformi specie, ritu varia, nomine multiiugo lotus veneratur

b.

)

19

r IS... .

Plus tardivement, Heliodore se fait encore l'echo direct

d'Homere et de la capacite divine de polymorphie, lorsqu'il

declare, par l'un de ses nombreux protagonistes, Calasiris, que la

polymorphie des dieux, devenue a la fois une tradition religieuse

bien classifiee et un stereotype narratif sinon romanesqueZO,

appartient aux hauts mysteres egyptiens ("to J 'UO'tLKW"tEpOV):

-De quelle maniere leg dieux, comme tu l'affirmes, ont-ils

montre qu'ils n'etaient pas apparus seulement en songe (Ewn-

VLOV)mais s'etaient reellement (Evapyw~) presentes a tes yeux?

-De la meme maniere qu'Homere Ie sage DOUg e laisse

entendre sous une forme enigmatique: enigme qui echappe au

vulgaire: "Je reconnus facilement par derriere, dit-il, quelque

part, leg traces des pieds et des jambes du dieu qui partait. Car

leg dieux sont aises a reconnaitre"ZI [...] Quand leg dieux et leg

demi-dieux (8EOt Kat ~aiJ ovE~) viennent veTS DOUget DOUg uit-

tent, il est rare qu'ils prennent l'apparence (EL~onoLov(JLV)d'un

animal. Ordinairement, ils revetent la forme humaine pour que

leur ressemblance avec DOUg ermette a notre imagination de leg

reconnaitre plus aisement... Un sage ne s'y trompe pas; illes

reconnait a leur yeux dont Ie regard est toujours fixe et leg pau-

pieres imrnobiles et plus encore a leur demarche. En effet, leurs

pieds joints n'avancent pas l'un apres l'autre. lis glissent et

volent d'un mouvement que rien n'arrete, et fendent l'air au lieu

19. Ct. XI, 5; ct. XI, 2. Apulee unit ici suggestivement a diversite de

representation, de nom et de rituel.

20. Notamment depuis la mise en scene, magique et romanesque,

d'Apulee.

21. Ct. Iliade , XIII, 71s.

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LA POLYMORPHIE DU CHRIST 23

de cheminer sur Ie sol. Voila pourquoi les statues des dieux, chez

les Egyptiens, ont toujours les pieds joints, et pour ainsi dire

n'en faisant qu'un. Homere Ie savait bien, lui qui etait egyptien

et avait ete instruit de notre sainte doctrine22.

Ce "signalement" ((Jfl~ELOV} du dieu sous une forme humaine

rappelle suggestivement certains details des Actes de Jean, oi11e

Jesus polymorphe, exer~ant son ministere sous de multiples

formes humaines, est decrit par son apotre par de semblables

traits distinctifs23.

On peut relever enfin la conviction du philosophe mystique

qui encourage ses inities de la maniere suivante :

...Tu verras Ie fils de Dieu devenir toutes choses en faveur des ames

pieuses... Vois-le devenant tout, dieu, ange, homme passible. Car,

comme il petit tout, il devient tout ce qu'il veut, et il obeit a son PeTe,

penetrant a travers tout COrpS24.

Le christianisme, de diverses manieres, accompagne diverse-

ment, voire emprunte, ces convictions fondamentales25, comme

22. a. Heliodore, Ethiopiques, III, xii-xiii; voir encore differents cas de

metamorphoses evoques par les protagonistes du roman comme autant

de phenomenes religieux habituels: VIII, xi, 3 (un dieu sous la forme

du prophete Calasiris); X, xiii, 5 (un ~ai tO>v sous Ie "masque" de l'he-

rolne Chariclee, roO3tEp3tpOOO>3tELOVti] KOPtJ); II, xxv, 3 (un ~ai tO>v

sous Ie "personnage" de la femme Rhodopis).

23. Ct. Actes de Jean, 89 (les yeux toujours ouverts); 93 (absence de

traces de pas et levitation; cpo Epftre des Apotres, 11 et Ie commentaire

de J. N. PERES L'Epure des Apotres, Brepols, 1994, p. 55).

24. Ct. Corpus Hermeticum, fro 21, cite par Zozime l' Alchimiste (dans

les fragments divers de l'edition de A. J. FESTUGIERE/A. NOCK, tome

IV, pp.118-119.

25. Noter tine critique fortement negative, et en meme temps tine

reconnaissance du phenomene, de la polymorphie de Bacchus chez

Firmicus Matemus De Errore profanarum religionum, 21, 2; et de tout

Ie pantheon palen, en 26, 4: "Quiconque aura suivi la loi de ce serpent

mourra necessairement avec Ie serpent. Ces dieux que vous adorez,

c'est lui qui les a fabriques, lui qui en a combine la fa~on... Croyez-moi:

Ie diable n'a rien oublie de ce qui pouvait affaiblir ou perdre la pauvre

humanite. S'il a endosse toutes sortes de metamorphoses sous maintes

apparences, s'il a deguise son personnage avec tine fourberie poly-

morphe, c'est pour enseigner les hommes dans Ie reseau varie de ses

ruses multiples et les aneantir" (Ie passage implique suggestivement

tine interpretation polymorphique de Gen 3,1).

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H. GARCIA

l'atteste diverges mentions non seulement de metamorphoses26,

mais surtout de capacite polymorphique; Ainsi, par exemple,

dans eg Actes d'Andre et de Matthias:

Et je t'ai montre que je s\liiscapable de faire toutes choses,c'est-a.

dire apparaitre a chacuna la mesure de ce que e decide27.

Un second passage suggestif est celui d' renee exposant Ia

doctrine de Basilide et surtout Ia substitution d'apparence que Ie

Christ realise entre Iui et Simon de Cyrene :

Le Pere inengendre et inflammable, voyant la perversite des

Archontes, envoya l' nteUect, son Fils premier-ne- c'est lui qu'on

appelle Christ- pour libeler de la domination des Auteurs du

monde ceux qui croiraient en lui. Celui-ci apparut aux nations de ces

Archontes SODSa forme d/'lm homme28, t il accomplit des prodiges.

Par consequent, l ne souffrit pas lui-meme la Passion,mais un cer-

tain Simon de Cyrene fut r,equisitionne et porta sa croix a sa place. Et

c'est ce Simon qui, par ignorance et erreur, fut crucifie, apres avail

ete metamorphose par lui pour qu'on Ie prlt pour Jesus; quaDt a

Jesus ui-meme, il prit les traits de Simon et, se tenant la, se moqua

des Archontes. Etant en eifel une Puissance incorporelle et

l' ntellect du Pere engendre, t se metamorphosacomme it voutut, et

c'est ainsi qu'il remonta veTS elui qui l'avait envoye, en se moquant

d'eux, parce qu'il ne pouvait etre retenu et qu'il etait invisible a taus.

Ceux donc qui savent cela ont ete delivres des Archontes auteurs du

monde. Et l'on ne doit pas confesser celui qui a ete crucifie, mais

celui qui est venn sons uXle orme humaine, a paru crucifie, a ete

appele Jesus et a ete envoye par Ie Pere pour detruire, par cette eco-

26. Noter, pour Ie N.T., leg references suivantes: In 1, 14; Phil 2, 6-11;

Mc 9, 2ss.; In 20,15 (cp. Platon Republique, II, 380d; Mc 16, 12 (cp. Lc

24, 13ss.; noter Ie commentaire et l'interpretation de I. HuG La finale

de l'evangile de Marc (Mc 16, 9-20), Paris: Gabalda, 1978, pp. 61ss.: Mc

16, 12 est suggestivement a articuler avec In 20, 15/ /Mc 16, 11); Ac 14,

11-13;IIn3,2.

27. KaL vJtEbEL;a DOL a'tL Jtd.Vta JtoLl10aL b'Uva't6~ ELltLKaL EKao'tOi'

<jIaVl1VaL aeffi~ 3oUAoltaL. Noter encore l'expression globale des Actes

de Pierre, XXI, apres la mise .en place d'une apparition trimorphique du

Christ: "... quomodo alias et alias Dominum viderint".

28. Cp Adversus Haereses, I, 24, 2, ou lIenee expose la doctrine d'un

contemporain de Basilide, Sallumin: "Le Sauveur est inengendre, sans

corps ni figure, et c'est d'un,e maniere purement apparente qu'il s'est

fait voir comme homme" (Salvatorem autem innatum demonstravit et

incorporalem et sine figura, pllltative autem visum hominem).

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A POLYMORPHIE DU CHRIST

nomie, les reuvres des Auteurs du monde. Si quelqu'un confesse e

crucifie, dit Basilide, il est eU1coresclave et sous la domination de

ceux qui ant fait les corps; mais celui qui Ie renie est libere de leur

emprise et connait l'economie du PeTe nengendre29.

On peut Doter ici la successionde deux metamorphoses de

Jesus (la forme de l'homme et la forme de Simon), dont Ie fon-

dement consiste dans la capacite divine du Christ a prendre

toutes les formes qu'it desil1eet a transformer qui il veut en ce

qu'il veut, selon sa mission3°.Curieusement, cette "economie",

et quasi credo, de la doctrine de Basilide est negativement cite

par E. Junod3 comme exemm>lee "transformation" dissimulee,

et donc de cas de non-polymorphie, du fait de l'absence meme

de temoin. Mais precisement, es temoins soot, au niveau meme

du texte, les Basilidiens eux-memes, ceux qui savent", ceux qui

ont lu ou ecoute, et qui ont mlinsi onfessecet enseignement ap-

porte par lIenee. Cette metamorphose correspond ainsi pleine-

ment a la definition de la ~lymorphie proposee par E. Junod

lui-meme.

Enfin, suggestivementqulDiqued'une maniere ambigue, voire

contradictoire, un passagede Tertullien aligne les caracteris-

tiques du Dieu chretien et 1:oute 'economie chretienne de l'in-

carnation (corporatio), sur cette capacite corporelle polymor-

phique traditionnellemen1 reconnue aux dieux "patens".

Tertullien ecrit ainsi ironiquement :

Et. tamen apud illam [sapientiam] facilius creditur Iuppiter taurus

factus aut cycnusquam vere bomo Christus penesMarcionem32.

Par ailleurs, il formule, a la maniere de ses predecesseurs

"patens", la conviction traditionnelle et fondamentale seton

laquelle deus et in omnia converti possit et qualis est

perseverare33.

29. Adversus Haereses, , 24, 4:;; poSecond Traite du Grand Seth,NHC

VII/2, p. 565,9-12.

30. cpo Odyssee,XIII, 429ss.,011Athena transforme Ulysse en mendi-

ant, et inversement, XVI, 172-183 Ulysse sous a forme d'un dieu).

31. ct. "Polymorphie", p. 39.

32. Ct. Tertullien De Came Chl':isti, V; 7.

33. Ibid. 111,5; noter, III, 8, sur I'incarnation de l'Esprit en colombe (cp.

Lc 3, 22); noter encore VI, 3.10..11, ur a capacite analogue des anges11

orendre un COrDS.

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H. GARCIA

Polymorphicetubiquite

La polymorphie peut fonctionner dans e temps (succession u

simultaneite des differentes formes), mais aussi dans I'espace;

ainsi I' Evangile de Thomas log. 77) qui, sous 'angle de I'ubiquite

divine, manifesteainsi un sennblable henomenepantomorphique :

Jesus a dit: C'est moi Ia I~miere qui est au-dessusd'eux tous; c'est

moi Ie Tout. Le Tout est i u de moi, et c'est a moi que Ie Tout est

parvenu. Fendez du bois, etje suis Ia; souIevezune pierre, et c'est Ia

que vous me trouverez.

Les Actes de Thomas lient plus precisement Ie theme de la

polymorphie a celui de l'ubiquite:

Tu [Thomas] es un homme de deux formes et tu es rouve la oil tu Ie

veux, et tu n'es retenu par rien 34

Enfin, un suggestif passage d'Ephrem de Nisibe evoque la

capacite d'extension et de retrait du corps spirituel du uste:

Considere cet homme

En fit sa demeure

Toute une legion de diables :

Sansque l'on s'en doutat, il~ residaient en lui,

Car,plus que l'ame me-me,

Tenue, subtile est eur armee.

Or toute en un seul corps

resida cette armee

Mais cent fois plus tenu

Et cent fois plus subtil

Sera e corps des ustes,

Quand il se leveront it la resurrection.

II sera t l'image

D'un esprit souverain

A sa guise il s'epand et grandit;

A son gre se replie, s'amenl.llise.

II est ici, s'il se eplie

II est partout, s'il s'epand35,

34. Actes de Thomas (grecs), 34. La traduction est celie, legerement

modifiee, de A. J. Festugiere Les Actes apocryphes de Jean et de

Thomas,Geneve : PATRICK ItAMERediteur, 1983,p. 62.

35. Ct. Ephrem de Nisibe Hymnes sur Ie Paradis, V; 7-8 (Paris: Cerf,

1968) cpo I, 2, cite plus bas.

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A POLYMORPHIE DU CHRIST

On peut relever que celie ubiquite polymorphique se retrouve

encore dans I hagiographie chretienne; elle est notamment

appliquee a Symeon Stylite I' Ancien qui, bien que residant

ailleurs, apparait sous la forme d'un vieillard chevelu au futur

Daniel Stylite36.

Polymorphie oteriologique t anthropologie pirituelle

De maniere analogue au passagedu Corpus Hermeticum (fr.

21) precedemmentcite, certlins textes chretiens articulent expli-

citement la capacite polymorphique du Christ avec tine visee

plus nettement soteriologique.Ainsi, dans 'Evangile de Philippe,

Jesus a trompe tout Ie monde, car il ne s'est pas montre comme il

etait, mais il s'est montre lui-wnemede telle maniere qu'il put etre vu.

Ainsi il semontra a eux tOllS: il semontra au grand comme grand, au

petit comme petit, aux angescomme un ange et aux hommes comme

un homme... Mais quand il apparut a ses disciples dans la gloire, sur

la montagne, il n'etait pas petit, il devint grand; ou, plutot, il rendit

grands ses disciples, de sorte qu'il fussent capablesde voir qu'il etait

grand37.

Origene evoque par aillellrs, dans son Contre Celse,a manie-

re dont Ie Christ Jesus s'adapte a ses spectateurs, voulant se

rendre conforme a la capacite de ceux qui Ie cherchent. Ainsi:

11Y a, en effet, comme des ~ormesdifferentes du Logos (bLacpopoL...

  op<j>ai),ous esquelles il apparait a chacun a la mesure (Ka8w~)de

sa progression veTSa connaissance38...

Jesus,quoiqu'il ffit un, etait pour l'esprit multiple d'aspects,et ceux

qui Ie regardaient ne Ie voyaiientpas taus de la meme maniere39.

Dans ce contexte, on peut relever dans Ie curieux passagedu

Pasteur d'Hermas, I'apparition trimorphique d'une vieiIIe

36. Ct. Vie de Daniel, 10: KaWAa t3aVEtamov "tt~ ovaxo~ EVtptXO~

Jtavu JtOAtO~tTJV Lbiav Jtpoao otWv"tW YL<jJ1J EWvt.

37. Evangile de Philippe, NHC II, 3, pp. 57,28-58,10 (§ 23 seion Ia

numerotation de B. LAYTONThe Gnostic Scriptures, London: SCM,

1987,p. 334); ct. encore Actes dePierre et de Simon,XX.

38. Origene Contre Celse, V; 1 6.

39. [d., II, 64; noter, dans Ie meme sens, es Sentences e Silvanus,NBC

VII, 4, p. 103, 32-34: "Combien de ressemblances e Christ a prises a

cause de vous? Bien qu'il ffit Dieu, il fut trouve parmi Ies hommes

cnmme un homme".

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H. GARCIA

femme, symbolisant l'eg]ise chretienne, dont chaque aspect

evoque la situation spirit\ILellede la communaute, et leg diffe-

rentes etapesde sa conversion:

Elle m'etait apparue, dans la premiere vision..., comme tres vieille et

assise sur un fauteuil; or , dans la seconde vision, sa face etait plus

jenne, mais son corps et ses cheveux etaient vieux et c'est en se

tenant debout qu'elle me parlait; mais elle etait plus joyeuse que la

premiere fois; mais dans la troisieme vision, elle etait tres jeune et

tres belle, seuls sescheveu.' etaient vieux et elle etait on ne pent plus

joyeuse et assisesur une couche [...J -.Ecoute ce qui conceme les

trois formes que tu chercbes a comprendre exactement. Pourquoi

t'est-elle apparue,dans a premiere vision, vieille et assisesur un fau-

teuil? Parceque ton esprit est vieux et deja epuisesanspuissance ucune

du fait de vos faiblesseset diuplicites [...JDans la secondevision, tu la

vis debout et son apparence plus jeune et joyeuse que la premiere

fois, mais avec un corps et des cheveux de la vieillesse. Ecoute aussi

cette parabole... Quand vous avez entendu cette revelation que Ie

Seigneur vous a revelee, it savoir qu'il avait ete pris de pitie pour

vous et avait renouvele votre esprit, alors vous avezpose loin vos fai-

blesses et la force vint veTS ous et vous avez ete rendus puissants

dans a foi; et Ie Seigneur it que vous aviez ete rendus forts et il s'est

rejoui [...JDans la troisieme vision, tu la vis jeune et belle et joyeuse

et sa forme etait belle... De la meme maniere vous-memesvous avez

aussi re~u Ie renouvellement de vos esprits en voyant ces biens spiri-

tuels. Et que tu l'aies vu assisesur sa couche,signifie que cette posi-

tion est ferme, la couche rermement calee sur ses quatre pieds, car

meme Ie monde est controle par quatre elements.

C'est ainsi que ceux qui se sont convertis seront completement

jeunes et bien etablis sur leurs fondations, ceux qui se sont convertis

de tout leur coeur40.

II Y a ainsi totale adequation entre perception et condition spi-

rituelles chez e chretien q1.1lioit, et se voit lui-meme tel ou tel, 1:1

la mesure de ce qu'il est spirituellement.

On petit comparer ce passage1:1uelques elements metapho-

riques de l' Hymne dit de la Perle, oil Ie vetement royal, recou-

vre par Ie protagoniste de retour 1:1a condition premiere, est

personnifie, vient 1:1ui ressembler et 1:1rendre leg qualites nou-

vellement acquisesdu heros:

40. Ct. HERMAS, e Pasteur, Visions, II, x, 3-xiii, 4 (la traduction est

adaptee de celie de Kirsopp Lake The Apostolic Fathers II, Cambridge,

Mass.: Harvard University Press,Loeb Classical Library 25, pp. 53ss.).

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A POLYMORPHIE DU CHRIST

Et Ie vetement splendide que j'avais depouille, roes parents me

l'avaient fait envoyer la-bas rn'ar eurs tresoriers... Soudain e lui fig

face, tel mOll miroir, il me re~embla, je Ie vis tout entier, et aussimoi

je re~us tout en lui, car deu~ nons avions ete dans la division, et a

nouveau, nons etions un, en one forme unique. Et, leg tresoriers qui

me l'avaient apporte, e leg v~ ausside la meme maniere : alors qu'ils

etaient deux, ils etaient dewenus une seule forme... je vis encore

qu'en lui tout entier des mouvements de connaissancepalpitaient...

j'entendis la voix de ses mo<fllulations, lors qu'a ceux qui Ie descen-

daient il murmurait: c'est pour ce plus vaillant des serviteurs qu'on

m'a eleve devant mODpere; a moi aussi e sentais en moi que ma sta-

ture, comme ses ravaux, grandissait... 41.

Un autre texte pourrait s'averer suggestif pour ce propos,

Ii. savoir Ie passage0\1Ephrem, dans ses Hymnes sur Ie Paradis

(11,1-2), evoque Ie fait que 111orte du paradis s'ajuste Ii. a taille

de ceux qui la franchissent, rendant ainsi manifeste, dans line

sorte d'eschatologie anthropologique, ce qu'ils sont spirituelle-

ment:

Des lors, du Paradis, ..

la porte accourt vers toi :

radieuse, e sourit, porte toute discernante,

elle aune ceux qui entrent

etjudicieusement

se fait petite ou grande,

se haussanta la taille

et au rang de chacun

elle fait, par ses mesures,

voir s'il est parfait ou s'il estdeficienr2.

41. Actes de Thomas, 111,72-112, 76-80; 113, 88-92 (syriaque). Cf J.

MENARD, Transfiguration eM: olymorphie chez Origene , dans J.

FONTAINE/C. KANNENGIESSE:Rds. EPEKTASIS. Melanges patris-

tiques offerts au Cardinal Jean Danielou, Paris: Beauchesne,1972,pp.

367 372; p. 370; P. H. POIRIER,dans F. BOVON P. GEOLTRAIN ds.

Ecrits apocrypheschretiens , P'aris: Gallimard, 1997,p. 1424s.; es deux

commentateurs, et notammen~J. MENARDpour la polymorphie, ren-

voient egalement a la theologie iranienne de la daena,c'est-a-dire l'ap-

parition a un defunt de son propre moi celeste que constitue sesbonnes

oeuvres (d. J. MENARD, p. 37[)S.).

42. a. Ephrem de Nisibe Hymnes sur Ie Paradis,Paris: Cerf (Sources

Chretiennes 137), II, 2 (p. 45s..); cpobid. XV, 2 (p. 187).

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P. H. Poirier a judicieusement rapproche ce passaged'Ephrem

au vetement qui grandit de l' Hymne de la Perle43.De fait, dans

notre contexte specifique de la polymorphie du Christ, ces deux

passageset ces deux symboles (porte et vetement) sont suscep-

tibles d'une interpretation plus specifiquement christologique et

par consequentanalogues aux textes precedemment cites sur Ie

Jesus polymorphe dans son rapport avec ses disciples. La

"porte" polymorphe d'Ephrem peut ainsi renvoyer a la designa-

tion johannique de Jesus:comme "porte"44, Ie vetement de

l'hymne aux exhortations pauliniennes a revetir Ie Christ45.En

outre, la narration de la rencontre du heros de l'hymne de la

Perle et son vetement n'est pas sans analogie, a la fois thema-

tique et dramatique, avec 1. n 3, 2 qui articule et coordonne une

transformation et une promotion du croyant :

Bien aimes, maintenant DOllS ommes enfants de Dieu, mais

ce que DOllS erons n'a pas encore ete manifeste. Mais DOllS

savonsque, quand ce seJfamanifeste, DOllS eronssemblablesa

lui46, arce DOllSe verrons ala mesure de ce qu'il est.

Dans ce contexte soteriologique de moyens de saint adaptes

aux destinataires, Ie theme hagiographique plus tardif des "fous

pour Ie Christ" (saloi) dal1s eg traditions monastiques byzan-

tines s'avere significatif. Ce theme me parait, en effet, retenir un

aspect, ou un residu, des traditions chretiennes sur la polymor-

phie, aspectrendu plus asretique et qui consiste dans a capacite

de l'ascete salos a controJer son corps, "comme s'il n'en avail

pas"47,et a Ie modeler se}on differentes attitudes paradoxales,

notamment animales, pour dissimuler sa saintete et convertir

indirectement leg ames. Ayant atteint l'ancieEL<X,e salospossede

un statut spirituel qui Ie rend conforme a la nature des demons

et capable de confondre oes derniers, alors qu'il pent leg voir

agir parmi ses contemporains. Comme l'ecrit suggestivementv:

Deroche a propos de Symeon, e fou d'Emese,

43. Ct. P.H. POIRIER,bid.

44. Cf.Jn 10,7.9; cp.14, 6.

45. Ct. Gal 3, 27; Eph 4, 24, etc. (cf. E. Haulotte Symbolique du vete-

ment dans a Bible, Paris; Aubier, Theologie 65, 1966,pp. 210ss.).

46. Ct. Gn 1, 26; et surtout 3, 5: Kat EOEo8E ~ 8EOL.

47. .OAO~bE iJv WOJtEp ow -l\aTO~, propos de Symeon d'Emese, ct.

Leontios de Neapolis Vie de Symeon e tau, XIV (grec 1712D).

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LA POLYMORPHIE DU CHRIST

l'efficacite de la "predication" de Symeon passe par la depossession

~e son corps qui n'a plus de posture et d'apparence propre, mais en

change a volonte comme une marionnette dont on changerait les

habits48.

A cette perspective polymorphique d'ordre soteriologique et

ascetique, et dans un sembIable contexte hagiographique, on

peut joindre un autre theme important mais dispute, celui des

enfantsaux cheveuxblancs ou des enfants-vieillards.Amon sens,

l'utilisation juive puis chretienne de ce theme constitue egale-

ment un residu ires clair de perspectives polymorphiques plus

anciennes. Par manque de place, je ne peux traiter ici de ce

theme decisif qui me para t offrir un significatif lieu de reception,

un type de polymorphie a la trajectoire fiche et singuliere au sein

du christianisme49.

Conclusion

La polymorphie peut etre ainsi globalement definie comme un

theme religieux et litteraire, ou est souvent mise en scene 'appa-

Tition d'une divinite SallSune ou plusieurs formes autres que la

sienne propre. La raison constitutive de ce phenomene consiste

dans la puissance, reconnue aux personnages divins ou a ceux

qui se croient tels5O, e se transformer, ou de transformer qui-

conque51, n ce qu'ils veulent, de changer de forme (corporelle)

t t

48. Ct. V. DEROCHE,Etudes sur Leontios de Neapolis, Uppsala:

University Press, 1995, p. 191. Le 'fondement de cette attituQe para-

doxale et de cette capacite "ascetico-polymorphique" renvoie a l'attitu-

de me-mede Jesus,comprise sous l'aspect du renversement et de l'iro-

nie (Ie dieu revele sous son contraire) et a la tradition du "secret

messianique" (Ie dieu cache). Sur Ie rapport entre Symeon et Jesus,ct.

V. DEROCHE, p. 183; et surtout D. KRUEGERSymeon the Holy Fool.

Leontius' Life and the Late Antique City, University of California Press,

1993, pp. Illss.). Je remercie Mr. Ie Professeur JOHNWORTLEY,de

Winnipeg, pour la reference de l'ouvrage de V. DEROCHE.

49. Sur ce sujet, je renvoie simplement ici les lecteurs aux deux titres

suivants: A. CAQUOT,Les enfants aux cheveux blancs. Reflexions sur

un motif", dans Melanges d'Histoire des Religions offerts Ii Henri-

Charles Puech, Paris: PUF, 1974, pp. 161-172; M. AUBINEAU, dans

Gregoire de Nysse Traite de la virginite, Paris: Cerf, 1966, (Sources

Chretiennes 119),pp. 575-577 appendice IV).

50. Ct. Philon Legatio ad Gaium, 78-80.

51. Ct. P. GRIMAL Dictionnaire de la mythologie grecque et romainel0,

Paris: PUF, 1990,p. 568 (index II, sous "metamorphose"). Ces meta-

morphoses, plus ou moins forcees, jalonnent les multiples recits des

MetamorJJhoses'Ovide.

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tout en restant eux-memes?2. n peut ici retenir Ie propos gene-

ral de J. P. VerDant

L'apparition Ie dissimule [Ie corps divin] sous eg deguisementsmul-

tiples d'un paraitre , adapte a la faible vue des humains. Si Ie corps

des dieux peut prendre rant de formes, c'est qu'aucune n'est en

mesure d'enfermer en elle une puissance qui leg deborde toutes et

qui s'appauvrirait en s'idemtifiant a une des figures qui lui prete son

apparence53.

Phenomene polymorphiique et construction itteraire

II semble que la definition de E. Junod, selon aquelle Ie phe-

nomene de la polymorphie n'est pas dissimule et necessitequ'il

soil destine a etre vu, qu'iil soil rendu evident, quoique proble-

matique, pour Ie temoin54,doive etre elargie a la categorie des

lecteurs (ou auditeurs) d'un recueil de metamorphoses : Ie

temoin d'une apparition polymorphique ne selimite pas simple-

ment au personnage mis en scene au niveau du fecit, mais aux

personnes isant effectivement Ie fecit en question.

Ainsi une apparition polymorphique peut echapper a tout

temoin a l'interieur d'un fecit, comme dans Ie cas, cite prece-

demment, de Jesus qui prit les traits de Simon de Cyrene et

donna a ce dernier sespropres traits; elle n'echappe pas au lec-

leur croyant du passage,qui, lui, peut en temoigner dans une

egale mesure.

La polymorphie ne consmsteas simplement en un evenement,

en un phenomene specifique a l'interieur d'un texte; elle est ega-

lement un theme religieux litteraire visible et perceptible comme

tel a travers la lecture (ou ['audition).

L'importance du statut de genre litteraire reconnu et donne a

des compilations de metamorphoses, divines et etiologiques,

s'avere ci decisive.

Ovide notamment, des lies premiers mots de son ouvrage de

Metamorphoses,a pleinel1l1ent onscience du statut specifique-

ment litteraire de sonsuje1

52. Ct.l'expression Kat auVVl()t]oa~tilv 3toMilv xapLv au'tou Kat

3tOA1J3tpOOW3tOVvO'tTj'ta...,n Actes de Jean,91.

53. J. P. VERNANT,Corps obscur,corps eclatant , dans Le tempsde La

reflexion VII, 1986 Corps des dieux), p. 40.

54. Ct. JUNOD 1982),p. 39.

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33

A POLYMORPHIE DU CHRIST

Ma passionme porte a raconter Ies formes changeesen de nouveaux

corps; () dieux, inspirez favorablement mOll entreprise, car eIIe est

egalement e fruit de volfe cbJllngement, t conduisez es chosespre-

mieres depuis l'origine du monde jusqu'a mes propres temps comme

un chantcontinuel.55.

L'enjeu de cette ouverture ,est riple:

-l'invocation de l'assistance divine (di... adspirate...) est

manipulee, de telle sorte qu'elle puisse representer 'reuvre des

Metamorphosescomme Ie produit m~me d'une metamorphose

divine (nam et vos mutastis etilla56)

-ce point va de pair ave~ la volonte d'Ovide de presenter

son reuvre comme line entreprise litteraire toute nouvelle et sa

matiere (traditionnelle) SOUlSe nouveaux aspects, comme Ie

fruit d'une transformation inedite ou inome57;

-enfin, cette ouverture implique egalement les lecteurs/

auditeurs a lire ce qui suit c~mme line reuvre litteraire a part

entiere, ou les differentes tmetamorphoses soot narrativement

solidaires les noes des autres, des origines du monde a l'apo-

theose de Jules Cesar. Ceci signifie que nons avons, avec ces

Metamorphoses, un ouvrage: itteraire traitant proprement de

 polymorphie , c'est-a-dire di'une succession rdonnee de meta-

morphoses qui ne soot pas a ~soler es unes des autres et que les

lecteurs soot directement interpelles comme les premiers

temoins privilegies de ces (nouvelles) metamorphoses.

Dans ce contexte, on pent egalement citer un autre auteur de

Metamorphoses,Apulee, qui definit son oeuvre de la maniere

suivante :

55. Ovide Les Metamorphoses, , 1-4

In nova fert animus mutatas dicere formas

corpora; di, coeptis nam vos mul:astiset ilIa,

adspirate meis primaque ab origine mundi

ad mea perpetuum deducite tem[r>oraarmen.

56. II y a ici un probleme de critlique textuelle; certains manuscrits por-

tent: nam et vos mutastis et illas, car cesmetamorphoses(cf.1, mutatas

formas) sont aussivotre ouvrag~ ; je retiens Ie choix de E. J. KENNEY

( Ovid , dans E. J. KENNEY/ W. V. CLAUSEN ds. The Cambridge

History of Classical Literature II. Latin Literature, Cambridge:

University Press,1982, . 433 : nam et vos mutastis et ilia , ilIa repre-

nant meis coeptis ; sur Ie detail des manuscrits, ct. G. LAFAYE revu

par J. FABRE,1994), dans Ovide, Les Metamorphoses , Paris: Belles

Lettres, 1925,pp. XlIIss., qui opte lui-meme pour illas .

57. Ct. Finney, p. 433s..

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H. GARCIA

 Pour moi, dans cette ca\LSeriemilesienne, e veux te presenter une

suite d'histoires variees ( arias fabulas conseram.)... Tu verras avec

emerveillement des etres humains quitter leur figure et leur condi-

tion pour prendre tine autre forme, puis reciproquement, et par un

ordre inverse, se rechaJ1geren eux-memes (figuras fortunasque

hominum in alias imagines conversas et in se rursum mutua nexu

refectas ut mireris)... C'es~ a [en Grece] qu'enfant la langue attique a

ete Ie prix de mes premier-esarmes.Plus lard, dans a ville des Latins,

apprenti de lettres depayse,'ai entrepris l'etude et acquis a pratique

de l'idiome natal des Qujrites, a grande peine et grand effort, sans

aucun maitre pour me guider. Et d'avance e prie qu'on m'excuse,si,

maniant en novice une langue etrangere, a langue du forum, je fais

quelque faux pas. Du Teste, e passagememe d'un parler a un autre

s'accorde au genre que je cultive, vrai jeu de voltige celui-la (lam

haec equidem ipsa vocis dmmutatio desultoriae scientiae stilo quem

accessimus espondet 58.

Ainsi la succession es metamorphoses, ormant polymorphie,

peut alors se developper tout au long d'une reuvre litteraire,

dont Ie lecteur a alors a apprecier la coherence narrative. 11est

clair, cependant, que, chez Ovide, Ie sujet divin polymorphique

et surtout Ie sujet humain metamorphose different selon les

recits juxtaposes. Mais cet usage de la polymorphie comme un

genre litteraire a part enttiere, consistant en une collection de

recits de metamorphoses plus ou moins longs et plus ou moins

organises, necessite de recadrer Ie sujet meme de la capacite

polymorphique. En effet, pour E. Junod59, omme implicitement

pour P. J. Lalleman, il est necessaire,pour qu'il y ait polymor-

phie, que ce soit Ie me-mepersonnage qui se revele SODSes

formes differentes, successivesou simultanees. J'estime, cepen-

dant, que cette necessite d'unicite du personnage polymor-

phique implique et constjtue deja un type singulier de poly-

morphie et une etape (importante) de la reception rationalisee

du phenomene dans certaines religions de l' Antiquite tardive.

Ovide lui-meme represellite certainement un premier agence-

ment, un premier niveau de systematisationdu terreau tradition-

Del, que l'on peut qualifier de polymorphie generique : Ie

58. Ct. Apulee Les Metamorphoses, , 1. On petit noter l'analogie origi-

nale qu' Apulee pose entre metamorphose et traduction, analogie qui

semble confirmer notre propos precedent: un texte posse-deine capa-

cite polymorphique a etre traduit, a la mesure de la multiplicite des an-

guesde reception.

59. Ct. E. JUNOD 1982),p. 39.

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35

A POLYMORPffiE DU CHRIST

terme renvoie d'abord a son sens fondamental ou etymologique

de "nombreuses formes" assumees, uis surtout a l'agencement

litteraire, en une reuvre constituee, de ces multiples metamor-

phoses de differents personmages60.a mise en place narrative

d'un meme personnage divin comme Ie sujet unique de mul-

tiples metamorphoses represente un autre niveau et peut etre

alors qualifiee de "polymorp \1iepersonnelle".

L'apparition polymorphiq~e d'un dieu necessite a presence

d'un temoin qui rende comp~ede sa visibilite et en disceme plus

ou moins l'enjeu. Le temoin de la polymorphie du dietl, ou des

dieux, peut etre represente par l'un des protagonistes du fecit,

au niveau du texte lui-memLe,ou etre indirectement constitue

par Ie lecteur/ auditeur du lexie, a l'exterieur du recit61.Cela est

frappant dans ce "nouveau" genre litteraire "metamorphoses",

peut-etre cree par Nicandre~, poursuivi brillamment par Ovide

et Apulee (sous une formle romanesque), et, plus lard, par

Antoninus Liberalis.

Dans ce contexte, Ie "mini-evangile", contenu dans leg Actes

de Jean (88ss.), notammenU a section dite des douze "temoi-

gnagesde Jean"63,ou 60'1;,(1,,64,ur la polymorphie du Seigneur,

n'est pas sans analogie avet ces listes ordonnees de metamor-

phoses qui constituent les reuvres de ces auteurs; mais ces meta-

morphoses sont maintenantt recadrees au service d'un unique

personnage65,e protagonis1e chretien par excellence,Jesus.De

60. Sans qu'il y ait un besoin ronsciemment exprime de rediger et de

construire Ie fecit d'un unique personnage polymorphe (noter cepen-

dant Ie cas d'Athena dans l'Odyssee,ainsi que Ie propos global du Zeus

de Lucien, Dialogues desdieux,6).

61 Chez Firmicus Matemus no'l,amment,e temoin veritable est surtout

Ie lecteur chretien qui, grace a I~instructionde l'auteur, disceme l'enjeu

veritable du pantheon palen et rreconnaitderriere la diversite de celui-ci

l'unite d'un meme personnage, a savoir l'ennemi du genre humain, Ie

diable.

62. Cf. ses metamorphosesetiologiques (E'tEpoLrnJI.LEva),atant du lie

siecle avant notre ere, qui expi'[iquaitpar une metamorphose l'origine

de chaque espece animale, oeu.vreperdue et connue par certaines man-

chettes d' Antoninus Liberalis, auteur lui-meme de Metamorphoses,au

debut du lIIe siecle de notre ere (edite par M. PAPATHOMOPOULOS,

Paris: leg Belles Lettres, 1968).

63. Cf. E. JUNOD/J.D. KAESTLI.1983),pp. 474ss.

64. Actes de Jean, 93 : £'tEpaV os: UI.LLV o'i;av EpW oEA<j>ol.

65. La remarque critique de P.. . LALLEMAN p. 106) selon laquelle Ie

terme de 1tOAVI.LOp<j>o;e se rthcontre pas dans Ie "mini-evangile", et

notamment parmi leg douze "lIemoignages", s'avere, dans ce contexte,

tout a fait relative.

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36

H. GARCIA

meme, l'ouvrage etonnant intitule Ie Physiologus66, crit chre-

tien probablement compose a Alexandrie a la fin du deuxieme

siecle, developpe une exegese chretienne de diverses descrip-

tions zoologiques ou mincralogiques, en appliquant allegorique-

ment a differents persotl:nages, notamment au Christ et aux

chretiens, les proprietes naturelles de differents animaux ou de

pierres magiques, voire d'un arbre. Les "metamorphoses" ne

soot plus ici narratives, mais constituees par des interpretations

allegoriques. La premiere description notamment, celIe du lion

(JtEpLtau AEOV'tO;)ux "trois dispositions, ou proprietes, natu-

relles" ('tpEAL;puOEL;XEI.), pparait decisive dans ce contexte,

dans a mesure ou elle n'est pas sans rappeler la vision de la des-

cente polymorphe et inlJ::ognitodu Christ dans l' Ascension

d'[sai"e, (X, 7-XI, 11)67;de meme, suggestivement, Ie passage

implique une interpretation polymorphique de In 1, 14:

, Ap;O A.E8a AaA1]OaL JtEpL 'tOY AEOV'tO£ 'tOU j3aoLAEw£ 'tWV

81]pirov. KaL yap 6' IaKw~ EUAoywv 'tov'Iouba EAEYE" "aKU A.VO£

AEOV'tO£' Iouba EK j3Aao1Cou VLE A.°V avEj31]£" KaL 'ta £;1]£.' 0

<j>VOLOAOYO£ EAE;E JtEpL tOU AEOV'tO£ O'tL 'tpEL£ <j>UOEL£ EXEL.

, ,', " ..'" , ,

JtpW't1] av'tov <j>UOL£ EO'tLV av't1]" o'tav JtEpLJta'tt;] EV 't(J;J OpEL KaL

, , , , " "", '

EpX1]'taL av't(J;J O° A.1] 'tWV KVV1]YWV 't~ Ovp~ av'tov

, ,'" ." , A

ovYKaAvJt'tEL av'tov 'ta LXV1] Lva A.1] aKOAov8ovV'tE£ 'tOL£

'[XVEOLV au'tou OL KVV1]YOL EVPWOLV au'tou 'tT]V A.avbpav KaL

Kpa'ttlOWOLvau'tov.

OV'tW KaL 6 XpLO'tO£ ,0 VOEpO£ AEWV aJtoo'taAEL£ aJto 'tou

aopa'tov lla'tpo£ EKaAV1{lE 'ta voEpa LXV1] av'tou 'tOV'tEO'tL 'tT]V

8Eo't1]'ta.

ME'ta aYYEAwv aYYEAo~ EYEVE'tO, A.E'ta apxaYYEArov apxaYYE-

AO£, A.E'ta 8povrov 8povo~, A.E'ta E;OVOLWV E;ovoia, EW£ Ka'ta-

j3aoEw£ au'tov. KaL f]A8EV' EL£ 'tT]V A.tl'tpav 't1]£ ayia£ Jtap8Evov

Mapia£ oJtw£ owo~ 'to I1tEJtAaV1] A.EVOV YEVO£ 'tWV av8pwJtwv,

"KaL 6 AOyo£ oap; EYEVE't"O KaL EaKtlVWOEV EV tlJrLLV"" EK'toU'tOV

OUV ayvoouv'tE£ au'tov OL avw8EV Ka'tEA8ov'tE£ EAEYOV" "'tL£

66. a. U. Treu, "The Physi(:}/ogus nd the Early Fathers", dans Studia

Patristica XXIV, Leuven: PEETERS, 993, pp. 197-200 (cite par P. J.

LALLEMAN).

67. Noter encore, dans Ie Physiologus, a mention des "yeux toujours

ouverts" du lion, et cpo e tJff))isiemetemoignage" sur la polymorphie

du Seigneur dans Ie "mini-evangile" des Actes de Jean (89, 6-8); cpo

enfin Actes de Jean,98; Apocalypse de Pierre (NHC VII, 3), p. 81, 7-21,

a propos de la dichotomie entre Ie Jesus oapKLKovet Ie "Jesus vivant"

au-dessus e la croix.

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A POLYMORPHIE DU CHRIST

EO"tLV OU"tO~ <> 3aoLAE{,~ "tfJ~ oo~i1~; EL"ta"tO aYLOV IIvEul.La AEYEI

"K{,pLO~ "tWV 6vVaI.LEWV au"to; EO'tLV <> 3aoLAEu~ "ti1~ OO~1l~.68

Polymorphie et polyonymie

E. Junod avait deja signa1e Ie rapport intime entre polymor-

phie et polyonymie69, la multiiplicite des noms, des qualifications

ou des attributs accompagnamt et detaillant celles des differentes

formes du dieu. Ainsi, dans Ie Corpus Hermeticum :

II est, lui, Ie Dieu trop gr-and pour avoir un nom (KpEL't't<.oY

OYO A.<1'to<;).I est I'inapparenit et il est Ie tIes apparent; lui qui

contemple I'intellect, il est aussi celui qui voit les yeux; il est I'in-

corporel (aoro A.<1'to~), e multiforme (3tOAUOro A.<1'to~),ieux

encore I'omniforme (3t<1V'to{rJro A.<1'to~)...e la vient qu'il a tOllS

les noms parce que toutes choses sont issues de cet unique pere;

et de la vient qu'il n'a point de nom, parce qu'il est Ie peTe de

toutes choses70.

68. Le texte grec est celui de la [premiere recensionetablie par l'edition

critique du Physiologus de f. SBORDONE Rome, 1936; reprint

Hildesheim New York: Georg alms Verlag, 1976,pp. 1ss.; e remercie

P.J. LALLEMAN e m'avoir procme cet ouvrage):

"Nous commencerons par parleII'du lion, Ie roi des animaux. En effet,

Jacob dit ainsi en benissant Juda: "Juda, petit de lion, d'une pousse,

mOll fils, tu es monte"; et la guile. Le Physiologue a dit au sujet du lion

qu'il possede trois proprietes naturelles: la premiere propriete est la

suivante: toutes leg fois que Ie: lion se promene dans la montagne et

qu'une odeur de chasseurs e surprend, il camoufle de sa queue ses

propres traces, afin que leg chas~eurse suivant a la trace ne decouvrent

pas sa demeure et ne l'emportern:t as sur ui.

De la meme maniere,notre Christ, e lion intellectuel,envoye du PeTe nvi-

sible, camoufla ses races intellectuelles,c'est-a-dire sa divinite. Avec les

anges, l devint ange,avec es archanges, rchange, vec eg trones, trone,

avec eg puissances, uissance,usqu'au terme de sa descente.n vint ainsi

dans e sein de la sainte vierge Marie, de fa<;:on u'il sauvat e genre egare

des hommes, car Ie Verbe devin~chair et s'abrita parmi nous".

De ce fait, ceux qui vinrent d'emlhaut Ie meconnaissant,disaient: "Qui

est-iI, ce roi de gloire ?" Alors I'Esprit Saint dit: "Ie Seigneurdes puis-

sances, 'est lui ce roi de gloire"".

69. Ct. E. JUNOD 1982),p. 41. Sur a polyonymie dans eg Actes de Jean,

je renvoie a l'excellente analyse: ecente de P.J. LALLEMANThe Acts of

John, pp.174ss..

70. Ct. Poimandres,V; 10; on peut surtout relever Ie passageeminem-

ment significatif d' Apulee Me amorphoses, XI, 2; 5, precedemment

cite, qui associediversite de noms, de formes et de rites au sujet d'Isis ,

associationqui constitue paralle~ementun veritable credo ou stereotype

romanesque cp. Jon 1,5-6.14.16).

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H. GARCIA

De meme, les Actes de Thomas placent directement la qualifi-

cation de polymorphie au milieu d'une litanie d'attributs divins

et de fonctions soteriologiques visant a glorifier Jesus, itanie qui

constitue comme Ie vis-a-vis d'une autre litanie ou Ie Diable

 polymorphe est egalement qualifie de multiples manieres71

Jesus, mystere cache qui ItOUS ete revele, tu es celui qui nous a

revele tine infinite de mystf,res, celui qui m'a mis a part de tous roes

compagnons et m'a dit trQjs paroles par lesquelles e suis embrase,et

je ne puis les dire a d'autres [...] Jesus res haul, voix qui s'eleve de Ia

misericorde parfaite, sauv,eurde tous, droite de la lumiere qui ren-

verse Ie Mauvais dans sa mature,et qui rassemble oute sa nature en

un seullieu,

toi Ie polymorphe,

toi Ie Monogene,

toi Ie Premier-Ne d'une mu[titude de freres,

Dieu issu du Dieu tres hauL.

Je te prie pour ceux qui sont la et qui croient en toi [...] lIs tiennent

leurs oreilles pretes a entendre de nous les paroles qui leur sont

71. Ct. Actes de Thomas,44; sur Ie diable polymorphe, ct. encore Actes

de Jean,70, 4; Apocryphe de Jean, NHC II, pp. 11,35-12,4; III, p. 18,

9ss.; B, p. 42, lOss. (Ialtabnoth polymorphe). Contrairement a une

remarque critique de P.J. LAILLEMAN polymorphy , p. 106; The Acts

ofJohn, p. 165), a capacite pQllymorphiquedu diable ne reduit pas 'im-

portance de celIe de Jesus; elle manifeste plutot la haute stature de

Jesus,sa nature egalementspirituelle et divine, d'autant plus manifeste

qu'elle reussit constamment ft dominer et a vaincre leg oeuvres poly-

morphes du diable. On peut relever, par ailleurs, que c'est en tant qu'it

se fait Dieu que Ialtabaoth ]possede ette capacite polymorphique, ct.

Apocryphe de Jean, II, p. 12, 8-9: il s'appela lui-meme Dieu ). De

meme, c'est en tant que Dieu et puissancedivine que Simon accomplit

ses prodiges, notamment polymorphiques. Sur Simon, voir leg refe-

rencessuivantes: Ac 8, 10; J\UStin remiere Apologie, 26, 3; Irenee, Adv.

Haer., , 23,1.3; Actes de Pierre et de Simon,4; pour la polymorphie de

Simon, noter Homelies Pseudo-clemenines, I, 24ss.; 32: [Simon] se

metamorphose en serpent, en chevre; il se montre avec deux visages; t

se transforme en or... ; Actes de Pierre et Paul (Acta orientalia, ct. W.

SCHNEEMELCHERd. New Testament Apocrypha 2, Cambridge/

Westminster: James Clarke &: Cot John Knox Press,1992,p. 442s.),ou

Simon, pour seduire Neron, prend a volonte la forme d'un homme ado-

lescent, adulte et age (Sur Simon, voir recemment M. J. EDWARDS,

 Simon Magus, he Bad Sam(JJritan ,ans M. J. EDWARDS/S. WAIN ds.

Portraits. Biographical Representation n the Greek and Latin Literature

of the Roman Empire, pp. 69-91; noter p. 83, pour cette derniere refe-

rence).

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A POLYMORPHIE DU CHRIST

dites... Qu'ils revetent l'homme nouveau qui vient de leur etre

annonce par moi72.

Le debut de ce passage, evoquant leg trois paroles secretes

adressees Thomas par Jesus, envoie au logion 13 de l' Evangile

de Thomas,oil Jesus,dans un contexte semblable a Mt 16, 13ss.,

interroge sesapotres poursavoir a qui ou a quoi ceux-ci e.com-

parent. Mais ce contexte analogue de polyonymie, concernant

l'identite de Jesus,est recadre dans leg Actes de Thomas,au ser-

vice d'une revelation effective par l'intermediaire de l'apotre. La

revelation de l"'infinite de mysteres", dont l'apotre est Ie predi-

cateur et Ie revelateur, se deploie a traverS eg titres et leg fonc-

tions qui composent a litanie. pans ce cadre, la revelation des

trois paroles ineffables a Thoma'~constitue l'un des mysteres, au

benefice de la haute stature de l'apotre; de meme pour la poly-

morphie de Jesus a laquelle l'apotre participe effectivement,

notamment en sa qualite de frere (jumeau) de JeSUS73.

On petit evoquer encore d'autres textes, notamment gnos-

tiques. Ainsi la Protennoia Trimorphe, du codex XIII de Nag

Hammadi, articule trois noms differents avec leg trois descentes

du protagoniste divin en faveur des elus74.De meme, l'hymne

72. Actes de Thomas, 47-48; de meme, noter l'expression en 153:

"Gloire a toi, Jesuspolymorphe Gloire a toi q~"es apparu dan~ notre

humble humanite..." (la traduction du texte grec, ici presentee, ~t celIe

de A. J. FESTUGIERE es Actes apocryphes de Jean et de Thomas,

Geneve: PATRICK RAMEREditeur,' 1983,p. 69; en 48, a la pla~e de la

mention "toi Ie polymorphe", Ie texte syriaque porte suggestivement:

"A cause de nous, tu ius appele par des noms divers"). En Actes de

Thomas, 80, Ie texte syriaque porte, au milieu d'une semblable litanie

de qualifications, l'expression suivante: "Gloire a toi, Verbe vivant

Gloire a toi, cache qui as multiplie les ressemblances" cf. P. H. POIRIER,

dans F. BOVON/P. GEOLTRAINds. Ecrits apocrypheschretiens I, Paris:

Gallimard, 1997,pp.1399 et 1459,pour la traduction du texte syriaque).

73. Ct. Actes de Thomas, 11; 57, 3; 151-153; cpoActes de Jean,87; 92;

cpoencore 1 In 3, 2; Evangile de Philippe, NHC II, 3, p. 61,20-35 (§ 38,

selon B. LAYTON);p. 58, 5-9 (§ 23); Origene Commentairesur Jean, VI,

42: chacun de ces textes articule, chacun a sa maniere, tine metamor-

phose des disciples enJesus.

74. Ct. pp. 35, 32ss.: "Je suis a Voix"; pp. 42, 4ss.: "Je suis Ie Discours";

pp. 46, 5ss. "Je suis a Parole" (cf. Ie sommaire,p. 47, 5ss.; il est a noter

que c'est seulement en tant que "Parole" que la Protennoia prend forme

et, apparemment, differentes formes, ct. p. 47, 14-25). Sur cette reparti-

tion du texte, ct. notamment l'introduction de J. D. TuRNER, ans J. M.

RoBINson ed. The Nag Hammadi Library in English4, Leiden: Brill,

1996.D. 511.

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40

H. GARCIA

finale de l'Apocryphon de Jean (cf. NHC II, 30, 11-31,27), vient

a decrire la "Providence parfaite" aux noms multiples75 qui

prend pareillement, a ch(licunede ses trois visites, la forme de

ceux a qui elle desire se reveler76. Le prologue de ce meme

ouvrage presente une grandiose apparition polymorphique de

Jesus,sous a forme d'un enfant, d'un vieillard et d'un petit/ser-

viteur (?) et l'articule, d'Ulmemaniere suggestivequoique myste-

rieuse, a une auto-proclamation de Jesussous rois noms, en vue

de trois objets de revelation et au profit des "compagnons spiri-

tuels" de Jean:

Les cieux s'ouvrirent et l'uUliversentier flambloya d'une lumiere irra-

diant la partie inferieure du ciel, et Ie monde entier flit ebranle. Je

pris peur et me prostemai des que je vis dans a lumiere un enfant se

tenir pres de moi. SOliS oes yeux, il prit l'aspect d'un homme age.

Puis il changea de forme et redevint petit au moment meme devant

moi. Y avait-il donc un etre unique sous de multiples formes dans a

lumiere et dont les formes. apparaissaientnterchangeables? au bien

y avait-il trois etres reels SOliSes trois formes? II me dit: Jean, Jean,

pourquoi doutes-tu? Pourquoi as-tu peur? Ne sois donc pas imore

Je suis avec vous pour t°uUours.Je suis Ie pere, e suis a mere, e suis

Ie fils... Maintenant je suis venu t'apprendre ce qui est, ce qui flit et

ce qui doit arriver, pour que tu saches 'invisible et Ie visible, et pour

t'expliquer qui est l'homtne parfait. Maintenant releve ton visage,

viens, ecoute et retiens ce que j'ai a te dire aujourd'hui, pour que tu

puisses e repeter a tes compagnons spirituels issus de la generation

inebranlable de l'homme parfaif7.

La collection appelee Evangile de Philippe, de son cote,

deploie une theorie des noms qui associe paradoxalement leur

necessite et leur caractere trompeur, qu'il gait intrinseque

(conforme a leur appartenance a ce monde)78ou provoque par

leg Archontes79.Ce paradotXeepose sur Ie fait que,

75. Ct. p. 30,12.15-16.24.3-35;p. 31,11-12.16.

76.a. p. 30,13.25; . 31,3-4.

77. Ct. II, p. 1,31-2,20. (la traductionest celIe M. TardieuCodexde

Berlin,Paris: Cerf, 1984; noter son commentaire, p. 244ss., otam-

ment son rapprochementaweces "trois paroles" de l'Evangile de

Thomas,og. 13).

78. a. pp. 53,23-54, (§ 7 seJon . Layton).

79. Ct. p. 54,18-30 § 9, selonB. Layton).

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A POLYMORPHIE DO CHRIST

Pour nous, la verite [c'est-a-dire Ie Fils qui est Ie Nom du PereBO]

engendre des noms dans Ie rmonde, a verite a laquelle on ne peut

faire reference sansnoms. La verite est unique f ..f, elle est multiple

et c'est pour nous qu'elle fail; reference a cette chose unique par l'in-

termediaire de la multiplicite [...] La verite n'est pas venue nue dans

Ie monde, mais elle vint daIJ5des types et des images. Le monde ne

recevra la verite sous aucune:autre formesl.

On peut enfin mentionne:r Ie passageprotologique du Traite

Tripartite qui presente, de maniere litanique, Ie Fils comme la

raison constitutive du Plerome et comme la partie perceptible

du Pere ineffable, en tant que Nom et noms du Pere, et, notam-

ment, en tant que corps de l'incorporel et forme de ce qui n'a

pas de forme :

C'est lui [Ie Fils] qui donna fermete, lieu et demeure au Tout. C'est

qu'il porte Ie Nom, ayant un rnom qui est peTedu Tout...

C'est lui qui est appele Ie FillSet ill'est; il est les Touts et celui dont

ils ont reconnu qui il etait; el: l se revet lui-meme.

C'est celui-la [Ie PeTe]qui existe comme PeTeet dont on ne peut par-

ler et qu'on ne con~oit pas; c:'est ui qui existe e premier...

Mais tout nom qui est conQUou prononce a son sujet, est proclame

pour sa gloire, comme sa trace, selon a capacite de chacun de ceux

qui Ie glorifient.

Celui [Ie Fils] donc qui de ]IIi [Ie PeTe]s'est leve, comme Ie soleil a

l'horizon, se deployant en vue de l'engendrement et de la connais-

sance des Touts, lui, par cootIe, il est tous les noms, sans mensonge,

et il est veritablement Ie seuijl remier homme du PeTe.

C'est lui que j'appelle la tonne de ce qui n'a pas de forme,

Ie corps de l'incorporel,

Ie visage de l'invisible,

Ie logos de l'ineffable,

l'intellect de l'inintelligible,

la source qui a jailli de lui,

la racine de ceux qui sont pliantes

et Ie dieu de ceux qui se prosternent,

la lumiere de ceux qu'il illumine,

la volonte de ceux qu'il a voulus,

La providence de ceux qu'ilpourvoit,

l'intelligence de ceux qu'il a rendus intelligents,

so. Cposurtout l'ensemble de c:epassagea Evangile de Verite,NHC I, 3,

pp. 38, 6-40, 29 (noter 39, 3-5;-40,9-13).

81. Ct. pp. 54, 13-17; 67,9-12 (§§ 8 et 59, selon B. LAYfON).

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H. GARCIA

la puissancede ceux ii qui i) donne puissance,

l'assembleede ceux avec qui il s'assemble,

la revelation de ce qui est re.cherche,

l'oeil de ceux qui voient,

Ie souffle de ceux qui respirent,

la vie des vivants,

l'unite de ceux qui sont uniij"

Tandis que les Touts sont tQ)utentiers dans l'Un, qui est tout entier

revetu de lui-meme, et dans son nom unique, il n'est amais appele de

ce nom. Et de la meme fal;:oo ls sont pour leur part, ensemble, 'etre

unique et les Touts.

II n'est ni divise corporellement, ni divise entre les noms oil il est, de

sorte qu'il serait ceci de cette fac;on-ciet cela de celie fac;on-lii. I... ne

subit de changement selon les noms oil il se trouve, de sorte qu'il

serait tantot ceci, tantot ceia, qu'il serait different d'un moment ii

l'autre. Mais il est tout enti\er i jamais. II est chacun des Touts eter-

nellement et simultanemetDt; l est ce qu'ils sont tous, en tant que

PeTedes Touts, les Touts sllInt aussi ui. Or il est sa propre connais-

sance et il est chacune de s~squalites et puissances, e sortequ 'il est

l'oeil par lequel il voit tout ce qu'il connait, puisqu'ille voit tout

entier en lui-meme, ayant FUset forme.

C'est pourquoi innombrab~es sont ses puissances et ses qualites, et

elles sont inouYeset indivisilbles sont les engendrementsdes logoi, et

sescommandements et ses.Touts. Illes connait, ce qu'il est en lui-

meme, puisqu'ils sont dans Ie nom unique, tous etant en lui, parlant.

Et s'illes produit, c'est afiflJqu'on decouvre qu'ils sont dans l'unite

conformement ii chacunesdies ualites.

Et encore, la multitude, il ne l'a pas manifestee aux Touts en tine

seule fois, et son egalite...82

Cette presentation longue et grandiose de la constitution de

ce Fils pler6matique it la fois polyonymique et polymorphe, qui,

comme unique, est tout ce qju'il a, t travers lequel se fait glorifier

et connaitre progressivement Ie Pere ineffable, n'est pas sans

evoquer t son tour la theorie d'Origene concernant es 'EJtLvoLaL

du Christ, it savoir les mul1tiples itres scripturaires du Christ83,

qui decoule de ses itres fo,ndamentauxde Sagesseet de Logos,

dont Origene rend compte notamment dans Ie premier livre de

82. Traite Tripartite,NHC I, 5, pp. 65,7-67,36 (Ia traduction est celie de

L. PAINCHAUDIE. THOMASSENds. Le Traite Tripartite, Quebec:

Pressesde l'Universite Laval (BCNH, "Textes", n° 19), 1989,pp. 87-93.

83. Cp., a cet egard, Philon d'Alexandrie De Mutatione Linguarum, 125

(sur Ie MoIse scripturairement 3tOAUoNuJ QV).

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A POLYMORPHIE DU CHRIST

son Commentaire sur Jean84, insi que dans une section de son

Traite des Principes85; denominations qui correspondent aux

divers aspectsdu Christ: aux biens qu'il est ui-meme, qui sont

annonces par l'Evangile et auxquels ses disciples participent de

diversesmanieres86. elon cette doctrine,

...Le Fils unique de Dieu... re:~oitdes noms multiples et divers selon

les realites ou les opinions <file eux qui l'appeIlent87. II est nomme

Sagesse...I est aussinomme Ie Premier-ne... II n'est pas un autre pre-

mier-ne par nature que la Sagesse, ussi l est un avec elle et Ie meme

qu'eIle... La Sagesseest Ie principe des voies de Dieu... creee en tant

qu'elle preforme et contient (praeformans et continens) en elle les

especeset les raisons de toute la creation... Elle est a Parole de Dieu

par Ie fait qu'elle ouvre a toms es autres etres, c'est-a-dire a toute la

creation, la raison des myst~res et des secrets, ous contenus sans

exception dans a Sagesse e lDieu88,

II est possible qu'Origene, apres d'autres89, eprenne polemi-

84. Ce premier livre commente seulement e premier verset de l'Evangi-

Ie johannique : Dans Ie principe etait Ie Logos (mais voir Ie repertoire

des principaux passagesdans tout Ie Commentaire sur Jean donne par

J. WOLINSKI, . 491s.,dans son article indique plus bas).

85. Ct. Origene Traite des Princlpes, I, 2.

86. Sur cette doctrine, je r,envoie aUK deux etudes suivantes:

H. CROUZEL,Le contenu spirjrouel es denominations du Christ selon

Ie livre I du Commentaire sur Jean d'Origene , dans H. CROUZELI

A. QUACQUARELLI ds Origeniana Secunda, 1980, pp. 131-150; J.

WOLINSKI,Le recours aUK EmNOIAI du Christ dans Ie Commentaire

sur Jean d'Origene , dans G. DORIVALI A. LE BoULLUEC eds.

Origeniana Sexta,Leuven : University Press,1995,pp. 465-492.

87. CpoOrigene CommentaireSIWrean, , 119: Dieu est absolumentun

et simple. Mais, a causede la multiplicite (bLa tit noMa), notre Sauveur...

devient beaucoup de choses (nl()Ma YLVE tUL),eut-etre meme tout ce

qu'attend de lui toute creature capablede recevoir a delivrance .

88. Ct. Origene Traite des Prin~ipes, I, 2, 1.3; noter Ie commentaire de

H. CROUZEL, . 131: Alors que Ie PeTeest absolument un et simple, Ie

Sauveur est devenu multiplicitt a cause de la diversite des creatures,

tout en restant un par I'unite diesa personne, car les distinctions d'epi-

noiai ne sont pas des distinctions dans I'etre: Ie mot EnLvoLU esigne en

effet tine maniere humaine de oonsiderer es choses .

89. Ct. notamment Clement d'Alexandrie Stromates IV, 25, 156, 1-2:

 Dieu, etant indemontrable, n estpas objet de science; Ie Fils, lui, est

sagesse, cience, verite, etc., it [petit donc etre demontre et decrit... Le

fils n'est ni parfaitement un, ni piusieurs, mais w~ naVtu EV cite par C.

BLANCdans son edition du C~mmentaire sur Jean d'Origene, Paris:

Cerf-Sources Chretiennes 120, 19962, . 120,note 2).

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H. GARCIA

quement et adapte une doctrine protologique et soteriologique

ancienne, a la fois courame et diversement construite dans leg

gnosticismes du lie siecleoo,notamment en ce qui concerne la

collection et l'organisatioJ1l e titles scripturaires designant des

realites celestes91. ur ce l~eu heologique, comme sur beaucoup

d'autres, la propre construction d'Origene constitue certaine-

ment un terminus ad quem ala fois naturel et singulier des

debats theologiques dont leg traditions gnostiques, dans leur

diversite, ont ete leg grands: romoteurs et vecteurs.

Reprise et perspectives.

Les remarques qui precedent visaient surtout a reconcilier leg

phenomenesde metamorphose et de polymorphie, en critiquant

la definition reductrice de P. J. Lalleman et en prolongeant celIe

d'E. Junod. II est evident que Iii polymorphie, en tant que possi-

bilite divine (ou assimilee) de transformation, de ce fait a priori

illimitee, manifeste un phcnomene theologique et litteraire plus

fondamental que la simplle metamorphose; ce dernier terme

exprime formellement Utm rocessus de transformation, un

 changement de forme , mais constitue surtout, dans leg tradi-

tions a notre disposition, une possibilite parmi d'autres de la

capacite polymorphique d'un dieu.

Le vaste et heterogene dossierpresente ici manifeste parfaite-

ment, a man gens, a mesute reelle du sujet et de ses enjeux itte-

raires, historiques et religieux. La question de la polymorphie

semble ainsi complexe, en affiant comme en aval, dans ses ori-

gines comme dans son utilisation ponctuelIe, notamment a tra-

vers des systematisations ardives et diverses92.'entends ici par

systematisation a rationali.sationde ce fonds religieux en fonc-

tion d'une perspective conceptuelle specifique a chaque religion

utilisatrice, qui aboutit, pat exemple dans e christianisme, a l'or-

90. Cpo notamment les diffelflents passages de I' Evangile de Philippe,

cites plus haut danscet article..

9L Cf. notamment R. M. GRANT, Place de Basilide dans la theologie

chretienne ancienne , dans REA 25, 1979,pp. 201-216.

92. A propos de I'influence de I'oeuvre d'Homere sur les traditions

chretiennes, cf. notamment la monographie suggestive de D. R.

MAcDoNALD Christianizing Hornet: The Odyssey,Plato, and the Acts of

Andrew, New York Oxford: Oxford University Press, qui met en evi-

dence Ie fait d'un texte chretiienplus attentif aux auteurs classiques

qu'a la Bible elle-meme. Il oneparait curieux, cependant, que, dans ce

contexte d'intertextualite el. selon I'hypothese qui est la sienne,

MACDoNALDne developpe p~s e theme de la polymorphie.

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A POLYMORPHIE DU CHRIST

ganisation tripartite ou bipartite (ou autre) des apparitions poly-

morphiques du Sauveur93.C'est en fonction de res rationalisa-

tions et systematisations,a partir d'un terreau religieux relative-

ment universel, dont Ie christianisme beneficie a sa maniere

comme une religion de l' Antiquite tardive parmi d'autres reli-

gions, qu'il taut TeDdIecompte des differents "types" de poly-

morphie dont parlait E. Junoo.

On pent illustrer ces propos par tine breve presentation du

phenomene polymorphique ,dans e Judalsme.La, par contraste,

ce sont eg anges ou de fares "justes" qui sont "metamorphoses".

Les theophanies leg plus spectaculaires de Yahweh, pourtant

exprimees et decrites de maniere anthropomorphique, ne livrent

cependant pas la "forme" wropre de ce demier94. Ce sont leg

anges qui beneficient peu ou prall, en fonction de leur mission,

des capacites polymorphiqwes qui faisaient l'apanage des dieux

grecs, en prenant notamment des formes humaines95.Quelques

justes participent a cette ~rerogative angelique, mais d'une

maniere apparemment plus limitee. En fait, l'aboutissement de

93. Les donnees hagiographiques tardives, que j'ai stigmatisees positive-

ment comme "residus", representent autant de receptions et d'adapta-

lions systematiques de ce terreau polymorphique traditionnel. Ce pro-

cessus de rationalisation atteint jusqu'a nos tentatives modernes de

circonscrire et de definir Ie phemlomene polymorphique: jusqu'a la ten-

tative, que j'estime outranciere, de P. J. LALLEMAN.

94. Voir, par exemple, Ie buissan ardent, en Ex 3, lss., et Doter Ie com-

mentaire de Philon, Vie de MoiSe, I, 66: "Au milieu des flammes s'eleva

tine forme ( OP< >tl) extremememt belle qui ne ressemblait a aucun objet

visible, tine image d'apparence vraiment divine, rayonnant tine lumiere

plus eclatante que Ie feu, tine: forme qu'on efit prise pour image de

l'etre. Appelons-la un ange"); Ie "dos" de Yahweh ("ta OXLOW 1J,O1J), n

Ex 33, 23; la voix d'un leger souffle d'air « >wvi] avpa~ AEX"t1]~ KaKE'L

K{,pLO~), en 3 R 19, 12; la vision de l'image de la gloire de Yahweh, en

Ez 1, lss. surtout 26-28 .Cpo encore Philon Legatio ad Gaium, 110 et

l'expression 6EOU Op< >i]; mai:s il Teste clair que, pour Ie juif Philon,

Dieu n'est pas anthropomorphe (De Mutatione hominum, 54; De

Congressu eruditionis gratia, 11.5; De Confusione linguarum, 135: "En

realite, Ie Ugislateur applique ici pour la commodite de nOlle educa-

tion un langage humain a ce Dieu qui n'a pas de forme, "tau"ta bE av-

6PWXOAOYE'LtaL xapa "t<\> o o69i"t1] XEpL "tOU i] av6pwxo 6p<j>0'U 6EoU

bLa "ta~"tOw xaLbEUO ivwv Tt iiIt"l... w< >EAELa~)".

95. Cf. Raphael, Tob. 5, 5 (LXX vEavLOKE); leg "etres vivants" poly-

morphes et chimeriques d'Ez 1, 5ss.; leg fameux "Veilleurs" ayant prig

tine forme humaine, Testament.de Ruben, V, 6 (cf. Gen 6, 2; 1 Henoch,

VI, lss.); l'ange d' Aseneth, Jos~ph et Aseneth, XIV; 8, (sous la forme de

Joseph lui-meme); Philon, Vie de Moise, I, 66; Doter encore leg trois

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H. GARCIA

leur parcours de fidelite consiste surtout dans leur promotion a

un statut celeste et angeli'1lue96,ouvent par leur transformation

angelique au cours ou au llerme d'un voyage celeste97, vant ou

apres leur mort.

Ainsi l'impact des traditiOns polymorphiques sur un texte par-

ticulier pent varier en fonction des relais et contextes religieux

qui ant determine ce texte. Le maude religieux de l'Egypte hel-

lenistique represente un "bouillon de culture" particulierement

important, dans a mesure oil la plupart des textes traitant de la

polymorphie d'un quelco11Jqueersonnage, divin ou angelique,

semble provenir d'Egypte, a savoir aussi bien leg textes heno-

chiques que l'Ascension d'Isai"e,eg Actes de Jean, 'Apocryphe

de Jean ou Ie Physiologus,etc. A ce dossier pent s'adjoindre la

question ancienne de l'origine eventuellement egyptienne

d'Homere, evoquee notamment par Heliodore a travers Ie per-

hommes que rencontre et accueille Abraham, en Gen 18, 1ss.,celui de

Gen 32, 25-32 luttant contre Jacob, et Ie propos de Tertullien, dans son

De Carne Christi (III, 6-7), sur ces deux references bibliques; noter

enfin et surtout, dans un contexte analogue, a polymorphie de la Mort

dans Ie Testament 'Abraharn, XVI-XIX (cf.le propos recapitulatif, &L-

&a;ov I E taoas oou -cas E-Ct:4I Op(j>o)OELS.IX, 5).

96. Cf. Ie bref dossier etabli [parJ. H. CHARLESWORTH,The Portrayal

of the Righteous as an Angel", dans G. W. E. NICKELSBURG/. J.

COLLINS ds. Ideal Figures in Ancient Judaism. Profiles and Paradigms,

Chico: Scholars Press,1980,pp. 135-151;a completer par celui de C. H.

T. FLETCHER-LoUIS uke-Al'ts.. Angels, Christology and Soteriology,

Tubingen: Mohr Siebeck, 1997,pp. 109-215. Dans Ie cas d' Adam, il

s'agit d'abord de la perte de son statut angelique originel (cf. Vie Latine

d'Adam et Eve; 2 Enoch/version longue, 30, 8-18) qu'il retrouve, appa-

remment apres sa mort (cf. Testament 'Abraham; 11,4ss.).

97. CHARLESWORTH'evoque pas Ie theme du voyage celeste; sur ce

dossier,cf. A. F. SEGAL, Heavenly Ascent in Hellenistic Judaism,Early

Christianity and their environtment", dans ANRW II. 23. 2, 1980,pp.

1333-94; et surtout K. M. HIr.UMELFARBscent to Heaven in Jewish and

Christian Apocalypses, New York/ Oxford: Oxford University Press,

1993,qui lie directement ce theme a celui de la transformation angelique

du voyageur visionnaire et ren,dcompte a cet egard de l'importance des

traditions henochiques, jusqu'au climax thematique que constitue la

revelation de Metatron/Henoch exalte, dans Ie texte tardif III Henoch

(sur les enjeux de res traditions que, par manque de competence,e n'ai

pu aborder ici, pour la polymorphie du Christ, d. les suggestifs ravaux

de G. G. Stroumsa, Polymorphie divine et transformation d'un mytho-

logeme: l'Apocryphon de Jea/' et ses sources",dans Vigiliae Christianae

35,1981, pp. 412-434; "Form{s) of God: Some Notes on Metatron and

Christ", dans Harvard TheologicalReview76/3, 1983,pp. 269-288).

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A POLYMORPHIE DU CHRIST

sonnage du pretre egyptien Calasiris, dans Ie contexte meme de

la polymorphie des dieux98.

C'est ce qu'avait notamment bien per~u E. Junod, lorsqu'il

rendait notamment compte d'un type specifique de polymor-

phie, a savoir l'apparition du Dieu etemel et bienveillant sons

des ages differents99, apparemment en lien avec Ie Dieu Horus

et Ie culte solaire egyptien et qui semble influencer un certain

nombre de textes chretiens egyptiens du deuxieme siecle,

notamment l'Apocryphe de Jean et les Actes de Jeawoo. Ce motif

ancien a pu egalement influencer Tatien (Oratio ad Graecos, 26),

selon lequelle temps etemell apparait aux hommes sons les trois

formes du passe, du presenll et du futur, lesquelles pourraient

correspondre aux differents ~ges du SeigneurO1, Temps person-

nifie, ages de la vieillesse, dIIe 'adolescence (I' age adulte com-

men~ant) et de l'enfance.

Sur ce motif ou type des differents ages du Christ, la reception

et l'elaboration christologique de certains logia evangeliques,

notamment la parole de Jesras: "Le plus petit dans Ie royaume

de Dieu est plus grand que lui, () ~E .tLKp6'tEpo~EV t~ j3aGLAEt(;I

'tov 8EoV .tEt'(,UJVv'toV EG'tLV" Lc 7, 28), a pu s'averer decisive

pour rendre compte des variations de l'age1O2et plus glob ale-

ment de la stature physique du Christ Sauveur: ainsi, par

98. Noter Ethiopiques, III, XIII, 3; XIV:

99. Le nombre peut varier de deux a quatre.

100. Cf. E. JUNOD, "Polymorphie du Dieu sauveur", p. 42.

101. De fait, a mon sens, Ie text~ de Tatien, en lui-meme, est loin d'etre

evident sur ce theme precis; cf. Tatien, Gratio ad Graecos, 26: 1:L It°L

ItEpL~E1:E1:Ov Xpovov AEYOVtE~ 'to ItEV 1:L E"LvaL JtaP >XllKO~ au1:oo 1:0 bE

EVEO1:00~ :0 bE ItEAAOV; Jtro~ yap OVVa1:aL JtapEA8E'LV () ItEMWV E'LEO1:LV )

EVEO1:00~;WaJtEp bE Ot E :1tAEOVtI:~ 1:Tj~ VEW~ $EpOltEVll~ OtOVtaL bLa 1:f1V

<Xlta8LaV 01:L 1:a OPll 1:PEXOUOLV OV1:W Kat VltEL~ OU YLVOOOKE1:E

Jtapa1:pEXOVta~ ItEV Vlta~ EOTWTa c5i: TOV aiwva ItEXPL~ <Xv aU1:0V ()

JtoLrJoa~ ELvaL 8EArJO':J/ ("Tell me, why do you divide up time, saying

that part of it is past, part preselllt, and part future? How can the future

become past, if the present exists? Just as people on board ship think in

their ignorance that the montains are running when the ship is moving,

so you too do not realize that yot are speeding by, but the age stand still,

as long as its creator wishes it to exist"; Ie texte critique et la traduction

sont de M. WHIlTAKER, Tatiatrt, Gratio ad Graecos and Fragments,

Oxford: Clarendon Press, 1982).

102. Cf. Valentin, fro A (selon B... LAYTON); Evangile de Thomas, log. 4

(selon B. LAYTON); et cpo Lucien Dialogues des dieux, 6 (a propos

d'Eros, Ie toujoursenfant et Ie p~us ancien des dieux). Je suis redevable,

pour cette reference de Lc 7,28, a Jean-Daniel Dubois.

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H. GARCIA

exemple, la taille extraordinaire de ce dernier03, sa capacite a

prendre taus les agesl04, 31rillance de son aspectou de certains

de ses membres1O5,es changementsde densite de son COrpSl06,

etc.

Ces traits et qualites distinctifs de la forme de Jesus,voire de

certains de ses disciples, sont suggestivementanalogues a ceux

des dieux polymorphes du paganisme; ainsi, par exemple, la

grandeur surhumaine1O7.e me-me, uggestivement, a litteratu-

re juive, notamment rabbinique, abonde en exemples qualifiant

certains ustes (comme Adam) d'une taille gigantesquel08.

Toutes res variations quralitatives, artielles ou totales, de l'as-

pect ou de la forme des dieux, des anges, de Jesus ou de ses

saints, usqu'au changementd'odeur 109,ont, il taut Ie souligner,

autant d'exemples parfaitement legitimes de polymorphie 11°.

Enfin, Ie theme conjoint du jeune homme ou du vieillard ,

dans la litterature romanesque grecque et romaine de l'epoque

imperiale, lie au motif du roman dans Ie roman qui implique

une sorte de dedoublementdes personnageset de la trame roma-

nesque,a pu fournir un motif usuel pour decrire Ie ministere ter-

restre du Dieu transcendamt, omme celui de son apotre patente

forme a sa ressemblanceltl, Ce rapprochement intertextuel et

thematique avec a litteratlLlre romanesque pourrait s'averer, par

ailleurs, eminemment suggestif et polymorphe , depassant e

simple theme de la polymorphie112.

103. Ct. Evangile de Pierre, X, 40 (cp. Lc 7, 28); Actes de Jean, 89; 90;

noter encore Epiphane, Panarion, 26, 3, 1 (cp. Dialogue du Sauveur, II,

5, p. 136, 17-23); Hermas, Le Pasteur, Similitudes, IX, vi, 1; IX, xii, 8.

104. Ct. Actes de Jean, 88-89; Actes de Pierre, XXI; Actes de Philippe,

IV; 2; VI, 12, XIV; 4 (voir F; Amsler/ F. Bovon/ B. Bouvier, Actes de

l'ap{jtre Philippe, Tournai: Brepols, 1996,p. 210,note 483),etc..

105. Ct. Mt 17,2 (Lc 9, 29); Actes deJean,90.

106.a. Actes de Jean,89; 93; cpoMartyre de Philippe, 20.

107. Cf., par exemple, Hymnes homeriques,a Aphrodite (I), 172-175;a

Demeter 1),188-189.

108. Voir les multiples refereoces chez Fletcher-Louis, o.c.,p. 143s.

109. Ct. Testament 'Abraham, XVI, 4.8; XVII, 8.17-18.

110. Me-me suggestive, et inattendue, conclusion chez P. J. LALLEMAN

The Acts ofJohn, p.171.

111. Ct. F. LETOUBLONes Lieux communs du roman. Stereotypes recs

d'aventure et d'amour, Leidefl: Brill, 1993; pour Ie motif suggestif du

 roman dans Ie roman , cf. PI'. 93ss.Ce motif s'avere particulierement

suggestif pour comprendre l'importance litteraire du disciple bien-

aime dans sa trajectoire parallele et analogue it celIe de Jesus dans

l'evangiIe johannique et notarnrnent dans les Actes de Jean (noter 92).

112. On peut relever que P. 1.. LALLEMAN The Acts of John, pp. 57) a

rnis en valeur un rapport strUt:turel entre cet apocryphe chretien et les

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49

A POLYMORPHIE DU CHRIST

Les potentialites de ce "terreau" polymorphique sont, on l'a

vu, extremement diverses. Bies posent effectivement des ques-

tions tres variees: questions d'origine, de reception, de trajectoi-

re et de transformation. Elles posent notamment, dans Ie chris-

tianisme en tant que lieu de reception de traditions multiples, la

question de la nature du corps ou de la forme du Christ Sauveur,

de son corps "incame" ou de: son corps "ressuscite"113,orps ou

forme "pneumatique" et/ou "psychique", instrument specifique

de ses multiples metamorphoses, ainsi que Ie problematise sug-

gestivement un passage des Extraits de Theodote (10, 1) qui

identifie directement forme let corps et les applique aux esprits

celesteset surtout au Fils et oil les corps et les formes celestesse

distinguent en fonction de la preeminence des uns par rapport

au autres, Ie "sur-corps" celeste lui-meme admettant ainsi une

certaine hierarchie qualitativ,e

Mais ni les etres pneumatiqlJaes intelligents, ni les archanges, ni les

protoctistes, ni meme, il faut: l'affirmer, <Ie Fils> lui-meme, ne sont

sans forme, sans contour, san~ figure, sans corps (oob' av't6~ a op<j>o~

Kat avEibEo~ Kat aOXT] ci'tLO'tO~ Kat aow a'to~ EO'tLV), Mais il a

Lui-aussi, une forme propr~ d un corps en proportion de sa preemi-

nence sur tous les etres pneumatiques ( Op<j>Yjv XELbiav Kat ow a

av<1 AOyOV tT]~ U1tEPOXT]~tWv JtVEU a'tLKwv): de meme que les pro-

toctistes ont un corps en proportion de leur preeminence sur les sub-

stances qui leur sont inferieures... Ces etres superieurs n'ont pas une

forme et un corps semblables aux corps qui sont dans notre monde.

Metamorphosesd' Apu1ee. Par ai1leurs,on petit noter l'analogie entre

l'initiale dramatique de l'oeuVIWt 'Apulee (Metamorphoses, , IIss.) et

1amise en scenede Lc 24, 13ss..,de meme qu'on petit relever l'usage du

flashback (ou du "recit dans 1e recit") present dans la plupart des

romans grecs et latins, notamment chez Apulee, et precisement present

dans les Actes de Jean SOliSa forme d'un "mini-evangile" a caractere

personnel. Tous ces details litl:eraires et thematiques construisant un

rapport intertextuel entre rom~ns grecs et latins et les traditions chre-

tiennes s'averent effectivement suggestifs et constituent certainement

un champ d'investigation prometteur. Sur ce sujet, cr. l'ouvrage pro-

grammatique de G. W. BOWERSOCKiction as History. Nero to Julian,

Berkeley: University of California Press, 1994; et les travaux thema-

tiques de D. KONSTAN noter surtout" Acts of Love: A Narrative

Pattern in the Apocryphal Acts", dans Journal of Early Christian

Studies, :1, 1998,pp. 15-36).

113. cr. Ephrem de Nisibe Hymnes sur Ie Paradis, V; 8, precedemment

cite.

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50

H. GARCIA

Ici-bas, les etres sont miles ou femelles et different les tins des

autres.Y4

La derniere propositioOidu passage,a propos de la condition

de l'ici-bas, renvoie a son tour a certaines raditions chretiennes,

selon lesquelles il s'agit, pour les femmes croyantes, de changer

de forme ou d'apparence,. 'est-a-dire de sexe et de nature cor-

porelle, et de devenir rnale 115et de rejoindre l'unite d'une

seule nature. A cette condition, Marie de Magdala par exemple,

est presentee de maniere trimorphe dans son rapport a Jesus1l6.

La question precise est ainsi celIe de circonscrire les multiples

etapes par lesquelles a c$lJ>acitee polymorphie, comme prero-

gative divine, est passee d'un sur-corps divin, celui des dieux

grecs homeriques1l7, un corps spirituel1l8, usqu'au Dieu sans

COrpS1l9. cet egard, l'ev'entuel debat valentinien sur les diffe-

114. Sur cette identification des termes corps et forme, ct. Traite

Tripartite, p. 66: C'est lui que j'appelle la forme de ce qui n'a pas de

forme, Ie corps de l'incorporel ; Doter encore Ovide Metamorphoses,,

1-2: In nova fert animus mutatas dicere formas corpora; et cpo 'usage

du terme forme et de sessynonymesdans Ie Corpus Hermeticum, et

sa reaction en chaine d'apparitions et revelations, Doter, par exemple,

12.14.

115. Ct. Evangile de Thomat, 114; Extraits de Theodote,21, 3; 79; Actes

de Philippe, 8, 3. 4 (noter texte et variante chez. F. Amsler/ F. Bovon/

B. Bouvier, Actes de l'Apotre Philippe, Tournai: Brepols, 1996,pp. 177

et 245); Odesde Salomon,XIX, 10. Noter egalement 'excellente mono-

graphie de A. MARJANEN, he WomanJesus Loved. Mary Magadalene

in the Nag Hammadi Library and Related Documents, Leiden: Brill,

1996,pp. 48ss.,et sa bibliognaphie).

116 Ct. Evangile de Philippe, 28 (selon a numerotation de B. LAYTON)

Marie est presenteea la fois comme la mere, a sreur et la partenaire de

Jesus (pour cette interpretalfion, ct. C. TRAUTMANN,La parente dans

I' Evangile selon Philippe , diansB. BARCed. Colloque international sur

les textesde Nag Hammadi (Quebec,22-25 aout 1978), BCNH section

 etudes 1, Quebec/ Louvaillt: Pressesde l'Universite Laval/ PEETERS,

1981,p. 273; A. MARJANENhe Woman JesusLoved, pp. 160ss.).

117. Cf., sur ce point, I'articbe magistral de J. P. Vernant precedemment

cite.

118. Noter, par exemple, 1 Cor 15, 35ss.; 2 Cor 5; Ephrem de Nisibe

Hymnes sur Ie Paradis, V, 8; voir egalement les syntheses de J. M.

ROBINSON,Jesus from E~ster to Valentin us (or to the Apostles'

Creed) , dans JBL 101/1, JIIp.5-37, et de G. J. RILEY Resurrection

Reconsidered.Thomas and and John in Conflict, Minneapolis: Fortress

Press,1995,pp. 7-68.

119. Cf., par exemple, Actes de Jean, 93; Irenee, Adversus Haereses,,

24,4 (precedemmentcite).

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A POLYM(]IRPHIE DU CHRIST

rentesqualites du corps du Sauveur2O 'est pas sans ien avec es

multiples etapes de cette trajectoire polymorphique et de cette

problematique christologique fondamentale.

La presentation generale qpi precede a surtout manifeste 'im-

portance de la reception du pthenomenede la polymorphie dans

les textes chretiens des premiers siecles du christianisme, voire

plus tardivement121.I const~lue ainsi un veritable probleme de

christologie au sein du chris1:[anisme ncien, longtemps neglige

des historiens de cette disu:ipline, selon l'avis meme d'Eric

Junodl22.

L'absence elative de deba~sur ce phenomene polymorphique

chez les Peres de l'Eglise el:.,par consequent, l'absence quasi

complete de travaux chez es patristiciens contemporains, a pro-

bablement de multiples caus:es,aussi bien d'ordre theologique

qu'institutionnel.

D'un point de vue theologique et global, il semble que Ie

theme de la polymorphie des ,dieux ait constitue, pour la christo-

logie ancienne, un moyen effilcacede decrire la venue et la reve-

lation du Christ dans la vie des hommes; un moyen ambigu,

cependant, en ce sens qu'il alJignait raditionnellement Ie Christ

sur Ie modele des dieux dits patens, sans articuler de principe

de dissimilitude suffisamment fort pour faire de Jesus-Christ

une nouveaute adicale dans l'histoire religieuse de l'humanite.

De ce fait, Firmicus Maternus se demarque de cette ligne apolo-

getique : il renvoie a puissancepolymorphique aux dieux patens

et en fait un pouvoir specifiquement demoniaque doni les dieux

120. Ct. Elenchos, VI, 35; voir la contribution de J. D. KAESTLI,

 Valentinisme italien et valentinisme oriental: leurs divergencesa pro-

pos de la nature du corps du Christ , dans B. LAYTONed. The

Rediscovery of Gnosticism. Prot;eedings of the international Conference

on Gnosticism at Yale New HIi'ven, Connecticut, March 28-31, 1978,

VoJumeone.. The School of Valentinus, eiden: Brill, 1980,pp. 391-403.

121. J'ai releve deux cas de polymorphie dans des traditions hagiogra-

phiques concernant Nicolas de Rlue; Pun reprend et adapte l'apparition

des trois hommes a Abraham (Gm 18, 1ss..); 'autre presente un casplus

singulier de polymorphie polYPMnique: Jesus apparalt a Nicolas SOliS

la forme d'un vieillard qui laisse entendre, en chantant, trois voix difte-

rentes en meme temps (je renvoie a la Vie de Nicolas de Flue, Lucerne,

1786,pp. 33-37). On peut egalement relever Ie propos de J. MOINGT ui

utilise Ie terme de polymorphisme pour definir la doctrine medievale de

la triple presence du Christ, Ie 'corps triforme du Christ: physique ou

terrestre, eucharistique ou saaramentel, mystique ou ecclesial (cf J.

MOINGT, Polymorphisme du oorps du Christ , dans Le Temps de la

reflex on VII- Corps des dieux-, Paris, Gallimard, 1986,pp. 47-62).

122. Cf. E. JUNOD,Polymorphie du Sauveur , pp. 38.46.

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52

H. GARCIA

traditionnels representeot les diverses formes, apparences et

manifestationsl23.

Plus precisement, a cri1ique du christianisme par l'intellectuel

platonicien Celse124'est pas sans nteret dans ce contexte, dans

la mesure ou elle articule notamment la traditionnelle denoncia-

tion philosophique des metamorphoses des dieux125et donc,

pour Celse, du dieu chre:tien descendu du ciel et fait chair26,

avec la reconnaissancespecifiquement hellenistique d'un fonds

commun selon lequel l~s traditions culturelles des diverses

anciennes nations dites oorbares, comme celIe des grecs, sont

redevables d'un noyau oommun de verites et de croyances ou

peuvent se cotoyer, voire s'interpenetrer127, e maniere toleran-

te, differences sagesses, ysteres et religionsl28.

Cet a priori a la fois mythique (cf. Ie fameux "age d'or"), cul-

turel et philosophique et Lesraditions tres diverses qui Ie repre-

sentent sont facilites dans leur diffusion et leur accessibiliteuni-

verselle par la formulation grecque a travers laquelle la plupart

des penseurs et des "invemteurs" de traditions d'origine diverse,

taus etant ainsi proprem,ent "hellenistiques", s'exprime. II per-

met, en outre, la construction philosophique d'une unique entite

U3. CpoDt 32,17; 1 Co 10,20s..

124. Je reprends ici certains points du remarquable article de M. FREDE

"Celsus' Attack on the Chriistians", dans J. BARNES/M. GRIFFIN ds.

Philosophia Togata I. Plato and Aristotle at Rome,Oxford: Clarendon

Press, 1997, pp. 218-240. Je renvoie egalement a R. L. WILKEN The

Christians as the Romans Saw Them, New Haven: Yale University

Press,1984,pp. 94-125.

US. Noter la critique et l'ironie de Xenophane, cite par Clement

d'Alexandrie, dans sesStromates: VII, 22; V, 109-110 je renvoie a l'edi-

lion de J. P. Dumond et al. Les Presocratiques, aris: Gallimard, 1988,

p. 118); noter surtout les propos fondamentaux de Platon Republique,

II, 380dss. et cp., par contr;llste, Evangile de Philippe, §23 (selon B.

LAYTON).

U6. cr. Origene Contre Celse, V, 2.14. Cette critique des metamor-

phoses est liee, conformem~nt a Platon (cf. ibid.) et telle que l'illustre

les Metamorphosesd' Apulee, a la critique de la magie et a son usage en

religion. A cet egard, Jesus et la communaute chretienne sont qualifies

negativement par Celse de magicien et d'utilisatrice de procedes ncan-

tatoires magiques (cf., par exemple, Origene Contre Celse,VI, 40; sur

cet aspect de la critique de 'Celse, r. E. V. GALLAGHER ivine Man or

Magician? Celsus and Origen on Jesus, Chico: Scholars Press, 1982,

ainsi que recemment J. A. FRANCISubversive Virtue. Asceticism and

Authority in the Second-Century Pagan World, University Park:

Pennsylvania University Press,1995,pp.131-179).

U7. cr. Origene Contre Celsc, ,15.

US. cr. ibid., I, 14.

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A POLYMORPHIE DU CHRIST

divine qui se manifeste legitJimementa travers la myriade des

diverses cultures, comme l'ilBustre notamment Ie propos signifi-

catif d' Apulee precedemment cite (MetamorphosesXI, 2; 5)129.

Selon cette Weltanschauung ellenistique, l'erreur du christia-

nisme (comme auparavant celIe du judalsme) est doublement

meprisable aux yeux de Celse: d'une part, celui-ci "remythologi-

se" ses traditions particulieres sur Ie mode des mythes grecs de

metamorphoses et les assume itteralement (Dieu a vraiment pris

une chair; Jesus est vraimel1t Ie seul Dieu13O);d'autre part, il

impose ses raditions comme ,etantuniques et exclusiveset, par-

tant, a la fois intolerantes de$, utres traditions religieuses et fac-

teurs de dissensionet de rupmurede la paix civile dans l'empire

TomainoSon ntolerance monotheiste et son fetus de reciprocite

religieuse manifestent paradoxalement qu'il n'est pas veritable-

ment monotheiste131.

Dans ce contexte, l'usage christologique de la polymorphie

dans a plupart de nos textes ~pocryphesapparait singulierement

riche, parce qu'ambivalent. ][1 eprend Ie theme poetique tra~-

tionnel des metamorphoses multiples des dieux, mais il les

"demythologise" : il reduit Ie genre et Ie nombre des formes pre-

sentees et en extrait Ie ridicule, Ie caractere anarchique et amo-

ral. 11 supprime notamment la zoomorphie132 et organise

diverses formes anthropomo,phiques, conformement a la tradi-

tion chretienne du Dieu apPQruen chair ou en forme(s) humai-

ne(s)133,oire conformemem a une tradition et a une tendance

129. cr. ibid., I, 24; V; 41.

130. cpo In 6, 55.

131.cr. M. FREDE, p. 232ss..

132. Celle-ci reapparait suggestivement ous a forme d'une polyonymie

metaphorique ou allegorique, en lien avec un usage des designations

bibliques de Dieu ou du Christ, comme, par exemple, chez Ie

Physiologus, precedemment cite:..Dans Ie contexte biblique, II reappa-

fait peut-etre sous a forme d'une suggestiveanthropomorphisation des

animaux eux-memes(cf. Gn 3, ]:ss.; Pr 6, 6-8; 30, 24-28); on peut com-

parer, a cet egard, e motif du ooeuf et de l'fine lots de la na.issance e

Jesus et Ie propos de l' Evangile du pseudo-Matthieu,XIV, 1 : Et bos et

asinus genua flectentes adorave:wunt um (cp. Is. 1,3; Ha (grec), 3, 2;

Nb 22, 23ss.;ct. J. GIJSEL ibr~ de Nativitate Mariae. Pseudo-Matthaei

Evangelium, Turnhout: Brepoll l, Corpus Christianorum. Series Apo-

cryphorum 9, 1997,p. 430) Eva~~gile e Philippe § 100, selon B. Layton.

133. cr. Ph 2, 7; In 1, 14,1 In 4,.'2.Dans ce contexte christologique, 'e-

mets, en passant, 'hypothese que la description physique de Paul don-

nee dans es Actes de Paul (III, 3) est ssue d'une description composite

de Jesus ui-meme it. partir de wtusieursmetamorphoses evoquees par

les Actes de Jean ct. 88-89).

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54

H. GARCIA

religieuse plus generale et cependant bien marquee134.Cette

organisation essaie alors d' adapter ce potentiel de formes

humaines a une reflexion philosophique et allegorique, d'origine

platonicienne, et de constJruire heologiquement Ie rapport per-

sonnel que cree et ne cessed'entretenir Ie Dieu chretien avec ses

partisans et croyants.

Les Actes de Jean et l'Apocryphe de Jean peuvent representer

de ires bonnes llustrations de cet essaid'adaptation et elabora-

tion chretienne de la po~ymorphie classique : les premiers

deploient Ie ministere de Jean a la maniere de celui de Jesus

doni l 'apotre vient a prendre les traits135, u vice versa, et a

prendre la place pour causede transcendance.Le secondorgani-

se un long discours de revelation en fonction de l'apparition tri-

morphe du dieu de Jean, diesa designation tri-onymique et de sa

triple revelation, a l'initia:le du texte, voire de sa triple descente

dans l'hymne de la Pronoia qui conclut l'ensemble de l'ouvra-

gel36.

Enfin, d'un point de vue institutionnelet confessionnel, a plu-

part des textes traitant du phenomene polymorphique outre-

passe e corpus des Peres de l'Eglise qui a longuement consti-

tue l'unique passage autorise veTS 'etude du veritable

christianisme primitif et ancien (l'apocryphicite n'etant pas sim-

plement constituee negativement par son heterogeneite au

canon biblique, mais ausgi a taus les autres canons qui ant ete

fabriques dans Ie cadre oriente d'une evolution homogene du

dogme chretien ( les Peres, les Docteurs , etc.). Le Christ

polymorphe a donc, pendant longtemps, suivi aux oubliettes de

l'erudition la creation artjficielle d'un corpus apocryphe doni il

etait largement redevable, corpus non autorise comme tel a defi-

niT la voie royale de l'jJJrthodoxie heologique et, par conse-

quent, historique. Enfin, l;a separation typiquement confession-

nelle, et a moo sens fact~ce,entre exegese neotestamentaireet

patristique (ou histoire ancienne) a permis de releguer es textes

chretiens devenusapocryphes, ainsi que les theologies es traver-

sant, comme des residus au mieux sans importance, au profit,

notamment, des christol.ogies dites du Nouveau Testament,

seules ugees historiquement (canoniquement) valables et theo-

134. a. Heliodore, Ethiopiques, II, XIII, 1, precedemmentcite.

135. La critique de la mise ell icone de l'apotre en Actes deJean (26-29)

est certainement a lief au theme de la polymorphie du dieu qui ne se

laisse pas identifier exclusiv~ment par une forme, pas meme la forme

actuelle, omme vieillard, de Papotre.

136.cf. Apocryphon de Jean,NBC II, 1,30-2, 16; 30, 11-31, 7.

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55

A POLYMO'RPHIEDU CHRIST

logiquement normatives, et au profit de leurs commentateurs

autorises. Dans une perspeu:tive historico-critique, portant au

mains sur Ie premier siecle chretien (c'est-a-dire usqu'a la fin du

second siecle de notre ere ), ce clivage institutionnel contempo-

rain apparait proprement :aberrant et methodologiquement

absurde.

Dans ce large contexte d'ittterpretation, l'histoire de l'exegese

de In 1, 14 prend certainemellt une ampleur autrement singulie-

re et originale, tant il est vIal que ce verset a longtemps consti-

tue, et continue de constituer, la reference scripturaire fonda-

mentale de l"'incarnation" ,du Dieu chretien, son assomption

d'un (autre) corps ou d'une '(autre) forme, alors meme que son

interpretation apparait, au rregard de la documentation prece-

demment cite, largement plus problematique et a donne effecti-

vement lieu a tout un eventail d'interpretations contradictoires,

parmi lesquelles l'exegese "apocryphe" et notamment gnos-

tique, dans sa diversite, ne represente certainement pas un

moindre ou marginal lieu henneneutique137.

137. Noter Ie bref propos de ~~. FRANZMANNIM. LATrKE, "Gnostic

Jesuses and the Gnostic Je$Us of John", dans H. PREISSLERI

H. SEIWERT ds. Gnosisforsch~g und Religionsgeschichte.Festschrift

fUr Kurt Rudolph zum 65. Gebuifrstag,Marburg: Diagonal Verlag, 1994,

p. 146s.; noter egalement la revolution exegetique prop osee par

F. VOUGA, "Jean et la gnose", dans A. MARCHADOURd. Origine et

posterite de Jean,Paris: Cerf, 1990,pp. 107-125 les lettres johanniques

comme prise de position specifiquementgnostique).

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J ean-Louis FEIERTA G

Universitede Fribourg

LE THEME LI1TERAIRE DES vETEMENTS

MORTUAIRES DU SEIGNEUR DEPUIS

LES TEMOIGNAGES DES « APOCRYPHES »

JUSQU' A CEUX DES RECITS

DE PELERINAGE.

We can ind the first known testimonyabout the preservation ofJesus's

mortuary clothes n the Con.\'ultationes acchaeiet Apollonii (about 410).

A study of he history of the belief n their preservationhas to consider he

fact that different traditions circulated togetherand reinforced eachother:

some textsspeak only about the transmissionof the shroud or the sudari-

urn rom Jesus o someoneelse, r show hemafter theResurrection Gospel

according to the Hebrews,Acw Pilati, Gospel of Gamaliel and Lamenta-

tion of Mary), but other sourcl Ssay hat theyare still extant,and even ndi-

cate sometimes heir location (ConsultationesZacchaei, PseudoAntoni-

nus of Piacenza,Adamnanus). The ikely readingof the Gospelaccording

to the Hebrewsand theActa Pilati in circles alreadymore or lessconvinced

of the preservation of the shroud or the sudarium leads o the conclusion

that such textshave reinforced the belief in their preservation.

La premiere attestationco~nue d'une croyance en la conservation des

vetementsmortuaires de Jesusse trouve dans es ConsultationesZacchaei

et Apollonii (vers 410). Lorsqu'on examine es textesoil ils sont mention-

nes,on doit prendre en compte a vraisemblanceque les traditions qu'ils

refletentsesoient reciproquemient enforcees certains extes arlent seule-

ment du passagedu linceul ou du suaire de Jesusa quelqu'un d'autre ou

envisagenteur sort apres a Re$urrection Evangile selon es Hebreux,Acta

Pilati, Evangile de Gamaliel e( Lamentation de Marie), d'autres affirment

qu'ils existent toujours, et illdiquent meme parfois leur emplacement

(Consultationes,Ps. Antonin de Plaisance,Adamnanus). r.a lecture hau-

tementvraisemblablede ' Eva~gile selon esHebreux et desActa Pilati par

les milieux plus ou moins ouvertsa la croyance en a conservationdu lin-

ceul ou du suaire nvite a conclureque de tels extesont renforce cetteder-

niere a oil elle nail deja apparue.

LoTSde mes travaux d'edition des ConsultationesZacchaei et

Apollonii, un passagede Cie ialogue (1,21,13-14)1, ui se place

1. SourcesChretiennes 01,p.147; voir aussi 'Introduction dansce me-me

volumep. 24-25.

Apocrypha 10,1999,p. 56 -73

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57HEME LnTERAIRE DESvETEMENTS MORTUAIRESDU SEIGNEUR

selon oute vraisemblancedans es annees408-410ou peu apres2,

avait retenu specialement man attention. Un des personnages,

Ie chretien Zachee, affirmait 'que « les vetements u bienheureux

sepulcre» (exuuiae elicis sepulcri)contenaient encore (adhuc) es

indices de la mort du Seigneur.Le terme exuuiaedesigne d'une

maniere generale Ie ou les linges qui ant enveloppe Ie corps sans

faire aucune distinction entJece qui a recouvert es membres et Ie

suaire place sur la tete. L'Evangile de In 20,6-7 ait au contraire

une telle distinction (bandelettes/suaire)alorsque es Synoptiques

2. J'ai eu recemmentconnaissance e l'importante contribution de M.A.

CLAUSSEN,Pagan Rebellion and Christian Apologetics in Fourth-Cen-

tury Rome », Journal of EcclesiasticalHistory, 46 (1995),p. 589-614qui

place la redaction des Consultationes ers 393-394,au temps de l'usurpa-

tion d'Eugene soutenu par Ie palrti paten du Senat TomainoBrievement,

je maintiens ma datation aux environs de 408-410par leg argumentssui-

vants: 1) II n'est pas possiblede considerer egmoines qui ne soot que des

celibataires vivant plus ou moins a leur guise dans Ie monde comme une

forme de vie monastique du 4es. ,qui aurait disparu au debut du 5e s. Plu-

sieursdes correspondantsde Jer&ne (Pammachiusen tete, appele mona-

chus) seraientdans cette categoriie.Le 1erme de monachusn' a pas cesse,

au debut du 5e s., d'avoir un vaste champ de significations, comme en

temoigne l'reuvre de Salvien de Marseille. 2) Pour l'auteur anonyme, e

pouvoir imperial contemporain est certainementchretien,mais tres affai-

bli. Au livre 1,28,9, eg empereucs desapprouvent l'adoration de leurs

images,si on leg consulte, et reconnaissentqu'ils soot ndigoes de l'hon-

neur dfi a Dieu. Comment cela serait-il concevable si Ie pouvoir actuel

etait palen ou en train de Ie deve1llir? Au livre 111,7,3, pollonius dit que

leg forces de l'antique serpent 0111 te abattuespar la religion de l'Eglise

qui s'etend sur toute la terre. C'est une evidenceque Zachee ne conteste

pas. Mais ce pouvoir chretien e.it affaibli par leg evenementsmilitaires

(111,8).Derriere tout cela, l y a non pas une force humaine qui tenterait

de reprendre Ie pouvoir par un coup d'etat, mais I' Antechrist lui-meme,

qui ne s'estpas encore manifestt, mais va Ie faire dans un proche avenir.

Si 'anonyme ecrivait contre un pouvoir qui est en train de repassermili-

tairement aux mains ges patens, l ne soulignerait pas aussinettement Ie

triomphe actuel de l'Eglise sur route la terre. D'ailleurs, rien ne permet

d'affirmer que leg insuspicabilesdu livre 111,8,8oot palens. Quand I' An-

techrist aura prig Ie pouvoir, il n'y aura plus de conversionpossible pour

leg ennemis des chretiens. Les paiens et leg uifs passeront ous dans son

camp (111,7,6.8),et la persecution finale s'achamera contre tous leg

croyants,et specialement ontre ]es moines. 3) L'auteur dependd'une tra-

dition relative a l'empreinte des pas du Christ au lieu de I' Ascension

(1,21,14).Cette tradition presuppose a construction de l'Eglise de I' As-

cension sur Ie Mont des Olivier , II se situe aussi en dependanced'une

tradition historiographique relative au cannibalisme 111,8,9).Or ces deux

traditions n'apparaissent ue dans eg dix premieres anneesdu 5e s. Si 'on

acceptait a datation de M. Claussen,on serait oblige d'imaginer qu'elles

auraient des racines remontant jusqu'aux annees 390,ce qu'il est extre-

mement difficile d'admettre.

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J.L. FEIERTAG

(Matth. 27,59; Lc 23,53; Me 15,46)paTIentseulementde linceul.

Le terme vague utilise dans eg Consultationespeut des gner OllS

leg vetements mortuaires de Jesusnommes dans leg Evangiles.

C'est a ma connaissance.epremier temoignage affirmant expli-

citement leur conservation. Pourtant, des textes plus anciens

s'etaient deja interessesaces derniers. Le but de cette contribu-

tion est de tenter de cemer Ie developpementde l'interet qui leur

a ete porte a travers differents temoignages.D'emblee, une consta-

tation s'impose: il n'existe pas une tradition ou une sourceunique

qui serait a la base de tOllS eg textes, puisque eg uns affirment Ie

fait de la conservation des vetements mortuaires alors que leg

autres ne Ie font pas, et leg mentionnent dans des recits para-

phrastiques qui font inteNenir differents personnagesdans un

contexte rappelant In 20,6~7: e tombeau vide. Nous nous limite-

Tons ci aux temoignagesqui envisagent 'existence ou Ie sort futur

des inges sepulcrauxapres a Resurrection.

1. L' origine de la tradition sur la conservationdu linceul dont

parlent les ConsultationesZacchaei

L'information qui y est apportee au sujet des inges mortuaires

est iee a une autre concernant es traces de pas de Jesus au lieu

de son Ascension:

Ecce adhuc dominicae crucis ac mortis indicia felicis sepulcri

exuuiae continent, et signatus a praesenti multitudine locus post

resurrectionis uisum caelestem testatur ascensum. Pene adhuc

solo resident pedum presscl uestigia, ac lustratae operibus regiones

uirtutum opera demonstrant3.

La tradition sur a trace despieds du Christ seretrouve, dans es

premieres annees du 5e so,chez deux contemporains: Paulin de

3. Les deux nformations sont unies dans e discoursde Zachee,mais sans

figurer immediatement 'une derriere l'autre. II est d'abord question des

vetements mortuaires, puis du lieu de l' Ascension requente par une mul-

titude, puis des traces de pas imprimees dans Ie sol: Voici que les vete-

ments (exuuiae)de son bienheureuxsepulcrecontiennentencore es ndices

de la croix et de la mort du Seigneul; et qu'un endroit marquepar la mul-

titude qui y estpresente emoignede son Ascensionau ciel qui seproduisit

apresqu'on eut cons ate sa Re$urrection.Les tracesde sespas demeurent

presqueencore mprimeesdans e sol, et es regionspurifieespar ses Euvres

fournissent des exemplesde :1es uissances (Sources Chretiennes 401,

p.147).

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rnEME LITrERAIRE DESvETEMENTS MORTUAIRESDU SEIGNEUR

59

Nole4et Sulpice-Severe5. aulin preciseque es empreintesse rou-

vent dans eglise de Ascension, res vraisemblablement onstrui-

te dans a derniere decennie du 4e S6.C est lui qui a transmis in-

formation a Sulpice apres l avoir assezprobablement re~ue de

Melanie l Ancienne, de qui il tenait deja un fragment de la Croix

du Seigneur. On peut donc la rattacher aux monasteresde Mela-

nie etl ou de Rufin, a Jerusalem.Egerie, qui visite JerusalemveTS

3848,n en dit encore rien. Et ceci s explique par Ie fait que l egii-

se de l Ascensionn existe pas encore au temps de sonpassage.Or,

selon e fecit de Paulin transmis a Sulpice, cetle tradition presup-

pose absolument a construction de l edifice9. Les Consultationes

Zacchaeimentionnent, il est vrai, les traces de pas sanssignaler a

presencede l eglise dans aquelle cesempreintes devaient se rou-

veT.Mais ceci n est pas un iodice que l edifice n est pas encore

construit : Sulpice-Severe, ui exploite l information re~uede Pau-

lin, ne juge pas non plus necessairede mentionner la presencede

cetle egiise et parle seulementdes races de pas presentesdans ce

lieu.

Pourtant, si a tradition concernant es empreintes des pieds du

Christ a trouve un certain echo, il n en va pas de meme de celIe

qui concerne a conservation contemporaine des vetements mor-

tuaires. Les ConsultationesZacchaeien sont e seul emoin a signa-

ler aux 4e et 5e s. Or on observe que ces dernieres parlent egale-

ment et au meme endroit des empreintes. Ceci auto rise

legitimement a postuler que l information concernant les vete-

ments mortuaires est partie diesmemesmilieux, qui, a Jerusalem,

4. Ep. 31,4 (Corpus Scriptorum Ecclesiasticorum Latinorum 29, p. 271).

5. Chronique 11,33 (Corpus Scriptorum Ecclesiasticorum Latinorum 1,

p.87).

6. Cf. P. DEVOS,« Egerie n a pas connu d eglise de I Ascension », Analec-

ta Bollandiana, 87 (1969), p. 208-212; P. MARAVAL, Lieux saints et peleri-

nages d Orient: histoire et geographie des origines a la conquete arabe,

Paris 1985, I? 266, n.116, note que la legende n est pas encore arrame a

I epoque d Egerie.

7. Voir son Ep. 31,3.

8. Dates extremes de son voyage: entre 381 et 384. Voir Ie commentaire

de P. MARAVAL dans Sources Chretiennes 296, p. 27-38.

9. Ep. 31,4: Mirum uero inter haec, quod in basilica ascensionis locus i/le

tantum, de quo in nube susceptus ascendit...ita sacratus diuinis uestigiis dici-

tul; ut numquam tegi marmore aut pauiri receperit...( Corpus Scriptorum

Ecclesiasticorum Latinorum 29, p. 271). Ce que je traduis: «C est un fait

extraordinaire que, dans l eglise de l Ascension, seull endroit d oil il est

monte au ciel apres avoir ete emporte par la nuee..., parce qu il est, dit-

on, tellement sanctifie par la presence des divins vestiges, n ajamais admis

d etre recouvert de marbre ou nivele ».

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J.L. FEIERTAG

avaient repandu a « egendLe des races de pas du Seigneurdans

I'eglise de I' Ascension.Panni cesderniers, egmonasteres e Mela-

nie et Rufin au Mont des Oliviers figurent en bonne place. Les

deux traditions auront nattDrellement te associees.

CelIe qui concerne eg vetementsmortuaires semble n'avoir pas

rencontre beaucoup d'echo. On est en droit de s'en etonner,

sachantque Ie milieu duqucl elle estpartie est ouvert auxpelerins,

souventcredules.La raison de ce fait ne pourra sansdoute jamais

etre mise a our: la tradition aurait-elle, par exemple,ete infirmee

par l'absence de tout objet qu'on aurait pu faire passerpour des

vetementsmortuaires, ou n'aurait-elle pas pu gagner 'appui popu-

laire necessaire a sa survie faute d'avoir ete favorablement

accueillie par Ie pouvoir politique et religieux ? Plutot qu'une

relique, c'est une simple rumeur qui se rouve vraisemblablement

a son origine. En effet, aucune source litteraire anterieure ne

contient, a notre connaissance,d'information semblable.

2. Temoignages ttestantun passagedu linceul de Jesusa

quelqu'un d'autre, ou envisageant on sort apres a

Resurrection

Malgre celie relative absence,au coursdescinq premierssiecles,

de temoignages itteraires en tavern d'une conservationdu inceul,

il existe plusieurs textes qui mettent en evidence e simple passa-

ge de ce demier de Jesusa quelqu'un d'autre apres sa mort.

Evangile seton es Hebreux

Jerome, qui est alors a Bethleem, nous aisse dans son De Viris

(c. 2), en 393, une notice destinee a illustrer la vie de Jacques, e

Frere du Seigneur. I y cite en ces ermes un fragme;ntde l'Evan-

gile « selon es Hebreux » :

Euangelium quoquequod appellatur secundumHebraeoset

a me nuper in graecum ermonem atinumque translatum est,

quo et Origenes aepe titur, post resurrectionem aluatoris efert

Dominus autem cum dedi set indonemseruo sacerdotis,uit ad

Iacobum et apparuit ei. Iuraueratenim Iacobus se non comesu-

rum panem ab lIa hora qua biberatcalicem domini, donecuide-

ref eum resurgentem darmientibus (...)10

10. Texte latin de l'edition de ~CHARDSONans Texteund Untersuchun-

gen 14/1, Leipzig 1896,p. 8,11-18.Ce que e traduis:« Quant a l'Evangile

qui est appele selon es Hebreux, et que j'ai recemment raduit en angue

grecque et atine et qu'Origene utilise souvent, l raconte es faits suivants

qui se placent apres a Resurrection du Sauveur Mais quand Ie Seigneur

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61LITrERAIRE DESvETEMENTS MORTUAIRESDU SEIGNEUR

Jerome pretend donc avoirtraduit en deux angues cet Evangi-

Ie, aujourd'hui perdu. Malheureusement, a designation«Evangi-

Ie selon eg Hebreux » a,chez rui,au moms deux synonymes Evan-

gile hebraique et surtout: Evangile utilise par legNazareensll. En

outre, il se contredit quelque peu lorsqu'il parle de cet Evangile

utilise par leg Nazareens: au c. 3 de son de Viris, il dit que Ie texte

de cet ecrit esthebreu12.Maisdans Ie Dialogue contre es Pelagiens,

il parle d'un texte en angue chaldeenneet syriaque,mais en carac-

teres hebreux13. ace a ces ndications contradictoires, la critique

modeme, qui s'efforce de tenir compte de toutes leg nformations

foumies par l' Antiquite rel.ativement a l'Evangile selon leg

Hebreux, envisage antot l'exi$tenced'un meme ecrit presentesous

deux appellationsdifferentes (Evangile selon es Hebreux, et Evan-

gile desNazareens 14,antot l.existencede deux ecrits differents15.

A moins d'une decouverte textuelle extraordinaire, Ie probleme

risque bien de n'etre jamais resolu.

eut donne Ie linceul au serviteur du pretre, il alia veTSJacques et lui

apparut (cf. 1 Co 15,7). Jacques en effet, avail jure de ne plus manger

de pain a partir de l'heure ou il avail bu la coupe du Seigneur (cf. Matth.

26,29; Mc 14,25; Lc 22,16) jusqu'a ce qu'ille voie ressuscite d'entre ceux

qui d9rment. » Jerome rapporte encore que, dans la suite de ce passa-

ge, l'Evangile presentait une scene de repas avec fraction du pain ou

Jesus demande a Jacques de manger en proclamant que sa Resurrection

est accomplie.

11. Cette demiere expression apparait seule comme titre de l'Evangile

dans I'in Matth. 23,35; Evangile hebralque dans l'in Eph. 5,4 (Patrologia

Latina 26,520A : in hebraico euan,gelio); Evangile seton les Hebreux dont

se servent les Nazareens dans I'in Is. 40,9 (Corpus Christianorum Series

Latina 73, p. 459,77-78) et I'in Ez. 16,13c (Corpus Christianorum Series

Latina 75, p. 178,1360-1361).

12. Ipsum hebraicum habetur usque hodie in Caesariensi bibliotheca, quam

Pamphylus martyr studiosissime confecit (ed. RICHARDSON,dans Texte

und Untersuchungen 14/1, p. 8,33-9,4).

13. 111,2 Corpus Christianorum Series Latina 80, p. 99,1-5) : In Euange-

liD iuxta Hebraeos, quod chaldaico quidem syroque sermone, sed hebrai-

cis litteris scriptum est,quo utuntuF usque hodie Nazareni..., quod et in Cae-

sariensi habetur bibliotheca... Dans ce meme passage, Jerome signale

I'opinion de ceux qui voient dans cet Evangile un original semitique de

Matthieu (d. in Matth.12,13). ,

14. Voir A. DE SANTOSOTERO, Los evangelios apocrifos (Biblioteca de

autores cristianos), Madrid 1956, p. 35 et M. ERBE1TA, Gli apocrifi del

nuovo testamento, t. 1/1, p. 116.

15. PH. VIELHAUER, Geschichte der urchristlichen Literatur, Berlin 1975,

p. 565-658; W. SCHNEEMELCHER, eutestamentliche Apokryphen, 5 Aufl.,

Bd. I, Tiibingen 1987, p.142.

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JI.L. FEIERTAG

D'une part Ie fait que Jerome mentionne Origene comme sour-

ce d'information, d'autre part ses acunesen hebreu16endent plus

que vraisemblableque sespretendues raductions, non conservees,

n'ont de fait jamais ete realisees, en tout cas a partir d'un texte

integral en langue semitiqllle17.D'ailleurs, lui-meme ne les men-

tionne pas dans Ie catalogue de sespropres reuvres qu'il donne a

l'interieur du de Viris (c. 13.5).Deux eventualitespeuventetre envi-

sageespour expliquer leg Imultiples emprunts trouves dans son

reuvre a ce ou ces Evangiles. Soit illes a tires d'une ou plusieurs

sourcesanterieuresparmi esquellespourraient se trouver descom-

mentaires exegetiquesperdus d'Origene. En effet, il dit qu'Ori-

gene se sert souvent de l'Evangile selon leg Hebreux. Pourtant,

dans 'reuvre conserveede I"Alexandrin, cet Evangile n'est nomme

qu'en deux endroits18.Soit, il aurait pu se servir d'un texte grec

integral en circulation, puisqu'Origene lui-meme aurait deja pu Ie

faire. Cette derniere hypothese est totalement indemontrable.

Pourtant, la confusiondes ndications qu'illaisse auc. 3 du de Viris

et dans Ie Dialogue contre les Pelagiensne l'exclut pas. Dans Ie

premier de ces deux textes, il indique qu'il a connaissancede la

presence d'un texte hebreu de cet Evangile depose a la Biblio-

theque de Cesareeen Pale£tine, oil il a effectivement travaille, et

qu'il a ete autorise par des udeo-chretiens de Beree en Syrie, a

faire tine copie de ce meme ecrit. Mais il ne pretend pasque 'exem-

plaire qu'onlui a permis de consulter estcelui-la meme qui se rou-

ve a Cesaree En outre, dlans e Dialogue contre les Pelagiens

(III,2), en 415, un pen plus de 22 ans apres e de Viris, l pretendra

que Ie texte de cet Evangile utilise par leg Nazareens,est chaldai-

co quidem syroque sermonJe onscriptum,bien qu'ecrit en carac-

teres hebralques. Or Jerome, dont les notions d'hebreu etaient

deja bien limitees, n'aurait :sans oute pas ete capable de traduire

un texte arameen.De tout ceci, l resulte qu'il n'a sansdoute amais

ete en relation avec un texte ni hebreu ni arameen,mais qu'il aurait

pu avoir communication d'un ou plusieurs documents grecs, de

nature indeterminee, s'il n'a pas tout simplement utilise des com-

mentaires exegetiquesaujourd'hui perdus.

16. Voir G. BARDY,«S. Jerome et sesmaitres hebreux », RevueBenedic-

tine, 46 (1934), 145-164;E. BURSTEIN,La competencede S. Jerome en

hebreu. Explications de certaines erreurs », Revue des Etudes Augusti-

niennes, 1 (1975),3-12.

17. Voir G. BARDY,»Saint Jerome et l'Evangile seton les Hebreux »,

Melangesde SciencesReligieuses, (1946),p. 5-36.

18. Commentairesur Jean 11,12,87SourcesChretiennes120,p. 262-263).

La meme citation reapparait dans 'homelie XY;4 sur Jeremie.

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rnEME LrrrERAIRE DES vETEMENTS MORTUAIRESDU SEIGNEUR 63

En tout etat de cause,s il pretend etre l auteur d un tel travail,

c est qu il estimait en tout casque celui-ci aurait certainement eve-

tu un grand interet aux yeux de certains. Et sansdollie, sonentou-

rage n aurait-il pas manque de lecteurs interesses par une telle

entreprise. II faut rappeler ici que, dans sa lettre 107,12a Laeta,

mentionnant «tous les apoc~hes »19,l en admet a lecture pri-

vee, mais avec prudence, comme quand on cherchede l or dans a

bolle, et a condition de ne pasy rechercher es doctrines de la foi2O.

Le fragment presentedans1ec. 2 du de Viris,comporte un deve-

loppement du theme de l apparition du Christ a Jacquesapres a

Resurrection.Cette tradition estattesteedans1 Co 15,7.Dans ex-

trait presente par Jerome, ce Jacques, e Frere du Seigneur, emble

devenir -mais Ie contexte du passage n est pas conserve -,

contrairement a l Ep. aux Corinthiens et aux Synoptiques, e pre-

mier temoin de la Resurrection. Celie exaltation de Jacques a

contribue a rattacher l Evangile selon les Hebreux, du moins la

forme qu il revetait dans es mysterieuses ourcesutiliseespar Jero-

me, a un milieu judeo-chretien. Malgre des avis contraires21, e

sindo ici mentionne ne peut designerque Ie linceul de Jesus. I est

une preuve de sa Resurrection, puisque tout Ie passagese situe

apres celie derniere. Par ailleurs, il n est pas certain que Ie seruus

sacerdotisqui re~oit Ie lincelli soil Ie serviteur du Grand-Pretre

(nomme en Matth. 27,51), car on n a pas conserve e contexte du

fragment. Mais c est pourtaIJIt a solution la plus vraisemblable.

Jeromeaccepte donc avec beaucoupde credulite que Ie linceul

ail passedu Christ a quelqu un d autre. N est-il pas alors quelque

peu surprenant qu il ne se donne meme pas la peine de prendre

position d une maniere ou d une autre par rapport a la tradition

sur sa conservation actuelle doni temoignent les Consultationes

Zacchaei, alors qu il vit a Bethleem, et est bien place pour la

connaitre ? II est peu probab~eque ce silence de Jerome remette

radicalem:enten question hypothese, que ai formulee plus haul,

d un rattachement de celie ttadition aux monasteresde Melanie

l Ancienne et/ou de Rufin SUIIe Mont des Oliviers. II n y a pas a

imaginer que, si Jerome se ail, c est parce qu il ignore l existence

de celie tradition, qui serait exterieure a la Palestine. Pour com-

19. Corpus Scriptorum EcclesiaslicorumLatinorum 55,p. 303. Mais il ne

s exprime pas dans ce passagede maniere a presenter une definition

exhaustive de l apocryphe. Ce cdlncepta chez ui plusieurs connotations

differentes. Voir plus bas,n. 55.

20. Corpus Scriptorum EcclesiaslicorumLatinorum 55,p. 303.

21. Voir J.T. DODD,«The appearance of Jesus o James», Theology,18

(1929),p.189-197.

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J.L. FEIERTAG

prendre les raisons de sonulence, il taut se souvenir qu entre 393

et 397 il a ete excommunie par I eveque Jean de Jerusalemdans

Ie cadre d une violente polemique impliquant tout autant I inter-

pretation d Origene, deteste par son vieil ami Epiphane de Sala-

mine, que I ordination illicitte de son rere, Paulinien, par ce meme

Epiphane.Jerome a gardeune rancune enacea I egard de I eveque

de Jerusalem,meme apres apparente reconciliation de 39722.Or

Jeanest un evequequi saitavechabilete mettre Ie culte des eliques

au service de son autorite episcopate contestee23.On I a accuse

successivement arianisIOe,puis d origenisme, et enfin de pela-

gianisme24. ous son seul episcopat,-et pour ne rien dire de son

apport au culte de a Croix2~, ont il a transmis un fragmenta Mela-

nie I Ancienne, une aristocrate latine amie de Rufin, probable-

ment pour que ce culte se developpe en Occident et soit lie a son

propre nom -il taut signaler:

1) Au debut du 5e s., a diffusion de la legende des empreintes

de pas du Christ dans eglise de I Ascensiona Jerusalem.On igno-

re toutefois quelle part Jean y a prise. Mais il ne pouvait pas igno-

rer, puisque cela concemait les lieux saints de sa ville.

2) En 406, I invention des reliques du prophete Samuel, rap-

portee par Ie Chroniconpascale6etpar Jerome dans e ContreVigi-

lance7. Le Chronicon et Jerome signalent qu une translation de

22. Voir P. NAUTIN,«L excommunication de Saint Jer6me », Annuaire de

[ Ecole Pratique des Hautes Etudes. Ve section. Sciences eligieuses,80-

81, (1971-1972), . 7-37.

23. Ct. K.H. UnrnMANN,«Johannes I Bischof yon Jerusalem», Biogra-

phisch-Bibliographisches Kirehenlexikon, 3 (1992),p. 403.

24. Le seul ravail d ensemblede grande envergure ealise sur cet eveque,

qui a occupe Ie siege de Jerusalementre 386 et 417, Teste a these de P.

BATON, es sourcesde a biographie de Jean II eveque e Jerusalem,hese

dactyl. Universite de Louvain 1968.

25. La Vie de Porphyre de Gaza par Marc Ie Diacre, (c. 12,cd. H. GRE-

GOIRE/M.A. KUGENER, aris 1930,p. 9-10), contient la premiere men-

tion de la fonction de «gardien de la Croix» que Jean de Jerusalem (et

non son successeur rayle, comme ndique anachroniquementpar Marc)

a creee et confiee -petit -etre Iers 392,dans a mesureou on petit Ie dedui-

re de la chronologie deficienre de 1 reuvrede Marc -Ii. Porphyre, qu il

venait d ordonner pretre. Par contre, il est plus difficile d admettre les

conclusions de M. VANESBRIOECK,Jean II de Jerusalem et les cultes

de Saint Etienne, de la Saint~.Sion et de la Croix », Analecta Bollandia-

na, 102 (1984),p. 134,pour l~uel Jean aurait marque de son empreinte

1 elaboration des traditions qui se refletent dans es differents recits de

1 Inuentio crucis.

26. Ad annum 406 (Patrologill Graeca92,784A).

27.5 (Patrologia Latina 23,343C).

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rnEME LI1TERAIRE DES tTEMENTS MOR1UAIRES DU SEIGNEUR

65

cesreliques est effectuee par ordre de l empereur Arcadius. Mais

il n est pas question d une par1licipationde Jean. Le contexte his-

torique de cette decouverte de pretendues reliques de Samuel

semble etre une concurrence entre une tradition juive et une tra-

dition chretienne a propos de la localisation du tombeaude ce pro-

phete28. e lieu presumede la trouvaille desreliques n est pas ndi-

que dans es sourcesantiques. Mais differents temoins, a partir du

6e s., continuent de situer, meme apres a translation qui, selon es

sourcesanciennes,aurait eu lieu en 406, endroit de cette preten-

due tombe de Samuela proximite de Jerusalem29.ci egalement,

on ne sait pas quel a ete Ie role de Jean, et s il a ete mele a l in-

vention meme des reliques, en admettantque cette demiere ait eu

lieu sur Ie territoire soumis a sa uridiction.

3) En decembre415, invention desreliques de S. Etienne, pen-

dant Ie synode de Diospolis, traitant de l affaire pelagienne. Jean

a directementparticipe a la diffusion de ce culte et son ole estpar-

ticulierement souligne dans Ie fecit d Avitus de Braga. II est non

seulementcelui auquelle pretre Lucien de Caphar-Gamala acon-

te sa vision, mais c est aussi ui qui ordonne ace demier de mener

a bien les recherches,et c est enfin lui qui explique Ie sensdes ns-

criptions trouvees sur les tombeaux d Abibos, Etienne et Gama-

liel30.Le culte de S. Etienne se developpe a Minorque, ainsi qu a

Uzalis, en Afrique du Nord, gra.ce UK eliquesapporteespar arose

revenu en Afrique au printemps 416. Augustin peut indiquer dans

son sermon318,1 que beaucoULpnt eu des reliques provenant de

Jerusalem31,e qui signifie que Jean etait vraisemblablement ene-

reux dans leur distribution.

4) Sozomene histoire ecclesiastique9,16-17) ignale invention

28. Voir J. JEREMIAS,Heiligengriiber in Jesu Urn welt, Gottingen 1958, p. 44.

L onornasticon d Eusebe dans la version qu en donne Jerome,vers 390,

[ed. KLOSTERMANN, Griechische Christliche Schriftsteller 11/1), Leipzig

1904, p.145,27-29] signale que l opinion majoritaire Olive) identifie I an-

cienne Ramatayim, lieu de sepulture de Samuel (cf. I S 25,1), avec Ari-

mathee, alors qu un autre courants oppose a cette identification et semble

placer ailleurs la sepulture du prophete. Sur les sources qui permettent de

proposer une identification de cetW autre localisation, d origine chretienne,

(Nabi Samwil, sur une colline a une dizaine de kIn au Nord de Jerusalem),

voir J. JEREMIAS,or. cit., p. 44-45 et P. MARAVAL, or. cit. au n. 6, p. 271.

29. Ct. M.R. SAVIGNAC/F.M. ABEL, Neby Samouil, Revue Biblique N.S.,

9 (1912), p. 267-279.

30. VIII,43, dans l edition de E. VANDERLINDEN, « Revelatio Sancti Ste-

phani », Revue des Etudes Byzantines, 4 (1946), p. 214 : Hoc interpretatus

est papa Ioannes, sicut et ipse audiui ab ipso sancto episcopo.

31. Patrologia Latina 38,1438A: Multi inde reliquias acceperunt.

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J.L. FEIERTAG

des reliques du prophete Zacharie, survenue dans une bourgade

du territoire d Eleutheropolis, en a liant a a decouvertedesTestes

d Etienne. Mais Ie texte de son histoire s interrompt brutalement

sur ce chapitre qui est ncomplet. La possibilite subsisteque,cette

decouverte ait ete faite paarallelement celle qui conceme Etien-

ne32,mais ceci resterait a demontrer. De fait, il n est pas question

chez Sozomened une inteln-vention e Jean.

Jerome ne fit rien des r,eliquesdu martyr Etienne, et rien des

empreintes des pieds du Christ ou des reliques de Zacharie. Or il

est pratiquement impossible qu il ignore la presence au mains

-des reliques d Etienne et des traces de pas du Seigneur alors

qu il est sur place, et que des regions plus eloignees es connais-

sent deja. La raison vraisemblable de ce silence est qu il sait que

Jean y est mele de pres, et ,queces reliques et ces ieux servent au

prestige de l eveque. II pouvait bien en aller de meme dans e cas

de l information sur es ve1ementsmortuaires de Jesus,beaucoup

mains performante au niveau de sa credibilite: que les autres

reliques rises a jour ou propageessous e TegGe e Jean.

Acta Pilati

On retrouve la mention du linceul du Seigneurdans un ecrit a

la tradition tres complexe : les Acta Pilati. L edition la plus cou-

ramment utilisee aujourd hui, provisoirement du moins, est celIe

de C. Tischendorf. Au c. XV;6 de la recensionA grecque33,e fecit

est centre sur Josephd Arimathee, qui s est procure Ie linceul, a

recueilli Ie corps du SeigneltJr t a emballe. Ce dernier a ete enfer-

me par les uifs. Or la prison oil il se trouve est emportee au ciel,

et Jesus ui apparait. Joseph e prend pour Ie prophete Elie. Mais

illui revele alorsson identite en l emportant hoTsdu lieu oil il se

trouve et en lui montrant 1 endroit oil son corps avait ete depose,

ainsi que Ie linceul qui fut place sur lui et Ie suaire qui recouvrit

son visage. Josephreconnait alors qu il est Jesus.

Ce passageparaphrase Les onneesdes Evangiles canoniques,

specialementde In 20,6-7versets qui enumerent e linceul avec e

suaire places dans e tombeau vide comme signesde la Resurrec-

tion. Puisqu il ne s agit pas d un songe, Ie texte insinue que ces

vetements sont TeSteSa pendant un certain temps apres a Resur-

rection, mais ne dit rien sur ce qu ils sont devenus par la suite.

II n est pas sans nteret de se pencher sur une attestation des

32. Voir P. MARAVAL, op. cit. ;lJU . 6, p. 302, qui la place en 415, mais cette

datation n est pas assuree.

33. C. TISCHENDORF,Evangelia apocrypha, 1876, p. 273-274. L episode se

trouve aussi dans la recension B de Tischendorf.

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rnEME LlTrERAIRE DESvETEMENTS MORTUAIRES DU SEIGNEUR

67

Acta Pilati au 4e s. Elle se trouve dans e Panarion d Epiphane de

Salamine (50,1.5.8).Ce demier y fait reference dans une discus-

sion sur la fIXation de la date de Paques.Les Quartodecimansde

Cappadoce la celebrent, selon lui, a un~ date qu ils pretendent

avoir trouvee dans es Acta Pilati. Mais illeur opposed autres ver-

sions desActa qu it affirme connaitre lui-meme34.Or Epiphane est

un des principaux protagonis1esde la controverse origeniste qui

l opposa, aux cOtes e Jerome, a l eveque Jeande Jerusalema par-

tir de 393. Dans Ie cadre de c~tte controverse, Epiphane fut ainsi

amene a rendre visite au monO1.steree Jerome a Bethleem, et des

moines de ce monasterese rendirent au monastered Epiphane en

Palestine,ainsiqu a Chyprem~me35. insi, la possibilite d une pre-

sencedes Acta Pilati en Palestine est-elle ouverte, au mains a tra-

vers Ie cas d Epiphane, meme si elle n est pas attestee dans les

textes36.

Evangile de Gamaliel et Lamentation de Marie

On ne pent guere douter que l interet litteraire porte au linceul

mortuaire de Jesusse soit developpe dans Ie cadre d une littera-

ture centree sur la figure de Pilate, qui est venere chez es chre-

tiens coptes37.

Ceci est confirme par un autre temoin auquel il convient d ac-

corder maintenant une place. C est homelie d un evequeHerya-

qos, ntitulee «Lamentation de Marie », editee par van denOuden-

rijn, d apres une traduction ethiopienne provenant elle-meme

d une version arabe, qui pourrait a son tour deriver d un original

copte38.Comme l editeur Ie montre, l homilete intercale en plu-

sieursendroits de son euvre dessectionsnarratives d un fecit dont

Ie narrateur se presente lui-m,eme39 omme Gamaliel, qui fut Ie

34. Voir J.-D.DUBOIS, Les Actes de Pilate au4e s. »,Apocrypha, 2 (1991),p. 96.

35. P. NAUTIN, op. cit. au n. 22, p. 14-15.

36. II taut encore signaler une P~ion de Saint Etienne, conservee dans

des manuscrits georgiens, et tradwte par M. VAN ESBROECK, Jean II de

Jerusalem et les cultes de Saint Eti.enne, de la Sainte-Sion et de la Croix »,

Analecta Bollandiana, 102 (1984), p.101-105. Pour VAN ESBROECK, ette

Passion utilise Ie « Cycle de Pilate» et pourrait etre l reuvre de l eveque

Jean de Jerusalem, l adversaire de Jerome.

37. Ct. O. v: VOLKOFF, «Un saint oublie: Ponce Pilate », Bulletin d ar-

cheologie copte, 20 (1969/70), 165-175.

38. Resume du fecit dans R. BEThOT, «Bref aper~u des principaux textes

ethiopiens derives des Acta Pilati >, Langues orientales anciennes, philo-

Logie et linguistique, 1 (1988), p.18J-195.

39. Dans VIII,16 et XI,6.8 editi~ de VAN DEN OUOENRIJNcitee ci-des-

sous au n. 41.

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J.L. FEIERTAG

maitre de l Ap6tre Paul40. a critique moderne, depuis Ie debut

du 20e s., parle d Evangil~ede Gamaliel. Ce Pseudo Gamaliel

cherchea faire paraitre Pil~te sons un our favorable. L editeur van

den Oudenrijn41montre en outre la vraisemblanced un reemploi

de la recension A desActa Pilati dans cet ecrit, qu il tente de pla-

cer dans a secondemoitie du 5e S42. n appendice au dernier ex-

trait de ce fecit figure une correspondanceentre Pilate et Herode

Antipas. Elle est tres differente des autres versions confines de

cette correspondance.Elle se trouve aux c. XI,12-50 de l edition

de van den Oudenrijn43.On y trouve d abord une lettre de Pilate

a Herode (XI,15-23). II Y est dit que Pilate et Ie centurion

(cf. Matth. 27,54) sont emres dans Ie tombeau et y ont trouve Ie

linceul (XI,19). Le contactavecce dernier guerit Ie centurion d une

blessure qu il avail a l oeil (XI,20). Apres cela, es uifs intervien-

Dent, corrompent Herode par de l or, tout en portant differents

chefs d accusation contre Pilate et en mena~ant d en appeler a

l empereur. Herode ecrit alors a son tour a Pilate (XI,31-34) en

demandant envoi du linceul et du brigand crucifie avec e Christ

(cf. Lc 23,43), que ce dernier a ressuscitedes morts. Pilate leur

remet cet homme, de meme que Ie centurion gueri par Ie contact

du linceul. Les uifs les font tuer tons es deux. Mais Ie linceul a ete

enleve au ciel (XI,48)44, e qui provoque une dissension ntre Pila-

te et Herode, qui n a pas pu Ie recevoir. Ceci pourrait trahir une

preoccupation de la conservationactuelle de ce vetement.

Van den Oudenrijn45 emarque que cet appendice contenant a

correspondancede Pilate et d Herode, bien qu elabore en conti-

finite avec Ie Testede l ecrit du Pseudo Gamaliel, presente cer-

taines divergences ar rapport a ce qui precede,et propose d y voir

une elaboration posterieure.

En outre, selon Ie meme editeur46, l y a lieu de faire un rap-

prochement entre certains des fra~ments coptes47edites par

E. Revillout sons e nom ~rtificiel d Evangile des Douze Ap6tres

et des passages e l ecrit du PseudoGamaliel. Certains elements

de ce dernier auraient ete l objet d une reecriture enEgypte. L un

40.Ct. Ac 5,34;22,3.

41. M.A. VANDENOUDENRUN, amaliel. Aethiopische Textezur Pilatus-

literatur (Spicilegium friburgense 4), Freiburg 1959,p. XLVI.

42. bid, p. XLVII.

43. bid, p. 75-83.

44. Ibid, p. 83.

45. bid, p. XXIII-XXIV:

46. bid, p. XXI.

47. Fragm.14et 15 PO 11,169-170t 170-174).

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rnEME LI1TERAI:RE DESvf .TEMENTS MORTUAIRESDO SEIGNEUR

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des deux fragments examines ci48ndique que Pilate entIa dans e

tombeau, prit Ie linceul, Ie serra cootIe sa poitrine, pleura sur lui

et Ie baisa.

Pour l'ensemble des cinq premiers siecles,en dehors du temoi-

gnage des Consultationes Za,cchaei,on ne trouve donc que des

textes qui paraphrasentplus ou moins In 20,6-7.Parfois, 1idee du

passage u linceul a quelqu'un d'autre est mpliquee dans a logique

de la narration. Mais pourtant, Ie fait meme de ce passagen'est

pas volontairement mis en exergue par l'Evangile selon les

Hebreux et es Actes de Pilate", ommes'ils voulaient insinuer qu'il

y ala l'origine de la transmiS.iion ninterrompue d'une precieuse

relique. C'est simplementdans 'intention d'honorer d'une manie-

re speciale tel personnage par un contact ou la reception du lin-

ceul que leg textes mentionnent ce passage.

3. Temoignages ur Laconservationdu suaire en un endroit

precis: Les ecitsde peLerinage

Il taut aller usque veTSa fin du 6e s. pour retrouver chez e Pseu-

do Antonin de Plaisance,vers 560-570,un fecit de pelerinage en

Terre Sainte mentionnant l'existence actuelle d'un vetementmor-

tuaire de Jesus. l rapporte la presence,dans une grotte situee a

l'embouchure du Jourdain et occupee par sept vierges, du suaire

qui rut place sur Ie visage du Seigneur49. 'auteur de celie infor-

mation ne pretend pas toutefois l'avoir vu de sesyeux, meme s'i

a visite la grotte. Il se refere a une tradition affirmant qu'il est a.

Un fecit du 7e S., e de locis $'anctis ' Adamnanus, rapporte des

informations transmisespar Arculfe, un pelerin d'origine gauloi-

se, qui dit avoir vu Ie suaire a Jerusalem5°.Ce fecit est repris en

abrege dans e de locis sanctisde Bede Ie Venerable51.

4. Lecture des emoignages es « apocryphes» sur les vetements

mortuaires de Jesuspar desmilieux de pelerins ou des visiteurs

de la Palestine

On peut donc reperer, t differentes epoques,un certain nombre

de traditions relatives it la conservation du linceul ou du suaire

(Consultationes, s. Antonin, Adamnanus),dont Ie point de depart

Ie plus vraisemblable est a Palestine. Or les pelerins qui visitent

48. Patrologia Orientalis 11,171-173.

49. Corpus Christianorum SeriesLatina 175,p. 135-136.

50. Corpus Christianorum SeriesLatina 175,p.192-194.

51. Corpus Christianorum SeriesLatina 175,p. 259-260.

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J.L. FEIERTAG

ces ieux sont specialement ttires par la litterature hagiographique,

recueils de miracles ou passionsdes saints. 11est important pour

notre propos de determiner dansquelle mesure eurs ecturespou-

vaient s'etendre aussia des.livres els l'Evangile selon es Hebreux

ou es Actes de Pilate, dont l'autorite etait tres haute dansde vastes

cercles, et qui evoquaient a transmission ou la destinee des vete-

mentsmortuaires de Jesus.Differents emoignages esannees375-

420 attestant une lecture d'Evangiles, d' Actes ou de pieces que

nous appelons « apocryphes» par despelerins, des etrangers esi-

dant en Palestine ou des propagateurs du culte des reliques doi-

vent etre pris en compte.

On doit citer ici Ie fecit de voya~ed'Egerie en Palestine. Celie

derniere affirme52qu'elle a lu, a Edesse, des textes de l' Apotre

Thomas. L'editeur, P. Maraval, note qu'il s'agit ici d'une lecture

prive,e,vraisemblablement iree des Actes de Thomas plutot que

de l'Evangile de Thomas. Ailleurs encore, elle se declare charmee

par la lecture de la correspondance entre Abgar et Jesus, que

l'eveque d'Edesse ui avait taite, et dit qu'elle en a re~udes copies,

mais qu'elle en possedaitdeja d'autres dans sa patrie53.

Ensuite, il faut mentionner Epiphane, lecteur desActa Pilati qui

voyage entre Chypre et la Palestine, et surtout Jerome ui-meme.

La remarque de l'illustre exegetedans sa ettre 107,12a Laeta, ou

il permet, a certaines conditions, la lecture privee des «apo-

cryphes » (presentes ci comme pseudepigraphes),ourmit une us-

tification qu'il est importatmit e noter: il est possible de les lire ad

signorum reuerentiam,par consideration pour les miracles, mais

sans y chercher les doctrines chretiennes54.Ce qui motive celie

permission, c'est precisement a connaissance es hauts faits des

heros apostoliques.Et c'est d'ailleurs de celie maniere-la qu'il uti-

lise, auc. 2 de son de Viris, 'Evangile selon es Hebreux, pour illus-

trer un episode de la vie d~ Jacques, e Frere du Seigneur.Mais il

faut bien noter que l'usag~ qu'il fait des textes qu'il appelle apo-

52. 19,2, ed. P. MARAVAL (Sources Chretiennes 296, p. 203-204).

53. 19,19, (Sources Chretiennes 296, p. 213).

54. Corpus Scriptorum Ecclesiasticorum Latinorum 55, p. 303 : Caueat

omnia apocrypha et, si quando ea non ad dogmatum ueritatem, sed ad

signorum reuerentiam legere uoluerit, sciat non eorum esse,quorum titu-

lis praenotantu1; multaque his admixta uitiosa et grandis esseprudentiae

aurum in luto quaerere. Ce q1JLee traduis : « Qu'elle se garde de tous les

apocryphes, et, si jamais elle ' Teut es lire, non pour y rechercher la veri-

te des doctrines, mais par cotlsideration pour les miracles, qu'elle sache

que ces livres n'appartiennenl~ pas aux auteurs dont leur titre portent Ie

nom, que beaucoup de passages fautifs leur sont meles et que rechercher

de Por dans la boue demande une grande prudence.»

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rnEME LITrERAIRE DESvETEMENTS MORTUAIRESDU SEIGNEUR

71

cryphes, -ce terme ayant chez ui plusieurs genspossibles55,

n est pas motive que par cette visee d edification: Ie souci exege-

tique, l explication des textes ,etdes difficultes verbales ou histo-

riques par Ie recours aux « apocryphes» est un autre aspectessen-

tiel parmi leg nombreux centres d interet que presente 1\ es yeux

la lecture de tels textes.

Epiphane, Jerome ou Egerie ne sont sansdoute pas des cas so-

leg. Cyrille de Jerusalem56ait preuve d une severite totalement

opposee 1\ attitude de Jerome: il interdit la lecture privee des

«apocryphes» parce qu ils ne sont pas Ius en lecture publique 1\

l eglise. Quelle que soit la raison premiere de cette interdiction

absolue concernant cette cat~gorie de livres, cela indique que Ie

genre de lecture condamnee est bel et bien en vigueur autour de

lui. II faudra egalement admettre que cette lecture privee ait ete

facilitee dansdifferents cas: ptlr exemple 11\ il n existe aucunpro-

bleme de pseudonymie par rapport au nom d un Apotre, voire 11\

oil la pseudonymie du narratellIr ou de l auteur pretendu est diffi-

cilement verifiable par des chretiens, ou encore 11\ il on n avait

pas connaissanced une utilistition du texte par des heretiques57.

Les temoignages mentionnant Ie linceul (Evangile selon leg

Hebreux, Actes de Pilate, correspondance Herode et Pilate, ecrit

de Gamaliel) tombent dans ) une ou l autre de ces categories.

Le successeur e Cyrille, J~an de Jerusalem, qui DOUg parti-

culierement nteressesau couts de cette etude, doit lui-meme etre

prig en compte: c est un propagateur du culte des reliques et en

meme emps un predicateur possedantine vasteculture biblique58,

qui incluait vraisemblablement a lecture d Evangiles, d Actes ou

de pieces que bon nombre de sescontemporains auraient ugees

suspectesdu point de vue de leur canonicite. Les recherches en

55. Voir O. WERMELINGER,Le ~non des Latins au temps de Jerome et

d Augustin », dans: Le Canon de l Ancien Testament, d., J.D. KAESlLI,

Geneve 1984,p. 184-193.

56. Homelie CatechetiqueV,36.

57. Eusebede cesaree (Histoire eulesiastique 111,25,4-5)apporte -sans

avoir, semble-t-il, ui-meme lu cef ecrit -l opinion de ceux qui incluent

l Evangile selon es Hebreux dans a liste des ivres« batards» (v680l)qui

se situent entre les ecrits canoniqLleset les livres heretiques a rejeter. Ni

Jerome, ni Epiphane, ne Ie considerent comme une production d here-

tiques.

58. Sa profession de foi certainement authentique (Clavis Patrum Grae-

corum II, n. 3620), res vraisemblablementcomposeepeu apres es proces

de Pelage (415), estbourree de citations scripturaires. Et on pourra faire

la meme remarque a propos des extraitsde sa ettre a Theophile d Alexan-

drie citee par Jerome dans son traite contre Jean de Jerusalem (397).

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S.L. FEIERTAG

vue d'identifier ce qui s'es.t onserve de son reuvre litteraire, -

dont tres peu est actuellement connu -, sont appeleesa se pour-

suivre. Pour l'instant, seul~ es travaux de M. van Esbroeck ant

permis d'apporter quelqueselements montrant la possibleutilisa-

tion de tel ou tel apocryphe par Jean. Les positions de ce cher-

cheur relativement a l'reuvre litteraire de l'eveque de Jerusalem

restent a l'etat d'hypotheses59. ourtant, on ne pourra pas nier que

la vaste culture biblique d~ l'adversaire d'Epiphane et Jerome est

un indice suffisant pour admettre a priori qu'il avait lu de tels

ouvrages. I a ete directement mplique dans es controversesori-

genistes en Palestine et en Egypte. Malgre les accusationsd'Epi-

phane et de Jerome, et son ien incontestable avecdes milieux ori-

genistes a Jerusalem: l~s monasteres de Rufin et Melanie

l' Ancienne, la question de son origenisme personnelTesteouver-

te. Mais on pourra au moi1 ls ffirmer qu'il est un lecteur d'Orige-

ne. Or ce dernier fait un certain usagede livres qu'il appelle lui-

meme « apocryphes»60.

Le theme litteraire du linceul de Jesusn'a donc certainement

pas a lui seul pu faire perdurer une croyancepopulaire en a conser-

vation de la precieuse relique a un endroit precis. Mais on devra

prendre en compte la vraisemblanced'une combinaisonde deux

types d'information: l'un issude textes affirmant Ie passage u in-

celli a quelqu'un, l'autre affirmant son existencecontemporaine.

Ces deuxcourantsse seront en quelquesorte nfluences 'un l'autre.

D'une part, l'autorite des extes evoquant e sort des inges sepul-

craux du Seigneurapres sa Resurrection aura ete plus facilement

admise par les milieux deja convaincus,grace a d'autres sources

d'information, de leur conservation actuelle. D'autre part, la

croyancedans e principe d'une conservationdu linceul ou du suai-

re a travers les temps pouvait se former a la simple lecture de tel

ou tel passageet susciterune plus grande credulite par rapport a

toute tradition affirmant l~ur conservation en un lieu precis. Dans

Ie casdesvetements mortuaires du Seigneur,cette influence exer-

59. M. VANESBROECK,p.cit. au n. 36,p. 106-107, ente de montrer, par

des rapprochements avec es recits de I'invention des reliques d'Etienne,

que Ia Passionde cet Apotre,dont il foumit une traduction sur Ia base du

texte d'un ffis. georgien,esta l'origine une reuvrede Jean. I y decele 'usa-

ge de l' Ascension d' sale, et du cycle de Pilate. Mais Ies arguments nvo-

ques manquent de persuasion.

60. Sur ce concept chez Origene, voir E. JUNOD, La formation et Ia com-

position de I' Ancien Testamentdans 'Eglise grecquedes quatre premiers

siecles»,dans: Le Canonde l'Ancien Testament.,d. J.D. KAESTLI,Gene-

ve 1984,p. 120-123.

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73

HEME LnTERAIRE DESvf .TEMENTS MORTUAIRESDU SEIGNEUR

cee par Ie temoignage des textes sur celui des eliques et par les

reliques sur a comprehensiondes textes est bien mise en eviden-

ce par une reflexion de l'eveque espagnolBraulion de Saragosse

(7e s.). Dans Ie cadre d'une discussionsur es pretentions de ceux

qui disent detenir differentes reliques dont Ie sangdu Christ, il en

vient a un parallele avec Ie ca~ du linceul et du suaire:

Sed et illo tempore potuerunt fieri multa quae non habentur

conscripta,sicut de tinteaminibus et sudario quo corpus Domi-

ni est nuolutum, egitur quid uerit reppertum,et non egitur quia

fuerit conseruatum nam non puto neglectumesse, t uturis tem-

paribus inde retiquiae ab apostolis non reseruarentur, t cetera

t o 61

ta a... .

C'est donc a partir de la simple lecture d'un passagequi devrait

etre In 20,6-7que celie reflexion lui est venue a l'esprit, dans un

contexte ou on pretendait detenir des reliques. Si un extrait de

l'Ecriture ne faisant nullem~nt allusion a une conservation ou a

un passagedu linceul du Seigneura quelqu'un d'autre etait deja

suffisant pour faire conclure a sa conservation actuelle, combien

plus stimulante a sansdoute tie, aux 4e et 5e s., face a la prolife-

ration des reliques, la lecture de textes plus explicites a ce sujet.

Tandis que res textes ont renforce la croyance en la conservation

du linceul ou du suaire en un endroit precis, en sens nverse, la

croyance en leur conservationa renforce l'autorite des extes par-

lant seulementde leur transmission.

6L Ep. 49,98-102, d. L. RIESOO ERRERO, pistolario de San Braulio,

Sevilla 1975,p. 159-160.Ce que e traduis: «En ce temps-Iii (c'est-ii-dire

au temps des Apotres), il a pu ~ produire beaucoupde chosesqui ne se

sont pas conservees ar ecrit, comme ii propos des inges et du suaire dans

lequel fut enveloppe Ie corps du Seigneur,dont on lit qu'il a ete trouve,

mais pas qu'il a ete conserve.Car e ne pensepas qu'on n'aitpas fait atten-

tion ii lui, si bien que les Apotres n'en reserveraientaucune elique ii I'in-

tention des emps futurs. »

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Mary CLAYTON,

UniversityCollegeDublin

THE TRANSITUS MARIAE :

THE TRADITION AND ITS ORIGINS

This article discussesecent attempts o classify he early ransi-

tus texts and to determine vhich group of texts s the earliest. The

Syriac Obsequies,which belongs o the same extual amily as the

Greek R and related texts, J of crucial importancehere. This am-

ily emphasized Mary's fear of death and described her assump-

tion to a paradise separate rom heaven, where her body was

placed under the tree of life and the soul replaced,.a descensus

followed, describing he visit of Mary and the apostles o hell and,

perhaps, heaven. The development of the tradition is traced

through R, the Latin textsand the Old English narratives.

Cet article met en question es classifications ecentes es ransi-

tus ancienspour determinerquel groupe en est e plus ancien. Les

Obseques syriaques, qui font part de la meme amille textuelle

que le R grec et les textesq li y appartiennent,sont d'une impor-

tance essentielle.Cette amille a mis l'accent sur la peur de Marie

face a sa mort et a decrit son assomptiona un paradis pas iden-

tique au Ciel, oil son corps a ete pose sous l'arbre de vie et son

ame y reposee.Un descens.us suivi qui decrit la visite de Marie

et des apotres aux enfers t t peut-etre, au Ciel. L' objectif est de

tracer le developpementde1117radition a traversR, les textes atins

et vieil-anglais.

The transitusTexts: Attempts at Classification

Recent work on the apocryphal transitus texts has tended to

focus on determining what the origins of the tradition are and on

attempts to classify he numerous texts, either into textual fami-

lies or according o a chronological development. Two radically

different categorisations of the transitus exts have been put for-

1. The recent Clauis Apocryphorum Noui Testamenti, d. M. GEERARD

(Tumhout, 1992),pp. 74-95, i$ts sixty-four different apocrypha in diffe-

rent languages and summarims six different attempts at classification

according to chronological development (ibid., pp. 74-7).

Apocrypha 10, 1999, p. 74 -98

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HE TRANSrruS MARIAE

ward by Michel Van Esbroeck2 and Simon Mimouni.3 Van

Esbroeck divides the narratives into two textual families, the

 Palm from the Tree of Life and Bethlehem and the Burning of

Incense . In the former group the palm is brought to Mary from

paradise at the beginning of the narrative and it plays a major

role throughout. In most versions of this family Mary s body is

placed in paradise under the tree of life, from which the palm

was taken, at the conclusion. The earliest representative of this

family is the fragmentary Syriac Obsequies;4 o it also belong

such Greek texts as Wenger sR,5 John of Thessalonicaand most

of the other Greek texts, almost all of the Latin, the Old Irish

text, the Coptic texts (which hold a place slightly apart from the

others) and the Ethiopic Liber Requiei,6 an immensely impor-

tant text as it agrees almoSIi word for word with the Syriac

Obsequieswhere both texts overlap. The Bethlehem family is

characterized by Mary s journley from Jerusalem o Bethlehem,

the arrival of the apostles in Bethlehem and their journey with

Mary back to Jerusalem, wbere she dies, and by the constant

burning of incense. To this family belong the Syriac Six Books7

and the Five Books8 and the Greek Pseudo-John,9as well as

2. Les textes litteraires sur I Assomption avant Ie xesiecle in Les Actes

apocryphesdes Apotres.. Christianismeet monde paien, ed. F, BOVON t

al. (Geneva, 1981), pp. 265-85; reprinted in Aux origines de la

Dormition de la Vierge..Etudes historiques sur les traditions orientales,

Variorum Collected Studies Seri~s472 (Aldershot, 1995)

3. Dormition et Assomption de Marie.. Histoire des Traditions anciennes,

Theologie Historique 98 (Paris, 1995),pp. 55-73.

4. W. WRIGHT,ed., Contributions to the Apocryphal Literature of the

New Testament,collected and Eidited rom Syriac manuscripts in the

British Museum (London, 1865),pp. 42-51. Other, briefer, fragments are

transcribed in the introduction to the same volume, pp. 10-16.Parts of

the text not translated by Wright are translated and discussed by A.

WENGER, assomption de la tres SainteVierge dans a tradition byzanti-

ne du vie au x siecle,Archives de l Orient chretien 5 (Paris, 1955).

5. WENGER, assomption,pp. 210-41.

6. V. ARRAS, ed., De Transitu Mariae Apocrypha IEthiopice, Corpus

Scriptorum Christianorum Orientalium 342 and 343 (Louvain, 1973).

7. W. WRIGHT,The Departure of my Lady Mary from this World , The

Journal of Sacred Literature and Biblical Record 6 (1865),417-448; 7

(1865), 108-60.

8. A. SMITH-LEWIS,d., Apocrypha Syriaca. The ProteuangeliumJacobi

and Transitus Mariae, Studia Sinaitica 11 (London and Cambridge,

1902,pp. 12-69 (English translation).

9. C. TISCHENDORF,d., Apocalypses Apocryphae (Leipzig, 1866), pp.

95-112.

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M.CLAYTON

related works in Latin, Arabic, Georgian and Ethiopic. Van

Esbroeck does not explicitly discuss the question of which of

these families is prior, but says in passing hat the fact that the

Bethlehem family has resulted in almost nothing in Latin is a

sign of its late flowering.1oMimouni, on the other hand, classifies

the apocrypha into three groups according to two main criteria,

one topological and the other doctrinal. His groups are (A) all of

the Syriac texts and the Greek Pseudo-John, which, he says,

localize the house of Mary in Bethlehem and attest to belief in

the dormition only; (B) the Coptic texts and texts dependent on

them, which place Mary s house in Jerusalemand attest to belief

in the dormition or in the dormition and assumption; and (C)

the other Greek and Latin texts, which place Mary s house in

Jerusalemand attest to belief in the assumption, with or without

a resurrection. This typology is a developmental one and

Mimouni therefore postulates a development from an early

stage in which the texts attest to belief in the dormition to a

belief in Mary s assumption in the later stagesof the tradition.

By dormition he means the death of Mary, with her soul being

taken to heaven and her body somewhere else, known or

unknown, whereas by assumptionhe means the transfer of soul

and body to heaven, either separately or together, the resurrec-

tion (or sometimes not) of Mary s body, and their lasting reunion

in those texts where they have been separated.l1These two clas-

sifications are clearly very different and in this article I should

like to reexamine them and to look at the question of what the

texts imply about Mary s final fate.

The Syriac Obsequies

One crucial difference between Van Esbroeck and Mimouni is

the group to which they assign he Syriac Obsequies,which, they

both agree, is the earliest surviving text in the entire tradition;

this has fundamental repelrcussionsor their view of the develop-

ment of the apocryphal tradition. The Obsequies, hough frag-

mentary, is clearly a palm narrative, as the Jew who attacks

Mary s bier touches it where the palm was and then heals the

blinded Jews by means ot the palm. At the end of the narrative

Christ, the angels and the apostles accompanyMary s body on

clouds to paradise, where the body is placed under the tree of

life and the soul is replaeed. The angels are then sent back to

10. Les textes litteraires , p. 270.

11. On these terms, see Mimouni, Dormition, pp. 7-21

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HE TRANSITUS MARIAE

their places and Mary and the apostles are taken on a cloud to

the West, where they are shown the souls in torment in hell. As

a palm narrative, Van Esbroeck groups the Obsequieswith the

other palm texts. Mimouni, however, instead groups the

Obsequies with the other Sy[iac texts (the Six Books and the

Five Books) and the Greek P:~eudo-John, n the grounds that it

is a dormition rather than all assumption story and that it pre-

sumably would have placed the death of Mary in Bethlehem, not

Jerusalem (the text as we now have it does not specify a loca-

tion).12His argument does not seem o be supported by the text,

however. The Obsequieshas generally been regarded as a wit-

ness o Mary s resurrection and assumption,13 s it describes he

placing of her soul back into her body under the tree of life

(where the soul has been in the interim is not specified, either

here or in the closest parallels). Both Cothenet and Mimouni

argue that this is not the case.14 y comparing this Syriac text

with the other Syriac witnesses, hey deduce that the reuniting of

body and soul is merely a temporary one, to allow Mary to wit-

ness the torments of hell with the apostles. According to them,

the other Syriac versions of the story, without the breaks which

the fragmentary nature of this text impose, show that, once the

tour of hell is over, Mary s body is placed back under the tree of

life in paradise, to await the general resurrection on the Last

Day, while her soul is taken to dwell with God. Her resurrection

is, then, according to Cothenet and Mimouni, a provisional one,

not the permanent resurrection of a reunited body and soul, and

they accordingly classify the text as a dormition rather than an

assumption ext. The main evidence which they quote for this is

the Syriac Six Books, as the other two Syriac texts in question

are also fragmentary, but it is highly questionable whether this is

actually what the Six Books contain: they never specify a sepa-

rate fate for Mary s soul when she is returned to paradise}5 It is

12. Ibid., pp. 78-86.

13. See, or example, Wenger, L R5somption, p. 62-3.

14. E. COTHENET,Marie dans les apocryphes in Maria, ed. H. DU

MANOIR, VI (Paris, 1961), pp. 71-156, at 124-6, and MIMOUNI,

Dormition, pp. 81-6.

15. In the Syriac Six Books Mary dies and Christ sends her soul to the

mansions of the Father s house , The apostles hen bear Mary on a cha-

riot of light to the paradise of Eden . Christ comes o Mary in paradise

and restores her to life in order to see paradise, heavenand hell, before

bringing her back to the paradise of Eden . There is no further mention

of a separation of body and soul ~fter the otherworldly tour is completed.

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M.CLAYTON

true that in the related Greek Pseudo-JohnMary s body is pre-

served incorrupt in paradise, while her soul is in heaven (and

this text is therefore a dormition narrative), but this is not what

we find in the Syriac Six Books.

As well as misrepresenting the Six Books in this way,

Cothenet and Mimouni, in classifying all of the Syriac texts

together, also do not give sufficient weight to the important dif-

ferences between the Obst quiesand the other Syriac texts, all of

which belong to the Bethlehem and the Burning of Incense

family, and to the similarities between the Obsequiesand the

Ethiopic and Old Irish texts. Even though the Obsequies ext is

fragmentary, some of the gaps n its narrative can be supplied by

a comparison with texts which are closely related to it, especially

by the Ethiopic Liber Requiei and the Old Irish transitus,16

which clearly also belong to the same textual tradition and con-

tain a very similar account of events. ? Unlike all of the other

Syriac texts, the Obsequieshas the dispute among the apostles,

almost exactly as in the Ethiopic and the Old Irish, as well as the

stories about the bones of Josephand the trees dropping worms,

both also in the Ethiopic, The apostolic dispute is particularly

important because races of it survive in Greek and Latin texts

and this, together with other similarities to the Obsequies,

enables us to establish important textual connections between

this text and most of the Greek and Latin ones.The Obsequiess

also the only one of the Syriac narratives to have the palm, as in

the source of the Ethiopic and in the Old Irish, again associating

it with most of the Greek and Latin texts. It is probable that the

Her soul may in fact have been in paradise from the moment. of her

death, as the text does not specify whether its destination s paradise or

heaven; the mansions of the Father s house described later in the text

are in the paradise of Eden , suggesting that her soul and body had

been brought separately o paradise to be reunited there.

16. The Old Irish text is extant in two manuscripts, both from the fif-

teenth century, but preserving a much older text. The version in

Oxford, Bodleian Library, Laud Misc. 610 is edited by C. DONAHUE,

The Testament of Mary: The Gaelic Version of the Dormitio Mariae

together with an Irish Latin Version (New York, 1942),and M. HERBERT

and M. McNAMARA, eds., Irish Biblical Apocrypha: SelectedTexts n

Translation (Edinburgh, 1989),pp. 119-31, ranslate the Irish text based

on the Liber Flauus Fergusiorum,Dublin, Royal Irish Academy,23 a 48.

17. ARRAS, De transitu, II, vi, says that the Obsequies uerbum ad

uerbum, saluis quibusdam uariantibus, textui nostro consonant.

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IE TRANSITUS MARIAE

Obsequieswas unique among the Syriac narratives also because

it stressedMary's fear of death: this is not a feature of the extant

fragments, it is true, but it is of passagesn the Ethiopic and Old

Irish which are not paralleled in what remains of the Syriac

text}8 The passageon the bones of Joseph, extant in Syriac as a

fragment out of context, in the Ethiopic text is part of a reassur-

ance to Mary that she need not fear death19and this is more

than likely its original context in Syriac too. The palm itself,

indeed, is proof of the presenceof this fear in the text, as it func-

tions in all the transitus apocrypha in which it features as a sym-

bol of victory, reassuring Mary that the evil spirits which she

fears will be vanquished. Had Mary had no fear of death in the

Obsequies, there would have been no need for the palm.

Cothenet's explanation of its role in the Transitus of Pseudo-

Melito holds true for the other texts also: he says that it is a

18. The Ethiopic Liber Requiei gives a passage virtually unknown

elsewhere, which furnishes an e~lanation of why Mary was afraid of

death. This refers back to an episode on the flight into Egypt when

Mary lacked faith and regarded herself as having sinned: 'Et propter

istud ego quoque tirneo, quia noll credidi domino meo, una prorsus die,

ecce ego dico uobis quoad peccatum quando fugirnus, ego et Josephet

duo filii eius, factus est stupor super me et audiui uocem pueri post me

dicentem: ne fleas et ne ulules uidetis et non uidetis, auditis et non

auditis. Et his dictis, uerti me re~rorsum ut uiderem quis loculus esset

mecum; et tunc reuersus fuit et ncsciui quo abiuerat. Et dixi ad Joseph:

Eamus ex hoc loco, quoniam uidi ego puerum qui e saeculo. Et quando

uidi hoc tunc apparuit mihi et inueni quod fili~s meus erat et dixit mihi :

Maria, mater mea, imputatum est omne peccatum, quia gustasti ama-

rum sicut dulce. Non credidi, fratres mei, quod tantam gloriam inueni-

rem; quando enirn descendi,omnino nesciui menstrua mulierum et non

propter eum; nunc autem ntelle:ti; et hoc factum est omne et dixit mihi

omnia et narrauit mihi inde quod potestas eius erat in uia ipsius, et

omnis anima sperat et iustorum et peccatorum. Et haec dicens Maria,

uocauit cognatos suos et dixit eis: Surgite et orate. Et cum orauissent,

sederunt et inceperunt loqui intc.r se magnitudinem Christi qui fecerat

signa.' (De transitu,ed. Arras, U, 16) This must surely be a very early

episode, dating from before the period when Mary's sinlessness ould

be taken for granted, and later versions, ncluding R, presumably omit-

ted it because t offended the sensibilities of their redactors. The only

other reference to this is in a Goorgian apocryphon which contains only

the beginning of an allusion to it: see M. VAN ESBROECK,Apocryphes

georgiens de la Dormition', Analecta Bollandiana 91 (1973),55-75,at 58

and 65.

19. See F. MANNS, e recit de la dormition de Marie (Vaticangrec 1982):

Contribution a I'etude des origines de I'exegese chretienne, Studium

Biblicum Franciscanum,Collecti~ Maior 33 (Jerusalem,1989),p. 77.

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M.CLAYTON

token of victory, which guarantees o Mary the assistanceof the

angelic armies at the time of her meeting with Satan and which

plays a prophylactic role against he evil spirits.z°The Obsequies,

therefore, was probably utlique among he surviving Syriac texts

in not sharing their view of the serene nature of the Virgin s atti-

tude towards death, but instead emphasising her fear. Another

important difference between the Obsequies and the other

Syriac texts is that in the other texts Mary has a house in

Bethlehem, as well as on~ in Jerusalem: there is no localisation

of the house in the Obsel/uies,as the beginning of the text is

missing, but in the Ethiopic, the Old Irish text and the Greek R

Mary s house seems o be located in Jerusalem as she ascends

the Mount of Olives after the first announcement of her immi-

nent death and all the trees adore the palm (Ethiopic: book) she

holds and in the Ethiopic and in R the Christ-angel who appears

to Mary at the beginning tells her that his name cannot be

uttered in the middle of Jerusalem. It seemsprobable that the

Obsequies was set apart from the other Syriac texts in this

respect also, therefore, locating Mary s house in Jerusalem, with

no trace of a dwelling in Bethlehem. To class~ the Obsequies n

the same group as the other Syriac texts is therefore fundamen-

tally flawed and leads to misreadings of the texts. Van

Esbroeck s classification, which assigns he Obsequieso a differ-

ent family than all the other Syriac texts, is, then, in accordance

with the contents of the narratives.

Since the Obsequiess different in very basic ways to the other

Syriac texts, the missing part of its ending almost certainly had

more in common with the closely related Ethiopic and Old Irish

parallels. The Ethiopic Liber Requiei describes Mary s body

being placed under the tree of life in paradise, where her soul is

reunited with it, in terms almost identical to the Syriac: Et cum

peruenissent simul in paradisum, posuerunt corpus Mariae apud

aroorem uitae. Et attulerunt animam eius et posuerunt super

corpus eius. 21This is followed by the visit to hell and heaven

with the apostles (the extant part of the Obsequies nds with the

visit to hell), after which: Et attulerunt alium thronum pro

Maria et erant circa illam decem millia angelorum et tres uir-

gines. Et sedit ilIa et iuit in paradisum et in tertio coelo steterunt

ibi dum cantabant. 22 he third heaven, herefore, is paradise (cf.

II Cor. XII. 2-4), not identical with the seventhheaven, of which

20. Marie dans es apocryphes ,. 139.

21. Arras, De transitu,I, 35.

22. Ibid.,pp. 53-4.

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81E TRANSITUS MARIAE

Mary and the apostles had been given a foretaste earlier in the

narrative. In the Old Irish transitus,Mary s soul is also put back

into her body under the tree of life in paradise and she visits hell

(only) with the apostles, but, once hell is closed: The Virgin

Mary was then brought under the tree of life in paradise and the

Saviour and Michael rose to heaven after raising Mary nobly

under the tree of life with the host of God about her praising the

Saviour... , or, in the Liber Flauus version: The body of Mary

was placed under the tree of life in paradise and there was a host

of God about her praising the Lord for ever. 23 he two Old Irish

manuscripts do not separate Mary s body and soul again, just as

the Ethiopic does not, but body and soul seem to be returned

together to a paradise which is not identical to heaven. Both

Ethiopic and Old Irish texts, then, suggest hat the missing end

of the Syriac Obsequieswould have described Mary s body and

soul being placed back under the tree of life, and that it was an

assumption text, that assumption being to paradise or the third

heaven, a place separate from the heaven n which God resides.

It seems o me, therefore, that the earliest apocryphal texts are

assumption texts and that the dormltion, as we find it in the

Pseudo-John, s a secondary development. This assumption is

not, however, to heaven, as in the 1950 definition, but to a par-

adise separate rom heaven.

The Bethlehem family in ge;neralwould seem o be later than

the palm texts, drawing on them but rewriting them in several

respects.The journey to and from Bethlehem in these narratives

seems to be a secondary development, as the introduction of

that town, with the clumsinessof the journey to and fro, smacks

of a later attempt to gain a place for it, even though the tradition

of death in Jerusalemwas clearly already too strong to alter. The

emphasis on Mary s serenity i1IIhe Bethlehem family also points

to a desire to correct the Obsequies radition by replacing Mary s

fear with a desire to be reunited with her son; the fear would

seem to be the more primitive tradition, later rewritten into a

mystical desire for death.

Instead, then, of forming part of Mimouni s A group of texts,

characterized by Mary s house in Bethlehem and by a belief in

the dormition rather than the assumption, the Obsequies, I

would argue, is set in Jerusalemand attests to a belief in Mary s

assumption to paradise, where body and soul are preserved

together under the tree of life. From the very beginning, this tex-

23. DONAHUE, he Testamentof Mary, p. 55.

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M.CLAYfON

tual family, the more priIJl1itiveof the two families, emphasized

Mary s fear of death. The visit of Mary and the apostles o hell

was certainly also original, as it is found in the Obsequies, he

Ethiopic, the Old Irish a:ttlldhe Irish Latin text, and there are

traces of it in Latin alsO.24t is found also in the Bethlehem fami-

ly.

The Greek R

The earliest Greek text R belongs to the same amily; its origi-

nal title, according o Wel1ger,s found, not in the unique manu-

script, but in some manuscripts of John of Thessalonica shomily,

a text which draws on the same source as R: This is the book

about the repose of Mary, the holy mother of God, along with

that which was revealed to her, in five chapters. 25The same

manuscripts attribute the work to James, the brother of Jesus

and bishop of Jerusalem. .It seems o me more likely, however,

that this was the title of the common source of R and John of

Thessalonica, as R itself has no trace of a five-book structure,

and no section devoted to a visit by Mary to hell and/ or heaven,

which is presumably what. he what was revealed to her refers

to. Wenger and Mimouni~6 both connect this title to the Syriac

Five Books, even though 1he Greek texts have little in common

with the Five Books. Instead I believe that it should be connect-

ed with the Ethiopic Liber Requiei, whose title in one of the two

manuscripts reads, in Latin translation, In nomine Patris et Filii

et Spiritus Sancti. Liber Requiei Mariae qui de ea reuelatus est

in quinque libris et in quinque coelis. 27This text is, as already

mentioned, very close to what is extant of the Syriac Obsequies

(which may, of course, also have been in five books, as it certain-

ly deals with Mary s repose and with what was revealed to her)

and R clearly belongs to the same textual family. In the Ethiopic

the five books deal with (1) the announcement o Mary by the

angel of her death in thre~ days time and the bringing of a book

(the Ethiopic translator, who was probably translating from

Greek, may have confused Greek bib/ion, book, and brabeion,

the sign of victory or palm) ;28Mary goes to the Mount of

Olives; there is a long excursus on the palm and the Flight into

24. See below, p. 88.

25. WENGER, assomption,p. 33.

26. Dormition, p. 143.

27. Arras, De transitu 11,1.

28. SeeM. ERBE1TA, li Ap~rifi del Nuovo Testamento, 2 (Thrin, 1981),

p. 423,n. 2. The word brabeion s alwaysused of the palm in the Greek R.

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E TRANSITUS MARIAE

Egypt; (2) Mary s prayer; the arrival of John and of the other

apt>stles; he death and burial of Mary, with the episode of the

Jew who wished to overturn the bier; (3) the apostolic contro-

versy at the tomb of Mary; (4) the body of Mary is brought to

paradise, placed under the tree of life and the soul is replaced;

Mary and the apostles visit hell and heaven with Jesus; Paul is

taken by Jesus to be shown the glorious mysteries, but he has

first to fight the devil in Rome with the aid of Peter; (5) the con-

clusion to the Paul and Peter story; their return to paradise; the

apostles and Mary visit the seventh heaven; a throne is brought

for Mary and placed in the third heaven; Michael returns the

apostles to the Mount of Olives. R corresponds closely to the

first two of these books and the~ has an allusion which suggests

that its source contained the equivalent of the third book,

though it has omitted the apostolic controversy; its account of

the bringing of the body to paradise and the replacing of the soul

is almost identical to the same episode in the Syriac and in the

Ethiopic fourth book. Wenger in fact points out that the rela-

tionship between Syriac and Greek is so close at this point that

the Syriac allows us to correct corrupt readings in the Greek.z9R

has nothing corresponding to the visit to hell and heaven or the

Paul and Peter story, but if the title of R s source was that which

Wenger suggests, hen it seemsprobable that that source had a

visit to the Otherworld also (otherwise why the that which was

revealed to her ?). R, therefore, may well be an abbreviated ver-

sion of a Greek text in five books, translat,d from Syri~c (the

Obsequiesor a text close to it) into Greek or written in Greek

originally and then translated into Syriac to give us the

Obsequies.3O

The abbreviated nature of R is obvious also from some ele-

ments of the text which are clearly remnants of episodes or

details given more fully at an earlier stage of the tradition. One

such element is Mary s request to be brought to the seventh

heaven: this is never described in R, but we have an account of

it in the Ethiopic Liber Requiei, and again it suggests hat R s

source had a tour of the otherworld, with a visit to heaven and

29 WENGER, assomption,p. 61.

30 WENGER,L assomption, p. 58, says: D apres Ie contenu, nous pen-

cherions volontiers pour l anteriorite de Syr sur Ie grec, du moins sous

la forme de R. The attribution to James seemsperhaps more likely to

be of Syriac origin, as in the Syriac Six Books, than Greek, as the more

common Greek attribution is to John the~vangelist.

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84

M.CLAYTON

perhaps hell. At the end of R Michael takes Mary's body and

places it in paradise, where the apostles,who are also taken on

clouds to paradise, place the body under the tree of life. Michael

then brings Mary's soul, which is replaced in her body, and the

apostles are sent back to the places where they were preaching.

The only difference here between R, on the one hand, and the

Syriac and the Ethiopic, on the other, is that in the Greek it is

the apostles who are sent away, while in the other two texts,

where a visit to hell (Syriac) or to heavenand hell (Ethiopic) fol-

lows, it is the angels who are dismissed,while the apostles and

Mary set out towards the West on clouds. As already mentioned,

I believe that R's source also had such a visit, and the existence

of Latin witnesses to this: (in the thirteenth-century Paris, BN,

lat. 3550,31he 'Irish' Latin version32and the Old Irish version

itself, which almost certainly was translated from a Latin source)

supports this, as the Latin texts are likely to have been translat-

ed from Greek, not Syriac. As R seems o have been intended

for liturgical reading on the feast of the Assumption it is appro-

priate that it should have omitted the visit to hell and perhaps

heaven, imiting itself to the story of Mary's death.

In R the reunited body and soul of Mary seem ust to stay

beneath the tree of life in paradise: Mary remains static under

the tree. Mimouni regards this as a lack of a clear resurrection,

and this, together with (he avoidance of any mention of the

death of Mary in the text, suggests o him a hesitancy about the

assumption and suggests hat the text's redactor may have been

concerned to find a way around ideas offensive to some of his

audience.33t seems o me, however, that R's lack of a clear res-

urrection (if, indeed, this is the correct way to interpret Mary's

immobility) may well be the consequenceof dropping the other-

worldly tour which would have followed in its source and this

suggestionof a possibly aillmostnadvertent lack of a clear resur-

rection is supported by the almost literal agreement between R,

the Syriac Obsequies and the Ethiopic Liber Requiei in their

descriptions of Mary's body being taken to paradise and having

its soul replaced: if the adaptor of R were carefully negotiating

conflicting theological positions with regard to Mary's death, he

31. Though unedited in its entirety, WENGER, 'assomption,pp. 258-9,

gives the apocalypsesection of this manuscript.

32. DONAHUE, d., The Testamento Mary, pp. 67-70.

33. MIMOUNI.Dormition. D. [32. n. 54.

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HE TRAN,SITUSMARIAE

would presumably have had a more individual description. The

avoidance of the vocabulary of death s a feature of the Ethiopic

text also and presumably herefore of R's source.

The Latin Texts

Like R, TransitusA,34 he Latin text closest o R, though not

translated from it, has no otherworldly tour; it does, however,

have a unique reading at the end of the narrative, in which

Mary's body is taken to paradise, along with the apostles, her

soul is replaced in it by the Lord and an unambiguous resurrec-

tion follows: 'Dominus autero accepit animam eius de manu

michaelis archangeli et restituit earn in corpus marie. Exsurgens

autem beata maria a pedibus sills, ambulauit et angeli ymnum

psallebant.'35 his seems o be an independent addition of A, as

there is no other witness to such a scene,and the A redactor was

presumably dissatisfied with its source's ailure to spell out the

completenessof Mary's resunection. Like R and the other texts

in the tradition, A fails to mention the whereabouts of Mary's

soul between death and its reuniting with the body. As in the

earlier texts, Mary is assumed into a paradise separate from

heaven: paradisurn is invariably associatedwith Mary's body in

the text, but Christ is always described as ascending nto cae/urn.

With its full resurrection A goes beyond R's position on the fate

of Mary after death.

Either another Greek text of the same family as A's source or

a Latin translation, whether the complete text which lies behind

Wilmart's manuscript M or a different, lost, text (or texts), seems

to have been the source for two further Latin apocrypha,

34. Ed. WENGER, 'assomption, pp. 245-56. In Wenger's table of texts

he shows Transitus A as desceoding from a prior Latin translation,

which has not survived in its entirety but parts of which have been ente-

red into manuscript M of Transitus W, the thirteenth-century Paris,

Bibliotheque Nationale, lat. 13781,supplementing the text of Transitus

W in this manuscript. The additions in M come from a text which is ful-

ler than that of TransitusA and they are closely related to the Greek R,

often translating R literally but with some elements not paralleled in R

that are clearly primitive. They ,do not, however, agree word for word

with Transitus A, where these two texts overlap; instead they have the

same substance in different words. This means that A probably des-

cends either from a separate translation of a Greek source, the same

Greek source as the full text fr( lm which M's additions were translated

or a different, shorter text, or that it was translated directly from Greek.

35. WENGER,' assomption, . 256.

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M.CLAYTON

Transitus W36 and Transitus B or the Transitus of Pseudo-

Melito.37They do not depend on TransitusA, as they are some-

times fuller than it and preserve some different, primitive

details. Wilmart, without going into the question of sources,sug-

gested that TransitusW was the source behind Pseudo-Melito.38

Capelle, even before Wedlger'sdiscovery and publication of R

and A, argued, however, that John of Thessalonica, TransitusW

and Pseudo-Melito all went back to a common Greek source and

that TransitusW was a translation, abridged for liturgical use, of

this source, while the mOi:t probable hypothesis to explain the

origins of Pseudo-Melito was that it is derived from the complete

Latin text of which Tran~itusW is an abbreviation.39This still

seems to be the best way of explaining the many similarities

between Transitus Wand Pseudo-Melito: that both texts

36. Ed. A.WILMART, L'ancien recit latin de l'Assomption' in Analecta

Reginensia.Extraits des manuscrits atins de a Reine Christine conserves

au Vatican (Vatican, 1933),pp. 323-62,at 323-57.

37. There are two versions ot Transitus B, Bl and B2. There is no criti-

cal edition of Bl, but it has been edited by Tischendorf, Apocalypses

Apocryphae, pp. 124-36, rom a single fourteenth-century manuscript,

and there is another edition in Migne, Patrologia Graeca 5, cols. 1231-

50. There is a critical edition of Transitus B2 by M. Haibach-Reinisch,

Ein neuer 'Transitus Mariae' des Pseudo-Melito, Bibliotheca Assump-

tionis B. Virginis Mariae (Rome, 1962).

38. 'L'ancien recit', p. 323.

39. 'Vestiges grecs et latins d'un antique Transitus de la Vierge ',

Analecta Bollandiana 67 (1949),21-48, at p. 29. MIMOUNI,Dormition,

pp. 63 and 66, suggests hat Pseudo-Melito s the link text between the

three groups of dormition and assumptionnarratives that he distinguis-

hes [A, Band C] and says th~tt t is at the origin of group C, which inclu-

des R and all of the Latin ~xts. Mimouni stresses hat the theme of

Mary's fear of death, which is so prominent in the Coptic texts, is also

developed in Pseudo-Melita'. but, as argued above, this is a general

characteristic of the Obsequi£sl R tradition, and Pseudo-Melito'sdeve-

lopment of it is often exaggerated. Mimouni avoids ever adverting to

the theory advanced by Riviere, Capelle and Wenger that Pseudo-

Melito is dependent on the (ommon source it shares with W, but his

neglect of their arguments seriously undermines his own case. In pla-

cing Pseudo-Melito at the beginning, rather than the culmination, of the

Latin tradition, Mimouni ignores the many features pointing to its

being a development of pre$lious texts, not a starting-point. He also

places too much reliance 01J1lhe Pseudo-Leucius, since we have no

proof outside the Preface to Pseudo-Melito of the existence of such a

text, and it is very likely to be nothing but a device to gain credibility

for Pseudo-Melito. The evidence, therefore, does not support his con-

jectures.

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HE TRANSITUS MARIAE

descend from a common source, which Transitus W adapted

comparatively little and whi~h Pseudo-Melito reworked much

more radically. This lost text, as Wenger suggests,40 ay be an

intermediary text which descends from M. This intermediary

must have been an abbreviatoo text which introduced some air-

ly minor original phrasesand ideas.

The manuscripts of TransitusW divide into two main families,

one consisting of the manuscripts F, G, M, P, T and V, the other

of B, Rand S. Wilmart giv~ preference to the first family in

producing what he terms a neutral text, rather than attempting

to work back to an original form.41The ending of the work dif-

fers considerably in these tw() families: both relate the apostles

arrival at the sepulchre, the (:oming of Jesus, his command to

Michael to receive the body of Mary into the clouds and the

apostles being received into the clouds also. Jesus then com-

mands the clouds Out rent in paradiso , with two manuscripts (R

and S) specifying sub arbore uitae. 42The manuscripts of the

first family, represented here by G, M and P, read Et sic depo-

suerunt nubes corpus beatae Mariae in paradiso, et est ibi glorif-

icans deum cum omnibus elcctis eius. 43Wilmart considers this

reading superior. According to the second family, Rand S (B

lacks the end), the body of Mary is placed in paradise and her

soul is replaced in her body: S reads: Et adtulerunt angeli ani-

mam sanctaeMariae et posuerunt earn n corpore ipsius, ubente

domino nostro Iesu Christo, et habebit gloriam ibi in sempitema

saecula saeculorum amen and R: Tulerunt igitur angeli ani-

mam beate marie et posuit earndominus in corpore ipsius. 44

Comparing these variant forms of the ending with the Syriac

Obsequiesand with R is revealing and suggests hat Wilmart was

incorrect in seeing n G, M and P the original ending. Both the

Obsequies and the Greek }if;have Mary s body being placed

under the tree of life, her soul being brought (by the angels in

the Obsequies,by Michael in the Greek R) and replaced in her

body. The tree of life in Wilmart s Rand S manuscripts is

undoubtedly original, therefore, as s their account of the angels

replacing Mary s soul in her body. The Latin text in origin, there-

fore, was again an assumption text testifying to Mary s body and

soul being reunited in paradise, but the G, M and P manuscripts

40. L assomption,. 66.

41. L ancien ecit , p. 325.

42. Ibid.,pp. 356-7.

43. Ibid.,p. 357.

44. bid.

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M.CLAYTON

have omitted the reunifica:ttion f body and soul, concluding with

the placing of Mary s body in paradise. The only word used in

connection with Mary s body in W is paradisus, whereas cae/urn

is associatedwith Christ: again, then, it is clear in this text that

Mary s body and soul are preserved in a paradise considered

separate from heaven.

Two manuscripts,one from each amily, add a further sentence

to the endings given above: Wilmart s R adds Tunc praecepit

dominus restituere apostolosunumquemqueunde assumpti uer-

ant ,45 ollowed by a further passagewhich does not belong to the

apocryphon, while M, the expanded version of W, adds Et

iterum precepit dominus angelis ut irent unusquisque n locum,

ubi sunt cotidie cum magno gaudio let antes et benedicentes

deum. 46Both sentencesare paralleled elsewhere n the tradition,

as in the Syriac Obsequiesand the Ethiopic Liber Requiei the

angelsare returned to their places, n R the apostles.M s account

of the angels being returned to their places s primitive therefore,

as it agrees with the Syriac, and earlier than the apostles being

returned to theirs, as we find in the Greek R and the Latin

Transitus W manuscript R. In the Syriac the angels departure

forms the beginning of the transition to the descensus art of the

text. The agreementof M and the Syriac is striking and suggests

that the fuller account from which M s additions were taken may

have been a version with descensus, s in Paris, Bibliotheque

nationale, lat. 3550, from the thirteenth century, which contains a

text which seems o be an independent translation of a Greek

source similar to that which lies behind Transitus W. The part

parallelling Wends: Et sie corpus beate marie posuerunt in par-

adiso, sub arbore lite. Et attulerunt animarn beate marie angeli

domini et posuerunt earn in corpore eius. Et dominus precepit

angelis ut irent in locum suum ;47t is followed by a short descen-

sus,very similar to that in the Syriac Obsequies.48

Wilmart considered ha1 TransitusB dated from the sixth cen-

tury and thought that TransitusW was the text behind Transitus

B; TransitusW would therefore have to date from the sixth cen-

tury at the latest.49Wenger considers hat it probably dates from

the seventh or eighth century.50That TransitusW is the nearest

45. Ibid.

46. Ibid.

47. WENGER, assomption,p. 258.

48. Quoted below, p. 93.

49. L ancien fecit , p. 323.

50. L assomption,p. 66.

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rn TRANSITUSMARIAE

Latin transitus to Gregory of Tours's account of Mary's death

suggests,however, that either it or its source (or another closely

related version) had to be circulating by the end of the sixth cen-

tury at the latest.

Both versions of Transitus B were circulating by the eighth

century and it seems ikely that the text itself was composed in

the seventh century or, at the earliest, the end of the sixth.51 n

addition to its R family source, Pseudo-Melito also draws on the

Passio /ohannis of Pseudo-Melito, which probably dates from

the end of the fifth or the beginning of the sixth century.52

Pseudo-Melito is the work of a self-consciousauthor profess-

ing to evaluate critically a previous account and find it lacking.

This self-consciousnesss in many ways the defining characteris-

tic of this version of the narrative of Mary's death: it is decidedly

more than yet another abbreviation for liturgical use or another

fairly straightforward though somewhat censored version of its

source, as is the case with Transitus W. Stylistically, it is much

more individual, mannered and syntactically complex, unlike the

generally paratactic and more artless Transitus W, for example.

In its treatment of the central issue, he assumptionof Mary, the

author of Transitus B reveals his awarenessof the implications

of the narrative by having the apostles declare clearly the basis

for the assumption. Pseudo- \1elito,ndeed, gives more weight to

the resurrection and assumption than any other apocryphal nar-

rative does and in this it reads like a reflective development of

the tradition, the work of someone meditating on a prior text.

Only in Pseudo-Melito does Christ ask the apostles what should

happen to Mary's body. Their reply sets forth a 'theological' rea-

son for the necessityof such an assumption: Peter and the apos-

tles say hat, as the Lord chose Mary as his immaculate taberna-

cle, it appears right to them that, just as Christ, having overcome

death, should reign in glory, so Mary's body should be raised up

and taken with Him rejoicing into heaven. Christ accedes o the

apostles' logic and raises up Mary's body, saying to it that, as it

did not suffer corruption by sexual ntercourse, it should not suf-

fer dissolution in the grave. Her perfect virginity and virginal

motherhood are therefore the basis for Mary's corporal assump-

tion.

51. MIMOUNI,Dormition, p. 272.

52. E. JUNODand J.-D. KAF$TLI, L'histoire des acres apocryphes des

apotres du ll/~ au IX~ siecle: Le cas desActes de Jean (Geneva, 1982),p.

104; JUNODand KAESTLI,eds., Acta lohannis, Corpus Christianorum

Series apocryphorum 1 and 2 (Tumhout, 1983),1,768-9.

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M.CLAYTON

This scene is designed 10 focus attention on the theological

necessity or Mary's corporal assumption,as the apostles present

reasons which Christ ac~epts as compelling, and it also, as

Cothenet points out, presents he corporal assumptionas part of

the apostolic faith.53Theirs is in essence he argument which the

later, non-apocryphal Pseudo-Augustine tract was to present

with great success.54heir argument had already been implicit in

earlier texts, however: it is implied, for example, in the appealof

Mary's dead body to Chris1 o remember t, becauseshe had pre-

served the treasure entrusted to her, and Christ's reply in

Transitus W, in which he says that he would not abandon her,

because she is the temple of God and had preserved what was

entrusted to her. Pseudo-Melito has grasped clearly the implica-

tions of its source here, tl1Jerefore, nd has made the argument

more explicit by having Christ pose the problem to the apostles.

It is alone in specifying that the reunion of body and soul took

place on earth: Christ brings with him Mary's soul when he

returns after the three days which the body spends n the tomb

and body and soul are thetnl ssumed ogether.

Pseudo-Melito is the first apocryphal text which seems to

place Mary's body and so\WIogether in heaven, rather than in a

paradise separate from heaven. In this connection the question

of paradisus and caelurn in Pseudo-Melito needs some elucida-

tion. In Transitus W the only word used in connection with

Mary's body is paradisus,with caelurn being reserved for Christ,

but both words are found in Pseudo-Melito, hough distributed

differently in each version of the text. Haibach-Reinisch argues

that Bl preserves an origjnal distinction better than B2, with

Mary's body brought to paradise and Christ ascending o heav-

en, but it is difficult to be sure whether or not there was a real

distinction in meaning for the author or redactors of this text.55

In B2 Christ, at Mary's deathbed, tells her (presumably her

soul): 'intra in receptacull lmuitae aeternae, expectant te enim

caelestesmilitiae, ut introducant te in paradisi gaudia.'56Three

days ater, at the tomb, Peller asks Christ to bring Mary with him

'laetantem in caelum' and Mary is resurrected. Having taken

leave of the apostles, Dominus, cum canentibus angelis et matre

53. 'Marie dans es apocryphe:s', . 141.

54. H. LAUSBERG,Zur litetarischen Gestaltung des Transitus Beatae

Mariae', Historisches ahrbuch 72 (1953),25-49.

55. HAIBACH-REINISCH,in neuer 'Transitus',pp. 162-4. I am most gra-

teful to Ananya Kabir for discussing his problem with me.

56. Ibid., p. 75.

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HE TRANSITUS MARIAE

sua receptus est in paradiso.'57From this it would appear that

Mary and Christ are together after her assumption, n a location

which is called paradise or bcaven, apparently without distinc-

tion. In Bl's deathbed scene Christ first tells Mary 'intra recep-

taculum uitae aeternae', then later says: 'Veni secura, quia

expectat e caelestismilitia, ut te introducat ad paradisi gaudia.'58

Peter makes the same request that Christ bring Mary to caelurn

and at the end: 'dominus ...receptus est in caelum, et angeli cum

eo, deferentes beatam Mariam in paradisum Dei.'59 In Bl it it

possible that the two locations are separate, as the conclusion

may differentiate the destinatilion f Christ from that of Mary, but

the angels who are carrying Mary's body to paradise are with

Christ as he goes to heaven and in this version Peter also asks

that Mary be taken to heavcn. It seems, herefore, that in this

version too heaven and paradise are probably synonymous. t is

possible that the obscuring of an initially sharperdistinction, such

as we have in Transitus A I1indW, in fact contributed to the

authoritative definitiveness with which Pseudo-Melito presents

the corporal assumption: because for him his source, though it

clearly demanded the clarification he felt it necessary o supply,

presented Mary's assumption o full cohabitation with Christ, he

felt able to give this aspectof the text greater prominence than

ever before in the apocryphal tradition. Transitus B is also the

first text in this tradition in which the apostlesdo not accompany

Mary's body: again this is pre umablya result of the equation of

paradise and heaven n the mind of the redactor, who was reluc-

tant to have the apostles escort Mary to heaven. Transitus B2,

however, preserves Christ's oommand to the apostles at the end

of the text ordering them to get nto the cloud with him : this is an

original detail, paralleled in tble Obsequies nd going back to the

stageof the text when the apostlesaccompaniedMary and Christ

to view the next world. Even in TransitusA and W the apostles

accompany the body to parl1idise, eturning immediately once

Mary's soul has been replaced in her body. As there is no longer

any reason or the apostles o come nto the cloud with Christ (in

Pseudo-Melito they are brought on different clouds back to their

preaching stations), the Bl rcdactor dropped 'in nube' from the

command 'Accedite ad me in nube.' What we find in B2, there-

fore, is a redundant feature testifying to the rewriting of an earli-

er verSIon.

57. Ibid.,p. 87.

58. TISCHENDORF,d., ApocalypsesApocryphae,p. 129.

59. Ibid.,pp. 135-6.

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M.CLAYTON

Pseudo-Melito, herefore, is an important text not becauseof

any radical innovation, apart from heaven as the destination of

Mary s reunited body and soul (and it is probable that the redac-

tor would not have perceived this as an innovation), but for the

way in which it tightens the narrative, focussingon Mary and the

apostles, and higWights the corporal assumption. ts form of the

narrative became, to quote Wilmart, quasi-official in the Latin

tradition,60 and its manuscripts outnumber those of any other

Latin text. The claim in the preface to be revising an heretical

text is overstated, ike most selling-pitches, as ts source was not

very different in import: Pseudo-Melito n fact carries the impli-

cations of the source-narrative further, rather than modifying

them in the interests of caution.

The Latin tradition, therrefore, apart from the translation of

the Greek Pseudo-Johnand the Pseudo-Joseph f Arimathea, s

indebted to texts ultimately stemming from the Syriac Obsequies

or a related Greek text. In origin this textual family affirmed

belief in the assumptionof Mary s body and soul to paradise and

contained an apocalypse as an integral part, but in the Latin

texts, apart from isolated exceptions, he apocalypseelement has

become detached from the apocryphon. This belief in the

assumption eaches ts apex in the transitus of Pseudo-Melito, n

which Mary s body and soul seem to be assumed to heaven

rather than a separateparadise.

That the apocalypse element was an integral part of these

texts from the beginning may help clarify the function of these

texts.61 n the surviving pain of the Syriac Obsequies here is no

appeal to Mary by the souls in torment and Cothenet suggests

that the way in which Mary and the apostlesplaya role which is

secondary to Michael in the descensuspart of the Obsequies

indicates that the Virgin was ntroduced by the author into a text

where she previously had no place.62 e points out that she does

not even intercede here, whereas in the later, fully developed

Apocalypse of the Virgin tcxts she ntercedes successfully or the

sinners. It is probable, however, that the fragmentary state of the

text is misleading here, as in the related Ethiopic Liber Requiei

the tormented appeal o her explicitly later on in the narrative,63

as they do in the Old Irisb transitus.64n the Latin text in Paris,

60. L ancien fecit , p. 323.

61. I am grateful to Enrico Norelli for pointing this out.

61. Marie dans es apocryphes ,p.12?

63. ARRAS, d. De transitu, I, 38.

64. DONAHUE, d., The Testamentof Mary, p. 55.

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HE TRANSITUS MARIAE

Bibliotheque Nationale, lat. 3550 there is a similar appeal: 'Et

iterurn uidimus in torment s animas constitutas et clamauerunt

ad beatam mariam dicentes Maria, mater domini nostri, maria

uirgo et inmaculata, qui est lumen uerum, et maria regina et

benedicta in sempitemam, ora pro nobis ad dominum nostrum

ut del nobis propiciationem de tormentis qua patimur. '65 In

response to Michael's, Mary's and the apostles' appeals Christ

grants three hours' repose to the tormented souls. Mary's role as

intercessor almost certainly goes back to the beginning of the

tradition, therefore.

Postscript: The Old English Narratives

My own work on the transitus texts began with an edition of

the two Old English texts which are translated from the Latin

Transitus Wand Transitus B and, as these are little known, it

may be interesting to give some details about them here.66The

two Old English narratives are preserved in manuscripts dating

from the end of the tenth century and the eleventh century. It is

very difficult, however, to date them more closely than this: we

know that Transitus B2 was available in England at the begin-

ning of the eighth century, as it is quoted by Bede, and we know

that translations from Latin ~nto Old English were already being

made in this period, but no one has yet found any reliable lin-

guistic test that will allow us to date Old English texts accurately.

The first text is found in the: margins of an Old English transla-

tion of Bede's Ecclesiastical History in Cambridge, Corpus

Christi College 41 and is a competent, faithful translation of a

text of TransitusB2. The piece was presumably transcribed into

this manuscript for private reading, as its foffi1at, around three

sides of the Bede text, would have made it very difficult to read

aloud. It is not easy o specify which manuscript version of the

Latin is closest o the Old English, partly because he vernacular

abbreviates the Latin, partly because many of the differences

among the Latin manuscripts are differences in word order or

65. WENGER, 'assomption,p. 259.

66. The Apocryphal Gospels of Mary in Anglo-Saxon England,

Cambridge Studies in Anglo-Saxon England ;26 Cambridge, 1998).The

text in CCCC 41 has been edited by R. GRANT, Three Homilies from

Cambridge, Corpus Christi College, 41 (Ottawa, 1982) and by H.

Tristram, Vier altenglische Predigten aus der heterodoxen Tradition

(Freiburg, 1970), while the second text has been edited by R. Morris,

The Blickling Homilies of the Tenth Century, Early English Test Society,

Original Series,58,63 and 73 (1.874-80,eproas one vol., 1967).

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M.CLAYTON

different choices among words which are more or less synony-

mous. Such variations are virtually impossible to detect in a

translation. Where the differences are more substantial, howev-

er, D's text seems o reflect a version like, but not identical to,

that in Haibach-Reinisch's manuscripts 01,02 and Y, closely

related manuscripts of whi,ch wo are English (the eleventh- to

twelfth- century Oxford, Bodleian Library, Laud lat. 86, and the

fourteenth-century Oxford, Bodleian Library, Rawlinson D.

1236).

The Old English text is an abbreviated version of the source,

Transitus B2, typically omitting or shortening passagesof the

Latin, especially speeches..which are not strictly necessary o

understanding he narrative. So, for example, the angel's speech

to Mary in ch. 2, promising that the apostleswould come, entire-

ly cuts his lengthy explanation of the Lord's ability to gather the

apostles ogether. In describingMary's end, the text seems o fol-

low its source's dentificati<J n f paradise and heaven. It says hat

Mary will be led into neorxnawonges efean (ch. 7: 'the joys of

paradise'), but Peter and the apostles ask that Mary be led into

heaven (ch. 15) and at the end of the narrative Christ 'mid pam

singendum englum and mid his meder he wres onfangen on

neorxnawonge' ('was received with the singing angels and with

his mother into paradise' : ch. 17). As both he and Mary are

received nto the sameplace, paradise here is presumably denti-

cal to heaven, as t seemsalso to be in the Latin source.

The second Old English text, extant in Cambridge, Corpus

Christi College 198 and Princeton University Library, W. H.

Scheide Collection 71 (the Blickling Homilies), is far more prob-

lematic. It draws on two main sources,as well as the Magnificat

and part of the Beatitudes: on all of TransitusW for its account

of Mary's death and assumption, followed by a further account

of the asssumptionwhich is drawn from TransitusB2.67Of all the

manuscripts collated by Wilmart, the Old English text seems

closest o his G, St Gallen" Stiftsbibliothek, 732, from the ninth

century, although clearly not identical in all details. Of the man-

uscripts of Transitus B2 collated by Haibach-Reinisch, her T, F,

67. See R. WILLARD, On Blickling Homily XIII: The Assumption of

the Virgin', Review of English Studies 12 (1936), 1-17, and 'The Two

Accounts of the Assumptiotl in Blickling Homily XIII', Review of

English Studies 14 (1938), 1-19, and my 'Blickling Homily XIII

Reconsidered', Leeds Studies n English 17 (1986), 25-40,and The Cult

of the Virgin Mary in Anglo-Saxon England, Cambridge Studies in

Anglo-Saxon England 2 (Cambridge, 1990),pp. 232-4.

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95

IB TRANSITUS MARIAE

01, 02 and V, all five of which are related, seem closest o the

Old English.

The two source texts have been combined in an extremely

clumsy manner in the Old English, in that the translator (if it

was he who was responsible) has continued the story of Mary s

death up to the very end of TransitusWand has then added on

the final sections of B2, even though they overlap with what has

already been recounted and this results in some events being

recounted twice. Willard argued that the motive for the combi-

nation was a desire to give a fuller account of the assumption

than was contained in Transitus W, but it seems hat the version

of TransitusW from which the translator was working had been

modified to eliminate the resurrection of Mary and this may also

have been a factor. The ending of the part of the text translated

from W reads: Ond Drihten bebead orem wolcnum pret hie

eodan on neorxnawange ond orer asetton orere eadigan Marian

saule. Ond on neorxnawange bio a wuldor mid Gode ond mid

eallum his gecorenum soolice.. And the Lord commanded the

clouds that they should go to paradise and set down there the

soul of the blessed Mary. And truly in paradise there is always

glory with God and with all his chosen ones. ]68This is clearly

based on the ending in Wilmart s manuscripts G, M and P, but

the Old English, becauseof the addition of the end of Transitus

B2, which recounts the assumptionof Mary s body in detail, has

here changed body to soul: Et praecepit dominus nubibus ut

irent in paradiso. Et sic deposuerunt nubes corpus beatae

Mariae in paradiso, et est ibi glorificans deum cum omnibus

electis eius.,69 his family of manuscripts does not have a resur-

rection of Mary s body, merely placing it in paradise, with no

reunification with the soul. Other details of the Old English

translation, too, suggesta source which had been altered. The

Old English translator, therefore, was working with a version of

Transitus W in which Mary s body and soul were not reunited,

and this does not seem to have suited his own evident attach-

ment to the idea of the corporal assumption of a resurrected

Mary. He therefore added on to TransitusW the end of Transitus

B2, that version of the story Vl/hich as the fullest account of the

resurrection and corporal assumption of Mary. This attachment

to the idea of the corporal a.~sumptions manifest throughout

the text, in which a series of l1listranslationsseems o have been~

68. All quotations and translatiol1s rom my forthcoming edition.

69. WILMART,L ancien recit , pp. 356-7.

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96

M.CLAYTON

motivated by a desire to recount this event. This results in a nar-

rative which is unfortunately close to farce at times, with Mary

being transported or physically ifted by the apostles nto heaven

at intervals throughout the text. While we obviously cannot be

absolutely certain that it was the translator who combined the

two apocrypha here, the ~.1umsinessith which the transition is

managed s very much in keeping with the numerous other faults

which can be attributed to him, producing what Torkar has

called the worst translated homily in Old English.7O

The text is very confusing in its account of where Mary s soul

is in the interim between death and resurrection. Mary dies and

her soul is given to Michael (ch. 25), but we are never told to

where it is brought and where it is while Mary is being prepared

70. R. ToRKAR, Die Ohllmacht der Textkritik, am Beispiel der

Ausgaben der dritten Vercelfi-Homilie ,Anglo-Saxonica: Festschrift Ur

Hans Schabram zum 65. Geburtstag, d. K. GRINDAand C.-D. WETZEL

(Munich, 1994),pp. 225-50,at p. 246,n. 103.To give just one example of

the inept translation: in chapter 14 TransitusW reads,as John recounts

how he was brought to the Virgin s house: Subito circumdedit me

nubes et rapuit me de medio eorum, uidentibus omnibus qui ibidem

erant (WILMART, Vancien recit , p. 334), which seems at first to bear

little relation to the Old English: and c)asremninga c)a embsealdon

ealle c)aapostolas c)a halgan Marian ond hie gegripan on hire middel.

and c)agesawonhie ond ea1lec)ac)ec)rerwreron [ And then sudden-

ly all the apostles surroundc-d he holy Mary and they seized her waist.

And they saw, as did all who were there, that .. ] Nubes s missing in

Wilmart s manuscripts F, G, M and T and presumably was also absent

from the source of the Old English. The translator, clearly not realizing

that it was understood from the previous sentence,went in searchof a

subject, deciding on the ap()Stles. ohn himself is the object of this sen-

tence in the Latin (me), but in the Old English sentencehe is now part

of the collective subject, an~ the translator has to find an object. oa hal-

gan Marian makes no sense n terms of the Latin story at this point, as

the Virgin should not even be present in the city where John is pre-

aching, but it is possible that the translator understood me as an abbre-

viation for Maria, giving Oa embsealdon ealle oa apostolas oa halgan

Marian (see WILLARD, L~ ville d Agathe?: Note sur Ie Transitus

Mariae C , Echos d Orient 38 (1939), 346-54,at p. 350). and hie gegri-

pan on hire middel obviousJygoes back to rapuit me de media eorum

and Willard suggests hat the original translator may have written of

hire middel, qui serait un equivalent passable du latin (Ibid., p. 350).

This is possible but, given that the subject of the Old English is the

apostles rather than the cloud, it is also vt(ry likely that he wrote on hire

middel, the reading of both manuscripts. While the Latin, therefore,

describes the cloud seizing John, the Old English, absurdly, has all of

the apostles grasping Mary s waist. uidentibus omnibus qui ibidem erant

is then attached to the next clause by the translator.

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HE TRANSI11JSMARIAE

for burial, while the funeral procession s attacked by the Jews,

while the chief priest is attached to the bier and then healed and

while the apostles bury Mary. What are we to make of its where-

abouts? Transitus W does not specify either where Michael

takes the soul, but this is less of a problem because t does not

have a second taking of the soul. When the apostles are sitting

around the tomb in the Old English text, Christ then arrives and

Michael is directed to recei1, eMary s soul (body, of course, in

the source, TransitusW) into the clouds, which he does (chs. 47-

8); the translator takes no account of the fact that Michael had

already received it. The clouds are then ordered to bear Mary s

soul to paradise, where bi3 a wuldor mid Gode and mid his

gecorenum soolice [ And truly in paradise there is always glory

with God and with all his chosenones ], a mistranslation of est

ibi glorificans deum cum omnibus electis eius 71 resulting in a

seeming dentification of paradise and heaven. This equation of

the two is in keeping with the Pseudo-Melito text, to which the

translator soon urns, but not with the TransitusW text which he

was still following at this point. The careful separation of par-

adise and heaven n that text, which associatesChrist with heav-

en and Mary with paradise, has already been disrupted in the

Old English, however, when Mary asks he apostles o reveal to

her who told them that she was to go to heaven the next day.

The Latin reads here, without any mention of heaven: quis

uobis adnunciauit quod ego exitura sum de corpore ? 72 t would

seem, herefore, that for the translator both terms could be used

indiscriminately and that he did not appreciate W s punctilious

distinctions. When it comes to translating the conclusion of

Transitus B2, the text has Michael present Mary s soul before

Christ and Mary is received into paradise. A mistranslation

again results in a double reception of Mary s resurrected body

into the clouds: at the beginning of ch. 52 of the Old English

text Michael hie oa ahof up on wolcnum beforan Drihtnes

gesyhoe [ and he raised hf;r up in the clouds in the sight of the

Lord ]. A little further on in the same chapter oa apostolas on

heora mregene hofon Marian lichoman up mid wolcnum ond

rune oa asetton on neorxnawangesgefean rAnd the apostles in

their power raised Mary s body up into the clouds and set it

down in the joys of paradise ]. Any reader attempting to follow

the exact course of events could not but be baffled.

71. Ibid., p. 357.

72. Ibid., pp. 336-7.

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98 M.CLAYTON

This Old English text, therefore, is in many ways a complete

mess, estifying to the lack of Latinity on the part of the transla-

tor, who also showsgross.gnorance of what one would expect o

be basic points of Christian learning. Another mistranslation, for

example, produces the effect of suggesting hat he thought that

Mary s assumption took place on the same day as Christ s cruci-

fixion, a confusion of 15 August with Easter. While one may

wonder about the sort of milieu in which this level of learning

was acceptable, nevertheless the text also clearly shows an

intense interest in narrating the events of the assumption and

the anticipations and repetitions of this throughout witness to

the translator s desire to get to what for him was obviously the

main point of the narrative, Mary s corporal assumption into

heaven.

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RobertFAERBER

Universitede Strasbourg

LA TRADITION LITfERAIRE DE LA

DORMITION ET DE L' ASSOMPTION DE

MARIE EN ANGLAIS ANCIEN

The apocryphal tradition of theTransitus Mariae seems o have

been rather popular in medieval England. It is represented by

three X'h century Old-English homilies. The present article is a

translatio into French and a commentary of one of them. Its lite-

ray quality is very pOOl;:but i;t has some interesting original fea-

tures. It is based on two Latin versions of the legend,which its

author combined, guided by the theological conception of the

Assumption with ressurection. t attests o the popularity of this

tradition in the tenth centuryEngland.

La tradition apocryphe du $ort final de Marie etait, semble-i-it,

ires populaire en Angleterre mJedievale, algre les condamnations

doni elle a etel'object de la part de Bede entre autres,et elle est

representee dans le corpus litteraire du vieil-anglais par trois

homelies. Nous presentons ci une traduction avec commentaire

de l'une d'elles, qui, malgre sa mediocrite litteraire, a une certaine

originalite. Elle est ondee sUr'deux versions, e Transitus B de

WilmoTt et le Transitus B2 de Haibach-Reinisch, que son redac-

leur a amalgamees,res maladroitement,guide par une prise de

position theologique nteressante.Elle est un temoignage e la tra-

dition de l'Assomption avec ri ,surrection, epandue en Angleterre

aux xe et X/e siecles.

Le culte de la Vierge s'est developpe en Angleterre des a fin

du VIIeme siecle et constitue un aspectparticulier de la spiritua-

lite anglaise du Moyen Age, oomme 'a demontre et documente

Mary Clayton dans son ouvrage The Cult of the Virgin Mary in

Anglo-Saxon Englandl. Les quatre fetes mariales, la Purifica-

tion, l' Annonciation, l' Assomption et la Nativite, furent etablies

ires tot dans Ie calendrier litut1gique2.

1. M. CLAYTON, he Cult of the Virgin Mary in Anglo-Saxon England,

Cambridge, 1990.

2. a. M. CLAYTON, p. cit., Cambridge, 1990,p. 38 -50.

Apocrypha 10,1999, p. .99 -138

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100

R. FAERBER

En ce qui concerne Ie sort final de Marie, deux traditions soot

representees: la tradition patristique et la tradition apocryphe.

Bede Ie Venerable, au debut du VIIIeme siecle, semble pren-

dre nettement position contre les apocryphes. I connaissait en

tout cas une des versions de cette tradition, celIe du Pseudo-

Meliton, qu il condamne categoriquement comme n etant pas

conforme a l Ecriture: dans sa Retractatio n Actis apostolorum3,

il s en prend a celui qui ex persona Militonis episcopi Asiae,

lib rum exponensde obitu beataegenetricis dei, dicit... -traitant

ce fecit de mendacium et recommandanta ses ecteurs de ne pas

y croire. La version du Trwsitus latin qu il mentionne est, selon

M. Clayton, Ie Transitus latin B2, pub ie par M. Haibach-

Reinisch4. Par ailleurs, dans son Liber de locis sanctis, l repete

ce que dit Adamann dans sa compilation du rapport de voyage

d Arculf sur a sepulture de Marie a Jerusalem: ad eius dexteram

monumentum uaccum, n quo sancta Maria aliquando paussasse

dicitul; sed a quo uel quando sit ablata, nescitur,et en Teste a5. I

est a souligner que Bede n a jamais compose d homelie pour la

fete de l Assomption de Marie, la seule ete mariale pour laquel-

Ie il a ecrit une homelie est celIe de la Purification6.

Dans la Old English Martyriology, du IXeme siecle7, e texte

pour Ie jour de l Assomption, Ie 15 aoftt, est Ie suivant: «Le 15

de ce mois est la fete de sainte Marie. Ce jour-la, elle a quitte

celie terre et est allee aupres du Christ et elle brille maintenant

dans la gloire celeste au milieu de la foule des saintes vierges

comme Ie soleil brille sur celie terre. Les anges soot dans a joie,

les archanges exultent et ions les saints se rejouissent en sainte

Marie. Sainte Marie avait 63 aDS uand elle est montee aupres

du Christ. Sainte Marie est la belle-fille de Dieu Ie PeTe et la

mere du Fils de Dieu et la belle-mere des saintes ames et la

noble reine des habitants du ciel. Elle se tient a la droite du PeTe

et du Roi celeste». On peut Doter que contrairement a ce que

3. M.L. W. LAISTNER,Reade Venerabilis expositio actuum Apostolorum

et ratractatio,Turnhout, 1989,.(>.134135(CCSL 121).

4. M. HAIBACH-REINISCH, in neuer Transitus Mariae des Pseudo-

Melito, Rome, 1962,

5. D. MEEHAM,Adamann. De locis sanctis, Dublin, 1958 (Scriptores

latini Hibemae 3).

6. D. HURST, d. Reade Venerabilis.Opera Homelitica, CCSL 122, 1955,

p. 128 -133.

7 G. KOTZOR,Das altenglischeMartyriologum, 2 volumes, Bayerische

Akademie der Wissenschaften, Phil. -hist. Klasse, Neue Folge, 88.1,

Munich. 1981.

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LA TRADITION LIlTERAIRE DE LA DORMITION

ET DE L ASSOMPTIONDE MARIE EN ANGLAIS ANCIEN

l auteur dit des autres saints ~t martyrs, il ne mentionne rien des

evenementsqui auraient entoure Ie sort final de Maries.

Deux siecles et demi apres Bede, Ie predicateur dominicain

Aelfric (fin du Xeme siecle)declare,dans sesdeux homelies com-

poseespour la fete de l Assomption, que les «faux recits... disse-

mines par des heretiques risquent de vous faire prendre pour vrai

ce qui n est que fiction »9. Et ,commeBede, il ne prend pas posi-

tion au plan doctrinal: «Aucun livre ne nous donne des nforma-

tions sur la fin (de Marie), sinon qu en ce jour (= fete de

l Assomption) elle a quitte son corps dans a gloire. Sa sepulture

est visible a tOllSencore aujourd hui a Gethsemani, au milieu de

la vallee du cedron. Celie vaJIeese trouve entre Ie Mont Sion et

Ie Mont des Oliviers, et la tornbe est ouverte et vide, et, au-dessus

d elle, on a erige, en son honneur, une grande eglise avec d admi-

rabIes sculptures. Aucun etre humain ne sail comment ni a quel

moment Ie saint corps a ete enleve ni oil il a ete porte, ni si elle est

ressuscitee es morts. Certainssavantsdisent que son Fils, qui est

ressuscite e troisieme jour, a aussi essuscite e corps de sa mere

et l a place dans a gloire eternelle du royaume des cieux... Nous

ne nions pas la resurrection eternelle de la Vierge, bien que, par

precaution et pour preservernotre foi, il yaut mieux que nous en

fassions un sujet d esperance,plutot que d affirmer ce que nous

ne savonspas». Dans la premiere homelie, il resume a lettre du

Pseudo-JeromeCogitis me et ajoute deux miracles de Marie pour

moulTer que la Vierge est a oonsolation par excellencedes chre-

tiens: Ie miracle de Theophile et celli de la mort de Julian1o; ans

la deuxieme, l fait une exegesede la pericope de Lc 10,39-42 sur

Marthe et Marie, texte prevu pour la fete de l Assomption; il rap-

pelle sa premiere homelie et oondamneencore une fois les recits

« heretiques» sur Ie sort final de la Vierge, sans es mentionner

explicitement. lIne peut s agir que des extes ayant servi de sour-

ces pour les versions anglaises et ces versions elles-memes.

8. Les qualificatifs utilises se trouvent entre autres dans Ie De virginitate

d Aldhelm (ca. 640-709), abbe de Malmesbury, puis eveque de

Sherborne; l erudit du Sud de I Angleterre, contemporain de Bede y

decrit Marie avec des qualificatit:sdes plus extravagants et entre autres

aussicomme« belle-fille du PeTe,mere et soeur du Fils, belle-mere des

saintes ames, eine des citoyens du ciel... »- ct. R. EHWALD, ldhelmi

Opera, Berlin, 1919,p. 292.

9. B. THORPE, he Sermonescatholici, 1ere partie, Londres, 1844,p. 436

(sermon XVIII); M. GODDEN, ermonescatholici,2eme partie, Londres

1979,p. 255 (sermon XXIX).

10. a. M. CLAYTON, p. cit., Cambridge, 1990, qui en fait une analyse

detaillee.

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102

R.FAERBER

Notons que Aelfric a aussi recuse comme heretiques les recits

apocryphesde la naissance t de l enfance de Marie11.

La tradition du Transitus Mariae est restee pourtant assez

populaire tout au long de ces siecles et me-meensuite: dans les

monasteres,on lisait, on traduisait et on copiait ce texte.

Trois textes anglais du Transitus Mariae soot actuellement

connus: Ie premier se trouve dans un manuscrit du Corpus

Christi College de Cambridge, Ie CCCC 41, il est copie dans es

margesdes folios 280-287; me econddans es Blickling Homilies,

homelie XIII; Ie dernier dans un autre manuscrit du Corpus

Christi College de Cambridge, Ie CCCC 198, aux folios 350-359.

Le texte du manuscrit CCCC 41 a ete edite une premiere fois,

commente et traduit en allemand, par H. Tristram12 et une

seconde ois, commente et traduit en anglais, par R.J S. Granp3.

H. Tristram a montre que celie version anglaise est une traduc-

tion plus ou moins fidele du texte latin publie, sous Ie titre de

«Transitus B », par K. yon Tischendorf14, tout en constatant

cependant que Ie traducteur anglais devait avoir devant lui un

texte latin tant soil peu different. M. Clayton a pu montrer que

la traduction anglaise repose sur Ie texte latin edite par M.

Haibach-Reinisch sous e titre de «Transitus B2 »15,out en con-

statant cependant que des.elements demeurent inexplicables16.

La traduction anglaise de ce texte est probablement de la perio-

de de la reforme benedictine de la deuxieme moitie du Xeme

siecle. Le manuscrit est de Ia premiere moitie du Xleme siecle et

la copie du CCCC 41, dans es marges, a ete faite probablement

au milieu du ce me-me iecle.

Le texte des Blickling Homilies a ete edite et traduit en ang-

lais moderne par R. Morris17. L homelie XIII a pendant long-

11. Cf. son home ie pour III fete de la Nativite de Marie dans B.

ASSMANN, ngelsiichsischeHomilien und Heiligenleben,Kassel, 1889,p.

24-25. Et pourtant les douze premiers chapitres du Pseudo-Evangilede

Matthieu ont ete traduits en anglais,cf. B. ASSMANN,p. cit. , Kassel,

1889,p. 117 137.

12. H. TRISTRAM,Vier altenglische Predigten aus der heterodoxen

Tradition, Freibourg, 1970.

13. R.J.S. GRANT, Three Homilies from Cambridge Corpus Christi

College41, Ottawa, 1982.

14. K. VONTISCHENDORF,pocalypses apocryphae, Leipzig, 1866, p.

124-136.

15. M. HAIBACH-REINISCH,p.. cit., Rome, 1962,p. 63-87.

16. M. CLAYTON, The Homily on the Assumption in CCCC 41 », in

Notes and Queries234 (1989),p. 293-295.

17. R. MORRIS,The Blickling Homilies of the Tenth Century, Oxford,

1874-1880Reimprime en 1967).

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LA TRADITION LImRAIRE DE LA DORMITION

ET DE L'ASSOMPTIONDE MARIE EN ANGLAIS ANCIEN

103

temps pose probleme quant it sa source18.La publication, en

1933 par A. Wilmart du Transitus latin C19, permis it R. Willard

de determiner que l'homelie XIII est fondee essentiellementsur

cette version. II a amorce line etude comparative du texte ang-

lais et du texte latin dans deux articles2°.M. Clayton a apporte

des corrections et des precisions supplementaires quant aux

sources de cette homelie, qui seraient d'une part line version

abregee du Transitus latin C et d'autre part line version atine du

type Transitus latin B221.Le manuscrit des Blickling Homilies

est du demier tiers du Xeme siecle.

Le texte de CCCC 198, datant du XIeme siecle, est presque

exactement Ie me-meque celui de l'homelie XIII des Blickling

Homilies, avec toutefois quelques variantes orthographiques et

autres. Comme dans l'home~ie XIII des Blickling Homilies il

manque un feuillet, Ie texte de CCCC 198 permet de combler

cette lacune. On pourrait penser que c'est line copie de l'home-

lie XIII des Blickling Homilies, cependant, selon R. Willard22, l

y a quelques variantes dans CCCC 198 qui ne se trouvent pas

dans I homelie XIII, par consequent, il est donc pen probable

que CCCC 198 soit line copie de l'homelie XIII. Pour ce me-me

critique, les deux textes sont toutefois ires proches et ont ete

copies de la me-mesource ou de sources res proches I'une de

l'autre23. Quant it la date de production, on abordera cette

question dans e Commentaire.

18. Cf. R. MORRIS, p. cit., Oxford, 1874-1880, . 137-159 Reimprime

en 1967).

19. A. WILMART,«L'ancien recit latin de l'Assomption», in Analecta

Reginensis.Extraits des manuscrits atins de a reine Christine conserves

au Vatican,Vatican, 1933.

20. R. WILLARD,« On Blickling Homily XIII », in The Reviewof English

Studies 12 (1936), p. 1-17 ; R. WILLARD «The Two Accounts of the

Assumption in Blickling Homily XIII », in The Review of English Studies

14 (1938),p. 1-19.

21. M. CLAYTON,«Blickling Homily XIII reconsidered », in Leeds

Studies n English 17 (1986),p. 25-40.

22. R. WILLARD,«op. cit. », in The Review of English Studies12 (1936),

p.5-6.

23. Le manuscrit CCCC 198 contient un sermon sur saint Andre qui se

trouve aussidans es Blickling Hdmilies. Selon R. WILLARD,«op. cit. »,

in The Review of English Studies W2 1936),P 6, il est fort probable que

l'homelie sur saint Andre et relit sur l'assomption de Marie se soient

trouvees, traduites en anglais, dans Ie meme manuscrit et aient ete

copiees t partir de lit une premiere fois it la fin du Xeme siecle dans es

Blickling Homilies et une autre fois au XIeme siecle dans Ie manuscrit

CCCC 198.

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104

R. FAERBER

En outre, un extrait d'un sermon de Saint Pere de Chartres,

fonde sur Ie Transitus latin, se trouve dans Ie manuscrit du

Cambridge Pembroke College 2524,et une des versions du

Transitus B2 se trouve dans Ie manuscrit Oxford Bodleian

Library Laud. lat. 86 du XIeme/XlIeme siecle ainsi que dans Ie

manuscrit Oxford Bodleian Library Rawl. D 1236 du XIVeme

siecle.

Selon M. Haibach-Reinisch, Ie texte aurait ete apporte en

Allemagne du Sud par des missionnaires anglo-saxons25,e qui

prouverait sa presence en Angleterre a une periode assez

ancienne.

Signalonsavec M. Clayton que la tradition apocryphe est aussi

representeedans Ie domame de la sculpture et de l'illustration26.

II s'agit entre autres d'une dalle sculptee, la Wirksworth

Slab dans Ie Derbyshire, u est figuree une scene montrant un

personnage (= Jean) port ant une branche de palmier qui marche

en tete de la civiere sur laquelle est etendu Ie corps de la Vierge

et en-dessous,attache par les mains, est etendu Ie Juif qui vou-

lait brftler Ie corps de Marie. Ce qui permet a M. Clayton de

conclure que cela correspond si exactement a la legende apo-

cryphe qu'il ne peut y avoir de doute quant a la provenance -

or, la dalle est de la deuxieme moitie du VlIeme siecle ou de la

premiere moitie du VlIIeme.

24. J.E. CROSS, ambridge Pembroke College MS 25, Londres, 1987

(King's College London Mellieval Studies ). Ct. aussi H. BARRE,Les

homeliaires carolingiens d'Al,lTerre,Rome, 1962,p. 22.

25. M. HAIBAcH-REINISCH,p. cit., Rome, 1962,p. 53.

26. M. CLAYTON, p. cit., C:ambridge, 1990, p. 153-154. Ct. aussi B.

KURTH,«The Iconography of the Wirkworth Slab », in The Burlington

Magazine 86 (1945)p.114-121.

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LA TRADITION LITrERAIRE DE LA DORMITION

ET DE L' ASSOMPTIONDE MARIE EN ANGLAIS ANCIEN

105

Traduction du Transitus al1glaisselon es versions ransmises

dans es

Blickling Homilies et Ie manuscrit CCCC 198

Le texte anglais a ete divise en paragraphes numerotes -

selon Ie Transitus latin C edit6 par A. Wilmart -et a ete mis en

parallele avec la traduction de S.C. Mimouni27, en Ie rendant

cependant conforme a la version du manuscrit de Saint-Gall qui

est plus proche du texte anglais.

Le texte du Transitus latin C s'arrete au § 50. A partir du § 51,

c'est par consequent a fin du Transitus latin B2, edite par M.

Haibach-Reinisch, qui figure en parallele28.

Traductiondu Transitusatinraductiondu Transitus

anglais

Chefs freres,

tenant ce qu'o

livres de la saint

ce qui lui est afT

la.

1) Apres l'ascension du Sei-

gneur, elle veillait jour et nuit

et priait. Et voila qu'arriva

aupres d'elle un ange du Sei-

gneur et lui dit : « Leve-toi,

Marie, et re~ois celie branclllie

de palmier que e t'apporte, car

en verite tu quitteras ton corps

dans trois jours et tous les

apotres du Seigneur seront

envoyes pour t'ensevelir »

1) En ce temps la, apres l'as-

cension du Seigneur, tandis

que la bienheureuse Marie

demeurait de jour et de nuit

dans leg veilles et leg prieres, un

ange du Seigneur s'en vint vers

elle et lui dit :« Marie, leve-toi

et re~ois cette palme que je te

confie main tenant car dans

trois jours tu seras elevee. Et

voici que je vais t'envoyer tous

leg apotres pour qu'ils t'ense-

velissent, ariD qu'ils contem-

plent la glorification qui te sera

donnee. »

27. S.C. MIMOUNI,«De l' Ascension du Christ a l' Assomption de la Vierge.

Les Transitus Mariae : Representations anciennes et medievales », in D.

IOGNA-PRATE. PALAZZO, . Russo (ED.) Marie, Le cuLtede Lavierge dans

LasocietemedievaLe, aris, 1996,p. 496-506.

28. Les [ ] representent des passages u texte de M. Haibach- Reinisch ne se

trouvant pas dans e texte du m ,de Saint-Gall; et les ( ) des elements du

manuscrit de Saint-Gall ne se trouvant pas dans M. Haibach-Reinisch.

ecoutez main-

n dit dans les

e

viergeMarie,

ive

en ce temps

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106

R. FAERBER

2) Alors Marie dit a l ange :

« Quel est ton nom? »Et l ange lui

repondit:« Pourquoi me demandes-

tu mon nom, car il est grand et mer-

veilleux? »

2) Marie lui repondit : « Jete

prie, Seigneur, de me dire quel est

ton nom »et l ange lui dit :« Qu as-

tu a me demander mon nom?

Lequel est grand et admirable. »

3) Lorsque la bienheureuseMarie

eut entendu cesparoles, elle manta

sur Ie Mont des Oliviers. Precedee

par l eclatante lumiere angelique,

tenant a la main celie palme donnee

par l ange, Marie etait transportee

d une grande oie, tout comme ceux

qui l entouraient. L ange, qui etait

venu avec elle, manta au ciel dans

une grande lumiere.

3) Lorsque sainte Marie eut

entendu cela, elle manta sur a mon-

tagne appelee Mont des Oliviers.

Et la branche de palmier, qu elle

avail re~uedesmains de l ange, etait

vraiment aussi umineuseque eto,ile

du matin.

Et Marie rut remplie de joie et

exulta de joie et elle rut glorifliee

d une grande oie.

Et tons ceux qui etaient la virent

l ange, qui etait venn pres d eUe,

remonter au ciel dans une graltde

lumiere.

4) Marie s en revint it.sa maison et

deposa soigneusementa palme

qu elle avail re~ue de l ange, puis

elle enleva es vetementsqu elle por-

tail, se lava et revetit sa plus belle

tenue. Toute joyeuse, elle benissait

Dieu en disant :« Je benis ton nom

saint dans les siecles des siecles,

amen. Je te prie, Seigneur,de faire

veniT sur moi ta benediction afin

qu aucune puissancede l ennemi ou

de l enfer ne m assaille it. heure ou

tu m ordonneras de me retirer de

man corps, puisque toi-meme tu me

l as promis par ces paroles Ne sois

pas triste, Marie . »

4) Et Marie retourna dans sa

demeure et elle mit de cote, en toute

humilite, la branche de palmJer

qu elle avait rec;ue des mains de

l ange.

Et elle enleva aussi eg vetemeuts

dont elle etait vetue et ava soncorps

et elle mit la plus belle robe, et elle

exulta et se rejouit et benit Dieu

disant :

« Benedico nomen tuum... et au-

dabile in seculaseculorum », e benis

ton saint nom, car il est grand et

digne de louange dans eg sieclesdes

siecles. Je te prie, Seigneur, d en-

voyer sur moi ta benediction. »

Et Marie dit: « Lorsque tu m or-

donnerasde quitter mon corps, alors

rec;oismon ame. »

Et l ange lui dit : «Ne sois pas

attristee, Marie. »

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LA TRADITION LI1TERAIRE DE LA DORMITION

ET DE L ASSOMPTIONDE MARIE EN ANGLAIS ANCIEN

107

5) Apres avoir dit cela,elle envoya

querir tOllSsesproches et leur dit :

« Ecoutez-moi tOllSet ajoutez foi a

roes cliTes, ar demain e quitte mon

corps et m en vais veTSmon Sei-

gneur. C est pourquoi, je vous

demande de veiller tOllSavec moi

jusqu a cette heure ou je me retire-

rai de ce corps. »[ ]

5) Lorsqu elle entendit cela, elle

appela et invita tous leg siens qui

etaient proches et leur dit :

« Ecoutez-moi ous et croyez ous

en Dieu Ie PeTe out-puissant, calf

demain je quitterai mODcorps et

j irai aupresde mODDieu; etje vous

prie de veiller tous ensemble d un

meme coeur avec moi jusqu au

moment oil Ie jour sera venu oil mes

peines prendront fin. »

[6)

[6 ]

7 ) Tandis qu ils parlaient ainsi,

voici que tout a coup arriva Ie bien-

heureux Jean, il frappa a la porte de

la maison et entra. Des qu elle Ie vit,

Marie en eut l esprit trouble et ne

put retenir ses armes. Elle s ecria

d une voix forte: « Pere Jean, sou-

viens-toi des paroles de mOll Sei-

gneur, ton maitre, par lesquelles il

m a confiee a toi, en ce jour oil il

s eloigna de nous pour Ie salut du

monde. ))

7) Et des qu elle eut dit cela, arriva

saint Jean, et it frappa a la porte pour

qu elle s ouvrit et il entra aupres de

Marie.

Et il vit que sainte Marie etait

troublee dans son coeur et qu elle

soupirait et ne pouvait retenir ses

larmes ;

et elle dit :« PeTe Jean, souviens-

toi de moi, car Ie Seigneur t a ensei-

gne ce que tu dais faire et [souviens~

toi de] ce qu il m a commande de

faire (?), Ie jour oil il nons a quittes,

parce qu il voulait souffrir pour Ie

saint du monde. »

8) Jean ui dit :« Que veux-tu que

je fassepour toi ? »Marie lui repon-

dit, et dit :« Je ne te demande rien

d autre que de monter la garde

aupres de moo corps et de Ie depo-

ser dans un tombeau, car demain e

dois m eloigner de moo corps.

Puisque voila que j ai entendu dire

par les uifs : « Tenons bon jusqu a

ce qu elle meure afin de pouvoir

trouver son corps et Ie livrer au

feu. »Quand Ie bienheureux Jean

eut entendu qu elle etait prete a

quitter son corps, il pleura a la face

8) Et saint Jean lui dit: « Qu~

veux-tu que je fasse pour toi? »8t

sainte Marie lui repondit et dit :« Je

ne demande rien d autre que cela :

garde mOD corps et depose-Ie dans

ma sepulture; car je vais quitter moo

corps d ici trois jours. »

Alors Jean entendit que les juifs

disaient : «Allons et tuons les

apotres et saisissons-nous du corps

de Marie et brfilons-le. »

Lorsque saint Jean entendit cel~.

il dit : « En ce jour il DOllSquitta eltt

sortit de son corps. »

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108

R. FAERBER

de Dieu en disant : « () Seigneur,

que sommes-nouspour que tu nous

fassesvoir de tels tourments. »

Et il pleura devant Dieu et dit :

« Helas, Seigneur,qui sommes-nous

pour que tu reveles tant de souf-

fiances. ~~

9) Et sainte Marie appela alors

saint Jean dans sa chambre e1. ui

montra tOllS esatours et la blanche

de palmier brillante qu'elle avail

re~ue desmains de l'ange. Et elle lui

montra toutes leg faveurs qu'elle

avail re~ues et lui dit : « Je te prie,

peTeJean, prends celie blanche de

palmier et porte-la devant ma litiere

funeraire quand je quitterai moo

corps. »

9) Alors Marie fit venir saint Jean

dans sa chambre et lui fit voir les

vetements qu'elle avait prepares

pour sa sepulture, et lui montra la

palme de lumiere donnee par l'ange

qui lui etait apparu et lui avait pre-

dit son assomptionet elle lui dit: »Je

te prie Pere Jean, de prendre cette

palme et de la porter devant ma

litiere lorsque je serai enlevee de

mOD orps. »

10) Alors saint Jean ui dit : ..Je

ne puis Ie faire, roais ons les apottes,

roes reres, viendront ici pres de moi

et nons seronsalors tons TenniS ans

I unite par la puissancede Dieu pour

la delivrancede ton corps. »

10) Et saint Jean lui dit : « Je

ne puis faire cela tout seuljusqu'a ce

que n'arrivent mes freres, apotres

comme moi, car aujourd'hui nous

devonsetre tollS eunis en ce lieu par

la puissancede Dieu, afin de rendre

hommage a ton corps. »

11) Apres avoir dit cela, ils sorti-

rent de la chambre et il y eut subite-

ment un grand onnerre, qui fit trem-

bler la maison et tous ceux qui s'y

trouvaient. Et voici que subitement

tous les apotres se trouverent depo-

ses devant la porte de la bienheu-

reuseMarie. S'apercevantes uns es

autres, tout etonnes, ls se saluerent

en disant :« Rendons gracesaDieu

qui aujourd'hui a daigne nous ras-

sembler,ainsi estaccomplie a parole

du prophete David: Voici qu'il est

bon et heureux que des freres habi-

tent tous ensemble. »Les apotresse

dirent les uns aux autres :« Freres,

prions Ie Seigneur afin qu'il nous

fasse connaitre la raison pour

laquelle il a voulu aujourd'hui nous

11) Apres avoir dit cela, l sortjt de

la chambre. Et il y eut soudain un

grand bruit de tonnerre et Ie lieU et

tOllSceux qui se trouvaient dans la

maison en furent ebranles.

Et voila que tOllS les apotres

furent enleves dans un nuage et

quelques-uns d'entre eux furent

deposesdevant a porte de la maison

de sainte Marie et ils virent qu elle

etait glorifiee et ils se salueren1 et

dirent : « Deo gratias, car nous

avons re~u aujourd'hui la grace

d'etre reunis. En verite, la propbetie

de David s'est accomplie : Ecce

quam bonum et quam iocunl~um

habitare fratres in unum, qu'il est

beau et agreable pour un homme

d'etre dans 'unite avec ses reres. »

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LA TRADITION LI1TERAIRE DE LA DORMITION

ET DE L ASSOMPfION DE MARIE EN ANGLAIS ANCIEN

Et puis ils se dirent les uns aux

autres: « Prions Ie Seigneur qu il

nous fasse savoir pourquoi il voulait

nous reunir aujourd hui ici. »

rassembler umemeendroit.

12) Et alors Pierre dit a Paul.

« Frere Paul, leve-toi et prie toi, car

tu es un pilier de lumiere ». [Et Paul

repondit] « Tous ceux qui sont la

autour de moi, sont bien meilleurs

que moi; et toi, tu es Ie precepteur

des prieres des apotres et tu es rem-

pli de tous leg dons du Seigneur, »et

tous eg apotres se rejouirent de l hu-

milite de Paul.

12) Pierre dit :« Frere Paul, leve-

toi et entonne la priere car mOll ame

est to ute rejouie de te voir. »Paul

repondit : « Comment pourrais-je

entonner la priere alors que c est toi

qui es la colonne de lumiere ? De

plus, tOllS mes freres qui m entou-

rent sont meilleurs que moi. C est

vraiment toi qui es Ie premier du col-

lege apostolique, prie pour nous tOllS

afin que la grace de Dieu soit avec

nous. »Alors tOllS leg ap6tres se

rejouirent de l humilite de Paul.

13) Et comme il a enjoint a l hu-manite

de taiTe, Pierre tendit legmains

veTSDieu et dit :« Domine

Deus omnipotens, qui sedes super

cherub n etprofundi,. Seigneur,Dieu

tout-puissant, toi qui siegesau-des-

sus des cherubins et au-dessusdes

profondeurs de taus eg abimes,nons

elevons nos mains veTS oi comme

une croix semblable a la tienne, en

ton amitie nons trouvons Ie repos,

car tu donnes Ie repos a nos

membres, car ils ant reuvre en ton

nom, et tu donnes I humilite aux

orgueilleux et tu vaincs la mort. Tu

es, en verite, notre repos et toi, Sei-

gneur, tu es notre protecteur et nons

crions veTSoi, toi qui demeuresdans

Ie Fils et Ie PeTeen toi, tu es un avec

Ie Saint Esprit d eternite en eter-

nite. »Et taus leg apotres repondi-

rent:« Amen. »

13) Et alors Pierre, it genoux, les

mains ouvert~s, pria ainsi : «Sei-

gneur tout puissant, qui sieges au-

dessus des cherubins et scrutes les

profondeurs de l abime, veTs toi

nous levons les mains it l imitation

de ta croix, afin qu en te connaissant

nous accedions au repos, car tu

donnes Ie repos aux corps epuises

par Ie labeur, toi qui humilies toute

superbe, toi qui as vaincu la mort. 1\1

es, Seigneur, noire repos, toi protec-

tion de tous ceux qui t invoquent, toi

qui demeures dans Ie PeTe et Ie PeTe

en toi, un avec Ie Saint-Esprit, pour

les siecles des siecles. »Et tous les

apotres repondirent : « Amen. »

14) Alors saint Jean accourut

aupres des apotres et dit: « Bene-

14) Le bienheureux Jean vint a

leur rencontre en disant : « Benis-

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110

R. FAERBER

sonsDieu, freres. »Pierre et Andre

dirent a Jean:« Seigneur Ies chef,

raconte-nous comment tu es arrive

ici aujourd hui. » Et Jean repon-

dit : « BenissonsDieu, freres. Ecou-

tez ce qui m est arrive. C etait pen-

dant que j enseignais dans la ville

d Agathe, a peu pres ala neuvieme

heure du jour. Tout d un coup, une

nuee descendit du ciel a l endroit

meme oil les gens etaient rassembles

pour ecouter a parole de Dieu. Tout

d un coup, [la nuee] m enveloppa et

me ravit du milieu d eux, a la vue de

tous ceux qui se trouvaient la, elle

me transporta ici. Aussitot, je frap-

paia la porte qui s ouvrit a l instant

meme, et j ai trouve tout ce monde

entourant notre sreur [et maitresse]

Marie, elle parlait a cette foule pour

lui dire q~ elle allait quitter son

corps. Alors moi, a ces paroles, je

fondis en armes. Maintenant freres,

ecoutez-moi. Si Ie jour prochain,

notre dame sort de soncorps, n allez

pas pleurer afin de ne pas troubler la

foule (qui nous entoure) car notre

Seigneuret maitre, [la nuit] alorsque

je reposaissur sa poitrlne, tandis que

nous soup ons, me l a dit. Et c est

pourquoi,je vous exhorte afin que Ie

peuple ne nous voie pas en train de

pleurer et n en vienne a douter et

dise en son creur : « Pourquoi ceux-

ci craignent-ils la mort alors qu ils

soot apotres de Dieu et annoncent a

resurrection? Mais bien plutot,

reconfortons-nous es uns es autres,

confiants dans es promessesdu Sei-

gneur, ariD que tout Ie peuple puisse

etre affermi dans la foi et non pas

livre au doute. »

dicite ratres et di Petrus, Benissez

Ie Seigneur tres chefs freres. »Et

Pierre et Andre dirent a Jean: « Toi,

chef seigneur, montre-nous com-

ment tu es venu aujourd hui aupres

de DOUg.»

Et Jean dit : « Benissez Ie Sei-

gneur, tres chefs freres, et ecoutez

tous; »il passaitce jour par la ville

et il apprit que vous priiez Dieu a la

neuvieme heure, et« soudain une

grande nuee descendit sur Ie lieu ou

DOUg tions reunis et ou DOUg cou-

tions la parole de Dieu, » et puis

soudain aus eg apotres entourerent

sainte Marie et la prirent par la taille.

Et to us ceux qui etaient la virent

saint Michel arriver et trapper a la

porte de la maison, et la porte ne lui

refusa pas l entree, mais s ouvrit

d elle-meme.

Et il trouva la une grande foule se

tenant la, et il y avait aussi a soeur

de sainte Marie qui parla a la foule

disant : « Demain elle va quitter son

corps; »Et chacun se mit a pleurer

en entendantcela. Et alorsMarie dit:

« Nunc fratres audile, chefs freres

ecoutez-moi taus : demain je quit-

terai moo corps. »

Et leg apotres lui dirent : « Ne te

souciepas Marie, ne pleure pas, pour

que ton peuple ne gait pas trouble,

car c est de cela qu a parle notre Sei-

gneur et celui qui DOUg onne ses

commandements, lorsqu il traversa

leg flats de la mer, pendant Ie repas

du soir. Aussi, je vous rappelle cela

a vous et a taus ceux qui se tiennent

la pleurant. »

Et voila que leg gens commence-

rent a douter dans leur coeur et

dirent : « Pourquoi sainte Marie a-

t-elle peur de la mort, il y a avec elle

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LA TRADITION LmERAIRE DE LA DORMITION

ET DE L'ASSOMPTION DE MARIE EN ANGLAIS ANCIEN

111

les apotres de Dieu et d'autres pour

la porter a sa resurrection. »Et les

apotres dirent au peuple : « Elle

sera bien plus reconfortee parmi

nons par la promesse de Dieu; que

Ie peuple n he site pas entre sa faj.

blesse et sa foi. »

15) Lorsqu'ils eurent dit cela, saiut

Jean arriva et entra dans la maison

de Marie et la salua d'une voix forte

et dit :« Ave Maria, gratias plena,

dominus tecum; saint Marie pleine

de grace; tu esbenie entre toutes les

femmes et tons les esprits saints. ~

Et elle repondit ;

15) Apres que Ie bienheureux

Jean eut prononce ces paroles, tons

les apotres entrerent dans a maison

(ou Marie etait couchee), ls la saIue-

rent a pleine voix en disant :« Nous

te saluons Marie pleine de grace, Ie

Seigneursoit avec oi. »Elle repon-

dit :« Et avec vans mes freres ».

16) « Tres chefs freres, je vous

prie de me dire de quelle maniere

vous etes venus ensembleaupres de

moi, et qui vous a dit que je devais

aller demain au ciel. »Et chacun

des apotres est designe pour aller

chacun dans un autre endroit pour

proclamer sa divinite (a lui) et sa

conception (a elle). Et les apotres 1a

souleverent et la placerent dans Ie

beauparadis.

16) «Toutefois, je vous en prie,

dites-moi comment etes-vous tous)

arrives aujourd'hui ici en meme

temps, ou qui vous a fait savoir que

j'allais sortir de man corps. }} Et taus

les apotres exposerent comment

chacundepuis Ie lieu ou il prechait,

sur I'ordre divin, fut ravi et depose

justementa.

17) Et alors Marie se rejouit en

son coeur et dit : «Bendico te qui

dominaris super omnem benedictio-

nem, e te benis, mon Seigneur, toi

qui es au-dessusde toute benedic-

tion et e benis toutes les promesses

que tu m'as faites ; tu as fais venit,

sansque e ne l'aie demande, ollS es

apotres pour mon enterrement ; eN:

je benis ton saint nom qui demeure

dans es sieclesdes siecles,Amen. .

17) Alors Marie, son esprit

rejoui, dit :« Je te benis, toi qui sur-

passes toute benediction. Je benis

l'habitacle de ta gloire. Je benis la

promesse it. aquelle tu t'es engage de

faire venir it. mon appel tous les

apotres pour m'ensevelir. Je benis

ton saint nom qui est et demeure

dans les siecles des siecles. »

18) Et post hec uocauit Sanct~

Maria omnes apostolas in cubicul()

18) Puis Marie appela tous les

apotres, les conduisit dans sa

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112

R. FAERBER

chambre et leur montra tous les

vetements reparespour sa sepul-

ture.

suo et ostendit llis omnem ndum:en-

turn. Et puis sainte Marie appela

tous les apotres dans sa chambre et

leur montra les vetements qu elle

voulait porter a son enterremen1J..

19) Et comme etait accompli e

troisieme jour 011elle devait s en

aller de son corps, Ie bienheureux

Pierre dit a tons les apotres et a tout

Ie peuple :« Freres, vous qui avez

converge veTScet endroit afin de

veiller avecnons, allumons tons nos

lampes,veillons d ame et d esprit [et

de corps], afin que, lorsque Ie Sei-

gneurviendra, il nons rouve eveilles

tons ensemble et qu il nons eclaire

de la gracede son esprit qui estsaint.

Freres, tIes chefs, ne vous figurez

pas que la raison de cette invitation

de la bienheureuse Marie est sa

mort. Pour elle, il n y pas de mort

mais une vie eternelle, en effet la

mort du uste est ouange aupres de

Dieu, car elle est grande et eter-

nelle. »

19) Et elle dit que Ie troisieme our

etait arrive auquelelle allait sortir de

son corps. Et alors saint Pierre dit a

tOlls eg apotres et a toute la tome :

« Tres chefs freres, e vous prie rous

qui etes a en ce lieu de veiller t1vec

moi et d allumer des lampes spiri-

tuelles jusqu a ce que Ie Seigneur

vienne ici. »

Et apres ces paroles, notre Sei-

gneur arriva et il leg trouva tOllS

veillant et illes illumina du dol1ldu

Saint Esprit et illeur dit : « Chers

freres, ne soyez pas attristes p.arce

que vous voyez que sainte Marie est

appelee a mourir; elle n est pas

appelee a une mort terrestre, mais

elle a la faveur de Dieu, c est pour-

quoi une grande gloire lui est reser-

vee. »

20) Et quand il eut lit cela, une

grande lumiere resplendit subite-

ment dans la maison, si bien qu on

pouvait a peine la regarder ou

decme l eclat de la lumiere. Et une

voix se fit entendre, disant :

« Pierre, voici que moi je suis avec

vous jusqu a la consommation des

siecles. » Pierre eleva la voix,

disant : « Nous te benissons oi, Ie

gouvernailde nos ames,et te deman-

dons de ne pas t eloigner de DOllS.

Nous te benissons, lumiere du

monde, qui es misericordieuxenvers

tOllS es hommes. »

20) Et quand il eut dit cela,.une

grande lumiere brilla soudain sur la

maison, de sorte que tons les esprits

mauvais qui etaient a furent anean-

tis et que ceux qui voyaient la

lumiere furent incapablesde par]er a

causede l eclat de la lumiere. Et une

voix forte venant du ciel s adressaa

Pierre et dit : « Je serai avec 1 OUS

tons les ours jusqu a la consomma-

lion de ce monde. »Et Pierre cmeva

la voix et dit: « Nous benissons on

nom avecnotre ame et nons e pcions

de ne pas nonsquitter; nons e benis-

sons et nons te prions d illuminer

notre monde, car tu as pitie de tons

ceux qui croient en toi. »

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LA TRADinON LInERAIRE DE LA DORMITION

ET DE L ASSOMPTION DE MARIE EN ANGLAIS ANCIEN

113

21) C est ce que Pierre dit it tous

leg apotres et il conforta leur creur

dans a foi en Dieu.

21) [ ] Du fait de tout ce dis-

cours du bienheureuxPierre, tout Ie

monde rut conforte dans Ia foi.

22) Marie se leva et sortit... dans

la maison et s etendit sur sa couche.

22) Apres qu il eut prononce ces

mots, Marie se leva et sortit de 1.1J

maison et elle pria devant eux 1.1J

priere que l ange qui etait venlJll

aupres d elle lui avait enseignee.

Apres avoir prononce la priere, ellt

rentra dans la maison et elle st

reposa sur son it.

23) Et a sa tete se plalta Pierre et

tout autour du lit se placerent tous

leg autres disciples du Christ.

Et a la sixieme heure du jour, u~

tonnerre violent retentit soudain d1Jll

ciel et il se repandit un doux parium

qui endormit tous ceux qui etaienl:

la.

23) A la tete du lit, Ie bienheureux

Pierre etait assis : autour du lit, les

autres disciples. VeTs la sixieme

heure du our, survint un grand coup

de tonnerre et un parfum delicieux,

si bien que, l odeur etant trop forte,

tOllS es assistantss endormirent, a

l exception des apotres et des trois

vierges auxquelles Marie avait

demandede veiller sans nterruption

et d etre temoins de a gloire de I As-

somption dans aquelle fut elevee a

bienheureuse arie.

Et les apotres et les trois femmes

auxquelles e Christ avait command6

de veiller sanscesseet de proclamer

la gloire du Seigneur au sujet de

Marie et toute sa bonte envers elIe,

la prirent dans es bras.

24) Et tons ceux qui etaient lill

s endormirent, et voici qu arriv~

soudain notre Seigneur et Sauveur

Jesus Christ a travers une grande

nuee avec une grande foule d anges

et il entra dans a maison de Marie

dans laquelle elle reposait. Et l ar-

change Michel, Ie prince de tons leI

anges,chantait des hymnes avec eI

anges, orsque Ie Seigneurentra. Et

it vit tons les apotres autour du lit d~

Marie.

24) Tandis que taus dormaient,

tout a coup survint Ie SeigneurJesus

porte sur une nuee et accompagne

d une multitude d anges, et il entra

dans la maison ou Marie reposait.

Michel, Ie chef des anges, chantait

l hyrnne avec taus les anges.Apres

que Ie Seigneur fut entre, il trouva

les apOtresautour du lit de la bien-

heureuseMarie (en presencede

Dieu) [ ]et dit :

25) Et il benit sainte Marie et

dit : « Benedico te quia quicumque

promisisti, je te benis, ma sainte

25)« Je te benis car ce que tu m as

promis, tu i as tenu. En effet, je ne

puis, par mesactionsde grace, epor-

Page 116: Apocrypha 10, 1999

8/20/2019 Apocrypha 10, 1999

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114

R.FAERBER

Marie, et tout ce que je t'ai promis

je l'ai accompli. )) Et sainteMarie lui

repondit et dit : « Je dispense tes

graces, Seigneur, et je te demande,

pour l'amour de ton nom, de m'ac-

corder la soumissiona tes COlmnan-

dements, pour que e puisse dispen-

ser tes faveurs. A toi honneur a

jamais. ))

ter sur ton nom autant que ce que tu

as daigne m'apporter. »

26) C'est ainsi que Ie Seigneur

re<;utson ame et la confia au saint

ange Michel. En dehors de tout

corps, l'ame avait une apparence

humaine et resplendissait d'une

blancheur sept fois plus grande que

celIe de la neige.

26) Alors Ie Seigneur re~ut son

lime et la donna a saint Mich~l et

celui-ci re~ut son lime avec toute

l'humilite de sesbras (membres). Et

elle n'avait rien en elle que seule-

ment la forme humaine et elle ; Ivait

line lime sept fois plus blanche que

la neige.

27) Et Pierre interrogea Ie Sei-

gneur en disant : « Lequel de DOUg,

Seigneur, posse de une ame aussi

immaculee que celIe de Marie? »

Et Ie Seigneur lui repondit :« Telles

gout ...de tOllS eg hommes, lorsqu'ils

auront avance dans la vie, purifiees

depuis Ie saint bapteme. Mais lors-

qu'elles quittent leur corps, elles ne

se trouvent plus aussi blanches,

autres etaient-elles quand la grace

leur rut donnee, autres sont-elles

trouvees quand elles out prefere leg

tenebres it. a lumiere en raison de

leurs nombreux peches. En effet,

quiconque se garde de tout peche a

une ame immaculee comme tu l'as

vu pour Marie. »

27) Et puis saint Pierre demi31nda

au Seigneur disant :« Qui de nons

a une ame aussiblanche que sttinte

Marie? »Et nolle Seigneur dit a

Pierre et a tons ceux qui etaien1la :

« L'ame de sainte Marie sera gl,ori-

flee aupresde Dieu et elle sera avee

par la sainte absolution. Et d'autres

apotres seront envoyesdeva" sa

litiere funeraire quand elle quittera

son corps. »

Et ils ne trouverent aucune ame

aussi blanche que celIe de stlinte

Marie, car elle aimait plus les

tenebrespour sespeches ?) et pour-

tant elle fut preserveede sespeches.

Et ils virent tons que sainte Marie

avail une ame aussiblanche que la

neige.

28) Alors notre Seigneur dit a

Pierre et au corps de sainte Maine:

« Demain, elle iTa dans la ville a

droite de mon quartier, et vous y

trouverez une nouvelle tombe :

28) Et Ie Seigneur dit encore:

« Pierre, veille sur Ie corps de Marie,

et quitte la ville par la droite, la tu

trouveras un tombeau neuf et fais-y

deDoserson corns. Et montez a

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8/20/2019 Apocrypha 10, 1999

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LA TRADITION LITrERAlRE DE LA DORMITION

ET DE L ASSOMPfION DE MARIE EN ANGLAIS ANCIEN

deposez e corps dans cette tombe et

gardez-Ie Iii comme e vous I ai com-

mande.

garde, comme je VOlls } ai ordonne ».

29) Et lorsque noire Seigneur eut

dit cela, Ie corps de sainte Marie

s ecria soudain et dit : « Souviens-

toi, roi de gloire,je suis ouvrage de

tes mains, souviens-toide moi, car e

garde Ie tresor de tes commande-

ments. »Et noire Seigneur dit au

corps de sainte Marie: « Je ne te

quitterai jamais, ma perle, je ne te

quitterai jamais moo joyau. Car tu

es, en verite, Ie temple de Dieu. »

29) Et lorsque Ie Seigneureut pro-

nonce cesmots, tout a coup Ie corps

de Marie se mit a crier a sa face:

« Souviens-toi, roi de gloire, car je

suis l ouvrage de tes mains. Sou-

viens-toi de moi car ai garde Ie tre-

sor que tu m as confie. »Et Ie Sei-

gneur dit au corps de la

bienheureuse Marie: « Je ne

t abandonnerai pas, 0 ma perle, car

tu as ete trouvee fidele et tu as garde

Ie depot qui t a ete confie. Je ne

t abandonnerai pas car tu es Ie

temple de Dieu.

30) Et lorsqu il eut dit cela, notre

Seigneur monta au ciel.

30) Et, sur ces mots, Ie Seigneur

monta aux cieux.

31) Alors Pierre et les autres

apotres et les trois femmes qui

veillaient la, laverent Ie corps de

Marie et Ie pose ent sur la litiere

funeraire. Et alors tous ceux qui

etaientendormis ereveillerent.

31) Pierre et les autres apotres

s occuperent du corps, et les trois

vierges qui avaient assure a veille

laverent Ie corps de la bienheureuse

Marie et Ie poserent sur sa litiere

funeraire. Alors tOllS ceux qui

s etaientendormis eveillerent.

32) Alors Pierre apporta la

branche de palmier que sainte Marie

avait re~ue des mains de l ange. Et

saint Jean dit : « Tu es uirgo, tu

debes procidere lectum, Tu es la

vierge la plus pure, et il convient que

tu partes sur ta litiere funeraire et

que nous portions cette branche de

palmier et que nous proclamions la

louange de Dieu. »Et puis saint

Jean reprit la parole et dit :« 1\1 es

Ie precepteur desprieres des apotres

et il est juste que tu partes sur ta

litiere funeraire et que nous te por-

32) Pierre apporta la palme [ Jet

(se mit) a reciter Ie chant de louange

aDieu. Et Ie bienheureux Jean dit :

« Tu es Ie premier du college apos-

tolique, Ie premier tu dois marcher

et porter ..., usqu a l endroit oil Ie

Seigneur a prescrit. Et qu aucun de

DOllS e s attriste, mais plutot cou-

ronnons-en sa itiere funeraire. »

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R. FAERBER

tions jusqu'a ce que DOUg rriviions

a l'endroit oil Ie Seigneur no us a

commande d'aller: Et qu'aucun

d'entre DOUg e soit attriste, mais

pla~ons sur ta litiere funeraire une

couronne de triomphe. »

33) Les apotres, debout, souleve-

rent la litiere funeraire et la porte-

rent avec eurs mains.

33) Et alors es apotresse everent

et its souleverent a litiere funefaire

avec eurs mains.

34) Et Pierre eleva la voix et dit :

« In exitu Israhel ex Aegypto. Alle-

luia ; Israel sortit d'Egypte et chan-

tait Alleluia. Et c'est vraiment Ie

Seigneur qui soutient cette litiere

funeraire. »

34) Pierre prit la parole et com-

men~a a reciter: « Israel est sorti

d'Egypte. Alleluia. »

35) Et les apotres marchaien1 ur

un nuage et portaient la litiere fune-

TaiTe et proclamaient l'amom de

Dieu.

35) Le Seigneur abrita la litiere

funeraire et les apotres sons une

nuee. Et ils marchaient, portant la

litiere funeraire tout en recitant un

hymne de louange ; personne ne les

voyait, on entendait seulement eurs

voix comme s'il y avait eu beaucoup

de monde.

36) Quand les princes des

pretres des uifs entendirent e grand

concert des voix qui chantaient les

chantsde louange, ts furent troubles

et commencerent a se dire les uns

aux autres : « Qu'est-ce donc que

cette foule et cette multitude de

gens? »

36) Lorsque la foule entenditcela

et que leg Juifs virent la foule des

angeset entendirent leurs voix cllan-

taut la louange de Dieu, ils furent

troubles dans leur coeur et se dirent

leguns aux autres :« Quelle estcette

foule et ce peuple qui chantentd'une

voix aussi orte?»

37) Un des assistants repondit :

« Marie vient de quitter son corps.

Ce sont seulement les apotres qui

l'entourent en disant un hymne de

louange. »

37) Alors l'un des apotres qui se

tenait 13.dit : « En verite, Marie

quitte son corps et nous chantons sa

louange. »

38) Et aussitot Satans'introdui-

sit dans Ie creur des princes des

38) Et voila que Satan, Ie diable,

et leg anciens des juifs se mirentt a se

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LA TRADITION LnTERAIRE DE LA DORMITION

ET DE L' ASSOMPTIONDE MARIE EN ANGLAIS ANCIEN

117

dire les uns aux autres : « Levons-

nons et tuons les apotres et saisis-

sons-nonsdu corps de Marie et bru-

Ions-Ie au feu, car c'est elle qui a mis

au monde ce seducteur. »Et les uifs

se leverent et ils s'avancerent avec

des epees et des pieux, dans 'inten-

tion de tiler les apotres. Et au meme

moment, les angesdans Ie nuage se

firent plus resolus que les uifs et les

attaquerent. Et les uifs furent imme-

diatement aveugles et tomberent a

terre et leur tete heurta les milTSet

ils tatonnaient autour d'eux de leurs

mains et ne savaientplus on aller.

pretres, et ls se mirent a dire les uns

aux autres :« Levons-nous, tuons

les apotres et brulons Ie corps de

Marie qui a porte ce seducteur. »lis

se leverent et partirent avec des

giaives et des gourdins pourtuer les

apotres. Au meme moment, les

anges, qui etaient dans les nuees,

frapperent ces uifs de recite. Tom-

bani a terre, ils se cognaient a tete

contre les murs, avec eurs mains ils

palpaient a terre, ne sachantplus 0\1

ils allaient.

39) Mais l'un d'eux, qui etait

prince des pretres, ayant rejoint les

autres, voyant la litiere funeraire

couronnee et les apotres recitant

1hymne, rut pris de fureur et de

grande colere, et dit : « Voila Ie

receptacle de celli qui nons a pilles,

nons et toute notre race, quelle glo-

rification il re<;oit »

Et se precipitant, en poussantdes

cris, il voulut renverser la litiere

funeraire. II tendit la main pour

prendre la palme et la jeter a terre.

Aussitot, ses deux mains se desse-

cherent jusqu'au conde et se colle-

rent a la litiere. Une moitie de son

corps etait attachee a la litiere, tan-

dis que l'autre pendait sur Ie sol.

39) Et I'un des chefs des juifs qui

etait la s'approcha des apotres et il

vit que la litiere funeraire etait por-

tee en triomphe et que les apotres

chantaient des hymnes et disaient :

« Voila qu'est accomplie la grande

colere et ire de ce prince et Ie Sei-

gneur nons a donne une demeure en

ce lieu et au milieu de notre peuple

et nons a donne une gIoire sure. »

Et puis Ie chefimpie s'ecria d'une

voix forte et dit : « Je vais me jeter

sur cette litiere funeraire et saisir la

branche de palmier et la jeter a terre

et, une fois sechee, je la briserai en

deux et la brulerai. »

Et iI alia veTSa litiere funeraire et,

arrive pres du corps sur la litiere

funeraire, il rut attache a la litiere

funeraire par sa main droite, de sorte

qu'il Testa suspendu en l'air.

40) Alors d'une voix forte il

s'ecria, et se mit a pleurer a Ia vue

des apotres et dit :« Adiuro uosper

Deum uiuum; je VallSconjure par Ie

Dieu vivant de ne pas m'abandonner

dans cette detresse.Je te prie, saint

40) Alors il s'exclama d'une

voix forte, a Ia vue des apotres, lies

supplia ainsi : « Je vous conjure par

Ie Dieu vivant, ne detoumez pas Ie

regard de moi dans une telle neces-

site. Je te prie en premier chef, saint

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R. FAERBER

Pierre, de te souvenir du serviceque

t'a rendu mOll pere lorsque la por-

tiere t'interrogeait et te disait :« En

verite, toi tu etais avec lui, »rap-

pelle-toi donc de quelle maniere il

t'a disculpe pour que tu ne sois pas

pris, et moi maintenant, e te supplie

de ne pas te detourner de moi. »

Alors Pierre dit : « Il n'est pas en

mOll pouvoir de te porter secours, si

ce n'est que par la puissance de

Dieu), ni en celui d'aucun de nous,

si tu [fie] crois pas que Jesus Christ

est Ie fils du Dieu vivant, par lequel

nous recevons a vie (?). »

Pierre, souviens-toi de ce que l]1on

peTea fait pour toi lorsqu'il etait por-

tier. »Alors Pierre lui demanda :

« Etais-tu avec ton peTe orsqu'il a

pris ma defense pour que je ne sois

pas arrete?»

Et Ie chef juif dit : « Je v,ous

demandede ne pas m'abandonne-r.

Alors saint Pierre lui dit : OJ I

n'est pas dans mon pouvoir ni dans

celui d'aucun d'entre nons, a moins

que tu ne croies au Sauveur Jesus

Christ, qu'il est e Fils du Dieu vivant

et qu'il est essuscitedes morts. Si tu

ne crois pas qu'il est e Fils de Dieu,

tu ne seraspas remis sur tes pieds a

terre.

41) Nous sayansque l'ennemjdes

hommes aveugle otre coeurpour

que vous ne croyiez pas que Ie Christ

est Dieu, et que vous seriez sauves

par lui .

41) Et il repondit : « N'avons-

nODSascru qu'il est e fils de Dieu ?

Mais que faire puisque l'ennemi du

genre humain a aveugle notre

creur ? Mais vous n'allez pas rendre

Ie mal pour Ie mal. En effet, ce mal-

heur m'est arrive parce que Ie Sei-

gneur veut me vivifier. »

42) Alors Pierre ordonna de depo-

ser la litiere funeraire et lui dit : « Si

tu crois de tout ton creur que tu peux

etre gu6ri par Dieu, approche-toi et

baise la litiere, et dis : ' J'ai foi en

ce corps et en celui qu'il a porte'.»

42) Mais va main tenant et

embrasse cette litiere funeraire et ills

a ce corps que tu crois en Dieu Ie

PeTe et a Marie, car elle a dClnne

naissance au Christ Sauveur. »

43) Alors Ie prince des pretres

benit Marie en hebreu trois heures

durant et ne laissa personne soule-

veT a litiere funeraire ; il s'appuyait

sur les livres de MoIse pour temoi-

gner de ce qui avait ete ecrit au sujet

de Marie, qu'elle etait Ie temple du

Dieu vivant, a tel point que les

apotres etaient dans l'admiration de

ce qu'il disait. Et Pierre lui dit

43) Alors Ie chef des pre-ires btnit

Marie en hebreu et la glorifia. Et

aucun d'eux entre temps ne souleva

la litiere funeraire. Et puis apre un

moment, il befit de nouveau Ie oorps

de Marie par Ie temoignage des

livres de MoIse et autres ecrits, et

avec res paroles, il declara que Marie

etait Ie temple du Dieu vivant.

Et les apotres furent etonnes et lui

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8/20/2019 Apocrypha 10, 1999

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LA TRADITION LnTERAIRE DE LA DORMITION

ET DE L' ASSOMPTIONDE MARIE EN ANGLAIS ANCIEN

119

ensuite : « Leve tes deux mains

ensembleet dis : 'Au nom de (notre

Seigneur) Jesus Christ auquel je

crois maintenant de tout moo creur

que mes mains soient retablies et

quelles deviennentcomme avant'. »

demanderent d'ou venaient ces

paroles admirables.

Et Pierre dit :« Etends ta main et

dis que tu crois, de tout creur, au

nom de notre SeigneurJesusChrist,

et que tes mains soient gueries et

qu'elles soientcomme auparavant. »

44) Et il arriva immediatement

qu'il crut danssoncoeur.

44) Et aussitot t en fut ainsi, car

it avait crn de tout son creur.

45) Pierre lui dit : « Leve-toi eltt

prends cette branche de palmier qui

est sur la litiere funeraire de sainte

Marie et va dans la ville des juifs

aupres de ceux qui soot aveuglesel:

parle-leur et dis : « A celui qui ne

croit pas au Sauveur qu'il est Ie fils

du Dieu vivant, les yeux resteront

fermes ; a celui qui croit en Dieu.

touche les yeux avec cette branche

de palmier que tu partes dans ti

main, et il recouvrera la vue. Celwu

qui ne croit pas en Dieu, en verite,

il ne verra plus jamais.

45) Et Pierre, immediatement, lui

dit : « Leve-toi maintenant, prends

la paille qui est devant la litiere

funeraire de la bienheureuseMarie,

penetre dans a ville oil tu trouveras

une foule et une multitude de juifs

qui ont ete frappes de cecile,

adresse-leura parole en disant :' A

quiconque croira au SeigneurJesus

Christ car t est e fils du Dieu vivant,

les yeux s'ouvriront'. Et celie palme,

que maintenant tu asre~ue en mains

propres, pose-la sur leurs yeux et

aussitot ts recouvreront a vue. Mais

pour celui qui ne croira pas, il ne

verra plus jamais. »

46) Le prince des uifs s'en fut et

fit ce que Ie bienheureux Pierre lui

avait recommande. 11vit beaucoup

de gens en larmes qui disaient :

« Malheur a DOllScar il DOllSest

arrive la meme choseque ce qui s'est

passe pour Sodome et Gomorrhe

dont les habitants ont d'abord ete

frappes de cecite pour qu'ensuite Ie

Seigneur envoie sur eux Ie feu du

ciel. Malheur donc a DOllS car

[ ] en pleurant ; Ie prince des

pretres que Pierre avait envoye

[ ]leur adressa a parole (et) leur

exposa out ce qu'il avait entendu,ce

qu'il avait souffert et comment ~ieu

46) Et Ie chef des juifs et de :

pretres partit et fit ce que Pierre lui

avait dit et il rencontra beaucou~

dans la foule qui pleuraient et qui

disaient : « Malheur a DOllS, ar il

no us arrive maintenant ce qui est

arrive a Sodome ; il arriva tout

d'abord que de grands tourment ,

s'abattirent sur la ville et les gen ,

furent frappes de cecite ; et puis It

Seigneurenvoya du feu du ciel et il

furent tOllS consumes, » et il

disaient : « Nous voici remplis d'hu-

milite. »

Et alors arriva aupres de ceux qui

pleuraient, Ie chef des pretres qu~

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8/20/2019 Apocrypha 10, 1999

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120

R. FAERBER

avait ete les yeux sur ui. Quiconque

ajoutait foi a sesparoles, recouvrait

la vue sur Ie champ en confessant

que Ie Christ etait fils de Dieu, mais

qui ne croyait pas demeurait

aveugle.

Pierre avail envoye, et illeur adressa

les memes paroles que Pierre lui

avail commande de dire.

II entendit leurs detresses et il

s etonna de ce spectacle. Et il dit :

« Quiconque croit et confess.e e

Dieu tout-puissant, lorsqu il fera

josle penitence au nom de Christ Ie

fils du Dieu vivant, il recouvrera

immediatement la vue; celui qui ne

croit pas veritablement en Dieu, il

restera aveugle a jamais d etemite

en etemite. Et ils crurent de suite et

Ie Christ leur rendit la vue.

47) Tout en portant Marie, leg

apotres arriverent au tombeau

[ ]comme Ie leur avait enjoint Ie

Seigneur Jesus Christ. Et tandis

qu its etaient assis, out a coup, Suf-

vint Ie Seigneur accompagned une

multitude d anges, et il leur dit :

« Que la paix soit avec vous,

freres. ~~

47) Et leg apotres porterel1lt Ie

corps de Marie jusqu a la tombe que

Ie Seigneur Jesus Christ leur avail

indiquee.

Et la, ils ensevelirent Ie corps de

Marie et se tinrent a la porte de la

sepulture comme Ie Christ Ie leur

avail commande.

Et comme ils etaient assis a, Ie

Seigneur arriva soudain avec une

foule d anges et leur dit : « Que la

paix soil avec vous, freres. »

48) Et il ordonna a Michel, I ar-

change, d accueillir l ame de Marie

dans a nuee.

48) Et il ordonna a l archange

Michel d accueillir Ie corps de la

bienheureuse arie sur esnuees.

49) Et Michel prit l ame et dit aux

apotres de s approcher du Seigneur

et Sauveur Jesus Christ, et puils il

enleva l ame dans a nuee.

49) Et lorsque Michell eut pris,

Ie Seigneur dit aux apotres de s ap-

procher de lui. Et apres que les

apotres se fussentapprochesdu Sei-

gneur, ils furent accueillis sur les

nuees.

50) Et Ie Seigneur ordonna a la

nuee de monter au paradis et d y

deposer ame de saiote Marie. Et la,

au paradis, elle est a jamais dal1lsa

gloire avec Dieu et avec ous es elus.

50) Et Ie Seigneur ordonna aux

nuees de se rendre au paradis [ J.

Et leg nuees deposerent e corps de

la bienheureuseMarie au paradis, et

c est lil qu elle demeure glorifiant

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8/20/2019 Apocrypha 10, 1999

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LA TRADITION LITrERAIRE DE LA DORMITION

ET DE L' ASSOMPTION00 MARIE EN ANGLAIS ANCIEN

Dieu en compagniede (tous) les

elus.[ ]

51) Et voila qu'a la troisieme

heure de ce jour, Ie Seigneur arriva

avec une grande foule, salua les

apotres et leur dit : « Que la paix

soil avec vous, freres. »

51) Et voila qu'a la troisieme

heure du troisieme jour, Ie Seigneur

Jesus arriva avec une multitude

d'anges et salua les apotres et leur

dit :« Que la paix soit avecvous. »

52) Et eux en l'adorant lui dirent :

« Gloire a toi, notre Dieu, toi seul u

fais de grands miracles. »Alors Ie

Sauveur leur dit : « Avant que,

envoye par mOll PeTe, je n'aie

accompli Ie sacrement de ma pas-

sion, orsque 'etais avecvous et mOll

corps, e vous ai promis que vous qui

me suiviez, lorsque Ie fils de

I homme siegera sur Ie traDe de sa

majeste, vous siegerez, au jour du

jugement, sur douze traDes pour

juger les douze tribus d' srael. Et

celle-ci, la volonte de mOll PeTe 'a

choisie du milieu d'une des tribus

d' srael, afin que e prenne chair par

elle. C'est pourquoije l'ai sanctifiee

comme emple immacule de la chas-

tete, afin qu'elle restat vierge avant

d'avoir enfante et vierge apres avoir

enfante.

52) Et les apotres lui repondire.nt

et dirent :« Gloire a toi, notre Dieu,

car toi seul u as accomplide grandes

merveilles. »Et notre Sauveur eur

dit :« J'ai ete envoye par mon Pete

tout d'abord pour subir ma sainte

passion.

Et j'etais revenu dans mon corps,

comme je vous l'avais promis, et

aupres de tons ceux qui m'avaiel1t

suivi parmi les hommes, et e me suis

assis sur mon trone au-dessus de

vous et 'ai juge douze nations panni

les trois peuples d' srael et es doU.te

tribus; et sur 'ordre de mon PeTe,e

ius restauredans mon corps. Et pour

l'amour de sa saintete, je me suis

consacredans ce temple immacu}e.

Elle etait la plus pure des emmes et

elle etait vierge avantd'etre enceinte

et elle est restee vierge apres qu'elle

a enfante. »

53) Et maintenant qu'elle a paye

Ie tribut a la nature, que voulez-vous

que e fassepour elle. »Et Pierre et

les ap6tres lui repondirent :« Sei-

gneur, tu t'es choisi ce receptacle

immacule et tu l'as decide avant ons

les siecles. Si donc par ta puissance

c'etait possible, il nons semble, a

nons tes disciples, que, de meme

que, ayant vaincu a mort, tu regnes

dans a gloire, de meme, apres avoir

ressuscite Ie corps de ta mere, tu

53) Et Ie Sauveur dit aux apotres :

« Que voulez-vousque e fassepour

elle ? »

Et Pierre et tons les apotres lui

repondirent et dirent : « SeigneUT,

tu as choisi ce receptacle pour y

habiter, elle ta vierge la plus pure du

monde, et tu peux manifester veri-

tablement et visiblement ta purs-

sancepour Marie ta servante ; tu as

vaincu la mort et tu regnes dans ta

gloire, aussi as-tu e pouvoir de res-

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122

R. FAERBER

susciter Ie corps de ta mere de la

mort. »

'emmener avec toi auourrais

ciel. »

54) Et Ie Seigneur dit aux

apotres : « Qu'il en soit fait selon

votre desir. »

54) Et Ie Seigneur du ciel fut

immediatement rempli de oie et dit

a sesap6tres : « Qu'il en soit scIon

votre desir. »

55) Aussitot sur l'ordre du Sei-

gneur, Michell'archange presenta

l'ame de la bienheureuseMarie au

Seigneur.

55) Et immediatement e Seigneur

ordonna a Gabriel, l'archange. de

rouler la pierre de devant la sepul-

ture.

Et l'archange Michel presenta

l'ame de sainte Marie au Seigneur.

56) Alors Ie Seigneurprit la parole

et dit :« Uve-toi, ma princesse,ma

colombe, glorieux tabernacle, ecep-

tacle de la vie, temple celeste; et

puisque tu n'as pas subi a souillure

de la chair, tu ne subiras pas la dis-

solution du corps dans a tombe. »

56) Et alors Ie Seigneur dit au

corps de Marie: « Leve-toi, ma

parente, ma colombe et ma demeure

de gloire, et parce que tu es e recep-

tacle de la vie, tu es un temple

celeste; et aucunpechen'a ete com-

mis dans ton coeur, et tu ne subi ras

aucune douleur dans ton corps.

Et Ie Seigneur dit une nouvelle

fois au corps: « Releve-toi de ta

tombe. »

57) Et Marie se releva immedia-

tement de la tombe et, se proster-

nant aux pieds du Seigneur,se mit a

Ie glorifier et dit : « Je ne puis te

rendre leg gracesque tu m'as accor-

dees, Seigneur out-puissant, que Ie

monde entier ne peut louer pleine-

ment ; que ton nom, Dieu d' srael,

soit beni et exalte avec Ie Pere et Ie

Saint Esprit dans leg siecles des

siecles. »

57) Et Marie sereleva de sa orobe

immediatement et embrassa les

pieds du Seigneur et elle glorifia

Dieu et dit :« Mon Seigneur, e $uis

incapable de te rendre tous leg dons

que tu m'as donnes pour l'amour de

ton nom et pourtant its ne pourraiient

compenser outes tes benedictions.

Tu es Ie Dieu d' srael et to es

exalte avec ton PeTe et avec ton

Saint Esprit d'eternite en eternite.

58) Et la relevant, Ie Seigneur

l'embrassa, la remit a l'archange

Michel et elle rut enlevee en pre-

sencedu Seigneurdans a nuee avec

leg anges.

58) Et Ie Seigneur la rele~ et

l'embrassa et ilIa donna a Michel

l'archange et ill'enleva dans a tluee

a la vue du Seigneur.

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LA TRADITION Lln:ERAlRE DE LA DORMITION

ET DE L' ASSOMPTION )4EMARIE EN ANGLAIS ANCIEN

123

59) Et Ie Seigneur dit aux

apotres : « Venez aupres de moi

dans a nuee. »Et lorsqu'ils se urent

rapproches, illes embrassa et dit :

« Je vous donne ma paix, je vous

laisse ma paix. Je serai avec vous

tons les jours jusqu'a la fin du

temps. »

59) Et Ie Seigneur dit aux apotres :

« Venez aupres de moi dans la

nuee. »

Et lorsqu'ils vinrent aupres de lui,

Ie Seigneur les embrassa et dit :

« Pacem meam do vobis, Alleluia

Je VallS laisse ma paix par Ie Sai1nt

Esprit de man PeTe. Et je vans

donne ma paix par ma plus grande

gloire et je serai avec VallS taus leg

jours jusqu'a la fin du monde. »

60) Et Ie Seigneur dit aux anges :

« Chantezmaintenant et recevez ila

mere au paradis. »

60) Ayant dit cela, Ie Seigneur et

sa mere furent re~us au paradis avec

les anges qui chantaient.

61) Et, par la puissance du Christ,

leg apotres furent souleves dans la

nuee et chacun rut depose a l'endroit

assigne pour pre-cher a grandeur de

Dieu, qui vit dans la perfection de la

Trinite et qui regne dans leg siecles

des siecles. AMEN.

61) Et les apotres souleverent de

toutes leurs forces Ie corps de Marie

dans es nuees et Ie deposerentdans

la felicite du paradis.

Et les apotres sont maintenant

chacun a la place assignee pour la

proclamer amais.

62) Confessons a present la gr,andeurde Dieu et chantons au nom de

Marie: « Magnificat anima mea, »car c'est ainsi qu'elle disait lorsqu'elle

chanta« Magnificat ».« Mon Seigneur,magnifie mon ame. Et exultavit : et

fais que mon esprit se rejouisse de ton saInt, car tu es veritablement Dieu.

Quia respexit car porte ton regard sur ton humble servante,mon Seigneur »,

disait Marie. « Fais que toutes les generationsme proclament bienheureuse.

Qui fecit: car tu as fait de grandes choses pour moi et tu es grand et ton

nom estsaint. Et misericordia: et tJlbonte estavec ons ceux qui te craignent.

Fecitpotentiam : et il est intervenu avec oute la force de son bras et il a dis-

perse es hommes ala penseeorgueilleuse et qui n'avaient pas confiance en

lui. Deposuit : et il jete les puissantsa bas de leur trone, c'etait Satan avec

tons les diables, lorsqu'il etait au foyaume des cieux et que, a causede son

orgueil, il fut precipite avec sesdittbles dans es abimes de l'enfer. Et Ie Sei-

gneur eleve tons es humbles. Esurientes et SanctaMaria fit que Ie Seigneur

avait rempli de la beaute du ciel tons ceux qui souffraient sur terce la faim

et la soif a causede son nom; et a tons ceux qui ont re~udes richesseset qui

croyaient plus en l'accumulation de biens qu'en Dieu et s'adonnaient a la

vanite, il a reserve a perdition eternelIe. Suscepit srael: et il vient en aide

a tons sesserviteurs Israel en souvenirde leur bonte ; comme e fit Matthieu,

Ie Seigneurestmonte, a un certain moment, sur une montagneavec a grande

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FAERBER

foule des saints et il s est assissur la montagne. Sicut locutus est: et ses dis-

ciples vinrent a lui et Ie Seigneurouvrit la bouche et parla a noire peTeAbra-

ham et dit que sa semence remplira toute la terce. Et il enseigna ses dis-

ciples et leur dit par quelles choses l ame pouvait recevoir Ie plus de

benedictions et dit : « Heureux: es pauvres en esprit, car its trouveront Ie

repos au royaume des cieux ; heureux ceux qui pleurent leurs peches,car ls

seront consolesdans Ie royaume:des cieux. »

Mais supplions a Vierge Marie qu elle intercede pour nous aupresde notre

Seigneuret SauveurJesusChrist, Ie maitre desbienfaits ici-bas et de la gloire

eternelle : que notre Seigneurnous aide a y parvenir.

AMEN.

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125

COMMENTAIRE

Ce texte est truffe de biz~rreries, d absurdites, d incongruites,

d incoherences, dues probablement a l incompetence, en latin,

d un traducteur travaillant sur un texte latin lui-meme ires

defectueux -la version latine du manuscrit de Saint-Gall en est

un exemple caracteristique.

En outre, concernant e contenu, il est aussievident qu il s agit

d un texte composite puisant ses elements dans plusieurs tradi-

tions sur Ie sort final de Marie, sans aucun effort d integration ni

d harmonisation.

Structure du Transitus ang)~ais.

En ne tenant pas compte des nombreuses incoherences, on

pourrait structurer Ie texte <mglais elatif au sort final de Marie

de la maniere suivante29

-Annonce de l ange;

-Preparation de Marie;

-Arrivee de l apotre Jean;

-Arrivee des autres apotres;

-Rencontre de Jean e:tdes autres apotres;

-Reunion des apotres chez Marie;

-Arrivee de Jesuspour consoler es apotres;

-Mort de Marie;

-Separation de l ame et du corps, arrivee de Jesuset pre-

miere translation de l ame au paradis;

-Transport du corps veTSa sepulture au pied du Mont

des Oliviers;

-Outrage des uifs;

-Ensevelissement de Marie;

-Arrivee de Jesus et deuxieme translation de l ame au

paradis;

-Resurrection du corps de Marie par Jesus;

-Translation du corps ressusciteau paradis;

-Dispersion des apotres.

29. Sont repris ici, en partie, les sous-titresde la traduction du Transitus

latin C proposes par S.C. MIMOUNI,«op. cit. », in D. IOGNA-PRAT

E. PALAZZO, . Russo (ED.) Marie, Le culte de la vierge dans a societe

medievale.PARIS. 996.o. 496-5M.

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R. FAERBER

Les deux translations de l'ame sont dues sans doute au fait

que l'auteur de la traduction anglaise, en desaccordavec Ie recit

du Transitus latin C, se S08t ourne vers celli du Transitus latin

B, sans aire cependant es ajustementsnecessaires. 1aurait dft,

en eifel, proceder au changementde source au § 47, «Et la, ils

ensevelirent e corps de Marie et se tinrent a la porte de la sepul-

ture comme Ie Christ leur avail commande », et puis continuer

par Ie § 51.

Sourcesdu Transitus anglais.

Deux sources principales ont ete decelees: les §§ 1 a 50 sont

fondees sur un manuscrit ~ non identifie -du Transitus latin C

edite par A. Wilmart; Ie reste sur Ie Transitus latin B2 edite par

M. Haibach-Reinisch.

La priere finale § 62 est fort probablement une composition

originale.

Commentaire des §§ 1 It.50.

Comme on l'a deja dit, la version etablie par A. Wilmart, «un

texte neutre ou commun », n'est certainement pas la source. La

plus proche des versions existantesde ce Transitus est celIe de la

bibliotheque de Saint-GaEl,qui en est une version abregee, la

version anglaise presentant es memesabreviations.

Ainsi au § 5, sur les 8 versets numerotes par A. Wilmart, Ie

texte de Saint-Gall et Ie texte anglais n'ont retenu que les 3 pre-

miers. Le § 6 de A. Wilmar est omis en entier dans es deux tex-

tes. Le § 21 de A. Wilman est un long sermon de Pierre de 17

versets; seulle dernier a ete retenu par Saint-Gall et par la ver-

sion anglaise.

Les § 24-25ont dans egdeux textes a memeparticularite : Ie dis-

cours, «Je te benis... », qui dans Ie texte de A. Wilmart est pro-

nonce par la bouchede Marie, est attribue a Jesus. est fort proba-

ble que dans e texte de Saint-Gall t y a une lacune scribale (saut

de ligne, par ex). Mais Ie traducteur anglais a dft avoir devant ui

une versiondans aquelle c'estJesusqui s'adresse Marie.

D'autre part Ie § 41 du texte anglais ne correspond ni au texte

du manuscrit de Saint-Gall ni a celui de A. Wilmart.

Mais il y a des omissions dans Ie manuscrit de Saint-Gall

qu'on ne rencontre pas dans Ie texte anglais, comme par exem-

pIe au § 32, ollIe texte uglais suit Ie texte de A. Wilmart, tout

en faisant un contresens: il fait dire, en effet, par Jean a Marie:

«Tu es virgo... », alors que dans Ie texte latin c'est Pierre qui dit

cela a Jean.

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LA TRADITION LIITERAIRE DE LA DORMITION

ET DE L ASSOMPTIONDE MARIE EN ANGLAIS ANCIEN

127

11est res difficile de determiner Ie texte latin qui est a l origi-

ne du texte anglais. Si l on prend comme base de comparaison e

Transitusde A. Wilmart, on constate combien Ie traducteur an-

glais a deforme Ie contenu et combien il s est fourvoye au point

de produire des incongruites et des absurdites textuelies et logi-

ques qui sont difficiles a expliquer.

A. Wilmart a fait tine analyse comparative des §§ 7 a 11 du

texte anglais (celies qui manquent dans Blickling XIII) et des §§

47 a 57 avec es sections correspondantesdu Transitus latin C3O.

M. Clayton, dans tine de sescontributions, celie partie en 198631,

a apporte des complements d information et des corrections, et a

procede a tine comparaison plus systematique. Tous deux ont

essayede molliTer comment Ie traducteur anglais s est fourvoye,

de maniere irreflechie, devant un texte latin trop difficile pour

lui.

L une des sections ntrigantes demeure Ie § 14, oil les disciples

demandent a Jean comment il est venu a Jerusalem dans la

maison de Marie. La reponse de Jean est une longue tirade assez

complexe. On retrouve dans Ie texte angiais une partie des ele-

ments du texte latin, mais comme des morceaux d un puzzle, dis-

perses, rearranges en grande partie sous forme de discours nar-

ratif -du discours direct, il ne Testeque quelques bribes, et ces

bribes soot placees dans la bouche d autres personnages,et de

plus il y a des ntrusions incongrues.

II est difficile de comprendre ce qui s est passedans a tete du

traducteur. A. Willard et M Clayton ont tente des explications.

Ainsi Ie passagedu texte anglais «II enseignait que vous priiez

Dieu» correspond au passage du texte latin «Factum est dum

essem in ciuitate Agathen docens»: on reconnait «docens »,

niais d oil vient «que vous priiez...»? R. Willard propose l expli-

cation suivante: Ie traducteur aurait interprete «agathen », dont

il ne savait que taiTe, comme l imperatif pluriel de «agere gra-

tias» (= rendre grace a Dieu)32.

En ce qui concerne Ie passage du texte anglais oil il est dit

« es disciples prenant Marie par la taille » (litteralement, «par Ie

milieu »), Ie texte latin correspondant est «Subito circumdedit

me nubes et rapuit me de medio eorum, uidentibus omnibus qui

30. A. WILMART, Op. cit. », in Analecta Reginensis.Extraits desmanus-

crits latins de la reine Christine conserves u Vatican,Vatican, 1933.

31. M. CLAYTON, op. cit. », in Leeds Studies in English 17 (1986),

p. 25-40.

32. Ct. R. WILLARD,«op. cit. », in Echos d Orient 38 (1939),p. 346-354.

Cf. aussiS.C. MIMOUNI, p. cit., Paris, 1995,p. 499,n. 78.

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128

R. FAERBER

ibidem erant, et attulit me hic ». M. Clayton suggereque Ie tra-

ducteur aurait interprete Le «me» (peut-etre mal ecrit dans Ie

texte source) dans « rapuit me » comme abreviation de «Marie »

et Ie «me hic» dans «me hic attulit », comme abreviation de

Michel. Celie explication est plausible, surtout si, dans Ie texte

latin utilise par Ie tradu~teur anglais, il manquait Ie terme

«nubes », sujet de «rapui1» et de «attulit », comme c'est Ie cas

dans a version du manuscrit de Saint Gall.

La presence de la «sreur de Marie» dans Ie texte anglais est

etonnante: la aussi e texte latin abrege de Saint Gall a peut-etre

trompe Ie traducteur, « et mveni hic populum multum adstantem

circa sororem nostram Mariam... », Ie texte complet est «circa

sororem et dominam nostram Mariam... ».

De meme est etonnante la combinaison de deux scenesbibli-

ques la tempete apaisee et la CeDe,qui pourrait montrer que Ie

traducteur ne semble pas c:onnaitresaBible

Le § 27 est egalement enigmatique, c'est celui dans lequel

Jesus epond a Pierre en lui expliquant la blancheur des ames:

«Telles soot leg ames de tOllS eg etres, ceux que j'ai choisis et

attires a moi, lorsque depuis Ie saint bapteme, purifiees, elles

auront avance dans la vie. Mais lorsqu'elles quittent leur corps,

elles ne se trouvent plus aussi blanches, aut es etaient-elles

quand la grace leur rut donnee, autres sont-elles rouvees quand

elles ont prefere leg tenebres a la lumiere en raison de leurs

nombreux peches...». La seule partie de la phrase qui se retrou-

ve dans Ie texte anglais est: « prefere leg tenebres a la lumiere en

raison de ses nombreux peches» «<quia dilexerunt magis tene-

bras quam lucem propter multa peccata sua»), appliquee a

Marie, ce qui donne un vrai non-gens.Le texte latin n'est pas des

plus faciles, et il se peut que Ie texte source du texte anglais ail

ete lui-meme corrompu dans e meme sens33.

On pourrait ainsi mettre en parallele d'autres elements et

montrer comment Ie traducteur s'est fourvoye. Rien cependant

33. On pourrait noter que Ie texte de Blickling n'est pas tout a fait iden-

tique a celui de CCCCl98. Dans ce demier, Ie pronom sujet de

« aimait» est hie alors que dans Blickling il est heo; celui de «fut pre-

servee » est heo dans es deux textes; or heo est bien Ie pronom feminin

singulier, «elle », hie est une variante possible,mais cela peut aussietre

Ie pronom troisieme personne du pluriel «its elles »; il est vrai que Ie

verbe «aimait» est au singulier (lufode), mais en Ie corrigeant en lufo-

don, pluriel, on pourrait comprendre «its (= les autres) aimaient plus

les tenebres a cause de leurs peches,mais elle (= Marie) rut preservee

de ses peches». Mais c'est la une suggestionpour sauver a face du tra-

ducteur

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LA TRADmON LITrERAIRE DE LA DORMmON

ET DE L' ASSOMPl10N DE MARIE EN ANGLAIS ANCIEN

129

ne permet de croire que Ie texte latin doni a dispose Ie traduc-

leur anglais etait un des mansucrits du Transitus latin C connus

de A. Wilmart.

La tendance du traducteu I"de repartir un discours prononce

par un personnageentre ce personnage et celui a qui il s'adresse

ou d'en transformer tine partie en recitatif cree souvent du non-

sellS, comme par exemple au § 25. Dans Ie texte latin, c'est

Marie qui s'adressea Jesus,«Je te benis car ce que tu m'as pro-

mis, tu l'as tenu. En effet, je ne puis, par mes actions de grace,

reporter sur ton nom autant que ce que tu as daigne m'appor-

ter ». Dans Ie texte anglais, la premiere phrase est mise dans la

bouche de Jesus et la deuxieme phrase est une reponse de

Marie, et Ie tout devient enigmatique. II est vrai que Ie sellSde

l'original n'est pas des plus evidents

L'incompetence en latin de l'auteur ne suffit peut-etre pas a

expliquer ces bizarreries. M.K. Nellis, dans tine contribution

publiee en 198034, propose tine autre explication: Ie traducteur

original aurait fait tine premiere traduction, en laissant des

blancs la ou il avail des problemes de comprehension et en fai-

sant des brouillons de ces passagessur des fiches separees.Un

autre scribe aurait incorpore par la suite cesextraits aux endroits

qui lui semblaient correspondre au latin, par megarde pour ainsi

dire. Les scribes de Blickling XIII et de CCCC 198 ant recopie

Ie texte tel quel sans reflechir non plus. D'ailleurs Ie glossateur

qui a glose en latin Ie texte de CCCC 198, au Xllleme siecle, n'a

pas non plus, semble-t-il, constate 'incongruite.

Ainsi l'element des «apo1res saisissantMarie par la taille », au

§ 14, aurait sa place norma)e dans les § 16, 23 ou 57, et l'arrivee

de Michel au § 24.

Au § 16, ou Marie demande comment les apotres sont arrives

pres d'elle, on reconnait des elements communs entre Ie texte

anglais et Ie texte latin, mais Ie texte anglais, tel qu'il est, est par-

faitement incongru et n'a autun rapport avec la question posee

par Marie, et, en plus, il y a une intrusion qui est hors de propos:

«les apotres la souleverent et la place rent dans Ie beau para-

dis ». Les deux elements, a dispersion des apotres pour precher

la parole de Dieu et les ap6tres soulevant e corps de Marie pour

la transporter au paradis, se: etrouvent a la fin au § 57, ou ils ant

leur place logique. Dans Ie texte anglais, Ie passage contient

34. M.K. NELLIS, «Misplaced passages in Blickling Homily XIII»

Neuphilologische itteilungen 1 (1980), . 399-402.

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130

R. FAERBER

deux elements qui n ont ;JIucune orrespondance dans Ie texte

latin du Transitus latin C: ainsi, «pour proclamer sa divinite (a

lui) -~godcundnesse ~et sa conception (a elle)- hirg.geac-

nunge », Ie latin a simplement «chacun... prechait, sur l ordre

divin ». n est peu probable que ce soit une invention du traduc-

teur anglais: ces elements devaient faire partie du texte latin

source.

n en est de meme au § 20 ou il est dit que les mauvais esprits

sont aneantis par la grande lumiere; cet element ne se trouve

dans aucune des versions du Transitus.Dans Ie meme paragra-

phe, l eloge de la virginite de Marie dans Ie contexte en question

est hoTS e propos.

n y a aussi des remaniements acceptables: ainsi au § 8, Ie

texte latin est un discours de Marie a Jean, dans lequel elle lui

fait part des menacesqu elle avait entendu proferer par les uifs.

Dans Ie texte anglais, c est Jean qui, lui, entend ces menaces

directement.

Au § 32, Pierre dit a Jean: «Tu es vierge, tu dois marcher

devant la litiere funeraire... » «<Tu es virgo, tu debes procedere

lectum...»); dans Ie texte anglais, c est Jean qui Ie dit a Marie, et

«Tu dois marcher devant la litiere funeraire...»» devient «n

convient que tu partes sur ta biere ». n se peut que Ie traducteur

n ait pas compris pourquoi Pierre dit a Jean qu il est virgo; pour

lui ce terme ne pouvait s appliquer qu a Marie.

n n y a non seulement des incoherences extuelles, mais aussi

des incoherences logiques, en particulier quant a la venue du

Christ sur les lieux. Dans Ie texte latin, Jesus vient deux fois:

une premiere fois au moment de la mort de Marie ou il ordonne

a Michel d emporter l ame de Marie au paradis et aux apotres

d ensevelir Ie corps «in dexteram partem civitatati»; puis il

revient une deuxieme fois au moment oules apotres deposent a

biere avec Ie corps de Marie devant sa sepulture et il ordonne,

de nouveau a Michel, de porter Ie corps au paradis.

Dans Ie texte anglais, Jesus vient une premiere fois, au § 19,

pour consoler les disciples et leur annoncer que Ie sort final de

Marie n est pas une simple mort terrestre, mais qu elle sera glo-

rifiee. Puis il vient une deuxieme fois pour emporter l ame de

Marie au paradis (§ 26) e[ puis il vient une troisieme fois, apres

que les apotres aient depose e corps de Marie dans a sepulture,

et ordonne de nouveau a Michel de prendre l ame de Marie et

de la deposer au paradis (§ 48, 49, 50). Puis, l auteur passea sa

deuxieme source, e Transitus latin H2 et, sansaucune ransition,

fait revenir Jesus une quatrieme fois, «a la troisieme heure »,

pour ressusciter Ie corps. et Ie faire transporter au ciel par

Michel.

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LA TRADITION LITrERAIRE DE LA DORMITION

ET DE L ASSOMPTION DE MARIE EN ANGLAIS ANCIEN

131

Ce qui est pourtant plus significatif, ce sont deux changements

substantiels que Ie traducteur a apportes a son texte. II semble

qu il a evite d introduire l idee d assomption -Ie terme latin

adsumere/ dsumptio apparait quatre fois dans Ie texte latin : au

§ 1, l ange dit a Marie post tres dies adsumendaes, endu en ang-

lais par «tu quitteras ton corps dans trois jours »; au § 9, Marie

montre la branche de palmier a Jean et lui repete ce que l ange

lui a dit, eius adsumptionem praedixerat, une portion de phrase

non traduite en anglais (elle manque d ailleurs aussidans certai-

nes des versions de A. Wilmart); ace meme § 9, Marie dit a Jean

cum de hoc corpore fuero adsumpta, rendu en anglais par

« quand je quitterai mon corps»; au § 23, Ie parfum endort tout

Ie monde sauf es apotres et les trois vierges uttestificarent de ilia

gloria adsumptionis eius in qua adsumpta est beataeMariae, tout

Ie passagemanque dans a version anglaise35.

Mais ce qui est bien plus significatif, ce sont les changements

dans les § 48, 49 et 50: l auteur a systematiquement emplace Ie

terme latin corpus par Ie terme anglais sawle (= ame), c est a

dire que ce n est pas Ie corps de Marie qui est porte au ciel mais

son ame. Ainsi, dans Ie texte latin, on trouve : Et jussit Michaheli

arcangelo ut susciperetcorpus Mariae in nubibus... Et sic deposu-

erunt nubes corpus beataeMariae in paradiso... et dans Ie texte

anglais: «II ordonna a Michel, l archange, de prendre l ~ de

Marie dans la nuee... Et Ie Seigneur ordonna a la nuee de mon-

ter au paradis et d y deposer ~de Marie... ».

Commentaire des §§ 51- 61

Le corps reste enseveli dans la tombe. 11sera transporte au

ciel, apres avoir ete ressuscite (§ 57), selon l autre source latine

dont s est servi l auteur it.partir du § 51, une version du Transitus

latin B, celIe editee par M. Haibach-Reinisch.

C est une des versionsde ce Transitusqui a ete utilisee, a cita-

tion latine du § 59 etant bien tiree de cette version.Mais il est diffi-

cite de savoir quelle a ete la sourceexacte. Le texte publie par M.

Haibach-Reinischest comme celui de A. WIlmart, un texte «neu-

tre », une synthese des nombreux manuscrits qui existent de ce

Transitus. e passage u il y a divergenceentre Ie texte anglaiset Ie

texte de M. Haibach-Reinischest au § 54: dans ce dernier il n est

pas question de« rouler la pierre du tombeau» et c est Michel qui

35. Certes,mais est-ceque Ie terme adsumere, dsumptio, dans e

texte Iatin e sensqu on ui donneaujourd hui?

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132

R.

FAERBER

apporte 'ame de Marie; dans e texte anglais e Seigneur rdonne a

Gabriel de rouler la pierre et c'est Michel qui apporte l'ame de

Marie. Or, selon 'apparat dieM. Haibach-Reinisch,on trouve cette

meme repartition des taches dans certains manuscrits,en particu-

lier dans es deux conservesen Angleterre, a la Bodleian Library

d'Oxford (Cod. Laud. Lat. 86, qui est du XIeme siecle et Cod.

Rawl. D 1236 du XIVeme siecle) il y est dit ceci «et il ordonna a

l'archange Michel d'apporter l'ame de sainte Marie et alors l'ar-

change Gabriel roula la pierre de l'entree de la sepulture». Ce qui

est pourtant interessant a.noter, c'est que dans la traduction du

Transitusdans e manuscritCCCC 41, c'est Gabriel qui remplit les

deux fonctions, alors que dans e texte latin de base, e Transitus B

de K. von Tischendorlc'esl Michel.

Le fait que dans notre texte les deux fonctions, celIe de rouler

la pierre et celIe de presenter l'ame, sont attribuees l'une a

Michel et l'autre a Gabriel est, selon R. Willard conforme a la

«popular angelology », dlms laquelle c'est Michel qui est Ie psy-

chopompe par excellence: «It is he to whom Christ entrusts the

soul of his mother at her death. On the other hand, if the angel

who rolls away the stone is to be another angel, and is to be

named, it is fitting that it be Gabriel, for whenever might is nee-

ded, that is his function, as sidore points out: Gabriel Hebraice

in linguam nostram vertitltr fortitudo Dei, ubi enim potentis divi-

na vel fortitudo manifestatur, Gabriel mittitur (Etymologium

Liber VII, ch. V, 10, PL LXXXII) »36.

Comme dans a premiere partie, il y a la aussidu cafouillagede

la part du traducteur, a C;lusede son ncompetenceen latin et en

connaissance iblique. Ajnsi au § 52, c'est Jesusqui parle aux dis-

ciples, eur rappelant son ncarnation,sa passion,sa resurrectionet

puis vient cette phrase: «jle me suis assissur mon trone au-dessus

de vous et 'ai juge les rois peuplesd'Israel et desdouze ribus... »;

la sourcepremiere est Mt 19, 28,«Lors du renouvellementde tou.

tes choses, uand Ie Fils de 1homme siegerasur son rone de gloire,

vous qui m'avez suivi, vous siegerezvous aussi sur douze trones

pour juger les douze tribus d'Israel». L'auteur-traducteurn'a cer-

tainementpas reconnu Ie. exte de l'Evangile selon Matthieu et R.

Willard est res severea son egard: «he had certainly not the fain-

test notion of what Christ was talking about »37. I est vai que Ie

texte latin n'est pasplus facile que celui du § 14 plushaut

36. ct. R. WILLARD, «Op. cit. », in The Review of English Studies 14

(1938), p.1S, n. 7.

37. ct. R. WILLARD, «op. cit. », in The Review of English Studies 12

(1936),p. 12,n. 6.

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LA TRADmON LITrERAIRE DE LA DORMITION

ET DE L ASSOMPTION DE MARIE EN ANGLAIS ANCIEN

133

Une incongruite logique est celIe concernant Ie transport du

corps ressuscite au ciel. Au § 58, Ie texte anglais suit Ie texte

latin, disant que, sur ordre du Seigneur,Michel enleve Ie corps et

Ie transporte au ciel. Or, au § 61 du texte anglais, ce soot leg

apotres qui « souleverent Ie corps de Marie dans leg nuees et Ie

deposerent dans a felicite du paradis », ce qui ne correspond en

rien au Transitus latin B2. Or, dans Ie Transitus latin C, selon a

version du manuscrit de Saint-Gall, il est rapporte : « Lorsque leg

apotres se furent approches du Seigneur, ls furent enleves avec

lui dans eg nuees pour aller au paradis, et ils deposerent e corps

de Marie au paradis...». Notons que la meme phrase se trouve

une autre fois et hoTsde propos au § 16: « Et leg apotres la sou-

leverent et la placerent dans Ie beau paradis ». C est certes du

cafouillage, mais il semble que l auteur anglais ail eu plusieurs

versions latines entre leg mains, ou que sa memoire ail emma-

gasine plusieurs traditions, a moins que tout cela so t dfi au

redacteur final de I homelie.

Un autre point est a souligner: dans Ie texte anglais, il est dit

que la resurrection du corps a lieu a « a troisieme heure du

jour» de l ensevelissement alors que dans Ie texte latin, il est

rapporte que l evenement a lieu « a la troisieme heure du troisie-

me jour ». II y a la fort probablement une autre faute d inatten-

lion de la part du traducteur.

II est interessant de relever que dans Ie Transitus latin B, la

resurrection a lieu subito apres la mise au tombeau alors que

dans Ie texte du manuscrit CCCC 41, elle est plutot conforme au

Transitus latin B2.

Commentaire de la derniere partie § 62.

Quant a la troisieme partie, Ie Magnificat, elle ne semble

reposer sur aucune source. II s agit d une sorte de commentaire

du Magnificat, comme celui, moins elabore, qu Aelfric ajoute en

conclusion a son homelie pour la fete de la Purification, avec

egalementune exhortation aux auditeurs de supplier Marie d in-

terceder pour eux.

Ce passage a ete deja etudie une premiere fois par R.

Willard38,et une seconde ois par M. McGatch39.

38. R. WILLARD. «An Old English Magnificat », in Studies n English

(University of Texas),1940,p. 5-28.

39. M. McGATCH,«Eschatology in the anonymous English Homilies »,

in Traditio 21 (1965),p. 128-129.

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134

R.FAERBER

Ce qui est remarquable. c'est que les verbes magnificat, exul-

tavit, respexit, qui sont a l'indicatif, sont traduits dans Ie texte

angiais par des imperatif~: «Mon Seigneur magnifie moD arne,

fais que mOD esprit se rejlouisse,porte ton regard ». McGatch

souligne ce probleme de la mariiere suivante: «Dans l'homelie

XIII, il devient un hymne eschatologique. Le cantique de Luc,

qui est un hymne sur l'his1toiredu satut, a ete transforme en une

priere centree sur l'avenir et sur l'etemite, dans laquelle la

Vierge s'adressea Dieu au subjonctif et a l'imperatif au lieu de

lui parler a l'indicatif. Des references specifiques au jugement et

au royaume ont ete introduites dans l'adaptation de Lc 1, 52-53.

La nouvelle orientation donnee au Magnificat est soulignee et

rendue explicite par la citation des Beatitudes de Mt 5, 4-5...». 11

est en effet peu probable que cette transformation soit due a la

mediocrite du traducteur, elle a ete faite de propos delibere,

bien que rien ne permette d'en deceler a raison.

Considerationsoctrinales.

Ces considerations conduisent au plan theologique ou doctri-

nal. Deux aspects semblent importants. II y a tout d'abord Ie

remplacement systematique, aux §§ 48, 49, 50, de corpus par

sawle (ame), comme si l'auteur ne partageait pas la tradition

representee par Ie Transitus latin C, c'est-it-dire l'assomption

corporelle de Marie sans esurrection, et puis Ie fait de puiser la

suite dans Ie Transitus latin B. On peut d'ailleurs noter que l'au-

leur du texte semble eviler deliberement de parler de «l'as-

somption corporelle» de Marie, comme nous l'avons note it pro-

pos de la traduction du ternle latin adsumere, dsumptio.

On se trouve donc en presence res explicitement de la tradi-

tion de 1'« assomption avec resurrection », pour reprendre la

classification de S.C. Mimouni, c'est it dire de l'assomption au

ciel du corps vivant40. I n'est pas precise s'il y a reunion du corps

et de l'ame ni avant Ie tunsfert au ciel ni it l'arrivee au ciel. On

pourrait supposer que ~ela se soil produit au moment de la

resurrection, puisqu'au § 55 il est dit que Michel presente 'ame.

Mais l'insistance aux §§ 48, 49, 50 sur Ie transfert de l'ame au

paradis, semble signifier que c'est Ie corps vivant qui estporte au

ciel par les anges, et que lit il est depose dans a felicite du para-

dis -ce que la source Transitus latin B2 ne rapporte pas Rien

n'est dit de la reunification avec 'ame.

40. S.C. MIMOUNI,Op. cit., Paris, 1995.

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LA TRADillON LITrERAIRE DE LA DORMillON

ET DE L'ASSOMPTION DE MARIE EN ANGLAIS ANCIEN

135

Cela fait songer au recit de Gregoire de Tours sur Ie sort final

de Marie41 l'ame est transportee au ciel au moment de la mort

(...et ecce Dominus Jesusadvenit cum angelissuis et accipensani-

mam ejus, tradidit Michaeli Ilrchangelo, et recessit).Le corps est

mis au tombeau et, a la demande des apotres, Jesus revient et

fait transporter Ie corps au ciel oil se fait la reunification avec

l'ame (Et ecce terum adstitit Dominus, susceptumcorpus sanc-

tum in nube defferi jussit in paradisum: ubi nunc, resumpta

anima... aeternitatisbonis... perfruitur). II est vrai, il n'est pas dit

explicitement que Ie corps a ete ressuscite avant Ie transfert42.

Conclusions.

La presence de ce Trangitus anglais dans deux manuscrits,

avec toutes ses bizarreries, souleve un certain nombre de

questions et suggerecertaines hypothesesexplicatives.

Au plan litteraire, l'incompetence en latin du traducteur fait

songer a cette periode de I'bistoire litteraire de I' Angleterre que

Ie roi Alfred (849?-899; roi de 871 a 899) decrit de maniere si

eloquente dans sa preface a sa traduction en anglais de la Cura

Pastoralis de Gregoire de 17ours:ainsi, apres avoir rappele I'age

d'or culturel d'autrefois, it se plaint de ce que, a present, a son

avenement, «toute cette gloire est dechue en Angleterre, au

point qu'il n'y en a que peu de ce cote-ci de la Humber qui com-

prennent Ie missel en anglais ou qui soient capablesde traduire

un texte latin en anglais, et je crois qu'au nord de la Humber it

n'y en a guere plus. Et, lorsque je suis monte sur Ie trone, il n'y

avait pas un seul au sud de la Tamise...» -c'est pourquoi, it a

entrepris de traduire des textes fondamentaux en anglais et de

mettre en route une refonne scolaire pour remedier a cette situ-

ation.

Si Ie texte anglais relatif au sort final de Marie est un exemple

de la decheancede la connaissancedu latin, on pourrait situer sa

composition dans Ie troisieme tiers du IXeme siecle. Les criteres

linguistiques semblent aIle dans Ie meme sens. Le dialecte ori-

ginal est presque certainement Ie mercien, celui en usagedans a

region de I' Angleterre appelee maintenant les Midlands.

41. Septem ibri miraculorum, chap. IV livre I, «In gloriarn martyrium »,

PL 71, col. 708.

42. cr. aussi B. CAPELLE,«Vestiges grecs et latins d'un antique

'Transitus' de la Vierge », in Analecta bollandiana 67 (1949), p. 36-48.

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136

R.FAERBER

L'autre question que l'on pourrait se poser est celIe du but et

de l'utilisation d'un tel tex1e. C'est de toute evidence un sermon

s'adressantau peuple, comme l'attestent leg citations latines.

Le probleme de la predication en Angleterre a cette epoque a

ete etudie, entre autres, par M. Clayton, qui a etabli une parente

de genre entre leg Blickling Homilies et certains homeliaires

carolingiens destines a la predication au peuple43.Ces types de

sermons sont caracterises par leur contenu catechetique et

parenetique et non exegetique, ainsi que par un choix de textes

pour leg f~tes des saints et par Ie recours a des sourcesapocryp-

hes -comme par exemple, Ie sermon pour la f~te de

l' Assomption dans l'homeliaire de Saint Pere de Chartres, qui

est ronde sur Ie Transitus latin C44.Ces sermons etaient pro-

nonces dans Ie cadre du prone, au COUTS'un service en langue

vemaculaire apres l'Evangile, comme Ie suggereM. McGatch45.

On peut donc imaginer un predicateur pr~chant sur

l' Assomption de la Vierge et se servant, comme «guide », de

cette traduction grossiere, faite peut-~tre sur des bouts de

papier46, pres avoir accommodesessources atines a sa concep-

tion du sort final de Marie selon la doctrine de 1'« assomption

avec resurrection pres du tombeau ».

II peut paraitre etonnant que ce texte, avec toutes ses ncon-

gruites, ait survecu et ail ete copie, probablement recopie tel

quel, et ait ete incorpore .'B'une art dans leg Blickling Homilies

et d'autre part dans Ie manuscrit CCCC 198. II se peut que pour

la partie de l'homeliaire pour la f~te des saints, Ie sanctorale, e

compilateur des Blickling Homilies et celui du manuscrit CCCC

198, aient voulu avoir un sermon narratif et non une homelie

exegetique ou catechetique, et qu'ils aient trouve un tel sermon

dans un fascicule des vies de saints47,qui contenait aussi la

legende de saint Andre chez eg anthropophages,puisque celle-

43. M. CLAYTON, « Homiliaries and Preaching in Anglo-Saxon

England », in Peritia 4 (1985),p.207-242.

44. H. BARRE, of. cit., Rome, 1962. L'homeliaire de Saint PeTe de

Chartres se trouve dans un manuscrit anglais, Cambridge Pembroke

College nO25. (cf. J.E. CROOS, F. cit., Londres, 1987 (King's College

London Medieval Studies ).

45. M. MCGATcH,Preaching and Theology in Anglo-Saxon England.

Aelfric and Wulfstan,Toronw, 1977,p. 37.

46. Cf. M.K. NELLIS, « op. cit. », Neuphilologische Mitteilungen 81

(1980),p. 399-402.

47. P. ROBINSON,Self-contained units in composite Manuscripts of the

Anglo-Saxon Period », in Anglo-Saxon England 7 (1978), p. 231-238.

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LA TRADITION LnT£RAIRE DE LA DORMlnON

ET DE L ASSOMPflON 00 MARIE EN ANGLAIS ANCIEN

137

ci se trouve aussi copiee darts les deux manuscrits48.Ce qui est

pourtant etonnant, c est que:,dans Ie manuscrit CCCC 198, Ie

texte de l Assomption, selon P. Robinson49, ormait un « ivret »

avec deux autres homelies, sur saint Michel et saint Martin, tou-

tes deux d Aelfric, copiees toutes les trois par Ie meme scribe:

pourquoi ne pas avoir choisi l une des home ies d Aelfric sur

l Assomption?

Quoi qu il en soit, l intere1 du Transitus angiais n est certaine-

ment pas sa valeur litteraire, mais simplement peut-etre Ie fait

qu il existe en taut que temoignage de la tradition de l assomp-

tion avec resurrection repaindue en Angleterre aux IXeme et

Xeme siecles,malgre les condamnations de tels textes par Bede

et Aelfric. Les efforts de ce dernier en faveur d une orientation

plus orthodoxe et canonique n ont, semble-t-il, pas porte de

fruits, puisque Ie compilateur de CCCC 198 n a pas hesite a y

copier ce sermon avec des homelies d Aelfric, sans distinction.

Cela pose Ie probleme de la presence cote a cote en

Angleterre anglo-saxonnedes deux courants, orthodoxe et hete-

rodoxe -ce dernier etant represente par ce qu on appelle les

« homelies anonymes », une ecole qui ne fait pas de distinction

entre Ie materiel biblique, ~nonique, et Ie materiel apocryphe,

et une ecole qui s en tient a la pure orthodoxie, condamnant

comme heretique ce qui est apocryphe.

M. Clayton aborde Ie probleme et nuance l idee de deux

« ecoles» qui se trouvent en opposition. La presence d apocry-

phes dans es homeliaires monastiques et les legendaires ndique,

selon elle, que les moines les lisaient pendant l office du soir tout

comme les homelies ou sefnlons d Aelfric. Ainsi, pour ce criti-

que, Ie rejet des apocryphes par ce dernier semble etre un phe-

nomene isole: « Aelfric -estime-t-elle -est une voix isolee,

un solitaire, et non un representant, protestant dans un monde

oil de telles finesses de distinction n avaient pas de sens... Sa

condamnation des apocryphes sur l assomption et la nativite n a

pas empeche que soient meles a ses propres textes des textes

apocryphes»5°.

48. Le sanctorale des Blickling Homilies comprend a part notre texte,

un sermon-recit sur la nativite de Jean Ie Baptiste, de saint Michel, de

saint Martin, des saints Pierre et Paul, de saint Andre. CCCC 198, 2eme

partie, est un sanctorale avec notre texte, la passion des Macchabees,

une vie de saint Michel, de saint Laurent, de saint Martin, de saint

Jacques, de saint Andre et quelques autres sermons.

49. P. ROBINSON,«op. cit. », in Anglo-Saxon England 7 (1978), p. 231-238.

50. Ct. M. CLAYTON,op. cit,. p. 264.

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R.FAERBER

La condamnation des apocryphes n a cependant nullement

empeche eur perennite51.

51. II n a pas ete possible de prendre en considerationdans cette recher-

che Ie livre recemment paru de M. CLAYTON, he Apocryphal Gospels

of Mary in Anglo-Saxon EnKlelnd,CaD1brid~e, 998.

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¥arie-Joseph PIERRE,

EcolePratiquedesHautesEtudes,Paris

LAIT ET MIEL,

au LA DaUCEUR DU VERBE

La Terre promise est decrite dans I Ancien Testament

comme« la terre ou coule e lait et Ie miel », et quelques u-

teurs chretienssignalentun rite de consommation e lait et de

miellors du bapteme, our / nanifestereur nouvellenaissance.

L etude attachea reperer utilisation desappuisscripturai-

res vetiro-testamentairesStirce themea travers eurs relectu-

res messianiques,apocal}ptiques et sapientielles dans la

littirature intestamentaire,e NouveauTestament t la littera-

lure patristique usqu au troisiemesiecle.A propos du lait et

de I enfancespirituelle, une controverse embleopposerPaul

et un courant sapientiel represente ar Pierre et Jean,peut-

etre aussipar Jesus ui-meme. Ce clivage, eperedans a pa-

tristique postirieure, peut servir decritere initial de classement

des textes,et notammentdes Odesde Salomonou ce type de

nourriture designea communion la suavitedu Verbe.

The Promised Land is described n the Bible as « the land

flowing with milk and honey», and some christian authors

note that somewere used o give to the newlybaptizeda little

taste of honeyand milk, to .5ignify heir newbirth. We try here

to list the biblical occurrencesof the theme, o as to ind their

messianicand apocalyptic nterpretations n Pseudepigrapha,

New Testamentand first Christian Literature down to the

third century. n the New Testament, controversy bout wis-

dom appears betweenPaul and another group, or point of

view, epresented y John and Peter,perhapsby Jesushimself

The two current opinionsare well representedn the patristic

texts, and mayprovide a criterium or classifying them,espe-

cially the Odes of SolomoJ:1lheremilk and honey ymbolize

communion o the suavity of the Word of God.

Dans son ouvrage sur la Thiologie du udio-christianisme,

J. Danieloul relevait somnlairement a documentationcon-

1. Paris, 1958]

2e edition sur 1edition italienne de 1974 par M.-O.

Apocrypha 10,1999, p. 139-176

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140

M.-J. PIERRE

cernant la celebration du bapteme et de I eucharistie dans

certaines communautes chretiennesprimitives, et signalait

plusieurs emoignagesanciensqui attestent a benedictionet

la consommation par leg fideles d 'un me7ange e lait et de

miel a cette occasion. L origine de ce rite reste obscure; il

semble avoir ete pratique par des chretiens d' origine juive

qui Ie r, ttachaient aux bienfaits de la Terre promise, ce pays

dont I Ecriture prophetise de fa90n repetitive et insistante

qu'il « ruissellede lait et de miel ». Mais on Ie trouve aussi

chez eg palens des I' Antiquite2. La tradition de donner du

lait et gu miel a boire aux neophytes ut commune aux Egli-

ses d Egypte, d' Afrique et de Rome, rattachee au rite de

l'initiation et au ceremonial de Paques ou de la Pentecote.

Elle s'estconserveeongtempsen trace dans eg sacramentai-

res occidentaux,et elle estencoreattesteedans eg redactions

successives u Pontifical romain jusqu'au xve siecle, atta-

chee au ceremonialde Paques,mais sans garder de lien avec

Ie rituel baptismal3.En maude uif, legplats lactes et legga-

teaux au miel font partie du rituel de Shavuot (Pentecote)

qui commemore e Don de la Loi, compareeAau ait et au

miel. Vne coutume, qui remonte au Moyen Age4 et qui a

perdurejusqu'a nosjours dans certainescommunautessefa-

fades, merite d etre signalee: Ie tout premier apprentissage

des ettres de I alphabet hebreupar I enfant consistaiten une

degustationde biscuits aux formes des ettres, recouvertsde

miel, commepremiereexperience e a douceurde la Tora.

BOULNOIS, evue et corrigee par J. PARAMELLEet M.-J. RONDEAU,Paris

1991, p. 428-429.

2. Nombreuses references in: H. USENER,« Milch und Honig », Rhein.

Museum 57 (1902), p. 177-195, et: Kleine Schriften IY/17, 1912-13, re-

prod. anast., Osnabriick 1965, p. 398-417. Yoir aussi The Works of J.

BINGHAM, Oxford 1855, vol. IV, p. 241-243.

3. Cf. J.-M. HANSSENS, a liturgie d'Hippolyte, chap. XII/8: « Le rite

des trois coupes », (OCA 155), Rome 1959, p. 485, montre que la for-

mule de benediction se presente sous deux formes: celIe du Sacramen-

taire de Verone, dit leonien, -et celle des autres ordines: Missel dit de

Uofric, Pontificald'Egbert d'York (732-766) des Xe-XIe s., Benedictio-

nal de Canterbury (1000-1050), Missel de Robert de Jumieges (1052),

Ordo roman us antiquus, quelques exemplaires du Pontifical romano-ger-

manique des Xe-XIe siec1es,et dans leg reeditions successives du Pontifi-

cal romain du XIIe au xye siec1es.

4. Attestee notamment par Ie Mal1zor Vitry, ed. S. HURWITZ, Nurem-

berg 1923, p. 628, 508. Pour la situation recente, temoignage de David

ZRIHAN, (CNRS, CERL, UMR 8584, Yi11ejuif).

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LAIT ET MIEL, OU LA DOUCEUR DU VERBE

141

Rien d 'etonnant a ce que Ie lait et Ie miel -comme aussi

Ie pain et Ie vin -trouvent leur place dans eg rites des diffe-

rents courants religieux anciens,comme ceux de Mithra, de

Cybele ou d'Isis, pour ne parler que des contemporainsdes

debuts de 1 ere chretienne.' :ait et miel en effet sont Ie pre-

mier aliment liquide des petits enfants et Ie paradigmede la

douceur; pain et vin sont la nourriture et la boissonde base

des adultes -durement g;ilgnespar Ie travail de la terre et

lies a la joie du repas estif. Dans ce cas, l ne faut pas neces-

sairementraisonner en termes d'influence d 'un courant sur

un autre, et leg recherches ur l' origine des traditions cultu-

relIesne doivent pas seulement enir compte de la matiere et

de la forme des rites, doni 1 apparenceexterieure peut etre

identique: gaur ibation, Ie: ait sucre au miel ne peut guere

qu etre bu, par exemple,et taus legbebessont nourris au lait

matemel... La simple accumulation des occurrencesde la

mention du lait et du miel dans un texte ancienne peut suf-

fire a Ie caracteriserou a recreerson cadre; mais il faut exa-

miner precisementa symbolique qui enchassee rite, Ie situe

et lui donne gens.C'est la relation entre Ie gesteet la parole

accompagnatrice,principalement leg citations scripturaires

adjacenteset Ie type d'interpretation qu' ellesre90ivent,ainsi

que 1 ensembledu vocabuJaire onnexe,qui permettront de

reperer Ie courant porteur et peut-etre meme de dater une

strate donneedu rite et de sa symbolique.

Les Odes de Salomon, ces chants si beaux et si ardus,

d'interpretation si controv'ersee, ont 1 un des lieux leg plus

importants d 'utilisation du theme du lait et du miel, et je

veux tenter de legmettre en perspectiveavec egautres extes

de l'Eglise ancienne.Ce sera l'objet de la demiere partie de

cet article.

1. Les appuisscripturair~ vetero- et neotestamentaires

a) L 'Ancien Testament el ses relectures a I 'epoque ntertes-

tamentaire

La reflexion neotestamentaire t patristique sur Ie lait et Ie

miel s appuie sur quelque1i ersetsveterotestamentaires n-

tendus avec leurs harmoni.ques,selon es regles souplesde

l'aggada. L exegete tente Ie plus souvent de remonter a

l'auteur et au milieu producteur du texte biblique. Je vou-

5. cr. H. USENER,p. cit., p. 40.2-404.

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142 M.-J. PIERRE

drais ici essayer d 'en entendre la lecture et la meditation aux

alentours de 1 ere chretienne, alors que leg siecles de rumina-

tion de la Bible ont deja cree un monde de rapprochements

inedits, que 1 attente messianique et eschatologique fleurit en

multiples productions litteraires, et que Ie juda isme fiche de

ses tendances et facettes variees engendre un important pro-

selytisme.

La reference au lait et au miel, paradigmes de la douceur

«< Qu'y a-t-il de plus doux que Ie miel? », Jg 14, 18), est re-

currente dans l' Ancien Testament pour designer la Terre

promise, Ie « tres tres bon pays » ('N~ 'N~ f'Ni1 i1:J.,w,Nb 4,

7) que Dieu veut donner a son peuple. Elle apparait pour la

premiere fois dans Ie contexte extremement solennel du buis-

son ardent et de la revelation du Nom divin a MoYse en Ex

3,8.17, repris en Ex 13, 5; 33,1-3, puis en Lv 20, 24; Nb 13,

27(28); 14,8; 16, 13.14; Dt 6,3; 8, 8 (de graisse et de miel);

11,9; 26, 10.15; 27, 3; 31, 20; 32,13 «< e miel du rocher et

la graisse de la pierre dure, Ie caille (i1N~n) es vaches et Ie

lait du petit betail »); Jos 5, 6; 2 R 18, 32 (graisse et miel);

Ps 19(18), 10; Jr 11, 5; 32 (LXX 39), 22; Ba 1, 20; Ez 20,

6.15. Ces produits de la terre «coulent ou s'ecoulent»

(hebr. :J.'T, r. pEw; gyro <.,i), comme des liquides ou des fleu-

Yes.

Le Targum Niofiti sur Ie Pentateuque reprend leg expres-

sions bibliques SOliSine forme glosee absente des autres re-

censions: « la terre qui produit des fruits... purs6 comme Ie

lait et doux (parfois: et savoureux) comme Ie mie17». Ail-

6. Celie mention de la « purete », qui derive de la blancheurdu Jail, ca-

racterise aussi a manne,nourriture celeste,ainsi que les dents du Messie

fils de Joseph,cr. Gn 49, 12 (et gloses du Targ. Neofiti ad lac.). Le me-

me passagemontre Ie blanchiment des collines grace a I abondance du

froment pret a etre moissonne et des troupeaux de moutons, quand la

terre est mure pour recevoir Ie Messie,cr. In 4, 35. De meme e lepreux,

entierement couvert de lepre, chez qui tout a vire au blanc, retrouve la

purete,cr. Lv 13, 13; ce verset est utilise par TB Sanhedrin97a pour de-

terminer I'epoque de la venue du Messie fils de David, quand toute la

terre entierement pervertie sera « blanchie »; ou la tradition rapportee

par I' Ev. Philippe 54, sur les soixante-douzenations bigarrees,devenues

blanches en etant brassees ans Ie chaudron de Levi. Lv 13, 13 est utilise

dans la reflexion sur les conditions de I'avenementmessianique: celui-ci

ne petit se aire que si Ie monde est entierement pur ou entierementmau-

vais, voir par ex. TB Sanhedrin97a et 98a, Eliahu zutta (= Pirqei Derek

Eret;) 16.

7. Targ. Ex 3,8.17; 13,5; 33, 3; Targ. Lv 20,24; Targ. Nb 13,27; 14,

8; 16, 13; Targ. Dt 6,3; 11,9; 26, 9; 27, 3; 31,20.

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LAIT ET MIEL, OU LA DOUCEUR DU VERBE

143

leurs, ce sont leg collines qui « ruissellent de lait » (Jl4, 18)8.

Redevenu paradis, « Ie pays sacre des hornmes pieux portera

toutes ces choses », chantent leg Oracles sybillins (5, 281):

« La roche et la source y distilleront un ruisseau de miel et

un fleuve de lait divin pour tous leg ustes, car ce n 'est qu 'en

1 unique Pere, Ie Dieu seu] qui est exalte, qu'ils ont place

leurs esperances dans la grandeur de leur piete et de leur

foi. » Et selon V Esdras 2, 199, a nouvelle Jerusalem Cera

jaillir « douze sources de lait et de miel. »

Les doux fruits de la terre promise sont 1 antinomique des

epines et des ronces, de 1 amertume mortelle produite par la

malediction consecutive au peche originel; la terre etses pro-

duits sont done identifies avec la Loi accomplie, la Parole de

Dieu eschatologiquement rec:x/isee. e verset Ie plus frequem-

ment invoque en ce cas est celui du Ps 19(18), 11 qui decrit

la Loi parfaite du Seigneur: « Ses paroles sont douces plus

que Ie riel, que Ie suc des rayons (hebr. C'~'~ n~]; gr. x'YJp[OV,

rayon de miel; gyro r<~~). »Pr 24, 13-14 dentifie cette loi

avec la sagesse,comme Ie cantique de Ba 3-4: « Mange du

miel, man fils, car il est bon et Ie suc est doux a ton palais;

ainsi la connaissance de la sagesse pour ton ame; si tu la

trouves, il y a un apres et ton esperance ne sera pas cou-

pee. »

Selon 1 S 14, 29 (et sa relecture dans la baraitha de Yoma

83b), Ie miel ouvre les yeux, rend Jonathan clairvoyant et in-

telligent, malgre Ia transgression de 1 interdit de Saul:

« Voyez donc cornme j'ai leg yeux plus clairs pour avoir

gofite ce peu de miel » II fait aussi partie de la pharmaco-

pee, puisqu'il soigne et purifie pour une vraie guerison (autre

baraitha, en Berakhot 44b); l'adjonction de miel auK mets

8. Un maitre du Ta/mud Bab/i, amora de a deuxiemegeneration et [rere

de R. Yohanan de Pumbeditha en visite au pays d '.Israel, s en emerveille

encore aux lIIe-Ive siecles,et en reconnait eg signesmateriels (TB Ketu-

bot III b): « Rammi bar Ezechiel venait de Bnei Braq. II vit des chevres

qui paissaient SallSdes figuiers, ct du miel gouttait des figues et du lait

gouttait des chevres,et leg deux ~ melangeaient. I dit: C'est ce qui est

ecrit: "oil coulent Ie lait et Ie miel". »

9. Texte chretien, version latine qui occupe eg deux premiers chapitres

de V Esdras. I [audrait ajouter ic:i egmultiples repriseseschatologiques

de 1 image des quatre tleuves du paradis en monde juif -II Henoch

(slave)8,5; PesiqtaRabbati 37, 163a ed. FRIEDMANN,ienne 1880),Ag-

gadat Shir ha-Shirim 4, 83-84 (ed. SCHECHTER,ambridge, 1896) -et

chretien, notamment Apoc. Paul13b (tleuves de lait et de miel, de vin et

d'huile).

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144

M.-J. PIERRE

empeche eur corruption1°. La manne, nourriture miracu-

leuse et salutaire, « pain des forts », cf. Ps 78(77),23-25, est

blanche comme Ie lait -ainsi que nous 1 avons signaleplus

haut -et fine comme une roseede givre, et son gout est ce-

lui d une galette de miel (Ex 16, 13-14et 31-33; Nb 11, 7-9).

La mention recurrente de la « rosee » rappelle les signes

de resurrectionen Is 26, 1911;Mi 5,6; de nouvelle naissance

messianiquedans Ie Ps 110(109),3; de delivrance et de salut

en Is 45, 8 «<Cieux, repandez a rosee...»). Les benedictions

d Isaac a Jacob en Gn 27, 28 concernent es roseesdu ciel et

les graissesde la terre et Ie Targum du pseudo-Jonathan ur

Gn 27, 1 situe Ie don de la roseedivine a Paques, e 14 nisan

« C est celie nuit que les etres celestes ouent Ie Maitre du

monde et que sont ouverts es tresorsdes oseesl2. Brise ce-

leste ainsi que rosee et manne sont bien attestesensemble

comme signesmessianiquesau premier siecle de notre ere

dans II Baruch 29, 5-7 pour lequella venue du Messieest a

restauration de la perfection des dons de la creation et de

1 ExodeI3: « Des vents sortiront d aupres de moi pour ap-

porter chaque matin l odeur des fruits aromatiques,et, ala

fin du our, les nueesqui distillent la roseede la guerison.En

ce temps, voici que descendrade nouveau Ie tresor de la

manne, et ils en mangeront pendant es annees-la, ar ils se-

font parvenusa la fin des emps. »

Ces difterentesqualites du miel et de la manne sont parti-

culierementmises en relief par Ie roman de Josephet Ase-

neth. La conversion d Aseneth, la proselyte uive, fille du

pretre d Heliopolis, est un passage e la mort a la vie, et elle

entre dans Ie mystere d initiation et de mariage avec Joseph

Ie « fils de Dieu » (6, 2) ou Ie « fort de Dieu » (18, 2) par un

triple rite, line liturgie que l on retrouvera en monde chre-

tien: communion au pain, coupe de vin d immortalite, et

onction benite d incorruptibilite correspondanta la mandu-

10. Les Actesde martyre repercutentdes raditions anciennesde rites fu-

neraires destines i procurer 1immortalite: par exemple Mart. Pierre, 40:

Marcellus baigne Pierre dans du lait et du vin, et le met dans un sarco-

phage rempli de miel attique.

11. Appui scripturaire de TJ Berakhot 5, 9b et Ta anit I, 63d: « Tes

morts revivront... car ta rosee est ine rosee umineuse et le pays des om-

bres enfantera. »

12. Theme repris par leg Pirqei de R. Eliezer 32, voir R. LE DEAUT,La

Nuit pascale,Rome 1963,p. 136ss.;et J.-D. KAESTLI, Evangilede Bar-

thelemy Apocryphes 1), Turnhout 1993,p. 72-73.

13. Theme repris par l Ep. Barnabe 6, 13: leg choses nouvelles sont

comme eganciennes.

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LAIT ET MIEL, OU LA DOUCEUR DU VERBE

145

cation d'un fragment de rayon de miel donne par l'ange qui

la visite: « Asenethentra dans sa chambre, rouva un rayon

de miel pose sur la table, et Ie rayon etait blanc comme

neige14 t plein de miel, et son odeur etait comme a senteur

de la vie. Aseneth prit Ie rayon, Ie rapporta... et dit: Je

n'avais pas, seigneur,dans ma maison, de rayon de miel...

Ne sortirait-il pas de ta bouchel5, ar sa senteurest comme

celie d 'unparfumI6? L homme etendit a main, saisit a tete

d' Aseneth et dit: Heureusees-tu, Aseneth, car legmysteres

de Dieu t'ont ete reveles, et heureux sont ceux qui s'atta-

chent a Dieu dans a repentance, ar ls mangerontde ce ray-

on. Car ce miel, ce sont les abeilles17 u paradis de delices

qui Ie font, leg angesde D~euen mangent, et quiconque en

mangerane mourra jamaisl~ » (chap. 16,passim).

14. Comme la manne. L 'etrang~te de ce mets inconnu suscite la ques-

tion:« Qu'est cela?» N';'1D, gr. T[ e:(jT~V OUTO Ex 16,15). Curieuse-

ment, c'est cette meme question qui est posee par Mc 1, 27 a propos de

la parole et de I' enseignement de Jesus, donne avec autorite (Mc 1, 27), et

qui se personnalise en Mc 4,41 en « Qui est celui-ci, pour que meme Ie

vent et la mer lui obeissent? »

15. Le theme du souffle entraint: plus loin celui du baiser mystique qui

ranime Ie souffle, comme dans It: Ct 1, 2-3 et l'Ev. Philippe 59, 2-6; 63,

35-36.

16. A rapprocher de Ct 4, 11, voir ci-dessous.

17. Pour Ie miel qui rend sage, voir aussi PHILON, De fuga 134-139.

L 'abeille, comme symbole de res\JIrrection, est attestee dans I' Apocalypse

apocryphe de Jean 11. Le nom limitique de I abeille (; t],) est homo-

phone de la racine qui signifie en hebreu « parler » (,J,), et en arameen

« conduire » avec ses derives manifestant I' economie divine, mais je n' ai

trouve aucun texte ancien qui fasse ce rapprochement. II ne semble pas y

avoir non plus, dans la litterature juive, de developpements positifs

concernant Ie nom de la prophet~se Debora, « I' Abeille ». Dans la litte-

rature syriaque posterieure, on connan Ie recueil de traditions bibliques

de SALOMON DE BOSRA: «Nous avons nomme ce livre Ie Livre de

I'abeille parce que nous avons recueilli les fleurons des deux Testa-

ments et leg fleurs des saintes Ecritures, et nous leg y avons placees pour

ton avantage» (The Book of the Bee, ed. E. A. W. BUDGE, Oxford 1886,

prologue).

18. Chez Jean, et dans Ie meme contexte de comparaison avec la manne,

cette expression renvoie au « pain vivant, descendu du ciel... ma chair

pour la vie du monde » (In 6, 49'-51); ou a I'eau vive de la Samaritaine

qui jaillit dans Ie croyant et non a I exterieur (In 4, 14); ou encore aux

fleuves d 'eau vive qui coulent du sein de Jesus (7tOTIXfJ.otX t '1J<;O~A[IX<;

IXUTOU e:u(jou(j~vU3IXTO<;&VTO<;) t sont bus par ceux qui ont soif Ie der-

nier jour de la fete des Tentes (In 7, 37-39). Cette « soif» de ce qui rassa-

sie, qui caracterise Ie croyant, etait deja signalee par Is 55, 1: « Vous tOllS

qui avez soif, venez vers I'eau,... 1i.chetez ans payer du vin et du lait. »

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M.-J. PIERRE

Le melangede lait et de miel est a nourriture de 1 enfant

mysterieux d'Is 7, 14-17, et 9, 5-6, Ie fils de la « vierge »

(hebr. i1~'Y; ~r. 7tlXp6~vo<;;yro <~,,~~): « De caille (hebr.

i1N~n; r. ~OUTUpOV;yro <~,,~) et de miel il se nourrira

pour savoir rejeter Ie mal et choisir Ie bien. » Le « caille19»

ou Ie beurre sont des etats de la coagulation du lait, et nous

avons vu plus haut que ce terme etait interchangeableavec

celui de lait a propos des produits de la Terre promise. Le

choix de cette nourriture rattachee a la promessedivine et

au don celestede la manne rend clairvoyant, capablede dis-

cerner Ie bien du mal. Ce texte doit etre mis en synapse

d'opposition avec Gn 3 ollie fruit, mange par desobeissance

et concupiscence ar Ie premier Adam qui voulait se saisir

de a connaissance u bien et du mal ainsi que de 1 egalite di-

vine, avait entraine 1 ignorance, la separation de Dieu,

1 eloignementdu jardin et la sterilite, la dechirure du couple

soumis a la tyrannie de la domination-seduction,et la gene-

ration de la femme dans a douleur pour la mort. Le « fils »

de la « vierge » au contraire res;oit e nom d'« Emmanuel »

(Dieu-avec-nous),pour line paix sans in oules ennemissont

vaincus2°,ou leg schismesdu peuple sont rassembles,ou

terce et ciel sont reconcilies,aula fin s egale au commence-

ment en 1 accomplissant selon la volante de Dieu, ou

l'homme -en tant qu'enfant et fils heritier -res;oit Ie nom

de la presencedivine et de la doucesagesse21ssimileeSOliS

forme de lait et de miel.

Colonises et massivement ites par leg chretiens, ces ver-

setsdevenus ieux de polemique udeo-chretiennen' ant plus

de commentairesdans la tradition juive ancienne22.1n en

19. Cf. Gn 18, 6; Dt 32,14; Jg 5, 25; 2 S 17, 29; et Jb 20,17. En Jb 10,

10, c'est la formation de l'homme qui est figuree par la coagulation du

lait: «Tu m'as coule comme du lait, fait cailler comme du fromage

(hebr. ilJ J1; r. 't upoo;;yr. r<~. »

20. La double glose sur « Assur » (is 7, 17.20)sembleetre un rapproche-

ment redactionnel avec Mi 5, 4-5: « II sera paix,... il nous delivrera

d' Assur. }} Les exegetessignalent de tels contacts entre les deux livres.

Dans la traditionjuive posterieure,Assur, avec Ninive et l'Egypte, est Ie

type des royaumes du monde,ennemisdu peuple idele.

21. Opposeea I amertume du fruit accapare par la concupiscenceet la

desobeissance.

22. Voir par ex. A. HYMAN, 'O~iI' ilJll1:J;, ,n '£)0,Tel Aviv 1979,vol.

2, p. 128: dans I ensemblede la litterature traditionnelle, on ne trouve

qu une seule mention du verset 14 sur a « vierge » (M idrashShir ha-Shi-

rim, 3, 1-3, ed. L. GRUNTHUT, erusalem1897,19712).Par contre, a Bi-

blia patristica I (des origines a Clement d'Alexandrie), Paris 1975, en

note quarante-neuf...

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147

AIT ET MIEL, OU LA DOUCEUR DU VERBE

reste pas mains que la Septante est un targum juif, et que

c'est dans ce courant de tradition alors non conteste qu'est

ne Ie Nouveau Testament. Dans cette tradition, contempo-

faille de la litterature de sagesse, e terme de « vierge » (i1~'Y

ou i1 n~, gr. ve:~vr.,;;u 7t(XpOkvo,;;)esigne Israel a la jeunesse

renouvelee et eternelle, la fille de Sian toute belle, joie de

I univers23, pour reprendre leg termes du livre de la consola-

tion d'Is 62,5.12, par exemple24.C'est dans ce cadre de res-

tauration messianique que le targum lit la suite du texte d'Is

7,21-22: « Cejour-la, chacun elevera une vache et deux bre-

his, et a cause de I abondance de lait qu elle donneront, de

caille et de miel se nourriront taus ceux qui seront demeures

au pays. » Ces demiers sont qualifies de « justes », a la diffe-

rence des autres qui resteront dans leg « epines et leg ron-

ces » de la malediction originelle. Comme pour I Emmanuel,

lait et miel sont Ie menu de leur festin de sagesseeschatolo-

gique -ou revient frequemment Ie theme de lajoie -ailleurs

decrit comme un allaitement: « Rejouis-toi Jerusalem; soyez

remplis d'allegresse,... afin que vous soyez allaites et rassa-

sies par son sein de consolation, afin que vous savouriez avec

delices sa mamelle de gloire15. »

La bouche de la bien-aimee du Cantique (Ct 4, II) est

pleine de ces produits du paradis, c'est-a-dire de I epitha-

lame qu'elle chante a et avec son Bien-aime, en repons alter-

nes: « Tes levres, fiancee, gouttent (hebr. et gyro ~~1; gr.

OC7tOO T(x~(')e miel-vierge, Ie miel et Ie lait sont sous ta lan-

gue, ta senteur est comme la senteur du Liban26. » L 'ex-

23. Ps 48(47), 2-3; Za 9, 9. Le theme de la fille de Sion inclut celui de la

femme sterile et de Ia femme en deuiI, avant Ia venue du Prince de paix,

cr. par exemple V Esdras9; ou dc la mere, II Baruch3-4.

24. Voir aussi Am 5, 2 ou Ez 16; Lm 2,12, etc.; mais aussi Test. Joseph

19,8-11: «Je vis que de Juda etait nee tine vierge portant tine robe de

Iin; d'elle surgit un agneausans (iChe»...

25. Is 66, 11, cite par Ps Qumran. 11 QPsa 22, 5. II faudrait reprendre

tout Ie passagequi compare Ie ~uple a des nourrissons portes sur Ies

bras; thematique attestee aussi chezOs 11,4: « J'etais pour eux comme

ceux qui soulevent un nourrisson contre leur joue », Ie mot y «<nour-

risson ») est compris comme« joug » (r<'iL1) par leg versions anciennes,

notamment Ie syriaque, ce qui dQnne: « et e fus pour eux comme celui

qui enleve (ou qui eleve) e oug de leur nuque. »

26. Pour Midrash Zutta sur Ct 4. (11) 13, ed. S. BUBER,Berlin 1894,p.

15 (27), il s'agit soil du Messiede Justice ssu de Juda; soil de Ia descrip-

tion de la paix messianiqueapportee par Ie Messie de guerre issu de Jo-

seph: plus de haine I'un envers 'autre pour accomplir I'Ecriture (Is 11,

13) sur Juda et Ephrai'm. Le miel qui coule, c'est Jacob benissant es tri-

bus (cf. Gn 49). -II serait intere~santde rapprocher ce texte d'Is 7, 14,

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148

M.-J. PIERRE

pression « sous la langue » est attestee quatre fois dans la

Bible -sans doute avec Ie gens de parole reflechie, retenue,

mais prete a sortir au moment opportun -deux fois positi-

vement: en Ps 66(67), 17 (l'eloge); et deux fois negative-

ment: Ps 10(9), 7(28) (fraude et mefait); et Jb 20, 12 (mal).

Le verset du Cantique mentionne deux sortes de miep7:

d'abord Ie miel qui collie de la gaufre (hebr. ~3, gr. X 1)pLOV,

rayon de miel, comme dans la version syriaque, r<~~), et

Ie miel recolte (hebr. U):J'gr. f.l.EAL miel sur la langue »; syr.

~.,. En syriaque, Ie Cantique, appele « Sagessedes sages-

ses de Salomon », ou « Gloiredes gloires » modifie quelque

peu Ie vocabulaire: « Tes levres gouttent (comme) Ie rayon

de miel (r<~~), tout Ie miel (~.,) et Ie lait sont sous tes

levres. Ta senteur... ». Le verbe « goutier, distiller », 9t93 n

hebreu, sect souvent pour 1 expression de la parole prophe-

tique, et leg versions lui donnent plusieurs equivalents: Am

7, 16 (gr. °XAOCY<UYE<U,oulever les follies, vaticiner; syr.

~r<, enseigner), Ez 21,2 (gr. 7tpocp 1)'t e:u<u;yro ~ prophe-

tiger) et Mi 2, 11 (gr. cr't OCA6r.~<u;yro 4), Ct 5, 5(6) (les

doigts de la bien-aimee gouttent la myrrhe, gr. cr't 6r.~<u;yr.

4), et negativement en Pr 5, 3 (les levres de l'etrangere

gouttent (hebr. et syr. 4 ; gr. &:7tocr't oc~<u)e miel, mais sont

ameres comme l'absinthe). En Jl 4(3), 18, il sect aussi a de-

crire leg produits eschatologiques de la terre sauvee: « Les

montagnes goutteront (gr. &:7tocr't oc~<u;yr. 4) de vin nou-

veau (syr. r<~~ « douceur »), et leg collines feront collier

Ie lait. » Annoncee, la parole divine s'exprime sous celie

forme, d'apres Ie Targum Neofiti Gn 49, 21, a propos de

Nephtali: « Quand sa bouche annon9ait dans leg assemblees

d'Israel, du lait et du miel sortaient de ses evres28.»

et de la « resurrection d'entre legmorts »que constitue la reconciliation

eschatologiquedes deux peuplesen Rm 11, 15...

27. Quand on parle de miel dans a Bible, il s'agit Ie plus souventde miel

d 'abeilles, suce directement au rayon coulant (c'est Ie cas ici) ou deja re-

colte dans des recipients, et donc fermente,ce qui peut poser des proble-

roes de kashrut (purete legale), notamment pour leg offrandes au

Temple, puisque l'abeille appartient a la classe des insectes mpurs -

mais aussi du jus sucre qui suinte des dattes ou des figues ires mares.

Pour les discussions abbiniques a ce sujet, voir article « Honey» dans

l'Encyciopa'dia Judaica, Jerusalem 1971-72, ol. 7, col. 963. Le lait pro-

vient deschevreset des brebis, parfois desvaches.

28. De meme dans leg Ac. Paul 14, 5: quand tombe la tete de I'apatre

Paul, martyrise, du lait jaillit sur legvetements du soldat; cette mention

se retrouve dans d'autres actesde martvre chretiens.

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LAIT ET MIEL, OU LA DOUCEUR DU VERDE

149

Une tradition juive anonyme, rapportee par Ie Midrash

ExodeRabba 17, 2 (79d), opere un rapprochementde versets

pour montrer que la Tora a « un gout et tine senteur; un

gout, selon e Ps 34(33),9: 'Goutez et voyezcomme est bon

Ie Seigneur ; elle est aussi tine nourriture, selon Pr 8, 19;

 Mes fruits sont meilleurs que l'or, que l'or fin ; et elle a

aussi ine senteur, selon Ct 4, 11: L 'odeur de tes vetements

est comme l'odeur du Lib ,n . Mais les Fils d'Israel dirent:

Nous connaissons a force de la Tora, c'est pourquoi nous

ne nous ecartonspas de Dieu ni de sa Tora, comme l est dit

en Ct 2, 3: A son ombre desireee me suis assiseet son fruit

est doux a mOllpalais . »

La surabondanceubilatoire de la Parole, de la Loi nourri-

ciere et vivifiante est encore figuree par les deux seins de

I 'epouse u Cantique, en Ct 4, 5 et 7, 4: « Tes deux seins, u-

meaux de gazelle,qui paiss,ent ans es lis», ainsi que Ct 7,

8-10: « Dans ta stature, tu ressembles u palmier, avec tes

seins pour grappes. J'ai dit: Que e monte au palmier, j'en

saisirai les regimes.Tes seins,qu'ils soient comme es grap-

pes d 'un cep; comme pommes, a senteurde ta face; comme

un bon vin, ton palais. » Dans cesversets, es metaphoresdu

miel de dattes, du lait des seins et du vin capiteux -ainsi

qu'ailleurs les sourcesd'e ,u -gout considerees omme in-

terchangeables.

Une part anciennede la tradition juive assimile es deux

seins aux deux tablesumelJesde I 'Alliance, e don de la Loi

qui vivifie et nourrit Israel a travers les paroles de sespro-

phetes; ainsi qu'a MoYseet Aaron selon es expressions e la

double attente messianiqucattestee a Qumran29: radition

29. Pour les deux Messiesd' Aaron et de Juda, voir bibliographie et re-

sume des etudes anterieures dan8 E. SCHURER,he history of the Jewish

people in the age of Jesus-Christ, evised by G. VERMES,. MILLAR & M.

BLACK, vol. II, Edimburg 1979, p. 490-492 et 550-554: Regie de la

communaute, QS 9, 11; Regie lJnnexe,I, 12-21,mais Ie repas commu-

nautaire est au pain et au vin, nOllJ u lait et au miel; voir aussi Test.Juda

21; Ecrit de Damas BI (XIX), 10; BII, (xx) 8-9. Je penseque la « nouvelle

Alliance au pays de Damas » fait referencea la tradition d' Elie -bien

attestee par ailleurs a Qumran ~ rapportee par 1 R 19, 15-18 qui men-

tionne Ie « desertde Damas » ainsi que les « onctions » des disciples du

prophete, chargesde la mission eschatologiquede renversement e la ge-

neration pecheresse.Ce texte sera repris en ce sens au debut du mona-

chisme chretien, doni Elie sera la figure prophetique (reprise de

l'opposition prophetisme-institution, interpretee comme vie monastique

et sacerdocehierarchique), par exemple chez JEROME,ettre 58 a Paulin

de Nole (date: debut 395), Lettrea, exte etabli et traduit par J. LABOURT

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150

M.-J. PIERRE

du Targum du Cantique,4, 5 et 7, 330:« Tes deux sauveursa

venir pour te sauver, e Messie ils de David et Ie Messie ils

d Ephraim, semblables MoYse t a Aaron, fils de Jokhebed,

qui sont comparesaux deux aons umeaux de la gazelle,qui

ant fait paitre Ie peuple d'Israel par leurs merites pendant40

ans dans Ie desert par la manne, es oiseauxgras et I eau du

puits de Miryam31. »; ou encore Josue: «Sois pour eux

comme un vase rempli des Dibberot (Dits du Decalogue)»

(Mekhilta Yitro Amalek 2, en referencea Ex 18, 19); Ana-

nias, Misael et Azarias qui temoignentdans a fournaise ace

aux nations,et sont ressuscites ar la roseedivine32.Dans les

traditions plus recentes ue e ne peuxenumerer,c'est encore

Ie roi et Ie prophete, ainsi que es membresdu sanhedrin.

La parole et Ie prophete, Ie verbe et son vecteur, figures

par Ie lait des seinsdestine a nourrir Ie peuple ainsi que les

nations a l'ere eschatologico-messianiqueales combler de

vraie connaissanceet de sagesse ui justifie, c'est-a-dire de

salut -sont eminemment epresentes ar Ie cantique d' Anne

'JI:

(CoIl. des Universites de France, G. Bude) Paris 1953, . 3, p. 78-79:

« Quant a nous, nous avons comme chefs de file de noire profession

(propositi nostri) les Paul (de Thebes), eg Antoine, les Julien, leg Hila-

rion, leg Macaire, et, Rour en revenir a 1autorite des Ecritures, Iepremier

d'entre nous est Elie, Elisee est notre, nos guides sont leg fils des prophe-

tes qui habitaient la campagneet Ie desert, ou se faisaient des entes pres

des eaux du Jourdain. De leur race sont aussices fameux ils de Rechab,

qui ne buvaient ni vin ni biere, demeuraientsous des tentes, et que, par

Jeremie, oue la voix de Dieu meme... ».

30. Ed. P. DE LAGARDE, ropheta chaldaice,Leipzig, 1872; ou A. SPER-

BER,The Bible in Aramaic IVa, 1968,p. 134: ce texte de redaction tar-

dive, qui interprete aIlegoriquement e Cantique, epercutedes hemes en

accord avec leg plus anciennes traditions palestiniennes,cr. R. LE

DEAUT, ntroduction a la litterature targumique,Rome, 1966,p. 140-141.

Le theme est repris dans Midrash Zutta sur Ct, ch. 4, 5, ed. S. BUBER,

Berlin 1894,p. 14b (28), et il est encore connu de Rashi. -La graissedu

lait, qui donne Ie beurre (cf. Pr 30, 33), a leg memesusagesque l'huile,

eIle sert aussia eclairer; et Mo'ise et Aaron sont souventappeles eg deux

« fils de 1 huile », avec Ie meme gens messianique,en reference a Za 4,

14; nombreuses eferencesdans H. L. STRACK t P. BILLERBECK,om-

mentar zum Neuen Testamentaus Talmud und Midrasch III, Miinchen

1926,p.811.

31. Le theme du puits de Marie et de ses eaux miraculeusesqui, deve-

nues douces d ameres qu eIles etaient, se diffusent aux douze tribus, re-

joint ici Ie theme du lait des seins,mais il est mpossible de Ie traiter dans

cecadre; voir l'etude de G. BIENAIME,Moise et Ie donde l'eau dans a tra-

ditionjuive ancienne AnBib 98), Rome 1984.

32. References asseznombreusesdans STRACK-BILLERBECK, op. cit.,

D.413.

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LAIT ET MIEL, au LADaUCEUR DU VERBE

151

dans Ie Livre desantiquitesbibliquesdu Pseudo-Pillion,ou Ie

pretre Heli repond it la pricre de la mere de Samuel: « "Par

cet (enfant) ton sein est ustifie, afin que tu etablissesa pro-

phetie (ou: Ie prophete)33 our les peuples,et que Ie lait de

tes mamellesdevienneune fontaine pour les douze tribus".

Ce qu'entendant, Anne pria et dit: "Accourez it ma voix,

toutes les nations, et pretez attention it ce que je vais dire,

taus les royaumes, car ma bouche s'est OliveTtet mes paro-

les, et mes levres ant re9u 'ordre de chanter un hymne au

Seigneur.Coulez (stillate: gouttez), mes mamelles, et faites

connaitre votre temoignage,puisque VallSavez r~u l'ordre

d allaiter. Car il sera etabli, celui qui boira de votre lait: Ie

peuple recevra lumiere de ses paroles; aux nations il fera

connaitre es arrets, et sa corne s'elevera res haut... Tous les

hommes trouveront la verite... Trouvez votre plaisir en ren-

dant gloire, quand sortira. la lumiere d'ou naitra la sa-

gesse34. Cet allaitement des tribus est aussi atteste SOliS

forme allegoriquedans es tJraditions attacheesaux benedic-

tions de la descendancee Joseph Gn 49, 22-26: « benedic-

tion »), Ie « nazir de ses reres34 : « Je vis douze breufs qui

tetaient line genisse; elle donnait line mer de lait, ou

s'abreuvaientdouze troupeaux et d'innombrables brebis.35

b) Le NouveauTestament

Le mot fait (gr. YtX.AOC;yr. ~) apparait cinq fois dans

Ie NouveauTestament: 1 Co 3, 2; 9, 7; He 5, 12.13;1 P 2,2.

L absencede mention du miel dans ces textes ne doit pas

etre prise a la lettre: Ie lait donne aux enfants est toujours

sucre au miel, meme si Ie melange continue d etre appele

« lait » et n'est pas qualifie de lait au miel. Aucune des oc-

33. Si l'on suit l'edition princep~ de SICHARD1527), plus conforme au

contenu du Cantique qui suit. L~ differents manuscrits portent des va-

riantes orthographiques, deux tenminaisons eminines et deux masculi-

nes: Prophetiam,proficiam, proficuum,profectum.

34. LAB LI, 2-4 (SC 229, Paris m976, . 332-335, exte de D. J. HAR-

RINGTON t trad. de J. CAZEAUX;SC 230, p. 216-217,notes de Ch. PER-

ROTet P.-M. BOGAERT,ui sembJent referer eux aussi a traduction par

« prophetie » et s'ecartent du cboix de J. CAZEAUX).Autre traduction

fran~aise par P. HADOT n: La Bible, ecrits intertestamentaires Bibl.

Pleiade,337),Paris 1987,p. 1366.

35. Test. Joseph,19, 5; cr. notes de LAB, SC230, op. cit., p. 217. A rap-

procher du puits de Miryam qui abreuve es douze tribus, et qui est re-

presente a la synagogue de Doura-Europos sous la forme de douze

ruisseauxconduisant a chacunedes entes.

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152

M.-J. PIERRE

currences neotestamentaires ne signale ouvertement 1 exis-

tence d 'une quelconque liturgie comportant un rite lacte.

Mais a propos du lait et de ses corollaires comme l'enfance,

deux interpretations se manifestent et s' opposent: celIe de la

tradition de Pierre qui semble rejoindre celIe de Jesus selon

les Synoptiques et Jean, -et celIe du courant represente par

Paul et 1 auteur de 1 epitre aux Hebreux.

Pour Pierre (1 P 2,2-3), Ie lait est la nourriture des conver-

tis, qui ont rejete « malice, ruse, hypocrisie, jalousie et toute

espece de katalalie » pour se retrouver comme des « nou-

veau-nes » (gr. ~P~CPor.,retus au sein matemel; syr. ~~,

Lc 1,41.44; ou nourrisson, Lc 2, 12.14; 18, 15; Ac 7, 19; 2

Tm 3, 15; syr. r<.,~) ou des « re-nes » (&.p't'LY~VV'YJ't'CX36;yr.

r<'\:1£ « enfantin, inexperimente37 »), si l' on se refere aux

versets precedents dans lesquels il est question de la foi qui

fait invoquer Dieu comme Pere, qui donne la naissance

d'en-haut (1, 23: &'vcxye:ye:vV'YJ{.l.~VOL,ngendres de nouveau;

syr. ~;:\ ~), celIe dont Ie principe d'engendrement n'est pas

Ie germe ( J7tOPI1.)i la semence chamelle, mais 1 incorrup-

tible Verbe du Dieu vivant et etemel.

Ce discours, qui utilise Ie vocabulaire masculin de la gene-

ration, doit etre rapproche de celui de In 3, 3, oil Jesus dit a

Nicodeme: « En verite, en verite, je te Ie dis, a moins de nai-

tre a nouveau (ou: d'en haut, ocv(J)Oe:v),ul ne peut entrer au

Royaume de Dieu. » Mais dans ce cas, puisqu'il s'agit de

naitre « de I Esprit » qui est de genre reminin dans les lan-

gues semitiques, c'est la terminologie de l'enfantement qui

est utilisee; et la chair de la naissance mortelle est opposee a

« 1 Esprit-vent qui souffle oil il veut. »

Pour 1 P 2, 1-3, Ie lait, ala fois nourriture et boisson, est

l'aliment « excellent » (XP'YJ J't'6~;yr. ~ -Citation du Ps

34(33), 9, mais plusieurs manuscrits grecs ecrivent Xpr. J't'6~)

adapte a la situation du converti, meme physiquement

adulte, mais que sa conversion spirituelle a retabli dans la

pure situation de « tout-petit » (fretus ou nourrisson, ~P~-

cpo~), 'enfant libere de toutes les fautes et convoitises de la

descendance adamique. Celie regeneration est assimilee a la

resurrection (1, 3), au salut eschatologique dans l'Esprit, a

la vie qui doit se manifester au temps demier (1, 5) lors de

l'apocalypse de Jesus-Christ (1, 7)38 I peut y avoir progres~

36. Ce terme ne semblepas reutilise dans Ie vocabulaire patristique, et

G. W. H. LAMPE,A Patristic Greek Lexicon, Oxford 1961,ne Ie signale

pas dans son repertoire.

37. Deux emplois en ce sensen syriaque,cf. Hb 5,13.

38. Cette regeneration, nauguree par la conversion et Ie bain baptismal,

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LAIT ET MIEL, OU LA DOUCEUR DU VERBE

153

dans la decouverte tempofelle du mystere re~u dans la foi,

ainsi que dans la conversion morale adjacente. Mais juste-

ment ce progresl fait que 1 homme se rapproche de plus en

plus de son lieu natif, rentre ou remonte au sein du paradis

originel, devient veritablement fils du Pere-Mere d'avant la

differentiation sexuelle desltinee a perpetuer la descendance

selon la chair -cette sortie du sein et cet ecart lies inexora-

blement a la chute et a la mort. Le pur lait spirituel des en-

rants est l' objet de son « desir avide» (1 P 2, 2, gr.

E:7tr,7tO6ECU;yr.~~;), caracteristique de la jalousie de

1 Esprit en Jc 4, 5 -1 'inverse de la cupidite adamique, ou de

la gourmandise pour Ie vin enivrant qui fait partie des envies

de ce monde, par exemple.

L 'enseignement de Jesus, des leg Synoptiques, semble

avoir comporte celie exaltation de 1 enfance -qui etonne

son entourage: il appelle a lui leg petits en/ants (gr. 7tocr,8(oc;

gyro 1<£1\,),alors que ses disciples leg rabrouent. Illes em-

brasse, leg benit -leur impose leg mains, selon Mt, camille

pour leg investir d 'line fonction particuliere -et leg designe

comme « ceux a qui appartient Ie Royaume » (Mc 10, 13-

16; Mt 19,13-15; Lc 18,15-17). Retoumant leg valeurs ad-

mises, Jesus declare grands ceux qui sont les plus petits (gr.

 J.r,xp6'"t"e:po~;yro ;~\ , et Lc 9, 47), et dont « leg anges dans

Ie ciel voient sans cesse a face du Pere » (Mt 18, 10). En Lc

7, 28, il s agit de Jean-Baptiste, et s'il y avait plus petit que

lui, ce serait ce dernier Ie plus grand dans Ie Royaume (Mt

11, 11). Le vocatif de « petit enfant» (gr. 7tocr,8(ov; yr.

1<£1\,),attribue au meme Jean-Baptiste en Lc 1, 76s., est mis

en parallele avec sa vocation de « prophete du Tres-Haut » -

ce qui correspond a la nourriture qu'il prend, comme fiCUS e

verrons ci-dessous -marchant devant la face du Seigneur,

pour donner a son peuple la connaissance du salut. Celie

conversion a 1 enfance -qui constitue Ie disciple, Ie croyant

et Ie prophete -introduit a la vraie sagesseselon leg paroles

memes attribuees a Jesus par leg textes evangeliques. Celie

revelation extraordinaire e5t decrite par Lc 10,21 (cf. Mt 11,

25) camille un « tressaillement de joie dans 1 Esprit Saint ».

Elle explose dans la boucb,e de Jesus en proclamation d'ac-

n'est pas inconnue de la penseeuive contemporaine du Nouveau Testa-

ment oil Ie proselyte est appele enfant nouveau-fie, Talmud Babli Yeba-

mot 48b (discussionentre R. ijananya b. Gamliel, vers 120, et Rabbi

Yosi vers 150). Selon 'opinion de Hillel, les enfants d'Israel sont desen-

fants de l'annee en fait de peches,cf. Pesiqta (BUBER) 1b. Voir H. L.

STRACK t P. BILLERBECK,p. cit., II, Miinchen 1924,p. 423.

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154

M.-J. PIERRE

tion de graces dans Ie style de Jean: «Je te hems, Pere,

d'avoir cache cela aux sages et aux habiles et de l'avoir re-

vele aux tout-petits (gr. V~7t .O .; yro ~:\~). »

Selon la tradition johanmque, Jesus interpelle les disciples

en termes identiques. II leur donne Ie nom et la titulature

d'« enfants » et meme de « petits enfants »: « Petits enfants

(gr. 7ttX .OLtX;yro ~), avez-vous du poisson? (In 21, 5), et

1 apotre repercute 1 appellation aux croyants de sa commu-

naute (1 In 2, 14.18). II utilise en outre 1 appellation de TEXVtX

6e:ou; gyro ~ (1 In 3, 1.2.10; 5, 2) et surtout Ie diminutif

Te:XVLtX, ue Ie syriaque valorise en Ie traduisant par « fils »

~ (In 13, 33; 1 Jn2, 1.12.28; 3, 7.18; 4,1; 5,21).

Ce type de vocabulaire et de symbolique est en, decalage

avec les expressions de Paul et de 1 auteur de l' Epftre aux

Heoreux. Pour ces derniers (He 5, 11-14) en effet, ainsi que

pour Philon d'Alexandrie39, l'enfance n'est pas prisee. Le lait

ne represente pas la nourriture ideale de ceux qui se gout

convertis pour redevemr de vrais fils de Dieu; il est l'aliment

des debutants fragiles qui en gout encore aux balbutiements,

aux premiers elements du langage, qui ne savent pas encore

distinguer Ie bien du mal, et gout encore tres loin de pouvoir

acceder a la comprehension de la doctrine de justice. Les ex-

pressions de Paul dans 1 Co 3, 2 vont en ce sens: Ie lait est

considere negativement comme la boisson des charnels, en-

core soumis a la jalousie et a la discorde, se conduisant selon

l'homme et non selon Dieu; il ne convient qu'aux « petits

enfants » (gr. V~7t .OC;;yro f'<':\al..). Tous les emplois de V~7t .OC;

gout negatifs chez Paul, et gout prig au gens de « simplet »,

« pueril », d'individu place dans tine situation d'ignorance

et d'absence de droits dont il faut sortir (Rm 2,20; 1 Co 13,

11, Ga 4, 1.3, Ep 4, 14) -ou neutres (1 Th 2,7). Les« petits

enfants » gout opposes aux « fils (ura .; gyro ~) et aux he-

ritiers» (Rm 8, 14; 9, 26; Ga 3, 26; 4, 6-7); ainsi qu'aux

« enfants de Dieu» (TEXVtX6e:ou; gyro ~, Rm 8, 16; 9, 7;

Ga 4,31; Ep 5, 1.8; Ph 2, 15). Selon Paul, Ie Pharisien et Ie

disciple de Gamaliel, lui-meme petit-fils de Hillel, Ie lait

n 'est donc pas la vraie nourriture (~p&[LtX) des sages et des

spirituels qui out la pensee du Christ. Ce developpement

contre Ie lait, situe au creur de la controverse avec Apollos

sur la sagesse et la perfection, pourrait laisser penser que

39. Phi1onuti1ise1ametaphore du 1aitcomme nourriture enfantine, op-

posee i 1anourriture solide de 1a sagesse, eg. All. 1,90-94; Congr.Erud.

19; Migr. Abr. 28-33; Agric. 8-9; Sacr. 43-44; Somn.11,10.

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LAIT ET MIEL, OU LA DOUCEUR DU VERDE

155

Paul prend ici Ie contre-pied de la position de son rival, dont

leg pretentions a la sagesse -symbolisee pour lui par Ie lait -

l'irritent40... Nous aurions ici 1 indice des deux courants exe-

getiques coexistants a Alexandrie d'ou vient Apollos, et ega-

lement presents a Jerusalem: l'exegese symbolique et

eschatologico-gnostique, et I exegese plus intellectuelle, alle-

gorisante...

Le miel, quant a lui, n'apparalt que trois fois dans Ie Nou-

veau Testament, hors de 1tout melange avec Ie lait. C'est

d 'abord la nourriture de Jean-Baptiste, ce qui correspond a

sa situation d 'enfant-propihete qui inaugure 1 ere messia-

nique (Mt 3, 4; Mc 1, 6, 1.:fAL&YPLOV;gyro 1<'\::)., 1<.%:J.1,iel

sauvage); et Ap 10, 9-10: Ie petit livre a saveur de miel, ce

qui est line reprise de Ez 3, 3, et fait partie du theme de la

douceur intrinseque de la Parole de Dieu, qualite qui lui est

commune avec Ie lait selon Ie courant de pen see atteste par 1

P. Selon Ie Diatessaron, cite par Isho'dad de Merw41, « la

nourriture de Jean-Baptiste etait de miel et de lait des mon-

tagnes ». Salomon de Bo<;ra, I 'auteur du Livre de I 'Abeille42,

compilation medievale de traditions anciennes, rapporte plu-

sieurs opinions anterieures: «Certains disent que Ie miel

sauvage et les sauterelles dont il se nourrissait dans Ie desert,

c'etait la m, nne -la l)ourriture des fils d'Israel, que man-

gent aussi Enoch et Elie au paradis -car son gout est

comme celui du miel. Mo'ise la compare a line graine de co-

riandre, et leg pleureurs43 dans leg montagnes s'en nourris-

sent. D'autres disent que c'etait line racine comme celIe

d'une carotte; on l'appelle Qamu<;44, et elle a Ie gout doux

d 'un rayon de miel. »

Les deux modes d'appreciation du lait et du theme de

I enfance peuvent servir de critere initial de classement des

premiers textes chretiens relatifs au sujet, epars et discrets.

40. Cf. P. F. BEATRICE, Apollos of Alexandria and the Origins of the

Jewish-Christian Baptism Encrabsm », Aufstieg und Niedergangder Rii-

mischen Welt, II, 26/2, Berlin-N<:wYork 1995,p. 1232-1275,ci p. 1253.

41. Sur Mt 3, 4, in: The Comml?ntariesHorll semiticll 5), Cambridge

1911, exte p. 39, trad. p. 23-24.

42. The Book of he Bee,ed. E. A. W. BUDGE,Oxford 1886, exte p. ~,

trad.p.91.

43. Les moines anachoretes.

44. Interpretation attestee par 1~ Cavernedes trisors 48, 3, ed. S.M. RI

(CSCO 487, Syr. 208, trad. p. 153: «Jean etait en effet dans Ie desert

tous 1esours de sa vie et i1 se nourrissait de racines appelees Qam~",

c'est-a-dire de miel sauvage.» Lc vocable de« sautere11e, est nterprete

comme etant une racine au gout de riel.

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156

M.-J. PIERRE

Leur regroupementsynchronique permettra aussi de juger

les elementspossiblesde I evolution diachronique differen-

tielle de chacun des courants, leur maniere d'interpreter les

citations de l' Ancien Testament. Le cas des Odesde Salo-

mon, qui fournissent un assez iche echantillonnaged'attes-

tations du theme et de sesvariations inattendues,seraetudie

a part dans la troisieme partie de l'article: Ie premier de-

broussaillement aisonne des autres elementsde la tradition

contribuera ales situer, malgre toutes les inconnuesde leur

redaction et la specificitede leur genre itteraire poetique.

2. Le Iait et Ie miel aux origineschretiennes

La premiere attestation de 1a, eflexion patristique sur Ie

1ait et Ie mie1 se trouve dans l' Epftre de Barnabe 6, 8-19, au

centre d 'une longue meditation de type midrashique et

eschato1ogique sur 1a terre promise. Le passage,a ete tres fi-

nement etudie par N. A. Dah145:L 'auteur de l' Epftre de Bar-

nabe rappe1le 1 exhortation de Mo'ise et les expressions

bib1iques de l'attente de la terre promise: « Entrez dans Ie

pays quej'ai promis par serment 11Abraham, Isaac et Jacob.

Prenez-en possession, c'est votre heritage, une terre oil cou-

lent Ie lait et Ie miel. » Et cette entree est identifiee de fa90n

tres etrange pour un esprit moderne; selon un agraphon attri-

hue 11« la gnose », la « bonne terre » est identifiee 11« 1a

chair » dans laquelle Jesus s'est manifeste pour sauver la

« terre souffrante » du premier Adam apres sa chute. Bar-

nabe presente solennellement celie interpretation comme pro-

venant de la «connaissance» (6, 9) et meme de la

« connaissanceparfaite » (cf.1, 5: TEAELtXV...v YV crLV)ue

ne peut comprendre que celui qui est « sage, instruit et aime

du Christ », celui qui est recree selon un« autre type 1)et qui

a re9u « une ame d'enfant », accomplissant ainsi l'Ecriture

qui dit au Fils; « Faisons I homme 11 otre image et 11 otre

ressemblance » (On 1,26). La nouvelle terre-chair (vraisem-

blab1ement unjeu de mots sur adam-adama, humain-humus)

est une seconde creation ou un nouveau modelage, la restau-

ration de l'image et de la ressemblance originelle.

45. « La terre 011coulent Ie lait et Ie miel selon Barnabe6. 8-19 », in:

Aux sources de la tradition chretienne, Melanges M. Goguel, (Biblio-

theque theologique),Neuchatel-Paris 1950, p. 62-70; Voir aussi L. W.

BARNARD, A Note on Barnabas 6,8-17 » (Studia patristica IV; T. u. U.

79), Berlin 1979,p. 263-267.

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LAIT ET MIEL, OU LA DOUCEUR DU VERBE

157

Tout Ie developpement repose sur un principe hermeneu-

tique essentiel pour 1 interpretation des recits de creation

aux origines chretiennes, et qui est presente lui aussi camille

un logion du Seigneur: « V oici, je vais faire les dernieres cho-

ses comme les premieres » (6, 13: I8ou, 7tOLW rOC~crxtX rtXWC;

 rOC7tpw rtX ). On remarque que la chair est ici consideree po-

sitivement, a la difference des textes pauliniens ou elle est Ie

lieu de la faiblesse et du peche. II en est de meme pour

« 1 enfant », qualifie plus loin de tout-petit (6, 17, r0 7ttXL-

8~ov): c est ici Ie sage et Ie <-gnostique » a 1 image et a la res-

semblance du createur, Ie nourrisson dont la « chair », Ie

« creur de chair » (Ez 11, 19; 36, 26) est Ie lieu de manifesta-

tion et d habitation du Seigneur, Ie « temple » de sa liturgie

(6, 14, 16), cf. Ps 21(20), 23 -et la « bonne terre » des pro-

messes prophetiques.

Cette mention du temple et du modelage doit etre rappro-

chee de celIe du vase: « vase de 1 Esprit » (7, 3; 11, 9) et

« beau vase » (21, 8), bien attestee en ce sellS dans Ie Nou-

veau Testament (Ac 9, l5~ Rm 9, 21-22; 2 Co 4, 7, 1 Th 4,

4; 2 Tm 2,2-21; 1 P. 3, 7). Ce terme est tres souvent employe

au sellS de vetement tant en grec qu en syriaque. Comme il

convient, Ie « petit enfant » gnostique est nourri au miel et

au lait de la « foi en la promesse et de la Parole » (6, 19).

Cette nourriture paradisiaque salutaire est accessible grace

aux souffrances de Jesus qui a bu Ie « vinaigre et Ie fiel » (7,

3, cf. Mt 27, 34.48) issus dc la malediction adamique qui en-

trainait la perte de l heritage filial, c est-a-dire de la maitrise

sur la « terre ». Le croyaut est dispose a rentrer dans son

bien, il est devenu capable d heriter pleinement. Selon N. A.

Dahl, cet enseignement restitue vraisemblablement la cate-

chese liee a la celebration ,du bapteme-eucharistie dans line

communaute qui privilegie la connaissance et les methodes

exegetiques de type aggadique lires a l accomplissement

eschatologique. II ne petit en etre la source. Or nous avons

vu plus haut que Paul combattait ce type de symbolique issu

de milieux ayant des pretentions a la sagesse, mais que cet

enseignement et ces pratiques pouvaient correspondre a ceux

d Apollos, originaire d Alexandrie -cette cite est aussi, se-

Ion l opinion,de la majoritc des commentateurs, Ie lieu de re-

daction de l Epftre de Barnabi.

Le Dialogue avec Tryphon 30, 2 de Justin (premiere moitie

du second siecle) fait line quasi-citation du Ps 18(19), 10-11,

sur les enseignements divwns «plus doux que Ie lait et Ie

miel ». Selon la tradition scripturaire invoquee, Justin rap-

pelle que la douceur sureminente de la Loi rend « sages »

ceux qui l observent. Mais Ie passage est trap court pour

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M.-J. PIERRE

pouvoir recevoir une interpretation; il entre simplement

dans e dossierd utilisation courante du theme en monde uif

et aux origines chretiennesoil, selon es appuis scripturaires

que nous avons relevesplus haut, terre promise, Loi et sa-

gesse ont figureespar Ie lait et Ie miel.

Irenee, dans la secondemoitie du second siecle, est plus

explicite, mais introduit une certaine evolution historiciste

dans I utilisation du theme. II adopte d abord nettement e

point de vue paulinien (Adv. Haer. IV, 38, 2, citation

commentee de 1 Co 3, 2-3) selon lequel les enfants sont

nourris au ait, parce qu ils sont encore ncapablesd assimil-

ler la nourriture parfaite des adultes. Les premieresgenera-

tions n etaient pas capablesde recevoirautre chose,car elles

etaient I enfance de I humanite, et I enseignementqui leur

etait prodigue devait s adaptera leur deficience.La venuede

Jesusdans a chair, loin d etre la perfection de la realisation

du mystere du salut, fait partie pour lui de cette pedagogie

divine adapteea la faiblessedu receveur: « Notre Seigneur,

dans es demiers temps (...) vint a nous, non tel qu ille pou-

vait, mais tel que nous etions capablesde Ie voir: il pouvait,

en effet, venir a nous dans son inexprimable gloire, mais

nous n etions pas encore capablesde porter la grandeur de

sa gloire. Aussi, comme a de petits enfants, Ie Pain parfait

du Perese donna-t-il a nous sous orme de lait -ce rut sa ve-

nue comme homme -afin que, nourris pour ainsi dire a la

mamelle de sa chair et accoutumespar une telle lactation a

manger et a boire Ie Verbe de Dieu, nous puissionsgarder en

nous-memes e pain de l immortalite qui est I Esprit du

Pere » (Adv. Haer. IV, 37). Irenee conserve idee tradition-

nelle qui rattache la communion au lait a la revelation du

Verbe divin dans a chair, mais lle rend par l expressionde-

rivee « comme homme » qui annonce es expressionsde la

theologie de l incamation et s ecarte de celui de la manifes-

tation apocalyptique des premiers temoins. II privilegie Ie

theme temporaliste de la croissanced Adam jusqu a I etat

adulte, qu il considerecomme a perfection de l age, ce qui

n etait pas Ie cas des textes eschatologiques encontresplus

haut, qui fonctionnaient sur Ie schemecache-manifeste.De

ce fait, l avenement du Christ dans a chair, figure par Ie lait

des nourrissons, n est pas pour lui la source de la connais-

sauceparfaite celebreepar Ie Pain de I Esprit -et Ja liturgie

telle qu ilIa pratique vraisemblablement ans sonEglise.

Theophile d Antioche, son contemporain, adopte une po-

sition similaire dans un langageplus simple: « Par son age

reel, Adam n etait encore qu un enfant, et c est pour cela

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AIT ET MIEL, OU LA DOUCEUR DU VERBE

qu'il ne pouvait comme il faut recevoir la science. De nos

jours, quand nait un enfant, il ne peut encore manger de

pain, mais il se nourrit d'abord de lait; par la suite, seton Ie

developpement de son age, il en vient a une nourriture so-

tide. II en fut ainsi pour Adam: ce n'est, point par jalousie,

comme se I'imaginent certains, que Dieu lui ordonna de ne

pas manger de I arbre de la science... II voulait ainsi que

I homme prolongeat son etat de simplicite et d'integrite46. »

Avec Clement d' Alexandrie (fin lie -debut lIIe s.) reappa-

raissent des expressions qui rappellent celles de Pierre et de

Bamabe. II traite tres longuement Ie theme du lait et du miel,

melant ses connaissances physiologiques aux testimonia

scripturaires entre lesquels il tente de trouver une coherence

parfois subtile et laborieuse, pour ne pas se trouver en desac-

cord avec les expressions pauliniennes qui lui font difficulte,

par exemple -ce qui mettrait en cause la regIe imprescrip-

tible de I unanimite de I , Ecriture. Excessivement fiche et

touffu, son texte est une sorte de creuset ou s'entremele et

joue, fleurit toute la typologie veterotestamentaire dont j'ai

tente plus haut de degager les elements tels qu'ils pouvaient

etre entendus au toumant de I ere chretienne. La reflexion

sur I enfance spirituelle et sur la nourriture adaptee a cet etat

occupe les chap. V et VI du premier livre du Pedagogue,

dont je ne pourrai donner ici que quelques elements. Pour

Clement, I'objet de tout desir et de toute perfection, c'est la

connaissance communiquee par Ie Logos, comparee au miel

et a la gaufre seton les expressions du Ps 18(17), II: « Char-

mant (YAUXUC;)st Ie Logos qui nous a illumines, plus que

la monnaie d' or et la pierre precieuse. II est plus desirable

que Ie miel et un rayon de cjre . Comment en effet ne serait-

il pas desirable, celui qui a illumine I esprit enseveli dans les

tenebres, qui a donne leur acuite aux yeux porte-lumiere

(cpcuO'cp6plX)e l'ame?47 »Clement repete avec insistance que

Ie vrai gnostique, c'est Ie petit enfant: « Tout-petits (V~7tr.IXr.)

sont les esprits nouveaux qui, au milieu de I ancienne derai-

son, sont nouvellement devenus intelligents et qui se levent a

I horizon seton la nouvel~e alliance48.» Mais de quelle

connaissance s'agit-il? De celIe du Pere seul, auxquels its

46. Trois livres a Autolycus, I, 25 (SC 20, Paris 1948,p. 108-109).

47. Protreptique XI, 113, 2 (SC 2, ed. Cl. MONDESERT,aris 19763,

p. 181). On remarque que la ml:ntion du miel est liee a l'illumination

baptismale.

48. Pedagogue1, V, 20, 2 (SC 70, ed. H.-I. MARROU t M. HARL, Paris

1960,p. 146-147).

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M.-J. PIERRE

s'attachent, devenant pour lui des « enfants (7ttX'i:~e:~), im-

ples (OC<pe:Ae:r.~),out-petits (v~7tr.or.), purs (OCXEp~r.Or.),mou-

reux des licornes» : «tendus vers Ie haut par notre

intelligence, separes du monde et des peches, touchant a

peine la terre du bout du pied, pour autant que nous parais-

sons etre en ce monde, nous poursuivons la sainte sa-

gesse49. » Etrangers pour Ie monde qui les meprise comme

on Ie fait des simples, mais « mieux disposes au salut que les

sages de ce monde aveugles tout en se croyant sages5O», ils

sont aimes de Dieu parce qu'ils ont depose Ie vieil homme et

revetu 1 incorruptibilite du Christ: "Devenus nouveaux, peu-

pIe saint, regeneres, il faut que nous conservions 1 homme

sans souillure, que nous soyons des tout-petits, comme un

nourrisson (~pE<pO~)de Dieu, purifie de la fornication et du

vice5 . » lIs habitent « la bonne terre oil coulent Ie lait et Ie

miel52 » et, comme Ie Christ, leur nourriture est de faire la

volonte du Pere; « mais pour nous, les tout-petits, la nourri-

ture est Ie Christ lui-meme: nous buvons Ie Logos celeste.

C'est de la que vient Ie verbe " .LtXQ"Te:UQ"tXr."our dire "cher-

cher", car c'est aux tout-petits qui cherchent Ie Logos que

les mamelles de la bonte du Pere fournissent Ie lait53. » Cle-

ment ajoute un peu plus loin: « Le lait parfait est donc une

nourriture parfaite54 et il conduitjusqu'au terme qui n'a pas

de fin. C'est pour cela que ce meme lait a ete promis avec Ie

miel pour Ie moment du repos eternel. Et, naturellement,

c'est encore du lait que Ie Seigneur promet aux justes, pour

montrer clairement que Ie Logos est a la fois l'alpha et

l'omega, Ie commencement et la fin55. » II ajoute que ce lait

est la « joie parfaite », Ie « repos », et qu'il est identique a

de la nourriture solide, puisqu'il est comme « fa manne qui

s'ecoulait du ciel,... nourriture celeste des anges; il est aussi

Id. I, V, 16,3 17,1 (op. cit., p. 140-141).50.

Ibid. I, V, 32, 2, (op. cit., p. 168-169).51.

Ibid. I, V, 32,4, (op. cit., p. 170-171).52.

cr. Ex 3, 8 et par.53.

Pedagogue , VI, 46,1, (op. cit., p. 192-195). I s'agit d'unjeu d'ho-

monymie, p1utot que d une veritable etymo1ogie.Ces termes audacieux

ne sont pas tres e1oignesdes expressionsprophetiques dans 1esque11es

Dieujoue un role materne1de nourricier. cr. Od. Sa/. 19.54.

Clement manifeste bien que Ie 1ait (et Ie mie1)sont une nourriture in-

surpassable. I interprete Paul en ce gens,et refuse 1 hypothese que Ie 1ait

soit 1a nourriture des debutants qu'i1 faudrait abandonner; ou encore

qu'i1 soit 1a igure de 1a oi juive, qui aurait ete depassee ar 1es hretiens,

comme si e11e tait soumise au temps...

55. Pedagogue , VI, 36,1, (op. cit., p. 174-175).

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LAIT ET MIEL, OU LA DOUCEURDU VERDE

identifie a « fa roseedu Logos56 que Ie Pere plein d 'amour

et de bonte pour 1 homme a repanduepour la nourriture spi-

rituelle des hommes vertueux57. a foi de Clement devient

alors line sorte de credo yrique: « Quel etonnantmystere II

y a un seul Pere de 1 univers, un seul Logos de 1 univers et

aussi un seulEsprit-Saint, partout identique. II ~ a aussi ine

seulevierge devenuemere, etj'aime l'appeler l'Eglise. Cette

mere, seule,n'eut pas de lait parce que, seule,elle ne devint

pas femme; elle est en meme empsvierge et mere, ntacte en

tant que vierge, pleine d 'amour en tant que mere; elle attire

a elle sespetits enfants et legallaite d 'un lait sacre, e Logos

des nourrissons. Elle n'a pas eu de lait parce que Ie lait,

c 'etait ce beaupetit enfant, bien approprie, e corpsdu Christ:

ainsi nourrissait-elle du Logos ce eune peuple que lui-meme

Ie Seigneurmil au monde dans les douleurs de la chair et

qu'il a lui-meme emmaillote de sang precieux58. L hymn~

qui clot Ie Pedagogue eprend les memesexpressions: « 0

Christ Jesus, u es Ie lait celestedes doucesmamellesd line

jeune epouse,des gracesde ta sagesse. ous, petits enfants,

dont la bouche endre vient s'en desalterer,nous nous abreu-

vons en toute chastete du 11otde 1 Es£rit. » Le lait vient du

Pere, la Vierge-epouse-mere-sagesse-Eglisen dispense e

corps eucharistique; a puissancedu Verbe bouleverseet ren-

verse es roles que a nature physiqueassigneau male et a la

femelle, dont la complementaritevise en ce monde a la re-

production de l'espece;de meme, e lait et Ie miel- qui sont

sansdoute utilises dans a titurgie59 sont cites de fa90n al-

legorique ou metaphorique, selon un registre dont la « 10-

gique» echappe aux categories spatio-temporelles de la

definition ou du classementimitatif des especes. eur sellS

est ailleurs, dans une iberte de parole dont la seule eference

est1 Ecriture et sa tradition d'interpretation.

Au tout debut du IIIe si~le, dans a Passionde SaintePer-

petue (7 mars 203), a Carthage, dont la redaction a parfois

ete attribuee a Tertullien l'Mricain, la sainte voit en songe

line echelle etroite qui se dresse usqu'au ciel et debouche

dans un immense ardin plein de lumiere. Le Christ, vetu en

56. cr. Is 45, 8, et II Baruch 29, S-7 cite plus haut, note II. Chez RENEE,

Adv. Haer. III, 17, 3 (a propos. de Ia toison de Gedeon), Ia rosee est

I Esprit-Saint que Dieu repand SIJJre peuple.

57. cr. Pedagogue, VI, 41, 2-3. (op. cit., p. 184-187).

58. Pedagogue, VI, 42,1-2, (op. cit., p. 186-187).

59. cr. Stromates3, 12,3; 4, 8, 18.

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M.-J. PIERRE

berger, y est assis, en train de traire, entoure de milliers de

brebis. I1lui souhaite la bienvenue, et lui pose sur les levres

line bouchee de lair caille, qu elle re90it les mains jointes et

qu'elle mange6Odans la douceur, en communion a la passion

et a la resurrection qu elle va vivre.

Tertullien temoigne des pratiques baptismales de son

Eglise dans Ie cadre de sa violente controverse apologetique

contre la secte de Marcion, dont Ie premier livre dut etre

acheve en 207. I1lui reproche 1 incoherence entre sa theorie

et sa pratique, puisqu'il use des choses greeeset des pratiques

rituelles communes e9ues de la grande Eglise, alors qu'il me-

prise Ie Dieu createur: « Ton well, en tout cas, lui, jusqu'a

maintenant, n'a reprouve du Createur ni 1 eau dont il bap-

tise les siens, ni 1 huile dont il oint les siens, ni Ie melange de

miel et de lair dont il nourrit les siens a leur renaissance,ni Ie

pain grace auquel il rend present son corps meme; il a be-

soin, meme dans ses propres sacrements, des aumones du

Createur 61» On trouve encore chez Tertullien deux autres

allusions a cette pratique baptismale: en 210-211 dans Ie De

carnis resurrectione 26, oil lait et miel sont Ie signe de la dou-

ceur de l'esperance -et surtout dans Ie De corona 3 (date de

211) oil il rapporte la structure de la liturgie baptismale: en-

tree dans 1 eau, proclamation de foi et renonciation au

diable SOliSa main de 1 eveque, triple immersion et consom-

mation du melange de lait et de miel.

La tradition dependant d , Hippolyte rapporte que les

Naasseniens pratiquaient de meme, et interpretaient ainsi Ie

mystere du parfait gnostique: il s'agit de l'entree dans

« cette belle et bonne terre dont parle Mo'ise,... oil coulent Ie

lait et Ie miel. C'est, (dit Ie Naassene), en gofitant ce miel et

ce lait que les parfaits s'affranchissent de toute domination

et participent au plerome. Ce plerome est celui par lequel

tout ce qui est engendre re90it de 1 inengendre son existence

et son achevement62.» Cette plenitude est reservee aux spiri-

tuels et, pour y acceder, « il faut prendre les vetements et de-

venir tOllS des epoux rendus plus males par 1 Esprit virginal.

60. PassioS. Perpetull 4, ed. F. DE CAVALLIERI, . 112-114.Trad. fran~.

par A. HAMMAN,La gestedu sang,Paris 1951,p. 73-74.

61. Contre Marcion 14, 3 (SC 365, ed. R. BRAUN,Paris 1991,p. 164-

165).

62. HIPPOLYTE, hilosophumenaV, 8, 29, ed. M. MARCOVICHPatristi-

sche Texte u. Studien, 25), Berlin 1986, p. 161 Trad. fro par A. SIOU-

VILLE,Paris 1928,vol. 1,p. 147ss.

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AIT ET MIEL, OU LA DOUCEUR DU VERBE

Car c'est cette vierge qui con90it, porte dans son sein et en-

fante un fils, non un fils charnel ou corporel, mais Ie bien-

heureux eon des eons » dans lequel ne peuvent entrer que

ceuxqui ant choisi « la porte etroite » (Mt 7, 13-14)du Roy-

aume. D'apres Hippolyte, cette« terre »aurait elle aussi ait

1 objet de la meditation de Valentin, qui identifie la sub-

stancesans orme et sansorganisationproduite par Sophiaa

la « terre invisible et sans organisation » de Gn 1, 2. C'est,

selon ui, « la bonne Jerusalem eleste,dans aquelle Dieu a

solennellement romis d'introduire les fils d'Israel quand il

a dit: Je valls introduirai dans une bonne terre, ou coulent

Ie lait et Ie mie163. » Le c.adred 'un article ne permet pas

d 'etudier pour lui-meme Ie site de penseede chacun de ces

auteurs, mais la simple mention allusive permet de montrer

combien Ie theme de cette terre promise proto-eschatolo-

gique, avec ses ruits, est Cem:ttralans a reflexion chretienne

primitive, tant orthodoxe que marginale.

La tradition attribuee a Hippolyte de Rome fournit la

seulevraie description d 'une iturgie baptismale comportant

une communionau lait et au miel. Le rite est surajoute au

bapteme proprement dit, apres a signation et Ie baiser de

paix: « Qu'a ce moment l'oblation soit presentee ar les dia-

cres a 1 eveque et qu'il benisse e pain, pour representer e

corps du Christ, Ie calice, ou est mele Ie vin, pour represen-

ter Ie sang du Christ qui a ete repandu pour taus ceux qui

ant cru en ui, Ie lait et Ie miel me1angesnsemble, our l'ac-

complissement e la promesse aite a nos peres, qu'il appela

la terre ou coulaient Ie lait et Ie miel, la chair du Christ qu'il

a donnee ui-meme, dont se nourrissent es croyants, comme

de petits enfants, changeanten douceur, parla suavite de la

parole, l'amertume du c~ur; l'eau, d'autre part, pour

l'oblation, en signe de purification, pour que l'homme inte-

rieur qui est animal re90ive e meme effet que Ie COrpS64.

Ce texte, et Ie rite des trois coupes,a fait l' objet d une lon-

gue etude de J.-M. Hanssens65 laquelle e ne peux que ren-

voyer. On y trouve Ie releve d'autres auteurs posterieurs

63. [d. VI, 30, 9, MARCOVICH,Jp. cit., p. 240; trad. SIOUVILLE,ol. 2,

p.50.

64. HIPPOLYTE E ROME, a tradition apostolique, 3 (ed. B. BOTTE, C

Ilbis, Paris 19683, . 53-54).

65. J.-M. HANSSENS,a liturgie.d'Hippolyte, chap. XII/8:« Le rite des

trois coupes» (DCA 155),Rome 1959,p. 481-487.

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M.-J. PIERRE

pour lesquelsce type de liturgie etait encorevivant, notam-

ment Jerome (fin lye-debut ye s.) dans son Dialogue contre

les Luciferiens8 (PL 23, l64A).

L etude, ou du mains Ie rappel, des textes litteraires ne

doit pas laisserdans ombre 1 iconographie adjacentequi se

rattache au theme du lait et de la terre lactifere, au mains en

monde romain. II n est pas toujours facile -mais faut-ille

Caire? de distinguer a representation un bergerordinaire

de celIe du « Bon Pasteur », parfois depeint comme un ber-

ger-type portant Ie syrin;x66, t generalementaccompagne

d line orante et de brebis, dans un doux environnementbu-

colique de jardin de paradis. Des les periodes anciennes, l

est generalement lace au zenith d line voute de loculus,ce

qui est un indice de majeste. L interpretation christologique

de ce Pasteur sembleevidente: meme si 1 image en est em-

pruntee au monde paien ambiant, on a coutume de dire

qu elle s estchristi aniseegracea la typologie du bon Berger

de la parabole de Lc 15; il me semble outefois que es brebis

representees e sont pas des brebis perdues,mais des ideles

et bien-aimees; et plus profondement, e pensequ il s agit

d line representationde la figure ideale du « grand Pasteur

des brebis », ramene de la mort, a la fois juge et misericor-

dieux, selonHe 13,20; 1 P 5, 4 et surtout Ie Pasteurd Her-

mas67du nouvel Adam bienheureux,bote et gardien de la

« bonne terre ou coulent e lait et Ie miel », ce qui est objet

de la meditation sur 1 ere messianique roto-eschatologique

descommunautes hretiennesprimitives.

Ce rapprochementest iconographiquementatteste en o-

rient des a fin du lIe siecledans a chapellechretienne bap-

tistere) de Doura Europos: SOliSe ciborium et dominant Ie

bassin, en deux registressuperposes, n trouve un bon pas-

teur cryophore accompagne un troupeaude beliefs. Au re-

gistre inrerieur, SOliSe berger et a moindre echelle,Adam et

66. Par exemple a la catacombe des Deux Lauriers, au zenith de la

voute. La brebis sur les epaules ourne son regard vers celui qui la porte,

tandis que deux autres sont coucheesmais attentives a ses pieds; pour

toute cette iconographie et les referencesprecises aux editions, voir

P. PRIGENT, art despremiers chretiens,Paris 1995,p. 105ss.

67. C est souscette forme que sepresentea HERMAS « I ange de la pe-

nitence »: « un homme d apparence glorieuse, en costumede berger,en-

veloppe d tine peau de chevre blanche, tine besacesur les epaules et un

baton a la main », Le Pasteur 25, I, Vis. 5, I, voir aussi 62-63,Sim. 6, 2-

3; 108, Sim. 9, 31 (ed. R. JOLY,SC 53bis, Paris 19682, . 140-141;244-

245; 354-355).

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LAIT ET MIEL, OU LA DOUCEURDU VERBE

165

Eve sont representes pres eur faute, debout de chaquecote

d 'un arbre, Ie serpenta leurs pieds. La sceneest imitee par

deux arbres, et J. Leroy68 'interprete comme l'opposition

des « chefsde l'humanite »selon Rm 5,12-21.

68. Les manuscrits syriaques i p( intures (Inst. fro d'archeologiede Bey-

routh, BAH 77), Paris 1964,p. 77.

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M.-J. PIERRE

Parmi leg representations du «Pasteur69» portant un

agneau sur leg epaules, plusieurs vont en ce sens: la plus an-

cienne est vraisemblablement du debut du llIe siecle, dans la

catacombe de Callixte, cryptes de Lucine, au plafond du cu-

biculum dit du« Bon PasteurO »: Ie berger cryophore est de-

bout entre deux arbres feuillus et deux brebis tres attentives;

il porte de la main droite un seau pansu ainsi qu 'un baton.

Le vase est tres ecarte du corps du berger, et ainsi mis en va-

leur: il s'agit du vase plein de lait qu'il a recueilli ou dont il

est Ie recueil. On trouve ailleurs plusieurs variations sur ce

meme theme: au cimetiere Ma ius, dans une lunette d'arco-

sole, une orante debout au milieu d 'un jardin luxuriant est

flanquee d'un Berger en train de traire une brebis dans un

vase et d 'un autre Berger cryophore appuye sur une sorte de

baton; une brebis est couchee aux pieds du second berger

pres d 'un enorme vase a anses rempli de lait ou de caille

mousseux71.Les extremites de nombreux sarcophages a stri-

gilles des IIe-llIe siecles sont occupees respectivement par un

Bon Pasteur et par une orante72. Dans la catacombe de Cy-

riaque, au sommet de l'intrados d 'une arcosole, un berger

garde son troupeau, entre deux orantes sous des brebis. Je

ne connais pas suffisamment l'iconographie pour proposer

une interpretation autorisee; mais il me semble que Ie re-

groupement des divers elements graphiques et symboliques

s'eclaire bien en lien avec l'exegese des textes que DOUg vons

rassembles; et si la representation du berger est proprement

romaine, ses caracteristiques sont attestees par la tradition

textuelle. Or dans ce type de peintures, Ie vetement et leg at-

tributs d'un personnage ne sont pas anodins73. ci, Ie berger

69. Dans 1 art pa'iencomme chez eg premiers chretiens,cette represen-

tation evoqued'abord un monde de paix et de bonheur, voir P. PRIGENT,

op. cit., p. 36 et 106, qui renvoie a la grande etude de W. N. SCHUMA-

CHER,Hirt und « Guter Hirt » (RQ, Supplementheft 4), Rom-Freiburg-

Wien 1977; A. NESTORI, epertorio topografico delle pilluTe delle cata-

combe omane,Citta del Vaticano 1975. Voir aussiF. TRISTAN, es pre-

mieres mageschretiennes, aris 1996,p. 137.

70. Tres bonne photographie in: P. DU BOURGUET,rt paleochretien,

Paris 1970,p. 9.

71. Voir la photographie n: P. PRIGENT, p. cit., planche II.

72. Voir P. PRIGENT,p. cit., p. 111,avec references.

73. On peut aussi rencontrer dans Ie meme espacepictural plusieurs fi-

gurations d'un personnagedans des attitudes differentes; elles doivent

etre lues comme Ie deroulement d 'un fecit concernant e meme person-

nage, ainsi qu une bande dessinee et non comme un tableau statique

faisant intervenir plusieurs personnes.

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AIT ET MIEL, OU LA DOUCEUR DU VERDE

porte un agneauet du lait, en compagnied une orante parmi

les brebis. Ne s'auto-designerait-il pas ainsi comme faisant

office d'agneau et de vasede lait (sa passionet sa venuedans

la chair, disent es textes contemporains),alors qu'euch,aris-

tie la bien-aimeedebout-ressuscitee, u repos dans un Eden

de brebis fideleselles-memes orteusesde ce ait?

A ce concertde temoins varies, tant orientaux qu'occiden-

taux, il faudrait encore ajouter la tradition epigraphiquede

l'inscription de Pectorius.decouvertedans I anciencimetiere

d Autun 74en 1839, mais dont leg origines peuvent etre en

lien avec a Syrie. II s'agit d'une table de marbre, brisee en

sept fragments. Les caraclteristiques pigraphiql,lessont du

lye siecle,mais Ie texte est anterieur, du lIe ou du IIIe siecle,

dans un style proche de celui d' Abercius d Hierapolis: Ie

contenu est sapientiel, mais l'image introduite est celIe de

I e~u et du Christ-'IXTu~, uenous ne pouvons developperci:

« 0 race divine du Poissonceleste, e<;ois vec un creur plein

de respect a vie immortel1eparmi leg mortels. Rajeunis ton

arne, ami, dans leg eaux divines, par leg flots eternelsde la

sagesse ui donne leg resors. Re<;ois aliment doux comme

Ie miel du Sauveurdes saints. Mange a ta faim, bois a ta

soif. Tu tiens Ie Poissond ,ns egpaumesde tes mains. Nour-

ris-nous donc, Maitre et Sauveur,avec e Poisson75 .

74. Voir H. LECLERC,DACL 1/2, col. 3213-3216; bibliographie dans

B. ALTANER,Precis de Patrologie, Mulhouse 1961,p. 139. Les cinq pre-

miers vers sont 'acrostiche d'IX-rul;.

75. Traduction de A. HAMMAN,Prieres des premiers chretiens,Paris

1952,p. 146.

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168

M.-J. PIERRE

3. Du site liturgique paradisiaquea l hermeneutiquedes

Odesde Salomon

AU placer les Odesde Salomon parmi cet ensembled an-

ciens temoins? Elles ne sont en effet comparablesdirecte-

ment a aucun des extesrencontres;mais elles recuperentde

la fa~on a plus fiche et la plus coherente oute la meditation

messianiquesur l Ancien Testament, elle qu elle se concre-

tise aux abords de 1 ere chretienne.Nous essayerons e sui-

vre Ie theme du lait et du miel d ode en ode, en operant en

note des contacts transversauxavec es autres elementsde la

collection.

La double mention du « lait et du mier6 » apparait au de-

but du recueil, en Ode 4, 10: « Baigne-nousde tes bruines,

ouvre tes riches sources qui nous font couler Ie lait et Ie

miel. »

Cette invocation se rouve dans Ie secondvolet d une ode

dont Ie referent evenementi~lest, semble-t-il, la chute du

Temple de Jerusalemen 70. A partir de cette date, qui a bou-

leverse a reflexion et toutes les pratiques uives, Ie chantre

medite sur Ie Lieu primordial immuable, qui n est soumis ni

aux miseresde 1 ici-bas mortel, ni aux vicissitudes du pre-

mier et du secondTemple de pierre?? v. 1-2). Le Lieu saint

preexistantdans a pensee e Dieu estpresente omme e de-

voilement «<a decouvert pour toi », v. 12.14) du tout

«comme Dieu,» fixe des Ie principe (v. 14). Comme pour

l auteur de l Epztre de Barnabi 6, 13, les demieres choses

sont comme es premieres,a ceci pres qu elles sont l apoca-

lypse des premieres. Le deroulement de l ode explicite ce

processusde revelation de la penseeou du propos de Dieu

comme etant finalement sa seigneurie sur Ie tout, devenu

sanctuaire de Dieu, parce qu ill etait depuis toujours. Ce

processusest exprime comme « don » coextensif a l espace

(quatre emplois, v. 3.9 et deux ois au v. 13) et au temps; ou

plutot comme la reconnaissance u don, puisque Ie verbe

donner est toujours a la deuxiemepersonne; et cette recon-

naissanceest assimileea la « foi » (v. 3.4), elle-memeplus

profuse que Ie temps (v. 5) qui mene a la mort. L objet du

76. Huit emplois de la racine ~ dans l ensemble des Odes, ce qui

sembledenoter a perfection eschatologique Odes 4, 10; 8,16; 19, 1.2.4;

35,5; 40, 1). Quant au miel, il n apparait que trois fois, en Odes 4, 10;

30,4 et 40, 1; associea la « gaufre »en Ode 30, 4 et 40,1.

77. Cette meditation est attesteeaussi par II Baruch,a la fin du 1ersiecle

de notre ere.

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AIT ET MIEL, OU LA DOUCEUR DU VERBE

don fait a la foi, c'est Ie « creur» du Seigneur, ou la

« communion » a lui (v. 6 et 9) qui resout tOllS eg manques.

Cette communion est exprimee en langage sacramentel de

bapteme aux sources d 'en-haut «( baigne-nous », litterale-

ment « trempe-nous ») et d 'eucharistie au lait et au riel,

provenant de ces memes sources, c'est-a-dire de ce qui jaillit

de la « bonne terre» d'Ex 3,8, du « paradis» (cf. Ode 11,

16.18.23-24; 20, 7) egal au « creur »de Dieu.

Puisqu'il s'agit de lait, ('Ode 8, 16 exprime celie nourri-

ture divine comme un icoulement des seins: « Moi, je fixai

leurs membres; roes seins, e leg leur reservai pour qu'ils boi-

vent de mOll saint lait, qu'ils en vivent. » On remarque que

Ie lait est ici qualifie de (~saint », terme specifique du do-

maine divin78. Le verbe « reserver » ou « preparer » (4)

est homophone ;Ie la racine qui signifie « etre bon », ou

« faire grace ». A la difference des nourritures et des bois-

sons de ce monde qui ne rassasient pas, se corrompent79 et

menent a la mort, Ie lait qui vient du sanctuaire -ou des

seins du Seigneur -donne la vie, selon des expressions ana-

logues a relies de In 4 (l'eau de la Samaritaine), de In 7,37-

39 (Ie flot d 'Esprit qui coule du sein du Christ) ou d' Ap 22,

1-2.17 (Ie fleuve de vie destine aux hommes de desir assoif-

res).

Ces eaux plus douces que Ie lait et Ie riel ne s' off rent

qu'au creur circoncis ou emonde, capable de gofiter la dou-

ceur et la grace et de leg restituer en fruits d'action de graces.

Toute 1 Ode 11 est sur ce theme, qui conjoint la thimatique

de la source a celie de I 'arbre8ode vie du paradis. La fructifica-

78. II y a vingt occurrencesde la racine .%0:\0 ans les Odes: a « sain-

tete» (13, 3) qualifie Ie « Pere) (31, 5), 1'« Esprit» (6,7; 11,2; 14,8;

19, 2.4; 23, 22), la « force » du Tres-Haut (32, 3), Ie « Propos » ou Ie

desseindivin (9,3), Ie « Jour » de Dieu (15,3); Ie « sanctuaire » (4, 1.2),

ainsi que les « saints » qui sont Ie lieu de deploiement de cette saintete

(7, 16; 22, 12; 23, I), leur « vie ) (8, 2) qui fructifie en « Odes », qui sont

la sanctification de a Seigneurie 26, 2; 27, 1).

79. II se peut qu'il y ait un jeu de mots qui oppose e « lait » (~) a-

la corruption (~) et a- .. generation physique dans les douleurs

(6), de meme valeur consonantique.

80. Pour la thematique de la plantation et de I'arbre qui s'etend en hau-

teur et en largeur, et dont les racines sont assimileesaux bonnes onda-

tions de I'edifice, voir aussi 'Ode 38, 16-21. La « plantation » est un

terme prophetique qui designe e peuple elu de Dieu (cf. par exemple, s

5,7; 60, 21); c'est la designationprivilegiee de la communaute de Qum-

ran (Regie 8,5; 11,8; Hymnes VI, 14-18: « Tu as fait sortir une pousse...

pour faire grandir Ie rejeton p(j,ur a ramure de la plantation eternelle, et

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M.-J. PIERRE

tion de 1arbre taille equivaut au « salut », ou encorea la de-

marche hative (v. 3) sur la totalite de la voie (crt Ode 10, 6),

c'est-a-dire l'acces a la connaissance arfaite (v. 4): « Mon

creur rut coupe, sa tige apparut, la grace y poussa, l fructifia

pour Ie Seigneur...Des eauxpar/antes s'offrirent ames le-

vres, de la source du Seigneur,sans eserve.Je bus et m'eni-

vrai des eaux vivantes, immortelles. Et man ivresse ne rut

pas meconnaissance81, ais je laissai leg vanites. Je me

convertis pres du Tres-Haut, man Dieu, je m' enrichis en son

don. Je laissai la folie jetee sur la terre... Et je fus comme a

terre qui fleurit, exultant en ses ruits. Et Ie Seigneur, omme

un soleil, sur la face de la terre, m'illumina leg yeux. Ma fi-

gure recueillit la rosee, s'adoucit man respir en a douce sen-

teur du Seigneur. II m'emporta pour son paradis, ou est a

richesse d'adoucissementdu Seigneur. Et je vis des arbres

beaux et fructueux, et leur couronne poussait d'elle-meme,

fleurissaient eurs bois, exultaient eurs fruits, d une terre im-

mortelle etaient eurs racines. Un fleuve de oie legabreuvait,

atour de leur terre de vie eternelle. »

Dans l'Ode 14, l'aspect jubilatoire de cette communion

prend leg accents du jeu amoureux du Cantique. La proxi-

mite'82, e nom de 1 unite vivante, est un theme essentieldes

il etendra son ombrage sur la terre, et sa cime s'eleverajusqu'aux cieux,

ses acines descendrontjusqu'a l'abime »). Dans les Odes, a plantation

semble avoir une double symbolique: c'est d'abord Ie lieu paradisiaque

originel, mais Ie vocabulaire de« pose » et de « fixation » (38, 16.17) n-

vite a y voir Ie lieu d'accomplissement manifeste du Propos ou de la

« Pensee»du Pere,c'est-a-dire 1 orant en priere.81.

A la difference du vin. Pour 1inconsciencedu monde charnel,cr. Ev.

Thomas28: «Ie les ai trouves tous ivres, e n'ai trouve personne parmi

eux qui eut soif... ils sont aveuglesdans leur creur,... vides ». Dans l'Ev.

Verite 22, 17-19), «retablir Ie propre », c'est se« detourner de son etat

d'ivresse ».82.

Cette proximite est e site dans lequel se deploie Ie chant des Odes. I

s'affirme des a premiere, comme une non-separationdu Seigneur: « Le

Seigneur sur ma tete comme une couronne,.je n'en serai pas separe. »

Dans 1acte-meme de sa priere debout, bras leves, Ie chantre opere

l'union du ciel et de la terre; cette union se fait comme un baptemed'en-

haut qui lui conrere 1investiture royale (triple mention de la « cou-

ronne », Ode 1, v. 1.2.3) et qui lui donne d'etre vivant et meme d'etre vi-

vifiant, porteur d 'un fruit qui n est pas non plus separe de lui; car ce

fruit mur ou« parfait », c'est lui-meme, Ie Fils qui nail d'en-haut (cf. In

3, 7) parce qu'il demeure au sein du Pere (cf. v. 2, « en moi »). La pleni-

tude qui provient de l'unite, la non-separation(v. 1), estmanifesteedans

Ie poeme par la fluidite des pronoms personnelsainsi que des emps ver-

baux: on passesans transition du je au tu et au il ; du present au

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AIT ET MIEL, O~I LA DOUCEUR DU VERBE

Odes,qui s'exprime ici en termes a la fois filiaux et nup-

tiaux: « Comme legyeux dIU ils sur sonpere, ainsi mesyeux,

Seigneur,en tout temps pres de toi. Puisquepres de toi sont

mes seins et ma jouissancc, n ecarte pas de moi tes tendres-

ses,Seigneur,ne me prendspas a douceur...Ta reposee,Sei-

gneur, demeure pres de moi, et leg fruits de ton amour. »

Ces fruits sont identifiables a la source des « eaux parIan-

tes... sans reserve» qui montaient aux levres du chantre

dans I Ode 11: « Apprends-moi leg chants de ta verite, que

je fructifie en toi. La cithare de ton Esprit saint, ouvre-la

moi, qu'en taus modes e te glorifie, Seigneur.» Le chantre,

allaite de lait et de miel aux sourcesdu Seigneur, 'est-a-dire

a sa Loi-volonte-sagesse,devient lui-meme Verbe exprime

en eucharistie.11 ructifie lui-meme en lait de paroles, non se-

pareesde la source du Verbe et participant de leur force vi-

vante. Le chant eucharistiquede la re-connaissance u PeTe,

de I ecoute obeissante, arbre de vie sans serpent entateur,

c'est Ie corps et leg membres harmonieux des Odesdont leg

multiples modes estituentla richesse e I unique amour.

L Ode 19 poursuit ce theme, creusantet devoilant Ie mys-

tere avec plus d'audace elillcore:« Une coupede lait me rut

offerte, je la bus en la suavite de douceur du Seigneur. Le

Fils est la coupe; l'allaitant, ce rut Ie PeTe;qui s'y allaita,

I 'Esprit de saintete.Puisquesesseinsetaient pieing, point ne

fallait qu'a la manque son ait rut verse.L 'Esprit de saintete

s'ouvrit Ie flanc, mela Ie lait83des deux seinsdu PeTe. 1don-

na Ie mixte au monde alors meconnaissant; eux-la e re~oi-

vent en plenitude, qui s,ont a la droite.» -Le chantre

communie a la coupe84.Celie coupe, c'est Ie fils; ainsi de-

passe et au futuro La non-separation de l'homme et de Dieu est identifiee

dans 1 Ode 27 au mystere de 1 homme en priere, ou de la croix dressee -

et opposee a la situation d' Adam, precipite a terce par sa naissance char-

nelle la tete en bas, ainsi que par son peche qui inverse l' ordonnance du

monde, thematique encore attcstee dans leg Ac. Pierre 37 (ed. VOUAUX,

p. 435-437 et 442-447): () nom de la croi~, mystere cache () grace ine-

narrable, qu'exprime Ie nom de la croix 0 nature humaine, qui ne peut

etre separee de Dieu » <i><pucrloc;vep~ou X(,jp~cre'ijvlX~eou [1.~aUVIX[1.e-

v"l].

83. La racine « lait-allaiter » (~) est employee ici cinq fois, ce qui in-

vite a identifier lair et Verbe, cttmme pour leg cinq livres de la Loi. En ou-

tre, la mention des « deux » s.::ins du Pere semble etre une allusion aux

« deux tables jumelles de l' Alliance », comme dans Ie Targum Ct 7, 4,

rencontre plus haut.

84. La coupe qui rassasie ou tIllivre fait partie du langage paradisiaque,

cf. Ps 16(15), 5; 23(22), 5; mats aussi du vocabulaire de l'obeissance lors

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M.-J. PIERRE

vient-il fils par participation au lait patemel, a la volonte du

Pere. La « reception » de la plenitude du melange85'identi-

fie a la « conception » de la vierge, et Ie verbe =m1 (rece-

voir-concevoir) fait la jonction entre les deux moments de

I' ode, dont la construction parait aberrante selonune ecture

physique pour laquelle I allaitement ne precedepas la nais-

sance: « Le ventre de la vierge etreignit, matrice re<;ut,elle

engendra.La vierge rut mere en tant de tendresses, lle rut

en gesine,elle engendraun fIls. Elle ne souffrit pas, puisque

ce n etait pas a la manque. Point ne lui fallut d accoucheuse,

puisqu'il la vivifiait. -Comme un male, elle engendra en

agrement, elle engendra en exemple. Elle acquit a tant

d'empoigne, cherit en salut. Elle garda en douceur, montra

en majeste.» -Si l'on poursuit l'evidence du texte, la

« vierge » est explicitement designeecomme « ceux qui re-

<;oivent en plenitude »: Jesus d'abord, sur lequel repose

toute la complaisancepatemelle; Marie, sansdoute, en tant

que type de la sagesseidele; tous les croyants qui partici-

pent a cette connaissance ans deficience, au mystere de la

gesine du Fils durant tout Ie temps des generations du

monde, de la conversionde la generationmortelle en engen-

drement incorruptible86,celui qui n est plus une chute du

sein, mais une demeureau seinpatemel. La malediction ori-

ginelle est retoumee, qui multipliait les generationspour la

mort -la parousie du Fils est manifestee en majeste, la

de la Passionde Jesus cf. In 18, 11). Ce langage sacrificiel est renforce

par leg deux« il fallait » a la forme negative (v.3.9), cr. Mt 16, 21 et pa-

ralleles. Meme registre que celui du « vase », rencontre plus haut.

85. « MeIer» (mixte, autre emploi en Ode 3, 7:~) ou «temperer»

(~), pour Ie lait du Pere; peut-etre avec 1 aspect iturgique du tempe-

ramentum, 'eau ajoutee au vin ou Ie miel ajoute au lait, qui ne peuvent

plus en etre separes, t qui en egalisent a force. Ce theme estatteste dans

leg Extr. de Thiodote 7, 1-3 de CLEMENTD'ALEXANDRIEed. F. SA-

GNARD, C 23, Paris 1970,p. 66-69):« Donc Ie Pere,etant inconnu, vou-

lut se aire connaltre aux eons; et a travers sa propre penseeen tant qu'il

se connalt lui-meme, il emit Ie Monogene, Pneuma de connaissanceau

seinde la connaissance.Ainsi celui qui est sorti de la connaissance, 'est-

a-dire de la penseedu Pere, est devenu egalementconnaissance, 'est-a-

dire Ie Fils, car c'est par Ie Fils que Ie Pere a ete connu. Mais Ie Pneuma

d 'amour s est melange (X~XpOC't OCL)vec Ie Pneuma de connaissance

comme Ie Pere avec Ie Fils, et la Penseeavec a Verite, etant sorti de la

Verite, comme a connaissance st sortie de la Pensee.»

86. cr. M.-J. PIERRE, La Vierge predicante de la 33e Ode de Salo-

mon », in: De la conversion,SOliSa direction de J.-C. ATTIAS Patrimoi-

nes,Religions du Livre), Paris 1997,p. 271-279.

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LAIT ET MIEL, 01: LA DOUCEUR DU VERBE

173

connaissanceemplit l'univers comme les eaux de la mer,

pour reprendre les expressionsd'Is 11, 9 reprises par Ha

2, 14.

Plusieurs resurgences u vocabulaire paradisiaque, en-

gendrementdans la paix, repos et douceur des fruits, essen-

tielle joie et beatitude -apparaissent, par exemple aux

premiers versetsde 1 Ode 28: « Comme es ailes des colom-

bes sur leurs poussins, a bouche de leurs poussinspres de

leur bouche, ainsi meme es ailes de 1 Esprit sur man creur.

Mon creur savoure et jubile comme un petit (I<.l~, « em-

bryon, fretus ») qui jubile au ventre de sa mere », ou les ex-

pressions sont a la fois nuptiales et matemelles. Tous les

mots devraient etre repris et analyses,car ils font partie du

meme reseau signifiant: la colombe et ses « ailes-bras»

(~ qui embrassent; es bouches accoleespour Ie bai-

ser7- qui n est pas une simple haleinemortelle mais a colla-

tion de 1 Esprit -ou pour la nourriture au vrai lait du

Verbe; l'embryon nouvel engendrequi exulte88...

L Ode 30 lance 1 invitatoire aux festins de sagesse t re-

vient aux assemblages e vocabulairede 1 Ode 4. Elle consti-

tue une sorte de pause edenique,apres a tension des odes

precedentes, cartelees ntre guerre et victoire: « Emplissez-

vous des eauxde la sourcevive du Seigneur,puisqu'elle vous

est ouverte. Venez, vous taus qui avez soif, receveza haire,

reposez-vous ur la source du Seigneur,puisqu'elle est belle

et limpide, repos de 1 ame. -Lors, tant plus doucesque Ie

87. Ode 28, 6. Plusieurs raditions juives anciennessignalent que la Loi

rut donneea Israel et reyue en un baiser, selon Ct 1, 1: « Qu'il me baise

des baisers de sa bouche ». )1 existe deux sortes de baisers; un en ce

monde: Et il souffia dans sa bouche tine haleine de vie ; et un dans Ie

futur a venir: Je donnerai mon esprit en vous et vous vivrez », par

exemple Yalqut Shim'oni, II, sur Ct I, p. 1064-1065).Les grands guides

du peuple: MoYse,Aaron et Miryam, meurent« sur I'ordre (= la bouche)

de Dieu », interprete comme: « dans un baiser », voir commentaires ra-

ditionnels sur Dt 34, 5 et Nb 20, 1.28, notamment Avot De-R. Nathan A,

ch. 12. Selon 'Ev. Veriti(13, 34 -14, 4),« celui qui est uni a la verite est

attache a la bouche du Pere». Sansdoute faut-il interpreter de la meme

maniere Ie mystere de la chambre nuptiale et les baisers du Seigneura

Marie dans I' Ev. Philippe 54.

88. Vocabulaire paradisiaque, ou I 'Eden est assimile a la matrice,

comme dans la notice sur Simon (HIPPOLYTE, hilosophoumena , 14).

Meme expressiona propos de Jean-Baptiste en Lc 1,44. Rabban Gam-

liel (vers 90) suivi par Rabbi MeYr,affirme que les embryons ontjubile et

chante Ie salut dans Ie ventre de leur mere Jars du passagede la mer des

Roseaux(Ex 15, 1 associea Ps 68(67), 27,cr. TB Sola, 30b).

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174

M.-J. PIERRE

miel, ses eaux, gaufre d abeille ne lui est pas comparable,

puisqu'elle sortit des levres du Seigneur, du creur du Sei-

gneur rut nommee... Heureux tels qui en burent et s'y repo-

serent. ». Si Ie genre de l'ode est sapientiel, l'ambiance

generaleestparadisiaque: « repos » (trois emplois, v. 2.3.7),

« belle » (v. 3), « douces» et « miel » (v. 4). Le theme de la

source fait 1 unite de 1 ensemble.Les eaux vives sont denti-

flees avec la Parole-Sagessereatrice, ou 1 Esprit de Dieu,

puisqu'elles sortent des evres (v. 5) du Seigneur quatre em-

plois, v. 1.2.5) Le vocabulaire, ala fois baptismal (eau, ou-

verture, repos...) et eucharistique«<receveza boire », v. 2),

qui reprend Ie Ps 19(18), 11, est aussi celui de l'effusion de

l'Esprit «<,venue», «donnee », «illimitee et invisible », cr.

In 4, 14). A l'appel de Sagesse <venezboire », v. 2) repond

la proclamation de la bonne nouvelle, la profession de foi

«<elle estvenue », « ils ont bu », v. 6-7), recueil beatifiant

du mysterede a connaissance alvatrice v. 6) de Dieu.

L Ode 35 reprend la thematique de la « naissanced 'en

Haut », d'eau «< osee ») et d'Esprit «<mere »), dans la li-

gne de In 3,3-8 et de l'Ode 19. Les v. 5-6 fontjouer Ie theme

paternel-maternelde la reconditede la rosee,a la fois germe

et lait (cf. Ode 19, 1). Plusieurs racines homophones sont

connectees,creant un reseau symbolique proprement sy-

riaque, qui rencontre et recupere a symbolique biblique:

l'ode apparente 1'« ombre89» (~, v. 1 ) a la «rosee»

(~r<~, v. 4.5), ainsi qu'a l'engendrementet ala nourriture

de 1'« enfant » (~) porte par sa mere (v. 5). Seloncette

symbolique, etre« a I'ombre »du Tres-Haut s'identifie a re-

cevoir l'effet des « bruines » ou de la « rosee », c'est-a-dire

Ie pouvoir de « porter »un Fils ou 1'« enfant » (aspect emi-

nin), ou de s'engendrer comme Fils (aspect masculin) et

d etre nourri du lait, manne paradisiaque,Parole re~ue,qui

petit rejaillir en action de grace (cf. Ode 36, 7): « La bruine

du Seigneuren la reposeesur moi fit ombre, nuee9o e paix

89. L '« ombre» de Dieu est e lieu du salut,cr. Ps 91(90),1.16: I'epouse

du Cantique s'unit it son Bien-Aime en s'asseyant « it son ombre desi-

fee » (Ct 2,3); et la conception du Fils s'opere par la venue de l'Esprit

qui « obombre » (Lc I, 35). Le terme pourrait avoir aussi ine resonance

liturgique, et designer e vetementde priere (tallith) de celui qui officie.

90. La « nuee », theme d'Exode apparente it celui de I'ombre: c'est Ie

lieu de la manifestation de la gloire du Seigneur Ex 16, 10); elle se tient

it la porte de la tente de reunion (Ex 33, 9), remplit Ie temple de Salomon

qui s'exclame: « Le Seigneura decide d'habiter la nuee obscure » (cf. I

R 8, 10-13); Ie passageSOliSa nuee est assimile t un bapteme (I Co 10,

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LAIT ET MIEL, OU LA DOUCEUR DU VERBE

175

fit lever dessusma tete qui me fut gardienne en tout temps,

my fut Ie salut... Je fus tranquilleen l ordre du Seigneur,si

profuse me fut la rosee,si profuse assise.Comme un enfant

par sa mere, e fus porte, il me donna pour lait la rosee du

Seigneur.Je me grandis en son don, me reposai en sa pleni-

tude. »

En contraste absolu avec a violence des courants mortire-

res qui entrament tout Ie domaine de 1 espaceet du temps

(Ode 39), 1 Ode 40 chante a douceur ncorruptible des luen-

cesparadisiagues. La premiere strophe assimile es produits

liquides de 1 Eden «<miel » et « lait », v. 1; « source », v. 2)

11 epanchement du «creur» mu par l esperance (v. 1):

« Comme goutte Ie miel de ga,ufred abeilles, coule Ie lait de

femme qui aime ses ils, ainsi theme mOll espoir sur toi, mOll

Dieu. Comme la source epancheses eaux, ainsi mOll creur

epanche a gloire du Seigneur.» -La deuxiemestrophe de-

cline, en six stiques altemes, l expression de cet epanche-

ment: ce sont les « odes» elles-memes v. 3b, centre du

po.eme),chant eucharistiquede tous les membres du corps,

parfum du monde cree oil tout va par couples. Ce myste-

rieux chant des mondes est a « gloire exprimee » (litterale-

ment « sortie ») du Seigneur,et qui pourtant reste « en » lui

(v. 3-5): « Mes levres lui expriment gloire, ma langue est

suaveen ses epons, embaumentmesmembresen seschants,

exulte mOll visage en sa ubilation, jubile mOll esprit en son

amour, mOll ame s illumine en ui. » -L,~troisieme strophe

proclame que la profusion aimante de la source patetnelle-

matemelle, dont il etait question au debut, est ci « re9ue,ac-

cueillie-recueillie » par les fils ~ incorruptibilite, non soumis

au vouloir de la chair, engendrespar l agrement de Dieu qui

fait d eux 1 expressiond une gloire subsistante,un cantique

d action de grace: « La peur en lui se confie, Ie salut en lui

s avere. Sa profusion est vie immortelle, ceux qui l accueil-

lent sont ncorruptibles. »

Une telle exuberance dans la construction symbolique,

conjointe 11 ne totale absence e complaisance entimentale,

provient vraisemblablement un milieu qui pratiquait un ri-

te de bapteme-eucharistiencluant Ie lait et Ie miel. Mais les

Odes restituent et manifestent un mode de lecture sapien-

tielle pour lequel cesaliments sont es types de la douceur n-

1-4); 10rsde 1a ransfiguration enfin, la nuee obombreuse est e lieu de la

revelation du Fils, dans les memes ermes qu au bapteme de Jesus (Mt

17, 5 et paralleles).

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176

M.-J. PIERRE

surpassabledu paradis, c est-a-dire du Verbe recueilli dans

la coupe ou Ie vase eucharistiqueque constitue Ie creur de

I homme orant, du principe a la fin des ageset d line extre-

mite du monde a I autre. Ce creur -du Seigneurqui fait mi-

sericorde ou de I homme humble-eleve,puisqu ils ne sont

plus separespar la haine originelle -est la « bonne terre 011

coulent Ie lait et Ie miel », aliments d incorruptibilite de

l arbre-Verbe de vie. Or ce type d expressionchristologique

et ecclesiologiqueme semble res ancien, et les meilleuresat-

testations se trouvent deja dans les reecrituresprophetiques

de la gestede Genese-Exode, ans es developpements e la

litterature intertestamentaireainsi que Ie courant des tradi-

tions representees otamment par Jeanet par Pierre.

La reflexion fondamentale sur Ie « Lieu saint » qui sub-

siste, parce qu il est ustement cette bonne terre de la pro-

messeet du don divin irreversible, est ine forte invite ales

situer dans a proximite spatio-temporelle e evenementon-

dateurqueconstitue a chutedu TempledeJerusalem.

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Christelle et Florence ULL/EN

Ecole Pratique des Hautes EtiUdes,Paris*

LES ACTES DE MAR MARl:

UNE FIGURE APOCRYPHEAU SERVICE

DE L'UNITE OOMMUNAUTAIRE1

Mar Man's Acts reveals he 4postleof south Mesopotamiaas he

prominent character or the ooristendoms' identity in the Iranian

Empire. He belongs to Jesus' LXX followers. His mission carries

on the great Apostles' (Thom$l,s, eter and Paul). He is identified

with Christ Himself -commCfn gemellary heme n the context of

apocryphal account. His authority maintains internal unity within

the Persian Church, in the midst of centripetal hreats.Mar Mari is

also a real palladium againsta~ldoctrinal deviations.. o is realised,

thanks to his zeal, an active f:econquestagainst Manichaeism in

Babylonian communities. Attentively, historical levels can be dis-

tinguished,which enable he ~ctor to understandbetter the redac-

tion of christian origins.

La figure de Mar Mari, apotre de la M esopotamie du sud, appa-

raft dans ses Actes comme la figure emblematique des chretientes

de l'empire iranien. Il est appai ente au groupe des soixante-dix dis-

ciples de Jesus,' sa geste missionnaire s'inscrit a la suite des grands

apotres Thomas, Pierre et Paul, et l'identifie au Christ lui-meme,

seton une thematique gemellai;re courante dans le contexte redac-

tionnel du recit apocryphe. Gai ant de l'unite interne de ' Eglise face

aux menaces centripetes -en particulier via son successeur Papa

qu'il accredite -ce personnage apostolique fonctionne aussi en

veritable palladium contre toure deviance doctrinale.. il est en effet

l'agent moteur d'une reconquete active a l'egard du principal dan-

ger pour les communautes locales babyloniennes, le manicheisme.

Un regard attentif permet de degager des niveaux historiques de

redaction et, partant, desstrate.s e relecture des origines chretiennes.

* Christelle et Florence Jullien preparent un doctorat a la Section des

sciences religieuses de l'Ecole Pr.atique des Hautes Etudes.

1. Ce travail a ete presente lors de l'assembleeannuelle de l' AELAC a

Dole, en jilin 1998, et nailS rem~cions vivement tOllSceux qui, de pres

ou de loin, nous oat permis d'enlreprendre la traduction et Ie commen-

taire du texte des Actes de Mar Mari.

Apocrypha 10,1999,p. 177 -194

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c. etF. WLLIEN

Les Actes de Mar Mari fonctionnent d'abord comme un fecit

fondateur pour les commWlautesdu sud mesopotamien a travers

la geste d'un apotre evangelisateur se dessine un texte de refe-

rence ustifiant l'ancrage awostoliquepour l'eglise syriaque orien-

tale. Le role meme de Marl est a l'origine de la perception identi-

taire de ces communautes; cette fonction de fondateur devenait

garantede l'unite ecclesialeautour du siegede Seleucie-Ctesiphon,

Ie siege de l'Eglise de Perse.

Apres avail repere les principaux Ihanuscrits et les indices tex-

tuels etablissant Mar Maui comme une figure apostolique, nons

etudierons e travail de relecture et de reecriture nterne aux Actes,

leur mode de fonctionne~nt dans e contexte des querelles heo-

logiques, enfin leur role federateur face aux dangers mena~ant

I homogeneite communaUitaire.

Indices extuels

Le principal manuscrit des Actes de Mar Mari, base commune

des Tares editions du lexie, se trouvait dans Ie monastere du vil-

lage d' Alqos, au nord de ~aplaine de Mossoul, appartenant aux

archives de l'EgIise locale. Ce codex de 46 pages, ecrit non recto-

verso, etait redige en ecriture syriaque orientale pleine et mesu-

rail 24 x 15 cm (a l'excep1 ion des demieres pages, plus courtes).

One copie flit donnee a J...B. Abbeloos, ainsi qu'ille signale lui-

melle, par l'archeveque: chaldeen de Diyarbaqir (Giwargis

'AbdIso' Khayyath). Le manuscrit original, auiourd'hui perdu, flit

recopie de la main du scribe Qasa Abraham Sequana en 1881, Ie

30 de Nisan. (11 precise au dernier folio tenir lui-meme l'exem-

plaire manuscrit d'un cler~ du nom d'Iso d' Aqrur).

Outre Ie manuscrit d' Alqos, Ie plus significatif, derivant de celie

source, Teste Ie illS. Vat. Sir. 5972. Aux fol. 8v-17v,se situe un frag-

ment des Actes de Mari. Cet exemplaire de dimensions un peu plus

grandes (32 x 22 cm), de meme ecriture, est date du XVIle siecle.

Manquent Ie titre, Ie debwt. (sans doute sur la partie inferieure du

folio 8v perdu) et la fin du texte. Ce fragment des Actes de Mar

Mari s'insere dans un contexte apocryphe; suivent les fragments

de l'Apocalypse de Paul (fol. 44r-49v), des Actes de Pierre (fol. 50'-

55V),et, plus loin, des Actes. de Paul (fol. 67r-69v),de Jean (fol. 71 Tv).

2. Le fonds Vatican publie par A. VAN LANTSCHOOT,nventaire des manus-

crits syriaques des fonds vatici1nS 490-631). Barberini oriental e neofiti, (=

Studi e Testi 243), Rome, 1965, est en realite un catalogue des manuscrits

Vat. Sir. s'echelonnant de 460 a 631, ainsi que l'a montre DESREUMAUX,

A., Repertoire des bibliotheques et des catalogues de manuscrits syriaques,

Paris, 1991,248 au numero 7~3.

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179

NE FIGURE APOCRYPHE AU SEIMCE DE L'UNIrE COMMUNAUTAIRE

Autre texte a signaler: Ie illS. Sachau222. En 1882, E. Sachau

acquit une copie du manuscrit d' Alqos lors d'un voyage en Syrie

et Mesopotamie3et l'apporta a Berlin. 11 omporte quelques res

faibles variantes.

L' Anaphore qui porte Ie nom des apotres Addai: et Mari est un

texte liturgique doni les comJPosantesont res ancienneset s'ap-

parentent par bien des traits a la Tradition apostoliqued'Hippo-

lyte, au passage e la Didache9-10 et a certaines ormes de prieres

juives (Birkat ha-mazon). Elle a ete principalement etudiee par

w. F. Macomber4et par A. Gelston5.Cependant, es plus anciens

textes de l'Anaphore portent la simple titulature: r< h:t rI .Yo:tao,

quddasha d-shlil:ze, raisemblable allusion aux douze apotres

puisque l'attribution a Addall et Mari intervient dans des manus-

crits bien plus tardifs (apres Ie Xle siecle 6.

Des 1885,J.-B. Abbeloos plfoposaune Ifecensionetune traduc-

tion latine sur base du manuscrit d' Alqos dans e quatrieme tome

des Analecta Bollandiana (Bruxelles, pages42 it 138), SallSe titre

«Acta Sancti Maris assyriae,babyloniae ac persidis seculo apos-

3. SACHAU,E., Reise in Syrien ~nd Mesopotamien, Leipzig, Brockaus,

1883.

4. MACOMBER, . F., «The Oldest Known Text of the Anaphora of the

Apostles Addai: and Mari », OC1'32, 1%6,335-371;« The Ancient Form

of the Anaphora of the Apostles ',East of Byzantium, Washington, 1982,

73-88.

5. GELSTON, ., The Eucharistic Prayer ofAddaf and Mari, Oxford, 1992.

La liturgie des apotres Addal etMari fut editee sur base d'un manuscrit

d'Urmiah apporte a Canterbury ~n1890par une missionde l'archeveche,

sous e titre Liturgia SanctorumApostolorum Adaei et Maris cui accedunt

duae aliae in quibusdam festis ef feriis dicendae,necnon ordo baptismi.

Une traduction anglaise en fut livree sous e titre The Liturgy of the Holy

ApostlesAdaf and Mari, Londre$, 1893;cf. BROCK, . P.,« Studies in the

Early History of the Syrian Orthodox Baptismal Liturgy», ITS 23, 1972,

20-21. l signale es manuscrits de la British Library offrant un extrait de

la liturgie plus specifiquement Ibaptismale. Cf. Moss, C., Catalogue of

Syriac Printed Books and relared Literature in the British Museum,

Londres, 1962,642,662-666. . S. Assemanisouligne es mentions du nom

de Mari dansquelques extes iturgiques nestoriens (B. O. II, Rome, 1721,

XXIV). Sa fete est celebree Ie neuvieme jour apres Pentecote.

6. Le manuscrit iturgique du yuara de Mar Esa'ya, generalementdate du

xe siecle, est la plus ancienne aIItestationde cette anaphore; il porte la

titulature primitive «sanctification des apotres »,cf. JAMMO, .,«Le Qud-

dasha des apotres Addal et Mari. Un lien avec 'epoque apostolique »,

Istina 40, 1995,106-107; KELAITA,J., The Liturgy of the Church of the

East. Mossoul.1928.

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180

C. et F. JULLIEN

toli, aramaice et latine ». C.inqansplus lard, P. Bedjan reeditait Ie

texte syriaque dans sesA.~ta Martyrum et Sanctorum syriace (1,

Paris Leipzig, 1890,45-94),s'appuyant sur a publication de J.-B.

Abbeloos et sur un manuscrit doni la copie lui fut envoyeepar l'un

de sesconfreres.Comme sonpredecesseur, . Bedjan a divise 'his-

toire en chapitres et compose des titres; il a tenu compte des

variantes ournies par Ie manuscritSachau 22,conservea a biblio-

theque de Berlin, et mis a la dispositionde l'editeur. Outre cesedi-

tions, res Actes ont fait l'@bjetd'une traduction en allemand par

R. Raabe, (Die Geschichtedes Dominus Mari einesApostels des

Orients, Leipzig) en 1893,.et d'une autre, abregee, en arabe par

Mgr Scher (dans Suhadli' al Masriq 1, 19-25)7; l n'existe aucune

traduction en fran~ais et Ie travail de critique externe et surtout

interne etait a faire.

Mar Mari, un personnageapocryphe

J. M. Fiey est pret a retenir la venue d'un evangelisateura la

fin du Ier-tout debut du IJf siecle, implantateur du christianisme

dans la capitale arsacide. Des points de convergence (cultuels,

sociaux, ecclesiaux, politiques) jalonnent Ie fecit. Parmi les ele-

ments de vraisemblancehistorique, il retient la derivation du COUTS

du Tigre entre 79 et 116de noire ere, que refleterait une strate res

ancienne du Liber TurrisB. e cadre du fecit conserve en toile de

fond des structures administratives ou politiques : les nombreux

roitelets et souverains ocaux desbourgades raversees §7Anon;

§§8-10Arbeles; §§12-14SUbert; §§15-16Darabhar...) rappellent

la decentralisation de l'etat arsacide et son appui sur des alliances

vassales.F. Cumont avail iladisreleve, sousdes traits syriacisants,

la description detaillee a :Seleuciedes trois assemblees ellenis-

tiques: gerousie,college dieneoi et d'ephebes,communesala plu-

part des cites grecques §§19-25); or, la cite etait en ruines sous a

nouvelle dynastie sassanide (en 230, Veh-Ardesir est fondee)9.

L'auteur des Actes s'est donc appuye sur une documentation pre-

7. Signalons a breve critique de CHAUMONT, .-L., La christianisationde

l'empire iranien des origine aux gran despersecutions du Ive siecle, (=

CSCO 499,subs.80), LouvaiItl, 1988,23-29, pres un long resume du texte

(16-22).

8. FIEY,J. M., Jalons pour uMehistoire de l'Eglise en Iraq, (= CSCO 310,

subsidia 36), Louvain, 1970, 40-44; id., «Topography of al-Mada'in »,

Sumer 1967,3-38.

9. CUMONT, ., «Notes sur un passagedes Actes de S. Mari », Revue de

l'instruction publique en Belgique 36, 1893,373-375.

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UNE FIGURE'APOCRYPHEU SERVICEDE L'UNITE COMMUNAUTAIRE 181

cise. En contribuant a esquisserun cadre historique de l'epoque

ariacide, apostolique, cesdetails temoignent de l'interet du docu-

ment dont nous disposons.

Dans une veritable recherche en paternite apostolique, si nous

pouvons nous exprimer ainsi, les referents hagiographiques pro-

posent pour la figure fondatrice de l'Eglise perse une filiation avec

les disciplesde Jesusdu recit lucanien (Lc X, 1). Les textes es plus

anciens circonscrivent Mar Mari a ce groupe, envisageanteven-

tuellement un statui commun avec AddaI.

Celie integration parmi les Soixante-dix (in Actes de Mar Mari,

§§1,27; Didascalie d'Addai 1; Elie de Damas 2; Carmen hepta-

syllabum 3; Mari ibn Suleym~n, notice sur Mari 4; Livre de

l'Abeille 6; 'Amr et ~liba depeiidants de la Didascalie 8)10 rahit

un statui souvent ambivalent: s'il est presente comme Ie disciple

du Christ, il est aussi decrit comme l'egal d' AddaI (in Didascalie

d'Addai : prolongement sud de l'itineraire d' AddaI 1; Elie de

Damas 2; Livre de l'Abeille 6; Barhebraeus 7; 'Amr et ~liba 8).

Mais certains textes tardifs, evoquant ThaddaI comme apotre, ant

relativise Ie statui de Mari, l'un des Soixante-dix, dans une rela-

tion de disciple, celie relation glissantencore de l'un des Soixante-

dix a disciple d' AddaI dans des recensions qui negligent Ie role

apostolique direct (in Mari ibn Suleyman, notice sur AddaI 4;

'AwdIso' 5). Nous relevons par ailleurs que Ie nom de Mar Mari

ne figure pas dans la Doctrine d'Addai parmi les ministres asso-

cies ou formes par l'apotre. C'est a partir du ~Ie sieclequese pre-

ciseront les rapports inter-dependants. '.

10. 1 NAU, F., La Didascalie desdouze apotres,Paris, 1912,Appendice I,

232-233, V; 9, sur base du manuscrit de Londres Add. 12155 du VIII

siecle, llS. syr. 62 de Ia Bibliotheque Nationale de Paris et Ie giro. 148 du

Vatican.

2 in ASSEMANIJ. ., BO 111/2,Rome, 1728,XVII.

3 ASSEMANI,. S.,BO II, Rome, 1721,390.

4 GISMONDI,R., Maris, Amri et Slibae. De patriarchis nestorianorum

commentaria,Pars prior, Rome, 1899,3.

5 Traite IX, cap. 1 : «De I'institution des patriarches par Ies ap6tresdans

tout I'univers », MAl, A., Scriptorum veterum nova collectio X, Rome,

1838,154.

6 BUDGE,E. A. W., The Book of the Bee,Oxford, 1886,103.

7 ABBELOOS,.-B., LAMY,T. J., G. Barhebraei, Chronicon ecclesiasticum

I, Louvain, 1872,15-20.

8 GISMONDI, ., Maris,Amri et Slibae.De patriarchis nestorianorum com-

mentaria,Pars altera, Rome, 1897,1; ASSEMANI,. S., BO 111/2,Rome,

1728,XVIII-XIX. '\

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182

C. et F. JULLIEN

Si les Actes n'offrent pas en preliminaire une repartition des

champsmissionnaires, ait non systematiquedans es textes apo-

cryphes et souventajuste aux Douze, ils positionnent en revanche

l'apotre du sud mesopotamien dans la lignee des grands envois

apostoliques. Son aile geographique se termine strictement aux

confins de la zone traditiomnellement mpartie a Thomas: l'arrete

Ie parium de l'apotre (§32)t, ile circonscrite aux commencements

de sa missionveTS'Inde, reminiscencedesActesde l'apotre. Pour

l'auteur de notre texte, l'action de Mari, qualifie de «dernier des

apotres» (§10), dans 'empire iranien, connait une amp eur com-

parable a celIe de Pierre a Rome ou de Paul en occident, compa-

raison explicite dans Ie texte (§11). Pour conclure la geste de

l'apotre, lesActes s'achevemt ar son estament ivre a sesdisciples.

Et la encore, Marl fait figure de membre direct de la communaute

apostolique primitive. II emorte au respectdes ois promulguees

a Jerusalemque les apotres, qualifies de « compagnons» de Mar

Mari, ant suivies (§33; cf. §19). Mari invite sesdisciples a Ie suivre

comme modele, heritier diu Christ (propos qui rappellent 1 Co

IV, 16; XI, 1 : «soyez mes imitateurs »; Gal IV, 12; Phil III, 17;

IV, 9; 2 Tim III, 10).

L'attache de Mar Mari avec e groupe des proches du Seigneur

s'exprime a plusieurs reprises dans les Actes sur Ie theme d'une

identification au Christ. C:'estJesus ui-meme qui authentifie la

mission de son disciple en apparaissantSallS es raits (§20-21):

alors que Mari impose les mains au president de l'assembleedes

gerontes de Seleucie, Ie malade voit Ie ciel ouvert et un double

celeste SallSes traits de Marl, veniT e guerir La thematique de

la gemellite rejoint d'autres presentationsapostoliquesapocryphes

et insiste sur l'authenticite apostolique conferee au pays de mis-

sion par Mari, autre Christ.

Structure d'ensemble

Les Actes de Mar Mari :s'integrent a la fois dans Ie cadre d'un

fecit apostolique, et d'une ,commemoraison nnuelle festive sur Ie

tombeau du saint, occasion d'un rappel de ses bienfaits pour la

region.

§1: evocation de la statue de la femme hemorroissede l'Evan-

gile a Cesareede Philippe

§§2 a 6: resume de l'histoire d' Addai a Edesse

§§7 predication a Nisibe, et en Arzanene; la maisonnee oyale

se convertit. L'apotre descenddans Ie Beth Zabdai, puis dans Ie

Beth Arabaye.

§§8a 11 : region d'Arbeles: Ie roi, son chef d'armee et Ie grand-

pretre se font baptiser, un ,mobaddans un village voisin; Assur et

Ninive sont evangelisees.

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UNE FIGUREAPOCRYPHE U SERVICEDE L'UNITECOMMUNAUTAIRE 183

§§12 a 17: a Sakhert, dans Ie Beth GarmaY,Man guent Phra-

tia', pnncesseparalysee,extirpe leg demons de la region et ressus-

cite un adolescentdans eg environs du Darabhar; il descendvers

la Babylonie et la Perse.

§§18 a 30 a Seleucie,apres un apostolat nfructueux, Mar Man

parvient a penetrer l'assemblee des gerontes et opere quelques

guerisons et conversions, dont celIe du roi Phraate. Somme par

Artaban, roi de Ctesiphon, frere de Phraate, de venir expliquer

son conoclasme envers eg doles de la vine, il est nvite a operer

un nouveau signe la guenson de Qonia sa sreur. Apres de nom-

breusesconversions et implantations chretiennes, Man se rend a

Kaskar.

§§31 a 32: phase inale, c'est-~-dire la Mesene, e Beth I:Iilzaye

jusqu'en Perside et aux regions infeneures.

§33: testament et succession e Mar Mari; mort de l'apotre.

§34: exhortation finale autour des reliques du saint devant la

foule, et benediction.

Actes de Mar Marl et travail de reecriture

De prime abord, on pourrait croire que les Actes se rattachent

au cycle d' Addal puisque les paragraphes ntroductifs reprennent

I' Histoire du roiAbgar et de Jesus.Ce passageest res brei: il n'oc-

cupe que quatre sequences §§2 a 5), suivant Ie schemageneral:

lettre d' Abgar et reponse de Jesus; mage du Sauveur; puis gue-

Tisond' Abgar par Addal; predication dev t les habita?ts ras-

sembles et erection de l'eglise. .

D'une maniere generale, es Actes presentent une version plus

soble, depouillee de tout developpement des thematiques et de

tout discours.

Le premier paragraphe est forme de deux composantesnarra-

tives imbriquees l'une dans 'autre: Ie tableau introductif et chro-

nologique amor~ant 'histoire d' AddaI, et la description de l'en-

semblestatuairede Paneas.Pour cette derniere, eg Actesrestituent

Ie texte eusebien (H.E,VII, 18,2-4), Le toponyme de Paneasn'estjamais

mentionnne, contrairement au fecit d'Eusebe, e texte pre-

ferant la denomination hellenistique de Cesareede Philippe (cf.

Fl. JosepheGJ 11,168). a referencea a femmehemorroisse e 'epi-

sode evangelique (Mt IX, 18; Lc VIII, 40) est une constante dans

legversionsde a Doctrine d'Addai',Dans Ie caspresent,c'est 'image

du Sauveurqui interesse a description, Les Actes precisentmeme

que Ie portrait du Christ peint se retrouve « en maints endroits » et

que nombreux furent ceux qui connurent ainsi e vrai visagedu Sau-

venT.Cette image n'etait donc plus la,prerogative exclusive de la

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C. et F. JULLIEN

ville d'Addai: L'image est acheiropoieteau paragraphe3, confor-

mement a la tradition greoque,detail qui ne se trouve pas dans e

texte eusebien or, ceci est I~ndiscordanceavec a sequencenitiate

introductive des Actes pour laquelle Ie portrait du Christ est e fait

d'une peinture de poudres, suivant en cela es traditions syriaques.

Le texte syriaque nous ivre un autre indice en faveur d'un pos-

sible travail de reecriture. Le preambule ntroduisant es Actespre-

sente« 'apOtre Mar Mari ~comme]'un des Soixante-dix,~ ~

:\At~» (§1). En revanche, a premiere mention d'Addai: pre-

cise qu'il s'agit de l'un des soixante-douze disciples du Christ,

«~ ~'~a ~ ~ :ll..\a» §4). Cettedivergence a trois para-

graphesd'ecart estsurprenanteet plaiderait peut-etre, entre autres

elements, en faveur d'une insertion posterieure des quatre para-

graphes consacresau rappel de l'histoire d'Addai:. Dans Ie texte

des Actes, Mari est toujoUJD'Sssimile au groupe des Soixante-dix

(au paragraphe 27 par exemple).

D'autres points que noUB e pouvons developper ci militent en

faveur d'une insertion ulterieure des §§ 2 a 5. Dans l'ensemble,

ils temoigneraient de strates de lecture differentes surajoutees a

un document premier ayant un fonctionnement propre.

Polemique anti-monoplicysite et affirmation identitaire

Derriere Ie symbolisme du personnage, l'Eglise syriaque orien-

tale entend faire prevaloir ses droits a l'apostolicite. Addai: et Mari:

deux figures a posteriori antagonistes qui se pretent au jeu des affir-

mations identitaires.

La fermeture de 1Ecole des Perses sur ordre de l' empereur zenon

en 489 et a l'instigation de ['eveque Cyrus, marque l'expulsion defi-

nitive du courant antiocheen d'Edesse et un tournant dans la poli-

tique religieuse de la ville. Pbiloxene de Mabboug prit une part active

dans la destruction de l'Ecole, eliminant ainsi ses rivaux. Le renvoi

de ceux que l'on designa tou.jours,a Edesse, sous e nom de «Perses »,

devait etablir une rupture d~finitive entre la Mesopotamie nord-occi-

dentale et les regions tran&'tigritaines. La litterature de controverse

devenait alors un moyen dI'affirmation pour l'Eglise edessenienne,

qui des loTSvalorisa ses figures emblematiques. A. Desreumaux a

souligne l'emploi de materuilux par la Doctrine d'Addai" comme argu-

ments possibles en faveur du monophysisme, Ie texte posant la legi-

timite de l'episcopat anti-chalcedonien d'Edesse11.La promulgation

de l' Henoticon de Zenon favorisa grandement l'extension du mono-

1L DESREUMAUX,., «Doctrine de l'apotre Addal », n BOYaN,F., GEOL

TRAIN,P. (ed.) Ecrits apocryphes chretiens,Paris, 1997,1480-1481.

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UNE FIGUREAPOCRYPHE U SERVICEDE L'UNITE COMMUNAUTAIRE 185

physismeen Syrie et en Mesopotamie;certainsevequesd'Edesse e

poofesserentubliquement,a l'instar de Paul (SIO-exilen 522)et sur-

tout de JacquesBaradee. La Chronique de Seerta presente a vie

ministerielle d'itinerance de ce dernier, ap6tre zele pour toute la

region et au-dela; « l ne cessa ' ordonner despretres et des liacres

partout ou il allait », fondant des egliseset consacrantses orces a

precher en Syrie, en Mesopotamie, usqu'en Cilicie, en Cappadoce

et dans es provincesadjacentesavec 'appui des souverains impe-

ratriceTheodora)12. our RubenDuval, Ie grand evenement eligieux

du VIe siecle fut precisement a conversion au monophysismedes

chretiensde Haute-Mesopotamie13.

Mar Mari, missionnaire itinerant de la Mesopotamie du sud et

pour tout l'empire perse, repre,~ente,ui, la figure emblematique

de l'Eglise syrienne orientale. 'I

Au § 22, Mari, en situation critique, ecrit aux apotres sescom-

pagnons de la cite edesseniennepour demander aide et eclaircis-

sements sur la suite it donner it sa mission it Seleucie. Cette

demarche reprend certes celIe de Mani qui ecrivit it la commu-

naute manicheenne de la ville (Ibn al-Nadim a conserve es sus-

criptions de 76 lettres dans son Fihrist, et Ie CMC rapporte une

lettre de Mani it sesdisciplesetablis it EdesseI4).Mais elle rappelle

surtout un episode de la vie ecclesialed'Edesse.Le successeur e

Rabboula sur Ie siege episcopalde la vine, Ibas, est l'auteur d'une

missive celebre it l'origine d'une premiere expansion de la chris-

tologie antiocheenne en Perse. Maitre it 1'f1cole d'Edesse, Ibas

avait eu pour disciple un certain Mari Ie Perse, de Beth Ardeslr,

Ie destinataire de cette lettre ,(condamnee au second concile

d'Ephese, en 44915).Simeonde Beth Arsam, qui nous rapporte ce

12. SCHER, ., «Histoire nestorienne nedite (chronique de Seert) II/I »,

PO 7 2, Paris, 1950,140 [48]-142 [50].

13. DuVAL, R., Histoire politique, religieuse et litteraire d'Edesse usqu'a

la premiere croisade,Paris, 1892,216.

14. HENRICHs, ., KOENEN, . (ed.), Der Kolner Mani-Kodex(=Papyro-

logica Coloniensia 14), Dusseldorf, 1988,44; 108; CAMERON, ., DEWAY,

A. J., The Cologne Mani Codex, Concerning the Origin of his Body ,

Missoula Montana, 1982,50-53:CMC 64,4-65,20. La collection des ettres

de Mani, reunies en un grand corpus, rut decouverte a Nag Hammadi,

mais disparut pour une large part pendant la seconde guerre mondiale,

loTs du bombardement allie sur Berlin.

15. Cette lettre rut un objet de discorde au concile de Tyr et de Beyrouth

durant lesquels Ie maitre rut acquitte; la controverse reprendra ensuite

au concile dit «brigandage d'Ephese ». Apres sa condamnation, Ibas rut

exile et remplace par Nonnus, GUIDI, ., Chronicon Edessenum,= CSCO

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c~ et F. JULLIEN

fait, en souligne 'importan.::e pour l'histoire de l'Eglise de Baby-

lonie: selon ui, c'est grace:acette lettre, et avec l'appui des tra-

ductions des reuvresde Theodore de Mopsueste et de Diodore en

syriaque (effectuees par son maitre Ibas), que Mari devait

repandre a doctrine dans tout l'orienp6. Compte-tenudes expres-

sions reverencieusesapparaissantdans a lettre, J. Labourt a pro-

pose de voir en Mari un sub5tantif,« Monseigneur», considere au-

tivement comme un nom propre. 11 assimile Beth Ardesir a

Seleucie, dentifiant Mari a Dadiso', alors titulaire du siegel? A.

Scher emet des reserves et ronjecture plutot en faveur du metro-

polite de Rew Ardesir, a partir d'une interpretation de la Chro-

nique de Stert: «Apres Mana, Ma'na et Mari, metropolitains de

Perse, ce fut ce saint qui p:roclama a foi orthodoxe dans Ie pays

de Perse. bas (Ihiba), eveque d'Edesse, avail deja ecrit a Mari ce

qui etait arrive a Nestoriusavec Cyrille »18.Mais M. Van Esbroeck

a Terris recemment e dossier: Mari serait un archimandrite de la

communaute des Acemetes de Constantinople19.Une veritable

superposition semble s'effoctuer entre les deux Mari doni Ie nom,

la fonction et la mission soot finalement communs. Le choix du

prenom Daniel pour l'un d~ disciplesde l'apotre n'est, danscelie

perspective,peut-etre pas anodin: Mari Ie Perseest en effet connu

pour son commentaire du lfuvre rophetique eponyme, et Ie neveu

d'Ibas, Daniel, devait etre associea la condamnation qui frappa

son oncle en 449 suite a la redaction de cette fameuse ettre2°. Cet

evenement eligieux a pu servir de basede reflexion pour l'auteur

des Actes de Mar Mari soUJcieuxe decrire les origines de l'ex-

pansion chretienne en ces contrees et de magnifier Ie siege de

l'Eglise syriaque orientale. La demarchede Mar Mari vis-a-vis de

3, script. syr. 4), Paris, 1903, '7, FF 1. 25-31. Le concile de Chalcedoine

essentiellement dirige contre les monophysites, cassa es decrets de cette

seconde assemblee d'Ephese ~t rehabilita bas en lui restituant son siege.

16. MaTi de Beth-Ardeslr est egaiement connu pour sa controverse avec les

mages de Nisibe, cf. ASSEMANJI,. S., BO 111/1, Rome, 1719, 171; 359; 350-

352. a. DuvAL, R., La litteratNre syriaque, Paris, 1907, reimpr. 1970,345.

17. LABOURT, J., Le christianmme dans I'empire perse, Paris, 1904, 133 n.

6. A l'appui de cette superpo$ition, J. S. Assemani souligne l'attribution

d'un commentaire sur Ie Liv~ de Daniel a chacune des deux figures par

'AwdIso' de Nisibe, BO 111/1, Rome, 1719, 171 et 214.

18. SCHER,A., Histoire nestor.enne inedite (Chronique de Seert) 1111,PO

7/2, Paris, 1950, 117 n. 3 [25].

19. VAN ESBROECK,M., «Who is Mari, the addressee of Ibas' Letter »,

ITS 3831987,129-135. Cf. colonne 3 du tableau propose par BROCK, S.

P.,« L'Eglise de l'orient dans l'empire sassanide jusqu'au VIe siecle et son

absence aux conciles de l'empire romain », Istina 40, 1995,36.

20. DuVAL, R., La litterature ""yriaque, Paris, 1907, reimpr. 1970,341.

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NE FIGURE APOCRYPHE AU SEIRVICEDE r;UNlTE COMMUNAUTAIRE

la cite edesseniennene s'integre donc pas dans Ie cadre d'une

dependance ou d une infeodation de type tutellaire; cette lettre

constitue bien une reference:spirituelle a la capitale intellectuelle

des Eglises de Mesopotamie~ t de Perse.

La premiere etape de la mission de Mar Mari se concentre sur

la ville de Nisibe apres son depart d'Edesse §7). Fait remarquable,

il y edifie des eglises,et insti1JUene ecole avecsesmaitres afin d'y

implanter « a verite de la vuraie oi ». La demarche de Mar Mari

suit Ie deplacement de l'eca.le des Perses et Ie missionnaire cris-

tallise en quelque sorte, SOlDlSorme allegorique, la doctrine qui,

en quittant Edesse, devait tayonner sur toutes les regions orien-

tales a partir du centre nisibeen. L'etablissementde noyaux d'en-

seignement religieux semble etre reconnu comme l'une des

methodes d'implantation des Syriens orientaux face a l'expansion

monophysite, en particulier dans es provinces septentrionalesde

Mesopotamie21 eglises et e::coles ont les instruments d'ancrage

doctrinal et celie caracterist~que st bien apparentedansnos Actes.

A chaque passage,dans villages et bourgades, Mar Mari n'omet

pas d'y laisserune amorce diestructure hierarchique (fin §7; §11;

§14; §18...); les deux centtresde formation syriens orientaux,

Nisibe et Seleucie-Ctesiphon, ont ainsi directementattachesa une

fondation apostolique (§25) ,On a pu s'interroger sur 'importance

conferee a la petite vine de Dorqonie dans es Actes. Mar Mari y

ronde une eglise, et y nomme son successeur §33). Les Actes

furent-ils elabores en ce lieu? Le choix de celie vine, depositaire

de ses reliques, futur centfc d'enseignement et convent celebre

place sonssonvocable,reste:signifiant : au ye siecle, a Chronique

de Seertsignale l'erection a Dorqonie d'une ecole par Mar Abda,

dont la finalite cherchait a relayer de la celebre ecole d'Edesse

(I, 60) -meme si son role resta tIeS imite.

Un texte de lutte contre :Iemanicheisme et autres deviances

Le texte des Actes eflete les preoccupationsdes communautes

chretiennes de Perse confrontees au danger d'eclatement de leur

unite doctrinale, notamment par les progres du docetisme, mais

surtout de l'arianisme et des succesdu manicheisme dans Ie sud

21. M. Deni.ta (maphrien acotite), danssa Vie de Marutha de Maipherqat,

signale, pour l' Adiabene, que: « dans chacunde leurs bourgs, pour ainsi

dire, les nestoriens avaient pris soin de fonder des ecoles ou ils ensei-

gnaient des hymnes. .des chants que, d'un commun accord, on put repe-

ter dans toutes leurs provinces», cite par LABOURT, ., Le christianisme

dans 'empire perse,Paris, 19([14,89.

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C'. etF. JULLIEN

de la Mesopotamie. Ces elements de controverse constituent des

traits theologiques res anciens,heritage du lye siecle ntegre dans

la narration.

Les Actes offrent quelql.O.esiscours, veri ables professions de

foi parfois destineesa cate~hiseres nouveaux ou futurs croyants.

La plupart insistent out particulierement sur 'incarnation de Jesus

« qui a voulu prendre un corps humain» (lebes agro dabenaiooso

§§ 23,27), qui subsiste en son essence =~, §27), «qui a vecu

sa Passion, est mort crucifie» (§§ 8, 7, 33), et ce a des fins anti-

docetes.

L'insistance marquee aVl~caquelle l'auteur des Actes souligne

Ie souci de l'apotre d'etabllir la veritable doctrine n'est pas ici un

fait de circonstance; ce tn lit se retrouve en maints passagesde

l'reuvre, et tout particulierement en conclusion, a travers Ie testa-

ment de Mari qui enjoint sesdisciplesde garder sonenseignement,

de n'en devier« ni a droite ni a gauche» (§33):

«Que soient humilies les gentils et les peuples errants, qu'ils

ploient Ie genou devant a vraie foi Que soit exaltee a corne de

la vraie foi Qu'elle soit enracinee dans cette region par-dessus

toutes les fausses eligions Qu'y decroisse 'impiete Qu'y res-

plendisse a verite et que grandisse a vraie foi jusqu'aux siecles

des siecles,amen ».

La teneur des credo du texte ancre Mari dans a sensibilite de

l'Eglise syriaque orientale; comme les synodes usqu'a line date

fort avancee, es Actes se g.nrdentd'utiliser des ermes techniques

typiques d'une profession Irle oi dyophysite et restent assez eser-

ves sur Ie plan dogmatique22.En fait, l'optique trinitaire privile-

giee explique Ie choix des orientations de cescredo et des denon-

ciations implicites des priIllcipales devianceschretiennes rejetant

cet article fondamental de la foi.

Lors de sa visite a Seleucie,Mar Mari est nvite a exposersa oi;

a la question« est-ceque Dieu a pris femme et a eu d'elle un fils? »,

il repond que la generatiolnpremiere du Fils de Dieu, issue de la

seule substancedu PeTe,ne peut veniTde la femme (§20). A deux

reprises, 'apotre est cond1JLitpreciser e dogme trinitaire (§§ 20

et 27), d'apres lequell'Esprit-Saint procede du seul Pere (§27).

22. BROCK, . P.,«The Christa.1ogy f the Church of the East n the Synods

of the Fifth to Early SeventhCenturies = Preliminary Considerationsand

Materials », in DRAGAS,G., Aksum- Thyateira = A Festschrift or Archbi-

shop Methodios, Londres, 1985,126-142.L'etude detaillee des credo et

du vocabulaire employe fait notamment l'object du commentaire des

Actes, ntegre dans notre these.

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UNE FIGUREAPOCRYPHE U SEJ.VICE E L'UNITECOMMUNAUTAlRE 189

Cesproclamations alonnant Le ecit soot autant de fronts de pole-

mique dans esquels a figure de Mar Marl impose a ligne a suivre

comme seule orthodoxe. L'auteur s'eleve nettement contre l'aria-

nisme, dressantune fresque 1heologiqueselon aquelle Jesus,vrai

Dieu, envoye du PeTe,participe a l'reuvre de creation (§ 13 ; cf.

§§ 23,32). L'auteur insiste sur a divinite de Jesuset sur sa consub-

stantialite divine (§ 14; § 20: Dieu a fait la creation, Ie fils, ne de

Lui, Dieu, « sa substance,es~vrai Dieu du vrai Dieu»).

Mais c'est a la controverse:anti-manicheenneque se rattachent

essentiellement es Actes de Mar Mari qui presentent une relec-

ture christianiseedes premielrS lansmanicheens.Le missionnaire

traverse desvilles marqueesdes e vivant du prophete par une pre-

sencemanicheenne res acti'le, et surtout par des souvenirs ies a

la vie meme de Mani.

Mar Mari rassembleautoUtI' e lui plusieursdisciples; parmi eux,

trois meritent attention car ts portent des noms comprehensibles

dans une perspective anti-manicheenne Adda, Tfimis et Papa.

Disciple proche de Mani, Adda est l'apotre de l' Assyrie et de

l'Egypte; il apparait notamment dans un passage acuneux du

CMC (CMC 165, 4)23 et dans plusieurs fragments sogdiens et

parthes. La mention d'un hamonyme du disciple de Mani aupres

du protagoniste principal de nos Actes a valeur significative et

designe Ie maitre (Mari) comme la figure opposable au fonda-

teur du manicheisme.

A cette superposition homonymique signifiante, s'ajoute celIe

d'un seconddisciple, du nom de Tfimis, qui est presente, au para-

graphe 11 des Actes comm~ Ie delegue de Mari sur les marges

orientales de l'empire. Gemeralement, Ie disciple de Mani est

affecte a l' nde par mimetisme sur e periple de l'apotre Thomas24.

Son nom pouvait a lui seulrappeler pour un auditeur lecteur averti

Ie contexte qui avait preside:a l'elaboration d'une Vie de Mari.

23. HENRICHS,A., KOENEN, L., Der Kainer Mani-Kodex (= Papyrologica

coloniensia 14) DUsseldorf, 19$8, 112. Cf. KOENEN, L., «Das Romische-

Byzantinische Agypten », AkttYt des lnternationalen Symposions (26-30

sept. 1978), (= Aegyptiana Tre1-\erensia ) Mainz, 1983 ,93-95. Sur Adda,

disciple de Mani, cf. SUNDERMAINN, ., Mitteliranische Manichiiische Texte

Kirchengeschichtlichen 1nhalts, (= Berliner Turfantexte XI), Berlin, 1981

(2.5 Z., 170-187; 3.1 S., 346-58; 3.2 Z., 361-95; 3.3 Z., 350-80). Cf.le texte

moyen-perse M2, deux fragments parthes M216c et M1750 sur un apos-

tolat dans I' empire romain, les Acta Archelai. ..

24. CHURCH,F. F., STROUMSA,G. G. , «Mani's disciple and the Psalms of

Thomas ». Vir . Christ. 34. 1980",49-50.

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C, et F. JULLIEN

Mar Mari collabore egalementavec un disciple du nom de Papa.

Alexandre de Lycopolis signale que Papas rut Ie premier mis-

sionnaire manicheen de Mesopotamie et d'Egypte25 Ie psautier

caple mentionne son nom, 34, 12). D'apres S. Lieu, il etait un ami

proche de Mani, et regarde comme un frere par son maitre26.

Le disciple Papa estprefere a taus pour succeder l'apotre Mari.

Mar Mari se deplace selon un trajet signifiant puisque nombre de

villes traverseessoot marqueespar dessouvenirs ies a la vie meme

du prophete Mani. II realise ainsi une reconquete active en mani-

festant precisement en res lieux une presencechretienne: sa per-

sonne garantissait 'evangelisation originelle pre-manicheenne.A

cette relecture anti-manichknne de l'histoire du prophete s'ajoute

celle des communautesqu'il fonda. Parmi d'autres exemples,Mar

Mari se rend chez Ie souverain de Gaukhai:,dans e Beth Daraye.

La, DOUg avons que resi<Oait ne communaute importante qui

accueillit Mani en route pour Ctesiphon sur l'ordre de Bahram,

loTs d'un ultime voyage e~d'une derniere visite. Une tradition

locale, reprise en echo par Ibn al-Nadim dans son Fihrist, ratta-

chait la naissancede Mani ala bourgade, sansdoute en souvenir

de ces adieux27.

Mar Mari traverse Ie Beth Garmai:et y laisse sondisciple Adda,

au § 17: c'est lui qui y implantera la premiere communaute chre-

tienne. D'apres l' Histoire de Karkii d-Beth Sloq la ville de Ker-

kouk dans Ie Beth Garmal, abrita l'apostolat de deux disciples

manicheens,Adda et Abzakya28.

Marl passea Seleucie,a Kokhe et sa region. Cette ville fut agran-

die en une nouvelle Seleu~iepar Ardesir veTS 30: Veh Ardeslr

des Iraniens. Le choix de ce lieu comme siege patriarcal est a lui

seul signifiant. Mais s'ajoute la venue en ce lieu de Mani au faite

de sa popularite; il y redigt:a en 262-263 eg constitutions structu-

rant son Eglise, et dessinason decoupagemissionnaire du monde

en quatre klimata veTSesquelles furent envoyessesdisciples.La

superposition est aisement discernable; elle preside a deux fon-

25. Alexandre de Lycopolis, contre la doctrine de Mani. 2, VAN DER

HORST, . W., MANSFELO,., An Alexandrian Platonist against Dualism,

Leiden, 1974,52.

26. LIEU, S. N. C., Manichaeilm in the Later Roman.Empire and Medie-

val China, (= WissenschaftlichcUntersuchungen um Neuentestament 3),

Tiibingen, 19922, 03.

27. Ct. aussi al-BuilnI qui associeGaukhai au lieu de naissancede Mani,

ct. PuECH,H.-C., Le Manich me, Paris, 1949,34.

28. BEOJAN,P.,«Histoire de Karka d-Beth Sloq », AMS II, Paris, 1899,

512. Ct. TARDIEU,M. , Le manicheisme, = QSJ? 1940),Paris, 1981,32.

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UNE FIGURE APOCRYPHE AU SERVICE DE L'UNITE COMMUNAUTAIRE 191

dations ecclesialeset pose comme certaine a vraisemblance deo-

logique de l'orientation prise:par l'auteur des Actes.

Le trajet de Mari afIre enffinune caracteristique remarquable :

il s'effectue a l'inverse de ceilluide Mani dans a phase nitiale de

sa premiere mission relatee dans leg Kephalaia caples : canting

de l' nde, region de Mar Thomas/Perside/Susiane/Mesene/region

de Seleucie-Ctesiphonen telrre de Babel/puis Beth Aramaye29.

La presencememe de Mari dans cesvilles et regions est un gage

unificateur contre Ie danger deconquete manicheenne,bien reel

pour l'Eglise mesopotamienne des la fin du IIIe siecle. Ce fecit

decrit veritablement un trajet exorcistique pour leg communau-

tes menacees.

Le choix de Papa, present.e omme successeur irect de Mari,

repond bien a cette perspective: premier federateur de l'Eglise de

Perse contre leg faiblesses mternes, l est Ie champion de l'unite

renfor~ant l'autorite de Seleucie dans un contexte de difficultes

secessionnistes. eme si a crise qui l'opposa a Miles de Susen'est

pas explicitement racontee pOTeg Actes, l Testeque l'opposition

doni il fut l'objet se laisse d~viner. L'apparent consensusautour

du sucesseur e Mar Mari trahit une volante farouche de conci-

liation, et dissimule eg eventuelsdetracteurs.Les regions gagnees

par Mar Mari sont preciseme:nteg espaces ue Miles associaa sa

cause d'apres la Chronique de Seerpo: Kaskar (§30), la Mesene

(§31), Siis et Siistar dans e Beth I:Iiizaye (§31), enfin Beth Lapa

(§31) et plus loin, la Perside (§31). Au-dela meme du critere de

puissance ntrinseque ala voJlonte 'autonomie descommunautes

par rapport a un pouvoir cenJtralisateur,'est l'attachement a une

tradition specifique qui para t bien motiver Ie groupement et Ie

confIit. L'auteur des Actes n'ignorait pas leg tendances schisma-

tiques au sein de l'Eglise de Perse, que trahissent leg doleances

repetees et leg silences des s: lnodes;et son nsistance sur Ie role

federatif de Mar Mari et, par la meme, de Papa, se comprend en

fonction de celie tradition d]'opposition des provinces periphe-

riques meridionales (Ie Fars en particulier) au siegede l'apotre31.

29. Les regions furent traverseesa l'aller aux paragraphes 18, 19-30,31,

32. cr. POLOTSKY,., BOHLIG,A., Kephalaia, Stuttgart, 1935-1940,, 15-

16; LXXVI.

30. SCHER, ., Histoire nestorieni'lenedite (Chronique de Seert) , PO 4/3,

Turnhout, 1981, XVII, 26: Gadyaw de Gundesapl1r, 'ancienne Beth

Lapat, ,AwdIs5' de Kaskar, Ioi.lanande Maisan, Andreas de Beth Miraq,

Abraham de Sustar,David de Rerath d-Maisan (Ba~rah).

31. Sur cette question, nous reMoyons a notre article « Cornrnunaute et

dissidence.Un casd'especechez es Syriensorientauxde Perse.Reflexions

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192

C. et F. JULLIEN

Ce contexte conflictuel s'exprime dans un cadre d'affirmation

culturelle et identitaire particulier. La situation de l'eveche des

Villes Royales, en zone arameenne, etait volontiers depreciee,

d'autant que les multiples capitales saisonnieresdevaient contri-

buer a affaiblir l'autorite d'un centre de pouvoir unique32.Miles

etait lui-meme originaire de la cite de RaY,sur les plateaux de

Medie. II representait face a Papa, la tradition perse. Miles est

d'ailleurs un nom persan couramment atteste33. 'apres Mari Ibn

Suleyman, Papa aurait ete mesopotamien, de langue syriaque34.

Leur rivalite s'expliquerait notamment par l'appartenance com-

munautaire a un milieu. Le processus 'iranisation etatique amorce

sous es Arsacides, et impose a la sphere arameenne, avorisait Ie

prestige de la province du FaTS; ~talJr,centre religieux et admi-

nistratif sous es Achemenides, devait conserverson rayonnement

sous es Sassanides;'influence de cette place, actuelle a l'epoque

de Papa, constituait un argument supplementaire aux velleites

d'autonomie des provinces proprement perses.

Ce regard federateur ustifiait Ie recours au ondateur, veritable

reference dentitaire, et, par lui, l'importance conferee a Papa bar

AggaY; e disciple, en effet, poursuivra Ie combat de l'apotre en

preservant 'unite de l'Eglise non seulement ace aux dissensions

fragilisant la cohesion ecclesiale interne, mais aussi face aux

menacescentripetes ou exterieures .Au-dela du genre hagiogra-

phique, les Actes cimentent en une tradition commune les chre-

tientes formant l'Eglise de Perse.

Ainsi donc, les Actes de Mar Mari constituent un veritable jell

de miroirs, refletant par strateshistoriques successives n portrait

de l'histoire de l'Eglise de Perse. Quelques elements permettent

de conclure a un noyau ancien, notamment certains details topo-

graphiques suggerant a venue d'un evangelisateurau tout debut

du IIe siecle; aux controversesanti-ariennes et surtout anti-mani-

a travers es Actes de Mar Mari », a paraitre dans e cadre des travaux du

laboratoire du Centre d'etudes des religions du Livre.

32. FIEY, . M.,« Diocesessyriens orientaux du Golfe persique », Memo-

rial Mgr Gabriel Khouri-Sarkis, Louvain, 1969,184-185; id., «Les com-

munautes syriaques en Iran des premiers sieclesa 1552», Commemora-

tion Cyrus. Actes du Congres de Shiraz 1971. Hommage universel Ill,

(= Acta 1ranica 3), Teheran, Liege, 1974,279-280.

33. Liste dressee par JUSTI,F., Iranisches Namenbuch, Marburg, 1895,

Hildesheim, 1 3,206b.Le plus significatif estpeut-etre Milas, magepasse

plus lard a l'Islam.

34. GISMONDI, ., Maris, Amri et Slibae. De patriarchis nestorianorum

commentaria.Pars Prior, Rome, 1899,8, tract. at. 7; Pars altera, Rome,

1897,13; tract. at. 8.

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193

NE FIGURE APOCRYPHE AU SERVICE DE L UNITE COMMUNAUTAIRE

cheennes s ajoutent des conceptions posterieures heritieres des

definitions christologiquesconciliaires et despositions dessynodes

orientaux.

Les Actes de Mar Mari participent a une categorie determinee

de la litterature apocryphe chretienne, celIe des Actes d apotres

et des ecits de fondation, a la based une tradition ecclesiale.Ainsi

s expliquent les oppositions a toute forme de deviance doctrinale

mena~ant unite interne des communautes, opposition qui s ex-

prime toujours par affirmation identitaire. Dans ce travail de relec-

ture desorigines, a figure apocryphe permet precisementcet ajus-

tement. Ainsi Mar Mari et, en filigrane, Papa, font-ils avant tout

reuvre federatrice. Ce texte interessedonc directement la vie des

chretientes mesopotamiennes, ourceprecieuse pour mieux com-

prendre leurs preoccupations. L apotre apparait comme vecteur

dynamique pour un territoire donne, un siegespecifique, et a or-

tiori une Egiise; Ie miroir des Actes met en lumiere ces multiples

images,nons renvoie les mecanismes e fonctionnement nternes,

reflechissant un des modes d emploi de la figure apostolique.

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Jean-Pierre ETTORELLI

LA VIE LATINE D' ADAM ET EVE

ANALYSE DE LA TRADITION MANUSCRITE

One hundred and six text$ telling the same story have been

found thanks to a searching out of manuscripts of the Vita Adae

et Evae preserved n Occidental Libraries. Five major textual tra-

ditions (including one or more redactions with both similar and

distinct story) have emerged rom the editorial practices of scri-

bes. This study analyses hese ive traditions. Its aim is to lay the

foundations of a critical edition and to reveal how this apocrypha

has been transmitted rom the IX'h to the XVth century and from

Great Britanny to the German Empire Oriental border.

La recherche des temoins de la Vita Adae et Evae conserves

dans les bibliotheques occidi; ntalesa inventorie cent six docu-

ments qui transmettentune meme histoire. Les avatarsde la trans-

cription ont donne naissancea cinq groupes d'une ou plusieurs

redactionsa la fois proches et differentes. Cette etude en presente

une analysequi vised'abord a definir les basesd'une edition criti-

que et devoile en meme temps es etapesde la transmissionde l'a-

pocryphe du IXe au xve siecle, e long d'une route qui conduit de

la Grande-Bretagneaux marchesorientalesde l'Empire germani-

que.

La Vie d'Adam et Eve en langue latine, connue dans la tradi-

tion manuscrite sous de nombre~ titres et pour laquelle DOUg

garderons celui de Vita Adae et Evae,presente pour DOUg cci-

dentaux un interet particulier dft a l'ampleur de sa diffusion,

signe de l'importance que lui a accordee a meditation occiden-

tale. La centaine de temoins manuscrits conserves,pour l'essen-

tiel dans leg bibliotheques monastiques et canoniales, confirme

un succesqui ne s'est pas dementi du xe au xve siecle.

Malgre l'existence d'editions deja anciennes, a necessited'e-

tudier aussi completement que possible la tradition manuscrite

de ce fecit s'est imposee pour deux raisons differentes: d'une

part, leg editions qui ont mis en oeuvre cette tradition reposent

sur un trop petit nombre de temoins pour assurer eg basesd'une

connaissance olide du texte lui-meme et de son histoire; d'autre

part, la recherche des signific3tions divergesque la Vita Adae et

Apocrypha 10,1999,p. 195 -296

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196

J. P.PETfORELLI

Evae a pu prendre au cours des siecles suppose l'analyse des

contextes dans lesquels elle etait lue, et done du contenu des

manuscrits oil elle etait incorporee.

L'etude presentee ici a seulement pour but de rendre compte

des premiers resultats d'une recherche d'abord consacreea l'in-

ventaire des temoins de la Vita Adae et Evae et de decrire les dif-

ferentes redactions que cette recherche a permis de distinguer.

La Vie d'Adam et Eve: recensionset redactions

La Vita Adae et Evae est, on Ie sait, la recensionen langue ati-

ne de l'apocryphe connu SallS e nom de Vie d'Adam et Evel,

fecit d'origine juive2 conserve dans plusieurs recensions, 'est a

L Toute etude de la Vie d'Adam et Eve, quelle que soit la recension etudiee,

doit se referer it la these fondamentale de Marcel NAGEL, La vie grecque

d'Adam et Eve, Strasbourg-Lille, 1974 (citee ci-apres NAGEL, 1974) -Les

references des differentes recensions de la Vie d'Adam et Eve et de leurs

traductions se trouvent desormais dans J. C. HAELEWYCK, Clavis Apocry-

phorum Veteris Testamenti (Corpus Christianorum) Tumhout, 1998,p. 1-29,

et plus specialement p.1-7 (cite ci-apres HAELEWYCK,1998). -Rappelons

ici les references des trois autres recensions essentielles qui seront citees dans

Ie COUTSe l'etude : la recension grecque (VG): Daniel A. BERfRAND, La

Vie grecque d'Adam et Eve, Introduction, texte, traduction et commentaire,

Paris, 1987 (cite ci-apres BERTRAND, 987); la recension armenienne (VAl):

The Penitence of Adam, edited and translated by M. STONE,Corpus scripto-

rum christianorum orientalium, 429-430, (Scriptores armeniaci, 13-14) Lou-

vain, 1981 (il existe par ailleurs une stricte traduction armenienne de la Vie

grecque qui ne sera pas prise en compte ici); la recension georgienne (VGg):

Le Livre d'Adam Georgien, traduction de J-P. MAHE, dans Studies in Gnos-

ticism and Hellenistic Religions, presented to Gilles QrnSPELon the occasion

of his 65th Birthday, edited by R. VAN DENBROEK& M. J. VERMASEREN, .

J. Brill, Leiden, 1981, p. 227-260 .-L'ouvrage de M. E. STONE,A History

of the literature of Adam and Eve, Atlanta, Georgia, 1992, (cite ci-apres

STONE,1992), constitue l'etude actuellement la plus complete de la tradi-

tion textuelle de la Vie d'Adam et Eve avec la bibliographie exhaustive du

sujet (en 1992). L'essentiel de cette bibliographie est reprise dans Hand-

buch der lateinischen Literatur der Antike, Bd. 4 : Die Literatur des Umbruchs,

von der romischen zur christlichen Literatur, 117 his 284 n. Chr. her. v. K.

SALLMANN,Munchen, 1997, §.469,4:« Adam-Bucher», p. 371-372.

2. Meme si l'origine juive d'une grande part du contenu de la Vie d'Adam

et Eve parait assuree, il n'est pas certain qu'ait existe une version

hebralque ou ararneenne de ce texte. L'accord des specialistes semble se

faire autour de l'hypothese que toutes les versions aujourd'hui connues

remontent it un texte originel en grec; M. Nagel en a fait la demonstra-

tion dans sa these (NAGEL, 1974, passim), meme si des desaccords sub-

sistent pour savoir en particuJier si la recension grecque que nous connais-

sons est ce texte originel.

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LA VIE LATINE D ADAM ET EVE

197

dire dans des langues differentes et sous de nombreuses redac-

tions.

L utilisation des mots recension et redaction se refere ici a la

necessitede distinguer deux niveaux de differenciation entre leg

nombreuses ormes de l apocryphe, -une terminologie que l on

voudra bien accepter, meme si elle n est pas totalement ade-

quate3

Ie mot recension veut designer oute forme de la Vie d Adam

et Eve dans une langue donnee dont l enchainement des perico-

pes et Ie contenu narratif restent identiques tout en admettant

des variations parfois importantes dans Ie vocabulaire et des

complements differents d une forme textuelle a une autre;

Ie mot redaction designe quant a lui leg differentes formes tex-

tuelles d une meme recensiondue a ces variations; res differen-

tes redactionsont eu une existence souvent ongue et ont donne,

chacune, naissancea une famille de manuscrits. L origine de ces

modifications n est pas toujours facile a preciser: elles peuvent

resulter de traductions distinctes d une meme recension,de revi-

sions a partir d autres redactions, ou sans doute encore d une

recherche d amelioration du style ou du vocabulaire.

Les resultats acquis jusqu ici permettent de penser qu il

n existe qu une seule recension atine de la Vie d Adam et Eve,

celle que nous appelons Vito Adae et Evae4, ranscrite dans plu-

sieurs redactions. Ce sont ces redactions qui soot ici recensees.

3. Cette distinction s inspire de celIe utilisee par Th. Silverstein dans ses

etudes sur l Apocalypsede Paul: ct. TH. SILVERSTEIN,isio Sancti Pauli,

The History of the Apocalypse n Latin together with nine Texts Studies

and Documents, IV), London, 1935.

4. Dans les manuscrits e itre De Vita Adae et Evae,ou un enonceproche,

n est pas exclusivement eserve a la Vita Adae et Evae. It introduit par-

fois a Legende e la Croix, ou Histoire du boisde la Croix, itre qu a donne

a ce fecit Meyer dans son etude: «Die Geschichte des Kreuzholzes vor

Christus », Abhandlungen der philosophisch-philologischen Classeder

konigl.-bayerischenAkademie der Wissenschaften,d. 16,2,1882,p. 103-

166 (cite ci-apres MEYER,1882). Cet apocryphe rapporte l histoire des

trois rameaux donnes par 1 arclmange ichel a Seth, et plantes par celui-

ci a la tete de la sepulture d Adam. Conserves grace aux interventions

de Moise, David et Salomon, ls donn~rentnaissance la foret d ou furent

extraites les poutres du Temple et a celIe d entre elles qui, cacheeplus

tard dans a piscine probatiquc, fut choisie pour servir a la construction

de la croix de Jesus.Des elemeDIts e cette histoire furent incorpores a la

Vita Adae et Evae dans de nombreux temoins de la fin du Moyen-Age.

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l.P. PE1TORELLI

Les editions de La Vita Adae et Evae

A ce our, seules ont paru des editions fondees sur es temoins

disponibles dans Ie proche environnement de chaque editeur5:

W. Meyer, bien qu il connaisse des temoins appartenant aux

bibliotheques de Vienne et de Paris, ne s appuie que sur les

manuscrits de la Bibliothe.que d etat de Munich6, J. H. Mozley,

sur les manuscrits des principales bibliotheques anglaises7, t G.

Eis, pour completer l edition de Meyer, collationne les deux

temoins de l apocryphe transmis par des manuscrits du Grand

Legendier Autrichien conservesdans des bibliotheques monasti-

ques autrichiennes8.

s. n existe trois editions princi]i>ales de la Vita Adae et Evae ..1) W. MEYER,

«Vita Adae et Evae », Abhandlungen der koniglichen bayerischen Aka-

demie der Wissenschaften, philos.-philologische Classe, Munich, Bd. 14,3,

1878, p.185-250 (cite MEYER, 1878); 2) G. EIS, «Heimat, Quellen und

Entstehungszeit yon Lutwins Adam und Eva » dans, du meme auteur,

Legende und Mystik, Untersuchungen und Texte, Germanische Studien,

Heft 161, Berlin 1935, fondee sur deux manuscrits autrichiens ignores de

Meyer; 3) J. H. MOZLEY, «The Vita Adae », The Journal of Theologi-

cal Studies, 30,1929, p.121-149 (cite MOZLEY, 1929). -On trouvera dans

STONE,1992, p. 15 et dans HAELEWYCK, 1998, p. 3-41es indications neces-

salles sur les editions et trad~tions de la Vita Adae et Evae. -Le voca-

bulaire des editions de Meyer et de Mozley est ncorpore Ii. a concordance

publiee par A. M. DENIS, Concordance latine despseudepigraphes d An-

cien Testament, Thesaurus Patrum Latinorum supplementum, Turnhout,

1993; l edition de Meyer y est reproduite p. 545-548, celIe de Mozley, p.

548-552.

6. Dans Ie corps et leg notes de son introduction, Meyer cite vingt-huit

temoins de la Vita Adae et Evae, vingt-deux de la Bibliotheque d etat de

Munich, quatre de la Bibliotheque nationale de Vienne, un de la Biblio-

theque universitaire de Graz, et un de la Bibliotheque nationale de Paris,

mais n en collationne que ODze, OllS de Munich, et edite Ii. part tine col-

lation de celui de Paris.

7. Mozley etudie douze temoins conserves dans les bibliotheques anglaises

et choisit d editer la redaction de la Vita Adae et Evae specifique Ii. huit

de ses temoins, redaction qui se singularise par plusieurs «propositions

additionnelles» au texte de Meyer (cf. MOZLEY, 1929, p. 122-123). n

confine dans leg notes de son edition leg variantes translnises par les quatre

temoins d autres redactions de l apocryphe.

8. Le Grand legendier autrichien constitue tine collection de recits hagio-

graphiques ranges dans l ordte de l annee liturgique. Y ont ete adjoints

un certain nombre de recits de nature diverse sans rapport precis avec

l hagiographie, tels la Vita Adae et Evae, qu on souhaitait conserver sans

trop savoir Ii.quelle collection les incorporer. a. P. PONCELET, De magno

legendario austriaco », Analecta Bollandiana, t. XVII, 1898, p. 24-216, qui

precise, p. 53, la place de la Vita Adae et Evae Ii. a fin du t. I des collec-

tions hagiographiques (mois de janvier Ii. mars) des deux abbayesd Ad-

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LA VIE LATJNE D' ADAM ET EVE

199

La tradition manuscrite

Un premier recensement des nombreux temoins de la Vita

Adae et Evae avait ete etablu par M. E. B. Halford, sans doute

dans la perspective d'une nouvelle edition9. La consultation de

quelques autres catalogues anciens, la parution de nouveaux

catalogues et l'aide apportee par de nombreux conservateurs

nous ont permis d'enrichir son travail et de recenser 106

temoins1o. a collation de 100 d'entre eux n'a pas encore revele

l'existence d'une recension atine dont la structure, differente de

celIe que nous connaissons, G:olnciderait vec celIe de l'une ou

l'autre des recensionsnon-latines,ou differerait de toutes celles

qui soot deja inventoriees. La decouverte recente de deux

temoins qui transmettent en latin un texte tres proche de celui

des recensions orientales, armenienne et georgienne, si elle

apporte un eclairage nouveau sur l'histoire de la transmissionde

l'apocryphe en Occident, ne modifie pas vraiment notre percep-

tion de la tradition manuscrite de l'apocryphe: jusqu'a nouvelle

mont et de Zwettl. -11 ne faud.-aitpas oublier par ailleurs que l'edition

de Meyer, tout comme celie de G. Eis. avait d'abord pour but de deter-

miner la source atine du poeme en vi~il allemand ntitule Adam et Eva,

dont l'auteur a pour nom Lutwin, poeme edite par ce meme W. Meyer

dans K. HOFMANN W. MEYER, utwins Adam und Eva,zum erstenMal

herausgegeben, ubingen, 1881.Meyer a cite dans es notes de cette edi-

tion les passages orrespondantsde la Vita Adae et Evae selon sa propre

edition; cr. aussisa propre note A a fin de l'edition du poeme allemand,

p. 128-132.G. Eis s' effor~ait aussi. e preciser e lieu ou ce poeme rut ecrit.

Ces perspectives pouvaient detourner leurs analyses d'une etude uni-

quement attentive au texte de l';tpocryphe latin.

9. Cf. E. B. HALFORD, The Apocryphal Vita Adae et Evae, Some Com-

ments on the Manuscript Tradition », Neue Philologische Mitteilungen, .

82,1981, p. 417-427.Sa liste, de soixante treize manuscrits,a ete reprise

par STONE, 992,p. 25-30. C'est lpartiJI de son nventaire que nous avons

entrepris la collation des emoin5 et la preparation d'une edition critique

de la Vita Adae et Evae; nous lwdisons ici toute notre reconnaissance.

-Deja, M. Nagel avait rassemble au Ihasardde ses ectures pres de 70

references: d. NAGEL,1974, . IJ. p. 1.15-159.

10. Que les conservateursqui ont bienvoulu fournir microfilms ou pho-

tocopies de leurs manuscrits soient icij emercies. Que soient remercies

tout particulierement Ie professe\llfF. Dolbeau, de l'EPHE a Paris, es dif-

relents departements de l'IRHT a Paris, e Dr. Kudorfer et Mme Foohs

de la Bayerische Staatsbibliothek de Munich, Ie Dr. Overgaauw de la

Staatsbibliothekde Berlin, Ie PeTe . BI1udney, irecteur de la Hill Monas-

tic Manuscript Library a Collegeville (Minnesota, USA) et Ie professeur

Z. Izydorczyk, de l'Universite de Winnipeg (Canada) qui ant apporte tine

aide precieuse a cette recherche,

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200

J. IP. PE1TORELLI

decouverte, cette traduction n a pas donne naissancea une tradi-

tion distincte de la Vita Adae et Evae11.

Comme les editions partielles avaient deja pernlis de Ie con-

stater, a sequencedes pericopes est partout la meme, meme si Ie

vocabulaire varie parfois de fa~on assezmportante. La nouvelle

collation montre que tons I.esmanuscrits conservesont bien une

origine commune que manifeste sans contestation possible la

parente, non seulementde leur structure, mais aussid une partie

importante du texte; les manques ou les ajouts des differentes

redactionsse limitent en effet a un petit nombre de propositions

ou a des differences textuelles mineures, et senile fait que ces

differences textuelles sont Ie patrimoine commun de plusieurs

manuscrits pernlet de reoonnaitre a l origine de chacun de ces

groupes un texte fondateur qui n est sans doute pas Ie resultat

d une defaillance dans a transmission du texte, mais bien plutot

Ie fait d une correction volontaire d une redaction anterieure.

Les differentes edactionset leur incipit

W. Meyer avait propose une distribution de ses emoins en qua-

tre « classes 12,mais a basede sonhypotheseetait par trop etroite

et cette division ne donne pas une image satisfaisante e l etat ac-

tuel de la tradition manuscriite.Deja Mozley avait mis en evidence

une redaction, conserveepar la majorite des temoins appartenant

aux collectionsanglaises, ui se singularisaitpar plusieurs proposi-

tions additionnelles au texte edite par Meyer13. otre nouvelle col-

lation conduit a une autre distribution desdifferents emoins.

C est par un ensemble de variantes communes a plusieurs

temoins que se distingue chacune des redactions ici presentees;

or, l analyse a montre que cet ensemble de variantes se concreti-

se dans un meme incipit qui peut ainsi devenir l identifiant de

chaque redaction. II ne faudra cependant pas oublier que cette

fonction accordee a l incipit ne precede pas, mais decoule de

l analyse des principales variantes de chaque redaction.

Celie communaute d origine entre plusieurs temoins, reunis

donc par un meme incipit, n interdit pas que des variantes pro-

pres a quelques emoins a I interieur d une meme redaction deno-

tent une parente plus etroite entre eux. L inventaire de ces grou-

pes de temoins a l interieur d une meme redaction fera l objet

d un deuxieme niveau d analyse.

ll. Sur ces documents, ct. infra.

U. Ct. MEYER, 1878, p. 209 sq.

13. Ct. MOZLEY, 1929, p. 122-123.

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LA VlELAT{NED'ADAMETEVE

201

Date des emoins et chronologie desdifferentes edactions

Les differentes familIes sont analysees ci dans 'ordre chrono-

logique de l'apparition de leur premier temoin actuellement

conserve. Pourtant la chronologie reelle des differentes redac-

tions n'est pas facile a etablir. Deux indices majeurs permettent

de penser que des Ie xe siecle circulaient deja des temoins de

differentes redactions de la Vie d'Adam et Eve.

D'une part, au moment ou etaient copies en Baviere deux des

plus anciens temoins connus de la Vita Adae et Evae, un lettre,

dans 'orbite de l'abbaye de Saint-Amand en Pevele, transcrivait

un texte, conserve dans Ie manuscrit Paris, BNF., lat. 5327, qui

suppose 'existence, des cette epoque, d'une redaction qu'on ne

connait plus aujourd'hui que par des copies plus recentes14.

D'autre part, des la fin du xe siecle, une longue paraphrase

poetique de la Vita Adae et Evae rut incorporee au poeme celti-

que Sa/tair Na Rann, ecrit en moyen-irlandais15.Or, les variantes

dont temoignent cette paraphrase se retrouvent dans la traduc-

tion latine d'une recensionproche des recensionsorientales deja

signalee plus haut, dont semble aussi dependre pour partie la

redaction anglaiseeditee par Mozley.

Limites de Get nventaire

L'inventaire raisonne propose ici constitue la premiere etape

d'un travail de longue haleine: il pose es basesd'une analyse qui

avait pour but ideal, sansdoute inaccessible, 'etablir Ie texte de la

recension atine de la Vie d'Adam et Eve, en passantpar l'etape

intermediaire de l'edition critique de sesdifferentes redactions.Ce

travail intermediaire est aujo1Jlfd'huioin d'etre acheve; l n'a ete

mene a bien que pour les deux redactionsd' Allemagne du Sud16 t

de Boheme.Malgre ces imites -l~ lecteur serasensiblea la diffe-

rence de traitement entre les diffdrentes redactions -il n'a pas

pam inutile de presentercet invenmire qui rend compte des resul-

14.Cf. infra, p. 238-239.

15,La Vita Adae et Evaea ete traduite ttes tot dansde nombreusesangues

europeennes.M. Stone a en a dQllne une rapide recension: STONE, 992,

p.1l2-115 (vieil irlandais) et 118~121(autresanguesmedievales).La par-

tie du Saltair Na Rann qui transait la Vita Adae et Evae a ete editee dans

The Irish Adam and Eve Story rom Saltair Na Rann, vol. I: Text and

Translation by D. GREENE F, KELLY; vol. II: Commentary by B. O.

MURDOCH, ublin, 1976. Le poeme est date de 988.

16. L'edition conservee de cette redac1Jion arrotta dans a livraison 1998

d'Archivium latinitatis Medii Aevi (ALMA).

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202

J. P. PE1TORELLI

tats obtenusdans a recherchedes emoins de la Vita Adae et Evae

et manifeste ainsi l importance qu elle eut pour les communautes

medievales,et a la fois l ampleur et Ie cheminement e sa diffusion.

Regleseditoriales

Les temoins des differentes redactions sont rangesdans ordre

chronologique. La description des manuscrits est presenteede la

fa~onsuivante apres e sigle, on trouve la ville, la bibliotheque, la

cote du manuscritdans e ~talogue de la bibliotheque et Ie nume-

ro des olios de debut et de fin de la copie de la VitaAdae et Evae

si Ie texte est ecrit sur deux colonnes, a indique la colonne de

gauche, b la colonne de droite; apres un point virgule, est decrite

la structure du manuscrit Ie nombre de folios, la matiere, les me-

sures externes en millimetres (les mesuresen pouce donnees par

les cataloguesanglais ont ere converties)et, si c est e cas, a preci-

sion que Ie texte est ecrit SUIf eux colonnes; apres un autre point-

virgule, suivent enfin la date probable d ecriture et Ie lieu d origi-

ne du document. Seules sont communiquees leg informations

connuesa partir des cataloglUes u verifiees sur pieces.

Les sigles majuscules donnes par Meyer aux trois principaux

temoins de son edition et leg siglesproposespar Mozley pour tous

les siens ont ete conserves; es sigles, numeriques ceux-Ia, attri-

hues par Meyer aux autres1emoins,ont ete abandonnes; es sigles

retenus ici, composes d une majuscule suivie d une minuscule,

rappellent Ie plus souvent e nom du lieu de provenance.L Incipit

est constitue par leg premiers mots du recit, ici Ie §1, et l Explicit

par la derniere phrase du corps du texte. Pour eviter toute ambi-

guite, leg mots incipit dans Ie titre et explicit dans l intitule final

n ont pas ete retranscrits.

La numerotation des paragraphes est celle de l edition de

Meyer; l edition de Mozley, qui incorpore au texte de la Vita

Adae et Evae des traites qui n y appartiennent pas vraiment, ne

l a pas respectee ntegralenl.ent.

Dans leg citations, les graphies des temoins sont conservees,

en particulier les majuscules et leg representations des nombres;

seules eg diphtongues ael De representees par un e cedille sont

transcrites; les crochets, < ->, signalent un mot manquant, leg

crochets droits, [ -], une variante proposee par quelques manus-

crits, leg parentheses, ( -), une lecture douteuse, eg accolades,

{-}, un mot a supprimer, Ie plus souvent un doublon.

Les listes de variantes entre les redactions ou entre leg grou-

pes a l interieur d une meme redaction ne sont pas exhaustives.

Les exemples choisis nous semblent suffire a manifester leg

parentes qui unissententre eux es differents temoins.

Page 204: Apocrypha 10, 1999

8/20/2019 Apocrypha 10, 1999

http://slidepdf.com/reader/full/apocrypha-10-1999 204/332

LA VIE LATINE D'ADAM ET EVE

203

TABL£i\U DES SIGLES

A = London

British Library

ArundeI326,42r-5Ov 2 2

Ab = Aberystwyth

National Library of Wales

M335A (Hengwrth 239),

13Ov-I40 25,S

Ad = Admont

Stiftsbibliothek

Ms. 25,27Ova-272vb 21.1

Ah = Miinchen

Bayerische Staatsbibliothek

clm 2800, 24Ora-262rb 28J

Aj = Alba Julia

Batthyaneum

Ms. I. 76,41Ova-414va 275

Am = Ann Arbor

Library of Junius Beal

Ms.l,43v 28'9

Ap =Munchen

Bayerische Staatsbibliothek

clm 2778,264rb-27Ora 287

As = Aschaffenburg

Hofbibliothek

Ms. 44, 57r-60r 234

Au = Miinchen

Bayerische Staatsbibliothek

clm 4350,28v-29v 231

B = Oxford

Balliol College Library

ms. 228,203ra-206va 233

Ba = Berlin

Staatsbibliothek zu Berlin -

PreussischerKulturbesitz

Theol. at. Qu. 151,201r-207v 275

Bb = Munchen

Bayerische Staatsbibliothek

clm 4756,214r-222r 285

Bc = Berlin

Staatsbibliothek zu Berlin -

PreussischerKulturbesitz

Theol.lat. Qu. 316, 04r-l08r 224

Bd = Berlin

Staatsbibliothek zu Berlin -

PreussischerKulturbesitz

Theol. at. Qu. 369,66ra-67vb 230

Bf= Berlin

Staatsbibliothek zu Berlin -

PreussischerKulturbesitz

Theol.lat.Fol.395, 1ra-5ra 281

Bh = Munchen

Bayerische Staatsbibliothek

clm 26630,351r-354r 249

Bk = Bratislava

Kapitulska Kniznica

88, 115ra-1l7ra 290

Bp = Budapest

OrszagosSzechenyiKonyvtar

Ms. 390, 253r-258r 250

Br = Bruxelles

Bibliotheque royale Albert ler

IV 715, 1r-llv 273

C = London

British Library

Harley 526, 68r-77r 254

Ca = Krakow

Biblioteka Jagiellonska

1674 CCV 17), 79vb-83ra 282

Cb = Krakow

Biblioteka Jagiellonska

2403 = DD XVII 2), 25v-32r 276

Cc = Krakow

Biblioteka Jagiellonska

431,119va-121va 274

D = London

British Library

Harley 495, l. 43r-5Or 248

Di = MUnchen

Bayerische Staatsbibliothek

clm 5604,156va-160va 212

Do = Donaueschingen

Hofbibliothek

449, 1r-5r 284

Page 205: Apocrypha 10, 1999

8/20/2019 Apocrypha 10, 1999

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204 J. P. PE1TORELLI

Dr = Dresden

Landesbibliothek

A 182f, lr-6v 223

Du = Dublin

Trinity College Library

cod. 509,p. 297-306 233

E = London

British Library

Harley 275, 153r-158v 258

Ea = Erfurt

Stadt- und Regionalbibliothek

CA 40 124, 196ra-203rb 280

Eb = Miinchen

Bayerische Staatsbibliothek

clrn 5865,342r-346r 227

Ee = Miinchen

Bayerische Staatsbibliothek

clrn 5976,82r-l64r 287

Eq = Erfurt

Stadt- und Regionalbibliothek

CA 80 8, 76v-78r 271

Es = Esztergom

FoszekesegyhliziKonyvtar

II,7,p.341-351 290

F = London

British Library

Harley 2432, r-lOv 256

Fa = Fulda

HessischeLandesbibliothek

B3, 72ra-78rb

Go = Gottweig

Stiftsbibliothek

Ms. 306 (344), 221va-224vb 272

Gz = Graz

Universitatsbibliothek

904, 164r-169v

Hm = San Marino (California)

Huntington Library

HM 1342,4r-15v

Hz = Herzogenburg

Stiftsbibliothek

Ms. 43, 247ra-25Ovb

Ig = Miinchen

U niversitatsbib iothek

20Cod. mg. 678,82ra-85ra

In = Miinchen

Bayerische Staatsbibliothek

clm 7685, 122r-126v 212

It = London

Inner Temple Library

Petyt MS 538.36,140-148 257

J = Cambridge

St John s College

Ms. 176 (G 8), 67r-74v 256

Kb = Kobenhavn

Det Kongelige Bibliotek

Ny kgi. SamI.143, to,47va-49va 26

Ko = Koln

Historisches Archiv

GB 40113, 68r-74r 225

Kr = Kremsmiinster

Stiftsbibliothek

Ms. 124, 286ra-287vb 280

Kz = Koblenz

Landeshauptarchiv

Best. 701Nr. 239, 222v-223v 243

L = London

Lambeth PalaceLibrary

352, r-4v 255

Lh = Miinchen

Universitatsbibliothek

20Cod. ms. 103,160ra-164ra 213

Lj = Ljubljana

Franciskanski Samostan

85, 97ra-99vb 285

Lm = Lund

Universitetsbiblioteket

Medeltid 30, 149v-153v 233

Ls = London

British Library

Sloane 289, 73v-79v 257

M = Miinchen

Bayerische Staatsbibliothek

clm 19112,156r-163v

Ma=Milano

Biblioteca Ambrosiana

035 sup., 95r-99v 261

Mf = Miinchen Bayerische

Staatsbibliothek

clm 9022, 311ra-318rb

243

209

74

225

84

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LA VIE LATINE D' ADAM ET EVE 205

Mu = Miinchen Pu = Praha

Universitatsbibliothek Narodni knihovna (Bibliotheque

40Cod. ms. 807, 53v-59v 225 nationale) Ceske republiky

Na = Namur V. A. 7, 196va-198vb 248

Bibliotheque de la Societe Pv = Praha

archeologique Narodni knihovna Ceske epubliky

ms. 162, 128r-131r 226 X. E. 13 (Cim. K. 155),

Ne = Chicago 85v-88v 271

Newberry Library Pw = Praha

f6,224r-228v 209 Narodni knihovna Ceske epubliky

Nu = Niirnberg XI. C. 8 (Cim. K. 267),

Stadtbibliothek 206v-209r 283

Cent. IV 82, 509ra-514rb 249 Px = Praha

Oc = Olomouc ' Narodni knihovnaCeske republiky

Bibliotheque Nationale XIV. G. 11, 132ra-137va 281

M 11157,227b-232a 290 Q = Oxford

Os = Oxford Queen's College

Bodleian Library 213,lr-7r 250

MS. Selden upra74,14ra-18rb 253 R = London

P = Cambridge British Library

Corpus Christi College Royal 8 FXVI, 55ra-59ra 253

MS 275, 9ra-14vb 256 Ri = Miinchen

Pa = Paris Bayerische Staatsbibliothek

Bibliotheque nationale de France clm 15610,165r-169v 284

ms. at. 5327,81v-87r 238 Ru = Rouen

Pb = Paris Bibliot¥'que municipale'

Bibliotheque Nationale de France ms. U 65, 245ra-245vb J. 254

ms.lat. 590, 163r-168v 232 Rz = Miinchen

Pc = Paris Bayerische Staatsbibliothek

Bibliotheque Nationale de France clm 16472,165vb-172ra 272

ms. at. 3768 (Baluze 895), S = Miinchen

lr-5r 255 Bayerische Staatsbibliothek

Pg = Miinchen clm 17740,37r-47r 208

Bayerische Staatsbibliothek Sa = Schlag

clm 11796,152r-156r 213 Stiftsbibliothek

Pn = Miinchen 156,405v-409v 277

Bayerische Staatsbibliothek Sc = Miinchen

clm 11740,291ra-296vb 212 Bayerische Staatsbibliothek

Po = Miinchen cgm 3866, 194ra-l99vb 237

Bayerische Staatsbibliothek Se = Miinchen

clm 11601,88rb-88vb 222 Bayerische Staatsbibliothek

Pr = Paris clm 17668,77vb-81rb 285

Bibliotheque nationale de France Sf = Miinchen

lat. 3832,p. 181-192 260 Bayerische Staatsbibliothek

clm 17151, 177v et 27r 247

,

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206

J. P. PETfORELLI

236

283

276

236

281

209

287

283

VI = Wien

Osterreichische

Nationalbibliothek

Cod. 1629,98v-101vet 104r 232

W = Winchester

Cathedral Library

VII,109vb-1l2ra 241

WI = Wolfenbiittel

Herzog August Bibliothek

Cod.Guelf. 29.7 Aug. 4°,

189ra-192vb 226

Wh = Wertheim

Evangelische Kirchenbibliothek

ms. 726, 231

Wo = Wolfenbiittel

Herzog August Bibliothek

Cod.Guelf. 415 Helmst.,

1r-4r 282

Ws = Miinchen

Bayerische Staatsbibliothek

clm 21534,101r-102r 222

Wu = Wiirzburg

Universitatsbibliothek

M.ch.q.23, 68r-72r 249

Zp = Miinchen

Baye ifChe Staatsbibliothek

J

lm 23929, 32ra-34vb ' 277

Zw = Zwettl

Stiftsbibliothek

Ms. 13,221va.,223ra 210

224

211

271

213

Sg = Sankt Gallen

.Stiftsbibliothek

927,p. 225ra-235ra

Sh = Schlag

Stiftsbibliothek

198,lra-4vb

Sr = Striingnas

Domkyrkobiblioteket

Q 16 (Op.l), 5r-9r

Sw = Stuttgart

Wiirttembergische

Landesbibliothek

HB XII 20, 132ra-134vb

Sz = Alba Julia

Batthyaneum

Ms 35, 42ra-45ra

T= Mtinchen

Bayerische Staatsbibliothek

clm 18525b,89v-95v

Te = Mtinchen

Bayerische Staatsbibliothek

clm 18597,273sq.

Tg = Mtinchen

Bayerische Staatsbibliothek

clm 18406,95va-98va

Up = Uppsala

Universitetsbiblioteket

C77,83r-91r

Va = Wien

Osterreichische

Nationalbibliothek

Cod. 1355, 92r-97v

Vb = Wien

Osterreichische

Nationalbibliothek

Cod. 1628,95rb-98ra

Vd=Wien

Osterreichische

Nationalbibliothek

Cod. 2809,308va-31Ovb

Ve = Valenciennes

Bibliotheque municipale

illS. 168,241ra-242vb

230

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207

A VIE LA TINE D ADAM ET EVE

1. LA REDAcrION D ALLEMAGNE DU SUD

La premiere redaction presentee ci a pour elle d etre transmi-

se par deux des trois plus anciens temoins de la Vita Adae et

Evae, es manuscrits S et 7::Les quatorze temoins reperes a ce

jour sont originaires de Baviere et d Autriche et pour cette rai-

son nous la designerons sous Ie nom de redaction d Allemagne

du sud (= RAS)17.

Caracteres ropres Ii cet ensemblede manuscrits

Ces emoins ont en communI8

1) Leur incipit. Alors que dans toutes les autres redactions

connues l incipit contient la formule cum expulsi fuissent (ou

essent),et Ie nom de nos premiers parents, dans celle-ci il est

introduit par la formule Quando expulsi sunt, accompagnee,ou

non, du nom des deux protagonistes, Adam et Eva et s enonce

ainsi: {Adam et EuaJ quando expulsi sunt de paradiso fecerunt

sibi tabemaculum et fuerunt septem dies lugenteset lamentantes

in magna tristicia. Post septemautem dies ceperuntesurire et que-

rebant escamut manducarentet non inueniebant19.

2) L ignorance de la deuxieme partie de l Apocalypse d Adam.

La double pericope propre a la Vie latine, §25-29d, onnue SallS

Ie nom d Apocalypse d Adam, se compose de deux elements: Ie

fecit d une assomptiond Adam jusqu au traDe de Dieu (§ 25-29)

17. Cette redaction est res proche de la Classe de Meyer (MEYER,1878,

p. 209-210),puisqu elle est ondee en partie sur eg memes manuscrits,a

savoir leg trois plus anciens emoins de la Vita Adae et Evae conservesa

Munich, legmanuscritsS T M. Selon a presentation qu il donne lui meme

de la classe , Meyer n a collationne que ces rois manuscrits et seulement

cite legquatre autres emoins conserves la Bibliotheque d etat de Munich

qu il avait reperes, ici leg manuscrits Di, In, Pn et Pg .

18. Les paragraphessuivants resument analyse presentee dans l intro-

duction a l edition critique de cette redaction a paraitre dans ALMA.

19. Les principales variantes: [Adam et Eua add. G3] quando [primi

parentessilicet Adam et Eva add. Lh] expulsi sunt [Adam et Eua add. Ne

Fa] de [a Vd] paradiso [ Adam et Eua add. In et add. Lh] fecerunt sibi

tabemaculumet uerunt septemdies diebus Lh V d] lugentes t amentantes

[clamantes G2b] in magna tristicia. Post septem sex Ne] autem dies cepe-

runt esurire et querebant escamut manducarentet non [nihil In] inuenie-

bant [inuenerunt Fa].

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208

J. P. PElTORELLI

et Ie contenu d'une revela~ionsur l'histoire du Temple qui lui fut

peut-etre faite a cette occasion § 29-29d). Notre redaction est a

seule a ne pas transmettre cette deuxieme partie2O

3) Une duree de l'attente du Messie, nettement plus longue que

celIe qui es proposee par les autres redactions; elle est ici: sex

milia et quinquaginta ann , alors que Meyer lit quinque milia et

quingenti anni et Mozley quinque milia ducenti viginti et octo

anni; les redactions plus tardives retiennent des durees plus

courtes encore.

Les emoins

S = MUnchen, Bayerische Staatsbibliothek, clm 17740,37r-47r;

113 ff., parchemin, 21Ox170; e siecle, originaire de l'abbaye de

St-Emmeran de Regensburg, ce manuscrit appartenait a St-

Mang, autre monastere de cette ville21.

-Titre: Vita Adam et Aeuae.

-Incipit: Quando expulsi sunt de paradyso ecerunt sibi taberna-

culum et fuerunt septem dies lugentes et lamentantes n magna

tristicia Post septemauteffr dies coeperunt esurire et quaerebant

aescamut manducarentet non inueniebant.

-Explicit: quia septimo die signum resurrectionisest uturi seculi

requies et in die septimo requieuit dominus ab omnibus operibus

suis. Tuncsethfecittabulas II (§ 51a)

20. Ce passage, eflexion sur J.'histoiredu Temple, etait connu puisqu'il

est deja transmis par Ie Paris BNF lat. 5327, presque contemporain de S

et de T. S'agit-il d'un fetus dc proposer une meditation dont la relation

avec 'histoire du premier couple n'apparaissaitpas clairement ?

21. Catalogus Codicum Latinorum Bibliothecae Regiae Monacensis, ci-

apres = CCLM, suivi des nunlleros du tome, de la partie et de la page),

II, III, 119. -Inventorie dans Ie Catalogus manuscriptorum librorum

bibliothecae Monasterii Sancti Magni, etabli sur oldIe du duc Maximi-

lien I de Baviere en 1610,publie par F. fuCHS, Bildung und Wissenschaft

in Regensburg,Neue Forschul' genund TexteausSt. Mang in Stadtamhof,

Beitriigezur Geschichte nd Quellenkundedes Mittelalters,13, 1989,p. 42-

80. -F. Fuchs precise: "Der Jnhalt des m ausgehenden 0. Jahrhundert

geschriebenenTeiles del Ha~dschritt (tol. 1v-106v) stimmt genau ube-

rein mit einem im Zuwachsverzeichnis del St. Emmeramer Bibliothek

aus del Zeit des Abtes Ramwold (t 1000) verbuchten Codex" (Ibid, p.

42, note 119), et renvoie a C. E. lNEICHEN-EoER, ittelalterliche Biblio-

thekskatalogeDeutschlandsund der SchweiJ3,. IV, 1, Miinchen, 1977,p.

148,1.55. L'inventaire de St-Emmeran,edite par C. E. lNEICHEN-EoER,

dans lequel est signale ce manuscrit, commence ainsi: «Anno D CCCC

XCIII indictione VI haec adbreuiata acta est».

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LA VIE LATINE D ADAM ET EVE

209

T :;: Miinchen, Bayerische Staatsbibliothek, clm 18525b,89v-95v;

95 ff., parchemin, 245x180;xe siecle, abbayede Tegemsee22.

-Titre (en caracteres cursifs tardifs): Penitentia ade et eue

quando expulsi sunt de paradiso.

-Incipit: Quando expulsi sunt deparadyso fecerunt sibi taberna.

culum et uerunt vifemdies ugenteset lamentantes n magna tristi.

cia post vii autem dies coeperunt esurire et quaerebant escamut

manducarentet non inueniebant.

-Explicit (de la me-meecriture que Ie titre): Octauus uero dies

future et eterne beatitudinis est in quo omnes sancti cum ipso

creatore et saluatore simul cum anima et corpore numquam de

ceteromorituri regnabuntper infinita seculaseculorumAmen.

-lntitule de fin (sans doute de la me-memain que Ie titre, mais

d une ecriture plus grande) :penitentia ade etEue.

M = Mtinchen, BayerischeStaatsbibliothek, clm 19112,156r-163v;

178 ff., parchemin, 200x120; XIle siecle, abbaye de Tegemsee23.

-Deux titres initiaux: Ie premier, contemporain de l ecriture du

manuscrit : De Ada et eva et un second: Tractatulusde expulsio-

ne de paradiso ade et eue, en marge, d une ecriture tardive tres

semblable a celie du titre de T.

-Incipit: Quando expulsi sunt de paradyso fecerunt sibi taberna-

culum et uerunt vii dies ugenteset lamentantes n magna tristicia

Post vii autem dies ceperuntesurire et querebantescamut mandu-

carent et non inueniebant.

-Explicit: quia septimo die signum resurrections est uturi seculi

requies et in die septimo requieuit dominus ab omnibus operibus

suis. Tunc Seth ecit tabulas II (§ 51a).

Ne ;:=Chicago, Newberry Library, f6, 224r.228v; 228 ff., parche.

min, 24Ox195;ecrit en Autriche ou en Allemagne du slid dans a

premiere moitie du XIIe siecle, il appartenait a la bibliotheque

de l abbaye benedictine de Lambach, Oil il portait la cote 7724.

22. CCLM, II, Ill, 170. Cf. C. E. EVER, Die Schule des Klosters Tegernsee

im fruhen Mittelalter im Spiegel der Tegernseer Handschriften, Milnche-

neT Beitriige zur Mediiivistik und Renaissance Forschung, 1972, p. 32. L Ex.

plicit, surajoute, est emprunte a I une des redactions tardives. C. E. Eder

n etudie pas Ie deuxieme manuscrit de Tegemsee, plus tardif, temoin Iui

aussi de notre recension, Ie clm 19112.

23. CCLM, II, Ill, 232.

24. PAUL SAENGER, catalogue of the Pre-1500 Western Manuscripts Books

at the Newberry Library, Chicago, 1989, p. 14-16. Sur Ie scriptorium de

Lambach, cf. Mittelalterliche Bibliotheks Kataloge Osterreichs

(= MBKO), Bd. 5, Oberosterreich, b. v. H. PAULHART,Wien, 1971,p. 49-58.

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8/20/2019 Apocrypha 10, 1999

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210

J. P. PE1TORELLI

-Sans titre.

-Incipit: Quando expulsi sunt adam et eua de paradyso ecerunt

sibi tabernaculum et fuerunt vii dies lugentes et lamentantes

in magna tristicia Post sex autem dies ceperunt esurire quia

querebantescamut manducarentet non inueniebant.

-Explicit: Posteacum magna esta sepelieruntearn ilii eius Cum

essent / (§51).Le dernier folio du manuscrit a disparu.

Fa = Fulda, HessischeLandesbibliothek, B3, 72ra-78rb; 170 t.,

parchemin, 32Ox210, col. ; du tout debut du XIIIe siecle (entre

1198 et 1208),abbaye de Weingarten25.

-Titre: de Vita Adae.

-Incipit: Quando expulsi sunt adam et eua de paradyso fecerunt

sibi tabernacula et fuerunt vii dies lugenteset lamentantesmagna

tristicia post vii uero dies ceperunt esurire et querebant escamut

manducarentet non inuenerunt.

-Explicit: quia septimo die signum resurrection s est futuri

saeculi requies et in die septimo requieuit dominus ab omnibus

operibus suis Tunc Seth ecit lapideas tabulas et tabulas luteas et

scripsit in eis omnem uitam patris et matris / / (§ 51a).

Zw = Zwettl, Stiftsbibliothek, Ms. 13, 221va-223ra;234 ft., par-

chemin, 428x322,2 col. ; d\Jl remier tiers du XIIIe siecle26.

-Sans titre.

-Incipit : Adam et eua quando expulsi sunt de paradyso ecerunt

sibi tabernaculum et fuerunt VII dies ugenteset lamentantes rae

magna tristitia. post VII autem dies coeperuntesurire et querebant

25. R. HAUSMANN, ie philol~gischen, naturwissenschaftlichen nd uris-

tischenHandS chriften er Hessischen andesbibliothekFulda his zum ahr

1600,SignaturengruppenB. C, D., Die HandS chriften er Hessischen an-

desbibliothek Fulda, Bd. 2, a paraitre a Wiesbaden, in 1998.Je remercie

vivement Mme R, Hausmann,du departementdesmanuscritsde a Wtirt-

tembergische Landesbibliothek a Stuttgart, de m avoir envoye leg

epreuves de son catalogue. L existence de ce manuscrit deja etait signa-

lee dans e cataloguede K. LOFFLER, ie HandS chriften esKlostersWein-

garten, Leipzig, 1912,p, 102. -On trouvera une reproduction de l ini-

tiale de la Vita Adae dans Die liluminierten Handschriften der Hessischen

Landesbibliothek Fulda, Bd. 1..Handschriften des6. his 13. lahrhunderts,

b, v. H. KOLLNER, tuttgart, 1976,Kat. 52, n° 506,

26. S. ROSSLER, erzeichnis :ter Handschriften der Bibliothek desStiffS

Zwettl, in Xenia Bernardina, pars 2a, Handschriften- Verzeichnisse,. 1,

Wien, 1891, . 305; CH. ZIEGI£R, ZisterzienstiftZwettl. Katalog der Hand-

schriften des Mittelalters, t 1, Cod. 1-100,Wien, 1992,p. 31-37,

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LA VIE LATINE D ADAM ET EVE

211

escamut manducarentet non inueniebant.

-Explicit: adam post xl dies ntroiuit in paradysum domini et eva

post lxxx Et fuit adam in paradyso annos vii.

La Vita Adae et Evae est copiee en appendice au t. I du Grand

legendierautrichien.

Ad = Admont, Stiftsbibliothek, Ms. 25, 270va-272vb;272 f., par-

chemin, 407x295,2 col.; XIIIe siecle2\

-Titre: De eiectioneAdam.

-Incipit: Adam et eua quando expulsi sunt de paradyso ecerunt

sibi tabernaculum et fuerunt VII dies ugenteset lamentantes rae

magna tristitia. post VII autem dies coeperuntesurire et querebant

escamut manducarentet non inueniebant.

-Explicit: Ecce dominus ueniet n sanctismilibus suis acere iudi-

cium et arguere omnes mpios de malis operibus suis quibus locu-

tus estdeus peccatores mpii murmuratores / / (§51d). Le demier

folio du manuscrit a disparu mais seuls les demiers mots du

texte ont ete perdus.

Comme dans Zw, la Vita Adae et Evae est ecrite ici en appendice

au t. I du Grand Legendier Autrichien.

Va = Wien, Osterreichische Nationalbibliothek, Cod. 1355, 92r-

97v; 168 ff., parchemin, 175x125; XIye-xyesiecle28.

-Titre: De expulsione ade et eue de paradiso (en marge: de

morte adam et eue).

-Incipit: Quando expulsi sunt de paradiso fecerunt sibi taberna-

culum et uerunt vii dies ugenteset lamentantes n magna tristicia

Post vii dies ceperunt esurire querebant escamut manducarent et

non inueniebant.

-Explicit: quia septimo die signum resurrectionisest uturi seculi

requies et in die septimo requieuit dominus ab omnibus operibus

suis Tunc Seht fecit tabulas lap deas et luteas et scripsit in eis

omnem uitam parris et matris / / (§ 51a).

27. J. WICHNER, ataloguemanuscrit de a bibliothequede abbayed Ad-

mont,1887 reprint: Catalogof Manuscripts n Stilt Admont, Austria, Uni-

versity Microfilms International, Ann Arbor, Michigan), p. 28. Sur l his-

toire de la bibliotheque m6di6vale d Admont, cf. MBKO, Bd. 3, b. v. G.

M6sER-MERSKY, ien, 1961,p.1-9.

28. Tabulae Codicum manuscriptorum praeter Graecos et Orientales in

Biblioteca Palatina Vindobonensi asservatorum,ci-apres TCMV), vol.. I,

Cod. 1-2000,Wien, 1864, reprint: t. I, = vol. I et II, Graz, 1965),p. 226-

227.

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212

J. P. PElTORELLI

Di = Munchen, Bayerische Staatsbibliothek, clm 5604, 156va-

16Ova;298 ff., papier, 315x210,2 col.; Xve siecle, monastere de

Diessen29.

-Titre: Vita Ade et Eve transgressio.

-Incipit: Quando expulsi sunt de paradiso fecerunt sibi taberna-

culum et uerunt septemdies lugenteset clamantes n magna tristi-

cia Post 7tem autem die~ ceperunt esurire querebant escam ut

manducarentet non inueniebant.

-Explicit: quia septimo die signum resurrectionisest uturi seculi

requies et in die septimo requieuit dominus ab omnibus operibus

suis Tunc Seht ecit tabulQ.5etc. / (§ 51a).

In = Miinchen, Bayerische Staatsbibliothek, clm 7685, 122r-126v;

215 ff., papier, 220x150;xye siecle, abbaye d lndersdorf3°.

-Titre: De penitentiapri~rorum parentum Ade et eue.

-lncipit : Quando expulsi .fiuntde paradiso Adam et Eua fecerunt

sibi tabemaculum et ierunt septemdies ugenteset lamentantes n

magna tristicia Post vii ar,tem dies ceperuntesurire et querebant

escamut manducarentet nihil inueniebant.

-Explicit: et tradidit michahele dicensSit in custodia ua usque n

diem defensionis in suppliciis ad annos nouissimos quando / /

(§47). Le demier folio du texte estperdu.

Pn = Mtinchen, Bayerische Staatsbibliothek, clm 11740,291ra-

296vb; 312 ff., papier, 210x150, 2 col.; xye siecle, abbaye de

Polling31.

-Titre: Gestade Adam et Eva et de expulsioneeorum32.

-Incipit : Quando expulsi sunt de paradiso fecerunt sibi thaberna-

culum et fuerunt tem dies ugenteset clamantes n magna tristicia

Post tem dies ceperunt esurire et querebant escamut manduca-

rent et non inueniebant.

-Explicit: quia septimo die signum resurrectionisest uturi seculi

requies et in die septimo requieuit dominus ab omnibus operibus

suis. Tunc seth ecit tabulas / / (§ 51a).

29. CCLM, I, III, 27.

30. CCLM, I, III, 187.

31. CCLM, II, II, 35.

32. Lecture incertaine puisqlJle,ors d une reliure ulterieure, les ettres du

titre ont e:te: oupe:espar Ie milieu, mais ce titre correspond a celui du

manuscrit suivant (Pg), orig~naire ui ausside Polling.

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LA VIE LATINE D ADAM ET EVE

213

Pg = Mlinchen, Bayerische Staatsbibliothek, clm 11796, 152r-

156r; 173 ff., papier, 220x160; xye siecle, abbaye de Polling33.

-Titre: Gestade Adam et Eva et de expulsioneeorum.

-Incipit: Quando expulsi sunt de paradiso fecerunt sibi taberna-

culum et uerunt septemdies ugenteset clamantes n magna tristi-

cia Post septemautem dies ceperunt esurire et quaerebantescam

ut manducarentet non inueniebant.

-Explicit: quia septimo die signum resurrectionisest uturi seculi

requies et in die septimo requieuit dominus ab omnibus operibus

suis. Tunc seth ecit tabulas / / (§ 51a).

Lh = Munchen, Universitatsbibliothek, 20 Cod. ms. 103, 160ra-

164ra; 322 ff., papier, 29Ox210, col.; ecrit veTS1445, convent

franciscainde Landshut, Allemagne du sud34.

-Sans titre.

-Incipit: Quando primi parentesscilicet adam et eua expulsi sunt

de paradiso et fecerunt sibi tabemaculum et fuerunt septemdie-

bus lugientes n magna tristicia Post septemautem dies ceperunt

esurire et querebantescamet non inueniebant.

-Explicit: Quia septimo die signum resurrectioniset uturi seculi

et in die septima requieuit ab omnibus operibus suis. Tunc seth

sicut precepit ei mater eius ecit tabulasAmen. II (§ 51a).

V d = Wien, Osterreichische Nationalbibliothek, Cod. 2809,

308va-31Ovb;310 t., papier, 305x210,2 col.; xyesiecle, couvent

des Augustins de St. Dorothea a Vienne35.

-Sans titre.

-Incipit: Adam et Eua quando expulsi sunt a paradiso fecerunt

sibi tabernaculum et fuerunt septem diebus lugentes et lamen-

tantesprae magna tristicia. Post vii autem dies ceperuntesurire et

querebantescamut manducarentet non inueniebant.

33. CCLM, II, II, 40.

34. N. DANIEL, G. KORNRUMPF, . ScHOTT,Die Handschriften der

Universitiitsbibliothek Miinchen, t. III, Die lateinischen mittelalter.

Handschriften aus der Folioreihe, Ie H., Wiesbaden,1974,p.164-167. Sur

l histoire des manuscrits du monastere franciscain de Landshut, cf. l in-

troduction de G. KORNRUMPF,Die Handschriften del Landshuter

Franziskaner n del Universitiits-bibliothek Munchen », Ibid. p. XIII-XX

35. TCMY; t. II, p. 136 et H. MENHARDT, erzeichnisder altdeutschenite-

rarischenHandschriftender osterreichischen ationalbibliothek,Bd.1, Ber-

lin, 1960, . 320-1.Les informations concernant origine et lesdimensions

des manuscrits e a Bibliotheque nationaled Autriche m ont ete tres aima-

blement communiqueespar Mme K. Hranitzky, du cabinetdes manuscrits

de cette bibliotheque; qu elle en soit bien sincerement emerciee.

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J. P. PE1TORELLI

-Explicit: Adam post quadraginta dies intrauit in paradisum Et

Eua post octuaginta dies et Adam in paradiso annos septem uit.

Ce manuscrit transmet pour l'essentiel, du f. la au f. 308a, Ie

Chronicon mundi, de Rudolphus yon Emse, versibus germanicis

concinnatum. II a perdu un folio de la Vita Adae et Evae, entre

les § 27 et 42, soit 30 du texte. Ce folio se situait originelle-

ment entre les folios 309 et 310 actuels.

Les trois groupesde manuscrits.Leurs relations

La collation des differents temoins conduit ales classer en trois

groupes:

-Ie groupe 1 (Gl) comporte quatre des plus anciens manuscrits

de la Vita Adae et Evae conserves: Set T du IXe-Xe, et M et Ne

du XlIe, auxquels s'adjoignent Lh et In du xye siecle36;

-Ie groupe 2 (G2) se compose des manuscrits Fa, du tout debut

du XlIIe, Va, du XIye, Di, Pn et Pg, du xye siecle;

-Ie groupe 3 (G3 ), entin, regroupe leg manuscrits Ad et Zw du

XlIIe37, et V d du xye siecle.

Les differences determinantes entre ces groupes de temoins peu-

vent se ranger en deux series: accord des groupes Gl et G3 face

a G2, et accord de Gl et G2 face a G3.

a) Accord de Gl et G3 face a G2

Au §8, la ou G2, en distinguant a juste titre Ie comportement

des animaux et celui du fleuve, ecrit: Statim omnia animancia

uenerunt et circumdederunt eum et aqua iordanis stetit ab ilIa

hora non agens cursum suum, Gl et G3 attribuent leg differents

comportements aux seuls animaux: Statim omnia animantia

uenerunt et circumdederunt eum ex aqua iordanis, steterunt ab

ilIa hora non agentes cursum eorum.

Au §14,seulG2 a conserve a phrasecomplete: Non habeoegoado-

rare Adam Et compellit me Michael adorare. Et dixi ad eum..Quid

me compellis ? Gl et G3, a la suite d'un sautdu meme au meme sur

adorare,ont perdu eg mots comprisentre eg deuxadorare.

Au §15, l'expression conservee par quelques manuscrits de G2:

Hoc uidentes ceteri qui sub me erant angeli etait sans doute peu

lisible dans a source de Gl et G3 qui ont soit hesite soit renonce

a la transcrire.

Au §20, Gl et G3 ecrivent: In ilIa autem hora dixit Adam, G2:

Et dixit Adam.

36. On remarquera que Gl, d'origine sansdoute anterieure au X.siecle,

s'est transmis usqu'a la fin du XV'.

37.Ce sont es deuxmanuscrits ditespar G. Eis (cf. supranote 4).

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A VIE LATINE D ADAM ET EVE

On notera encore leg variantes suivantes: au §23, Gl et G3 ne

font aucune allusion a l age d Adam, alors que G2 indique: erat

autemAdam tunc annorum centum et triginta38;au §25, par suite

d un saut du meme au meme, Gl et G3 oublient de signaler a

multitude d anges qui precede e char de Dieu.

b) Accord de Gl et G2 face a G3

La difference la plus importante entre ces groupes vient de ce

qu a partir du §51a, G3 rapporte integralement l histoire des

tablettes sur lesquelles etait ecrite la Vie qu on vient de lire,

alors que la plupart des temoins de Gl et G2 s arretent brutale-

ment: Tunc Seth ecit tabulas39, xpressionqui pent se ire cepen-

dant comme un indice de leur amputation, puisque ce sont ces

memes mots qui introduisent Ie §51a dans G3: Tunc seth fecit

tabulas magnas lapideas. 11est probable que cette amputation

s explique par la perte du dernier folio de la source de Gl et G2.

On ajoutera qu au §1, a plupart des temoins de Gl et G2 ne

donnent pas Ie nom des deux protoplastes et qu au §6, a duree

de la penitence d Eve et Adam, de 37 et 40 ours en Gl et G2,

devient en G3 respectivement de 40 et 47 ours; or cette meme

duree se lit aussidans a redaction anglaise Esto ibi diebus qua-

draginta et ego in /ordanem diebus xl et vii 40.

A partir de ces constatations, on emettra une double hypothe-

se. On admettra, d une part, que G2 a conserve, pour la partie

qu il a en commun avec eg autres groupes, un texte plus complet

que Ie leur, et donc, bien que ses emoins soient plus tardifs que

ceux de Gl, plus proche du texte originel et, d autre part, que leg

deux principales variantes du groupe G3 -au §6, a duree de la

penitence des protoplastes et au §51a, histoire des tablettes de

pierre et d argile 0\1Seth a consigne a vie de sesparents -s ex-

pliquent par une correction du texte de Gl a partir d un temoin

38. Mais seul G2a (= Fa et Va)a conserve information concernant age

d Abel. Ces variantes resultent de differents sauts du meme au meme,

particulierement nombreux aux § 23 et 24.

39. Dans sa redaction initiale T n avait peut-etre pas conserve ces der-

Diersmots -ont its ete grattespar Ie correcteur ardif qui a ajoute a conclu-

sion prise d une autre redaction? Lh vent doDDer t la derniere phrase

un pen d ampleur et ajoute apres Seth,sicut precepit ei mater eius. De

meme G2a remplace ces derniers mots en reprenant a phrase nitiale de

l histoire des ablettes it partir d une redaction differente de celie de G3.

Mais aucun manuscrit de ces deux groupes ne rapporte l histoire des

tablettes de pierre et de terre.

40. MOZLEY,1929,p.130, i~ne 5.

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J. P. PE1TORELLI

d une redaction proche de la redaction anglaise41parvenu en

Autriche, qui a permis a 03 de retrouver l histoire des tablettes

perdue par les deux autres groupes.

2. LES RE:DACnONSRHENANES

Nous abordons maintenant un texte, doni la structure est

commune a de nombreux temoins appartenant pour la plupart

aux provinces du nord de I Europe, et doni l origine se situe sans

doute au creur de l Emplre carolingien. Les caracteristiques

principales de ce groupe de temoins sont es suivantes

1) lis conservent, contrairement a la redaction d Allemagne

du slid, la deuxieme partie de l Apocalypse d Adam (§29-29d).

2) lis ignorent les vari;antes singulieres de la redaction de

Boheme, etudiee ci-apres, et les propositions additionnelles

propres a la redaction anglaise,editee par Mozley.

3) lis n ont pas encore incorpore, comme les redactions tar-

dives, les elements concernant les trois rameaux rapportes par

Seth du paradis, empruntes a la tradition de la Legende de la

Croix.

Aces caracteristiques,plutot negatives,s ajoute la relation qui

les unit, les tins et les autres, au Paris BNF lat. 5327, originaire

de Saint Amand en Pevele et date du xe siecle, qui, dans une

reecriture savante, a conserve la structure et de nombreuses

expressionsde leur propre texte42.

41. Ct. infra, l etude compareede la redaction anglaise.Pour comprendre

la presence de manuscrits d origine anglaise en Allemagne du slid, on

evoquera la presencede moines ecossais i. Sankt Jacobde Regensburg

des 1075et ensuite Ii.Vienne. Ct. C. SELMER,The origin of Brandenburg

(Prussia), The St. Brendan Legend and the Scoti of the tenth century»

dans Traditio, VII (1949-51),416-433, articulierement p. 429-433«<The

Scoti »); F. FUCHS, ildung und Wissenschaftn Regensburg..., ite supra

note 21, § D, II, « Zur Uberlieferung der Vita Mariani Scoti », p. 125-

127,avec a note bibliographique 27 et surtout a note 29, qui rappelle que

la Vita Mariani Scoti a ete trammise par quatre des manuscrits du Grand

legendierautrichien. On se souviendra aussique deux des manuscrits es

plus anciens qui nous ont transmis la Nauigatio Sancti Brendani Abbatis

appartiennent i.notre collectioo: Ie clm 17740 (S) et Ie Newberry f6 (Ne);

ct. Navigatio Sancti Brendani Abbatis rom Early Latin Manuscripts,edi-

ted with introduction and notes by C. SELMER, ublications in mediae-

val Studies XVI, Indianapolis. 1959,p. XXXIV (Ne) et XXXVII (S).

42. Ct. infra, p. 236-239.

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A VIE LATINE D' ADAM ET EVE

Ce texte, tres proche de celui de la Classe II dans la nomen-

clature de Meyer43, ete conserve par vingt-quatre manuscrits44.

Cependant, malgre les caracteristiques communes evoquees ci-

dessus,ces temoins ne transmettent pas une seule redaction; on

doit admettre, en effet, l'existence d'au moins trois groupes de

temoins, que distinguent un ensemblede variantes.

LES TROIS REDACTIONS

Trois incipit differents signalent 'appartenance de chacun des

temoins a trois traditions manuscrites distinctes, appartenance

que confirme l'inventaire des principales variantes qui les speci-

fient.

L'incipit de Rl s'enonce ainsi: Cum expulsi fuissent Adam et

Eua de paradiso fecerunt sibi tabernaculum et fuerunt ibi septem

diebus lugenteset lamentantes n magna tristitia. Post dies autem

septem ceperunt esurire et querere sibi escam ut manducarent et

non habebanf5.

L'incipit de R2 se distingue nettement du precedent: Cum

expulsi essentadam et eua de paradiso fecerunt sibi tabernaculum

et manserunt ibi septemdiebus lugentes n magna tristicia. Post

septemdies ceperunt esurire et querebantsibi escam ut manduca-

43. Seuls appartiennent aux redactions rhenanes rois des quatre manus-

crits retenus par Meyer comme temoins de sa classe I: les manuscritsSc

Eb et Mf, Ie quatrieme, Sf, appartient a la redaction de Boheme. Meyer

avait aussi epere deux autres temoins de MUnich, eg clm 4350 et 21534,

mais ne les utilise que rarement (cf. MEYER,1878,p. 210); enfin grace a

A. Mussafia, il connaissait 'existence du Cod. 1629 de la Bibliotheque

nationale de Vienne, mais rien de precis sur son contenu (AD. MUSSAFIA,

« Sulla Legenda dellegno della croce », Sitzungberichteder Wiener Aka-

demie,phil. hist. Classe, 3,1869,p. 165-216;ct. MEYER, 878,p. 210,note

1 et 214, note 1). Mozley connait Ie manuscrit de Dublin, mais n'y fait

qu'une tres breve allusion (cf. MOZLEY,1929,p. 148,note 1).

44. L'absence du §26 et du debut du §27 dans R2 ne parm tpas un argu-

ment suffisant pour separercette redaction des deux autres,puisque les

trois transmettent par ailleurs Ie meme recit.

45. La forme citee, la plus frequente dans Rl, est empruntee a Bc;

les variantes de detail sont leg suivantes: Ws et Po omettent sibi, Na Ie

premier; Wf et Na. ecrivent fugerunt pour fuerunt,. Ws et Po, lamenta-

bantur a la place de lugenteset lamentantes, scas our escam, nuenerunt

pour habebant,.Up, Ko, Wf et Na ecrivent inueniebanta la place de habe-

bant.

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l.P. PE1TORELU

rent et non inueniebanf6. On aura note Ie subjonctif plus-que-

parfait construit avec essentet non avec fuissent, manserunta la

place de fuerunt, non inueniebant pour non habebant. II s agit

sans doute d une tentative pour ameliorer Ie style de cette

entree en matiere, telle qu elle est presentee par RI.

L incipit de R3 introduit quelques autres variantes47 Adam et

Eva cum expulsi fuissent de paradiso uoluptatis fecerunt sibi

tabernaculum et fuerunt ibi septem diebus lugentes. Coeperunt

esurire adam et eua et quer,ebant ibi escasut manducarentet non

habebant. On notera en particulier la place de Adam et Eva,

l expression paradiso voluptatis, la repetition de adam et eva

apres esurire et Ie pluriel es.casare dans es deux autres groupes.

Differenciation des rois redactions

Des variantes, communes a tOllS eg temoins de chaque redac-

tion48 et dispersees tout au long du fecit, distinguent l une de

l autre ces redactions; Le releve de quelques-unes de ces

variantes manifeste clairement la relative independance de cha-

cune des redactions par rapoport ux deux autres.

Au§3:

Rl : Surgequeramus ut [undeJ uiuamus ne deficiamus.

R2: Surge et queramus nobis aliquid ad manducandum unde

uiuamus et non deficiamus.

R3: Surgequeramus unde vivamus ut non deficiamus.

Au§4:

Rl : Sed iuste et digne plangamus ante conspectum domini qui

fecit nos et peniteamus n magna penitencia.

R2: lniusti uero et indigm~plangamus ante conspectum domini

qui fecit nos et penitenciamagnapeniteamus.

R3: Eamus et [digneJ plangamus ante conspectumdomini dei qui

fecit nos et peniteamus n magna penitentia.

46. Quelques variantes de det~il distinguent entre eux leg emoins de ce

groupe: pour tabernacu/um,on lit quoddam tabernacu/um(Bd, Au, Vc,

Pb ), habitacu/um (B, Du); pour manserunt bi, ibi manserunt (Bd, Au,

Vc, Ph) ou manserunt n eo (D , Du); oubli de et /amentanteset rempla-

cement de septemdies par octo dies (B); suppressionde sibi et de et non

inveniebant (Bd, Au, Vc, Ph).

47. Deux variantes: Sg gnore lugentes,Sc ecrit ibidem pour ibi.

48. Les crochets droits, [ ], signalent des variantes de detail a l interieur

de chaaue redaction.

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A VIE LAnNE D ADAM ET EVE

Au §10:

RI : et CarDeius erat quasi herba de rigore aquae ..et erexit earn

angelus dyabolus et perduxit earn ad Adam. Cum autem uidisset

earn adam et diabolum cum ea exclamauit cum fletu et gemitu

dicens.. 0 Eua 0 Eua ubi honus penitentie tue ? Heu heu quo-

modo seductaes et iterum ab aduersario nostro per quem alienati

sumus de habitationeparadysi et de spirituali leticia ?

R2: carD autem eius erat uiridis sicut herba prae frigore ...

Angelus uero dyabolicus erexit earn de terra et perduxit earn ad

Adam. Tunc exclamauitadam ad earn cum fletu dicens..0 Eua 0

Eua ubi estpropositum penitentierue ? Quomodo iterum seducta

es ab aduersario nostro qui eiecit nos de habitationibus paradysi

et eticia spirituali ?

R3: et carD eius uit sicut herba de rigore aque ...et eleuauit earn

angelusdiabolus de terra et perduxit earnad Adam et cum vidisset

earn Adam et diabolum cum ea clamavit cum fletu dicens..0 eua,

eua, ubi est opus penitentie ? quomodo iterum seducta es ab

aduersario nostro dyabolo per quem alienati sumus de habitatio-

ne paradisi et leticia spirituali ?

Au §12b:

Rl : Respondit Adam et dixit ei.. Quid tibi feci aut quid estculpae

meae n te ? dum non sis nocitus nec lesus a me, cur nos perse-

queris ?

R2: Respondit Adam et dixit ei.. Quid michi et tibi ? Cum non

nocuimus,quomodo lesusesa nobis? Cur nos insequeris?

R3 : Respondit Adam.. Quid feci tibi aut que est culpa mea n te ?

aut qualiter a nobis nocitus et lesuses ? quid nos gratis perseque-

ris ?

Au §23

Rl : Domine meusdormiebam et uidi uisum quasi sanguinem ilii

nostri Abel manibus Caym prodire.

R2 : Domine mi uidi per sompnium Caym glucientem sanguinem

filii nostri Abel.

R3: Domine mi dormiebam et vidi visum quasi sanguinem ilii

nostri Abel manibus Caym quem tenebatore suo gluciens.

Au §24

Rl : Et post hoc cognouit Adam uxorem suam ...et genuit filios

triginta et ilias triginta rYes, imul sexaginta res ilios et ilias.

R2: post hoc, scilicet in ipso anno in quo occisus est abel,

cognouit Adam uxorem suam ...et genuit ilios triginta et ilias tri-

ginta praeter Caym etAbel et Seth.

R3: Et post hoc cognouit Adam uxorem suam ...genuit triginta

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220

J. P PElTORELLI

filios et totidem {trigintaj filias et simul collecti fuerunt sexaginta

{sexagintaquattuorj.

Au §30

Rl : Et cum congregati ul~sent omnes una uoce dixerunt ...Et

dixerunt ad eum omnes ilii eius: Quid est pater male habere

doloribus ?

R2: Et cum coadunati fu~sent omnes una uoce dixerunt ... la

deuxieme ropositiona ete oubliee).

R3: Cum autem congregatiomnes uissent una uoce dixerunt ...et

dixerunt ad eum omnes ilii eius: Quot sunt dolores tui tam mali ?

Au §31

Rl: Tunc ilius eius Seth dixit: Domine et patel; forte desiderasti

de fructu paradysi ex quo edebas, deo constristatus aces. Dic

mihi et uadam prope ianua.s;aradisi.

R2: Tunc llius eius seth dixit: Domine mi patel; forsitan deside-

rasti fructum paradysi ... par un saut du meme au meme sur Ie

mot paradisi, a suite a ete oubliee).

R3: Tunc ilius eius Seth memor priorum parris dolo rum, pro ut

[post} ad interrogationem aiiorum, dixit: Domine pater opinor te

de paradysi fructu desideraTe fructuum paradisi desideratione}

de quibus prius edebaset infirmatum fuisse et ideo constristatus

iaces.Dic mihi ut vadam adproximi paradysi anuam.

Au §42

Rl : Dico enim tibi quia nec ullo modo poteris accipere nisi in

nouissimis diebus quando completi fuerunt quinque milia quin-

genti anni ...Et ipse Christm filius dei ueniensbaptizabitur in flu-

mine lordanis Et cum egressusuerit de aqua lordanis tunc de

oleo misericordie sue perunget omnes credentes n se et oleum

misericordie erit in generationemet generationem.

R2: quia nullo modo poteris ex eo quicquam accipere donec in

novissimis diebus quando completi fuerint quinque milia et quin-

genti anni ...Et ipse Christ/ISbaptizabitur in flumine lordanis Et

cum baptizabitur tunc perunguet de oleo misericordiae suae

omnes credentes n se et dabitur oleum misericordie in generatio-

ne et generationem.

R3: Dico enim tibi quia nunc nullo modo poterit accipere nisi in

novissimis diebus quando completi fuerunt quinque milia et

ducenti anni minus uno ...Tunc ipse dei filius Christus baptizabi-

fur in flumine lordanis,. cum egressusuerit de aqua ordanis tunc

de oleo misericordie dabitur in generationeet generationem.

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221

A VIE LATINE D ADAM ET EVE

Enfin, a l explicit de Rl (§51d) Et in ipsis apidibus inuentum

est, quod prophetauit septimus ab adam Enoch, dicens ante

diluuium de aduentu Christi.. Ecce ueniet dominus n sanctismili-

bus acere iudicium et arguere omnes impios de omnibus operi-

bus suis, quibus loculi sunt de eo peccatoreset impii murmura-

tares et querulosi, qui secundum concupiscentiam suam

ingrediuntul; et os eorum locutum est superbiam, es deux autres

redactions ajoutent, sous des formes legerement differentes:

adam uero post xl dies ntroiuit in paradysum et evapost octogin-

fa, et fuit adam in paradysum annis septem,et in ipso die in quo

peccauit adam, omnesbestiemutauerunt se.

Ces quelques rapprochements49 uffisent, croyons-nous,a vali-

der la distinction entre ces rois redactions.

On notera aussiquelques autres variantes qui manifestent une

distance plus grande de R2 par rapport a Rl et R3 et donc une

plus forte parente entre ces deux redactions.

R2, pour une raison difficile a saisir, gnore Ie paragraphe 26

en entier et Ie debut du paragraphe275°.

Au §29a, a ou Rl et R3 ecrivent: Apparebit [deus} n flamma

ignis et ex ore maiestatissue dabitur omnibuspraeceptaet manda-

ta, R2 ecrit : a tempore n quo daturus est deus lammam ignis ex

ore maiestatis sue et dabit omnibus gentibus mandata et

praecepta.

Au §29d, R2 abandonne a phrase: et felix est homo qui corri-

git an mam suam qui saluandus erit in iudicio magno dei in

homines mortales quando inquirentur facta eorum a deo iusto

iudice et n en garde que les derniers mots [punientur} in iudicio

magni dei [diei} a deo usto udice.

LA PREMIERE REDACTION, Rl

Les emoins

La premiereredaction (Rl) estrepresentee ar oozemanus-

crits,datesdu XIIe a la fin du xve siecle

49. D autres rapprochementsde detail confirmeraient la distinction entre

ces rois redactions; l edition critique permettra d en mesurer a la fois Ie

nombre et l importance.

50. La redaction de Boheme, analyseeci-apres, gnore Ie meme passage.

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222

J. P:PE1TORELU

Ws = Munchen, Bayerisch.eStaatsbibliothek, clm 21534, 101r-

102r; 164 ff., parchemin, 240x155; XIIe siecle, abbaye de

Weihenstephan51.

-Titre: Secunda emptacioAdam et Eve.

-Incipit: Cum expulsi uissentAdam et Eua de paradyso ecerunt

tabernaculum et fuerunt roi septem dies et lamentabantur in

magna tristitia Post septetn dies ceperunt esurire et querebant

escasut manducarentet nON nuenerunt.

-Explicit: Tunc deiecit sedemet cecidit angeluset factus est dia-

bolus et omnes consentientes um eo et cecidit sicut fulgur de celo

de hora prima usquead horam nonam (§ 15).

Les 15 paragraphes de la Vita Adae et Euae retenus dans ce

manuscrit constituent un sermon incorpore dans une copie du

Speculum Ecclesiae d Honorius Augustodinensis; l edition du

Speculumdans a Patrologie latine (t. 172) ne connait pas ce ser-

mon. C est Ie meme texte qui est retenu dans Po (clm 11601)ci-

apres.

Po = Munchen, Bayerische Staatsbibliothek, clm 11601, 88rb-

88vb; 250ff., papier, 315x215, 2 col.; Xlye siecle, abbaye de

Polling52.

-Titre de la collection: Hystoria de Adam et de Eua.

-Titre: (Deluis) tractatusde adam et de eua.

-Incipit: Cum expulsi fuissent adam et eua de paradiso fecerunt

tabernaculum et fuerunt ibi septem dies et lamentabantur in

magna tristitia Post septem dies ceperunt esurire et querebant

escasut manducarentet non inuenerunt.

-Explicit: Tunc deiecit sedemet cecidit angeluset factus est dia-

bolus et omnes consentientes um eo et cecidit sicut ulgur de celo

de hora prima usque ad hofam nonam. Et Adam factus est circa

paradysum in ag.. damascena ed eua in paradyso de costLY de.

La Vita Adae et Euae est incorporee a un fecit intitule

Hystoria de Adam et de Eua, compose de trois elements: un

extrait de la Legendede la Croix (f. 87va-88rb)53,es quinze pre-

miers paragraphesde la Vita Adae et Euae (f. 88rb-88vb), dont Ie

texte est, a quelques tres raTesvariantes pres, celui de Ws, ci-

dessus,et un traite De paradiso (f. 88vb-89rb). On trouve aussi

dans Ws,au f. 107r, un sermon De Paradyso,dont l incipit est Ie

meme que celui-ci. A l explicit de Ws, Ie compilateur a ajoute

une demiere phrase, sans doute pour faire la liaison avec Ie ser-

51. CCLM, II, IV; 4.

52. CCLM, II, II, 30-31

53. MEYER,1882,p. 130.

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223

A VIE LAnNE D' ADAM ET EVE

mon De Paradyso. L' Hystoria de Adam et de Eua parait bien

etre la compilation de trois sermons extraits d'un Speculum

Ecclesiae el que celui qui constitue WS54.

Dr = Dresden, Landesbibliothek, A 182f, r-6v; 6 ff., papier;

XIye siecle55.

-Titre: Tractatusde expulsioneAde et Eue de paradiso.

-Incipit: Cum expulsi fuissent de paradiso adam et eua ecerunt

sibi thabernaculum de ulna et fuerunt ibi septem dies lugentes

cum magna tristitia Post hos autem dies ceperuntesurire et quere-

bant sibi escamut manducarent et non inueniebant nisi spinas et

tribulas.

-Explicit: Tunc incepit Salomon templum dei et edificauit hoc

( -) vii annos et uocauit litteras archatashoc est atine illibatas

(§51c);

-lntitule final: expulsio ade deparadiso.

Ce manuscrit, constitue de la seule Vita Adae et Evae, rans-

met un recit qui resume en quelques mots leg §§ 30 a 34 et igno-

re quelques paragraphes: la deuxieme partie de l'Apocalypse

d'Adam (§29-29d), e recit de la rencontre de la bete (§36-39) et

la prophetie d'Enoch (§51d).

II est marque aussipar des ameliorations stylistiques, emprun-

tees parfois au texte canonique du Livre de la Genese, et deja

presentes dans l'incipit: tabernaculum de ulna, et non inuenie-

bant nisi spinas et tribulas.

Avant l'intitule final, ce temoin cite une forme breve du traite

sur la formation du corps d' Adam: De creatione ade, ossa de

lapidibus, carnem de terra, Sanguinem de mare, Cor de vento,

Mentem de nube, oculi de sole,Sudorem de roTe, Crine de erbis.

Si on peut se fier a un tel iodice, Ie fait qu'il donne par deux

fois Ie nom de Tibris au fleuve dans lequel doit se plonger Eve

(§ 6 et 7) pourrait faire pensera une origine italienne.

54. Ie n'ai pas trouve dans clm 21534 de sermon correspondant a l'ex-

trait de la Legende de la Croix, premiere partie de cette petite collection

intitulee l' Hystoria. -L'existence d'une copie de la seule premiere par-

tie de la Vita Adae et Evae des Ie XII siecle pose la question de savoir si

a circule tine forme de cette redaction ne comportant que les recits de la

penitence, de la chute de Satan et de la naissance des trois premiers fils.

Plusieurs constatations concernant d'autres redactions, en particulier Ie

temoignage du manuscrit 0 35 sup. de l' Ambrosienne de Milan, ne per-

mettent pas d'ignorer cette question.

55. Katalog der Handschriften der Siichsischen Landesbibliothek zu Dres-

den, reedition corrigee manuellement, Bd. 1, Dresden, 1979, p. 79.

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224

P. PE1TORELLI

Bc = Berlin, Staatsbibliothek zu Berlin. Preussischer

Kulturbesitz, Theol. lat. Qu. 316, 104r-108r; 169 ff., papier,

210x145; fin du Xlye siecle, Sfiddeutschland(Ingolstadt)56.

-Titre: Tractatusde penitentia Ade.

-Incipit: Cum expulsi fuissent Adam et Eva de paradiso fecerunt

sibi tabernaculum et fuerunt in septem diebus lugientes et lamen-

tantes n magna tristitia Post dies autem septemceperuntesurire et

quereresibi escamut manducarent et non habebant.

-Explicit: Ecce veniet dominus in sanctismilibus facere iudicium

de operibus hominum et locutionibus quibus loculi sunt de eo

peccatores et impii murmuratores et irreligiosi qui secundum

concupiscentiassuus ngrediuntur et os eorum locutum est super-

biam etc.

Up := Uppsala, Universitetsbiblioteket, C77, 83r-91r; 200 ff.,

papier, 210x145; entre 1398et 141657.

-Titre: ExpuLsiode paradyso adam e( eve.

-Incipit : Cum expuLsi uissent de paradyso adam et Eua fecerunt

sibi tabernacuLumet fuerunt septem dies Lugentes t Lamentantes

in magna tristitia Post has autem dies ceperunt esurire et quere-

bani sibi escamut manducarent et non inueniebant.

-Explicit: et in ipsis Lapidibus inuenta sunt omnia que in isla

Libra geneseos nueniuntur Tu autem domine miserere nostri

amen.

56. G. ACHTEN, Die theologischen lateinischen Handschriften in quarto

der Staatsbibliothek Preussischen Kulturbesitz Berlin, t. II, Wiesbaden,

1984, .103-106.

57. M. ANDERSSON-SCHMIlT M. HEDLUND, Mittelalterliche Handschrif-

ten der Universitiitsbibliothek Uppsala. Katalog aber die C. Sammlung,

Bd. 2, Handschriften C5I-200, Uppsala, 1989. -Au debut du manuscrit

on lit: «Nota quod anno domini Mcdxvi ego frater thorinus andree istum

librum collegi per quatemos de diuersis uenditoribus librorum in constan-

cia tempore generalis concilii qui quatemi constabant VIII et X grossis id

est medium floreni sed excerpta de priuilegiis ordinis nostri scripsit scola-

ris meus ». La composition du manuscrit date donc du concile de

Constance, et plus precisement de 1416, mais cette date ne determine pas

celIe des differents quaternions qui Ie composent. Ct. M. HEDLUND, Kata-

log der datierten Handschriften in lateiner Schrift vor 1600 in Schweden,

Bd. 1, Die Handschriften der Universitiitsbibliothek Uppsala (Bibliotheca

Ekmaniana Universitatis Upsaliensis, 67), Uppsal, 1977, p. 27, abb. 63.

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LA VIE LATINE D ADAM ET EVE

225

Mf = Miinchen, Bayerische Staatsbibliothek, clm 9022, 311ra-

318rb; 371 ff., papier, 210x150, 2 col.; xye siecle, monastere

franciscain de Miinich58.

-Titre: De penitentia Ade et Eve.

-Incipit: Cum expulsi fuissent Adam et eua de paradiso fecerunt

sibi tabernaculum et uerunt ibi septemdiebus ugienteset lamen-

tantes n magna tristitia Post autem septemdies ceperuntesurire et

quereresibi escamut manducarentet non habebant.

-Explicit: Ecce veniet dominus in sanctismilibus facere iudicium

de operibus hominum et locucionibus quibus loculi de eo pecca-

tores et mpii murmuratores et irreligiosi qui secundumconcupis-

cenciassuus ngrediuntur et os eorum loculus estsuperbiam.

Trois numerotations differentes soot portees a l angle supe-

rieur droit de chaque recto. On portera attention au fait que la

numerotation retenue par Ie CCLM passe du folio 315 au folio

318 en sautant eg n° 316 et 317. Selon une des autres numerota-

tions, leg folios de la Vita vont de 283 a 288.

Mu = Mtinchen, Universitatsbibliothek, 40 Cod. mg. 807, 53v-

59v; (xye siecle 59.

-Titre: uita de adam et eua.

-Incipit: Cum expulsi fuissent adam et eua de paradiso fecerunt

sibi thabernaculum et vifem dies lugenteset lamentantes n magna

tristitia Post uii uero dies ceperunt esurire et querebantsibi escam

ut manducarentet non habebant.

-Explicit: Ecce veniet dominus in sanctismilibus facere iudicium

et arguere omnes impios de omnibus operibus suis quibus loculi

sunt de eo peccatores t mpii murmuratoreset querulosi qui secun-

dum concupiscentiam uam ingrediuntur et os eorum locutum est

superbiamAdam post Ix dies ntroiuit in paradisum anno vii.

Ko = Koln, Historisches Archiv, GB 40 113, 68r-74r; 133 ff.,

papier, 210x145; premiere moitie du xye siecle, Liber fratrum

SancteCrucis canonicorum regularium in Colonia60.

-Titre: fiber de penitencia Ade primi parentis nostri.

58. CCLM, II, I, 76

59. Ce manuscrit n a pas fait l objet d une description dans un catalogue

recent. Je remercie Ie conservateurde la Bibliotheque de l Universite de

Munich de m avoir communique une copie de l ancien catalogue manus-

crit de son nstitution.

60. J. VENNEBUSCH,ie TheologischenHandschriften des Stadtarchivs

Koln, Teil 2: Die Quart-handschriften der Gymnasialbibliothek, Koln-

Wien. 1980.0. 127-133.

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226

J. P. PElTORELU

-Incipit: Cum expulsi fuissent adam et eua de paradiso fecerunt

sibi tabernaculum et fuerunt uij diebus lugenteset lamentantes n

magna tristitia Post uij autem dies cepe unt esurire et querebant

sibi escamut manducaremet non inueniebant.

-Explicit: Ecce ueniet dominus in sanctismilibus suis acere iudi-

cium et arguere omnes mpios de malis operibussuis.

Wf = Wolfenbtittel, Herzog August Bibliothek, Cod.Guelf. 29.7

Aug. 4°, 189ra-192vb; 192 ft., rapier, 200x140,2 col.; du milieu

du xve siecle, appartenai1ta la Domus clericorum centiluminam

beataeMariae Virginis prope Hildesheim61.

-Titre: liber de penitentiaAde.

-lncipit: Cum expulsi fuissent adam et eua de paradiso fecerunt

sibi thabernaculum et fugerunt uij diebus lugenteset lamentantes

in magna tristitia Post uij autem dies ceperuntesurire et querebant

sibi escamut manducarentet non inueniebant.

-Explicit: Ecce uenietdom~inusn sanctismilibus suis acere iudi-

cium et arguere omnes mpios de malis operibus suis et cetera.

-lntitule de fin: penitentia ade.

Na = Namur, Bibliothequ~ de la Societe archeologique, ms. 162,

128r-131r; 221 ff., papier, 210x150; avant 145062.

-Titre: penitentia Ade.

-Incipit: Cum expulsi fuissent Adam et Eua de paradiso fecerunt

thabernaculum et fugerunl septem diebus lugentes et lamentantes

in magna tristitia Post septem autem dies ceperunt esurire et que-

rebant sibi escam ut manducarent et non inueniebant.

-Explicit: Ecce ueniet dominus in sanctis nubibus suis facere iudi-

cium et omnes impios argue,e de malis operibus suis. et cetera.Amen.

Kb = Kobenhavn, Det Kcmgelige Bibliotek, Ny kgl. Saml. 143,

4to, 47va-49va; 349 ft., papier, 21Ox142,2 col.; 1454, originaire

de Dacie63.

61. O. VONHEINEMANN, ie Handschriften der herzoglichen Bibliothek

zu WolfenbUttel,. 2, Die AugusteischenHandschriten,Bd. 4, Wolfenbtit-

tel, 1900, eimprime dans Die Kataloge der Herzog-August Bibliothek

WolfenbUttel,Bd. 7, Frankfurt am Main, 1966,p. 346-347.

62. p. FAmER, Cataloguedes manuscrits conserves Namur, Gembloux,

1934,p. 237-243: Ce volume a ete forme au xve s. par la reunion de 8

livrets transcritsveTSe milieu ,de e sieclepar differentes mains . Le livret

D (= 1 128-131)a sans doute eu une existence independante, marquee

par des souillures caracteristiques .

63. E. JORGENSEN,atalogusCodicum latinorum medii aevii Bibliothecae

Regiae Hafniensis, Copenhague,1926,p. 163-165.

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LA VIE LA TINE D ADAM ET EVE

227

-Titre: De Ada et Eva.

-Incipit: Cum adam et Eva expulsi essentde paradiso fecerunt

sibi tabernaculum Et fuerunt vij diebus in magna tristitia et

lamentantespost septemuero dies ceperunt esurire et querere ut

manducarentet non inuenerunt.

-Explicit: et posuit in eas Seth litteras graecas et hebraicas

omnium operum patris et matris que ipse vidit et audivit a patre et

matre et consequti sunt graciam per penitentiam. Unde dominus:

Agite penitentiam, appropinquabit enim regnum celorum.

Le copiste n avait a sa disposition que la premiere partie (§1-

24) de la Vita Adae et Euae. Malgre un incipit different de celui

des autres temoins de ce groupe, et assezproche de celui des

deux manuscrits anglais appartenant au groupe suivant -on

notera en particulier la place de adam et eua et l infinitif querere,

-son appartenance a ce premier groupe s affirme tout au long

du recit conserve.Le recit ignore leg § 25 a 43 et, par un breI rac-

cord, reprend apres la mort d Adam au §44; Ie texte de cette

deuxieme partie ne se rattache a aucune orme connue.

Eb = Munchen, Bayerische Staatsbibliothek, clm 5865, 342r-

346r; 498 ft., papier, 300x215; 1472, Ebersberg64.

-Titre: de expulsione Adam et Eva de paradiso.

-Incipit: Cum expulsi fuissent Adam et eua de paradyso fecerunt

sibi tabernaculum et vii dies lugentes et lamentantes in magna tris-

titia Post vii vera dies ceperunt esurire et comederunt sibi escam

ut manducarent et non habebant.

-Explicit: Ecce venier dominus in sanctis nubibus facere iudi-

cium de operibus hominum et locucionibus quibus loculi sunt de

eo peccatores et impii murmuratores et querulosi qui secundum

concupiscentiam suam ingrediuntur et os eo rum locutum est

superbiam de Adam post Lx dies in paradisum anno viio etcAmen etc.

Analyse des variantesa l interieur de Rl

L analyse des variantes a l interieur de chacune des redac-

tions, qui ne sera qu ebauchee pour chacune65, ermet de dega-

64. CCLM, I, III, 48. -Au CO 90, on lit: «Scriptor Jeorius Schlyphay-

men, Capellanus n Ried ad B. v: in parochia Ursenperg a.1472; dem vica-

rius in Winhering Saltzburgensis iocesisa.1473 .

65. Ce sont seulementquelques exemples de ces relations qui sont pre-

gentes ci; ils suffisent a rendre sensible a complexite qui regne dans a

transmission de l apocryphe. Cette distribution ignore leg variantes

propres a chaque manuscrit et ignorees d autres temoins. Seule line ana-

lyse detaillee de cesvariantes permettra de proposer ulterieurement line

genealogiede ces nombreux temoins.

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228

J, P. PETfORELLI

ger des relations plus precises entre des petits groupes de

temoins, relations qui se maintiennent tout au long du recit.

Ces parentes sont deja visibles au debut du §3, dont leg diffe-

rentes formes traduisent un traitement different du texte Ie plus

courant qui pouvait apparaitre comme un doublon: il s'enonce

ainsi66

Et dixit Eua ad Adam: domine meus (post) mortem fame. Ego

utinam morerel; ut forte introduceret te dominus in paradisum,

quia propter me iratus est tibi dominus. Vis interficere me ut

moriar et introduceret te dominus in paradisum, quoniam mea

causa expulsuses nde.

Les uns ignorent une partie du doublon, mais selon des for-

mules differentes :

Ws/Po: Dixit Eua ad Adam: Domine mi putas ut interficiar a

te ut ego moriar; forsitan introducer te dominus in paradysum

quia iratus est ibi dominus deuspropter me.

Bc/ Mf/ Eb: Vnde dixit Eua ad Adam: Domine meusputas ne

portabo famem, ut ego mariar ? orte introducer te deus denuo in

paradysum quoniam causamei expulsuses;

Les autres presentent es deux parties, mais a encore dans des

formes distinctes:

Up/Dr: Et dixit Eua ad adam: Domine mi putas mortem finis

mei ? utinam ego morerer forte introducer te denuo in parady-

sum, quia propter me iratus est tibi deus Vis me interficere et

moriar et restituet te dominus in paradysum, quia causa mei

expulsuses nde.

Ko/Wf/Na: Dixit ergo eua ad adam: domine mi puto nos

fame morituros. Utinam ego sola morerer forsitan introduceret

te deus denuo in paradysum, quia propter me iratus est ibi domi-

nus deus. Sed,si uis, interfice me, quoniam causamei expulsuses

inde.

On distingue ainsi d'abord les deux temoins les plus anciens,

Ws et Po; l'indication donnee par l'analyse du §3 est confirmee

par des variantes comme <:elles-ci: au §1, lamentabantur au lieu

de lugenteset lamentantes..; u §2, Et surrexerunt adam et eua et

deambulauerunt undique au lieu de Et surrexit Adam et ambu-

lauit uij diebus per omnem terram illam.; au §6, ls sont les seuls

a fixer une duree de 24 ours a la penitence d'Eve et a ignorer la

66. Emprunte ici Ii Mu, qui parait etre un des meilleurs temoins de cette

tradition.

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229

A VIE LA TINE D ADAM ET EVE

duree de celIe d Adam et au §10, ts ont perdu, par un saut du

meme au meme sur aqua, les mots: j1uminis et caro eius erat

quasi herba de rigore aque et cum egressa ssetde aqua.

De meme, Na et Wf,unis deja par Ie remplacement dans l in-

cipit de fuerunt par fugerunt, sont unis entre eux et avec Ko par

plusieurs autres variantes: au §2, ces trois temoins ajoutent

ualde a la proposition: domine mi, esurio; au §6, a la place de de

ligna illicito et contradicto, ls ecrivent de ligna uitae; au §10 ls

expriment sous tine forme qui leur est propre l ordre de Satan a

Eve de sortir du fleuve: Egredere Eua, ait, egrederede 1umine.

Up et Dr transmettent des ectures que rapprochent plusieurs

variantes inconnues des autres temoins: au §4, a l affirmation

habituelle nobis autem escaangelorum erat ils ajoutent la preci-

sion quam dyabolus nobis per malitiam suam perdidit; au §20, ls

ecrivent refrigerauit anima mea dolorum mearum quasi oblita au

lieu du texte Ie plus frequent refrigerauit anima mea in dolore

posita; au §21, dans Ie fecit de la naissancede CaIn, a l expres-

sion traditionnelle: et peperit puerum et erat lucidus, ils prefe-

rent: et peperit puerum et erat partus eius lucidus; entin, au §48,

dans Ie fecit de l inhumation d Adam et Abel, ils reprennent un

souvenir conserve dans d autres recensions: Abel autem adhuc

iacebat ntactus a putredine quoniam nemo nouerat eum sepultu-

rae tradere67.

On constatera encore tine relation plus etroite entre Bc et Mf,

d une part, dont temoigne par exemple au §2 a phrase commu-

ne a ces deux temoins: Et surrexit Adam et ambulabat girans

[gyrans, Mfl omnem terram illam et entre Mu et Eb, d autre

part, qui ecrivent la meme phrase sous la forme: Et surrexit

Adam et circuibat septemdiebus omnem terram illam. Cesder-

niers se singularisent encore en donnant a Michel et non a

Adam l initiative du retour a l orient en ecrivant: Tunc Michael

tulit Adam et Euam et puerum et duxit eosad orientem,en accord

d ailleurs avec les redactions tardives. Enfin on isolera Kb,

proche du groupe Ko/Wf/Na, qui a conserve seul tine tradition

particuliere, dont temoigne deja son ncipit.

Ces exemplesmanifestentaussi res clairement a liberte a

laquelle s autorisaient es copistesdans a transcriptionde ce

texte.

67. Cf. VG, 40, 4-5, p. 103 et les passages aralleles dans VAl et VGg.

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230

J. P. PETfORELU

LA DEUXIEME REDACTION, R2

Les emoins

Dix temoins de cette d.euxieme redaction (R2), de la fin du

XIIIe au milieu du xye siecle, ont ete identifies:

Bd = Berlin, Staatsbibliothek zu Berlin -Preussischer

Kulturbesitz, Theol. lat. Qu. 369, 66ra-67vb; 71 ff., parchemin,

235x170,2 col. ; demier quart du XIlIe siecle, en possession e la

Chartreuse de Mayence au XIye siecle68.

-Titre: De Vita Adam et Eue.

-Incipit: Cum expulsi ess,ent dam et Eva de paradyso fecerunt

lfecerunt} sibi quoddam tabernaculum et ibi manserunt 7 dies

lugentes n magna tristitia Post 7 dies ceperunt esurire et quere-

bant quod manducarent.

-Explicit: Notandum autem quod A 69post xv dies intrauit para-

dysum et Eua post lxxx EI uit adorn in paradyso 7 diebus et ipso

die in quo peccauit adorn omnesbestie se secundumstatum suum

mutauerunt.

-Intitule de fin: libellus breviter tractansde vita Ade et Eve et de

morte ipsorum nec non de sepultura eorum.

Ve = Valenciennes, Bibliotheque municipale, ms. 168, 241ra-

242vb; 242 ff., parchemin, 353x248, 2 col.; fin du XlIIe siecle7O,

abbaye de Saint-Amand en Pevele.

-Sans titre.

-lncipit: Cum expulsi es~ent adam et eua de paradyso fecerunt

sibi tabernaculum et manserunt ibi vii diebus lugentes in magna

tristicia post vii dies ceperunt esurire et querebant sibi escam ut

manducarent et non inueniebant.

-Explicit: adam uero pO.\it xl dies introiuit in paradysum et eva

post /xxx et fuit adam in paradysum annis vii et in ipso die in quo

peccauit adam omnes bestie mutauerunt se.

-lntitule de fin: tractatus de uita ade et eue et maTte eorum.

68. G. ACHTEN, Die theologi.\ chen lateinischen Handschriften in quarto

der Staatsbibliothek Preussisehen Kulturbesitz Berlin, t. II, Wiesbaden,

1984, p. 214-217.

69. Plusieurs temoins abregent parfois leg noms des principaux person-

nages: Adam, Eve et Michel; cf. apparat critique.

70. Catalogue general desmanflScrits des bibliotheques publiques de France,

t. 25, p. 259-260: «Manuscrit de la fin du XIlle ...Ecriture peut-etre ita-

lienne ». Selon J. MANGEART, Catalogue descriptif et raisonne des Manus-

crits de la bibliotheque de Valenciennes, Paris-Valenciennes, 1860, p. 142,

l ecriture serait une «ecriture minuscule a 2 col. de la fin du XIve ».

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LA VIE LAnNE D ADAM ET EVE

231

Au = Munchen, Bayerische Staatsbibliothek, clm 4350, 28v-29v;

92 ff., papier, 305xl15; 1339,St Ulrich d Augsburg71.

-Titre: liber breuiter tractansde uita ade et eue de morte ipsorum

et de plur(ibus).

-Incipit: Cum expulsi essentadam et eva de paradiso fecerunt

sibi quoddam tabernaculum et ibi manseruntseptemdies ugentes

in magna tristitia. Post septem dies ceperunt esurire et querebant

quod manducarent.

-Explicit: Et tenens michahel virgam in manu sua et tangens

aquas quae erant circa paradisum terrestre et congellate sunt et

pertransivi et michahel archangelus mecum reducens me ad

locum in paradiso terrestri Amen (§29).

Ce temoin s interrompt a la fin de la premiere partie de

I Apocalypse d Adam et ignore Ie recit de la mort des

Protoplastes.

Wh = Wertheim, Evangelische Kirchenbibliothek, ms. 726, sans

numerotation des folios; 220x140; 1360, Chartreuse de

Grunach 72.

-Sans titre.

-Incipit: Cum expuLsiessentadam et eva de paradiso fecerunt

sibi tabernacuLum et manserunt ibi septem diebus Lugentes n

magna tristitia.Post septemdies ceperunt esurire et querebantsibi

escamut manducarentet minime poterant invenire.

-Explicit: Adam uero post xl dies intrauit paradysum et Eua post

Lxxx et fuerunt in paradysum annis vii et in ipso die in quo pec-

cauit adam omnesbestiemutauerunt se.

71. CCLM, I, II, 176.

72. Les informations concernantce manuscrit sont res sommaires. e n ai

rien trouve Ie concernant dans etude de W. STOLL,Geschichteder Kir-

chenbibliothekWertheim,Mainfriinkische Studien,Bd 31, Wiirzburg, 1984;

la date indiquee m a ete communiquee par Ie pasteurde la paroisseevan-

gelique de Wertheim, qui l a lue sur inventaire informatique de la biblio-

theque de sa communaute. II n y aaucune numerotation des folios. Au

recto du folio initial se trouve tine table de son contenu, mais l angle en

haut a droite de cette table, ou se trouvait sansdoute inventoriee la Vie

larine, est llisible. Au bas de ce me-me olio, il est ecrit: «Iste liber perti-

net ad domum Neue celle prope Grunach, ord. Carthusiensis . Dans la

marge inferieure du premier folio de la Vita Adae et Evae on lit VII en

chiffres romains.

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232

J. P. PE1TORELU

L encre du coin superieurexteme des deux acesde chaque

folio, sur un triangle d environ 8 cm de cote, a ete delaveepar

l humidite73.

Vf = Wien, Osterreichiscbe Nationalbibliothek, Cod. 1629, 98v-

101v et 104r; 106 ff., parchemin, 225x155; XIye siecle,

Chartreuse de Aggsbach 4,

-Titre: PoenitentialeAdae et Evae (d une main plus recente).

-Incipit: Cum expulsi essentadorn et eva de paradiso fecerunt

sibi quoddam tabernacuJum et ibi manserunt septem diebus

lugentes n magna tristitia post septemuero dies ceperunt esurire

et querebantescamut manducarent.

-Explicit: Et fuit adorn in paradiso septem diebus et in ipso die

quo peccauit adorn om~es bestie se secundum statum suum

mutauerunt.Sic est inis huius operis. Laus deo in perpetuum.

-Intitule de fin: penitentiate ode et eue et de Vita et maTteeorum-

dem deo gratiasAmen Amen.

LoTS e la reliure du manuscrit el qu il estcomposeaujourd hui,

la demiere page de la Vita Adae a ete separeedes precedentespar

la copie de la VlSioSanctiPauli qui occupe eg olios 102r-103v.

Pb = Paris, Bibliotheque Nationale de France, lat. 590, 163r-

168v; 193 ff., parchemin, 1.85x125; in du XIye -debut du xve

siecle75.

-Titre: fiber de vita Ade ei Eue et de morte eorumdem qui intitu-

latur penitentiale ade.

-Incipit: Cum expulsi essentadam et eva de paradiso fecerunt

sibi quodam tabernaculum et ibi manserunt septem diebus

lugentes n magna tristicia post septemuero dies ceperunt esurire

et querebantescamut manducarent.

-Explicit: Notandum autem quod adam postquam peccauit

intrauit paradysum et eua post 88 et fuit adam in paradyso 7 die-

bus Et in ipso die quo peol:cauit dam (omnes) bestie se (secun-

dum) statum ntrauerunt.

-Intitule de fin: penitentiale ade et eue et de Vita et de morte

eorumdem76.

73. Je remercie bien sincerement e Dr. Rtickieben, directeur des archives

du Consistoire de I Eglise Evangelique de KarIsruhe, depositaire de ce

document, de I aide qu il a b]en vouiu apporter au dechiffrement de ce

manuscrit en Ie photographia;otsousplusieurs eciairages.

74. TCMV, t. I, p. 265.

75. Cataloguegeneral des manuscrits atins de la Bibliotheque Nationale,

t. 1 (N° 1-1438),Paris, 1939,p. 209-210.

76. Cet intitule est dentique a celui de Vf

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LA VIE LAnNE D' ADAM ET EVE

233

Lm = Lund, Universitetsbiblioteket, Medeltid 30, 149v-153v;

xye siecle77.

-Sans titre.

-Incipit : Cum expulsi uissent Adam et Eua de paradiso fecerunt

sibi tabemaculum et manserunt in eo septem diebus lugentes et

lamentantes n magna tristitia Post septemdies ceperuntesurire et

querebantsibi escamut manducarentet non inueniebant.

-Explicit: iudicium facere de omnibus operibus et uerbis que

loculi sumus de eo peccatoreset impii murmuratores et querulosi

et quorum os loqutum est in superbia et in ipso die in quo pec-

cauitAdam omnes estiemutauerunt e.

Du = Dublin, Trinity College Library, cod. 509, p. 297-306; 308

pp., parchemin, 221x145;xye siecle78.

-Titre: Vita Ade et Eve, qu<i> fuerunt nostri parentesprotoplasti

(d'une autre main ?).

-Incipit: Cum expulsi essentAdam et Eua de paradiso fecerunt

sibi habitaculum et manserunt in eo septem diebus lugentes et

lamentantes n magna tristitia Post septemdies ceperuntesurire et

querere escamut manducarentet non inueniebant.

-Explicit: Ecce venit dominus in sanctis suis facere iudicium de

omnibus operibus et omnibus que loculi sunt de ipso potentes

impii murmuratores et que uermosi et quorum os locutum est

superbiam.

B = Oxford, Balliol College Library, mg. 228, 203ra-206va; 333

ff., parchemin, 2 col.; xye siecle79.

-Titre: TractatusAde et Eue primo rum parentum.

77. Le bibliothecaire de la bibliotheque universitaire de Lund a bien voulu

m adresserun microfilm des olios de la Vita Adae et Evaedansce manus-

crit, mais e n'ai pu trouver d'autre information concernantce temoin.

78. M. CaLKER, Trinity College Library, Descriptive Catalogue of the

Mediaeval and Renaissance atin Manuscripts, . II, Dublin, p. 943-954.

Les chiffres ndiques correspondenta desnumerosde page et non de folio.

A la page 153,M. Colker precise: TCD 509 was once bound with TCD

604and the contents differently arranged. It is reasonable o suppose, or

example, that the apocryphal legends in both codices once stood toge-

ther . Dans Ie TCD 604, on trouve, p. 55-63v: Evangelium Nicodemi, p.

79-83 Ps. Matthaei Evangelium.

79. H. O. COXE,CatalogusCodicum qui in collegiis aulisqueoxoniensibus

asservantur,Pars I, Oxonii, 1852,p. 73; decrit aussipar Mozley, cf. Moz-

LEY,1929,p. 122 (IV).

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234

J. P.PElTORELLf

-Incipit: Cum expulsi fuissent adam et eua de paradiso fecerunt

sibi habitaculum et manserunt in eo octo diebus lugentes in

magna tristitia post octo dies ceperunt esurire et querentessibi

escamet non inuenerunt.

-Explicit (de la Vita Ade et Evae) Et uenit deus n sanctis suis

facere judicium de omnibus operibus et que loculi sunt de eo pec-

catoreset iniqui et murmuratores et querelosi quorum os locutum

estsuperbiam.

-Explicit (de l'ensemble dIll recit) : Et ex maria dulcissimaglorio-

sissimauenustissima erspicacissimaet aptissima operatur saluta-

tio nostra per Ihum xpum filium suum Qui cum patTe et spiritu

sancto uiuit et regnal deusper omnia seculaseculorumamen.

Ce manuscrit presente quelques caracteristiques singulieres:

la Vita Adae et Evae est plfecedeede trois courts traites concer-

nant Adam: De octo partibus Ade, De nomine Adae et De pec-

calis AdaeBOt il est Ie seul qui compile la Vita Adae et Euae avec

la Legende de la Croix: douze extraits de la Legende emplacent

ou completent des passages,e la redaction habituelle de la Vita 81,

et apres explicit traditionnel de celle-ci, Ie recit de la Legendede

la Croix se poursuit jusqu'a la fin.

Sa parente avec Du pOU/f e qui est du texte de la Vita Adae et

Evae permet cependantde .la maintenir it l'interieur de cette col-

lection.

As = Aschaffenburg, Hofbibliothek, Ms. 44, 57r-60r; 291 f.,

papier, 210x144; 1450, ad Curiam Altavillam (Eltville) perti-

nens82.

-Titre: PlanctusAde et Evt" post expulsionemde Paradiso.

-Incipit: Cum expulsi essentAdam et Eva de paradiso fecerunt

sibi tabernaculum et manserunt ibi septem diebus lugentes in

80. Sur res traites, se rapporter infra a la note les concernantdans a des-

cription du Paris BNF lat. 5327, note 89, p. 264. Mozley a collationne B

avec soin et, en particulier, cite en note de son edition tous les emprunts

de B a la Ugende de la Croix et, en annexe sous e titre «Beginning of

B », Ie texte des traites adamiques el qu'illes transmet.

81. Cf. MOZLEy,1929, . 122.U s'agit bien d'une compilation: res extraits

transmettentpresque ntegralement,mills par morceaux disjoints, e texte

de la Legende. U n'est pas poss,iblede donner ici leur reference exacte a

l'edition de Meyer (MEYER,1: J82); eci sera fait dans l'edition critique

des redactions rhenanes.

82. J. HOFMANN& H. THURN, Die Handschriften der Hofbibliothek

Aschaffenburg,Aschaffenburg" 1978,p.101sq. Les auteurs precisentque

ce manuscrit estcompose « aUSi ehreren selbstandigenTeilen » et que Ie

folio 60 termine la premiere partie, composeede cinq sexterni.

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LA VIE LATINE D' ADAM ET EVE

235

magna tristicia. Post septemdies ceperuntesurire et querebantsibi

escamut manducarentet minime potuerunt inuenire.

-Explicit: et vidi dominum deum et aspectus eius erat ignis

intol<er>abilis et multa milia angelorum erant a dextris .(§ 25).

La copie s'arrete sur ces mots au milieu du recto du fo 60, der-

nier folio de la premiere partie du manuscrit.

Les variantesa ['interieur de R2

Dans R2, deja l'incipit presentequelques ariantesqui distin-

guent rois groupes83,roupesqui s'affirment tout au long du

texte.

Les manuscrits Bd, VI, Au et Pb torment un premier groupe:

au §2, ils ecrivent Domine mi esurio et non mi homo esurio

comme leg autres temoins; au §6, orsfitJan misericordia lacier

circa nos dominus deus nosier au lieu de: forsitan miserebitur

nostri dominus deus; au §8, ut includant me lugeant autempariter

mecum au lieu de et circumdent me lugentquepariter mecum; au

§23, ils ajoutent un commentaire a l'allusion a la mort d' Abel:

quare autem interfecit ipsum, et quomodo et quid sibi propter hoc

in posterum contigerit, longum essetnarraTe,et quia indiffuse de

hoc tractatur in Genesi, deo hic causa breuitatis obmittatur; et,

au §25, ils introduisent la revelation d' Adam a Seth par ces

mots: Et quia adam uidit filium suum Seth prudentiorem inter

alios, recepit eum ad locum secretum;etc. r

En corollaire, leg manuscrits Ve, Lm, As et Wh, ignorant ces

variantes, constituent un deuxieme groupe auquel s'integrent

assezsouvent leg deux manuscrits anglais (B et Du); ceux-ci,

cependant, presentent de nombreuses variantes propres a cha-

CUD.

Voici quelques exemplesde variantes entre ces differents

groupes:

au§4,

Vel Lml As IWh ..talem quesieruntescamqualem prius in parady-

so habebant;

Du: talem quesierunt escamqualem habuerunt prius in paradiso.

B: quesieruntescamqualem habuerunt n paradyso.

BdIV 1 Au IPb: talem escamquesierant qualis erat eis in paradi-

"

so.

83.cr. supra.note46.

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236

J. E PE1TORELLI

au §6,

Vel Lm/ As /Wh/ Du : et ego aciam penitentiam in aqua iordanis

per dies xl;

B : Ego penitenciam (agam) n aqua iordanis per diesxl.

Bd/V / Au /Pb: et ego ero ,ill aqua iordanisper diesxl.

au§10,

Ve/Lm: Tunc exclamauitadam [ad earn)cumfletu dicens

Wh/As: Tunc exclamauita dam et dixit cum letu.

Du: Tunc exclamauit cum 1etuAdam et ail.

B: Tunc adam uidenseuarn exclamauit cum letu et dixit.

Bd/Au/Vf/Pb: ettunc clamauitadam dicens.

LA TROISIEME REDACTION, R3

Les emoins

Trois manuscritsde la fin du XIye a la fin du xye siecle

appartiennent cette edaction:

Sw = Stuttgart, Wiirttembergische Landesbibliothek, Hofbiblio-

thek, HB XII 20, 132ra-134vb; 140 t., papier, 295 x 205, 2 col.;

1397; monastere de Wiblingen84.

-Titre: De Adam et Eva.

-Incipit : Adam et Eva cuffr expulsi uissent de paradiso uolupta-

tis fecerunt sibi tabernacu/um et fuerunt ibi vij diebus lugentes

ceperunt esurire adam et eua Querebant sibi escasut manduca-

rent et non habebant.

-Explicit: Adam ueropost quinquemilia annorum ntroiuit im para-

dysum domini dicensBenedictusdominus in maiestate ua. Amen.

Sg = Sankt Gallen, Stiftsbibliothek, 927, p. 225ra-235ra; 724 ft.

papier, 2 col.; 143585.

84. M. S. BUHL & L. KURRAS,Die Handschriften der Wurttembergischen

Landesbibliothek Stuttgart,. 2, 4,2, Wiesbaden,1%9,p. 69-70.Ct. Datierte

Handschriften in Bibliotheken .derBundesrepublik Deutschland,Bd. III,

Wurttembergische Landesbib/iothek Stuttgart, Teil I: Ehemalige Hof-

bibliothek Stuttgart,Stuttgart, ][991,p. 64, abb. 35.

85. (GoSCHERRER),erzeichni... er Handschriftender Stiftsbibliothek van

St Gallen, Halle, 1875,p. 348. Ct. Katalog der datierten Handschriften in

der Schweiz in lateiner Schrift vom Anfang des Mittelalters his 1550,Bd.

III, Die Handschriften der Bibliotheken St. Gallen-Zurich, ZUrich, 1991,

p. 76, n° 210.

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237

A VIE LATINE D ADAM ET EVE

-Titre: penitentiaprimorum parentum scilicet ade et eve.

-Incipit : Adam et eua cum expulsi uissent de paradiso uoluptatis

fecerunt sibi tabernaculum et fuerunt ibi uij dies ceperunt esurire

adam et eua et querebant sibi escasut manducarent et non habe-

bani.

-Explicit: Adam post v milia annorum introiuit in paradysum

dicens Benedictusdeusetc.

Les numeros indiques sont des numeros de page et non de

folios. II existe line autre numerotation des folios, en chiffre

arabe : la numerotation irait alors de 2Ira a 26ra.

Sc = MUnchen, Bayerische Staatsbibliothek, cgm 3866, 194ra-

199vb; 202 ff., rapier, 290x205, 2 col.; 1475-1476, abbaye de

Schaftlarn86.

-Titre (en tete du premier chapitre, fo 194ra) Vita et legendaac

hystoria Ade et Eve primorum parentum nostrorum videlicet de

procreatione ac morte ipso um de hoc seculo.

-lncipit (fO195rb) Adam et eua cum expulsi uissent de paradiso

uoluptatis fecerunt sibi tabernaculum et fuerunt ibidem septem

dies lugenteset lamentantes n magna tristitia Post septemautem

dies ceperunt esurire adam et eua et querebant sibi escaset non

habebant

-Explicit: Adam uero post quadraginta dies introiuit in paradi-

sum domini et Eua post Lxxxdies Et fuit adam in paradiso septem

annos.

-lntitule de fin: vita Ade et Eve sicut inventum est n libris (anti-

quis) et revelatum est regi salamon (per) suffragia et ministeria

sanctorum angelorum et prophetarum tabulisque lapideis reper-

turn.

Ce manuscrit transmet une histoire d Adam et Eve en douze

chapitres: les trois premiers reprennent, aux F 194rb-195rb,des

extraits du fecit canonique de la Genese: Capitulum primum :

resume de Gen. 1, 1-31 + 2, 7-9; Secundumcapitulum: Gen. 2, 8-

9 + 15-25; Capitulum tertium: Gen. 3. La Vita Adae et Evae

s etend sur les charitIes 4 it 12.

II est difficile de mettle en evidence une quelconque parente

plus etroite entre deux de ces temoins qui presentent de nom-

breusesvariantes rarement communesa deux d entre eux.

86. K. SCHNEIDERneu beschrieben YOn),Die deutschenHandschriften

der BayerischenStaatsbibliothek Milnchen, Wiesbaden,1991,p. 425-428.

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238

J.P. PElTORELLI

LES MANUSCRITS [SOLES DE M~ME TRADITION

Aces manuscrits doivent etre joints quelques manuscrits so-

leg qui rapportent Ie meme fecit selon a structure decrite ci-des-

SUS87,ais dans un vocabulaire different; ils sont au nombre de

cinq et leur relation avec leg redactions rhenanes est de nature

tres differente.

Le Paris, BNF, lat. 5327 ei la date originelle des redactionsrhe-

nanes

Pa = Paris, Bibliotheque nationale de France, ms. lat. 5327,81v-

87r; 205ff., parchemin, 258x180; xe siecle, Saint-Am and en

Pevele88.

-Titre: Tractatusde penitentiaAde.

-Incipit: Cum expulsi fuis.sentadam et eua de paradiso fecerunt

sibi tabernaculum et fecerunt septem dies lamentationem in

magna tristitia Post septemdies ceperuntesurire et querebantsibi

escamut manducarentet non habebant.

-Explicit: adam uero posi quadraginta dies introiuit in paradi-

sum et eua post octoginta e1:uit adam in paradisum annos septem

et sub die mouerunt omnem BEST/ARUM.

Dans Ie manuscrit, Ie texte de la Vita Adae et Evae est precede

(fO 81r-81v) d'autres traites de la tradition adamique au haut

87. Ct. supra,p. 216.

88. Description detaillee dans J. GUSEL,Die unmittelbare Textiiber-

lieferung dessag. Pseudo-Mauhias Verhandelingen van de Koninklijke

Akademie voor Wetenschap~n, Letteren en Schone Kunsten van Bel-

gie, Klasse der Letteren, Jaargang 43, fir. 96), Bruxelles, 1981,p. 47-48.

Une premiere collation de Pa II ete fournie par Meyer; ct. MEYER,1878,

description, p. 218-219, texte, p. 245-250. -C'est l'anciennete de ce

manuscrit qui avait decide Meyer a sa publication. On trouve, en effet,

au folio 186 de ce document, ell accompagnement la Vita Arnulphi, un

poeme redige par un certain Ragnardus,publie par L. DELISLE, e cabi-

net des manuscrits, . I, Paris, 1868,p. 315, selon lequel cette vie a ete

copiee par Ie eune Hieronymu$ de haute naissance.W. Meyer (p. 218-9)

enon~it la double hypothese que ce Hieronymus ne pouvait ~tre qu'un

fils batard de Charles Martel e:t e poeme un autographe de Ragnardus;

il en concluait que Pa, qui ne pouvait avoir ete ecrit au VIII" siecle,etait

la copie d'un volume collationne vers 750 par Hieronymus et Ragnar-

dus. Cette hypothese n'a pas I te acceptee: Ie jeune Hieronymus serait

plutot un fils de Charles Ie Ch.auve vers 870) et Ie manuscrit aurait ete

ecrit a Saint Amand au X" sieole. L. DELISLE recense es principales

hypothesesconcernant e eune Hieronymus dans Le cabinet desmanus-

crits, t.lII, p. 368.

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LA VIE LAllNE D ADAM ET EVE

239

Moyen Age: De octo partibus corporis Adae, auquel sont oints

sans solution de continuite les traites De nomine Adae, De pec-

catis Adae, De octo pondera (sic) unde factus est Adam, ainsi

annonces: Venit nuper ad manus meas quaedam schedula quam

diligentius perscrutans repperi de adam rationem oppido proui-

dam. De cette introduction, on pourra conclure que son auteur

avait sous les yeux un document plus ancien qui les presentait

les uns apres les autres89, compris la Vita Adae et Evae,docu-

ment qui ne peut donc etre posterieur au milieu du xe siecle.

Ce n est pas ici Ie lieu d etudier en detail ce temoin original de

la Vita Adae et Evae, qui constitue a lui seulla classe IV de

Meyer; il ne transmet pas a proprement parler une redaction de

la Vita Adae et Evae, mais en propose une reecriture savante a

l usage de lecteurs attachesa la langue classique.

Le rapprochement de deux formes d une meme pericope, -

la premiere appartient a un temoin de Rl et la seconde a Pa -

montrera comment travaille Ie redacteur de Fa, comment, a tra-

vers une certaine transfiguration du recit, son texte renvoie a

une redaction plus banale, mais proche des extes etudies ici :

89. Ces memes raites precedent, SOliSine forme differente, la Vita Adae

et Evae dans e manuscrit B d Oxford (cf. supra p. 234,n. 80). II existe de

nombreuses opies soleesde res differents textes; cf. par exemple e texte

intitule « Octo pondera de quibus factus est Adam » aux folios 325-331

du manuscrit 230 de bibliotheque de Saint-Gall, date du debut du IX.

siecle. Sur res textes, on lira l etude de M. FORSTER,Adams Erschaf-

tung und Namengebung. Ein lateinisches Fragment des s. g. slawischen

Henoch », Archiv ft1r Religionswissenschaft,11, 1908,p. 477-529. Aux

pages 478-479, auteur cite six temoins dates du IX. au XV siecle. n ne

connait ni Saint-Gall 230 ni Paris BNF lat. 5327. On verra plus loin que

la tradition angIaisea incorpore ces extes a sa propre edition de la Vita

Adae et Evae, non plus au debut mais a la fin de celle-ci.

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J. Po PE1TORELLI

Mu §18. : Et dixit Eua ad Adam :

Pa §18. : Thnc Eua luctuosaUGce it

Viue tu dominemeus

senior meus, ut opinol; opitulante domino

tibi concessa stuita quoniamnec primo nec secundo praeuaricatusesnec seductus

concessa derit uenia XJuia nt' semel ec demum ultroneuspreuaricatuses

sedego seductasumet praeuaricata

sedego miserrimaadeoseducta

quia non custodiuimandatumdei

et haul custodiensmandatumdei

et nunc separame de umine uiitehuius

nunc ergo segregemur binuicem

et uadamad occasum olis

et bo ad occasum olis

Et cepit ambularecontra partesoccidentis

Sicquecallemcarpsit utuosam

et fro ibi usquedum moriar

eroque bi usquedum de hac ",~grauerouce.

et cepit ugere et amare lere cum gemitumagno Et fecit sibi habitaculum

et uenit lens et heiulansprocul~b Adam et fecit sibi aedem xiguam

habens n utero fetum tribus mensibus.

et tres ibi degensmenses.

90. Bien que uenia soil corrige en uita dans ous les autres temoins de la

Vita Adae et Evae, il pourrailt etre Ie vocable d'origine: l'expression

concessa stvenia correspond mieux au sensde concedoque concessa st

vita.

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241A VIE LATINE D' ADAM ET EVE

Le choix d'un vocabulaire precieux est perceptible dans l'ef-

fort de transcrire des expressionsbanales par d'autres, d'origine

poetique : luctuosa voce, qui fait assonnance vec callem carp-

sit lutuosam -, opitulante domino, nec semel nec demum pour

nec primo nec secunda, ultroneus pour nec seductus, de hac

migrauero luce, lens et heiulans,aedem exiguam; mills, derriere

ce vocabulaire, on reconnait l'ordre du fecit, dont il ne modifie

en rien la sequence,et beaucoupd'expressionsdu texte ordinaire.

On pent ainsi noter tout au long du fecit de multiples rappro-

chements de detail avec Ie texte des redactions rhenanes; ces

rapprochements conduisent a l'hypothese que les redactions

rhenanes dependent d'un texte unique qui est aussi a source de

Pa et ne pent donc etre posterieur au milieu du xe siecle.

Cependant, ine comparaison apide entre ces differentes formes

du texte montre que les variantes presentees par Pa se retrou-

vent tantot dans l'une, tantot dans l'autre des redactions rhe-

nanes et interdit donc d'etablir line parente plus precise avec

rune ou l'autre avant d'avoir conduit line analyse detaillee de

ces variantes91. e but avoue de celie analyse detaillee serait de

remonter du texte de Pa au texte qu'il transpose, et d'approcher

ainsi au plus pres la forme originelle de l'archetype des redac-

tions rhenanes.11n'est pas indifferent a l'histoire de la recension

latine que l'origine de ces redactions puisse etre datee de la

meme epoque que les premiers temoins de la redaction

d' Allemagne du Slid.

Le manuscrit VII de Winchester

W = Winchester, Cathedral Library, VII, 109vb-112ra; 116 ff.,

parchemin, 207 217x145/150,2 col.; XIIIe siecle92.

-Titre: De expulsioneAde de paradiso.

-Incipit: Cum expulsi essentAdam et Eua de paradiso fecerunt

sibi tabernaculum ugentesvii diebus in magna tristitia. post VII

uero dies ceperunt esurire et querere escamquam manducarentur

et non inuenerunt.

-Explicit: Adam autem post xl dies ntroiuit inparadisum et Eua

post octoginta dies. Quo nos ducere dignetur Qui cum patre et

spiritu sancto uiuit et regnal.

91. L'incipit de Pa est a tres peu pres celui de Rl. Ne petit-on penserque

c'est a desseinque son auteur a conservece me-mencipit pour ainsi ren-

voyer Ie lecteur au temoin a partir duquel il avait effectue son travail ?

92. N. R. KER A. J. PIPER,Medieval manuscripts n British Libraries, t.

IV, Oxford, 1992,p. 583-587.

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242

J. P. PE1TORELLI

W se presente comme une transcription abregee d'une redac-

tion proche du texte rhenan. Son incipit, malgr~ Ie remplace-

ment de fuissent par essent,est tres proche de Rl, mais Ie fecit

est ensuite recrit et simplifie.

Par exemple, au §2, a ou Bc ecrit : Dixit Eua ad Adam.. domi-

ne meus esurio ualde, uade quere nobis quod manducemususque

uideamussi forsitan respiciat et miserebitur nostri deus et reuocat

nobis <ubi> prius eramus. Et surrexit Adam et ambulabat girans

omnem terram illam et non inuenit escamqualem habuit in para-

dyso,

W ecrit: Et dixit Eua ad Adam.. Domine mi esurio ualde,

quere ergo nobis quod manducemus, usquequo respiciat nos

dominus et miserebitur nostri, ut nos in loco quo feliciter eramus

restituat. Tunc adam escam querebat vii diebus qualem habuerit

in paradyso et non inuenit.

Les variantes sont mineures. Mozley insiste sur la parente de

W avec B, et aussi avec Q et D, t.emoins de la redaction de

Boheme, presente ci-apres93; leg rapprochements avec Rl

paraissent cependantplus forts encore.

D'autre part, W a perdu leg paragraphes 25 a 34: il enchaine

adroitement une premiere allusion a l'exclusjon du paradis -au

§25: audi filii mi seth et referam quod uidi et audiui postquam

eiecti sumus de paradyso ego et mater tua -au fecit du peche -

au §33: et manducauit (Eua) et dedit mihi Et statim iratus est

dominus deus Et dixit ad me -en ecrivant : Et dixit Adam.. Nuth

(= Nunc ?) seth que uidi et audiui postquam comedi de uetito

porno quem mihi mater tua attulit dixit mihi dominus. On peut

penser qu'il copiait, ou qu'un autre avant lui avait copie un

temoin auquel manquait un folio94.

La derniere partie de la Vie latine est beaucoup plus severe-

ment abregee que la premiere95.

93. MOZLEY1929,p.126-127.

94. Cette hypothese ne parait pas absurde: Ie F 311 de Mu et 4 colonnes

de Sc recouvrent a peu pres Ies paragraphesde Ia Vita Adae et Evae per-

dus par W.

95. Dans Ia premiere partie, §1 a 24, aux 1460mots de Bc correspondent

1100 mots dans W, soit 75 tandis que dans Ia deuxieme partie, § 34 a

51d, aux 1420mots de Bc correspondent600 mots dans W, soit seulement

42 .

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243

A VIE LATINE D ADAM ET EVE

Le manuscrit Graz 904

Gz = Graz, Universitatsbibliothek, 904, 164r-169v; 355 ff.,

papier, 22Ox150;ecrit apres 1425 ({O51), abbaye benedictine de

Saint-Lambrecht96.

-Titre: Vita Ade et Eue.

-lncipit: Factum est autem cum eiecti essentAdam et Eua de

paradiso fecerunt sibi tabernaculum et steterunt septem dies

lugentes et lamentantes n maxima tristicia. Post septem autem

dies ceperunt esurire. Querebant enim escassibi ut manducarent

et non poterant inuenire.

-Explicit: Hoc enim fecit deus ut relinqueretur hominibus memo-

ria ad legendum qualiter fuit Adam deceptusper mulierem et

mulier per serpentem quorum per inobedientiam totum huma-

num genus in profundum miserie uit dimersum ut discant omnes

esseobedientes deo omnipotenti ne perpetue mortis dampnum

patiantur. A quo nos ille custodial qui sine fine uiuit et regnal.

Amen.

-lntitule de fin: Liber apocrifus de vita Ade et Eve.

Le debut de l incipit est une forme rare reprise par Ie seul Ba

= Berlin Theol. lat. Qu. 15197,marquee par l expression nitiale

factum est,connue ausside la redaction anglaise, et Ie verbe eiec-

ti essent.Ce temoin n apporte aucun element du recit inconnu

des autres temoins repertories ci-dessus,mais il a ete retravaille

avec pour motif essentiel,semble-t-il, d en ameliorer et Ie voca-

bulaire et la syntaxe. Aucun autre temoin de cette forme du

texte ne s est encore revele.

Le manuscrit de Koblenz

Kz = Koblenz, Landeshauptarchiv,Best. 701 Nr. 239, 222v-223v;

227 ft., papier, 215x150; veTS 477,du Carnlel de Boppard98.

-Sans titre.

-Incipit: Cum expulsi essentadam et eua de paradiso fecerunt

sibi tabernaculum et fuerunt quatuor diebus lugentes et lamen-

96. A. KEIN, Die Handschriften der UniversitatsBibliothek Graz, Bd. 2,

Wien, 1956,p. 119-121;M. MAIROLO,Katalog der datierten Handschrif-

ten n lateinerSchrift in Osterreich,Bd. IV, Die datiertenHandschriftender

UniversitatsbibliothekGraz his zum Jahre 1600,Wien, 1979, . 98-99,abb.

150.

97. Ba appartient a la premiere redaction tardive; cf. infra, p. 275.

98. Ces informations m ont ete donnees par Ie Dr. Overgaauw, de la

«Staatsbibliothek zu Berlin -PreussischerKulturbesitz », qui a bien voulu

m adressercopie des epreuves du tome 2 de son catalogue: Die mittelal-

terlichen Handschriften m LandeshauptarchivKoblenz.

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244

P. PETrORELLI

tantes n magna tristicia post autem 4uor diebus ceperunt esurire

et querebant sibi ut manducarent. .

-Explicit: Tunc ingemiscens dyabolus clamauit.. 0 Adam tota

inimicicia mea et dolor ad te est quoniam propitium deum habes

et antequampossum uenire ad pristinum statum et gloriam quam

amisi hoc applica ut scis etc (§11).

Plutot proche de Rl -au §4, par exemple, il ecrit avec elle :

iuste plangamus et digne ante conspectumdei -ce manuscrit ne

transmet que les douze premiers paragraphes de la Vita Adae et

Evae, dans une forme legerement condensee. I presente

quelques variantes significatives: la duree qui precede la

recherche de la nourriture est ici de quatre jours, la recherche

elle-meme de huit, contre sept pour les deux durees dans la

presque totalite des temoins. On notera encore au §3 l expres-

sion: Utinam morerer morti, et surtout deux propositions incon-

flues des autres redactions: Eve expose a Adam qu elle fera

penitence pendant Ie nombre de jours qu illui fixera et ajoute:

et laborem quam mihi inueneris explebo; au §12, Ie diable

explique a Adam l origine de sa haine: inimicitia mea et dolor ad

te est quoniam propitium deum habens et ego antequampossum

uenire ad pristinum statum et gloriam quam amisi Hoc applica ut

scis etc... Malheureusement, Ie texte, defectueux, s arrete sur ces

mots dont Ie sens n est pas facile a determiner. Est-ce pour cette

raison que Ie copiste n a pas poursuivi son effort? Aucun des

temoins collationnes a ce jour ne transmet un recit analogue. Ne

peut-on penser qu il s agit d une tentative solitaire de reecriture

de l apocryphe abandonnee par son auteur?

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LA VIE LATINE D ADAM ET EVE

245

3. LA REDACflON DE BOHEME

L identite de cette redaction est restee jusqu ici inconnue.

Meyer avait incorpore a sa classe II Ie seul temoin conserve a

Munich qu il connaissait, e manuscrit Sf,qui portait Ie nO(17) ans

sa nomenclature99, t Mozley, bien qu il ait note la parente qui

unissait les deux manuscrits anglais temoins cette redaction1OO,

n avait pu percevoir, aute d informations suffisantes, eur relation

avec Ie manuscrit munichois. Le fait que plusieurs temoins pro-

viennent de Boheme explique a denomination ci proposee.

Caracteristiques e cette edaction

Les variantes leg plus significatives communesa tous leg temoins

de cette redaction sont egsuivantes1O1

§1: L incipit commun s enonce ainsi: Cum expulsi essent dam et

eua de paradisi deliciis [paradiso deliciarum] fecerunt sibi taber-

naculum et fecerunt dies luctus et [dies] lamentation s in magna

tristitia. Post dies autem vii ceperunt esurire et querebant sibi

escasut manducarent et non inueniebant; on notera surtout leg

deux expressions: de paradisi deliciis, dies uctus et lamentationis.

§4 : quapropter iuste au lieu de sed uste; et eamusdevant etpeni-

teamus; vescamurdevant et vivamus.

§6 : sed quod ego precipio a la place de tantas [tantos] devant ac

ut salueris.

§8: l invocation d Adam au Jourdain confond dans un meme

mouvement l adresse au fleuve et l adresse aux animaux qui

l habitent, en oubliant ces demiers: Vobis dico aque Iordanis

condoletemihi et segregaminiet circumdateme1O2.

§9: eo quod ita penitueritis au lieu du texte Ie plus courant: pro

quo planxistis.

§11: l introduction aux imprecations contre Satan est propre a

celie redaction: Ve tibi diabolica invidia.

99. MEYER,1878, . 210. -Meyer n a pas vraiment collationne ce manus-

crit car il n en cite que quelques ares variantes; sansdoute s est-il refere

aux autres temoins (Eb et Mf) pour definir la forme de la classe I de sa

distribution.

100. MOZLEY, 929,p.121, (ii). La collation de Mozley, plus complete que

celIe de Meyer, ignore cependantde nombreusesvariantes.

101. 11etait difficile de marquer la singularite de cette redaction en ne

citant que quelques unes des variantes. Le lecteur voudra bien excuser

une longue lisle qui exige de se referer a l edition de Meyer.

102. Nu et Wu mettent es premiersmots au singulier mills laissent es der-

niers imperatifs au pluriel.

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246

J. P. PE1TORELLI

§18: elle est seule a lire: de flumine uitae istius la ou toutes leg

autres redactions lisent a lumine uitae istius. .

§21 : c est sous la forme: et continuo surrexit infans et cucurrit

animalibus suis tollere herbam, sansaucune allusion a la mere de

l enfant, qu est transcrit Ie texte habituel: et continuo infans sur-

gens cucurrit et in manibus suis tollens herbam et dedit matri sue.

§23: seule encore, elle precise qu Abel a ete fait non seulement

pastor mais pastor ouium 103.

§24: la duree de la vie d Adam apres la naissancede Seth, de

800 ans dans l ensemble de la tradition, est ici, pour 6 manus-

crits, de 300 ans, et pour Sf et Bh de 30.

§28: la fin de la priere lui est propre: Viventem me facias et

omne genus humanum multituaine misericordie rue.

§29: apres tetigit aquas,par un saut du me-meau me-me sur quae

erant), a source commune de ces emoins a perdu deux ignes de

la fin du §29 et presente une forme du texte accommodeea cette

absence; ce me-meparagraphe comporte aussi un element origi-

nal, l annonce de l envoi du fils: que erant in hoc seculo Et dixit:

In tempore quo missurus est deus ilium suum in ferris generi

humano saluando.

§29d: In die ilIa a la place de propter (ou post) hoc, et apres et in

tempore illo, tOllS eg temoins de cette redaction suppriment

purificabunt homines a peccato per aquam, condemnati autem

erunt nolentespurificari per aquam.

§30: universi filii pour omnes filii; la forme de la reponse

d Adam leur est particuliere: et doloribus afficior (affiigor), sans

correspondanceprecise dans eg manuscrits autres que Ie manus-

crit isole Graz 904 qui ecrit dolorem patior et ceux de la redac-

tion anglaise doloribus sum uexatus.

§31: dans l intervention de Seth on lit: contristaris desiderio

pour et ideo contristatus iaces, ndica mihi ergo pater si ita est et

uadam a la place de : Dic mihi et uadam.

§35: Ie participe comprehensus commun a presque tOllS leg

autres manuscrits, avec ou sans e verbe est,etait sansdoute dif-

ficilement lisible dans Ie manuscrit originel, car il donne un texte

curieux concernant eg fils d Adam: et omnes ilios SUDSompre-

hendit magnis dolo rib us, redouble par l expression inconnue

ailleurs concernantAdam: et clamansmagnisdoloribus constrictus.

§47: in diem sperationis (ou aspirationis ou separationis)pour in

diem dispensationisou dispositionis.

Cette expression n est conservee par ailleurs que par Ie seul Paris,

BNF, lat. 5327.

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247A VIE LATINE D ADAM ET EVE

§51a: aucune allusion au fait que Ie fecit de la vie des proto-

plastes s appuie sur leur propre temoignage et sur les souvenirs

de Seth lui-meme, et au fait que personne ne put lire les

tablettes quand elles furent decouvertesapres e deluge, affirma-

tions communesa la plupart des autres redactions.

§51d, enfin, suppression de la demiere phrase de la prophetie

d Enoch.

Le fait que ces nombreusesvariantes, qui n appartiennent qu a

eux, se retrouvent dans chacunde ces emoins ne laisse guere de

doute sur Ie fait qu ils dependent d une meme source et qu ils

transmettent une redaction particuliere de la Vie latine.

Les emoins

Cette redaction est attestee par huit temoins, des XIye et xye

siecle:

Sf = Munchen, Bayerische Staatsbibliothek, clm 17151, 177v et

27r; 177 ff., parchemin, 430x310, 2 col. (fO 177); Xlye siecle,

abbaye de Schaftlarn104.

-Sans titre.

-Incipit : Cum expuLsiessent dam et eua de paradisi deLiciisece-

runt sibi tabernacuLum et fecerunt dies Lucius Lamentationis n

magna tristitia post dies autem vii ceperunt esurire et querebant

sibi escasut manducarentet non inueniebant.

-Explicit: Ecce ueniet dominus in sanctissuis aciens iudicium de

omnibus et arguet mpios de omnibus operibus suis quibus preua-

ricati sunt super terram.

Ecrite au Xlye siecle sur deux colonnes tIes seTTees,e 87 et

96lignes au verso du dernier folio d un manuscrit du XIIe siecle,

orne de lettres colorees selon Ie modele cistercien, la partie la

plus importante de la copie (§1 a 42) est en mauvais etat; la fin

est ecrite pleine page au recto du folio 27, dont Ie tiers inferieur

etait Teste ierge lui aussi.

104. CCLM, I, III, 83. Ie dois la datation de ce temoin au Dr. Kudorfer,

conservateur au cabinet des manuscrits de la Bibliotheque d Etat de

Munich, a qui va ma gratitude, non seulement pour ces informations,

mais aussipour l amabilite de son accueil.

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248

P. PETfORELLI

Pu = Praha, Narodnf knihovna Ceske republiky (Bibliotheque

nationale de la Republique tcheque), v: A. 7, 196va-198vb;212

ff., papier, 290x210,2 col.; entre 1347et 1398, finis fortassesaec.

Xv, ex collegio SJ Pragensiad S. Clementem W5.

-Sans titre.

-Incipit: Adam et eva cum expuLsi essentde paradiso fecerunt

sibi tabernacuLum et fecerunt dies Luctus et Lamentationis in

magna tristitia Post autem dies viijO ceperunt esurire et querebant

sibi escasut manducarentet non inueniebant.

-Explicit: ecce ueniet dominus et omnes sancti cum sanctis suis

faciens iudicium de omnibus et arguere impios de omnibus qui-

bus praeuaricati sunt super terram.

La Vie d'Adam et EJ.'e est immediatement suivie par la

Legende de La Croix, comme si celle-ci faisait partie integrante

du recit.

D = London, British Library, Harley 495, f. 43r-50r; parchemin;

XIye siecle106.

-Sans titre.

-Incipit: Et dixit creaturis vas non peccastis sed ego Statim

omnia animancia venerunt et circumdederunt ilium Et aqua

/ordanis stetit ab ilia hora lWn agenscursumsuum.

-Explicit: Ecce veniet dominus in sanctissuis aciens udicium de

omnibus et arguet mpios de omnibus operibus quibus preuaricati

sunt super terram Adam l-i-erO ostquam passus est hs introiuit.

Amen dicereuos.

Quand ill'a incorpore it son manuscrit, Ie cahier sur lequel

etait ecrite la Vita Adae et Evae ne commen~ait qu'au milieu du

§8; Ie collecteur, Sir Simonds D'Ewes, sans doute, a gratte les

premiers mots du texte pour doDDerun sellSa la premiere phra-

se et ecrit : Et dixit creaturis.

105.J. TRUHLAR,Catalogus co'dicummanu scriptorum Latinorum qui in

C. R. BibliothecaPublica atque UniversitatisPragensis sseruantur, rague,

t. I, 1905,p. 797 et t. II, 1906,p. 398, sub n° 798.

106. (R. NARES),A Catalogue of the Harleian manuscripts n the British

Museum,Vol. 1, Printed by Command of His Majesty King George III,

1808,p. 329. On trouvera les renseignementsdisponibles sur ce manus-

crit dans C. E. WRIGHT,Fontes Harleiani, a Study of the Sources of the

Harleian Collection of Manuscripts Preserved in the Departement of

Manuscripts n the British Museum,The Trusteesof the British Museum,

London, 1972, qui renvoie a. a collection de Sir Simonds D'Ewes, a

laquelle appartenaient plusieurs manuscrits passesensuite dans la col-

lection Harley: cf. A. G. WATSON, he Library of Sir Simonds D'Ewes,

London, (s. d.), p. 274.

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249

A VIE LA TINE D ADAM ET EVE

Wu = Wiirzburg, Universitatsbibliothek,M. ch. q. 23, 68r-72r;

250 ff., papier, 21Ox150; in du XIyesiecle, Allemagne du SUdlO7.

-Sans titre.

-Incipit: Cum expulsi essentAdam et Eua de paradyso delicia-

rum fecerunt sibi tabemaculum et fecerunt dies uctus dies amen-

talionis in magna tristicia Post dies autem vii ceperunt esurire et

querebantsibi escasut manducarentet non inueniebant.

-Explicit: Ecce uenit dominus in sanctissuis aciens iudicium de

omnibus operibus et arguet impios de omnibus operibus quibus

preuaricati sunt super terram etc.

Bh = Munchen, Bayerische Staatsbibliothek, clm 26630, 351r-

354r; 354 ff., papier, 300x210; xye siecle108, origine inconnue,

tres probablement copie en Boheme, si on en croit les notes his-

toriques qui suivent immediatement la transcription de la Vie

latine.

-Titre: De penitentia Ade et Eve.

-Incipit: Cum expulsi essent dam et eva de paradisi deliciis ece-

runt sibi tabemaculum et fecerunt dies luctus et lamentation s in

magna tristicia Post dies autem septemceperunt esurire et quere-

banI eis escasut manducarentet non inueniebant.

-Explicit: Ecce veniet dominus in sanctissuis aciens iudicium de

omnibus et arguer impios de omnibus operibus quibus preuaricati

sunt super terram.

Nu = Niirnberg, Stadtbibliothek, Cent. IV 82, 509ra-514rb; 525

ff., papier, 293x210,2 col.; ecrit veTS 434109.

-Titre: De penitentia Ade et Eue.

-Incipit: Cum expulsi essentAdam et Eua de paradysi deliciis

fecerunt sibi tabemaculum et ecerunt dies luctus, dies amentatio-

nis in magna tristicia Post dies septem ceperunt esurire et quere-

bant sibi escasut manducarentet non inueniebant.

-Explicit: Ecce uenit dominus in sanctissuis aciens iudicium de

omnibus et arguer impios de omnibus operibus qui preuaricati

sunt super terram etc.

107. H. THuRN,Die Handschriften der Universitiitsbibliothek Wurzburg,

t. 111,2,Wiesbaden, 1981,p. 88.

108. CCLM, II, IV; 196.

109. K. SCHNEIDER,ie Handschriften der Stadtbibliothek Numberg, II.

Die lateinischenmittelalterlichenHandschriften,Teil I, TheologischeHand-

schriften, 1967,p. 285.

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250

J. I?:PETfORELLI

Q = Oxford, Queen's College, 213, 1r-7r; 50 ff., parchemin;

manu Nicolai Warde exaratus,144911°.

-Titre: Vita prothoplausti Ade.

-Incipit: Cum expulsi essentAdam et Eva de paradisi deliciis

fecerunt sibi tabernacula et fecerunt dies luctus et lamentationis et

in magna tristitia Post autei'1l ies septemceperunt esurire et que-

rebant eis escasut manducarentet non inuenerunt.

-Explicit: Ecce veniet dominus in sanctissuis aciens iudicium de

omnibus et arguet mpios de omnibus operibus suis quibus preua-

ricati sunt super terram Adam uero postquam passusest hs intra-

bit in paradisum.

Bp = Budapest, Orszagos Szechenyi Konyvtar, Ms. 390, 253r-

258r; 383 f., papier, 215x149; milieu du xye sieclelll.

-Titre: De penitenciaAde et Eue.

-Incipit: Cum expulsi essentadam et Eua de paradisi deliciis

fecerunt sibi tabernaculum et ecerunt dies luctus lamentationis n

magna tristicia Post dies arJiem vii ceperunt esurire et querebant

sibi escasut manducarentel:non inueniebant.

-Explicit: Ecce ueniet dominus in sanctissuis aciens udicium de

omnibus et arguet impios et de omnibus quibus preuaricati sunt

super erram et etc.

Les trois groupes de manuscrits.Leurs relations

Dans cet ensemble bien individualise, quelques variantes sin-

gulieres distinguent trois groupes de temoins.

Ainsi, deja dans l'incipit;, se distinguent les deux temoins qui

repetent dies devant lamentationis (Nu et Wu); plus loin dans Ie

texte, on separera de ceux qui fixent une duree de 30 ours a la

penitence d' Adam (Sf, Plt~,Bh et Bp), ceux qui la fixent a 33

jours (Nu et Wu et les temoins anglais, B et Q); on constatera

qu'ensemble Sf, Pu, Bh et Bp perdent par un saut du meme au

meme, au §49, sur genus humanum, les mots entre crochets:

iudicabit dominus genus <J Jumanum. ed audile filii mei.. facile

ergo tabulas lap deas et alit:1~ e terra salateaset scribite omnem

uitam parris vestri quae a n~obis udistis et vidistis. Si per aquam

iudicabit dominus genus >uestrum.Ainsi, encore, dans a conclu-

sion, seuls B et Q ajoutent une phrase concernant Adam: Adam

uero postquam passusest e:susntrabit in paradisum.

110. H. O. CoXE, Cataloguscadicum MSS qui in collegiis aulisque Oxo-

niensibus hodie adservantur, . I, 2apars, Cataloguscodicum Mss. Colle-

gii reginensis,Oxford, 1852,p. 47.

111. E. BARTONIEK,Codices .\,fanuscripti latini, Vol. I: Codices Latini

Medii /Evi, Budapest, 1940,p. 346-351.

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LA VIE LATINE D' ADAM ET EVE

251

Dans quelques cas, entin, Ie groupe anglais a conserve ou reta-

bli la forme la plus courante du texte: au §21, il ecrit: Et dixit:

vere beata es Eua, forme habituelle de la benediction d'Eve par

Michel, modifiee dans les autres temoins, qui lisent: Et dixit vir-

tUS112:Beata es Eua, et au §32, il retablit dedit mihi et matri ues-

trae Iii. oil les autres ecrivent dedit nobis.

Ces trois groupes se distinguent encore les uns des autres par des va-

riantes dispersees tout au long du texte, mais ce ne sont que des va-

riantes de detail qui n'en modifient pas Ie sens; l'edition critique per-

mettra de prendre en consideration tous les avatars de sa transmission.

La redaction de Boheme dans l'ensemble des redactions de la

Vie latine

On ne peut cependant definir completement cette redaction

sans noter ses elations avec eg redactions rhenanes.Elle se rap-

proche en effet de la deuxieme redaction rhenane (R2) -Meyer

avait meme presente Sf comme temoin de sa classe W13 qui,

comme elle, a perdu Ie §26 et la premiere partie du §27et, au §34,

hesite sur Ie nombre de plaies nfligees a Adam: 30, 70 ou 80.

Ces rapprochementsne peuvent cependants'expliquerde fa~on

simple.Une tentative d'amelioration du texte au niveau et du voca-

bulaire et de la syntaxe pourrait expliquer Ie remplacement,dans

l'incipit, des verbes ugienteset lamentantes ar des substantifs uc-

tus et lamentation s, mais on ne peut exclure qu'il s'agissed'une

relecture d'un temoin de R2 a la lurniere de la traduction latine

d'une recensiongrecque: par exemple, a correction de pro quo

planxistis en eo quod penitueritis rapproche l'expression atine de

l'expressionattestee par leg recensionsarmenienne et georgienne

qui traduisent your food on accountof which you repentedi14u la

nourriture pour laquelle vous avez fait penitence115. ertaines

variantes propres aux temoins angiais pourraient resulter quant a

elles de la correction d'un temoin continental a partir de la redac-

tion anglaise. Seule une analyse detaillee de toutes leg variantes

permettra de valider de telles hypotheses.

112. Dans la tradition representee par Ma et les recensionsarmenienne et geor-

gienne, a benediction d'Eve est aussiattribuee a une des deux puissancesdes-

cendues sur terre pour l'aider a mettre au monde son enfant: Ma ecrlt: et altera

<uirtus> dixit ad earn.. Beata eseua propter adarn et la recension georgienne :

L 'une despuissancesal?procha, oucha le visaged'Eve et sapoitrine et dit a Eve..

 Bienheureuse es-tu, Eve . Sur la presence de cette tradition en Occident, ct.

infra l'evocation des origines de la redaction anglaise.

113. MEYER, 1878, p. 210.

114.VAl, p. 3.

115. VGg,p. 233.

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252 J.P.PETfORELLI

4. LA REDACTIONANGLAISE

La redaction que nous appelons redaction anglaise a ete etu-

diee et editee par J. H. Mozley116 Ie nom retenu lui vient du fait

que seuls des manuscrits originaires de Grande-Bretagne l ont

transmise. Les quelques manuscrits inconnus de Mozley ne pro-

posent pas de variantes qui permettraient d ameliorer son texte

de fa~on significative117.

Par contre, la decouverte a la Bibliotheque nationale de

France et a la Bibliotheque ambrosienne de Milan de deux

formes distinctes d un texte singulier de la Vita Adae et Evae

permet de remonter a l origine des singularites de cette redac-

tion et d en corriger quelques passages.C est sur ce point parti-

culier que se concentrera noire etude.

Les temoins

A = London, British Library, Arundel 326, 42r-5Ov; 134 f., par-

chemin; XIIIe et XIye siecle118.

-Titre: De expulsioneAde et Eve de paradiso.

-Incipit: Factum est cum expulsi essentAdam et uxor eius eua de

paradiso exeuntesabierunt ad occidentemet ecerunt sibi taberna-

culum et ibi fuerunt sex dies lugenteset clamantes n maxima tri-

bulatione et post sex dies ceperunt esurire querebant manducare

et non inveniebant quid manducarent.

-Explicit: et insufflauit in faciem eius spiraculum uite scilicet ani-

mam sicut enim a quatuor partibus terre adductus est et a quatuor

fluminibus conspersus sic a quatuor uentis accepit flatus. Cum

116.a. supra,note 4. Les siglesattribues par Mozley a chacondesmanus-

crits qu il a collationnes ont ete conserves. La liste des temoins a ete

completee par E. B. Halford (cf. note 9), dont Ie travail a porte en prio-

rite sur es manuscrits conserves en Grande-Bretagne (cf. op. cit., p. 420,

note 11) et lui a permis de decouvrir quelques temoins de la redaction

anglaise gnores de Mozley (Os, Ru, Ab, Ls, It ); c est P. Saenger, e The

Newberry Library de Chicago, qui a attire l attention sur Ie manuscrit de

Paris Pc, sans preciser cependantquelle redaction il presentait (cf. infra,

note sur ce ms.); il a suffi de verifier que ces documents transmettaient

la redaction editee par Mozley.

117. On peut seulement regretter que Mozley ait incorpore a son texte,

§ 43-44, deux emprunts a one tradition marginale de la Legende de la

Croix, -l image de la Vierge assiseau sommet de l arbre et tenant entre

ses mains l enfant crucifie -retenus seulement par deux des quatorze

temoins de cette redaction, les manuscrits A et Ls.

118. (J. FORSHALL), atalogue ofManuscripts n theBritish Museum,New

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LA VIE LAllNE D' ADAM ET EVE

253

factus uisset adam et non erat / / (Mozley, §56).

-Sans intitule de fin, car Ie demier folio est perdu.

Ce manuscrit est composede fragments de deux codex.

Os = Oxford, Bodleian Library, MS. Seldensupra 74, 14ra-18rb;

2+ 126 ff., parchemin, 225x165,2 col.; deuxieme moitie du XIIIe

siecle, ecrit en Angleterre 119.

-Titre: Vita prothoplausti et Eue uxoris eius.

-Incipit: Factum est cum expulsi essentAdam et uxor eius Eua

de paradiso exeuntes abierunt ad occidentem et fecerunt sibi

tabernaculum et ibi fuerunt sex diebus lugentes et clamantes n

maxima tribulatione Et post sex dies ceperunt esurire querebant

manducareet non invenerunt quid manducarent.

-Explicit: dixit dominus ad Urielem lege literas istas et legit et

dixit Adam et dixit dominus sic uocetur nomen eius.

Le texte est suivi d'un poeme, resume du Traite sur Ie nom

d'Adam, ainsi redige: Quod nomen Ade compositusest / depri-

mis litteris quattuor stellarum / Stella orientalis,Anatolim / Stella

meridionalis, Disis / Stella Aquinolaris, Archos / Stella occiden-

talis, Mesembrion./

R = London, British Library, Royal 8 F. XVI, 55ra-59ra; 65 ft.,

papier/parchemin, 300x205,2 col.; milieu du XIve siecle12°.

-Sans titre.

-Incipit : Factum est cum expulsi essentAdam et uxor eius Eva de

paradiso exeuntes bierunt ad occidentemet ecerunt sibi tabema-

culum et ibi fuerunt sex diebus lugenteset clamantes n maxima

tribulatione et post sex dies ceperuntesurire querebantmanducare

et non inveniebantquid manducarent.

-Explicit: Quibus litteris adductis dixit dominus ad Urielem lege

litteras istas et legit et dixit Adam Et ideo dixit dominus sic uoca-

fur nomen eius.

-Intitule de fin: vita Ade et Eue uxoris eius.

119. F. MADAN& H. H. E. CRASTER, Summary Catalogue of Western

Manuscripts in the Bodleian Library at Oxford, vol. II, Part I, N° 1-3490,

Oxford, 1922,p. 643. A l'impression, line erreur s'estglisseedans a lisle

de E. B. Halford (d. note 9): Ie manuscrit QueensCollegeMs 213semble

cite deux fois sons e me-me igle OXFORD , mais la reference bibliogra-

phique de chaque ligne n'est pas la me-me.La bibliographie du premier

desmanuscritsd'Oxford cite, qui devrait donc porter la reference OXFORD

1,correspond au temoin dont il est ci question, 'Oxford Bodleian Library,

Selden74.

120. G. F. WARNER J. P. GILSON, atalogueof WesternManuscripts in

the Old Royal and KinJ s Collections.Oxford. 1921.vol. 1. D. 273.

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.

254 J. P.PETfORELU

Le manuscrit est constitue par la reunion de 2 documents, Ie

MS. A, f. 1-54 et Ie MS. B, f. 55-65, qui n etaient pas lies avant

leur achat pour la bibliotheque Theyer par Charles II. Le MS. A

serait du milieu du XIye siecle, Ie MS. B du debut du XIye

siecle. Seul celui-ci, auquel appartient la Vita Adae et Evae, est

en parchemin. Au f. 65, on lit: orate pro anima dni Roberti

Coif .

C = London, British Library, Harley 526, 68r- 77r; parchemin;

XIye siecle; appartenait a la collection de Sir S. D Ewes121.

-Titre: Vita prothoplasti nostri Ade et Eve uxoris sue.

-Incipit: Factum est cum expulsi essent Adam et Vxor eius Eua

de paradiso exeuntes abierunt ad occidentem et fecerunt sibi

tabemaculum et ibi fuerunt sex diebus lugentes manentes in maxi-

ma tribulatione Et post sex dies ceperunt esurgere querebant man-

ducare et non inveniebant quid manducarent.

-Explicit: Quibus litteris adductis dixit dominus ad Urielem Lege

litteras istas et Legit et dixit Adam Et dixit dominus Sic uocetur

nomen eius.

Ru = Rouen, Bibliotheque municipale, MS. U 65, 245ra-245vb;

245 ff., parchemin, 340x220, 2 col.; XIye siecle, abbaye St-Ouen

de Rouen122.

-Titre: De penitentia ode post peccatum.

-Incipit: Factum est cum <expulsi> essent Adam et Eva uxor eius

de paradyso exeuntes abierunt ad occidentem et fecerunt ibi taber-

naculum et ibi fuerunt sex diebus lugentes et clamantes in magna

tribulatione Et post sex dies ceperunt esurire querebant manduca-

re et non inveniebant quid manducarent.

-Explicit: Et ambulans inuenit eam cum magno dolore lugentem.

Quo uiso dixit Eua.. Ex quo uidit me dominus meus anima mea

in dolore posita refrigerata est nunc domine mi depre / / (§20).

Un seul folio de la Vita Adae et Evae a ete conserve a la fin du

manuscrit.

121. (R. NARES)A Catalogue of the Harleian manuscripts in the British

Museum, vol. I, Printed by Command of His Majesty King George III,

1808,p. 341.

122. Catalogue general des manuscrits des bibliotheques publiques de

France, . I. Rouen, Paris, 1886,p. 428. -Mme v: Neveu, conservateura

la Bibliotheque municipale de Rouen, a bien voulu me confirmer que,

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LA VIE LATINE D ADAM ET EVE

255

L = London, Lambeth Palace Library, 352, lr-4v; 2 + 226 ff.,

parchemin, 255x175; in du XIye -debut du xye sieclel23.

-Titre: Vita prothoplausti nostri Ade et Eve uxoris eius.

-Incipit: Factum estautem cum expulsi essentAdam et Eva uxor

eius de paradiso exeuntesabierunt ad occidentemet fecerunt sibi

tabernaculum et ibi fuerunt sex diebus lugentes et clamantes n

maxima tribulatione et post sex dies ceperunt esurire querebant

manducareet non invenerunt quod manducarent.

-Explicit: quibus litteris adductis dixit dominus ad Urielem lege

litteras istas et legit et dixit.. Adam Et dixit dominus sic uocetur

nomen eius.

-Intitule de fin: Vita prothoplausti nostri Ade et Eve uxoris eius.

Ab = Aberystwyth, National Library of Wales, M335A

(Hengwrth 239), 13Ov-140r; archemin; XIye sieclel24.

-Titre: De Adam et Eva uxore eius quomodo expulsi uerant de

paradiso propter peccatumeorum.

-Incipit: Factum est autem cum expulsi essentAdam et uxor eius

Eva de paradiso exeuntes bierunt ad occidentemet fecerunt sibi

habitaculum et ibi fuerunt lugenteset clamantes n maxima tribu-

latione et post septem dies ceperunt esurire et post septem dies

ceperunt esurire et querebant manducare et non inveniebant quid

manducarent.

-Explicit: quibus literis adductis dixit dominus ad Urielem lege

literas istas et legit et dixit Adam et dixit dominus sic uocetur

nomen eius.

Pc = Paris, Bibliotheque Nationale de France, ms. lat. 3768

(Baluze 895), ir-5r; XIve sieclel25.

-Incipit : / / finiuntur dixit ad euam congregenturomnes ilii mei

ut loquaT cum eis et benedicameis antequammoriar (§30).

-Explicit: Quibus literis adductis dixit dominus ad Urielem lege

literas istas et legit et dixit adam Et dixit dominus sic uocetur

nomen eius Amen.

123. M. R. JAMES,A descriptive Catalogue of the Manuscripts in the Library

of Lambeth Palace, Cambridge, 1932, p. 466-470.

125. Handlist of Manuscripts in the National Library of Wales, part I, Aoe-

rystwyth, 1943, p. 2.

125. Catalogue general des manuscrits latins de la Bibliotheque Nationale,

t. VI (nOs 536 a 3775b), Paris, 1975, p. 786. Je dois cette reference a P.

SAENGERqui y renvoie dans la notice du manuscrit f6 de sa bibliotheque;

cf. A catalogue of the Pre-1500 Western Manuscript Books at the Newberry

Library, Chicago, 1989, p. 16.

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256

P. PElTORELLI

-lntitule de fin: uita Ade In nomine Ihu Xli.

Ecriture anglaise. Ce manuscrit a perdu la premiere partie du

recit et commencequelques mots apres e debut du §30. Le recto

du fO1 (§30-33) est presque efface. La Vita Adae et Evae est sui-

vie de la Legendede la Cro'lX.

P = Cambridge, Corpus Christi College, MS 275, 9ra-14vb;

3+255 ff., parchemin, 275x1l85, col.; xye siecle126.

-Titre: Vita protoplasti Ade et Eue uxoris sue.

-Incipit : Factum est autem cum expulsi essentAdam et uxor eius

Eva de paradiso exeuntesabierunt ad occidentemet fecerunt sibi

tabernaculum et ibi fuerunt lugenteset clamantes n maxima tri-

bulatione et post sex dies c :'peruntesurire et querebantmanduca-

re et non invenerunt quod manducarent.

-Explicit: quibus literis adductis dixit dominus ad Urielem lege

literas istas et legit et dixit adam et dixit dominus sic uocatum est

nomen eius.

La Vita Adae et Evae est suivie de Ie Legendede la Croix.

F = London, British Library, Harley 2432,1r-1Ov;174 f., parche-

min' xye siecle127.

-Tit~e : vita proto;lasti nosui Ade et Eve uxoris eius.

-lncipit: Factum est cum expulsi essentAdam et uxor eius Eua

de paradyso exeuntes abi~Tunt ad occidentem et fecerunt sibi

tabernaculum et ibi fueruNt sex diebus lugentes et clamantes n

maxima tribulatione Et post sex dies ceperunt esurire querebant

manducareet non inveniebamt uid manducarent.

-Explicit: quibus litteris adductis dixit dominus ad Vrielem lege

litteras istas et legit et dixit Adam Et dixit dominus sic uocetur

nomen eius.

-lntitule de fin: Vita prothoparentum nostrorum videlicet Ade et

Eve consortis eius. inis.

J = Cambridge, St John's College, Ms.

chemin, 215x135;xye siec~e128.

-Sans titre.

76 (G 8), 67r-74v; par.

126. M. R. JAMES, descriptiveCatalogue of he Manuscripts n the Cor-

pus Christi College Cambridge,vol. II, Cambridge, 1912,p. 35.

127. (R. NARES)A Catalogue of the Harleian manuscripts in the British

Museum,vol. I, Printed by Command of His Majesty King George III,

1808,p. 691.

128. M. R. JAMES,A descripn111'eatalogueof the Manuscripts in the St

John's College Cambridge, C8Jmbridge, 913,p. 210-211.

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LA VIE LATINE D' ADAM ET EVE

257

-Incipit: Factum est cum expulsi essent dam et uxor eius eua de

paradiso exeuntes bierunt ad occidentemet ecerunt sibi tabema-

culum et ibi fuerunt sex diebus lugenteset clamantes n maxima

tribulatione Et post sex dies ceperuntesurire et querebantmandu-

care et non inveniebant quid manducarent.

-Explicit: Pater vester et ego transgressi sumus praeceptum

domini dei dixit nobis Michael archangeluspropter praevarica-

tiones vestras / (§49).

Ls = London, British Library, Sloane 289, 73v-79v; parchemin;

xye siecle129.

-Sans titre.

-Incipit: Factum est cum expulsi essent dam et uxor eiusEva de

paradiso exeuntes bierunt ad occidentemet ecerunt sibi taberna-

culum et ibi fuerunt per vii dies lugenteset clamantes n maxima

tribulatione et post vi dies ceperunt esurire querebant manducare

et non inveniebant quod manducarent.

-Explicit: quibus litteris adductis dixit dominus ad Urielem lege

litteras istas et legit et dixit adam et dixit dominus sic uocetur

nomen eius.

It = London, Inner Temple Library, Petyt MS 538.36,140-148;

346 f., papier, 296x195;xye sieclel30.

-Titre: Vita Prothoplasti nostri Adae et Evae Vxoris suae.

-Incipit: factum est cum expulsi essentAdam et uxor eius Eua

de paradyso, exeuntes abierunt ad occidentem, et fecerunt sibi

tabernaculum, et ibi erant sex diebus lugentes et clamantes in

maxima tribulatione. Et post sex dies ceperunt esurire, querebant

manducare,et non inueniebant quid manducarent.

-Explicit: quibus litteris adductis,dixit Dominus ad Urielem, ege

litteras istas,et legit et dixit ADAM. Et dixit dominus, sic uocetur

nomen eius.

-Intitule final: Vita prothoparentum nostrorum uidelicet Adae et

Euae consortiseius.

E = London, British Library, Harley 275, 153r-158v; 160 ff.,

papier; manu (uti videtur) Laurentij Noelli scriptus,xve siecle131.

129.E. J. L. Scan, Index to the SloaneManuscripts n the British Museum,

London, 1904,p 3, s. v. Adam.

130.J. C. DAVIES,Catalogue of Manuscripts n the Library of the honou-

rable Society of the Inner Temple, ol. 2, Oxford, 1972,p. 814-816.

131. (R. NARES)A Catalogue of the Harleian manuscripts n the British

Museum,vol. I, Printed by Command of His Majesty King George III,

1808,p. 103.

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258

J. P. PE1TORELLI

-Titre: De penitencia Ade et Eve quando expulsi essent e para-

diso.

-Incipit: Factum est autem cum expulsi essentAdam et uxor eius

Eva de paradiso exeuntesabierunt ad occidentemet fecerunt sibi

habitaculum et ibi fueru tt sex diebus lugentes et clamantes in

maxima tribulatione et post sex dies ceperunt esurire querebant

manducare et non inveniebantquid manducarent.

-Explicit: quibus litteris adductis dixit dominus ad Urielem lege

literas istas et legit et dixit Adam et dixit dominus sic uocatur

nomen eius.

LES «PROPOSITIONS ADDITIONNELLES »

DE LA REDACTION ANGLAISE

Caracteristiques principaLes de La redaction angLaise

Les particularites de celie redaction, deja inventoriees par

Mozley132, ont de trois oldIes :

-elle apporte au texte des redactions rhenanes etudiees ci-

dessus de nombreuses modifications dans Ie vocabulaire et

l ordre des mots, variantes qui cependant ne semblent pas en

changer vraiment Ie sens;

-elle complete Ie fecit traditionnel par des propositions que

Mozley appelle des « additional phrases»

-entin, tOllSses emoins ajoutent a fin du fecit traditionnel de

la Vita Adae et Evae des courts traites de la tradition adamique

deja rencontres plus haul dans Pa133

Chacune de ces particularites a une portee differente: seule

une comparaison systematique avec les autres redactions per-

mettra d evaluer les corrections grammaticales apportees par la

redaction anglaise; l adjonction a la Vie latine des traites sur la

constitution d Adam, l origine de son nom et Ie nombre de ses

peches ne pose pas de question particuliere: its font partie des

traditions conservees de fa~on isolee, ou jointes les unes aux

autres et incorporees a la Vita Adae et Evae, en tete de l apo-

cryphe, comme dans Fa, 0 111la suite, comme ci.

MoZLEY 1929,p. 122-125..

133. Ct. supra,p. 238-239,et lJIote 9.

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LA VIE LATINE D ADAM ET EVE

259

Origine des « propositions additionnelles »

La presencedes propositions additionnelles pose une question

d une autre nature: il serait important de savoir si elles apparte-

naient ou non a une traduction latine originelle et, en ce cas, a

partir de quelle tradition cette traduction aurait ete etablie. On

ne pent qu ebaucher ici une premiere analyse de ce probleme.

Le rapprochement du texte d un meme paragraphe dans la

redaction anglaise et dans les autres redactions etudiees ci-des-

sus revele d abord comment cespropositions additionnelles s in-

serent dans un texte Ie plus souvent tres proche de celui des

autres redactions et quels problemes elles soulevent; nons pren-

drons pour exemple Ie §3, oil s inserent deux de cespropositions

additionnellesl34

La redaction d Allemagne du sud s enonce ainsi:

Et dixit Eua ad Adam: Domine mi, fac me utinam moriar et

forte introducat te dominus deus denuo in paradisum, quoniam

propter me iratus est tibi dominus deus. Vis interficere me, ut

moriar ? et forte introducet te dominus deus in paradisum, quia

propter meam causamexpulsuses nde.

Et la redaction anglaise: Dixit uero eua ad adam domine mi,

puto mori fame. Vtinam morerer et ego, et orsitan introduceret te

dominus deus denuo in paradisum, quoniam propter me ratus est

tibi. Et dixit Adam: Magna est in celo et in terra creatura eius,

aut propter te aut propter me nescio. Et iterum dixit Eua ad

Adam: Domine mi, vis interficere me ut moriar ? et folIar a

facie Domini Dei et a conspectu angelorum eius, ut oblivisca-

fur irasci tibi Dominus Deus et forte introducet te dominus

denuo in paradisum, quia propter meam causamexpulsuses nde.

Dans Ie texte qui leur est commun, les variantes entre les deux

traditions sont relativement mineures. Les deux propositions

additionnelles enrichissent substantiellement Ie recit; c est

d ailleurs leur absence dans les autres redactions latines qui

explique que Ie double questionnement d Eve apparaisse

comme la repetition d une meme proposition sous deux formes

legerement differentes135;eur presence, au contraire, donne au

recit une plus grande coherence,ce qui confirmerait leur ancien-

Dele.

134.Lespropositions dditionnelles ontecritesencaractere ras.

135. Certains temoins des redactions rhenanes,attentifs au fait qu Eve

semble se repeter sous deux formes legerement differentes, ont cherche

a corriger cette impressionde doublon en supprimant une ou autre pro-

position.

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260

P. PE1TORELLI

A la recherche de l'origine des propositions additionnelles,

nons avons alors compare entre elIes es differentes.editionsde la

Vita Adae et Evae et les recensionsnon-latines de la Vie d'Adam et

Eve; celie recherche a montre que ces propositions se retrouvent

dans les paragraphes correspondants des recensions orientales,

armenienne (VAl) et georgienne (VGg) et meme, dans quelques

cas,de la redaction II de la recensiongrecque (VGIJ)l36,

Celie constatation a re~u un nouvel eclairage grace a la

decouverte de deux documents proches l'un de l'autre:

a) une traduction latine a pen pres integrale d'une Vie d'Adam

et Eve ires proche de celIe que traduisent les recensions orien-

tales, traduction conserveedans un manuscrit de la Bibliotheque

nationale de France, Paris, BNF, lat. 3832 du XIIe siecle;

b) une transcription des 23 premiers paragraphes d'un texte

proche du precedent dans un manuscrit plus tardif, Milan, BA,

035 sup. de a Bibliotheque ambrosiennede Milan.

Apres avoir decrit sommairement ces documents, DOUgente-

Tonsde montrer comment leur decouverte modifie notre percep-

tion de l'histoire de l'apocryphe, en poursuivant l'analyse synop-

tique du §3.

Le manuscrit Paris, BNF, lat. 3832

Pr = Paris, Bibliotheque nationale de France, lat. 3832, p. 181.

192 ; 196 pp., parchemin, 205x140;XlIe siecle137.

136. La redaction II de VG a aussiconserve e fecit de la penitence dans

Ie fleuve transmis par les trois autres recensions (latine, armenienne et

georgienne), mais dans tine forme condensee et a tine toute autre place

dans e deroulement du fecit (§ 29,7) mis dans a bouche d'Eve, it conclut

la narration du premie peche et de l'expulsion et s'interrompt brutale-

ment au moment Oil Eve sort de l'eau. On trouvera Ie texte de cette

variante dans l'apparat critique de VG, editee dans BERTRAND, 987,p.

92, . 13, avec tine traduction, ibid., p. 133-134.

137.Bibliotheque nationale, Catalogue eneraldesmanuscrits atins, . VII,

Homeliaires, Paris, 1988,p. 457-460.Ce manuscrit appartenait a la collec-

tion Bigot. L'editeur precise: «Une seulemain. Initiales filigraneesrouges

et bleues. Rubriques. 12 cahiers de 8 ff., sauf Ie 11eme de 12 if. (p. 161-

184) et Ie 12emede 6 if. (p.185-196)». Dans sa description de la copie de

la Vita Adae et Evae, t renvoie a l'edition de J. H. Mozley,« avec de nom-

breuses vaT.». -L'extrait de l' Evangile de Nicodeme est emprunte a la

version atine A, chapitre 18 et debut du chapitre 19. -C'est au moment

de la redaction definitive de cette etude qu'a ete decouvert Paris, BNF,

lat. 3832. Son existencepose de multiples problemes qui ne peuvent etre

qu'evoques danscette premiere description. Une collation commentee en

paraitra prochainement dans ALMA.

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261A VIE LATINE D ADAM ET EVE

-Incipit : Factum estautem cum expulsus uisset adam de parady-

so et eua mulier eius, exeuntesde paradyso abierunt ad orientem

et fecerunt sibi tabernaculum et ibi fuerunt diebus septem,

lugenteset clamantes n magna tribulatione. Post autemvifem dies,

ceperunt et esurire et querebant quid manducarentsed non inve-

nerunt.

-Explicit: Quibus uero factis, ail dominus ad archangelum,

Afferte corpus abet filii eius aliasque ires sindones praeparate,

quoniam in sepulcro erit, ex quo exilibit corpus eius de terra (§40

de la VG).

Ce temoin contient les paragraphessuivants de la Vie d Adam

et Evel38: 1-22; 23-24 (= 2-5,1); 30-44 (= 5,2-15,1); 15-24 et 29-

37139,.40.

On lit ensuite, p. 193-194,une copie plus recente (XlIIe siecle)

d un court passagede l Evangile de Nicodeme.

Le manuscrit 0 35 sup. de la Bibliotheque ambrosiennede Milan

Ma = Milano, Biblioteca Ambrosiana, 0 35 sup., 95r-99v; 145 ff.,

parchemin, 190x140;XIye sieclel40.

-Titre: Penitentia ade.

-Incipit: Factumque est cum expulsus uisset Adam et Eua de

paradiso, exientesde oriente permissi, fecerunt dies sibi septem

lugenteset lamentantesmangna tristitia. Postquam autem septem

perfecerint dies, ceperant exurire, et uolebunt manducare,et non

habebant.

-Explicit: Et dixit Eua ad adam .domine mi uidi dormiens uisio-

nem sanguinem filii tui abel ingredi in os cairn fratris sui et

degluctiuit eum sine ulla misericordia et cum degluctisset ogabat

ille ut indulgeret nec ndulsit (§23)l41.

138. Les numeros des paragraphesde la Vie larine, selon e decoupagede

Meyer, soot indiques en romain, ceux de la Vie grecque, selon e decou-

page de D. A. Bertrand, en italique, solution analogue a celIe qui a ete

retenue par les editeurs des recensionsarmenienne et georgienne.

139. Aucun autre temoin connu de la recension atine de la Vie d Adam

et Eve n a conserve e fecit de la faute originelle tel qu il est raconte par

Eve, en accord avec es traditions juives, dans es redactions grecque et

orientales.

140. One description plus complete et une collation commentee du texte

de ce temoin doit paraitre incessamment ans a livraison 1998d ALMA.

14L Le manuscrit se termine par ces mots. Cette coupure provient tres

probablementde la perte des olios suivantsdans e documentque copiait

Ma; cf. infra.

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262

J. P. PElTORELLI

Analyse synoptique despropositions additionnelles

La presentation synoptique des deux propositions addition-

nelles du §3 dans les six recensionspermettra a la fois de mieux

saisir leur relation et meme de corriger la redaction anglaise

doni Ie texte actuel a perdu un mot importanp42

Pr:

Ra:

Ma:

VAl:

VGg:

VGII:

Et dixit adam

Et dixit Adam

Dixit adam eue

Adam said

Adam repondit a Eve et 1mdit

Pr:

Ra:Ma:

VAl:

VGg:

VGll.

-in caelo et in terra creatura eius

-in celo et in terra creatura eius

iTa in celo et in omne creatura

wrath has come upon us,

cole-Ie est sur toutes les creatures

 cause e nous

MagrnJ est

Magna est

Mangna est

Great

unegrande

Pr:

Ra:

Ma:

VAl:

VGg:

VGII;

Verum propter te an propt~ me hoc nescio factum est

aut propter te aut propter me nescio.

propter nos

I know whether becauseof you or becauseof me.

Mais je ne sills pas ceci esl-ce a cause de moi ou a cause de toi ?

Pr:

Ra:

Ma:

VAl:

VGg:

VGII.

Dixit autemeuaad adam Dominemensis interficereme ut moriar

Et iterum dixit Eua ad Adllm Dominemi, nterficeme ut moriar

Et dixit eua: Domineadam nterficemeut moriar,

Eve said o h<im> Kill me f you wish,

Eve repondita Adam Mon seigneur, 'il te para tconvenable,uemoi;

Et je dis a Adam Seigneurais-moidoncperir

Pr:

Ra:

Ma:VAl:

VGg:

VGI1;

et tollasme

et tollar

ettollar

a facie domini dei et a conspectu angelorum eius ,

a facie Domini Dei et a conspectu angelorum eius

affacie domini mei et a spectu angelorum eius

pour que je sois arrachee

pour que je cesse

d'etre devant toi

11a face de Dieu et de ses anges

devant a facede Dieu et devant essaintsanges,

142. Rappelons les sigles des differentes redactions: Ra = redaction

anglaise,Pr = Paris,BNF, 3832"Ma = Milan, BA, 035 sup, VGII = redac-

tion II de la Vie grecque,VAl "" recensionarmenienne (traduction Stone)

et VGg = recension georgienne (traduction Mahe). Les graphies singu-

lieres de Pr et Ma ont ete con$ervees.

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263

A VIE LATINE D ADAM ET EVE

Pr:

Ra.:

Ma:

VAl:

VGg:

VGII;

ut obliviscatur

ut obliviscatur

et obliuiscaturmei.

so hat

afin que cesse

et qu ainsi ils cessent

irasci ibi dominus eus.

irasci ibi DominusDeus.

lrasciturenimdeus ibi

the wrathandangermayabate rom beforeyou

la colerede Dieu contre oi

d 8tre rrites contre oi

Pr:

Ra:

Ma:

VAl:

Vag:

VaIl

pro<pter>me.

for this hascomeaboutbecause f me.

puisqu elleesta cause emoi.

a cause e moi.

On a vu plus haut que toutes les autres redactions latines

ignoraient ces propositions. La synopse revele les variantes

entre les differentes redactions:

-VGII n a pas retenu la premiere priere d Eve a son mari et la

reponse d Adam.

-Telle que la transmettent Pr et, sans doute apres lui, la

redaction anglaise, a reponse d Adam n a pas grand sens: que

peut si~er la proclamation de la grandeur de la Creation en

reponse a Eve qui propose a Adam de la faire mourir ? Seule a

colere de Dieu contre Ie peche de l homme explique la misere

de la creation pervertie par son peche (cf. Paul, Rom. 8, 20).

Tres proche de la redaction georgienne, Ma permet de corriger

Pr et Ra en y retablissant Ta.

-En negligeant l implication de la creation toute entiere dans

Ie premier peche, VAl perd un aspect mportant de cette perico-

pe.

-Ma laisse de cote la question de la responsabilite propre de

chacun des deux protoplastes alors que Ie texte anglais suit de

pres celui de Paris et des redactions orientales.

-La replique d Eve manifeste mieux encore la parente entre

ces differentes traditions. En terre latine Pr, Ma et Ra sont leg

seuls, en effet, a conserver idee que la premiere femme devait

disparaitre de devant la face de Dieu, idee affirmee par VGII et

VGg. VAl n a pas cru devoir retenir une telle idee -elle devait

lui paraitre bien extraordinaire: qui en effet peut echapper au

regard de Dieu ?

-Enfin, seulesencore leg trois redactions latines se referent a

l image de l oubli pour decrire Ie pardon.

Interpretation de cesconstatations

Telle apparait dans ce court recit la complexite des relations

entre les differentes recensions.Dans ce §3, Ma est parfois plus

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264

J. P. PE1TORELLI

proche que Pr des recensions orientales -il a conserve e mot

ira, alors que Pr l'a perdu, -et parfois moins -il simplifie l'in-

terrogation sur la responsabilite propre a chacun des deux pro-

toplastes; la redaction aIJlglaise,Ra, suit Pr de tres pres143.I

n'est pas possible de pournuivre tout au long du texte la compa-

raison initiee ici entre la redaction anglaise et ces deux temoins.

Conduite ailleurs sur Ie seul Mal44,elle a montre que la redac-

tion anglaise ne les a suivlS que dans les douze premiers para-

graphes de la Vie latine.

Questionsposeespar ['existencedu Paris BNF [at. 3832

II existait donc, au plus 1ard au XlIe siecle, une traduction lati-

ne integrale d'une recension, grecque sans doute, de structure

ires proche de celIe que traduisent aussi leg deux recensions

armenienne et georgienne. Mais ce fait ne permet pas de

resoudre Ie probleme que posent eg variantes entre Ma et Pro I

n'est pas possible en effelt de savoir aujourd'hui si Ie texte de

Ma, accidentellement ron~ue, appartenait a un fecit qui a partir

du §25 suivait la redaction latine traditionnelle, ou bien s'il

appartenait a la meme tradition que Pro Qu'ils appartiennent ou

non a une meme traditio ], ils presentent, cependant, de telles

variantes qu'ils ne peuven~dependre l'un de l'autre; seule une

etude de toutes leurs variantes permettra peut-etre de determi-

ner si leur source etait un unique texte grec ou s'ils traduisent

chacunune source grecque differente.

A la question de savoir a.quelle place cette traduction se situe

dans l'histoire des redactions latines deux reponses sont pos-

sibles: ou bien elle est a l'origine de toutes ces redactions145,u

bien, apparue plus tard, elle a entrame la correction d'une redac-

tion de type rhenan et donne naissancea la redaction anglaise.

143. Dans la majorite des cas ,ouMa differe de Pr, la redaction anglaise

depend de Pr.1l n'etait pas possible de Ie deniontrer ici.

144.Elle a ete poursuivie de fa'~on ystematiquedans 'etude deja citee a

paraitre dans la livraison 19~ d'ALMA, mais par rapport au seul Ma,

puisque Pr etait encore inconl:lu.

145. Cette hypothese pourrait etre confirmee par l'existence d'une

variante propre a Fl, une des: edactions tardives, qui evoque, au §8, e

mugissement ar lequelles animaux accompagnaienta penitence d'Adam

dans Ie fleuve Jourdain et qu'iJ taut sansdoute supposerderriere la pro-

position additionnelle degageepar Mozley dans ce meme §8: raucae ac-

tae sunt fauces eius, ou eorum (les animaux) devrait remplacer eius

(Adam); les mots raucaeetfauces renvoient en effet plut6t a l'animal qu'a

l'homme; ct. infra, l'analyse des edactions tardives.

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265A VIE LATINE D' ADAM ET EVE

La premiere hypothese s'appuie sur Ie fait que leg propositions

additionnelles paraissentnecessaires la coherence du §3 et sur

la presence, des Ie xe siecle, dans Ie Saltair Na Rann, de

quelques unes de cespropositionsl46.La secondeparait plus pro-

bable car la redaction anglaise n'a suivi Pr que dans ses douze

premiers paragraphes et ignore ensuite, dans eg paragraphesqui

lui sont communs avec a tradition armenienne-georgienne §30-

44), leg variantes propres a Pr; elle ignore tous leg passa&es ue

Pr est sew a transmettre en traduction latine: fecit par Eve du

peche originel et de sa condamnation et double fecit de l'inhu-

mation d' Adam; elle conserve enfin leg deux passages ropres a

la tradition latine, l'Apocalypse d'Adam et Ie fecit latin de son

inhumation, inconnus des recensions moyen-orientales. Ce

constat suggerede limiter l'influence de Pr sur Ie texte de la Vita

Adae et Evae aux seules corrections apportees a la redaction

anglaise147. l resterait a comprendre pourquoi Ie redacteur

anglais, s'il avait sous eg yeux un texte de meme structure que

Pr, ne l'a utilise que pour leg douze premiers paragraphesde sa

propre edition.

Les solutions apportees a ces interrogations sont a l'evidence

de la plus grande importance pour saisir 'histoire de la transmis-

sion de l'apocryphe.

146. Sur a nature de ce document, cf. supra,note 15.

147.Cette conclusion n'interdit pas de reconnaitre tiDe nfluence plus dif-

fuse de cette tradition sur Ie contenu des traditions adamiquesocciden-

tales. a. Ie commentaire du Saltair Na Rann par B. o. Murdoch, cite

supra note 15 et en dernier lieu G. A. ANDERSON,Adam and Eve in

the Life of Adam and Eve » dans M. E. STONE T. A. BERGRENed.

by), Biblical Figures outside the Bible, Trinity Press International, Har-

risburg, Pennsylvania,1998,p. 7-32, specialementp. 7-12.

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266

J.} : PETTORELLI

5. LES DEUX REDACnONSTARDIVES

Le texte des deux familles de temoins que nous abordons

maintenantest celui que Meyer a reconnudans es manuscrits

de saClasseII.

Remplacement e l histoire des tablettesde pierre et d argile par It

Legendede a Croix

Pour Meyer, cette classe se definit d abord par l insertion

d elements empruntes a la tradition qui a par ailleurs donne

naissance a la Legende de la Croix, histoire du triple rameau

confie par Michel a Seth lors de son pelerinage au Paradis avec

Eve sa mere sur l ordre d Adam pour obtenir l huile de miseri-

corde. Ce rameau, perdu et retrouve dans un des fleuves qui

bordent Ie Paradis, plante par Seth sur la tombe d Adam au des-

sus de son crane, donna naissance a une foret dans laquelle

furent collectees les poutres du Temple, parmi lesquelles celIe

qui, rendue par miracle inutilisable pour la construction et jetee

dans la piscine probatique, devait finalement servir a constituer

la croix de Jesusl48.

Ce recit donne au roi Salomon, et a la reine de Saba, un role

essentiel sur Ie devenir de la poutre qui deviendra la croix de

Jesus; il permettait difficilement de conserver a Salomon son

role dans l histoire des tabiettes de pierre et d argile: celle-ci a

donc totalement disparu de celie nouvelle redaction.

La suppressionde l histoire des tablettes a entraine aussiune

nouvelle conclusion qui ajloute a la proposition concernant Ie

septieme our (§51) une evocation du huitieme, explicit commun

a tOllS es temoins:

Octauus uero dies futurae et eternae beatitudinis est, n qua

omnes beati cum ipso creaJoreet saluatore simul cum corpore et

anima numquam de cetera morituri, regnabuntper infinita secula

seculorumAmen.

148. Meyer a reuni les nterpolations emprunteesa la Legendede LaCroix

et insereesdans a Vita Adae ~t Evae dans MEYER,1882,§ IV; 6, p. 120-

122. -Dire qu il s agit d interpolations empruntees a la Legendede La

Croix, ne signifie pas que ces nterpolations soient extraites telles quelles

du texte de la Legendeselon a forme precise editee par Meyer. Les nom-

breux temoins de la Legende laissententrevoir tine tradition textuelle

encore plus complexe que ceDe de la Vita Adae et Evae, et Meyer lui-

meme s est efforce de rassembler es nombreusesallusions a cette tradi-

tion, allusions plus ou moins detaillees et transrnisesSOliSe nombreuses

formes.

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267A VIE LATINE D ADAM ET EVE

Lesoublis

Tous les temoins de cette tradition, sauf Tares exceptions149,

ignorent quelques pericopes ou propositions presentes dans les

redactions plus anciennes; ainsi ils ne transmettent pas au §6, a

consigne donnee a Eve: Sed antos diesfac ut salua sis; au §10, a

question posee par Adam a sa femme qui l a rejoint sous la

conduite de Satan: Ubi est opus penitentiae tuae ?; au §17, une

des questions a Satan: Quid tibi fecimus unde nos persequeris?;

au §27, l affirmation d Adam dans sa priere devant la face de

Dieu: Ecce uerbum tuum incendit me,. au §31, la reponse

d Adam a la proposition de Seth de se rendre au paradis cher-

chef Ie fruit: Respondit adam et dixit ad seth: Non fili hec deside-

yO, ed infirmor et dolores habeo magnos n corpore; au §32, a

eericope qui conceme la repartiti~n du paradis entre Adam et

Eve; au §46, la description d Eve prostree apres la mort

d Adam: et Eua cum esset espiciens n terram, intextas manus

super caput eiushabens.

Les additions

Par contre ils ajoutent quelques propositions inconnues par

ailleurs. Au §18, ls precisent qu Adam ne repondit rien a Eve

qui lui annon~ait son intention de se retirer au couchant: Qui

non respondit ei verbum. Haec audiens Eua, coepit ...; au §19, ls

ajoutent Et dum reuerterentur uminaria ad orientem,per motum

[nuntiumJ ipso um intellexit Adam quod Eua graui dolore tor-

queretur; au §30, ls specifient Ie nombre des fils d Adam: erant

autem numero quindecim milia uirorum exceptis mulieribus et

pueris; au §48, enfin, en liaison avec la Legende de la Croix, ils

changent e lieu d inhumation d Adam et Abel: in eo qui dicitur

Caluarie locus, et non plus in partesparadisi.

Autres variantes

D autres variantes caracterisentces redactions tardives, meme

si elles out deborde parfois sur des temoins, tardifs eux aussi, de

redactions d origine plus ancienne.

Les deux premieres concement la fonction des differents pro-

tagonistes:

149.Quelques emoins ont corrige leur source en faisant appel t des edac-

tions d autre origine; cf. infra, la description des differents groupes de

temoins it l interieur des deux formes de cette tradition.

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268

J. P.PETrORELLI

-une premiere variante reduit la place d'Eve dans Ie recit:

ainsi au §2, la 011eg redactions anciennesecrivent Et di.xit Eua

ad Adam: Mi homo esurio, vade et quere, 'une des redactions

tardives (= Fi) ecrit: Dixit autem adam ad euam: Domina mi

esurio, uade et quere, et l'autre (= F2): Dixit Eua ad Adam:

Domine mi esurio. Qui respondit uade et quere

Pour l'une et l'autre, c'est a Adam que revient de donner leg

ordres et non a Eve. Si la deuxieme formule laisse encore a Eve

l'affirmation: Esurio, la premiere va jusqu'a la mettre dans la

bouche du premier homme qui, curieusement, donne a Eve Ie

titre de Domina.

-Au §22, une seconde variante, en ajoutant a la forme tradi-

tionnelle: Tunc tulit Adam euam et puerurn, leg mots Michael et

et, donne a Michel, et non a Adam, l'initiative de reconduire a

l'orient Ie couple avec son premier enfant: Tunc michael tulit

adam et euam et puerum et duxit eosad orientem.

-Une pericope supplementaire, au §21, introduit dans ces

deux redactions une tradition juive attribuant la naissance de

CaIn ou a des interventions malefiques ou a de possibles rela-

tions extra conjugales de sa mere150,radition qu'ignorent toutes

leg autres redactions: Eua vera ignorans et admirans quid hoc

essetquod peperierat di.xit ad adam : Domine interfice hoc ne nos

forte interficiamur per illud [quia in herbis uenenosissimis llud

comedi add. Fi]. Respondit adarn et dixit: Nequaquam quia san-

guis et carDmea est.

Les deux ormes des redactions ardives

Dans leg variantes du §2, donnees ci-dessus,s'affirmait la dis-

tinction de deux formes de ce groupe, Fl et n; Meyer n'avait

pas sous eg yeux un nombre suffisant de temoins pour leg dega-

150. L. GINZBERG, The Legends of the Jews, I, ch. III, p. 105sq et V, III,

note 1-3. On ne petit ici que renvoyer a l'expose de I Henoch, 106,2-107,3,

concernant Noe, fils de Lamech, que notre variante semble transposer a

Adam et a son fils premier -ne (cr. A. DUPONT-SOMMER M. PHILONENKO

dir., Ecrits Intertestamentaires [Bibliotheque de La Pleiade], Paris, 1987,

p. 621-623 avec leg notes), et a tine me-me nterrogation evoquee par l' Apo-

cryphe de /a Genese, I (Ibid., p. 387-388). Cette tradition s'est aussi, mais

autrement, insinuee au §21 de Pr et Ma oil il s'agit de l'efficacite de la

priere d' Adam. Pr ecrit : Nisi enim illius oratio intercederetul; nullo modo

posses euadere d%res istos de conceptu adu/terii et Ma: Nisi enim illius

oratio fieret, nullo modo potuisses euadere de d%ribus istis et de conceptu

adu</>terii istius.

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LA VIE LATINE D' ADAM ET EVE

269

ger l'une de l'autre151.Cette distinction se manifeste deja dans

le i deux incipit, empruntes d'ailleurs l'un et l'autre aux redac-

tions rhenanes152. 'incipit de Fl s'enonce ainsi.. Adam et eua

cum expulsi fuissent de paradiso uoluptatis fecerunt sibi taberna-

culum et fuerunt ibidem septem dies lugentes et lamentantes in

magna tristitia Post septem autem dies ceperunt esurire adam et

eua et querebantsibi escaset non habebanf53 On y reconn.ait eg

principales variantes de R3: il debute par Ie nom des deux pro-

toplastes, e paradis est designe sous e nom de paradisum volup-

talis, c'est adam et eua qui commencent d'avoir faim, et ils cher-

chent des nourritures, escas, u pluriel.

F2 presente un incipit tres proche de celui de Rl : Cum expulsi

fuissent Adam et Eua de paradiso fecerunt sibi tabernaculum et

fuerunt vii diebus lugentes et lamentantes n magna tristitia Post

uero vii dies ceperunt esurire et querebant sibi escaset non habe-

bant.

Plusieurs autres variantes importantes confirment cette distri-

bution:

Contrairement a n, FI ignore tout Ie fecit de la r~ncontre de

la Bete par Eve et Seth oTs du pelerinage au paradis pour cher-

chef l'huile de misericorde pour guerir Adam (§37-40a);

II ignore aussi au §23, l'information sur l'age d' Adam a la

mort d' Abel: Erat autem adam tunc annos centum et triginta; au

§29c, la proclamation: et felix est homo qui corrigit animam

suam et querit iudicium et magnalia domijti inter homines, et

inquirentur eorum facta a deo iusto iudice; au §47, a loudnge de

la misericorde accordee par Di,eu a Adam proclamee par tous

151. Meyer (MEYER,1878,p. 214 et la note) ne cite que quatre manus-

crits de Munich: c/m4756, 15610, 8406 et 2778; soil Rb, Ri, Tg et Ap qui

appartiennent to us les quatre a la seconde redaction (F2); dans une

autre note (p. 210,note 1) il evoque es c/m 2800 et 5976,soil Ah et Ee, et

Ie 1628de Vienne, Vb, qu'il ne connait que par la citation qu'en a fait Mus-

safia. II semble n'avoir lu aucun temoin de la premiere redaction (F1)

152. Cette constatation pose a question de savoir si ces deux redactions

tardives ont ete construites a partir de temoins des redactions rhenanes.

Seule une recherche detaillee, pas encore entreprise, pourra dire si dans

l'une ou l'autre des deux redactions ardives se trouvent des variantes qui

appartenaient deja a certains temoins des redactions rhenanes et pourra

ainsi montrer leur dependance par rapport a ces emoins plus anciens.

153. Ainsi s'enonce a forme integrale de l'incipit; plusieurs temoins en

ont perdu l'un ou l'autre element. Ainsi, a la suite de sauls du meme au

meme, d'ailleurs differents, Sw et Sg ont laisse tomber quelques mots

entre les deux dies.

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J. p, PE1TORELLI

les anges: Et ecce omnes angeli canentes tubis dixerunt:

Benedictuses domine deuspro plasmate uo quia misertuseseius.

n, de son cote, ignore qlllelquespropositions attesteespar Fi :

au §8, les pleurs des animaux sur Adam: luxeruntque pariter

secum ululatu et mugitu magno, eo quod transgressus uerat

<Adam> mandatum creatoris et eiectusestde tanta gloria delicia-

rum154;au §21, la raison de la crainte manifestee par Eve a

l'egard de l'enfant qu'elle vient de mettre au monde: quia in

herbis uenenosissimis illud comedi; au §26, une partie du

reproche fait par Dieu a Adam: Et obaudisti illi (Eve) et uerba

mea preteristi,. au §29, dans e recit du retour d' Adam apres son

transport devant a face de Dieu, l'action miraculeusede Michel:

et tenensmichael in manu ,~uauirgam, et tetigit aquas que erant

circa paradisum et legauerunt; au §46, Ie reproche des fils au

pere: Heu domine pater . Vt quid induxisti nobis dolorem et

mortem?

A res variantes relativement importantes, s'ajoutent de nom-

breusesvariantes de detail -qui confirment la distinction entre leg

deux traditions; en voici quelques exemples: au §2, ou Fi ecrit:

et reuocetnos in loco ubi prius eramuset, dans a phrase suivan-

te, et ambulauit (Adam) septemdiesper omnem terram illam, F2

s'exprime ainsi: et reuocabit nos in locum pristmum et et circui-

bant (Adam et Eua) septem diebus omnem terram illam; au §3,

Fi, en ecrivant: surge cito (uelociter) et queramus, enforce l'ex-

eression de F2.. surge et queramus; au §9, Ie conseil de Satan a

Eve est transcrit par Fi: iam cessa de tristitia et gemitu nec

amplius sollicita sis et uir tuus Adam et par F2 sous plusieurs

formes qui ignorent toutes l'expression nec amplius; au §31, F2

ignore Ie motif, donne par Fi, -quia penitus ignoramus, -

pour lequelles fils d' Adam supplient leur pere: quid est dolor?

etc...

L'apparat de l'edition critique signalerait de telles variantes

tout au long du fecit.

154. Cette proposition, evoquee en d'autres termes par la redaction

anglaise, envoie a des traditions conservees ar la Vie grecque et par Ie

Sa/lair Na RannoElle a fait l'objet d'une analysedans 'etude du manus-

crit de Milan, deja citeeon n'est pas simple de determiner parquels che-

mins elle reapparait dans des temoins tardifso

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LA VIE LATINE D ADAM ET EVE

271

LA PREMIERE REDACTION TARDIVE

Les emoins

F1 est representee par quinze temoins, des Xlye et xye siecles.

Vb = Wien, OsterreichischeNationalbibliothek, Cod. 1628,95rb-

98ra; 98 ff., parchemin, 225x155,2 col.; Xlye siecle155.

-Sans titre.

-Incipit : adam et eua cum expulsi uissent de paradiso uoluptatis

fecerunt tabemaculum et fuerunt vij dies lugenteset lamentantes

in magna tristitia Post vii dies ceperuntesurireadam et eua et que-

rebant sibi escasut manducarentet non habebant.

-Explicit: Octauus uero dies future et eteme beatitudinis est in

quo omnes beati cum Xristo creatore et saluatore nostro simul

cum corpore et anima numquam de ceteromorituri (rengna)sunt

per infinita seculaseculorum.Amen.

Pv = Praha, Narodni knihovna Ceske republiky, X. E. 13 (Cim.

K. 155), 85v-88v; 229 f., papier, 210x160;Xlye sieclel56.

-Titre: fiber de adam qualiter vixit quando fuit eiectusde paradi-

so.

-Incipit: Adam et eua cum expulsi essentde paradiso uoluptatis

fecerunt tabernaculum et fuerunt vij diebus lugentes et lamen-

tantes n magna tristitia post septemdies ceperuntesurireadam et

eua et querebantsibi escasut manducarentet non habebant.

-Explicit: Octauus uero future et eterne beatitudinis est in qua

omnes beati cum isto creatore et saluatore nostro simul cum cor-

pore et anima numquam de ceteromorituri regnabuntper infinita

seculaseculorum.Amen.

La Vita Adae et Evae est suivie du traite De formatione Adae

et de nomine eius,dans une version resumee.

Eq = Erfurt, Stadt- und Regionalbibliothek, CA 80 8, 76v-78r;

127 f., parchemin; milieu du XIye siecle157.

-Titre: Dialogi quos Adam et Eva e paradiso expulsi inter se

habuissedicuntur.

155. TCMV; I, p. 265.

156.J. TRUHLAR,Catalogus codicum manu scriptorum Latinorum qui in

C. R. Bibliotheca Publica atque UniversitatisPragensis asseruantur,. II,

Prague 1906,p. 76-77, sub n° 1914.

157.W. SCHUM, eschreibendes erzeichniss er Amplonianischen Hand-

schriftensammlungzu Erfurt, t. III, Handschriften n Octav,Berlin, 1887,

p.675.

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272

l.P. PETfORELLI

-Incipit : Adam et eua cum expulsi uissent de paradyso volupta-

tis fecerunt sibi tabernaculum et fuerunt vii dies lugientes et

lamentantes n magna tristitia Post vii dies ceperuntesuriri et que-

rebant sibi escasut manducarentet non habebant.

-Explicit: et post hoc habitabit deus cum hominibus in ferris

uisurus et tunc incipiet equitas ulgere et domus dei in seculum

honorabitur et non poterunt aduersa amplius nocere et suscitabit

deus saluatorem plebem .facturus in seculum seculi et impii

punientur a deo regesuo (§29c).

Rz = Munchen, Bayerische Staatsbibliothek, clm 16472, 165vb-

172ra; 205 fl., parchemin, 295x210,2 col.; XIve siecle, monaste-

re de St-Zenon de Reichenhalp58.

-Titre: PenitentiaAdae et Evae et generatio iliorum suorum.

-Incipit : Adam et Eua cum expulsi uissent de paradiso volupta-

tis fecerunt tabernaculum et fuerunt septem dies lugentes et

lamentantes n magna tristicia Post septem dies ceperunt esurire

adam et eua et querebant sibi escasut manducarent et non habe-

bani.

-Explicit: Octauus uero dies future et eterne beatitudinis est in

quo omnes beati cum ipso creatore et saluatore nostro simul cum

corpore et anima numquam de cetera morituri et semper egnatu-

ri suntper infinita seculaseculorumAmen.

Go = Gottweig, Stiftsbibliothek, Ms. 306 (344), 221va-224vb;

249 ff., papier, 27Ox180, col. ; xye siecle159.

-Titre: Nota expulsionem ade et eue quomodo expulsi sunt de

paradyso voluptatis n miseriam.

-Incipit: Adam et eua cum expulsi uissent de paradyso volupta-

tis fecerunt sibi thabernacuJumet fuerunt viiemdiebus lugenteset

lamentantes n magna tristicia post viiemdies ceperunt esurire et

querebantsibi escasut manducarentet non habebant.

-Explicit: VIIIlL\ uero dies uture et eternebeatitudinis est n qua

158. CCLM, II, III, 69.

159. (I. MOELI) Manuscriptencatalog der Stiftsbibliothek in Gottweig,

(reprint by University Microfilms International, Ann Arbor, Michigan,

Catalog of Manuscripts n Stilt Gottweig,Vol. 1, part 2) p. 639-640, ous

Ie titre: Tractatulusde expulsioneAdami et Evae deparadiso. La cote de

ce temoin est instable: dans Ie catalogue de I. Moeli it est cote 344 et a

The Hill Monastic Manuscript Library il est connu sous la cote 306

(echange decourrier avec Ie p. Brudney, de la H. M. M. Library); cette

deuxieme cote reprend tine cote anterieure indiquee entre parentheses

dans Ie catalogue de I. Moeli.

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273

A VIE LATINE D ADAM ET EVE

omnes beati cum ipso creatore et salvatore nostro simul cum cor-

pore et anima numquam de cetera moriuntur regnabuntper infi-

nita seculaseculorum Amen.

-lntitule de fin: expulsio ade et euede paradyso.

Hz = Herzogenburg, Stiftsbibliothek, Ms. 43, 247ra-250vb;

1+251 ff., papier, 2 col. ; xye sieclel60.

-Sans titre.

-Incipit : Adam et Eua cum expulsi uissent de paradyso uolupta-

tis fecerunt sibi tabernacula et fuerunt septem dies lugentes et

lamentantes n magna tristitia Post septem dies ceperunt esurire

adam et Eua et querebant sibi escas ut manducarentur et non

habebant.

-Explicit: Octauus uero dies future et eterne beatitudinis est in

quo omnes beati cum Xristo creatore et saluatore nostro simul

cum corpore et anima numquam de ceteramorituri regnaturi sunt

per infinita seculaseculorum.Amen.

Br = Bruxelles, Bibliotheque royale Albert leT, IV 715, 1r-11v;

12 ff., papier; milieu du xve sieclel61.

-Sans titre.

-Incipit au debut de texte: Post casum luciferi qui superbia

in latus ail ponam sedemmeam in aquilone et ero similis altissi-

mo Deus autem summe bonitatis volenshominem esse rincipem

regni sui adam de terra plasmauit et eum in paradiso terrestri

posuit.

-Incipit de la Vita Adae et Evae: Cum autemadam et eua expulsi

essentde paradiso uoluptatis fecerunt sibi tabernaculum in quo

steterunt vij dies lugienteset lamentantes n magna tristicia postea

ceperunt esurire et querebant escasut manducarent et non inue-

niebant.

-Explicit: Octauus autem dies est uture et eteme beatitudinis in

quo omnes boni cum ipso creatore cum corpore et anima num-

quam moriuntur sed regnabunt per infinita secula seculorum

amen.

160.H. MAYo, Descriptive nventoriesof Ms. Microfilmed for the Hill M.

Manuscript Austrian Libraries, vol. III, Herzogenburg,Collegeville, 1985,

p. 143-146.

161. Dans un courrier, M. Henry, attache scientifique a la Bibliotheque

royale de Bruxelles, demandede modifier en IV 715 a cote IV F 15 ndi-

quee parE. B. Halford (cf. note 9). Ce manuscrit n a pas encore fait l ob-

jet d une description dans un catalogue de la Bibliotheque de Bruxelles.

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274

J. P.PE1TORELLI

Le texte de la Vita Adae et Evae est precede d'un recit du

peche originel et de sa condamnation developpe a partir de Gn 3

en faisant appel aux traditions concernant Ie refus de Satan de

venerer Adam comme chef de la creation, theme essentielde la

premiere partie de la Vie d Adam et Eve. Le texte (et l'ecriture?)

sont tres semblablesa ceux du temoin suivant.

Hm = San Marino (California), Huntington Library, HM 1342,

4r-15v; 187 t., papier, 220x150;xye siecle162.

-Titre: vita ade.

-Incipit au debut de texte : Post casum luciferi qui superbia

inflatus ail ponam sedem tfeam in aquilone et ero similis altissi-

mo Deus autem summe bonitatis volens hominem esse rincipem

<regni sui> Adam de terraplasmauit et eum in paradiso terrestri

posuit.

-Incipit de la Vita Adae et Evae : Cum autemadam et eua expulsi

essentde paradiso uoluptatis fecerunt sibi tabernaculum in quo

steterunt vij dies lugienteset lamentantes n magna tristicia postea

ceperunt esurire et querebant escasut manducarent et non inue-

niebant.

-Explicit: Octauus uero future et eterne beatitudinis est in quo

omnes boni cum ipso crealore et saluatore nostro simul cum cor-

pore et anima numquam de cetero morientur sed regnabuntper

infinita seculaseculorum.Amen.

-Intitule final: vita ade.

Le texte (et l'ecriture ?) sont ires semblables i.ceux de Br.

Cc = Krakow, Biblioteka Jagiellonska, 431, 119va-121va;244+1

ff., papier, 29Ox205, col.; 1441163.

-Titre: Nota Hystoria Ade et Ewe, quando expulsi erant de

Paradiso.

162. Guide to Medieval and R.enaissance manuscripts in the Huntington

Library, vol. II, Huntington Library, 1989, p. 565-569. Deja reference dans

S. DE RICCI & W. J. WILSON, Census of Medieval and Renaissance Manus-

cripts in the United States and Canada, t. I, New-York, 1935, p. 106. Selon

N. R. KER, Medieval Libraries of Great Britain, Londres, 1964, p. 197, ce

manuscrit aurait appartenu a l' Abbaye de Westminster; d'apres les auteurs'

du Guide cite ci-dessus, Ie texte de la Vie latine aurait ete ecrit en Italie

et ensuite reuni a d'autres documents dus a des copistes anglais.

163. M. KOWALCZYK, M. MARKOWSKI, G. ZATHEY & M. ZWIERCAN, Cata-

logus Codicum manuscriptorum Medii £vi Latinorum qui in Bibliotheca

Jagellonica Cracoviae asservalltur, Vol. II, Cracovie, 1982, p. 307-311.

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276

J.P. PETfORELLI

-Explicit: Octaua uero die.~est uture et eteme beatitudinis n qua

omneselecti cum suo crealore et redemptoresimul cum corpore et

anima requiescentet regnabunt n seculaseculorum amen.

Sr = Strangnas,Domkyrkobiblioteket, Q 16 (Op.1), 5r-9r; 11 ft.;

circa 1460166.

-Titre: ProtogenitorumHis'toriapostquamexparadisosunt expulsi.

-Incipit : Adam et eua cum expulsi uissent deparadiso uoluptatis

fecerunt sibi tabernaculum Et fuerunt septem dies lugentes et

lamentantes n magna tristitia Post septem dies ceperunt esurire

adorn et eua et querebant escasut manducarent et non habebant.

-Explicit: Octauus uero dies future et eterne beatitudinis est in

qua beati cum Xristo creatore et saluatore simul cum corpore et

anima numquam de ceteromorituri regnabuntper infinita seculo-

rum seculaAmen.

La Vita Adae et Evae est suivie de la Legendede la Croix.

Cb = Krakow, Biblioteka Jagiellonska, 2403 (= DD XVII 2),

25v-32r; 230 ff., papier; 1468167.

-Titre: De expulsioneAdt', cum Eva de paradiso.

-Incipit: Cum expulsi uis entde paradiso voluptatis ecerunt sibi

thabernaculum et fuerunt septem dies lugenteset lamentantes n

magna tristitia Post septemdies ceperunt esurire et querebantsibi

escasut manducarentet non habebant.

-Explicit: Homo dei ne amplius quam septem diebus lugeatis

mortuos vestros quia septima dies resurrectionis sue requieuit

dominus ab omni opere suo. Octauus uero dies future et eterne

beatitudinis est.

Le texte se poursuit san ponctuation ni solution de continuite

par les mots suivants in aJiqua cedula siue rescriptum horrendo-

rum si misericordia dei saluatoris absentabitur universis ...dont

j'ignore l'origine.

166.H. AMINSON, ibliothectl Templi Cathedralis Strengnesensis,upple-

mentum, continens Codices manu scriptos et libras, quos Johannes Mat-

thiae,Episc.Strengn. Templodona dedit, Stockholm, 1863,p.1. Je remer-

cie bien sincerement Mrs R. Lundgren, bibliothecaire de la

Domkyrkobiblioteket de Striingniis de m'avoir adresseune copie de ce

document. a. aussiKatalog der datiertenHandschriften n lateinerSchrift

vor 1600 in Schweden,Bd. II., Die Handschriften Schwedens usgenom-

men UB Uppsala Bibliotheca Ekmaniana Universitatis Upsaliensis,68),

Uppsala, 1980,p. 29-30,abb, 73.

167. W. WISLOCKI,Catalogus codicum manuscriptorum Bibliothecae

UniversitatisJagellonicae Cracoviensis, en latin), Cracovie, 1877-1881,

D.577.

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277

A VIE LATINE D' ADAM ET EVE

Zp = MUnchen, Bayerische Staatsbibliothek, clm 23929, 32ra-

34vb; 35 ft., papier, 310x220, 2 col.; deuxieme moitie du xye

sieclel68.

-Sans titre.

-Incipit : Adam et Eua cum expulsi uissentde paradiso voluptatis

fecerunt tabernaculum et fuerunt septem dies lugentes et lamen-

tantes n magna tristitia Post septemdies ceperuntesurireAdam et

eua et querebantsibi escas t manducarentet non habebant.

-Explicit: Octauus uero dies future et eteme beatitudinis est in

qua omnes beati cum Christo creatore et saluatore nostro simul

cum corpore et anima numquam de ceteromorituri regnabuntper

infinita seculaseculorumAmen.

Sa = Schlagl, Stiftsbibliothek, 156, 405v-409v; 414 ff., papier;

1473169.

-Titre repetedans a margesuperieure es olios: DepenitentiaAde.

-Incipit : Adam et eua cum expulsi uissent de paradiso voluptatis

fecerunt sibi tabemaculum et uerunt uij diebus ugenteset lamen-

tantes n magna tristitia Post vii dies ceperuntesurire et querebant

sibi escamut manducarent.

-Explicit: Octauus uero dies future et eteme beatitudinis est in

qua omnes beati cum ip~'o creatore et saluatore nostro simul cum

corpore et anima numquam de ceteramorituri regnabuntper infi-

nita seculaseculorum Amen.

-Intitule final: Cronica de penitentia ade et maTte et de ramo

plantato ad caput sepulchri ade de quo tunc excreuit ignum sanc-

tecrucis.

Suit la Legendede la Croix, sous Ie titre Historia de deo mise-

ricordie.

Les differents groupesde temoins dans Fl

Fl se presente comme une redaction solidement ransmise par

un groupe de dix temoins -Vb, Pv, Eq, Go, Hz, Rz, Sr, Cb, Zp,

Sa -dont leg particularites individuelles soot rares; de ce grou-

pe se distingue une forme du texte nettement individualisee et

constituee par deux temoins: Br et Hm et trois temoins aty-

piques, plus ou moins independants eg uns des autres.

168. CCLM, II, Iv; 109. Au fO30, on lit:« A 1462 uerunt maledicti fratres

in Puttn ».

169. G. VIELHABER G. INDRA,Cataloguscodicum plagensium (Cpl.)

manuscriptorum, Linz, 1918,(reprint by University Microfilms Interna-

tional, Ann Arbor, Michigan, Catalog of Manuscripts in Stift Schliigl

[PlagaJ), p. 263-265.

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278

J. P. PETfORELLI

Le textede Br et Hm

Precedes d'un fecit de la chute de Satan et de la tentation au

paradis, fecit qui conduit au debut de la Vita Adae et Evae,Br et

Hm presentent de nombreusessimplifications du texte commun

Au §2, au lieu de: usque quo uideamussi forte respiciat super

nos et miserebitur nostri deus noster et reuocet nos in locum ubi

prius eramus, ls ecrivent: usquequo uidebimus; forte introducer

nos dominus in locum ubi eramusprius et miserebiturnobis.

Au §3, au lieu de: Vis interficere me, ut ego moriar, et forte

introducer te dominus deu;s n paradysum, quoniam causa mea

expulsus es inde, ils ecrivent: interfice ergo me, quia causa mei

expulsuses.

au §8, au lieu de et dixit: Tibi dico aqua iordanis condole mihi;

et congregentur natancia quae in te sunt omnia animancia que

circa te sunt,.et circumdent me lugeantpariterque mecum; non se

plangeant sed me quia ilIa non peccaueruntsed ego, ls precisent

et simplifient en meme temps: Postquam ngressuserat adam ad

jlumen, dixit: aqua ordanis tibi dico: condole mecum et congre-

gentur omnes creature, que in te sunt, et lugent mecum propter

peccatamea.

etc ...

L'interet de celie forme textuelle vient du fait que, a en juger

par leg incipit publies dans leg catalogues, plusieurs incunables

fran~ais ont repris l'apocryphe sous celie forme17o;c'est sans

doute ainsi qu'elle sera connue dans leg annees posterieures a

1500.

Les trois temoins atypiques

Ces trois temoins ont conserve pour l'essentielle texte com-

mUll aux dix temoins cites plus haul, mais y introduisent

quelques singularites.

-Cc et Aj ajoutent a cer1 ains assages es complements ncon-

nus usqu'ici, transcrits plus ou moms integralement par chacun:

Ainsi modifient-ils Ie debut de l'introduction: Adam et Eua

cum expulsi fuissent de paradiso voluptatis, qu'ils ecrivent:

Factum est cum Adam et Eua fuissent expulsi de paradiso volup-

tatis et delicie add. Cc] et la completent par une description plus

170. P. MARAIS & DUFRESNEDE SAINT LEON, Catalogue des incunaoles

de la bibliotheque Mazarine, Paris, 1983, p. 667; M. PELLECHET,Catalogue

general des incunables des bibliotheques publiques de France, Paris, 1897,

p. 10,n° 44 et 45.

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A VIE LATINE D' ADAM ET EVE

detaillee du voyage des premiers parents vers l'exil. Cc la trans-

crit ainsi: et abientes a longe et respicientes locum deliciarum,

fieuerunt amare fixerunt pedum uestigia, ere ad mediam tibiarum

sanguinis lacrimas super terram nimium fundentes, et quanta lon-

gius se uidissent a paradiso, in tanto profundius terram calcaneis

uestigia ostendebant, et uberius sanguinem lacrimasque oculorum

terram purpurabant. Et dum se a longe uiderunt nec sperauerunt

habere reuocationem ab angelo Cherubin in paradisum.

Deuenerunt in quemdam locum campi, et ibi ..., et Aj la transcrit

plus brievement: abeuntes a longe retro respicientes locum deli-

ciarum, fieuerunt amare fun dentes lacrimas et quanta longius se

uidissent a paradiso, tanto profundius dolebant et dum se iam

longe uiderunt nec misericordie donum penes eos reuocationis ad

locum paradisi per Cherubin archangelum eis consuetum ades-

sent, fecerunt ibiu §8, au lieu de : non se plangant sed me quia ilia non pec-

cauerunt sed ego, ils lisent: non se defieant sed me deplangant

quia ipsa non peccauerunt sed ego.

au §14, Cc developpe Ie fetus oppose par Satan a la venera-

tion d' Adam: Ego uero respondi: ado rare Adam nolo; cum ipse

de terra formatus et creatus sit, non adorabo, forme que Aj trans-

forme en paroles d' Adam: Et adam michaeli: Ego debeo adorari

cum sim de terra sancia formatus et creatus; non adorabor quia

<de>terior sum omni creaturae.

Ces manipulations du texte empechent d'accorder grande

valeur a res variantes, peut-etre empruntees a un fecit plus roma-

nesque, dont il est difficile pour l'instant de decouvrir l'origine.

-enfin, Ba, qui comme es deux precedentscommence 'incipit

par les mots Et factum est presente un texte different du leur et

marque par de tres nombreuses variantes de detail. Ainsi, a la

place de : Post septemdies ceperuntesurire adam et eua et quere-

bant sibi escasut manducarentet non habebant, l ecrit : post sep-

tern dies ceperunt sibi querere escasut manducarent et non inue-

niebant nec habebant quid manducarent.; ou plus loin, il

transcrit: quere nobis aliquid ut manducemus,usquequo uidea-

mus si forsitan respiciet, ons a forme: Queramusadhuc nobis ut

si aliquid invenire poterimus quid manducamus usque modo

uideamussi forte respiciatsupernos.

Si ces variantes alourdissent parfois Ie fecit, elles n'en modi-

fient guere Ie sens. Aucun autre temoin de cette forme particu-

liere n'a ete pour l'instant retrouve. Ba s'inspirait-il d'un temoin

anterieur ? Le rapprochement entre son incipit et celui de Gz

decrit plus haut pouvait Ie suggerer.Mais aucune autre variante

commune a ces deux temoins ne l'a confirmee.

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P. PE1TORELLI

LA DEUXIEME REDACTION TARDIVE.

Les emoins

F2 est representee par dix-sept temoins171, es XIye et xye

siecles.

Kr = Kremsmtinster, Stiftsbibliothek, Ms. 124, 286ra-287vb; 295

ff., parchemin, 240x134/170, 2 col.; 1ere moitie du XIye

siecle172.

-Titre: De penitentia Ade.

-Incipit: Cum e<x>pulsi fuissent Adam et Eua de paradiso fece-

runt sibi tabernaculum et fuerunt ibi vii dies lugentes et lamen-

tantes n magna tristicia Post vii uero dies ceperunt esurire et que-

rebant sibi escamut manducarent et non habebant.

-Explicit: Hec dicens Adam ad omnes ilios SUDSt comprehen-

sus est magnis doloribus et exclamansmagna uoce dicebat Quid

faciam ego miser et infelix positus in tantis doloribus Cum autem

uidisset II (§35). Le texte s interrompt au bas du {O287v, a fin

est perdue.

Ea = Erfurt, Stadt- und Regionalbibliothek,CA 40 124, 196ra-

203rb; 203 f., papier, 2 col.; milieu du Xlye sieclel73.

-Titre: Vita Adam et Evae inde ab expulsione e paradiso facta

usque ad mortem eorum descripta.

-Incipit: Cum expulsi fuissent adam et eua de paradyso fecerunt

sibi tabernaculum et fuerunt septem dies lugentes et lamentantes

in magna tristitia Post uero septemdies esurgereet querebant sibi

escasut manducarent et non habebant.

-Explicit: Octauus uero dies uture eternebeatitudinis Est in qua

17L Si on ne prend pas en compte es trois temoins du traite intitule « Elec-

tula seu ormula de creationeAde et Eve et de eorum lapsu et eorum pena

et penitentia » qui incorporent des extraits de la Vie latine a un traite de

la penitence, mais n ont pas, comme Ie clm 2778 (Ap), recopie a sa suite

Ie texte complet de la Vita Adae et Evae. Cf. ci-apres a description de ce

groupe de temoins.

172. H. FILL, Katalog der Handschriften des Benediktinerstiftes Krem-

smilnster, t. 1, Van der Anfagen bis in die Zeit des Abtes Friedrich van

Aich, Wien, 1984,p.180; d apres H. Fill, seulle huitieme document ncor-

pore dans ce manuscrit (folios 280-287),celui donc qui comprend la Vita

Adae et Evae, a ete copie, sur deux colonnes,dans a premiere moitie du

XIV. siecle.

173. W. SCHUM, eschreibendesVerzeichnisder Amplonianischen Hand-

schriften-sammlungzu Erfurt, t. II, Handschriften in Quart, Berlin, 1887,

p.382.

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A VIE LATINE D' ~AM ET EVE

omnis (beatituto) cum ipso cr~ator~et saluatoresimul cum corpo-

..,

re et amma requlescuntet cett .ra.

Px = Praha, Narodnf knihovna Cesk6 republiky, XIV. G. 11,

132ra-137va; 152 ft., papier, 210x150,2 col.; XIve -xve siecle,

ex monasterio Borovanensi 17-4.

-Sans titre.

-Incipit: Cum expulsi essentAdam et Eua de paradiso fecerunt

sibi thabernaculum uerunt q.uevi~ dies lugenteset lamentantes n

magna tristitia Post vii uero dies ceperuntesurire et querebantsibi

ut manducarentet non habebant.

-Explicit: Octauus uero dier future et eterne beatitudinis in qua

omnes beati cum ipso creatore et saluatore simul cum corpore

numquam de ceteromorientur regnabuntper infinita seculasecu-

lorum Amen.

Sz = Alba Julia, Batthyaneum, Ms 35, 42ra-45ra; 107 ff., papier,

29Ox210, col.; sansdatel75.

-Sans titre.

-Incipit: Cum expulsi uissentAdam et Eua deparadiso fecit sibi

tabernaculum et fuerunt vii diebus lugentes et lamentantes in

magna tristitia Post uero vii dies ceperuntesurire et querebantsibi

escaset non habebant.

-Explicit: OctavusveTO ies uture et eternebeatituinis est n quo

omnes boni cum suo creature n corpore et anima numquam de

cetero ugebunt sed regnabunt, etc,per infinita seculaseculorum.

Bf = Berlin, Staatsbibli()the~ zu Berlin -Preussischer

Kulturbesitz, Theol. lat. F(1I. 39~, lra-5ra; parchemin, 2 col.;

xye siecle, abbaye de Corvey176.

-Titre: De Adam et eua quamod~ fuerunt expulsi de paradiso et

qualiterpeni(teantur),

-Incipit: Cum expulsi uissent Adam et Eua de paradiso fecerunt

174.J. TRUHLAR,Cataloguscod.icummanu scriptorum Latinorum qui in

C. R. Bibliotheca Publica atque UniversitatisPragensisasseruantur,. II,

Prague 1906,p. 332, sub nO 619.

175. R. SZENTIVANYI, atalogus confinnus librorum Bibliothecae Bat-

thyanyanae,Szeged,1978,p. 27.29. j

176. C'est,au Dr. Overgaauw, c:luCa~inet des manuscrits de la Biblio-

theque d'Etat de Berlin, que e dois la connaissance e ce temoin. Le Dr.

Overgaauwm'a confirme qu'il ~'agit (['un "manuscrit du XV' siecle,ori-

ginaire de l'abbaye de Corvey", et dal1ls n deuxieme courTier, l precise:

«Ce manuscrit fait partie d'un VOUpd:mportant de codex qui n'ont pas

encore ete catalogues».

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J. P. PE1TORELLI

sibi thabernaculum et fuerunt ibi septem dies lugenteset lamen-

tantes n magna tristitia Post septemuero dies ceperunt esurire et

querebantsibi escasut manducarentet non habebant.

-Explicit: Octaua uero die uture et eternebeatitudinis est n qua

omnes beati cum ipso creatore et saluatore simul cum corpore

numquam de ceterummorituri regnabuntper infinita seculasecu-

forum Amen.

-lntitule de fin: Et sic explicit uita ade et eue

Ca = Krakow, Biblioteka Jagiellonska, 1674 (CC Y 17), 79vb-

83ra; 268 ff., papier / parchemin, 2 col.; xye siecle, Saint Florian

(de Cracovie ?)177.

-Titre: Expulsio Ade simui et Ewe de paradiso.

-lncipit: Cum expulsi fuissent adam et ewa de paradiso fecerunt

sibi archam et fuerunt septem dies lugentes et lamentantes in

magna tristitia post vii uera dies ceperunt esurire et querebantsibi

escamut manducarentet non inueniebant.

-Explicit: Octauus uero dies future et eterne beatitudinis est in

qua omnes beati cum ipso creatore et saluatore simul cum corpo-

re et anima morientur et regnabuntper infinita seculaseculorum.

Amen. et inito libro sit laus et gloria Christo.

-lntitule de fin: expulsio ade simul et evede paradiso.

Wo = Wolfenbiittel, Herzog August Bibliothek, Cod. Guelf. 415

Helmst., lr-4r; 105 ff., palPier,295x215; xye siecle, monasterii

BMV Scotorum Wiennensis178.

-Sans titre.

-Incipit: Cum expulsi essentAdam et Eua de paradiso fecerunt

sibi tabernaculum et fuerunt ibi septem dies lugentes n magna

tristitia post septem uero dies ceperunt esurire et querebant ut

manducarent et non habebant.

-Explicit: Octauus uero dies future et eterne beatitudinis est in

qua omnes creati cum Christo creatore et saluatore simul cum

corpore numquam de cetera moriantur regnabunt per infinita

seculaseculorumAmen.

177. W. WISLOCKI,Catalogu~ codicum manuscriptorum bibliothecae

UniversitatisJagellonicae Crat:oviensis, en latin), Cracovie, 1877-1881,

p.403.

178.O. VONHEINEMANN, ie Handschriften der herzoglichen Bibliothek

zu Wolfenbuttel, . I, Die HelmstedterHandschriten, , Wolfenbiittel, 1884,

(reimprime dans Die Katalogeder Herzog-August Bibliothek Wolfenbiit-

tel,Bd. 1, Frankfurt am Main, 1963),p. 324-325.

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283

A VIE LA11NE D'ADAM ET EVE

Sh = Schlagl, Stiftsbibliothek, 198, 1ra-4vb; xye siecle,

Bohemel79.

-Sans titre.

-Incipit: Cum expulsi uissent Adam et Eua de paradiso fecerunt

sibi thabernaculum et fuerunt ibi septem dies lugenteset lamen-

tantes n magna tristitia Post vii vero ceperuntesurire et querebant

sibi escas t manducarentet non h4lbebant.

-Explicit: Octauus vero dies future et eterne beatitudinis est in

qua omnes beati cum ipso creatore et saluatore simul cum corpo-

re numquam de cetero morituri regnabunt per infinita secula

seculorum Amen.

Pw = Praha, Narodni knihovna Geske republiky, XI. C. 8 (Cim.

K. 267), 206v-209r; 307 ff., rapier, 210x160; xye siecle, ex

monasterio can. regul. s. August. 1Irebonensr8o.

-Sans titre.

-Incipit: Cum expulsi uissent Adam et Eua de paradiso fecerunt

sibi thabernaculum et fuerunt ibi vii dies lugenteset lamentantes

in magna tristitia post vii uero dies ceperunt esurire querebant

escamut manducarentet non inueniebant.

-Explicit: Octauusvera dies eterneet uture beatitudinisest n qua

omnes cum Christo creatore et saluatore cum corpore et anima

numquam de cetera moriantur Sed regnabuntper infinita secula

seculorum Quod nos praestaredignetur qui uiuit et regnal Amen.

Tg = Miinchen, Bayerische Staatsbibliothek, clm 18406, 95va-

98va; 283 ff., papier, 305x220, 2 col.; xye siecle, abbaye de

Tegernsee181.

-Titre: De penitentia Ade et Eue.

-Incipit: Cum expulsi uissent Adam et Eua de paradiso fecerunt

sibi tabernaculum et uerunt vii dies lentes siue ugenteset lamen-

tantes n magna tristitia Post vii uero dies ceperunt esurire et que-

rebant sibi escasut manducarentet non habebant.

-Explicit: Octauus uero dies future et eterne beatitudinis est in

qua omnessancti cum ipso creatoreet saluatoresimul cum corpo-

179. G. VIELHABER G. INDRA,Cataloguscodicum Plagensium (Cpl.)

manuscriptorum, II, Linz, 1918, (reprint by University Microfilms

International, Ann Arbor, Mkhigan,Catalog of Manuscripts in Stift

Schliigl [PlagaJ), p. 314-317.

180.J. TRUHLAR,Cataloguscodicum manu scriptorum Latinorum qui in

C. R. Bibliotheca Publica atque UniversitatisPragensisasseruantur,. II,

Prague, 1906,p.137-140 et 399 sub nO 032.

181.CCLM, II, III, 161.

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P. PE1TORELLI

re numquam de cetera morituri regnabunt per infinita secula

seculorumAmen.

-lntitule de fin: penitentia ade (recentiore manu).

Ri = Munchen, Bayerische Staatsbibliothek, clm 15610, 165r-

169v; 245 ff., papier, 215x150; xye siecle, abbaye de Rott am

Inn182.

-Titre: Historia de Adam et Eva.

-Incipit: Cum expulsi fuissent adam et eua de paradiso fecerunt

sibi thabernaculum et fuerunt vii dies lugentes et lamentantes n

magna tristitia Post vii uero dies ceperunt esurire et querebantsibi

escasut manducarent et non habebant.

-Explicit: Octauus uero dies uture eterne beatitudinis est n qua

omnes beati cum ipso creatore et saluatore simul cum corpore et

anima numquam de ceteromorituri regnabuntper infinita secula

seculaseculorum seculorumAmen.

Do = Donaueschingen, Hofbibliothek, 449, r-Sr; 39 ft., papier;

xye sieclel83.

-Sans titre.

-Incipit: Cum expulsi fuissent Adam et Eua de paradiso fecerunt

sibi tabernaculum et fuerunt septem diebus lugentes et lamen-

tantes n magna tristitia post septem uero dies ceperunt esurire et

querebant sibi escamut manducarent et non inueniebant.

-Explicit: Octauus uero dies future et eterne beatitudinis est in

quo omnes beati cum Xristo creatore et saluatore suo simul cum

corpore et anima numquam de cetero moriuntur sed regnabunt

per infinita seculaseculorum.Amen.

-Intitule de fin: vita Ade et Eve.

Ig = Munchen, Universitatsbibliothek, 20 Cod. ms. 678, 82ra-

85ra; 418 fl., papier, 28Ox210,2 col.; 1457 (£085ra), Pressburg

(Kollegiatskirche St Martin)l84.

-Incipit: Cum expulsi essentAdam et eua de paradiso fecit sibi

tabernaculum et fuerunt septem dies lugentes et lamentantes in

magna tristitia post septemuero dies ceperunt esurire et querebant

sibi escaset non habebant.

182. CCLM, II, III, 23.

183. K. A. BARRACK, Die Handschriften der Hofbibliothek zu

Donaueschingen,. I, Ttibingen, 1865,p. 306-307.

184. N. DANIEL, G. KORNRUMPF G. SCHO1T, ie Handschriften der

Universitiitsbibliothek Milnchen, t. III, Die lateinischen mittelalterlichen

Handschriften aus der Folioreihe, 2e Halfte, Wiesbaden, 1979,p. 167-

170.

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285A VIE LA11NE D ADAM ET EVE

-Explicit: Octauus uero dies future et eterne beatitudinis est in

qua omnes boni cum suo creatore n corpore et anima numquam

de cetera lugebunt sed regnabunt per infinita secula seculorum

Amen. 1457.

-Colophon (F 85 fa) : Si vis crede si non vis tunc dimitte I Quia

ut dicitur Est appographum.

Bb = Munchen, Bayerische Staatsbibliothek, clm 4756, 214r-

222r; 206 ff., papier, 230xl150; 1471-1480, abbaye de

Benediktbeuem185.

-Titre: PenitentiaAdam et Eua.

-Incipit: Cum expulsi essentAdam et Eua de paradiso fecerunt

sibi thabernaculum et septem diebus lamentantes n magna tristi-

ria Post septemuero dies ceperunt esurire et querebantsibi escam

ut manducarentet non habebant

-Explicit: Octauo uero die future et eternebeatitudinis est n qua

omnes cum creatore suo in c.orporeet anima numquam de cetera

lugentessed regnabunt cum deo deorum per infinita secula secu-

lorum Amen

-intitule de fin: sermo Ade et Eve. Sit laus Deo Xriste.

II existe un folio numerote 220a entre les F 220 et 221.

Se = Munchen, BayerischeStaatsbibliothek,clm 17668, 7vb-81rb;

379 if., papier, 31Ox250, col.; 14176,bbaye de Semanshausenl86.

-Titre: De expulsioneAde eJEue.

-lncipit : Cum expulsi uis~.entAdam et Eua de paradiso fecerunt

sibi tabemaculum et uerunt septemdies lugentes n magna tristi-

ria Post uero septem ceperunt esurire et querebant sibi escasut

manducarentet non habebant.

-Explicit: Octauus uero dies future et eteme beatitudinis est in

qua omnes beati cum ipso creatore et saluatore simul cum corpo-

re et anima numquam de cetera manifestaturi regnabunt infinita

seculaseculorum Amen.

-lntitule de fin: Et sic est inis.

Lj = Ljubljana, Franciskanski Samostan,85, 97ra-99vb; 235 ff.,

papier, 280x195,2 col.; 1470 fO99v)l87.

-Titre: Nota expulsioAdam et Eve de paradiso.

-Incipit: Cum expulsi fuerunt Adam et eua de paradiso fecerunt

185. CCLM, I, II, 238.

186. CCLM, II, III, 116.

187. Ct. M. Kos, Codices aetatis mediae manuscripti qui in Sloveniam

reperiuntur, Ljubljana, 1931,p. 141,n° 85.

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J. P. PETfORELLI

sibi thabemaculum et uerunt xii diebus bi lugenteset lacrimantes

et ualde n magna tristicia.

-Explicit: est tabula transuersa que fuit sub pedibus Xpi ita ut

nos possumussequi eum.

Ce temoin suit Ie texte de la deuxieme redaction tardive, dans

une forme proche de celIe de Do, jusqu au §42, -au §24, l inse-

re quelques lignes d une description du meurtre d Abel par CaIn

empruntee a une autre source, et a la fin du §29d, par suite d un

saul du meme au meme sur generi uestro, l passedirectement au

§35 -puis remplace les paragraphes 43 a 51d de la Vita par un

extrait du De lnventione SanctaeCrucis de Jacquesde Voragine,

compose lui-meme d extraits de plusieurs documents: Evangile

de Nicodeme,Jean Beleth et Pierre Ie Mangeur88.

La Vita Adae et Evae dans un traite de Lapenitence

A l interieur de F2, entin, se detache un groupe particulier

compose de quatre manuscrits qui transmettent un traite de la

penitence intitule: Electula seu Formula de creatione Adae et

Evae, eo um lapsu et eorum poena et penitentia, d auteur incon-

nu189.Au milieu de ce traite est inseree la Vita Adae et Evae,

introduite par ces mots: Et quod quilibet homo post peccati lap-

sum debet penitere satisfaciendo exemplum habemus in ipso

Adam et Eva qui cum expulsi fuissent de paradiso fecerunt sibi

tabernaculum ...Dans la Vita sont incorpores, a leur place dans

l ordre chronologique du fecit, les passagesdu livre canonique

de la Genese concernant la faute originelle et sa condamnation.

Le traite se poursuit par un commentaire du Psaume Miserere.

Ce traite de la penitence est interessant car il manifeste claire-

ment dans quelle perspective se lisait alors la Vita Adae et Evae.

Des quatre temoins cites ci-apres, Ap est Ie seul qui, a la suite

du traite de la Penitence, recopie une deuxieme fois -iterum,

est-il precise dans l incipit -Ie texte integral de la Vita Adae et

Evae sans nsertion d elements etrangers. Pour l edition critique

de la Vita Adae et Evae, il ne m a pas semble utile d etablir un

texte critique de la citation de la Vie latine a l interieur du Traite

de la penitence a partir des quatre temoins et je n ai donc colla-

tionne que la copie de la Vita dans Ap. Par contre, il ne sera pas

inutile de decrire rapidement celie petite collection.

188. MEYER,1882,p. 123-125.

189. Ct. A. ZUMKELLER,Manuskripte van Werken der Autoren der

Augustiner-Eremiter-Ordens in mitteleuropiiischen Bibliotheken,

CassiacumXX, Wurzburg, 1966,p. 83, note 153.

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LA VIE LATINE D ADAM ET EVE

287

Ap =Miinchen, Bayerische Staatsbibliothek, clm 2778, 264rb-

27Ora;368 f., papier,315x215, col.; 1432,abbayed Alderspachl~.

-Titre: Hic (iterum) describilur de expulsioneAdam et Eue quo-

modo expulsi sunt deparadiso.

-lncipit : Cum expulsi uissent Adam et Eua de paradiso fecerunt

sibi tabernaculum et ibi fuerunt vii dies ugienteset in magna tris-

ticia post vii uero dies ceperunt esurire et querebantsibi escamut

manducarentet non habebam.

-Explicit: quo audito rex lignum hoc auro lapidibus preciosis

exornari precepit et in piscinam probaticam proici ubi postmo-

dum super natauit (§49).

-lntitule de fin: Explicit planctusAdam et Eue.

Ah = Munchen, Bayerische Staatsbibliothek, clm 2800, 240ra-

262rb; 281 ff., papier, 315x220, 2 col.; 1468, abbaye

d Alderspach191.

-Titre: Formula de creatione Adae et Evae et eorum lapsu et

poena.

Ee = Munchen, Bayerische Staatsbibliothek, clm 5976, 82r-146r;

498 t., papier, 217x145;xye siecle, abbaye d Ebersbergl92.

-Titre: Electula seu ormula de creatione, apsu,pena ...Adae et

Evae.

Te = Munchen, Bayerische Staatsbibliothek, clm 18597,273r-347;

347 t., papier, 23Oxl60; 1469-70,abbaye de Tegemsee193.

-Titre: Electula seu ormula de creationeAde et Eve et de eo um

lapsu et eorum pena et penitentia.

Les differents groupesde temoins dans F2

Tous ces temoins appartiennent bien au groupe F2, en ce sens

qu ils presentent es memes variantes definies ci-dessuspar rap-

port et aux autres redactions de la Vita Adae et Evae et au grou-

pe Fl en particulier; des variantes de moindre importance entre

eux les repartissent, eux aussi, en quatre series plus homogenes.

190. CCLM, I, II, 36. -Dans la marge du folio 210rb de Ap un lecteur

a indique deux autres temoins reperes: Clm 2800 et Clm 5976. On peut

penser qu il s agit de W. Meyer qui fait allusion 11 es deux memes

manuscrits 11a note 1 de la page 214 de son edition.

191. CCLM, I, II, 39.

192. CCLM, I, III, 61.

193. CCLM, II, III, 187.

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288

J. P. PETfORELLI

Kr, 5h, Bb et Bfcomposent une premiere serie (ci-apres 51),

5z et Ig, une deuxieme (S2), a troisieme serle se divise en deux

groupes: Wo, Px et Pw, Ap et Tg composent un premier groupe

(53/1), Ea, Ri et 5e, un deuxieme (53/2), enfin Do, Ca et Lj

constituent une quatrleme serle (54).

Voici quelques exemp]es des variantes entre ces differents

groupes:

Au §2, ls ecrlvent :

51: Et surrexit Adam et Eua et circuibant septem diebus

omnem terram illam.

52 et 53/1: Et surrexerunt adam et Eua et circuibant septem

diebus omnem erram iLJam.

53/2: Et surrexerunt adam et Eua et circuierunt septemdiebus

omnem terram illam.

54: Et surrexit Adam et circuibat omnem erram illam

Au§3,

81.. Tu domine mi quantum cogitastipenitere ?

82: Tamendomine mi libenter uolo penitere.

83/1: Tu domine mi quontum cogitasti penitere tantum et ego.

83/2: Domine mi quantum cogitastipenitere ?

84.. Tu domine mi quantum cogitasti,hoc debemuspenitere.

S2 se singularise encore par de nombreux manques, en parti-

culier celui de la deuxieme partie de l'Apocalypse d'Adam (§29-

29d) doni il ne garde que la phrase concernant l'avenir des

homInes (§29d): iusti homines permanebunt siGutsol iustitiae in

conspectudei et in tempore llo purificabuntur hominesa peccato

per aquam sed nolentespurificari dampnabuntur; mais des Ie §4,

il oublie les propositions: nostra autem esca erat angelica. Hoc

digne et iuste; au §5: et auertat faciem suam a nobis dominus

deus nosier si quod promittimus non implemus; Au §6, alors que

la majorite des temoins transcrivent Ie texte sous la forme: et

esto n aqua fluminis xxx dies et ego era in aqua lordanis xl dies,

S2 ecrit: et esto bi in aqua fluminis xxx dies ibi ieiunans, ego

autem uadam ad aquam /.ordanis et bi morabor xl dies similiter;

au §16, il ecrit: et statim facti sumus in dolore et odio; au §19,

avec Bb, il ecrit: cepit conturbari quia doloribus tenebatur; au

§19, du fecit commun aux autres temoins: Deprecor uos lumina-

ria celi dum reuertimini ad orientem, nuntiate hec domino mea

  Et dum luminaria reuerterentur,per nutum ipsorum intellexit

Adam, quod Eua in graui dolore torqueretur, il ne garde que la

derniere proposition, etc... Ces oublis ne s'expliquent pas tOllS

par de simples ncidents de transcription et traduisent sansdoute

des ntentions precisesde leur commanditaire.

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289

A VIE LATJNE D' ADAM ET EVE

S4conserve des notations conn\llesd'autres redactions et igno-

rees des autres temoins de cet1Jeamille: au §8, il ecrit: et

congreguntur omnia natantia que in te sunt et omnes bestie circa

te circumdant me lugeantquepariter mecum; au §10: cecidit in

terram pro [nimia] debilitate; au §22: et misit dominus ...semina

diversa et dedit Adae; au §26: quia obedisti uoci uxoris tuaeplus

quam meae, quam tibi dedi in potestatem ut haberes eam in

uoluntate tua, et obedisti illi et uerba mea praeteristi; au §29,

seul il reprend: et tenens michael in manu sua uirgam et tetigit

aquas quae erant circa paradisum et rigauerunt et michael transi-

vir mecum etc ...Ce groupe prend son origine sans doute de la

correction d'un temoin de 1':2a partir d'un temoin d'une autre

redaction.

Ainsi, malgre un ensemblede variantes communes qui confir-

me leur parente, les temoins de c~tte redaction presentent un tel

nombre de variantes qu'il ne seta pas simple d'en deduire un

texte originel. Ici encore se manifeste, comme a travers les mul-

tiples variantes des redactions rhtnanes, la facilite avec aquelle

les copistes, ou leurs commanditaires, modifiaient -peut-on

dire sansvergogne ? -Ie texte de leur source.

MANUSCRITS REPERt;S MAIS NON COLLATIONNt;S

Am = Ann Arbor, Library of Junius Beal, Ms. 1, 43v; XlIIe

siecle; ecrit en Espagne,sansdoute a Poblet (Catalogne).

-Titre: De peccatoAdae194.

D'apres les auteurs du catalogue, e proprietaire de ce manus-

crit l'a confie a la Bibliotheque du Congres a Washington pour

etude. Il n'a pas encore ete possible d'en obtenir une copie.

Meme s'il n'en reste que la premiere page au verso du demier

folio conserve, ce document.pourrait etre Ie seul temoin connu

de la Vita Adae et Evae en Espagne; il serait interessant de

connaitre a quelle redaction il appartient.

194. S. DE RICCI W. J. WILSON,Census of Medieval and Renaissance

Manuscripts in the United Statesand Canada, . II, p. 1129 oil est decrit

Ie manuscrit latin appartenant II The library ofJunius Beal,Ann Arbor

Savings Bank Building, Ann Arbor, Michigan. Dans un courTier du

5/02/1999, C. EVANS e la Bibliotheijue du Congres a Washington m'a

confirrne que les efforts de cette bii)liotheque et de la Bibliotheque de

l'Universite du Michigan, Ann Ar1ilor, pour .retrouver la trace de ce

manuscrit sont resteesvaines.

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290

J. P. PETfORELLI

Bk = Bratislava, Kapitulska Kniznica, 88, 115ra-117ra;231 ft., 2

col. ; 1360195.

-Titre: Vita Ade qualiter finiuit tempore.

-Incipit: Cum Adam et Eva expellerenturde paradyso fecerunt

sibi tabernaculum

-Explicit: Adam post quadraginta dies ductus est Eva post octo-

ginta etc

Si on se fie a l'explicit, ce temoin se rapproche d'une des

redactions rhenanes, bien que, usqu'ici, il n'existe pas de temoin

de l'expression: Cum Adam et Eva expellerentur.

Dc = Olomouc, Bibliotheque Nationale, M II 157, 227b-232a;

1 ere moitie du xye siecle1gei,

,

-Titre: De peccatooriginaEi

-Incipit: Cum expulsi uissent Adam et Eva de paradiso

-Explicit: qui illuminat omnes homines venientes in hunc

modum ut nos illuminare dignetur in presentigratia sua et in futu-

ro gloria sempiternaAmen..

Les informations du catalogue ne permettent pas d'identifier

la redaction dont dependr~it ce temoin.

Es = Esztergom, Foszekesegyhazi Konyvtar, II,7, p. 341-351;

xye sieclel97.

-Incipit: Cum expulsi ess~ntAdam et Ewa de paradiso ecerunt

sibitabernaculum.

195.J. SOPKO, odicesMedii Aevi qui in bibliothecis slovaciaeasservan-

fur ac olim asservabantur,. I, Matica Slovenska,1981,p.122-125,n° 88.

196. M. BOHAcEK F. CADA, Beschreibung der mittelalterlichen

Handschriften der wissenschaftlichen Staatsbibliothek yon Olmiltz,

Koln, Weimar, Wien, 1996,n° 287. Cite dans Bibliographie annuelle du

Moyen-Age tardif, 6, 1996,nCo807.

197 Ct. R. NEUHAUSER, catalogueof Latin Textswith material on the

Vices and Virtues in Hungary, «Gratia », Bamberger Schriften fur

Renaissanceforschung, 9, Wiesbaden, 1996,p. 61, cite dans Bibliogra-

phie annuelle du Moyen Age tardif, 7,1997, n° 5338.

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291

A VIE LATINE 0 ADAM ET EVE

CONCLUSION PROVISO RE

Cette etude voulait rendre compte des premiers resultats de

l analyse des nombreux temoins de la Vita Adae et Evae conser-

ves dans les bibliotheques occidentales.Elle a permis de mettre

au jour cinq groupes de textes que distinguent les uns des autres

des elements specifiques dans la conduite du fecit, communs a

tOllS es temoins de chaque groupe.

A l interieur de ces groupes, des variantes communes a de

nombreux temoins permettent d identifier une ou plusieurs

redactions.Cette distinction entre groupe et redaction a pour but

non seulement d assurer la possibilite d un apparat critique qui

ne soit pas englue dans une multitude de variantes, mais elle

veut aussi et d abord faire droit a une raison plus fondamentale :

elle admet a l origine de chaque redaction l existence d un texte

fondateur qui se transmet dans de nombreux temoins et donne

naissancea une famille doni il devrait etre possible de decrire la

filiation. Ce texte fondateur seralt dans la majorite des cas la

correction volontaire d une ancienne redaction soit a partir

d elements d une autre origine soit plus simplement pour la

rendre plus comprehensible. La redaction d Allemagne du Sud,

la redaction de Boheme et la redaction anglaise constituent a la

fois un groupe et une redaction. Dans Ie groupe des redactions

rhenanes et dans celui des redactions tardives, il parait prefe-

rable de distinguer plusieurs textes fondateurs et donc plusieurs

redactions. Les distinctions retenues ici ne resisteront peut-etre

pas a une recherche genealogiqueplus detaillee qui ferait appa-

ratiTe entre ces differentes redactions des relations qu un pre-

mier etat des lieux n a pas revelees. La description qui en a ete

faite permettra, DOllS esperons, de s engager dans cette

recherche. Celle-ci a pour perspective deale de decouvrir, ou de

reconstruire, Ie texte originel de la Vita Adae et Evae; il n est pas

sur que l etat actuel de la tradition manuscrite permette jamais

d aboutir a ce resultat.

Une autre conclusion parait deja decouler des analysesprece-

dentes: a travers la complexite des variantes, une histoire com-

mence a se degager.Elle constate existence de deux recensions

latines de la Vie d Adam et Eve: une recension, d origine

grecque sans dollie, traduction de celIe qu ont traduite de leur

cote les recensions armenienne et georgienne, et une autre

recension, proche de la precedente dans sa premiere partie, mais

nourrie a d autres sources pour les deux autres parties: Ie fecit

traditionnellement designesous e nom d Apocalypse d Adam et

un fecit de l inhumation des premiers parents plus sobre que

celui des trois recensionsorientales. Seule celle-ci s est ransmise

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292

J.p. PETfORELLI

en terre latine, a travers une certaine simplification continue au

cours du temps. II ne semble pas que la premiere ail donne nais-

sancea line veritable tradition, me-mesi la redaction anglaise en

a heureusement conserve quelques elements, puisqu'a notre

connaissancen'en temoignent aujourd'hui qu'un seul manuscrit

presque complet et un autre manuscrit qui n'a conserve que la

premiere partie de l'apocryphe.

Trop d'elements, enfin, convergent les tins avec les autres

pour qu'on puisse refuser l'hypothese selon laquelle l'existence

historique de la Vita Adal cet Evae, SOliSes deux formes decrites

ci-dessus, se developpe a. partir de la Grande-Bretagne; c'est

sans doute la premiere de res formes que transforme en poeme

Ie Saltair Na Rann, redige au xe siecle dans les provinces gae-

liques et c'est a deuxieme que soumet a line reecriture «classici-

sante» l'auteur du texte conserve dans Ie Paris, BNF, lat. 5327,

copie a la me-meepoque dans un monastere situe juste a l'entree

des missionnaires bretons sur Ie continent. Ceux-ci l'ont portee

jusqu'en Baviere, plus precisementa Regensburg, et de la diffu-

see dans toute la partie orientale du Saint Empire, non sans en

avoir confie des copies aux monasteres ondes sur la route qui

les y a conduits. La recherche genealogique qu'il faut poursuivre

desormaisDermettra d'eclairer cette histoire

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LA VIE LATINE D ADAM ET EVE

293

LISTE DES MANUSCRITS

Vill~

Bibliotheque

Manuscrit

Ville

Bibliotheque

Manuscrit

igle

page

sigle

page

Aberystwyth

NationalLibrary of Wales

M335A(Hengwrth239),

13Ov-140r, Ab

Budapest

Orszagos zechenyi onyvtar

Ms. 390,253r-258r,Bp 250

255

Admont

Stiftsbibliothek

Ms. 25,

27Ova-272vb,

Cambridge

CorpusChristicollege

MS 275,9ra-14vb, P

StJohn sCollege

Ms. 176 G 8),

67r-74v, J

256

Ad

211

256

Alba Julia

Batthyaneum

Ms 35,42ra-45ra,

Ms. . 76,

41Ova-414va,

281

Chicago

NewberryLibrary

MS ffi, 224r-228v,

209

275

Donaueschingen

Hofbibliothek

449, 1r-5r,

Ann Arbor

Library of JuniusBeal

Ms. 1,43v, Am

Do

284

289

Dresden

Landesbibliothek

A 182f, f 6v,

AschatTenburg

Hofbibliothek

Ms. 44,57r-6Or,

Dr

223

As

234

Dublin

Trinity College Library

cod. 509,

p.297-306, Du

233

281

Berlin

Staatsbibliotheku Berlin

Theol. at. Fol. 395,

lra-5ra, Bf

Theol.lat. Qu. 151,

201r-207v, Ba

Theol.lat. Qu. 316,

l04r-l08r, Bc

Theol. at. Qu. 369,

66ra-67vb, Bd

275

Esztergom

Foszekesegyhazionyvtar

11,7, . 341-351, Es 290

224

230

Erfurt

Stadt-und Regionalbibliothek

CA 40 124,

196ra-203rb, Ea

CA 80 8, 76v-78r, Eq

Bratislava

KapitulskaKniznica

88,115ra-ll7ra,

280

271

Bk

290

Fulda

Hessischeandesbibliothek

B3, 72ra- 8rb, Fa

BruxeUes

Bibliotheque oyaleAlbert ler

IV 715,1r-llv, Br

210

273

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294

J P. PE1TORELLI

Giittweig

Stiftsbibliothek

Ms. 306 344),

221va-224vb,

256

Go

272 258

248

raz

Universitatsbibliothek

904, 164r-169v, G:

243 254

Herzogenburg

Stiftsbibliothek

Ms. 43,

247ra-25Ovb,

253

257

Hz 273

Harley2432,

1r-1Ov, F

Harley275,

153r-158v, E

Harley495,

ft. 43r-5Or, D

Harley526,

68r-77r, C

Royal8 FXVI,

55ra-59ra, R

Sloane 89,

73v-79v, Ls

Inner TempleLibrary

PetytMS 538.36,

140-148, It

LambethPalace ibrary

352,1r-4v, L

257

255

Kobenhavn

Det Kongelige Bibliotek

Ny kgl. Saml.143,

4to, 47va-49va, Kb

Koblenz

Landeshauptarchiv

Best. 701 NT. 239,

222v-223v, Kz

226

Lund

Universitetsbiblioteket

Medeltid30,

149v-153v, Lm

43

233

Kiiln

Historisches rchiv

GB 40 113, 68r-74r, Ko

Milano

Biblioteca Ambrosiana

035 sup., 95r-99v, Ma

25 261

Munchen

Bayerische taatsbibliothek

cgm3866,

194ra-199vb, Sc

clm 2778,

264rb-27Ora, Ap

clm 2800,

24Ora-262rb, Ah

clm 4350,

28v-29v, Au

clm 4756,

214r-222r, Bb

rIm 5604,

156va-16Ova, Vi

.28.2 237

Krakow

BibliotekaJagiellonska

1674 CCV 17),

79vb-83ra, Ca

2403 DD XVII 2),

25v-32r, Cb

431,119va-121va,Cc

276

274

287

287

Kremsmiinster

Stiftsbibliothek

Ms. 124,

286ra-287vb,

231

Kr

280

285

212

jubljana

Franciskanski Samostan

85, 97ra-99vb, Lj

285

London

British Library

Arundel 326,

42r-SOv,

MiincheD

Bayerische taatsbibliothek

clm 5865,

342r-346r, Eb

clm 5976, 2r-164r, e

clm 7685,

227

287

A 252

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8/20/2019 Apocrypha 10, 1999

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LA VIE LATINED ADAM ET EVE 295 ~

122r-126v, In 212 Olomouc

clm 9022, BibliothequeNationale

311ra-318rb, Mf 225 M 11157, :

clm 11601, 227b-232a, Dc 290

88rb-88vb, Po 222

clm 11740, Oxford

291ra-296vb, Pn 212 Balliol CollegeLibrary

clm 11796, ms.228,

152r-156r, Pg 213 203ra-206va, B 233

clm 15610, BodleianLibrary

165r-169v, Ri 284 MS. Selden upra74,

clm 16472, 14ra-18rb, Os 253

165vb-172ra, Rz 272 Queen sCollege

clm 17151, 213,lr-7r, Q 250

177v t 27r, Sf 247

clm 17668, Paris

77vb-81rb, Se 285 BibliothequeNationalede France

clm 17740, mg. at. 590,

37r-47r, S 208 163r-168v, Pb 232

clm 18406, ms. at. 3768 Baluze895),

95va-98va, Tg 283 1r-5r, Pc 255

clm 18525b, mg. at. 3832,

89v-95v, T 209 p. 181-192, Pr 260

clm 18597, 73sq., Te 287 mg. at. 5327 -

clm 19112, 81v-87r, Pa 238

156r-163v, M 209

clm 21534, Praha

101r-102r Ws 222 Narodnfknihovna

clm 23929, v: A. 7,

32ra-34vb, Zp 277 196va-198vb, Pu 248

clm 26630, X. E. 13 Cirn. K.155),

351r-354r, Bh 249 85v-88v, Pv 271

Universitatsbibliothek XI. C. 8 (Cim. K. 267),

20Cod.ms. 103, 206v-209r, Pw 283

16Ora-164, Lh 213 XIV:G.11,

20Cod.ms. 678, 132ra-137va, Px 281

82ra-85ra, Ig 284

40Cod.ms. 807, Rouen

53v-59v, Mu 225 Bibliothequemunicipale

ms. U 65,

Namur 245ra-245vb, Ru 254

Bibliothequede a Societe rcheologi-

que SanMarino (California)

ms. 162,128r-131r,Na 226 HuntingtonLibrary

HM 1342,

Niimberg 4r-15v, Hm 274

Stadtbibliothek

Cent. V 82,

509ra-514rb, Nu 249

Page 297: Apocrypha 10, 1999

8/20/2019 Apocrypha 10, 1999

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296

J. P. PETfORELLI

Schlagl

Stiftsbibliothek

156 405v-409v

198 1ra-4vb

WieR

Osterreichische ationalbibliothek

4

Cod. 1355

92r-97v Va 211

Cod. 1628

95rb-98ra Vb 27]

Cod. 1629

98v-101vet104r Vf 232

Cod. 2809

308va-31Ovb Vd 213

Sa

Sh

277

283

St. Gallen

Stiftsbibliothek

Cod.sang.927

p.225ra-235ra

Sg

236

Striingniis

Domkyrkobiblioteket

Winchester

Cathedral ibrary

VII 109vb-1l2ra

276

r

w

241

Stuttgart

Wiirttembergische Landesbibliothek

Hotbibliothek HB XII 20

132ra-I34vb Sw 236

Wolfenbiittel

Herzog August Bibliothek

Cod.Guelf. 29.7 Aug. 4°

189ra-192vb Wf 1

Cod.Guelf. 415 Helmst.

1r-4r Wo

Uppsala

Universitetsbiblioteket

C77 83r-91r Up

282

224

Wiirzburg

Universitatsbibliothek

M. ch. q. 23 68r- 2r

Valenciennes

Bibliothequemunicipale

ms. 168

241ra-242vb Ve

249

230

Zwettl

Stiftsbibliothek

Ms. 13

221va-223ra

Wertheim

Evangelische irchenbibliothek

ms.726 Wh

231

Zw

210

Page 298: Apocrypha 10, 1999

8/20/2019 Apocrypha 10, 1999

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COMPTESRENDUS

DUBOIS,J ean-Daniel & ROUSSEL, ernard (dir.), Entrer en matiere. Les pro-

logues, Paris, Cerf (Patrimoines, Religions du Livre), 1998, pp. 523. ISBN 2.

204-5522-0.

Ce recueil, delle a M. Franc;oisLaplanche, secompose de vingt-huit etudes,

suivies d'une ample postface sur l'art du commencement. II n'a pas pour but

d'elaborer une nouvelle contribution theorique sur la question, et on cher-

chera donc ici en vain des supplements significatifs a Seui/sde Gerard Genette

(Paris, 1987) -un ouvrage de reference auquel l'avant-propos du present

livre fait allusion. C'est dommage, parce qu'il y aurait eu matiere a Ie taiTe,

etant donne que ce livre presente une longue serie d'exemples qui remet-

tent parfois en cause les categories etablies. Dans cet ouvrage, Ie lecteur ne

pourra donc que gianer des morceaux choisis sur Ie sujet, comme Ie suggere

Philippe HoFFMANN,auteur de la postface, ou «epilogue» (p. 485-506), qui

synthetise les themes et les resultats de chaque contribution, et qui constitue

un guide utile pours'orienter dans un volume collectif qui se veut interdisci-

plinaire.

Les domaines couverts sont assez disparates, et comprennent la philoso-

phie -de l' Antiquite au Moyen Age (Platon, Paul Ie Perse, 'ecole neopla-

tonicienne, quelques commentateurs d' Aristote et de Pierre Lombard, Gilles

de Rome, Gemiste Plethon) -, l' Ancien Testament -Ie Siracide -, la patris-

tique -Clement d' Alexandrie, Pamphile de C6saree,Origene -, la gnose-

Ie Traite tripartite -, Ie manicheisme -les Kephalaia de Berlin -, Ie Coran

et la litterature arabe -la muqaddima -, l'archeologie -les peintures de

la synagogue de Doura-Europos -, l'exegese uive medievale -MoIse MaI-

monide entre autres -, l'histoire moderne -il est question des editions de

la Bible aux alentours de la Reforme (MoIse Arragel, Luther, Estienne, Cal-

vin, Benoist, Bible de Port-Royal), ainsi que des dedicaces des ouvrages de

Calvin -, sans omettre plusieurs contributions consacrees aux apocryphes

chretiens -Epttre des Apotres, Apocalypse de Paul, Caveme des tresors,Odes

de Salomon. Le livre couvre donc un champ temporellement, geographique-

ment et conceptuellement tIes etendu, qui s'ouvre avec Ie Socrate de Platon

et s'acheve avec es savants de Port-Royal, toujours autour du meme theme,

Ie «prologue ». Et, puisque Ie depaysement fait partie des plaisirs de l'inter-

disciplinarite, peu importe que cela entraine quelques desequilibres, que les

kephalaia manicheens ne soient pas ceux du neoplatonisme (p. 490, n. 29), ou

que la notion d'« apocryphe » du chercheur travaillant sur les bibles du XVI

siecle (p. 407 et 428) puisse difficilement satisfaire Ie specialiste d'apocryphes

qui ecrit dans Ie meme livre.

Autant Ie champ des etudes couvert par ce collectif est vaste, autant la

conception de «prologue » qui lui est sous-jacente est arge -la plus large

possible. Plusieurs exemples traites semblent avoir des parentes discutables

avec Ie genre du prologue, et etre donc des cas imites. Differentes contribu-

tions de ce livre considerent ainsi Ie debut d'un texte comme s'il s'agissait

d'un prologue -une possibilite non prevue par Genette. C'est Ie cas pour

l' Epttre des Apotres, les Odes de Salomon, et, dans une mesure differente,

pour Ie Coran. En outre, plusieurs travaux analysent des prologues qui out

ete ajoutes au texte original, comme l'apologie de l' Apocalypse de Paul et les

prologues des editions bibliques examinees. On notera egalement que sont

ici consideres comme prologues les « travaux propedeutiques» a la connais-

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COMPTES RENDUS

sancephilosophique du cursus desetudes neoplatoniciennes -ct. Jaap Mans-

feld, Prolegomena, Leiden / New York / Koln, Brill 1994. Cette liste, bien

qu incomplete, montre combien de cas differents peuvent se cacheTsous Ie

terme de « prologue » qui constitue Ie sous-titre du livre, mais aussi que Ie

titre Entrer en matiere est a vrai dire plus pertinent que Ie sous-titre -cas

assezsingulier, il est vrai.

Au vu de ces precisions, e me vois contraint avant de poursuivre d avouer,

conformement a l un des topoi leg plus courants dans leg prologues, que mes

capacites et mes connaissances imitees ne conviennent pas a l ampleur de la

matiere, et que je ne pourrai analyser qu une petite partie de ces etudes, qui

couvrent presque vingt siecles d histoire, qui conduisent de l Espagne en

Orient et qui embrassent des domaines si differents. Pour tine fois, je pense

que Ie lecteur n aura aucune difficulte a croire qu iI ne s agit pas de fausse

modestie de la part de celui qui ecrit ces ignes. Je ne presenterai donc que

leg articles concernant la litterature apocryphe.

Jacques-Noel PERES eveloppe (p. 103-109) tine idee qu il avait lui-meme

plus brievement formulee dans l introduction a sa traduction de l Epitre des

Apotres parue dans la collection de poche de l A.E.L.A.C. (Turnhout, Bre-

pols (Apocryphes, 5],1994): leg chapitres 1-12 de l Epitre des Apotres consti-

tuent Ie prologue de la seconde partie (ch. 13-51). Ce prologue montre, en

guise d exhortation parenetique, comment iIfaut lire et interpreter la seconde

section du texte, ou, dit autrement, en fonde l autorite. L argument fonda-

mental de Peres est Ie changement de genre litteraire que l on petit observer

entre leg chapitres 12 et 13 du texte; a partir du ch. 13 commence en effet un

long dialogue du ressuscite avec leg disciples. II convient toutefois de relever

que Ie genre du dialogue n est pas totalement absent de l ensemble des cha-

pitres 1-12 et que, a partir du ch. 10, un des personnages qui discutent est

justement Ie ressuscite. Par consequent, la rupture a situer au ch. 13 petit etre

consideree comme moins forte sur Ie plan formel que Peres ne Ie pense,meme

si elle Testenette sur Ie plan du contenu, car leg vraies revelations commen-

cent justement a ce moment-la, et Ie debut du texte garde donc tiDe fonction

parenetique evidente. Quant a I origine de ce texte, on pourra voir aussi

l etude de A. Stewart-Sykes, «The Asian Context of the New Prophecy and

of Epistula Apostolorum», Vigiliae Christianae 51,1997, p. 416-438, qui

apporte des nouveaux arguments pour tine localisation du milieu de pro-

duction en Asie Mineure.

Deux articles du volume sont dedies a l Apocalypse de Paul. Le premier,

dfi a Pierluigi PIOVANELLIp. 111-124),s attaque au prologue originel du texte,

qui est relu dans Ie cadre de l hypothese de datation basse que Ie meme Pio-

vanelli avait proposee en 1993 avec des arguments importants -selon lui,

l Apocalypse est un texte de la fin du IY siecle. Piovanelli parvient ici habi-

lement a expliquer Ie gensdu prologue dans cette perspective: l auteur a voulu

justifier la paternite paulinienne d un texte cense etre Teste nedit pendant

trois siecles. Ce faisant, il a recouru dans Ie prologue a differents topoi, parmi

lesquels Piovanelli decrit celui de la decouverte fictive du manuscrit, qui a

pour but de fonder l historicite et l anciennete du texte, ce qui est la raison

d etre ultime de ce prologue -on pourra seulement Doter que, parmi leg

exemples que Piovanelli propose pour illustrer ce procede, l Apocalypse est

Ie seul texte ancien a exprimer cela a travers un prologue; a ce sujet, il fau-

drait voir aussiW. Speyer, Bucherfunde in der Glaubenswerbung der Antike,

Gottingen, 1970. Ce prologue disparaitra dans leg raditions plus recentes de

l Apocalypse. Pour Piovanelli, tine telle disparition montre que Ie prologue

avait bien accompli sa tache, et que Ie texte etait depuis loTsconsidere comme

paulinien -mais il aurait aussi pu disparaitre justement car leg ecteurs n y

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299

OMPTESRENDUS

croyaient plus, me semble-t-il. Avec cette etude, Piovanelli confirme et enri-

chit les arguments qu il avait avances en faveur de la datation basse de l Apo-

calypse, qui devrait desormais etre consideree comme acquise.

Le deuxieme article concernant l Apocalypse de Paul est signe par Alain

DESREUMAUXp. 125-134), qui etudie la preface syriaque nestorienne de ce

texte, qui a connu beaucoup de recritures et de traductions durant l Antiquite

tardive et Ie Moyen Age. Ce prologue -pour l instant inedit mais traduit

en anglais et en franlj:ais (cette derniere traduction, partie dans Apocrypha

4,1993, p. 69-75, etant due au meme Desreumaux) -, consiste en realite en

un « exte bien detache» qui porte Ie titre suivant : Apologie de la Revelation

de Paul (p. 126). Etant donne que Ie prologue etudie par Piovanelli est, dans

cette version, deplace a la fin de l reuvre, ce texte cherche aussi a defendre

l autorite de l Apocalypse en a presentant comme authentique et fiable. Mais

il poursuit aussi un autre but: il veut corriger la perspective eschatologique

de l apocryphe, qui y est bel et bien renversee. L auteur de cette apologie se

sert entre autres d un ensemble de quinze testimonia, dont quatre sont d ori-

gine apocryphe. L ensemble de cette argumentation, explique Desreumaux,

est tire d une Chronique syriaque, encore inedite, visant a dresser tine his-

toire universelle dans tine perspective theologique (cf. l article de Desreu-

maUXdans Apocrypha 8,1997, p. 165-177). L hypothese avancee par Des-

reumaux est que la presence de ce «prologue » syriaque aurait provoque Ie

deplacement a la fin de l ouvrage du prologue originel qui relate la decou-

verte du manuscrit, ce qui n explique pourtant pas pourquoi l autre tradi-

tion syriaque de ce texte -jacobite -a effectue Ie meme deplacement sans

inserer l Apologie initiale.

Andreas Su-Min RI etudie les prologues de la Caveme des tresors, en par-

ticulier dans les traditions arabe, copte et syriaque (p. 135-150). Dans cette

etude, Su-Min Ri releve la presence, dans les trois prologues, de traditions

qui pourraient attester l arriere-fond juif de cet ecrit, et prouver qu il a ete

utilise par des communautes chretiennes primitives, pour lesquelles ce texte

devait avoir tine valeur normative. Ces hypotheses doivent, me semble-t-il,

etre encore precisees et travaillees, mais e suis conscient des difficultes posees

par Ie maniement d un dossier multiforme comme celui-ci, car les trois pro-

logues compares par Su-Min Ri sont a considerer comme faisant partie de

trois recensions textuelles tIes differentes. Ainsi, si Ie prologue arabe nons

parvient en tradition directe, Ie copte est atteste dans un discours de Cyrille

de Jerusalem sur Marie-Madeleine, et Ie syriaque est en realite Ie prologue

de la Genealogie de la Vierge Marie, qui se trouve inseree dans la Caveme-

selon l hypothese de Gotze, qui n est pas remise en cause ici, il s agirait la de

l un des trois textes qui constituent les sources de la Caveme.

Marie-Joseph PIERREest l auteur d une etude qui porte sur les Odes de

Salomon (p. 151-166), dont elle a publie line traduction dans la collection de

poche de I A.E.L.A.C. (Turnhout, Brepols [Apocryphes, 4],1994). Selon son

interpretation, la premiere ode, qui fait ici l objet d un commentaire fouille,

forme Ie prologue de l ouvrage entier. La thematique de la «couronne »,

annoncee dans ce debut de l apocryphe, est Ie principal motif repris par la

suite; cette image est line metaphore de la Loi, et de l arbre de vie que la

Loi represente, comme l attestent les traditions rabbiniques rassemblees; ce

motif constitue en outre un des principaux themes qui lient cette ode au Ps

1, comme M.-J. Pierre Ie remarque ici. Au sujet des Odes de Salomon, je

signale en concluant deux autres parutions recentes: .} article de J. Joosten,

«Odes de Salomon 7 3a. Observations sur un hellenisme dans Ie texte

syriaque », Zeitschrift fiir die neutestamentliche Wissenschaft89, 1998, 134-

135, et Ie recueil d etudes de M. Lattke, Die aden Salomos in ihrer Bedeu-

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COMPTES RENDUS

tung flir Neues Testamentund Gnosis, Bd. IV, Freiburg / Gottingen, 1998.

Comme cela est peut-etre inevitable dans un livre de ce genre, il y atou-

jours quelques details de toilettage qui veulent a tout prix echapper aux revi-

seurs. Ie signale, a titre d exemple: p.140, n. 14, es Ecrits intertestamentaires,

edites par A. Dupont-Sommer et M. Philonenko, sont lapidairement abreges

«Pleiade»; p. 239, n. 126, il manque Ie lieu d edition de l ouvrage cite

(Londres); p. 421, il y a piusieurs erreurs dans la citation de la fameuse edi-

tion du Nouveau Testament de Robert Estienne parue en 1551, a premiere

edition dans laquelle les versets sont numerotes; les renvois bibliographiques,

entin, n ont pas ete harmonises seion des conventions uniformes -la Patro-

logia Graeca, par exemple, est citee sous trois formes differentes.

C. ZAMAGNI

HAELEWYCK,Jean-Claude, Clauis Apocryphorum Veteris Testamenti,Turn-

bout, Brepols (Corpus Christianorum), 1998, pp. xxviii + 243. ISBN 2-503-

50702-6 (relie).

Meme leg habitues et leg connaisseurs de la liUerature qualifiee generi-

quement d apocryphe, apparentee au milieu biblique ou parabiblique, savent

combien il petit etre ardu de s orienter au travers des titres, des recensions,

des versions et des editions. Disposer d une «clef d acces» est a la longue

indispensable, et en offrir tine aux chercheurs est faire reuvre de documen-

taliste de haute valeur scientifique. Le Corpus Christianorum disposait jus-

qu ici, grace au travail et a la competence scientifiques de M. Geerard, d une

Clavis Patrum Graecorum en six volumes (Turnhout, Brepols, 1983-1998) et

d une Clavis Apocryphorum Novi Testamentici-apres CANT (ibid., 1992) ,

tandis que la Clavis Patrum Latinorum, veritable realisation de pionniers, a

ete recemment completee par Ie P. Abbe de St. Petersabdij Steenbrugge, dam

E. Dekkers (ibid., 1995). Faisait encore defaut un outil qui, conformement

au mode de repartition choisi de la matiere, aurait ete consacre aux apo-

cryphes de l Ancien Testament.

Jean-Qaude Haelewyck, professeur a l Institut Orientaliste de Louvain-

la-Neuve, conscient des pieges ideologiques poses par leg diverses manieres

de concevoir leg recueils de textes apocryphes, a choisi de proceder d une

fac;oneminemment pragmatique: il s est imite aux ecrits places SallS e patro-

nage d un personnage emblematique ou se referant a l un ou a l autre des epi-

sodes marquants de l Ancien Testament; il s interesse essentiellement aux

reuvres de reference et a la transmission manuscrite de chaque piece; l ou-

vrage -ci-apres CAVT -se veut Ie complement de la CANT deja men-

tionnee de M. Geerard. Ces criteres sont appliques d une fac;on restrictive

aux divers ensembles a probleme tels leg textes de Qumran, leg deuteroca-

noniques, leg manuscrits bibliques, leg apocryphes armeniens, la litterature

judeo-hellenistique. La periode historique prise en consideration -du lIIe

s. avo -C. au lVe s. de notre ere -, est assumeed une fac;onsouple. L A. tient

en effet compte gait des hypotheses de reconstruction critique des textes, gait

de l anciennete des traditions qu ils renferment, anciennete qui contraste par-

fois fortement avec age de leur redaction ultime.

Nous ne pouvons que nous feliciter avec l A. et son editeur de ceUe reali-

sation, qui a prig en compte non seulement leg publications leg plus recentes,

mais aussides recherches restees encore inedites, telles relIes d A.-M. Denis-

ct. Introduction aux pseudepigraphes grecs d Ancien Testament,Leiden, E. J.

Brill (Studia in Veteris Testamenti Pseudepigrapha 1), 1970; la deuxieme edi-

tion, encore a l etat manuscrit, comporte un titre legerement retouche : Intro-

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OMPTES RENDUS

duction a la Litterature religieuse judeo-hellenistique, Pseudepigraphes d'An-

cien Testament et de F. J. Thomson -Clauis de la litterature slavonne -,

et a profite de tout un ensemble de collaborations. La multiplicite des textes,

des raditions manuscrites, des publications et des etudes pris en compte ren-

dront indispensables des revisions periodiques de ce repertoire et des publi-

cations de complements, destinee habituelle dece genre d'ouvrage. C'est la

raison pour laquelle toute remarque de detail, bien que decoulant de la

logique inherente a I'reuvre, n'enleve rien a la valeur de I'ensemble de I'ou-

vrage, qui presuppose en lui-meme un travail de recherche et de redaction

en tout point respectable.

Dans Ie contexte de nos travaux en la matiere, signalons quelques points

de detail, certainement marginaux par rapport aUKdimensions du repertoire.

D'abord, un ouvrage paru en 1998 ne pouvait que bien difficilement tenir

compte d'une publication sortie de presse durant Ie demier trimestre de I'an-

nee precedente: c'est Ie cas des Ecrits apocryphes chretiens (Bibliotheque de

la Pleiade), Paris 1997 (dorenavant EAC), qui n'ont pas pu etre pris en consi-

deration. Sont concemes I'Ascension d'lsai"e (CAVT218 et EACp. 501-545),

les Odes de Salomon (CAVT205 et EAC p. 673-743) et Ie groupe des ecrits

se rapportant a Esdras: Vet VI Esdras (CAVT 182-183 et EAC p. 634-651,

655-670), Apocalypse grecque d' Esdras (CAVT 184i et EAC p. 549-571),Apo-

calypse de Sedrach (CAVTl84ii et EACp. 575-591), Vision d'Esdras (CAVT

184iii et EAC p. 595-631). Ensuite, a propos de I'Ascension d'lsai"e,dont nons

avons fait etat dans un passe recent «<L' Ascensione d' saia, un unicum pre-

sente nella Biblioteca abbaziale Bobiense », Archivum Bobiense 20, 1998,p.

313-317), iI taut souligner I'absence parmi les traductions fran¥aises de la ver-

sion la plus recente, celie d'E. Norelli parue aupres du meme editeur que la

CAVT (Ascension du prophete Isale, Tumhout, Brepols, [Apocryphes, 2],

1993); cette version est precedee d'une importante synthese et offre en appen-

dice la traduction fran~aise de la soi-disante Legende grecque (cf. CAV7;

p. 176). On ne pent d'autre part qu'etre surpris, toujours a propos du meme

ecrit, du jugement peremptoire sur I'origine juive de la troisieme partie (cf.

CAV7; p. 175): a cet egard, les editeurs du volume de la Series Apocrypho-

rum se sont abondamment exprimes dans un sens contraire, et un forsitan

aurait ete bienvenu.

Nous referant aUK extes dont nons nons sommes nons-memes occupes, il

taut souligner que les articles cites par I'A. -sans parler de I' EAC ou d'un

de nos articles pam a la meme epoque ( « L'initiation prophetique dans I' Apo-

calypse grecque d'Esdras, essai d'analyse et de reconstruction », Freiburger

Zeitschrift fur Philosophie und Theologie 44, 1997, p. 408-444) -auraient

rappele I'existence de quatre recensions latines, et non pas de deux (d. CAV7;

p. 142); entin, aucune version allemande n' etant citee a propos de I' Ap. de

Sedrach et de la Visio, nons conseillons de mentionner les traductions de P.

RIESSLERAltjudisches Schrifttum ausserhalb der Bibel, Heidelberg 19794, .

156-167 et 350-354).

F. G. NUVOLONE

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COMPTES RENDUS

CoLLINS, John J., Seers,Sybils and Sages n Hellenistic-Roman Judaism, Lei-

den / New-York / Koln, Brill (Supplements to the Journal for the Study of

Judaism, 54),1997, pp. xi + 438. ISBN 90-04-10752-5.

John Joseph COLLINS, rofesseur de Bible hebraique a l'Universite de Chi-

cago, est l'un des plus grands specialistes contemporains du judaIsme du

second Temple a l'epoque hellenistique et romaine. II a ete Ie promoteur du

celebre groupe de travail que «the Society of Biblical Literature » a mis en

place dans leg annees 70 afin d'etudier Ie genre litteraire des apocalypses-

ct. Ie fascicule de Semeia 14, 1979 ntitule Apocalypse.. The Morphology of a

Genre -et a coedite plusieurs ouvrages collectifs consacres aux principaux

textes et themes apocalyptiques juifs. Parmi ses travaux recents, citons:

Daniel. A Commentary on the Book of Daniel, Minneapolis (Hermeneia),

1993; The Scepter and the Star.. The Messiahs of the Dead Sea Scrolls and

Other Ancient Literature, New York (AncBRL), 1995; Apocalypticism in the

Dead Sea Scrolls, London (LDSS), 1997; Jewish Wisdom in the Hellenistic

Age, Louisville (OTL), 1997; The Apocalyptic Imagination. An Introduction

to Jewish Apocalyptic Literature, Grand Rapids (BibRS), 1998 -la premiere

edition de cet ouvrage, qui portait Ie sons-titre tres eloquent: An Introduc-

tion to the Jewish Matrix of Christianity, est parue a New York en 1984.

Ce recueil de 1997 ntitule Voyants, Sibylles -Sybils doit etre corrige en

Sybils -et Sages eunit vingt-trois essais ue COLLINS rediges etl ou publies-

car deux etaient jusqu'a present inedits -entre 1974 et 1995.Apres un article

liminaire consacre au statut des extes a vocation scripturaire dans Ie udaisme

du second Temple (p. 3-21), cinq grandes sections traitent respectivement:

(I) de 'apocalyptique ou, pour reprendre leg distinctions employees par l'au-

teur, du genre litteraire, de l'ideologie et des mouvements sociaux apocalyp-

tiques (p. 23-127); (II) du livre de Daniel (p. 129-177); (III) des Oracles sibyl-

lins juifs (p. 179-235); (IV) des textes et de la communaute de Qumran (p.

237-314); (V) desaffinites et des differences existant entre la sagesseet l'apo-

calyptique (p. 315-404). Des index -auteurs modernes, textes anciens, the-

matique -figurent a la fin du volume.

Nous ne ferons que signaler, en passant, a remarquable analyse critique

des hypotheses, avancees par Hartmut Stegemann, Jerome Murphy-O'Con-

nor, ou Philip Davies, sur la fonction de grand-pretre du Temple de Jerusa-

lem qu'aurait eventuellement exercee Ie Maitre de Justice, et sur leg preten-

dues origines babyloniennes de la communaute de Qumran (p. 239-260), que

COLLINScontinue de considerer, avec raison, comme «apocalyptique»

(p. 261-285). Ce sontjustement ses etudes sur l'apocalyptique qui retiendront

davantage notre attention. En leg relisant attentivement, nous avons Ie sen-

timent que l'influence exercee, au debut des annees 70, par Ie petit livre intel-

ligemment provocateur que Klaus Koch avait consacre a la « Perplexite devant

l'apocalyptique» (Ratios vor der Apokalyptic. Eine Streitschrift ilber ein ver-

nachliissigtes Gebiet der Bibelwissenschaft und die schiidlichen Auswirkungen

auf Theologie und Philosophie, Gtitersloh, 1970; traduction anglaise: Lon-

don, 1972; traduction italienne: Brescia, 1977) a ete determinante et feconde.

De plus, il est interessant de constater que, des deux cotes de l' Atlantique,

deux lecteurs differents de Koch, l'americain COLLINS t l'italien Paolo Sac-

chi, engages dans la meme quete d'une definition rigoureuse du phenomene

apocalyptique, ont abouti, en depit d'une certaine incomprehension reci-

proque (cf. p. 287-299), a des resultats parfois similaires en matiere d'escha-

tologie apocalyptique. Le premier la definissait deja, en 1974, comme «la

transcendance de la mort grace a l'obtention d'une forme de vie plus elevee

et angelique» (p. 75-97); Ie second la caracterisera, quelques annees plus

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303

OMYrESRENDUS

lard (L'apocalittica giudaica e la sua storia, Brescia [BCR, 55], 1990; traduc-

tion anglaise : Sheffield, 1997), comme «la decouverte de la doctrine de l'im-

mortalite de l'ame et de l'existence d'un monde de l'esprit », d'ou viendra Ie

salut final. Bien entendu,des critiques n'ont pas manque de se aire entendre

it l'encontre soil de l'approche globale adoptee par COLLINS par exemple,

D. Sim, «Jewish and Christian Apocalypticism in the Ancient World: Pro-

blems and Prospects », dans M. Dillon ed., Religion in the Ancient World:

New Themes and Approaches, Amsterdam, 1996, p. 491-504 , soil de cer-

taines de ses nterpretations ponctuelles -par exemple, J. D. G. Dunn, «Son

of God' as 'Son of Man' in the Dead Sea Scrolls? A Response to John Collins

on 4Q246 », dans S. E. Porter C. A. Evans edd., The Scrolls and the Scrip-

tures.Qumran Fifty Years after,Sheffield (JSPE.S,26), 1997,p.198-210. II n'em-

peche que Ie merite majeur de cette recherche, mente depuis plus de vingt ans,

ne reside ni dans 'infaillibilite d'une methode ni dans e caractere definitif d'une

interpretation -les deux sont toujours impossibles it atteindre -mais dans

l'interet, la reflexion et Ie debat qu'elle n'a cessede susciter.

Ce debat sur l'apocalyptique a connu line participation relativement limi-

tee de la part des chercheurs francophones, qui consiste en line poignee de

volumes collectifs -Apocalypses et theologie de I' esperance.Congresde Tou-

louse (1975), Paris (LeDiv, 95), 1977; L'Apocalyptique, Paris (EtHR,3), 1977;

C. Kappler ed., Apocalypses et voyages dans l'au-dela, Paris (BiJer.E), 1987;

L'Apocalyptique. Session pluridisciplinaire. Centre Sevres,17-28 septembre

1990, Paris (TCCS, 23), 1991- et d'etudes episodiques -cf. recemment G.

Rochais, «L'influence de quelques idees-forces de l'apocalyptique sur cer-

tains mouvements messianiques et prophetiques populaires juifs du reT iecle »,

dans D. Marguerat, E. Norelli J.-M. Poffet edd., Jesusde Nazareth. Nou-

velles approches d'une enigme, Geneve [MoBi, 38], 1998, p. 177-208). Peut-

etre tout simplement parce que les livres de Koch, COLLINS, u Sacchi, pour

ne pas mentionner les ouvrages classiquesde Hanson, Rowland, Rowley, Rus-

sell, ou Schmithals, n'ont jamais ete traduits dans la langue de Moliere.

P. PJOVANELLI

CASADIO,Giovanni, Vie gnosticheall' immortalita, Brescia, Morcelliana (Let-

teratura cristiana antica), 1997,pp. 108. ISBN 88-372-1648-3.

Le petit livre de Giovanni CASADIO, historien des religions par trop

meconnu des ecteurs de angue franc;aise, ecompose de deux etudes conc;ues

11 es moments differents et publiees dans des ouvrages collectifs distincts.

Quelques mots d'explications destines 11ustifier leur reedition en un seul

volume leur servent d'introduction.

La premiere etude, intitulee « La via della contemplazione trasgressiva.

Gli gnostici e la tradizione orfica », a ete presentee loTSdu sixieme congres

sur Ie theme « Sangue e antropologia », organise 11Rome entre Ie 23 et Ie 28

novembre 1987. La communication donnee 11 ette occasion s'intitulait alors:

« Antropologia gnostica e antropologia orfica nella notizia di Ippolito sui

Sethiani ». Elle est parue deux ans plus tard dans Ie troisieme volume des

Actes du congres (F. Vattioni ed., Sanguee antropologia nella teologia, Roma,

1989,p. 1295-1350).Hormis quelques complements bibliographiques, aucune

difference substantielle ne distingue les deux versions publiees de cette etude.

L'intention de l' A. dans cet essai est de confronter les donnees fournies

par les heresiologues sur la secte dite des Sethiens avec es textes gnostiques

decouverts 11Nag Hammadi. Une breve remarque introductive (p. 20-22)

explicite ce que les gnostiques sethiens ne sont pas -11 savoir des juifs ou

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304

COMYfESRENDUS

judeo-chretiens adorateurs d un dieu a tete d ane assimile au dieu egyptien

du nom de Seth. L auteur etablit ensuite (p. 26-29) line lisle de seize traites

appartenant a la bibliotheque de Nag Hammadi, dont leg raits distinctifs s ap-

parentent a ce que Ie Pseudo-Tertullien et Epiphane de Salamine nous disent

des Sethiens. De la il conclut (p. 29) que ces derniers se definissent comme

leg descendants de Seth, Ie fils d Adam, et se croient detenteurs d une

semence-etincelle -« sperma-spinther» -de lumiere provenant de la sub-

stance du Dieu supreme et deposee en Seth par la Mere elle-meme -Sophia

ou Barbelo. Ils sedistinguent en outre par line forme particuliere de spiri-

tualite et de soteriologie, dans laquelle Ie principe maternel ou feminin joue

un role salvateur preponderant. CASADIOpoursuit son investigation en abor-

dant ensuite (p. 33-50) un texte qu il avail volontairement laisse de cote

jusque-la: la notice d Hippolyte sur leg Sethiens dans la Refutation de toutes

les heresies (V; 19-22) -line traduction italienne en est proposee, mais Ie lec-

leur francophone pourra egalement se referer a la traduction d Andre Siou-

ville, reimprimee a Milan en 1988. L analyse de ce texte difficile constitue a

nos yeux l apport Ie plus important et Ie plus original de l etude de CASA-

DID. A la difference de nombreux historiens, qui se defient Ie plus souvent de

cette source d information SOliS retexte qu elle est partiale et ne donne de

la doctrine sethienne qu une vision deformee et sans lien avec la realite, Ie

chercheur italien choisit de la prendre au serieux et la soumet a un examen

critique denue de tout prejuge anti-heresiologique. Et bien lui a en prig, car

son analyse lui a non seulement permis de preciser leg contours de l ontolo-

gie et de la soteriologie sethiennes, mais elle l a egalement conduit a se livrer

a un veritable travail d histoire comparee des religions -suivant en cela

l exemple de son maitre Ugo Bianchi -, travail motive par l indication selon

laquelle la doctrine des Sethiens remonte aux « anciens theologiens, Musee,

Linos et Orphee, Ie principal fondateur des initiations et des mysteres» (Refu-

tation, V;20). Plus precisement, Hippolyte affirme que Ie discours des Sethiens

sur la matrice et l « omphalos » se etrouve expressisverbis dans leg Bakchika,

un texte malheureusement perdu dont l existence est neanmoins attestee par

sa mention dans la lisle des reuvres que la Souda associe au nom d Orphee.

Cette remarque conduit nolle auteur a rechercher dans Ie patrimoine archeo-

logique et litteraire de la Grece antique des elements susceptibles de veri-

fier leg assertions d Hippolyte. Les resultats de son enquete sont surprenants.

Ils renouvellent aussi bien l idee que l on pouvait se aire de influence exer-

cee par leg doctrines orphiques sur la formation de la gnose sethienne que

nolle maniere de lire et de comprendre la notice d Hippolyte. L investigation

poursuivie par l auteur est si bien documentee qu elle nous fait en outre

regretter l etude synthetique sur« l orphisme et leg origines du gnosticisme »,

que Gilles Quispellui avail suggere de preparer pour« Vigiliae Christianae »,

et que l A. nous dit avoir finalement renonce a ecrire (p. 8). Souhaitons nean-

moins qu il revienne un jour sur sa decision, et qu il nous fasse beneficier

d autres travaux de la meme envergure que celui-ci.

Le deuxieme chapitre, intitule « La via della trasgressione in ipo e in iper.

Gli gnostici e la tradizione giudaico-cristiana », est la version italienne d un

expose presente a Ascona, dans Ie cadre des nouvelles rencontres d Eranos,

et publie initialement en allemand SOliSe titre «Gnostische Wege zur Uns-

terblichkeit» dans Ie recueil d etudesAuferstehung und Unsterblichkeit, edite

par Erik Hornung et Talo Schabert, Miinchen 1993,p. 203-254. C est bien sur

Ie titre initial de cette contribution que l A. a choisi de donner a son opus-

cule. Comme dans Ie cas du premier chapitre, aucune difference de fond ne

distingue la version allemande de la version italienne, sinon quelques ajouts

dans leg references bibliographiques.

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305

OMPTESRENDUS

Le sujet traite dans ce second chapitre est assurement plus familier aUK

theologiens et aUKhistoriens du udalsme et du christianisme que celli aborde

dans Ie chapitre precedent. Il n en est pas moins fort interessant. CASADIO

se propose en effet de comparer diverses conceptions relatives au destin post-

hume de l etre humain. Son objectif est de degager a specificite desapproches

gnostiques et non-gnostiques du probleme. Les courants religieux etudies

sont, d une part, Ie judalsme postexilique (p. 69-75), en partie influence par

l eschatologie iranienne, l reuvre de Philon d Alexandrie (p. 75-78), forte-

ment impregnee de philosophie platonicienne, etl enseignement de Jesus tel

qu il ressort des ecrits de Paul et de Jean (p. 79-85), d autre part, les doctrines

de certains ~nostiques chretiens, en particulier Menandre Ie Samaritain et

Cerinthe l Ephesien (p. 85-97), ainsi que1es pratiques sexuelles des disciples

de Barbelo et de Seth (p. 97-107). Alors que Ie salut promis a l homme dans

les diverses formes du udalsme et dans Ie messagede Jesus sepresente essen-

tiellement comme un salut a venir -dont la realisation repose principale-

ment sur l observance de la Loi et la foi dans la volonte et dans Ie pouvoir

salvifiques d un Dieu qui lui est par nature exterieur -, les gnostiques,

convaincus de par leurs conceptions theogoniques et anthropogoniques de

porter en eux l etincelle de lumiere consubstantielle au Dieu supreme, envi-

sagent e salut soit comme deja realise -par l intermediaire du bapteme, par

exemple -, soit comme a conquerir des ici-bas -par diverses techniques

rituelles et magiques. Pour les disciples de Barbelo et de Seth, par exemple,

l acces a l immortalite consiste a rejouer, dans Ie cadre d une celebration litur-

gique tout a fait particuliere, Ie drame de la creation, au travers d une medi-

tation persistante et d une pratique sexuelle rigoureuse. Celle-ci s exprimera

de deux manieres diametralement opposees -ce que l A. appelle la voie en

« hypo » et la voie en « hyper », ou voie de droite et voie de gauche, selon une

ternlinologie qui nous semble etre d origine pythagoricienne -, a savoir dans

l abstinence la plus stricte ou au contraire les debordements les plus exacer-

bes.

L ouvrage de CASADIOemoigne d une connaissanceapprofondie des sujets

etudies ainsi que d une grande maitrise dans Ie traitement des materiaux, qu il

s agisse des sources premieres ou de la litterature secondaire. Nous ne pou-

vons que vivement en encourager la lecture.

J.-M. ROESSLI

WURST,Gregor, The Manichaean Coptic Papyri in the Chester Beatty Library.

Psalm Book. Part II, Fasc. 1: Die Bema-Psalmen, Published under the Aus-

pices of the Trustees of the Chester Beatty Library and under the Responsa-

bility of the International Committee for the Publication of the Manichaean

Coptic Papyri from Medinet Madi belonging to the Chester Beatty Library,

Turnhout, Brepols (Corpus Fontium Manichaeorum, Series Coptica, 1/2/1),

1996, pp. 140 + pl. 8. ISBN 2-503-50526-0.

II faut se rejouir de l excellente reedition des Psaumes u Bema,groupe

de psaumesmanicheens optesattestesen dialecte ycopolitain. Ce premier

volume du CorpusFontium Manichaeorumetait tres attendu: l editio prin-

cepsdu Psautier manicheencopte remonte en effet a 1938 et souffre de

quelquesmperfections:C. R. C. Allberry, A Manichaean salmbook.Part 2,

Stuttgart(ManichaeanManuscriptsn the ChesterBeatty Collection,2), 1938.

C est au souvenirde C. R. C. Allbery queG. WURSTedie cette publication

qui s integredans e projet plus vasted une edition completedes manuscrits

manicheens,esultatd une collaborationentre egeditionsBrepolset quelques

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306

COMPTESRENDUS

membres de l lntemational Association of Manichaean Studies. Comme Ie

signale, dans son Foreword, l editeur en chef du projet A. Van Tongerloo, la

publication d une trentaine de volumes est prevue d ici l an 2000, epartis en

plusieurs series -syriaque, arabe, copte, ouigoure, iranienne, chinoise, latine,

grecque. La SeriesCoptica, que dirige M. Krause, comportera quatre volumes:

vol. 1: Psaumes,partie I et II; vol. 2: Homelies; vol. 3: Kephalaia (Berlin);

vol. 4: Kephalaia (Dublin).

Le papyrus copte contenant es Psaumesmanicheensest Pun des sept manus-

crits trouves en 1929 a Medinet Miidi (Fayoum) et acquis par Sir A. Chester

Beatty en 1930. Ce manuscrit, Ie pChester Beatty A, comprend 272 folios (27

x 17,5) ecrits sur tine colonne, dont seuls es 117 olios de la seconde partie ont

ete publies par Allberry. Les psaumes de la seconde partie, dont certains sont

numerotes (Ps. 218-289), sont regroupes selon l auteur auquel ils sont attri-

bues -Psaumes d Heraclide (Ps. 277-286), Psaumesde Thom(as) -ou selon

leur destination liturgique : Psaumesdu Bema (Ps. 218-241), Psaumes i Jesus

(Ps. 242-276), Psaumes des errants. La reedition de la totalite de ces psaumes

est donc imminente, comme Ie signale M. Krause dans son Vorwort, et quatre

fascicules viendront completer l edition des Psaumes du Bema qui fait I

objet du present ouvrage, soit: I) les Psaumes i Jesus,prepares par G. Nebe

et P. Nagel; 2) Ie premier groupe des Psaumes d Heraclide et des Psaumes

sans titre, prepare par S. Richter et C. Gianotto; 3) les Psaumes des errants,

prepares par M. Krause et E. Smagina; 4) Ie deuxieme groupe des Psaumes

d Heraclide et les Psaumes de Thom(as), prepare par S. Richter et P. Nagel.

Cette seconde partie du premier volume, composee de cinq fascicules, est e

complement necessairea l edition en fac-simile de la secondepartie du manus-

crit partie recemment : S. Giversen, The Manichaean Coptic Papyri in the

Chester Beatty Library, IV: Psalm Book. Part 2. Facsimile Edition, Geneve,

Cramer (Cahiers d Orientalisme, 17), 1988.

L ouvrage de G. WURSTest consacre a la seconde partie du manuscrit des

Psaumesmanicheens,soil les psaumes 218 a 241 (pages 1, 1 a 47,25 du manus-

crit) pour la fete du Bema -celebration qui commemorait la passion de

Mani, au mois de mars, ors de laquelle on venerait l estrade a cinq degres on

tronait l icone de Mani, et qui anticipait sa session sur Ie tribunal du Christ,

a a fin des temps. Apres une description du manuscrit, elaboree en collabo-

ration avec S. Richter (p. 1-12), G. WURST definit les regles qu il s est

imposees pour son edition (p. 13-15). Le tout est accompagne d une biblio-

graphie (p. 16-18) et d un index des sigies (p. 19). Le texte et sa traduction

forment la partie la plus importante de l ouvrage (p. 20 a 117).11est suivi d un

index des mots coptes (p. 119-135), d un index des auxiliaires de conjugai-

son (p. 135-137), d un index des mots greco-coptes (p. 137-139), d un index

des quelques rares mots grecs (p. 139) et d un index des noms propres

(p. 140). Huit planches completent Ie volume.

Le texte copte, presente non pas de falt on diplomatique, mais en respec-

tant un decoupage metrique -en strophes et en veTS , est d une lecture

aisee, ainsi que la traduction allemande presentee de meme falt on sur la page

de droite, en regard. Le caractere copte choisi par l editeur est particuliere-

ment agreable a l reil. Une premiere colonne, a gauche du texte, fait reference

a la page et a la ligne du manuscrit; une seconde,a droite de la premiere, per-

met la numerotation des strophes et des versoUne barre verticale, dans Ie

texte, signale la fin des stiques. Cette double numerotation est tres pratique

et permet un reperage facile. On petit cependant regretter que, dans l appa-

rat critique, en bas de page, G. WURST tilise tantot un systeme de reference,

tantot l autre, parfois les deux dans une meme page; cela est genant car Ie

lecteur hesite toujours sur la reference a suivre (cf. p. 26, 28, 42, 48, 50 etc.).

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307

OMPTES RENDUS

Un aspect tIeS positif de cette publication reside dans leg nombreuses recons-

titutions originales et interessantes qui sont proposees et qu il n est malheu-

reusement pas possible de discuter ici. Comme cela est annonce dans l Index

Siglorum (cf. p. 17), apparat critique signale a lecronoriginale lorsque Ie texte

est corrige (Ps. p. 8,24; 11,7; 21,11),mais legcorrections proposees ne sont pas

toujours argumentees ni justifiees (Ps. p. 7,31; 8, 24; 11,27; 12, 16; 20, 27.30;

21,11; 22,18 etc.). L apparat est tIes complet et montre bien leg difficultes de

lecture rencontrees loTs des differentes collations (Allberry, Polotsky, Wurst).

Un rapide coup d reil donne aux planches I-VIII annexees en fin de volume

et a l edition en fac-simile mentionnee plus haul (Giversen, 1988)permettra

au lecteur de s en rendre facilement compte. Mais si l on peut concevoir qu une

lecture incertaine puisse etre precisee grace a l etnploi d une lampe a rayons

ultaviolets, notamment, il est plus difficile de comprendre l invalidation par

G. WURST e nombreuses ectures donnees comme certaines par Allberry (Ps.

p. 7, 12.20.24.27.28.29.32;8, 3.5.7.19.21.24.25.29.32tc.). Les soixante annees

ecoulees depuis la premiere edition du texte ont ete dommageables au manus-

crit; l ecriture a paIi et leg ectures certaines d Allberry ne sont plus verifiables

aujourd hui. Cependant, legnouvelles lectures proposees par G. WURST ement

Ie doute sur la qualite du travail d Allberry et Ie lecteur se demande quel cre-

dit il peut encore accorder a l edition de ce dernier.

Les notes de traduction sont sobres, claires et generalement pertinentes.

II faut neanmoins donner raison a Polotsky, p. 34-35 Ps. p. 8, 14): « hi-pooue»

signifie « au commencement du jour, au matin» et non pas « Striiucher (?»>;

ce circonstant est construit comme L: « hi-tau(e) », S: « h-toou(e»> et SL:

« hi-rouhe », Ie lexeme « hi- » etant la forme clitique de « he », « debut, com-

mencement ». Ala p. 65 (Ps. p. 23, 10) e fameux « morceau de beurre » apo-

catastatique pourrait bien n etre qu un « morceau» ou qu une « portion de

levain» qui, aujourd hui encore, se dissout dans du lait chaud avant d etre

introduit dans la pate ou Ie gateau.

L index (p. 119-140)presente l avantage de signaler toutes leg ormes attes-

tees dans Ie texte, malgre l absence de quelques references, particulierement

relIes concernant leg prepositions et leg determinants, comme Ie precise G.

WURST.On appreciera surtout l index des auxiliaires de conjugaisons (p. 135-

137) bien que, malheureusement, toutes leg references ne soient pas donnees.

On peut aussi regretter Ie regroupement malheureux des formes « f-a-sotm»-

« il est a/pour entendre» -et « f-na-sotm» -il va entendre -ventilees

sous a vedette « futur ». On notera aussi absence des memes formes futures

transposees au relatif « et-a-sotm» (Ps. p. 11,27.28; 39, 20 et 42,11). Yen a-

t-il d autres ? II n est pas aise de Ie savoir.

Malgre quelques imperfections tout-a-fait mineures, l edition de G. WURST

est de qualite et laisse bien augurer de l avenir de la collection.

P. CHERIX

Manichaica Latina, I: Epistula ad Menoch. Text, Uebersetzung, Erliiuterun-

gen yon Markus STEIN,Opladen / Wiesbaden, WestdeutscherVerlag (Abhand-

lungen der Nordrhein- Westfiilischen Akademie der Wissenschaften, Sonder-

reihe Papyrologica Coloniensia, XXVII/I), 1998,pp. 95. ISBN 3-531-09946-9.

L Epistula ad Menoch (Maynaq)

est-il un ecrit pseudepigraphiqueatin de epoque «pelagienne» ?

Nos connaissancesde I Epistula ad Menoch reposent entierement sur I ecrit

d Augustin Contra /uliani opus imperfectum, commence en 428 et jamais

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308

COMPTESRENDUS

acheve en raison du deces de son auteur. Augustin y repond a I'Ad Florum

de Julien d'Eclane, qui, dans Ie troisieme livre de son traite, avait reproduit

une serle de citations tirees de I' Epistula ad Menoch afin de rapprocher etroi-

tement de I'enseignement de Mani la theorie augustinienne sur la concupis-

cence de la chair et Ie peche originel. L'ecrit de Mani avait ete decouvert a

Constantinople par I'ami et Ie collegue de ministere et d'exil de Julien, Flo-

rus. Augustin reproduit en partie Ie texte de son adversaire avant de Ie refu-

ter, et, par la-me-me, conserve les fragments transmis par Julien, I'ouvrage

de ce demier et celui attribue a Mani etant autrement perdus (sur I'reuvre

de Julien, voir ce que nous en avons dit dans Ie Dictionnaire de Spiritualite

12/2,1986, c. 1902-1908).

Dans Ie present volume, Markus STEIN eproduit les «Testimonia» (p. 4-

13) et les « Fragmenta» de I' Epistula ad Menoch (p. 12-25), sur la base de

I'edition de M. Zelzer (CSEL LXXXV/I, 1974, p. 473-488). En note figure

un apparat des sources au sens res large, qui donne Ie contexte des citations

et les paraIleles, et qui est donc utile, bien que de lecture complexe; suit un

apparat critique, dans les limites de la base manuscrite restreinte et de I'edi-

tion du CSEL encore partielle -il faut en effet toujours s'en referer a I'edi-

tion des Mauristes reprise dans la Patrologia Latina XLV pour Ie Teste de

I'ouvrage d' Augustin. Suivent une analyse globale de la question de I'au-

thenticite et de I'epoque de redaction de I'Ad Menoch (p. 27-44) et desnotes

ponctuelles, consacrees aux multiples questions de langue, de style, de com-

prehension et de doctrine (p. 44-92), ainsi que des tableaux de concordance

entre I'reuvre d' Augustin et les extraits des reuvres manicheennes (p. 93-95).

L'editeur resume les discussions sur I'authenticite et la date de composi-

tion de I'Ad Menoch pour conclure, non sans hesitations repetees, que plu-

sieurs elements conduisent a penser que Mani n'est pas I'auteur de I'ecrit, qui

aurait ete redige en milieu latin, soil par un manicheen, soil par un pelagien

au courant des doctrines manicheennes.

Relevons I'utilite de cette publication, qui offre des analyses de detail bien

plus completes que celles qui etaientjusqu'ici disponibles. M. STEINa cor-

rectemen repondu aux critiques habituelles portant sur I'onomastique, I'em-

ploi de I'Ecriture et les adversaires vises par I'ecrit, de telle fa~on qu'il aurait

toutefois pu en tiTer des conclusions plus nettes.

La reaction d' Augustin, qui declare ignorer I' Epistula, Teste ort ambigue :

elle peut correspondre a un refus d'entrer en matiere sur les rapprochements

operes par I'accusation, outre Ie fait que I'auditor Augustin n'avait certaine-

ment pas eu acres a tous les ecrits manicheens. Tout doute positif dans Ie sens

d'un faux de la partie adverse aurait vraisemblablement modifie Ie ton de

cette declaration.

Quant a la citation de 1 Tim 6, 10, I'emploi de «concupiscentia» au lieu

de «avaritia» pour rendre cpLAapyupia d. p. 30-37), s'explique suffisamment

par les occurrences du terme dans Ie contexte immediat de la lettre, et par la

possibilite pour cette qualite de signifier non seulement I'appetit corporel,

mais encore celui des orces du royaume des enebres.1l n'est pas necessaire,

a notre avis, de postuler un passagedepuis Ie terme « cupiditas » employe par

la Vulgate. Le lieu litteraire parallele qu'offre Ie traite augustinien Contra

Fortunatum 21 met dans la bouche du manicheen Ie me-mepassagede 11im

6, 10 et lui fait exposer des elements analogues en employant Ie terme «cupi-

ditas ». En fait, «concupiscentia» et «cupiditas» sont deux voies latines pour

rendre un me-meconcept philosophique et« manicheen », probablement cor-

respondant au grec EJtL8u A.ia,e me-meque nous rencontrons dans I' Apoca-

lypse de Paul 24, 3 (24b) I'introduction au me-me endroit de la «superbia »,

un deplacement semantique ceUe fois non pas dans un contexte cosmolo-

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309

OMPTES RENDUS

gique, oil Ie role capital et personnifie de la Az est connu, mais dans celui de

l'entrainement ascetique des vertus, peut-etre al'aide d'un parallele biblique

(cf. Sir 10, 15). II est vrai que tout jugement dans un sellS ou dans l'autre est

conditionne a l'heure actuelle par l'etat ampute, et parfois encore inedit, des

reuvres de Mani, et, en ce qui concerne specifiquement notre ecrit, par sa

«conservation» sous forme d'extraits ou de paraphrases, con~us pour servir

la polemique antiaugustinienne de Julien, ce qui nous a vraisemblablement

prives d'autres elements plus traditionnels, voire d'autre arguments de contro-

verse. Cela n'est pas un hasard si, par exemple, la mention critique des

patriarches de l' Ancien Testament apparait a l'occasion d'une description des

mefaits de la concupiscence iee a la creation des corps (cf. fragm. 4,1-2 et tes-

till. 2), et si la christologie et la doctrine sacramentelle connaissent un sort

semblable.

Dans la presentation il n aurait pas ete inutile de reproduire les references

integrales des manuscrits utilises figurant dans l'edition du CSEL, a laquelle

les sigles dans l'apparat ont ete empruntes; quant a l'en-tete des pages, en

particulier celui de droite, il aurait ete souhaitable d'y trouver des renvois

precis aux passagesedites ou commentes dans la page elle-meme, et ce d'au-

tant plus que Ie texte des fragments est egalement subdivise en paragraphes

numerotes, et que l'apparat y renvoie grace a la numerotation marginale des

lignes de chaque unite, et non pas aux pages oil elles figurent.

II Teste a esperer, d'autre part, que la suite de l'edition des Manichaica

latina ne se fasse pas trop attendre: il en va de l'acces aux volumes prece-

demment publies, puisque les index sont renvoyes au demier volume.

Nous Tendons enfin Ie lecteur attentif au fait que du doute et de l'insatis-

faction lui viendront non pas du patient et savant travail de presentation et

d'analyse offert par M. STEIN,mais de l'etat de disgrace repete de la trans-

mission de ce texte. Rappelons les dernieres etapes de celle-ci: Augustin n'est

pas parvenu a achever sa reponse, les ecrits de Julien et l' Epistula ont dis-

paru, ainsi qu'une foule de textes condarnnes par les autorites ou Ie hasard;

entin, meme les editeurs modemes n'ont pas encore acheve l'edition critique

de ce qui subsiste de l'reuvre d' Augustin.

F. G. NUYOLONE

CIRILLO,Luigi VAN TONGERLOO, lois (dir.), Ani del terzo congresso nter-

nazionale di studi « Manicheismo e Oriente Cristiano antico », Arcavacata di

Rende -Amantea, 31 agosto -5 settembr~ 1993, Turnhout, Brepols (Mani-

chaean Studies, 3),1997, pp. x + 460. ISBN 2-503-50602-X.

Quatre hematiques rincipales e degagent es ingt-et-une ontributions

du lIIe Congres nternationaldesetudesmanicheennes ui s'est enu en 1993

sur Ie theme «Manicheismeet Orient chretien ancien»: a)polemiques et

controverses travers es sourceschretienneset manicheennes;b) metho-

dologie missionnairemanicheenneet phenomenedissimulatoire; c) Ie sys-

teme astrologique et cosmogoniquemanicheena l'aval des nfluencesdes

courants eligieuxde l'empire ranien; d) approche nthropologique n milieu

manicheen.

a) Au debut du VIe siecle,marquepar la promulgationde l'edit de Justin

Ierde Constantinople,s'ouvre une periode difficile pour les communautes

manicheennesIe debat public, mpose,devient alorsmanierede decouvrir

une identite que les lectures a posteriori et surtout es ntentions itteraires

ont souventdeformees.S. N. C. LIEU p. 217-234), ouligne es topoi,meles

de considerationsorientees,des ormulations heresiologiques e Zacharias

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COMP'IES RENDUS

de Mytilene; son Antirresis s'ancre dans line lecture personnalisee de la

doctrine critiquee. S. Lieu met en parallele Ie debat public entre Photeinos,

autorite manicheenne, et Ie chretien Paul Ie Perse, suite a l' edit de 527, avec

un passage de Photius dans lequel un certain Agapius est presente comme

un manicheen. Mais cette qualification apparait comme line formulation-

type pour leg detracteurs dans leg sources byzantines. L'auteur souligne la

multiplication des cercles chretiens -nons dirions plus volontiers christia-

nisants -impregnes de philosophie pa ienne, en particulier dans leg classes

superieures de la societe romaine. En resulterent de nombreuses confusions

avec des groupes religieux accusesdes memes erreurs que leg manicheens et

persecutes a ce titre. Le debat et la polemique anti-manicheenne sont en fait

des lieux oil se conserve, dans l'Eglise chretienne, la memoire vive des mani-

cheens. II y aura grand avantage a tiler profit des textes livres ici en traduc-

tion avec leur forme originale dans des notes complementaires. Nous retien-

drons aussi l'eventualite soulevee par J. RIES (p. 305-311) ~u sein de

l'apologetique de Baraies (CMC 14; 45; 79-88): Ie «proces» mene par Ie

groupe elchasa iteautour de la question baptismale pourrait peut-etre consti-

tiler un schema-type des controverses des prelniers missionnaires manicheens

qu'incama Baraies.

Dans leg sources chretiennes, la polemique anti-manicheenne s'exprime

parfois par Ie biais d'un vocabulaire condanme mais intentionnellement Terris

a des fins demonstratives et persuasives. Une lecture des Confessions d' Au-

gustin a travers ce prisme interpretatif foumit un nouvel eclairage aux allu-

sions ou aux intentions de l'eveque d'Hippone. J. VAN OORT (p. 235-247)

ceme l'apparition des doctrines manicheennes dans l'Occident latin a travers

leg Confessions. L'eclairage de sources manicheennes paralleles permet de

verifier Ie «background» de l'ouvrage. Le processus de recuperation d'un

vocabulaire propre aux manicheens constitue autant de points d'appel pour

des lecteurs manicheens potentiels. Ces references implicites sont leg ndices

permettant de reperer toute line terlninologie (anti-) manicheenne dont se

sert Augustin« en sorte d'antidote ».A. HoFFMANN p. 149-182) a etudie la

maniere dont l'eveque d'Hippone utilise, dans son Contre Faustus, 'exegese

paulinienne manicheenne, et insiste sur l'interpolation des traditions et des

documents neo-testamentaires a des fins de controverse. E. FELDMANN p.

41-76) s'interesse a la question complexe de la reception de Paul chez Augus-

tin. Tout en approfondissant l'utilisation des ecrits pauliniens chez leg mani-

cheens, l'auteur cherche a evaluer la maniere dont Ie jeune Augustin, selon

son evolution personnelle, saisit a son tour ces textes. Sa nouvelle appre-

hension se onde sur une forme intellectuelle a double composante : la sagesse

biblique revisitee dans Ie prisme de la philosophie antique.

b) Le meme procede de reutilisation d'un vocabulaire religieux exogene,

propre a contrer leg detracteurs ou a definir line ligne doctrinale, se encontre

dans la relation du manicheisme, a ses debuts, avec la religion officielle de

l'empire sassanide. Dans un remarquable article, P. 0 SKJiERV0p. 313-342)

montre clairement l'interaction explicative entre leg textesmanicheens et

leg inscriptions zoroastriennes, en particulier celles de Kirdir -surtout la

Ka'aba. S'il rappelle que nombre d'elements de la religion zoroastrienne-

« mazdayasnianism » -nous sont inconnus pour juger de son influence sur

Ie manicheisme, il souligne neanmoins la valeur de la documentation mani-

cheenne dans a restitution des egendes sur Zarathustra. Le messagede Mani,

notamment dans Ie Shabuhragan, se presente comme un prolongement de

l'elan zoroastrien. Et de fait, la thematique du revetement -qui passe par

la mediation d'un vocabulaire d'emprunt -reste fondamentale dans a com-

prehension du processus d'expansion lnissionnaire manicheenne. L'auteur Ie

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COMPTESRENDVS

souligne d'ailleurs SOliS eux aspects: l'un populaire, puisque la religion de

Mani apparaissait comme line variante du zoroastrisme pour des gens non

avertis; l'autre plus theologique -la formulation doctrinale catechetique en

questions-reponses, eprise des ivres de conseils zoroastriens, eflete legmemes

conceptions cosmologiques,mythologiques et anthropologiques. Mise en paral-

lele avec l'reuvre de Shapur, l'action de Kirdir prend un gens plus profond:

comme son prince qui vainquit l'ennemi national, il gut evincer la grande

menace pour la societe et la religion iranienne, en demasquant leg dissimula-

leurs. Prolongeant cette reflexion, W. SUNDERMANNp. 343-360) appelle l'im-

portance des influences zoroastriennes -et non pas de type zurvaniste -

pour Ie dualisme manicheen, en particulier dans ses aspects theologiques et

cosmologiques -dependance qui s'effectue dans Ie cadre d'une evolution.

L'auteur propose finalement un schema de la formation des conceptions dua-

listes de Mani. L'article de W. KLEIN (p. 201-216), restitue lui aussi, a travers

des sources critiques sur Ie manicheisme, ce jell de regards dans cette pers-

pective de revetement. Mais dans ce cas precis, ce sont leg sources syriennes

elles-meme qui affichent Ie jell dissimulatoire. Elles presentent, au sein d'une

narration de type mythologique sur leg origines de Mani, une tradition d'un

pseudo-statut sacerdotal du prophete. L'auteur met en avant leg contacts avec

leg chretiens qui justifieraient la recuperation de la thematique sacerdotale,

dans line perspective d'ordre mystique: Mani, nouveau Christ pretre. Mais

au-dela d'une lecture anti-manicheenne est decelable paradoxalement tout un

comportement missionnaire des premiers elans res textes fonctionnent comme

line veritable source sur Ie manicheisme dans sa phase initiale, et la recherche

de leurs elements de veracite historique permettait d'en degager a teneur.

C. GLASS ? p. 105-123) s'interesse aux elements manicheens reperables,

masques, chez al-Hallaj, et ce au-dela des ormes zoroastriennes apparentes.

Al-Hallaj (857-922 de nolle ere) est qualifie, ainsi que ses disciples, de «zin-

diq ». L'auteur disceme line dizaine d'elements de convergence entre al-HaI-

laj et leg manicheens. Plus qu'un ismaili -son sumom de Mansour rappelle

la titulature des chefs de ce mouvement -ou un qarmate, C. Glasse propose

d'y voir un manicheen separe SOliS abit islamisant, adepte d'une forme de

mysticisme soufi penetre de manicheisme; la notion soufie « Qutb » derive-

rail de celie d'« Archegos»; de nombreux Khaniqahi manicheens, en se fai-

sant soufis, transmirent des elements doctrinaux : leg hierarchies spirituelles

soufies correspondent a relIes relevees chez egmanicheens par Ma'soudi dans

ses Prairies d'or (p. 123). L. Massignon (La Passion de Halloj martyr mys-

tique de l'Islam, I, Paris, 1975, p. 66, 229) adoptait line position moins cate-

gorique, tout en soulignant leg contacts d'aI-Hallaj avec leg «zanadiqa », en

particulier parmi leg urcs OulghOurS. I existe d'indeniables traces de la gnose

manicheenne sur la gnose ismaelienne -cf. H. Corbin, Trilogie ismaelienne,

Paris (Bibliotheque iranienne 9), 1961. Notons bien qu'aI-Hallaj, ne a Perse-

polis en milieu zoroastrien, laisse de toute evidence entrevoir dans ses ecrits

des elements de convergences inter-religieuses qui refletent leg divers cou-

rants de pensee presents sur Ie sol iranien.

c) L'expression cosmogonique de la doctrine manicheenne explicite comme

une categorie exemplaire cette notion de revetement. L'etude des nfluences

du monde iranien sur la composante astrologique et cosmologique du sys-

teme de Mani Testeencore largement oliveTte a l'investigation historique. En

quelques tableaux, A. PANAINO p. 249-296)esquisse 'influence de la culture

astrale iranienne, indienne et grecque et de l'apocalyptique juive sur la per-

ception astrologique manicheenne. L'auteur presente un dossier tres docu-

mente. Cf. aussi son etude «Pre-Islamic Calendars », Encyclopaedia Iranica

4/6, 1990, 658-668; Abstracta Iranica XV-XVI, 1992-1993 publie en 1997),

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COMPTES RENDUS

p. 238 n° 984. Chez les manicheens, ces raditions zodiacales sont reintegrees

a partir d'une clef de comprehension par la gnose; celle-ci fait evoluer la

science astronomique/mythologique vers une elaboration sapientielle et mys-

tique. Cet article insiste a juste titre sur Ie role de la spiritualite manicheenne

comrne facteur de transmission d'un langage mythologique seculaire. Dans

cette thematique, S. JONESp. 183-200), met l'accent sur l'ancrage de la doc-

trine astrologique manicheenne dans une continuite avec leg croyances indi-

genes chretiennes de l'aire syro-arameenne. A partir des references a Bar-

desane dans Ie Livre des mysteres restitue par al-Nadim, il tente d'etablir

quelques rapprochements entre leg deux systemes astrologiques, en particu-

lief quant a l'interpretation de la destinee refusee comrne fatalite. Les concep-

tions d'Elchasa ilui-meme, confines de Mani, s'expriment pareillement selon

un heritage syro-mesopotamien -meme si l'etude des materiaux ne per-

met pas d'etablir de liens fondes entre leg systemes elchasaite et bardesa-

nite. Les croyances astrologiques de Mani se trouvent a la conjonction de ces

traditions dynamiques christianisantes, et devaient poursuivre cette «trajec-

toire ». Ct. tout particulierement H. J. W. Drijvers, «Bardaisan of Edessa and

the Hermetica. The Aramaic Philosopher and the Philosophy of his Time »,

laarbericht. Ex oriente lux 21, 1970,p. 190-210.

De l'article de C. GIUFFRESCIBONA p. 95-103), relevons principalement

la distinction nette et antithetique entre leg deux conceptions religieuses ira-

nienne et manicheenne : la premiere est avant tout de qualite gnostique, anti-

cosmique, antisomatique et encratite, alors que l'on releve une hyper-eva-

luation optimisante du cosmos cree par Orhmazd -creature d'Orhmazd,

l'homme doit combattre par son corps leg entites ahrimaniques. C. G. Sci-

b\:>namet en avant quelques points comparatifs connus, rapprochant la figure

du « syzygos » avec celIe, iranienne, du « fravashi » au niveau eschatologique

il fait concorder la« daena» avec certains traits des sources sur a vie de Mani

selon lesquels, au sein d'une vision de type chamanique, une forme de

lumiere/femme vient au devant du prophete; cette thematique du double

rappelle des experiences sirnilaires dans un contexte iranien zoroastrien, celIe

de Kirdir, dont Ie double rencontre sa «den », celIe de Vishtasp, dont Ie sosie

est transporte jusqu'aux spheres celestes. Cf. egalement, dans la litterature

sogdienne, W. Henning, « Sogdian Tales », Bulletin of the School of Oriental

(and African) Studies 11, 1945,p. 476-477, qui presente precisement une ver-

sion manicheenne de la croyance zoroastrienne. Cf. aussi Ph. Gignoux, « La

signification du voyage extra-terrestre dans l'eschatologie mazdeenne », dans

Melanges d'Histoire des Religions offerts Ii H. c. Puech, Paris, 1974,p. 63-69.

La documentation de Turfan a renouvele notre connaissance de la poe-

tique manicheenne. Le rapport a la figure feminine s'y trouve en bonne place,

renvoyant a un contexte de cosmogonie et de «genesis ». A. VAN TONGER-

LOO p. 361-374) s'interroge ici sur Ie role de la« Mere» dans sa relation avec

I'Homrne Primordial, et sur leg multiples visages de ses apparitions via les

denominations qui la qualifient dans leg principales traditions linguistiques

manicheennes. II souligne leg difficultes d'interpretation pour percevoir en

finesse la veritable essence de la poetique manicheenne de tradition orien-

tale, en particulier a travers deux epithetes : la « Virgo Lucis» (p. 364-365)

et les heures propices assirnilees aux douze vierges/heures (p. 366-368). Dans

la perspective d'un reexamen des fragments vieux-turcs relatifs a la cosmo-

gonie manicheenne, P. ZIEME ntroduit quant a lui (p. 395-409)quelques nou-

veautes interessantes concernant leg recits mythiques de creation du monde

et sur l'origine des puissances benefiques et malefiques (fragments du texte

retranscrits et traduits p. 404-409).

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313

OMYIES RENDUS

d) L'importance des decouvertes archeolof,iques dans l'oasis de Dakhleh

sur Ie site de Kellis n'est plus it demontrer. A la date du congres, I. GARD-

NER p. 77-94) insistait en rapport preliminaire sur «the unique opportunity

to study the living practice of manichaeism in fourth century Egypt» (p. 77).

La documentation litteraire copte retrouvee in situ Teste evelatrice des mate-

riaux fondateurs de la mission, des techniques d'approche et d'insertion dans

Ie tissu social aborde : glossaire copto-syriaque, extraits du Nouveau Testa-

ment ou de textes apocryphes. L'auteur communique utilement Ie contenu

du dossier des textes documentaires coptes etabli en mars 1994 et fonde sur

les lettres personnelles trouvees dans es « maisons » (p. 84-86). Certaines titu-

latures permettent de mieux cemer une terminologie manicheenne specifique

ainsi que les indices d'une hierarchie it l'interieur d'un tissu relationnel fami-

lial et communautaire. Cf. I. Gardner, «The Manichaean Community at Kel-

lis. Progress Report », dans Humanisme, Science et Religion. In memoriam A.

Theodorides,Louvain I Bruxelles, 1993 [1994],p. 79-87. Dans une meme pers-

pective et apres une breve historiographie, I. COLDITZ p. 23-40) s'interroge,

it travers la documentation de Turfan, sur la recuperation par les manicheens

iraniens d'une terminologie sociale commune it leur environnement zoroas-

trien. Son article livre des indications methodologiques it travers deux axes:

les groupes religieux et les groupes sociaux. Cesorientations pourraient amor-

cer une etude d'histoire sociale mettant en lumiere Ie role de la mission mani-

cheenne en Iran aupres des classes uperieures sansque soit negligee la remise

en cause des valeurs traditionnelles -rang social, richesse, pouvoir.

Une etude onomastique ancree dans une geographie humaine rend tou-

jours de grands services quant it la connaissance d'une societe particuliere.

Appliquee aux disciples de Mani, elle permet une approche des techniques

missionnaires et de leur reussite. A la suite de M. Tardieu «<Seminaire sur

Ie manicheisme, consacre aux disciples arameens de Mani », Annuaire du Col-

lege de France 92, 1991-92,p. 506-509) et, avant lui, d'autres chercheurs en

etudes plus ponctuelles, J. TuBACH (p. 375-393) eexamine avec grande minu-

tie les sources manicheennes dans la diversite des traditions linguistiques en

vue de dresser avec relief un tableau des origines des compagnons de Mani,

et, partant, de l'aire d'expansion de chacun. Cf. H. J. W. Drijvers, «Addai:

und Mani. Christentum und Manichaismus im Dritten Jahrhundert in Syrien »,

Orientalia Christiana Analecta 221, Rome, 1983,p. 171-185,. Pour un apercru

plus strictement geographique, cf. F. Forresterchurch G. G. Stroumsa,

«Mani's Disciple Thomas and the Psalms of Thomas », Vigiliae Christianae

34, 1980, 47-55. Signalons encore l'analyse terminologique du mot

« KIBWTOC » et son explicitation en milieu manicheen proposee par J. HEL-

DERMAN p. 125-148).

Au regard d'une ethique plus comportementale, les actes apocryphes

d'apotres ant forme un fonds litteraire majeur dont Ie manicheisme benefi-

cia dans son rapport au monde vivant, dans sa relation it autrui et au soi. Ainsi

se comprend leur usage, leur lecture et leur diffusion par les communautes

manicheennes soucieuses d'appuyer leur expansion predicante sur une litte-

rature populaire. L. CIRILLO p. 11-21)a distingue deux axes au sein desActes

d'Andre: la recherche de la veritable identite de l'homme -theme platoni-

cien -et l'exigence qui lui est liee, fondee sur 'encratisme. Ce modele encra-

tite n'est pas la seule virginite volontaire, mais englobe toute une concep-

tion de l'etre humain incluant les notions de pauvrete et de fuite du monde.

Isolons quelques aspects: dans les Actes d'Andre, c'est Ie processus de pre-

dication qui permet au croyant de retrouver cette lurniere -perdue -de

l'homme interieur, dans une identification it Dieu. Cette «co-naturalite »,

cruyYEVEI,U,st communiquee aux nouveaux chretiens par Andre puis par ses

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COMPTES RENDUS

disciples. Nous retrouvons ce meme contexte de la «co-naturalite » divine de

l'homme interieur dans la perception manicheenne du« nous », veritable per-

sonnalite du manicheen. L'encratisme radical permet cette liberation de la

nature humaine, et la conversion/auto-connaissance en est Ie nreud -jus-

qu'a la gnose chez Mani.

G. VANDERBERO-ONSTWEDDERp.1-9) a repere chez es manicheens une

allusion a une descente aUKEnfers dans un psaume heraclidien. Trente-quatre

lignes du psaume 196 de l'edition d' Allberry, A Manichaean Psalm-Book, II

(I. 15-31) font l'objet d'un commentaire detaille dans lequell'auteur effec-

tue des rapprochements avec Ie contexte apocryphe, Ie Testimonium Verita-

tis (NHC IX.3, 32-33), des elements mythiques babyloniens et egyptiens,

concluant a un motif developpe par des textes sous influences mixtes.

Signalons pour terminer l'article de C. RECK (p. 297-303), qui offre

quelques conclusions de sa these intitulee Mitteliranische manichiiische Mon-

tags- und Bemahymnen. Edition undKommentar, Berlin, 1992; un des frag-

ments (M 229) ne serait pas a inclure, comme Ie faisait M. Boyce, parmi les

Hymnes du lundi; cf. sa translitteration et traduction annotee dans «Ein wei-

terer parthischer Montagshymnus ? », Altorientalische Forschungen 19/2,

1992,p. 342-347. L'auteur remarque que Ie terme «Bema» n'est utilise qu'en

connection avec «rwcg », «jour de jeune ». Le Bema en tant que trone est

toujours designe « g'l , nshdrn » ( « nishadrn » en parthe), « nshym » ( « nishem »

en moyen-perse).

L'ouvrage se clot sur un index nominum proprium, un index locorum et un

index des termes techniques classes par langue.

C. et F. JULLIEN

ADAMIK, Tamas, BOLYKI, Janos, KAPITANFFY, Istvan, PESTHY, Monika, SZE-

PESSY,Tibor & TOTH, Klara, Az apostolok csodtilatos cselekedetei, Budapest,

Telosz (Apokrif iratok), 1996, pp. 231. ISBN 963-8458089.

ADAMIK, Tamas, BOLLOK, Janos, DERI, Balazs, JELENITS, Istvan, KAPITANFFY,

Istvan, KoRIZS, Imre, PESTHY, Monika, SZEPESSY,Tibor & Torn, Klara, Apo-

kalipszisek, Budapest, Telosz (Apokrif iratok), 1997, pp. 197. ISBN 963-8458-

151.

ADAMIK, Tamas, BOLLOK, Janos, BOLYKI, Janos, JELENITS, stvan, KAPITANFFY,

Istvan, PESTHY, Monika, SZEPESSY,Tibor & TOTH, Klara, Csodtis evangeliu-

mok, Budapest, Telosz (Apokrif iratok), 2e ed., 1998, pp. 201. ISBN 963-

8458119.

Les apocryphes ne constituent pas des ecrits completement inconnus pour

Ie public hongrois, comme en temoignent leg deux recueils publies a Pozsony

(aujourd'hui Bratislava, en Slovaquie) par Sandor Raffay.1I s'agit de Ujszo-

vetsegi apokrifusok (= Apocryphes du Nouveau Testament), qui a pam en

1905,et de Apokrifus evangeliumok (= Evangiles apocryphes),publie en 1912.

Presque soixante-dix ans plus tard, Laszlo Vanyo a propose une nouvelle

anthologie, qui a paru a Budapest en 1980 sous Ie titre Apokrifek (= Apo-

cryphes). En 1990 un nouveau livre, Jezus rejtett szavai (= Les paroles cachees

de Jesus), elabore par Peter Hubai, Karoly Prohle et Gyula Rugasi, parais-

gait a Budapest. II revelait un interet croissant pour leg evangiles apocryphes.

Tel est donc Ie contexte de la collection «Apokrif iratok» (= Ecrits apo-

cryphes), publiee sous la direction de Tamas Adamik par la maison d'edi-

tion Telosz, fondee en 1993 a Budapest. L'objectif de l'editeur est de trans-

mettre leg valeurs de la culture hongroise et universelle. Selon Ie directeur de

Telosz, la collection d'apocryphes a pour but de reveler au grand public ces

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OMPTES RENDUS

reuvres litteraires qui n ont pas trouve place dans la Bible, mais qui se sont

largement repandues et sont devenues tres populaires. En plus des trois livres

deja parus, l editeur annonce la partition prochaine des Apokrif levelek (=

Lettres apocryphes), avec la «sensationnelle Correspondance de Paul et de

Seneque».

Cette presentation de la collection est revelatrice du regard qui est pose

sur les ecrits qu elle contient. II s agit de cette longue tradition ecclesias-

tique qui considere les apocryphes comme des textes « exclus du canon ». Elle

est clairement exprimee dans les postfaces des volumes consacres aux evan-

giles et aux actes. Dans cette optique, Ie redacteur pense que «Ie Fragment

de Muratori est line preuve de l effort de canonisation deploye par l Eglise»

(Csodtis evangeliumok, p. 188). Des lors, et malgre leurs condamnations repe-

tees, es apocryphes deviennent « des documents importants qui temoignent

de la religiosite des anciens chretiens et de la piete des masses populaires »

(Ibid., p. 197). D apres la «Postface» du volume consacre aux Actes, es textes

« refIetent Ie gout de leurs auteurs et de leur public. lIs eclairent ce que les

masses chretiennes consideraient comme important dans l antiquite. Desti-

nes au chretien moyen, les apocryphes sont de la litterature populaire, du

folklore, des recits romanesques » (Az apostolok csodtilatos cselekedetei,p.

200). Cette remarque est reprise a M. R. James (The Apocryphal New Tes-

tament, 1924), mais elle est partagee par Ie redacteur de la« Postface» du

volume consacre aux Actes,.dans ce sellS.Rosa Soder (Die Apokryphen Apos-

telgeschichten und die romanhafte Literatur der Antike, Stuttgart, 1932) et

W. Schneemelcher ont sa faveur. Si les travaux des savants fran<;:ais, uisses

et americains (A.E.L.A.C., S.B.L.) sont mentionnes -dans un style descriptif

et sans qu une discussion soit amorcee avec eux -, c est bien Ie jugement de

la cinquieme edition de Neutestamentliche Apokryphen (1987, 1989) qui a

Ie demier mot. Ainsi, d apres Ie redacteur, «depuis la partition du livre de

James (...) les chercheurs modemes exagerent quelquefois. Car, dans es Actes

de Jean, par exemple, il y a des propos qui nons rappellent que l auteur consi-

dere son reuvre comme plus authentique que les ecrits canoniques» (Az apos-

tolok csodtilatos cselekedetei,p. 206). Dans cette perspective, l importance

des apocryphes -et Ie degre de la tolerance dont ils beneficient -serait

presque directement proportionnel a l infIuence qu ils ont exercee plus tard

sur la doctrine ecclesiastique -virginite et assomption de Marie, descente

aux enters -la liturgie, l art ou encore la litterature -voir la «Postface»

du volume Apokalipszisek (p. 191-194).

Cette vision depreciative se manifeste aussi dans les titres, oil nons deplo-

Tons a presencede l adjectif «csodaIatos» -« miraculeux », «merveilleux»-

lie aux termes evangiles et actes. Sa presence suggere a priori un jugement

de valeur -comme si l on souhaitait attirer l attention du lecteur sur Ie fait

qu il a entre les mains line lecture de divertissement (Csodtis evangeliumok,

p. 192). Ce choix nons semble d autant plus malheureux que Ie terme «apo-

krifus» -« apocryphe» existe en angue hongroise. Nous en avons exemple

dans l intitule meme de la collection.

L approche des editeurs est donc essentiellement theologique -et clai-

rement catholique -dans une optique d opposition entre orthodoxie et here-

sie -voir ce qui est dit de l influence manicheenne dans Az apostolok csodti-

latos cselekedetei,p. 210 par exemple -ou plus precisement entre des ecrits

«canoniques» et «non-canoniques ». Or, il est evident qu a l origine cette

distinction n etait pas manifeste. L absence de dimension historique dans

l etude de res textes est res visible. Aucun n est introduit. Le lecteur ne saura,

en fait, que tres pen de choses sur a date, l endroit et Ie pourquoi de la redac-

tion de ces apocryphes, tout comme il va ignorer les options theologiques les

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316

COMPTES RENDUS

plus caracteristiques de chacun de ces extes. Rien ne transparait sur leur com-

plexite et sur leg difficultes que pose leur edition. Sortis de leur contexte socio-

historique, a la fois de composition et de transmission, ces ecrits sont pre-

gentes cornrne des reuvres presque purement litteraires.

Voici la lisle des apocryphes contenus dans leg differents volumes, avec

l'indication de la source utilisee pour la traduction:

Az apostolok csodtilatos cselekedetei = Les actesmiraculeux des apotres]:

Actes de Jean (p. 5-40), d'apres Ie texte edite par E. Junod J.-D. Kaestli,

Tumhout, 1983. -« Pierre a Rome» (p. 41-78), c'est-a-direActes de l'apotre

Pierre et de Simon et Martyre de saint Pierre apotre, d'apres Ie texte publie

par R. A. Lipsius M. Bonnet, Leipzig, 1891. -Actes de l'apotre Paul

(p. 79-101), d'apres la traduction allemande de Hennecke Schneemelcher,

Neutestamentliche Apokryphen, II, Tiibingen, 19643. « Le martyre du saint

et illustre apotre Andre» (p. 103-128), c'est-a-dire Actes d'Andre grecs,

d'apres Ie texte publie par J.-M. Prieur, Tumhout, 1989. -Actes de l'apotre

Thomas (p. 129-198), d'apres Ie texte publie par R. A. Lipsius M. Bonnet,

Leipzig, 1891.

Apokalipszisek [= Apocalypses] : « Apocalypse de MoIse» (p. 5-40), c'est-

a-dire Vie grecque d'Adam et Eve, d'apres Ie texte publie par Tischendorf,

Apocalypses Apocryphae, Leipzig, 1866. -Quatrieme livre d'Esdras (p. 17-

46), d'apres l'edition de A. Frederik J. Klijn, Der lateinische Textder Apo-

kalypse des Esra, Berlin, 1983. -Ascension d'Isai'e (p. 47-62), d'apres Ie texte

publie par A. Dillmann, Ascensio Isaiae, Leipzig, 1877. -« Apocalypse de

Jacques» (p. 63-71), c'est-a-dire la Deuxieme Apocalypse de Jacques,d'apres

Ie texte publie par W.-P. Funk, Die zweite Apokalypse des Jakobus aus Nag-

Hammadi-Codex V, Berlin, 1976. -«Vision de saint Paul apotre» (p. 73-

100), c'est-a-dire Apocalypse de Paul, d'apres Ie texte publie par Th. Silver-

stein A. Hilhorst, Apocalypse of Paul, Geneve, 1997 (et non 1977 comme

ecrit p. 167). -« Apocalypse de saint Jean, theologien» (p. 101-108), c'est-

a-dire la Premiere apocalypse apocryphe de Jean, d'apres Ie texte publie par

Tischendorf, Apocalypses apocryphae, Leipzig, 1866. -Transitus Mariae A

  B (p.109-121), d'apres Ie texte publie par Tischendorf, 1866,p.113-123.-

« Le compte rendu de saint Jean, porte parole de Dieu, sur la dormition de

la sainte mere de Dieu» (p. 123-132), ou Dormition de Marie du Pseudo-Jean,

d'apres Ie texte publie par Tischendorf, 1866, p. 95-112. -Poimandres (p.

133-139), d'apres Ie texte publie par A. D. Nock A. J. Festugiere, Corpus

Hermeticum, I, Paris, 1945, p. 1-28. -Oracles sibyllins (p. 141-147), textes

choisis, traduits d'apres l'edition d'A. Kurfess, Sibyllinische Weissagungen,

Berlin, 1951. -« Sibylle d'Erythree sur Ie jugement dernier» (p. 149), tiree

de Augustin, De civitate Dei XVIII.23 et traduite d'apres PL 41, 579.

Csodtis evangeliumok [= Evangiles miraculeux], la deuxieme edition ici

recensee ne se distinguant de la premiere (1996) que par un decalage dans la

pagination: Protevangile de Jacques (p. 5-17), d'apres Ie texte edite par E.

de Strycker, Bruxelles, 1961. -« Le compte rendu du philosophe juif Tho-

mas de l'enfance du Seigneur» (p. 19-24), c'est-a-dire Histoire de l'enfance

de Jesus, d'apres Ie texte publie par C. Tischendorf, Evangelia Apocrypha,

Leipzig, 1853. -« L'evangile arabe de l'enfance du Sauveur» (p:. 25-46),

d'apres la traduction publiee par Tischendorf, 1853,p. 171-202. -« Evangile

du Pseudo-Matthieu» (p. 47-72), c'est-a-dire Ie Livre de la naissance de la

bienheureuse Marie et de l'enfance du Sauveur (Pseudo-Matthieu) d'apres Ie

texte publie par Tischendorf, 1853. -Histoire deJoseph Ie charpentier (p. 73-

83), d'apres Ie texte publie par Tischendorf, 1853. -Evangile de Philippe

(p. 85-101), d'apres Ie texte publie par W. C. Till, Evangelium nach Philippos,

Berlin (Patristische Texte und Studien, 2),1963. -Evangile de Verite (p. 103-

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317

OMPTES RENDUS

A.JAKAB

POIROT,Sreur Eliane, Les prophetes Elie et Etisee dans a litterature chretienne

ancienne, Turnhout I [Begrolles-en-Mauges], Brepols I Abbaye de Bellefon-

taine (Monastica), 1997, pp. 644. ISBN 2-503-50644-5.

Sreur Eliane POIROTetait deja connue du public des specialistes du chris-

tianisme ancien et de la litterature patristique grace aux beaux volumes de

textes en traduction qu elle avail edites, avec la collaboration d autres car-

melites du Monastere Saint Elie de Saint-Remy-les-Montbard, dans la col-

lection Spiritualite Orientale de I Abbaye de Bellefontaine : Le saint prophete

Elie d apres les Peresde l Eglise (SpOr 53), et Lesaint prophete Elisee d apres

les Peresde l Eglise (SpOr 59), parus a Begrolles-en-Mauges, respectivement

en 1992 et en 1993. Ces memes specialistes lui seront maintenant reconnais-

sants de la publication, SOliSa forme de deux volumes, de I integralite de sa

these de doctoral, soutenue a la Faculte de theologie catholique de Stras-

bourg en 1994. Le premier tome est consacre a I etude de I influence qu exer~

Ie modele elianique sur Ie mode de vie et la reflexion des premiers moines

(Etie, archetype du moine. Pour un ressourcement rophetique de la vie monas-

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318

COMPTES RENDUS

tique [spar 65], Begrolles-en-Mauges, 1995). Le second, doni il est question

ici, DOllSivre les resultats d une recherche quasiment exhaustive sur la car-

riere du Tishbite et de son successeurdans la litterature chretienne ancienne.

Quatre publicationsmajeures, auxquelles vient de s ajouter recemment un

petit fascicule qui a pour theme Les igures d Elie le prophete (Supplement au

Cahier Evangile 100, juin 1997), et que Sreur Eliane a coedite avec Eliane

Ketterer, du Centre Ratisbonne.

Le volume que DOllSavons Ie plaisir de presenter comporte deux grands

volets. Le premier (p. 19-289) est consacre II. un «Inventaire » detaille de

toutes les citations et allusions explicites relevees dans les trois grands

ensembles qui constituent la litterature chretienne ancienne : les patrologies

grecque (p. 31-143), orientale (p. 145-190) -syriaque, armenienne, geor-

gienne, copte, ethiopienne, arabe -et latine (p. 191-253),suivies d un recen-

sement supplementaire effectue II.partir de la documentation canonico-litur-

gique (p. 255-257), des textes liturgiques (p. 259-279), de la litterature

apocryphe chretienne (p. 281-287) et des ecrivains parens (en fait, Ie seul

empereur Julien, p. 289). Ce depouillement a permis de reunir plus de 3500

references, doni plus de 2500 II.Elie, plus de 500 II.Elisee et plus de 500 aux

deux prophetes associes (p. 29) -et DOllSne p~uvons que DOllS ncliner

devant l ampleur de la tache accomplie par Sreur Eliane, surtout lorsque l on

sail que, «pour bien des auteurs, il a fallu la patiente lecture de nombreuses

pages ou colonnes dans les Patrologies de Migne et autres ouvrages» (p. 22).

Les donnees ainsi recoltees font l objet d une «Description» Ininutieuse qui

occupe a deuxieme partie du volume (p. 291-565); elle est organisee en quatre

grandes sections, respectivement consacrees aux textes bibliques et aux tra-

ditions juives (p. 293-344), II. a litterature chretienne des trois premiers siecles

(p. 345-391), aux peres et auteurs orientaux (p. 393-479) et occidentaux (p.

481-534) jusqu aux VIle-VIIIe siecles. Deux appendices dressent Ie bilan de

la documentation liturgique (p. 535-544) et apocryphe (p. 545-552), et pre-

cedent une breve « Conclusion generale» (p. 553-565),qui recapitule les carac-

teristiques principales des deux types d interpretation rencontres chez les

Peres: une lecture parenetique du cycle d Elie et Elisee -les deux prophetes

constituent des exempla pour tOllS es chretiens, et sont proposes, II. our de

role, comme modeles des martyrs, archetypes des moines, ou miroirs des pas-

leurs -et une exegese typologique -les deux prophetes sont consideres

comme des prefigurations du Christ. Des elements de bibliographie et une

sene tIeSutile d index -biblique, patristique, manuscnts, auteurs modemes-

figurent II. a fin du volume.

II va de soi que les quelques remarques qui suivent, glanees dans les

domaines qui DOllSsont les plus familiers, ne concement que des points de

detail, ou apportent des complements d information; elles n enlevent lien II.

la valeur globale de l ouvrage de Sreur Eliane.

En parcourant l inventaire dessources orientales, nous avons eu a surprise

de voir que Ie Commentaire anonyme sur les benedictions de MoiSe et de Jacob

(publie par R. Beylot, CSCO 410-411,Aeth. 73-74, 1979) est cite en tant que

seul et unique representant de la «Patrologie ethiopienne» (p. 185). Puis-

qu il s agit d un texte qui, dans a meilleure des hypotheses, emonte au Moyen

Age, sa presence est pour Ie moins etonnante. A defaut de pouvoir utiliser des

ecrits ethiopiens qui dateraient de l Antiquite tardive -il en subsiste peut-

etre dans l homeliaire E.M.M.L. 1763, argement inedit; pour les versions du

grec et de l arabe, d. G. Lusini, «Appunti sulla patnstica greca di traduzione

etiopica », Studi Classici e Orientali 38, 1988,p. 469-493 , il aurait mieux valu

avoir recours II.d autres ouvrages, ardifs certes,mais connus pour avoir garde

Ie souvenir de traditions plus anciennes. Tel est, par exemple, Ie cas du

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319OMPTESRENDUS

Qiileman os, une compilation de genre apocalyptique attribuee a Clem<;nt, e

disciple de Pierre, traduite en partie de l'arabe et en partie redigee en Ethio-

pie, probablement dans la premiere moitie du XIV" siecle; Ie chapitre orne du

quatrieme livre est consacre au fecit du martyre d'Henoch et Elie, decapites

par I' Antechrist (cf. A. Bausi, Ii Qiileman os etiopico. La rivelazione di Pie-

tro a Clemente. I libri 3-7, Napoli [StAfr.Et, 2], 1992,p. 96). De son cote, Ie

second traite du celebre Livre du Mystere du ciel et de la terre, un recueil de

commentaires bibliques redige par Ie moine Yasl;laq, apporte la genealogie

suivante : " Le prophete Elie est de la tribu de Levi, descendant de Pinhas,

fils du pIetTe Eleazar; Ie nom de son peTe est Iyasenyu, et celui de sa mere

est Bitonna" (d'apres l'edition de S. Grebaut, PO 6, 1911,p.139-140). L'he-

resiologue Giyorgis de Siigla, dans son Livre du Mystere, acheve en 1424,

donne, entin, une explication originale de la« double part d'esprit» doni Eli-

see a ete Ie beneficiaire (2 Rois 2, 9-10~: «Qu'est-ce ~ue cett~ double part

d'Esprit Saint qui (en se transferant) d'Elie resida en Elisee ? Elie avail fait

ressusciter de la mort Ie fils de la veuve, en priant sur lui. Et 10rsqu'Elisee

mourut, son corps rut mis dans un tombeau oil se trouvaient deja les osse-

ments d'un cadavre plus ancien; lorsque Ie corps d'Elisee les toucha, ces osse-

ments reprirent vie, en devenant un homme parfait. Voila, donc, que la gran-

deur de la grace de celui qui, etant mort, a ressuscite un cadavre est superieure

a celIe de celui qui l'a ressuscite de son vivant» (d'apres l'edition de Yaqob

Beyene, CSCO 515-516, Aeth. 89-90, 1990, p. 300 du texte et 188 de la tra-

duction).

A propos de l'Apocalypse d'Elie (p. 322-323), Richard Bauckham, apres

avoir etudie, dans Ie cadre du genre litteraire apocalyptique des tours cos-

miques, la vision fragmentaire de la gehenne dans I' Epitre du Pseudo- Tite et

Ie Sefer Eliyyahu medieval, est parvenu a la conclusion qu'ils deriveraient

tous les deux d'une ancienne Apocalypse d' Elie perdue, qui devait decrire un

voyage aux quatre coins du monde incluant, pour la premiere fois dans ce ype

de recits, une visite des regions infernales «<Early Jewish Visions of Hell »,

The Journal of Theological Studies 41, 1990,p. 355-385; reirnprime dans, du

meme, The Fate of he Dead. Studies on the Jewish and Christian Apocalypses,

Leiden [NT.S 93], 1998,p. 49-80). En ce qui concerne la presence d'Elie dans

les textes de Qumran (p. 324-325), meme s'il est vrai que l'identification du

«Chercheur de la Loi» de I' Ecrit de Damas 7,18 avec l'Elie redivivus escha-

tologique -identification proposee a 'origine par Adam Simon van der Woude

en 1957 Teste conjecturale, il taut neanmoins reconnaitre que Ie messie sacer-

dotal attendu a Qumran semble jouir de toutes les prerogatives -pretrise,

prophetie, role de precurseur -qui sont attribuees, dans d'autres milieux,

au nouvel Elie (cf. Puech, La croyance des Esseniensen la vie future.. immor-

talite, resurrection, vie eternelle ? Histoire d'une croyance dans Ie judaisme

ancien, II, Paris [EtB 22],1993, p. 669-681; J. J. Collins, The Scepter and the

Star.. The Messiahsof the Dead Sea Scrolls and Other Ancient Literature, New

York [AncBRL], 1995, p.113-122 et 130-133). L'affirmation suivante:« Dans

Ie judalsme du ler siecle, Elie etait Ie type du thaumaturge hassidique»

(p. 333), nspiree par une note de Robert Hayward -qui renvoyait a la mono-

graphie de G. Vermes, Jesus the Jew. A Historian's Reading of the Gospels,

London, 1973, p. 87-102 -repose en realite sur une lecture sirnplificatrice

des conclusions de Vermes, qui pensait plutot au milieu galileen et a « une

memoire populaire vivante des prodiges du grand prophete Elie » (p. 103 de

la traduction fran~aise, parue a Paris, en 1978). Dans Ie Midrash des Pro-

verbes, enfin (p. 339), l'episode qui est cense se derouler au moment de la

mort de Rabbi Aqiba a ires peu de chances d'etre un« temoignage» authen-

tique «de l'an 135 ».

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320

COMPTES RENDUS

Cesdemieres emarques, ui ne concement ue arriere-plan uif des ra-

ditions sur Ie Tishbite, sont neanmoins evelatricesd une tres neUe prefe-

renceaccordeepar SreurEliane au classementypologiquedesdonneeset a

leur etude dansune perspectivequi estdavantage elIe du developpement

exegetiqueque celIe de l evolution historique,une tendancepartageeaussi

par la recente -et par ailleurs excellente monographie de J. B. Glen-

th~j, Cainand Abel in Syriac and GreekWriters (4th-6th enturies), ouvain

(CSCO 567,Sub. 95),1997.Le risque d une telle approcheest,a notre sellS,

de gommer es asperites e certaines ifferencesd opinion,voire de certaines

polemiquessous-jacentes des utilisationscontrastees es igures d Elie et

Elisee -figures a forte «valeur eschatologique joutee» avant a premiere

Guerre juive, contestees u banalisees u lendemainde la seconde; igures

a fonction dentitaire chezun Justin en « dialogue» avec e uda isme prefi-

gurationsdes dogmesde l orthodoxie chez renee et, en meme emps,com-

pletementabsentes e l horizon theologiquedu gnosticisme a une excep-

tion pres,dans e Traitesur la resurrection NH 1,4),48,6-11; revendiquees

par es premiersmoines en rupture avec a societede leur temps et, a la fois,

proposees n tant que modelesnormatifs par es autoritesecclesiastiquesui

canaliserent emouvement; res sollicitees ans espolemiques e tout bord,

et notamment ors descrisesarienne et pelagienne.CeUemiseentre paren-

thesesdes nfluencesexercees ar Ie contextehistorique constitue,peut-etre,

Ie seul regret que nousayonsressentia la lecture de la deuxiemepartie de

l ouvrage de SreurEliane, ce qui ne nous empechepas de reconnaitre,en

guisede conclusion, esmeritesevidentset sesgrandesqualites.

P. PIOVANELLI

L « Evangile de Nicodeme» ou les « Actes faits sous Ponce Pilate» (recension

latine A), suivi de « La lettre de Pilate a l empereur Claude ». Introduction et

notes par Remi GOUNELLEet Zbigniew IZYDORCZYK.Traduction par Remi

GOUNELLE, partir d un texte mis au point par Zbigniew IzYDORCZYK, um-

bout, Brepols (Apocryphes, 9), 1997,pp. 271. ISBN 2-503-50581-3.

In del Reihe Apocryphes, Collection de Poche de A.E. L.A. C. ist als neun-

tel Band eine franzozische Ubersetzung des sogenannten Nikodemusevan-

geliums erschienen. Auf diese Weise wild ell Text, del erne ungeheure Nach-

wirkung in den Vorstellungen des Mittelalters libel ProzeB und Passion Christi

batte, in einer modemen Sprache zugiinglich gemacht, ohne bei del Text-

grundlage auf die etwas problematische Edition yon Tischendorf zuriickzu-

greifen. Daher steht nun auch fiir aile diejenigen, denen del Zugang zum latei-

nischen Text Schwierigkeiten bereitet, die modeme Ubersetzung eines

repriisentativen Beispiels del Rezension A diesesTextes zur Verfiigung. Dabei

orientieren sich GOUNELLE nd IZYDORCZYK n del Edition del Handschrift

Einsiedeln 326 yon Kim (Toronto, 1973). Abweichungen und Korrekturen

nach anderen Handschriften derselben Farnilie sind jeweils in den FuBnoten

zur Ubersetzung vermerkt.

Das Buch ist folgendermaBen aufgebaut : Auf ein allgemeines Vorwort zur

Reihe und zu dieser Ausgabe folgt eine ausftihrlichere Einftihrung in das

sogenannte Nikodemusevangelium, Bemerkungen zum Titel, del Textges-

chichte und den wichtigsten Problemen, die damit verbunden sind. Einen

besonderen Stellenwert nimmt hierbei del Descensus ad inferos ein, der als

dritter Teil desTextes einen nicht unbetriichtlichen Anteil zu seinem N acWe-

hen beigetragen hat. Auch in die mit diesem Textsttick verbundene Proble-

matik wild tiberblicksmiiBig eingefiihrt.

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321

OMPTESRENDUS

Es folgt die Ubersetzung eines repriisentativen Beispiels der Rezension

A -orientiert am Kimschen Text; die wichtigsten Erkliirungen und Anmer.

kungen werden in den FuBnoten gegeben. Abweichungen zur traditionellen

Kapitelziihlungen nach Tischendorf sind in Anhang II vermerkt. AuBerdem

sind aIle 17 Illustrationen des Manuskriptes Madrid, Bibl. fiat, Vitro 23 Vol

II) aus clem 13-14 Jh. -ein Beispiel der Rezension A -abgedruckt und

veranschaulichen so die im Text enthaltenen Vorstellungen. Den AbschluB

bildet der Brief des Pilatus an den Kaiser Claudius, der -manchmal auch

an Tiberius gerichtet -in den Manuskripten vor clem 11. Jh. ein integraler

Bestandteil der lateinischen Rezension A ist.

Ein groBes Verdienst dieses Buches besteht in der Tatsache,daB in Anhang

III erne Ubersetzung des Wiener Palimpsestes gegeben wird, der iiltesten

erhaltenen Handschrift des sogenannten Nikodemusevangeliums tiberhaupt,

die aus clem fUnften oder sechsten Jahrhundert stammt und nicht allzu weit

von der Zeit entfernt ist, in der der Text vom griechischen Original ins Latei-

nische tibersetzt wurde. Damit wird dieses wichtige Textstiick einem breite-

fen Rezipientenkreis zugiinglich gemacht.

Die Komplexitiit der Einzelprobleme, die mit clem sogenannten Nikode-

musevangelium verbunden sind, mogen einige Bemerkungen zu Einzelfra-

gen verdeutlichen : Auf den Seiten 87f. ist kurz die griechische Rezension B

beschrieben und zu ihrer Datierung auf den Lexikonartikel zum Nikodemus-

evangelium verwiesen, den E. VaN DOBSCHOTz A Dictionary of the Bible,

ed. Hastings, Edingburg, 1900, p. 545) verfaBt hat und in clem er von einer

Spiitdatierung ausgeht. Leider ist sein geplantes Wert fiber dieses Thema nie

zustandegekommen. Vergleicht man seine kurzen Bemerkungen in ver-

schiedenen Schriften, schwankt auch seine Datierung fUr die Rezension B

zwischen clem achten und elf ten Jahrhundert. GewiBhiingt dieses Problem

rnit der Datierung des Descensus ad inferos zusammen und der Frage, ob das

Original dazu griechisch oder lateinisch war. Auf den Stand der Forschung

zu dieser Frage gehen GOUNELLE nd IzYDORCZYK 11ft. ein, wobei sie einer

lateinischen Ursprungsfassung den Vorzug einriiumen 112f.). Am Beispiel

solcher Detailaspekte wird deutlich, daB man diese Einleitung gut als Eins.

tieg in die wesentlichen Forschungsfragen benutzen kann und dartiber hinaus-

gehend als Grundlage fUr eine vertiefende Diskussion weiterer Einzelfragen.

So konnte man z.B. die Frage stellen, ob die auffiillige Parallelitiit der Vor-

gehensweise in der lateinischen Rezension A im Vergleich zum Wiener

Palimpsest und der griechischen Rezension B im Vergieich wr griechischen

Rezension A, daB niimlich jeweils duTch Anhiingung des Descensusdie urs-

priinglichen Kapitel12.16 stark verktirzt wurden, im liturgischen Gebrauch

der Texte ffir Karfreitag und Osternacht begriindet liegt. Damit wiire eine

grundsiitzliche Zweiteilung vorgegeben, die deswegen, weil der Descensus n

den zweiten Teil integriert wurde, in beiden Fiillen eine starke Ktirzung des

urspriinglichen zweiten Teils, also der Kapitel12-16 verlangten.

Sieht man von der Textgeschichte ab, so ist inhaltlich das Motiv des Konig-

turns Christi zentrales Element des Nikodemusevangeliums, das besonders

im ersten Teil, clem ProzeB, in den Vordergrund tritt. Dieses Element wird

abeTauch im Descensus stark hervorgehoben, was ihn inhaltlich mit clem ers-

ten Teil, Kapitell.ll, verbindet -siehe Einleitung 66, Anm. 54. Eine andere

Frage ist die der Rolle des Joseph von Arimathiia, der in seinem Schicksal

rnit Christus parallelisiert wird und erne hervorragende Position in der Reihe

der Zeugen fUr die Auferstehung Christi einnimmt, worauf die Einleitung

dieses Buches 66ft. eingeht -vgl. die Stufung der Zeugnisse 72. Hat er z.B.

Vorbild. oder Leitbildcharakter fUr die Rezipienten des Textes ?

Diese wenigen Bemerkungen zu einigen Detailfragen mogen ausreichen,

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322

COMPTES RENDUS

urn zu zeigen, daB mil dem sogenannten Nikodemusevangeliurn ein Ftille yon

weiterflihrenden Einzelfragen verbunden ist, die bier nUT angerissen wer-

den konnen. GOUNELLEund IZYDORCZYKgeben in ihrer Einleitung auch

flir den Nichtfachmann einen Uberblick fiber die Problematik und einen guten

Einstieg flir die weitere Beschiiftigung mil dem Thema. DUTchdie Uberset-

zung wird eine charakteristische Version des sogenannten Nikodemusevan-

geliums einem breiteren Rezipientenkreis zugiinglich gemacht, nsbesondere

abeT auch das wichtige Wiener Palimpsest. Bis zur Fertigstellung entspre-

chender zweisprachiger Ausgaben in der Reihe des Corpus Christianorum

Series Apocryphorum wird dieses Buch einen wichtigen Platz in der Bes-

chiiftigung mil dem sogenannten Nikodemusevangelium einnehmen und ihn

danach wohl bei einem breiten Rezipientenkreis flir den ersten Zugang zu

dem Thema behalten.

O. EHLEN

SILVERSTEIN,heodore HILHORST,Anthony, Apocalypse of Paul. A New

Critical Edition of Three Long Latin Versions. With fifty-four Plates, Geneve,

P. Cramer (Cahiers d'Orientalisme, 21), 1997,pp. 216 + 54 ll.

On connaissaitusqu'ici deuxredactions atines onguesde l'Apocalypse

de Paul,ecrite originairementengrec: Ll, qui est a plus ancienneet qui est

complete, et L2, plus recente et breve; en dehors de ces deux recensions,

il ne restait que des redactions atines abregees. . SILVERSTEINt A. HIL-

HORSTublient de nouveauLl et L2 sur a basede manuscritsdeja edites,

ainsiqu'une nouvelle redaction onguequ'ils ont eux-memesdentifiee, L3,

attesteepar un seul manuscrit usqu'ici nedit. L'edition des ces rois recen-

sions -sans traduction -est precedeed'une breve presentationde a tra-

dition occidentaledu texte,d'une amplebibliographiesur 'ensembledesver-

sions, 'une description etailleedesmanuscrits tiliseset d'une presentation,

sommaire, escritereseditoriaux.Le livre contient egalementine edition -

avec raduction -du fragmentd'un ancienpoemeallemandqui se onde sur

L2 et qui avail dejaete edite, ainsique a reproductionphotographique om-

plete du manuscritparisien Ie temoin majeurde Ll, dorenavantP -et

desspecimens esautresmanuscrits.

L'edition se presente out d'abord sons a forme d'une synopse quatre

colonnesdonnant e texte des rois manuscrits e Ll et du manuscritde L3

pour es ch. 1-44 line deuxiemepartie donneune edition desch.45-51selon

Ie illS. P ; sont enfin edites en synopse es trois manuscritsde a redaction

L2, qui couvrent es chapitres3-6 et 10-51.

Bedier auraitpeut-etreapprecie ette edition espectueuseesmanuscrits,

mais l estaujourd'huiacquisque, enpresence e differentes edactionsd'un

meme exte, a meilleure editionpossibleest ine edition ndividuelle de cha-

Clinedes edactions;c'estce qu'a fait par exempleCarozzidansson edition

de Ll (Eschatologie t au-dela...,Aix-en-Provence,1994, . 179-263). I est

clair que toute forme d'edition critique estbonne quand es criteres edito-

riaux sur esquelselle reposes'adaptentde la meilleure manierepossiblea

l'histoire de la tradition du texte edite. Lachmann ui-meme, orsqu'il edita

Ie Nouveau Testament, ecourut a descriteres beaucoupplus souplesque

celuideserreurs mecaniques, our lequel l estcelebreet graceauquel l put

produire sa ameuse dition de Lucrece.Mais Silversteinet Hilhorst ne pren-

nent pas clairementposition sur un plan heorique.

II est outefois vrai que leur ouvragepent foumir desdonnees u'une edi-

tion critique ne petit normalement asapporter.La reproductionsynoptique

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323

OMPTESRENDUS

est d abord tres utile pour voir au premier coup d reil quelies sont les parties

du texte transmises par chaque manuscrit -ce qui est utile pour ces tradi-

tions longues, oil aucun manuscrit ne contient jamais la meme portion du

texte que les autres ; beaucoup de colonnes sont donc blanches, et rarement

pour des raisons de lacunes materielies. En outre, ces formes textuelIes,

comme beaucoup de textes vulgaires du Moyen Age, presentent aussi des

variantes sur Ie plan de la langue -par exemple des changements phone-

tiques et morphologiques.L edition synoptique des manuscrits s avere alors

aussi utile pour reproduire des particularites de ce type, ce qui permet sou-

vent d etablir Ie lieu de leur copie et de pouvoir en consequence utiliser des

criteres d ordre geographique pour evaluer les variantes. Ceci ne peut

se faire systematiquement dans une edition critique, oill on evite d encom-

brer inutilement l apparat. Par exemple, aucune edition critique ne pourrait

raisonnablement se permettre de signaler -sinon sous la forme d echan-

tilions -des details comme ceux du manuscrit de l Escorial (Ll), qui ecrit

bocesangelorum a la place de uoces angelorum (ch. 18), puisqu il ne s agit la

que d une variation phonetique. Mais cette variante n est pas sans interet

pour evaluer ce manuscrit, et il est possible dans Ie present volume de signa-

ler les particularites de cette sorte dans Ie texte edite -ou plutot dans la

colonne du texte reservee a chaque manuscrit, car Ie texte d une redaction

quelconque, a proprement parler, n existe ici pas. Meme sije lis Ie ch.l, atteste

seulement dans P, a lecture de la seule colonne correspondante ne me four-

nira en effet pas sans faute Ie texte car, parmi les particularites de la pre-

sente edition, on trouve aussi celie de ne pas amender tout ce qui pourrait

l etre. De fait, il faut toujours se demander si Ie texte imprime ne pourrait pas

etre ameliore, puisque les editeurs corrigent seulement les passages qui ne

font pas sellSet laissent dans Ie texte des e~ons qu ils considerent eux-memes

comme secondaires, pourvu que Ie passage signifie quelque chose (p. 59);

de plus, leur jugement sur les variantes n est pas signale dans l edition. Un

exemple sera probablement plus clair: les editeurs suggerent, dans l intro-

duction (p. 59), de considerer gemuit cum Maria (L3, au ch. 41) comme une

lecture fautive, issue d une corruption de gemuit eum Maria; conformement

a leurs choix editoriaux, its impriment gemuit cum Maria dans leur texte, etant

donne que Ie texte a un sellS, et ne disent mot de conjecture variante dans

l apparat (p. 155).

Au texte edite de chaque manuscrit sont ajoutes un apparat biblique et

un apparat critique; pour Ie seul ms. P un troisieme apparat renvoie aUK extes

qui out utilise des passagesde l Apocalypse de Paul. L apparat critique signale

notamment quelques conjectures faites par les anciens editeurs, ou par

d autres savants, ainsi que les differences entre Ie texte edite et les manus-

crits, a quelques exceptions pres (cf. p. 59). L une de cesexceptions concerne

les corrections de deuxieme main dans Ie ms. P aUK h. 2-16; les editeurs affir-

ment que ces «ajouts ne sont pas indiques ni dans Ie texte ni dans l appa-

rat» (p. 62), ce qui n est heureusement pas tout a fait vrai, mais qui obligera

Ie lecteur de ces chapitres a ne pas s arreter a l apparat, et a recourir aux

reproductions figurant a la fin du volume. Par exemple, a la fin du ch. 6, P it:

Ego omnia noui et non est que possit abscondere se a p[ec]cato suo. Impie-

totesourem e[orum] ego agnosco,sed mea sanctitatis patitur eos dum adusque

cq~uertantur et peniteant (p. 74); l apparat nous apprend que Ie correcteur

lit ajuste titre qui pour que, et que peniteantpourrait aussi se ire penitent[ur],

mais ce n est qu en consultant la reproduction 4 que l on apprendra que l in-

tegration e[orum] des editeurs -le~on deja attestee chez James -differe

d un eo du correcteur, alors que les le~ons p[ec]cato et cq~uertantur des

editeurs sont tres clairement donnees par Ie correcteur. T. SILVERSTEINt A.

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324

COMYfES RENDUS

HILHORSTaffinnent que Ie correcteur de P n'avait certainement pas a sa dis-

position une «meilleure» copie, et, pour Ie demontrer, ils donnent des

exemples, Ie premier d'entre eux etant tire du ch. 10: la oil P lit Jruntur -a

lire avec Wieber geruntur -, Ie correcteur propose operatur (p. 25). Ie

conviens que Ie correcteur a pu ne pas restaurer la le ,on originelle du manus-

crit, mais est-ce que tela signifie pour autant que sa le ,on n'a pas de valeur?

Est-ce un bon motif pour ignorer une partie des variantes qu'il atteste ? Ie

note d'ailleurs que Ie manuscrit de L3lit a cet endroit operamini (p. 81), ce

qui ressemble etrangement a la variante du correcteur de P.

En ce qui concerne la nouvelle recension, les editeurs pensent que Ie

manuscrit de L3 est la copie d'un codex derive en grande partie de la redac-

tion Ll, a laquelle ont ete incorporees des le ,ons raduites independamment

d'un texte grec caracterise par des variantes specifiques (p. 16). A peine une

dizaine d'exemples leur suffisent pour demontrer cette hypothese (p. 13-16).

Seule une minorite de ces exemples semblent toutefois renvoyer a des

variantes grecques. L'indice Ie plus solide semble etre, au ch. 25 de L3, la

le ,on chorus prophetarum, qui rendrait un chorDs non atteste, qui serait lui-

meme une erreur pour choros -variante plausible du grec. Pour les autres

exemples, au ch. 10, 36 et 40, les editeurs se contentent de presupposer des

variantes grecques. Tout aussi fragiles sont les indices qui attestent que des

le ,ons propres a L3 aux ch. 3, 12 et 20 ont ete traduites du grec indepen-

damment de Ll. Ie releve, en outre, que L3 concorde plusieurs fois avec

une partie de Ll contre Ie ms. p, surtout aux ch. 21-24. La presence constante

de variantes propres et potentiellement originales dans L3 est indubitable,

mais il en va de meme pour chaque temoin de Ll, de sorte qu'on pourrait

dire que chaque manuscrit de Ll et de L3 constitue a lui seul une recension;

les manuscrits de L2 sont au contraire beaucoup plus homogenes entre eux,

bien que celui de Vienne, dont on a au moins les deux tiers, soit considera-

blement abrege -a part I'incipit, voir surtout les ch. 27-30.

Le type d'edition choisi par T. SILVERSlEIN tA. HILHORST donc Ie merite

de mettre en evidence les caracteristiques de forme et surtout de substance

de chaque manuscrit, et permettra, je crois, une approche renouvelee des tra-

ditions textuelles de I' Apocalypse de Paul, dans aquelle cet ouvrage ne pourra

que jouer un role important.

C. ZAMAGNI

LATfKE, Michael, Die Oden Salomos in ihrer Bedeutung fiir Neues Testament

und Gnosis, IV; Freibourg (CH) / Gottingen, Universitats Verlag / Vanden-

hoeck & Ruprecht (Orbis Biblicus et Orientalis, 25/4),1998, pp. xii + 262.

ISBN 3-7278-1164-1 & 3-525-53796-4.

Apres avoir publie line description des manuscrits, line edition, line tra-

duction des Odes de Salomon et line etude sur leur role dans la Pistis Sophia

(t. I, 1979; la, 1980), puis line concordance complete de tOllS eg mots trans-

mis par legversions et citations grecques, coptes, syriaques et latines des Odes

(t. II, 1979, avec line edition en fac-simile du codex N[itriensis] = Londres,

B. L. Add. 14538, f. 149r-151r), ainsi qu'une histoire de la recherche SOliS

forme de bibliographie commentee (t. III, 1986),voici Ie quatrieme tome ecrit

par M. Lattke sur leg Odes de Salomon. line s'agit cependant pas -comme

annonce et tant attendu -du commentaire des Odes, mais d'un recueil ras-

semblant des articles, des conferences, des recensions et des complements

bibliographiques, ecrits entre 1981 et 1997. Toutes ces pieces sont autant de

travaux preparatoires au commentaire historico-critique des textes grec, copte

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325

OMPTES RENDUS

et syriaque des Odes -que l auteur date du tournant du premier au deuxieme

siecle -qui paraitra dans la collection Novum Testamentumet Oriens Anti-

quus. Deux conferences consacrees a l inventaire et aux trajectoires de la lit-

terature paleochretienne ainsi que la bibliographie completant et prolongeant

celIe du t. III sont publiees ici pour la premiere fois.

Le premier article «<The Gnostic Interpretation of the Odes of Solomon

in the Pis is Sophia» [1982], p.1-15) reprend, comme d ailleurs les p. 207-225

du t. I, une conference prononcee en 1978,dans aquelle LATfKE analyse l em-

ploi des OdSal que fait la Pistis Sophia. n est regrettable que cette analyse

minutieuse et methodique des procedes d interpretation mis en reuvre par

l exegete gnostique des OdSal n ait pas porte plus de fruits parmi les specia-

listes de ce texte copte. On notera, au sujet du caractere gnostique des OdSal

elles-memes, un leger glissement entre Ie texte allemand (t. I, 1979, p. 222),

oil ilest lit a propos des Odes 22 et 25 qu elles appartiennent« sicherlich zu

denjenigen, die man selbst schon als gnostisch bezeichnen konnte », et l af-

firmation dans la version anglaise : elles font partie des Odes «which even I

would consider to be Gnostic ».

Dans la deuxieme contribution ( « Zur Bildersprache der Oden Salomos »

[1982], p. 17-35), l auteur classe es Odes parmi les «textes pseudepigraphes

des soi-disant apocryphes du Nouveau Testament », definit Ie terme «Ode»

par comparaison avec es Psaumes bibliques, et presente quelques-tines des

images -line categorie englobant un grand nombre de formes et de figures

de la langue, comme Ie symbole, la metaphore, l allegorie, la similitude, la

parabole, etc. -utilisees par les Odes, notamment pour exprimer la redemp-

tion et la trinite. Pour finir, LATTKE propose line solution originale pour

resoudre un probleme d interpretation en OdSal XIII, 3 «( efface la chasse-

resse de ton visage»); il rapproche de ce texte celui des Kephalaia mani-

cheens, 30, 8-10 «<bienheureux celui qui reconnaitra ces mechants chasseurs

par la connaissance et se sauve et se ibere... »).

Les troisieme et quatrieme etudes «( The Apocryphal Odes of Salomon

and New Testament Writings» [1982], p. 37-47, et «Die Bedeutung der apo-

kryphen Salomo-Oden fiir die neutestamentliche Wissenschaft» [1983], p. 49-

66) soulignent l importance des OdSal pour aborder le probleme de a gnose

dans Ie Nouveau Testament, et en particulier dans l Evangile de Jean; LATfKE

se pose la question de savoir si« The Johannine-Solomonic riddle may be sol-

ved by assuming a heterodox Jewish, syncretistic early Gnosticism (...) with

certain Christian infusions» (p. 42 = p. 57 de l allemand). En rapprochant

un certain nombre de termes significatifs du vocabulaire des OdSal de celui

du Nouveau Testament, l auteur montre l interdependance de ces textes et

exprlme le souhait que les neo-testamentaires, trop enclins a se restreindre

a l 6tude des ecrits devenus canoniques, travaillent avec autant de zele ces

textes restes dans l ombre.

Dans le cinquieme article, l a. pose la question «Sind EPHRAEMS agriiSe

Hymnen?» ([1989], p. 67-73).. Prenant en compte les quelque 400 MagriiSe

authentiques d Ephrem, il en analyse les elements hymniques -de forme

et de contenu -pour conclure que les Magriise d Ephrem ne sont dans

l ensemble pas des hymnes. Ce sont des poemes, ou chants didactiques ou

narratifs, qui peuvent integrer des formes ou une terminologie hymniques;

d oil la question a laquelle il faudra repondre a l avenir: « Parmi les Magriise

d Ephrem, lesquels sont des hymnes? ».

Une belle demonstration pour resoudre la crux interpretationis de l Ode

XIII est presentee dans l article intitule «Salomo-Ode 13 m Spiegel-Bild der

Werke von EpHRAEMSYRUS» [1989], p. 75-87). En comparant dix textestires

des Magriise et Mimre (pseudo-) ephremiens qui ont quelque ressemblance

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326

COMPTES RENDUS

avec 'Ode du miroir, LAnKE arrive 11 ecenser e vocabulaire typique employe

quand l'image du miroir est utilise. La « chasseresse» n'y a pas de place; les

mots du groupe «haine », «odieux », «laid» figurent, en revanche, dans les

dix textes. Ii Testedonc Ii. l'auteur Ii. trouver Ie lien paleographique/phone-

tique entre Ie premier terme, celui de l'Ode XIII, et Ie second -un des nom-

breux mots du groupe mentionne. Ii trouve la solution dans Ie changement

d'un s en.':;,et la correction qui resultat du mot incomprehensible ainsi obtenu:

«snywt' »,« .':;nywt'»...,« ':;ydt'». On ne petit cependantpas exclure qu'Ephrem

ait lu un autre mot: «.':;'ywt' », ou «.':;ywt'» -«ordure » -, paleographi-

quement beaucoup plus proche de «.':;ydt' »,« chasseresse», et qu'ill'ait rem-

place par un groupe de termes dont Ie champs semantique est plus fiche

«<haine », «difformite»).

Dans la septieme etude «<Die Messias-Stellender aden Salomos» [1991],p.

89-106), LAnKE s'interesse aux emplois du verbe «oindre » dans es OdSal -

sept fois au participe passif du peal, «l'oint », etune fois au peal parfait avec

suffixe: «il m'a oint ». Chaque occurrence est brievement commentee. Le

huitieme article (p. 107-110) est la notice consacree aux OdSal dans l'inves-

tigation de l'auteur sur l'hymnologie de l'antiquite (Hymnos.. Materialien zu

einer Geschichte der antiken Hymnologie, Fribourg Gottingen [NTOA 19],

1991); elle consiste principalement en un inventaire des termes exprimant la

louange et Ie chant et indiquant en me-me emps comment le/la/les poetes

essaient de dire SOliSorme hymnique sa (leur) reconnaissance. La neuvieme

piece du recueil ([1991], p. 111) est line question adressee11a communaute

savante pour determiner de quelle epoque date l'aIlegorie designant Ie Christ

(Ie Messie) comme Ie vrai Salomon.

Dans la dixieme contribution «<Dating the Odes of Solomon» [1993], p.

113-132), l'auteur attaque de front Ie probleme de la datation des OdSal. En

rapprochant les Odes notamment d'une homelie de VaIentios conserve chez

Clement d' Alexandrie, puis de la Lettre de Bamabe, il arrive 11 ater les Odes

de la periode « around the turn of the first century from which quite a few of

those writings originate that are now part of the New Testament» (p. 129).

Le onzieme article, «<Die griechischen Worter im syrischen Text der aden

Salomos» ([1993], p. 133-150), est line contribution inlportante 11a lexico-

graphie syriaque et, en particulier, au role joue par les mots empruntes au

grec. L'emploi de chacun des quatorze mots grecs utilises dans les OdSal est

minutieusement analyse, et compare 11 e que l'on trouve dans d'autres textes

syriaques. La douzieme piece «<Formen/ Gattungen in den aden Salomos»

[1995], p. 151-159) est un inventaire des formes et genres litteraires utilises

dans les Odes.

Dans la suite du recueil, on trouve quatre articles de dictionnaire -« Hym-

nus », « Psalm », « Saloma [Oden, Testament]», « Odell Salomos» -et cinq

recensions -d'ouvrages de P. Nagel, G. R. Blaszcak, H. Strutwolf, M.-J.

Pierre et B. A. Pearson.

Le recueil se conclut par deux contributions inedites: «Forschungsges-

chichtliche Bibliographie 1985-1997mit Ergiinzungen his 1984» (p. 233-251),

suivi de la transcription de deux conferences prononcees en 1996 11Regens-

burg -« Bestandesaufnahme und Entwicklungslinien frtihchristlicher Lite-

raturgeschichte ». Ii s'agit d'une reflexion fondamentaIe sur l'objet etudie par

l'historien de la litterature chretienne ancienne et sur les methodes qu'il

applique. Apres une definition des termes utilises, LAnKE dresse 'inventaire

des ecrits faisant partie de cette litterature et en degage, dans une deuxieme

partie, quelques trajectoires. Ii conclut par un appel 11 tudier les textes cana-

niques comme une partie integrante de celie litterature. Le neo-testamentaire

doit assinliler egalement les litteratures apocryphes, «heretiques », « gnos-

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327

OMPTESRENDUS

tiques », etc., ce qui signifie, «sie genauso intensiv zu studieren und wenigstens

arbeitsteilig auszulegen wie den Kanon selbst, sie nicht nuT nebenbei und

abwertend als Wort- und Begriffs-'Steinbrtiche' zu benutzen ». Un article II-

mettre parmi leg ectures obligatoires de chaque etudiant en theologie.

Ce recueil DOUgait entrer dans Ie vaste chantier ouvert par M. LATTKE,

actuellement professeur de Nouveau Testament II- 'Universite de Queens-

land, Brisbane (Australie) autour des Odes de Salomon, et attise notre curio-

site impatiente de voir paraitre Ie commentaire qu'il prepare patiemment

depuis des annees.

A. FREy

Aux frontieres du Nouveau Testament. nventaire des motifs apocryphes en

Maurienne et en Tarentaise (Savoie), I, Grenoble [& Tumhout], Alzieu & Bre-

pols, 1998, pp. 150. ISBN 2-910717-52-0 et 2-503-50709-3.

Aux frontieres du Nouveau Testament.Motifs apocryphes en Maurienne et en

Tarentaise (Savoie), II: Rosaire et vie de la Vierge, Grenoble [& Tumhout],

Alzieu & Brepols, 1998,pp. 160. ISBN 2-910717-53-4 et 2-503-507-10-7.

Ces deux volumes inaugurent tine serle d'ouvrages qui constituera a terme

Ie premier repertoire des representations de motifs apocryphes chretiens

conservees dans des batiments religieux de la Maurienne et de la Tarentaise.

L'abondante matiere, en grande partie inedite, qui y est rassemblee est Ie

beau resultat du travail d'une equipe d'une vingtaine de benevoles savoyards,

qui ont visite les quelques cinq cent vingt-cinq chapelles et eglises de ces

regions, analysant non seulement es tableaux et les fresques qui y sont conser-

vees, mais aussi es retables, les bannieres, les vasessacres -C. PAUPERT

avail presente ce projet d'inventaire iconographique dans «Themes apo-

cryphes de I'iconographie des eglises de Tarentaise et de Maurienne

(Savoie) », Apocrypha 5, 1994,p. 249-268.

Le premier des deux volumes deja parus donne en traduction trois recits

apocryphes qui permettent de faire connaissance avec a plupart des motifs

importants pour interpreter I'iconographie occidentale: il s'agit, a en croire

la table des matieres, du Livre de l'Enfance du Seigneur (traduit par C. PAU-

PERT), e I' Evangile de Nicodeme (traduit par C. CENNAC)et d'unApocryphe

de l'Assomption de la Vierge (traduit par C. PAUPERT); 'absence d'un texte

relatant les aventures des apotres est ustifie en introduction (p. 8) : la Legende

doree de Jacques de Voragine, facilement accessible, fournit les materiaux

necessaires.

II est dommage que les titres choisis pour designer les trois textes traduits

dans ce volume puissent preter a confusion. Sous Ie premier se cache en effet

Ie Livre de la naissance de la bienheureuse Vierge Marie et de l'enfance de

Jesus-Christ, tine compilation tardive des recits de I'enfance contenue dans

Ie ms. Paris, B.N.E, lat.11867, et non I'evangile de I'enfance edite par M. R.

James (Clauis Apocryphorum Noui Testamenti,n° 53). Le second, transmis

par Ie ms. Paris, B.N.E, fro 24945, ne consiste pas en tine forme grecque ou

latine de I' Evangile de Nicodeme, mais en tine de ses reecritures en langue

occitane, generalement connue sons Ie nom de Gamaliel; s'il etait heureux

d'eviter Ie titre deja trop couramment employe d' Evangile de Gamaliel, il

aurait cependant ete judicieux de trouver un intitule plus clair qu'Evangile

de Nicodeme, meme si c'est celui donne par Ie manuscrit d'ou ce exte est ire;

d'autres titres auraient ete possibles,par exemple Evangile de Nicodeme selon

Gamaliel, ou Passion de Jesus-Christselon Gamaliel- conformement au titre

de plusieurs editions de la version catalane de cet apocryphe publiees au XVI

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328

COMJYrES RENDUS

siecle.Quant au dernier texte,consacreau recit de I' Assomptionde Marie,

la seule nformationdonneeau ecteurest qu'iI s'agit« de a traductiond'une

version atine du XIII siecled'un texte grec du V ou VI siecle» p. 137); l

aurait ete utile de preciserqu'il s'agissait e la traduction de la Dormition

latine du Pseudo-Jean ditee par A. Wilmart (AnalectaReginensia...Vati-

can,Bibliotheque Apostolique Vaticane Studi e Testi,59],1938, . 357-362)

a partir d'un unique manuscritdu XIV siecle -et non du XIII siecle, a

date a laquelle la traduction atine qu'il transmet n'etant, a notre connais-

sance, asconfine.

Offrir res trois recits apocryphes n traduction et nond'autres pent,a pre-

miere vue, semblercontestable.Meme si res textesne sont pas res anciens

et que deuxdes rois paraissentavoir ete marginaux,ls contiennent oute-

fois line quantite d'autant plus importante de motifs qu'ils sont Ie resultat,

pour line partie d'entre eux, d'un travail de compilationeffectueaucours du

MoyenAge. Le choix de ces extes pour ntroduire de la fac;ona plus arge

posible aux motifs conographiques e la Maurienne et de la Tarentaiseest

donc justifie, et somme oute preferable a la realisationd'une compilation

moderne de traditions apocryphes comme A. Pinero, L autreJesus.Vie

deJesusseton les Evangiles apocryphes,Paris, 1996. On notera, en outre,

que es rois textesqui font I'objet de ce volume sont ci traduits pour a pre-

miere fois en franc;ais line edition du Livre de a naissance e a bienheu-

reuseVierge Marie et de l'enfancede Jesus-Christ e fait d'ailleurs toujours

attendre.

Le second olumepresenteun nventairedes epresentationsigurees iees

a la vie de a Vierge et au Rosaire -y comprisdes motifs comme a Piela,

qu'on peut hesitera qualifier d'apocryphes. I est construit selon ine struc-

ture qui sera eprisedans es autres omesa paraitre : line introduction expli-

quant brievement a genese es representations tudieesprecedeun inven-

taire iconographique par themes et par lieu; dans ce second ndex sont

donneesdes nformations utiles telles que la cote topographiquedes lieux

cites, a date probable de fondation de I'etablissement, insiqu'une indica-

tion chiffree precisantsi necessairee degre d'accessibilitedes representa-

tions signalees. Quelques reproductions de documents d'archives -

malheureusent ansque leur cote soit precisee et de representationsigu-

rees avec des egendesaissant arfois a desirer sont donnees, equi est

appreciable.

L'introduction ente d'eclaircir esproblemes osespar I'identification des

motifs apocryphes ans e cycle sur Marie. Elle ne nonssemblepas y reussir

entierement, notamment parce que Ie terme «apocryphe» y est tantot

employepour designer esmotifsempruntes dessources pocryphes onser-

vees comme Ie Protevangile eJacques, tantotutilise a proposde motifs

justement non attestesdans cesmemessources en ce cas,«apocryphe»

serta designera creationd'un motif non evangelique.Plusde precision er-

minologique auraitpeut-etrepermisa I'exposede gagnerenclarte et de pro-

poser ine nomenclatureplus convainquante.Dans Ie detail, I'introduction

contient en outre quelquesaffirmationssurprenantes.Par exemple, l est dit

(p. 29) que Ie couronnement e Marie au ciel n'a aucunenjeu heologique,

tandisque a representation e a terreur ou de a fuite dessoldatsestcurieu-

sement attacheea I'Evangile de Pierre (p. 35), alors que ce motif estdeja

presenten Mt 28,4; p. 57, l estquestiondes«anciensapocryphes ur a Pas-

sion,Actesde Pilate,Evangilede Nicodeme, e Gamaliel»...

Trois autresvolumes paraitront a moyen erme, qui couvriront a vie du

Christ et sa Passion, insique es figures apostoliques, t qui rassembleront

des etudesplus ciblees -par exemple sur es Vierges couronnees. I faut

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329

OMPTESRENDUS

esperer qu'ils contiendront moins de ralites de frappe que leg deux premiers

et qu'ils temoigneront d'un souci d'exactitude bibliographique un peu plus

rousse, mais qu'ils foumiront autant d'utiles donnees, dont il taut mainte-

nant que leg specialistes des litteratures apocryphes et de I'iconographie com-

mencent I'exploitation. Pour que leg nventaires que res volumes mettent a

disposition puissent etre correctement interpretes, il serait souhaitable que

des projets similaires se mettent en place dans d'autres contrees.

R. GOUNELLE

ELLUL,Danielle FLICHY,Gdile, Le grec du Nouveau Testament ar les textes.

Methode d'initiation au grec de a koine a ['aide de textes ires du Nouveau Tes-

tament, Lausanne, Editions du Zebre (Instruments pour Petude des langues

de paTient ancien, 1), 1998, pp. 304. ISBN 2-9700088-1-5.

ffiuvre de deux enseignantes, a methode d'apprentissage du grec biblique

avec laquelle les Editions du Zebre inaugurent une nouvelle collection se

caracterise par la volonte d'enseigner Ie grec de la koine «non plus comme

une langue morte, mais comme une langue ancienne, vivante dans les textes

du Nouveau Testament» (p. 5). Cet heureux parti-pris est la raison pour

laquelle les exposes de morphologie ou de syntaxe ainsi que les listes de voca-

bulaire sont elabores a partir des sequences bibliques citees et traduites au

debut de chaque le~on. En annexe figurent des tableaux recapitulatifs des

declinaisons et des conjugaisons, ainsi qu'un rappel des regles presidant a l'ac-

centuation. S'y ajoute, non sans quelque originalite, une «recherche des

verbes irreguliers» (p. 279-280), qui donne l'indicatif present correspondant

aux radicaux aoriste et parfait des verbes irreguliers (p. ex. Ij>EpWour EVEYK,

EVEX, VOX).

Seuls quelques accents manquant (p. 31, bas) ou mal places (p. 128, bas)

et un usage insuffisamment sytematique de l'asterisque pour signaler les

formes reconstruites deparent la mise en page aeree et agreable de cette

methode d'initiation novatrice.

R.GOUNELLE

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8/20/2019 Apocrypha 10, 1999

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LIVRES RE<;US A LA REDACTION

ADAMIK, Tamas, BOLLOK, Janos, BOLYKI, Janos, JELENITS, Istvan,

KAPITANFFY, stvan, PESTHY,Monika, SZEPESSY,ibor TOTH, Klara,

Csodtis evangeliumok, Budapest, Telosz (Apokrif iratok), 2e ed., 1998,

pp. 201. ISBN 963-8458119.

ADAMIK, Tamas, BOLLOK, Janos, DERI, Balazs, JELENITS, Istvan,

KAPITANFFY, stvan, KORIZS, mre, PESTHY,Monika, SZEPESSY,ibor

Torn, Klara, Apokalipszisek, Budapest, Telosz (Apokrif iratok), 1997,

pp.l97. ISBN 963-8458-151.

ADAMIK, Tamas, BOLYKI, Janos, KAPITANFFY, Istvan, PESTHY,Monika,

SZEPESSY,ibor Torn, Klara, Az apostolok csodcilatos cselekedetei,

Budapest, Telosz (Apokrif iratok), 1996,pp. 231. ISBN 963-8458089.

Aux frontieres du Nouveau Testament. nventaire des motifs apocryphes en

Maurienne et en Tarentaise (Savoie), I, Grenoble [ Turnhout], Alzieu

  Brepols, 1998, pp. 150. ISBN 2-910717-52-0et 2-503-50709-3.

Aux frontieres du Nouveau Testament.Motifs apocryphes en Maurienne et en

Tarentaise (Savoie), II : Rosaire et vie de la Vierge, Grenoble

[ Turnhout], Alzieu Brepols, 1998, pp. 160. ISBN 2-910717-53-4 et

2-503-507-10-7.

BAUCKHAM, Richard, The Fate of the Dead. Studies on the Jewish and

Christian Apocalypses, Leiden I Boston I Koln, Brill (Supplements to

Nouum Testamentum, 93),1998, pp. xvi + 425. ISBN 90-04-11203-0.

BOYaN, Fran~ois, BROCK,Ann Graham MATTHEWS,Christopher R., The

Apocryphal Acts of the Apostles, Cambridge (MA), Havard University

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