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APOCRYPHA

Fondeeen 1990 oar Jean Claude PICARD

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APOCRYPHA

Revue internationale des itteratures apocryphes

International Journal of Apocryphal Literatures

Directeur de publication

J.-D. DUBOIS

Secretairede redaction

M.-J. PIERRE

Comite de redaction

F. AMSLER,P. GEOLTRAIN,

R. GOUNELLE,S.C. MIMOUNI, S.l. VOICU

Comite scientifique

I. BACKUS,B. BOUVIER, F. BOVON, Z. IZYDORCZYK,

S. JONES,A. LE BoULLUEc, J.-N. PERE:S, . STAROWIEYSKI

Revue publiee avec e concours scientifique

de I Association pour I etude de la litterature apocryphe chretienne

(A.E.LA.C.)

et

de la Societe pour I etude de la litterature apocryphe chretienne

(S.E.LA.C.)

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 R POLS

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@2001 BREPOLS~ PUBLISHERS urnhout

All rights reserved.

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without the prior permissionof the publisher.

D/2001/0095/11

ISBN 2-503-50999-1

Printed in the E.U. on acid-free paper

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SOMMAIRE

« Un groupe judeo-chretien meconnu : les Hebreux ))

par Gilles DORIVAL

7

«Une critique de la mythologie grecque d apres l Homelie pseudo-clementine V»

par Dominique COTE

37

«Untersuchungen im Zusammenhang mit der sogennantenEpistula Lentuli »

par Jacques-NoelPERES

59

« La pseudepigraphie comme procede litteraire autonome.

L exemple des Pastorales »

par Regis BURNET

77

« Fonctions et valeurs des noms dans es ecrits de Justin martyr»

par Philippe BOBICHON

93

« Le monde comme matrice.

Aspect sexuel de la nature et ascetismechez eg gnostiques »

par Takashi ONUKI ;

123

« Politics and Religion in late Antiquity: The Roman Imperial Adventus

Ceremony and the Christian Myth of the Harrowing of Hell»

par Kevin RODDY

147

«La collection dite du Pseudo-Abdias.

Un essaide definition a partir de l etude des manuscrits»

par GiseleBESSON

181

«La collection du Pseudo-Abdias. Approche narrative et coherence nterne »

par Michele BROSSARD-DANDRE

195

«Vision du monde et imaginaire dans quelques textes de la collection dite du

Pseudo-Abdias »

par DominiqueALmERT

207

« Sur les Actes de Pierre. A propos d un livre recent »

par Enrico .NORELLI

227

« Thematic Bibliography of the Acts of Pilate. Addenda and corrigenda »

par R6mi GOUNELLEet Zbigniew IZYDORCZYK

259

293

OMPTESRENDUS

LIVRES RE~US A LA REDACfION

321

« Index des tomes 1 a 10 de la revue Apocrypha »

par Sever . VOICU

325

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La Societepour l etude de la litterature apocryphe chre-

tienne, voulant assurer au Comite de redaction de la

Revue une pleine liberte scientifique, decline la responsa-

bilite des articles et la laisse aux auteurs.

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GillesDORWAL

Universitede Provence

MMSH -Centre Paul-Albert Fevrier

UN GROUPE JUDEO-CHRETIEN

MECONNU:LESHEBREUX

Clementd Alexandrie, Origeneet Didyme attestent existence un grou-

pe judeo-chretien vivant en Egypte au II siecle : les Hebreux. Is nous ont

connaitre des ragments de l Evangile de ce courant, Evangile selon es

Hebreux. Redige d abord en hebreu ou en arameen, raduit en greG, et

Evangile est regarde comme admissible, notamment quand il s agit de

resoudre des difficultes exegetiques. es Hebreux faisaient donc partie la

Grande Eglise.Origene ait connaitre a Bible de cesHebreux,dans un pas-

sagecelebreou l on voir a tort une description du Canon uif de la Bible.

Le meme Origenedonne des enseignementsrecieux sur cesHebreux,qui

connaissaient ien les raditions uives d interpretation etpratiquaient l exe-

geseallegorico-typologique. Faut-illes identifier avec d autres Hebreux

chretiensqu Origene a rencontresen Palestine? Celan estpas sur. Faut-il,

a causede Jerome et de quelques autres,voir en eux des Nazoreens? Is

forment un courantproche de ces demiers,mais qui doit en etre distingue.

Clement of Alexandria, Origen and Didymus testify o the existence f

a Jewish-Christian group living in Egypt during the IInd century.. the

Hebrews. They nform us about ragments of he Gospelof this group, the

Gospel of the Hebrews. First written in Hebrew or Aramaic, then trans-

lated into Greek, this Gospel was accepted,especiallywhen used to solve

exegetical ifficulties. The Hebrewswere hereforepart of the Main Church.

Origen tellsus about the Bible of heseHebrews, n a amous passage aken

wrongly as a description of the Jewish Canon of the Bible. Origen gives

again precious information on theseHebrews who khew well the Jewish

traditions of nterpretationand who practicedallegory and typology n their

exegesis.Should they be identified with other Hebrews met by Origen in

Palestine? It is not certain. Because of Jerome and a few others,should

theybe taken as Nazoreans ? Theyrepresent movementsimilar to theirs,

but also separate.

Les ouvragesclassiquessur Ie judeo-christianisme antique dis-

tinguent trois groupesde udeo-chretiens, es Nazoreens, es Ebio-

nites et les Elkesai:tes, et its les situent respectivement, les pre-

miers, en Judee-Palestine, es seconds,en Palestine et en Syrie, es

derniers, en Mesopotamie. Je voudrais montrer ici que la docu-

Apocrypha 11,2000,p. 7 -36

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G. DORIVAL

mentation a notre disposition permet d etablir I existence d un

quatrieme groupe, celui des Hebreux, dont la presence est attes-

tee a Alexandrie, entre Ie lIe et Ie lye siecles, par Clement

d Alexandrie, Origene et Didyme. Ces auteursDOUgont connaitre

plusieurs fragments de I evangile utilise par ce courant, I Evangi-

Ie selon esHebreux.A vrai dire, I hypothese selon aquelle eg rag-

ments de I Evangile selon esHebreux doivent etre mis en relation

avec un groupe de chretiens d ascendanceuive vivant en Egypte

n est pas nouvelle. Des 1934,W. Bauer s etait fonde sur leg pas-

sagesde Clement et d Origene oil il est question de cet Evangile

pour affirmer I existence d un christianisme judeo-chretien en

Egypte et il voyait dans I Evangile selon les Egyptiens dont parle

Clement I indice de I existence,ala meme epoque, d un autre cou-

rant chretien, de type encratite et probablement gnosticisantI. En

1992,A. F. J. Klijn a repris la question des Evangiles udeo-chre-

tiens: lui aussia mis en relation I Evangile selon es Hebreux avec

un groupe judeo-chretien d Egypte2. Ce qui est nouveau, en

revanche, c est la suggestionque je voudrais emettre ici et selon

laquelle, grace a Origene, DOUgonnaitrions Ie corpus vetero-tes-

tamentaire des Hebreux. Moyennant ces sourcesalexandrines, l

est possible de reconstituer en partie la theologie et I exegesede

ce courant. La prise en considerationd autres sources,notamment

Jerome, oblige a se demander quels rapports leg Hebreux entre-

tiennent avec eg Nazoreens. Mon idee est qu ils forment un cou-

rant proche des Nazoreens, historiquement et theologiquement,

mais qui ne doit pas etre confondu avec eux, meme si Jerome leg

identifie.

I -L Evangile selon leg H6breux

(TO Ka8 E~paLoUS Eua Y YEAloV)

A -Les temoignagesa ecarter

-Papias, Hegesippe, usebe e Cesaree

Les personnages es plus anciens qui sont associes I Evangile

seton les Hebreux figurent dans I Histoire ecclesiastique Eusebe

de Cesaree: ce sont Papias et Hegesippe.Nous voila bien loin de

l Egypte, puisque Papias,qui a vecudans a premiere moitie du lIe

1. W. BAUER,Rechtgliiubigkeit und Ketzerei im iiltesten Christentum,

Ttibingen, 1934.

2.. A. F. J. KLIJN, Jewish-Christian Gospel Tradition, Leyde, 1992.

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N GROUPE JUDEO-CHREllEN MECONNU: LES HEBREUX

siecle, est ie a la province d Asie et a la cite de Hierapolisen Phry-

gie (HE II 15,2; III 36, 2), tandis qu Hegesippe, celebre pour Ie

sejour qu il a fait a Rome vers 160, est un oriental, probablement

originaire de Syrie-Palestine.Eusebe raconte que, dans son Exe-

gesedesdits du Seigneur,Papias« exposeencore tine autre histoi-

re au sujet d une femme accusee une foule de pechesen presence

du Seigneur que contient l Evangile seton es Hebreux» (HE III

39, 17). A propos d Hegesippe, qui a laisse des Memoriaux

( Y1To~vJ j~aTa),usebe explique qu il« etablit certaineschosesa

partir de l Evangile seton es Hebreux, de l Evangile syriaque et,

d une maniere qui lui estpropre, de la langue hebralque » (HE IV

22,8). II est encore question de l Evangile seton es Hebreux dans

un passageoil Eusebe dresse a liste des ivres du Nouveau Testa-

ment (HE III 25). II distingue trois categoriesde livres: les livres

« reconnus» (b~OAOyou~Eva;insi les quatre Evangiles, es Actes

des Apotres, es Lettres de Paul, les premieres Lettres de Jean et

de Pierre); les ivres «contestes» (aVTl;\Ey6~Eva); nfin, les ivres

attribues aux Apotres dont se servent es heretiques, par exemple

l Evangile de Thomas ou les Actes d Andre. Eusebe qualifie les

livres contestesde« batards» (voea), ansdoute parce que a pater-

nite affirmee par leurs titres est rien moins que silre. II enumere

la Lettre de Jacques, a Lettre de J~de, a SecondeLettre de Pier-

re, les Deuxieme et TroisiemeLettresde Jean, es Actes de Paul, Ie

Pasteur d Hermas, l Apocalypse de Pierre, la Lettre de Bamabe,

les Enseignements esApotres, Apocalypse de Jean, qui fait par-

tie des livres reconnus aux yeux de certains. Eusebe ajoute que,

pour certains, «1 Evangile seton es Hebreux, qu aiment surtout

ceux des Hebreux qui ont re~u e Christ », fait partie de ces ivres

contestes et batards. Apparemment, ces rois passages Eusebe

constituent un argument fort pour dire que l Evangile seton les

Hebreux a circule en Palestine, en Syrie et en Asie et qu il n est

pas ie a l Egypte.

Qu en est-il en fait? Dans la notice qu il consacre aux deux

groupes d Ebionites (HE III 27), Eusebe raconte que Ie second

courant rejette l Apotre, qualifie d « apostat de la Loi », et qu il

se sert du «seul Evangile seton es Hebreux ». Ce texte est decisif

pour ma demonstration: il en ressort que, chez Eusebe, Evangi-

le seton es Hebreux n est rien d autre que l evangile de reference

desEbionites. II n a donc rien a voir avec Evangile en circulation

en Egypte, dont il va etre question dans un instant. C est donc a

cet Evangile ebionite que Papias et Hegesippese referent norma-

lement. Normalement, car il n est pas silr que l expression« Evan-

gile seton les Hebreux» ait toujours Ie meme sens chez Eusebe.

Comment concilier en effet Ie passageque nons venons de voir

avec e passageoil l Evangile seton esHebreux est ange parmi les

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G. DORIVAL

Iivres contestes,mais non heretiques? Eusebe confond peut-etre,

sous e meme nom d' Evangile selon es Hebreux, ' Evangile here-

tique des Ebionites et l' Evangile orthodoxe des Nazoreens. Si

toutefois on accepte d'identifier I' Evangile desHebreux avec ' E-

vangiledesEbionites, une consequencemportante doit etre tiree :

contrairement a ce que I'on affirme souvent, Epiphane n'est pas

Ie seul a nous faire connaitre l' Evangile ebionite. Papias, Hege-

sippeet Eusebe font reference a Iui. De plus, Papiasnous apprend

qu'il contenait une pericope 011l etait questiond'une femme accu-

see d'une foule de peches en presence de Jesus.Ce temoignage

devrait etre ajoute aux sept ragments que nous devonsa Epipha-

fie. Vne demiere precision doit etre apportee : comme tela a sou-

vent ete affirme et comme e I'ai montre ailleurs, la confrontation

entre Origene, Homelie 1 sur Luc 1, et Epiphane, Panarion 30, 13,

2-3, permet d'etablir que Ie veritable titre de I' Evangile desEbio-

nites etait sansdoute Evangile des Douze ou Evangile desDouze

Apotres3. L' Evangile selon esHebreuxd'Eusebe n'est rien d'autre

que cet Evangile-la.

2 -Epiphane de Salamine

Dans Ie Panarion, Epiphane mentionne I' Evangile selon les

Hebreux dans Ia notice 30 consacree aux Ebionites et dans Ia noti-

ce 46 dirigee contre Ies disciples de Tatien. D'apres Ia notice 30,

Ies Ebionites, comme Ies Cerinthiens et Ies Merinthiens, ne recon-

naissent que I' Evangile selon Matthieu, qu'ils appellent« selon Ies

Hebreux ». Epiphane lie cette designation au fait que Matthieu

aurait utilise Ia langue et I'alphabet hebralque (3, 7). Un peu plus

loin (13,1-2), il revient sur cet Evangile selon Matthieu des Ebio-

lites, qu'ils appellent« hebra ique ». II explique qu'il n'est pas com-

plet (OUX OAOV TATlPEaTaTov),ais abatardi et mutile au debut et

Ii. Ia fin (vEvo8EUIiEVOV at 1)KpWTTlPLaaIiEVOV).uivent alors plu-

sieurs citations de I'evangile ebionite (13, 3-8).

Ainsi, chez Epiphane comme chez Eusebe, I' EvanJ5ile selon les

Hebreux designe en fait I' Evangile en usage chez Ies Ebionites. Ce

qui est nouveau chez Epiphane, c'est qu'il met en relation I' Evan-

gile selon les Hebreux avec I' Evangile selon Matthieu. A. F. J. Klijn

a explique cette innovation en disant qu'Epiphane a voulu combi-

ner Ies informations qu illisait chez Irenee et chez Eusebe. En effet,

3. Voir G. DORIVAL, Le regard d'Origene sur les judeo-chretiens, a paraI tre

dans S. C. MIMOUNI, ed., Le Judeo-christianisme ancien dans taus ses etats.

Actes du colloque de Jerusalem, 6-10 juillet 1998.

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UN GROUPE JUDEO-CHREnEN MECONNU : LES HEBREUX

Ie premier explique que Ies Ebionites utilisent exclusivement ' E-

vangile selon Matthieu (Contre les heresies 26, 2), tandis que Ie

second parle de I'utilisation exclusive de l' Evangile selon les

Hebreux (11127,4).Ces deux affirmations sont contradictoires,sauf

si, comme Epiphane, on identifie Ies deux Evangiles.Un autre rai-

sonnement allant dans Ie meme sells a pu etre effectue par Epi-

phane. Dans Ia notice d'Eusebe sur Papias (Histoire ecclesiastique

11139),' Evangile selon esHebreux estmentionne immediatement

apres ' Evangileselon Matthieu,dansdes ermes qui pouvaient nci-

ter a Ies identifier, puisque, selon Eusebe, Papias expliquait ceci

« Donc Matthieu a mis en ordre Ies dits en angue hebralque, tan-

ills que chacun es a traduits comme il etait capable» (III 39, 16).

11 etait evidemment tentant de confondre Ies dits en langue

hebralque de Matthieu avec l' Evangile selon les Hebreux de III

39,17.

Dans Ia notice 46, Epiphane parle de Tatien:« il est dit etre I'au-

tenT du Diatessaron, que certains appellent l' Evangile selon les

Hebreux» (1,9). Cette remarque constitue une indication supple-

mentaire en faveur de Ia polysemie de I'expression Evangile selon

Ies Hebreux , qui designe tantot l' Evangile des Ebionites (Euse-

be, Epiphane), tantot I'Evangile des Nazoreens Eusebe), tantot

I'Evangile de Matthieu en hebreu ou en arameeil (Epiphane). Le

temoignage qui va etre maintenant presente foumit une quatrie-

me signification.

3 -Le Pseudo-CyriUede Jerusalem.

Un demier document qui parle de l' Evangile selon les Hebreux

doit lui aussietre ecarte. 11s'agit d'un passaged'un discours copte

en l'honneur de Marie mere de Dieu, attribue a Cyrille de Jeru-

salem4.Comme ce texte contient une reference a l'Ancoratos d'E-

piphane, ecrit veTS 74, l ne peut revenir a Cyrille, qui a compose

ses euvresveTS 50.T. Orlandi considereque notre texte a ete ecrit

originellement en copte, et non en grec, et qu'il ne peut etre ante-

rieur au Vile siecle. Dans Ie passagequi nous interesse,un moine

dit: «11est ecrit dans ' Evangile selon les Hebreux etc. ». La suite

du passageest en fait Ie resume d'un evangile 011e PeTeconfie Ie

4. Voir E. A. W. BUDGE,The Discourse on Mary Theotokos by Cyril,

Archbishop of Jerusalem,dans MiscellaneousCoptic Texts n the Dialect

of Upper Egypt, Londres, 1915,p. 60 et 637.Une bonne etude de ce texte

figure chez S. C. Mimouni, Le Judeo-christianismeancien. Essais histo-

riques, Paris, 1998,p. 218-219.

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G. DORIVAL

Christ a la grande puissanceceleste, appelee Michel. Cette puis-

sance descend dans Ie monde et est appelee Marie. Au bout de

sept mois, Ie Christ nail. Il grandit, puis il choisit les Apotres, qui

prechent partout a son sujet. Les Juifs se mettent a Ie haIr, par

jalousie et parce qu'il change a tradition de leur Loi.lls Ie livrent

au gouverneur, qui Ie leur remet pour etre crucifie. Finalement, Ie

PeTe 'enleve au ciel aupres de lui. Pour A. F.J. Klijn, cet evangi-

Ie manifeste des tendancesdocetes et peut etre rapproche de l' E-

vangile de Pierre. Il n' est sftrementpas udeo-chretien5.Cette der-

niere affirmation est certainement exacte. D'ou vient alors la

mention de l' Evangileselon esHebreux? Il estpossibleque Ie sou-

venir de cet evangile, dont nollSallons voir qu'il a circuit a Alexan-

drie dans es premiers siecles,se soil maintenu a travers es gene-

rations dans l'Eglise copte. Desireux d'attribuer tine paternite a

un evangile anonyme dont il voulait denoncer les tendances

docetes, e Pseudo-Cyrille aurait tout naturellement utilise ce titre.

Il n'est donc rien d'autre qu'une etiquette commode, qui ne donne

pas d'indication fiable sur Ie contenu reel de l' Evangile selon les

Hebreux.

B -Les auteurs alexandrins

1- Clement d' Alexandrie

L'interet du demier temoignagequi vient d'etre analyse,et ecar-

te, est qu'it fait apparaitre que Ie titre Evangile selon es Hebreux

etait connu en Egypte a date tardive. Ce lien entre l' Evangileselon

les Hebreux et l'Egypte est confirme par les temoignagesqui vont

etre maintenantpresentes.Clement d' Alexandrie cite un fragment

de cet Evangile dans e Deuxieme Stromate,ou, a l'appui de l'idee

que l'etonnement est Ie commencementde la gnose et de la veri-

te, il renvoie au Theetete e Platon. II s'agit d'une allusion a 155d

«<Cet affect appartient bien au philosophe, s'etonner»). Puis Cle-

ment cite un fragment des Traditionsde MaUhias « Etonne-toi des

chosespresentes». C'est alors que vient la citation de notre Evan-

gile: «il est ecrit encore dans ' Evangile selon esHebreux: celui

qui s'etonne sera roi et Ie roi se reposera » (Stromates I, IX 45,

5). Une sentenceproche de celle-ci igure dans e CinquiemeStro-

mate,mais sans ndication de provenance. Le contexte est Ie sui-

vant: Clement reflechit sur a ressemblance e l'homme avec Dieu

5.A. F.J. KLIJN,Op.cit.,p.134-137,ouI'extrait du Pseudo-CyriIIede Jeru-

salemconstitue Ie fragment XLV des evangiIesudeo-chretiens.

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N GROUPE JUDEO-CHREllEN MECONNU: LES HEBREUX

et sur l'assimilation aDieu. 11 ite des extraits du Phedre,du Lysis,

des Lois et du Timee. «A ces passages, it-il, equivalent leg mots

suivants: "11 e cessera as, celui qui cherche,jusqu'ace qu'il trou-

ve. Ayant trouve, il sera stupefait. Stupefait, il sera roi. Roi, il se

reposera"» (StromatesV; XIV 96, 3). Les commentateurs consi-

deTenten generalque Ie fragment du Deuxieme Stromate, u figu-

re l'indication de provenance, est un abrege du fragment anony-

me cite dans e Cinquieme Stromate. Is rapprochent ces extes du

papyrus d'Oxyrhynque 654, ignes 5-9 «<Que celui qui cherchene

cesse as de chercher usqu'a ce qu'il trouve et, lorsqu'il aura trou-

ve, il sera stupefait et stupefait, il sera roi et roi, il se reposera » ,

et du logion 2 de l' Evangile selon Thomas«<Que celui qui cherche

ne cessepas de chercher, usqu'a ce qu'il trouve. Et quand il aura

trouve, il serastupefait. Et, quand il aura ete stupefait, l seraemer-

veille. Et il regnera sur Ie Tout»). A. F. J. Klijn a analysece qu'il

appelle leg quatre versions d'un meme logion. 11a montre que ce

dernier reprenait des themes de la tradition sapientielle juive. 11

l'a rapproche de passages u Siracide,de la Sagesse e Salomon et

de Pillion. 11en a conclu que Ie logion avail ete ecrit en Egypte6.

De fait, Clement d' Alexandrie, Oxyrhynque, I' Evangile de Tho-

mas, a Sagesse, hilon, taus cesnoms inscrivent noire Iogion dans

un contexte alexandrin et egyptien. Cependant, un point Testea

examiner: faut-il parler d'un seullogion ? Les textes du Cinquie-

me Stromate et d'Oxyrhynque soot ires voisins. Celui de l' Evan-

gile de Thomasollie une fin differente ( « l regnera sur Ie Tout »

qui peut etre considereecomme une relecture gnostique du logion

originel. En fait, c'est Ie texte du Deuxieme Stromatequi fait pro-

bleme. 11 orrespondseulementa la fin du texte du CinquiemeStro-

mate,mais avec des differences mportantes : Ie verbe "etre eton-

ne" (eav~a(ElV)au lieu du verbe "etre stupefait" (ea~f3El(Jeal),a

presencede I'article devant Ies participes; Ia particule de liaison

Kat au lieu de BE Ie verbe compose avaTTavElv u lieu du verbe

surcomposeETTavaTTaVElV.n peut se demander si DOUg 'avons

pas affaire a deux logions paralleles, mais differents, appartenant

a deux passages differents de I' Evangile selon les Hebreux7.

6. A. F. J. KLUN, op. cit.,p. 47-51.

7. ChezA. F.J. KLUN, e logion cite par Stromate I constitue Ie fragment

I des 56 fragments de son edition des Evangiies udeo-chretiens. II consi-

dere les textes de Stromate V, d'Oxyrhynque et de l' Evangiie seton Tho-

mas comme des textes paralleles. En revanche, D. A. BERTRAND,ans

Ecrits apocryphes chretiens,Bibliotheque de la Pleiade, Paris, 1997, ra-

duit Ie fragment du Stromate I sous e numero III A et celui du Stroma-

te V ( dont il rapproche es emoignagesd Oxyrhynque et de Thomas)sous

Ie numero IIIB. Cette presentation para t preferable.

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14

G. DORIVAL

2 -Origene 8

Origene est e secondauteur a citer l' Evangile seton esHebreux.

La premiere de cescitations figure dans e Commentairesur Jean,

au ivre II, qui a ete composea Alexandrie, avant e depart d'Ori-

gene pour Cesareede Palestine.

«Si I'on admet I' Evangile seton es Hebreux, oil Ie Sauveur ui-

meme dit: Recemment, ma mere, Ie Saint Esprit, m'a pris par un

de mes cheveux et m'a emporte sur Ia grande montagne du Tha-

bor , on soulevera Ia question de savoir comment I'Esprit saint

qui est advenu par Ie Logos pent etre Ia mere du Christ. Mais il

n'est pas difficile d'interpreter cela de cette fa~on: si celui qui fait

 Ia volonte du Pere dans es cieux est son rere, sa sreuret samere

(Matthieu 12, 50) et si Ie nom de frere du Christ s'applique non

seulementa Ia race humaine,mais encore aux etres plus divins que

cette derniere, Ie fait que I'Esprit saint soit mere ne sera en rien

plus etonnant que tout etre appele mere du Christ parce qu'il fait

Ia volonte du Pere dans es cieux » (II 12).

Souventon arrete l'extrait d'Origene a a fin de a premiere phra-

se, ainsi dans es Ecrits apocrypheschretiensde la Bibliotheque de

la Pleiade. On fait dire alors a Origene Ie contraire de ce qu'il affir-

me. En effet, a se limiter a la premiere phrase, on a Ie sentiment

qu'Origene ecarte 'idee selon aquelle l'Esprit Saint pourrait etre

la mere de Jesus.La lecture de la suite du texte oblige a voir les

chosesdifferemment. Dans la premiere phrase, Origene elimine

l'interpretation obvie du fragment de ' Evangile selon esHebreux,

selon aquelle l'Esprit Saint serait a mere de Jesus,parce que cette

interpretation contredit la saine doctrine, selon aquelle l'Esprit

Saint est advenu par Ie Logos, qui est Ie Christ. Dans la seconde

phrase, l montre qu'en vertu de Matthieu 12,50, peut etre appele

mere de Jesus out etre qui fait la volonte du PeTequi est dans es

cieux. En ce sellS,et en ce sells seulement, 'Esprit Saint est mere

de Jesus.On remarque que, ce faisant, par l'utilisation d'un verset

de Matthieu, Origene donne un sellSorthodoxe a un texte qui, pris

isolement, pourrait etre considerecomme heterodoxe.De la sorte,

Origene reconnait e caractereadmissibled'un Evangile qui ne fait

pourtant pas partie du Canon. Le fait que cet Evangile soit ainsi

reconnu comme acceptablene peut s'expliquer que si Ie courant

qui se reclamaitde lui etait accepteet admisdans 'eglise d' Alexan-

8. Sur es textes d'Origene ici examines,voir G. SGHERRI, hiesae Sina-

gaga nelle operedi Origene, Milan, 1982,p. 44-51.

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UN GROUPE JUDEO-CHRETIEN MECONNU: LES HEBREUX

15

drie. II faut noter encore qu Origene passesons silence a raison

linguistique pour laquelle Jesuspouvait appeler l Esprit Saint sa

mere: c est que l hebreu ou l arameen rftal.test e plus souvent du

genre feminin. Celie remarque est mportante, parce qu elle per-

met d affirmer que l Evangile selon les Hebreux a dft etre redige

en hebreu ou en arameen, au moins en partie. Cela implique que

son lieu de redaction soil la Palestine,d ou il est parvenu ensuite

en Egypte. Enfin, Ie contenD meme de noire verset appelle

quelques observations, sur esquelles l est permis de passer api-

dement, eu egard a l excellent commentaire d A. F.J. Klijn: l idee

qu un etre divin saisit un humain par sescheveuxet emporte dans

les airs figure dans la Septante d Ezechiel 8, 3, ou, comme dans

noire verset, Esprit Saint est celui qui saisit, ainsique dans un epi-

sode de Bel et Ie dragon 5, 36, ou c est ange qui prend. L affirma-

tion selon aquelle l Esprit Saint est Mere est requente dans a lit-

terature chretienne syriaque. Elle pent etre rapprochee de

considerations udeo-hellenistiques sur a Sagesse. a mention du

mont Thabor ne permet pas de sittler noire verset dans a vie de

Jesus.En effet, celie montagne ne figure pas dans es Evangilesdu

Nouveau Testament.Dans les ecrits patristiques, elle est e lieu de

la tentation de Jesus Epiphane,Panarion 51, 7) ou celui de sa rans-

figuration (Pseudo-Origene,Commentaire ur Ie psaume88,13) ou

encore celui de son apparition a sesdisciplesapressa resurrection

(glose marginale a Matthieu 28, 16 dans Ie manuscrit Maywood,

Theological Seminary,Gruber 152, aujourd hui a la Jesuit-Krauss-

McCormick Library de Chicago 9.

Le meme fragment de l Evangile selon es Hebreux figure dans

les Homelies sur JeremieXV, 4, mais sans ndication de provenan-

ce. Origene a prononce ces Homelies sans doute a Cesaree de

Palestine entre 239 et 2421°.11commente Jeremie 15, 10: «Mal-

heur a moi, mere, qui as-tu enfante en moi? ». Origene explique

que ce verset est une prophetie qu on doit appliquer au Sauveur:

9. A. F.J. KLIJN,op. cit., p. 52-55.Le fragment cite par Origene constitue

Ie fragment II de I edition d A. F.J. KLIJN.Ce dernier attribue a Origene

Ie commentaire du psaume88 imprime en PG 12. Mais ces ragments ne

figurent pas dans Ia premiere cha,inepaiestinienne sur Ies psaumes.PIu-

sieurs d entre eux reviennent a Evagre. Sur Ie manuscrit de Maywood,

dans I Illinois, voir J.-M. OLIVIER,Repertoire desbibliothequeset descata-

loguesde manuscrits grecs,Turnhout, 1995,p. 525.

10. Voir P. NAUTIN,Origene. Sa vie et son lEuvre,Paris, 1977,p. 403-405,

411.

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G. DORIVAL

« De quelle mere parle-t-il? Parmi les femmes, ne peut-il pas

parler et de son ame et de Marie? Mais si on re~oit Ie verset

 Recemment, ma mere, Ie Saint Esprit, m'a pris et m'a emporte

vers la haute montagne du Thabor etc , on peut voir qui est sa

mere. »

Ainsi, pour Origene, la mere it laquelle s'adresseJesus,prefi-

gure par Jeremie,est soit 'ame de Jesus,qui a souffert au moment

de la Passion, soit Marie, qui a souffert au moment de la mort de

son Fils, soit encore Ie Saint Esprit. En quel sens e Saint Esprit

est-ilIa mere de Jesus? Origene ne Ie dit pas, pas plus qu'il n'in-

dique l'origine du verset qu'il cite. II faut noter que ce verset ne

jouit pas, aux yeuxd'Origene, d'une autorite ncontestable.Comme

dans l'extrait du Commentairesur Jean, l est simplement admis-

sible.

La troisieme, et derniere, reference origenienne a l' Evangile

seton esHebreux igure dans e Commentaire ur Matthieu XV, 14.

Ce Commentaire a ete compose veTS 49 a Cesareede Palestine.

Origene explique la pericope dujeune homme fiche (Matthieu 19,

16-24).11 emarque que Ie verset 19, qui est une citation du Levi-

rique 19, 18 «<Tu aimeras ton prochain comme toi-meme»), est

absentdesrecits paralleles de Marc et de Luc. La question sepose

donc de savoir s'il s'agit d'une parole authentique de Jesus.

«n est ecrit dans un Evangile qui est dit selon es Hebreux (si

cependant on convient de Ie recevoir non a titre d'autorite, mais

a titre d'eclaircissementde la question posee) Un autre parmi

les riches, est-il dit, lui dit: 'Maitre, quel bien dois-je faire pour

vivre?' nlui dit: 'Homme, fills la Loi et es Prophetes.' nlui repon-

dit: 'Je l'ai fait.' nlui dit: 'Va, vends tout ce que tu posse es et

partage-le parmi les pauvres, et viens, suis-moi.' Or Ie riche com-

men~aa se gratter la tete et cela ne lui plut pas. Et Ie Seigneur ui

dit: 'Pourquoi dis-tu : J'ai fait la Loi et les Prophetes? En effet il

est ecrit dans a Loi : tu aimeras on prochain comme oi-meme, et

voici que sont nombreux tes freres fils d' Abraham qui sont VelDS

d'excrements, mourant de faim, et ta maison est pleine de nom-

breux biens, et rien du tout ne sort d'elle veTS ux.' Et se tournant

veTSSimon son disciple assispres de lui, illui dit: 'Simon, fils de

Jonas, il est plus facile a un chameau d'entrer par Ie chas d'une

aiguille qu'a un riche dans e royaume des cieux'. Donc il estvrai

que Ie riche n'a pas accompli Ie commandement: tu aimeras ton

prochain comme oi-meme, lui qui a meprise beaucoupde pauvres

et ne leur a distribue aucune de ses si glandes richesses.En effet

il est mpossible de remplir Ie commandementqui dit : tu aimeras

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N GROUPE JUDEO-CHRE11ENMECONNU: LES HEBREUX

ton prochain comme toi-meme, et d etre fiche et surtout d avoir

de si grandespossessions.

Ce fragment de l Evangile selon es Hebreux «<Un autre parmi

les riches (...) dans e royaume des cieux » afire un theme carac-

teristique du udeo-christianisme, celui de l observancede la Loi,

la ou les trois synoptiques parlent seulement de celIe des com-

mandements EVTOAal.11 offre l originalite de nous aire connaitre

la pericope du eune homme fiche dans une redaction ou il y avait

au mains deux riches. ci, c est e deuxieme eune homme fiche qui

interroge Jesus.Nous ignorons les propos que tenait avant lui Ie

premier. Peut-etre n etaient-ils guere differents de ceux dujeune

homme fiche de Matthieu. Toutefois, la pericope devait s achever

avec e depart du premier riche, sans e commentaire de Jesusqui

suit (Matthieu 19,23-24).En effet, ce commentaire,ou figure l ima-

ge du chameau et du chas de l aiguille, rappelle Ie commentaire

que fait Jesusdans Evangileselon esHebreux.11est peu probable

que ce demier ait prete a Jesus es memes paroles a propos de

chaque fiche. Pour Origene, ce qui faitla fine pointe de l extrait

tire de l Evangile selon es Hebreux, c est qu il cite Ie commande-

ment de l amour du prochain. Certes, cet Evangile n est pas cano-

nique, mais, comme extrait corrobore Ie temoignagede Matthieu

sur la presence du commandement d amour, il petit etre utilise

pour affirmer que Jesusa bel et bien prononce Ie commandement

de Levitique 19, 18 et par voie de consequencepour preferer Ie

recit de Matthieu a ceux de Marc et de Luc.

A ce moment de l analyse, il faut indiquer que l ensemble du

passagequi vient d etre cite ne figure pas dans Ie texte grec du

Commentairesur Matthieu,mais seulementdanssa traduction ati-

ne. C est la raison pour laquelle on refuse souventde l attribuer a

Origene. On propose d y voir une interpolation du traducteur et

du reviseur atin. On parle d un Pseudo-Origenell. A. F.J. Klijn a

argumente en detail contre l authenticite du texte: selon ui, Ori-

gene est d avis que Ie commandementde l amour du prochain est

une addition dont la presence peut s expliquer par une faute de

copie. Origene rapproche alors e casde Matthieu des additions et

des omissionsde la Septante par rapport a l hebreu. Faisant sans

11. Voir W. SCHNEEMELCHER,ew Testament pocrypha I. Gospelsand

Related Writings, traduction anglaise de R. McL. WILSON,Cambridge,

1991,p. 137; A. F. J. KLUN, op.cit.,p. 8 n. 19,56-60 (l extrait constitue Ie

fragment III des Evangiles udeo-chretiens); Ecrits apocryphes chretiens,

p.442 (D. A. BERTRAND).

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G. DORIVAL

doute allusion aux Hexaples, il signale qu'il a mis des asterisques

devant leg unes et des obeles devant leg autres, de sorte que Ie lec-

tenT est libre d'accepter ou de rejeter leg versets pourvus de ces

signes. A. F. Klijn note que cette derniere precision ne figure pas

dans la traduction latine, qui offre leg mots suivants : «Mais dans

leg exemplaires du Nouveau Testament,je n'ai pas pense pouvoir

faire cela sans danger ».11 estime qu'ainsi la traduction fait dire a

Origene Ie contraire de sa pensee, qui est de faire appel ala liber-

te du lecteur. Or c'est a ce moment-la qu'est cite l'Evangile selon

les H~breux. Tout Ie passage doit donc etre attribue au traducteur

latin12. Je ne suis pas convaincu par ce proces en inauthenticite. La

maniere meme dont est introduit Ie fragment de l' Evangile selon

les H~breux, notamment la consideration sur Ie caractere non impe-

latif, mais seulement illustratif, de cet Evangile, rappelle leg pas-

sages du Commentaire sur Jean et de l' Homelie 15 sur J~r~mie affir-

mant Ie caractere simplement admissible des versets qui en

proviennent. Ensuite, Ie commentaire qui suit Ie fragment est bien

dans la maniere d'Origene. Enfin, l'argumentation d' A. F. J. Klijn

n'emporte pas l'adhesion. En realite, Origene n'est pas d'avis que

Ie verset de Matthieu soit une addition. 11donne d'abord la paro-

le a ceux qui sont de cet avis et il developpe leur argumentation.

11donne ensuite la parole a ceux qui sont de l'avis contraire et c'est

avec leur argumentation que se termine, dans Ie texte grec, l'ana-

lyse d'Origene. Cette maniere meme d'ordonner la matiere va plu-

tot a l'appui de l'idee qu'Origene est au fond favorable a l'au-

thenticite du verset mattheen. De plus, la phrase sur les

exemplaires du Nouveau Testament n'a pas la portee que lui attri-

hue A. F. J. Klijn. Origene affirme simplement qu'il n'a pas repro-

duit leg asterisques et leg obeles de l' Ancien Testament dans leg

exemplaires du Nouveau, ce qui est conforme a la verite histo-

rique: Origene n'a pas presente leg Synoptiques ala maniere des

Hexaples, sons forme de colonnes paralleles avec des signes cri-

tiques. De plus, il est utile de citer leg mots qui suivent la phrase

incriminee par A. F. J. Klijn et qui precedent immediatement l'ex-

trait oil figure Ie fragment de l' Evangile selon les H~breux : « Seu-

lement j'ai estime qu'il n'etait pas contraire a la raison de devoir

exposer leg soup~ons, ainsi que leg raisons et leg causes des soup-

~ons, attendu que dans ce passage il est dit: tu aimeras ton pro-

chain comme toi-meme , puisque cela ne se trouve pas chez Marc

et Luc. Mais que ceux qui Ie peuvent jugent si ce que nons traitons

est vrai ou faux ». Les soup~ons sont evidemment ceux des parti-

12. A. F. J. KLUN. OD.cit.. D. 24-25.

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UN GROUPE JUDEO-CHRETIEN MECONNU : LES HEBREUX

sansde l'inauthenticite du versetmattheen, a qui Origene vient de

ceder longuement la parole. Celie phrase, comme la precedente,

est bien dans a continuite du texte origenien. Quant a la chute de

la phrase, qui remet aUK ens competents e soin de decider a veri-

te ou la faussetede l'argumentation presentee,elle est bien dans

la maniere d'Origene.

Les partisans de I'inauthenticite du texte d'Origene sont genes

par la mention de I' Evangile selon les Hebreux.A.I;. J. Klijn fait

remarquer que ce dernier n'a pas circule hOTS 'Egypte. 11en

conclut qu'il s'agit d'un fragment de I' Evangile des Nazoreens13.

La remarque tombe d'elle-meme si, comme e Ie crois, Ie texte est

bien d'Origene. Un autre argument a ete utilise contre I'apparte-

nance de I'extrait a I' Evangile selon esHebreux: la mise en valeur

de Simonqualifie de « disciple » du Seigneur, e qui evoque e frag-

ment 15a de I' Evangile selon les Nazareens,0\1 Simon est egale-

ment appele «disciple » de Jesus14. n fait, ce fragment provient

du Contre les Pelagiens II 2 de Jerome, 0\1 l est explicitement

attribue a I' Evangile selon esHebreux.11estvrai que cet argument

est loin d'etre decisif, puisque Jerome attribue souvent a I' Evan-

gile selon es Hebreux des fragments qui se rattachent en realite a

I' Evangile desNazoreens.11existe toutefois un argument fort en

faveur de I'appartenance du fragment cite par Origene a I' Evan-

gile selon esHebreux: Simon y est« fils de Jonas », alors que dans

l'Evangile des Nazoreens, l est dit «fils de Jean »15.Des JOTS,

puisque Ie fragment donne par Origene fait de Simon a la fois Ie

fils de Jonas et Ie disciple de Jesus,on peut penserque tout frag-

ment qui contient une de res deux ndications provient de I' Evan-

gile selon esHebreux ce serait notamment e cas du fragment cite

par Jerome dont il a ete question a 'instant.11 ne faut plus Ie rat-

tacher a I' Evangile selon es Nazoreens.

13. A. F.J. KLIJN,op. cit.,p. 31. Meme opinion dans es Ecrits apocryphes

chretiens,oul'extrait constitue Ie fragment XVI de I' Evangile des Naza-

reens.

14. Ce fragment est e n° XXIV de l'edition d'A. F.J. KLIJN.

15. Voir fragment 14 Schneemelcher = fragm,ent XXXIV de l'edition

d'A. F.J. KLIJN. i estprecedede l'indication « 'Evangile uda ique». Cette

indication figure a treize reprises dans les marges de cinq manuscrits

des Evangiles ecrits entre Ie IX et Ie XIII siecles.Elle precede des rag-

ments qui appartiennent tous a I' Evangile des Nazoreens. Voir

A. F. J. KLIJN,op. cit., p. 25.

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G. DORIVAL

3 -Didyme

Le demier auteur qui nous fait connaitre un fragment de l E-

vangileselon esHebreux estDidyme d Alexandrie. Dans Ie Com-

mentaire sur les Psaumes etrouve a Toura, Didyme commente Ie

titre du Psaume33 (TM 34), oil il est question de David et du roi

de Geth, Abimelekh. Didyme note que, dans 2 Regnes,Abime-

lekh est appele Ankhous. C est l occasion pour lui de s interesser

aux noms doubles presents dans les Ecritures : Ie beau-peTede

MoIse s appelle Jothor et Ragouel; Thomas est appele aussiDidy-

me. Voici la suite du texte :

« I semble que, dans Evangile seton Luc, Matthieu soil appe-

Ie Levi. Mais ce n est pas ui, mais celui qui a ete etabli a la place

de Juda; Matthias et Levi sont un seul, un nom double. Cela appa-

rail clairement dans l Evangile seton les Hebreux »16.Didyme

revient alors a Abimelekh et Ankhous.

Didyme souleve Ie probleme suivant: Ie Matthieu doni il est

question en Matthieu 9, 9-12, doit-il etre identifie avec e Levi doni

parle Luc 5, 27-32? Tous deux sont assisa la perception et Jesus

leur dit: «Suis-moi ». En general, les auteurs patristiques les

confondent. Ce n est pas avis de Didyme, pour qui Ie Levi de Luc

n a rien a voir avec Ie Matthieu de Matthieu, mais est Matthias,

doni il est question en Actes 1, 23-26, et qui est tire au sort pour

remplacer Judas. Pour faire cette identification, Didyme s appuie

sur Evangile seton es Hebreux,sansmalheureusementproposer

une citation explicite. On peut peut-etre imaginer que, dans cet

Evangile,dans episode de l appel de Levi, il y avail une formule

du type «Levi alias Matthias ». On remarque que Didyme utilise

l Evangile seton les Hebreux comme Origene Ie faisait, pour

resoudreune difficulte de type exegetique.C est dire qu a sesyeux,

cet Evangile offre un caractere admissible.

Si on recapitule es renseignements ue l on peut tiTerdes rag-

ments cites par Clement, Origene et Didyme, on dira ceci:

l Evangile selon les Hebreux a d abord ete redige, au moins par-

tiellement, en hebreu ou en arameen,dans une region proche de

Jerusalem.11 ensuiteete traduit engrec. 11est alors en usagedans

un groupe qui vit en Egypte, sansdoute a Alexandrie. Ce groupe

16. Ce fragment est absent chezSchneemeicher. constitue Ie fragment

XIII de l edition d A. F.J. KwN et Ie fragment VII des Ecrits apocryphes

chretiens.

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N GROUPE JUDEO-CHREnEN MECONNU: LES HEBREUX

fait partie de la Grande Eglise, puisque l' Evangile en question,

sans etre considere comme appartenant au Canon du Nouveau

Testament, est regarde comme admissible, notamment quand il

s'agit de resoudredesdifficultes exegetiques. e courant dont nous

parlons considerait l'Esprit Saint comme la mere de Jesus,sans

que cela mplique forcement une pneumatologie deviante. l insis-

tait sur a pauvrete et se mefiait des riches.

II -L' Ancien Testament selon les Hebreux

(Ka8' 'E~palOU5')

C'est Origene qui nous e fait connaitre dans un passage elebre,

qui, selonmoi, n'a pas 6te nterprete correctement. On y voit gene-

ralementune description du Canonjuif de a Bible, alors qu'i s'agit

des livres de l' Ancien Testament en usage chez es H6breux. Le

passagenous est transmis par Eusebe, qui raconte qu'Origene,

dans son explication du psaume 1, «a fait l'expose du catalogue

desEcritures sacrees e l' Ancien Testament». SelonEusebe,Ori-

gene ecrit litteralement ceci

« 11 e faut pas gnorer que les ivres testamentaires ont, comme

leg H6breux Ie transmettent, vingt-deux, autant que Ie nombre des

lettres chezeux )). Eusebe signale alors qu'il omet quelques mots

ou quelques phrases d'Origene, puis Ie cite de nouveau: «Voici

les vingt-deux livres selon eg H6breux:

-Ie livre qui a pour titre cheznons Genese,mais chez eg H6breux

d'apres Ie commencementdu livre Bresith, c'est-a-dire "en com-

mencement",

-Exode, Ouellesmoth, c'est-a-dire "voila leg noms",

-Levitique, Ouikra, "et il appela",

-Nombres, Ammesphekodeim,

-Deuteronome, Elleaddebareim, "voici leg paroles",

-lesus fils de Naue, osouebennoun,

-luges, Ruth, chez eux en un, Sophteim,

-Regnes 1-2, chezeux un, Samouel,"I'appeI6 de Dieu",

-Regnes 3-4, en un, OuammelkhDavid, c'est-a-dire "regne de

David",

-Paralipomenes 1-2, en un, Dabreiamein, c'est-a-dire "paroles

des ours",

-Esdras 1-2, en un, Ezra, c'est-a-dire "secourable",

-Livre des Psaumes,Spharthelleim,

-Proverbes de Salomon,Meloth,

-Ecclesiaste,Koelth,

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G.DORIVAL

-Cantique des cantiques (et non, comme certains Ie pensent,

Cantiquesdes cantiques),Sirassireim,

-Esai e, essia,

-J eremieavec Lamentations et la Lettre en un, Ieremia,

-Daniel, Daniel,

-Ezechiel, Iezekiel,

-Job, lob,

-Esther, Esther.

Or, en dehors de ceux-ci, il y ales Maccabai ques,ui ont pour

titre Sarbethsabanaiel» (Histoire ecclesiastique VI 25, 1-2).

Ce passage ecessitequelqueseclaircissements.Origene donne

chaque ivre de l' Ancien Testamentd'abord selon son titre grec,

puis selon son titre hebralque, qui, Ie cas echeant, est traduit en

grec. Toutefois, ne sont pas traduits les titres hebralques des

Nombres,de lesus, de luges et Ruth, ainsi que de tous les livres a

partir des Psaumes.Les titres grecs sont conformes a ceux de la

Septante.On n'a pas de mal a reconnaitre dans a plupart des itres

hebralques des titres proches de ceux de la Bible massoretique,

souvent meme dentiques a eux :

-Bresith pour Ber6 ' shit.

-Ouellesmoth correspond a We' eleh shemoth, qui forment les

trois premiers mots de l' Exode. Le titre est souvent reduit au der-

nier de res mots, Shemoth.

-Ouikra pour Wayyiqra.

-Elleaddebareim transcrit ' 6leh hadebarim, qui sont les trois

premiers mots du Deuteronome.Le titre massoretiqueest souvent

reduit au troisieme de cesmots, Debarlm.

-Iosouebennoun pour Yehoshua' bin-nun, Josue ils de Nun ,

qui figure en Josue 1. Le titre massoretique est Yehoshua '.

-Sophteim est e mot hebreu qui signifie juges . II figure pour

la premiere fois en luges 2, 16, et il est effectivement Ie titre du

livre des uges.

-Samuel, en hebreu Shemu el, figure pour la premiere fois en

1 Regnes ,20 et donne effectivementson itre hebreual-2 Regnes.

-OuammelkhDauid est a transcription grecque du debut de 3

RegnesWehamelek Dauid. Contrairement a ce que dit Origene,

ces mots ne signifient pas Regne de David , mais Et Ie roi

David . Le titre massoretique est en realite Melaklm, qui signifie

 Rois .

-Dabreiamein est a transcription du debut des Paralipomenes

Dibrey hayomim, paroles des ours , qui forment Ie titre masso-

retique de ce livre.

-Ezra, qui signifie bien secourable , est Ie titre massoretique

du livre d' Esdras.

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N GROUPE JUDEO-CHRETIEN MECONNU : LES HEBREUX

-Spharthelleim est a transcription de l'hebreu SeperTehillim,

"Livre des Psaumes",qui est Ie titre massoretique.

-Koelth transcrit l'hebreu Qoheleth, qui figure au v. 1 de l' Ec-

clesiasteet qui est effectivement Ie titre massoretique.

-Sirassireim est a transcription de l'h6breu Shir hashshirim.Ces

mots, qui figurent au debut du texte, signifient "cantique des can-

tiques" et sont Ie titre massoretique.

-leg titres suivants,d' essiaa Esther, sont a transcriptiongrecque

des titres hebreux. Toutefois, dans la Bible massoretique, leg

Lamentations ne sont pas jointes a Jeremie et portent Ie titre

d"eykiih ou de qinot.

Seules deux transcriptions font probleme :

-Ammesphekodeim pour Nombres. En fait, on n'a pas de mal

a reconnaitre ici la transcription de Homesh happiqqudim, litte-

ralement "Cinquieme des recensements",qui est un titre atteste

par la tradition rabbinique pour legNombres. Le mot "cinquieme"

estsynonymede "livre", puisque e Pentateuque, ait de cinq livres,

comprend cinq cinquiemes.

-Meloth pour Proverbes.Le titre massoretiqueestmisWey,plu-

riel construit de mashal,"proverbes". Le pluriel absolu estmesha-

lim, jamais meshaloth. Voila pourquoi corriger meloth en mesloth

ne s'impose pas. Faut-il songer au pluriel du substantif feminin

millah, mot, discours ? Mais ce pluriel a une forme masculine,mil-

lim ou millin. Faut-il proposer ma' aloth, qui figure dans quinze

titres de psaumes (Psaumes119-133): shir ma' aloth, psaume des

montees ou des degres. Mais ce titre est peu satisfaisantpour Ie

gens,meme si, en Ezechiel 11, 5, ce terme designe eg penseesqui

montent a l'esprit d'Israel.

Amsi, a I'exception de meloth, les itres hebreuxdonnespar Ori-

gene, ou bien sont connuspar la tradition rabbinique, ou bien sont

identiques a ceux de la Bible massoretique.

Les vingt-deux Iivres de l' Ancien Testamentdecrit par Origene

ne soot que vingt-et-un. Les manuscrits qui font connaitre Ie texte

d'Eusebe ont omis Ie Dodecapropheton. Mais Ie texte originel

contenait ce livre, comme Ie montre Ie fait que la traduction de

I' Histoire ecclesiastique ar Rutin offre ce livre entre Ie Cantique

descantiqueset Esai"e. e meme ivre, a la meme place, igure dans

la liste que propose Epiphane de Salamine, dans son Traite des

mesureset despoids, avec e titre hebreu en transcription grecque

dathariasara, oil il faut sansdoute reconnaitre Ie titre arameendu

Dodecapropheton : terey , ashsar.Le titre massoretique est she-

oem 'ashsar.C'est ce titre hebreu qui figurait sansdoute chez Ori-

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G.DORIVAL

gene, plutot que Ie titre arameen, puisque les autres titles de la

liste sonthebreux.

Pour Ie sujet que je traite, il est essentielde remarquer que Ie

cataloguedes Hebreux n est pas dentique a celui de la Bible mas-

soretique. On note d abord que Ruth ne fait qu un avec uges, alors

que, dans a Bible massoretique, uges fait partie desProphetes et

Ruth des Ecrits. De lameme fa~on, Ie livre des Lamentationsne

fait qu un avec1 eremie,alors que Ie premier appartient aux Ecrits

dans a Bible massoretique, et Ie second aux Prophetes. Chez es

Hebreux, la Lettre de Jeremie est ointe a leremie et aux Lamen-

tations,alorsqu elle estabsentedans e Canonmassoretique.Enfin,

il est question d Esdras1 et 2: il est difficile qu Esdras1 renvoie

a Esdras de la Bible massoretique, et Esdras2 a Nehemie, etant

donne que 2 Esdras de la Septante designe ensemble constitue

par Esdraset Nehemie.Sansque cela soit sur, l estpossiblequ Es-

dras1 et 2 correspondent a 1 Esdras et 2 Esdras de la Septante.

A partir de Paralipomenes, ordre des ivres selon es H6breux

differe de celui de a Bible massor6tique.Or, cet ordre ne seretrou-

ve dansaucuneautre iste donnant es ivres bibliques ni dans aucun

des manuscrits de la Septante. Celui qui s en rapproche Ie plus est

celui du Vaticanus: es deux ordres sont dentiques jusqu au Can-

rique des cantiques,mais different a partir du Dodecapropheton.

La liste des H6breux estdonc ordonn6e de maniere originale. Cela

signifie qu Origene n est pas l auteur de l ordre des livres de la

Bible des H6breux. II n a pas projet6 sur cet Ancien Testament

l ordre de la Septante a sa disposition. II reproduit probablement

l ordre meme de la Bible des H6breux. Or, par rapport a la Bible

massor6tique qui fait se succ6der es Prophetes et les Ecrits, cet

ordre offre l originalit6 de meler les livres des Prophetes avec es

Ecrits, comme Ie montre Ie tableau suivant, ou Ie titre de chaque

livre est suivi de la lettre P pour Prophetes et E pour Ecrits :

JesusP

JugesP, Ruth E

Regnes1-2 P

Regnes3-4 P

Paralipomenes1-2 E

Esdras1 absentde la Bible massor6tique,Esdras2 E

PsaumesE

Proverbes E

EcclesiasteE

CantiqueE,

DodecaprophetonP

Esaie P

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N GROUPE JUDEO-CHRETIEN MECONNU: LES HEBREUX

1 eremieP, LamentationsE, Lettre absente

Daniel E

Ezechiel P

lobE

Esther E.

Ce melangeentre Prophetes et Ecrits correspond probablement

a un Ancien Testament qui ne faisait pas la distinction entre les

Prophetes et les Ecrits. Par Ie prologue du Siracide,nons savons

que cette distinction est apparue dans Ie judaYsmeun pen avant

117 avant notre ere. Mais rien ne prouve qu elle se soit generali-

see rapidement a tout Ie udaYsme. a Bible des Hebreux pent etre

l heritiere d un courant juif qui n acceptait pas de faire cette dis-

tinction. Nous savons d ailleurs qu elle n allait pas sansposer des

difficultes : a Qumran, Daniel fait partie des Prophetes; la tradi-

tion rabbinique affinne que Samuelest auteur de uges et de Ruth,

Jeremie celli du livre qui porte son nom, des Rois et des Lamen-

tations (Talmud de Babylone, Baba Batra 14b-15a).

Une demiere remarque nous aidera a preciser en quoi la Bible

selon es Hebreux differe du Canon massoretique,Selon Origene

rapportant la tradition des Hebreux, «hors » des vingt-deux ivres

qu il vient d enumerer, figurent les Maccabai ques, ont Ie nom

hebralque est Sarbethsabanaiel.Ce titre a fait collier beaucoup

d encre. n faut probablement corriger sar en sphar,qui figure dans

Ie titre des Psaumes donne plus haut, sphartehilleim, et com-

prendre: Livre de la maisonde Sabanaiel,Sabanaiel,qui n estpas

connupar ailleurs, etant peut-etre Ie nom d un ancetre des Mac-

cabees.Si l on admet a correction de sar en sphar,on conclura que

Ie titre de Maccabai ques e s applique qu a un seullivre, tres pro-

bablement1 Maccabees e la Septante.Les specialistessont d ac-

cord pour dire que ce livre a ete ecrit en hebreu et admettent, en

revanche,que 2 Maccabees ete redige directement en grec. Aux

yeux des Hebreux, 1 Maccabees e fait pas partie des ivres « es-

tamentaires». Cela ne signifie pas qu ils l ecartent, puisqu ils pren-

Dent soin de Ie signaler.n a probablement un statut intermediaire

entre les livres testamentaireset les livres apocryphes.n fait par-

tie de ces ivres qu Athanase appellera au lye siecle «les autres

livres» (Judith, Tobit, Sagesse, iracide)et qui formeront plus tard

les deuterocanoniques.A la lecture du passage Origene, on a Ie

sentimentque 1 Maccabees , auxyeux desHebreux, un statut voi-

sin de celui de l Evangile seton es Hebreux aux yeux de l Alexan-

drin : ts forment deux extes non canoniques,mais acceptables.Ce

trait seulsuffit a distinguer es Hebreux des abbins Dullepart ceux-

ci ne considerent a litterature maccabeennecomme admissible.

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G.DORIVAL

Ainsi, ce n'est nullement la Bible des rabbins qu'Origene pre-

tend decrire dans son Commentairesur Ie psaume1. II vise en fait

I' Ancien Testament auquel se referent les Hebreux et qui offre

plusieursdifferencesavecce qui deviendra a Bible massoretique

les Ecrits ne sont pas encore distingues des Prophetes; Ruth et

luges ne font qu'un, de me-me ue Lamentationset leremie; ce der-

nier livre comprend aussi a Lettre de Jeremie, absentede la Bible

massoretique; Esdras n'est pas encore divise en Esdras et Nehe-

mie; 1 Esdrascorrespond probablement a 1 Esdrasde la Septan-

te, tandis que 2 Esdras regroupe Esdras et Nehemiede la Bible

massoretique; entin, 1 Maccabees, ans aire partie du Canon des

Hebreux, n'est pas rejete.

On voit ou je veux en veniT. Ames yeux, les He:breux qui ont

renseigne: Origene sur leurs livres intertestamentaires sont les

memes que ceux doni Origene cite I' Evangile. Evidemment, Ori-

gene ne Ie dit pas explicitement. Mais il faut remarquer qu'il

emploie des tours paralleles pour parler des He:breux de I' Ancien

Testament et des He:breux du Nouveau Testament. lis sont tou-

jours de:signe:s par Ie substantif de:pourvu de I'article: 'E~palOl. Les

vingt-deux livres de l' Ancien Testament sont Ka6 E~paLOVS'.Leur

Evangile est appele:: TO Ka6 E~paLOVS'EOOYYEAtOV. ien, au niveau

de la terminologie, n'indique que nous ayons affaire a deux cate:-

gories diffe:rentes d'He:breux. C'est Ie moment de citer I'adage

scholastique : entia non sunt multiplicanda praeter necessitatem.

Dans Ie fond, c'est a ceux qui sont partisans de distinguer des

He:breux de deux types d'en faire la de:monstration. Quant a I'ab-

sence d'article, elle signifie peut-etre qu'aux yeux des citateurs

patristiques, ces He:breux ne forment pas la totalite: des He:breux,

mais seulement un groupe parmi les He:breux : ce sont des He:breux

parmi d'autres, qui se distingueraient des autres He:breux par leur

Ancien et leur Nouveau Testaments.

III -Le groupe des Hebreux

En dehors des citations de I' Evangile seton es Hebreux et de Ia

description de leur Ancien Testament, Ies Peres parlent-ils des

Hebreux? II serait necessairede mener une enquete exhaustive

chez es ecrivains des trois premiers siecles et d'analyser tous Ies

passages 11igure Ie mot' Ef3palol au singulier ou au plurieI, en

ayantsanscesse resentea I'esprit I'idee que I'expressionpeut tan-

tot designerdes Juifs tantot des Juifs chretiens. Je me Iimiterai ici

a Origene, dont il est sur qu'il constitue,et de tres loin, notre prin-

cipale source d'information. Mon idee estque Ies Hebreux dont il

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N GROUPE JUDEO-CHREnEN MECONNU: LES HEBREUX

est question chez Iui doivent etre parfois identifies aux Hebreux

de l' Evangile selon es Hebreux et aux Hebreux dont Ie Canon de

l' Ancien Testament comporte vingt-deux Iivres, plus un livre en

dehors du Canon, 1 Maccabees.

Cependant,chez Origene, Ie teTllle d'Hebreu, au singulier ou au

pluriel, designeparfois des Juifs adeptesdu udaisme.Par exemple,

dans a Lettre Ii Africanus, qui date des demieres anneesde la vie

d'Origene, celui-ci raconte qu'il a rencontre plusieurs Hebreux

pour leur demander leur opinion sur l'histoire de Suzanne.L'un

d'eux estappelechez eg Hebreux« fils de sage »:«eleve pour suc-

ceder a son peTe», il est, semble-i-ii, un rabbin. Quant aux autres

Hebreux qu'Origene a consultesa ce moment-la pour leur connais-

sancede la langue hebraique et des raditions d'interpretation de

la Bible, il n'est pas impossible qu'ils soient chretiens, mais leur

appartenance au udaisme parmi plus probable et est admise par

leg specialistesd'Origene.

A l'inverse, les Hebreux d'Origene sont parfois des chretiens:

dans Ie fragment 3 sur les Lamentations, il explique que «les

Hebreux (sans article) disent que es ivres de l' Ancien Testament

sont en nombre egal aux ettres, de telle sorte qu'its sont une ntro-

duction a la connaissance omplete de Dieu, comme es lettres Ie

sont a la sagesse omplete pour ceux qui apprennent ». Ce frag-

ment doit etre rapproche du Commentairesur Ie psaume1 cite par

Eusebe, ou figure Ie meme theme des vingt-deux livres de l' An-

cien Testamentet desvingt-deux ettres de l'alphabet hebreu.L'ap-

port original du fragment sur les Lamentations est 'idee que, de

meme que l'apprentissage des ettres constitue un preliminaire a

la connaissance e la sophia,de meme ' Ancien Testamentestune

introduction a la connaissancede Dieu. La question qui se pose

est la suivante : cette idee est-elle celle des Hebreux? N'est-elle

pas plutot tine idee d'Origene exploitant tine tradition juive? En

ce cas, es Hebreux pourraient etre desJuifs adeptesdu udalsme :

ils auraient simplementrapproche Ie nombre des ivres de a Bible

du nombre des lettres hebraiques. L'expression d' Ancien Testa-

ment au lieu de Bible serait a attribuer a Origene, tout comme Ie

theme des ettres et de l' Ancien Testamentcon~us omme despre-

liminaires a la sagesse t a la connaissancede Dieu. En fait, tine

telle recriture d'une tradition juive par Origene parait peu pro-

bable et surtout difficile a demontrer. De plus, a l'epoque d'Ori-

Igene,a tradition juive sur Ie nombre de livres de la Bible parle de

vingt-quatre livres, ce qui interdit tout rapprochement avec Ie

nombre de lettres de l'alphabet hebraique.11semble donc que leg

Hebreux dont il est question ici soient bel et bien des chretiens.

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Un texte d'Origene, de:cisifpour mon propos, montre qu'a ses

yeux, les He:breux sont tantot des Juifs adeptes du udaisme, tan-

tot des Juifs chretiens. Dans un fragment connu par les chaines,

Origene commente Ezechiel 9, 3-4: «Et la gloire du Dieu monta

depuis es Kheroubim, elle qui se trouvait sur eux, en direction de

la cour de la maison. Et il appela 'homme revetujusqu'aux pieds,

qui avait sur ses reins la ceinture. Et il dit: Passe au milieu de

Jerusalemet donne un signe sur es fronts deshommes qui gemis-

sent et souffrent a causedes niquites survenuesau milieu d'elles ».

Origene donne Ie texte de la Septante «<Donne un signe sur les

fronts »), puis la version d' Aquila et de Theodotion «<Signe du

Taw sur es fronts » . II ajoute ceci

«Nous nOllS ommes nforme aupres des Hebreux pour savoir

s'ils pouvaient dire quelque enseignementde leurs Peres au sujet

du Taw et nollSavons appris ceci l'un disait que Ie Taw, parmi leg

vingt-deux ettres qui existent chez eg Hebreux, est a derniere en

ce qui regarde 'ordre que eg ettres ont chezeux; donc a derniere

lettre a ete prise pour presenter a perfection de ceux qui, a cause

de la vertu en eux, gemissentet souffrent pour leg autes commises

parmi Ie peuple et qui compatissentavec eg transgresseurs e la

la Loi. Un deuxieme disait que Ie Taw etait Ie symbole de ceux qui

observent a Loi, etant donne que a Loi chez eg H6breux estappe-

lee Torah et que la premiere lettre de la Loi est Ie Taw, ainsi que

de ceuxqui vivent selon a Loi. Un troisieme, un de ceuxqui croient

au Christ, disait, en parlant des anciennes ettres, que Ie Taw res-

semblait au trace de la croix et etait prophetise a propos de ce qui

se produit chez eg chretiens pour Ie signe sur Ie front: signe que

font tollS ceux qui croient, lorsqu'ils commencentune activite quel-

conque, et surtout desprieres ou bien de saintes ectures » (PG 13,

800-801).

L'expression «un troisieme, un de ceux qui croient au Christ»

montre que, pour Origene, il existe deux categories d'Hebreux :

ceux qui croient au Christ et ceux qui ne croient pas en lui. En

d'autres termes, chez Origene, les Hebreux torment une popula-

tion qui lit ou parle la langue hebraique. Mais ce erme n'implique

pas obligatoirement la pratique du judaisme. En consequence,

chaque ois que l'on est en presenced'un texte d'Origene 011t est

question des Hebreux, il taut se demandera quelle categorie l'on

a affaire: desJuifs ou deschretiens? Une deuxieme emarque doit

etre faite : les Hebreux qui croient au Christ voient dans e passa-

ge d' Ezechiella prophetie de la pratique chretienne du signe de

croix. Ce sont des tenants de la methode allegorique. Un demier

cornmentaire doit encore etre apporte : Ie fragment sur Ezechiel

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N GROUPE JUDE-O-CHRETIENMECONNU: LES HEBREUX

provient soit des Homelies sur Ezechiel,soit du Commentairesur

Ezechiel. Cesdeux reuvresont ete composeespar Origene a Cesa-

Teede Palestine entre 239 et 245. Est-ce a cette epoque qu'il a ren-

contre les Hebreux dont il parle? Ou bien tient-il ses nformations

d'interlocuteurs consultesa Alexandrie, avant son depart pour la

Palestine? Ou bien encore a-t-il discute avec certains a Alexan-

drie, avec d'autres a Cesaree? Le fragment sur Ezechiel ne per-

met pas de repondre a ces questions, dont l'enjeu estde taille: les

Hebreux sont-ils un groupe de Juifs chretiens vivant exclusivement

en Egypte, comme tendent a Ie montrer les citations de l' Evangi-

Ie selon es Hebreux et Ie temoignagesur ' Ancien Testamentselon

les Hebreux? Ou bien a-t-il existe, a cote de ces Juifs chretiens

d'Egypte, des Hebreux vivant en Judee-Palestine? Et quel rap-

port entretiennent-ils les uns avec es autres? L'etude des textes

d'Origene oil il est question d'un Hebreu au singulier va nous per-

mettle d'apporter une reponse a ces nterrogations.

Les passagesoil Origene parle de I'Hebreu sont au nombre de

trois, a quoi il faut sansdoute ajouter deux textes oil figurent l'ad-

jectif hebralque . Commen~onspar les premiers. Dans Ie Com-

mentaire sur Ie Psaume1, compose a Alexandrie, Origene parle

d' «une tIes belle tradition qui nous a ete transmisepar I'Hebreu ».

Ce demier compare l'Ecriture a une maison unique, oil il y a de

nombreusespieces ermees a clef. Aupres de chaque porte, il y a

une clef, mais ce n'est pas a clef qui correspond a la piece. 11 aut

donc chercher a clef de la piece que l'on desire ouvrir aupres des

autres pieces de la maison. En d'autres termes, pour interpreter

correctement un passageou un livre de la Bible, il faut faire appel

a d'autres passages t a d'autres livres. La Bible explique la Bible.

On note qu'il n'y a rien de specifiquement chretien dans cette tra-

dition hebralque. Origene entreprend d'ailleurs de la christianiser

lorsqu'il fait remarquer que Paul «suggere un mode d'approche

similaire pour la comprehensiondes chosesdivines » en 1 Corin-

thiens2, 13 (il faut « rapprocher les chosesspirituelles des choses

spirituelles» ).

Dans Ie fragment sur Exode 10,27, egalement edige a Alexan-

drie, Origene se refere a un enseignement e~u de «I'Hebreu» a

propos de I'interpretation de 3 Regnes , oil David ordonne a Salo-

mon de tuer Joab a cause de ses autes contre Abner. Voici ce

qu'Origene dit a propos du v. 6 «<Et tu teras descendresesche-

veux blancs en pRix dans I'Hades ») : « n est evident que, comme

I'Hebreu lui Russinons l'a rapporte, Joab reposera en paix parce

qu'il a ete chatie, car il n'est plus redevabled'une epreuve et d'une

punition apres Ie depart d'ici-bas, puisqu'ici-bas illes a deja

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re~ues». Dans ce texte, l'Hebreu transmet a Origene la doctrine

rabbinique selon aquelle, en vertu du principe de droit qui vent

que la mort eteigne l'action de la justice, par la mort, l'homme

expie son pecht, meme s'il ne s'est pas repenti au prealable.

Enfin, dans e Traite des Principes,qui date lui ausside la perio-

de alexandrine de la vie d'Origene, celui-ci rapporte l'interpreta-

tion d' Esafe6, 3, selon I'Hebreu:« Notre maitre hebreu disait que

leg deux seraphinsdecrits dans e livre d' Esafeavec eurs six ailes

en rain de crier l'un a l'autre et de dire: Saint, saint, saint, Ie Sei-

gneur sabaoth , devaient etre interpretes du Fils unique de Dieu

et de l'Esprit Saint» (13,4). Ici, legrealites de l' Ancien Testament

sont vues comme des figures des realites chretiennes. De cette

maniere, la methode allegorico-typique apparait comme etant au

creur de l'activite ex6getiquede I'Hebreu. Son nterpretation a un

aspect ubordinatianiste nd6niable : eg deux seraphinsne sontpas

sur un pied d'egalite avec Ie Seigneursabaoth.Mais on se garde-

ra de conclure trop vite, car Origene ne dit pas comment I'H6breu

interpretait Ie « saint, saint, saint », en qui il pouvait voir Ie PeTe,

Ie Fils et l'Esprit 17.

Le parallelisme des expressions nvite a voir dans I'Hebreu de

ces trois passages ine seule et meme personne. Cet Hebreu,

qu'Origene reconnait pour son maitre et qu'il n'a pu rencontrer

qu'a Alexandrie, lui a transmis deux so~es de traditions d'inter-

pretation de la Bible: d'une part des traditions qui n'ont rien de

chretien et dont l'une est meme typiquement rabbinique; d'autre

part, une tradition tout a fait chretienne. Cela ne pent s'expliquer

que si I'Hebreu appartient a un groupe de Juifs chretiens, Testes

en contact avec Ie milieu juif dont il est ssu, ou du moins se sou-

venant des nterpretations en circulation dans ce milieu. Le terme

 hebreu utilise par Origene pour parler de ce Juif chretien ren-

17. Origene lui-meme met en relation Ie « saint, saint, saint» avec e mys-

teTede la Trinite dans es Homelies sur Isaie 1, 2 et 4, 1. II est tentant de

suspecter 'authenticite origenienne de cette interpretation, parce que les

Homelies sont connues seulement par une traduction de Jerome, que

Rufin critique pour avoir ajoute les mots «Nec putes trinitatis dissidere

naturam, si nominum servantur officia» (Apologie contre Jerome I 31,

17 sq), qui font precisementpartie de I' Homelie 1 2. En fait, Rufin ne dit

pas que tout Ie paragraphe2 est une addition de Jerome et on ne voit pas

au nom de quoi on suspecterait e paragraphe1 de I' Homelie 4. La mise

en relation du triple « saint» avec e chiffre de la Trinite semble bien etre

origenienne.

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UN GROUPE JUDEO-cHRETIEN MECONNU : LES HEBREUX

contre a Alexandrie invite a voir en Iui un desmembresde ce >T°u-

pe d'Hebreux, dont Ie meme Origene nous fait connaitre I'Evan-

giI~ et l' Ancien Testament.

Passons maintenant aux deux passages oil figure l'adjectif

"hebralque". Dans l' Homelie 13 sur les Nombres 5, qui a ete pro-

noncee durant la periode de Cesaree,Origene rapporte «l'expli-

cation d'un maitre d'origine hebraIque venu a la foi» relativement

a Nombres 22, 4 «<A presentcette communaute pourlechera tOllS

ceux qui sont autour de nous, comme Ie taurillon pourleche a ver-

dure de la plaine »). Le maitre doni Origene parle explique que,

si Ie roi Balak compare Israel a un taurillon qui pourleche la ver-

dure de la plaine, c'est parce que Ie taurillon se sertde sa langue

comme d'une faux pour couper toot ce qu'il trouve; tel Ie taurillon,

Israel combat de la bouche et des levres, ses armes sont sessup-

plications. On note que cette interpretation n'a rien de specifi-

quement chretien. Son origine juive est sure.

Enfin, dans I'Homelie 20 sur Jeremie 2, qui date de laperiode

cesareenne de la vie d'Origene, ce dernier cite «une tradition

hebraique qui est venue jusqu'a nous par un homme qui a fui a

causede sa foi au Christ et a causede sa progressiona partir de la

Loi et qui est venu a 011 ous residons ». Voici comment cette tra-

dition interprete Jeremie20, 7 «<1\1 m'as trompe, Seigneur, et j'ai

ete trompe ») : « Dieu n est pas un tyran, mais un roi. Et, etant roi,

il ne fait pas violence, mais il persuade, et il veut que sessujets se

livrent d'eux-memes de leur plein gre" a son ldministratiofl, pour

que Ie bien de quelqu'un ne se fassepas "selon la necessite",mais

"de son plein gre", ce que Paul savait quand, dans a Lettre a Phi-

lemon, l disait a Philemon au sujet d'Onesime : "Pour que ton bien

ne se fassepas selon a necessite,mais de ton plein gre" (v. 14) ».

Dans la suite du passage,Origene signale un autre aspect de la

meme tradition hebraique : selon elle, Dieu voulait confier a Jere-

mie une double mission, celle d'annoncer Ie chatiment des nations

et celle de prophetiser Ie malheur a Israel. Comme il savait que

Jeremie refuserait a secondemission, illui a simplement confie la

premiere, que Ie prophete a acceptee.Alors seulement, Dieu l'a

charge de la seconde mission. D'OI1 a protestation de Jeremie:

«1\1m'as trompe, Seigneur». Aux yeux de la meme radition, Dieu

a agi de la meme facrona l'egard d'Esaie. II a d'abord demande:

«Qui enverrai-je a ce peuple? » (Esafe 6, 8). Esaie s'est porte

volontaire. Alors seulementDieu lui a ordonne de prophetiser des

menaces.Dans tout Ie passagequi vient d'etre resume, Origene

rapporte une interpretation juive traditionnelle, selon laquelle

Dieu a dfi forcer la main de sesproph~tes chaque ois qu'il a voulu

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G.DORIVAL

leur faire prophetiser es malheursd Israel. Cette tradition n a subi

aucune retouche chretienne. II n en va pas de meme dans Ie pas-

sagequi a fait l objet d une citation. La comparaisonde Dieu avec

un roi qui veut que sessujets se livrent a son administration « de

leur plein gre » est mise en relation avec un versetde Paul. L exe-

gese est ici nettement chretienne. Mais a qui est due la christiani-

sation de la comparaison?Plutot qu a Origene, on doit songer a

celui qui a fui a cause de sa foi au Christ. En d autres termes, la

tradition hebralque dont il est question dans Homelie 20 surJere-

mie a fait l objet d une christianisation partielle. Cela s explique

bien si l informateur d Origene appartient a un groupe de Juifs

chretiens.On note encore qu il interprete Jeremiea aide desecrits

pauliniens : Ie groupe auquel il appartient est un groupe judeo-

chretien pro-paulinien.

Le parallelisme des expressions ait que l on petit identifier sans

risque d erreur Ie maitre d origine hebralque des Homelies sur les

Nombres avec l exegete de Jeremie. Maintenant, a-t-on Ie droit

d identifier ce personnageavec Hebreu des rois textes cites plus

haut? Dans un passe recent, j ai defendu, avec prudence, cette

identificatiow8. Aujourd hui, je sills plutot de l avis contraire.

L identification se heurte a des arguments serieux. D abord, elle

entraine des problemes chronologiques redoutables: a quel

moment l Hebreu qui a fui pour sa foi et qu Origene a rencontre

a Alexandrie a-t-il pu etre contraint de quitter la Palestine pour

l Egypte? On est ente de mettre ce depart force en relation avec

la Birkat ha-Minim et la deterioration des rapports entre Juifs et

chretiens dans es premieres annees du lie siecle. Mais comment

un homme vivant a celie epoque, au plus tard veTS 30, a-t-il pu

etre Ie maitre d Origene, au plus tot veTS 00? Ensuite, dans es

passages u it est question de l Hebreu, Origene ne precise amais

qu il s agit d un converti: Origene a pu avoir affaire a deux

Hebreux differents : seulle secondserait un converti recent. Entin,

lorsque, dans Homelie 20, Origene parle de l exegete qui a fui a

causede sa foi au Christ, it precise qu it est venti «la ou DOllSesi-

dons ». Cetteexpression, au present, renvoie obligatoirement a

Cesareede Palestine. Le maitre d origine hebralque venti a la foi

dont parle l Homelie 13 sur les Nombres se serait en fait refugie

aupres d Origene, a Cesaree.11 audrait absolument e distinguer

de l Hebreu d Alexandrie. 11 aut cependant econnaitre que celie

distinction complique les chases.Aussi a-t-on propose de carriger

18. Voir G. DORIVAL, rt. cit. ll. 3.

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33

N GROUPE JUDEO-CHRETIEN MECONNU: LES HEBREUX

Ie texte de l' Homelie 20 sur Jeremie et de remplacer I'expression

«Ia oil nous residons» (8laTpi(3o~EV)ar «Ia oil nous residions»

(8lETpi(3o~EV19.Cet imparfait renvoie forcement a Alexandrie.

Des Iors, plus rien ne s'opposerait a I'identification des person-

nages. Et, Iorsqu'Origene, dans l' Homelie 13 sur les Nombres et

dans l' Homelie 20 sur Jeremie, se refere a un maitre d'origine

hebralque, l parlerait en realite d'un enseignement u'il avait re~u

a Alexandrie, avant son depart pour Ia Palestine.

Mais, pour simplifier leg choses, a-t-on Ie droit de corriger leg

textes? Surement pas. De plus, il existe un argument pour dire

qu'Origene a rencontre des Hebreux en Palestine: Ie fragment sur

Ezechiel presente plus haut. Pour eclairer un passagedifficile de

ce prophete, Origene rencontre trois Hebreux. Les deux premiers

sont juifs, Ie troisieme est chretien. Or, Origene a explique Eze-

chiellorsqu'il vivait en Palestine.Peut-il ici faire allusion a desren-

contres d'autrefois, qui auraient eu lieu a Alexandrie? On pour-

fait Ie soutenir s'il n'y avait que Ie troisieme Hebreu. Mais legdeux

premiers informateurs hebreux de religion juive rappellent leg

interlocuteurs uifs qu'a rencontres Origene au moment oil il redi-

geait la Lettre a Africanus, en Palestine. Nulle part dans 'reuvre

d'Origene, il n'est question d'Hebreux juifs rencontres a Alexan-

drie.

Voici comment e propose aujourd'hui de voir les chases.Dans

sesecrits rediges a Alexandrie, Origene fait allusion a son maitre

hebreu. Ce dernier fait partie des Hebreux d' Alexandrie, dont DOllS

connaissonsquelques ragments de l' Evangile, ainsi que Ie corpus

de l' Ancien Testament. Nous sayans aussi que ces Hebreux

connaissaient bien les traditions juives d'interpretation et qu'ils

recouraienta l'exegeseallegorico-typique.Dans sesecrits de Pales-

tine, Origene serefere a des Hebreux dont les uns sont desadeptes

du judaisme et les autres chretiens. Un de ces chretiens est un

converti de fraiche date qui a dft se r6fugier aupresd'Origene pour

6viter la colere de ses anciens coreligionnaires. Un autre para t

appartenir a un groupe bien constitue, celui des H6breux qui

croient au Christ. Ces H6breux chr6tiens connaissentbien les tra-

ditions juives d'interpretation, manient l'al16gorie et utilisent

l'apotre Paul. Nous ne sayanspas s'ils avaient un Evangile parti-

culier et DOllS e connaissonspas Ie corpus de leur Bible.

19. Voir l'edition de P. HUSSONt P. NAUTIN,Origene.Homelies sur Jere-

mie, Sourceschretiennes no238,Paris, 1977,p. 256.

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34

G.DORIVAL

Ces deux groupes d'Hebreux ont-ils des rapports entre eux?

Le fait qu'Origene parle d'Hebreux dans les deux cas pourrait

etre utilise comme argument pour aller dans ce sens.Mais il ne

faut pas majorer la portee de cette remarque terminologique. En

realite Ie terme d'Hebreux chezOrigene a simplement Ie sensde

personnes qui paTIent,ou lisent, ou utilisent la langue hebraique.

n peut recouvrir desrealites sociologiques res differentes, comme

Ie montre Ie fait qu'Origene appelle Hebreux desJuifs et deschre-

tiens.

IV -Conclusion

Deux questions restent en suspenso

1. Qu'en est-il du temoignagede Jerome sur ' Evangile selon es

Hebreux? A l'epoque ou il ecrit, Ie titre d' Evangile selon les

Hebreux peut renvoyer non seulementaI' Evangile en circulation

chez eg Hebreux d'Egypte, mais encore aI' Evangile de Matthieu

ecrit en hebreu ou en arameen,aI' Evangile des Nazoreens, I' E-

vangile des Ebionites, au Diatessaronde Tatien, valle a des Evan-

giles apocryphes.11est donc impossible de prendre au pied de la

lettre leg indications de provenance que donne Jerome. Un pro-

res en authenticite doit etre mene a chaque ois. Pour ce faire, DOUg

sommesaides par leg resultats des recherchesd'A. F. Klijn, qui a

montre que Jerome n'a connu ' Evangile desNazoreensqu'en 392.

Avant celie date, il n'a aucuneconnaissance irecte des Evangiles

judeo-chretiens. Son nformation depend entierement d'Origene.

Cependant, Jerome connaissaitdes ouvragesd'Origene que DOUg

ne possedonsplus: il peut doDDeraccesa des fragments de l' E-

vangile selon es Hebreux qui ne figurent pas dans 'reuvre conser-

vee d'Origene. C'est Ie cas du fragment XIV d'A. F.J. Klijn (= IV

des Ecrits apocrypheschretiens),qui provient du Commentairesur

la Lettre nux Ephesiens,ecrit en 386-387 5,4: «Dans l' Evangile

hebrafque, DOUgisons que Ie Seigneur dit aux disciples: Et ne

soyez amais joyeux, sauf quand vous regardez votre frere avec

amour -ou: dans 'amour»).

A partir de 392,Jerome cite tantot l' Evangile selon es Hebreux,

via Origene, tantot l' Evangile desNazoreens. II semble que ces

deux textes n'en fassentqu'un a sesyeux: dans son Commentaire

sur Ezechiel 18, 5-9, 1 se refere a «1'Evangile selon les Hebreux

que 1esNazareensont l'habitude de lire ». Et l' Evangile desNazo-

reensse confond pour 1uiavec ' Evangile desEbionites et l' Evan-

gile hebreu selon Matthieu: dans son Commentairesur Matthieu

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35

N GROUPE JUDEO-CHRETIEN MECONNU: LES HEBREUX

12, 13, il parle de «l'Evangile qu'utilisent les Nazareniens et les

Ebionites, que j'ai recemment traduit en grec a partir de la langue

hebralque et qui est appele par bon nombre l'evangile authentique

de Matthieu ». Une telle confusion, dont Jerome n'est pas l'in-

venteur, puisqu'on la trouve deja chez Eusebe et chez Epiphane,

rend complexe la tache de l'editeur des Evangiles judeo-chretiens.

Cependant, lorsqu'un fragment evangelique cite par Jerome se lit

chez Origene, il est sur qu'il provient de l' Evangile selon les

Hebreux. C'est Ie cas de la pericope oil Jesus appelle l'Esprit saint

sa mere. Elle se trouve trois fois chez Jerome, dans Ie Commen-

taire sur Michee 7,5-7, ecrit veTS 94, dans Ie Commentaire sur Esai e

40,9-11, ecrit en 408-410, et dans Ie Commentaire sur Ezechiel 16,

13, ecrit en 410-414 (= fragment II Klijn et Pleiade). Mais les autres

extraits donnes par Jerome ne se lisent pas chez Origene. Toute-

fois, certains peuvent provenir d'reuvres origeniennes perdues.

Voila sans doute pourquoi A. F. J. Klijn propose de rattacher a l' E-

vangile selon les Hebreux trois extraits qui se lisent dans Les

Hommes illustres II, ecrit en 392 (= fragment XV), dans Ie Com-

mentaire sur Esai.e 11, 1-3, ecrit en 408-410 (= fragment XXI), et

dans Ie Commentaire sur Ezechiel 18, 5-9, ecrit en 410-414 (= frag-

ment XXII). 11a ete suivi par D. A. Bertrand (chez qui ils consti-

tuent les fragments VI, I et V). Les six autres extraits cites par Jero-

me sont attribues a l' Evangile des Nazoreens. En fait, il est difficile

de se prononcer, et cela d'autant plus que les editeurs ne donnent

pas leur argumentation en tavern du rattachement a l'un ou l'autre

evangile. En ce qui me conceme, je suggere de rattacher Ie frag-

ment qui se lit dans Les Hommes illustres II aI' Evangile selon les

Hebreux, parce que Jerome l'introduit en faisant une allusion a

Origene, ce qui peut signifier qu'ille lui emprunte. En revanche,

je Teste hesitant pour les autres fragments. La prudence metho-

dologique veut qu'on les attribue a l' Evangile des Nazoreens, sauf

si on a une raison de penser qu'ils proviennent d'une reuvre d'Ori-

gene perdue.

2. Les Hebreux ne sont-ilspas un autre nom pour les Nazoreens

C'est en tout cas ce que suggereJerome. Une remarque de voca-

bulaire va dans e meme sens: Ie terme de Nazoreens/Nazareens

disparait apres Tertullien et ne reapparait que chez Epiphane et

Jerome. Au lIIe siecle et dans a premiere moitie du lye siecle, l

est question d'Hebreux. Or ces Hebreux soot des Juifs chretiens

considerespar les pagano-chretienscomme orthodoxes, ainsi que

Ie soot a la fin du lye siecle es Nazoreens. I y a la un argument

pour identifier les Hebreux et les Nazoreens.Des lors, il faut se

demander si ' Evangile selon es Hebreux ne peut pas etre confon-

du avec l' Evangile des Nazoreens,comme Ie pensent un certain

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36

G. DORIVAL

nombre de specialistes20. n realite, il taut distinguer es Hebreux

d Alexandrie et les Hebreux de Palestine, ainsi qu Origene nons

invite it. e faire. II est en effet probable que les Hebreux qu Ori-

gene a rencontres en Palestine dans es annees240-250sont den-

tiques avec ceux qu on appellera plus tard Nazoreens. Mais les

Hebreux qu il a frequentes it.Alexandrie torment un groupe bien

particulier, qui, it. epoque d Origene, ne parait pas avoir de liens

avec a Palestine. Cela dit, il taut s interroger sur l origine de ce

groupe. De deux chases une: ou bien cesJuifs chretiens torment

un groupe issu de la communaute uive d Alexandrie, ou bien its

viennent de Palestine. On a vu que Ie fragment ou Jesusparle de

l Esprit comme de sa mere implique que l Evangile selon les

Hebreux ait ete redige it. origine en hebreu ou en arameen, au

moins pour certains de ces versets, avant d etre ecrit en grec. Ce

fait s explique mieux par une origine palestinienne des Hebreux

que par une origine alexandrine. Nous sommes ci dans e domai-

ne des vraisemblances.On pent se demander si, au moment ou,

dans les annees 100, a malediction contre les notsrim est intro-

duire dans a priere quotidienne, un groupe de Nazoreensn a pas

quitte la Palestineyour se rendre dans cette traditionnelle terre

de refuge qu est l Egypte. II serait parti avec son corpus de textes

bibliques et son Evangile. II aurait traduit en grec ce dernier et il

l aurait sansdoute en partie refondu. En d autres termes, Evan-

gile selon esHebreux et l Evangile desNazoreensauraient une ori-

gine commune, mais ils auraient diverge des es annees100. I ne

taut donc ni les confondre ni les distinguer absolument. De la

meme fa~on, il ne taut pas identifier les Hebreux d Alexandrie

avec es Nazoreens de Palestine, mais il ne taut pas non plus les

separer adicalement. Is appartiennentprobablement t.une meme

grande mouvance 21.

20. Voir par exemple,S. MIMOUNI, f. cit., Paris, 1998,p. 215-222.Sur es

Nazoreensvus par Epiphane, on se eportera a A. POURKIER, Heresio-

logie chez Epiphane de Salamine,Paris, 1992,p. 415-475.

2L Je remercie D. A. BERTRAND t A. Le BOULLUEC our leur lecture

critique de ce travail. J ai tenu compte de leurs suggestions, race aux-

quelles cet article sera un peu moins imparfait. Mais souventj ai mainte-

nu mes analyses,non sansavoir longuementpese e pour et Ie contre. Ma

seule excuse est que nons sommesdans un domaine oil il est particulie-

rement delicat d atteindre des certitudes.

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DominiqueC6TE

UniversiteLaval, Quebec

UNE CRITIQUE DE LA MYTHOLOGIE

..,

GRECQUE D' APRES L' HOMELIE PSEUDO-

CLEMENTINE IY*

La discussiondans aquelle s'engagentci le grammairien Appion et le

noble Clement, ecemment onverti aux doctrinesde Pierre, nouspropose

une critique remarquablement fficace et originate de la culture grecque,et

plus particulierement de a mythologie. L Homelie IV insere e debat et es

acteursde a controversedans e recit desaventures e Clement,entre dans

l'entouragede Pierre.

Appion, the grammarian, and the noble Clement, ecentlyconverted o

Peter's doctrines,are involved in a discussionwhich proposesa remarka-

bly efficient and original critique ofGreek culture,and especiallyof Greek

mythology. The ourth Homily includes the debateand the actors of the

controversy into the narration of Clement adventures,when he entered

Peter'sclose circle.

Les Homelies V a VI constituentune maniere de hoTS-d'oeuvre.

Bien qu'elles n'apportent rien a l'intrigue principale du roman,

elles presentent neanmoins certains elements parmi les plus inte-

ressantsdes Clementines. La discussiondans aquelle s'engagent

ici Ie grammairienAppion et Ie noble Clement, recemmentconver-

ti aux doctrinesde Pierre, nouspropose en effet une critique remar-

quablementefficace et originale de la culture grecqueet, plus par-

ticulierement, de la mythologie. Comme es thesesdefenduespar

Clement tiennent davantage du judaisme que du judeo-christia-

nisme si caracteristiquedespseudo-clementines, n a souventsup-

pose que cette section provenait d'une source uive du IIe siecle

.La traduction que l'on va lire a ete preparee pour Ie second ome des

Ecrits apocrypheschretiens, ans a collection La Pleiade . Les notes qui

l'accompagnentexcedaient argement es imites imposeespar les normes

de la collection. II a paru utile au Directeur de la revue Apocrypha,

M. Jean-Daniel Dubois, de les publier ici dans leur integralite. Je lui en

suis tIes reconnaissant.

Apocrypha 11, 2000,p. 37 -57

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38

COTE

ou, pour reprendre les termes d'Oscar Cullmann, d'une «apolo-

gie uive »1.Cette apologjie,qu'attesteraient egalement es Recon-

naissances, , 15-31, autait pris la forme d'une discussionentre

trois palens (Appion, Athenodore et Annubion) et un luif, avant

d'etre remaniee par les a~teurspseudo-clementins2. ' Home-lie V

insere Ie debat et les acteurs de la controverse dans Ie fecit des

aventuresde Clement, e,tre dans 'entourage de Pierre; elle com-

porte un premier expose olemique de Clement contre la my ho-

logie grecque et elle amorce a discussionavec Appion.

Homelie V

1,1 En sortant de Cesarde de Straton3, DOUgDOUg endimes, moi

Clement, ainsi que Nice~e et Aquila, a TYr4 en Phenicie. Selon la

recommandation de Piente, qui DOUg vait envoyes, DOUgrouvames

1. O. Cullmann, Le problerne litteraire et historique du roman pseudo-cle-

mentin, Paris, 1930,p. 116-j31.

2. Sur cette question, voir W. Heintze, Der Klemensromanund seinegrie-

chischen Quellen,Leipzig, 11914,. 14-23;42-51 et F. S. Jones,«The Pseu-

do-Clementines A History ,ofResearch.Part I », SecondCentury,2, 1982,

p. 27-29. Sur Ie caractere detachable des Homelies IV-VI, voir M. J.

Edwards, «The Clementina,:A Christian Response o the PaganNovel »,

Classical Quarterly, 42, 199~,p. 461-463; sur Ie niveau plus eleve de Par-

gumentation dans cette section des Homelies,voir B. R. Voss, Der Dia-

log in der fruhchristlichen 4iteratur, Munich, 1970,p. 74.

3. Cesaree e Straton: il s'a~it de la cite maritime, connue sous e nom de

Tour de Straton avant qu'fJerode Ie Grand reconstruise e site a grands

frais et Ie rebaptise cesare~, en l'honneur d' Auguste. La Tour de Straton

tenait son nom d un certain princede Sidon (Ive siecle avant J -C.), appe-

Ie evidemmentStraton. A ce sujet, voir Flavius Josephe,Guerre desJuifs,

1,3,5; 7,7; 20,3; 21,5; Philorl, Legatio ad Caium, 305; M. Hengel, Judaism

and Hellenism, Philadelphif, Vol.1, p.32; Idem, BetweenJesusand Paul,

Philadelphie, 1983,p.113-114;Y. Aharoni, The Land of the Bible, Phila-

delphie, p.416.

4. Sous Pempire, a ville de Tyr jouissait d'un statut particulier, en raison

sansdoute de son passeglorieux. Deja autonome a l'epoque des Seleu-

cides (llesiecle avantJ.-C.), elle portera notamment, sous e principal de

Trajan, Ie titre de «metrop~le de la Phenicie ». Elle finira tout de me-me

par devenir tine colonie romaine (circa 190 apres J.-C.), non sans avoir

exprime son independancel e maniere officielle, en frappant des mon-

naies demunies de toute reference a l'autorite romaine pendant pres de

quatre siecles lIe siecle av~t J -C. -lIe siecle apres J -C.). Voir, a ce pro-

pos,F. Millar, TheRoman Near East,Cambridge (Mass.),1993,p.287 295.

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UNE CRITIQUE DE LA MYTHOLOGIE GRECQUE

D' APRES L'HOMELIE PSEUDO-CLEMENTINE IV

39

l'hospitalite aupres de Berenices, a rille de Justa a Cananeenne6.

2Elle DOUge~ut avec empressementet temoigna a l'envi beau-

coup d'honneur a mOll egard et d'affection enversNicete et Aqui-

la. Dans sajoie7,elle DOUgraitait avecbienveillance, parlant libre-

ment, comme une intime, et DOUg ressait tIes aimablement de

prendre somde notre corps. 3Prenantalors conscience u'elle DOUg

incitait a faire une courte halte, e lui dig : « Tu fais bien de te hater

d'accomplir egdevoirs de l'amourB4mais, l taut preferer a l'amour

la crainte de notre Dieu. En effet, engagesdans a lutte pour de

nombreuses ames, DOUg 'oserions9 preferer notre repos a leur

salut.

2,1 « Car DOllS vonsappris que Simon e magicien, vaincu a Cesa-

fee dans a discussion'opposant a notre seigneurPierre, s'estenfui

aussitot et fait ici beaucoupde mapo.2 En effet, a l'encontre de la

verite, il outrage Pierre aupresde tOlls ceux qu'il rencontre et s'em-

pare des amesde la foule. 3De fait, alors qu'il est ui-meme magi-

cien, il traite Pierre de magicienll; il est ui-meme imposteur et il

Ie proclame imposteur; qui plus est,dans eurs discussions, l a eu

Ie dessousen tout point et prig la tuite, mais il pretend avoir ete

vainqueur et recommande constammentde ne pas ecouter Pier-

re, comme s'il s'inquietait que quelqu'un soit ensorcelepar ce ter-

rible magicien

5. Berenice: BEpvlKll. itteralement, «Bernice ». Le terme «Berenice »,

d'apres Ie latin Berenice,nous semble plus conforme a l'usage fran~ais.

6. Sur Justa,ct. Horn. 1119,1;11173,2;XIII 7 3. Rappelons que les preci-

sionsdonnees ci dans es Pseudo-Clementines ur un personnagebiblique,

la Syro-phenicienne des Evangiles (Mc 7,26), dont on ne sail rien par

ailleurs, s'accordent tout a fait avec a maniere apocryphe de completer

et amplifier les donnees du texte canonique.

7. Dans sa oie: ala xapav, plus litteralement, «a cause de sa joie ».

8. Les devoirsde 'amour: Ta Tf]S'Gya'TTllS'EPTl,itteralement:« les par-

ties de l'amour ». Nous Tendons par «amour» Ie grec Gya'TTll,resque

exclusivementd'usage biblique et chretien. A. Siouville, dans sa traduc-

tion (Les homeliesclementines, aris, 1933),prefere justement ci la notion

specifiquementchretienne de charite.

9. Nous n'oserions: OEOl~EV,itteralement: «nous avons peur ».

10. Simon agit en fait suivant sa destinee syzygique. Comme Pierre l'a

explique precedemmenta Clement (Horn. 1115-19), Ie magicien Simon

forme tine paire, tine syzygie (av(uyla), avec 'apotre Pierre. En vertu de

ce lien, Simon precede Pierre partout, comme l'ignorance, la maladie et

la nuit precedent a connaissance,a guerison et Ie our.

11. La calomnie (olaf30Al'])onstitue tine des actiquesprefereesde Simon

dans sa utte contre Pierre. ct. Horn. III 59,4.

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40

D. COTE

3,1 «Informe de l'affaire, notre seigneur Pierre DOUg envoyes

d'avance faire enquete SJjr eg propos tenus par Simon, afin que,

si ces propos sont tels que rapportes, ill'apprenne lui-meme par

ce que que DOUgui aurons ecrit et vienne convaincre Simonouver-

tement des calomnies qti'illui a lancees12. Donc, puisque notre

souci est Ie danger encouru par de nombreuses ames, peu DOUg

importe, pour cette raisCi>n,e repos de nos corps. Nous voulons

franchement savoir, de tpi qui vis ici, si, par hasard, ce que DOUg

avons entendu est vrai. peux-tu des maintenant DOUg n dire Ie

detail? »

4,1A cette demande, Bdrenice repondit : «La situation est telle

que vans l'avez entendu dire. Ecoutez maintenant les autres faits

qui concement Simon u -meme, ce que vans ignorez peut-etre. 2

C'est qu'il fait apparaitte, en plein jour, au milieu de la place

publique, desspectreset des antomes, frappant de stupeur a ville

entiere et, a sa suite, deSstatues se mettent en mouvement, une

multitude d'ombres e pr6cedent, es amesmemesdesdefunts,pre-

tend-W3.311 e rallia aussi es nombreusesgens qui tentaient de Ie

convaincre de sorcelleriel4.Mais, plus tard, sonspretexte d'offrir

un festin a cesgens, l sa4£ifiaun breuf et les re~ut a sa table pour

les trapper de diversesmaladies et les soumettre a des demonsl5.

En resume,parce qu'il en a malmene beaucoup, l s'est ait passer

12. La strategie de Pierre p()ur neutraliser Simon repose notamment sur

la prevoyance (lTp6vola). L'~potre emploie donc des eclaireurs (lTPOO80l),

tenus de lui faire rapport, et meme des espions, c'est-a-dire des disciples

qui se melent aux disciples ~e Simon pour connaitre a l'avance les inten-

tions de son adversaire. Cf. Horn. II 37,1; III 2,1 ; 58,3; 73,3.

13. Pour une liste des prodiges dont Simon serait capable, voir Horn. II 32,2.

14. Ceux qui tentaient de ie convaincre de sorceiierie : YOTlTaaUTov EAEY-

XElV lTElP<IJI1EVOU5',lus litt~ralement, «ceux qui tentaient de l'accuser

d'etre sorcier ». Le terme Y°tl5', que nous traduisons ici par sorcellerie, est

utilise, au debut de l'ere cijretienne, comme synonyme de l1ayOS',pour

designer un simple magicie*. Plus souvent, toutefois, on emploie Ie mot,

avec une nuance pejorative; pour parler d'un imposteur, d'un charlatan.

D'apres Origene, Ie philosophe Celse, veTS a fin du lIe siecle, qualifiait

Jesus de YOTl5' Contre Celse, VI, 41,16 et 42,15). Voir la-dessus, M. Smith,

Jesus the Magician, San Francisco, 1978, p.69 et J. Annequin, Recherches

sur i'action magique et ses representations, Paris, 1973, p.157.

IS. L'explication de cet episode survenu aux Tyriens se trouve un peu plus

loin dans les Homeiies (VII 3-4) ou Pierre fait comprendre a la popula-

tion qu'elle a participe, a son insu, a un sacrifice offert aux demons. Or,

leur rappelle-t-il, Ie chef d~s demons n'a de pouvoir que sur ceux qui

deviennent ses commensa~. a. la notion de «table des demons » dans

la 1ere pitre de Paul aux Cdrinthiens (10,21).

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UNE CRmQUE DE LA MYTHOLOGIE GRECQUE

D' APRES L'HOMELIE PSEUDO-CLEMENTINE IV

41

pour un dieu. Et il n'estpasseulementedoute, l est aussi ran-

dementhonore16.

5,1 « Voila pourquoi je ne crois pas que quelqu un puisseeteindre

un feu d'une telle ampleur, maintenant qu'il est allume. Car plus

personne ne met en doute leg declarations de Simon, mais, au

contraire, chacun en garantit la verite. 2 Aussi, pour que vous ne

soyez pas en danger, e vous prie de ne rien entreprendre contre

lui avant 'arrivee de Pierre. C'est lui seul qui pourra s'opposer a

un aussigrand pouvoir, parce qu'il est Ie disciple Ie plus eprouve

de notre seigneurJesus-Christ.3 En fait, je crains cet homme au

point que s'il n'avait eu Ie dessous 'autre fois dans a discussion

l'opposant a mon seigneurPierre, je vous aurais conseille de per-

suader Pierre lui-meme de ne pas tenter de s'opposer i Simon ».

6,1Je lui repondis alors : « Si noire seigneurPierre ignorait que lui

seull'emporte sur Ie pouvoir de cet homme, it ne nons aurait pas

ordonne, en nons envoyant a l'avance, de nons informer secrete-

ment de ce qui conceme Simon et de Ie lui ecrire ». Aussi, quand

Ie soir fut venn, nons partage~mes e repas1? t nons all~mesdor-

mir. 2 A l'aube, quelqu'un de l'entourage de Berenice vint nons

apprendre que Simon s'etait embarque pour Sidon et qu'it avail

laisse derriere lui, parmi ses disciples, Appion Ie Plistonice, un

Alexandrin, grammairien de profession, que je reconnus pour un

ami de mon peTe,Annubion Ie Diospolite, astrologue et Atheno-

doTe ' Athenien, tenant de la doctrine d'Epicure18.3 Quant a nollS,

Ie matin meme,nons consignames ar ecrit tout ce que nons avions

16. Sur a reconnaissance opulaire de la divinite de Simon, cf. Ie temoi-

gnage de Justin: «presque tOllS es Samaritains, et un petit nombre

d'hommes dans d'autres provinces, e reconnaissentet l'adorent comme

leur premier dieu» (Apologies, I, 26,3: traduction d'A. Wartelle).

17. Nouspartageamese repas: litteralement, « apres avoir partage e sel».

L'expression«partager e sel» apparm t quelques eprisesdans es Home-

lies (VI, 26,5; XI, 34,1; XIII, 8,4; 11,4; XIV, 8,4-5; XV; 11,2) et semble

signifier, comme ici, Ie simple fait de partager un repas. Cette fa~n de

parler se fonde manifestement sur l'importance du sel dans es cultures

antiquescomme agentd'assaisonnement t de preservation.a., d'ailleurs,

la locution biblique: conclure une « alliance de sel» (2 Ch 13,5 8lQel']KT]

<lAOs-n?o 11'1:;), 'est-a-dire,conclure une alliance perpetuelle.

18. Les compagnonsde Simon, a l'exception d' Athenodore sur Ie compte

duquel DOllS e savonsTieD, nt tousune certaine realite historique. Annu-

bion aurait exerce son art SOUlNeron et, grace a Hephaistion de Thebes,

six distiques de son oeuvre DOllS ont parvenus. A ce sujet, voir W. Adler,

«Apion's Encomium of Adultery : A .JewishSatire of Greek Paideia in

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42

D. COTE

appris au sujet de Simon et, apres l'avoir transmis a Pierre, DOllS

DOllS irigeames veTSa promenade.

7,1 Appion vint alors a ~otre rencontre, entoure non seulement

des deux compagnonsd4ja mentionnes, mais d'environ une tren-

faille d'autres19, Des q$'il me vit, il me salua et m'embrassa en

disant: «Voici Clement, dont je vans ai souvent mentionne la

noblessed'origine, les q~alites d'homme libre, et Ie fait que, tout

en etant descendantde Tibere Cesar20 t pourvu de toute la cul-

ture grecque21,l a ete seduit, par un Barbare denomme Pierre, a

the Pseudo-Clementine Homilies », Hebrew Union College Annuary, 64,

1993, p.28. Apion Ie grammairien nous est mieux connu, si du moins l'on

admet que Ie Pseudo-Clement fait reference au meme personnage contre

lequel Flavius Josephe a reqige son celebre traite, Ie Contre Apion (93-96

apres J.-C.). L' Alexandrin aurait ainsi enseigne a Rome, SOliSTibere et

Claude, et parcouru la Grece, SOliSCaligula. II serait l'auteur d'un dic-

tionnaire et de commentair~s sur les poemes homeriques. Polemiste, sou-

vent vainqueur, comme l'in4lique son sumom de llAELCJTOVLKTlS-,pion se

serait surtout distingue, si 1'<I>nn croit Flavius Josephe, par son hostilite a

l'endroit des Juifs. Dans un4 histoire de l'Egypte en cinq livres, les At YVTT-

TLaKa, Ie grammairien pres~nte contre les Juifs un « requisitoire formel

comme dans un proces» «;ontre Apion , II, 4: traduction de L. Blum).

Selon les Horn Ps-Clement, Apion aurait d'ailleurs ecrit de nombreux livres

(TTOAAa3Lf3Aia) ontre les Juifs et sa presence dans l'entourage du Sama-

ritain ne s'expliquerait qu'em raison de l'hostilite de Simon envers les Juifs

(Horn V; 2,4). Sur la pensee d' Apion, voir E. Schiller, The History of the

Jewish People in the Age of Jesus-Christ, nouv. ed. rev. par G. Vermes, F.

Millar et M. Goodman, Edimbourg, 1986, vol.lII, part.1, p.605-613.

19. Jean Ie Baptiste, dont Simon, Ie « maitre » d' Apion, etait Ie disciple -

selon les Clementines -est lui aussi entoure d'une trentaine de disciples

(Horn. II, 23,2).

20. Sur la confusion dans le$ Pseudo-Clementines entre Clement, troisie-

me eveque de Rome, selon Eusebe de C6saree (Histoire ecclesiastique,

111,15)et Ie consul Flavius Clemens, parent de l'empereur Domitien, exe-

cute pour crime d'atheisme- entendre par la, avoir adopte les coutumes

juives -, suivant Dion Cassius et Suetone, voir B. Pouderon, « Flavius

Clemens et Ie proto-Clem~nt Juif du roman pseudo-clementin », Apo-

crypha, 7,1996, p.63-79.

21. La culture grecque:,., 1ral8ELa EAATjVLKTl.e terme TTal8ELa ignifie

d'abord, bien entendu, l'education que l'on reyoit, mais aussi, dans un

deuxieme temps, Ie resultat de cette education, a savoir ce que nous appe-

Ions la culture. La TTal8ELa, ue Ciceron traduisait d'ailleurs par la notion

d'humanitas, constituait Ie fpndement de la civilisation greco-romaine, Ie

trait d'union entre les di~ers peuples politiquement TeliDis depuis

Alexandre. A elle seule, la irral8ELasuffisait a distinguer Ie Grec du Bar-

bare. Sur l'importance de la: TTal8ELa, oir l'etude classique de Henri-Ire-

nee Marrou, Histoire de I' education dans I' antiquite, 7eed., Paris, 1964, et

surtout Ie chapitre intitule {(La civilisation de la Paideia », p.151-160.

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UNE CRITIQUE Df- LA MYTHOLOGIE GRECQUE

D' APRES L' HOME)LIE PSEUDO-CLEMENTINE IV

43

pratiquer et professer e judalsme22.3 e vous demande donc de

m'aider dans ma lutte pour Ie ramener a l'ordre. Ie l'interrogerai

devantvous. Qu'it me reponde, ui qui estimes'etre ivre a la piete:

ne commet-il pas la plus grande impiete en delaissant eg usages

ancestrauxpour s'abaissera des coutumes barbares23?»

8,1Je repliquai: «J'accepte tes bonnes ntentions a man endroit,

mais e rejette ton ignorance. En effet, tes intentions sont bonnes

parce que tu desiresme voir adherer a ce qui te semblebien. Mais

ta connaissance st ncorrecte,voila pourquoi, sonspretexte d'ami-

tie, elle s'acharnea tendre despieges.2 -C'est faire preuve d'igno-

rance, selon toi, retorqua Appion, que d'observer les coutumes

ancestraleset de penser en Grec? 3 Je repondis : Celui qui choisit

de pratiquer la piete ne doit pas observer es usagesancestraux

dans tons les cas, mais les observer s'ils sont pieux et les rejeter

s'ils sont mpies. Ainsi, il est possible qu'un homme, dont Ie pere

22. II taut rappeler avec Marcel Simon que la sociologie mplicite de l'E-

tat romain «concevait l'humanite comme la juxtaposition officielle de

deuxgroupes» : les Grecs et es Barbares (Verus Israel,Paris, 1948, .137).

Parmi les Barbares, es Juifs representaient un cas puisqu'ils etaient les

seuls a ne pas reconnaitre la verite des autres dieux. Le caractere exclu-

sit du judalsme, el qu'il seman.ifeste ans e monotheisme strict et es exi-

gencesde purete prescrites par la loi mosalque,a souventexpose es Juifs

a des accusationsd'impiete. Ct. a ce propos,M. Hengel, Judaism and Hel-

lenism,Vol. 1, p.304. Notons bien ici que Pierre Ie Barbare pratique et

professe e udalsme : un indice supplementaire, selon certains,que cette

section des Horn provient d'une apologie du judalsme (cf. W. Adler,

«Apion's Encomium of Adultery : A JewishSatire of Greek Paideia in

the Pseudo-ClementineHomilies », p.29).

23. Pour Ie grammairien Apion, representant ci Ie point de vue de l'elite

cultivee du 1 er iecle de notre ere, la piete (EuaEf3Ela)onsisteprincipale-

ment a observer es usagesancestraux,T<l 1T<lTpla.es 1T<lTplaompren-

nent evidemment l'honneur dfi aux dieux de la Cite (la participation aux

sacrifices et aux ceremonies officielles) et Ie respectconfere aux parents.

La-dessus, oir l'ouvrage toujours eclairant d'A. J. Festugiere,L'ideal reli-

gieux des Grecset ' Evangile,2eed., Paris, 1981,p.21-27.De maniere plus

generale, es 1T<lTplaesignent aussi un ensemble de notions religieuses

et de preceptes moraux transmis notamment par les mythes. Sous 'in-

fluence de la philosophie, les intellectuels d'epoque romaine prenaient

souvent leurs distancesa l'egard des mythes, mais n'en concevaientpas

mains un certain respect pour ces recits traditionnels, dans a mesure oil

its appartenaient out de meme a la 1TalOEla.ur cette question,cf.le com-

mentaire de W. Jaeger, Early Christianity and Greek Paideia,Cambridge

(MA), 1961,p.42-43 et 71, qui cite les cas de Ciceron et Varron. Ct. ega-

lement M. Simon, « Christianisme antique et penseepalenne : rencontres

et conflits », Bulletin de a FacultedesLettresde Strasbourg, 8,1960,p.313.

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44

D.core

est impie, ne consente, dans sa volonte de pratiquer la piete, a

suivre es voies de sonpere24. Comment reprit Appion, tu viens

de dire que ton peTea mene une mauvaisevie? -Non, savie n'etait

pas mauvaise, dis-je, m~s ses opinions25 'etaient. 5 -Et quelles

etaient ses aussesopinipns26,'aimerais bien Ie savoir, dit-il. Je

repondis : II croyait aux mythes mensongerset mauvaisdes Grecs.

6 -Quels sont-ils, poursuivit Appion, ces mythes mensongerset

mauvaisdes Grecs? -II siagit, dis-je, de leur opinion incorrecte sur

les dieux et, si tu prend$ patience, tu l'entendras avec ceux qui

aiment s'instruire.

9,1 «Mais avant d'en pa~ler, retirons-nous a l'instant en quelque

lieu plus tranquille et je JIl'y entretiendrai avec vous. Si je desire

avoir une conversation a l'ecart c'est que ni la route ni meme l'en-

semble des philosophes ne s'occupent sincerement de discerner

les realites27. 2Nous en cannaissons beaucoup, en effet, parmi ceux

24. L'idee d'une piete qui s1autorise a trier, parmi les usages ancestraux,

Ie vrai du faux, Ie pieux de l'impie, se retrouve chez certains apologistes

du lie siecle, comme Justin:« A ceux qui soot pieux et amis de la sagesse

selon la verite, la raison or<llonne de n'estimer et de n'aimer que Ie seul

vrai en refusant d'adopter ~esopinions des Anciens, si elles soot mau-

vaises» (Apologies, 1,21, trlid. d' A. Wartelle) et Clement d' Alexandrie :

«Ne pourrons-nous pas ...~pres avoir abandonne une habitude mauvai-

se, malsaine et impie, mem~ si nos peres s'en indignent, detoumer notre

route du cOte de la verite ...Ainsi, nous aurons simplement rejete, comme

un poison pemicieux, la coutume etablie» (Protreptique, X, 89,2, trad. de

C. Mondesert). La questioQ du rapport entre verite et coutume et celIe

de l'obeissance aux parentsirepresentent par ailleurs Ie genre de themes

frequemment etudies dansiles ecoles de rhetorique de l'empire (cf. W.

Adler, «Apion's "Encomi$ of Adultery" », p.32).

25. Opinions: U1TOA1']$EWS',lus litteralement : suppositions.

26. Opinions: u1T6vola, lus llitteralement : supputations.

27. La necessite de tenir uni dialogue philosophique a l'ecart de la foule

ou des faux philosophes renvoie aux nombreux cercles philosophiques ou

religieux de l'antiquite qui s1employaient a garder leurs doctrines secretes

(voir sur ce point G. Fowd~n, «The Pagan Holy Man in Late Antique

Society», Journal of Hellenfc Studies, 102, 1982, p.56). G. Stroumsa rap-

pelle que la transmission dli savoir ou de la verite s'entourait dans l' An-

tiquite de nombreuses precautions: «la verite appartient a une elite; sa

revelation imprudente peut ;ivoir des consequences facheuses pour tous ».

n ajoute que «ces idees sont a la base de tout esoterisme, en particulier

de celui qui rut pratique dan~ Ie monde antique » ( « Traditions esoteriques

dans Ie christianisme des P

r emiers siecles », Apocrypha, 2, 1991, p.133-

134). Dans les Horn, Pierre ui-meme reserve a ses disciples un enseigne-

ment plus complet que celui prodigue aux routes (d. Horn. X, 26,2-3; XIX,

25,3)

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UNE CRmQUE DE LA MYTHOLOGIE GRECQUE

D' APRES L' HOMELIE PSEUDO-CLEMENTINE IV

45

qui s'enorgueillissentde leur philosophie, qui s'eprennentde vaine

gloire ou revetent Ie manteau28,motives par Ie gain et non par la

vertu seule, et qui, s'ils n'obtiennent pas ce pourquoi ils philoso-

phent, se transforment en railleurs. Par consequent, a cause de

pareillesgens,choisissons n endroit approprie pour etre a I'ecart ».

10,1 Or, l'un des compagnons d' Appion etait un homme fiche et

possedait line propriete pourvue d'une elegante vegetation.

«Puisque la chaleur frappe durement, dit-il, retirons-nous dans

roes jardins, tout pres de la ville ». 2 On se rendit donc s'y asseoir.

li y avait la de limpides ruisseaux coulant d'une source fraiche et

des arbres varies qui formaient un abri verdoyanf9. 3Je m'assis la

avec joie et leg autres firent de meme autour de moi. lis restaient

silencieux. Au lieu d'user de la voix pour m'interroger, its tenaient

leurs regards fixes sur moi. De toute evidence, its reclamaient ainsi

la realisation de ma promesse. Je commen~ai donc mOll discours

en ces termes.

28. Sous 'empire, Ie terme «philosophe» designe«beaucoupde monde »,

comme Ie note L. Jerphagnon (Vivre etphilosopher sous es Cesars,Paris,

1980,p.234).Quant au manteau, e TpL~WVpalladium, en latin), bien qu'il

appartienne, au depart, a l'accoutrement caracteristique du philosophe

cynique (voir M.O. Goulet-Caze, «Le cynisme a l'epoque imperiale »,

dans Aufstieg und Niedergang der romischen Welt, 2, 36,4, Berlin -New

York, 1990,p.2739), l finit cependant,a l'epoque imperiale, par devenir

un attribut du philosophe en general. Cf., la-dessus, e reproche d' Apu-

lee (auteur de la deuxieme moitie du IIesiecle apres J.-C.), dans sesFlo-

rida, a ceux qui ne sont philosophes que par Ie manteau (VII, 10-13) et

l'article de P. Courcelle, «La figure du philosophe d'apres leg ecrivains

latins de l'antiquite »,Journal des Savants,1980,p.85-101.

29. La recherche d'un endroit, non seulement sole, mais aussi agreable,

pour y tenir tine discussion,est l'un des themes propres a la forme litte-

raire du dialogue philosophique. Chez Platon, comme chez Ciceron plus

tard, Ie dialogue en tant que t~l se voit souvent precede d'une mise en

sceneplus ou mains 6laboree. Ace sujet, d. B. R. Voss,Der Dialog in der

frilhchristlichen Literatur, Munich, 1970, .74-75, qui fait remarquer qu'ici,

ala maniere de Platon, l'echange commencedans a rue et se developpe

en dialogue, et que, comme chez Ciceron, on prefere a l'agitation de la

place publique la tranquilite d'un ardin. Concernant a tradition du locus

amoenus comme cadre d'un dialogue philosophique, qui prendrait son

origine dans e Phedrede Platon, voir, entre autres,M. J. Edwards, «The

Clementina: A Christian Response to the Pagan Novel », p.472 et B.

Rehm, « Clemens Romanus II », dans Reallexikon ur Antike und Chris-

tentum,1957,vol, 3, col. 204.W. Adler, « Apion's Encomium of Adulte-

ry »,p.32 et W. Heintze, Der Klemensromanund seinegriechischenQuel-

len,p.43 etablissent un rapport avec e jardin d'Epicure.

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46

COTE

11,1« 6 Grecs, il y a, pour ainsi dire, une grande difference entre

la vente et l'habitude. Car c'est apres 'avoir cherche sincerement

que l'on decouvre a verite, tandis que l'usage dont on aura hen-

te, qu'il soil vrai ou faux, ne tire sa force que de lui-meme, sans

faire appel au discemement, et celli qui l'a re~u ne se rejouit pas

plus de sa vente qu'il ne s'irrite de sa faussete3O.Ce n'est donc

pas par discemementm~is par prejuge qu'un tel individu a acquis

sescroyances:a l'opinioIi de sesdevancierset au hasard, l a confie

sapropre esperance.Or, Un' estpas acile de se depouiller du vete-

ment ancestral, meme $'il s'averait tout a fait sot et ridicule.

12,1 « Oui, je dig, moi, qu~ toute la culture grecque est line propo-

sition tres facheuse d'un mauvais demon31. 2 Certains Grecs ont

en effet introduit des die$X nombreux et enseigne qu'ils sont mau-

vais et soumis a toutes le,spassions. De la sorte, celui qui vent se

livrer a des pratiques semblables n'eprouve aucune honte -ce qui

pourtant est Ie propre dt l'homme -puisqu'il a pour modele leg

vies mauvaises et ignobles des dieux de la mythologie32. 3 Or, l'ab-

30. Si l'equation tradition =rverite, que Clement combat dans celie dis-

cussion,ne s'impose pas d'ePtblee a nos esprits modemes, l en allait tout

autrement pour les Ancien$. On estime que, malgre ~a et la des reserves

et des critiques a son endroit, la notion de tradition constitue dans a pen-

seeantique tine «pierre de tpuche de a morale et de a verite » (M. Simon,

«Christianisme antique et penseepa"ienne ,p.312).Cette tendancea faire

de la tradition un « critere d~ a verite morale et ntellectuelle » etait meme

« largement diffuse a l'epQque parmi les intellectuels» (Ibid., p.311).

31. Une proposition tres aqheused'un mauvais demon: Le sens du mot

inr66EULS',ue nous traduisQnspar « proposition », n'est pas evident dans

ce passage.A. Siouville (~es homelies clementines,p.166), propose de

rendre inr66EULS'ar « sugg~stion» et Thomas Smith «( The Clementine

Homilies », dans TheAnte-f(.[icene athers,Edimbourg -Grand Rapids,

1989,vol.8, p.253), par « falilrication ». D'autre part, en assimilant a cul-

ture a l'action d'un demon, on ne saurait exprimer plus categoriquement

Ie refus de celie culture D.ns leur critique du polytheisme et de l'idola-

trie, les apologistes du lIesiecle, comme Justin (Apologies, , 5,2) et Cle-

ment d' Alexandrie (Protreptique, II, 40,1), n'hesitent pas a qualifier les

dieux grecsde demonsmalf&igants.Surcetle premisse mportante de 'apo-

logetique chretienne,voir P. F.Beatrice, «Hellenisme et christianisme aux

premiers siecles de noire ere. Pa cours methodologiques et bibliogra-

phiques », Kernos, 10,1997 jp.41.A la difference des apologistes, e Pseu-

do-Clement, dans ce passa~e, emble plutot se limiter a l'idee d'une pro-

position demoniaque comnie point de depart de la TTal&La.

32. La critique de la mytholqgie grecque,a laquelle se ivre Clement,passe

outre la multiplicite des didux: elle s'interesse avant tout a l'immoralite

de ces etres supposessupeqeurs et au facheux exemple qu'ils proposent

a ceux qui les contemplent.En fait, on retrouve ce theme de l'immorali-

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UNE CRITIQUE DE LA MYTHOLOGIE GRECQUE

D' APRES L'HOMELIE PSEUpO-CLEMENTINE IV

47

sence de honte chez un tel homme n'annonce aucun espoir de

repentance. D'autres ont introduit Ie destin, ce qu'on appelle la

naissance, l'encontre duquel nul ne peut agir ou patir33, En fait,

cetle idee est semblable,voire identique a la premiere. Effective-

ment, celui qui admet que nul ne patit ou n'agit a l'encontre de sa

naissance, e dirige aisementvers Ie peche et, Ie peche commis, ne

regrette nullement son mpiete: il donne l'excuse que sa naissan-

ce l'a contraint d'agir ainsi et, comme il ne peut corriger sa nais-

sance, l ne peut avoir honte de sespeches.

13,1 « D'autres enseignent 'existence d'un mouvement mprovi-

se34,omme si 'univers etait emporte par sapropre impulsion, sans

te des dieux aussi bien dans l'apologetique juive, chez Flavius Josephe,

par exemple, qui reproche aUK Grecs d'avoir laisse leg poetes presenter

leg dieux « soumis a toutes leg passions » (Contre Apion, II, 251), que dans

l'apologetique chretienne, comme l'exprime Justin qui s'interroge sur Ie

bon gens d'une conception de la divinite qui presente «Ie maitre lui-meme

et createur de l'univers, Zeus, camille parricide et fils de parricide, sou-

mis aux desirs amoureux» (Apologies, I, 21,5). Cf. egalement, chez leg

apologistes chretiens, Tatien, Oratio, 8,1; Athenagoras, Legatio, 10,2; 21,4;

Theophile d' Antioche, Ad Autolycum, III, 3 et Clement d' Alexandrie,

Protreptique, II, 32,1; 35,1.

33. Le destin: Ie mot «destin» rend ici une notion philosophique assez

courante dans Ie monde greco-romain, l'El~ap~E\IIl, c'est-a-dire, comme

l'a definie Ie PeTe Festugiere (L'ideal religieux des Grecs et l'Evangile,

p.104, n.1),« la part fatale devalue a chacun ». L'ordre,« la dure realite des

lois universelles» (Ibid., p.105), s'exprime a merveille dans Ie COUTSegu-

lief des astres. Ce sont eux, leg astres, qui, par leur position au moment

de la naissance (rEvEalS ), determinent Ie sort de chaque individu. Peut-

etre devrions-nous traduire Ie mot rEVEalS par «horoscope », a la suite

d' A. Siouville, puisque Ie terme a dans ce passage Ie gens technique de la

«naissance marquee et fixee par leg astres» (Ibid., p.1ll, n.7). Dans un

contexte astrologique, leg termes rEVEalS t El~ap~E\IIl semblent d'ailleurs

jouir d'une relative equivalence. Cf., par exemple, Ie lexique de Suidas

(xe siecle apres J. -C.) qui donne cette precision au sujet de rEVEalS : AE-

rETal Kat 1'1El~ap~E\IIl. Quant a l'importance de l'astrologie dans toutes

leg couches de la population d'epoque imperiale, voir notamment G. Luck,

Arcana Mundi, Baltimore, 1985, p.309-321 et R. Turcan, «Litterature

astrologique et astrologie litteraire dans I' Antiquite classique », Latomus,

27, 1968, p.392-405, qui mentionne d'ailleurs l'existence de traites astro-

logiques attribues a des personnages hebraiques comme Abraham, David,

Salomon, Daniel et Esdras (p.397). Sur l'influence de l'astrologie sur des

milieux juifs Russi marginaux que leg communautes esseniennes, voir M.

Hengel, Judaism and Hellenism, vol. I, p.236-241.

34. Un mouvement improvise <1TTpov61lTOVj>opav. ' est vraisemblablement

l'epicurisme qui est vise par cette notion de «mouvement improvise ».

Notons d'abord que la <j>6pa esigne, chez Platon, Ie COUTs es astres, Ie

mouvement de l'univers et que l'adjectif <1TTpov61lTOSignifie litteralement

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48

D.COTE

qu'aucun maitre n'y verne. Pensercomme noDsvenons de Ie dire

represente la plus fiichtuse de toutes leg opinions. 2 En effet,

comme s'il n'y avait personned'etabli pour prevoir et rendre a cha-

CUllselon sonmerite, cesgens-la ont paisiblement tout ce qui leur

estpossiblede faire, par<)e u'ils ne craignent rien. C'est pourquoi

ceux qui ont de telles pelIseesne parviennent pas facilement -ou

peut-etre pas du tout -ala chastete,car ls ne voient pas a l'avan-

ce Ie danger qui pourrair leg convertir. 3 Quant a la doctrine des

luifs, de cesBarbares co~me vous dites, elle est a plus pieuse des

doctrines: elle enseigne ju'il y a un seulpeTeet createur de l'uni-

veTS, on et juste par na~ure, I est bon en ce qu'il pardonne leurs

pechesa ceux qui se rep~ntent et il est uste en ce qu'il sevit contre

ceux qui ne se repentent pas, selonce que meritent leurs actions35,

14,1 « Celie doctrine, m~me si elle tenait peut-etre du mythe, ne

serait pas nutile a l'exist~nce,puisqu'elle estpieuse.De fait, dans

l'attente d'etre juge par Ie Dieu qui voit tout, chacun est poussea

ce qui est depourvu de iTpOVOla,'est-a-dire de prevoyance. Or, Ie fetus

de a prevoyance,au, si l' ani prefere, de providence,caracteriseassez ien

1'epicurisme.Sur Ie fetus epicurien de la providence et la notion de mou-

vement spontane, t. P.Hadrt, Qu'est-ce ue a philosophie antique?,Paris,

1995, .186-189.Ce te nega~ion e la« plupart descroyancespopulaires »,

comme e rappelle E. Brehi~r ( Histoire de la philosophie,4" edition, Paris,

1987,vol. I, p.303), que les IStoiciens entaient au contraire de justifier, a

fait en sorte que, partout, fus croyants Guifs, chretiens, paiens) conside-

raient la doctrine epicurienrleblasphematoire.a., a ce propos,F. Cumont,

Lux perpetua, Paris, 1949,p.124 et D. Rokeah, Jews,Pagansand Chris-

tians n conflict,Jerusalem leiden, 1982, .18-19;34 et 213.Pour un expo-

segeneral sur 1'epicurisme,: oir C. Levy, Les philosophies hellenistiques,

Paris, 1997, }.25-99et J. Brunschwig, «La philosophie a l'epoque helle-

nistique. 2. Epicure », dans M. Canto-Sperber (direction), Philosophie

grecque,Paris, 1997,p.475-510.

35. Bien entendu, la« doct~e des JUllS»ne se imite pas a ces quelques

elements. Pour les besoins~e a discussion,Clement s'en tient a ce qui lui

sera utile. A l'impiete des raTpla grecques, l oppose a doctrine pieuse

des Juifs; a la multiplicite des dieux, 'unite du PeTeet createur. II insiste

sur es qualites morales du Oieu uif. II est bon et juste, alors que les dieux

de la mythologie sont mautais et soumis a toutes les passions.Les quali-

tes morales de son Dieu in~irent d'ailleurs aux adeptes du udaisme tine

crainte du peche, andis que 'immoralite desdieux grecs ncite au contrai-

re a pecher sans etenue. qn aura note, au passage, ue les trois aspects

de la iTal8Elaabordes par Clement dans cette discussion, es mythes, e

destin et 1'absence e provtdence, ant ete uges selon ce critere : la capa-

cite d'inspirer tine vie morlilement irreprochable. Ajoutons que Clement

ne defend pas ci Ie christialtisme ou a doctrine udeo-chretienne du Verus

propheta, qui domine Ie r~ste des Horn, mills tine version simplifiee du

judaisme.

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UNE CRITIQUE Dij LA MYTHOLOGIE GRECQUE

D' APRES L' HOMEtlE PSEUDO-CLEMENTINE IV

49

vivre plus chastement36. lEt si, au contraire, cette doctrine etait

vraie, elle aura libere du ch§,timenteternel celui qui a vecu chas-

tement; elle l'aura fait beneficier, en plus, des biens eternels et

ineffables venus de Dieu.

15,1« Je reviens cependant a la principale croyance des Grecs, celIe

qui propose, dans la mythdlogie, que leg dieux sont nombreux et

soumis a toutes leg passions37.2 J'eviterai de perdre trop de temps

avec leg evidences, en expliquant leg actes impies de chacun des

pretendus dieux. Je ne saurais d'ailleurs en raconter tous leg

amours, ceux de Zeus, de PoseIdon, de Pluton, d' ApolIon, de Dio-

nysos, d'Heracles et des autres, prig un a un38.Vous-memes, issus

de la culture grecque, vous b'ignorez pas leurs vies dans lesquelles

vous avez ete instruits afin C lu'en elateurs des dieux vous agissiez

semblablement.

16,1 «Je commencerai par le tres royal Zeus lui-meme. D'abord,

son peTe,Cronos, apres avoir avale sespropres enfants, comme

vous Ie dites, et coupe les parties genitales de son peTeOuranos,

a l'aide d'une faux en acier, a propose aux zelateurs des mysteres

divins un modele de pietea l'endroit des parents et d'amour a

l'egard des enfants. 2 Ensuite, Zeus lui-meme a enchaine son

~ropre peTe,'a enferme da~s e Tartare et reprime les autresdieux.

A l'intention de ceux qui veulent commettre des chases nnom-

mables, l a avale Metis, apr~s 'avoir engendree39Metis etait one

36. Le simple fait de croire a l~existenced'un Dieu qui voit tout, comme

l'enseigne Ie judaisme, oblige le croyant a mener une vie exemplaire. Ct.

Flavius Josephe, Contre Api(Jn, II, 160 et Justin, Apologies, I, 12, 3.

37. Des trois sujets enonces plus haut par Clement, seule a mythologie

sera abordee dans a discussiopqui l'oppose a Apion.

38. La liste des amours divins seradonnee de maniere plus complete dans

l' Homelie suivante (\1; 12,4 15,3). Sur Ie caractere vraisemblablement

scolaire de cette liste, voir M. R. James,«A Manual of Mythology in the

Clementines », Journal of Theological Studies, 33, 1932, p.262-265.

39.A. Le Boulluec me fait renjarquer que Ie verbe ciPPllTouPYElv,omme

Ie nom ciPPllTOupytQn Hom .VI, 18, 1, a ici un sensfortement pejoratif,

pour evoquer des actes nfame~ (commettredeschoses nnommables, lu-

tot que indicibles; son emploi,a une intention polemique, par allusion a

la celebration de rites secrets,propres aux cultes a mysteres,et pretant

aux soup~ons voir W. Burkert, Les cultes i mysteresdans ' Antiquite, tra-

duction fran~aise,Paris 1992,p. 68 et n. 44). Or Metis joue un role dans

les theogonies orphiques (voir M. Detienne, "La Metis orphique et la

seiche de Thetis", dans M. Detienne, J.-P.Vernant, Les rusesde l'intelli-

gence.La Metis des Grecs,Paris 1978,p.129-166, urtoutp.129-136). L'en-

gendrementde Metis par Zeu$,mentionne ici, et en Hom. VI, 2, 7 (cf. \1;

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50

D.c6TE

semencepuisqu'il est mpossible d'avaler un nourrisson. 3 Pour la

defense des pederastes, l ravit Ganymede40.Pour venir en aide

aux adulteres et en faveur de leur crime, il s'est ui-meme trouve

coupabled'adultere a plusieurs eprises.11ncite egalementa sedui-

re sessreurspar leg relations qu'il a entretenues avec eg siennes:

Hera, Demeter et l' Aphrodite celeste, que certains appellent

Dodone41.4 Et a ceux qui veulent s'unir avec eurs filles, il donne

dans leg mythes Ie mauvais exemple de ses rapports avec Perse-

phone. 11a commis bien d'autres impietes de sorte que, par son

extraordinaire intemperance, eg rreligieux ont cru a la divinite de

cet etre mythique42.

17,1 «On pourrait trouver raisonnable que des ignorants s'indi-

gnent assezpeu de telles opinions, mais que dire des gens culti-

ves? Certains parmi eux s'estiment grammairiens et sophistes. is

affirment que de pareilles actions sont dignes des dieux. 2 C'est

qu'eux-memes,dans eur intemperance,saisissente pretexte four-

ni par leg mythes et s'affichent alors comme imitateurs des etres

superieurs43 n commettant des actes degradants44.

12,4), est inconnu des autres versions du mythe. Ce1rait singulier est peut-

etre eclaire par la remarque presente sur la semence : d'apres une scholie

ala Theogonie d'Hesiode, v. 886, Zeus aurait persuade Metis de se trans-

former en quelques gouttes d'un liquide pour pouvoir I'absorber (voir J.-

P. VerDant, o. c., p. 107, n. 7); cette tradition a pu inspirer une interpreta-

tion maiveillante, presentant Zeus comme avalant sa propre semence. Que

tel soit Ie sens du passage, la paraphrase qu'en donne Epiphane en Pana-

rion XXVI, 16 (PG 41, col. 357 D), Ie confirme.

40. C'est a cause de sa grande beaute que Ganymede rut enleve par Zeus,

aupres duquel, sur l'Olympe, l'office d'echanson lui rut confie. Voir Ilia-

de, V, 265. Sur les representations de Ganymede, considere comme un

canon de la beaute masculine chez les Grecs, voir K. Dover, Greek H omo-

sexuality, Cambridge (MA), 1978, p.6.41.

Que certains appellent Dodone: l'assimilation d' Aphrodite a Dodone

n'a rien d'orthodoxe. C'est pourquoi il a ete propose de lire «Dione » a

la place de Dodone. La confusion Dione / Dodone semble en effet pos-

sible, puisque la deesse Dione, a l'epoque archaique, etait honoree a Dodo-

ne comme la compagne de Zeus. Plus tard, a l'epoque romaine, Dione

aurait ete assimilee a la deesse Aphrodite. Par ailleurs, Aphrodite passe

plus regulierement pour etre la fille de Dione. Voir, la-dessus, E. Simon,

« Dione », dans Lexicon Iconographicum Mythologiae Classicae, Zurich

-Munich, 1986, vol.III,I, p.41l.42.

Cet etre mythique: b l1ueLKOs,l s'agit d'une suggestion de F. Wieseler,

Exercitationum criticarum in Clementis Romani quae feruntur Homilias

P. I, Gottingen, 1857: Ie texte porte un b I1v80 , difficile a traduire.43.

Des etres superieurs : TWV KPEL TOVWV,ous pourrions aussi traduire,

comme A. Siouville (Les homilies clementines) par« des dieux ».

44. Cf., supra, note 31. Comme l'observe Justin,« tout Ie monde est d'avis

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UNE CRllIQUE DE LA MYI1IOLOGIE GRECQUE

D' APRES L' HOMELIE PSEUDO-CLEMENTINE IV

51

18,1 « Cela explique pourqlJoi les gens qui vivent a la campagne

pechent beaucoupmoins q'Je es gens cultives45: ts n'ont pas ete

inities au mal qui a mene ces demiers, parce qu'ils avaient appris

d'une culture malsaine la pratique de l'impiete, a commettre de

telles audaces.2 Car ceux qpi, des 'enfance, apprennent a lire au

moyende mythessemblablesassimilentdans eur esprit, aloTS u'ils

ont encore l'ame tendre, leg actes mpies des pretendus dieux46.3

En grandissant, ts portent Ie fruit des mauvaisessemencesetees

dans leur ame. Le plus facheux de tout c'est qu'il n'est pas facile

d'extraire les impietes qui se sont enracinees lorsque, devenu

homme, on leg considere camme pemicieuses.4 En effet, chacun

prend plaisir a conserver es habitudes acquisesdes 'enfance. Et

comme 'habitude n'est guere moins puissanteque la nature47, es

gens-la deviennent difficiles a orienter veTSe bien qui n'a pas ete

semedans leur §.medepuis Ie commencement.

qu'il est beau d'imiter les diem» (Apologies, , 21,4). Seulement,comp-

te tenDde l'immoralite notoire des Olympiens, 'imitation des diem appa-

rail moins louable, am yem deschretiens en tout cas. Voir Aristide, Apo-

logie,VIII et Clement d' Alexa$drie, qui reproche a sescontemporainsde

croire am idoles parce qu'ils elilvient eur incontinence (Protreptique, V;

61,4).

45. Selon 'auteur de ce passage~es gensqui vivent a la campagnepechent

beaucoup moins, a causede leur inculture, mais il faudrait ajouter que,

pour les memes raisons, ls re$istentdavantage a la christianisation Le

christianisme,phenomene urbain a ses debuts,mettra en eifel un certain

temps a convertir, tant bien que mal, es populations rurales de l'Empire.

A ce sujet, voir P. Brown, L' es.fordu christianisme occidental, raduit de

l'anglais par P.Chemla, Paris,1~97, .122 et P. Chuvin, Chronique desder-

niers pai"ens,Paris, 1991, .132.,133.

46. Pillion d'Alexandrie utilise les memes mots, «ame tendre », (UTfQAl')

 /Juxl'j),pour parler de l'influen(1enefastedesmythes sur es eunes eleves.

II rappelle que MoYse ropose de «repousser a fiction des mythes que

des leur premier age, dans leurs ames encore tendres, ont graves eurs

parents, eurs nourrices, eurs precepteurs,provoquant ainsi une errance

sans in dans ce qui touche a l~ connaissancedu bien supreme» (De vir-

tutibus, 178, rad. de R. Arnaldez). Cf. Idem, De posteritate,165; Platon,

La Republique, 377a-c. Pour ~'educationdans l'antiquite classique, on

consultera avec profit l'ouvra~, deja cite a la note 16, de H. I. Marrou,

Histoire de l'education dans l'antiquite. L'expression« des l'enfance» (EK

TfQtO6s)orrespond sans doutt1a ce que nODS ppelons 'ecole primaire.

A ce stade, l'enfant pouvait d~ja apprendre a lire dans une anthologie

poetique allant d'Homere a Euripide, s'il faut en croire H. I. Marrou, op.

cit, p.233.

47. La question du rapport entre l'habitude et la nature etait devenue un

veritable TOTfOS'ans a philosQphie hellenistique depuis Aristote et son

Ethique a Nicomaque. Voir W. Adler, «Apion's "Encomium of Adulte-

ry" », p. 32-33.

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52

D. COTE

19,1«Pour cette raison, ~ ne taut pas que leg eunes s exercentaux

savoirs qui corrompent /8. I taut aussi eviter soigneusementque

leg hommes dans a forc~ de l age pretent l oreille ala mythologie

des Grecs. 2 Les savoirsiqui ont COuTShezeux sont en effet bien

pires que l ignorance: ~us avons deja montre que leg gensde la

campagnepechentmoiJisparce qu ils n ont pas re~u a culture des

Grecs49. En fait, il taut fuir leurs mythes, eurs theatres, leur lit-

terature, et si cela etait possible, eurs cites5°.C est que, remplis de

leurs savoirsmauvais, ls communiquent a leurs compagnons,par

leurhaleine, comme la, rage51,eg maux dont ils souffrent eux-

memes. 4 Et voila ce quill y a de plus facheux plus on a ete edu-

que par ces gens, plus o~ se detourne d une penseeconforme ala

nature.

20,1 «Mais, certains d eptre eux, qui s estiment des philosophes,

qualifient d indifferents~2de leis pecheset traitent d insenses eux

48. On comparera ette recommandationadicalea celles,plus accueillantes,

de Basile Ie Grand, dans son raite Ad adolescentes. yant rec;uune edu-

cation classique res pousseeet malgre une conversion au christianisme

marqueepar Ie choix d line vie de renoncement, e PeTedu IY siecle n he-

site pas a recommander a lecture des poetes (Homere et Hesiode, par

exemple) et des philosophes (surtout Platon). Cf., concernantcette ques-

tion, W. Jaeger,Early Christianity and Greek Paideia,p.75-77 et P.F. Bea-

trice, «Hellenisme et christianismeaux premierssiecles e notre ere »,p.50-

51, sur Ie bon usagede la civilisation antique par les chretiens.

49. Au-dela de cette arg~entation contre la culture et la mythologie,

caracteristiquede apolog6tique du udaisme et du christianismed epoque

imperiale, il faut voir que ~ public non instruit etait plutot enclin a croi-

re aux mythes, alors que I~s «doctes », comme les designe Paul Yeyne,

n etaient pas « disposesa s pn aisserconter» (Les Grecsont-ils cru a leurs

mythes ?, Paris, 1983,p.59-60). En realite, suivant Ie meme auteur, la

mythologie, chez es gensc~tives, loin d engager a foi, constitue unsavoir

de reference (Idem, L e1t?gieerotique romaine, Paris, 1983, p.138).

50. Le rejet de la rraiOELai etait pas I apanagedes Juifs et des chretiens.

Les epicuriens, dans une <1ertainemesure, et les cyniques, assurement,

affichaient une attitude a4ant de la critique severe au refus Ie plus net.

Sur e cynisme,plus precis~ment,voir l etude de M. O. Goulet-Caze,« Le

cynisme a l epoque mperi~le », cite supra,note 27.

5L Comme a rage: I imagf: de la rage apparait a quelques reprises dans

les Homelies pour decrire tantot Ie desir (Hom.lI, 2, 3), tantot I adulte-

re (Hom. 111,68,2; V, 21,4).

52. Indifferents: a8La</>opa.Fait-on eference a l indifference de Pyrrhon,

seIGnqui notre incapacite ~ savoir si es chasessont bonnes ou mauvaises

nous oblige a les declarer Itoutes indifferentes, ou bien a celle des stOl-

ciens, pour qui tout ce quilne depend pas de nous doit etre juge indiffe-

rent, ne laissantqu une seule chose qui ne soil pas ndifferente : l inten-

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UNE CRITIQUE DE LA MYTHOLOGIE GRECQUE

D' APRES L'HOMEUE PSEUDO-CLEMENTINE IV

53

qui s'irritent de pareilles actions. 2 En effet, disent-ils, tout ce qu'ont

interdit par des lois leg sages des premiers temps n'est pas peche

selon la nature53. On savait roOfSque leg hommes, avec leur humeur

emportee, s'irritent grandetnent de leis actes et se font mutuelle-

ment la guerre. C'est pourquoi leg sages ont etabli des lois qui inter-

disent res agissements comme des peches. Qu'il est ridicule de pen-

seTainsi 3 Car comment leg causes de tumultes, de meurtres et de

tout desordre ne seraient pas des peches? Et leg vies interrom-

pues, leg familIes ruinees, l~ magie, leg ruses, l'indigence et bien

d'autres maux encore, ne viennent-ils pas de l'adultere54?

lion morale, Ie desir de faire Ie bien? Ou bien faut-il penser a l'opposi-

lion etablie par les cyniques entre la nature et les conventions (V6[10l)?

Le Pseudo-Clement nous laisse ici dans l'indecision. Sur Ie concept d'in-

difference dans la pensee antique, voir P. Hadot, Qu'est-ce que la philo-

sophie antique? , p.206-208; 336-337.

53. Ces philosophes qui font de la nature Ie critere ultime pourraient bien

etre d'allegeance stolcienne, etant donne l'importance, pour les tenants

du Portique, de vivre en harmonic avec la nature. II pourrait tout aussi

bien s'agir d'adeptes du cynisrpe, puisque la egalement, et de facron plus

radicale, la conformite a la nature est au creur du systeme, au mepris meme

de toute convention et de toure loi. Sur la notion de nature dans les phi-

losophies anciennes, ct. P. Haqot, Etudes de philosophie ancienne, Paris,

1998, p.77-92. Quoi qu'il en s~it, Ie Pseudo-Clement n'a probablement

vise aucune philosophie particPIiere, se contentant de rapporter une opi-

nion largement repandue, issue de la philosophic populaire.

54. L'adultere et ses fficheuseslconsequences semble preoccuper l'auteur

de cette section des Homelies.Nous avons droit ici a une lisle eloquente

des maux engendres par l'adultere et, au chapitre suivant, Clement et Ie

grammairien Apion discutero*t des mefaits ou des merites de l'adultere.

La preoccupation des Homelies rejoint d'ailleurs celie de nombreux phi-

losophes d'epoque romaine, scion W. Adler, «Apion's "Encomium of

Adultery" », p.42-43, des Stolciens pour la plupart. L'un de res philosophes,

influence notamment par Ie stolcisme, l' Alexandrin d'origine juive, Phi-

Ion (Ier siecle de notre ere), considerait que commettre l'adultere etait la

pire de toutes les fautes (Tau I[1E"ylcrTOUWV <i8lKTJI1UTWV)De Josepho,

44). Bien que fortement hellenise, Philon n'avait pas renie ses origines

juives (cf. N. G. Cohen, « The Jewish Dimension of Philo's Judaism -An

Elucidation of de Spec. Leg. IV 132-150 », Journal of Jewish Studies, 38,

no 2,1987, p.165-186), et, co~pte tenu de l'importance du mariage dans

la pensee juive, it est permis d~ croire qu'it exprime ici une opinion tiree

de son fond hebralque. On not~ra, de toute facron,que Ie Pseudo-Clement

blfime moins les dieux et leurs imitateurs pour avoir commis l'acte sexuel

que pour l'avoir pratique de mliniere extra-conjugale. A la difference des

encratistes, plus ou moins contemporains, it ne prone pas en eifel la vir-

ginite et l'abstinence, mais Ie ~ariage et la chastete. A propos de la vir-

ginite dans Ie christianisme anQien,voir E. Pagels, Adam, Eve, and the Ser-

pent, New York, 1988, p.78-97. En ce qui touche Ie mariage chretien dans

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54

D.COTE

21,1«Cependant, dira-t-on, pour quelle raison l'epoux qui ignore

l'adultere de sa emme n'eprouve nijalousie ni colere et ne cree ni

trouble ni conflit? Ainsi, de telles chosesne sontpasmauvaises ar

nature: c'est 'opinion insenseedeshommes qui les rend horribles.

2 Quant a moi, je dis que meme si ces horreurs-la ne survenaient

pas, l seraitpossible,du fait de a liaison avec 'amant, que a femme

quitte son man ou bien, tout en vivant avec ui, conspire contre lui

ou procure a son affiant les biens accumulespar Ie labeur de son

maTi et que, en l'absence de son man, devenue enceinte de son

affiant, elle veuille, par crainte d'etre decouverte, detruire Ie fruit

de son sein et devienne une infanticide ou bien pensseelle-meme

apres avoir fait penT son enfant55.3 Mais si elle concevait de son

affiant et accouchait, alors que son man est a la maison, voila un

enfant qui, devenu grand, ignore son peTeet considere comme tel

celui qui ne l'est pas, de telle sorte qu'a sa mort, Ie man, qui n'est

pas Ie peTe, aisse sesbiens a un enfant qui lui est etranger. Com-

bien d'autres maux surgissentd'habitude tout naturellement del'adultere

Et nous ne savonsnen descauses ecretesde cesmaux

4Car, a la maniere d'un chien enrage qui fait mounTceux qu'il peut

mordre en leur communiquant sa rage tout a fait invisible, Ie mal

secret de l'adultere, meme s'il est ignore, met fin ala lignee56.

22,1«Mais laissonscela pour l'instant. Nous savons aus que d'or-

dinaire les hommes se mettent dans des coleres sans rein a cause

de l'adultere et que, pour la meme raison, des guerres sont susci-

tees,des amilles sont detruites, descites sont prises et mille autres

maux surviennent encore57. Voila pourquoi, moi, je me suis refu-

l'antiquite, voir J. Evans Grubbs, «"Pagan" and "Christian" Marriage:

The State of the Question », Journal of Early Christian Studies,2, 1994,

p.361-412.Sur Ie point de vue juif concernant 'adultere et Ie mariage,ct.

Flavius Josephe,Contre Apion, 11,199et 201. Au sujet des malheurs ssus

de l'adultere, d. Philon, De Decalogo, 131.55.

Sur l'infanticide et l'avortement, ct. Flavius Josephe, Contre Apion,

11,202.L'avortement et 'infanticide etaient assezepandusdans e monde

greco-Tomaino a condamnation de cespratiques par es Juifs, et plus tard

par les chretiens, fait donc figure d'exception. Ct. Didache, I, 2; Y;2; Cle-

ment d' Alexandrie, Pedagogue, I, x, 96,1. Sur 'ensemble de la question,

voir M. J. Gorman, Abortion & the Early Church, Downers Grove, 1982.56.

Le mal secretde l'adultere, memes'il est gnore, met in d la lignee: ct.

un commentaire semblable chezPhilon: «si Ie crime n'est pas decouvert,

les enfants adulterins usurpent Ie rang des enfants legitimes, abatardis-

sentune lignee qui leur est etrangere» (De Decalogo,128, rad. de v: Niki-

prowetzky).57.

On peut se demander si la mention de guerres et de cites conquisesa

causede l'adultere ne serait pas une allusion aUK mours de la belle Hele-

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UNE CRIllQUE DE LA MYTHOLOGIE GRECQUE

D' APRES L'HOMELIE PSEUDO-CLEMENTINE IV

55

gie aupres du saint Dieu et de la loi des Juifs58; 'ai pris la fernIe

decisionde croire que, sur a base du uste jugement divin, la loi a

ete definie et l'ame re<;oit nfailliblement Ie merite de ce qu'elle a

fait en toute circonstance».

23,1Quand 'eus dit cela, Aippion fit cette objection: « Quoi donc,

dit-il, leg ois grecquesn'interdisent-elles pas aussi eg actions hon-

teuses, e punissent-elles aS egadulteres?2 -Eh bien alors, epon-

dis-je, leg dieux des Grecs tneritent Ie chatiment pour avoir com-

mis des actescontraires aujr ois. Aussi, comment pourrai-je vivre

chastement en considerant que leg dieux eux-memes out ete leg

premiers, avec 'adultere, a commettre tout ce qu'il y a de pemi-

cieux et n'ont pas ete punis~alors qu'ils Ie meritaient d'autant plus

qu'ils ne soot pas esclaves :le eur convoitise? Et si, au contraire,

ils y etaient soumis, en quoi etaient-ils des dieux? 3-N'ayons plus

leg dieux pour gardiens, repondit Appion, mais leg uges: a leur

vue, nollScraindronsde pecher.4Je repliquai: Ce n'estpas a meme

chose,Appion, car celui qui a un homme pour gardienoserapecher

avec ' espoir de ne pas etre vu; mais celui qui a etabli sur son ame

un Dieu qui voit tout refusera meme de pecher en cachette,

conscientde ne pas pouvoir agir a son nsu »59.

24,1A cesmots, Appion retorqua: «Depuis que j'ai entendu dire

que tu frequentais des Juifis, e savaisque tu avais change d'avis.

fie, a l'origine de la guerre de Troie. Cf. Philon, De Iosepho, 56: «les

guerres es plus nombreuses ~t les plus importantes eurent pour origine

les amours, es adulteres et la tromperie des femmes, es guerres qui ont

aneanti la plus large et la meilleure part de la race des Hellenes et des

Barbares» (trad. de J. LapQrte). Quant a l'expression «mille autres

maux», on peut la comparer fl un autre passagedu De Iosepho (44), oil

l'adultere est qualifie« digne ~e mille morts ».

58.11 s'agit d'un judaisme simplifie, a des ins de propagande sansdoute.

La loi dont il est questionn'a den de rituel. Comme e dit M. Simon(Verus

Israel, p.71),« c'est une sages$e ue l'auteur propose aux patensdans un

langage et sous une forme qiji leur soient accessibles . II y avait appa-

remment, dans a societe greto-romaine, une soif de vertu et de purete

que ce udaisme proposait d'dtancher. La-dessus, oir a nouveauFlavius

Josephe, Contre Apion, II 14~ et 210; A. Causse,«La propagande uive

et l'hellenisme », Revue d'Hi.\jtoire et de Philosophie Religieuses, , 1923,

p.397-414;E. Schiirer,The HiStoryof theJewish People n theAge ofJesus-

Christ, vol.lII, part.l, p.567.Le caractere egaliste de ce judatsme, qui est

essentiellementune «orthoptaxie », selon M. Simon (Verus Israel,p.69-

70), explique la primaute qu'iJI onfere aux problemes moraux.

59. Meme objection chez es apologistesAthenagore (Legatio, 32,4) et

Justin: «car ce n'est pas a qause de vos lois et de vos peines que les

mechants cherchenta passermaper~us ils font Ie mal parce qu'ils savent

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56

D. COTE

En effet, comme on dit fort bien: «Les mauvaises ompagnies or-

rompent les bonnes m<lturs»60. Alors, les bonnes compagnies,

dis-je, redressent les m4iuvaisesmreurs. 2 -Aujourd'hui, reprit

Appion, j'ai ete pleinentent satisfait de comprendre ton opposi-

tion: c'est pourquoi no~ t'avons accorde a parole en premier. 3

Demain, par contre, si c4la te convient, e demontrerai, en ce lieu

et en presencedes meme$amis, que nos dieux ne sont ni adulteres

ni meurtriers ni corrupte4rs d'enfants ni amantsde leurs sreursou

de leurs illes, mais que ~s Anciens, en voulant reserver a connais-

salleedesmysteresa cem :qui aiment apprendre, ont voile cesmys-

teres des mythes doni tu as parle. 4 Ainsi, on explique en termes

de physique que Zeus est la substance en ebullition, Cronos, Ie

temps et Rhea, la natur~ fluide de l'eau61.5 Toutefois, demain,

lorsque vous serezTennisau malin, j'interpreterai allegoriquement,

comme promis, chaque igure et e mettrai en umiere la verite de

ces ealites62. -Tu feras demain comme tu l'as promis, repondis-

je, mais ecoute des a pr4sent quelques objections a ce que tu as

l'intention de dire.

que vous etes des hommesl et qu'ils peuvent echapper, tandis que s'ils

avaient appris et s'ils avaiebt la conviction que rien ne peut echapper a

Dieu, ni action, ni meme intention, cette imminence seule leg maintien-

drait de toute maniere dans l'honnetete» (Apologies, I, 12,3).

60. Les mauvaises compagnies corrompent les bonnes mlEurs : citation du

poete comique athenien Menandre (342-292 avant J .-C.), de la piece Thai:\"

(T. Kock, Comicorum atticorum fragmenta, 1880-1888, ragment 218). Cette

maxime, fort connue dans l'antiquite, se retrouve meme dans Ie Nouveau

Testament, dans une epitre Pe l'apotre Paul (1 Co 15,33). Cf. un echo de

cette idee (l'influence des ftequentations) chez Philon, De Josepho, 83.

6L L'explication allegoriqutl, annoncee ici par Apion, trouvera son deve-

loppement au chapitre VI d~s Horn. Bien qu'amorcee au yesiecle avant

J. -C. par leg sophistes, l'interpretation allegorique ne prendra de l'im-

portance qu'avec leg Stoici~s, a partir du lIIesiecle avant J. -C., en rai-

son du respect que vouaient leg tenants du Portique a la tradition et aux

mythes plus particulieremetit. C'est Homere qui profitera Ie plus de cette

entrepfise de recuperation. Le Pseudo- Heraclite (Ier siecle apres J.- C.) et

son ouvrage intitule Allegor.:es d'Homere, constitue un bel exemple d'une

lecture,allegorique, d'inspirjition stoicienne, de recits a saveur mytholo-

gique. Ace sujet, voir A. 4 Boulluec, «L'allegorie chez leg Stoiciens »,

Poetique, no 23, 1975, p.301.321; F. Buffiere, Les mythes d'Homere et la

pensee grecque, Paris,1956: J. Pepin, My the et allegorie. Les origines

grecques et les contestations jlfdeo-chretiennes, Paris, 1958; W. Jaeger, Early

Christianity and Greek Paidf ia, p.48.

62. La verite de ces realites :TI']V TWV OVTWVQA1']6ELQV.ous traduisons

assez litteralement ce que Siouville rend plus librement: «les realites

qu'elles recouvrent ».

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UNE CRITIQUE DIr: LA MYrnOLOGIE GRECQUE

D APRES L HOMEZ-IE PSEUDO-CLEMENTINE IV

57

25,1 « Si les actions des dieux ont ete voilees de mythes mauvais,

alors qu elles etaient bonnes, l auteur de cet enveloppement a

demontre une grande perversite : il a cache des faits venerables

sousdes recits honteux afin que nul n en soit Ie zelateur. 2Mais, si

les actions des dieux etaient vraiment impies, il fallait, au contrai-

re, les voiler de recits honnetes,de peur que es hommes, e regard

tourne veTS es etres superieurs, ne cherchent a commettre les

memes peches». 3 Apres mon intervention, il etait clair que les

genspresents commen~aielilt aimer a teneur de mes propos. En

effet, ils ne prirent conge qu apres m avoir demande nstamment

et avec empressementde revenir sans aute Ie lendemain.

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Jacques-NoelPERES

lnstitut protestantde theologie,Paris

UNTERSUCHUNGEN 1M

ZUSAMMENHANG MIT DER

SOGENANNTEN EPISTULA LENTULI

L Epitre de Lentulus, apocrypheguereanterieurauxw. s. dont estdon-

nee ci une traduction allemande,s'arretea l'aspectphysique de Jesus,qui

y estpresentecomme un tres bel homme, et s'essaie u-dela a un portrait

psychologique. Celapose toutefois un probleme theologique cettebeaute

convient-elleau serviteur souffrant, dont parle Esai e?Une enquetedans a

litterature patristique montre les enjeux des deux affirmations contradic-

faires,de la beauteou de a laideur du Christ,et comment outesdeux s'ins-

crivent dans une perspectivesoteriologique. Le Christ laid porte Ie peche

des hommes. Le Christ majestueux iege au divin tribunal. Cettederniere

image, vehiculeepar l'Epitre de Lentulus, s'accordeavec a predication et

la piete de l'epoque de sa mise en circulation.

Dating at the very ealiest rom the XWth century, he Epistle of Lentu-

Ius, offered here in a German translation, s an apocryphal work refering

to thephysical appearanceof Jesus,presentedas a very handsomeman;

but it also deals with thepsychologicalportrait of Jesus. t raises, owevel;

a theological question.. does this beautypertain to the Suffering Servant

referred to by Isaiah? An inquiry into patristic literature shows he impli-

cations of both of the contradictory positions about Christ's beauty and

ugliness.Both viewsarepart ofa soteriologicalperspective.The ugly Christ

bears he sin of men; Christ in majestysits at the divine tribunal. This mage

transmitted by the Epistle of Lentulus corresponds o homilies and pious

works of the time when it started o be transmitted.

Diel 1998Ausstellung des Grabtuches Christi in Turin stellt yon

Neuem in vielen Tageszeitungen nd Zeitschriften, sowie auch n

den Gedanken der Glaubigen, die diese Reliquie dort verehrt

L DiesenVortrag babe ch am 16. Juni 1998 n der Kirchlichen Hochschule

in Wuppertal gehalten. FUr die Hilfe bei seiner deutschenFassungmoch-

te ich mich rei Frau Iris Coqui, die sich soviel Mtihe gegeben hat, und

deren Rat mir immer Erleuchtung war, sehr herzlich bedanken.Alles was

richtig ist, stammt yon ihr; alles was falsch st, yon mir.

Apocrypha 11,2000,p. 59 -75

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60

PERES

haben, die Frage, wie Jesus wahl ausgesehenhaben mag. Diese

ylaubigen, die, meiner Meinung nach, entgegen aller Wahr,.

scheinlichkeif, davon tiberzeugt sind, daB dieses Thch den Kor-

per Jesu n seinem Grab eingehtillt hat, und daB der Abdruck, den

man sieht, uns seine Gesichtsztigeerscheinen aBt, sparennicht an

den Einzelheiten bei der Beschreibung seines Portraits. Urn die

Wahrheit zu sagenmuBten sich die Ktinstler, sobald sie Christus

unter den verschiedensten Formen darstellen wollten (Fresken,

Mosaike, Bildnisse auf Pokalboden, Sargskulpturen, u.s.w.) sich

selbstvorstellen, wie er wahl ausgesehen aben mag, da weder die

Evangelisten noch die Augenzeugen des Lebens Jesu ein genau-

es Portrat aufgezeichnethaben. Die Bibel hat mit der Beschrei-

bung Davids ein Leitbild gegeben, das sie tibemommen haben :

ein junger blonder Man mit schonenAugen und einem sympathi-

schen Aussehen3. Allerdings wurden am Anfang meistens die

Regeln der Malereikunst und der antiken Statuen benutzt. Der

Hirte Kriophoros, urn nur den einen zu erwahnen, war ein gelau-

figes Thema der antiken Kunst, und wurde ganz einfach yon den

Christen benutzt, urn den guten Hirten aus clemJohannesevange-

lium 10 darzustelIen, ohne daB man mit Sicherheit sagenkonnte,

daB es sich bei alIen Darstellungen in den Katakomben immer urn

Christus handelt; es st sehrwahrscheinlich,daB sich nachund nach

eine rein symbolische Darstellung einer Botschaft des Friedens

und desGlticks in eine christologischeAuslegung verwandelt hat4.

Bald hat man nicht nur den Kiinstlerichen ~inn oder ein die Neu-

gier der Glaubigen zufriedenstellendes Mfttel in der Dlirstellung

des korperlichen Aussehens Jesu Christi gesehen, sondern die

theologische Wichtigkeit festgesteIlt, vor alIen Dingen die einfa-

che Tatsache,daB man ihn, den verschiedenendoketischen Ten-

denzenentgegen, un in seiner reellen Korperform beschreibt.Auf

der anderenSeite,die ZeugnisseseinerTatenund seinerWorte van

einem Portrait Jesu olgen zu lassen,hieBe zu beweisen,daB man

2. Die dafiir- und dagegensprechende iteratur ist zu umfangreich,als daB

sie bier im Einzelnen erwahnt werden konnte. Urn zu versuchen, das

Ursprungsdatumdes Grabtuches von Thrin festzustellen,darf man,denke

ich, zusatzlichzu den angewandtenwissenschaftlichenMitteln, zwei gegen

seine Authentizitat sprechendeElemente nicht vemachlassigen, nd zwar

zum einen die Tatsache, aB die Evangelien nicht von einem Leichentuch,

sondem von schmalenThchstreifen sprechen,und zum anderen die, daB

das Leichentuch von Thrin geschichtlich erst spat erscheint.3.

Vgl.1. Sam 16, 12; 17,42.

4. Vgl. P. PRIGENT, Art despremiers chretiens,Paris: Desclee de Brou-

wer, 1995.S. 105-108.

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UNTERSUCHUNGEN 1M ZUSAMMENHANG

MIT DER SOGENANNTEN EPISTULA LENTULI

61

sich gleichzeitig zu dem Kreis seiner JUngerzahlt. In diesem Sinn

nimmt del Autor del Epistula Apostolorum in den Jahrenurn 160

herurn den Prolog des 1. lohannesbriefeswieder auf und laBt die

Apostel, angeblicheVerfasserdes Briefes, genauangeben,daB sie

nicht nUTdiejenigen sind, die Christus angehort haben, sondern

auch beriihrt haben, womit sie beweisen, daB die nachfolgenden

Offenbarungendel Wahrheitentsprechen5. nd die Doctrina Addai

ging, etwa drei Jahrhunderte spater, van del Vorstellung aus,daB

del Archivbeamte Hannan nicht nUTdie Worte Jesu dem Konig

Abgar van Edessawiedergegeben at, sondern hm auchdas Bild

van Jesus iibergeben hat, das er wahrend diesel Sprach gemalt

hatte6.

Man muB allerdings his zum Mittelalter warten his die Texte,

die das korperliche Aussehen Jesu Christi recht genaubeschrei-

ben, die bildlichen DarsteUungen blosen.Unter diesenTexten st

der Brief des Lentulus, der mit einer graBen Anzahl yon zum Teil

hervorragenden Handschriften aus der Zeit yom XIV: his zum

XVII. Jahrhundert erhalten wurde, derjenige, der sicher am

bekanntesten st, und der wahl den tiefsten Eindruck gemachthat.

Bevor ich die Betrachtung ansteUe,ob der Text mit der Meinung

der Kirchenvater n Hinsicht auf das AussehenJesu ibereinstimmt,

urn dann die Beweggrtinde ftir sein Entstehen zu suchen, unter-

breite ich heute erne UbersetzungdiesesTextes ns Deutsche, Text

der meines Wissens nach higher noch nie ins Deutsche iibersetzt

worden ist. Auch glaube ich behaupten zu konnen, daB es sich bei

der Epistula Lentuli weder urn eine banale Beschreibungnoch urn

einen ungeschicktenVersuch,ein Bild des korperlichen Aussehens

Christi zu schildem handelt, Bild, das so sehr der frommen WiB-

begier der Glaubigen gefehlt batte, sondem daB die Epistula auf

ihre Weise Verkiindigung des Heils in Christo ist.

1. Die Epistula Lentuli

Die Epistula Lentuli dlirfte kaum viel frliher wie im XIV Jahr-

hundert entstanden ein,da sie zum erstenmal um 1330herum van

Ludalf dem Kartauser in seiner 1474 n Koln veroffentlichten Vita

JesuChristi erwahnt wurde, bevar sie in del Einteilung zu del 1491

in Nlirnberg gedruckten Ausgabe del Welke Anselm van Canter-

5. Vgl. Ep Ap 2 und 1. Job 1, 1-3; J.-N. PERES, Epitre des ap{jtres,

(Apocrypbes ),Thrnbout: Brepols,1994, .62.

6. Vgl. Doc Addai 6.

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62

PERES

burrs genannt wurde, urn schlieBlich zusammenmit den Magde-

burger Zenturien 1559 n Basel veroffentlicht zu werden. Es han-

delt sich urn einen n lateinischerSpracheverfaBtenBrief, von dem

man annimmt, daB er von einem gewissenLentulus, Prokurator

von Judaa, geschriebenund an den Senatvon Rom gerichtet wor-

den war. DaB einerseits weder dieses octeT onst rgendein ahnli-

chesAmt je von emandemdiesesNamens nnegehabtwordenwar,

noch daB es anderseitsmehr wie ungewohnlichscheiDt,daB ein sol-

chef Brief je an den Senatgeschicktworden seinsoIl, wahrend Syri-

en zu der Zeit ernekaiserliche Provinz war, und schlieBlichdie Tat-

sache,daB das Latein diesesBriefes nicht wirklich dem der in der

Zeit Tiberius tiblichen Lateins entsprach, konnte schongentigen,

die U nechtheit desBriefes nachzuweisen. Hierzu kommt noch die

Tatsache,daB er in seiner BeschreibungChristi, dem falschlicher-

weise Johannesvon Damaskuszugeschriebenen, n Kaiser Theo-

philos gerichteten8, Synodalbrief ahnelt, octeTder Beschreibung

des Ruchesder Maler vom Berg Athos, das zwei Jahrhunderte spa-

ter Ps-Johannes on Damaskus wieder aufnimmt, wie es auch drei

Jahrhunderte spater Nikephoros Kallistos in seiner Kirchenge-

schichte at9. Der Humanist Lorenzo Valla erklarte den Brief als

Erster urn 1440 herum als zu der apokryphischen Literatur

gehorend10. ie JenaerHandschrlft, eiDer der BeweisediesesBrie-

fes, enthalt am Ende erne Anmerkung, die erklart, daB ein gewis-

seT acopo Colonna ihn 1421 m Kapitol von Rom unter den Anna-

len der Stadt gefunden batte, zu defieD er als ein Geschenk des

Patriarchen von Konstantinopel gelangtwar, was ein Beweis dafur

ist, daB es rechtmiiBig ist zu denken, daB er nuTeine Bearbeitung

eines griechischenOriginals sei,welchesselbstnicht viel alter war11.

Ernst von Dobschtitz, der Herausgeberdes lateinischen Textes12,

und seine Nachfolger unterteilen die zahlreichen Handschriften

der Epistula Lentuli in vier Gruppen, a, b, cund d. Ich tibersetze

bier die Gruppe d, die den jtingsten Stand des Textes wiedergibt.

7. Diese drei Anmerkungen Willden von M, ERBETfA emacht,Gli Apocri-

fi del Nuovo Testamento, d, 3, CasaleMonferrato : Marietti, 19832, , 137,

8. V gl. Brief an Kaiser Theophilos 3, PG 95,349 BC; der Brief ist aus dem

Jahr 836,und Johannes starb 749,

9. VgI. Nikephoros Kallistos, Kirchengeschichte40,PG 145,788, der den

Pseudo-Johannes on Damaskus entwickelte,

10. Vgl. L. VALLA,De falso credita et ementitaConstantinidonationedecla-

mario, in seinen Opera, Basel, 1540,S. 786.

11.Vgl. F. VIGOUROUX,Lentulus », n Dictionnaire de a Bible, Bd. IV/I,

Paris: Letouzey, 1928,Sp.171.

12. E. von DOBSCHOTz, hristusbilder. Untersuchungenzur christlichen

Legende,Bd. 2, Leipzig : Hinrichs, 1899,S. 308 -330 ,

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UNTERSUCHUNGEN 1M ZUSAMMENHANG

MIT DER SOGENANNTEN EPISTULA LENTULI

63

«Ein gewisserLentulus, ein Romer, del wahrend seinerBeam-

tenzeit fur die Romer in del Provinz Judaa zur Zeit Tiberius Cae-

sar, Christus gesehenhat, und schriftlich seine auBerordentlichen

Taten festgelegthat, seine Predigt, seine unzahligen Wunder und

andere erstaunlicheDinge fiber ihn, schriebwie folgt an den romi-

schenSenap3:

Es erschien n diesel Zeit ein Mann yon groBemWirkungsver-

mogen magnae virtutis), del auch noch lebt, namensJesusChri-

stus, yon clemdie Heiden sagen,daB er Prophet del Wahrheit ist,

und den seine Jtinger Gottes Sohn Dennen, del die Toten aufer-

stehen laBt und del aile moglichen Krankheiten heilt. Er ist ein

Mann yon mittlerer GroBe, abeTbemerkenswerter Erscheinung,

und yon ehrenhafter Haltung, und weT hn ansieht iebt ihn oder

rurchtet ihn. Seine Haare sind yon hellem HaselnuBbraun14, latt

fast his an die ahren, abeT on den Ohren ab n gewellten Locken,

die glanzend und leuchtend his unter die Schultern herabfallen

und die in del Mitte des Kopfes dUTCh inen Scheitel geteilt sind,

entsprechend clem Brauch des Nazaraer. Er hat eine gerade und

sehrausgeglichene tirn, und das Gesichtohne Falten oder Flecken

Wild nUTyon eiDer eichten Rote verschonert. Die Nase und del

Mund sind einwandfrei. Der volle Bart ist yon derselbenFarbe wie

die Haare, nicht sehr ang, abeTam Kinn geteilt. Sein Ausdruck

ist schlicht und reif. Seine ausdrucksvollen Augen sind meeres-

grtin und hell. In del Ablehnung ist er furchterregend; in del

Ermahnung ist er sanft und liebenswtirdig. Er ist frohsinnig,

bewahrt abeTseine Wtirde. Manchmal hat man ihn weinen sehn,

abeTniemals achew5.Die Korperform ist schlankund gerade. Er

hat angenehmanzusehendeHande und Arme. Er ist ernst n del

Unterhaltung, zuriickhaltend und bescheidend.Er hat es also ver-

13. Der Prolog zeigt yerschiedene Versionen, entsprechend del Text-

gruppen:

a: «In den Annalen del Romer kann man nachlesen, daB unser Herr

Jesus-Christus, el yon den Heiden Prophet del Wahrheit genanntwurde,

yon groBer Gestalt war ».

b: «Lentulus, del in Judaa regiert, S P R S [d.h. an den Senat und das

Volk del Romer, GrUBe]».

c : Zur Zeit Octavianus Caesar,zur Zeit also, n del aus alien Teilen del

Welt die die Proyinzen regierenden Beamten den romischen Senatoren

aile higher noch nicht bekannten Nachrichten del yerschiedenenRegio-

Den del Welt berichteten, schrieb ein gewisserMann namens Lentulus,

del die yon Konig Herodes regierten Teile Judaas nnehatte, wie folgt an

die Senatoren».

14. Wortlich: «Haare, die die Farbe yon unreifen Haselniissenhaben».

15. Val. c setzt hinzu « obwohl er es tut ». Das Eyangelium berichtet in del

Tat, daB Jesusam Grab Lazarus sowie auch fiber Jerusalemgeweint hat.

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64

I.-N. PERES

dient entsprechenddem Propheten der Schonsteunter den Men-

schensohnen 16 enannt zu werden ».

Wie ich vorher schon erwahnte, ahnelt die Beschreibung des

korperlichen Aussehens Jesu n der Epistula Lentuli der Darstel-

lung anderer Autoren. Man wird aber nicht verfehlen zu berner-

ken, daB der Autor der Epistula in seiner Beschreibung n daskor-

perliche Aussehen Christi rnoralische Werte oder besser gesagt

Thgenden gelegt hat. Dennoch unterscheidet sich seine Beschrei-

bung van anderen Beschreibungen. Der Brief van Ps-Johannes

van Darnaskus an Kaiser Theophilos lautet wie folgt : « Man stellt

ihn so dar, wie die antiken Geschichtsschreiber hn beschrieben

hatten: rnit sich in der Mitte fiber der Nase beriihrenden Augen-

brauen, schonenAugen, eiDer angenNase, gelockternHaar, einern

leicht gewolbten Korper, einern uDgeDGesicht, einern schwarzen

Bart, einern weizenfarbenen Hautton so wie es auch der seiner

Mutter gewesenwar, mit langen Fingem }}17.Man stellt fest, daB

der Ps-Johannes an Damaskus,wie irn iibrigen auchdas Buch der

Maler vorn Berg Athos und Nikephoros Kallistos, die Ahnlichkeit

Jesu mit seiner Mutter unterstreichen. Ob dieses rnit eiDer heo-

logischen Absicht geschah,zurn Beispiel urn zu bekraftigen, daB

er seineD rnenschlichen Korper nur van ihr, ja allein van ihr

bekarn? Dieses ist eine nicht auszuschlieBendeVerrnutung. Es

scheiDt rnir jedoch, daB dieses besondere Beispiel die Absicht

bestatigt, ein geschichtliches Bild van Jesus darzustellen. Diese

Autoren interessierten sich rnehr fiir das auBereErscheinungsbild

Jesu, als fur eine Theologie der Erlosung, die beriicksichtigen

wiirde, daB er ganz die rnenschlicheGestalt angenornrnen at, urn

die Menschheit zu retten. Es ist allerdings sehr schwierig festzu-

stellen, urn welche antiken Autoren es sich handelte, auf die Ps-

Johannes van Darnaskus sich bezog, sowie es auch noch Nike-

pharos Kallistos tat, der seine Beschreibungnoch erweiterte. Man

wird sich allerdings daran erinnem, daB Eusebius van Caesarea

an die Prinzessin Konstantia, Schwesterdes Kaisers Constantin,

schrieb, mit der Absicht, sie vor der VersuchungChristus darzu-

Ps 45 (LXX 44), 3. Die Textgruppen a, b und c haben einen anderenSchluB:

«Du bist del schonste aller Menschensohne, denn er selbst ist

del Konig del Herrlichkeit, dessen VoIlkommenheit die Engel betrach-

ten, den Sonne und Mond mit Bewunderung ansehen, del Erloser del

Welt, del Urheber des Lebens, ihm gehoren Ehre und Herrlichkeit his inaIle

Ewigkeit. Amen ».17.

H. LECLERCQ, «Jesus-Christ », in F. CABROL et H. LECLERCQ,Dic-

tionnaire d'archeologie chretienne et de liturgie, Bd. VII/2, Paris: Letou-

zey, 1927, Sp. 2395.

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UNTERSUCHUNGEN 1M ZUSAMMENHANG

Mrr DER SOGENANNTEN EPISTULA LENTULI

65

stellen zu warnell. Die Argumente Eusebiussind yon Wichtigkeit,

da sie vollkommen christologisch sind. Bevor man das Gesicht

Christi beschreibenwill, stellt er diesesGesicht selbst n Frage : 1st

es seinwirkliches Gesicht,sind es wirklich seine eigenenGesichtzii-

ge? Oder handelt es sich urn die Gestalt des Sklaven, die er fur

uns angenommenhat? In der Fleischwerdung, trotz seinesMen-

schendaseins,st der bistorischeJesusauchGott. Sein Menschsein

ist mit seinem gottlichen Leben vollig verschlungen, sodaBeine

Beschreibung des bistorischen Jesusverboten ist. Uber alledem

abeT egiert er seither die Welt als der Herr, verklart in der himm-

lischen Herrlichkeit, und die Gestalt des Sklavenwurde in ihm in

jenes Licht verwandelt, das kein menschlichesWesen e beschrei-

hen konnte.18Eusebius gibt damit auch fiber die genaue Frage

eiDer bildlichen Beschreibung Christi hinaus an, daB es eine theo-

logische Unschicklichkeit ware, eine solche Darstellung mit clem

Pinsel des MaIers oder mit clemMeiBel desBildhauers sowie auch

mit der Feder des Schriftstellers schaffen zu wollen. Es muB her-

vorgehobenwerden, daBes sich bier bei Eusebiusnicht nUTdaTum

handelt, einfach rgendeine Bildanbetung, eine Idolatrie zu urch-

ten, Furcht die man bei vielen friihen Autoren des Christentums

vorfindet, und die sie an eine vorsichtige Zuruckhaltung vor jeg-

licher Darstellung Christi bindet. Es ist vielmehr so, daB Eusebi-

us eine theologischeAbhandlung halt, in der das Heil der Mensch-

heit, das fur ihn aus der Erlosung yon clemTode und der Vergebung

der Sundell besteht, den wichtigsten Platz einnimmt.

Dieser theologischen Begriindung setzt die Kirche der Kir-

chenvatererneandere Begriindungentgegen, nd zwar die padago-

gische. In seinem beriihmten Brief an den Bischof Serenus von

Marseille, etwa im VI. Jahrhundert geschrieben, esiimiert Papst

Gregor der GroBe in gewisserWeisedieseneue Gegenargumenp9.

Er erklart, daB es sichereine unschicklicheVerhaltensweiseware,

18. Der Brief yon Eusebius an Konstantia, del allgemein rur authentisch

gehalten wild, wenDauch nUTn Fragmenten tiberliefert, stammt aus den

Jahren 313-324. Er wurde in H. HENNEPHOF,extusbyzantinos ad ico-

nomachium pertinens,Leiden, 1969, erlegt und yon G. DUMEIGE,Nicee

II, (Histoire des conciles oecumeniques 4), Paris: Orante, 1978,S. 225-

227, ibersetzt; gleiche Ubersetzung in D. MENOZZI, es Images.L Egli-

se et esarts visuels, Textes en main), Paris: Cerf, 1991,S. 70-72.Vgl. H.G.

TH1JMMEL,Eusebios Brief an Kaiserin Konstantia », Klio 66, 1984,S.

210-222,und Ch. SCHONBORN,Icone du Christ. Fondements heologi-

ques,Paris: Cerf, 1986,S. 55-77.

19. Gregor del GroBe, Epistola Serenoepiscopo Massiliensi,MGH Ep.

II, X, Berlin, 1957,269-272;Ubersetzung n D. MENOZZI, p. cit. S. 75-77.

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66

J.-N.PERES

ein Gemiilde anzubeten,daBes abeT ine ganz andere Sacheware,

dUTCh eine Darstellung zu lemen, was man anbeten solI. Er prii-

zisiert : « das,was dasGeschriebenedenjenigengibt, die lesenkon-

Den, gibt das Bild den Analphabeten, die es betrachten, und die

dann darin dassehen,was sie nachahmen oIleD». Flir Gregor liegt

in der bildlichen Darstellung, und man kann dasselbe yon jeder

anderen schriftlichen Beschreibung ebenfalls behaupten, das

Erwecken eines Gefiihls in demjenigen, der diese empfiingt. Das

heiBt, daB das Wichtigste nicht so sehr in der historischen oder

begriindeten Wahrheit dessenoder desjenigeniegt, der dargestellt

ist, sondem n dem was die Darstellung, die sichgewissegeschicht-

liche Freiheiten nehmen kann, in der Lage ist, bei dem, der sie

sieht, hervorzurufen oder zu bewirken. Aus dem Zusammenhang

mit einem derart tiereD Gefiihl heraus erwiichst die Frommigkeit,

die das Betrachten desBildes oder desGesichtshervorruft, genau-

so wie die Ethik, die daraushervorgeht In diesemSinne wird das

piidagogischeArgument zum theologischenArgument. Mir scheint

nun, daB man yon diesem Gesichtspunkt aus die verschiedenen

Beschreibungen Christi betrachten muG,die uns yon der Kirche

der Spiitantike und des Mittelalters hinterlassenwurden, und unter

denen sich natiirlich auch der Inhalt der Epistula Lentuli befindet.

Nachdem WiTnun die Feststellunggemachthaben, daB man das

Bildnis Christi nicht wie ein wahres Zeugnis der Geschichte,son-

dem wie einen Antrieb eines Gefiihls -in diesem Fall eines reli-

giosen Geflihls- betrachten muB, bleibt jedoch noch die Tatsache,

daB sich zwischendem, was der Autor ausdriicken will und dem,

was der Leser empfindet -falls man nicht aufpaBt- eine Kluft auf-

tut. Der Erfolg der Epistula Lentuli besteht mit Sicherheit darin,

daB hre Leser in ihr die personlichen Gesichtszlige Christi haben

sehenwollen, wodurch sie erneberechtigte WiBbegier stillen konn-

ten, und wodurch sie dazu getriebenWillden, « den Schonsten nter

den Menscbensohnen» anzubeten, yon dem die Epistel spricht,

fidem sie Psalm 45 (LXX 44) zitiert, und was wiederum voraus-

setzt, daB er gleichzeitig ein machtiger und glorreicher Herr ist. Es

ist schlieBlich nicht wichtig, daB der Autor des Briefes ein Bildnis

zum Modell nahm, das er wahrscheinlichgerade vor Augen hatte.

Wichtig ist die Theologie, die seinen Worten zugrunde liegt, und

die der Frommigkeit und sogar dem Glauben seiner Leser eine

bestimmte Richtung gibt. WiT mlissen uns also die Frage stellen,

ob diese Theologie mit der Tradition der Kirche libereinstimmt

oder ob sie, falls nicht, yon Grund auf eine Neuheit ist.

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UNTERSUCHUNGEN 1M ZUSAMMENHANG

MIT DER SOGENANNTEN EPISTULA LENTULI

67

2. Entsprichtdie Epistula Lentuli denAnsichtendel

Kirchenvater?

FUr unser Untersuchung konnen wiT yon Psalm 45 ausgehen, da

unsere Epistel sich eindeutig darauf bezieht. Man wird sich daran

erinnem, daB dieser Psalm in1 Hebraischen die Worte ni i ,,~ zum

Titel hat, was « Lied der Liebe » heiBt, und was die Septuaginta

mit c98T j nrEp TOUuyaTrllTOU ibersetzte und die Vulgata mit can-

ticum pro dilecto, Lied fUr -oder auf- den Geliebten. Marc UJds

hob in eiDer sehr interessanten Studie, die yor etwa fiinfzehn Jah-

fen yeroffentlicht wurde20, hervor, daB gewisse Rabiner in diesem

Psalm den Hochzeitsgesang fUr die zwischen dem Messias und Isra-

el geschlossene mystische Ehe sahen. Dies wiederum legten die

Kirchenyater so aus, daB der Ehegatte die menschliche Gestalt

Christi sei. Da nun abeT,erklarte Marc Lods, in dem Psalm auch

die Rede yon Majestat, Thron, Zepter, Olsalbung und Konig ist,

kann es sich bei dieser Beschreibung nUTurn das konigliche Dasein

des Herro und seiner Schonheit handeln, urn den also, der diese

Aufgabe auf sich nimmt. In diesem an Jesus Christus im Psalm aus-

gerichteten Sinn handelt es sich also nicht urn sein korperliches

Aussehen, seinen Fleischgewordenen Korper, so wie die Menschen

ihn haben sehen konnen, sondem urn die Schonheit des Sohnes

Gottes; Marc Lods schrieb, indem er sich auf Origenes, Basilius

yon Casarea, Gregor yon Nyssa, Johannes Chrysostomos, Theo-

doret yon Kyros, Cyrill yon Alexandrien, Hieronymus und Augu-

stinus bezog, daB er die menschliche Schonheit iibertraf, da nUTer

allein in seiner Person mit Leuchtkraft das gottliche Aussehen

dUTChseine Reinheit, Schonheit, Herrlichkeit, Ehre und Gnade

ausdriickte21. Es ist auf jeden Fall bemerkenswert, daB aIle diese

Autoren -ausgenomrnen Gregor yon Nyssa, dem das korperliche

Aussehen des Fleischgewordenen Christus nUT in seiner dUTch

seine gottliche Natur yerstandlichen Schonheit wichtig schien- bei

ihrer Auslegung des Psalm 45 hervorhoben, daB dieser nicht im

Gegensatz zu der Prophezeihung Jesajas stehe, in der dieser das

Leiden Christi beschreibt (Jesaja 52,14-53,3), da es sich bei dem,

was der Prophet sieht urn das Leiden handelt, urn den korperli-

chen Verfall, der Erbarmlichkeit und das yom Erloser angenom-

mene und gewollte Fehlen jeglicher Schonheit. Der Meinung der

Kirchenyater nach miissen unser Psalm und Jesaja so gelesen wer-

den, daB sie den Hintergrund dazu hilden, Jesus Christus in der~

20. V,gl. M. Loos, «Dieu est-it beau? De I Ancien Testament aux Peres

de l Eglise », Positions /utheriennes32/3, 1984,S. 187-210.

21. Ibid. S.197 und Noten S. 208-209.

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68

I.-No~ERES

Einheit seinerdoppeltenWesenart,der gottlichenund der mensch-

lichen, erscheinenzu assen.Diesist damit eine theologischwich-

tige SchluBfolgerung.Die Kirchenvater, auf die WiT ns ebenbezo-

gen haben, wamen uns n der Tat vor jeglicher Art und Weise der

Annaherung Jesu Christi, die niGhts mit dem Werk des Heils zu

tun hatte.

Man sollie also die Schriften del Kirchenvater, die sich tir das

korperliche Aussehen Christi zu interessieren cheinen, m Hin-

blick auf das ebengenannte esenl Ob nun genaudas hre Besorg-

nis war, oder ob sie ohne es auszudrticken oder indem sie es nUT

unvollstandig ausdrtickten, nicht auch das dUTCh esusbewirkte

Reil del Menscheit im Sinn hatten?

Ohne nun aIle Schrlften der Kirchenvater genauuntersuchenzu

mussell, wollen wiT uns mil den Schriften defer befassen,die sich

ohne ede direkte Information d~ch die Evangelien auf den Text

Jesajasgestiitzt haben, urn zu behaupten, daB Jesus nicht schon

war und daBseine Erscheinung eher miBfiel. In seinemDialog mil

Tryphon erwahnt Justin der Martyrer zweimal diesesFehlen der

Schonheit,wobei er beim erstenmaldasElend des eidendenChri-

slug seiner himlischen Herrlichk~it bei seinem Erscheinen fiber

den Engeln (Dial. 14) gegeniiberstellte und beim zweitenmal im

Zusammenhangmil der Taufe im Jordan zeigte, daB es zu Gun-

stell der Menschenso ist (Dial. 88). Clemensyon Alexandrien geht

noch weiler indem er behauptet, daBJesusnicht nUT eine Schon-

heit besaB,sonderndaB er sogarhaBlich (aiaxp6c;;) nzusehenwar,

was Clemens wiederum nicht davon abhielt, auf die wallie Schon-

heit hinzuweisen,und zwarauf dieiGiite der Seeleund die Unsterb-

lichkeit des Fleisches, Schonheit die entgegengesetzt er Schon-

heit ist, die nUTllusorisch, voriibergehend ist (Piidagoge II, 1,3).

Mir scheiDt abeT,daB es Irenau$ ist, der die Frage mil groBter

Genauigkeit stellt, und zwar n dem bewunderungswiirdigenKapi-

tel 19 des III. Buches des Adversus Haereses22. er Bischof yon

Lyon verteidigt den Standpunkt, daBJesuskein reiner Mensch st,

sondern auch der Sohn Gottes, der allein in der Lage ist, die

Menschheit zu befreien, der, urn dieses zu vollbringen, Fleisch

wurde aus dem Leib Marias, Idie yon menschlichen Wesen

abstammtund selbstmenschlichesGeschopf st. Das st, so schreibt

er, das, wovon die Schriften zeugen, die JesusChristus als einen

«schmucklosen Menschen », homo indecoratus, beschreiben.

AuBerdem hebt Irenaus die Abschnitte der Schriften hervor, die

22. Text in SC 211. S. 371-383

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UNTERSUCHUNGEN 1M ZUSAMMENHANG

MIT DER SOGENANNTEN EPISTULA LENTULI

69

die Emiedrigung Christi unterstreichen er ist Opfer desLeidens,

er reitet auf einem Esel, er ist yon Bitterkeit durchtrankt, er Wild

yom Yolk verachtet, er stirbt sogar.Aber, fahrt Irenaus fort, als er

Mensch geworden st, urn del leidende Mensch zu sein, blieb er

-wahrend er del geschmahteMensch war- gleichzeitig das Wort

Gottes, allerdings wie Irenaus prazisiert «das Wort Gottes in

Ruhe », requiscentequidem Verbo,urn schlieBlichauf eine solche

Art verherrlicht zu werden, daB del Mensch m Siegmit ihm absor-

biert (absorto)wurde, und mit ihm gen Himmel fuhr. So haben WiT

auf den eben erlauterten Seiten die gesamte renaischeChristolo-

gie zusammengefaBt.Seiner Lehre nach gibt es nUTein und den-

selbenHerro, del Mensch st und wie ein Mensch eidet und stirbt,

in dessenSchwachsein as Wort Gottes bewuBt nicht in Erschei-

Dung tritt, dieses Wort Gottes, das doch die Sunde und den Tod

des elendenund hiiBlichen Menschenbesiegt, del yon seiner Kraft

verschlungenWild. Tertullian, del sich im selbenSinne in seinem

AdversusMarcionem iber das AussehenJesubefragt, tut denAus-

ruf: « WenD er auchohne Herrlichkeit, schandlich, entehrt war, er

wird immer mein Christus sein »23.Er priizisiert entgegenMarci-

on, daB es immer so sein Wild, da die heilige Schrift die Gestalt

und das Aussehen Christi genausovorausgesagt atte. Man erin-

neTtsich unter anderem,daB Tertullian in einem anderenTraktat,

De Patientia, n der BeschreibungChristi einen schwerwiederzu-

gebendenund viel diskutierten Ausdruck benutzt hat. Indem er

erklart, daBes Gott Leiden bereitete, geborenzu werden, und daB

er sich geduldig den menschlichenSchwachen nterwarf, schreibt

Tertullian in der Tat: sedcontumeliosusnsupersibi esf4Man kann

diesesals eine Bestatigung der Unterwurfigkeit Christi auffassen,

der akzeptiert, die Emiedrigung zu ertragen, urn, erklart Tertulli-

an weiter, dann sogar Sunder und Zollner zu seineDNachfolgem

zu machen; man kann diese aber auchwie eine Beschreibungdes

korperlichen AussehensdesLeidtragenden, Beleidigungenunter-

worfenen Jesus verstehen, das heiBt des Aussehenseines

geschmiihten, miBgestaltetenKorpers.

Ich babe es mit Geniigen unterstrichen, daB die Meinung der

Kirchenvater, die ein haBliches Aussehen Christi lehrten, ebenso

auf der alttestamentarischen Prophezeihung, besonders der des

leidenden Dieners Gottes Jesaja,wie auch auf einem soteriologi-

schell Postulatberuht. Dieses Postulatwurde spater van den Dok-

23. Tertullian, Adversus Marcionem III, 17, 1, SC 399,S. 151.

24. Tertullian, De Patientia 3, 2, SC 310,S. 64 und Kommentar S.133-134.

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70

J.-N. PERES

toTeD der Schule Antiochens wieder aufgenommen und weiter-

entwickelt, namlich das der Annahme, daB nUTer}ost wird, was

innerlich aufgenommen worden ist. Damit will also gesagtsein,

daB sich unsere eigenen Grenzen, unsere Unfahigkeiten, unsere

Gebrechen und Fehler im auBeren Aussehen Christi befanden.

Wie immer sie auch theologisch gut durchdacht worden seinmag,

stieB diese Meinung jedoch bald auf Opponenten. Dem heidni-

schell Philosophen Kelsos, der geltend machen wollte, daB Jesus

«wie man sagt, klein war, haBlich, vulgar », urn ihm abzusprechen,

daB er den heiligen Geist in sich ragt, denn der Korper, in clem er

sich befande, hatte sonst aIle anderen an GroBe, Schonheit und

Majestat ausstechenmussell, antwortet Origenes, daB man sicher

yon Jesusdenken kann, indem man sich auf Jesajabezieht, daB er

hiilllich war, daB man abeTnicht denken kann, daB er vulgar war,

und das nichts darauf bin weist, daB er klein war. Origenes beg-

nfigt sich abeTdamit nicht, sondern, indem er sich auf Psalm 45

beruft und auf die Begebenheit der Verklarung, entwickelt er die

interessante Idee, daB dUTCh ie Tatsache,daB die Materie « die

jegliche Eigenschaft nach clem Willen des Handwerkers -womit

WiTGott meinen- annehmen kann », Jesus alIen defieD, die ihn

beobachteten, unter der clem Zweck dienenden Gestalt XPllUL-

flOV) rschien. Der Logos ist ffir den haBlich, der sich am FuBe des

Berges befindet und sich nicht darauf vorbereitet, ihn zu erstei-

gen, fahrt Origenes fort, ffir den, der sich mit den Reden der Phi-

losophen zufrieden gibt. Dagegen hat er fUr denjenigen, der den

Logos als er auf den hohen Berg stieg begleitet eine gottlichere

Gestalt, er, der wie Petrus es fertiggebracht batte, die Kirche auf

ihm dUTch er Logos sich aufbauen zu lassenund den die Tore der

Holle nicht besiegeDkonnen25.Urn die Schonheit und Herrlich-

keit, die die Gestalt Christi aufwies, zu verteidigen, behalte ich im

Sinn, daB die Argumentation Origenesebenfalls,so wie es der Fall

der Kirchenvater war, die eher seine HaBlichkeit und MiBstaltung

sahen, m Zusammenhang mit eiDer soteriologischen Bedeutung

steht. Auf jeden Fall findet man diese dee eines zwiefaltigen Aus-

sehensJesu Christi bei Hieronymus, der in seinem Matthiiuskom-

mentar zur Perikope, in der Jesus die Handler aus clem Tempel

jagte, schreibt, daB derselbe Mann, so geringschatzt und wenig

beachtenswert, daB man ihn wenig spater kreuzigte, mehr gelei-

stet hat, wie eine ganzeArmee. Und Hieronymus erklart die Ursa-

che daffir, indem er das Aussehen Jesu in folgenden Worten

beschreibt: «Es ist, als ob seine Augen Flammen und Blitze war-

25. Vgi. Origenes, Contra Ce/sumVI, 75-77,SC147, S. 366-375.

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UNTERSUCHUNGEN 1M ZUSAMMENHANG

MIT DER SOGENANNTEN EPISTULA LENTULI 71

fen und die gottliche Herrlichkeit leuchtete auf seinemGesicht»26.

Eine Herrlichkeit die man yom IV: Jahrhundert ab keinesfalls

mehr anzweifelte wenn man JesusChristus bildlich octeT eistig

darstellte.

Vielleicht ist es Augustin del es uns ermoglicht diesen Punkt

zum AbschluB zu bringen. Wenn sich auch del Bischof van Hippo

in den erstensiebenBfichem seinerTraktat De Trinitatehauptsach-

lich daran gehalten hat das heologische Konzept zu formulieren

das die Grundkenntnisse del Beziehung del Personendel Dreiei-

nigkeit untereinander festsetzt so hat er sich ab dem VIII. Buch

ffir die Seele des Glaubigen interessiert nicht etwa weil er die

Theologie gegenfiber del Psychologie octeTnoch einfacher del

Philosophie gegenfiber vemachlassigtbatte sondem weil er zei-

genwill wie die menschlicheSeeledUTCheine Zugehorigkeit zur

Glaubenslehre erleuchtet Wild. Augustin will abeTvom Anfang

diesesVIII. Buches an beweisen daB del Glaube an das Mysteri-

urn der Dreifaltigkeit moglich ist. Aus diesem Grund -und mit

Sicherheit unter dem EinfluB del platonischen Philosophen27-

unterstreicht er daB es dem Menschenoft in seiner Vorstellungs-

kraft passiert sich sinnlich spfirbare Tatsachen orzustellen die er

nicht gesehenhat und daB es in diesem Fall nicht so wichtig ist

ob das so entstandeneBildgenau del Wirklichkeit entspricht octeT

nicht sondem daB es daTUm eht dUTch as Bild zu einer ande-

TenErkenntnis zu gelangen Erkenntnis die dUTChie Darstellung

ausgelostwurde. So stellen WiTuns jeder verschieden auf seine

Art das Gesicht octeT ie Gestalt Paulus octeTall defer VOl van

denen die heilige Schrift spricht. Was nun fiber diese Darstellun-

gen hinaus fur unseren Glauben wichtig ist sagter ist die Tatsa-

che daB sie ihr Leben mittels del Gnade Gottes fuhrten. Und so

fahrt Augustin fort genausoverhalt es sich mit dem Gesicht Chri-

sti das sichentsprechenddel vielen Vorstellungen die wiTuns van

ihm machen verandert trotzdem es ganzoffenbar einzigartigwar.

Er schlieBt dann: «Was uns abeT n unserem Glauben an Herm

Jesuszum Heil wild sind nicht etwa diese vielleicht von del Wirk-

lichkeit weit entfemten erdachten Vorstellungen sondem es ist

das was WiTvan dem Menschen halteD das was in ihm unserer

menschlichen Vorstellung entspricht »; und einige Zeilen weiter

kann Augustin die in folgendem liegende soteriologische Wich-

26. Hieronymus Commentariorum in Matheum libri W III fiber Mt 21

15-16 SC 259 S.116-117.27.

Vgl. A. UNA JUAREZ «San Agustin: idea y belleza » Religion y cuI.

tufa XLIV; 1998 S. 65-84.

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72

I.-N. P~RES

tigkeit erkliiren : « Das Wichtige rur uns ist es n der Tat zu glau-

ben fest und unerschiitterlich in unserern Herzen daran festzu-

hallen daBesdie tiefe Ergebenheitwar die Gott dazu gefuhrt hat

sich dUTCh ine Frau zur Welt briDgeDzu lassen und sich mitten

unleT schwersten Beleidigungen yon sterblichen Menschen zurn

Tode fuhren zu assen.Dies ist dashachsteHeilmittel urn uns yon

unsererngeschwollenenStolz zu heilen und das hachste Mysteri-

urn urn unsere Fesseln der Sunde zu laseD» urn so dann dUTch

dasselbezur vollen gattlichen Kraft zu gelangen yon der wir dUTCh

die yon Jesus Christus bewirkten Wunder Kenntnis haben28.

3. Gibt es n del Epistula Lentuli cine soteriologische

Perspektive?

Die soeben beschriebenenAnmerkungen die sich auf das in

clemvon den Kirchenvatern gezeichneteBild haBliche Aussehen

oder die Majestat Christi beziehen haben mich dazu gefiihrt zu

unterstreichen wie sehr diese Kirchenvater in clem einen oder

anderen Fall dieses Portrat Christi eiDer soteriologischen Per-

spektive geoffnet haben. So babe ich auch die Frage stellen kon-

nell ob die Epistula Lentuli ebenfalls mil diesen Ansichten iibe-

reinstimme und muss nun darauf aufmerksammachen daB nach

clem ersten Eindruck nichts darauf hinwies.Dieses vielleicht etwas

voreilige Urteil mochte ich nun dUTChie folgenden drei Anmer-

kungen revidieren.

Erstens batten die Spezialisten der christlichen Ikonographie

und besondersder Bilder Christi uns schonseit angem darauf hin-

gewiesen daBdie altestender yon ihm existierendenBildnisse fun

chef jung darstellen so etwa 15 oder 20 Jahre all und oft bartlos.

Die christlichen Klinstler folgten in der Tat den Vorbildem heid-

nischer Kunst deren Regeln sic genaubefolgten indem sie Jesus

sei es mil den Zligen eines ungen Hirten meist kriophoros oder

mil den Zligen Orpheus oder Apollos darstellten. In den folgen-

den Jahrhunderten halt man an diesemBild des ungen Jesus est

dessenGrazie gut mil der Beschreibung yon Wundem wie die

wunderbaren Heilungen oder Auferstehungen zusammenpaBte.

Auch wenn man gewaltigere Szenenwie die der Passionoder die

der Kreuzigung darstellenwollte bediente man sich dennochsei-

nes ugendlichen Aussehens.Noch im X. Jahrhundert laBt Hros-

vit yon Gandersheim n ihrem Theaterstlick Callimachw den Apo-

28. Augustinus De Trinitate VIII 7 BA 16 S. 40-43.

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UNTERSUCHUNGEN 1M ZUSAMMENHANG

MlT DER SOGENANNTEN EPISTULA LENTULI

73

stel JohannesgegentiberAndronicus, dessenEhefrau Drusiana er

auferstehen assenhat, ausrufen Ecce, nvisibilis Deus nobis appa-

ref visibilis in pulcherrimi similitudine juvenis, «Seht bier, del

unsichtbare Gott Wild ftir uns unter den Ztigen eines sehr scho-

DenJtingiings sichtbar »29.Es ist jedoch zu jener Zeit, octeTeden-

falls kurz danach,daB sichdie Ztige Christi verhiirten. Sell Gesicht

drtickt ganzdie zu einem Richter passendeStrenge aus.

Zweitens denke ich, daB diese neue Art der Darstellung Chri-

sti der Entwicklung der Themen der christlichenPredigt olgt. Man

predigt weniger das Heil als die SOnde, o wie man auch weniger

den Erloser lobpreist, als daB man den hochsten Richter anfleht.

Es ist bemerkenswert, daB der Wunder vollbringende Christus,

genauwie der liebenswerte Gute Hirte aus den Kunstwerken ent-

schwindet.Man findet eher Gefallen daran, den am Kreuz die Stra-

fe der Stinden der Menschen erleidenden Christus darzustellen

und den Richter Christus, der yom Stinder vor seinem Gericht

Rechenschaft ordert. Ich bin nicht sicher,daB man darin die pani-

sche Angst des Jahres 1000 sehenwollte, wie es die romantischen

Autoren so gem beschrieben. Es handelt sich meiner Meinung

nach eher um die Folgen einer zweifachen Bewegung. Auf der

einen Seite handelt es sich um eine Art yon Kontextualisierung

der christlichenPredigt, in Worten wie in Bildem, und ihrer Anpas-

sung dUTChie Geistlichen an die verwirrten und schwierigenZei-

ten. Andererseits dagegenkann es sich ebenfalls um die Kritik an

der Feigheit und Pflichtvergessenheiteines gewissenKlerus han-

deln, der, wie die KOnstler n Erinnerung roten, auch Rechenschaft

vor dem Richter, den man nicht tiiuschenkann, wird ablegenmtis-

sen, was ibrigens auf der Linie der gregorianischenReform liegt.

Es versteht sich yon selbst, daB der Epos der Kreuzztige, als man

loszog,die Grabstiitte Christi zu befreien, noch weiter dazuantrieb,

fiber das Mysterium seinesTodes am Kreuz und die Undankbar-

keit der Stinder nachzudenken. Das Bildnis Christi, so wie es

besonders am Kruzifix sichtbar wird, «regt bei seinem Anblick

nicht nUT ie innere Gesinnungdes Menschenan », schreibt m XI.

Jahrhundert der Bischof Gerhard yon Cambrai, sondem es wird

sich auch, spricht Gerhard weiter, in Beziehung auf die Passion

Christi und seinenTod flir uns, so tief « auf dem Hiiutchen unse-

res Herzens eingravieren, daB eder in sich selbst die Schuld sei-

nero Erloser gegentiberanerkennt »30.Dies ist erne Art und Weise

29. Hrosvit, Callimach~ 8, PL 137,1007A.

30. Acta Synodi Atrebatensis14,PL 142,1306C; diese Synode yon Arras

fand 1025 statt. Vgl. I.-C. SCHMITT, L Occident, Nicee II et les images

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74

J.-N.

PERES

sich selbst n Christus zu sehen,und es gibt gieichzeitig dem Bild

eine Aufgabe. Es ist bemerkenswert, daB dies zu einer Zeit defi-

niert wurde, in der sich die Polemik der Christen gegenliber dem

Judentum entwickelt, das ohne Zweifel die Fleischwerdung des

Messias nicht gelten laBt, und auch der RechtmaBigkeit der Kir-

che und der christologischen Auslegung des Alten Testaments

widerspricht, mit der sich diesebefaBt.

Drittens ware es interessant parallel zur Studie del auBeren

Erscheinung Christi, auch die des Antichrist durchzufiihren. Wil-

helm Bousset am Ende des letzten Jahrhunderts und Hans PreuB

am Anfang des unseren, Jean-Marc RosenstiehlVOletwa dreiBig

Jahren und Bernard McGinn erst ktirzlich, urn our einige zu nen-

Den,haben tibeTdie Texte und Bilder, die den Antichrist darstel-

len, ein Verzeichnis aufgesetzt,daByon del Literatur des antiken

Judaismusbis zur Reformationszeit reichpl. Es ware also unsin-

DigdasThema bier nochmalsganzzu erforschen. ch merke jedoch

an, daB yon den Texten del Rabiner an, die fun dem erwarteten

Messiasentgegenstellen,bis zu den Beschreibungendel christli-

chenMystiker, das Darstellen del Bildnisse des Antichrist im Rah-

men del Soteriologie erfolgt. WenD auch aIle diese literarischen

oder bildlichen Darstellungenuntereinanderganz sichel nicht tibe-

reinstimmen, so gehoren sie doch im Wesentlichen zusammen,

indem sie im Zusammenhang n einem apokalyptischen Kontext

behaupten,daB del Antichrist das Monstrum st, dasdie Menschen

zum Verderb bringt. Es ist in diesemSinne, daB die dargestellten

Einzelheiten seinesAussehensyon symbolischemCharakter sind,

bzw. van esoterischem der astrologischem. uf del anderenSeite,

denke ch, sollte man versuchen n den Bildnissen Christi den sym-

bolischen und esoterischenSinn in jeder Einzelheit del Darstel-

lung zu suchen, Sinn del sich m Guten dem gegentiberstellt, was

du VlIIe au XIlIe siecle », n F. BOESPFLUG . N. LoSSKY Hrg, Nicee II 787-

1987. Douze siecles d images religieuses, Paris: Cerf, 1987, S. 271-301, bzw.

S.287.

31. V gl. W. BOUSSET,Der Antichrist in der Ueberlieferung des Judentums,

des Neuen Testaments und der alten Kirche, Gottingen, 1895; H. PREUB,

Die Vorstellungen vom Antichrist im spiiteren Mittelalter, theologische Dis-

sertation, Leipzig: Hartmann und Wolf, 1906; J.-M. ROSENSTlEHL, Le

Portrait de I Antichrist », in Pseudepigraphes de l Ancien Testament et

Manuscrits de la Mer Morte, (Cahiers de la Revue d histoire et de philo-

sophie religieuses 41), Paris: Presses wllversitaires de France, 1967, p. 45-

60; B. McGINN, «Portraying Antichrist in the Middle Ages », in W. VER-

BEKE,D. VERHELSTund A. WELKENHUYSENHrg, The Use and Abuse of

Eschatology in the Middle Ages, Leuven: Leuven University Press, 1988.

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UNTERSUCHUNGEN 1M ZUSAMMENHANG

MIT DER SOGENANNTEN EPISTULA LENTULI

75

bei dem Antichrist widerwartig erscheint. Ich nehme hier nur ein-

mal als Beispiel die Darstellung der Haare. Der Antichrist wurde

entwederohne Haare oder mit einem mehr oder wenigerscWech-

ten unregelmaBigenHaarwuchs der im allgemeinenyon rotlicher

oder sogar roter Farbe war und mit einem stark behaarten Kor-

per dargestellt. Man denkt dabei sofort an Esau weiter noch an

die Edomiter deren Vorfahre er ist und die sich mit den Moabi-

tern und den Ammonitern gegendas Yolk Gottes yereinten. Die

rote Farbe und gewisseTexte gebensie mit « golden » bzw. «wie

Gold» an32weist auf das Bose und den Tod hiD die beide so oft

aus der Gier nach diesem Metall heryorgehen. Die Gegensatz-

lichkeit wird durch die Beschreibungder Frisur Christi in der Epi-

stula Lentuli noch starker betont : schon ordentlich gekammt mit

locker herabfallenden Wellen und einem Mittelscheitel nach

NazaraerArt. Man konnte auf die gleiche Art zwischenden Augen

des Antichrist und defieD Christi oder den Handen der heiden

usw. ParalleleDziehen. Ich glaube sogar daBes diesegewollte und

yon den Autoren yoll yerantwortete Gegensatzlichkeit st die die

Autoren und christlichen Kfinstler dazu gebracht hat Christus

nicht mehr haBlich und miBgestaltetdarzustellen und sich mehr

und mehr yon der BeschreibungJesajaszu entfernen urn ihn jetzt

schonerund schoner darzustellen m Einklang mit Psalm 45 den

die Epistula Lentuli zitiert. Es ware weiterhin noch interessantzu

untersuchen -aber das ist ein Thema fiber das ch nun nicht mehr

schreibenmochte- wie man nachdemAntike und Mittelalter yor-

bei waren dazu neigt fiber diese fantastischenund sogar fantas-

matischenDarstellungen des Antichrist zu lachenund ihren theo-

logischenSinn oder genauer gesagtden soteriologischenSinn zu

Yergessen as heiBt in welchem Verhaltnis des Gegensatzes r zu

Christus stand. Indem man nun das Monstrum ablehnte lehnte

man auch den Mythos ab und ist dann dazu fibergegangen den

Antichrist nur nochwie einen Menschendarzustellen.Man hat ihn

yermenschlicht.Man hat ihn banalisiert. Hat man damit nicht etwa

auch gleichzeitig denjenigenbanalisiert dessenWidersacherer st

namlich Christus und hat man dadurch nicht den Antagonismus

beider yermindert? Der Christus also der wie er nur noch ein

Mensch ist wenD auch im besteDFalle bestimmt ein beispielhaf-

ter Mensch.

Heillt das nun damit daB es wenn es keinen Mythos mehr gibt

auch keinen Gott mehr gibt?

32. Apokalypse desZorobabel und GebetdesSimeonhen Yochai n J -M.

ROSENSllEHL p. cit. p. 46.

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Ijegis BURNET

Ecole pratique des hautes etudes,Paris

LA PSEUDEPIGRAPHIE, COMMEPROCEDE

LI1TERAIRE AUTONOME

L'EXEMPLE DES PASTORALES

On a souventpretendu que a pseudepigraphie ' etait qu un innocent eu

sur Ie nom d'auteul: 01; l'etude des epurespastoralesprouve qu'il s'agit

d'une veritable technique itteraire. On peut en eIfel y reperer desstrategies

enonciativesdilferentesqui conduisentd'une part Ii rapprocher1 Tm de Tt

et i poser l'autonomie de 2Tm, et d'autre part Ii distinguer deuxpratiques

pseudepigraphiques: 'actualisation I~t 'anachronisme.

It has beenclaimed that pseudepigraphy hould be an innocent play on

the author's name. Yet,a study of the Pastoral Epistles show that it is a

genuine iterary technique.Different enunciative trategies an be picked

out and used either to put 1 Tim and Tite together and to separate2Tim;

and to distinguish between wo pseudepigraphicafpractices actualization

and anachronism.

II etait un temps on l'on pouvait se debarrasser e l'epineux pro-

bleme de la pseudepigraphie-Ie fait d'ecrire sciemmentsons e

nom d'un autre -avec une parade elegante: on pretendait qu'au

contraire des modemes, qui out defini meticpieusement es droits

et les devoirs attaches a la propriete intellectuelle1, les Anciens

* Rep)s Burnet prepare un doctoral a la sectiondes sciences eligieuses

de l'Ecole pratique des bRutesetudes.

L Cette notion juridique existe en Angieterre d~puis Ie Statuteof Anne,

datant de 1709,qui reconnaissait aux auteurs d'ouvrages deja edites «Ie

droit exclusif de les imprimer a nouveau pendant une duree de vingt-et-

un ans »; en France,depuis 1777,une loi met fm aux droits du « libraire-

editeur» si angoissantspour Diderot ou Voltaire, au profit de l'auteur.

Actuellement prevaut en France la loi du 11 mars 1957 sur la propriete

intellectuelle, modifiee par la loi du 3 juillet 198 et integre dans Ie CPI

(Code de la propriete intellectuelle) du 1 er uillet 1992.Le principe fon-

damental du droit d'auteur est pose par les deux premiersalinea de l'ar-

ticle L. 111-1 du CPI: «L'auteur d'une reuvre de l'esprit jouit de cette

reuvre,du seul ait de sa creation, d'un droit de propriete exclusif et oppo-

Apocrypha 11, 2000,p. 77 -91

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BURNET

n auraient eu qu une idee fort vaguede la paternite litteraire. Cetteidee,

qui remonte a F. C. Baur, est devenue a doxa de toutes lesetudes

jusqu au milieu du xxe siecle.Des travaux recents3 nt remis

en causecette bonne conscience,et l on peut desormais assignerdes

intentionnalites a cette pratique. Sait-on pour autant commentIe

phenomene etait interprete dans Antiquite? Jusqu a present,les

reponsesse sont ocaliseessur a psychologied auteur, sanss at-

tacher a considerer a pseudepigraphie comme phenomene itte-TaiTe

a part entiere. On se borne en effet a la definir comme unsimple

transfert de nom entre un auteur reel et un auteur decla-re4,

sansconsequenceitteraire d aucune sorte. L etude precisedesPastorales,

dont tout Ie monde s accordea penserqu elles ne sontpas

de l apotre Pauls, montre que ce procede revele une certaine

sable a tous. Ce droit comporte des attributs d ordre intellectuel et oral,

ainsi que des attributs d ordre patrimonial. » L reuvre est dite « prote-

geable» des loTS u elle est empreinte de la personnalite de son createur

(notion juridiquement assez loue), ce qui supposequ elle ait pris forme:

seules a composition et l expression sont protegeespar Ie droit d auteur

(et non les dees). En ce qui conceme notre problematique, on notera une

disposition tIeS nteressante: « La qualite d auteur appartient, sauf preu-

ve contraire, a celui ou a ceux sous e nom de qui l reuvre est divulguee ».2.

Friedrich Christian BAUR,Die sogenanntenPastoralbriefe desApostels

Paulus aufs neuekritisch untersucht,Stuttgart, 1835.3.

Ils ont ete resumesavec pertinence dans e premier chapitre de David

G. MEADE,Pseudonymityand Canon,Thbingue, 1986,p.1-15.

4. Ainsi pour MEADE, op. cit., p. 1: « A text is pseudonymous when the

author is deliberately identified by a name other than his own ». BROX,

qui a realise une synthese amais encore depasseesur a pseudepigraphie

dans Fa/sche Verfasserangaben. ur Erkliirung der friihchristlichen Pseu-

depigraphie, KBW Verlag, Stuttgart, 1975, a definit ainsi p. 11 : « Chris-

ten den damaligen Zeit literarische Produkte [...] wissentlich mit irrefiih-

renden Daten im Umlauf gebracht haben, oder in anderen Fallen, daB

diese Schriften irrtiimlich unter falschen Namen geratensind und an sich

lange beziiglich ihrer Herkunft geirrt hat. Man spricht von Pseudepigra-

phie (falscher Zuschreibung)». SPEYER,ntin, qui fut Ie premier a demon-

tIer de maniere tIeSconvaincanteque a notion de propriete intellectuelle

existait chez es Anciens dans son article fondateur « Religiose Pseude-

pigraphie und literarische Falschung m Altertum », ahrbuch fUr Antike

und Christentum,Aschendorffsche Verlagsbuchhandlung,MUnster, 8/9,

1965/1966, ecrivait au debut de ce meme article (op. cit., p. 88): « Ais

Pseudepigraphen ind diejenigen Schriften des Altertums zu betrachten,

die nicht von den Verfassem Stammen,denensie duTchTitel, Inhalt oder

Uberlieferung zugewiesen ind ».5.

Depuis F. ScHLEIERMACHERUber die sogenanntenerstenBriefe des

Paulus an Timotheus,Berlin, 1807) et surtout F. BAUR Die sogenannten

Pastoralbriefe desApostels Paulus aufs neuekritisch untersucht,Stuttgart,

1835), a tendance generale a ete de considerer que Paul n etait pas leur

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LA PSEvPEPIGRAPHIE OMMEP,OCEDE

LITrERAIRE AUTONOME: L'EXEMPLE DIf:S PASTORALES

79

complexite, et que l'on ne sauraitcaracteriseres Pastorales omme

une simple imitation de l'reuvre paulinienne. Du coup, il s'avere

bien difficile de pretendre que la pseudepigraphie n'est qu'un

simple echangede nom.

Avant de commencer 'analyse, on definira rapidement ce que

l'on entend par« pseudepigraphie».

(1) La pseudepigraphien' estpas a tausseattribution due aI' exe-

gese rop hative des emps passes, ui fit identifier desauteursavec

des extes, soil que res textes fussenteux-memesanonymes, 'est-

a-dire depourvus de nom d'auteur (comme c'est Ie cas des evan-

giles6,de Hb, de Un); soil que ces extes ne fussent pas rattaches

clairement a un auteur (comme c'est e casde 2-3Jn dont l'auteur

se designe comme l'ancien). Ce n'est qu'une volonte de systeme

tardive qui fit organiser ces recits en corpus (l'Evangile tetra-

morphe) ou qui legrattacha un peu artificiellement aux corpuspre-

existants; Ie corpus ohannique pour 1-2-3Jn, e corpus paulinien

pour Hb.

auteur. La synthesedes argumentscontre l'authenticite a ete realisee par

HOLTZMANNDie Pastoralbriefe kritisch und exegetischbehandelt,Leip-

rig, 1880)qui resume es principales critiques: leg Pastorales epresente-

raient une recherche d'un moyen erme entre des endancesgnosticisantes

et des enseignementsudeo-chretiens assorti d'uI) encouragementa l'in-

stitutionnalisation de l'Eglise. Pour H. HOLTZMANN,n se trouve face a

un paulinisme affadi, « catholicise ». M. DIBELIU~,qui a ete revu par H.

CONZELMANNDie Pastoralbriefe,Tubingen, 3 ed., 1955) et qui presen-

te Ie sammetde l'exegeseallemandeparle me-me e «christianisme bour-

geois» (christliche Burgerlichkeit). Malgre l'ouvrage de C. SPICQ Les

Epitres pastorales, Paris, 4 ed., 1969), demiere synthese monumentale

defendant 'authenticite des Pastorales,aus s'accordentales penser nau-

thentiques. Ainsi pensentY. REDALIE Paul apres Paul, Geneve, 1994)et

Lorenz OBERLINNERDie Pastoralbriefe, Herders theologischer Kom-

mentar zum neuen Testament, t. IX: Erster Timotheusbrief, 2/1, 1994;

Zweiter Timotheusbrief, /2,1995; Titusbrief,XI, 2/3, 1996).Pour une vue

d'ensemble des Pastorales,on se reportera a l'ar1Iiclede C. SPICQ ans e

SDB, toujours d'actualite (Art. «Pastorales», Supplement u Dictionnaire

de la Bible, Paris, asc. 36,1961), pour un survol de la recherche des cin-

quante dernieres annees,a l'article de W. SCHENK<Die Briefe an Timo-

theus I und II und an Titus (Pastoralbriefe) in der neueren Forschung

(1945-1985) , Aufstieg und Niedergangder romischenWelt, I, 25.4,New-

York, 1987).

6. On retiendra Ie cas particulier du corpus Lc-Ac, puisque Ie texte est

anonyme, mais adressea un destinataire, Theophile. Pourrait-on parler

d'une pseudonymie du destinataire?

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80

R. BURNET

(2) La pseudepigraphie n'est pas non plus la pseudonymie,qui

consiste a attribuer des ecrits a un personnage tellement Iegen-

daire qu'il devie t evident qu'il s'agit d'un nom d'emprunt.

On reserveradoJIc e nom de pseudepigraphe un texte qui s'at-

tribue lui-meme explicitement a un auteur different de l'auteur

reel, mais qui pou~ait en etre I'auteur avecune certaine vraisem-

blance. La pratiquf;'; seudepigraphiques'affirme donc comme un

deDid'auctorialite1 et une tricherie sur 'autorite8 de l'auteur« puta-

tif ».

Examen de la recherche sur l'interpretation de la

pseudepigraphie

A

1. La pseudepigraphietait bienper~ue omme elle...

La premiere rewnse apportee a la pseudepigraphieconsistaita

dire -nons l'avons deja mentionne -que l'auteur n'etait pas res-

ponsable de son <tuvre et que l' Antiquite ne disposait pas de la

notion de propriet~ intellectuelle. Ainsi, la pseudepigraphien'etait

TieDd'autre qu'une innocente pratique d'attribution de textes;

celle-ci n'interven

~

it ni sur Ie contenu du texte, ni sur a figure de

l'auteu~. Tout au ~us. rofitait-on de l'aura d~unauteur e~ i~a~t-

on partl de la con lchon, repandue semble-t-ll dans ' Anhqulte9,

que l'anciennete 'un ouvrage prouvait sa qualite. Cette theorie

va de pair avecun~ vision optimiste du monde intellectuel antique,

pour lequelle contenu primerait la forme, ce qui est dit l'empor-

terait sur celli qui~edipo. D'ailleurs, leprobleme ne rentre-t-il pas

sons e chef du« m

~ nsonge egitime» defendupar Platonll et repris

par Philon et la p tristique sons Ie theme du medecin qui sauve

son malade par u mensonge12?

7. On nommera« au~torialite », en anglais autorship, e fait d'etre l'auteur

reel d'un ecrit.

8. On definira «autqrite» la force enonciative liee a un nom d'auteur. II

s'agit en quelque s04e de« l'aura» prestigieuseattacheea un auteur. Sur

cette question, voir ~'enquetede Gerard LECLERC, istoire de l'autorite,

Paris,1996.

9. Voir BROX,of. ci4, p. 52Yqq.

10. Ibid., p. 78.

11. Politique, II, 382~. ,

12. Voir Ie passageC

~ eux releve par Bremer (dansE. BREHlER, es Idees

philosophiques et rel.gieuses ePhilon d'Alexandrie, Paris, 1951,p.41) oil

Philon prend pret xte du mensonge d'Abraham a Abimelek pour

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LA PSEUDEPIGRAPHIE COMME PROCEDE

LrITERAlRE AUTO NOME: L'EXEMPLE DES PASTORALES

81

Pourtant, si cette innocence etait tellemel1lt arfaite, pourquoi

trouve-t-on des exemplesde faux destinesa discrediter un indivi-

dul3? Pourquoi Platon lui-meme est-il accuse de plagiap4? w.

Speyer,dans e debut de sonarticle de 196515, ontre bien que l'on

pent faire remonter la notion de propriete intellectuelle, geistige

Eigentum,jusqu'a Hesiode16 t que a fondation d'une sciencephi-

lologique par Callimaque autour de a bibliotheque d' Alexandrie17

defendre Ie mensonge : Illud ramen, omnia vere loquere, abhorrentis a

philosophia, et ignorantes mandatum est. Nam si hominum vita optime se

haberet nulla accepta falsitate, congruum foyer de omnibus apud omnes

verum loqui: sed quia fictio malignitatis velut in theatro acquisitam habet

et superbiam velatam una cum artificio, artis est opus saptienti multiplicis,

ut prosit, similitudinem pr{£ferens ironia utentium, qui aliud dicunt, et aliud

agunt, ut salvent quos possunt. «< Cependant, «dis toute la verite », c'est

un ordre qui n'a pas l'amour de la sagesse, et d'un ignorant. Car, Ii sup-

poser la vie des hommes bien dirigee, n'accueillant rien de mensonger, il

faudrait dire la verite sur tout et Ii tous. Mais, puisque Ie faux-semblant,

comme au theatre, est Ie maitre, et que Ie mensonge sert de rideau Ii la

verite, Ie sage a besoin d'un art multiple, grace auquel il rendra service, Ii

l'imitation des hypocrites, qui disent une chose et en font une autre afin

de sauver ceux qu'ils peuvent.» Qu{£stiones in Genesim, IV; 69, ed. Ch.

MERCIER et F. PETIT, (Euvres de Philon d' Alex~drie 34B, Paris, 1984.).

Voir egalement CLEMENT D' ALEXANDRIE (Stromate VII, 9, 53, 2) qui dit

que aATjefj TE yap <l>povEI alia Kai CLATj8EUEl, rAT')VEl 111') rOTE EV 8Epa-

TrElaC; IlEPEl, Ka8aTrEp laTpOC; TrpOC; voaOUVTac; tTri aWTTjplq TWV Kall-

V6VTWV, /JEOOETal 1\ /JEfi8OC EpEI KIlTa TOUC; ad<plaTaC; «< Car il pense

vrai et dit vrai tout a la fois; Ii une exception pres cependant: en cas de

going Ii donner, Ii l'instar du medecin, envers leg malades, pour Ie salut de

ses patients, peut-etre alors mentira-t-il, ou plutot, pour parler comme leg

sophistes, dira-t-il un mensonge », ed. et trad. d' A.LE BOULLUEC, Sources

Chretiennes n° 428, Paris, 1997).

13. BROX, op. cit., p. 98.

14. STEMPLENGER, Das Plagiat in del' griechischen Literatur, Heidelberg,

1912, p. 14-16. Le cas est etudie par Luc BRISSON dans Monique DIXSAUT

(ed.),« Les accusations de plagiat lancees contre Platon », Contre Platon

I, Paris, 1993.

15. Gp. cit., p. 91-95.

16. A'( vu Tro8' "Halo80v KaAT')v E8l8a~av aol81'), «< Ce sont elles qui Ii

Hesiode apprirent un jour un beau chant »), Theogonie, v. 22.

17. On connait l'importance de l'reuvre de Callim~que, qui rut l'inventeur

du catalogue de bibliotheque (les Tri.vaKEc;) et des signes diacritiques. II

rut egalement Ii l'origine d'une classification des reuvres, fondeesur des

termes comme V06EUElV, TrapaxapaTTElv, Klj38TjAEUElV, pq8loupYElv, qui

rut largement reprise, y compris par leg Peres de l'Eglise. Voir C. MEILLER,

Callimaque et son temps, Lille, 1989. II est piquant de remarquer que la

Bibliotheque rut a la fois Ie lieu de la chasse au faux et celui de la conser-

vation du faux; Ie Lagide payant bien, il etait tres interessant de lui vendre

une nouvelle lettre de Platon ou un nouveau dialogue d' Aristote.

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R. BURNET

prouve a l evideQce que la pseudepigraphie etait bien reperee

comme telle. D ailleurs, Ie concours d ingeniosite mis a realiser

des faux, doni certains ne seront detectes qu a l epoque contem-

poraine, n est-ellepas la meilleure preuve que la pseudepigraphie

etait bien considereecomme un faux?

2. ...mais Desemble pas affecter les textes

Or res decouvertes aites depuis es annees60 ne semblentpas

avoir affecte de nianiere profonde les etudes antiques. En effet,

au lieu de cherchet a evaluer a part de decalageentre la figure de

l auteur reel et cehe de l auteur putatif, on a pense a pseudepi-

graphie en termes de simple substitution de nom d auteur, reve-

nant en quelque sorte a la situation precedente. Au lieu de faire

de l analyse litter~ire, on a fait de la psychologie. En effet, toutes

les explications d~ phenomene ont evacue a part de creation spe-

cifique du faussair~et ont fait du pseudepigraphe ne sorte de sub-

stitut transparent pe l auteur avoue. Quoique etant conscientde

la notion de propI[iete intellectuelle, il cqntournerait la difficulte

en s estimant e reJais idele de la penseede l auteur. Le dispositif

enonciatif serait I}lors Ie suivant: l auteur reel serait tellement

proche de l auteu~ putatif que l on pourrait legitiment confondre

les deux nstances~t toute la recherche s estdonc consacreea us-

tifier cette transp~rence.Comme on va Ie voir, c est Ie modele de

l imitation qui a finalement servi a comprendre la pseudepigra-

phie.

(1) Premiere explication: justifier la transparencepar la longue

frequentation avef Ie maitre. L auteur reel exprimerait la pensee

de l auteur putatif car ill aurait recueillie de sespropres ensei-

gnementsoraux. «:ette theorie est nspiree de ce que l on sait de

la pratique deseco~es hilosophiquesgreco-romaines, il les eleves,

apres a mort du ~aitre, font paraitre sous son nom sesenseigne-

ments non encore publies. Dans Ie cas de Paul, par exemple, les

chercheurs ont l hyPothesed une «ecole paulinienne »18 ui aurait

fait paraitre les e~ns de l apotre disparu dansdes epitres comme

Ep ou Col.

(2) Secondeexplication: l enthousiasme.L auteur reel peut par-

ler sous e nom de . auteur putatif, car il a Ie sentiment d exprimer

la «verite » dont 11auteur utatif etait Ie depositaire, et dont il est

18. Voir les theories ~e Hans CONZELMANN<Paulus und die Weisheit »,

New TestamentStutties, 12, 1965-66,p. 6-7) et de G. BORNKAMMPaul,

Paris, 1974).

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LA PSEUDEPIGRAPHIE COMME P~cEDE

LnTERAIRE AUTONOME: L'I~XEMPLE DE~ PASTORALES

83

a son tour Ie garant. Cette theorie va de pair avec une theologie

de I'inspiration et repose sur a maxime suivante que ce soit par

I'un ou I'autre auteur, c'est e meme esprit, a meme Muse, qui s'ex-

prime. L'auteur se considere comme un simple instrument de la

divinite19.

(3) L'auteur reel, entin, se considerecomme e depositaire de la

tradition de I'auteur putatif. C'est ce que pretend Meade2°,que

reprend, avec quelques modifica1:ions, .-D. Kaestli21.D. Meade,

qui consacreune grande partie de son ouvrage a la pseudepigra-

phie vetero- et intertestamentail:e, montre qu'il y a une grande

continuite entre les pratiques juives et les pratiques chretiennes.

Empruntant aux hermeneutesallemands,et en particulier a H.-G.

Gadamer21e concept de Vergegenwiirtigung«< ctualisation» au

gensde « rendre present », «presentifier»), il prouve la continui-

te de pratique entre un Deutero-Isaie ecrivant plusieurs siecles

apres la mort du prophete Isaie et I'auteur des Pastorales,redi-

19. C'est a thesedefenduedans a seconde artie de 'article de W. SPEYER

(op. cit.) qui prend en exemple Ie ca~; e l'inspiration des muses en s'ap-

puyant sur la Theogonied'Hesiode qui se lit EVE:IjIEuaavovaal 'EAlKW-

vla c; ainsi que sur es reflexions du :>hedre ur a @Ela avla (244a-245a)

et du Ion sur l'etat de Eveooolaa~oc ~719c). peyer it clairement ailleurs :

«Fahrt die Vorstellungder Ergriffenheit weiler zu einer Identifikation von

Schriftstellerund vorgestelltemnspirie~renden eist,derein Gott,ein Engel,

ein gottgebliebterWeiser der Vorzeit .I'einkann, so entstehtdie «echte eli-

giose Pseudepigraphie . In diesemFtlll versinkt der menschlichenVerfas-

serganz in der hn inspirierenden ersonalenMacht» in « Fiilschung,pseu-

depigraphischereie Erfindung und « echte eligiose Pseudepigraphie »

in K. v. FRITZ (ed.), Pseudepigrapha , Vandreuvre-Geneve,1972. Kurt

ALAND, dans son article fondateur 1[« he Problem of Anonymity and

Pseudonymity n Christian Literatur(~ of the First Tho Centuries », Jour-

nal of Theological Studies,12/1, 1961, epublie dans The Authorship and

Integrity of the New Testament, ondres, 1965)avait deja applique cela au

cas du Nouveau Testamentet de sa heologie de l'Esprit Saint. Saconclu-

sion est savoureuse: « In my opinion we do not have to explain or to jus-

tify the phenomena of anonymity or pseudonymity n early Christian ite-

rature. It is the other way round: we need an explanation when the reaJ

author gives his name », ibid., p. 8.

20. David MEADE,Pseudonymityami Canon,Thbingue, 1986.

21. Jean-Daniel KAESTLI, Memoire et pseudepigraphiedans e christia-

nisme de l'age post-apostolique », Rt~vue e Theologieet de Philosophie,

125,1993,p. 41-63. L'idee de memoire provient directement de J. ZMI-

JEWSKI, Apostolische Paradosisund Pseudepigraphie m neuen Testa-

ment », Biblische Zeitschrift, 23/2, 15179,.161-171.

22. Hans-Georg GADAMER,Verite et Methode (Wahrheit und Methode),

trad. Fruchon, Grondin et Merlio, ]:>aris, 996; voir essentiellement a

secondepartie.

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84

R. BURNET

geant apres Ie martyre de l'apotre Paul. Ainsi est-il capable de

decouvrir une «structure commune» au canon, qui s'appuie sur

un aspect de revelation (Ie message du grand homme) suivi par

une tradition. Cornme Ie fit D. Meade: «La reproduction de cette

structure de revelation-tradition, couplee avec la forte personna-

lisation des traditions kerygmatiques dans les ministeres de Pier-

re et Paul, permirent aux auteurs des Pastorales, de Ep et de 1-2P,

de repondre aux besoins pressants de leurs communautes grace a

une Vergegenwiirtigung, une nouvelle actualisation des traditions

prescriptives de Pierre et Paul »23.J.-D. Kaestli, quant a lui, plai-

de pour une actualisation du message des apotres par des redac-

leurs qui veulent repondre aux besoins de leurs communautes.

Aussi releve-t-ill'importance du champ semantique du souvenir

(repetition des verbes comme ~VT](J61lVaL)ans ces epitres.

Le point commun de ces theories est qu'elles cherchent avant

tout a doDDer une explication des motifs de la pseudepigraphie.

Autrement dit, toutes cherchent a expliciter la psychologie du faus-

saire, ses ntentions. Aucune n'envisage Ie phenomene comme un

procede litteraire, qui laisse a l'auteur du faux une importante

marge de manreuvre au lieu de Ie cantonner dans Ie role du pla-

giaire. Et pourtant, soil qu'il choisisse de disparaitre derriere la

figure dont il fait usage, soil qu'il cherche a l'utiliser a ses propres

fins, I' auteur reel dispose d 'un important champ d' action qu'it s' agit

d'etudier dans sa positivite.

La pseudepigraphie comme creation litteraire

l'exemple des Pastorales

B.

Pour verifier l'importance de

de ses choix, il faut analyser un

rales. En lisant le Pastoralesd'

on ne peut etre que frappe par

que l'on peut relever. De fait, J.

23. «The reproduction of this «pattern» of revelation and tradition, cou-

pled with the strong personalizationof the kerygmatics raditions in Peter's

and Paul's ministries made it possible for the authors of the Pastorals,

Ephesians,and 1 and 2 Peter to address he pressingneedsof their com-

munities by Vergegenwiirtigungor a new actualization of authoritative

Pauline and Petrine traditions. » D. MEADE,Pseudonymityand Canon,

Tubingue, 1986,p. 1192.

24. Jerome MuRPHYO'CONNOR, 2Timothy contrasted with 1 Timothy

and Titus », RevueBiblique, 98, 1991,p. 403-418.

exprimee dans a valeur

corpus; tentons celui des Pasto-

un simple point de vue litteraire,les

differences manifestesde ton

Murphy O'Connor24, e fondant

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LA PSEUDEPIGRAPHIE COMME PROCEDE

LITrERAIRE AUTONOME: L'JEXEMPLEDES PASTORALES

85

sur les travaux de M. PriOr25, montre que l'on pouvait trouver

une trentaine de differences entre 2Tm et les autres epitres. Ces

differences peuvent etre classees ousplusieurs chefs: differences

dans l'adresse, difference dans Ie langage christologique, diffe-

rences de conception du ministt~re de l'Evangile, difference de

caracterisationde l'Evangile, dift'erences,entin, dans 'apprehen-

sion des adversaires. Fort de ces elements, il conclut que 2Tm

semble se rapprocher des epitres pauliniennes, sansqu'il soit pos-

sible de decider de son authenticite. En tout etat de cause, l ne lui

semble pas possible de voir un auteur unique a l'reuvre dans es

Pastorales26.

Ces differences vont dans e setlsde la these d'une positivite de

la demarchepseudepigraphique,puisque 'on voit que la confron-

tation a un meme probleme -comment ecrire apres a mort de

Paul? -engendre des strategiesdifferentes. L'analyse du corpus

1Tm- Tt d'une part, et celui de 2TI1rl 'autre part, si elle s'avereposi-

tive, permettra donc de complexifier la vision que l'on peut avoir

de la pseudepigraphie. Pour proc:edera cette analysede maniere

rapide, on adoptera les techniqlli~sd'analyse itteraire, en exami-

nant tour a tour la situation d'in1erlocution, Ie temps, es acteurs

secondaires.

1. La situationd'interlocution

(1)« Paul» tout d'abord sepresente de maniere differente dans

les deux corpus. Dans 2Tm, comme dans es autres epitres (voir

en particulier lCo 1, 1 et 2Co 1, 1), it se definit a partir de son appel

a l'apostolat, resultat d'une ab~:traite «volonte de Dieu ». On

retrouve line presentation coutulniere de l'apotre. Dans 1Tm- Tt,

il en va autrement. La dignite apostolique est ondee sur un man-

dat divin quasiment administratiJ'. I est en effet provoque par un

veritable «ordre» (KaT' ETTlTayTJV,Tm 1, I;Tt 1,3). Le mot, qui

tend a exclure toute interpretation subjective de la mission, reduit

en quelque sorte la marge de manreuvrede Paul: si l'on pent resis-

M. PRIOR,Paul the Letter-writer and the Second Letter to Timothy,

Sheffield, 1989.

26. « It does not seempossible that 2 Tim should have beencomposedby

the author of 1 Tim ant Titus. There have been hints that 2 Tim is more

Pauline than either 1 Tim or Titus, but this does not imply that Paul was

in fact its author. What it does mean however, s that the authenticity of

2 Tim must be debated n isolation from that of 1 Tim and Titus. », op. cit.,

p.418.

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R. BURNET

ter a l'appel de Dieu, comment pourrait-Qn contrecarrer un de ses

ordres? Dans Tt, d'ailleurs, cet ordre estprecise: il s'agit d'ame-

neT es elus de Dieu a une sorte d'orthodoxie marquee par la foi,

la connaissance e Dieu et la piete27.

La question du mandai est en outre intimement liee a celIe de

la vocation -Ie « chemin de Damas » ~ or, dans 1Tm, la liaison

est aite de telle maniere qu'elle se chargede disculper 'apotre de

ses allies anterieures. « Paul » a cette phrase plutot etonnante : « l

m'a ete fait misericorde, parce que 'ai agi par ignorance, n'ayant

pas la foi »28.Non seulement a conduite fautive est causee par

l'ignorance, mais cette ignorance meme est la cause de la grace.

«Paul» poursuit l'operation de statufication puisqu'il s'erigeensui-

te en prototype et en parangonde la grac~:« C'est pourquoi il m'a

ete fait misericorde pour qu'en moi Ie premier, e Christ Jesusmon-

trat sa otale patience,comme exemple P()ur ceux qui allaient croi-

re en lui, en vue de la vie etemelle »29. 'impression generale qui

sedegagede cette auto-presentationde« Paul» estdonc qu'il s'agit

d'une figure idealisee, magnifiee, mais doni la profondeur psy-

chologique n est pas apparente. «Paul» est davantage un presti-

gieux porte-parole qu'un homme veritable.

La figure de Paul est bien differente dans 2Tm. Alors que la

souffrance et la tribulation soot parfaitement absentesde l'en-

semble ITm-Tt, en 2Tm, Paul est un apotre qui connait l'epreuve

(2Tm 1, 12), qui est en prison (2Tm 1, 16; 2, 9), qui envisage a

mort et Ie martyre (2Tm 4, 6). C'est un homme qui se dit aban-

donne de tOllS 2Tm 4, 16).11est un homme pieux (2Tm 1, 3). Bref,

c'est un homme qui possedeune certaine ndividualite, par ailleurs

conforme a ce que l'on sait du Paul des epitres authentiques.

(2) On peut observer Ie meme contraStedans a figure de l'in-

terlocuteur. Dans 1 Tm et Tt, les deux destinatairesconnaissentun

traitement rapide. L'un et l'autre soot qualifies d'enfant. Timothee

estgratifie de titres ires generaux disciple fidele (4, 6), homme de

Dieu (6, 11). De lui on apprend qu'il a ete intronise par un colle-

ge de presbytres (4, 14), qu'il est d'un age eune (4, 12) et qu'il est

de sante fragile puisque Paullui recommande de prendre du vin

27. naiJAoc 80iJAoC eEOiJ, a1TOUTOAOC E' I T]UOU XPlUTOiJ KaTa. 1TlUTlV EK-

AEKTWV Kat E1TlYVUXJlVaAT]eElaC Tfic KaT' EOOE~Elav. Remarquons au

passagequ'il n'est plus ici question de I'universalite paulinienne, puisque

l'on retrouve Ie concept des elus, es EKAEKTOl.

28.'HAE1']9 lV, OTl ayvoWv E1TOlT]Ua EV a1TluTlC; : 1Tm 1, 13).

29.' AAAa. 8la. TOiJTO liAE1']9 lV, lva EV EliOt 1TpWT(jJEv8El~Tal XPlUTOc;

'1 T]uoiJc; Tl'JV d1Tauav l1aKpoeUlilaV, 1TpOC intOTv1TwUlV TWV I1EAA6vTWV

1TlaTEVElV E1T' aiITtiJi ELc CW1']V aLwvlov (1TmI1, 16).

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LA PSEUDEPIGRAPHIE COMME PROCEDE

u1TERAIRE AUTONOME: L'EXEMPLE DES PASTORALES

87

(5,23)3°. Tite re~oit un traitement encore moins profond: il se

borne a incamer la liaison entre enfantement et foi puisqu'il est

caracterise de « chef enfant dans la foi commune» (Tt 1, 4).

Dans 2Tm, Timothee re~oit Ultl traitement different. Timothee

est Ie digne rejeton d'une famille de foi, doni les figures sont celles

de la grand-mere LoIs et de la mere Eunice (2Tm 1, 5). La presence

de ces noms, en particulier la mention de la grand-mere laisse a

penser que la foi doni il est question est bien une foi juive31.

D'ailleurs, on connait Timothee dlepuis es Actes des Apotres, doni

on dit bien qu'il est « fils d'une femme juive et d'un pete grec »,

(Ac 16, 1). Timothee serait donc Ila igure de la conversion et prou-

verait que l'on pent passer de l'excellence dans la foi juive a l'ex-

cellence dans la foi chretienne.

Car T1lllothee est presente COIrlDlea perfection chretienne. Dis-

ciple par excellence, Timothee l est car il a longuement suivi son

maitre et a recueilli son enseigltlement, Ie texte dit « ecouter »,

clKOUW« Ce que tu as entendu de: moi (TlKOUaaC;rap' E~OiJ) ar de

nombreux temoins » (2Tm 2, 2) et « Prends exemple des saintes

paroles que tu entendis de moi 61Kouaac;»> 2Tm 1, 13). Au COUTS

d'une narration oil il evoque une partie du trajet present dans Ac,

Paul rappelle sa fidelite inebranlable :

Toi, tu as suivi fidelement mon e:nseignement, a conduite,mon

projet, ma foi, ma patience, mon amour, ma perseverance,eg

persecutions, eg souffrances qllle 'ai subies a Antioche, a Ico-

nium, a Lystres. (2Tm 3,10-11).

Disciple privilegie de Paul, Timothee s'affirme egalement

comme un chretien accompli puisqu'il a re~ude l'Esprit une fonc-

tion particuliere dans la communaute (2Tm 1, 6) par l'interven-

tion de prophetes (2Tm 4, 5). P:aulet les anciens de l'endroit lui

imposerent alors les mains (2Tm 1, 6). Malgre cette excellence,

c'est une figure fragile, car it est eune. Jeune, l peut etre confron-

te aUKpassionsde la jeunesse 2Tm2, 22 : «fuis les passionsde la

jeunesse»); on est oin despreoc<:upationse 1Tm qui etaientd'au-

torite (1 Tm 4, 12: « que personne ne meprise ta jeunesse»). Mais

cette fragilite et celie jeunesse ont de Timothee Ie parfait repre-

30. On sait que Ie vin etait considere comme medicament par l' Antiqui-

te (voir l'article d' Andre TCHERNIA.,L'Archeologue et Ie viticulteur »,

L 'Histoire, n° 241,mars 2000,p. 78-83),ce qui n'exclut pas une allusion a

un ascetismegnostique.

31. N. BROX, «Zu den personlichen Notizen in der Pastoralbriefe »,

Biblische Zeitschrift, 13/1, 1969,p. ~r6-94.

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88

R. BURNET

sentant des nouvelles generations de chr~tiens, jeunes et un pen

chancelants dans leur foi.

A la dissemblance des emetteurs correspond celIe des destina-

taires. Timothee et Tite dans 1 Tm- Tt fonttionnent plutot comme

des relais faciles do lecteur: ils n'ont pas de caracteristiques ires

definies, si bien que chacun pent se reconnm tre, ils font figure de

simples destinataires. Le Timothee de 2Tm, au contraire, possede

un caractere propre, il a une existence en $oi. Aussi se trouve-t-on

face a deux situations de communication ires differentes. L'une est

une sorte de dialogue plat supporte par deux figures plutot pales,

l'autre est une veritable communication 011es contours de l'emet-

tenT et du destinataire sont precises avec force et meticulosite.

(3) La composition des lettres vient renforcer celie impression.

1 Tm et Tt sont composees comme une sorte de catalogue de

recommandations soudees par des «chevilles » metadiscursives

doni Ie role est de doDDer une evaluation precise de l'importance

des differents commandements. Aussi nefaut-il pas s'etonner de

rencontrer une serle de verbes a la premiere personne qui expri-

ment la volonte (2, 1 llapaKaAw; 2, 8 & 5, 14 ~ovAo~al; 2, 12 OUK

ETTlprnw), de verbes a l'imperatif (passim: 1 Tm 4, 6 TTapal OU 4,

7 yv~va(f 8£ ufavTov; 4,13 TTPOUfXf; , 14 ~l'] ci~EAfl), de la clau-

sule TTlUTOC) AOYOClTm 1,15; 1Tm 3,1; 1Tm 4,9; 2Tm 2,11; Tt

3,8) qui fonctionne quasiment comme une instruction technique,

tant elle est particuliere aux Pastorales, et d'autres formules de

rappel32. Les passages de tournure persohnelle sont donc relati-

yemeni rares33 et servent plus a entretenir une fiction de commu-

nication qu'a la fonder.

Au contraire, en ce qui concerne 2Tm, il est impossible de dis-

cerner avec precision les passages de recommandations. La lettre,

du coup, semble etre d'une seule venue, sans presenter de failles.

Tout est continuo

32.1 Tm 5, 7 Kat TaUTa 1Tap<l'Y'YEAAE; Tm 6, 2 TaiJTa 8t8aUKE Kat 1Tapa-

KaAEl ; Tt 2, 15 TaUTa AaAEl Kat 1TapaKaAEt Kat EAE'YXE ~ETa 1Ta<JT1t; 1Tl-

Taoyi'jt;; Tt 3, 81TEpt TOVTWV f30VAo~at UE 8laf3E:f3aloiJa8al.

33. ITm -1, 1-2: Adresse. -1, 3a demande de rester a Ephese. -1, 12-16: Paul,

temoin de la grace -1, 18-19: avertissement a TlInothee -1, 20: condamnation

d' Alexandre et d'Hymenee -2, 6 Paul se presente comme apotre -3, 14: pour Ie

long temps -4, 6: l'attitude demandee a TlInothee -4, 11-16: conseils a Timothee

5, 23 : nouveau conseil : prendre du vin -6, 11-12 : resume I : prendre soin de soi -

6, 20 : resume n : garder Ie depot

Tt -1,1-4: adresse -1, 5: rester en Crete -1,14: exhortation a la fennete -2,1 :

saine doctrine -2, 15: rappel de l'attitude -3,3: l'ancienne conduite -3,8:

demande de fennete -3, 12-13: projets -3, 15 : salutations

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LA PSEUDEPIGRAPHIE COMME PROCEDE

LI1TERAIRE AUTONOME: L'EXEMPLE DES PASTORALES

89

2. Le temps

Remarquons egalement e trai1:ementeserve au emps. 2Tm est

nettement inscrite dans la chronologie paulinienne. La situation

de Paul sembleclaire: it est en priisona Rome (1, 17) et esperevoir

Timothee avant l'hiver (4,21). A.uparavant, t donne des nstruc-

tions concretes a son disciple comme celIe d'aller chercher son

manteauet sesparcheminsa Troas 4,12).11se souvientd'un temps

oil il parcourait l' Asie Mineure, accompagnede son disciple (3,

11). Tout cela denote un temps reference,a echellehumaine, regie

par Ie rythme des saisons.Au co][ltraire,dans1 Tm et Tt, Ie temps

est passablementvague. « Paul ;.> it avoir « aisse » Timothee a

Ephese (1, 3) et Tite en Crete (Tt 1, 5), sansqu'aucune precision

ne soit apportee. En outre, l'imJninence du retour de Paul n'est

pas certaine, voire, tout conspir(~a donner l'impression que l'on

s'installe dans une absenceprolongee: « En t'ecrivant cela, 'es-

peTe e rejoindre bientot; si e tElfdais, t faut que tu sachescom-

ment te comporter dans la mai:sonde Dieu »34.« En t'ecrivant

cela » : la lettre est con<j:ue avantagecomme un moyen d'organi-

seT'attente que de la pallier.

3. Lesautrespersonnages

Pretons enfin attention aUKpersonnages. Pour les opposants, J.

Murphy O'Connor35 a deja rernarque que 2Tm critiquait des

erreurs concretes (comme Hyme:nee et Philete, qui maintenaient

que la Resurrection avait deja elLllieu, 2Tm 2, 18) et stigmatisait

Ie debat futile, Ie combat de mo1: (;x.oyollaXElv2, 14), les discours

profanes et vides ([3E~iI;x.ouc Evo<lxuvLac, 16). La consequence de

ces erreurs, toute pratique, n'est que la demoralisation (KaTau-

Tpo<t>iI,2, 4) de ceux qui ecouten1:.Au contraire, 1 Tm- Tt pourfend

une erreur beaucoup plus generalle et beaucoup plus complexe qui

s'apparente au judalsme, comme Ie prouve l'usage du mot vollO-

8l&luKa;x.ol, «docteur de la loi» (lTm 1, 7) et l'expression Ol EK

Tfjc 1TEPlOllllC (Tt 1, 10). Leur c;ommune preoccupation ce sont

les mythes et les « genealogies» 1(1 m 1,4; Tt 3, 9).

34. TaiJTcl CJOl Yp6<j><u,EATft«lJV EAEIElv TfpOc CJE TclXlOV. E<lV BE f3pa

8uv<IJ, (va EL81jc Tf(;)c &I EV OLK(J;JEOU avaCJTpE<pECJeallTm3,14a-15a).

35.MuRPHY 'CONNOR,p. cit.,p. ~~14-417.

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90

R. BURNET

c.

Conclusions rovisoires

Toutes ces remarques doivent nous conduire a une conclusion

tranchee sur Ie mecanismede la pseudepigraphie.Visiblement, Ie

mecanismemis en reuvre dans 2Tm est res different du mecanis-

me mis en reuvre dans ITm-Tt. 2Tm procede a l actualisation glo-

bale du processusde communication. Les acteurs, e couple emet-

teur-destinataire, Ie cadre, tout cela est actualiseglobalement. La

pseudepigraphie onctionne ici veritablelinentcomme une Verge-

genwiirtigung,un rendre-presentglobal. L autorite du discoursne

vient pas tant de la figure qui prononce esparoles que de a parou-

sie realisee par la communication.

Au contraire, dans1Tm- Tt, Ie processus essembledavantagea

un processusd anachronisme.Des enDuresactuels soot attribues

a des igures du passeafin de leur conferer une autorite d emprunt.

En ce sellS es figures jouent un role purement linguistique. Paul

est presente comme un super-apotre charge de conferer une cer-

taine autorite aux discours, alors que les destinataires, avec leur

absencede relief, peuvent etre des relais des auditeurs. La relati-

ve absencede relief permet de focaliser attention sur e role qu ils

soot reuses epresenter celui de heraut et de porte-parole du pau-

linisme, de transmissionpassive du message.Aussi faut-il remar-

quer qu ils sootdesmodelesa imiter ( alorsque dans2Tm, ce n etait

que Paul qui devait etre imite).

Aussi petit-on faire quelqueshypothesessur es conditions pro-

babIes de production de ces deux mecamismes.Manifestement,

2Tm est Ie temoignage de la secondegemeration,celle de Timo-

thee, qui a ete convertie au christianisme. Differentes conditions

ont demande ecriture d une nouvelle ettre. Les disciplesconnais-

sant encore l apotre, tine actualisation etait possible; la presence

de l apotre est encore vive et il est possible d evoquer sa presen-

ce. 1Tm- Tt, temoignage d une periode beaucoupplus tardive, 0\1

l Eglise s organise dans la longue duree et 0\1se developpe tine

certaine hierarchie comme Ie prouve la liste de fonctions et Ie fait

que Timothee n est pas consacrepar Paul. 11est alors illusoire de

faire «revivre» Paul. Celui-ci, qui s enfonce dans un passe oin-

tain, n est compris quecomme Ie pourvoyeur d autorite.

Le soutien textuel de ces hypothesesest foumi par Ie theme de

l imitation. Dans 2Tm, Paulsepresentecomme un modele enparo-

le (1, 13; 2, 2; 3, 14) et en action (3, 10), mais ne laissepas suppo-

seTque Timothee puisse Ie devenir. L autorite personnelle de

l apotre estencore assez regnante pour que sescollaborateurs se

comprennentencore comme eg simples elais de Paul. Au contrai-

re, 1 Tm et Tt demandentque Timothee et Tite soientdesexemples

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LA PSEUDEPIGRAPHIE COMME PROCEDE

LlTfERAlRE AUTONOME: L'EXEMPLE DES PASTORALES

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(1 Tm 4, 12-15; Tt 2, 7) : « montre:-toi un modele pour les croyants,

par la parole, la conduite, la charite, la foi, la purete »36.Manifes-

tement, l'epoque est passeede l:a question du transfert de l'auto-

rite a celIe de la legitimite dessu<;cesseursui se posenta leur tour

comme des modeles a imiter.

Considerer a pseudepigraphiede maniere positive comme un

proce:deitteraire a part entiere s'averedonc tres fructueux. L'eva-

Illation plus fine des Pastorales,qui conduit a operer une distinc-

tion en leur sell, nons permet d'obtenir non pas un mais deux esul-

tats, touchant a la fois Ie cas particulier des Pastorales et la

pseudepigraphie en general. En 'effet, es differences de strategies

decelablesentre 2Tm et 1Tm- Tt revelent les differences au sein

du procede general de la pseude:pigraphie, ui, loin d'etre unifie,

presente des possibilites variees d'usage. On pent, pour l'instant,

faire une separationentre un procede d'actualisationglobale et un

procede d'anachronisme, un pr,[)cede oume veTSe passe et un

procede voue au present. L'anal:ysed'autres textes, en particulier

les Apocalypses, permettrait a coup sur d'affiner la connaissance

de ce procede, qui s'affirme des,ormais omme procede litteraire

a part entiere.

~laTWV EV ),6'Y4J. EV UVQmpo<l>1:\. EV u'Ya1TlJ, E1

6. Timoc YlVOU 1

TTlaTEL.EV aYVEl~

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PhilippeBOB/CHON

lnstitut de recherche et d'histoire des textes, Paris

FONCTIONS ET V ALEURS DES NOMS

DANS LES ECRITS DE JUSTIN MARTYR

Justin estparticulierement sensibleau rapport qu'entretiennent es mots

et les choses,es etreset leurs noms. Cettepreoccupation,dejaperceptible

au plan lexical a travers l'importance accordeeau vocabulaire de l'ono-

mastique,se manifestedans plusieurs autres aspects e son oeuvre..allu-

sions frequentes a la signification premiere ou etymologique des mots

servanta designerdes ea ites culturelles ou liturgiques; utilisation herme-

neutique desanalogiesphonetiquesou semantiques; hoix desnoms (sans

doute fictifs, mais riches de significations)que portent lesprincipaux pro-

tagonistesdu Dialogue; evocation requente des ormules d'exorcisme;

insistancesur Ie rapport de filiation qu'entretiennent,avec celui dont ils

tirent leur nom, es membresd'une memecommunaute nationale, ntellec-

tuelle ou religieuse; eferences ombreusesaux hangements e noms men-

tionnes dans esEcritures;placecentraleaccordee ux titres christologiques,

et aux considerationssur les noms divins.

1. Pour les editions franc;;aises, oir en demier lieu G. ARCHAMBAULT ,Jus-

tin, Dialogue avec Tryphon. Texte grec, traduction franc;;aise, ntroduction,

notes et index (H. Hemmer et P. Lejay, Textes et Documents pour l'etude

historique du christianisme. Tomes I-II, Paris Librairie Alphonse Picard et

fils), 1909; A. WARTELLE, Saint Justin"Apologies. Introduction, texte cri-

tique, raduction, commentaire et index, (Etudes Augustinie,nnes, Paris 1987)

Ch. MUNIER, Saint Justin. Apologie pour les chretiens, Edition et traduc-

tion (Paradosis XXXIX, Fribourg 1995); A. W ARTELLE, « Saint Justin: De

la resurrection », Bulletin de l'Association Guillaume Bude, 1993/1, p. 66-

82 (traduction franc;;aise,commentaires); texte grec et traduction latine :

PG VI, 974-1024. Sur l'authenticite du De Resurrectione, voir B. POUDE-

RON, «Le contexte polemique du De Resurrectione attribue a Justin: des-

tinataires et adversaires », StudPatr. 31 (1997), p. 143-166 (avec bibliogra-

phie recente).

Sur l'utilisation de certains textes apocryphes dans l'oeuvre de Justin,

voir en particulier : A. HARNACK, « Bruchstucke des Evangeliums und der

Apokalypse des Petrus», TUX (18932), p. 37-40; v: H. STANTON, «The

'Gospel of Peter' : its early History and Character considered in relation to

the History of the Recognition in the Church of the Canonical Gospels »,

JTh.S oct. 1900, p. 1-25; E. NORELLI, «Due testimonia attribuiti a Esdra »,

Annali di storia dell'esegesi 1 (1984), p. 231-282; m., «II martirio di Isaia

come testimonium antigiudaico? », Henoch 2 (1980), p. 37-57; M. FEDOU -

Apocrypha 11, 2000,p. 93 -121

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94

PH. BOBICHON

Mais Justin presenteegalementune reflexion approfondie sur la nature

et es onctions de ce ien: selonsonorigine (humaineou divine),son ancien-

nete et son authenticite, l peut etre acteur de communion ou de division,

signed une atalite ou instrument de redemption.Dans cetteperspective,e

nom que portent les chretienset celui dont ils se reclament occupent evi-

demment uneplace particuliere.

Cette valeur accordeeaux noms sembleproceder d influencesdiverses

(theoriesplatoniciennes,methodes abbiniquesou philoniennes d exegese,

etc.)qui contribuent i l originalite de l oeuvre de Justin.

Justin is particularly sensitive o the relationship hat existsbetweenwords

and things, betweenbeeingsand their names. This preoccupation,which

was already perceptible rom the lexical viewpoint through the emphasis

given to the vocabulary of the onomastics, s apparent in several other

aspects of his work: the choice of names, ictitious, no doubt, but rich in

significance,borne by theprincipal actorsof the Dialogue,. requent allu-

sions to theprimitive or etymological meaning of words used o designate

cultural or liturgical realities,. he hermeneuticuseof phonetic or semantic

analogies,. he recurrent evocation of the ormula for exorcism,. n insis-

tenceon the relationshipof filiation betweenmembers ofa same national,

intellectual and religious community and the one rom whom they derive

their name,.he large number of references o changeof namesmentioned

in the Scriptures,.he ocal place given to the Christological titlesand to the

considerationsof the divine names.

But Justin also presentsus with a profound reflexion on the nature and

the unctions of this relationship: according o its origin (human or divine),

its seniority,and its authenticity, t can be a factor of communion or divi-

sion, the sign of a fatality or an instrument of redemption. n this perspec-

tive, the name born by the Christians and by Him from whom they draw

their inspiration, naturally takespride ofplace.

This value attributed to the namesseems o proceed rom diverse nflu-

ences Platonic theories, abbinical or Philonian methods of exegesis, tc.)

which contribute to the originality of the work of the Apologist.

J. PARAMELLE,Recaug19 (1984),p.107-108; P. PILHOFER,«Justin und

das Petrusevangelium ,ZNTW 81 (1990),p. 60-78;S.A. PANIMOLLE,« II

Vangelo dell Infanzia negli scritti di s. Giustino », n: Atti delLaXXXI Set-

timana Biblica; ll.,« Storiciffidell incarnazionedelVerbo e Vangelodell Jn-

fanzia nel Dialogo di san Giustino con Trifone », Marianum 52 (1990),p.

63-85.

Les extraitsdu DialogueavecTryphonqui figurent dans a presenteetude

renvoient a une edition critique de cette oeuvre, en cours d achevement.

Les passages n questiony sont generalement ommentes.Dans egextraits

ici reproduits, eg taliques correspondenta des empruntsau texte scriptu-

TaiTe.

J.-C. ATnAS, Directeur d Etudes a l E.P.H.E., et B. POUDERON, ro-

fesseura l Universite de Tours, ont bien voulu me faire part de leurs sug-

gestions pour la redaction definitive de cet article. Je leur exprime ici ma

gratitude.

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FONCfIONSETVALEURSDESNOMS

DANS LES ECRlTS DE JUSTIN MARTYR

95

Le gout de Justin pour les eux de angageest souventmentionne

par sescommentateurs2,et c'est ainsi, par exemple, qu'on a voulu

expliquer Ie nom de Tryphon3.Mais lapresence de purs divertis-

sements apparait pen vraisemblable dans une reuvre sansconces-

sions,etrangere aux seductionsdu style, oute entiere inscrite dans

l'attente de la Parousie et la perspective du martyre. Chez Justin,

res phenomenesne sont amais gratuits. Ils procedentde a convic-

tion que les mots et les choses, es etres et leurs noms, entretien-

Dentun rapport fiche de sellSet d'implications. Parole sur La Paro-

le, l'reuvre de Justin est aussiune interrogation sur a relation du

langage a la realite, et sur l'authenticite de ce lien. Ce question-

Dement,de nature a la fois historique, philosophique et theolo-

gique, semanifeste dans es aspectses plus litteraux et les plus spi-

rituels de cette reuvre, a situant au carrefour d'influences diverses

qui contribuent a son originalite.

*

L'etude lexicale fournit un premier indice de cette valeur parti-

culiere que Justin accorde au nom: dans Ie Dialogue et l'Apolo-

gie, es verbes et les substantifs qui traduisent ce rapport du lan-

gage aux etres et aux chases presentent de nombreuses

occurrences4. faut voir la Ie signe d'une preoccupation constan-

te que confirme l'analyse de detail.

2. Parmi eux, A. GOLDFAHN, «Justinus Martyr und die Aggada»,MGWl

22, BTeslau 1873, nouvelle sene 5, p. 53, qui donne les exemples suivants :

XPlaTlUVOl I XPTlO TOTUTOl I Apol. 4, 1); XplO TlUVOl I XPTlO TOVI Apol.

4,5); <l>lAOOo<jJos-<l>lACxJ;o<j>OS'<l>lAOlTOj1lTOS'II Apol. 3, 1-2); <l>lAOAO'YOS'

<l>lAEP'YOc;Dial. 3, 3).

3. Voir ci-dessous.

4. ' ElTlKUAElv : Dial. 25 OCC. dont 13 hOTS citation; Apol. : 3 occ. hoTs cit;

ElTlKATjo lS' Dial. 3 occ. hoTS cit.; ElTOVOj1Q{ElV Dial. 7 occ. hoTs cit.; Apol.

6 occ. hoTs cit.; ElTWVUj10S' Dial. 1 OCC.hoTs cit.; KuAElv : Dial. 106 OCC.dont

76 hors cit.; Apol. 28 occ. dont 27 hors cit.; KAfJo lS' Dial. 5 OCC.hoTs cit.;

Apol. 1 OCC.hOTScit.; j1ETOVOj1Q{ElV Dial. 8 occ. hOTScit.; 6j1wvu~oS' : Dial.

2 occ. hOTScit. ; QVOj1U Dial. 151 occ. dont 85 hoTs cit. ; Apol. 42 OCC. dont

35 hOTScit.; OVOj1a(Elv : Dial. 9 OCC.dont 8 hOTScit.; Apol. 1 OCC.hoTs cit.;

OVOj1UO lU:Dial. 1 occ. hoTs cit.; lTpOOVOj1Q{ElV Dial. 1 OCC.hoTs cit.; lTpo-

O OVOj1Q{ElV Dial. 1 occ.; Apol. 2 occ. hOTScrt. Certains emplois de AE'YElV

peuvent etTe ajoutes a cette liste, en particulieT dans Ie Dialogue (8 occ.).

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96

PH. BOBICHON

I -FICTION ET vERITE

Bien qu'elles soientparfois considerees ommeequivalentespar

les commentateurs, 'historicite du Dialogue et celIe de l' Apologie

ne sont pas comparables les deux reuvres correspondent en effet

a des preoccupations et a des projets forts differents. L'Apologie

trouve sa justification en une circonstance precise et s'adressea

un public relativement restreint; Ie Dialogue au contraire s'inscrit

dans une perspective plus large (attente de la secondeParousie),

et vise a l'universalite. Aussi Justin y parait-il moins soucieux

d'exactitude historique que dans l'ecrit adressea l'empereur des

Romains. Son temoignage raduit, dans Ie Dialogue, une percep-

tion theologique de la realite. D'ou les nombreux problemes que

pose cette reuvre lorsqu'il s'agit d'en confronter les donneesavec

ce que l'on sait de l'epoque ou elle fut ecrite5.

De cette disparite, les noms des personnages ntervenant dans

chacune des deux reuvres sont peut-etre Ie signe:

Dans Ie Dialogue, trois noms correspondent respectivementa

l'interlocuteur principal de Justin (Tryphon6: 1,3 etc.), a l'un de

ceux qui l'accompagnent (Mnaseas7:85, 6), et au dedicataire de

5. La date de redaction du Dialogue avec Tryphon estencore discutee.On

observe par ailleurs que la plupart des notations non confirmees par

d'autres i;ourcesque contient cette reuvre a propos des uifs et de leurs

relations avec es chretiens s'integrent parfaitement dans a symbolique

chretienne et dans 'economie de la Redemption qui caracterise a vision

justinienne de I'Histoire (questions etudiees dans l'edition annoncee).

Sansetre systematiquementmis en dollie, Ie temoignage de l'apologiste

doit donc, en ce domaine, etre accueilli avec prudence.

6. Participe present du verbe Tpu<j><iW= «vivre dans a mollesse,d une

maniere desordonnee»). Nom frequemment porte par des Juifs. Cf. Th.

ZAHN,« StudienzuJustinusMartyr »,ZKG 8 (1885),p. 61-63 references).

Le nom hebreu 1;eJ';I~Tarfon), plus rare, a ete parfois rapproche de la

racine 1i~ (= « dechirer », «mettre en pieces»). Mais il est plus vraisem-

blable qu'il s'agit d'une transcription hebraique du nom grec Tp~v. Cf.

N. HYLDAHL,« Tryphon und Tarphon », Studia Theologica10 (1956),p.

79-80.A. GOLDFAHN,art. cit., p. 54, evoque, pour sa part, un jeu de mot

sur Ie verbe grec 6P\JTrTELVbriser).

7. Sansdoute une forme de Manasse (JoSEPHE,C. Apion, I, 23; Act. 21,

16). Nombreuses occurrencesde ce nom dans a litterature rabbinique.

a. S. KRAuss, «The Jews n the Works of the Church Fathers », JQR 5

(1893),p. 126.

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FONCflONSETVALEURSDESNOMS

DANS LES ECRITS DE JUSTIN MARTYR

97

l reuvre (Marcus Pompeius8: 141,5). Aucun d entre eux n a pu

etre identifie. Cette caracteristique,qu its partagent avec d autres

personnagesmentionnesdans reuvre, plaide en faveur de la these

selon aquelle il s agirait la d une reuvre de fiction. Les protago-

nistes du Dialogue sont en effet tOllSanonymes vieillard interve-

nant dans leg premiers chapitres; compagnons de Tryphon), ou

designes par des noms tres courants, sans qu on puisse leg rap-

porter jamais, de fa~on incontestable, a un personnage connu.

Justin ui-meme n est amais nomme dans e texte de l reuvre... Le

cas de l auteur et du dedicataire est peut-etre un peu different,

mais il n est pas mpossible que l auteur du Dialogue, soucieuxde

mettre en evidence a portee universelle et etemelle du message

chretien, ait deliberement evite de donner a cette reuvre un carac-

teTe rop individualise. L Apologie, dont la fonction estmains pro-

blematique, est, de ce point de vue, fort differente : tous leg per-

sonnagesqui y sont mentionnes appartiennent sansequivoque a

la realite contemporaine.

Mais ces rois noms (Tryphon, Mnaseas,Marcus Pompeius)sont

aussiporteurs d indications precieuses.Au debut de l entretien,

Tryphon est nvite a decliner son dentite. Il repond alors en ndi-

quant sonnom, son origine, et sa situation9.Cesprecisionscontri-

buent a definir Ie r61e qui lui est attribue dans reuvre, et, peut-

etre, le(s) public(s) au(x)quel(s)cette reuvre estdestinee:Tryphon,

comme Mnaseas, sont des noms assez epandus pour pouvoir

s appliquer a un grand nombre de personnes1O,mais ils ne

8. Pour les differentes hypotheses concernant Marcus Pompeius, voir

ARCHAMBAULT,op. cit., t. II, n. 5 p. 309-310.

9. Tryphon manifeste ala fois son attachementa la loi et son nteret pour

la philosophie: «Je m appelle Tryphon, dit-il; je suis Hebreu de la cir-

concision: ayant fui la recente guerre, e passe en Hellade et surtout a

Corinthe Pessentiel e mOD emps» (Dial. 1,3); « J ai appris a Argos, dit-

il, de Corinthos Ie Socratique,que Pon doit se garder d afficher du mepris

ou de l indifference pour ceux qui portent cet habit; mais qu il taut au

contraire, en toute occasion, eur temoigner de la bienveillance,et recher-

chef leur frequentation: car il se pourrait bien que quelque benefice esul-

tat de ce commerce,pour eux ou pour soi. Et quand meme un seul en ire-

fait profit, cela demeurerait pour tons deux un grand bien. Aussi, orsque

je vois quelqu un dans ce costume, c est avec oie que je l aborde. C est

donc avec plaisir que je t ai a Pinstant adresse a parole, et si ceux-la se

joignent a moi, c est qu ils esperentaussientendre de ta part quelque pro-

pos utile» (ibid.). Les circonstanceshistoriques (defaites de Bar Kokh-

ba) evoqueesdans cette presentation introduisent toute Pargumentation

consacreea la caducite de la Loi (chap. 9-48).

10. L epigraphie confirme Ie remoignagede la litterature ancienne.Ct. P.

M. FRAZER E. MAlTHEWS, Lexicon of Greek Personal Names, ol. 2 :

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98

PH. BOBICHON

peuvent designer que des Juifs hellenises. Marcus Pompeius est

vraisemblablement un nom palen, mais beaucoupde Juifs deve-

nus citoyens romains portaient de tels noms. II y aurait donc au

moins un double public (juif et palen), represente par ces diffe-

rents personnages t eurs virtualites respectives. eurs nomspour-

raient avoir une fonction litteraire revelatrice des intentions de

Justin.

II -REALITES HISTORIQUES ET CULTURELLES

Lorsqu'i est mis en relief par un verbe tel que AE'YElV u KaAE1V,

Ie nom sert tout d'abord a designer ou caracteriser des realites

diverses: anatomiques (Ie «nez »11); geographiques: «<Bethpha-

ge »12,a« Syrophenicie13; Ie Mont de l'Olivaie14, Ie bourg de« Git-

thonlS » ); historiques (Herode 16); techniques (Ie « mat » du navi-

re17); juridiques «< 'acte de repudiation» )18; mythologiques

«< 'Erebe »19,«la deesse «Core »2°); magiques ou relatives aux

cultes paioens les «demons21, les « demoniaques » et les «posse-

des »22, es «envois de songes» et les demons «paredres »23, es

«Attica »,1987, pp. 351 et 435-436. Le nom et }'identite de« Tryphon»-

que plus personne aujourd'hui n'assimile a Rabbi Tarfon -ont donne lieu

a diverses tentatives d'explication. Sur ces questions, voir en particulier:

N. HYLDAHL,« Tryphon und Tarphon », Studia Theologica 10 (1956), p.

77-90; Demetrius C. TRAKATELLIS, «Justin Martyr's Trypho », HThR 79

(1986), p. 289-297; G. F. WILLEMS, «Le Juif Tryphon et rabbi Tarfon »,

Bijdragen 50 (1989), p. 278-292. J'ai essaye de montrer, dans l'Introduc-

tion a l'edition annoncee du Dialogue, que Ie personnage de Tryphon etait

une synthese des juda'ismes de son temps, et des publics vises.

11. I Apol. 55,4 (TOV AEY°IJ.EVOV J.~WTf)pa).

12. Dial. 53, 2 (~v TlVl El<J6&v B1l6<l>a'YflsAEYOIJ.EVllS).

13. Dial. 78, 10 (Tfl LUPO<J>olVlKlJ EY°IJ.EVlJ).

14. Dial. 99,2 (ElS TO opos- TO AEY°IJ.EVOVEAalWV).

15. I Apol. 26, 2 (a1TO KWlJ.llS AEY°IJ.EVI]S rlTewV).

16. Dial.: 103, 3 (TOV f3a<JlAEa TWV 'Ioooalwv TOTE oVTa, Kal avTov 'Hpwollv

AEYOIJ.EV(])V).

17. I Apol. 55, 3 (TO Tp61Talov, () KaAElTal t<JTlOV).

18. II Apol. 2, 6 (TO AEY°IJ.EVOV1Tap' UlJ.lV [>E1TOOOlOV).

19. I Apol. 59, 6 (TO KaAOUIJ.EVOVpEf30s 1Tapa TOlS 1TOlllTalS).

20. I Apol. 64, 1 (TO Et&UAOV Tf)S AEY°IJ.EVI]S KoPlls).

21. II Apol. 5,3 (Kal1Taloos ETEKVlOOav, 0'( El<JlV ot AEyOIJ.EVOl alIJ.OVES).

22. I Apol.18, 4 (ot lIJUXa'is a1To8avOVTWVAalJ.f3avOIJ.EVOl al Pl1TTOUIJ.EVOl

dv8pW1TOl OVS BallJ.°VloAyJ1TTOUS Kal lJ.alV°IJ.EVOUS KaAOU<Jl 1TaVTES).

23. I Apol.18, 3 (ot AEY°IJ.EVOl 1Tapa TOlS lJ.ayolS 6VElpO1T01J.1TOlal1TapE-

BOOl).

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FONCI'lONS ET VALEURS DES NOMS

DANS LES ECRITS DE JUSTIN MARTYR

99

oracles24); liturgiques et scripturaires (l'assemblee des chretiens ou

«freres »25, eg «diacres »26,«I'Eucharistie »27,« l'Evangile »28, e

«Jour du solei »29).Le bapteme est appele « illumination »3°. Sont

egalement presentes de cette maniere leg noms du « diable »31, e

«Jesus »32,de « Christ »33.

Certaines de ces remarques apparaissent comme de simples pre-

cisions destinees a un public non familiarise avec ce qui est alors

mentionne. C'est Ie cas, en particulier, des explications d'ordre

geographique ou historique (Bethphage, Syrophenicie, Mont de

l'Olivaie, bourg de Gitthon, Herode). D'autres metlent l'accent

sur la composition du mot (OOlI10VlOATllTTOUS-,VElpolTOl1lTOl,TapE-

8pOl), ou son etymologie. L'allusion au sens premier demeure par-

fois sous-entendue (EVXUplO"TlU, EVU'Y'YEAlU, 8lal3oAos-, XPlO"TOV,'EI1I1UVOUTlA34),

mais elle est alors d'autant plus vraisemblable que

d'autres passages se referent explicitement a cetle signification ety-

mologique35.

24. I Apol. 18, 4 (KaL T<l 1Tap' UlJ.lV AE'Y°IJ.EVa lJ.aVTEla' AlJ.<I>lAOXOUKaL

~w8wVT]S KaL nueous).

25. I Apol. 65, 1 (TOV 1TE1TEl<JIJ.EVOVaL <JV'YKaTaTE8ElIJ.EVOV1TL OUS AE'YO-

[lEVOUS a8EA<j>oils- 'YOIJ.Ev).

26. I Apol. 65, 5 (oi KaAOUIJ.EVOl Tap' I']lJ.lV 8laKovol).

27. I Apol. 66,1 (I'] Tpo<\>i] aiJT1] KaAElTal 1Tap'l']lJ.lV Euxapl<JTla).

28. I Apol. 66, 3 (EV TOlS 'YEVOIJ.EVOlSU1T' auTwv a1T°IJ.V lIJ.°VEUlJ.a<Jlv, i

KaAElTal Eoo'Y'YEAla); Dial. 10, 2 (EV T<{I AE'YO[lEVcp ua'Y'YEAlcp).

29. I Apol. 67,3 (Tfl TOU I']AlOU AE'YOIJ.EVlJ']IJ.EPr,t).

30. I Apol. 61, 12 (KaAElTal 8E TOUTO TO AOUTpOV<l>wTl<JIJ.6s-).

31. Dial. 69, 1 (6 AE'YOIJ.EVOS'la~Aos).

32. I Apol. 22, 1 (6 ' l<Jous AE'YOIJ.EVOS).

33. I Apol. 30, 1 (TOV 1Tap' I']lJ.lV AE'Y°IJ.EVOV pl<JTOV).

34. I Apol. 33,1 (d. Is. 7, 14; Matth.l, 23).

35. Cf. Dial. 41, 1: «De meme, alDis, dis-je, l'offrande de farine prescrite

par la tradition pour ceux qui ont ete purifies de La lepre, etait type du pain

de l'action de graces (Timos ~v TOU apTou TflS EUxapl<JTlas). Jesus-Christ,

notre Seigneur, nous a confie La tradition de Ie faire en memorial de la souf-

france qu'il endura pour les hommes dont l'dlne se trouve purifiee de toute

tendance au mal, afin que simultanement nous rendions grace (Euxa-

pl<JTWIJ.EV) Dieu d' avoir cree Ie monde, avec tout ce qu'il renferme, pour

l'homme, de nous avoir liberes du mal oil nous etions, et d'avoir definiti-

vement detruit les principautes et les puissances par Celui qui est devenu

'souffrant' selon sa volonte .»; I Apol. 33, 7-8:« 'Jesus' est un nom hebreu,

qui signifie en grec hWTllP (Sauveur). C'est pourquoi l'ange a dit a la vier-

ge: Tu lui donneras Ie nom de Jesus, car c'est lui qui sauvera «Jc.JaEL)son

peuple deses peches» (trad. A. WARTELLE); II Apol. 6,4:« 'Jesus' est

un nom et une signification: a la fois homme et Sauveur «JwTflpos) » (trad.

A. W ARTELLE); Dial. 8,4, oil c'est Tryphon qui parle: «Le Christ (Xpl<J-

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100

PH. BOBICHON

Employe sans autre precision, Ie participe AE'YOI1EVOS'emble

exprimer une certaine distance entre Justin et ce qu'il evoque (TflS'

AE'YOI1EVTlS'oPTlS').Cette lecture trouve confirmation dans l'utili-

sation repetee de toumures telles que 1Tap'Ul1lv,1TapaTotS' 1TOlll-

TalS' ou 1TapaTOlS' 1Q'YOlS'our des realites paIennes (acte de repu-

diation, oracles, Erebe, songes et demons), et de la formule 1Tap'

TJl1lV our ce qui a trait aux realites chretiennes (diacres, Eucha-

ristie, Christ). Ces formules ont donc aussi pour fonction de dis-

socier les univers culturels ou religieux. Elles soot Ie signe d'une

appartenance. Il arrive aussi que Justin mette ainsi l'accent sur la

signification spirituelle de la realite mentionnee : figure de la Croix,

Ie mat est appele «trophee »36,et Ie bapteme «illumination »37.

Qu'elles reduisent ou entretiennent la distance, qu'elles s'ap-

puient sur des considerations lexicographiques ou symboliques,

ces mises en relief au moyen du participe ou du verbe conjugue

sontdonc toujours utiles ou signifiantes.Elles apparaissent omme

un premier signe de cette valeur que Justin accorde au nom.

III -COLLECTIVITES

Dans son acceptioncollective, Ie nom (mis en relief, 1ft. ncore,

par un verbe ou un participe) sert egalement t. esignerdesgroupes

humains, des fonctions, des courants de pensee,et divers peuples

de la terre : leg « Grecs »38 u eg «Barbares »; leg «Vivants en cha-

riots » et « Sans-maison 39;eg differentes heresieschretiennes40;

leg sectes uives41; eg «Israelites »42; eg «Stolciens »43;eg «Pla-

TOS), a supposer qu'il soit ne et se trouve en quelque lieu, il demeure igno-

re; il ne se ~nnait meme pas lui-meme et ne dispose d'aucune puissan-

ce tant qu'Elie n'est pas venu l'oindre (XPL<nJ auTov) et Ie manifester a

tous ».

36. I Apol. 55, 3 (TOUTO TO Tp61TalOV, () KaAElTal t<JTLOV).

37. I Apol. 61, 12 (KaAElTal BE: TOUTO TO AoVTp(>V<j><lJTl<J lOS).

38. Ct. Dial. 67, 2 ('Ev BE: TOlS T(J)V AEY°\l.EVWV 'E>J..llvwv lU90lS); Dial.

117.5 (ElTE f:lapf:lcipwv ElTE 'E>J..llvwv ELTE a1T)..(J)s \ITWlOVv 6VO laTl 1Tpo-

aaYOpEUO\l.EVWV).Voir encore Dial. 119, 4; I Apo/. 5, 4; 7, 3; 46, 3; 60, 11.

39. Ct. Dial. 117, 5 (...f] a\l.a~of:lLwv f] aoLKwv KaAOU\l.EVWV).

40. a. Dial. 35, 6 (KaL Elaw auT(J)v ot lEV TWES KaAOU\lEVOl MapKlavoL,

ot 8E OiJa).EVTwlavoL, at 8E BaalAEl8lavoL, ot 8E haTOpVlAlaVOL, Kat d>J..Ol

dAA<jJ6vO\l.aTl...).

4L Ct. Dial. 80, 4 (Toils ha880UKaLovs- f) T<lS o\loias atpE<JElS rEVlaT(J)V

Kat MEPlUTWV Kat raAl.AaLWV Kat 'EAATjVlaVWV Kat <l>aplaaLWVBa1TTlCJT(J)V).

42. Ct. Dial. 117, 2 (E1TtT(J)VEKEl TOTE OlKOUVTWV apaTjAlT(J)V KaAOU\l.EVWV).

43. Ct. I Apol. 20, 2 (ot AEoyO\l.EVOl E hTWlKOt <j>lAoao<f>ol).

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FONCl10NS ET VALEURS DES NOMS

DANS LES ECRITS DE JUSTIN MARTYR

101

toniciens »44; es «Philosophes» qui, en depit des differences de

doctrines, portent un meme nom45; es « Prophetes » qui, anterieurs

aux philosophes, parlaient par l'Esprit Saint et predisaient l'ave-

nir46; les «Juifs »47; es «Gentils » ainsi appeles par l'Esprit pro-

phetique pour distinguer « toutes les autres races d'hommes» et

les «tribus de Judee et de Samarie, appelees Israel et Maison de

Jacob »48; es «Chretiens », qui comme les philosophes« se voient

attribuer, malgre leurs divergences, «une commune denomina-

tion »49, et, veritable Israel, ne sauraient etre confondus avec

« quelque tribu barbare »50.Ce nom de « Chretiens » est usurpe

par les heretiques51 comme I' est aussi, par certains charlatans, celui

de «Philosophe »52.Conformement a la prophetie de Jesus53, es

« faux prophetes » (tj>Eu8onpo<J>f)Tul),faux apotres» (tj>Eu80unoo-

TO)..Ol),faux didascales» (tj>Eu808looaKu)..ol)t« faux christs» (tj>EU-

8oXPlaTo[) se presentent « en son nom »54,mais « ne Ie confessent

que de nom »55. C'est «pour Ie nom» (8la TOU 6VOI1UTOS')u

44. a. Dial. 5, 1 (KaTa Tlvas- AEYO~EVOUS"lAaTwvlKoUS-).

45. a. I Apol. 7, 3 (T< J EVL 6v6~aTl <jJlAo<JO<j>las-TpooaYOpEooVTal); 4, 8

(T< J EVL 6v6~aTl 1Tpo<JaYOpEooVTal <jJlAo<JO<j>Ol);6, 6 (TO E1TlKaAOU~EVOV

ovo~a Tfls- <jJlAooO<j>las- OlVOVE<JTlV).

46. Ct. Dial. 7, 1 (1TpO<j>TlTas-E aUToVs- KaAooolv).

47. Ct. Dial. 72, 3; 77, 3; 80, 4; I Apol. 31, 1.2.5.6; 32, 2.3.4.6.14; etc.

48. a. I Apol. 53, 4 (Ta ~EV yap aXXa 1TaVTa YEVTj avep(.J1TEla V1TOTOU

1TpO<j>TjTlKOUTVEu~aTOS'KaAELTal E9vTj, TO 8E lOU&ilKOV KaL <Ja~apElTlKOV

<jJUAov I<Jpal'jA KaL OIKOS' IaKwfl KEKATjVTal).

49. Ct. I Apol. 7, 3 (...ov Tp61TOVot EV "EXXTj<Jl Ta avToLS- apEaTa 8oy~a-

Tl<JaVTES-EK 1TaVTos- T< JEVL 6v6~aTl <jJlAooO<j>las- TpooaYOpEUOVTal, Kal-

1TEP TWV 8oy~aTwv EvaVTlwv OVTWV, oi.iTws- KaL TWV EK flapflapolS- YEVO-

~EVWV KaL ~aVTwv <Jo<Ix1\vTO E1TlKaT1]yopoU~EVOV ovo~a KOlVOV E<JTl'

XplaTlaVOL yap 1TaVTES- TpooaYOpEOOVTal).

so. a. Dial. 119,4 (OUKOUVOUK EuKaTa<jJp6V1]TOS- fj~os- E<J~EV ou8E flap-

(3apov <jJUAov UBE o1ToLa KapWv 1\ <l>puywv EevTj).

51. a. Dial. 35, 1 (AEYO~EVWVXplaTlavwv), 2 (o~oAoyofJIJTas- EamoVs- Elval

Xpl<JTlavoVs-); 80, 4 (Tl<Jl AEYO~EVOlS-XplaTlavoLS-); I Apol. 16, 14 (AEYO-

~EVOUS" E ~ovov Xpl<JTlavoUs-); 26, 6 (Xpl<JTlavoL KaAouVTal). Sur les here-

sies chez Justin, voir A. LE BOULLUEC, La notion d'heresie dans la litte-

rature grecque (IIe-Ille siecles), t. I: De Justin a Irenee, Paris, «Etudes

augustiniennes »,1985 (en part.les p. 37-91).

52. Ct. I Apol. 4, 8 (KaL yap TOl <jJlAooO<j>las- vo~a KaL axfj~a E1Tl pa-

<j>oVTal TlVES ).

53. Ct. Matth. 24, 5 pll.

54. a. Dial. 35,2.3.4.; 51, 2; 82, 2.3 (E1TL T< J6vo~aTl (lUTOU; EV 6vo~aTl

auTou).

55. Ct. Dial. 35, 5 (6vo~aTl ~ovov O~OAoyELV).

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102

PH. BOBICHON

Christ56,au contraire, que leg chretiens authentiques acceptent e

martyre...

Le nom a donc ici une fonction sociale, historique, et religieu-

se. Les ensemblesqu il determine correspondenta des categories

essentiellesdans a conscienceque Justin a des enjeux nationaux,

intellectuels, et spirituels de son emps. Ces differents emplois, et

leg nuances qui leg accompagnent, emoignent par ailleurs d une

reflexion constante sur authenticite du lien que chacunentretient

avec Ie groupe dont il se reclame. Ici encore, Ie participe AE YOI1E-

vaS ntervient chaque ois qu il parait necessaire exprimer doutes

et reticences.Selon qu il est en harmonie ou en contradiction avec

leg paroles et leg actes, e titre que l on porte est, pour Justin, signe

de Verite ou d erreur. L ultime epreuve de cette affinite ne peut

etre que Ie don de savie : Socrateest, de ce point de vue, Ie mode-

le du « Philosophe » (cf. II Apol. 3, 6), mais «personnene s est ais-

se convaincre par [lui] jusqu a mourir pour cette doctrine» (ibid.,

10,8). La Passiondu Christ temoigne au contraire qu il est bien Ie

Verbe ncame et Ie Messieannoncepar legEcritures. C est a a fois

comme «philosophe »57 t «chretien »58 ue Justin se presente a

ses nterlocuteurs et se prepare a mourir.

IV-FILIATIONS

Le nom porte par chaque groupe fait souvent reference a un

eponyme. II existe, entre celui qui est a l origine d une doctrine,

sesdisciples et leurs descendants n rapport de filiation qui contri-

hue au sentiment d appartenance.

Les pqilosophies se sont developpeesgracea l exemple de leurslnitiateurs,

et on a prig l habitude de leg designer«par Ie nom du

56. La formule 8la TOU 6VOl1aToS TOU Xpl<JTOU fait Ie plus souvent refe-

rence aux persecutions «< confession du nom du Christ») et aux conver-

sions que leur spectacle entraine (Dial. 11, 4; 82, 2; 110, 4; 114,4; 121,2;

ct. 116,3; I Apol. 24, 1). Ct. Matth. 10,22, cite en 82, 2. Ene est utilisee

aussi a propos de l entr6e en Terre promise sous laconduite de Josue/Jesus

(Dial. 106, 3; 115,4), du sacrifice eucharistique (Dial. 117, 1.5; I Apol. 65,

3), ou -exceptionnenement -des exorcismes (II Apol. 8, 4). Ene a un

caractere liturgique.

57. Ct. Dial. 8, 2 (OlJTwS 81 ] Kat 8la TaUTa <l>lAOcrO<l>OSYW).

58. Ct. Act. Mart., 3, 4 (XPl<JTlavOS Ellll).

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FONCTIONSETVALEURSDESNOMS

DANS LES ECRrrs DE JUSTIN MARTYR

103

pere de leur enseignement»59; eg heresies chretiennes sont de

meme designees« 'apres e surnomde l'homme dont chaquedoc-

trine et chaque systeme ire son origine »60;comme leg philoso-

phies, chacune «prend un nom ou un autre d'apres Ie fondateur

de son systeme»61;«Juda est l'ancetre des Juifs, et c'est de lui

qu'ils tirent leur nom de Juifs »62.Ce rapport (exprime en termes

similaires) existe aussipour legchretiens dont Ie nom vient de celli

du Christ63,mais ce qui pour leg autres denote une simple tradi-

tion devient pour cesdemiers une participation: c'est « au nom du

Christ» qu'ils sontbaptises64; 'estparce qu'its« confessente nom

du Christ »65 u'ils se trouvent exposes aux persecutions66; 'est

par la foi qu'ils sont leg authentiques «Enfants d' Abraham »67,

«descendantsde Jacob» et «veritable Israel »68, ar Ie Christ est

59. a. Dial. 2, 2 (TOiJTO KAT]eflVaL TOUVOl1a, OTrEpEKaAELTO0 TraT1lP ToD

AOYOU).

60. a. Dial. 35, 4 (KaL KaAOUI1EVOlEluw iI<j>' 1ll1WV citro TflS' TrpouWVVl1laS'

TWV av8f)(JJv, E~ OlmEP EKclUTT] 8L8aXTJ KaL YVWI1T] jpi;aTo).

61. a. Dial. 35,6 (...ov TpOTrOVKaL EKaCJToS'TWV </>LAOOo< >ELVOI1L(OVTWV,

wS' EV apXlI TrpoELTrOV, itro ToD TraTpoS' ToD AOYOUTO QVOl1a~S' </>LAOOo< >EL

</>LAOOo< >laS'lYELTaL <PEpEw).

62. a. I Apol. 32, 3 (loUBaS' yap TrPOTTclTWPlou8alwv, a</>'ou KaL TO 'Iou-

8aLOL KaAELaeaL E<J){ftKaUL).

63. cr. I Apol. 12,9 ('IT]uoDS' XPLUT6s-, a<f>ou KaL TO XpLUTLaVOL ETTOVO-

I1cl(EaeaL E<J){ftKaI1Ev); Dial. 64, 1 (o'lTLVES' KaL ciTro ToD 6Vol1aToS' auToD

XpLuTLavoL KaAELa9aL TTclVTES' <J){ftKaTE).

64. a. Dial. 39, 2 (Ka9' 1ll1EpaV TWaS' l1a9ljTEUOI1EVOUS' LS TO QVOl1a TOU

XPLUTOD aiJToD).

65. cr. I Apol. 45, 5 (OI10AOYOUVTWV O QVOl1a ToD XpLUTOD); II Apol. 2, 16

(6VOl1aToS' 8E XpLuTLavoD TTpoawVul1laV Ol1oAoyoDVTa).

66. ORIGENE, Cels., 1,25, explique plus precisement que «les chretiens

combattent jusqu'a la mort pour eviter de donner a Dieu Ie nom de Zeus,

ou un nom d'un autre dialecte.» J. DANIELOU, Theologie duJudeo-chris-

tianisme, Paris, Cerf, 1991, p. 235-251, signale qu'en continuite avec la

theologie juive du Nom (Shem), on voit se developper chez les premiers

chretiens, et plus particulierement dans un contexte liturgique, une veri-

table christologie du« nom» (ovol1a) comme designation de la personne

divine du Christ. Le meme auteur n'exclut pas la constitution de Testi-

monia centres autour du mot ovol1a : hypothese que pourraient confirmer

l'abondance et l'importance de references scripturaires comportant ce

mot dans Ie Dialogue (Gen. 32,27.28.29.30; Exod. 6, 3; 23, 21; Is. 7, 14;

42,4.8; 52, 5; 54, 5.7; 55, 13; 63, 16.19;65, 1; 66, 5;Jer.11, 19; Ez. 20,22;

Am. 5, 27; Mich. 4, 5; Mal. 1, 11.12; Ps. 21, 23; 44,18; 71, 14.17.19; 95,

2.8).

67. cr. Dial. 11, 5; 25,1.

68. cr. Dial. 120,2; 123, s; 135, 5-6.

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104

PH. BOBICHON

lui-meme «Jacob» et « Israel »69;c'est enfin parce que Ie Christ

est «Fils de Dieu »70 ue leg chretiens peuvent devenir «Enfants

de Dieu » et« fils du tres-Haut »71. a filiation n'est alors plus seu-

lement historique ou intellectuelle, mais spirituelle: elle engage

tout l'etre dans un processusde divinisation.

C'est 'origine humaine de certaines doctrines qui determine et

explique leur multiplicite72, et leur «commune designation » ne

traduit qu'une apparencepour les philosophes73,ne illusion pour

certaines sectes uives74,et une imposture pour les heretiques75.

Seule a doctrine chretienne veritable, d'origine divine, echappea

cette fragmentation: a la multiplicite des doctrines humaines (et

de leurs denominations) s'oppose 'unite de celIe du Christ: pour

ceux qui croient en lui la distinction entre « peuple » et « nation »

devient caduque76; 'est par une foi authentiquement partagee et

69. Ct. Dial. 123, 9 (Os ow aTTOTOU Evos' IaKw{3 EKELVOU,TOU Kat' Iapai]),.

ETTlKA~vrrOS', TO TTaVYEVOS'VI1WVTTPOO1lY6PEUTOaK~ Kat ' apallA, OUTWS-

Kat l'I11E1S1 TTO TOU YEwrjaaVTOS" l'Il1aS ElS 9Eov XplaTou, WS Kat' aKwf3

Kat ' apanA Kat ' ovoo Kat ' wai'l< > Kat ~aut8, Kat BEou T~KVa aAT]8lva

KaAOVl1E8iI Kat EaI1EV, ot Tas EVTOAas TOU XplaTOU < >uAaaaovTES).

70. Contrairement aux heros et aux dieux qui ne soot que de « pretendus

fils de Zeus» : ct. I Apol. 21, 4 et 55, 1 (TWV AEYOI1EVWV twv TOU ~lOS).

71. Ct. Dial. 123, 9-124, 4.

72. Ct. Dial. 2, 2 : « Pour quelle raison a phi osophie a pris plusieurs tetes,

je veux vous l'expliquer. II arriva que ceux qui, les premiers, s'y etaient

appliques devinrent ainsi celebres; leurs successeurs marcherent sur leurs

traces, mais sans plus rechercher ce qui a trait a la verite: uniquement

frappes qu'ils etaient de la force d'ame des premiers, de leur constance,

et de la nouveaute de leurs discours, ils en vinrent a considerer comme

vrai ce que chacun apprenait aupres de son maitre; a leur tour ils trans-

mirent a leurs successeurs des doctrines semblables et d'autres similaires :

et Ie nom par lequel its furent designes, etait celui du pere de leur ensei-

gnement. »

73. Ct. Dial. 7, 1 (TTpO TTOAAOU povou TTaVTwv TOVTWV TWV VOl1l(,°I1EVWV

< >lAoa6< >WV);Apol. 4, 8 (YlV({)aKETE 8' OTl Kat ot Ta EvaVTLa 8of;aaaVTES

Kat OOYI1QTLaaVTES TWV TTaAalWV TI:II Evt 6v6l1aTl TTpoaaYOpEUoVTal < >lAO-

aO<j>ol); 7,3 (EK TTaVTOs- I:II Evl 6v6l1aTl < >lAoaO<j>LasTpoaaYOpEUoVTal, KaL-

TfEp TWV 8<Yrl1aTwv EvaVTLwv OVTWV).

74. Ct. Dial. 80, 4 (AEYOI1EVOUS I1EV' ou8aLous Kat TEKVa' Af3paal1).

75. a. Dial. 80, 4 (Ei yap KaL auvEf3ciAETE vilas Tlal AEYOI1EVOlSXpla-

TlavolS...).

76. Ct. Dial. 123, 1: ~ Le proselyte qui s'est fait circoncire pour s'adjoindre

au peuple (TI:II Aal:ll) est considere comme un autochtone, tandis que nous,

qui avons ete juges dignes d'etre appeles peuple (Aaos KEKAf)a8al 1'j';lW-

I1EVOl), nous sommes egalement une nation (E8vos), du fait de notre incir-

concision». voir encore Dial. 19,5; 119,2.5 et 130, 4.

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FONCflONSETVALEURSDESNOMS

DANS LES ECRITS DE JUSTIN MARTYR

105

une meme «vocation» que les chretiens sont les veri tables

«enfants d' Abraham »77;pluralite d'hommes par Ie nombre, Ie

peuple et l'Ecclesia «formant une meme realite sont appeles et

designes 'une unique denomination»78. e nom perd ainsisa onc-

lion dissociatrice premiere pour devenir l'agent et l'expression

d'un processusd'unification qui engage oute l'humanite.

V-CHANGEMENTSDENOM

Pour un individu comme pour une collectivite, l'attribution d'un

nom (ou son changement) sont charges de signification. Ainsi, cer-

tains lieux re<;oivent, a l'issue des theophanies, une autre denomi-

nation: Ie lieu oil Jacob lutte avec l'ange et devient «Israel» est

appele «Forme visible de dieu» (El80s- 8EOV)79;elui qui sert de

cadre a la theophanie survenue pendant que Ie meme Jacob fuyait

son frere Esaii devient «maison de dieu » (BUl81lA)80;OUAU[l[lclOUS-,

de meme, est change en OIKOS-8EOV81;'endroit oil est enterree

Rebecca prend Ie nom de «chene d'affliction» (BaAuvov 1TEV-

eouS-)82;e refuge de Lot est appele « Segor »83.Si Justin rapproche

ces textes en un meme developpement consacre aux manifesta-

tions du Verbe anterieures a son Incarnation, c'est parce qu'ils evo-

quent des evenements fondateurs, mais aussi parce que les chan-

gements toponymiques en gardent la memoire.

Les personneset eg groupes,comme eg ieux, peuvent changer

de nom, et c'est presque toujours Ie signe d'une vocation, d'une

consecration,ou d'une revelation: Af3pal1 evient Af3paal184;apa

77. Ct. Dial. 119. 5 (8la TiiS' Oj10laS' KAl1fJE(J)S' <lxuvT:1 EKaAEfJEv aiJT6v [...]

T£KlJa ToD 'Af3paajl &a TiJv Oj10LaV 1TiO TLII OVTES').

78. a. Dial. 42, 3 (OTrolov KaL Em TOU fJWj1aTOS E<JTlV t8Elv. 1TO'uWII apl-

(Jj10Uj1EVWV jlEAWII Ta crUj1TTaVTa Ell KaXE1Tal KaL ~O TL awJ.La. KaL yap 811j10S

KaL EKKATjfJla, TTO}..}..OL OV apl9j1ov OVTES' civepwTTOl, wS' EV OVTES' TTpcrYj1a

Tfj j1l(;i KAl1fJEl KaAotIVTal KaL TTpooaYOpEOOVTal).

79. Dial. 58, 7; 126,3.

so. Dial. 58, 8.

81. Dial. 58, 13.

82. Dial. 58, 8.

83. Dial. 56,21.

84. Dial. 113,2.

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106

PH. BOBICHON

devient Lappa85; acob devient Israe186; t Auses, Josue/Jesus87;

Simonse voit attribuer Ie nom de Pierre88;eg ils de zebedee rel;oi-

vent celli de Boanerges89.ustinsemblepenserque de telles modi-

fications ne soot pas toutes egalementsignifiantes, et plus preci-

sement que l'ajout ou Ie retrait d'une seule ettre n'est pas aussi

charge de gensque l'attribution d'un nom entierement nouveau.

II reproche90aux exegetesuifs de s'attarder sur eg premiers phe-

nomenes,considerescomme negligeables,en oubliant legseconds,

investis d'une eminente signification spirituelle91.Le changement

integral d'un nom de personne (operation enouveleepar Ie Christ)

est au contraire pour lui un signede la divinite92.A travers a diver-

85. Ibid. Sur a signification de ce redoublement,et a puissance e a lettre

rau dans 'iconographie chretienne ancienne,voir B. BAGA1T ,L' Eglise

de la circoncision,p. 133-134.Critique de cet ouvrage par S. C. MIMOU-

NI, Le ludeo-Christianisme ancien.Essai historique,colI. «Patrimoines »,

Paris, Cerf, 1998 (en particulier les p. 340-342).

86. Cf. Dial. 58, 7.

87. Cf Dial. 75,2.

88. Cf. Dial. 100,4 et 106,3.

89. Cf. Dial. 106,3.

90. Ct. Dial. 113,2. Reproche peut-etre injustifie, car la litterature rabbi-

nique comporte de nombreusesallusionsau changement e nom de Josue.

Certains ~extesmidrashiques rapportent que Ie yod enleve au nom de

Sara(y) s'en etait plaint aupres de Dieu. Celui-ci l'en consola en lui fai-

sant remarquer qu'il avait ete ote a la fin d'un nom de femme pour etre

place, ulterieurement, au debut du nom de (ye )-hoshua, anterieurement

Hoshua (Gen. R., 47,1; Lev. R., 19,2; Cant. R., 5, 11,4 etc.). Le Talmud

de Jerusalem (Sanh. 2, 8) rapporte Ie meme fecit, mais precise aupara-

vant qu'e~ enlevant a lettre yod a notre mere Sarah,Dieu en repartit Ie

montant (=10) entre Sarah et Abraham, en ajoutant a chaque nom un he

(5 x 2 = 10).

9L Avantd'en expliquer a signification spirituelle, PHILON,De mut. nom.,

61, s. rapporte que l'ajout ou Ie retrait d'une lettre a un nom etait consi-

deres par certains avec ronie: «Tout recemment, 'ai entendu un homme

athee et mpie qui, se moquant et repandant ses njures, osait dire : consi-

derables,vraiment, et depassant out, sont eg dons que, d'apres es dires

de MoIse, Ie Souverain de l'univers accorde en ajoutant line lettre, un

seul alpha, et line autre fois encore, en mettant un rho supplementaire, l

estime avoir procure un bienfait admirable et de quelle taille » (trad. R.

ARNALDEZ, (Euvresde Philon d'Alexandrie, 18,p. 61).

92. Ct. Dial. 106,3: «Quand il est dit qu'il changea Ie nom de l'un des

Apotres en celui de Pierre (cf. Mc. 3, 16-17; Ev. de Pierre?) -evenement

qui lui aussise trouve consignedans sesMemoires -outre qu'il a change

encore e nom des deuxfreres, ils de Zebedee, n celui de Boanerges, 'est-

a-dire «fils du tonnerre », c'etait la Ie signe qu'il etait bien celui par qui Ie

surnom d'Israel flit egalementdonne a celui qui s' appelait Jacob ct. Gen.

32,28; 35,10), et par qui Auses re~ut e surnom de Jesus cf. Nombr.13,

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FONCflONS ET VALEURS DES NOMS

DANS LES ECRITS DE JUSTIN MARTYR

107

site apparentedes episodes apportant de telles substitutions, c'est

toujours la puissancedivine qui s'exprime et se manifeste.

Parmi ces changementsde noms, deux retiennent plus particu

lierement i'attention de Justin: celui de Jacob en Israel et d' Au

sesen Josue/ esus:

Jesus est un nom de Dieu, qui ne fut revele qu'au moment de

l'Exode93. C'est par ce nom que Ie peuple sorti d'Egypte fut intro-

duit dans la Terre Promise, figure du Salut94; c'est par sa «puis-

sance» (8WaJ.1LS",UXuS") ecrete, agissante95,associee au mystere

de la Croix96, qu' Amalek, figure du diable, fut vaincu, et que les

demons se trouvent exorcises97. Aussi ce nom entre-t-il dans la

16), nom par lequel tot introduit dans la terre ,Promise aux patriarches Ie

people survivant de ceux qui etaient sortis d'Egypte ».

93. a. Dial. 75, 1 (Ev 8E T<\I ~L~Altp TftS- 'EF;ooou, OTl aUTOU TO OVOJIa TOU

~OU KaL'IT)uof s- i;v, () AE'YEL T<\I 'A,BpaclJII1T'1 &81]A(;)(JOaL 11T)8E T<\I'[aKW,B,

8L<l MW<JEWS- EV I1UUTT)pltp 6~OlWS- EF;T)'Y'YEA8T) KaL ~I1EtS- vEvoIlKa~Ev).

94. Cf. Dial. 106, 3 (8L' ou OVOl1aTOS- KaL ElmlX8T) ElS- TT'lV E1TT]'Y'YEAI1EVT)V

TOtS- lTaTpLapxaLS- 'Yftv 6 lTEpLAEL<jJ6ELS-alTO TWV alT' Al 'YUlTTOU EF;EA8oVTWV

Aaos- ).

95. Plusieurs passages du Dialogue sont consacres a la « puissance » des

noms de Jesus et Israel: 30, 3; 121, 3; 111, 1-2; 128, 1; 125,1.3-5; voir aussi

49,8.

96. C'est Ie nom meme de Jesus, place en tete du combat et associe au signe

de la Croix (MoIse en priere), qui donne la victoire (cf. Dial. 90, 4.5; 91,

3; 111, 1). Pour souligner Ie caractere agissant de cette denomination, Jus-

tin utilise a trois reprises, dans des expressions similaires, Ie mot ElTlKAT)-

ULS- Dial. 91, 3 (8la TE TOU TU1TOU TflS- EKTaUEWS- TWV XElpWV TOU MW<JEWS-

KaL TflS- TOU Nauft uiou E1TLKAljaEws- TOU OVOl1aTOS- 'IT)uou); 111,2 (TOV ru-

lTOV TOU UTaupou KaL TOV TU1TOV Tfls- TOU ov6l1aTos- E1TLKAljaEws-); 128, 3

(lTEpl TE Tfls- OlTTaUlas- Tfls- ElTL Tfls- 3<lTou KaL TflS- E1TLKAf]aEWS- TOU 'IT)uou).

Pour la puissance du nom de Josue/ Jesus, voir encore l'episode de l'arche

emportee par les Philistins (Dial. 132,3).

97. Cf. Dial. 30, 3: « Car nous I'appelons Secours et Redempteur, lui dont

la force du nom (TT'lV TOU OVOl1aTOS' l<J)(W) fait trembler meme les demons.

Et aujourd'hui,lorsqu'ils sont conjures au nom de Jesus-Christ, crucifie

sous Ponce-Pilate (EF;opKl(OI1EVa KaT<l TOU OVOl1aTOS- 'IT)UOU XPlUTOU, TOU

UTaupweEVTOS' ElTL llOVTlOU lllAaTOU), lequel tot procurateur de Judee, its

sont soumis. De sorte que par la il devient evident pour tous que son Pere

lui a donne one puissance telle que meme les demons sont soumis par son

nom (KaL Tcl 8aLJIOVLa V1ToTaaaEa6aL TcIJ OllOJIaTL avToD), et par I'econo-

mie de sa Passion ».

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108

PH. BOBICHON

composition de formules utilisees en res circonstances98. ontre

Ies demons, I'invocation du nom des rois d' sraeI, justes ou pro-

phetes uifs, demeure nefficace: Ia formule« Ie Dieu d' Abraham,

d' saac et de Jacob» pourrait a Ia rigueur convenir,car eIIe designe

Ie Dieu des theophanies99.Dans l' Apologie, Justin explique que

ce nom de« Jesus»designeen hebreu e Sauveur1OO,e meme que

I'EmmanueI signifie « Dieu avecnous »101. esdeux noms ont ete

re~us au moment precis de I' ncamation102.Is ont une significa-

tion et une fonction soterioIogique.

Le nom d']srael fait egalement 'objet de plusieurs developpe-

ments1O3j) Justin ndique qu'il signifie« homme vainqueur d'une

puissance». Comme Jesus1O4,e nom est associe a une victoire

contre leg forces du maPO5. travers ces deux noms, et la manie-

re dont ils sont expliques, s'expriment a la fois la Preexistencedu

Verbe et la permanence de son action dans I'Histoire: theopha-

Dies,sortie d'Egypte, naissancedu Christ, vie terrestre et mort sur

98. Formules similaires, et plus ou mains complexes, qui se presentent

comme un resume de la vie du Christ tel qu'i apparait dans Ie Symbole

(Dial. 30, 3; 76, 6; 85, 2; 132, 1;1 Apol. 21, 1; 31, 7;42,4;46, 5; 63, 16;II

Apol. 6, 6). Cpo ORIGENE, Cels., I, 6 (Oil yap l<J)(~LV OOKOOOLV,AAa T<{I

DVOl1aTLITJaou I1ETa TflS' ETTaYYE),laS' TWV TTEPl auTov LcrTopLwv); III, 24

(TLvES' BE <1TJI1ElaTOU El),TJ< >EvaLL 8La T1']V TTlaTLv TaVTTjV TTapa~oTE-

pov ETTL8ElKV\JVTaL V o1S' ~paTTEOOOOLV,oU8Ev aAAo Ka),ouVTES' ETTl TOUS'

8EOI1EVOUS' EpaTTElaS' i TOV ETTl TTQ.aL Eov Kal TO TOU 'ITJaou QVOl1a I1ETa

TflS' TTEPl aUTOU LaToplaS'). Dans certains cas, res formules sont mises en

rapport avec les exorcismes. Ailleurs, elles apparaissent plutot comme

une regIe de foi qui etait vraisemblablement utilisee dans un con exte bap-

tismal. cr. J. DANIELOU, Bible et Liturgie, Paris 1950, p. 30-38. Etude sys-

tematique in: W. BORNEMANN,« Das Taufsymbol Justins des Martyrers »,

ZKG 3 (1879), p.1-27 (en particulier les p. 5-6); A. L. FEDER, Justins des

Miirtyrers Lehre van Jesus Christus, dem Messias und dem Menschgevor-

denen Sohn Goffes, Freiburg i Br., Herdersche Verlagshandlung, 1906, p.

264-283.

99. cr. Dial. 85, 3.

100. cr. I Apol. 33, 5, 7-8; II Apol. 6, 3-5.

101. I Apol. 33, 1; cr. Dial. 43, 5; 66, 2.

102. cr. I Apol. 46, 5.

103. Le changement de Jacob en Israel est annonce par Ie motif theo-

phanique (Dial. 58, 7-8), rappele Ii. plusieurs reprises (75, 2; 78,8; 123,8-

9), et explique ulterieurement (125, 3-5; 134, 6). Applique Ii. un type du

Christ, ce nom d'Israel devient un titre christologique, puis une designa-

tion de ceux que Ie Christ a engendres Ii. Dieu (123, 9).

104. Voir ci-dessous.

105. Les deux noms sont reunis en Dial. 75. 2: 1 On. 3 et 134- n-

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FONCflONS ET VALEURS DES NOMS

DANS LES ECRITS DE JUSTIN MARTYR

109

la Croix. En eux se recapituleet s'opere oute l'economiede la

Redemption.

VI -nTRES CHRISTOLOGIQUES

C'est dans cette economie qu'il faut sittler aussi a longue liste

des titres christologiques que presentent Ie Dialogue et l' Apolo-

gie1O6.omme Ie precise Justin, ces titres correspondent aux dif-

ferents attributs du Verbe, a une partie de sa mission ou une moda-

lite de son action1O7; l se referent a sa Preexistence, aux

theophanies, a l' ncamation ou a la Passion; ts traduisent l'hu-

manite du Christ, ou sa divinite. Differents aspectsqu'il est sou-

vent impossible de dissocier,puisqu'il s'agit d'une meme person-

fie, et d'une meme economie: les listes de titres que l'on trouve

dans Ie Dialogue108melent volontairement ce qui resiste a toute

classification.

C'est du PeTeque Ie Verbe a re~u res titres1O9: ette Puissance

verbale, dit Justin, «peut recevoir ous es noms parce que du PeTe

elle sert Ie dessein, et que par volonte, du PeTeelle rut engen-

dree »11°. e Dieu-tout-puissant, au contraire, n'a pas de nom:

«Mais Ie PeTede l'univers, qui est nengendre,n'a pas de nom qui

lui soil impose, car recevoir un nom suppose quelqu'un de plus

ancien qui donne ce nom. Ces mots, PeTe,Dieu, Createur, Sei-

gneur, Maitre, ne sont pas des noms, mais des qualifications tirees

de sesbienfaits et de ses euvres. Quant it.son Fils, Ie seul appele

proprement Fils, Ie Verbe, it. a fois existant avec lui et engendre

par lui avant les creatures, quand, au commencement, l crea et

ordonna par lui l'univers, il est appele Christ, parce qu'il a re~u

106. Liste exhaustive, avec references, dans l'appendice a l'edition annon-

cee. Sur les titres christologiques et les noms divins dans l'Ascension

d'Isai"e, voir A. ACERBI, L 'Ascensione di Isaia. Cristologia e profetismo

in Siria nei primi decenni del II secolo (Studia Patristica Mediolanensia,

17), Milan 1989Z, p. 99-137.

107. Ct. Dial. 61, 1.

108. a. Dial. 32, 6 (Ps.109); 34,2; 36, 1.2; 43, 1; 58,3.9.10; 59, 1; 60, 3.5;

61,1.3; 75, 2; 76,1-3; 86, 3; 96,1; 100, 1.4; 106,4; 113, 5; 114,2; 115, 4;

118,2; 123, 8; 126, 1; 127,4; 128, 1.2.4; 135,3.

109. Ct. Dial. 86,3 (cirro TOU rraTpO'; EAaj:IE TO (JaUL,J..~VS-al XpLaTOS- Kal

i~pt"vs- Kal ayy~,J..OS-,Kal ooa Q)J.a TolafITa EX~l i\ EO"X~).

110. Ct. Dial. 61, 1 (EX~l yap rraVTa rrpoooVOl1a(~a9al EK T~ TOU urrT]pE:"-

T~lV T<jJ raTpLK<jJ 30vAT1l1aTl Kal EK TOU ciTro TOU rraTpOs ~AT1O"~l y~y~vvf)<J-

8al).

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BOBICHON

l'onction et que Dieu a mis l'ordre dans 'univers par lui, et ce nom

lui-meme comporte un sells nconnaissable,de la meme fa~onque

l'appellation« Dieu» n'est pas un nom, mais une maniere de dire

appropriee a la nature de l'homme, pour designerune realite dif-

ficile a expliquer »111trad. A. WARTELLE).

Justin distingue ainsi Ie Dieu-tout-puissant qui n'a pas de nom,

et Ie Verbe doni Ie titre de Christ (et, vraisemblablement, certains

autres, ou tons leg autres) «comporte un gens nconnaissable »

(ovo~a Kat aUTO lTEPlEXOVyvwaTov aT]~aa(av).Le Dieu-tout-

puissantdemeure transcendantet au-dela de toute denomination,

tandis que Ie Verbe est progressivement revele. Justin laisse

entendre qu'une partie du gensde ces itres demeure voilee, pre-

servant ainsi la divinite du Verbe. Mais de telles distinctions ont

sans doute contribue a susciter eg accusations de subordinatia-

nisme doni il a fait l'objet.

L'absence de nom, ou sa connaissancepartielle sont reservees

au Dieu veritable, qui echappe a l'emprise humaine. Les «dieux

des nations », au contraire, ant taus un nom. Mais ces noms pre-

sentent rois caracteristiquesessentiellesqui en soulignent a la fois

leg limites et leg dangers: ils sont taus d'origine demoniaque,et

attribues par les hommes a des idoles perissables112.Is signifient

et consacrent simultanement l'illusion du pouvoir humain sur la

divinite, et a realite de l'emprise demoniaque sur eg hommes.Les

titres christologiques sont l'instrument d'une liberation, leg noms

attribues aux divinites celui d'un asservissement.

111. II Apol. 6, 1-3 ('Ovol1a BE T {J rrclVTWV rraTpt 9ETov, aYEvvllT(j> OVTl,

aUK EaTlV. Ii> yap av Kat OVOl1clTl rrpoaaYOpEu"Tal, rrpEaj3UTEpov EXEl TOV

GEI1EVOVTO ovol1a. To BE llaTl'jp Kat 8Eos Kat K Tl<mjS Kat KUplOS Kat

.1EarrOTT]S aUK OVOl1aTcl EOTlV, <l)J..' EK TWV EurrOlLWV Kat TWV EPYWV rrpoo-

P1l<1ElS. 0 BE rios EKElVOU, 6 110VOSAEYOI1EVOSKUplWS ri6s-, 6 AoyoS rrpo

TWV rrOllll1clTWV Kat auvwv Kat YEVVWI1EVOS, TE Tl'jv apx1']v 8l' aUTOU rrclV-

Ta EKTlaE Kat EKOOl1llaE, XplaTOS I1EV KaTa TO KEXPla9al Kat Kool1flaal

Ta rrclVTa 8l' aUTOU TOV eEov AEYETal, OVOl1a Kat aUTO rrEplEXOV <1Yvwa-

TOV <J1]l1aalav, OV Tporrov Kat TO eEos rrpooayopEUl1a aUK OVOl1cl EaTlV,

aAAa rrpclYl1aTOS 8U(JE~1l'Y1lTOU I1<j>UTOS fI <j>uaEl TWV av9pwrrwv 86~a.).

Voir encore I Apol. 10,1 (T {J 111l&Vt OVOl1aTl 9ET {J KaAOUI1Ev(j». Sur la

theologie des noms divins chez les Peres de l'Eglise, voir L. VANY6, art.

«Nom », DECA II, p.1760-1761.

112. a. I Apol. 5, 2 (...aAAa BEEl auVllprraal1EVOl Kat 111'] rrlOTcll1EVOl 8al-

l1ovas ElVal <j>avAous 9EOUSrrpoowvol1a(OV, Kat OVOl1aTl EKaaTOV rrpo<J1]-

YOpEUOV,arrEp EKaaTOS EaUT {J TWV 8all10VWV ETl9ETo); II Apol. 5, 6 (' Ovo-

l1aTl yap EKaaTov, arrEp EKaaTos EauT {J TWV aYYEAWV Kat TolS TEKVOlS

E9ETo, rrpoollyopEuaav). Voir encore I Apol. 9, 1-3; I Apol. 55,7.

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FONCI10NS ET VALEURS DES NOMS

DANS LES ECRITS DE JUSTIN MARTYR

111

VII-HERMENEUTIQUE

De meme que es titres christologiques sont voulus par Dieu, sa

Parole manifestee dans es Ecritures, ne petit etre comprise que si

l'on prend en compte la signification cacheedu texte, et la valeur

intrinseque de chaque mot, au-dela de sa signification immediate.

Justin reconnal tau texte grec desEcritures Ie meme statut de texte

revele que la tradition rabbinique au texte hebreu. D'ou l'appli-

cation de techniques exegetiquessimilaires : rapprochements de

passages omportant un meme mof13, analogiesphonetiques ou

semantiques. De cette methode, Ie Dialogue offre plusieurs

exemples, dont nous restituons ici les plus significatifs :

1) AuTpoua8al / AOUTpOV.

Dial. 19.6. [...] C'est pour la meme raison, donc, qu'il vans a

ordonne Ie sabbat pour que vans gardiez a memoire de Dieu.

Et c'est bien la ce que son Verbe signifie lorsqu'il dit: (Ez.20,

12.20)fin que vous sachiezque e suis e Dieu qui vousa rache-

tes «() AUTp<uauIlEvor:;Vllar:; )114.

2) XpLOTOU XPLoVTaL.

Dial. 40. 1. Donc, Ie mystere de l'agneau que Dieu a ordon-

ne (ct.Exod12, 1.27; euL 6. ; I Cor. . 7)d'immoler comme Paque etait

type du« Christ» (TiJTros ~v TOUXpLCJTOU). 'est avec son sang,

qu'en raison de leur foi en lui, ceux qui croient en lui (ct. Exod

12,7.13.22)oignent XPLoVTaL) leurs propres maisons, c'est-a-dire

eux-memes. Car la forme en laquelle (ct.Gen. ,7)Dieu a modele

Adam devint la (ct. Cor.3,16.17; , 19)maison du (ct. Gen. , 7)souftle

qui provenait de Dieu, comme vous pouvez tons Ie com-

prendre.

113. Les aspects litteraux de l'exegese de Justin -generalement negliges-

font l'objet d'une etude particuliere dans l'Introduction a l'edition annon-

cee du Dialogue.

114. Le participe () AUTpIl)(Ja~Evo<:;< delivrer en payant ran~on») est ici

substitue a () <l'Yla(wv «< sanctifier» : LXX). La Passion est en effet con~ue

comme une «ran~on» payee par Ie Christ pour libeler l'humanite de l'es-

clavage du peche (ct. Mc 10, 45: 8laKOvfJ<JalKaL80uval Ti']v tjJUX1'1VuTou

AUTPOV lVTL 1TOAAWV).'association entre Ie bapteme et la Passion, fre-

quente dans Ie Dialogue (cf.13, 1.9; 30, 3; 86, 1.6; 131, 3) est sans doute

suggeree ici par l'homophonie AUTpofueal I AOUTpOV.

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BOBICHON

3) 'AYUYElV I hVVUYWYflS' aauYllS' I UTTOOUYllS'UTTO(VYlOV.

Dial. 53. 4. Si l'Esprit prophetique, avec Ie Patriarche Jacob,

mentionne des lors qu'il aura en sa possession une (cf. Gen. 9,11;

Zach. , 9; Matth. 1, )aneSSeportant Ie joug (OVOV UTTO(VYLOV)vec

son anon, et en outre, comme je viens de Ie dire, (cf. Matth. 1,

2)qu'il a ordonne a ses disciples de lui amener (ayaYELv) les

deux animaux, c'etait une prediction de ceux de votre Syna-

gogue (LuvaYWYf)S'), avec ceux des nations qui devaient croi-

re en lui. De meme, en effet, que de ceux des nations l'anon

sans bat (aaaYf)S') etait un symbole, de ceux de votre peuple

l'anesse (cf. Zach. ,9)batee (UTToaayl'IS') l'etait pareillement: car

vous avez la loi imposee par les prophetes.

A'Y'YEAOS- a1TOaTOAO';.

Dial. 75. 3. Que les prophetes (cf.Exod. 3, 0)envoyes aiTo<JTEA-

AOI1EVOL)our annoncer (a'Y'YEAAELV)e qui vient de lui sont

dits (ibid')anges a'Y'YEAoL)t envoyes (aiTo<JToAOL)e Dieu, cela

parait aussi en Isale. Isale dit en effet quelque part: (Is.6,

8)Envoie-moi ('A 1TOoTEL),OV1E).Que par a.illeurs celui qui reCtut

Ie nom de Jesus (Josue) rut un prophete puissant et grand, c'est

pour ousevident.

I Apol. 63,5.11 est egalement appele Ange (a'Y'YEAOS-)tApotre

(aTTOaToAOS-),ar it se fait Ie messager (aTTa'Y'YE)..)..El)e

tout ce qu'it faut connaitre, et il est envoye (aTTouTEAAETal)

pour reveler tout Ie message (Qua a'Y'YE)..)..ETal),omme lui, IeSeigneur,

nous I'a dit (Matth. 10,40 pll.) : «Celui qui m'ecou-te

ecoute celui qui m'a envoye (TOU aTTooTElAaVTos-J.E) 115.

5) ~uva~lV / 8a(~wv / ~a~aO"K6S'; O"KUAa / EO"K1JAEU~EVOl /O"K1JAEOOaO"

/1TpOO"K1Jv1lO"aVTES' ~a~aO"K6S' = 8a[(~wv] + ~a['Yol]

+ O"KU[Aa ?

Dial. 78. 9. Car la parole d' sa'ie (Is. S,4)Il prendra la puissance

(8uva~lv) de Damas (~a~aO"KOV) et les depouilles (O"KUAa) de

Samarie, signifiait que la puissance (8uva~lv) du mauvais

demon (8a(~ovoS') qui habitait a Damas (EV ~a~aO"Kt\J) serait

vaincue par Ie Christ au moment me-me de sa naissance, ce

qui, c'est prouve, s'est effectivement produit. Les mages (~a-

115. Trad. A. WARTELLE.

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FONCllONS ET VALEURS DES NOMS

DANS LES ECRITS DE JUSTIN MARTYR

113

rOt) en effet, livres comme des depouilles (EcrKUAEV[1EVOL)

toutes sortes de mauvaises actions, auxquelles leg avait pous-

ses ce demon (OOL[10VlOV), ct.Malth. , l)vinrent, adore-rent (TTpoo-

KUv-rlcraVTE';) e Christ, et apparurent affranchis de la puissan-

ce (8Wcl[1EW';) qui avait fait d'eux des depouilles

(crKUAEOOclm,,;), et dont Ie Verbe signifie pour nous, en mys-

teTe, qu'elle habitait a Damas (EV ~a[1acrK<\J)'

6) 'AVE1TauaaTO / E1TaooaTO / &Sl1aTa /8(8waLv.

Dial. 87. 5. (l'Esprit prophetique) s'est donc (cf.Is.U,2)repose

(QVETTUUUUTO),'est -a-dire qu'il a cesse (ETTUUUUTO),uand fut

venu celui apres qui, une fois revolus Ies temps de cette eco-

nomie que parmi Ies hommes il a realisee, ces chases

(devaient) disparaftre (TTuuuuu8ul) de chez VallS, et en Iui a

nouveau trouver a reposer (QVclTTUVUWAU[36VTU),conforme-

ment ala prophetie, pour devenir des (cf.Ps.67,19;F.phes.,8)dons

(OOflUTU)que par Ia grace de Ia puissance de cet Esprit il accor-

de (8(&Juw) a ceux qui croient en Iui, seion qu'il en sait cha-

CUD igne.

7) 'HpW8T]v l >POOI1EVOs-?

Dial. 103.3. Et I'expression (Ps. 1, 4)ilsont ouvert contre moi

leur gueule, ainsi que Ie lion qui dechire et rugit (l >PUOI1EVOs-),

designe celui qui etait alors Ie roi des lulls, et qui portait aussi

Ie nom d'Herode (' Hpw8T]v) ..

8) haTQVaS = aQTa (cliTOOTclT1)S)vas (O<j>lS); QTa /

cliTOOTclT1)$".

Dial. 103.5. au bien alors Ie (Ps. 1, 4; Petr.,,8)lion qui rugissait

contre lui designait ce diable que MoIse appelle (ct.Gen. ,1 s.)ser-

pent, qui en (cf. ob.1,6s.)Job et (ct.Zach. ,1-2)Zacharie est appele

diable, et A qui (cf.Matth.,10)Jesus 'adresse en Ie nommant Sata-

nas (2:QTQVaS),ndiquant par IA qu'il a rec;u un nom compose

d'apres l'action qu'il a accomplie. Car Sata (aQTa), dans la

langue des Juifs et des Syriens signifie « apostat » (cliTOOTclT1)S),

etnas (vas) est Ie mot d'oul'on traduit« serpent ». De cesdeux

expressions un seul nom est forme: Satanas (2:QTQVaS116.

ll6. L'etymologie de Justin s'appuie sur a transcription grecisee cruTUV.

as-)de l'hebreu 1t;J4'Satan).Le mot sermt ainsicomposede deux elements

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114

PH. BOBICHON

8) KaTT1'Ya'YES' KUVES' auva'Yw'Yll / KUVTJ'YOVS'KUVTl'YllaaVTES'

/ awtlX9TJaav / (a'YWVL(OflEVOL).

Dial. 104. 1. Et ces paroles: (Ps.21.16)...etu m'as etendu (KaTll-

yaYES- [lE) en poussiere de mort. (17)Car des chiens (KlIVES-)

nombreux font cercle autour de moi, synagogue (uuvaywyl'j)

de mechants, iIs m' ont enveloppe. lIs m' ont perce mains et pieds,

(18)ils ont compte tous mes os; ils m'ont considere et observe.

(19)/ls se sont partage mes habits, et sur mon vetement ils ont

jete Ie sort: cornme j'ai deja lit, elles annon~aient a quelle sorte

de mort la synagogue (uuvaywyl'j) des mechants devait Ie

condamner; illes appelle chiens (KlIvas-), en montrant egale-

ment qu'il y a des chasseurs (KUVllYous-), car ceux qui avaient

conduit la meute (KUVllYlluavTES-) s'etaient eux-aussi rassem-

bles (uuvTlX811uav (ct.Malth. 6, 7.59;Mc.14,53.55)en ettant tollS leurs

going (aywvl(O[lEVOl) a Ie faire condamner17. Cela aussi est

ecrit dans leg Memoires de ses Apotres.

aaTo., rapporte a l'hebreu ~ (satah =« s'ecarter »,« etre infidele» = arroo-

TaTT]S'), et -vaS', correspondant a ~I;T) (na'hash = «serpent»). Le veritable

gens de l'hebreu 1~~ (satan) est «l'adversaire» ou «l'accusateur» (satan

= «hair~, «detester », «accuser»): il est restitue, entre autres, par

ORIGENf-, C. Cels., 6, 44. En Adv. Raer., V, 21, 2, et Dem., 16, IRENEE

reprend t4n partie I'etymologie proposee par Justin: 'ErrEl8Tj KaT<1yvw~T]V

arrEaTT] 11°V 8Eov, ~aTavo.S' EKATj8T]KaT<1 TiJv Ej3pa"CKi]v AaAlav, () EaTlV

arrooTaT1)S' Dans la Demonstration de fa predication apostolique, 16, il

restitue l'etymologie veritable «< 'adversaire»).

117. Justin s'appuie sur la structure du verset (EKuK)..waav ...KVVES"

...avvay(JJy"iJ ...TTEPLEaxOV)dont il reprend chaque terme dans son com-

mentaire : KWaS' = KWES'; awTjX8T]aav = O"Vvaywyr); rrOVT]pEOO~EVWV TTOV1)-

pEOOJiEVWll= a'Ywvl(,o~EVOl Errl Tt{ KaTa8lKaaaa6al aiJTov). Dans ce ver-

set, leg chasseurs (KUVT]'YOUS'..KUVTTYT\aavTES') ne sont pas, camille les

chiens, explicitement mentionnes (ouS' KlwaS" KaAEl). Mais leur presence

est suggeree (~T]vVwv) par la synonymie EKVK)..UKTall..TTEPLEaxOV ui lais-

se entendre (comme au verset 13: TTEPLEKVK)..UKTav..TTEpLEaxov) que les

persecuteurs du Christ forment deux groupes distincts, bien qu'associes

(dans Ie ~as contraire, la moitie du verset suffirait) : la «synagogue»

(avlIaywyi]) des mechants est donc constituee ala fois de ceux qui ant

encercle Ie Christ et de ceux qui I'ont enveloppe, leg uns et les autres s'etant

«reunis» (auvTjx8T]aav) pour realiser ce dessein (KVVES" = ceux qui ant

arrete Ie Christ), ou pour Ie concevoir (KVV1Jy jaaVTES" = leg didascales qui

leg avaient « ameutes »). Justin souligne ainsi, comme a travers la meta-

phore des veaux et des taureaux (Dial. 103, 1.2), la responsabilite com-

mune de, ceux qui mettent en reuvre la condamnation (KaTa8lKa(,Elv

...KaTa8lKaaaalJal) et de ceux qui I'inspirent. La le~on proposee tend a

restituer un raisonnement dont la methode et I' esprit sont tout a fait carac-

teristiques de l'exegese pratiquee par l'auteur du Dialogue.

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FONCflONSETVALEURSDESNOMS

DANS LES ECRITS DE JUS11N MARTYR 115

9) llup(y:; / pU1TapU;a<j>Eulv / aiTTll1<1>lEUI1EVOlll1UTla

, ,

al1apTla.

Dial. 116. 3. De meme que ce (cf.Zach. , J]esus, appele (ibid.)pretre

par Ie prophete, est apparu poTtant des (ibid., )vetements souilles

(pulTapa lflaTla) pour avail epouse, est-il dit, une prostitute,

et qu'il fut designe comme (ibid.,2)tison aTTache au feu (BaA-oc:;

E~EfJlTafJflEvoc:; EK lTUpoc:;)pour avoir obtenu (ibid.,4)remission

des peches (Ci<j>EfJlV flapTlwv) -alors que (ibid., )le diable, son

adversaire, se trouvait (ibid.,2)reprouve -, de meme nODS qui,

par Ie nom de Jesus-Christ, avons (cf. Gal.3,28)comme un seul

homme cru en Dieu createur de toute chose, qui par Ie nom

de son Fils premier-ne avons (cf.Zach.3,4)depouille les vetements

souilles (Ta pUlTapa llJ.aTla) -c'est-a-dire les peches (TOUTEfJ-

Tl Tac:; aflapTlac:; a1T11IJ.<I>lEfJIJ.EVOl)enflammes (lTUPW8EVTEC:;)

par Ie Verbe de sa vocation, nODS sommes la veritable race

archipretresse de Dieu.

10) Euxal Kal EUxapLaTlal EUxapLUTlaL EUapEUTOl

EUxapLaTlaL= EUapEUTOLvulaL?

Dial. 117. 2. Aujourd'hui encore, par goOt de la querelle, vans

clites que ce sont leg (ct.Mal1, 0)sacrifices 8oolas-) offerts a Jeru-

salem, parmi ceux qui y vivaient alors, appeles Israelites, que

Dieu n'accepte pas. En revanche, leg prieres (EUX<lS-)manant

des hommes de cette race qui se trouvaient alors dans la Dias-

para, il aurait dit leg agreer, appelant ces prieres (EUX<lS-)ct.

Mal1,11)sacrifices 800las-). Or que leg prieres comme leg actions

de grace (Kal EUxal Kal EuxapLuTlaL)118, i elles sont presen-

tees par ceux qui en sont dignes, soient leg seuls sacrifices

(800laL) parfaits et agreables (EuapEUToL) Dieu, je l'affirme

moi aussi.

118. Assonance (Euxat Kat EiI)(apL(JTLal) reprise en Dial. 117, 5. Elle doit

etre opposee a EiI)(aS ...Kat 9ooLas (117,4). L'expression Euxat Kat Euxa-

pLO TLaL e trouve deja chez PHlLON, De Spec. leg., 1, 97 (' 0 BE TWV 'Iou-

8aLwv ciPXLEPE1JSu 110VOVmEp Q'lTaVTOSciv9pW'lTWV EVOUS...TaS TE EiI)(aS

Kat TaS EuxapLO TLas 'lTOLElTaL). Passage cite par I. JUSTER, Les Juifs dans

l'empire romain, Paris 1914, p. 334, a propos des prieres chretiennes pour

les Iuifs, progressivement reduites et remplacees par des epithetes pole-

miques dont la vehemence se trouvait renforcee par Ie cadre liturgique

011 elles etaient prononcees.

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116

PH. BOBICHON

11) KA1l0EWt; / EK<lAEOEV

EKKATlUta.

Dial. 42, 3. Quand il dit, comme au nom de plusieurs (Is.53,

2)Nous avons annonce, en sa presence, et ajoute (ibid)commeun

petit enfant, c'est a l'evidence une allusion a la multitude de

ceux qui, soumis a lui, ont obei a son commandement (TlJ

KEAEUUELuTou), et soot devenus tOllS comme un seul enfant.

C'est ce qu'on peut voir aussi pour Ie corps: (cf./Co/: 2, 2)des

multiples parties qu'on y compte, l'ensemble est appele

(KaAElTal) et ne fait qu'un seul corps. C'est ainsi que Ie peuple

et Ekklesia (EKKATlu(a), luralite d'hommes par Ie nombre,

mais formant une seule realite, soot appeles(KaAouVTaL) et

designes d'une unique denomination (TlJ I1.Li KAllUEL).

Dial. 119. 5. Qu'est-ce done que Ie Christ a accorde la de plus

a Abraham? C'est que par une me-me vocation (8La TflS-OflOl-

as- KAllUEWS-),e sa voix, ill'a appele (EKc1AEUEVuTov), lui

disant (ct.Gen. 2,)de sortir de La erre ou il habitait, et noDSaussi,

par cette voix il nODS appeles (Kallifla.s- ...EKc1AEUE),t nODS

sommes sortis, desormais, de la maniere de vivre qui etait la

notre, quand, partageant la conduite des autres nations qui

habitent la terre, nODS ivions dans Ie mal. Et avec Abraham,

noDs heriterons de la Terre sainte, heritage que nODS ece-

vrons pour une etemite sans fin, (ct.Gal. ,7)etantfiLs d'Abraham

par une me-me oi.

12) IapallA = Lapa (clv8p<UlTO'3)l1A BvVal1l'3).

Dial. 125, 3. Voici donc ce que signifie Ie nom d'[srael (Iapary.):

« homme vainqueurd'une Puissance (~C'f; VlKGlJ ool1lv). Car

« Isra» (TO Yap Iapa) veut dire « homme vainqueur» (avepwlTC'f;

VlKW), et «el» (TO&: ~),« Puissance» BOOl1l'3119.C'est encore

119. L'explication de Justin correspond a l'hebreu.,~ i11~ ~'I:\ (ish sarah

E/), d'apres Gen. 32, 29: «Jacob ne sera plus desormais ton nom, mais

bien Israel, car tu as oute contre des puissances celestes (o :t.,~-c'-l 1I;1 ;1~-'#

= ki sarta 'im elohim) et humaines, et tu es Teste fort. » (Traduction du

Rabbinat, Tel Aviv, 1994); d. Os. 12,4. LesLXX ont: 'lapaTjA EaTaL TO

ovo~a aou, OTLEVlaxuaas- ~ETa 8Eou, Kat ~ET' civ9p(.J1TWVwaTos- EcrlJ.

La tradition ecclesiastique a prefere comprendre, en s'inspirant de Pm-

LON .,~ ~l ~'I:\ = ish raah el = litt. « un homme a vu Dieu ». Analyse des

references philoniennes, rabbiniques et patristiques, in : Yo'hanan COHEN-

YASHAR,« Israel- roeh EI », Tarbiz 41 (1971), p. 286-292 (hebr.).

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FONCflONS ET VALEURS DES NOMS

DANS LES ECRn'S DE JUSTIN MARTYR

117

cela qu'il fut prophetise qu'une fois devenuhomme (livepWTTOS'

'YEVOI1EVOS')e Christ devait faire, a travers Ie mystere du com-

bat que Jacob livra contre celui qui, apparu ange parce qu'il

servait la volante du PeTe, etait neanmoins (ct.Gen. 2, 8.30)ieu

en tant qu'enfant (ct.Col. ,15;Provo,22)premier-ne de l'ensemble

des creatures.

L'analogie porte tantot sur l'ensemble du mot, tantot sur l'une de

sessyllabes, ou sur Ie detail decompose. L'explication s'appuie sur es

sonorites (15, 5; 53, 4, etc) et/ou sur Ie signifie (77,4; 75, 3), et prend

parfois une forme etymologique (103,5: aaTavusl20; 125,3: ' ap<lTj).).

Elle justifie des interpretations de nature psychologique et morale (53,

4; 103, 3; 104, 1), symbolique ou spirituelle (15, 5; 78, 9; 116, 3 etc.).

Certaines de res lectures sont explicites, d'autres a peine decelables

par une lecture silencieuse... n y a a cela une explication pratique: jus-

qu'au Moyen-age, la lecture se faisait Ie plus souvent a haute VOix121,

et il est vraisemblable qu une reuvre comme Ie Dialogue etait desti-

nee a une lecture en publicl22. Mais l'explication tient aussi a la natu-

re propre du texte revele : c'est egaiement par la voix que se commu-

nique Ie genscache de la Parole divine. La plupart des passages en

question demeurent obscurs et leur contenu apparemment arbitraire

si l'on ne fait pas intervenir res similitudes phonetiques qui constituent

Ie fil directeur du raisonnement exegetique (d'ou l'absence de com-

mentaires dans leg editions)l23. Tout se passecomme si Justin s'adres-

gait a un public familier de cetle technique interpretative, et convain-

cu de sa valeur: leg conclusions auxquelles elle donne lieu ne

provoquent jamais ni interrogation ni scepticisme de la part de Try-

phon.

Ces explications appellentparfois es developpements u Cratyle

(en particulier la decompositionde mots en syllabes,et les homo-

phonies), reuvre que Justin connaissait vraisemblablement.

120. Pour les differents noms du diable, voir aussi Apol. 28, 1.

12L Ct. Histoire de La ecture dans e monde occidental,sous a direction

de G. CAVALLO et R. CHARnER, Paris, Seuil, 1997,passim; A. MAN-

GUEL, Une histoire de a lecture,coli. Actes Sud, 1998,p. 59 s.

122. Ce qui correspond it. 'activite de Justin, et contribue it. ustifier les

tonguescitations scripturaires que comporte l'reuvre.

123. Lecture qui trouve confIrmation dans les notations marginates du

manuscrit (Parisinus Graecus450). La plupart des passages ignalespar

l'abreviation de aT]~E(JXJalorrespondent t.des istes de titres, des consi-

derations etymologiques, ou des changementsde noms.

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118

PH. BOBICHON

Mais il est egalementpossible que soil appliquee ci, au texte grec

des Ecritures, une methode observeedans es ecoles abbiniques,

ou dans les synagogues:ces nterpretations qui reposent sur les

signifiants des racines ou des phonemes sont en effet courantes

dans exegese midrashique. D. BANON n resume a methode et

l espnt dans un passage ui mente ici d etre cite, tant ce qu il decrit

convient a certaines exegeses e Justin :

«La sollicitation petit donc se focaliser sur un mot, et la

recherche etymologique -qui joue sur les signifiants des

racines hebralques riches en harmoniques,signifiants qui

sont proches,mais dont les signifies ont des connotations

differentes -sert alors de pretexte. L etymologie est tine

hermeneutique.Par la forme de son recours aUx essources

de la langue,par la remotivation et l isolation des elements

lexicaUxdans es tours phraseologiques ...), par la remoti-

vation et l isolation des elements (prefixes, suffixes, radi-

caux) dans Ie mot lui-meme, pris seul, refaisant jouer

ensemble es piecesuniques selon tine organisation qu el-

Ie preetablifl24. Elle atomise es mots, es fragmente, afin,

sinon de remonter a l origine de leur sens, du moins de

 reveiller les echos de toute leur histoire anterieure l25.

Cette tentative ne pouvant ogiquements arreternulle part,

puisque tout ce a quoi on remonte utilise toujours-deja des

mots. Cette attention au mot (qui n est pas itteralisme vii

et meprisable 126)ert a donner du eu ou du mouvement

ou de la marge,pour que Ie processus interpretation puis-

se advenir. Elle permet de faire decoller minimalement Ie

sensde la lettre. Elle eleve etymologie a la dignite philo-

sophique en demineralisant a lettre »127.

Ce rapport originel du langage au choses, determinant pour

l hermeneutique, est egalement exprime par M. FOUCAULT:

« SODSa forme premiere, quand il rut donne aUK omInes

par Dieu lui-meme, Ie langage etait un signe des choses

absolumentcertain et transparent,parce qu illeur ressem-

blait. Les noms etaient deposes sur ce qu ils designaient,

comme la force est ecrite dans Ie corps du lion, la royaute

dans Ie regard de l aigle, comme l influence des planetes

124. Henri MESCHONNIC,Le Signe et le Poeme, Paris 1975, p. 379.

125. G. SfrEINER,Apres Babel, une poetique du dire et de la traduction,

Paris 1978,p. 34.

126. a. QRIGENE,Traitedes Principes, V, 1,7.

127. La Lecture infinie. Les voies de l interpretation midrashique, Paris,

Seuil, 1987,p.143-144.

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FONCflONSETVALEURSDESNOMS

DANS LES ECRffS DE JUSTIN MARTYR

119

est marquee sur Ie front des hommes: par Ia forme de la

similitude. Cette transparence lit detruite a Babel pour la

punition des hommes. Les langues ne furent separees es

unes des autres et ne devinrent incompatibles que dans a

mesure oil flit effacee d abord cette ressemblance aux

choses qui avait ete la premiere raison d etre du Iangage.

Toutes les languesque nous connaissons, ous ne les par-

Ions maintenant que sur ond de cette similitude perdue, et

dans l espace qu elle a laisse vide. II n y a qu une langue

qui en garde a memoire, parce qu elle derive tout droit de

ce premier vocabulaire maintenant oublie; parce que Dieu

n a pas voulu que Ie chatiment de Babel echappe au sou-

venir des hommes; parce que cette langue a dfi servir a

raconter a vieille Alliance de Dieu avec sonpeuple ; parce

qu enfin c est dans cette langue que Dieu s est adressea

ceux qui l ecoutaient. L hebreu porte donc, comme des

debris, es marquesde la nomination premiere. Et res mots

qu Adam avait prononces en es imposant aux animaux, ts

sont demeures, au moins en partie, emportant avec eux

dans leur epaisseur,comme un fragment de savoir silen-

cieux, es proprietes immobiles desetres... »128.

L hermeneutique de Justin ne pent donc etre comprise que si

l on prend aussien compte celie dimension inguistique. Justin ne

neglige pas, a l occasion, d avoir recours a la lettre du texte. Celie

sorte d exegese,qu il reproche a ses nterlocuteurs (Dial. 113,2),

lui semble moins meprisable orsqu elle sert sesdesseins...11 est

pas, sur ce point, exempt de contradictiow29.L usage d une telle

methode est, a vrai dire, chez lui sporadique, et souvent discret.

Caracteristiques qui s expliquent sans doute par la conscience

d une telle contradiction, l hesitation a faire reposer son nterpre-

tation du texte surone methode mal maltrisee, et es resultatsdece-

vants de celie methode dans a perspective chretienne.

VII -NOM ET PREDISPOSITION

Le rapport que Ie nom entretient avec a realite, Ie groupe ou la

personne designee,varie selon qu il est d origine divine, demo-

niaquel30 u humaine. 11 emble bien en effet que l apologiste dis-

128. Les Mots et les Choses, aris 1966,p. 51.

129. Comme arigene, parfois.

130.La formule utilisee pour expliquer Ie nom des divinites paiennessou-

ligne bien l ambigllite du lien qui unit ces demieres a leurs adorateurs:

«Ces hommes eg appelerent des dieux, et donne-renta chacund eux Ie

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12

PH. BOBICHON

tingue les noms qui ressortissentau(x) langage(x)des hommes, et

ceuxqui emanentde Dieu: ainsi, precise-t-ildans ' Apologie,«l'im-

position d'un nom n'implique aucun ugement favorable ou defa-

voTable,si l'on fait abstraction des actions qui tombent SOliS'ac-

ception de ce nom »131;« e nom que l'on porte ne saurait en effet,

raisonnablement, etre objet d'eloge ou de blame si l'on ne petit, a

travers les actes, aire la preuve de quoi que ce soil d'honnete ou

de malhonnete »132.11'y a donc pas un determinisme du nom:

quand celui-ci estd'origine humaine, il doit etre considerecomme

purement contingent, etles analogies qu'il evoque (p. ex. XplU-

TlUVOl / XPT)UTOTUTOlI33),omme fortuites: ce sont les actes

(npaCElC;, P'YU) ui donnent son sens au nom que l'on porte, et

non l'inversel34.11y a la tine nouvelle affirmation du libre arbitre,

sur lequel Justin insiste a plusieurs reprises dans Ie Dialogue et

l'ApologieI35. Celui-ci ayant ete donne aux anges comme aux

hommes,le nom de ~UTUVa.C;'assignepas une fatalite, mais resul-

te de la faute commise: «ce diable... a qui Jesuss'adresse en Ie

nommant 'Satanas', ndiquant par la qu'il a re~u un nom compo-

nom que chacun s'etait attribue» (I Apol. 5, 2; voir aussi I Apol. 9, 1-3).

On ne sait plus tres bien qui attribue Ie nom, et qui Ie re~it...

131. I Apol. 4, 1 (OvOl1aTOS' I1EV ouv lTpoawvul1£a OUTEa'Ya8ov OUTE KaKov

Kp[ VETal aveu TWV lmOlTllTTOOOWVT{\) 6v6l1aTl lTpciEEWV).

132. Ibid.t 3 (' E~ 6v6l1aTOS' I1EV Yap ii ElTalVOS ii KoAaalS aUK av EUAO'YWS

'YEVOl O, ftv I1TJTl EVapETOV i <j>aUAOV l' EP'YWValTo&£KVUa8al 8VV1jTaL).

133. Ibid. I

134. J. DANIELOU, Message evangelique et culture hellenistique, Paris 1960,

p. 305, oppose Ie Dieu qui n'a pas de nom it« une theorie du langage selon

laquelle les noms sont etablis (8ETQs) par les hommes, mais en relation

avec la nature « >valS) des objets». «C'est pourquoi», ajoute-t-il, «il

n'existe liIas de nom propre (K\iPlOS) de Dieu, parce que sa nature est

cachee (I Apol. 10, 1 ; 61, 2; II Apol. 6, 1). Or ceci retlete la theorie du lan-

gage d' Albinos (Epit., 6, 10-11), elle-meme dependante du Cratyle ». nest

indeniable que Justin insiste it plusieurs reprises sur Ie caractere ineffable

de Dieu, mais beaucoup plus douteux qu'il etablisse un lien entre Ie nom

des objets et leur nature: aucun texte ne vient etayer cette supposition,

et les propos qui viennent d'etre cites laissent entendre, au contraire, que

Justin considere avec mefiance les associations que peuvent suggerer cer-

taines homophonies. Dans Ie Cratyle, lorsque de tels liens sont admis, its

sont plutot attribues aux dieux. Sur la nature des noms «efficaces », leur

«signification mysterieuse », et leur emploi dans les exorcismes ou la

magie, voir ORIGENE, Cels., I, 24-25; sur Ie pouvoir naturel et incanta-

toire des noms bibliques selon Ie meme auteur, voir M. HARL, in:

ORIGENE, Philocalie 1-20 sur les Ecritures (S. C. 302), pp. 387-397 et 447-

457.

135. Cf. Dial. 45, 4; 47, 5; 88, 4.5; 93, 3; 102, 3.4, etc.

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FONCfIONSETVALEURSDESNOMS

DANS LES ECRrrs DE JUSTIN MARTYR

121

se d apres action qu ii a accompiie»136. ews es noms donnespar

Ie PeTe,par Ie Christ, ou partes par Ie Verbe137 ntretiennent un

lien symbolique ou agissantavec un ieu, une fonction, ou une mis-

sion, mais celui-ci est oujourspresentecomme posterieurou simul-

lane a ce qu il traduit, et amais comme l expression d une fatali-

te ou d un quelconque determinisme.

*

VIII -CONCLUSION

Le nom a donc, chezJustin, une dimension cognitive, litteraire,

identitaire, ethique, hermeneutique, et theologique. La concep-

tion que l Apologiste a de son role presente d indeniables simili-

tudes avec onomastique platonicienne, exegesemidrashique ou

philonienne, ou encore certaines conceptions iees a la magie. La

part d influence qu il convient d accordera chacunede cessources

est toutefois difficile a determiner: certaines de ces conceptions

etaient communesa des courants de penseeque Justin a, au COUTS

de savie, rencontres,cotoyes,ou adoptes.Mais l usage qu il en fait

s ecarte de chacune d entre elles par sespresupposes,son appli-

cation, et sesconclusions: Ie rapport du langage a la realite n est

pas, pour Justin, e signed une fatalite que seulespourraient conju-

rer des pratiques irrationnelles. 11 esulte au contraire des actes,

humains ou divins, et se decouvre par la raison, manifestant ainsi

cette liberte que l homme partage avec Dieu.

136. Dial. 103, 5 (ovo~a alTO TflS lTpci~EWS S ElTpa~E JUv9ETOV T1lfJci~E-

vov atITov ~T]vUwv) ct. I Apol. 28, 1.

137. Voir ci-dessus.

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Takashi ONUKI

Universite de Tokyo

LE MONDE COMME MATRICE.

ASPECT SEXUEL DE LA NATURE ET

ASCETISME CHEZ LES GNOSTIQUES*

La symboliquesexuelle es mythesgnostiquesutilise image de a matri-

ce au sens hysique et neutre de ieu de ormation de l embryon ainsi qu au

senspositif de « matrice de routeschoses pleroma) »,.mais aussi resnega-

tivement, our representer ensemble u monde visible en rant que domai-

ne du mal, puisqu il nese maintient quepar les relations sexuellesdu male

et de la femelle. Dans ce demier cas, a mort physique n est,pour le vrai

moi des gnostiques, ien d autre que le moment de son exode hors de la

«matrice »,de memeque e cadavre estantsur a terre n est rien qu un pla-

centa (chorion), et que la naissance hysique n est qu une chute dans la

«matrice ». Ce point de vue n est evidemmentpas sans analogiesdans e

mondeantique,hellenistique t oriental (Origene,Porphyre,Seneque, arc-

Aurele, etc...). Mais ses epresentants e le rattachentpas toujours Ii une

structurecosmologique lairementdeveloppee. eule, a ParaphrasedeSem

clarifie pour la premiere ois cettestructure. Elle decrit en effet l ensemble

du monde visible comme un grand organegenital eminin dont l ascetisme

gnostique vise i la destruction.

The sexual symbolism of the gnostic myths uses he image of womb in

the physical and neutral sense s theplace where an embryo grows or in a

very positive sense s the « matrix of the all (ple-rama)». But on the other

hand, he same mage s used n a verynegative ense o represent he whole

visible world as the domain of evil maintaining itself by meansof sexual

intercourse betweenmale and female. In this last case, he physical death,

* Cet article, qui est a traduction d une partie de mon ouvrage Etude sur

Ie gnosticisme ed. Iwanami, Tokyo 2000),a ete prononce a l occasion de

l une des quatre conferencesque ai donnees en mai 2000 a l Ecole pra-

tique des halites etudes, section des Sciences eligieuses. I s agit du pre-

mier chapitre de la premiere partie: Genealogie de l ascetismedans Ie

christianismeancien -gnosticisme,actesapocrypheset systememonastique

primitif. La traduction franc;ajseen a ete assureegrace aux bons soins de

C. Nakano et des Prof. M.-J. Pierre et J.-D. Dubois. Les notes ne sont pas

exactementceIles paTties ans ouvrage japonais; eIles ont ete adaptees

pour les ecteurs occidentauxd Apocrypha. Je dois m excusera l avance

de ce que, faute de temps, roes referencesbibliographiques ne sont pas

exhaustives.

Apocrypha 11, 2000,p. 123 -145

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124

T. ONUKI

for the true self of the gnostics, s but the very moment of the exodus rom

the « womb» and likewise the corpse remaining on the earth is but after-

birth (chorion), while thephysical birth is only a fall into the « womb ». Of

course n the ancient hellenistic and oriental worlds this view of the matter

did not stand alone without analogies (Origen, Porphyry, Seneca,Marc

Aurel, and so on). But they werenot always related o a clearly developed

cosmological ramework. It is theParaphrase ofShem hat or the irst time

made this framework clear. It describes he whole visible world as huge

female genitalsand declares ts destructionas the aim ofgnosticasceticism.

I. L'image de la matrice chez eggnostiques

On sait depuis longtemps que les textes gnostiques en general,

et en particulier les mythes du salut, sont colores d'images ou de

symboles sexuels. En principe, il en va de meme dans les ecrits

gnostiques en copte, decouvertsa Nag Hammadi en Haute Egyp-

te en 1945.Apres avoir explore res textes pour les raduire en apo-

nais1,'ai pu noter que I'image de la matrice constituait une carac-

teristique remarquableparmi les symbolessexuelsutilises dans es

textes. En resume, e theme de la «matrice » est mis en reuvre de

trois manieres differentes :

1) Au sensphysique et neutre, la matrice est e lieu de concep-

tion et de sejour du trellis.

2) La matrice serf a designer e domaine rempli de dieux, Ie Ple-

Tome (JtAtlPffi A.a),u bien ce meme domaine ainsi que Ie cosmos

visible entier; c'est Ie Dieu supreme qui est «Ie corps de la mere

de toutes choses».

3) La matrice designe 'ensemble du monde reel, qui subsisteet

se multiplie par la procreation humaine.

Pour illustrer I'usage du premier sens,on peut citer I' Apocalypse

d'Adam (NHC V /578 :18-26).Dans ce texte, Ie revelateur venant

du domaine lumineux est appele «Ie luminaire» ou «I'illumina-

teur» «j>ffi<J'ttlP).ans Ie demier tiers de ce texte (76 :8-85 32), es

1. Bibliotheque de Nag Hammadi I-Iv; ed. SasaguArai et Takashi Onuki,

Tokyo, 1997-1998 t.I = Les mythes du salut; t.II = Les evangiles; .1II =

Les homelies et les epftres; t.IV = Les apocalypses). 'anthologie editee

(T. Onuki, Les mythesgnostiques, okyo 1999)estbaseesur cesouvrages

pour grand public. Dans Ie present article, eg citations des extes de Nag

Hammadi sont generalement irees de la version ranc;aise uand elle exis-

te, et leg sourcesutilisees sont mentionnees en note. Quand il n'y a pas

encore de traduction franc;aiseou lorsque cette derniere differe sensible-

ment de la mienne relativement a mOD ujet, eg extes sont traduits litte-

ralement du japonais en franc;ais.Les differences qui ne concernentpas

directement mon sujet ne sont pas mentionnees.

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125E MONDE COMME MATRICE

treize royaumes terrestres font part de leurs hypothesesa propos

de a naissance u« luminaire ». Toutes es hypotheses ont ausses,

et il faudra attendre Ie demier, Ie quatorzieme royaume, celli de

la « race sans roi », celui des gnostiques,pour obtenir une repon-

se correcte. La matrice apparait lors de l hypothese du troisieme

royaume:

«Le troisieme royaume dit a son propos: «II est issu d une

matrice vierge. II fut rejete hoTS e sa ville, lui, avecsa mere, et

il fut emmene en un lieu desert. II se nourrit la-bas, l vint, il

rec;utgloire et puissanceet de cette maniere il vint sur reaD ,,2.

Si la demiere phrase de ce passage: « de cette maniere il vint

sur eau» designe e baptemede Jesusdans e Jourdain, a « matri-

ce vierge » designesurement a Vierge Marie. Mais une telle inter-

pretation fait encore l objet de discussions parmi les savants3.

On trouve un autre exemple du premier sens dans Ie Temoi-

gnageveritable NHC IX/3, 45 :6-23).Partageant ne certainecom-

munaute de doctrine avec les Valentiniens, la plus grande secte

gnostique chretienne, cet ouvrage les critique tres severement.

Comme on Ie vena par la suite, cet ecrit preche une ethique d un

2. Apocalypsed Adam (NH. V;5),Texte etabli et presente par F. Morard,

Quebec 1985,p. 47.

3. L expression «de cette maniere il Villi sur l eau» est repetee comme

une formule conventionnelle au erme de chacunedes hypotheses, u pre-

mier jusqu au treizieme royaume. Comme on Ie sait,A. Bohlig (Koptisch-

gnostischeApokalypsen aus CodexV von Nag Hammadi im Koptischen

Museum zu Alt-Kairo, Halle-Wittenberg 1963,p. 92) pense gIobalement

que cette expressionestmotivee par influence de la soteriologie zoroas-

trienne. Les etudes posterieures s opposentpresque outes it cette inter-

pretation. La majorite des chercheursnterprete l expressioncomme desi-

gnant Ie bapteme gnostique, ou l avenement du Messie sur l eau,

c est-a-dire Ie monde terrestre compare a «l eau tenebreuse» -et j ap-

prouve moi-meme cette derniere position. a. H.M. Schenke,Orientalis-

tische Literaturzeitung 61 (1966),p. 23-34 (en particulier p. 33); W. Beltz,

Die Adam Apokalypse aus Codex V von Nag Hammadi, Jiidische Bau-

steine in gnostischenSystemen,Berlin 1970 (Habilitationsschrift), p.l44;

G.W. MacRae, The Apocalypse of Adam, in: D.M. Parrott (ed.), Nag

Hammadi CodicesV2-5 and VI with Papyrus Berolinesis 8502,1 and 4,

Leiden 1979 NHS XI), p. 151-195 en particulier p.178); id., Apocalyp-

se of Adam, A New Translation and Introduction, in: J.H. Charlesworth

(ed.), The Old TestamentPseudepigrapha, ol. 1, New York 1983,p. 709-

719 (en particulier p. 716 n.b.). Plusieurs auteurs mettent en relation la

tradition concernant la naissancede Jesus et l hypothese du troisieme

royaume que nous traitons ici: W. Beltz, op.cit., p. 149-150;F. Morard,

op.cit., p. 107; B. Layton, The Revelation of Adam, in: id., The Gnostic

Scrivtures.New York 1987.o. 52-64 (en oarticulier 0.60).

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T. ONUKI

ascetisme xtreme. Et les expressionsdu passage ui suit montrent

sans aucun doute que la «matrice vierge» signifie la «Vierge

Marie » :

«Jean (Ie baptiste) fut engendrepar la parole au moyen d'une

femme nommee Elisabeth; et Christ fut engendre par la paro-

le au moyen d'une vierge nommee Marie. Qu'est-ce (donc) que

ce mystere,que Jean ut enfante au moyen d'une matrice usee

par Page,alors que Ie Christ traversa tine matrice vierge ?4...

Selonle deuxiemesens, a «matrice »prend un significationposi-

tive ou active. On peut imaginer que Ie Dieu supreme,ou une divi-

nile de cet ordre, est con~ucomme «matrice de toutes chases»

c'est un etre hermaphrodite et non pas eminin. Ap.Jn (11/1, 4 :29-

5 :11; III/I 7 :15-8:5; BG 27 :8-28 4), l'un des mythes gnostiques

les plus systematiques, ecrit Barbelo, comme 'emanation du Dieu

supreme, «l'ombre de l'esprit parfait et vierge»:

EIle est devenue Matrice du tout car eIle preexiste a toutes

choses,Mere-Pere, Homme primordial, Esprit saint, trois fois

male, aux trois puissances,aux trois noms, androgyne, Aion

etemel, (invisible) entre les invisibles-(images) qui est a pre-

miere a avoir surgi (11/15 :5-11)5.

Dans a Protennoia rimorphe XIII/ , 45 2-7), a revelatrice

Protennoia e eveleainsi:

Ie suis (andr)ogyne.(Ie suisune mere et) un pere. (Ie suis)avec

moi seule, puisque e suis Iie:e) vec moi seule (et run qui) m'ai-

me, andis que Ie Tout (de:bute)par moi seule;je suis a matri-

ce (qui donne Ia figure au) Tout6.

La Priere d'action de graces (VI/7) est plus a classerparmi leg

ouvrages hermetiques que gnostiques au gensstrict. Cependant,

citons uniquement saderniere partie dans aquelle ce qui estappe-

Ie «toi» represente e Dieu supreme:

«L'action de gracesde l'homme qui parvient jusqu'a toi est a

seule (chose) qui fasseque nous te connaissions.Nous t'avons

connue, () lumiere spirituelle, () vie de la vie, nous t'avons

4. Le Temoignageveritable (NH IX,3), Gnose et martyre, exte etabli et

presente par A. et J.-P. Mahe, Quebec-Louvain 1996,p. 109.

5. M. Tardieu, Livre des secretsde Jean, n: Ecrits gnostiques,Codex de

Berlin, Paris 1984,p. 93.

6. Y. Janssens, aProtennoia trimorphe (NHXIII, 1), Quebec 1978,p.39.

J'ai surajoute leg glosesentre parenthese.

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LE MONDE COMME MATRICE

connue; () sein maternel (renfermant) toute semence,nous

t'avons connu, () seinmatemel qui con~is par la nature du Pere,

nous t'avons connu. () permanenceetemelle du Pere geniteur,

voici commentnous avonsvenere a bonte : nous te demandons

(d'acceder a) un seul desir. Nous voulons etre gardes dans l.a

gnose,et l'unique sauvegardeest ce que nous voulons : ne pas

dechoir de ce genre de vie» (VI, 7,64,20-65,2)7.

De meme que dans es passageseleves precedemment, c'est Ie

Dieu supreme ou une divinite de cet ordre qui est appele « matri-

ce ».8

Voici une autre illustration du deuxieme sellSdu mot matrice :

dans a derniere generationengendreepar Ie Dieu supreme,consti-

tuee de dieux de rang inferieur"..Ja ubstancedivine devient pri-

soulliere de Ia chair en tombantdu Plerome vers Ie monde infe-

rieur. Cette substance se nomme 1'« ame» (\jIUXtl) et sa partie

feminine I'exprime comme «matrice ». L' Exegese e ['ame (NHC

11/6)commence ainsi:

Les sagesavant nous denomme-rent 'ame d'un nom feminin.

Par sa nature aussi,elle est reellement femme: elle a m~me sa

matrice (127 19-22)9.

Au debut cette ame etait vierge et androgyne aupres du PeTe.

Mais elle tomba dans un corps humain. Alors elle tomba aux mains

de nombreux brigands, et des nsolents se a passerentde main en

main. Elle rut souillee et perdit savirginite. Elk seprostitua. Quel

salut peut-il y avoir pour cette ame? Sur ce politi I' Exegese e 'ame

dit encore:

Aussi longtemps donc que I'ame court ~a et la, s'unissanta qui

elle rencontre, se souillant, elle est soumise a la souffrance de

ce qu'elle merite de subir; mais si elle per~oit leg souffrances

dans esquelleselle est,qu'elle pleure (tournee) veTSe PeTeet

qu'elle se repente, alors Ie PeTe ui fera misericorde; it detour-

nera sa matrice des realites exterieures et de nouveau a tour-

nera a I'interieur; I'ame recouvrera sa disposition propre. Car

il n'en va pas (de I'ame) comme des femmes; leg matrices cor-

J.-P. Mahe, Hermes en Haute-Egypte, Les texteshermetiquesde Nag

Hammadi et leurs paralleles grecs et latins, . I, Quebec 1978,p. 164-166.8.

Le mot «matrice », restitue par la conjecture, se trouve dans I' Evangi-

Ie des Egyptiens (IV, 79,22). Mais il Teste ncertain. Voir A. Bohling -

F. Wisse,Nag Hammadi Codices III, 2 and IV, 2: The Gospel of he Egyp-

tians,Leiden 1975 NHS IV), p. 159.9.

J.-M. Sevrin, L'Exegese de l'Ame (~ II, 6), Quebec 1983, p. 63.

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T. ONUKI

porelles en effet sont a l interieur du corps comme les autres

entrailles tandis que la matrice de l ame est tournee vcrs l ex-

terieur tout comme es organesvirus sont a l exterieur (131 :13-

27)1°.

Ici la matrice est symbole de feminite. La conversion interieure

de l ame s exprime a l aide d une metaphore difficile a imaginer

lorsque la matrice se tourne veTS exterieur.

A ma connaissance, Ie reperage que nous venons de faire a reper-

torie tous leg passages oula matrice est utilisee dans son premier

gens, physique et neutre, ainsi que dans Ie second gens, positif et

actif. Mais c est Ie troisieme gens de matrice qui est Ie plus fre-

quemment utilise, celui qui sert a exprimer metaphoriquement Ie

renoncement au desir charnel ainsi qu a la totalite du monde reel.

Comme on Ie verra ulterieurement, cette metaphore traversant

differents mythes et textes est consideree comme un element

mythique ayant survecu au COUTSe l histoire des differentes sectes.

Mon propos est de reconstituer cette tradition d apres leg temoins,

d analyser l opposition entre ascetisme et concept sexuel de la natu-

re, presents simultanement dans cette tradition.

II. Le monde commematrice

1. La mort charneUeon I evasion de la matrice

Nous retrouvons Ie casde la « matrice » ayant desrapports avec

Ie desir charneldans e Temoignage eritablementionne plus haut :

Mais Ie Fils d Hom(me est sor)ti de l Incorruptibilite(etant)

etranger a la souillure. Il est venu (vers Ie) monde, (au -dessus

du (fleu)ve Jourdain: et (a)ussitot Ie Jour(da)in (retourna) en

arriere. (Or) J(ea)n rendit temoignage a la (des)cen(t)e de

Jesus.Car c est ui (seu)l qui (v i( t) la pu(issance)qui etait des-

cendue sur Ie fleuve Jourd( a)in ; it reconnut, en effet, qu it etait

accompli, Ie regne de l engendrement de chair. Or Ie fleuve

Jourdain, c est a puissancedu corps,c est-a-dire es sensations

des plaisirs, et l eau du Jourdain, c est Ie desir du colt et Jean,

c est l Archonte de la Matrice (30 18-31 5)11.

Le Temoignage eritable efuse fermement e baptemepar I eau,

Ie considerant comme une souillure (69:8-70:30). Ceia s enonce

10. J.-M. Sevrin, op.cit., p. 71.

11.A. et J.-P.Mahe, Le Temoignageveritable,op. cit.,p. 79-81

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E MONDE COMME MATRICE

par la phrase «l'eau du Jourdain, c'est Ie desir sexuel». L'appari-

tion du vrai revelateur, Ie fils d'homme (Jesus) ait remonter cette

eau en arriere et donc constitue un evenement permettant de

depasser e desir sexuel. En revanche, Jean-Baptiste qui baptisa

Jesus (voir Mc 1.9) est denature, transforme en «Archonte de la

matrice » et dedaigne.

Examinons maintenant Ie cas 0\:1a matrice est comparee au

corps en train de pourrir. La mort charnelle est e moment de libe-

ration definitive de la substancedivine dans 'homme, hors de la

force charnelle -desir sexuel nclus; cette liberation est appelee

allegoriquement Ie moment de la vraie naissance.

Le Traitesur fa Resurrection NHC 1/4), est 'epitre d'un maitre

a Rheginos qui cherche a verite. La redaction de ce texte date de

la secondemoitie du lIe s. Sans aire de distinction entre « ortho-

doxie» et« heresie », 'auteur anonyme y exprime les opinions des

chretiens gnostiques sur a resurrection, sujet de polemique parmi

les chretienset non-chretiens.Apres avoir discutede la nature divi-

ne et humaine de Jesus christologie), et egalementde la fin et de

la resurrection spirituelle (soteriologie, eschatologie), l parle du

monde comme illusion, et du destin charnel des croyants comme

suit:

Aussi ne doute pas de la resurrection, moo fils Rheginos. En

eifel, si tu n'as pas (pre)existedans a chair, u a pris chair,quand

tu es venu en ce monde, pourquoi ne prendras-tu pas chair,

quand tu monteras dans cet Eon (= divin transcendant ? Ce

qui est destine a la chair est pour elle causede la Vie. Ce qui

vient a l'etre pour toi n'est-il pas tien? Ce qui est ien n'existe-

t-il pas avec oi? Mais etant ici-bas,de quoi es-tuprive? (= c'est

la resurrection au vrai sens).Mais c'est ce que tu as cherche a

apprendre: l'arriere-faix «<XWpLOV»)u corps,c'est a vieilles-

se et tu escorruption Tu en as 'obsolescencepour profit. En

eifel, tu n'abandonneras pas Ie meilleur (= la sagesse), uand

tu partiras. Le pire (= la chair) subit la diminution, mills c'est

grace pour lui (47 :1-24)12.

Le passagede ce texte est ires difficile a traduire et a com-

prendre. Cependant l apparait assez lairement que l'auteur com-

prenait la resurrection de la meme fa~on que les gnostiques «la

meilleure part » de l'humain, a savoir a partie essentielle la sages-

se) re~oit a chair pour la premiere fois a a naissanceen ce monde.

Le fait d'etre parvenu a la vieillesse et enfin a la mort -Ie retour

12. J.-E. Menard, Le Traite sur La Resurrection (NH 1,4), Quebec 1983,

p. 51. J'ai surajoute les glosesentre parentheses.

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a l Eon etemel, en laissant la chair sur la terre -constitue «la vraie

resurrection ». Dans ce passage, l auteur essaie egalement de

resoudre un autre probleme, celui du destin de la chair reelle apres

la resurrection. La reponse de l auteur peut s interpreter de deux

fa~ons:

1) Ceux qui atteignent la vraie resurrection re~oivent une nou-

velle chair, differente de la chair materielle et terrestre. Ce qui est

exprime par: «yourquoi ne prendras-tu pas chair, quand tu mon-

teras dans cet Eon? »

2) Parvenue a la vieillesse, la chair epuisee qui Teste apres la

mort n est qu un« arriere-faix» «<XWPLOV» une petite place) et

son destin final est la destruction.

Ce deuxieme point est particulierement important pour Ie sujet

de noire etude. Pourquoi Ie corps parvenu a la vieillesse, epuise et

maintenant Teste sur la terre est-it appele« l arriere-faix»?« Arrie-

re-faix », en effet, traduit Ie mot grec« XWpLOV. C est au gens strict

la membrane amniotique mince et resistante qui selon leg gyne-

cologues, sort souvent du corps matemel avec enfant.1l taut qu el -

Ie se dechire pour que Ie fretus commence a respirer, sinon il est

necessaire de la dechirer artificiellement. C est cette membrane et

Ie placenta que l on appelle la delivre. L auteur du Traite sur la

Resurrection utilise l arriere-faix comme metaphore du cadavre.

Bien que cela semble paradoxal au premier abord, c est coherent

du point de vue gnostique comme on l a deja vu, pour lequella

mort chamelle est Ie moment de «la resurrection », donc de «la

vraie naissance » pour la partie essentielle de I homme.

Si l on considere Ie corps ayant vecu dans Ie monde reel sur terre

comme un arriere-faix, Ie monde reel sera logiquement la matri-

ce, la place oula mere con~oit l enfant et Ie nourrit. La vie ter-

restre de l humain equivaut ala periode du fretus dans la matrice.

Bien que Ie Traite sur la Resurrection ne l affirme pas, il ne fait

aucun doute que l auteur Ie sous-entend.

2. La naissancehamelle,ou a chutede a matrice

Ce que Ie Traite sur la Resurrectionsous-entendait omme pre-

misse, a Paraphrasede Sem (NHC VII/1) l affirme. C est un des

textes dont la teneur est a plus difficile a saisir. II est tout entier

consacrea l interpretation allegorique de Gn 1 :1 du point de vue

des gnostiques,qui ont leurs propres conceptions du cosmoset de

la nature. « La grande umiere » est situee en haut, en bas estsitue

«Ie chaos» (appele aussi« eg tenebres », «l eau terrible»), et au

milieu 1 «esprit inengendre» (ou en abrege «l esprit», 1 :18-32).

Le noUs «< intellect », ou «la lumiere souillee »), de meme natu-

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131E MONDE COMME MATRICE

re que «l'esprit inengendre» du milieu, Testemele au «chaos»

(4 :27-5 21; 2210-23 8). Pourquoi et comment cette disposition en

trois niveaux? Et en particulier pourquoi Ie «nous» vient -il se

meler au « chaos» d'en bas? Le texte ne l'explique pas. Le mythe

debute en comportant comme premissemajeure cette structure en

trois niveaux; quant au terme «nature » (Ie nom feminin cjYtJa~),

il connote toujours un sensnegatif; il est meme souvent (85 fois)

mis au meme rang que «chaos» dans certains passages, u pire,

comme la partie inferieure au chaos dans un autre passage.

Plus tard, «Moi », a savoir Derdekeas qui est «Ie fils» de «la

lumiere sans in ni souillure » apparait pour liberer et recuperer e

«noUs» ou la« lumiere », melee au chaos et a l'esprit inengendfe.

Celie apparition est relatee par Derdekeas dans ce passage:

Moi, je me manifestai. C'est (moi), Ie Fils de la Lumiere

immaculee, nfinie. Je me manifestai sous l'aspect de l'Esprit.

Je sills, en effet, Ie rayon de la Lumiere universelle et sa mani-

festation. Cela (arriva) afin que l'Intellect (noils = la sagesse)

de l'Obscur ne demeuratpas dans 'Hades. Car l'Obscur s'etait

assimile a son Intellect (noils) dans une partie des membres.

Moi, <> em, orsque <j'>apparus sous l'aspectde l'Esprit) afin

que l'Obscur n'obscurcit que lui seul, selon la volonte de la

Grandeur, (et) pour que l'Obscur devint inoperant a partir de

toute forme de la Puissancequ'il possedait, 'Intellect (noils)

tira d'entre l'Obscur et l'Eau Ie Feu agite -celui-ci etait recou-

vert d'eau. Puis, hoTS e l'Obscur, l'Eau devint un nuage, et a

partir du nuage a Matrice prit forme. Le Feu agite s'y rendit:

il etait errance (3tMvT]).

Or, lorsque l'Obscur vit la (Matrice), il devint impur. Et une

fois qu'il eut agite (-capaooELv)'eau, il frotta la Matrice ( tl-

-cpa). Son intellect (noils) s'ecoula dans eg profondeurs de la

nature «jnJov;); l semelangeaa la Puissance e l'amertume de

l'Obscur, et l'reil de la (Puissance) reva dans a perversite, en

sorte que (celle-ci) ne put plus engendrer 'Intellect (noils), car

lui, il etait semencedonnee de la nature «jnJov;), ssude la raci-

ne obscure.

Quand donc la Nature eut re~u en elle l'Intellect (noils) issu

de la puissance obscure, outes leg formes apparurent en son

sein. Cependant,une fois que l'Obscur eut engendre 'image de

l'Intellect (noils), ce dernier s'assimila a l'Esprit. De fait, la

Nature «jnJov;)entreprit de Ie pousser elle n' en put trouver Ie

moyen, parce qu'elle n'avait pas de forme issue de l'Obscur.

Elle Ie con~ut donc dans Ie nuage. Alors Ie nuage s'illumina:

un Intellect (noils) s'y manifestaa la maniere d'un feu terrifiant,

nuisible ( 3AWtocELV),t il s'entrechoqua avec l'Esprit inengen-

dre, puisqu'il avait une similitude issuede lui. Afin que a N atu-

re «jnJov;) e trouvat videe du Feu agite, alors a Nature sedivi-

sa aussit<>ten quatre parties; elles devinrent des nuages

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d aspectsdifferents. on Ies appeia Hymen, Chorion (= arriere-

faix), Puissance,Eau. Or rHymen et Ie Chorion ainsi que Ia

Puissanceetaient des feux agites (4 :1-5 :30)13.

Cette description est difficile a comprendre selon la logique. On

peut accepter l explication du mythe gnostique comme la traduc-

tion en langage psychanalytique d une experience psychologique.

Mais si l on n examine pas trap leg connexions dans Ie detail, il est

alors clair que ce mythe compare leg mondes inferieurs jusqu au

chaos ainsi que Ie domaine de la nature (IjYIJOLc;)on pas seulement

ala matrice, mills a l ensemble des organes sexuels feminins comme

Ie montre la demiere partie du passage cite~ A part Ie monde de

la grande lumiere ou Ie domaine divin trans~endant, Ie monde au-

dessous du monde intermediaire et l ensemble de la nature visible

soot consideres comme l image d un enormeappareil genital femi-

Din. C est la raison pour laquelle on discute du« concept sexuel de

la nature » chez leg gnostiques14.

Par l apparition de «Moi Derdekeas », une partie de «l esprit

inengendre » remonte du monde intermediaire veTS e haut, veTS

Ie monde lumineux. Mais afin que leg Testesde la « umiere » entra-

ves dans Ie «chaos» et leg «tenebres» d en bas soient recuperes,

« Ie fils » Derdekeas appelle d abord la « matrice » qui est plongee

dans «l eau terrible ».

Voici pourquoi je me suis manifeste afin de saisir ine occasion

de descendreau ond du Tartare, usqu a la lumiere de l Esprit,

qui etait alourdie, pour la preserver de la malice du fardeau.

13. M. Roberge, La Paraphrase de Sem (NH VII, 1), Quebec-Louvain

2000, p. 125-127. J ai surajoute les mots grecs. L ouvrage de M. Roberge

est sorti pendant mes conferences a l Ecole pratique des hautes etudes.

Je n ai donc pas encore examine ses travaux dans cet article. Je me pro-

mets de Ie discuter un jour d une maniere concrete.

14. L hymen et l arriere-faix laissent perplexe K. M. Fischer:« Bei diesen

beiden Begriffen hat der Ubersetzer seine besondere Not. Entweder man

laBt sie uniibersetzt stehen, abeT weT versteht sie dann, oder man iiber-

setzt sie ganz korrekt und das wirkt dann ganz komisch. Von einer Wolke

des Jungfrauhautchens zu sprechen, wirkt lacherlich. Fiir XWptOVgibt es

nicht einmal ganz genau passendes Wort, denn in diesem Falle muB es die

den Fotus umhiillende Fruchtblase sein, einige iibersetzen es darum mil

Nachgeburt, weil sie ja nach der Geburt ausgestoBen wird, abeT das ware

gerade bier fehl am Platz. Es ist iiberhaupt sehr schwierig, diese Begriffe

in Beziehung mil Wolkenspharen zu bringen, andrerseits mochte man die

gewollte sexuel1e Metaphorik nicht zerstoren. » (Die Paraphrase des Seem,

in: M. Krause (ed.), Essays on the Nag Hammadi texts in honour of Paphor

Labib, Leiden 1975, p. 255-267 (en particulier p. 262 n. 1) Notre inter-

pretation dissipe cette perplexite.

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133E MONDE COMME MATRICE

Grace, donc, au regard (de l Esprit) veTSa position obscure, a

Lumiere de nouveau remonta, afin que la Matrice derechef

remontat de I eau.Elle remonta par mavolante ; sournoisement

l reil s ouvrit. Alors se eposa a lumiere qui s etait revelee dans

Ie Milieu, qui s etait separeede l Etonnement. Elle irradia (la

MatTice)et a MatTice vit ceux qu elle n avait pas vus. Aussi, se

rejouit-elle, jubilant dans a Lumiere, bien que ne rot pas a elle

ce qui etait apparu dans Ie Milieu, dans sa malice, orsque (la

Lumiere) l avait irradiee. La MatTice, donc, vit ceux qu elle

n avait pas YUS. uis elle fut entrainee dans eau. Elle pensait

qu elle avail obtenu a puissance umineuse.Mais elle ne savait

pas que sa racine etait inoperante par l effet de l image de la

Lumiere etqu elle (etait) celie veTS ui (la Lumiere) etait accou-

rue (15 :28-16 23)15.

Entin «Moi Derdekeas » descend vers a matrice et revet « a

bete ».

AlOTS,moi, par la volonte de la Grandeur, e me depouillai de

mon vetement, lumineux. Je revetis un autre vetement, igne

( et) sans orme, issude 1 Intellect de la Puissance, ui avait ete

separe et prepare pour moi, selon ma volonte, dans Ie Milieu,

car Ie Milieu l enveloppait d une puissanceobscure. Pour aller

Ie revetir, e descendisdans e chaos,afin d en delivrer toute la

Lurniere. C est que, sans a Puissanceobscure, e n aurais pu

combattre la Nature. Une fois que je ius entre dans a Nature,

elle ne put supporter ma puissance.Mais je me reposai sur son

reil qui regardait fixement. C etait une urniere emaneede l Es-

prit. En effet, elle avait ete preparee pour moi comme vetement

et comme repos par l Esprit. A cause de moi, elle ouvrit ses

yeux en bas veTSHades et elle accordaa a Nature sa voix pour

un temps. Or mon vetement igne, selon a volonte de la Gran-

deur, descenditveTS elui qui est puissantet veTSa partie impu-

re de la Nature, celIe que a Puissance bscureenveloppait.Puis

mon vetement frotta la Nature de son etoffe, et sa feminite

impure devint puissante.Et la Matrice, ardente,monta. Elle fit

que l Intellect, a la maniere d une forme de poisson,devint sec,

ayant en lui une goutte ignee et une puissance gnee. Mais une

fois que a Nature eut expulse Intellect hOTS elle, elle se rou-

bla et pleura. Quand ellefut dans a douleur et dans es larmes,

elle expulsa hors d elle la puissancede l Esprit, puis elle se tint

silencieuse,pareillement a moi. Je revetis a lumiere de l Esprit

et me reposai avec mon vetement a la vue du poisson. Et afin

que fussentcondamnees Onuki: brisees) es reuvresde a Natu-

re, car elle est aveugle,de nombreuses ormes de betes sorti-

rent d elle, conformement au nombre desvents en mouvement.

15. Trad. M. Roberge, op.cit.,p.147-149.

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134

T. ONUKI

Elles vinrent toutes a l existence dans I Hades, cherchant la

lumiere de l Intellect qui procure la forme. EIles furent inca-

pables de se dressercantle eIle. Ie me rejouis de leur ignoran-

ce. EIles me trouverent , moi, Fils de la Grandeur, face a la

Matrice polymorphe. Ie revetis la Bete et adressai 8 la Matri-

ce) une grande demande: qu eIle fit veniTa l existence un ciel

et une terre, afin que s elevat toute la lumiere. Car la puissan-

ce de l Esprit n aurait pu d une autre maniere etre delivree du

lien si e ne m etais manifeste a eIle dans une figure de bete

(18 :1-19 35)16.

Ce passage rappelle Ie mythe manicheen de la Genese, puisque

la Creation de toutes choses est un moyen ultime de recuperer les

Testes de la lumiere, prisonniers du chaos. En outre, il se passe la

meme chose qu au moment ou, la recuperation de la lumiere etant

accomplie, Ie chaos (la nature, (jYl)(JI,t;;)entre dans la « masse tene-

breuse ». Cependant ce qui est interessant ici, c est l expression

«je revets la bete» ou «la forme de bete ». Qu est-ce que cette

bete? Bien qu en surface, Ie texte cite denote les animaux Des de

la nature, on pent inclure aussi les hommes. Cette meme expres-

sion «la bete» est en effet l une des metaphores de la «chair

humaine ». On la rencontre a plusieurs reprises dans les textes de

Nag Hammadi, notamment dans Ie Livre de Thomas l Athlete

(NHC 11/7). Examinons-en seulement un passage a titre

d exemple:

«Le Sauveur dit : Tous Ies corps (...) des betes,puisqu engen-

dres (...)...(139 :6) car Ie corps est bestial; de meme,donc que

chez esbetes e corps perit, de meme cesmodelesperiront. Est-

ce qu il ne provient pas d un accouplement comme celui des

betes? S il en provient aussi,comment engendrerait-il queIque

chose de different d elIes? C est pourquoi donc VallSetes des

petitsjusqu ace que vous deveniezparfaits» (138 39-139 12)17.

«Moi Derdekeas» descendveTSa matrice,« revet la bete », ou

la chair, « devant a matrice ». D apres son role dans Ie my he, ce

Derdekeas est evidemmentqualifie de« pro-revelateur ». Dans es

mythes gnostiques en general, orsque Ie pro-revelateur est uste-

ment un prototype humain qui va bientot naitre et se dispersersur

la terre, cela pent designeraussi a naissance hamelle deshommes

ordinaires. Le fretus sort de la matrice de samere et nail au monde

exterieur. Selon e concept sexueldela nature chez es gnostiques,

16.Trad.M. Roberge, p.cit., .153-155.

17. R. Kuntzrnann, Le Livre de Thomas l Athlete (NH 11,7), Quebec 1986,

p.29.

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135

LE MONDE COMME MATRICE

cela

revient a dire qu il« revet la bete» en chutant dans e mondeappele

« matrice ». Cette idee concorde parfaitement avec a pre-cedente

qui considere a mort physique de la chair comme une eva-

sion de la «matrice », comme Ie moment de la vraie naissance.

La Paraphrasede Semne se contente pas d utiliser la metapho-re

de l appareil genital feminin, mais elle introduit aussicelIe dumale

et developpe longuement la Genese.

Or les vents, qui sont de nature demoniaque, ssusde l Eau, du

Feu, de l Obscur etde la Lumiere, s unirent en vue de leur per-dition.

Et par cette union, les vents re~urent dans leur matriceune

ecume sortie de la verge des demons et ils con~urent dans

leur matrice une puissance par l inspiration. Les matrices desvents

se serrerent es unes contre les autres usqu a ce qu arri-

vent les temps de l enfantement. Les vents descendirent dans

l eau (23 :9-21)18.

Dans Ia Paraphrasede Sem, e processusentier de Ia creation dumonde

terrestre est symbolise d un point de vue macroscopique

par I image du rapport sexuel.

3.

Conseqnenceratiqne:

I ascetisme visant a provoqoer la mine do monde

Du point de vue psychopathologique ou psychanalytique, Ie

concept sexuelde la nature chez eg gnostiquesa ete l occasion de

nombreux debats. Cependantce qui importe pour notre sujet,c estla

realite historique qu un tel concept sexuela entrainee tres pra-

tiquement a l interieur et a l exterieur de l Eglise ancienne: elle amotive

l abstinence sexuelle, Ie celibat durant la vie entiere.

Apres avoir acheve explication theorique sur la resurrection,

l auteurdu Traitesur la Resurrectiondonne des nstructions au des-tinataire

Rheginos et lui demande de mener une vie disciplinee

par l entrainement convenable:

« Aussi, ne va pas penser partiellement, () Rheginos, ni teconduire

selon cette chair au nom de l unite, mais degage-toides

divisions et des liens (de la chair), et deja tu possedes aResurrection.

Car, si celui qui mourra sait a son sujet qu il mour-ra

-me-me s il passe beaucoup d annees en cette vie, elles l y

conduisent -pourquoi toi, ne vois-tu pas a ton sujet que tu es

ressuscite,et elles t y conduisent,puisque tu possedesa Resur-

L8.Trad. M. Roberge, op.cit., p. 163.

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ONUKI

rection? Mais tu es la, comme si tu devais mourir, alors que

celui-la, il sait qu'il est mort. Pourquoi done negligerais-je ton

manque d'education? II convient a chacunde pratiq'ller l'asce-

se de plusieurs a~ns et elles e delivreront de cet element,pour

qu'il ne soit pas dans l'erreur, mills qu'il se re<;oivede nouveau

tel qu'il etait d'abord (49 :9-36)19.

Le contenu de ces exercices ascetiqueset pratiques est affirme

explicitement comme ascese ans e Temoignage eritablecite plus

haut. Comme on l'a deja mentionne, la relation de ce texte avec

leg Valentiniens est ambigue. Une hypotheseconvaincantea mon-

tre que l'auteur de ce texte etait originalement un Valentinien qui

aurait quitte Ie groupe suite a un desaccorda propos de leur mora-

le ascetique20. la suite de sa defection, il aurait refute d'une part

toutes leg sectes gnostiques, et il aurait d'autre part critique de

fa~on incisive l'Eglise orthodoxe. Ce texte representerait sa cri-

tique.

Pour lui, me-meJean-Baptiste, decrit comme ascete dans leg

Synoptiques du Nouveau Testament, n'est pas autre chose qu'« un

archonte de la matrice ». Et plus encore l'Eglise orthodoxe qui

accepte e mariage, eg rapports sexuelset a procreation, engendre

de nombreux martyrs qui se contentent de «paroles », mais dont

Ie renoncement aux valeurs de ce monde est ndecis. D'apres cet

auteur, ceux qui evitent leg bavardageset leg discussions nutiles,

qui vivent toute une vie d'abstinence sexuelle et donc de celibat,

soot leg vrais « martyrs », eg vrais renon~ants au monde.

C(ert)ains, quand ils entrent dans a foi, (re~oivent u)n bapte-

me comme s'ils avai(e)nt la une esperancede salu(t, ce) qu'ils

appellent (e sceau), ...Mais autre chose est e bapte(me) de la

Verite: c'est parrenonce(m)ent (aumo)nde qu'onle trouve, (et

ceux qui) disent de langue s(eulement qu'ils) y renoncent (sont

des menteurs), et ils sont voues a d(e)scendre (au lieu) d'epou-

vante; plus encore,a y etre couverts de honte. Comme ceux qui

leu( r) ont donne (ce bapteme) pour leur propre condamnation,

pu(issent-ils) recevoir (la meme)chose (69 :7-31)21.

...luttant contre d(es p)enseesdes Archontes, d(es A)utorites

et des Demons,sans eur avoir aisse e lieu oil se eposer; (mai)s

il (a) combattu leurs passions .. .), il (a) condamne eur erreur,

19. Trad. I.-E. Menard, op.cit., p. 57.

20. Voir: B.A. Pearson S. Giversen, The Testimony f Truth, n : B. Pear-

son (ed.), Nag Hammadi Codices IX and X, Leiden 1981 (NHS XV), p.

116-120;A. et I.-P. Mahe, Le Temoignageveritable,op. cit., p. 23-26,73.

21. Trad. A. et I.-P. Mahe, id., p. 139-141.

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E MONDE COMME MATRICE

il a purifie son Arnedesmanquementsqu il a commisd une main

etrangere, l s est emis debout, redresseen ui-meme...11 com-

men~a a garder Ie silence en lui-meme jusqu au jour oil il

deviendraitdigne d etre ravi la-haut,rejetant oin de lui Ie bavar-

dage et disputes, endurant tout Ie lieu, supportant et prenant

en patience tollS es maux (42 :23-44 13)22.

Or celui qui (a) Ia capacite (de re)noncer a res choses (= I ar-

gent et Ies rapports sexuels),se reveI(e iss)u de la generation

du F(ils de l Hom)me, car it a la (force de) Ie(s a)ccuser. ..et,

s etant r)etire (...), it s est (u), ayantabandonne e ba(var)dage

et Ies disputes.Mais celui (qui a) trouve Ie (Verbe qui fait vivre

et q)ui a connu (Ie PeTede Ia Verite a obtenu Ie re)pos; il a

cessede cher(cher), puisqu il a (trouve) (68 8-69 4)23.

Au premier abord, cette ascese exuelle ressemble au quietis-

me, mais parmi les sectesdites ascetiques,c est a plus extremiste.

Cette ascese ise a detruire visiblement « e monde comme matri-

ce» en empechant a procreation chamelle. En ce sens, l n y a pas

d acte plus extreme que cette ascese exuelle,poursuivie toute la

vie, par la renonciation au bavardageet a a discussionnutile; c est

Ie martyre meme.

La Bibliotheque de Nag Hammadi ne contient pas exclusive-

ment ce type de textes provenant de sectesagressivesqui consi-

deTent ascesecomme devant entrainer a destruction du« monde

comme matrice ». 11 a certainessectesqui ne sont pas agressives

et qui comportent cependant ce caractere d abstinence sexuelle,

manifeste par un celibat permanent. Le Livre de Thomas Athle-

te, par exemple, appelle la chair «la bete », comme nous l avons

vu plus haut, mais il est etranger a l idee d une ascese is ant ala

destruction du monde24. e mouvementmonastique de Pachome,

collectionneur supposeainsi que fabriquant de la bibliotheque de

Nag Hammadi, ne preche pas non plus un ascetismedestructeur

du monde, mais au contraire un ascetismequi a l intention de Ie

sauver.Plus avant, essaierai de classer es ascetismes e la fin de

I Antiquite en plusieurs types, conformement aux documents

contemporainset geographiquement rochesde la bibliotheque de

Nag Hammadi; les ypes d ascese erontmis au clair par res memes

documents.Mais cherchonsmaintenant s il existe ou comment se

22. Ibid., p.103-107.

23. Ibid., p.137-139.

24. Selon e commentaire de SasaguArai sur Ie Livre de Thomas Athle-

te (en particulier p. 380-381, n: Bibliotheque de Nag Hammadi /II -les

homelieset es epitres (en japonais), a majorite des auteurs releve, parmi

les differents ascetismes,a similitude avec l Acte de Thomas.

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138

ONUKI

presente un cas deologiquementsemblablea celie representation

du monde comme matrice dans a culture orientale et dans An-

tiquite mediterraneenne.

III. Autres exemplesde la representationdu monde

commematrice dans histoire de la philosophie

Commen~onspar enoncer a conclusionde cette section: la des-

cription de l ensemble du cosmosvisible par la matrice ou par les

organes sexuels eminins n est pas attestee dans a culture orien-

tale ou mediterraneenne ancienne.Cette litterature fournit nean-

moins deux expressionsproches de cette representation:

1) La comparaisonde la relation entre la chair et l ame humai-

ne avec celle du fretus et de l arriere-faix.

2) La comparaisonde la vie avec a periode fretale, et de la mort

charnelle avec evasion du fretus,c est-a-dire de l ame, qui quitte

la matrice c est-a-dire a chair.

Comme exemplede a premiere representation,prenonsd abord

Ie Contre Celsed Origene. Celse etait un medio-platonicien de la

secondemoitie du lIe s., connu comme l auteur de l Enseignement

veritable (178-180), a premiere reuvre a fournir une critique glO-

bale et philosophique du christianisme. Origene (t 253/54), s ap-

puyant sur a foi chretienne, a refute dans son ivre. Selon e livre

IV, 74, Celse critique la foi chretienne en la Genese biblique,

denon~ant son caractere humaniste. II essaiede montrer que la

« production de toutes chosesconcerne es humains ainsi que les

animaux defines de raison ». Pour refuter cela, Origene prouve

l absenced humanismechezCelse,mais presentchezsesamisstol-

ciens, fort utiles pour sa critique. De plus Origene conclut que

Celse est njuste, puisque Ie dogme stolcien ainsi que la foi en la

Genesebiblique considerent que l economie divine s exerce us-

qu aux animauxdefinesde raison, depassant insi a limite de hu-

main et donc des etres raisonnables.Dans ce passage, l mention-

ne l opinion stolcienne

Car ceux-ci placent a bon droit l homme et en general, a natu-

re raisonnable, au-dessusde tous les etres sans raison, disant

que la Providence a fait toutes chosesprincipalement pour Ie

bien de la nature raisonnable qui sont es creaturesprincipales

jouent Ie role des enfants mis au monde, es etres sans aison et

inanimes, celui du placenta cree avec l embryon (IV,74, )25.

25. Trad. M. Borret, Contre Celse,Paris 1982. .lI. D. 369.

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139E MONDE COMME MATRICE

Le secondexemple se rouve au ivre VII, 32de la meme reuvre.

Origene y expose sa propre theorie sur a chair et la resurrection

contre la critique de Celse pour qui la foi chretienne en la resur-

rection provient d'une meprise au sujet du systeme grec de la

metempsychose-transmigration e l'ame.

Ce n'est pas,comme Ie croit Celse,pour avoir compris de tra-

vers a doctrine de a metensomatose ue nousparlons de resur-

rection; c'estparce que noussayansque l'fune, qui par sapropre

nature est ncorporelle et invisible, a besoin, orsqu'elle se rou-

ve dans un lieu corporel quelconque d'un corps approprie par

sa nature a ce lieu. Ce corps, elle Ie porte d'abord apres avoir

quitte Ie vetement autrefois necessairemais superflu pour un

secondetat,ensuiteapres Pavoir revetu au-dessus e celui qu'el-

Ie avait d'abord, parce qu'elle a besoin d'un vetement meilleur

pour parvenir aux regions plus pures,etherees et celestes.Elle

a quitte, en naissant au monde, Ie placenta qui etait utile a sa

formation dans e sell de sa mere tant qu'elle y etait; elle a reve-

tu sous lui ce qui etait necessairea un etre qui allait vivre sur

terre (VII,32,Y6.

D'apres ce dit d'Origene, l'arriere-faix n'est pas, a strictement

parler, une parabole de la chair humaine. C'est un lieu oil l'ame,

Ie fretus revet la chair, Ie necessairea la vie terrestre27.Mais dans

Ie meme temps, Origene ne considere negativement ni la chair ni

la matrice qui la nourrit; it ne leg nie pas non plus. Pour lui, l'ame

de chaque homme est une existencedivine alteree (par la refrige-

ration); elle doit donc recouvrer son etat originel. En outre, la chair

n'est pas purement et simplement mauvaise.Elle fait partie inte-

grante du grand cycle. En revanche, l est bien entendu que ni la

chair, ni ses desirs ne sont admissiblescomme tels. La chair doit

etre transformee ( E'taf'JoAtl). ette necessaire ransformation est

mentionnee au milieu du passageque nons venons de citer : « Sur

ce qui couvre Ie corps usqu'a maintenant, it mettra un meilleur

vetement, necessairepour habiter a la place celeste doni l'air est

pur et limpide.» C'est« la resurrection charnelle» dit Origene. Le

point de vue adopte concernant a doctrine de a resurrection selon

la foi orthodoxe, comme dit Celse,pent etre qualifie de« rechauf-

fe chretien» de la doctrine grecque sur la metempsychose-trans-

26. Id., Paris 1969, . IV; p. 87.

27. Le mot grec XWpLOV,ui designe «l'arriere-faix» comme on l'a deja

mentionne, signifie d'abord «petite place ». II est donc utilise ici au sellS

litteral.

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T. ONUKI

migration. Pourtant Origene maintient sa propre position et refu-

se de ceder a Celse.

Le troisieme exemple se trouve dans a Lettre a Marcella (vers

300) de Porphyre (cs. 232-305), un neoplatonicien issu du meme

lignagephilosophique que Celse.La destinataire,Marcella, estune

femme avec qui Porphyre s est marie veTS 0 aDs.On ne connait

pas age de Marcella a son mariage. Mais cette femme, qui avait

deja sept enfants, etait malade et sans ortune particuliere. Mal-

gre toutes egobjectionset egcalomnies,Porphyre parvient a epou-

seTMarcella, la veuve de son ami, pour l aider a elever sesenfants,

pour la proteger de la famille despotique de son mari dece:de, t

aussipour lui enseigner a philosophie. Apres dix mois de maria-

ge, etant paTti pour affaires et l ayant laisseeseule, illui envoya

une lettre oil illui conseille de continuer a se familiariser avec a

philosophie pendant son absence.Tel est e contenu de la Lettre a

Marcella. Apres la description des peripeties qui ant precede eur

mariage, de la raison pour laquelle il ne lui a pas permis de l ac-

compagner, et de la promessedu retour au pays (chap. 1-4), illui

rappelle que sa condition de femme actuellementsepareeest une

belle occasion d apprendre la vie philosophique (chap. 5-11) a

l exemple des sagesqui incament cet ideal de la vie philosophique

et a la difference des sots (chap. 12-24). Illui explique enfin la

necessitepour l ame d apprendre la relation juste avec a chair, a

partir de la loi de la nature et de sa relation avec e domaine ntel-

lectuel superieur de la loi diVine (chap. 25-34). Dans la derniere

partie, Porphyre evoque la raison de leur mariage :

« Que tu sois de sexe masculin ou feminin, ne te preoccupepas

du corps, ne te regarde pas comme une femme, puisque moi

non plus e ne t ai pas remarquee comme telle; fuis, dans ton

arne, e qui est effemin6,comme si tu avais revetu un corpsviril.

Car c est d une arne virginale et d un intellect vierge que les

produits sont es mieux venus» (chap. 33)28.

Dans un tel contexted amourplatonique, e passage uivant

concernea relationentre a chair et ame:

La Ioi divine, elle clame dans e livre immacule de Ia conscien-

ce : si tu ne prends que Ie corps qui t estattachecomme a mem-

brane a I embryon dans Ie sein matemel et Ia tige au ble qui

germe, tu ne te connaitras pas toi-m~me. De m~me donc que

Ia membrane se forme (avec l embryon) et Ia tige avec Ie hie,

maisqu a Ia maturite elles sont ejetees une et I autre, de m~me

28. Trad. E. des Places,La Lettre i Marcella,Paris 1982, . 125-126.

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LE MONDE COMME MATRICE

aussi e corps attache a I ame qui Iui a ete inseminee n est pas

partie integrante de I homme; mais pour queceIui-ci se ormat

dans Ie sell, tine membrane Iui a ete tissee,et pour qu il vint

sur Ia terre, Ie corps Iui a ete attele (chap. 32)29.

Telle est a relation entre la chair et l ame. Mais Porphyre n en

tire pas la conclusion qu il faudrait abolir Ie regime matrimonial

non plus que Ie rapport sexuel,ce qui ressort du fait qu il a epou-

se Marcella. La vie familiale, qui repose sur Ie mariage, peut etre

caracteriseecomme «un conflit avec ascesesexuelle». Pourtant

cela ne signifie pas l exclusion absoluedes rapports sexuels,mais

cela induit leur stricte maitrise. «Plus lard, Ie temps passant, on

arrive a y renoncer». La saintete du monde reel oil se pratique une

telle vie familiale n est amais mise en doute3°.

Nous allons maintenant doDDerquatre exemplesde la seconde

expression.Chronologiquement, e premier est un rapport sur ac-

tivite educative et leghomelies du Brahmane en ode dans a Geo-

graphie XV; 59 du grec Strabon(-64-21 ap. J -C.) :

Le sujet habituel de leurs entretiens est a mort. lis croient que

la vie d ici-bas est quelque chose comme Petal du fretus dans

leg premiers moments qui suivent a conception, et que la mort

au contraire est pour leg pUTS sprits nities it la philosophie, a

naissancea la vie reelle, t la vie heureuse.Aussi s exercent-ils,

seprepaTent-jigde toute maniere it la mort31.

Le deuxieme exemple se trouve dans les Epztres morales de

Seneque av. et ap. 65), Ie philosophe stolcien, maitre de l empe-

reur Neron. Bien que la plupart des lettres de ce grand recueil

soient destineesen apparencea sonami Lucius, il y discute en rea-

lite desdifferents problemesethiques ou philosophiqueset s adres-

se a toutes les categories de lecteurs. 11 raite de la relation entre

la chair et l ame, Ie theme qui nous nteresse ci, dans a Lettre 102,

23 et 27, montrant que toutes chosessont SOilSarret de la « natu-

re» (natura) y compris la vie et la mort de la chair. La mort de la

chair n est pas Ie moment de la disparition de l ame, mais plutot

celui de sa naissance, e sa transmigration de la prison veTs eter-

mte. Voici les deux passages n question:

29. [d., p. 124-125.

30. Voir P. Brown, Body and Society. Men, Women,and Sexual Renun

ciation in Early Christianity, New York 1988,p. 181,183.

31. Trad. A. Tardieu, Geographie, . 3, Paris 1880,p. 250-251.

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T. ONUKI

Ces ours de la vie mortelle sont des temps d arret, preludes

d une autre existence,meilleure, plus durable. Oui, comme Ie

sein matemel, qui nous porte dix mois, nous ferme non pour

lui, mais pour Ie lieu dans lequel il taut qu il nous produise

lorsque nous sommesdesormais en etat de respirer et de sup-

porter l air libre, ainsi a periode qui s etend du premier age a

la vieillessenous mUrit pour un nouvel enfantement chap.23)32.

On ne manque pas de d6truire les membranes qui enveloppent

les nouveau-n6s.Pourquoi tant ch6rir res lambeauxcomme s ils

tenaient a ta personne ? Is n ant fait que couvrir. Voici veniT e

jour qui t arrachera au compagnonnage d un ventre infect et

puant (chap. 27)33.

Ou va l ame enfin ibelee de a chair? Seneque reponddans

un passage dentique :

«Eleve-toi des ci-basa de plus altieres et de plus sublimesmedi-

tations. Un jour la nature te decouvrira seseclatantes umieres.

Le brouillard qui t entoure se dissipera; de toutes parts une

eclatante umiere te criblera de ses ayons. magine-toi eblouis-

sant eclat de tant d astres confondant leurs feux. Nulle tache

d ombre n alterera cette serenite.Toutes es paToisdu ciel pro-

jetteront une egale splendeur34..».

II estclair que, bien que a vie terrestre soil compareea la matri-

ce infecte, la serenite du ciel oil brillent leg etoiles n est pas mise

en doute. Surce point, il en va de meme pour Ie troisieme exemple

il se rouve dans une sectiondes Pensees u philosophe-empereur

Marc Aurele (161-180)qui se comporte en stolcien:

Et de meme que tu t attends au jour oil I enfant qu elle porte

sortira du ventre de ta femme, de meme il faut bien accueillir

I heure oil ton ame doit s echapperde son enveloppe (AUTpOV

= Ie corps) (IX,3)35.

Enfin, Ie quatrieme exemple se trouve dans a Theophanieou

Sur [ apparition de Dieu de l historien ecclesiastiqueEusebe de

Cesaree 263-339). Cet ouvrage ne DOllS st aujourd hui transmis

qu en version syriaque.L identite de son auteur est ongtempsres-

tee sujette a polemique, mais il est main enant communement

32. Seneque,ract.H. Noblot, texte etabli par F. Prechacet revu par

P.Verne, Paris1993, . 995.

33. [d.,p. 996.

34. Ibid.,p. 996.

35.Trad.A.-I. Trannoy,Pensees,aris1925.

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143

E MONDE COMME MATRICE

admisqu Eusebe en est bien auteur, car 1 s y trouve de nombreux

passagesdentiques a ceux des textes sur la Vie de Constantin,et

de la Demonstration evangelique, e la Preparation evangelique,

etc., doni la paternite eusebiennen est pasmise en doute. La Theo-

phanie aurait ete ecrite apres a Demonstration evangelique, uis-

qu Eusebe reutilise un passage e cet ouvrage. D apres une autre

hypotheseconvaincante H. Gressmann36),a date de sa redaction

serait anterieure a Constantin.

La partie qui nous interesse se trouve au vol. 1, chap. 69-72.

Comme elle est ongue, nous en resumeronsd abord l idee prin-

cipale:

Par rapport a la gloire et a la benediction qui soot donneesdans

Ie ciel aux gens qui ont vecu comme 1 taut sur a terre, la vie ter-

restre de l homme en general est comparable au fretus dans la

matrice tenebreuse e samere. Quand Ie fretus sort du corpsmater-

Del au bon moment, dans a bonne position et dans des conditions

normales, il s echappedes tenebres veTSa lumiere, commencea

respirer et devient adulte en recevant aide de la sage-femme, a

nourriture et l education. Mais si cela ne sepassepas ainsi, e fretus

est enterre, et i1 passedes tenebres aux tenebres. La maniere de

vivre celie vie terrestre estmise paralIele avec a chair du fretus et

sa nalssance.

Lisons maintenant les passages uivants qui semblent es plus

importants au regard de celie idee essentielle

De meme en eifel que celui qui est con~udans a chair est vetu

du vetement propre a son ieu (= l arriere-faix) et que, orsque

vient Ie moment, au terme des mois, celui qui nail Ie depouille

pour alors sortir a la lumiere, respirer un souffle pur, et etre

finalement compte comme de la nature humaine, il en est de

meme ausside la raceparfaite qui estapparue chez es humains

cet excellent petit enfant (dans Ie ciel), re~u dans un corps sur

la terre est vetu d une peau ncorruptible (chap. 69).

De meme aussi, celui qui mene un genre de vie purement

humain sur terre -ou tel qui demeure encore dans a chair -

n est en rien different d un fcetussans raison et ignorant, et on

ne peut Ie comparer aux corpsexterieursdesangeset des esprits

divins, c est un petit enfant ignorant (chap. 72)37.

36. Voir: Eusebius, Die Theophanie Die griechischenBruchstiicke und

iibersetzung der syrischen iiberlieferungen,hrsg. v. H. Gressmann,Leip-

zig 1904 GCS 111/2), -xxix.

37. Trad. M.-J. Pierre.

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144

T. ONUKI

Les exemplesque nous venonsde citer temoignent de deux opi-

nions : d une part, celIe qui compare la relation entre la chair et

l ame a celIe du fretus avec l arriere-faix; d autre part, celIe qui

compare la vie entiere a la periode fretale dans a matTice,et la

mort a l evasion du fretus (l ame) hOTS e la matrice (du corps).

Peut-on en induire que l ensemble du cosmosvisible et reel doit

etre qualifie de «matrice»? Les auteurs hellenistiques que DOllS

avons releves plus haut ne vont pas usqu a cette conclusion. Car

leurs interets se portent veTS anthropologie, qui focalise sur la

relation entre la chair et l arne. Sur ce point, il est interessantde

relever la conception du Brahmane indien telle que la rapporte

Strabon. Ayant examine opinion sur a mort telle que DOllSenons

de la decrire, Strabon expose mmediatement apres a conception

du brahmane concernant e monde de la nature:

En matiere de physique, ls ont certaines dees qui au dire de

Megasthene,attestent une grande simplicite d esprit, a simpli-

cite d hommes dont les actions valent mieux que les paroles et

qui expliquent tout par des fables; mais il reconnait aussique,

sur beaucoupde points, leurs dees s accordentavec celles des

Grecs; que pour eux par exemple comme pour les Grecs, Ie

monde a eu un commencement,et qu il aura une fin; qu il ala

forme d une sphere et que Ie Dieu qui l a cree et qui Ie gou-

verne Ie penetre et circule dans outes sesparties; qu il y a plu-

sieurs principes ou elements constitutifs de l Univers, mais

qu un seul, eau, a servi a la formation de notre monde; qu in-

dependamment des quatre elements, il existe une cinquieme

substanceavec aquelle ont ete faits Ie ciel et les Astres; que la

Terre enfin occupe e centre de l Univers38.

Strabon (ou son Brahmane) declare donc que Ie cosmos -Ie

monde de la nature, considere comme exterieur pour les brah-

manes ainsi que pour les Grecs -est essentiellementbon. Comme

nons avons deja vu -chez Ie neoplatonicienPorphyre, Ie stolcien

Senequeet Marc-Aurele, ou encore Origene a partir de la Gene-

sechretienne, ainsi que sondisciple ntellectuel Eusebe la notion

de cosmos, e monde de la nature considerecomme exterieur doit

etre tenu essentiellement comme sacre ou du moins hypotheti-

quement accepte; l ne doit pasetre identifie ala « matrice »,enco-

38. Trad. A. Tardieu, Geographie,Paris 1880,p. 250. n va sansdire que

parmi Ies Grecs, seuies certaines ecoies philosophiques enseignaient a

croissance et l extinction du cosmos. Pour Ies Neoplatoniciens, par

exempIe, e cosmos est immortel et sansage. Yoir Etude sur Ie gnosticis-

me, IY. partie, Structure et tradition de la theologie negative,Moyen pla-

tonisme et Bibliotheque de Nag Hammadi (en particulier p. 302-329).

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E MONDE COMME MATRICE

re moins au «sexe feminin ». Dans tons les casrencontres ci, les

termes de «matrice », « arriere-faix », « fretus» ne soot utilises que

comme des metaphores dans Ie cadre de l anthropologie et il ne

soot amais etendus a la cosmologie.

Ce point s applique au cas du Traite sur La resurrection de la

bibliotheque de Nag Hammadi comme on l a vu plus haut. Ce der-

DieT exte mentionne 1 « arriere-faix» au deuxieme sellS,mais il

n entraine pas clairement de developpementcosmologique.Seule

la Paraphrase de Sem Ie fait ires explicitement. L auteur de cet

ouvrage a pris l ensemble des deux opinions repandues dans les

milieux intellectuelsdu monde oriental et hellenistique,et il a pour-

suivi radicalement usqu au bout la logique incluse danscelie ideo-

logie. En decrivant Ie cosmoscomme un sexe eminin, il proclame

la nature de l anti-monde, il manifeste son etus foncier du monde

reel; ou plutot il preche l ascetisme qui, chez es gnostiques,vise

a detruire Ie monde.

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Kevin RODDY;

University of California at Davis

Davis, California

POLITICS AND RELIGION IN LATEANTIQUITY:

THE ROMAN IMPERIAL

ADVENTUSCEREMONY

AND THE CHRISTIAN MYTH

OF THE HARROWING OF HELL

Though it has been known intuitively for many decades, ecent

studies on the Evangelium Nicodemi have proven that this liter-

ary achievementhas been one of the most influential and endur-

ing of all the vast body of Christian apocrypha} Explanations for

this appeal and longevity, however couched in the metaphors of

Jungian analysis,as with Alan Watts,2or establishedas universal

mythology as n JosephCampbell,3or as popular religion and the-

ology as recently studied by Remi Gounelle,4 all of these expla-

nations agree that the apocryphal gospelexerts a powerful attrac-

tion on the human spirit. The following discussionwill argue that

this attraction can be explained in part because of a resonance

between significant features in this work and the most profound

aspects of Late Antiquity; put simply, the Evangelium drew its

symbolic structure from the most significantcomponentsof its cul-

tural environment, and in turn it contributed a new imaginative

universe. Specifically, I propose that an obsessive ocus on civic

liberty, justice, clemency, and vindication, all articulated in the

energetic displays of Roman Imperial oratory and iconography

from the second o the fourth centuries, so captured the popular

1. See especially Zbigniew Izydorczyk, ed., The Medieval Gospel of

Nicodemus: texts, ntertexts, nd contextsn WesternEurope (Tempe,Ari-

zona: Medieval & RenaissanceTexts & Studies,1997).

2. In particular Myth and Ritual in Christianity (New York: Vanguard

Press,1953),pp. 166-69.

3. Beginning, naturally, with The Hero with a Thousand Faces, Bollingen

series, 17 (New York: Pantheon Books, 1949).

4. R6mi Gounelle, La descente du Christ aux enters. Institutionnalisa-

lion d'une croyance (Paris: Institut d'6tudes augustiennes, 2000).

Apocrypha 11,2000, .I47 -179

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K. RODDY

imagination that they becamehabits of exegesis; n time, popular

Christianity adopted this perspective, and the resultant assump-

tion of the secular ed, in consequence,o a new, ransfigured,salvif-

ic vision.

In many ways he central and defining episodeof the Evangeli-

um Nicodemi as t was received in the Middle Ages is the account

of Christ's descent nto hell, in fact a cycle of descentand return,

of kata- and anabasis: following his death, Christ approacheshell,

defeatsSatan, iberates he JewishPatriarchsand Prophetswrong-

ly imprisoned here, and returns to paradisewith the retinue, "lead-

ing captivity captive" (Ephesians 4 :8, quoting Psalm 68 18). As

Gounelle and others have demonstrated, his heroic conceptionof

the descentwas only one of manyelaborated hroughout he patris-

tic period: it should be noted that "descent" is a more generalized

concept, and might involve a large number of other, collateral

themes.5 Luckily, the English language retains a more precise

phrase for the specific embodiment of the descentunder discus-

sion here: the Harrowing of Hell. The word "harrow" arises out

of the Old English infinitive hergian, Middle English herian, har-

ian, harwen, meaning o raid; it signifies, more exactly, a predato-

ry attack, etymologically related to the modem verb "to harry," as

in "harrying the coastline."6Moreover, though the word does not

necessarily enote a purposeof rescue, he concept s closelyallied.

Thus the fifteenth-century English translation of the Speculum

Humanae Salvationishas, for the Latin couplet "Ad istum infer-

num Christus descendit et intravit/ Et omnes, qui in ipso erant,

potenter inde liberavit" this close rendering: "This helle entered

Jhu / oure Saueoure descendingdoune right/ / And of aIle salves

there inne/ he heryde it be his grete myght."7

Although the Harrowing of Hell legend s bestknown to us today

through its presence in the Evangelium Nicodemi, it may have

derived separately. The first and major part of the Evangelium,

usually termed the Acta or Gesta Pilati, survives in a Latin

5. See Gounelle, "La descentedu Christ auxenfers," especially Chapitre

II : La descente du Christ aux enters, partie integrante du kerygme de

l'Eglise," pp. 107-139.

6. Hans Kurath, ShermanKuhn, and John Reidy, Middle English Diction-

ary (Ann Arbor: Univ. of Michigan Press,1956- , H, 689-90.

7. Speculum, d. J. Lutz and P. Perdrizet (Leipzig: Ernest Meininger, 1907-

09), I, 58; The Mirroure of Mans Saluacionne privately printed for the

Roxburghe Club, 1888),p. 100.

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OLmcs AND RELIGION IN LATE ANTIQUITY

palimpsest of the fifth century, with no hint of a Harrowing nar-

rative; and indeed all of the surviving Middle Eastern and the old-

est Greek version of the Acta do not contain a descentsection. By

the ninth century, the time of the next surviving Latin manuscript,

however, the Harrowing is firmly attached, and it remained

attached henceforward.sThe resulting hybrid version of the pas-

sion and resurrection of Christ became one of the most popular

works in the Middle Ages, as Zbigniew Izydorczyk's censusof 424

surviving (and twelve lost) Latin manuscripts proves.9The Har-

rowing narrative attached to these Evangelium Nicodemi manu-

scripts s therefore, in the manuscript radition, relatively late; but,

in spite of its ninth-century attestation, there is a very strong ten-

dency o place it earlier, perhaps in the mid-sixth century}OFortu-

nately, there are other sources for the Harrowing, mostly in ser-

mon collections, which indicate a full development of the myth in

Late Antiquity, and indeed five of these sermons contain sections

nearly identical to the narrative found in the Evangelium Nicode-

mi. For a typical indication of an early date for these sermons,one

uses,with a positive connotation, the Roman technical term exac-

tor- tax collector for Christ. Peter Brown has described this

office as resultant specifically from fourth- and fifth-century offi-

cial fiscal policy; it would not be comprehensible outside of that

context.11Before we examine he evidenceof correlation between

8. See Izydorczyk, The Medieval Gospel of Nicodemus,pp. 43-54, or a

summary of the possible interrelationship between hese narratives. The

text of the apocryphon s available in H.C. Kim's edition of the tenth-cen-

tury Codex Einsidlensis 326 (The Gospel of Nicodemus [Toronto: Pon-

tifical Institute, 1973]).

9. For a discussionof the manuscript tradition, seeZbigniew Izydorczyk,

 The Unfamiliar EvangeliumNicodemi, Manuscripta 33 (1989), 172-8,

and Manuscripts of he Evangelium Nicodemi : A Census Toronto: Pon-

tifical Institute of Medieval Studies), 1993.This large number of manu-

scripts can be increased significantly by adding vernacular translations,a

fascinatingEnglishexample of which s Huntington Manuscript 144, rude-

ly written, perhaps by a middle-class owner. See Consuelo Wager

Dutschke's Guide to the Medieval and RenaissanceManuscripts in the

Huntington Library (SanMarino: The Huntington Library, 1989),p. 198.

10. For a summary of some of the most compelling arguments,see Remi

Gounelle and Zbigniew Izydorczyk's Introduction in L'Evangile de

Nicodeme,ou Les Actes fais sousPonce Pilate (recension atine A), suive

de La Lettre de Pilate it l'empereur Claude (Turnhout: Brepols, 1997),

pp.114-7.

11. The term exactorappears n the collection of homilies associatedwith

a certain Eusebius Gallicanus, for which seebelow, in SermoXII 2.15.

Brown defines exactor as the person responsible for the collection of

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K. RODDY

Romanculture and the Harrowing n detail, however, here are

somebackgroundssueso consider.

The Christian Context by the Second Century

The apocalyptic ocusof early Christianity on the imminent return

of Christ s obvious n evena superficial readingof Scripture; almost

simultaneously,Christ's nativity began o be describedas a prefig-

uration of that return, establishing n time what was o end time. As

early as the secondcentury, Christian culture had begun to visual-

ize a third coming of Christ, occurring betweenhis appearanceon

earth at his nativity, and his return from heavenat the end of time:

after his deathand before his resurrection, he newly-glorified Christ

manifestedhis power first in the abodeof the dead, overcoming he

allegorized igure of Death itself, and, after this, n heaven, hrough

the Ascension.This development, already anticipated in Philippi-

ans 2 :9-11,served as a cosmic analog, encompassingdepths and

heights, to the established emporal sequence,which had already

subsumeda universal beginning and end.

Bishop Melito of Sardis,who died around the year 190,preached

a Pascalhomily that illustrates the cosmic heme in its early stages

of development; while it is in part a historical accident that this

testimony, like other testimonies of the harrowing myth, should

find expression n sermon orm, it can fairly be said that the genre

is more indicative of popular attitudes n this period toward Christ's

descent nto hell. After describing he crucifixion, Melito depicts

the resurrection in these heroic terms:

He rose up from the dead,and cried aloud with this voice: Who

is he that contends with me ? Let him stand n opposition to me.

I set he condemnedman free; I gave he dead man ife; I raised

up the one who had been entombed. Who is my opponent? I,

says he, am the Christ. I am the one who destroyed death, and

triumphed over the enemy,and trampled Hades under foot, and

bound the strong one, and carried off man to the heights of

heaven, , he says,am the Christ.12

arrears,usually. ..a senior member of the town council (Power and Per-

suasion in Late Antiquity: Towardsa Christian Empire [Madison: The

Univ. of Wisconsin Press,1992],p. 28).

12. Translated by Gerald Hawthorne, in A New English Translation of

Melito's PascalHomily, in Current Issues n Biblical and Patristic Inter-

pretation (Grand Rapids,Michigan: William B. Eerdmans, 1975),p. 173.

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POLmcs AND RELIGION IN LATE ANTIQUITY

The vivid image s that of the classicalmonarch, isting his accom-

plishments and hurling challenges at the enemy. In this context,

moreover, he term triumph is to be taken literally. As Otto Per-

ler writes, Melito compares his Christ with a triumphant king.

(This was a favorite subject of triumphal art [triumphal archesand

diptychs].) The term is a technical expressionsignifying the con-

ducting of a captive in a triumphal procession. 13Melito, more-

over, represents one of the first Christian preachers o adopt the

ornate oratorical techniques of Greek Rhetoricians, and George

Kennedy proposes that this homily is characterized by a flam-

boyant literary style reminiscent of the sophist Gorgias. 14n con-

trast to earlier, more constrained oratorical approaches,Melito

exploits the thematic implications of his subject with theatrical

exaggeration.One of the most mportant usesof this dramatic style

would be the epideitic, the praise of great public figures.

This third coming of Christ, then, sharescharacteristicswith

the other two comings, but has an explicit imaginative dimension

in terms of conquest.To choose wo illustrative details, the bind-

ing of the strong one seemsclearly based on an anticipation of

Revelation 20 2, so that the Satanbound in the future already expe-

riences a foretaste of it in time; on the other hand, trampling of

Hades underfoot is just as much a reference o the symbolic calca-

tio colli, the dramatic pose of a conqueror placing his foot on the

neck of his enemy, as it may be a biblical allusion}5 It is easy to

imagine that this presentationwas givenbefore a congregationwho

anticipated the depiction of Christ as conqueringhero with excite-

ment; certainly they were fully convinced of the combative nature

of the descent,and were eager o hear the theme exploited fully.

This is not to say that literary treatments of the other two com-

ings of Christ had not been extensively nfluenced by prevalent

political custom. Historians of religion have for some ime recog-

13. Meliton compare son Christ a un roi triomphateur. (C'etait un sujet

favori de rart triomphal (arcs de triomphe, diptyques).) Le terme estune

expression echnique signifiant conduire un captif dans e cortege triom-

phal. In O. Perler's edition of Melito, Sur la Plique et Fragments,Sources

Chretiennes 123 (Paris: Editions du Cerf, 1966),p. 201.

14. ClassicalRhetoric and Its Christian and Secular Tradition rom Ancient

to Modem Times,2nd. ed. (Chapel Hill: Univ. of North Carolina Press,

1999),p. 156.

15. SeeMichael McCormick, Eternal Victory: Triumphal Rulership n Late

Antiquity, Byzantium,and the Early Medieval West Cambridge: The Uni-

versity Press,1986),pp. 57-58 and note 76.

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K. RODDY

nized that Hellenistic conceptsof divine and royal immanence, he

epiphaneia and parousia, profoundly affected early Christian

thought, specifically in depicting Christ's work as redeemer.16

Briefly, the ritualized apparition of the god brought health to the

polis; in a transference which must precede Greece by millennia

the ruler, himself a realization of the god, ceremonially enters the

city in his own manifestation, and is greeted with acclamations

naming him soter: he who saves.The Gospel of Matthew in par-

ticular defines Christ's two appearances, n time and beyond it, as

 epiphanies, manifestations of mercy to the just and judgment to

the rebellious. And, as has been demonstrated for the last seven-

ty years, he inter-relationship of Hellenistic ideas of kingship and

Christian soteriology continued for many centuries in the writings

of Eastern theologians.17 he West ollowed a similar path, deter-

mined in large measure by the gradual adaptation of the Roman

ceremonies of adventusand adoratio, an adaptation that extend-

ed from the Principate through to the Dominate and into the early

Middle Ages.1sAristotle states at the 'outset of the Posterior Ana-

lytics that all learning proceeds from the known to the unknown;

it may well be that the ineffable notion of deific manifestationcould

only be understood n terms of manifestations hat were both famil-

iar and, in their literary embodiment, divine.

The Adventus Ceremony in the Principate and Interregnum

From the time of Augustus, Roman imperial policy had been

gradually transforming the Hellenistic concept of royal epiphany

according o its own nterests, nterests that were both uridical and

territorial. The resultant adventusbecameone of the chief means

of effecting that best of all Roman ideals, the stability of the com-

monwealth.19The earliest embodiment might be said to reach ts

16. See G. W.H. Lampe, A Patristic Greek Lexicon (Oxford: The Claren-

don Press,1961),pp. 538-9 and 1043-4.

17. E.R. Goodenough, The Political Philosophyof Hellenistic Kingship,

Yale ClassicalStudies1 (1928),55-102.

18. For the broad, parallel use of adventusamong Christian authors, see

Albert Blaise,Dictionnaire latin-frant;aisdesauteurschretiens Strasbourg

Le latin chretien, 1954),61-2.

19. For a succinct discussionof the adventus, eeBrown's Power and Per-

suasion,pp. 13-14. A longer description may be found in Sabine Mac-

Cormack, Art and Ceremony n Late Antiquity (Berkeley: Univ. of Cali-

fornia Press, 1981),pp. 17-89. The full definition appears n Thesaurus

linguae latinae (Leipzig: Teubner, 1900), 1, 837-40.

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OLmcs AND RELIGION IN LATE ANTIQUITY

fullest development under Hadrian, when Roman propagandists

completed their transformation of the royal entry in two basic,

complementary aspects: the entry itself, the adventus, ymboliz-

ing the emperor's universal authority; and, symbolizinghis benev-

olence and clemency, he restoration of the city or province to its

previous grandeur. The iconography for these can be seen on a

number of coins in various series struck well into the fourth cen-

tury. In the first, the emperor demonstrateshis piety, performing

a sacrifice as a personification of the province watches; in the sec-

ond, the emperor approacheson foot, hand extended in a gesture

of concern toward the personification, who, reclining, raises an

arm in supplication.20t is important to note that both issuesdepict

the emperor motivated by his majesty, rather than by the specific

rights (or merits) of the unfortunate people.

The language appropriate to this encounter can be discovered

in the prosphonetikoi, the set speechesmade on occasionsof wel-

come. An illustrative example s Pliny the Younger's Panegyricus,

written as an address o the Emperor Trajan depicting his entry

into Rome in 99

Now first of all, think of the day when you entered your city, so

long awaited and so much desired [expectatus esideratusque]

The very method of your entry won delight and surprise, for

your predecessors hose o be borne, or carried in, not satisfied

even o be drawn by four white horses n a triumphal carriage,

but lifted up on human shoulders in their overbearing pride.

You towered above us only because of your own splendid

physique; your triumph did not rest on humiliation, won as it

was over mperial arrogance. ..Even the sick disregarded heir

doctors' orders and dragged themselves out for a glimpse of

you, as f this could restore their health. All felt the same oy at

your coming [adventu], when you were coming [venisti] o be

the same for all, joy which could still grow as you moved for-

ward, and (one might say) swell with every step?1

20. See especially he adventus eriesof Hadrian in H. Mattingly and E.A.

Sydenham, Roman Imperial Coinage (London: Spink, 1923-81), 2.

21.22,1-5, trans. Betty Radice, Loeb series London: Heinemann, 1969),

2, 371; "Ac primum qui dies ille, quo expectatus desideratusqueurbem

tuam ingressuses lam hoc ipsum, quod ingressuses,quam mirum lae-

tumque Nam priores inuehi et importari solebant, non dico quadriiugo

curru et albentibus equis sed umeris hominum, quod adrogantius erat. 1\1

sola corporis proceritate elatior aliis et excelsior,non de patientia nostra

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154

K. RODDY

According to George Kennedy,Pliny's panegyriccontinues both

the practice and perspective of earlier set speeches; t is, howev-

er, remarkable in its seriousness f purpose, and it was unusually

influential becauseof Pliny's high reputation and ts masterful an-

guage.22 egarding ts purpose, Pliny wrote that the virtues of the

emperor be reinforced by sincerepraise of them and secondly hat

future emperors be admonished, not as by a teacher, but in the

form of example, by what road they best might attain the same

glory (Ep. 3.18.1-2).23 he dual objective of praising the Emper-

or's virtues and correcting uture rulers s fully realized n the entire,

lengthy text of the Panegyricus,but a senseof it can be recovered

here. The Emperor's republican, civic piety is clear in the circum-

stancesof the ceremony: the adventus tself is closely uxtaposed

to the root verb, as if to emphasize he Emperor's gracious (and,

by implication, personal) participation in the event; the expecta-

tus desideratusquenternal rhyme certainly emphasizes he gen-

erally hopeful condition of the populace. Trajan's humility is fully

characterized in contrast to the usual custom of entry: in his

unadorned physical presence he overcomes the pretensions of

namelesspredecessors.As to admonishing any future emperors,

the second aspect to his purpose, Pliny in this way raises the

spectersof inadequate rulers, if only obliquely, as testimonies to

Trajan's superiority. According to SabineMacCormack, such$ub-

dued criticism of predecessorsits precisely n Menander Rhetor's

advice on panegyrics, n which the speaker s specifically enjoi~ed

not to disparage the past: If [the subjects] have fared ill under

the preceding ruler, you give examples and elaborate their mis-

fortunes,while not, however,speakingany ll of the preceding 1IIler,

but you simply speak about the misfortunes of thesubjects. 24As

we will see,panegyrists will begin to ignore this rule later in the

history of the empire, when misrule takes on the coloring of pub-

lic betrayal.

quendam triumphum, sed de superbia principum egisti. ...aegri quoque

neglecto medentium imperio ad conspectum till quasi ad salutem ~ani-

tatemque prorepere. ...Tam aequalis ab omnibus ex aduentu uo laeti-

tia percepta est,quam omnibus uenisti quae tamen psa cum ngressu uo

creuit, ac prope in singulos gradusaucta est, in XII panegyrici Latini, ed.

R.A.B. Mynors (Oxford: The Clarendon Press,1964),17-8.

22. The Art of Rhetoric in the Roman World. 300 B.C.-300A.D. (Prince-

ton: Princeton Univ. Press,1972),pp. 543-46.

23. Translation quoted in Kennedy,p. 544.

24. Peri epideiktikon, 378, 16-23. Translated in MacCormack, p. 20.

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OLmcs AND RELIGION IN LATE ANnQUITY

Pliny takes his purpose further, however. In using "venisti" and

"expectatus," he is relying on his audience's amiliarity with line

687of the sixth book of the Aeneid, addressed o Aeneas upon his

entry into the underworld: "Venisti tandem, uaque expectatapar-

enti/Vicit iter durum pietas."25Just as Aeneas' coming to Hades

was salutary o his honored father, Trajan's entry was presumed o

restore health simply in the glimpsing of it, an assertion Pliny is

happy to report without crediting it. The notion that an imperial

adventuswould bring-or more accurately restore-health is not

entirely hyperbolic: on their entries, emperorsoften returned priv-

ileges o cities and provinces,and abolishedburdensome ax levies.

It was not a great step from suchpublic salus-the basis of salva-

tor-to bodily health; the appropriately expectant condition and

turbulent excitement of the crowds s, under these circumstances,

entirely natural. In this highly charged series of allusions, then,

Pliny presents the emperor in majesty and glory, while stressing

his native humility through his own characteristic protestations of

unworthiness.The Roman salva or has not migrated very far from

the Hellenistic soter,but it has been complemented with a contin-

ued emphasis on pietas and the other Roman virtues. Kennedy

suggests hat the oration may have actually affected Trajan for the

good, contributing to his benign and rational rule; even f this were

not so, he Panegyricus uccessfully efined he genreand ts under-

lying code of virtuous behavior for many centuries.

As MacCormack indicates, this dual emphasis n the imperial

adventusboth remains constant and, on occasion, requires rein-

vention with a broader, more universalistic scope.This scope, n

turn, begins o blur the arriving emperor'scomplementary roles as

ruler and restorer. For example, Emperor Gallienus (253-268)

25. The associationbetweenAnchises' greeting and savior emperorshad

a long life; for one unfortunately poorly documented study, see Pierre

Dufraigne, Adventus Augusti, adventusChristi: recherchesur I' exploita-

tion ideologiqueet itteraire d'un ceremonialdans ' antiquite tardive Paris:

lnstitut d'etudes augustiniennes,1994); Dufraigne defines the "Expec-

tate veni" as a "formule qui annonce l'epiphanie d'un dieu, et qui sup-

pose une divinisation ou tout au moins une surhumanisationplus carac-

terisee du souverain" (pp. 53-4). And sometimes there is a surprising

association: in 288 Carausius,a usurper in Britain, issued coins with a

reverse depicting a grateful genius Britanniae welcoming him, and con-

taining the optimistic inscription, "EXPECfATE YEN " (R.I.C. 5.2.510,

nos. 554ff). For a discussionand photograph of the issue,see Peter Sal-

way, The Oxford History of Roman Britain (Oxford: Oxford Univ. Press,

1993),pp. 205-6.

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K. RODDY

issued coins naming him Restitutor orbis, in a direct contrast to

Hadrian's ssuesof the previous century that celebrate him asResti-

tutor Africae and Restitutor Achaiae in honor of that emperor's

adventus hrough the provinces. According to the Scriptores his-

toriae Augustae,Probus (276-282)s greeted by the senatewith this

scarcelybounded enthusiasm:

Probus Augustus, may the gods keep you Long since worthy,

brave and just, a good leader, a good commander, an example

in warfare, an example in command. May the gods keep you

Deliverer of the commonwealth,may you be happy n your rule,

master in warfare, may you be happy in rule May the gods

guard you and yours Even before this the Senate chose you.

In years inferior to Tacitus, in all else superior. For having

accepted the imperial power we give you our thanks. Protect

us, protect the commonwealth. Rightly do we entrust to your

keeping those whom you formerly served. You are Francicus,

you are Gothicus, you are Sarmaticus,you are Parthicus, you

are everything. In former years, too, you were ever worthy of

command, worth of triumphs. Happily may you live, happily

may you rule}6

This fomlalized greeting s fascinating n its practical unconcern

for fact; the senate politely ignores the unfortunate circumstances

of the death of Tacitus in order to make the most of Probus' legit-

imacy.The senatorsespeciallycelebratehis ability to save he com-

monwealth, to protect it, and to conquer not only the Franks, the

Goths, the Sarmaticans, and the Parthians, but apparently the

remainder of the world.

Michael McCormick's study of Roman and post-Roman mili-

tary attitudes, Eternal Victory,charts he further expansionof such

acclamations rom the Principate on. Not only were heroic emper-

ors praised in more exaggeratedways, but putative enemieswere

26. Probus, XI, 6-12. Trans. David Magie, Loeb series (London: Heine-

mann, 1921),358; "Probe August, di te servent. Olim dignus et fortis et

iustus, bonus ductor, bonus imperator, exemplum militiae, exemplum

imperii. Di te servent. Adsertor rei publicae felix imperes magister mili-

tiae felix imperes, te cum tills di custodiant. Et senatus antea te delegit.

Aetate Tacito posterior, ceteris prior, quod imperium suscepistigratias

agimus.There nos, uere rem publicam. Bene tibi committimus quos ante

servasti. Th Francicus, u Gothicus, tu Sarmaticus, u Parthicus, u omnia.

Et prius fuisti semperdignus imperio, dignis riumphis. Felix agas, eliciter

imperes," in Scriptoreshistoriae Augustae, d. Ernst Hohl, (Leipzig: Teub-

ner, 1965), I.

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OLmcs AND RELIGION IN LATE ANTIQUITY

attacked more savagely. he third century, McCormick shows,gen-

erated broader and broader titles of invective regarding Rome's

enemies,and on occasion heseenemiesencompassedivals-seat-

ed emperors included-to the throne.27According to the Scrip-

tores,when in 238 Gordian I and Gordian II were proclaimed in

Africa against he Emperor Maximinus (235-238), he consul at

Rome simultaneously orestalled Maximinus' party and prepared

the senate or its welcomingacclamationswith the following words :

"Conscript Fathers, he two Gordians ...have freed us from

that savagemonster, rom that wild beast.Why do you hear me

with quaking? Why do you look around? Why do you delay?

This is what you have always hoped for. Maximinus is our

enemy; the gods shall bring it to pass hat he may nowcease o

be "

The consul has cleverly reminded the senate of its new respon-

sibilities, now that it has been iberated from a manifest yrant, and

he encourages hem to declare themselves oyal to the Gordians.

He was sufficiently persuasive,according o the narrative, for the

Senate o oblige with an acclamation, apparently spontaneously:

"We thank you, 0 gods. We are freed from our enemies; so may

we be wholly freed We adjudge Maximinus an enemy. We con-

sign Maximinus and his son to the gods below. We call the Gor-

dians Augusti. ..."28 The concept of vindication from a despotic

enemycontinues hemes ound in Menander and Pliny; the astute

advice not to make too much of a previous ruler's failings seems,

however, o be quite forgotten.

Naturally, if the enemywere barbarians, no delicacyof feelings

need be expressed: n the official descriptions of victories over the

Parthians or the Germans, for example, he emphasiscentered on

the prostrate figures of their leaders, he vast numbers of captives

taken, the even greater numbers of slain, the Romans and Roman

cities rescued, and the Roman spoils returned, in addition to the

accumulated enemy spoils. The impression to be conveyed was

27. McCormick, Eternal Victory,pp. 21-24.

28. In Scriptores historiae Augustae,The Three Gordians. XI, 4, 6-7, 9.

Magie trans., 2, 401. "'Patres conscripti, Gordiani duo. ..ab inmani nos

belua, ab lIa fera vindicaverent. Quid tirnide auditis? Quid circumspici-

tis? Quid cunctamini ? Hoc est quod semperoptastis. Hostis est Maximi-

nus; di facient ut esse am desinat. ...'" "'Di vobis gratias. Liberati ab

hostibus sumus, sic reDitus liberemur. Maximinus cum filio dis inferis

devovemus.Gordianos Augustos appellamus'" (Hohl ed., I).

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K. RODDY

that Roman arms were irresistible, and that the enemy had been

completely annihilated: throughout, there is an exijlicit notion of

absolute victory, for which the godswere to be thanked. For exam-

ple, this is Scriptoresversion of the dispatch of Probus to the Sen-

ate following his Rhine campaign:

 Conscript Fathers, to the immortal gods that they have con-

firmed your judgment of me. For all of Germany, throughout

its whole extent, has now been subdued,and nine kings of dif-

ferent tribes have lain suppliant and prostrate at my feet, or

should I say at yours. Now all the barbarians plow for you, plant

for you, and serve against he more distant tribes. Therefore do

you, in accord with your custom,decree hanksgivings.For four

hundred thousand of our foes have been slain, sixteen housand

armed men are at our disposal,seventymost amous cities have

been rescued, and all the Gallic provinces have been made

entirely free [liberatae]. The crowns of gold which all the com-

munesof Gaul have bestowed upon me I have dedicated o your

clemency,ConscriptFathers.Do you, with your hands,now con-

secrate them to Jupiter Best and Greatest and to the other

immortal gods and goddesses.All booty has been regained,

other booty too has been captured, greater, ndeed, than that

which was previously taken. 29

What is most striking about passages uchas hese s the victor's

adherence to formulas of devotion to the gods and loyalty to the

senate,while leaving no doubt as o the true source of the empire's

success: n this case,none other than Probus. The prostrate Ger-

man kings, n an official attitude ofadoratio/proskynesis, all before

Probus, who then transfers the gesture o the honor of the senate.

And the reference to coronas aureas, for example, almost cer-

tainly relates to mural crowns (though Vegetius dentifies a num-

29. In Scriptoreshistoriae Augustae,Probus XV, 1-5. Magie trans., 3,367.

' Ago ills inmortalibus gratias, patres conscripti, quia vestra in me iudi-

cia comprobarunt. Subacta est omnis qua tenditur late Germania, Govern

leges gentium diversarum ad meos pedes, mmo ad vestros,supplicessta-

tique iacuerunt. Omnes am barbari vobis arant, vobis iam serunt et con-

tra interiores gentesmilitant. Supplicationes gitur vestro more decemite.

Nam et quadrigenta milia hostium caesa sunt, et sedecimmilia armato-

rum nobis oblata, et septuaginta urbes nobilissimae a captivitate hostium

vindicatae, et omnes penitus Galliae liberatae. Coronas, quas mihi

obtulerunt omnes Galliae civitates aureas, vestrae, patres conscripti

clementiae dedicavi. Eas Iovi Optimo Maximo ceterisque dis deabusque

immortalibus vestris manibus consecrate.Praeda omnis recepta est,capta

etiam alia, et quidem maior quam fuerat ante direpta , (Hohl ed., II).

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OLillCS AND RELIGION IN LATE ANTIQUITY

ber of others) :30hese were awarded to the first soldier who suc-

cessfullyscaleda city wall. Even with the measureof hyperbole in

this address, here is a fairly consistent continuity of almost three

hundred years n attitudes regarding he salvationof the state, and

even as attitudes begin to change radically under the Tetrarchs,

many of the elements of imperial piety and legitimate rule on one

side, and his clemency on the other, remain and still inform the

cultural imagination.

The Dominateand Beyond

It is with a deliberate purpose that the Tetrarchy (and their ene-

mies) begins to define the adventus n a more transcendentcon-

text.31While there is no room here to elaborate fully on the trans-

formation of the Empire that reached a culmination with the

Tetrarchs and subsequently, t is sufficient to say that the concept

of imperial salvation took on explicitly sacred dimensions,while

consciouslyattempting to retain Republican virtues.32 he adven-

tus of the individual Tetrarch is presented as a divine reconcilia-

tion of his proper pietas,and it is without embarrassment hat each

is called a deuspraesens.The union of the four rulers' indepen-

dent wills was depicted as an almost mystical symbol of the unity

of the empire, an empire no longer founded on simple devotion to

the gods, but on their emperors' divine calling. There is a witness

in this celebratory description of Constantius' entry into the city

of London, formerly held by the rebel Allectus, in297:

 As soon as you approached that shore as the long-desired

avengerand liberator, a triumphal crowd poured forth to meet

Your Majesty,and Britons exultant with joy came orward with

30. On the various types of military crowns, see Flavius Vegetius Rena-

tus, De re militari, III, 5.

31. The following is heavily dependent on MacCormack, Art and Cere-

many, 22-33.

32. See, inter alia, Robert Etienne, Le culte imperial dans la peninsule

iberique d'Auguste ii Diocletien, Bibliotheque des Ecoles fran aises

d'Athenes et de Rome, 191 (Paris: E. De Boccard, 1958); Duncan Fish-

wick, The Imperial Numen n Roman Britain, Journal of Roman Stud-

ies 59 (1969), 76-91; Hans Peter L'Orange, Art Forms and Civic Life in

the Late Roman Empire, rans.Dr. andMrs. Knut Berg (Princeton: Prince-

ton Univ. Press,1965),pp.126-129; and Fritz Taeger, Zur Geschichteder

spatkaiserzeitlichen Herrscherauffassung, Saeculum7 (1956), 182-95;

Robin Lane Fox, Pagansand Christians SanFrancisco: Harper and Row,

1986),p. 141.

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K. RODDY

their wives and children, venerating not you alone, whom they

gazed at as one who had descended rom heaven,but even he

sailsand oars of that ship which had conveyedyour divinity and

prepared to feel your weight upon their prostrate bodies as you

disembarked.Noris it any wonder if they were carried away by

such oy after so many years of miserable captivity; after the

violation of their wives, after the shamefulenslavement f their

children, they were free at last, at last Romans, at last restored

to life by the true light of empire. Certainly indeed,quite apart

from that reputation of yours for clemencyand piety which is

celebrated by the commonvoice of nations, hey saw he stamp

of every virtue on your face, 0 Caesar; on your brow, dignity;

in your eyes,gentleness; n your blush,modesty; n your speech,

justice."33

Some elements are familiar enough: the combined notion of

authority and generosity, the triumphal procession, the adora-

tio / proskynesis; but others are noticeably different: the emphasis

on a cosmic origin, the aspectof veneration, the conceptof re-cre-

ation vera /uce mperii. The Arras medallion, commemorating he

event, contains the telling inscription, "REDDITOR LUCIS

AETERNAE."34 And, while due acknowledgement s made to

Constantius' time-honored virtues of clemencyand loyalty, he has

surpassedeven that noble tradition by shining forth in his features

all of the virtues.35 t is difficult to imagine suchsentiments arising

in Pliny.

33. "Merito igitur statim atque ad litus illud exoptatus olim uindex et lib-

erator appuleras,obuius sesemaiestati tuae triumphus effundit, exultan-

tesquegaudio Britanni cum coniugibusac iberis obtulerunt, non te ipsum

modo, quem ut caelo delapsum ntuebantur, sed etiam nauis illius quae

tuum numen aduexerat,uela remigiaque uenerantes,paratique te ingre-

dientem stratis sentire corporibus. Nec mirum si anto gaudio ferebantur

post tot annorum miserrimam captiuitatem, post uiolatas coniuges,post

liberorum turpe seruitium tandem iberi tandemque Romani, tandemuera

imperii lure recreati. Siquidempraeter llam clementiaeuestraepietatisque

farnam,quae communi gentium uoce celebratur, n ipso, Caesar,uo uultu

uidebant omnium signa uirtutum : in fronte grauitatis, in oculis lenitatis,

in rubore uerecundiae, n sermone ustitiae" (Panegyrici Latini, VIII. 19.

1-3). Quoted and translated in In Praise of Later Roman Emperors,The

Transformation of the Classical Heritage, 21, by C.E. V; Nixon and Bar-

bara Saylor Rodgers Berkeley: University of California Press,1994),pp.

140,552.

34. R.I.C. 5.2,no. 34. Discussed n Nixon and Rodgers, n Praiseof Later

Roman Emperors,p. 140,n. 71. Seealso MacCormack, Art and Ceremo-

ny, p. 29, and plate 9.

35. For extensive examples of the terrifying splendor of a late emperor's

visage, see Ammianus Marcellinus. Rerum $ estarum ibri. ed. Victor

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POLffiCS AND RELIGION IN LATE ANTIQUITY

Constantius'clemency oward the not altogetherguiltless nhab-

itants of London could certainly be cause or rejoicing; aswe have

seen, even in the earlier empire political rivals could be ritually

proscribed, so that they might suffer the double indignity of con-

demnation to Hades and assassinationat the hands of their own

troops. Under the Dominate, attitudes toward enemies-foreign

and domestic-become exacerbated; the tone increases n moral

and one might say metaphysicalpitch over that which was mplic-

it in the dispatchesof Probus, above; this heightening of pitch is

evident n the following remarksby Ammianus Marcellinus egard-

ing the hapless king of the Alamanni, Chonodomar. It is note-

worthy, though, that Ammianus reservesno suchcontempt for the

king's companions, who, in an interesting echo of Tacitus, prefer

not to outlive their leader:

On seeing [the pursuing cohort, the king] was driven to the

utmost fear and surrendered of his own accord, coming out

alone; and his attendants, wo hundred in number, with three

of his closest riends, hinking it a disgrace o survive their king,

or not to die for their king if an emergency required it, gave

themselvesup to be made prisoners. And as he savages re by

nature humble in adversity and overbearing in success, ub-

servient as he now was to another's will he was dragged along

pale and abashed, tongue-tied by the consciousnessof his

crimes-how vastly different from the man who, after savage

and woeful outrages, trampled upon the ashes of Gaul and

threatened many dire deeds.36

These considerationsare not unique to fourth-century Roman

ideology: the instigator of a rebellion often receivesa dispropor-

tionate share of odium; and that odium may be crouched, as here,

in terms of ironic comparison with his high ambitions and former

Gardthausen Stuttgart: Teubner, 1967) 18. 2, 17; 21. 13,15; 27. 2, 6; 27.

5, 3; 28. 5, 3; 29. 5, 15; and 31. 10, 9. Also, Ramsay MacMullen, Some

Pictures in Ammianus Marcellinus, Art Bulletin 46 (1964), 435-55.

36. Constantiusand Julian, 16.12,60-61.Trans. JohnC. Rolfe, Loeb series

(London: Heinemann, 1952), , 297-99. Quibus uisis,conpulsusad ulti-

mos metus ultro se dedit solusegressus ornitesqueeius ducenti numero

et tres amici iunctissirni, lagitium arbitrati post legem uiuere, tiel pro lege

non fiOri, si ta tulerit casus, radidere seuinciendos. Utque natiuo more

Stint barbari humiles in aduersis disparesque n secundis,seruus alienae

uoluntatis trahebatur pallore confususclaudentenoxarum conscientia in-

guam, mmensumquantum ab eo differens qui post eros ugubresque er-

rOles cineribus Galliarum insultans multa minabatur et saeua, ed.

Gardthausen, 2, 109.

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K. RODDY

power. And indeed, it does seemas f Ammianus has deliberately

singled out the king for censure; in a symmetrical guarantee of

transcendence o an ideal imperator,who in his majestyembodies

all virtue, the leaderwho opposeshim must necessarily ontain all

vice. Chonodomar'sattendantsand friends, on the other hand, are

presented as loyal and courageous, n contrast to their king; they

seemnot to be implicated in treachery,but were rather merely mis-

led by a once charismatic and now pathetic figure.

By specifically identifying the enemy leader as the sole culpa-

ble criminal, the conquering emperor may in his clemencyexcuse

the misguidedcitizens of this or that city defeated n its revolt. The

city, in gratitude, may n turn both accept he emperor's mercy and

direct all its guilty fury against ts former leader. In this circum-

stance t is even possible for the emperor (or, as the century pro-

gresses, is representative) o assumea more judiciously objective

role as investigative magistrate. Ammianus gives the following

account of Emperor Julian sendinghis general Agilo to Aquileia

in 361 ; the city had been rebelling under a certain Nigrinus and

others in support of Constantius II. After Agilo had given the

rebels a solemn oath that Constantius was dead and that Julian

was now the true emperor, the city surrendered:

When this was heard, the gates were opened, and after their

long torment all poured forth and gladly met the peace-mak-

ing general. Trying to excuse hemselves, hey presented Nigri-

nus as the author of the whole outrage, along with a few oth-

ers, asking that by the execution of these men the crime of

treason and the woes of their city might be expiated. Finally, a

few days ater, after the affair had beenmore thoroughly inves-

tigated before Mamertinus, the praetorian prefect, then sitting

in judgement, Nigrinus as the chief instigator of the war was

burned alive. But after him Romulus and Sabostius,senators

of Aquileia, being convicted as having sown the seedsof dis-

cord without regard to its dangerousconsequences, ied by the

executioner's word. All the rest, whom compulsion, ather than

inclination, had driven to this mad strife, escapedunpunished.

For so the emperor, naturally mild and merciful, had decided

on grounds of justice.3?

37. Rerum, 21. 12,19. Trans. Rolf, I. His auditis ex diuturno angore por-

tis reclusisomnes effusi suscepereaeti pacificum ducem,sequepurgantes

Nigrinum totius furoris auctorempaucosquealios obtulerunt, eorum sup-

plicio laesaecrimina maiestatis et urbis aerumnasexpiari poscentes.Pau-

cis denique post diebus exploratius spectatonegotio,Mamertino turn iudi-

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OLITICS AND RELIGION IN LATE ANTIQUrrY

Particularly noteworthy is the citizens' prayer for expiation from

treason, both the greatestof all crimes and the self-acknowledged

sourceof the city's misery. n consequence, ut only after the obser-

vation of due process, Nigrinus received the most horrifying of

punishments;his confederates,however, f that is indeed what they

were, are almost excused for not having considered the conse-

quences of their actions. They are given a comparatively honor-

able and less painful death as befitting Roman citizens. Ammi-

anus' last statement, a summation almost having the quality of a

legal dictum in itself, reconciles he irreconcilable: it would be far

more logical to judge first, and then choose o be merciful. Julian,

in a deific way, has demonstrated his natural clemencyprecisely,

and purely, within the strict bounds of absolute equity.

In similar ways, the notion that the emperor's adventuscould

restore health to a languishingpeople takes on a spiritual dimen-

sion, as f the ruler's powers might exceed even hose of the gods.

In one illustrative incident, occurring at Vienne in 355,Ammianus

recounts what musthave beena commonplaceevent: the dramatic

proclamation of Julian as he great hope of civic redemption, cul-

minating in his dedication to restore the customary Roman reli-

gion:

When he reachedVienne and entered he city,all agesand ranks

flocked together to receive him with honor, as a man both

longed for and efficient; and when they saw him afar off, the

whole populace with the immediate neighborhood saluted him

as a commandergracious and fortunate, and marched aheadof

him with a chorus of praise, he more eagerly beholding royal

pomp in a legitimate prince. And in his coming they placed the

redress of their common disasters, hinking that some helpful

spirit had shone upon their desperatecondition. Then an old

woman, who had lost her sight, on inquiring who had entered

and learning that it was the Caesar Julian, cried out that he

would repair the temples of the gods.38

cante praefecto praetorio, Nigrinus ut acerrimus belli instinctor exustus

est uiuus. Romulus nero post eum et Sabostius curiales conuicti sine

respectupericuli in studia saeuiissediscordiarum, poenali consumpti sunt

ferro. Residui omnes abierunt innoxii, quos ad certaminum rabiem neces-

sitas egerat, non uoluntas. Id enim aequitate pensata statuerat placabilis

imperator et clemens, ed. Gardthausen, 2, 252.

38.15.8,21-22, rans. Rolfe, I, 174-75; Cumque Viennam uenisset, ngre-

dientem optatum quidem et impetrabilem honorifice suscepturaomnis

aetasconcurrebat et dignitas,proculque uisumplebs uniuersa cum uicini-

tate finitima, imperatorem clementemappellans et faustum,praeuia con-

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164

K. RODDY

Somedetails are familiar: there is the same onging for deliver-

ance; here is he sameexpectationof justice; and there is the same

acquiescenceo the legitimate powers of the emperor in deciding

clemency; the emphasison restoring health hasshifted somewhat,

in that the blind woman, rather than expecting to be cured per-

sonally, predicts that, at the nod of the emperor, the gods them-

selveswould return.

The Imperial adventus

To sum up the foregoing discussion, he Roman imperial adven-

tus ceremony retains a number of defining characteristicsover the

three centuriesof our study: the arriving emperorexemplifies egit-

imate authority; he is, by an act of his majestyalone, generousand

clement; becausehis enemieshave threatened Roman freedoms,

he has come to restore them, and thus liberate those held in slav-

ery; and finally, those enemieswill suffer appropriate punishment.

By the fourth century, each of these qualities has, at some sacri-

fice of integrity, becomeexaggerated: egitimate authority risesas

much from the emperor's discretion as from the dictates of law;

clemencyhasbecome almost heatrical in its broad gestures; ree-

dom and health have become the exerciseof transcendentwill, a

will to return to the sacred ule of Rome; and the state'senemies

have become fewer but more culpable.

The Harrowing of Hell in Late Antiquity

Given the evidenceof figures ike Melito of Sardisquoted above, t can

be detennined that there was a belief circulating among Christians rom

the end of the secondcentury that Christ had harrowed hell, in the sense

of conquering it and freeing its nhabitants. Other referencesoccur in the

Acts of17UJmos,he Epistle of he Apostles, nd the Gospelof Peter among

the apocrypha.As was ndicatedearlier, he HaITOwing ectionof the E van-

gelium Nicodemi may date from the sixth century.Moreover, if we move

from the apocrypha o homiletic material for examples, there are testi-

sonis laudibus celebrabat, auidius pompam regiam in principe legitimo

cemens: communiumque remedium aerumnarum in eius locabat aduen-

tu, salutarem quendam genium adfulsisseconclamatisnegotiis arbitrata.

Tunc anusquaedamorba luminibus cum percontandoquinam essetngres-

sus, Iulianum Caesarum conperisset, exclamauit hunc deorum templa

renaraturum. ed. Gardthausen_1- 67-R-

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165OLmcs AND RELIGION IN LATE ANTIQUITY

monies that, if not actually fourth century, are still within the cul-

tural influence of the Dominate, and it is to these estimonies that

we now turn.

EusebiusAlexandrinus

There is considerable evidence that the Harrowing myth excit-

ed the popular imagination throughout the Middle East. What may

be its earliest surviving depiction can be found on a Cappadocian

wall-painting dating from the late sixth or early seventhcenturies.39

Another early exemplar s a seventh-centurySyrian icon.40 here

is indeed evidence that Syrian bishops played an influential role

at synods hat discussed he Harrowing, and this has ed a number

of scholars o postulate a Syrian connection.41Unfortunately, nei-

ther a Syrian-nor Egyptian-origin canbe determined for a cer-

tain Eusebius Alexandrinus, about whom little is known except

that he flourished in the fourth or fifth century. Eusebius' total

work, some twenty-one sermons, survives intact; individual ser-

mons can be found in collections under the names of Cyril of

Alexandria, John Chrysostom, and John Damascene. Like the

works of John Chrysostom and many other Greek homilists, the

sermonsof Eusebius Alexandrinus were known and translated in

the West, certainly in the time of Caesariusof ArIes, and proba-

bly before. A sermon of his can be found in the Visigothic liturgy

39. In the monastic church of Saint John the Baptist, <;:avus§in. ee he

compelling seriesof studiesby Nicole Thierry: (with Michel Thierry) Nou-

velles eglises upestresde Cappadoce.Region du Hasan Vagi (Paris: C.

Klincksieck, 1963),pp. 150,168-69; Haut moyen-ageen Cappadoce.Les

eglises e la region de {:avu§in (Paris: P. Geuthner, 1983), , 83-4, ig. 32,

pl. 24; L'illustration des apocryphes dans les eglises de Cappadoce,

Apocrypha 2 (1991),224-28,llust.11; Le theme de la descentedu Christ

aux Enfers en Cappadoce, Veltion resChristianikesArchaiologikes Het-

aireias 4 :17 1993-94),59-66. am grateful to Dr. Remi Gounelle for this

information.

40. Elisabetta Lucchesi-Palli, Der syrish-palastinensische Darstel-

lungstypus der Hollenfahrt Christi, Romische Quartalschrift57 (1962),

250-67.

4L On the whole issueof a possibleSyrian associationo the descentmyth,

seeA. F.J. Klijn's notes to TheActs of Thomas Leiden: E.J. Brill, 1962),

pp. 181-3 and especially 189-90,and Remi Gounelle, Le fremissement

des portiers de rEnfer a la vue du Christ: Jb 38, 17b et trois symbolesde

foi des annees359-360 n Le Livre deJob chez les Peres,Cahiers de Bi-

blia Patristica (Strasbourg: Centre d'analyse et de documentationpatris-

tiques, 1996),pp.179-80.

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166

K. RODDY

of the seventhcentury,42 nd an Easter sennon s included in the

homiliary of Agimund, from the early ninth century.43

There are two Eusebian Easter sermons, he ninth, De diabolo

et orca, and the tenth, In sanctaet magna Parasceve, t sanctapas-

sione Domini, that evinceseveralkey conceptsconcerning he Har-

rowing.44These two sermons in particular demonstrate a strong

influence of the adventusceremony on the myth of the Harrowing

of Hell, already mplicit in Melito of Sardis,aswe have seen.Both

sermonsappear n Latin from the fifth or sixth century, and it is to

these Latin versions that we turn. One fairly close analogue o the

two Alexandrian sermonscombined exists, under the title Sermo

de confusione Diaboli; it was first edited by E.K. Rand in 1904

from what he thought was a unique version of the tenth century ;45

Dr. Izydorczyk has since dentified two further copies, one of the

eleventh and the other of the eleventh/twelfth centuries,suggest-

ing wider popularity.46Using this Sermo asa point of departure,

I would like to examine three passages ound in Alexandrinus

which will aid in our investigation. These and other segments om-

pare with similar passagesn the Latin work of a mysterious fig-

ure identified as Eusebius, a Westernhomilist who seems o have

been broadly influenced by Eusebius Alexandrinus. The purpose

is twofold: to define more coherently some of the main attributes

of the Harrowing tradition, and to establish elevant texts that can

be dated with more certainty to Late Antiquity.

The WesternEusebiusevincesseveralGaulic traits, and his mod-

~rneditor has for that reason retained a traditional appellation,

42. G. Morin, Sermo de dominicae observatione: Une ancienne adap-

tation latine d'un sermon attribue a Eusebe d' Alexandrie, Revue bene-

dictine 24 (1907),530-4.

43. J. Leroy and Fr. Glorie, Eusebe d' Alexandrie, source d'Eusebe de

Gaule, Sacris Erudiri 19 (1969), 33-70,esp. 49-50,67-70.

44. PG 86,cols. 383-406;seealso Oralia de adventuet annuntiationeJoan-

nis (Baptistae) pud inferos,ools. 509-526, ttributed to Eusebiusof Emesa.

Difficulties in attribution have beendescribedby F. Nau, Notes surdiver-

ses home ies pseudepigraphiques, sur les reuvres attribuees a Eusebe

d' Alexandrie et sur un nouveau manuscrit de la chaine Contra Severi-

anos, Revuede l'Orient chretien13 (1908),406-435.

45. Sermo de Confusione Diaboli, Modern Philology 2 (1904),261-78.

Reprinted, with further notes, by O. Hey, Eine Predigt tiber Christi H61-

lenfahrt, Archiv fUr lateinischeLexicographie und Grammatik 14 (1906),

253-68.

46. Zbigniew Izydorczyk, Two Newly Identified Manuscriptsof the Sermo

de ConfusioneDiaboli, Scriptorium 43 (1989),253-55.

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167OLITICS AND RELIGION IN LATE ANTIQUITY

 Gallicanus, so as o distinguishhim from either EusebiusAlexan-

drinus or Eusebius of Emesa.47 e may have written as early as

the fifth century.48 here are three interrelated Easter sermons

attributed to Gallicanus, the earliest manuscripts of which date

from the seventhcentury. Of the three, the most important is ser-

mon number eight, Exsulta coelum,et aetare erra.49 hough ound

in only two of the nearly five hundred manuscriptscontainingGal-

lican material, Sermo 8 contains passageshat will later appear n

one of the most influential Harrowing sermons of the entire

medievalperiod, De Pascha I (inc. Passionem el resu ectionem),

attributed to Augustine and numbered 160 n the appendix o his

works.5O he Pseudo-Augustinian sermon appears o be closely

connected with Pseudo-EusebiusGallicanus Sermon8, and some

passagesmost resemble the Harrowing text in the Evangelium

Nicodemi tself.51By all accounts, he Passionemwas enormously

popular; it is found in the homiliaries of Alan of Farfa and Egin

of Verona, in those of Ottobeuren and Toledo, in Troyes MS 853,

and almost certainly n Biblioteca capitolarec. 105.52t is the source

47. Eusebius Gallicanus,' Collectio Homiliarum, ed.J. Leroy and F. Glo-

rie, CCSL 101 (Turnhout : Brepols, 1970).

48. For arguments on this score,seeElie Griffe, Les sermonsde Fauste

de Riez. La 'Collectio Gallicana' du Pseudo-Eusebe, Bulletin de littera-

ture ecclesiastiqueToulouse]61 (1960),27-38; and A. Souter, Observa-

tions on the Pseudo-Eusebiancollection of Gallican sermons, TheJour-

nal of Theological Studies41 (1940),47-57.

49. Eusebius [Ps-Caesariensis],Sermo 8. De Resurrectione Domini, in

Eusebius Gallicanus,' SermonesExtravagantes, d. F. Glorie, CCSL 101B

(Turnhout : Brepols, 1971),pp. 881-6.

50. Ps-Augustinus, Sermo CLX. De Pascha, I, in PL 19, cols. 2059-

2061.

51. This sermon may justly be called the stumbling-block of Harrowing

studies; as will be made clear, t was placed in the sermoncollections of a

large number of patristic writers, and all of the manuscripts may never be

identified. It is the subject of one recent dissertation, D. Ozimic, Der

PseudoaustinischeSermo CLX. Hieronymus als sein vermutlicher Ver-

fassel; seine dogmen\geschichtliche inordnung und seine Bedeutung Ur

das osterliche Canticum triumphale Cum rex gloriae (Graz: Verlag fur

die Technische Universitat Graz [Dissertationen der Universitat Graz,

47],1979). For a brief discussion,seeJackson . Campbell, To Hell and

Back: Latin Tradition and Literary Use of the Descensus d Inferos in

Old English, Viator, 13 (1982), 107-58,especially131-3.

52. For a general discussionof homiliaries in the early medieval period,

see Giuseppe LOw, 11pill antico sermonario di SanPietro in Vaticano,

Rivista di archeologia cristiana 19 (1942), 143-83; Jean Leclerq, Tables

pour l'inventaire des homiliaires manuscrits, Scriptorium 2 (1948), 195-

214; Reginald Gregoire, L'Homiliaire de Farfa, in Les homiliaires du

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K. RODDY

for Blickling Homily number seven, he Old English Easter ser-

mon in Junius 121, and-directly or indirectly-the eighth-centu-

ry Book of Ceme.53 sectionof it, the EasterCanticum triumphale,

appears n a large number of rites beginning in the ninth century.

The sermon has never been dated with any confidence, though

Alan of Farfa's collection belongs o the eighth century.

The two other Easter sermons n the Eusebian canon, XII and

XII-A, both beginning with the incipit Exsulta ca~lum et in laeti-

tia, contain, with somedifferences between hem, material similar

to, and in some cases dentical to that in sermon eight.54Both XII

and XII-A achieved a great deal of popularity in their own right.

Ninety-four manuscripts contain one or the other, and most of

these contain both; the earliest of these dates from the seventh

century. They also appear in the homiliaries of Agimund, and of

Egin of Verona, as well as in Troyes 853. And, predictably, both

sermons can be found bearing suchnamesas Augustine, Jerome,

Faustus of Riez, Caesarius of ArIes, Fulgentius, and Martin of

Leon, though most often they are ascribed o Eusebius.All of these

sermonsexhibit a vigorous, dramatic style with extensivedialogue,

suggesting hat the distinction in genre between narrative litera-

ture on one side and homilies on the other might be an arbitrary

and perhaps artificial one.

Adventus Christi: Three Aspects

The three passages hosen rom Alexandrinus and Gallicanus

reflect themes developed in the earlier sections on Roman politi-

moyen age. nventaire et analysedes manuscrits,Rerum ecclesiasticarum

documenta,seriesmaior. Fontes, VI (Rome: Herder, 1966),pp. 1-21; R.

Etaix, Un homiliaire ancien dans Ie MS. LII de la bibliotheque capitu-

laire de Verone, Revue benedictine 73 (1963), 289-306; and Edoardo

Hosp, C.SS.R., 11 ermonario di Alano di Faria, Ephemerides iturgicae

N.S. 10 and 11,vols. 50 and 51 (1936/37),375-83; 210-41.

53. See The Blickling Homilies,ed. and trans. R. Morris, EETS 58, 63,73

(1874-80),pp. 82-97; Anna Maria Luisella Fadda, De descensuChristi

ad nferos: Una inedita omelia anglosassone, Studia Medievali 13 (1972),

989-1011; The Prayer Book of Aedeluald the Bishop, Commonly Called

the Book of Cerne, d.A. B. Kuypers (Cambridge: CambridgeUniv. Press,

1902),pp. 196-98;and David Dumville, Liturgical Drama and Panegyric

Responsory rom the Eighth Century, Journal of TheologicalStudiesn.s.

23 (1972),374-406.

54. Homilia XII. De Pascha, , and Homilia XII A. De Pascha, A,

in Collectio Homiliarum, 141-43and 145-50.

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POLmcs AND RELIGION IN LATE ANllQUITY

cal ceremony: the majesty of the emperor at his entry, the abject

misery of the emperor's enemies,and the grateful salvation of the

oppressed captives. In a dramatic stroke that has precedents in

Roman rhetoric, the first two themes are expressedby the emper-

or's enemies hemselves, n this case he Devil and Hell, the famil-

iar figure of a personified city. All of these passages re charac-

terized by an extensive nterchange of challengeand reply, a comic

confusion on the part of the Devil and Hell, and a buoyant sense

among the just of celebration and release. At various junctures,

too, there are close parallels with incidents and dialogue in both

the Pseudo-Augustinian sermon and the Evangelium Nicodemi;

when this occurs, each will be noted.

Christ'sMajesty

In Alexandrinus, Christ's entry is conveyed,as t will be in prac-

tically every other Harrowing version, through the instrumentali-

ty of Vulgate Psalm23: 7-9,a theatrical dialogue of royal welcome

into the sacredcity: Levate portae capita vestra/et elevamini por-

tae aeternales et introibit rex gloriae. The next verse, of course,

is the Devil's : Ollis est rex gloriae, to which the retinue accom-

panying Christ responds, Dominus fortis et potens, Dominus

potens in proelio. Adtollite portas principes vestras et elevamini

portas aeternales,et introibit rex gloriae. Alexandrinus now has

the Devil depart from his script, in order to ask, quasi ignorans,

Who is it that you're talking about? And if he's he one,what's

he want here? Why does he want to leave heavenand descend

to us ? 55

This set of questions,designedrhetorically to elicit the retinue's

scriptural response, s straightforward enough, underscoring the

glory of Christ the conqueror, whom even he Devil now easily ec-

ognizes. n the Evangelium Nicodemi, t is Hell who, having eject-

ed Satan from his throne, pretends obtuseness,quasi ignorans, n

reaction to this challenge and the damning estimoniesof the Jew-

ish Prophets.

55. 'Quis esthic de quo dixisti? Et si pse est, quem querit hic? Cur voluit

derelinquere caelum et discenderead nos ?' (Rand, 16).

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K. RODDY

The Eusebian corollary provides considerablecontrast. Christ's

arrival before the gates of hell is heralded by great light, causing

the "impia officina" to tremble, and to cry out,

Who then is this one terrifying and shining with snowy splen-

dor? Our tartarus has never caught one like this; never has he

earth vomited one like this into our caves.He's an attacker, not

a tributary; a collector, not a criminal. We see a judge, not a

supplicant: he comes o rule, not to obey; to snatch away,not

to remain. Why do our gate-keepers sleep, when this warrior

harries our defenses? If he is indeed an accused,he won't be

over us if any crime darkens him, then he would never destroy

our blacknesswith his splendor. f he is god, why doeshe come?

if man, what does he pretend to? If god, what was he doing in

the tomb? if man, how can he release captives? Is it that he's

fought with our leader? or might it be that, entering and con-

quering him, he bursts into our kingdom? He was really dead,

he was really defeated. Our champion had no idea how he has

brought about carnage in hell. That cross,deceiving our joy,

causing our ruin; becauseof wood we were wealthy,becauseof

wood we are ruined Our power, always overwhelming to

humankind, dies.56

Gallicanus has the ministers of Hell (unlike Alexandrinus, who

has Hell do so) articulate, in a long line of interrogative antithe-

ses,a whole mythos,one based o a large extent on Roman polit-

ical propaganda: Christ is a mighty warrior, a udge, a victor; and,

following vocabulary that emerges with the Dominate, he is act-

ing as f he were a god, but a god willing to descend rom his place

to effect a rescueof sinful men. His splendor in and of itself estab-

lisheshis divinity, yet the minions of Hell were fooled by the decep-

tion of the cross nto believing that he was merely human. This ver-

56. "'Quisnam' inquiunt 'est iste terribilis et niueo splendore coruscus?

Numquam Doster talem excepit tartarus; numquam in nostra cauerna

talem euomuit mundus. Inuasor est iste, non debitor; exactor, non pec-

cator. Iudicem uidemus, non supplicem: uenit iubere, non succumbere;

eripere, non manere. Vbi iam antores dorrnierunt, cum ste bellator claus-

tra uexabat? Hic, si reus esset,super nos non esset; si eum aliqua delicta

fuscarent, numquam nostra regna suo dissiparet ulgore. Si deus, ut quid

uenit? si homo, quid praesumit? Si deus,quid in sepulcro facit? si homo,

quare captiuos soluit? Numquidnam iste cum autore nostro pugnauit?

aut forte aggressus t ipsum uicit, et sic ad nostra regna ranscendit? Certe

mortuus erat,certe illususerat. Proeliator Dosternesciuitquam roc stragem

procuraret in inferno. Crux ilIa fallens gaudia nostra, parturiens damna

nostra; per lignum ditati sumus,per lignum euertimur Perit potestas lIa

semperpopuilis forrnidata'" (Sermon 8, 882-883).

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POLmcs AND REUGION IN LATE ANTIQUITY

sion s explicit to an extreme in its use of military allusions: inva-

sor, bellator, claustra uexabat, nostra regna suo dissiparet

fulgore, autore nostro pugnauit, aggressus, uicit, ad nos-

tra regna transcendit, proeliator noster, and stragem. While

there is very little of this language n Alexandrinus, a similar out-

cry can be found in the Evangelium Nicodemi : there Hell's minis-

ters describe Christ specifically as miles et imperator, in forma

serui admirabilis praeliator, almost certainly an imperial humili-

ty topos going back to Pliny and before. The demons admit, Vici

sumus a te, and subsequentlycatalogue his triumphs: legiones

nostras perturbas, absolvis captivos, in liberatem pristinam

revocas, sic intrepidus nostros fines ingressuses, all character-

istics and ndeed hallmarks of imperial authority. In balance,how-

ever, he Evangeliumalsoemphasizeshe humanity of Christ: tam

fortis homo et splendidus n majestate (Ev.Nic.22.1).

Recriminations

The Alexandrinus version of the Harrowing had begun with a

boasting harangue on Satan's part, exulting that he has finally

brought about the death of Christ; he awaits this, his next prize,

the man's captured soul, with joy. He found no danger n attempt-

ing to win so great a trophy, and in fact he had recalled the loss of

Lazarus, not with dread, but with emotions both vengeful and

expectant, since he will now enslavea victim commensurate o his

own greatness.When Christ finally arrives, however,accompanied

by virtutes as heralds and honor-guards, the personified Hell

berates Satan or his pride:

Three-headed and Beelzebub, mockery of the saints, coward,

full of envy,didn't I tell you not to fight with him? Now every-

thing I predicted is coming your way, and what are you going

to do, you wretch? Why didn't you obey me? And now he

comes ooking for you, and becauseof you I'm to be enslaved.

If you can, you wretch, fight him; I can't help yoU.57

The congregationwould certainly appreciate he sniveling cow-

ardice that Hell himself exhibits, his ridiculous exhortations to the

57. 'Tricapite et Beelzebub,derisio sanctorum, nfortis, inuide, non tibi

dixi ne pugnescum eo? Ecce nunc quae praedixi aduenerunt tibi, et quid

facies miser? Quare non oboedisti uerbis meis? Et nunc uenit et querit

te, et propter te captiuus fio. Et si potes, miser,pugna cum eo. Ego enim

te adiuuare non possum' (Rand, 16).

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K. RODDY

Devil to fight, and the chaotic state of the Underworld. Moreover,

there is this underlying satisfaction: the enemy fully-and not

reluctantly-proclaims the superior authority of the victorious

Christ.58 he short, breathlessseriesof rhetorical questions equires

eloquence n its delivery. Indeed, even hough such emotional out-

bursts were preserved and disseminated n written form, there is

every indication that in both the East and West these homilies

obtained their appeal as powerful public addresses; he occasion

of their copying may have simply been o make them available for

recitation at special easts,and often for insertion into the liturgy.

A similar passagecontaining recriminations occurs n Eusebius

Gallicanus, in a considerably expanded form, anticipating all of

the implications of the defeat the diabolic powers are about to

experience:

"0 our prince, isn't this the one, about whosecoming death you

have always applauded? he's the one, in whose cross you've

believed all the world will be subjected o you? he's he one, n

whose ruin, you assured us so many spoils? What have you

done?

"Look how he has lit all the darkness with his splendor, and

your prisons smashed, reed the captives, untied the bound:

turned their sorrow to joy. Those who groaned under our tor-

tures insult us as they sense heir freedom; and not only have

they ceased o fear us any more, they even threaten us. Never

before have the dead had so much pride, never have captives

been so happy

"What did you want to bring in here: at whose arrival all are

restored to happiness,who before were miserable? No usual

groan is heard, no moan sounds.

"0 our prince: all that wealth that you first acquired through

the loss of paradise,now you've lost through the cross.All your

happiness s gone: your happiness has changed to sorrow. In

58. This rhetorical device appears nfrequently in the panegyrics, argely

because he usual practice was to slaughter enemiesand have their lead-

ers die ignominiously. In Pacatus' "Panegyric of Theodosius," however,

the orator has Maximus' defeated,dying soldiers seekingsecludedwoods

and streams, o speak out final compliments and maledictions: ". ..there

they poured out their last breath in admiration for your [Theodosius]name

and denunciation of their own leader [Maximus]" (". ..illic postremum

spiritum in admiratione nominis tui et sui ducis detestatione fundebant")

36.2, n Nixon and Rodgers, n Praiseof Later Roman Emperors,pp. 502,

667.

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OLmcs AND RELIGION IN LATE ANTIQUffY

hanging Christ from the cross, you have not known what loss

you've prepared for hell. Couldn't you foresee that you were

killing the one who would destroy your reign? Here's the rea-

son: you wanted him to be guilty. In whom you knew there was

no evil; why did you bring him to our fatherland? You have

captured this free man and you have lost all the slaves "59

In comparison with material found in Alexandrinus, Gallicanus

elaborates the theme in a number of extremely specific ways, as

signaledby the words "spolia" and "captiuos ejecit." In the Alexan-

drinus, the word "captivus" occurs only once, in the quoted pas-

sage, n which Hell hasbecome mprisoned; in Gallicanus, t occurs

six times, in every case referring to the enslaved Patriarchs and

Prophets.To be sure, Alexandrinus haspreceded he passage uot-

ed above with a deliberately martial allusion: the virtues accom-

panying Christ explain to Hell, "Wishing to pursue the enemy,he

descended o bind and to subject that enemy o you, to scatter his

soldiers, and to assemble he others."60 n contrast, Gallicanus'

Christ is depicted more concretely and specifically as a conquer-

ing liberator, manifesting himself in terms of a legitimate imperi-

um and of the recovery of lost subjects.Hence the ironically sym-

metrical references o the Devil as a "princeps," to the depths of

59.

"'0 princeps Doster hicne est ille, de cuius tibi semper utura morte

plaudebas? ipse est, in cuius cruce omnem mundum tibi subiugandum

essecredebas? ipse est, in cuius exitu nobis tanta spolia promittebas?

Quid est, quod egisti? quid est, quod facere uoluisti? "Ecce iam totas

tenebras suo ipse splendore fugauit, et omnes tuos carceres fregit, cap-

tiuos eiecit, ligatos soluit : luctus eorum in gaudia commutauit. Ecce ipsi,

qui sub nostris solebant suspirare tormentis, insultant nobis de percep-

tione salutis; et non solum iam nihil uerentur, insuper et minantur.

Numquam hic ita superbierant mortui, neque aliquando sic poterant laeti

essecaptiui "Vt quid hic istum adducere uoluisti: quo ueniente omnes

laetitiae restituti sunt qui ante fuerant desperati? Nullus hic iam solitus

eorum mugitus auditur, nullus resonat gemitus. "0 princeps Doster illas

tuas diuitias, quas primo acquisieras per paradisi amissionem,nunc per-

didisti per crucem. Perit omnis laetitia tua : in luctum conuersa sunt gau-

dia tua. Dum tu Christum suspendis in ligno, ignoras quanta damna

sustineas n inferno. Praeuidere non poteras, quia euersorem regni till in

mortem sine reatu aliquo perducebas? Attenderes causam: requireres

culpam. In quo nihil mati cognoueras: quare ad nostram patriam per-

ducebas? stum liberum adduxisti et totos obnoxios perdidisti '" (Sermon

8,883-884).

60. "'Uolens inimicum persequere descendit igaTeet tradere eum tibi, et

milites suos excutere et conuocare eos'" (Rand, 16). I am grateful to my

colleague Ms. Charlayne Allan of the University of California, Davis, for

help with this passage.

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hell as a patria, and to the treasonous crime of attempting to

enslave a free man. In the Evangelium Nicodemi, captivus and

 spolia do appear, but the former only twice and the latter just

once; obviously, while the theme of conquest igures in the Evan-

gelium, it is but one of many.

Acclamations

The third aspect its in well with the other two. In it the souls of

the just welcome Christ, often mixing biblical statementsof praise

with classical ormulations. First, the corresponding passage n

Alexandrinus :

First David struck his cythar and said, Come, let us exult in

the Lord; becauseour king, ighting for us,wasvictorious. And

everyone answered: Everyone clap your hands,becauseour

king, fighting for us,wasvictorious. And another prophet said,

 Let heavenbe glad,and let the earth rejoice,becauseour king,

fighting for us,was victorioUs. 61

E.K. Rand suggests n impromptu liturgy for this passage, nd

cites Judith 5 :16 as a possible antecedent: deus eorum pugnavit

pro eis et vicit. Clearly David's acclamation elates generically as

well, though, with the popular outbursts found in the panegyrics.

The passageshows the ease with which a commonplace Latin

rhetorical figure, the conversio or antistrophe, in which the last

element is repeated, combines neatly with the biblical litany.

The Gallicanuscounterpart s, as might be expected,more exten-

sive, and also more concretely egal, militaristic, and ceremonial:

this sermon utilizes, in fact, the customary phase ound in many

imperial adventusceremonies, Advenisti :

Immediately the vast numbers of the saintswho had been held

prisoners in death, throwing themselves at the knees of their

liberator, begged with tearful supplications, saying, You have

arrived, ransomer of the world; you have arrived, for whom we

in desire daily hoped; you have arrived, whose coming the law

61. Primus Dauid percutiebat cytharam et dicebat: 'uenite exultemus

Domino et reliqua; quia rex Doster pugnans pro nobis uicit. Et ornnes

responderunt Omnesgentes laudite manibus et reliqua; quia rex Doster

pugnanspro nobis uicit.' Et alius propheta dicebat 'Letentur caeli et exul-

tet terra,quia rex Dosterpugnanspro nobis uicit' (Rand, 17).

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175

OLmcs AND RELIGION IN LATE ANTIQUITY

and the prophets announced; you have arrived, pardoning sin-

ners in the world, still living in flesh: rescue he dead and cap-

tive in hell. 62

The scene has all the characteristics of the ritual ado ratio /

proskynesis,whereby,aswe have seen, he supplicants hrow them-

selves at the feet of their liberator and beg for forgiveness. Given

the specific circumstancesof an arrival to the nether world, it is

quite possible that these words consciouslyecho Anchises' greet-

ing, Venisti,welcoming their savior.The deep cultural consequence

of this acclamation s supported by the fact that it is found almost

word-for-word in the Pseudo-Augustinian sermon, with this fur-

ther extension:

 You come after long tears, deliver us, you who alone suffered

for us. Founder of the heavens,you deigned to enter into the

depths; our sighs called for you, our great laments begged for

you, hope in despair and consolation n,torment. In your com-

ing [adventu]our chains ell, night fled. Life arriving deathdied;

torturers and assailantsno longer threaten. The damned take

up supplications [vota]; the Creator rules [imperiat], not an

invader [invasor]. Chains bind the tyrant; our torturer is tor-tured.

Rescue,Ransomer of the world, the dead and captive in

hell. 63

The EvangeliumNicodemi, oo, containsa similar passage

 You have come [Advenisti], Ransomerof the world; that which

you foretold through the law and your prophets, you have

accomplished.You have ransomed he living through your cross,

and through your death on the cross you have descended o us,

62. Ecce subito innumerabiles sanctorumpopuli qui tenebantur n morte

captiui, saluatoris sui genibus abuoluti, lacrimabili cum obsecratione

deposcunt, dicentes: 'Aduenisti, redemptor mundi; aduenisti, quem

desiderantes quotidie sperabamus; aduenisti, quem nobis uenturum lex

nuntiauerat et prophetae; aduenisti, donans in carne uiuis indulgentiam

peccatoribusmundi: solue defunctos et captiuos nferni' (Sermon8, 884).63.

'Venisti post longas lacrymas, eripe salus qui passuses pro nobis.

Caeli conditor, ad inferos intrare deignatus es; te enim nostra vocabant

suspiria, e larga requirebant lamenta ; unclespesdesperatis,uncleconso-

latio in tormentis. In adventu tuo catena nostra cecidit, nox effugit. Vita

veniente mars moritur, nec tartar instat, nec percussor.Damnati vota capi-

unt; Creator imperiat, non invasor. In tyranno catena nnectitur; et tor-

tor noster poena torquetur. Solve, Redemptor mundi, defunctos et cap-

tivos inferni' (Sermo CLX. De Pascha, I, 3 [PL 19,col. 2061]).

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176

K. RODDY

that you might rescue us from the depths and from death

through your majesty."64

As remarkable as are the similarities, the subtle differences

among the three accounts are particularly notable: the straight-

forward repetition in the Gallicanus has become an opportunity

for the author of the Pseudo-Augustiniansermon both to empha-

size he reversed ortunes in store for the damned,and to celebrate

the opposite fate awaiting the powers of darkness. The sermon,

too, seemsdeliberately o createechoesof classical hythmic prose:

"te enim nostra vocabant suspiria, te larga requirebant lamenta;

unde spes desperatis, unde consolatio in tormentis." The Evan-

gelium, on the other hand, ocuseson mercy and equity; the cross,

as the symbol of both shame and triumph, is acknowledged the

instrument by which redemption occurs.While this is to a degree

a departure from the usually glorious terminology associatedwith

the adventus, nevertheless salvation occurs through Christ's

majesty. Moreover, the phrase "Redemptor mundi," common to

all three passages,may be compared fruitfully to the appellation

"Restitutor orbis" so typical of imperial ambitions; some manu-

scripts of pseudo-Augustine, n fact, use restitui for solue n the last

line.65

In the last hree works, the acclamationconcludeswith a request

on the part of the saints, a request that illustrates the various

themes that each version of the Harrowing might emphasize. n

both Gallicanus and Pseudo-Augustine, the saints ask Christ to

plant his military standard,called a signum, n the newly conquered

territory:

"You have descended or us to the depths,do not abandonus

when you return to the heights. You have placed he inscription

of glory in the ages, plant the standard of victory in hell."66

This is not a vague symbolic allusion, but a reference rather to

a specific act of conquestand victory; in Roman campaigning, he

64. '" Aduenist redemptormundi; sicut per legemet prophetas uos predix-

isti, factis adimplesti. Redemisti uiuos per crucem tuam et per mortem

crucis ad nos descendisti,ut eriperes nos ab inferis et morte per maies-

tatem tuam'" (XXiv; 1, n Kim ed., p. 45).

65. In the textual note to line 106 n Glorie ed., Sermon 8, p. 884.

66. "'Descendisti pro nobis ad inferos, noli nobis deessecum ueris reuer-

gurus ad superos. Posuisti titulum gloriae in saeculo,pone signum uicto-

riae in inferno '" (Sermon 8, 884; SermoCLX. De Pascha, I, 3,col. 2061).

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177

OLffiCS AND RELIGION IN LATE ANTIQUITY

successful eduction of a city was signaled by planting a standard

on its walls. Josephus describes a conquest as communicated in

this way, and Vegetius calls the standard the necessarymeans by

which the army is led.67According to these versions of the Har-

rowing, the titulum, a public inscription whereby the emperor offi-

cially commemorated major events,has been appropriately placed

in the ages the Pseudo-Augustinian sermon usually has in heav-

en ). But, in contrast, a more dramatic indication of victory was

needed for hell: the physical display of a battle-standard. In this

context, it is almost certainly Christ's cross, though interestingly,

the fact is not noted. Instead, the purpose seems o treat the act as

no surer ndication of the eternal, military subjugation of Hell; fur-

ther, that the inhabitants of that city have specifically and volun-

tarily requested that they be rescued will now supply a compelling

legitimacy.

Again, the Evangelium Nicodemi tends to emphasize both the

mythic act of cosmic balance that the Harrowing represents,and

the very human sacrifice of Christ, through the stark reality of the

cross:

 Lord, as you placed the inscription of your glory in heavenand

as you erected the inscription of redemption, your cross, on

earth, place, Lord, the standard of the victory of your cross n

hell, that death may have no more dorninion. 68

Here titu/um and signum have been conflated and perhaps even

confused: the stress has shifted from a purely military action to

just one element in a tripartite commemoration of Christ's entire

accomplishment: glory in heaven, redemption on earth, and vic-

tory in hell. The author is clear, as he has been before, that events

in hell are a continuation and completion of what has occurred on

earth, and perfected in heaven; and it is on earth and in hell that

the cross s both the true titu/um and the true signum.

67.

Josephus,De bello Judaico,VI, 403. Vegetius,De re militari, III, 5. See

Charles Renel, Cultes militaires de Rome.. Les enseignesLyon: A. Rey,

1903), especiallypp. 20-29.

68. 'Domine, sicut posuisti titulum gloriae tuae in caelo et erexisti titu-

lum redemptionis crucem uam in terris, pone, Domine, in inferno signum

uictoriae crucis tuae, ne mors dominetur amplius' (XXIV, 1, n Kim ed.,

p.45).

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178

K. RODDY

Conclusion

This studyhas sought o define a particular instanceof metaphor-

ical transference, and beyond that to contribute to the broader

issuesof sacred vocabulary in its creation, and the meansby which

transcendence is captured in the imagination: in this case, the

appropriation of Roman imperial political language and gesture

to a mythically religious context. Specifically, t shows he means

by which the ever-present ealities of power, slavery,and freedom

in the Late Antique world, as embodied in the physical act of the

emperor's entry into a city, could be transferred to a narrative that

was both comprehensible and compelling. Roman propagandists,

and beyond them, Roman culture itself, generated motifs, partic-

ularly during the Dominate, defining the emperor as iberator, as

descending rom heaven, as redeemer of captives, as restorer to

the light of life, as one for whom the gates of rebellious cities

opened. Christian scripture, already imbued with soterilogical

notions of the imminent adventus Christi, could easily be accom-

modated to verify this transformation. Once the myth of the Har-

rowing had been established, moreover, the transference might

evenbe reversed: a sixth-century Egyptian papyrus describessub-jects

as awaiting their governor with the same anticipation with

which the damned souls in hell waited for Christ.69And later

emperors certainly felt no qualms about presenting hemselvesas

new Christs, yet again defeating the powers of darkness O

As to proposing a chronology for theseworks, it might be imag-

ined that the cessation of Roman rule in the West might form a

reasonable erminusad quem; but the conservativenature of polit-

ical and religious language and the deliberate continuation of

Roman ceremony by Germanic rulers71both make this problem-

atic. Nevertheless,a fifth-century date for the Gallicanus and cor-

responding passages n the Pseudo-Augustinian sermon s quite

probable; there, Roman military themesare so marked and so spe-

cific as to evince a living, rather than nostalgic, symbolic context.

69. For example, see Ulrich Wilcken, "Papyrus-Urkunden (XVII. P.

Aphrod. Cairo)," Archiv flir Papyrusforschung und verwante Gebiete,5

(1913), 83ft.

70. See P.J. Nordhagen, "The 'Harrowing of Hell' as imperial iconogra-

phy. A note on its earliest use," Byzantinische Zeitschrijt 75 (1982),345ft.

7L See McCormick, Eternal Victory, on Theoderic, pp. 270-75; and Sido-

mus Apollinarius on Prince Sigismer,Epist. W, in MGH, A. A. VIII, pp.

70-1.

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179

OLmcs AND RELIGION IN LATE ANnQUITY

So ittle is known about Alexandrinus that even he suggestionof

an earlier date as might befit a less elaborate putative Greek

source for a Latin adaptation cannotbe made. On the other hand

the Evangelium Nicodemi with its emphasis on theology and its

broad reference to a whole spectrum of developed belief is cer-

tainly later than the Gallicanus which may indeed place it in the

sixth century.

Through the dramatic and powerful fictions of the apocrypha

and through the immediacy of popular preaching hemes amiliar

to audiencesof Late Antiquity were exploited and elaborated to

their edification and obviousgratification. For centuries hen nar-

ration of the Harrowing provided a real and culturally vibrant alle-

gory by which a people vindicated themselves and allowed them-

selvesaccess o transcendenthope.

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GiseleBESSON

Ecole Normale Superieure de Fontenay -Saint Cloud

LA COLLECTION DITE DU PSEUDO-

ABDIAS: UN ESSAI DE DEFINITION A

PARTIR DE L ETUDE DES MANUSCRITS

Le but de cet article est de presenter quelques reflexions methodologiques

de base qui doivent permettre d expliquer et de ustifier la demarche suivie

dans [ edition et [ etude de la collection dite du Pseudo-Abdias. Constatant

d abord que ce texte est en fait beaucoup plus difficile a cerner que ne Ie

laisse entendre [ usage, courant depuis Ie XVI siecle, de ce titre, [ article

souligne dans un premier temps la necessite du recours aux manuscrits et

propose un bilan de ce que peut apporter leur examen. Il s agit ensuite de

formuler clairement les choix qui ont ete effectues pour permettre [ etude -

actuellement en cours -de cette collection. Une derniere partie pose Ie pro-

bleme de [ ordre des notices consacrees aux douze apotres dans Ie groupe

de manuscrits retenus, et en signale les difficultes.

This paper presents some basic methodological issues at stake when

explaining and supporting the process of studying and publishing the so

called «collection du Pseudo-Abdias ». Where its common name since the

16thcentury makes it sound easy to maste1; he collection is indeed waymuch

more difficult to handle. This paper first emphasizes how crucial it is to

start from the original manuscripts, and offers the results of their study.

Then decisions and choices have to be defined as clearly as possible, with

in perspective, the process of studying the collection. The last part of the

research points at difficulties specific to the « notices », and raises the issues

of the order in which the « notices » dedicated to the twelve apostles appear

in the selected manuscripts.

Parmi les res nombreux apocrypheschretiens du NouveauTes-

tament, il existe une serle de textes qui relatent en latin des epi-

sodesde la vie et de la passiondes apotreset ont connu une gran-

de diffusion en Occident au moyenagel.Une collection regroupant

1.11 suffit de penser par exemple au succesqu a connu a LegendeDoree

de Jacques e Voragine or Ie Dominicain a largementpuise dans es extes

dont il va etre question ici et qui se retrouvent parfois mot pour mot dans

son reuvre, souvent sans ndication de source, eventuellement avec une

reference aux« apocryphes».

Apocrypha 11, 2000,p.181-194

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182

G. BESSON

certains de ces extes concernant eg douze apotres a ete mise sons

Ie nom d Abdias depuis e XVIe siecle2et est actuellementconnue

comme « collection du Pseudo-Abdias».

A lire leg referencesque leg savantsmodernes ont faites a cette

reuvre, on a d abord l impression de se trouver en face d un texte

bien identifie, meme si Ie titre n est pas medieval et n apparait pas

non plus dans l editionprinceps, celIe de Nauseaen 15313. e choix

de ce titre revient en fait au deuxieme editeur, Wolfgang Lazius,

en 15524, ans des conditions et avec des consequences ui seront

preciseesdans a suite de cet article. Ce texte a ete tres diffuse, en

particulier par leg nombreuses eeditions qui ont fait suite a l edi-

tion de I.A. Fabricius en 171.95 t par plusieurs traductions dans

differentes langues. Le texte latin n a cependant pas ete reedite

depuis; l on pent certes trouver dans eg Acta Apostolorum Apo-

cryphade Lipsius et Bonnet6un certainnombre de ces extes,mais

toutes leg notices ne sont pas donneesen atin, ce ne sont pas tou-

jours exactement eg memesversions que celles qui sont attestees

dans a collection dite du Pseudo-Abdias, et elles sont de surcroit

melees a des textes d autres origines, si bien qu il est mpossible

de se faire une idee precise du contenDde la collection. On trou-

ve ausside nombreux fragments traduits en fran~ais dans Ie Dic-

tionnaire des Apocryphes de l abbe Migne7 ou en italien8,mais la

encore on ne pent facilement isoler du Testedes raductions ce qui

vient de la collection dite du Pseudo-Abdias.

Le titre utilise depuis l edition de Lazius est une fa~on appa-

remment commode de designerce texte qui etait Testeanonyme

dans eg manuscrits medievaux, si bien que leg savantsmodernes9

2. Voir ci-dessouspour l apparition exacte de ce nom.

3. F. NAUSEA,Anonymi Philalethi Eusebiani in uitas, miracula passio-

nesqueapostolorum rhapsodiae,Cologne, 1531.

4. W. LAZIUS,Abdiae Babyloniae episcopiet apostolorum discipuli de his-

toria certaminisapostolici libri decem,Bale, 1552.

5. I.A. FABRICIUS, odex apocryphus Noui Testamenti,. II, Hambourg,

1719, erris par L. DE LA BARRE,Historia christiana ueterum patrum,

PARIS, 582(p. 16-44).

6. R. A.LIPSIUS t M. BONNET, cta Apostolorum Apocrypha, Leipzig, 1

1891, I 11898, II 21903, Pierre et Paul (I, p.1-44 et 118-177),Andre (II

1, p. 1-37), Barthelemy (II p.128-150).

7. I.-P. MIGNE,Dictionnaire des Apocryphes, Paris, 1856, reimpression

Thmhout 1989,Brepols.

8. M. ERBETTA,Gli apocrifi del Nuovo Testamento, asale Monferrato,

1975.

9. Par exempleF. Steegmuller,Repertorium Biblicum Medii Aevi, Madrid,

1940,cite sous e nom de Pseudo-Abdias un ouvrage qu il intitule Histo-

riae apostolicae,mais auquel il renvoie ensuite sous des itres varies, Vir-

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LA COLLECI10N DlTE DU PSEUDO-ABDIAS

usent volontiers de cette designation, mais sans que Ie contenu

exact du texte soit toujours bien clairement designe.

La realite est en effet plus compliquee qu il n y parait au pre-

mier abord et leg anciens editeurs du texte sont pour tiDe part a

l origine de cette confusion. Nul ne doute bien evidemm~nt du

caractere fictif de l attribution a Abdias, d ou Ie nom de collection

du Pseudo-Abdias,mais Ie simple fait de se referer a ce nom d au-

teur resulte de la trop grande confiance accordee a l edition de

Lazius : cet editeur a en effet compose pour la collection, a partir

de fragments authentiques du texte, tine faussepreface, qu il place

sous a plume d Abdias, afin d asseoir fermement la reference a

ce pseudo-auteur; son edition est egalement eorganisee (l ordre

et la composition des notices se trouvent bouleverses) et propose

leg differents textes sur eg apotr~sdans un ordre qui n est pas celui

de tous leg manuscrits. La lecture de Lazius a ensuite incite ceux

qui, apres ui, ont parle du texte a considerer Abdias comme l au-

teur donne explicitement par Ie texte latin dans eg manuscrits et

l ordre de cesnotices comme l ordre ancien et authentique. C est

ainsique a Clauisapocryphorumsignaleque chezNausea«l ordre

est perturbe» et qu il «manque la preface et l epilogue ».

Dans la perspective du travail envisage1°, l devenait des loTs

indispensable de recourir aux manuscrits pour tenter de clarifier

la situation medievale, et ce en remontant aussihaut que possible.

lutes,Miracula ou Passiones postolorum. De melIle F. Bovon, qui donne

une serie precieuse de fiches signaletiques sur sikapotres dans I, recueil

d articles F. BOVON,M. VANESBROECKt al. (ed.), Les Actes apocryphes

desApotres, Geneve, 1981, ignale e texte de cette collection sous e nom

de Pseudo-Abdias, mais ne donne Ie titre de Virtutes que pout Jean et

ajoute une fois un numero de volume (vol. III pour Andre). Dans M. GEE-

RARD,Clovis Apocryphorum Novi Testamenti, umhout, 1992,on trouve

un bon exemple des difficultes de reference a ce texte : la Clavis a une

rubrique Virtutes Apostolorum, sous e numero 256,mais cite par ailleurs

des Passiones u Pseudo-Abdias (pour Pierre, Paul, Jacques e majeur et

Jacques e mineur, Simon et Jude), des Virtutes pour Jeansans e nom de

Pseudo-Abdias mais avec reference a son numero 256,des Virtutes pour

Andre sous e nom de Pseudo-Abdias (p.430),mais Ie meme texte est ns-

crit une autre fois sanscette indication (texte dit de Gregoire de Tours,

p.137), et indique pour Matthieu: II Pseudo-Abdias, . VII, Passio atina,

mais ne parle pas d Abdias pour Thomas (en citant une Passio et un De

miraculis), pour Philippe (tout en parlant de textes nommes Virtutes),ou

pour Barthelemy (dont il mentionne une Passio).

10. La communication presentee a Dole en juin 1999,dont cet article est

la mise au point, est ssue du projet de publication d une traduction de la

collection dite du Pseudo-Abdias par une equipe de quatre chercheurs,

Dominique Alibert, Michele Brossard-Dandre, Simon Mimouni et moi-

meme.

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184

G.BESSON

I. Les enseignements esmanuscrits

L examen des manuscrits, imite d abord aux plus anciens11,

fait apparaitre rapidement tine situation beaucoup plus confuse

que ce que l on pouvait attendre: l apparente simplicite de la defi-

nition du texte n etait qu une illusion, «Ie» texte presentant en

fait un si grand nombre de variantes qu il faudrait plutot parler

«des» textes de la collection dite du Pseudo-Abdias.

Un premier travail de reperageet d examendesmanuscritsavait

ete accompli par Eric Junod et Jean-Daniel Kaestli au COUTSe

leur etude des Actes deJeaw2 si bien que nons avons pu profiter

de cette liste d une dizaine de manuscrits, echelonnes du Ixe au

XIIe siecles.A cela nons avons oint l exploitation desdonneesque

fournit Guy Philliparp3 sons la rubrique « passionnaires

d apotres ». Enfin des sondagescomplementaires sur differents

cataloguesde bibliotheques, en particulier ceux de la Bibliotheque

nationale de France, ont permis d elargir notre documentation14.

Parmi Ie stock de manuscrits ainsi retenus pour l examen, un

petit nombre ne comportent que la collection dite du Pseudo-

Abdias, par exemple e manuscrit de Paris BnF Latin 556315mais

la majorite d entre eux contiennent, en meme emps que es textes

concernant les douze apotres qui composent la collection, des

11. Etant donne e succes e res textes au moyen age, e nombre de manus-

crits donnant ensemblede reuvre ou une partie de celle-ci est res impor-

tant, ce qui nousa interdit pour Ie moment de pretendre travailler sur ous

les manuscrits connus qui transmettent Ie texte latin.

12. E. JUNODETJ.-D. KAESTLI,Acta Iohannis, Corpus Christianorum

Series Apocryphorum 1, Turnhout 1983; v.les p.750a 834 qui offrent une

edition du texte des Virtutes Iohannis, Ie texte qui figure dans a collec-

tion dite du Pseudo-Abdias, et en particulier les p.755 a 759 pour la lisle

des manuscrits.

13. G. PHILLIPART,es Legendiers atins et autres manuscrits hagiogra-

phiques,Turnhout 1977,mise a jour 1985,Collection Typologie dessources

du Moyen Age occidental, fasc. 24-25, p. 16-18 et mise a jour p. 21.

14. Malheureusement, utilisation des cataloguesne donne souvent que

des renseignements ragmentaires, on Ie sail, surtout si leur redaction est

un peu ancienne,mais c est particulierement Ie cas ci. Les textes apo-

cryphes etant Testesongtemps dans l ombre, Ie discredit qui pesait sur

eux a souventempeche un reperageprecis; or faute d incipit et d explicit

detailles (et meme d ailleurs parfois avec es renseignements),I esta peu

pres impossible, en lisant Ia mention faite dans es catalogues,de savoir

avec precision l etat du texte contenu dans e manuscrit.

15. G. PHILLIPART,p. cit. p.17, e date du XIe siecle,mais il taut plutot

l assi~ner au Ixe ou au xe siecle.

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LA COLLECfION DITE DU PSEUDO-ABDIAS

textes varies: certains font preceder ou suivre la collection sur les

apotres de vies de saints ou autres textes hagiographiques16, ainsi

Ie manuscrit de Wolfenbiittel, Wissembourg 48, du Ixe siecle, ou

Ie manuscrit de Paris BnF Latin 18298, du Ixe ou du xe siecle.

D autres adjoignent des sermons, des homelies ou diverses lec-

tures, comme Ie manuscrit d Angers 281, du Ixe siecle, ou celui de

la Bibliotheque Sainte Genevieve 557 (fin XIe-debut XIIe siecle).

Enfin la grande majorite des manuscrits offrent pele-mele les

textes ou certains des textes qui composent la collection dite du

Pseudo-Abdias (sans forcement proposer la totalite des notices et

trailer des douze apotres) et divers fragments hagiographiques,

homiletiquesous avons d emblee elimine, pour noire etude, tOllS les manus-

crits qui n offrent pas l ensemble des notices consacrees aux apotres

comme un bloc indissociable, copie a la suite et sans interruption

aucune: a l evidence, des manuscrits qui proposent un grand

nombre de textes de type hagiographique en melant apotres, mar-

tyrs et saints dans des ordres divers ne peuvent en aucun cas ser-

vir de base a un essai de definition d une collection. lIs peuvent

cependant etre de precieux temoins de la circulation independan-

te de textes figurant par ailleurs dans la collection et a ce titre ne

peuvent etre totalement negliges: ils ont au moins pour merite de

poser Ie probleme meme de l existence d une vraie collection et

de montrer que certaines notices d apotres, peut-etre d ailleurs

anterieures a la redaction de la collection, ont toujours continue a

etre copiees en dehors de la collection.

Un deuxieme aspectde la question est de verifier Ie contenu

exact des manuscrits. En effet les listes des douze apotres sont en

fait mouvantes: l ordre est loin d en etre fixel1, mais surtout les

noms ne sontpas toujours les memes.Tous es manuscrits oignent

Paul a Pierre pour completer Ie chiffre de douze (Judas etant evi-

demment absent), sans aucunement s inquieter du fait que Paul

ne figure pas comme apotre dans es listes canoniques,mais bien

rares sont ceux<)uiproposentMatthias; une petite serie ajoute aux

Douze Marc l Evangeliste et quelques-uns continuent avec Bar-

nabe.

Plus grave encore, e contenu desnotices de chaqueapotre pent

differer d un manuscrit a l autre : plusieurs parmi les nombreux

textes repertories dans a B.H.L. sont susceptiblesd etre utilises.

A titre d exemple, on pent trouver au moins trois formes diffe-

16.Parexemple lnventionde a Croix...

17.Meme es extescanoniques nt surce point quelques ivergences.

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G. BESSON

rentes du recit consacrea Andre, les numeros 428, 429 et 430 de

la B.H.L., Ie no428se trouvant nomlalement sew, es n° 430 et 429

se succ6dantsouventdans cet ordre sansaucune mention de rup-

ture entre les deux, mais Ie n° 429se trouvant aussi solement. De

meme pour Ie dossierconcernantPierre et Paul, Ie plus complexe

de cet ensemble,pas moins de six recits differents peuvent appa-

rattre, auxquels il faut ajouter un certain nombre de variantes de

detail portant sur quelquesmots ou quelquesphrases parfois ires

significatifs) de ces extes.

Enfin les manuscrits ne s accordent pas sur la designation de

l reuvre. Aucun ne propose un auteur pour l ensemble de la col-

lection, tfit-il pseudepigraphe18,meme si parfois on trouve une

mention limitee a tel ou tel texte, connue par ailleurs comme par

exemple l attribution a Lin pour une passionde Pierre.

Certains manuscrits ne donnent aucun titre a la collectiow9,

comme celui d Angers 281 (non integral selon E. Junod et J.-D.

Kaestli). D autres proposent, en incipit ou explicit, divers titres qui

ne sont pas, semble-t-il, lies a tel ou tel etat de la collection: Pas-

siones(meme si les recits presentes couvrent beaucoup plus que

la passiondes apotres), comme dans e manuscrit 558 de la Biblio-

theque Sainte-Genevieve, Virtutes apostolorum, comme dans Ie

manuscrit de Wissembourg48, De miraculis apostolorum dans Ie

manuscrit de Paris BnF 12604 du XlIe siecle, Gesta et Passiones

dans e manuscrit de Vienne 497, du XIlIe siecle.

II. Les choix effectues

Devant la complexite de la tradition manuscrite, l a paru impos-

sible -et d ailleurs peu nteressant de travailler vraiment sur outes

les configurations reperees; puisqu il fallait faire un choix, nous

avons cherche a isoler un type de configuration aussi ancienne-

ment atteste que possible et qui ne soit pas present dans un seul

18. La remarque s entend pour la partie originale des manuscrits,car un

bon nombre d entre eux portent des mentions tardives attribuables a des

bibliothecaires de differentes epoques,mills toujours posterieursa Lazius,

qui ont « reconnu » la collection comme celIe d Abdias et lui ont parfois

attribue Ie titre de Historia certaminisapostolici que l on doit a l editeur

de 1552.

19. II n est evidemmentpas question ci des manuscrits ncomplets, oil les

lacunes materielles au debut ou a la fin de la collection interdisent de

savoirce que Ie copiste avail retenu pour designercet ensemblede textes.

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187

A COLLECflON DrrE DU PSEUDO-ABDIAS

manuscrit, out en gardant en arriere-plan a possibilite de confron-

tation avec d autres versions de ces extes.

Dans cette perspective, un element a pam revetir une impor-

tance particuliere : la post-face a la notice de Simon et Jude. C est

de ce fragment que Lazius s est servi pour batir sa faussepreface

mais son interpretation est batie sur un contresensa propos de la

phrase qui introduit Ie nom de l auteur (fictif) du texte2o.L ab-

sence,normale en atin, de precision explicite sur es apotres dont

Abdias aurait ecrit les Actes ouvre en theorie Ie choix a deux nter-

pretations ( ou traductions) egalementacceptablespour la syntaxe

latine : quand Ie texte figure dansune collection qui se ermine par

la notice de Simon et Jude, Ie lecteur peut comprendre, comme

Lazius a choisi de Ie faire, qu Abdias a ecrit les gestades douze

apotres, soit l ensemblede l reuvre qu il vient de lire. Mais a regar-

der Ie texte de plus pres, il apparait avec evidence,comme l avait

deja remarque LipsiuS21, u il ne s agit que des Actes de Simon et

Jude, dont Abdias a ete temoin, puisque Ie texte souligne qu Ab-

dias a connu ces deux apotres qui l ont personnellementordonne;

Ie meme Abdias n a par contre aucune qualite pour rapporter les

Actes d autres apotres qu il n a pas frequentes22.

Cependant, quoique jamais un manuscrit n en fasse ouverte-

ment mention, il est vraisemblable que la lecture fautive de cette

postface remonte au moyen age, et ce de fa~on d autant plus jus-

tifiee qu elle faisait double emploi avec une autre indication du

meme type figurant elle aussidans la notice sur Simon et Jude.

L avant-demier chapitre, en effet, se termine par la mention d un

disciple de Simon et Jude, un certain Grathon (ou Craton), qui

aurait ecrit en dix livres Ie fecit de leur vie, fecit plus tard traduit

en latin par Africanus23.Du coup a remarque finale pouvait etre

20. La notice consacreeconjointement aux deux apotres Simon et Jude

seclot sur quelquesphrasesconstituantune breve postfaceque lien n iso-

Ie de I ensemble du texte dans es manuscrits. En voici Ie debut: Scripsit

autemgestasanctorumapostolorumAbdias episcopusBabyloniae,qui ab

ipsis apostolisordinatus est, ermonehebraeo,quaeomnia a discipulo eius-

dem Abdiae, Eutropio nomine, n greco translatasunt. Quae uniuersanihi-

lominus ab Africano in X. libris descriptasunt.

21. R.A LIPSIUS,Die Apocryphen Apostelgeschichtenund Apostellege-

genden,Braunschweig 1883-1887.

22. On peut noter en outre que I emploi insistantde omnia puis de uniuer-

sane pouvait que renforcer I impression qu il s agissaitbien de I ensemble

des notices.

23. Voici Ie texte: In quibus (=prouinciis Persidis et ciuitatibus earum)

quae egerint et quae passi sunt per annos XIII Zanganarratione scripsit

Grathon apostolorum ipsorum discipulus n decem ibrorum uoluminibus

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G. BESSON

plus facilement admise si 'on y voyait une postfacegeneralea l'en-

semble de l'reuvre. D'autre part, la mention (recurrente) des dix

livres d' Africanus a dfi jouer un role dans a tendancede nombreux

manuscrits a trailer ensemble les deux premiers apotres, alors

meme que les textes presentesne les associaientpas necessaire-

ment24, t ce afin de resserrer a collection de douze notices atten-

dues en dix« livres» .Un autre indice de l'anciennete de cette ec-

ture est a constanceavec aquelle es manuscritsde toutes epoques

placent volontiers la notice sur Simon et Jude en fin de collection,

quel que soil par ailleurs l'ordre adopte25,

Cette lecture de la derniere postfacea la notice de Simon et Jude

permet en outre de trouver en fin de collection un echo a la pre-

face qui se trouvait parfois au debut de la notice consacreea Pier-

re (et Paul). Le statut de ce texte pent preter a confusion; il est en

effet repertorie comme faisantpartie de cette notice26,mais il joue

Ie role de preface generate: les remarques qui y sont faites sur la

volante du redacteur d'offrir aux fideles de quai contenter leur

curiosite sur a vie desapotres,d'une part, et d'autre part son choix

de la brievete quand il avail a recrire un texte dont il critiquait la

uniuersacomprehendens.Que Africanus historiographus n latinam trans-

tulit linguam. La contradiction que semblent contenir ces deux postfaces

successives ourrait etre levee si l'on admet, avec Lipsius, qu'il y a eu au

debut deux collections, une de vies et une de passions, ans esquelleson

a puise pour rediger sur chaque ap6tre un fecit contenant ses principaux

miracles et sa passion.Le disciple Grathon aurait ecrit une Vie de Simon

et Jude, 'eveque Abdias une Passion,et toutes deux se seraient rouvees

traduites et sansdoute jointes chezAfricanus, c'est-a-dire Jules Africain,

l'auteur du III" siecle, dont il faudrait supposer une traduction latine

puisque cet auteur, pour autant que nous Ie sachions,ecrivait en grec

24. Ainsi en va-t-il dans Ie manuscrit Wissembourg 48, qui porte succes-

sivement ces mentions: au f. 9vO, ncipiunt capitula de uirtutibus sancti

Petri et Pauli principum apostolorum, mais ensuite au f. 2Or°, ncipit de

sancto Paulo, puis au . 22vo, ncipit passio sanctorum apostolorum Petri

et Pauli. De meme on trouve souvent e titre Passio (passiones)Petri et

Pauli, par exemple dans leg manuscrits Angers 281, Paris BnF 9737 ou

Sainte Genevieve 558 (deux fois au . 2, et une fois au f. 3). Je crois qu'il

y a la plus que la simple habitude de voir souventPierre et Paul associes.

25. Ce n'est cependant pas absolu et certains des manuscrits consultes,

dont ceux de Montpellier 55 et 135,du IX" siecle,ne terminent pas a serle

de textes consacreeaux ap6tres par la notice sur Simon et Jude.

26. Ii s'agitdu prologue commen~t par Licetplurima de apostolicissignis,

que la B.H.L. classe,sous e n° 6663,dans eg Passionsde Pierre, tout en

signalantsapresenceen ete de 'ensemblequ'elle nomme Passiones pos-

tolorum.

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LA COLLEcrlON DffE DU PSEUDO-ABDIAS

uerbositas s'appliquent sans peine it toute l'reuvre, Ie nom de

l'apotre Pierre n'etant pas explicitement cite27.

En tout cas, ce type de lecture des preface et postface pouvait

renforcer l'impression d'avoir it faire it une veritable collection

murement composee et non pas seulement,comme pour tant de

recueils de textes hagiographiques, it la juxtaposition de textes

d'origines diverses28, t sansdoute Ie redacteur de la collection en

a-t-il joue volontairement.

Voici donc sur quels criteres DOUg vons decide de retenir un

certain nombre de manuscrits

-des manuscrits anciens, ceux du Ixe tout d'abord, et de toute

fa~onpas de manuscrit posterieur au XIIe siecle,parce que nous

voulions DOUgapprocher autant que possible de l'origine de

cette collection,

-pour legraisonsci-dessus, esmanuscrits commen~ant ar Pier-

re et Paul pour terminer par la notice de Simon et Jude,

-des manuscrits contenant leg memes douze apotres, a l'exclu-

sion d'autres personnages possibles et attestes dans certains

groupementsde textes comparables Marc par exemple), et sans

interference de quelque autre texte,

-des manuscrits adoptant Ie meme ordre (Pierre et Paul, Jacques

frere du Seigneur,Philippe, Andre, Jacques rere de Jean,Jean,

Thomas, Barthelemy, Matthieu, Simon et Jude) et contenant

globalement leg memes textes29 pour chacun des apotres.

Avec ces exigences DOUg vons pu definir un petit groupe de

manuscrits3Oui donneront en quelque sorte Ie « cliche )) d'un etat

27. C'est peut-etre la meme volonte de proposer une preface gener~lede

l'reuvre qui explique, avec a prudence qu'imposait l'attitude de l'Eglise

vis-a.-visde ces textes, a constitution du manuscrit Wissembourg48. En

eifel, dans une page qui, semble-t-il d'apres eg ndications du catalogue,

etait restee libre, on a ajoute la lettre du Pseudo-Meliton sur eg dangers

de la lecture des apocryphes.

28. Quelles que soient eg ncertitudes sur a chronologie de la collection

elle-meme et des seselements, l est certain que plusieursdes extes de la

collection ont pu et dfi exister avant celle-ci, et se trouver des lors a. a

disposition du responsablede la collection, qui n'a pas toujours fait reuvre

originale.

29. Des variantes de detail sur quelques mots ne sont cependant pas

exclues.

30. II etait evidemment important de ne pas se limiter a.un manuscrit

unique, Russi ancien et fiable que l'on puisse idealement l'imaginer,

puisque nous souhaitions pouvoir donner une image d'une des formes

sous esquellesces extes ont ete diffusesavec e sucresqu' on leur connal t.

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190

G. BESSON

de ce texte, ce qui presente 'enorme avantage,a nos yeux, de ne

pas en proposer une recomposition artificielle, nons dispensant

ainsi d'ecrire un nouvel apocryphe:

-deux manuscrits du lXe siecle,Wolfenbiittel, Wissembourg48 et

Dublin, Trinity College 73731,

-deux manuscrits du lXe ou du xe siecles,Paris BnF lat. 5563 et

18298,

-un manuscrit du XIe siecle,Wolfenbtittel, Helmstedt 536 qui est

copie sur Ie premier,

-un manuscrit du XIIe siecle,Paris, BnF lat. 1260432.

II faut Doter que tons ces manuscrits, bien qu'evidemment

proches par leg elements memes qui nons ont amenesales selec-

tionner parmi la ires grande quantile de manuscrits contenant eg

vies et passionsdes apotres, ne presentent pas pour autant une

absolue similitude: ils permettent de decouvrir un etat de la col-

lection qui a ete assez onnu pour etre copie en plusieurs endroits,

et ne sauraient etre leg temoins disperses d'un ancetre unique

proche, pen representatif par consequentde l'histoire de l'reuvre.

Nous n'avons pas, dans l'etat de noire travail, cherche a eclaircir

l'histoire de la transmissionde res textes, d'autant que la propen-

sion de chaque notice d'apotre a circuler isolement ne pent que

creer d'infinies possibilites de contamination, mais leg quelques

variantes significatives que nollSavonsreleveesdans e detail des

notices conduisenta penserque chacundesmanuscrits du groupe

retenu est Ie resultat de diverges nterventions sur l'etat premier

du texte et qu'ils appartiennent donc a des familIes differentes33.

31. En raison de son anciennete et de ses essemblances vec es autres

manuscrits etenus,nous iendrons egalement ompte du manuscritd' An-

gers281 du IX siecle,quoique l'ordre desnotices ne soit pas e meme que

dans es autres manuscrits selectionnes.

32. Voir une notice sur chacunde ces manuscrits dansE. JUNOD t J.-D.

KAES11.I, cta Iohannis,p.755-759.

33. Les exemplespourraient etre nombreux. On peut citer entre autres e

dossierdes textes consacresa Pierre et Paul, dossiercomplexe et qui ne

peut etre etudie serieusementdans Ie cadre de cette note, mais oil l'on

signalera a presenceou l'absenced'une hymne a saint Paul (elle manque

dans es manuscritsde Wolfenbuttel). De meme e manuscritde Paris BnF

18298se signale par un texte plus court que les autres sur Andre, un texte

different pour Thomas, a presence d'un prologue et d'un epilogue pour

Matthieu. Le manuscritde Paris BnF 12604presentedessingularitesdans

Ie texte de la notice consacreea Simon et Jude,etc.

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191

A COLLECflON DITE DU PSEUDO-ABDIAS

III. La questionde I ordre desnotices

II est difficile de terminer cette presentation sans evoquer un

des problemes que pose l etat que nous avons retenu pour l etude

de la collection dite du Peudo-Abdias, c est a dire la question de

l ordre des notices.

Les savantsqui se sont pose cette question n ont pu apporter de

reponse satisfaisante: G. Philip art reconnait n y trouver aucune

explication34 t les auteursdes Acta Iohannis dans e Corpus Chris-

tianorum trouvent eux aussi ordre incomprehensible35.

II est vrai que plusieurs ordres faciles a imaginer etaient pos-

sibles, a commencer par l ordre des istes d apotres fournies dans

les textes canoniques36. lles different par quelquesdetails, certes,

mais se recoupent pour une bonne part. Cependant orce est de

constaterque, curieusementcomme Ie souligne G. Philippart, res

ordres n ont ete retenus par aucunmanuscrit.

On pouvait d autre part songera l ordre du calendrier, puisque

plusieursdesmanuscritscontenantdespassionnaires apotres ant

ete utilises dans a liturgie ou comme ectures conventuelles.Selon

G. Philippart37, un tiers des passionnaires d apotres sur la cin-

quantaine qu il a examinee presente cet ordre per circulum anni,

soit Jacques e mineur, Philippe, Pierre et Paul, Jacques e majeur,

Barthelemy, Matthieu, Simon et Jude, Andre, Thomas, Jean; en

fait ce groupe a priori important (un peu mains d une vingtaine de

manuscrits, sans doute) se scinde en plusieurs sous-groupes,

puisque, dit-il,« la majorite» commenceavecPierre et Paul au 29

juin, mais parfois avec Jean au 27 decembre, parfois avec Philip-

pe et Jacquesau Ie mai, ou« mains clair» avec Jacques e majeur,

avec «parfois» des insertions maladroites, «parfois» des inser-

tions methodiques. En outre, un sandage effectue sur quelques

exemples des passionnaires eferences dans ouvrage de G. Phi-

lippart demontre que la plupart contiennent, meles aux textes qui

nous occupent ci, d autres textes que ceux concernant es apotres,

que beaucoupde res manuscritsne contiennentpasde toute fa~on

les douze apotres, mais seulement quelques-uns d entre eux, et

34. G. PlnLIPPART, p. cit., mise a jour p.21.

35. E. JUNOD t J.-D. KAESll-I, op. cit., par exemple n.1 p.757. On peut

noter que la remarque liminaire de ces auteurs au moment de la presen-

tation des Virtutes Apostolorum «<orne sections qui se suivent dans un

ordre generalement nvariable », p.751) est bien souvent contredite par

les notes qui sont apportees avec soin a chaque description de manuscrit.

36. Voir Matt, 10,2-4; Mc, 3, 16-18; Lc, 6, 13-16; Ac, 1, 13.

37. G. PlnLIPPART,p. cit, p.37.

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192

G. BESSON

enfin que parmi leg manuscritsanciens un bon nombre ne suivent

pas cet ordre. Une enquete ulterieure pourrait peut-etre demon-

trer que cet ordre s est generalise plus tardivement mais ne cor-

respond pas a l etat Ie plus ancien.

Un autre classementqui pouvait naturellement veniTa l esprit

d un homme du moyen-age etait celui dit du Communicantes,

emprunte a ce texte du canon de la messe38, est-a-dire Pierre et

Paul, Andre, Jacques (Ie majeur, affirme G. Philippart, mais Ie

texte latin porte seulementJacobus, e qui pouvait etre source de

quelque confusion), Jean, Thomas, Jacques Ie mineur?), Philip-

pe, Barthelemy,Matthieu, Simon et Jude (pour se imiter aux noms

des apotres). Selon G. Philippart39,c est l ordre adopte par tine

dizaine de manuscrits, c est aussi ordre du Breuiarium apostolo-

rum et de la Notitia de locis sanctorum apostolorum, ainsi que de

beaucoup de litanies anciennes4o. outefois, il signale que ces

manuscrits prennent « quelques ares libertes » avec cet ordre, en

inversant par exemple Jacqueset Philippe, tOllSdeux fetes au leT

mai, ou en inversant Jacques e majeur et Jean, tOllSdeux fils de

Zebedee, ou en inversant Jacques e majeur et Jacques e mineur

(cf. ma remarque precedente sur Ie texte latin), et meme tine fois

en omettant Jean. On voit que sur la dizaine de manuscrits cites

par G. Philipp art, leg cas particuliers sont nombretix41.

G. Philippart signaleensuite Ie petit groupe de cinq manuscrits,

to us anterieurs au XIIe siecle, dit-il, qui correspondent a notre

selection, dont Ie caractere apparemmentminoritaire n estpas dis-

qualifiant eu egard a l analyse qu on vient de lire.

Entin G. Philippart termine en signalantque «beaucoupde pas-

sionnaires» sont «sans ordre apparent », ce qui doit sans doute

etre compris comme «presentant tOllSdes ordres differents »42.

38. Cf. edition B. Bon E, Le Canon de ta messe omaine, Louvain, 1935,

Textes et Etudes liturgiques 2, p. 436-438.

39. G. PHILIPPRT,op. cit, p.92 qui ne precise pas davantage.

40. Aucune reference precise chezG. PHILIPPART.

41. Notons au passage ue Nausea s estcallie a cet ordre, non sans ntro-

duire lui-meme quelque fantaisie, puisqu il insere Barthelemy entre Tho-

mas et Jacques rere du Seigneur.

42. W. Lazius a adopte quant a lui un ordre encore different qui ne me

semble pas,a ce point de mes recherches, orrespondrea quelque manus-

crit que ce soit: I Pierre, II Paul, III Andre, IV Jacques rere de Jean, V

Jean, VI Jacques rere du Seigneur,avec Simon et Jude, VII Matthieu,

VIII Barthelemy, IX Thomas, X Philippe. Les cinq premieres sections

sont bien dans Pordre du Communicantes, t Pon oomprend bien que Ie

regroupementde trois apOtresdans e numero VI est mpose a Lazius par

Ie deooupageen dix livres; mais e ne m explique pas e choix de res trois

ap6tres ni Ie classementdes dernieres notices.

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193

A COLLECllON DITE DU PSEUDO-ABDIAS

Cette diversite n'est pas facile a comprendre. Je voudrais seu-

lement faire une remarque: si 'ordre anciende la collection etait

bien celli que nousavons etenu, on comprend sanspeine que des

copistes soucieuxde revenir a un texte aussi mportant que celui

du canon de la messe ou prevoyant l'utilisation de leur livre en

fonction du deroulement des etes aient voulu bouleverser 'ordre

des sections pour revenir a l'ordre calendaire ou a celui du Com-

municantes. On voit beaucoup moins, me semble-t-il, la raison

qu'aurait un copiste de bouleverser un ordre aisement compre-

hensible pour en creer un autre, qui demeure enigmatique

Quant it l'ordre des manuscrits sur esquels DOUgravaillons, je

ne peux donc pas pour Ie moment proposer d'explication d'en-

semble.Seulsquelquespoints peuvent peut-etre recevoir un essai

de justification.

La place de Pierre et Paul en tete s'imposait pour toutes sortes

de raisons: Pierre est oujours nomme en ete dans eg istes cano-

Diques.Pierre et Paul apparaissentdans cet ordre comme egper-

sonDagesmportants du debut des Actescanoniques. Is sont regu-

lierement associes ommeprincipes apostolorum,meme si Paul ne

fait pas partie des Douze, en raison notamment de leur lieu com-

mUDde martyre, Rome. Enfin la preface Licet plurima liee it un

fecit concernantPierre jouait Ie role de preface generale.

A l'oppose, Simon et Jude sontgroupesen in de collectionparce

qu'ils sont toujours cites en fin de liste dans eg textes canoniques

(en negligeant a presencedans eg Evangilessynoptiquesde Judas

Iscariote, qui ne sera evidemmentplus present t partir des Actes

desApotres). En outre la postface qui termine cette notice a, DOUg

l'avons vu, joue un role par rapport it l'ensemble des textes.

Dans la perspective, que DOUg efendons mais qui aura besoin

d'etre demontree, d'une reelle volante de composition de la col-

lection, la notice consacree t Matthieu ne pouvait que se situer

juste avant celIe de Simon et Jude, puisque ces deux recits s'en-

chainent narrativement43.

Peut-etre cet enchainement a-t-il influe sur la place de la noti-

ce consacreet Barthelemy,puisque a succession arthelemy,Mat-

thieu, Simon et Jude se trouve it la fois dansl'ordre du calendrier

et dans celui du Communicantes.

En retournant veTSe debut, on peut se demander si Jacques e

mineur ne doit pas sa place, uste apresPierre et Paul, au role emi-

43. a. l'analyse de Michele Brossard-Dandre, La collection du Pseudo-

Abdias. AIJIJrochenarrative et coherence nterne,dans ce me-me umero.

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194

G. BESSON

nent qu il a jaDe dans la premiere communaute chretienne, en

devenant e premier eveque de Jerusalem.

Jacques e mineur pouvait entrainer a sa suite Philippe, pour

deux raisons.La plus evidente est qu ils sont tons deux etes Ie 1 er

mill, qu on est donc habitue ales associerdans es celebrations qui

suivent l ordre du calendrier, comme cela se trouve aussi dans

l ordre du Communicantes.One autre raison est peut-etre Ie sta-

tut tres particulier de ces deux notices dont la redaction semble

tres differente des autres notices, comme cela sera demontre

ailleurs44,et qui ant ete composeespeut-etre pour la collection.

Quant au groupe qui Testeau milieu, soit Andre, Jacques rere

de Jean, Jean et Thomas, on les trouve cites dans ordre emprun-

te au canon de la messe,sans que je puisse apporter plus ample

explication a ce fait.

A partir desbasesde travail ainsi definies, il reste donc mainte-

nant a s occuperplus precisement du detail de chaque exte dans

l etat de la Collection que nous avons etenu. nest apparu en effet

que leg petites divergencesde detail que nousavons epereespou-

vaient apporter des ndications nteressantes. autre part on pour-

fait imaginer aussique la recherchede cesmenuesvariantes dans

des manuscrits plus tardifs ou dans des manuscrits qui n ont rete-

nu que quelquesnotices en dehorsde toute idee de collection serait

susceptiblede fournir des ndications sur a diffusion de ces extes,

mais ce serait un travail de longue haleine. Plusurgente nous parait

actuellement etude de la construction et de la coherence nterne

de la Collection, que nous souhaitons mettre assez apidement a

la disposition du public.

44.. Ct. l analvse de Michele Brossard-Dandr6

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Michele BROSSARD DANDRE

Ecole Normale Superieure Fontenay -Saint-Cloud

LA COLLECTION DU PSEUDO-ABDIAS.

APPROCHE NARRATIVE

ET COHF.RENCE INTERNE

Dans un projet d'etudede fa collectiondire du Pseudo-Abdias t au terme

d'un bilan provisoire, 'article propose une analysedeselements arratifs:

longueur desdiversesnotices, ormes de la mort, relationsaux textescano-

niques, elations i des extessources,motifs narratifs, denouements, onte-

nus doctrinauxoCesdivers elements ont susceptibles 'apporter une repon-

se aux questions que pose cette collection: y a-t-il reellement une

«Collection du Pseudo-Abdias» ou cet ensemblede textesn'est-il que Ie

fruit d'un hasardde copie? Si a collection existe, ommenta-t-elleereconsti-

tuee? Realise-t-elleun programme? A ces questions, es elementsetudies

permettent,nous semble-t-il,de repondrepar I' affirmative, et l nous appa-

raft que ' ensemblede a collection estune composition organisee,memesi

beaucoup e questions estentencore en suspenso

In a preliminary study of the socalled Pseudo-Abdiascollection , this

researchpresents he analysisof narrative elements: ength of the various

 notices , death's orms, relations to the canonical texts, elations to the

source exts,narrative patterns,endings,doctrinal messages. hese arious

elementscould help answersomeof the questions aised by the collection

itself: Is there reallysuch a thing as a Collection du Pseudo-Abdias or

does his set of textsresult rom the uck of a copy? Since here s one col-

lection, how did it start? Which goals does t achieve? To all theseques-

tions, the narrative elementsseem o bring affirmative answers,and the

whole collectionappearswell organized,even f lots ofquestions till remain

unanswered.

Si l'on veut tenter de definir la collection du Pseudo-Abdias,on

peut aborder eg questionsposeespar Gisele Bessonsousun autre

angle, celui du contenu des notices presentesdans eg manuscrits

que nous avons retenus. Cela peut nous eclairer sur deux points:

.y a t il une coherence nterne a la collection?

.la collection est-elle un simple collage de textes preexistants,ou

reunit-elle des notices reecrites ou composeesdans un dessein

determine (qu'il nous faudra essayerde deceler)?

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M. BROSSARD-DANDRE

Je propose ici Ie resultat d une lecture aussinaIve que possible

qui s est donnee pour but la realisation d une sorte d inventaire,

autour de quelques rubriques : longueur de la notice et forme de

la mort, relations aux textes canoniques, relations a des textes

sources, motifs narratifs, denouements, contenus doctrinaux.

La remarque la plus elementaire concerne l importance res-

pective des diversesnotices1.L eventail est arge, cela va de deux

pages et demie pour Philippe, a quarante pour Pierre et Paul

confondus, en passantpar cinq a six pages pour Jacques rere du

Seigneur, dix a onze pour Jacques rere de Jean, et Barthelemy,

dix-sept a dix-huit pour Matthieu ainsi que pour Simon et Jude,

vingt-deux plus cinq pour Andre2, vingt-huit pour Jean evange-

liste.

Toutes es notices se terminent bien sur par la mort de l ap6tre,

moos vecune certaine diversite : Philippe et Jeanmeurent de mort

naturelle, precedee d une revelation, implicite pour Philippe qui

convoque des religieux pour leur delivrer sesderniers enseigne-

ments et leur annoncerque Ie Seigneur ui a fait savoir qu il mour-

rait dans sept ours, explicite pour Jean a qui Ie Christ apparait

pour lui annoncer qu il mourrait dans cinq jours; tous les autres

connaissent e martyre: decollation pour Paul et Jacques rere de

Jean, mort par l epee pour Thomas et Matthieu, bastonnadepour

Barthelemy, qui de surcroit est ecorche vif, crucifixion pour Pier-

re et Andre, « ynchage » pour Jacques rere du Seigneuret Simon

et Jude.

Cet inventaire, un peu macabre, donne un echantillon presque

complet desdiverses ormes de martyre (il n y manqueque es eux

du cirque et Ie bucher).

Pour les relations avec es textes canoniques du Nouveau Tes-

tament, en particulier les actescanoniqueset les evangilessynop-

tiques, comme on peut s y attendre, il existe des iens tres etroits.

D abord, les noms sont ceux que l on trouve dans Matthieu 10, 2;

Marc 16, 19; Luc 5,13 -16; Actes 1, 133,avec cette variante, qui

n a rien de surprenant, que Judasne figure pas plus dans es actes

apocryphes que dans es canoniques,que c est avec Paul, et non

avec Matthias qu est complete Ie nombre des Douze, et qu il y a

confusion entre Jacques rere du Seigneur et Jacquesd Alphee.

1. Le calcul est fait sur Ie manuscrit de Wissembourg48.

2. Les 5 pagessupplementaires correspondenta «I appendice» Conuer-

santedocenteBHL n° 429.

3. II n en va pas de meme pour Ies diverses collections que nous avons

examinees,voir Ia communication de Gisele Besson.

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LA COLLECTION DITE DU PSEUDO-ABDIAS

APPROCHE NARRA11VE ET COHERENCE INTERNE

197

Pour Ie contenu, on pent trouver line reprise itterale des extes

canoniques; par exemple, dans a premiere notice donnee dans e

manuscrit de Wissembourg48,celIe de Pierre, Ie paragraphe VIII

sur a simonie est a reprise litterale de Actes 8,14 -25. La plupart

du temps, es actesapocryphes emplissent es « blancs » aisses ar

les recits canoniques4Ie voyagede Paul a Rome decrit dansActes

27 -28, est paraphrase et etoffe, l'arrivee a Rome et la rencontre

avec Pierre sont longuement decrites.

Le plus souvent es apotres accomplissent es missions qui leur

sont assignees ans es textes canoniques d line part une mission

generale «Jesus leur donna autorite sur les esprits impurs, pour

qu'ils les chassentet qu'ils guerissent oute maladie et toute infir-

mite5 », d'autre part des consignesplus precises: «Ne prenez pas

les chemins des patens et n'entrez pas dans line ville de Samari-

tains, allez plutot veTSes brebis perdues de la maisond' srael. En

chemin, proclamezque Ie royaume des cieux s'estapproche.Gue-

rissez es malades, essuscitezes marts, purifiez les epreux, chas-

sez es demons. Vans avez re<;ugratuitement, donnez gratuite-

ment6... »Le champde leur missionest ixe d'une fa<;on xtensive:

« Vans allez recevoir ine puissance, elIe du Saint Esprit qui vien-

dra sur vous; vous serezalorsmes emoins a Jerusalem,dans oute

la Judee et la Samarie et jusqu'aux extremites de la terre7.»

Celie definition du champ laissait dans Ie fecit des actes de

chaque apotre line grande atitude qui n'exclut pas ine rigoureu-

se mise en application de la parole de Jesus.

Lorsque les apotres se reunissenta Jerusalem,sept ans apres a

mort du Christ et rendent compte a Jacques rere du Seigneurde

leur activite apostolique8, ls precisent qu'ils ne sont pas entres

dans line ville des Samaritains. Quant a la repartition geogra-

phique, elle represente un veritable quadrillage du monde connu

Pierre et Paul vont a Rome et il y a tout Ie periple correspondant

a leur navigation; Jean est a Ephese, metonymie de l' Asie, puis-

qu'il s'agit de la metropole de celie province; Andre parcourt

l' Achate, la Thrace, on Ie trouve a Thessalonique, il sillonne la

mediterranee; Philippe evangelise a Scythie et meurt a Hierapo-

4. Comme ront fait ausside nombreux autres textes. par exemple Les

Reconnaissanceslementines.

5.Mt 10.1:Mc3.15 et6. 7:Lc9.1:Ac 1.7.

6. Mt 10.5-8.

7. Ac 1. 7.

8. Passionde saint Jacques rere du Seigneur.Les renvois aux notices de

la collection empruntent les titres que nous avons retenus pour les six

notices qui figureront dans Ie deuxieme volume des Ecrits apocryphes

chretiens.et dans line publication a veniT pour les autres.

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M. BROSSARD-DANDRE

lis 011 e trouve son tombeau (proche de l'actuelle ville de Pamuk-

kale sur Ie littoral occidental de la Turquie) ; Thomas evangelise

l'lnde «citerieure» ou« ulterieure », Barthelemy l'lnde extreme,

«celle qui constitue a limite du pays9»;Matthieu l'Ethiopie, Simon

et Jude la Perse. Jerusalem, la Judee, la Samarie, la Grece

(I' Acha ie),Rome veTS'ouest, et leg pays des confins: la Scythie

au nord-est, l'lnde ou leg ndes pour l'est, l'Ethiopie pour Ie sud,

la Persepour Ie sud-est, a collection presenteune realisation scru-

puleusede a mission,une repartition geographique omplete,sans

redondance,et methodique puisque eg notices de Thomas et Bar-

thelemy evangelisateursde l'lnde se succedent; par ailleurs, on

pent penserque leg ncertitudes desconnaissances eographiques

contemporainesde la collection rapprochent 'Ethiopie et a Perse,

champsde mission de Matthieu et Simon et Jude.

Pour la mise en reuvre des missions,nons proposons de distin-

guer deux niveaux, anecdotique et narratif. Le premier embrasse

ce que l'on pourrait appeler Ie quotidien ou la routine d'une vie

d'apotre: leg predications, guerisons miraculeuses et expulsions

de demons, resurrections, qui debouchent generalement sur des

conversionsordinaires, Ie fetus de toute remuneration materielle

et de tout bien. Au niveau narratif, leg memes episodes devien-

nent eg ressortsde la narration, preparant Ie denouement: la pre-

dication trop efficace provoque la colere despretres et la mort de

l'apotre comme pour Jacques frere du Seigneur, ou encore la

conversiond'une femme et son desir de chastete suscitent a cole-

re du mari ou du pretendant qui provoquent la mort de l'apotre:

c'est Ie cas de Matthieu, victime d'Hyrtacus Ie pretendant econ-

duit d'Ephygenie, et de Thomas, ue sur 'ordre du roi Mesdee qui

se venge ainsi de l'eloignement de son epouse. Tel episode pent

aussi ntroduire une nouvelle peripetie : en guerissantune femme

demoniaque,Thomasexpulsedesdemonsqui elisentdomicile dans

la femme et la fille de Saphor, un noble de la cour du roi Mesdee,

ce qui justifie l'arrivee de Thomas a cette COuTo

Nous pouvons conclure cet nventaire en soulignant e souci du

narrateur-compilateur de ne pas aire de cesactes un simple cata-

logue d'evenements,mais de leur donner un tour romanesque rai-

semblable ce qui nons amene a nons interroger sur Ie probleme~

Ie meme passage recise que I'Inde

. Passion e 'apotre Barthelemy

secompose e rois parties.

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LA COLLECfION DITE DU PSEUDO-ABDIAS

APPROCHE NARRATIVE ET COHERENCE INTERNE

199

des sources et a comparer es notices presentesdans cette collec-

tion avec les sources que nous avons pu et pourrons trouvero.

On pent distinguer deuxcasde figure: les notices pour lesquelles

il existe un texte grec anterieur qui pent etre considere comme

source, celles qui ne reprennent aucun exte grec connu -que la

notice soit inexistante ou inconnue en occident, mais dans ce cas,

nons trouvons dans Ie Pseudo-Abdias soit les notices les plus

breves, soit les plus developpees.

Pour Andre, Jean et Thomas, il existe des actes grecs doni les

notices du Pseudo-Abdias presentent des versions plus ou moins

expurgeesen fonction des« heresies»qu ellesvehiculaient.11 au-

dra donc comparer nos textes avec es actes grecs: pour Jean, Ie

travail a ete fait par Eric Junod et Jean-Daniel Kaestlill; pour

Andre, la situation est embrouillee par l attribution de la notice a

Gregoire de Tours12pour laquelle l argument de la date d anni-

versaire citee en fin de notice semble assezspecieuxpuisque la

date de naissance upposeede Gregoire de Tours n est connueque

par ce passage... Quant a l argumentation stylistique, elle inspire

Ie respect par sa science,mais elle nons semble moins peremptoi-

re qu il n y parait car elle ne prend pas en compte a pratique d imj-

tation assez onstante chez es auteurs du moyen age. La passion

de l apotre Thomas offre pour l instant un champ vierge, et c est

sansdoute par la que nons commencerons,nons avons seulement

constate pour l instant que Ie narrateur -qui intervient a la pre-

miere personne -se donne comme lecteur « d un petit livre dans

lequel etaient exposessow3periple et les miracles qu il accomplit

en lnde »; livre « qui n est pas accepte par certains » mais doni il

s est nspire en « laissantde cote Ie verbiage14»;s agit-il desActes

10. Cette partie de notre etude est seulement ebauchee,en particulier,

nousne parlons pas de la notice de Pierre et Paul sur aquelle nous n avons

pas encore travaille.

lL E. JUNODJ.-D. KAEs1U,Acta Iohannis,Thrnhout 1983,CorpusChris-

tianorum Series Apocryphorum 1.

12. M. BONNET,Gregorii Turonensis iber de miraculis Andreae apostoli

( « Monumenta Germaniae historica. Scriptorum rerum merovingicarum,

1 », Hanovre 1885; et synthesede J.-M. PRIEUR, cta Andreae, Tumhout

1989,Corpus Christianorum; Series Apocrypharum, 5 et 6.

13. .Passionde I ap6tre Thomas, II; Ie referent de ce possessifest Tho-

mas.

14. Verbositas, e terme est courammentemploye pour designer es deve-

loppements « heretiques » nous compareronsce texte avec a preface de

Lin.

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M. BROSSARD-DANDRE

grecs15? a notice du Pseudo-Abdias es suit effectivement, DOllS

analyseronses differences,et DOllShercheronss il existe, en atin,

d autres versions des actes de Thomas que celles qui se trouvent

danscette collection, et s il estpossiblede «dater» l apparition de

relIes que DOllS vons.

La notice de Jacques rere du Seigneur, sans doute confondu

avec apotre Jacquesd Alphee, offre une configuration tout a fait

differente et exceptionnelle: aucune source connue (la notice

grecque16 a aucun point commun aveccelIe du Pseudo-Abdias),

un texte court, habile patchwork des emoignagesdonnes par Fla-

vius Josephe, Clement d Alexandrie et Hegesippe, autour des

themes de la predication efficace, du portrait du uste, avec deux

elementsanecdotiques: a premiere attaque meneepar Saul-Paul,

et a boiterie qui s ensuit (inspiree par Ie souvenir de la boiterie de

Jacoba la suite de son combat avec ange17) t en conclusion, bien

sur, e martyre. Donc une notice dans aquelle on voit se construi-

re un texte apocryphe qui se declare comme une compilation en

se referant a sessources18.

Pour Philippe19, e cas de la notice qui lui est consacreedans

cette collection est assez articulier. Des textes grecs existent20, ui

auraient pu servir de source a la redaction d une notice latine,

comme c est Ie cas pour d autres textes consacres ux apotres, par

exemple Pierre et Paul, Thomas ou Jean, du moins, dans un temps

et un lieu oil l acces aux textes grecs etait possible pour quelqu un

qui redigeait en latin. Cependant, il apparait clairement que Ie

redacteur du texte latin n a pas eu connaissance es Actes (grecs)

de Philippe: en effet, s il est possible d imaginer Ie redacteur atin

effarouche par certainselements du texte grec (par exemple e role

joue par Ie tigre et l agneau, ainsi que leur bapteme) et donc reso-

lu a doDDerun tour plus banal a son fecit, on s expliquerait diffi-

15. P. H. POIRIER Y. TISSOT,« Actes de Thomas » in F. BOYON Po GEOL-

TRAIN, Ecrits apocryphes chretiens, Paris, 1997, tome 1, p. 1323-1470.

16. J. EBERSOLT, es Actes de saint Jacques et les Actes d Aquilas, publies

d apres deux manuscrits grecs de ia Bibliotheque Nationaie, Paris, 1902.

17. Est-il utile de rappeler que Iacobus designe aussi bien Jacob que

Jacques?

18. Passion de rapotre Jacques frere du Seigneur: «De fait, bien que Cle-

ment et d autres aient expose la maniere dont Jacques est mort, Hege-

sippe (qui vint aussitot apres les premiers successeursdes apOtres) Ie racon-

te lui plus en detail dans Ie cinquieme livre de ses commentaires.),

19. L etude sur Philippe a ete ecrite par Gisele Besson qui a analyse ce

texte.

20. F. AMSLER. F. BOYON. B. BOL~ IER. Actes de rapotre Philippe. Turn-

hout.1996. et maintenant Ie double volume Acta Philippi. Turnhout.1999

(Corpus christianorum, Series apoc~ Phorum 11-12).

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LA COLLEcnON DITE DU PSEUDO-ABDIAS

APPROCHE NARRA'llVE ET COHERENCE INTERNE

201

cilement qu'il ait remplace e martyre de l'apotre -moment cle du

fecit de la vie des apotres dont la passionconstitue Ie couronne-

ment -par une mort paisible et qu'il ait depouille son exte de tout

caractere un peu original. La distinction qui peut etre faite entre

deux raditions, Ie martyre de l'apotre Philippe d'une part, la mort

paisible du diacre Philippe d'autre part, ne me parait pas consti-

tuer ici une objection valable; les deux personnagessont facile-

ment confondus dans la tradition latine, en particulier Ie texte

consacrea Philippe par la collection du Pseudo-Abdias,qui appel-

Ie toujours Ie personnageapotre, situe sa fete au 1 ermaio

Si l'on admet au contraire que Ie redacteur de la notice latine,

livre a lui-meme, a ete amene a composer son fecit sans pouvoir

se referer a un modele ou a une tradition precise, on comprend

mieux la nature de ce texte, en pensant a la fa~on dont Ie redac-

teur a travaille. La notice consacreea Philippe est en effet la plus

breve de la collection, et la moins originale. Elle ne contient que

trois elements: les deux premiers sont ceux qui illustrent la mis-

sion confiee aux apotres (precher l'Evangile) et font partie des

occupations constantes, quotidiennes -dans ces recits -des

apotres. Philippe passedonc vingt ans a evangeliser es patens: ne

connaissantpas de legende sur l'apotre (ou Ie diacre avec lequel

la confusion est requente), Ie redacteur se contente de l'envoyer

veTS n peuple dont Ie nom meme atteste, dans 'imaginaire latin,

Ie statut de barbare : celui des Scythes,en contradiction avec des

traditions orientales qui assignent Philippe I' Armenie ou a Gaule

comme territoire de mission. II y triomphe d'un dragon, gigan-

tesque comme il se doit, qui sort de la based'une statue de « aux

dieu », Mars en l'occurrence, et tue Ie fils du pretre qui officiait,

sans compter deux officiers qui gardaient Philippe. L'apotre

s'adressea la foule, la convainc en une phrase d'abattre la statue

de Mars pour dresser et adorer une croix, chasse e dragon, res-

suscite es morts, guerit la foule du malaiseprovoque par Ie souffle

empoisonne du dragon. Suit, en quelques ignes, e condensede la

predication de Philippe, sans ien d'originalla encore; la foule est

convertie. baptisee, on ordonne des pretres, on construit des

eglises.

Deuxieme episode: en une phrase,Philippe re~oit une revela-

tion divine, retoume en Asie, sejoume a Hierapolis et y combat -

victorieusement -une heresie,celie desEbionites. Restaita racon-

ter la mort de l'apotre : ignorant toute tradition de martyre. Ie

redacteur a donc sans doute copie son fecit sur la mort du seul

autre desDouze a ne pas avoir connu e mart)Te, c.est-a-direJean;

beaucoup d.elements sont en effet communs a ces deux notices:

dans les deux cas .apotre est prevenu de sa mort prochaine par

une revelation divine. Philippe apprend qu'il mourra (, avant sept

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jours », Jean« apres cinqjours ». Philippe a alors quatre-vingt-sept

ans, Jean soixante-sept seloncertains manuscrits,mais Ie manus-

crit de Wissembourgpouvait porter soixante-dix-septou quatre-

vingt-sept avant correction). Tous deux prechent devant e peuple

avant de mourir, Philippe brievement, alors que Jean ient un tIes

long discours.

Donc, la encore, et plus encore que pour celIe de Jacques rere

du Seigneur,une notice «pauvre », composeeavec un amalgame

de «topoi », qui secontente de proposerune histoire pour un nom.

Si nous nous referons a l'inventaire sur a longueur respectivedes

notices, nous constatons que ce sont les deux plus breves...

Dans la categorie des notices richement romancees pour les-

quelles il ne semble pas y avoir de source,nous trouvons Barthe-

lemy, Matthieu, Simon et Jude. Le resume en serait fastidieux, il

me semble plus interessant d'en examiner ce que 'appellerais les

«motifs », ou les «traits » recurrents qui en sont es ngredients, et

de chercher si l'on peut en tiTer des conclusions.

11 a d'abord les situations romanesques, eja rencontreesdans

les notices de Jean et de Thomas: un marl ou un pretendantamou-

reux, une femme convertie qui se voue a la chastete frustration

et depit du protagoniste qui declenche des persecutions contre

l'apOtre (Barthelemy et Matthieu). 11 a les episodesqui relevent

du merveilleux, meme si on y trouve des souvenirs de l' Ancien

Testament et une explication toujours divine: les tigressesappri-

voiseesde Simon et Jude21, t, dans a meme notice, Ie diacre nno-

cente par un nouveau-nemiraculeusement oue de parole.

La lutte contre les magiciens est une fiche veine qui se trouve

deja dans a notice de Pierre et Paul et en particulier dans eur com-

bat contre Simon e magicien Matthieu affronte Zaroes et Arfexar

qui fuient chez Ie roi des Perses oil les retrouvent pour de nou-

veauxcombatsSimon et Jude.Cette utte s'accompagne 'une mise

en scene-deja presente dans e combat de Pierre et Paul contre

Simon Ie magicien : l'echange d'invectives qui precede habituel-

lement les combats dans 'epopee (Iliade, Ene-ide) t les chansons

de geste, et qui nous semble absentdes notices inspirees par des

sourcesgrecques.

J'ai deja signale a lutte contre 1esdemons comme un « opos »

oblige desvies d'apotre. Mais la forme qu'elle prend dans es der-

nieres notices attire l'attention: il s'agit la des demons nstalles

dans es doles (d' Astaroth et Beireth pour Barthelemy, de la lune

21. Souvenir d'Esa ie

6-9.

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LA COLLECfION DITE DU PSEUDO-ABDIAS

APPROCHE NARRATIVE ET COHERENCE INTERNE 203

et du soleil pour Simon et Jude). Non seulement ces demons-

comme d ailleurs les magiciens ont un nom, mais ls sont decrits :

ceux de Simon et Jude sont « deux Ethiopiens tout noirs, avec des

visageseffrayants [qui s envont] en hurlant et en poussantdeshur-

lements terribles », celui de Barthelemy est «un gigantesque

Ethiopien, plus noir que la suie, qui avail un visage pointu avec

une longue barbe, etait couvert de roils jusqu aux pieds, avail des

yeux de feu comme un fer rougi au feu, et desetincelles qui aillis-

saient de sa bouche; de sesnarines sortait une flamme de soufre,

il avail des ailes de plumes, herisseesde piquants comme un porc-

epic. »22

Le bapteme et a conversiondu roi entrainant celIe de sessujets,

autre «topos» hagiographique, tel qu il se trouve dans la vie de

Sylvestre,a propos de Constantin -ou dans Ie bapteme de Clo-

vis -, est Ie mode de conversion majoritaire dans ces notices et

celles-laseulement,ce qw noDSnciterait a y voir un modele occi-

dental, independant de toute source grecque.

Au terme de celie lecture, nous decouvrons rois notices telle-

ment differentes des autres que noDS ommes enteesde voir dans

tous es elementsqui viennent d etre presentesa preuve qu il s agit

de notices ecrites par un «redacteur »23,mpregne d une autre cul-

ture que les «auteurs» des actes grecs et qui semble avoir eu Ie

souci d etablir la coherencenarrative qui preside a celie fin de la

collection et de la souligner, en particulier a propos des magiciens

Zaroes et Arfexar affrontes successivement Matthieu et Simon

et Jude: «C est ainsi que Simon Ie Cananeenet Jude... se rendi-

rent en Perse... et y trouverent les deux magiciens Zaroes et

Arfaxar qui avaient fui l Ethiopie pour echapper au regard de

l apotre Matthieu.24»

11 este une approche, un peu simplette s agissant e notices sur

les apotres qui se terminent toujours par la mort de l interesse,

c est l examen des denouements.

22. Passionde l apotre Barthelemy. On peut aussi remarquer que cette

notice est a seule a doDDerun portrait physique de l apotre : «Sur la tete

il a des cheveuxnoirs et frises, l a la peau blanche,de grands yeux, e nez

regulier et droit, les oreillescachees par la chevelure,une longue barbe

melee de quelques ils blancs,une taille moyenneque l on ne pourrait dire

ni grande ni petite. II est vetu d une courte tunique blanche bordee de

pourpre et porte un manteau blanc, orne a chaque coin de pierres pre-

cieusescouleur de pourpre. »

23. Je reprends ici, avec autant de precautions qu elle, un terme employe

par Gisele Besson.

24. Passiondes apotres Simon et Jude.

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En fait, pour Jacques rere du Seigneur,Andre, Jacques rere

de Jean, Simon et Jude, la notice s'arrete a la mort du personna-

ge; pour Thomas a fin de la notice est differente : conformement

a la tradition romanesque,elle nous nforme sur Ie sort de tOllSes

personnages (dont la conversion du roi), bien apres la mort de

l'apotre.

Pour Barthelemy et Matthieu, la mort de l'apotre est suivie du

chatiment des mechants,responsablesdu martyre25,en outre, la

notice de Matthieu s'acheve sur la recompensedes bons: Ephy-

genie et son frere Behor qui regne soixante-trois ans et « voit les

fils de ses ils jusqu'a quatre generations.»

Cette demiere forme de denouement nous parait plus proche

de la tradition des contes populaires que de celIe des textes evan-

geliques et, plus soucieused'informer les fideles ou les religieux

de a vie desapotresen tant que heroshumains,plaiderait en faveur

d'une ecriture posterieure au temps des grands debats autour des

heresiesdes premiers siecles.

Demier aspectque nous abordons a peine, celui de l'enseigne-

ment ou des contenus doctrinaux: s'il s'agit d'une collection, on

peut supposerque les diversesnotices ne sont pas redondantes. I

y a partout des predications, des conversions,des baptemes,donc

une impression de repetition, mais ce sont routines d'apotres; a

cote de cela, on peut reconnaitre des hemes specifiquesa chaque

notice: Ie Saint Esprit, l'efficacite du repentir, l'examen de

conscience,qui nous inviteraient a considererque cesnotices ont

une fonction d'instruction religieuse au-dela du divertissement et

constituent une mise en situation des sacrements Ie bapteme, a

confirmation, la communion, Ie mariage, 'ordination, la peniten-

ce26;elles recommandent aussi a pauvrete, les aumones,propo-

sent une refutation de certainesheresies, enseignentsur es pou-

voirs et les ruses des demons, et les moyens de s'en premunir,

soulignent a liberte des hommes par rapport a la grace.

Quelles conclusions pouvons-nous tirer au terme de cette lec-

ture qui n'a pris en compte que les elements narratifs et ne s'est

pas attachee a l'ecriture (nous avons 'intention de faire Ie releve

systematiquede formules recurrentes et d etudier leur repartition,

par exemple cette tournure frequente dans es epopeesgrecques

2.' I en allait de meme pour la mort d'Herode apres a mort de Jean,dans

la version presente seulement dans Ie manuscrit de Wissembourg.

2 I n'est pas reellement question de penitence,mais Ie repentir de Jean

prelude a a penitence.. omme peut-etre sa mort a extreme-onction. On

peut dire la meme chosede la mort de Philippe.

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LA COLLECflON DrrE DU PSEUDO-ABDIAS

APPROCHE NARRATIVE ET COHERENCE INTERNE

205

et latines: «quand il / elle eut dit ces paroles et d'autres sem-

blables » ?

11DOUgemble econnaitre un projet de redaction: doDDer aille

que vaille une notice (plus ou moins riche) sur chaque apotre;

ancrer scrupuleusement eg recits sur leg textes canoniques; pre-

senter avec leg passions subies par leg apotres un eventail des

diverges ormes de martyre ou de « bonne mort » (la realisation a

plus accessible au commun des mortels ); inserer des elements

d'instruction religieuse -en un programme que DOUgsperonspre-

ciser.

Par ailleurs, DOUgemarquons -sans pouvoir encore 'interpre-

ter -1 influence de genres itteraires romanesquesou merveilleux.

Le souci de produire une composition coherente DOUg emble

constamment resent: par leursechos Ie combatde Simon et Jude

contre leg magiciens, dans la derniere notice, repond a celui de

Pierre et Paul dans la premiere), leur enchainement souligne

(Simon et Jude poursuivent Ie combat commence par Matthieu),

leur complementarite (en ce qui conceme eg diversenseignements

qu'elles transmettent), eg notices DOUgaraissentavoir ete reunies

dans un desseind'ensemble et non au hasard.

S'agit-il d'un «collage» ou d'une creation? L'hypothese de la

creation ex nihilo n'est meme pas a envisager.Au terme de colla-

ge nollS preferons celui de «reemploi» au gens architectural du

terme, comme une basilique chretienne a repris et integre dans

une constructionnouvelle egstructures d'un temple palen, a redis-

tribue l'espace, a eleve des murs en utilisant, si besoin et si pos-

sible, despierres disposees arfois sans enir compte de leur ome-

mentation ni de leur fonction anterieure, et Ie resultat est un nouvel

edifice VOllea une nouvelle fonction.

11DOUgegie a confronter noire hypothese a l'etude de l'en-

semble des notices et a essayerde definir quel etait Ie projet de

noire architecte, a quelle epoque, dans quelle fire geographique

et dans quel contexte spirituel il a construit son edifice: un pro-

gramme ambitieux et quelque peu irrealiste

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DominiqueALIBERT

Institut Catholique de Paris

VISION DU MONDE ET IMAGINAIRE

DANS QUELQUESTEXTES DE LA

COLLECTION DITE DU PSEUDO-ABDIAS

On voudrait tenter quelques emarquessur l'echo que 'on peut trouver

aux textesde la collection dire Pseudo-Abdiasdans a culture medievale.

On abordera quelquesdossiers: a representationdu monde et de la natu-

re, de l'ordre social dans lesquelssont incluses es pratiques religieuses.

L 'hypothesea verifier consistea savoir si ces extesnous proposent une

vision du monde,de la societe,qui soutient le discours qui sera celui de

l'Eglise des xe-xe siecles.

We would like to suggest few remarks on the echowhich can be ound

in medieval culture of he texts of he collection called Pseudo-Abdias.We

shall deal with the representations of he world, nature and social order

which include religiouspractices.These agesexplorewhether he textpro-

posesa vision of world and society which agreeswith the Church view in

the IXth-Xth centuries.

Introduction

On voudrait tenter, dans les pages qui suivent, quelques

remarques sur l'echo que l'on peut trouver aux textes de la col-

lection dite du Pseudo-Abdias dans a culture medievale. Par ce

biais, c'est leur insertion dans a culture medievale qu'il convien-

dra d'examiner. Nous n'aborderons ici que quelquesdossiers: a

L Les textes seront cites ci-apres SOliSe nom. Voir l'edition et la traduc-

tion a paraitre pour les ndications sur ce texte. En l'absencede cette edi-

tion, il est evident que les referencesprecisesa tel ou tel passagepeuvent

etre quelque peu aleatoires. Nous prions Ie lecteur de nous en excuser.

En attendant,danscette meme publication, voir les articles de Gisele Bes-

son, de Michele Brossard.

2. Nous ne cherchonspas ci a etudier leur presencedans es bibliotheques

medievales.Ce que nous voudrions mettre en evidence sont de simples

parentes.

11,2000, p. 207 -226

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208

D. ALIBERT

representation du monde et de la nature, de l ordre socialdans es-

quels sont ncluses es pratiques religieuses.L hypothese que nons

voudrions verifier consiste a savoir si ces textes nons proposent

une vision du monde, de a societe,qui soutient e discoursqui sera

celui de l Eglise des IXe-XIe siecles.Les questions dogmatiques

seront aisseesde cote, pour d evidentes raisons3.

Le choix de la periode chronologique a d abord ete guide par

des questions de competence. Ces quelques trois cents ans nons

sont relativement familiers. Ensuite, parce que dans Ie domaine

des representations mentales, de l imaginaire, its sont probable-

ment determinantsdans a constitution dessensibilitesmedievales,

celles des siecles du Moyen Age central, et, au-dela, des siecles

modernes.

Nous nons interesserons essentiellementa la culture clericale,

la seule que nons puissions cerner avec un minimum de verite, car

les clercs sont es seulsa savoir ire, a comprendre Ie latin, et avoir

recueilli es heritages,multiples, de Antiquite. Cesheritagesorien-

tent, de maniere determinante, la lecture qu ont pu faire de ces

textes les clercs medievaux. Il y a tout d abord, c est une eviden-

ce, heritage biblique, meme s il ne taut pas croire, comme on l a

si souventecrit, que Ie Moyen Age ail copie a Bible4.Cette optique

nous a fait faire fausse oute dans bien desdomaines5. n revanche,

il est evident que Ie Moyen Age s est appuye sur a Bible, et qu il

a cherchedespoints de comparaisondans cette derniere, pour ses

institutions, qu elles soient economiquesou politiques.

Il y a par ailleurs l incapacite, ou pour etre plus precis, Ie fetus

desclercs de recourir a une connaissance u monde qui ne soit pas

livresque. La description du monde doit toujours obeir aux canons

de l heritage biblique, mais ausside heritage antique. Un exemple,

volontairement choisi aux margeschronologiques du Moyen Age,

a un moment dont des generations d erudits nous ant affirme qu il

marquait la fin des tenebres medievales. Il s agit de 1492. Cette

annee-la, e 26 juin tres precisement,une montagne du Dauphine

est gravie pour lapremiere fois. Cette annee-la, egalement, Ie 5

octobre, Christophe Colomb debarque sur une terre dont il pense

qu il s agit de l Inde, ce qui n est d ailleurs pas sans nteret pour

notre propos. Dans un cas comme dans l autre, on va comparer~

3 Nous n avons tout simplement pas les competences pour en traiter.

4. Pour une introduction a la question de 1a Bible au Moyen Age, voir

RICHE (Pierre), LoBRICHON (Guy). Le Moyen Age et la Bible. Paris, Beau-

chesne, 1984,639 p. + pl.

5. Nous pensons ici bien evidemment au sacre royal.

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209

ISION DU MONDE ET IMAGINAIRE

ces nouveaux espacesau Paradis Terrestre6. On redige des des-

criptions qui semblent tout droit issuesde textes comme ceux de

la collection du Pseudo-Abdias.

Cesquelquescommentairesvont etre conduitsdans rois grandes

directions: Ie monde connu et Ie bestiaire, es structurespolitiques

et religieuses ainsi que les objets de devotion, definis par les auto-

rites precedemmentcitees, es representations du monde.

Le monde connu et Ie bestiaire

Cette premiere partie aurait pu s intituler Ie monde reel, car

l Occident medieval n a pas vu certaines erres avant e XIe siecle,

voire Ie XIIIe siecle. II ne leg a confines qu a travers leg livres, et

c est a l un des nterets des extes de cette collection, aux yeux de

l historien medieviste: ils participent a l elaboration de la geogra-

phie que pratiquait l Occident medieval. C est ce que nollS allons

voir dans un premier temps, en dressantune rapide carte desnoms

de lieux cites dans ces recits.

Geographies

On peut aisementsaisir a maniere dont les auteursde cette col-

lection, et apres eux les clercs medievaux qui les ont Ius et copies,

constituent leur discours, leur savoir geographique. Il s agit des

geographesde l Antiquite. Dans La vie et a passionde Barthele-

my on apprend ainsi comment on definissait es Indes, Ie fait est

connu, qui constituent Ie vivier legendaire de l Occident medie-

val?, ndes qui renferment ces richessesexceptionnellesque sont

les epiceset es voires, et Indes pour lesquellesColomb et quelques

autres ont tente les grands voyages que l on saitoCertains com-

6. Sur l ascension du Mont-Aiguille, et ses liens avec la litterature para-

disiaque, on verra BRIFFAUD (Serge). « Visions de la montagne et imagi-

naire politique. L ascension de 1492 au Mont-Aiguille et ses traces dans

la memoire collective (1492-1834) » dans La haute montagne. Vision et repre-

sentations. Le Monde alpin et rhodanien, 1 er-2emerimestres 1988. pp. 39-60.

7. Voir l article celebre de Jacques Le Goff, «L Occident medieval et

l ocean indien: un horizon onirique» dans Mediterraneo e Oceano indiano.

Atti del VI Collequio Interoazionale di Storia Maritima. Florence, Olsch-

ki, 1970, 243-263 repris dans Pour un autre Moyen Age, Paris, Gallimard,

1977,280-298.

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210

D. ALIBERT

mentaires sur Ie Paradis Terrestre de Colomb, auquel on a deja

fait allusion, font echo a cette citation.

«Les historiographesaffirment qu'i y a trois lndes: la premiere

lode est celIe qui va usqu' t l'Ethiopie ; la seconde, elIe qui va

jusqu'au pays des Medes; la troisieme, celIe qui constitue la

limite du pays; en eifel, d'un cote, elle atteint la region des

tenebres,de l'autre, l'Oceans ».

Vne Inde, donc qui s'apparente a l' Arabie, a la porte de l'En-

fer, aussi. Dans Ie registre mythique, la figure d' Alexandre Ie

Grand, qui y sejourna,Alexandre qui est 'une desgrandessources

du roman medieval9.

La Perse estcitee dansdeux textes qui se font echo,puisque des

magiciens s'enfuient chez eg Persesdans e fecit consacrea Mat-

thieu1°, out comme on la rencontre a plusieurs reprises a propos

de Simon et Judell. A propos desmemesap6tres, on trouve la ville

de Babylone12.Tout comme est citee l'Ethiopie, que l'on evoque

a propos de Matthieu13et de Simon Jude14,ansque l'on sache res

precisementou ene se situe, comme l'extrait de La vie etde la pas-

sion de Barthelemydeja cite tendrait a Ie prouver5.

Mais l'essentiel se deroule en Terre Sainte, au Moyen-Orient, si

l'on ne tient pas compte de Rome, dont it sera question plus loin.

Les grandesarticulationsregionalessont espectees la Judeecitee

a trois reprises16,a Judee et la Samarie17,a seule Samarie18, ais

aussi a Palestine19.Sont aussi citees leg vines d' AntiocheW, de

Damas21.Deux autres noms de vine apparaissentsouvent d'une

8. La vie et Lapassion de Barthelemy, I.

9. Pour une premiere introduction a la litterature medievale, et particu-

lierement au Roman d' Alexandre, on yeTTa es pages d' Anita Guerrau-

Jalabert dans BOUDET (Jean-Patrice), GUERRAU-JALABERT Anita), SOT

(Michel). Histoire culturelle de La France. T. I. Paris, Seuil, 1997. Voir p.155

et 192.

10. La vie et Lapassion de Matthieu v:

11. La vie et Lapassion de Simon et Jude I, II, III, V; VII.

12. La vie et Lapassion de Simon et Jude II, III, VI, VII.

13. La vie et Lapassion de Matthieu, I, III, IV; IX.

14. La vie et Lapassion de Simon et Jude I.

tS. La vie et Lapassion de Barthelemy I. Cf supra note 8.

16. La vie et Lapassion de Pierre XVIII. La vie et Lapassion de Pierre et Paul.

17. La vie et Lapassion de Jacques,jrere de l'apotre Jean I.

18. La vie et Lapassion de Pierre VII, XI.

19. La vie et Lapassion de Pierre et Paul.

20. La vie et Lapassion de Pierre XV:

21. La vie et Lapassion de Paul.

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211

ISION DU MONDE ET IMAGINAIRE

part Cesaree,ou plus exactement eg differentes Cesaree,qui sont

nommeesdans eg recits concernantPierre et Paul22.On pent nons

preciser qu il s agit soit de Cesareede Philippe23,Cesareede Stra-

ton24.Jerusalemest e nom qui revient Ie plus souvent, puisqu on

Ie rencontre trois lois, a propos, mais c est ogique, de Jacques e

Mineur, de Pierre et de PauFs.Pour completer ce tableau medio-

oriental, il taut rappeler egvilles de Tripoli26et de Nazareth27,ien

de bien extraordinaire donc.

La description de la ville de Rome est a plus detaillee. Rome

est tout d abord citee neuf lois, tant pour Pierre et Paul que pour

leg notices individuelles de l un et l autre apotre28.Mais l auteur

va plus loin et evoque differents sites de la ville aux sept colliDes,

qu il s agissedu Capitole, du Champ de Mars, de la voie ostienne,

de la voie appienne, a voie sacree, a voie triomphale, qu il s agis-

se de Catacombe ou du Vatican29.On pent souligner que l auteur

est relativement precis, qu il souhaite voir son lecteur s orienter

dans a topographie romaine, quand il ecrit « au Vatican a la Nau-

machie3°», ou «la voie Ostienne31, la deuxieme borne milliaire

en partant de Rome ».

Certains oponymessont moins courants,mais on eg rouve cites

une seule fois; nons ne nons attarderons pas sur leur cas. En

revanche, l convientde voir, rapidement, eggrandsensembles, ui

sont assezevelateurs.n y a Asie, citee a propos de Paul. On oppo-

seensuitea l Italie l Orient et outre-mer; c est a un point qui pent,

nons semble-t-il,etre verse au dossierde a localisationdesauteurs.

n pourrait s agir la d un comportement proprement occidental.

Entin, la globalite geographiquedu monde romain estpresente, out

comme l universalite du messageevangelique qu il convient de

repandre. «A travers outes egparties de l univers 32 , oU« tout Ie

monde romain33 . Mais Ie monde connu, ce sont aussiegpaysages.

22. La vie et la passiondePierre et Paul.

23. La vie et la passionde Pierre II.

24. La vie et a passiondePierre XI.

25. La vie et la passionde Jacquesrere du Seigneur: a vie et la passionde

Pierre et de Paul.La vie et la passionde PierreVII.

26. La vie et la passionde Pierre XIV, XV:

27. La vie et la passionde saint Jacques,frere u Seigneur.

28. La vie et a passionde Pierre,XIII, XVII, XVIII. On pourrait multiplier

leg exemples.

29. La vie et la passionde Pierre et de Paul.

30. La vie et la passionde Pierre et de Paul.

31. La vie et a passionde Pierre et dePaul.

32. La vie et la passionde Barthelemy, V:

33. La vie et la passion e Pierre et de Paul,28, d.

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212

ALlBERT

Paysages

Face aux paysages que l on trouve evoques dans Ie Pseudo-

Abdias, Ie medieviste ne petit qu etre frappe. La structure domi-

nante que l on petit deduire des fares indications que nous four-

nissent es textes ne ressemblentpas beaucoupa ce qu il connait

des realites des paysagesde l Occident medieval. Tout d abord,

c est a ville qui domine. Elle est citee dansMatthieu, dans Simon

et Jude.Dans ce meme ecit, on evoque es deplacements« de ville

enville34», ou a grande cite, tandis que Matthieu invite a serendre

a la ville35.

Le monde rural qui compose e cadrede vie de l ecrasantemajo-

rite de la population, n est present que dans un cas, ine longue

citation que l on petit emprunter a la vie de Pierre: «Entin, dit-il,

un jour que ma mere Rachel m avait ordonne de me rendre dans

un champ pour moissonner, e vis tine faux qui etait posee a et lui

ordonnai d aller moissonner elle moissonnadix fois plus vite que

les autres.J ai deja fait sortir de terre beaucoupde eunesbuissons

et e les ai fait se couvrir de verdure en un brei instant36 .

La description du desert est aussi res interessante, quand on

sait qu il s agit a, dans imaginaire medieval, d un lieu tout a fait

particulier. 11est defini avec ine extreme precisiondans es notices

consacrees Philippe et Barthelemy.Le desertc est e « ieu desert

ou les hommesne peuvent accederet qui n offre rien qui soit utile

a leurs besoins37 , ou «il n y a point d oiseau qui vole, d homme

qui laboure et ou jamais n a resonne la voix d un homme38 . 11

s agit la d une definition qui est beaucoupplus orientale qu occi-

dentale. Une etude qui fait autorite, a montre que Ie desert, dans

l Occident medieval, c est a foret39. a foret qui n est presente,ce

qui pourrait ici aussi ndiquer une origine occidentale -romaine?-

dansce dossier,que dans a notice de Pierre et Paul: «il errait dans

les forets, il etait mort de froid et de faim et avait ete devoTepar

les loups40 .

34. La vie et la passion de Simon et Jude, IV.

35. La vie et la passion de Matthieu, IV.

36. La vie et la passion de Pierre,VI.

37. La vie et la passion de Philippe,

38. La vie et la passion de Barthelemy, IV.

39. LE GOFF (Jacques). « Le desert-facet dans l Occident medieval », dans

Traverses 19,1980, p. 22-33 ferris dans Idem, L imaginaire medieval, Paris,

1985, p. 59-75.

40. La vie et la passion de Pierre et Paul, 32 c.

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213

ISION DU MONDE ET IMAGINAIRE

Quant a la mer, outre l expression « outre-mer» que l on a evo-

quee plus haut, elle n apparait qu incidemment en deux citations

« Mer de Galilee41» et la Mer Rouge « Pharaon et sonarmee dans

l erreur jusqu a les faire engloutir dans a mer42 . Dans res pay-

sagesevoluent quelques animaux.

Le mondeanimal

11y a tout d abord des animaux typiquement orientaux, les dro-

madaires que l on rencontre chez Simon et Jude43,es chameaux

de Barthelemy44.Ces animaux n etaient pas totalement inconnus

de l Occident medieval. 11y avait, dans certains recits concernant

des ondations d eglises, evocation de chameauxqui avaient servi

de montures aUKevangelisateurs.11s agit bien evidemment ci du

celebre chameaude saint Aphrodise de Beziers45,qui d ailleurs

n etait autre qu un dromadaire... 11y aurait beaucoup a dire sur

Ie plan ethnologique de cet animal, dont Ie souvenir survit usqu a

aujourd hui dans es pratiques populaires de la cite, mais d autres

chameaux soot attestes dans histoire de l Occident medieval. 11

y a tout d abord la presence de chameauxa la cour franque, au

Vllle siecle46. 1 a, et c est episode Ie plus celebre, a procession

parodique dont fut victime Brunehaut, avantsamise a mort, devant

les armees ranques, montee sur un chameau47. our un occiden-

tal, les « deux tigresses res feroces48 font partie d un bestiaire

exotique et feroce.

41. La vie et la passionde Pierre,v:

42. La vie et la passionde Pierre et Paul,28 a.

43. La vie et la passionde Simonet Jude,VIII.

44. La vie et la passionde Barthelemy,I.

45. Meme si l animal a toujours ete designecomme un chameau, l s agit

en realite d un dromadaire. Voir sur cet episode SOULAIROLJean). «La

legende du chameau» dans Bulletin de la Societearcheologique, cienti-

fique et litteraire de Beziers, 3emeerie, T. XI, 1919-1920,pp. 149-164.

46. Sur tOllS es episodesELZE Reinhard). « Insigne del potere sovrano

e delegato n Occidente » dans Simbolie simbologia ell alto Medioevo. et-

timane di Studio del Centro Italiano di studi sull alto medioevo. Spolete,

1987,pp. 569-593. Voir pp. 585-586.Avec les references des differents

textes cites.

47. Voir Ie passagedu pseudo-Fredegaire ite a ce sujet par Stephane LE

BECQ.Les origines ranquesdans Nouvellehistoire de a Francemedievale.

Paris, Seuil, 1990,p. 118.

48. La vie et la passionde Simonet Jude,v:

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214

D. ALIBERT

Viennent ensuite les agneaux et brebis qui sont entendus sous

leur sellSallegorique. On les rencontre dans es notices consacrees

a Simon et Jude49.Restent enfin es serpents,qualifies de monstres.

Si on les trouve cites dans Simon et Jude5O,a description qui les

assimilea descreatures nfemales,ce qui est courantdans e monde

chretien51, e trouve dans e fecit de la vie de Matthieu. « ls com-

mandaient aux serpentsde trapper ...un serpentmonstrueux; ces

serpentsetaient casques,eur souffle repandaitune chaleurembra-

see, ls crachaientpar les narinesdesvapeursde soufre dont I odeur

faisait mourir les gens52}.

Ce monde qui est, tant au niveau des structures geographiques

que des ormes paysageresou du bestiaire, relativement habituel

pour un medieviste, revele des structures politiques et religieuses

auxquelles es clercs DOllS nt accoutumes.

Les structurespolitiques et religieuses

Les structures de gouveruement

On trouve de multiples allusions,dansces extes, aux structures

du gouvemement et meme, mais en for~ant un pen Ie document,

une ebauchede miroir des princes, ou en tout cas, un portrait du

bon gouvemant53.

Plusieurs notations evoquent les divisions administratives qui

sont relIes de la romanite finissante. On parle ainsi de proVinces54,

d une « autre province55 . Les proVinces peuvent etre regies par

un roi, comme c est Ie cas dans a Vie et la passion de Barthelemy

49. La vie et la passionde Simonet JudeV.

50. La vie et la passionde Simonet Jude II.

5L Voir BODSONLiliane). « L evolution du statut culturel du serpentdans

Ie monde occidental de l Antiquite a nos jours» dans Histoire et animal,

Toulouse,Presses e l Institut d etudes politiques, 1989, p. 523-548.Pour

notre periode, e travail de JacquesVoisenetcontient toutes es references

necessaires.VOISENETJacques).Bestiairechretien.L imagerieanimaledes

auteursdu haul MoyenAge (Ve-XIe iecle).Toulouse,PressesUniversitaires

du Mirail, 1994,386p. + pl.

52. La vie et la passionde Matthieu, , III.

53. Pour une bonne entree en matiere sur es miroirs desprinces: ANTON

(Hans-Hubert). Fiirstenspiegelund Herrscherethosn der Karolingerzeit.

Bonn: L. Rohrscheid, 1968,462p.

54.La vie et la passionde Philippe.

55. La vie et la lJassion e Barthelemy.V.

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215

ISION DU MONDE ET IMAGINAIRE

«Le roi de cette province56 . Un pays est ainsidivise en provinces,

a l interieur desquelleson trouve des cites, comme c est Ie cas en

Perse: «les douze provinces de Perse et leurs cites57 . Ces cites

peuvent etre au nombre de donze, comme c est Ie cas dans Bar-

thelemy, ce qui n appelle pas de commentaire sonspeine d enon-

cer des banalites58. our en finir avec cesdivisions, evoquons ex-

pression« beaucoupde cites» que l on trouve dans Pau159.

Voyons maintenant es nstitutions politiques proprement dites.

11 a tout d abord l empereur, qui pent etre nOmIne, omme dans

Ie cas de Neron, cite dans es vies de Pierre et de Pau160,t pour-

vu de differents qualificatifs: Neron61,«bon empereur» se ren-

contre a trois reprises dans a notice sur Pierre et Pau162; excel-

lent empereur63» ne fois, tout comme «empereur ires sacre64 .

On pent egalement e qualifier de Cesar «Neron Cesar». On Ie

trouve ainsi deux fois dans Pierre, deux fois dans Pierre et Pau165,

une fois dans Jacques Ie Mineur66. 11est pourvu d une femme

«Livie epousede Neron67 .

On a evidemmentplethore de rois. De certains, es auteursnons

donnent les noms. Ainsi Polymius cite dans Barthelemf8, Hero-

de cite dans Pierre. On a egalementdes mentions de reines, telle

la reine des Ethiopiens que l on rencontre dansMatthieu69.Avant

d etudier quelques cas particuliers, voyons les autres institutions

doni on repere la trace.

11 a tout d abord les prefets, tel Ie Prefet Agrippa et son epou-

se Agrippine qui est cite dans Pierre et Pau17°. emarquons qu il

s agit la d une institution qui marque empire romain finissant. On

rencontre aussides« officiers de ustice71», deux satrapes72deux

56. La vie et Lapassionde Barthelemy,I.

57. La vie et Lapassionde Simonet Jude,VI.

58. La vie et Lapassionde Barthelemy,V.

59. La vie et Lapassionde Paul.

60. La vie et Lapassionde Pierre et Paul,24b.

61. Ibidem.

62. La vie et Lapassionde Pierre et Paul24 d, 25 d, 25 d

63. La vie et Lapassionde Pierre et Paul 27 b.

64. La vie et Lapassionde Pierre et Paul29 b.

65. La vie et Lapassionde Pierre et Paul 24c,30 b.

66. La vie et Lapassionde Jacques,rere du Seigneur.

67. La vie et Lapassionde Pierre et Paul 24, b.

68. La vie et Lapassionde Barthelemy,I.

69. La vie et Lapassionde Matthieu, V.

70. La vie et Lapassionde Pierre et Paul.

71. La vie et Lapassionde Philippe.

72. La vie et Lapassionde Simonet Jude, I.

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216

ALmERT

tribuns chez Philippe et Simon-Jude73.Un autre personnage est

cite, dont Ie statut, ici comme ailleurs, meriterait d etre analyse: il

est «l ami du roi» qui est cite dans Simon Jude74.

Un peu pele-mele, quelques autres notions qui ont a voir avec

la chosepolitique: «Ie prince de l ile75», es herauts76,a Nobles-

se et l Etat qu evoque Pierre decidement res romain, mais a chose

n a lien d etonnant.

Les institutions militaires sont egalementaper~ues.Sans raiter

des deux centurions qui commandaienta Jerusalem 7,l taut s at-

tarder sur Varadach, un des personnages les de La vie et a pas-

sion de Simon et ude78.Ce personnage est qualifie de Dux79.Le

Dux, des a romanite finissante,est celui qui estcharge d un impor-

tant commandementmilitaire. A partir du xe siecle, dans Occi-

dent medieval, c est celui qui detient un important commande-

ment, militaire, civil, c est un membre de a haute fonction publique

carolingienne, c est surtout, avec Ie processus d atomisation de

l autorite que connait la periode, celui autour de qui s edifient les

principautes erritorialesso, our ne prendre qu un exemple,celebre

entre tous, un certain Hugues portait, dans e royaume de Lothai-

re puis de Louis, Ie titre de Dux. Il s appelait Hugues Capet, et la

suite de son histoire est connue81 Nous avons la l un de ces

exemples de detournement de l institution citee par la Bible, ou

ici les Apocryphes, au profit des realites medievales,phenomenes

bien connus par ailleurs. Le titre de Dux semble d ailleurs appe-

ler ce genre de mutations. Il y a un cas extremement habile de

manipulation de cet ordre. Il s agit d Holopherne. Qualifie de prin-

cepspar la Vulgate, il se trouve transforme en Dux dans un texte

73. Ibidem.

74.La vie et fapassionde Simonet Jude, : Sur ce titre, qui vient de la Bible

I Maccabees, 0, 16,on nous pardonnera de renvoyer a notre these de doc-

torat, inedite, Les Carolingiens et eurs mages. conographie et deologie.

Paris IV, 1994. Voir p. 366.

75. La vie et Lapassionde Paul.

76. La vie et Lapassionde Matthieu, V

77. La vie et Lapassionde Jacquesrere de apotreJean.

78. La vie et Lapassionde Simonet Jude, I.

79. C est a desseinque nous ne traduisons pas,a la difference de ce que

nous avons dft faire pour la publication.

so. Sur ces questions on verra GUILLOT Olivier). «Formes, fondements

et imites de l organisation politique en France au Xc siecle »dans Il seco-

10diferro: reaLta elsecoLo , Settimanedi studio del Centro italiano sull al-

to medioevo, Spolete, 1990,pp. 57-124.

8L SASSIERYves). HuguesCapel.Naissance une dynastie.Paris, Fayard,

1987,357 p. + fig.

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217

VISION DU MONDE ET IMAGINAIRE

carolingien82. La nuance n est pas mince, qui s appuie sur leg

grandes mutations subies par leg pastes d autorite entre Ie lye et

Ie Ixe siecle. Un extrait, enfin, est particulierement eclairant, pour

qui connait Ie poids et de l armee, et de l administration de l An-

tiquite tardive. 11provient de La vie et a passionde Pierre etPaul:

« [ceux qui avaient] l etat de soldat s attachaient a Dieu, au point

que quittant meme Ie service du roi, its venaient a lui, et devenus

chretiens ne voulaient revenir ni dans armee, ni au palais ».11est

possible qu il y ait la Ie probleme qui a ete celui de la militia de

l Empire finissant, qui voyait toute une partie de la noblesse, y

compris celIe qui servait sous eg armes, ou dans la haute admi-

nistration, la militia qui cherchait a retenir sesmembres qui quit-

taient Ie service de l Empereur pour celui de Dieu83.

Reste maintenant a analyser,et c est e plus interessant, eg qua-

lites qui doivent etre cellesde res gouvemants.Trois passages eu-

vent etre tout a fait eclairants et ne depareraient pas a litterature

parenetique medievale. Un premier extrait n appelle pas de com-

mentaire particulier. 11vient de Matthieu: «Ie roi se mantra bon

chretien, et son epouse pleine de gloire, comme son armee etait

animee d un pieux zele84 . En revanche, eg consequences e cette

bonne conduite sont decrites et ressemblenta s y meprendre au

programme desrecompensesdu bon roi : « [de] son vivant il fit l un

de ses ils general de toute l armee et l autre roi: il vit leg fils de

ses ils jusqu a la quatrieme generation, il conserva une paix tres

solide avec eg Romains et egPerses85. La paix est, selon eg clercs

medievaux, la t~che premiere du roi. Et ce n est pas un hasard si

ce sont leg hommes d Eglise qui ant mis en route, au toumant des

xe siecle et Xle siecles, e mouvement de la paix de Dieu, pour

remplacer une royaute defaillante86. autre point estmains connuhabituellement.11

s agit de la question de la descendance.Sansen

revenir a la question du miracle capetien, e fait pour un souverain

82.

II s agit d un titulus de la Bible de Saint-Paul-hors-les-Murs.oir folio

234 verso. Holopheme est qualifi6 de princeps en Judith 10,1383.

Sur res questions, voir Particle fondamental de Karl-Ferdinand WER-

NER.«Du nouveau sur un vieux theme. Aux origines de la « Noblesse»

et de la « Chevalerie » » dans Academiedes nscriptions et Belles-Lettres.

Compte endusdesseances e 1985,pp. 186-208.

84. La vie et passionde Matthieu,v:85.

La vie et passionde Matthieu,X.

86. La question de la paix de Dieu fait actuellementPobjet d une vive que-

relle entre historiens m6di6vistes.Ce n est pas ci Ie lieu d en rendre comp-

te. C est pour cette raison que nous ne donnerons pas de bibliographie.

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218

D. ALffiERT

d avoir une descendance, t surtout une descendance pte a regner,

est essentiel.Outre Ie souvenir, oujours present, de la dynastie de

Juda, il faut avoir en memoire que Ie sacre royal n a, a l origine,

d autre but que de pouvoir assurer une descendance oyale au

monarque87.En echo, on peut citer Ie discoursprete par un clerc

charentais ecrivant vers 826, au pape Etienne IV venu a Reims

sacrer Louis Ie Pieux: «Que Ie Tout-Puissant, qui fit croitre la

race88 Abraham, t accorde de voir tes petits-enfants et de t en-

tendre appeler du nom d aieul; qu il te donne une suite de des-

cendants deux et trois fois plus nombreux89 . A l inverse, Ie mau-

vais roi est puni: «Quant a Hirtacus, l elephantiasis avait envahi

de la tete aux pieds, et comme les medecins ne pouvaient pas Ie

soigner, l posa a pointe de songlaive contre sa poitrine et se ais-

sa tomber dessus: parce qu il ouvrit Ie corps de l apotre du Sei-

gneur par derriere, il se transper~a lui-meme Ie ventre par

devant90 . La maladie du roi, des travaux recents ont bien mon-

tre, est un chatiment du roi pecheur. Quant au suicide, un article,

entre autre, de Jean-Claude Schmitt91a montre que la societe

medievale Ie tenait pour un peche des plus graves. Et dans e cas

present, il est evident que Ie souvenir du suicide de Saill92, stpre-

sent: « Saill prit son epee et se eta dessus .

Reste un demier cas,particulierement delicat, et tout aussipas-

sionnant. 11s agit d un extrait de Barthelemy: «Puis, par revela-

tion, Ie roi Polirnius rut ordonne evequepar l apotre93».11est evi-

dent qu il s agit a d une figure de roi pretre; il s agit a de l un des

seulscas oil celie figure peut, a bon droit, etre evoquee,dans Oc-

cident medieval. En effet, meme si Ie souvenir de Melchisedech

hanta la royaute medievale94,e roi pretre n y existe pas et l epis-

copat a veille, avec un soin aloux, a la dissociation de ces deux

87. Sur ce point, on consultera notre article «Sacralite royale et onction

royale a l epoque carolingienne» dans Anthropologiesjuridiques. Melanges

Pierre Braun. Limoges: PuLIM, 1998, pp. 19-44.

88. Le texte latin emploi Ie mot semen.

89. Ermold Ie Noir. Poemeen l honneurde Louis Ie Pieux. Epitres au roi Pepin.

Ed. FARAL (Edmond). Paris, Les Belles Lettres, 20m.ed., 1964. v: 1094-

1095. p. 84.

90. La vie et la passion de Matthieu, IX.

91. SCHMI1T (Jean-Claude). «Le suicide au Moyen Age» dans Annales

E.S.C., 1976, 1, pp. 3-28.

92. I Samuel 31, 4.

93. La vie et la passion de Barthelemy, VI.

94. Voir oar exemole Ie revers de la facade de la cathedrale de Reims.

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219

ISION DU MONDE ET IMAGINAIRE

figures95.I est evident que Ie modele que nous presente e Pseu-

do-Abdias nuance fortement cette image, puisqu il s agit d un roi

qui devienteveque,et non d un roi qui cumule,commenousdirions

aujourd hui, leg deux fonctions.

Car leg textes du Pseudo-Abdias connaissentegalement a hie-

rarchie et leg fonctions ecclesiastiques.

L Eglise

La hierarchie ecclesiastique est presentee en bon ordre dans

Matthieu : « l etablit des pretres et des diacres et, dans es cites et

bourgades, ordonna des eveques et fit edifier beaucoup

d eglises96 . On aurait pu citer un texte similaire, pris dans Phi-

lippe. On retrouve l eveque a plusieurs eprises: c est visiblement

la figure centrale de l Eglise, telle qu elle se dessinedans e Pseu-

do-Abdias, ce qui n a rien de surprenant, puisque, comme on l a

vu, Ie monde du Pseudo-Abdias est essentiellement un monde

urbain. C est egalementdans ce cadre que doivent se comprendre

les basiliques, evoqueesdans Matthieu et Simon-Jude97. a fonc-

tion des ediles, notamment des eveques,est evoquee a plusieurs

reprises. On peut ainsi citer cet extrait de Simon-Jude: « Les

apotres ordonnerent dans cette cite un eveque du nom d Abdias,

qui etait venD avec eux de Judee et qui, lui aussi, avait vu Ie Sei-

gneur de sesyeux; et la cite se remplit d eglises98»,

Un dernier point qui montre la survivance, au profit de l Egli-

se, de l une des plus vieilles, et des plus solides aussi, nstitutions

romaines : Ie fisc. Des travaux recents99 nt tente de montrer, sans

toujours convaincre, il est vrai, que Ie fisc avait survecu usqu au

Ixe siecle. Toujours est-il que l on peut aussivoir dans cet extrait,

qui nODSlacerait dans optique d une Eglise mperiale, une reven-

95. Exception faile, mais il s agit la d une figure litteraire tardive, de la

legende du pretre Jean. Voir, sur ce demier MELVILLE (Gert). « Le pretre

Jean. Figure imaginaire du roi sacre », dans BOUREAU (Alain), INGER-

FLOM (Claudio-Sergio) (Ed) .La royaute sacreedans e monde chretien. Paris,

EHESS, 1992, p. 81-90.

96. La vie et Lapassion de Matthieu, IV.

97. La vie et Lapassion de Matthieu, VII. La vie et Lapassion de Simon et Jude,

VII.

98. La vie et la passion de Simon et Jude, VI.

99. II s agit bien evidemment des travaux de Jean Durliat et Elisabeth

Magnou-Nortier.

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220 ALIBERT

dication clericale: «un pretre re~oit du fisc vingt livres d'or par

moisl00 . Quoi qu'il en soit, c'est une somme respectable.

11est nteressant,aussi,de voir autour de quels objets de devo-

tion s'estconstitute l'Eglise que nous decrivent es textes du Pseu-

do-Abdias, ou en reaction a quels objets et a quelles pratiques.

Objets de devotion

li Y a tout d'abord l'opposition auK doles paiennes. Celles-ci

sont nommees « doles » dans es recits concernantPhilippe. Chez

Barthelemy, l'idole d' AstarothlOl est clairement identifiee, tout

comme on parle du culte des doles dans Simon et Jude1O2,doles

auxquelleson peut me-me acrifier,comme on Ie voit dansce me-me

recit. Des idoles, on passeaUK tatues: « Chaque our ils disaient

a un morceau de metal: Tu es mOll dieu partout oil it y avail

des statuesplaceespour decorer e temple1o3. « Vos doles et vos

statues sculptees1O4. On peut egalement adorer ces statues,

comme cela est explicitement dit dans Simon-Jude,et Ie materiau

ne change rien a l'affaire. « is ne comprennentpas que les mages

qu'ils fabriquent a leur gre en faisant ondre de l'or ou de l'argent,

ou en sculptant de la pierre ou du bois, ne sont pas des dieux1O5.

Cette attaque contre les images, et surtout contre les images en

trois dimensions ecouvertesd'or, evoque chez e medieviste, oute

une serle d'echos.

li y a, tout d'abord, a crise conoclaste,qui mil aUK rises 'Orient

byzantin et l'Occident carolingien. L'autre echo concerne a devo-

tion aUK eliques, orsqu'elle prit la forme, combien contestee,des

statues eliquaires. Le plus celebre exemple est, bien sur, celui de

la majeste de sainte Foy. Le lien, d'ailleurs, entre ces idoles

paiennes et ladite statue avail ete fait, des e XIe siecle,par l'un de

ses detracteurs qui allait, post conversionem,devenir l'auteur de

son ivre des miracles106.

Face aUKmages,des e IXe siecle, 'Occident choisit es reliques.

Les textes du Pseudo-Abdias eur font une large place. Et l'un de

100.La vie et la passiondeSimonet Jude, I.

101.La vie et la passionde Barthelemy,.

102.La vie et la passionde Simonet Jude, II.

103.La vie et la passionde Barthelemy,II.

104. La vie et la passionde Pierre et de Paul.

105.La vie et la passionde Simonet Jude,VI.

106.11s'agit bien sur de Bernard d' Angers, auteur du celebre Liber Mira.

rulnrnm.

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221

ISION DU MONDE ET IMAGINAIRE

ces extes rappelle que leg Grecs ne sont pas toujours bien inspi-

res. II s'agit d'un extrait de Pierre et Paul, dont bien des elements

tendraient a prouver que ce texte a ete ecrit en contexte occiden-

tal, pour ne pas dire carolingien et TomainoEt il n'y aurait rien de

surprenant a ce que cette redaction se situe entre 730 et 811.«Les

Grecs leg emportaient pour leg ramener en Orient, il se produisit

un violent tremblement de terre et Ie peuple romain s'en empara,

a un endroit que l'on nomme Catacombe,sur a voie Appienne, a

la troisieme borne milliaire. (...) its inTent deposessaint Pierre au

Vatican a la Naumachie, et saint Paul, sur la voie Ostienne, a la

deuxiemeborne milliaire en partant de Rome107. D'autres textes

evoquent eg eliques et leur pouvoir miraculeux. «Si bien que I'on

posait sur leg malades eg mouchoirs et leg linges qu'il avait por-

tes108. Jacques e Majeur en offre un bien bel exemple: «Her-

mogene (...) paralysasi bien Philetus qu'il ne pouvait faire un mou-

vement et illui dit: "Nous verrons bien si ton Jacques e delivrera

de ces iens " Philetus envoya alors en toute hate son esclave

aupresde Jacques;une fois arrive, I'esclave ui raconta tout et aus-

sitot Jacquesenvoya son mouchoir a Philetus en disant: "Qu'il

prenne cet objet et dise : 'Mon SeigneurJesusChrist redresseceux

qui sont brises et delivre ceux qui sont enchaines". Des que l'es-

clave qui avait ete envoye eut touche Philetus de ce mouchoir, son

maitre se trouva delivre du lien impose par Ie magicien et il cou-

rut trouver Jacques, plein d'insultes pour leg sortileges de son

maitre1W . Les confessionssuscitentelles aussibien des miracles:

« II se produit de grands miracles pres du tombeaullo du bienheu-

reux apotre Matthieull1 ».

Pour conclure cette partie, il convient d'evoquer deux autres

objets de devotion, particulierement chefSaux yeux de l'Occident

medieval. II y a tout d'abord la croix. La croix dont on gait qu'el-

Ie ne rut pas acceptee acilement, et qu'il fallut, comme I'a bien

montre Jean-ClaudeBonne, une revolution ornementale pour lui

pemlettre de s'imposer. Et meme Bernard de Clairvaux lui tela

une place de choix au chreurdeseglises isterciennes ui sontpour-

tant autant de modeles de depouillement. C'est dans Barthelemy

qu'il y est fait allusion: «il sculpta de son doigt Ie signe de la croix

107. La vie et la passionde Pierre et dePaul.

108. La vie et la passionde Paul.

109.La vie et Lapassionde Jacquesrere de ' apotreJean.

110. Litteralement : la confession,erme qui designe e lieu ou reposent e

corps des martyrs et des saints.

11L La vie et la passionde Matthieu,X.

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222

D. ALffiERT

sur eg pierres de taillel12». Le demier objet est a chaire de saint

Pierre. Elle est nommement designeedans a notice consacreea

Pierre, lors de la transmissiona Clement: «il imposa leg mains a

Clement, l'amena a s'asseoir sur sa chairel13 . Or cet objet est

venere depuis l'epoque carolingienne, puisqu'on en trouve une

mention dans Ie Martyrologe de Raban Maur, pour Ie 15 des

calendesde fevrier : « Dedicatio cathedrae ancti Petri apostol4quo

primo Romae sedit». Cet objet existe,puisquedepuis e XIIe siecle,

Ie trane que Charles Ie Chauve avait apporte a Rome lors de son

sacre mperial en 875 etait considere comme 'authentique chaire

de saint Pierrel14.

Des objets de devotion aux grands principes qui regissent a

representationdu monde que se font l'auteur ou eg auteursde nos

textes, il n'y a qu'un pas.

Representationsdu monde

Il y a tout d'abord Ie precieux

Le precieux

Meme si les apotres les refusent, ils enumerent un certain

nombre de materiaux que l'on pent qualifier, dans l'Occident

medieval,de precieux. n y a ainsi« l'or, de 'argent, despierres pre-

cieuses et des vetementsl15 . n y a egalement a pourpre. Cette

derniere, qui a survecu au mains jusqu'au Ixe siecle dans les

insignesdu pouvoirl16,estcitee a propos du roi dansBarthelemy1l7.

Elle est associeea d'autres materiaux precieux a propos du luxe

des pretres idolatres dans Simon-Jude1l8.

112.La vie et la passionde Barthelemy,V.

113. La vie et la passionde Pie e.

114. Sur tout ce dossier,voir ALIBERT.Les Carolingiens, p. cit. p. 270 et

sq.

115. La vie et la passionde Barthelemy,I.

116. Sur l'emploi de la pourpre au X. siecle. ALIBERT Dominique). «La

matiere antique dans 'imagerie politique carolingienne» dansLa memoi-

re de 'Antiquite dans 'Antiquite tardiveetle hautMoyenAge.Paris,Univer-

site de Paris-X-Nanterre et Picard diffusion, 2000,pp. 81-93. Voir p. 83.

117. La vie et la passionde Barthelemy,, IV, V.

118. «Pourpre constellee d'or et de pierreries, dans eurs vetements tis-

ses d'or, au milieu des coupes,des tissus de tin et de soie et de toute la

gloire du royaume de Babylone », La vie et la passionde Simonet Jude I.

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223

ISION DU MONDE ET IMAGINAIRE

Les batiments peuvent egalement susciter admiration comme

ces « colonnesde cristal d une taille etonnante » citeesdans a noti-

ce de Pierre. Toujours dans Ie registre de l architecture, on Teste

impuissant des loTS u il s agit de tenter d etablir une representa-

tion graphique de la basilique qui est decrite dans Simon-Jude,

« [une] basilique qui comportait quatre-vingts cercles, avec huit

angles de quatre-vingts pieds, si bien que l on comptait huit fois

quatre-vingts pieds de perimetre. Sur une hauteur de cent vingt

pieds, il fit tout construire en blocs de marbre sur lesquels furent

sculptes des signes. I fit recouvrir Ie plafond de lames d or. Au

centre de l octogone il fit placer un sarcophaged argent pur. Pen-

dant trois ans il fit travailler sans relache a cette construction,

l achevant e jour de l anniversaire desapotresl19».Certes, es des-

criptions medievales, on pent penser ci a la vision de Robert de

Mozac -sont rarement raduisibles en rois dimensionsl20. n pent

relever l importance de l octogone, dont on sait usage qu en ont

fait les architectesbyzantins et carolingiens121. n pent aussievo-

quer Ie marbre, dont la circulation a irrigue les routes commer-

ciales du haut Moyen Agel22,avec ces marbres d Aquitaine, dont

on a tire tant de chapiteauxet de sarcophages,l y a enfin la « valeur

travail », si l on vent bien nons pardonner un tel neologisme.

L immonde

A l oppose du precieux, il y a l immonde. Ce dernier est bien

decrit a propos de deux Ethiopiens, une fois dansBarthelemy, une

fois dansSimon-Jude: « Alors illeur montra un gigantesqueEthio-

pieD, plus noir que la suie, qui avait un visage pointu avec une

longue barbe, etait couvert de poils jusqu aux pieds, avait des yeux

de feu comme un fer rougi au feu et des etincelles qui jaillissaient

de sa bouche ; de sesnarines sortait une flamme de soufre, il avait

des ailes de plume, herissees de piquants comme une strige; il

avait eg mains attacheesderriere Ie dog et etait entoure de chaines

de feul23». « [On vit] deux Ethiopiens noirs, tout nus, avec des

119. La vie et la passionde Simonet Jude,VII.

120. Voir SCHMrrr Jean-Claude).« La culture de l imago », dansAnnales

HSS, anvier-fevrier 1996,no1,pp. 3-36. Voir p. 14.

m. Nous pensons ci a la chapelle palatine d Aix la Chapelle.

122. Voir HUBERT Jean). Art et vie socialede lafin du mondeantiqueau

MoyenAge.Etudes archeologieetd histoire.Geneve Droz, 1977,XXXI-

584p.

123.La vie et la passion e Barthelemy,V:

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224

D. ALIBERT

visageseffrayants, s'en aller en hurlant et en poussantdes clameurs

terribles11A. La premiere descriptionpent rappelercelIeque donne

du diable, qui lui apparaitune nuit, Ie chroniqueur clunisiende ' An

Mille, Ie tres celebre Raoul Glaber25.

Le paradis

Tous es textes aboutissenta la vision du paradis que decrit Mat-

thieu: «Le paradis des delices est plus haut que toutes leg mon-

tagnes et est proche du ciel; il n'a rien en lui qui puisseetre enne-

mi du salutdeshommes; egoiseauxne s'effraientpas en entendant

ou en voyant 'homme, il ne pousseni epine ni chardow26,eg oses

ne se fanent pas, ni leg is; aucune fleur ne passe; eg brises qu'on

y sent caressentplus qu'elles ne soufflent, et font respirer l'eter-

nite. En effet, tout comme eg umeesde l'encens chassenta puan-

teur, leg narines aspirent ci la vie eternelle qui ne laisse endurer a

l'homme ni fatigue, ni douleur, mills Ie fait demeurer oujours dans

Ie meme age, oujours jeune, toujours joyeux, toujours pareil a ui-

meme. Ni Ie scorpion, ni la tarentule, ni aucune mouche nuisible

a la santen'a saplace en ce ieu. La les ions, es igres et eg pards127

sont au service des hommes et, quoique l'homme ordonne aux

oiseaux ou aux betes sauvages, es derniers obeissent espectueu-

sement a son ordre comme a celui du plus chef ami de Dieu. De

la coulent quatre fleuves: l'un s'appelle Ie Geon, Ie second e Phi-

son, e troisieme, Ie Tigre, Ie quatrieme 'Euphratel28. ls sont rem-

124. La vie et la passionde Simonet JudeVII.

US. Raoul Glaber. Histoires.Ed et trad. ARNoux (M.). Turnhout, Bre-

pols, 19 ,323p. Voir p. 275. La hantise du diable chez eg moines,notam-

ment chez eg moines clunisiens, se retrouve plus d'un siecle plus lard.

Voir sur ce point BOunnLLIER (D .), TORRELLJ.-P.).«Une spiritualite

de combat. Pierre Ie Venerable et la lutte contre Satan» dans RevueTho-

miste,84, 1984 pp. 47-81.

126. Il ne pousseni epineni chardon.GeneseII, 18 : « II fera germer pour

toi l'epine et Ie chardon ».

U7. Dans leg bestiaires du Moyen Age, Ie leopard est un hybride de lion

et de «pard » it Ya tine distinction entre ces rois especes.

128. De III coulentquatrefleuves: 'un s'appelle e Geon, e seconde Phison,

Ie troisieme,e ngre, la quatrieme' Euphrate.Genese 2, 10-14 « Un fleuve

sortait d'Eden pour irriguer Ie jardin; de la il se partageait pour former

quatre bras. L'un d'eux s'appelaitPishon; c'est ui qui entoure tout Ie pays

de Hawila oil se trouve l'or -et l'or de ce pays est bon -ainsi que Ie bdel-

lium et la pierre d'onyx. Le deuxieme fleuve s'appelait Guihon; c'est lui

qui entoure tout Ie pays de Koush. Le troisieme fleuve s'appelait Tigre;

il collie a l'Orient d' Assour. Le quatrieme fleuve, c'etait l'Euphrate ».

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225

ISION DO MONDE ET IMAGINAlRE

plis de toutes sortes de poissons.La, nul aboiement de chien, nul

rugissement e lion, tout estagreable, out estdoux, tout estserein.

La, jamais a face du ciel n estobscurciede nuages,amais a foudre

ne fait brliler seseclairs, amais Ie tonnerre ne gronde, (...) qu il

n y a pas Ie moindre serpent129.11est evident qu au-dela du sub-

strat biblique, ce texte evoque toute une serle de representations

medievales.11 a tout d abord Ie fait qu il soil sur une montagne.

Certains exegetesmedievaux ont d ailleurs voulu Ie situer sur une

montagne de l Azerbaldjanl30. En tout cas, comme on Ie remar-

quail en ouvrant celie etude, es premiers alpinistes du xve siecle

ont cherche a Ie retrouver sur les sommets qu ils gravissaient.

L autre point conceme Ie regne animal. Outre que tons les ani-

maux nocifs, comme les scorpions et autres serpents, sont exclus,

Ie texte insiste sur a bonne entente entre 1homme et les animaux.

C est sur des textes de cet ordre que les eveques ont souvent

condamne la chasse oyale, qui mettait en evidence es exces de

bestialite du pouvoir royal131.

Conclusion

On pourrait s arreter sur ce tableau idyllique. Mais il convient

de tenter quelques conclusions, notamment sur l origine de cer-

tains motifs. Autant Ie dire, les notices qui concernent Pierre et

Paul no us semblent ires opposees aUKGrecs. Certains textes

auraient pu etre utilises dans desquerelles concernant es reliques,

voire les representationsen rois dimensions.Nous pourrions peut-

etre nons appuyer sur cespoints pour evaluer es questionsde data-

lion.

Par ailleurs, les medievistes auraient tout interet a frequenter

plus souvent ce genre de sources.Elles nous montrent comment

les phenomenes eligieux qui leur sont familiers s enracinentdans

la longue duree des images et des textes. Apres tout, les Ethio-

piens de Simon Jude, ou leurs semblables,ont peut-etre fait faire

quelques cauchemarsa Raoul Glaber; ou Antoine de Ville, qui

dirigea l Ascension du Mont-Aiguille, avail peut-etre ete berce,

danssesTeves enfants, par desvisions paradisiaquesdu Pseudo-

129. La vie et la passion de Matthieu, III.

130. Voir sur ce point LE GoFF (Jacques). La civilisation de I Occident medie-

val. Paris, Arthaud, 1965. Voir p.m.

13L On consultera sur ce point les travaux de Philippe Buc. On verra entre

autre « Pouvoir royal et commentaire de la Bible (1150-1350») dans

Annales E.S.C.. 1988,3, pp. 691-713, et en particulier les pages 693 a 699.

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226

D.

ALffiERT

A i .

Et les reves,ou les cauchemars, ont probablement, e

moteurde histoire.

A partir d un corpus de textes nettement delimite, leg vies etpassions

d apotres, connuessous e nom de collection du Pseudo-Abdias,

on a tente de voir comment ces textes participent it la

construction de la culture medievale. Ces vies et passionspresen-

tent en effet un certain nombre de traits qui sont pregnants dansla

culture medievale, mais ausside notables differences. Ainsi, Iebestiaire,

ou leg paysages,ne sont pas ceux que connaissaient egcampagnes

de l Occident medieval. En revanche, leg structurespolitiques

et ecclesialessont tres proches de celles du Moyen Ageoccidental.

De meme, eg objets de devotion, leg grandes caracte-ristiques

des representations du monde sont celles que l on trou-ve

chez nombre de clercs medievaux. On peut donc pencher,comme

d autres indices l indiquent, pour une origine medievale

et latine de ces extes, et remarquer qu ils participent it l elabora-

tion de la culture medievale.

Page 222: Apocrypha 11, 2000

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Enrico NORELL

Universite e Geneve

SUR LES ACTES DE PIERRE :

A PROPOSD'UN LIVRE RECENT

Cet article discute de maniere critique les contributions de plusieurs

savants,surtout hongrois et neerlandais,contenusdans e volume sur les

Actes de Pierre, editepar Ie professeurJ. N. Bremmer en 1998. La plu-

part de ces etudes contiennent des elements nteressants,mais assezdis-

perses. Des recherchesulterieures semblent necessaires our parvenir iJ.

eclairer lesproblemes cruciaux que pose cet apocryphe .lieu, date,histoi-

re de la composition et deologie.

This reviewarticle is a critical discussion of he essays n theapocryphal

Acts of Peter written by several scholars,mainly rom Hungary and the

Netherlands, and gathered in a volume edited by Professor fan N.

Bremmer in 1998. Most of these studiescontain valuable,but still rather

scatterednsight.\". urther research eems ecessaryn order to throw more

light on the crucial problems of this apocryphalbook: dateand place of t.\"

redaction,history of t.\" ompositionand it.\"deological eatures.

L'objet des remarques qui suivent est Ie troisieme tome d'une

serle prevue initialement en cinq volumes et consacreeaux grands

Actes apocryphesanciensdes apotres (Jean,Paul, Pierre, Andre,

Thomas) . A l'instar desdeux qui I' ont precede, l contient es expo-

sespresentes ors d'un colloque s'inscrivantdans un projet conjoint

de recherchemene par la Rijksuniversiteit de Groningen et l'Uni-

versite Lorand-Eotvos de Budapest1. Le sous-titre du present

volume ne rend pas tout a fait justice a son contenu il est question

.BREMMER, an N. (ed.), TheApocryphal Acts of Peter.Magic, Miracles

and Gnosticism (Studies on the Apocryphal Acts of the Apostles, 3),

Leuven, Peeters, 1998,VIII+213 pages. SBN 90-429-0019-9.

1. La contribution de Christine M. Thomas fait apparemment excep-

tion, car elle a ete presentee a « he Annual Meeting» de la SBL, Ie 23

novembre 1996 a New Orleans (d. p. 83, n. 34). Le quatrieme volume

de la serie, publie egalement en 1998,est une monographie de Pieter J.

Lalleman sur les Actes de Jean; on peut penser que Ie cinquieme

contiendra les actes du colloque sur les Actes de Thomas qui a eu lieu a

Groningen en novembre 1998.

Apocrypha 11, 2000, . 227 -258

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228

E. NORELLI

de magie notamment dans 'expose de J. N. Bremmer, et, defa~n

plus imitee, dansd'autres; plusieurscontributions s'interessent ux

miracleset it leur fonction dans es ActesdePierre (dorenavantAPt,

comme dans Ie volume); la question du gnosticisme,quant it ene,

Teste Ies marginale. En revanche, d'autres themes apparaissent.

J'ai choisi de discuter plus it fond trois contributions, pour traiter

ensuite beaucoupplus brievement des autres.

I. Le volume s'ouvre par tiDe contribution de Ian N. Bremmer

intitulee Aspects of the Acts of Peter: Women, Magic, Place and

Date . L'auteur, historien de l' Antiquite et desreligions, examine

d'abord les figures feminines, puis tout ce qui conceme a demo-

nologie et les prodiges, soulignant combien es miraclesoperes par

Pierre se rapprochent des pratiques magiques de l' Antiquite.

Apres ces remarques, iches et interessantesbien qu'un peu frag-

mentaires, Bremmer signale quelques elements qui pourraient

contribuer a resoudre a vexataquaestiode la localisation des APt

dans 'espace et dans Ie temps. Quant au ieu, il tend a confirmer

la these, deja ancienne et reprise plus recemment par Peter

Lampe2, de l'origine asiate. Quelques-uns de ses arguments

conviennent en general aux provinces par opposition a Rome, plu-

tot que specialementa l' Asie mineure3. En faveur de la Bithynie,

Bremmer reprend les arguments deja avances par J. Ficker4, et

ajoute que la Tithe variete sociale des APt orienterait vers tine

grande ville comme Nicomedie. Quant a la date, Bremmer est

sceptique au sujet de la fiabilite des recherches recentes desti-

nees a etablir la priorite respective entre Actes de Jean,Actes de

Paul et APt (nous y reviendrons). PlusieursRomains des classes

superieures apparaissentcomme chretiens dans les APt; or, les

premiers temoignages sur des senateurs chretiens remontent a

l'epoque de Commode. Ces senateursne pouvaient d'ailleurs pas

encore manifesterpubliquement eur foi sansperdre leur position;

cette situation se refleterait dans Ie fait que, dans es APt, Mar-

cellusn'a aucune onction ecclesiastique.C'estce qui alDeneBrem-

mer a dater les APt des deux demieres decennies du lie siecle5.

2. Die stadtromischen Christen in den ersten beiden lahrhunderten,

Tubingen 21989, . 99.

3. Ainsi Ia designation d 'ami de rEmpereur pour Aibinus (ch. 34); Ia

dedicace de Ia statue a Simon comme a un VEO£ £0£ ch.10); rage tres

jeune de Nicostratus (28).

4. Die Petrusakten.Beitriige zu ihrem Verstiindnis, eipzig 1903,p. 30-44.

5. Et plutot veTSe debut de cette periode, a cause du caractere conser-

vateur de sa regula idei; voir ci-dessous,au sujet de Ia contribution de

L.WESTRA.

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229

UR LES AcrES DE PIERRE

Quant a la traduction latine, Ie fait que les curiosi, es agentesn

rebus mperiaux, pourraient redire a l'empereur que sa statue a

ete brisee (ch. 11), n'est possible qu'apres 359, date a partir de

laquelle ces espions rapportent directement a l'empereur; cela

fixerait un terminus post quem pour cette traduction. Je trouve

moins convaincante 'idee (p. 9) que la martyre Perpetue connai-

trait les APt car Ie reve ou elle doit se battre avec un affreux Egyp-

tieD dependrait du reve de Marcellus ou il s'agit de decapiter une

laide Ethiopienne (ch.22)6.

Un probleme plus general concernant a contribution de Brem-

mer est qu'il ne tient aucun compte des propositions qui voient

plusieurs couches de composition dans les APt. Or, les femmes

riches et nobles qui accompagnentPaul au port (p. 5) figurent au

ch. 3, qui appartient a l'elaboration redactionnelle selon a these

de Harnack, reprise par Leon Vouaux7 et plus recemment par

Gerard Poupon8,avec de solides arguments; c'est au meme ch. 3

qu'apparait Balbus, que Bremmer propose de mettre en rapport

avec un proconsuld' Asie nomme Q.(Iulius Balbus (p.15). De nom-

breux senateurs, cavaliers et femmes riches de l'aristocratie,

comme Ie note Bremmer (p. 6), sont mentionnes au ch. 30; mais

ce chapitre, selon Poupon, appartiendrait lui aussia la redaction

posteriel:lre. Certes, des femmes riches apparaissent egalement

dans des chapitres appartenant sansdoute a la couche primitive,

mais il est clair que si l'on admet une composition en plusieurs

etapes, t faut sittler chacune d'elles selon es indices qui s'y trou-

vent. Pour la localisation, Bremmer (p. 15) e~ Testesubstantielle-

ment aux argumentsde Ficker; or, dans 'introduction a sa recente

6.

En fait, dans es AP; il s'agit d'une Ethiopienne et il est explicitement

exclu que ce soit une Egyptienne; la danse et les chaines n'apparaissent

pas dans la Passio Perpetuae; e contexte des Ac Pt n'est pas celui d'un

martyre cornine dans a Passio; l s'agitd'une femme et non d'un homme;

elie n'est pas vaincue par la personne qui reve, mills par Ie Christ sous a

forme de Pierre. Ce qui est commun, c'est a representation onirique de

la puissancediabolique comme d'un etre humain nair, contre lequel on

doit se battre; mais cela est oin d'exiger une dependance itteraire.

7. Les Actes de Pierre. Introduction, textes, raduction et commentaires

(Les apocryphes du Nouveau Testament),Paris 1922,p. 27-33.

8. Les .Actes de Pierre' et leur remaniement , in ANRW 25/6, Berlin-

New York 1988, p. 4363-4383. Mais W. SCHNEEMELCHER,Petrus-

akten , in W. SCHNEEMELCHERed.), Neutestamentliche Apokryphen.

II.. Apostolisches, Apokalypsen und Verwandtes, Ttibingen 51989,

p. 252-253,oppose a la these d'un texte primitif et d'un redacteur celie

d'un ouvrage compose a partir de sources differentes, qui n'auraient

pas toujours ete bien harmoniseesentre elies.

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230

E. NORELLI

traduction, G. Poupon affirme, sans malheureusement preciser

davantage, que les arguments de Ficker lui semble.nts'appliquer

plutot au remaniement qu'au texte primitif, qu'il situerait "dans

un milieu grec de Syrie"9. En tout cas, Bremmer restreint peut-

etre un peu trop rapidement l'alternative : si des elements par-

lent contre Rome et pour l'Orient grec, i considerequ'i s appuient

la these de l' Asie mineure.

Encore une remarque sur un point precis: Bremmer mentionne

(p. 12 et note 38) des ecturessymboliquespossiblespour Ie miracle

de la resurrection du hareng (ch. 13). Je trouve etrange qu'il ne

pense pas a la resurrection du Christ symbolise par Ie poisson. Si

c'etait la Ie sensdu prodige, on comprendrait mieux ce qui semble

surprenant a Bremmer, c'est-a-dire que precisement ce miracle

amene les gens a croire. Pierre affirme deux fois que Ie hareng

(sarda) va nager "comme un poisson", ce qui est etrange, s'agis-

sant en fait d'un poisson, mais qui s'expliquerait comme une sorte

de signal que Ie hareng doit redeveni vivant comme Ie IXeYI =

Christ. A cela s'ajoute Ie fait que Pierre fait nager e poissonpen-

dant longtemps ne diceretur fantasma esse;cela est sans doute

coherent avec un trait qui reviendra dans l'episode de la resur-

rection du eune homme au ch. 28, c'est-a-dire que Ie vrai miracle

se distingue de la magie aussiparce qu'il produit un effet durable;

mais on est frappe par la ressemblanceavec certains recits d'ap-

parition du Christ ressuscite,deja courants au debut du lIe siecle,

qui se preoccupent de souligner qu'il ne s'agit pas d'une simple

apparition 1°. I est d'ailleurs bien connu qu'une histoire analogue

se trouve, sous a forme d'un miracle de l'enfant Jesus,dans un

petit cycle de prodiges qui a ete ajoute au debut de certaines ver-

sions recentes des Faits de l'enfance du Seigneur (couramment

9. G. POUPON,Actes de Pierre", in F. BOYaN -P. GEOLTRAIN, d.,

Ecrits apocryphes chretiens (Bibliotheque de la Pleiade), 2e ed., Paris

1998,p. 1039-1114,ci 1043.

10. Lc 24,37-39; a Doctrina Petri ( ) citee par Origene, Princ. 1, praef.,

8, et sans doute deja par Ignace d' Antioche, 8m 3,2 (repris par Eusebe,

Hist. eccl. 3,36,11, dont depend Jerome, Comm. in Es. 1,18, prol.; Vir.

ill. 16); on petit aussi rappeler que Tertullien utilise Ie mot phantasma

en discutant l'interpretation marcionite de Lc 24,37-39 en Adv. Marc.

4,43,6-8.On pourrait encore ajouter que leg personnespresentes offrent

du pain au poisson (cf. Ie repas de pain et poisson prig par Ie Ressuscite

avec leg disciples en Jn 21,13); et que ceux qui ont cru a cause de ce

miracle se reunissent our et nuit dans a maison du presbytre Narcisse,

oil Pierre leur explique leg Ecritures prophetiques et leg paroles et leg

faits de Jesus; Ie miracle debouche donc directement sur tine catechese

christologique, ce qui pourrait confirmer sa signification christologique.

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231

UR LES AcrES DE PIERRE

appelesEvangile de 'enfance de Thomas) ; il doit y avoir un rap-

port entre les deux episodes,et, comme 'essaiede Ie montrer dans

un travail sous presse, celui dont Jesus est Ie protagoniste fait

vraisemblablement allusion a sa resurrection. Lorsque Bremmer

mentionne ce miracle de Pierre danssa section sur a magie (p. 12)

il n'y repere visiblementpas d'elementsmagiques;comme e viens

de Ie rappeler, cet episode s'apparente a celui du ch. 28 par sa

volonte de souligner que Pierre n' estpas un magicien. Ce miracle

est opere parce que la foule demande un signe qui contrebalan-

cerait es signesde Simon (ch. 12, in) ; dansune situation analogue

de demandede signes,Jesusavail repondu que sa generationn'au-

fait que Ie signe de Jonas (Mt 12,39-41 par; 16,4); Pierre, lui,

accorde un signe: mills ne s'agirait-il pas, d'une certaine maniere,

d'un "signe du signe de Jonas"?

II. Je passeala quatrieme contribution, intitulee "Simon Magus

as a Narrative Figure in the Acts of Peter" (p. 39-51), oil Gerard

Luttikhuizen accepte la these de Harnack et de Vouaux sur Ie

caractere secondaire des ch. 1-3 et 41, mais se declare sceptique

sur la proposition ulterieure de Poupon, d'apres lequelle ch. 30

serait aussi un ajout, et les ch. 4, 6, 10 contiendraient des rema-

niements concernant surtout la figure de Marcellus et destines

essentiellement a affirmer qu'il y a indulgence pour ceux qui se

repentent. La severite de Paul a l'egard de Rufina au ch. 2, appar-

tenant aux ajouts, ne contredirait pas vraiment cette intention,

affirmait Poupon12, ui, dans sa traduction, a intitule Ie discours

de Paul apres a paralyse de la femme "Le pardon des fautes"13;

maisW. Rordorf communiquedansune note du volume ci recense

(p. 182 note 13) un passaged'une lettre personnelle de Poupon

soulignantque la rigueur de Paul "detonne" et poussea se deman-

der s'il n'y aurait la la reprise eventuel1ed'un episode perdu des

Actes de Paul. En tout cas, selonLuttikhuizen, les parties des APt

consacreesau conflit entre Pierre et Simon ne revelent pas une

11. On peut Ie lire en latin dans K. VONTISCHENDORF,vangelia apo-

crypha, Lipsiae 21876, eimpr. Hildesheim [etc.] 1987,p. 164-165; en

grec, dans A. DELAlTE, Anecdota Atheniensia. Tome I,' Textesgrecs

inedits relatifs a l'histoire des religions (Bibliotheque de la Faculte de

philosophie et lettres de l'Universite de Liege 36), Liege / Paris 1927,

264-271 "Evangile de l'Enfance, de Jacques"),p. 264, ignes 9-14. Voir

S. J. VOICU,"Verso il testo primitivo dei naLbLK<l tou K'UpLou'IT]<Jou

'Racconti dell'infanzia del Signore Gesu"', in Apocrypha 9 (1998) 7-95

(traduction de ce texte, avec es variantes,p. 63).

U. "Les 'Actes de Pierre' et leur remaniement", p. 4379.

13. Ecrits apocrypheschretiens, . 1056.

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232

E. NORELL]

tendance encratite; leur theme est 'apostasie de la communaute

chretienne de Rome suite a l'activite de Simon, et son retour a la

foi grace a Pierre. Ce fecit se fonderait donc precisement sur Ie

presupposeque Ie pardon des autes, meme gravescomme 'apo-

stasie, est possible. Le caractere clairement encratite des recits

concernant a fille de Pierre14et la fille du ardinier5 arneneLut-

tikhuizen a douter que ces deux episodes aient appartenu a l'ori-

gine a la meme narration que Ie conflit entre Pierre et Simon.

En outre, Luttikhuizen souligne que la dispute dans Ie Forum

n'arnene pas ala defaite de Simon; quelques ours plus lard, celui-

ci se presente de nouveau, et un deuxieme conflit avec Pierre a

lieu, aboutissant ette fois a l'elimination definitive de Simon.D'ou

l'hypothese (voir p. 51) que Ie texte actuel resulterait de la com-

binaison de deux recits independants a l'origine: 1. un fecit des

affrontements entre Pierre et Simon, qui se serait ermine par leur

dispute finale dans Ie Forum; 2. un fecit du martyre de Pierre,

introduit par d'autres episodesavec Simon, et destine a opposer

la mort insignifiante et miserable de Simon au martyre heroique

de Pierre. La reunion, secondaire,des deux recits aurait provoque

l'elimination de la defaite de Simon au Forum. Meme si Luttik-

huizen ne Ie dit pas explicitement, sesallusions au caractereencra-

tile du Martyre (p. 40 et p. 41 n. 7) semblent mpliquer que, pour

lui, les deux episodesconserves part auraient pu, a l'origine, aller

avec ce dernier.

Cette theseseprete, a mon avis,a plusieurs emarques.D'abord,

l'argument de Luttikhuizen contre Poupon neglige un element

fondamental de la these de ce dernier: Ie theme de l'apostasie,

du repentir et du pardon est lie surtout au personnage de Mar-

cellus; or, des incoherencesdans Ie texte arnenent a penser que,

dans Ie fecit primitif, Marcellus n'etait pas chretien lorsqu'il a

accueilli Simon, et qu'il ne Ie devenaitque gracea Pierre; d'autres

14. Conserve dans Ie codex de Berlin BG 8502,p. 128-141: on peut en lire Ie

texte corte dans D. M. PARRO'IT,Nag Hammadi Codices V 2-5 and VI with

Papyrus BeroL 8502,1 and 4 (Nag Harnrnadi studies 11), Leiden 1979,p. 478-

493; trad. franc;:aiseavec commentaire par M. TARDIEU, Ecrits gnostiques.

Codex de Berlin (Sources gnostiques et manicheennes 1), Paris 1984,p. 217-

222.403-410; trad. froaussi dans Ecrits apocryphes chretiens,p.l049-1052.

15. De cet episode qui, comme Ie precedent, devait appartenir a la premie-

re partie des APt, perdue pour nous, un resume a ete conserve par la Lettre

du Pseudo-Tire, un apocryphe latin d'origine probablement priscillianiste;

texte dans D. De BRUYNE, Epistula Titi, discipuli Pauli, de dispositione

sanctimonii , Rev Ben 37 (1925) 47-72; aussi VOUAUX, Les Actes de Pierre,

p. 38-40, avec traduction; trad. aussi dans Ecrits apocryphes chretiens,

p. 1053. Augustin, Contre Adimantus 17,5, fait allusion aux deux episodes.

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...

SURLESAcrES DE PIERRE 233

traits semblent attester que Ie redacteur a voulu aussi souligner

la gravite de la crise de la communaute16. L'apostasie de la com-

munaute et son pardon n'auraient donc pas ete vraiment Ie theme

principal du conflit entre Pierre et Simon sous sa forme premiere.

En outre, rien ne me semble indiquer que l'intention primitive

du Martyre etait d'opposer la mort de Simon et celIe de Pierre17.

Surtout, une these de ce genre demanderait a etre fondee sur des

analyses litteraires, qui devraient largement porter sur leg ch. 31-

32, oil de nombreux elements se rattachent a la narration prece-

dente; il faudrait y trouver leg traces de la combinaison des deux

recits, ce que Luttikhuizen ne fait pas18.

Quelques autres considerations pourraient amener, de fa~on

plus positive, a trouver une coh~rence dans l'ensemble du fecit

(conflit avec Simon et martyre de Pierre).

Je pars d'un difficile probleme textuel au ch. 4, que Luttikhui-

zen mentionne a la p. 42. Les chretiens de Rome, ayant entendu

parler de Simon qui est a Ariccia, se demandent s'il est Ie Christ,

evoquent ses prodiges (qui, dans Ie texte actuel, sont attribues a

Paul; mills leg savants admettent en general que la mention de Paul

est interpolee), et remarquent: haec autem quaerit dimicationes,'

scimus.. non enim minima motio nobis facta est. Tout en gardant

Ie texte du manuscrit (p. 48, lignes 25-27 de son edition), Lipsius

mentionne dans l'apparat la proposition de correction de Bonnet:

haec autem quae sit dimicatio nescimus,' non enim minima notio

nobis facta est. Vouaux (p. 246.248) prefere la seule correction de

haec en hic et traduit: Pour celui-ci (Simon~'il cherche des que-

relIes; nous Ie savons; car ce n'est pas un trou~le peu profoIid qu'il

a souleve en nous (p. 247.249). Cependant, une telle attitude cri-

tique des chretiens de Rome a l'egard de Simon ne s'acco1'de pas

bien avec Ie fait que la plupart d'entre eux vont bientot Ie suivre.

Comme Ie rappelle Luttikhuizen, Poupow9 a propose haec autem

quae sit dei uocatio nescimus ..non enim minima monilia nobis facta

..

16. POUPON,Les 'Actes de Pierre' et leur remaniement , surtout p.

4373-4377.

17. II n'y a aucune allusion a cela; les deux genres de mort ne pr6sen-

tent aucun paral16lismeantith6tique; Ie discours de Pierre sur la croix

developpe de tout autres themes.

18. Le seul argumentque Pon attendrait a defaite de Simon a la fin de la

dispute dans e Forum est nsuffisant,et il se onde sur tiDe mpressionsub-

jective, sur une pre comprehension de ce que Ie fecit aurait dfi etre.

Apres tout, dans les Actes de Luc, sans doute connus de notre auteur,

P6pisodede Simon n'aboutit pas non plus a sa iquidation.

19. Les 'Actes de Pierre' et leur remaniement , p. 4373 et n. 52.

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234

E. NORELLI

est, qu'il ne traduit pas, mais doni la premiere partie devrait signi-

fier nous ne savons pas de quel genre est cet appel a Dieu2O .

Dans sa traduction pour leg Ecrits apocryphes chretiens (que Lut-

tikhuizen n'a vraisemblablement pas pu voir a temps), Poupon

adopte encore une autre correction pour la premiere partie: haec

autem quae sit imitatio nescimus, et traduit: Et celui-ci est une

imitation de Dieu que nons ne connaissons pas, car nons n' en avons

pas ete du tout avertis 21. Ce que Luttikhuizen retient de celie

phrase, c'est que leg chretiens de Rome affirment n'avoir jamais

entendu auparavant cette designation de dei virtus.

Je me demande s'il n'y a pas une possibilite de revenir a la cor-

rection de Bonnet, qui est ires economique et explique bien l'ori-

gine du texte actuel. En effet, cette declaration des chretiens de

Rome me rappelle Es 7,13, que leg premiers chretiens citaient

volontiers avec Ie celebre 7,14 voici que la vierge concevra... . Es

7,13b dans la Septante a la forme suivante : ~i1 ~LKpOvV~LVayo>va

napEXELv v8pronoL£;Kat nw~ Kupi~ napEXE'tEaywva; Les auteurs

chretiens anciens ant volontiers vu dans ce verset une prophetie

des debats entre leg humains que la naissance virginale allait pro-

voquer; et si, dans la Septante, ce soot clairement leg humains

qui veulent mettre Dieu a l'epreuve, dans leg recritures et leg relec-

tures chretiennes, ce testimonium fut souvent modifie dans Ie gens

que c'etait Dieu qui mettait a l'epreuve leg humains, en suscitant

parmi eux des disputes suite a ce prodige22. Or, en APt 24, ce tes-

timonium d'Es 7,13-14 est cite explicitement parmi leg testimonia

sur la naissance virgin ale, sons la forme non minimum praestare

vobis agonem; ecce n utero concipiet virgo23.Comme je l'ai remar-

que ailleurs24, l est possible que l'auteur ait vu la realisation de Es

20. au: cette appellation divine que s'attribue Simon (la Grande

Puissance) ? Elle est mentionnee uste avant.

21. Ecrits apocryphes chreliens,p. 1059avec a note I; pour la deuxieme

partie il a evidemment garde monilio.

22. C'est ce que montrent les citations du verset dans 'ancienne version

latine d'lrenee (Adv. haer. 3,21,4: non pusillum vobis agonempraebere

hominibus, et quemadmodum Dominus praestat agonem?) et dans

I' Afra de Es 7,13 non pusillum vobis certamen cum hominibus, quo-

niam Deus praestat agonem. D'ailleurs, Cyprien, Epist. 10,4, montre

qu'Es 7,13 pouvait s'appliquer plus generalement a des conflits soute-

nus par des chretiens au sujet de leur foi.

23. Que LIPSIUSp. 72), n'ayant pas reconnu Es 7,13, avait eu tort de

deplacer a premiere partie a la fin du chapitre 24, a ete deja remarque

par VOUAUX,Les Actes de Pierre,p. 368.

24. E. NORELLI, Avant Ie canonique et I'apocryphe: aUKorigines des

recits sur la naissance de Jesus , RThPh 126 (1994) 305-324, sur ce

oDint 31R.

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235

UR LES AcrES DE PIERRE

7,13 precisement dans Ie conflit entre Pierre et Simon dans Ie

Forum. En APt 4, les mots dimicatio et non... minima semblent

bien rappeler ce testimonium25. n somme,c'estcomme si l'auteur

utilisait Es 7,13 une fois (au ch. 24) avec 7,14, a l'interieur d'un

petit recueil de testimonia qu'il a sans doute trouve deja consti-

tue26,a propos de la naissancevirginale de Jesus; et une autre

fois (au ch. 4), seulement par allusion, sans rapport avec Es 7,14,

peut-etre sousune forme un peu differente, en tout cas sans ap-

port a la naissance,mais (implicitement) comme prophetie du

conflit que Simon provoque entre les chretiens de Rome au sujet

de son identite: est-ille Christ? Nous avons constate que cette

application plus generate a un combat relatif a la foi est attestee

par Cyprien, et l'utilisation implicite du verset par arigene, Hom.

2 in /saiam 1 va dans Ie meme sens. Si on accepte cette lecture,

on adoptera la correction de Bonnet dimicatio nescimus,mais on

gardera motio, au sensdu "trouble" que represente e debat pro-

voque dans a communaute de Rome par la pretention de Simon,

veritable "mise a l'epreuve", donc avec un sens tout proche de

ayclrv el qu'il etait compris dans es citations chretiennesque nous

avons evoquees.

Ce motif de la motio reprend alors Ie turbatio magna facta est

in media acclesia [sic] du debut du ch. 4; c'est donc ici qu'il faut

25. Certes, on a dimicatio au ch. 4, aEon au ch. 24; mais les occurrences

d'Es 7,13 en Irenee et dans la Vetus latina (texte cite ci-dessus : Cyprien,

Epist. 10,4; Test. 2,9; Tertullien, Adv. Iud. 9,1) montrent qu'Es 7,13 cir-

culait en latin avec aEon (la Vulgate rejoint en revanche Ie la'ah de l'he-

breu: numquid vobis parum est molestos esse hominibus, quia molesti

estis et Deo meo), alors que Ie traducteur latin a bien pu traduire uyrl>v

par dimicatio au ch. 4. Le ch. 24 montre aussi que Ie texte latin d'Es 7,13

connu du traducteur des APt rendait A.TJA.LICpOVar non minimum,

meme formulation qu'au ch. 4, differente de non pusillum d'Irenee et

des Africains. Si Ie A.TJe la Septante est interrogatif, toutes les versions

latines citees ci-dessus en font une negation, comme Ie non... minima

d'APt 4. En outre, Ie non minimum d'APt 24 est compris par VOUAUX

et par POUPON omme neutre, en sous-entendant est,comme c'est Ie cas

dans la Septante; cependant, il pourrait egalement avoir ete compris

par l'auteur comme adjectif accorde avec agonem, me me s'il faut

admettre que dans ce cas l'infinitif praestare reste suspendu ; c'est ce

qui s'est passe dans la forme africaine du testimonium, citee ci-dessus,

ainsi que dans Ie Protevangile de Jacques 20,1, ou Es 7,13 est applique

au debat entre les femmes sur l'accouchement de la Vierge: ou yap

 A.LICpO~yOYV tEpLICEL1:aLtEpl GOO ct. VOUAUX, Les Actes de Pierre, p.

369; NORELLI, "Avant Ie canonique", p. 321) ; cette formulation rappel-

Ie singulierement Ie non enim minima motio nobis facta est d' APt 4.

26. Voir" Avant Ie canoniaue". passim.

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236

E. NORELL]

identifier Ie leitmotiv de ce chapitre. Et qu'il y ait une continuite

entre ce conflit interne a la communautede Rome et Ie conflit que

Pierre menera avecSimon, c'estce qui ressortdu discoursdu chien

au ch. 12,adressea Pierre: Petre,agonemmagnum habebiscontra

Simonem inimicum Christi et servientibus illi,' multos autem

convertesn fidem seductos b eo. Propter quod accipiesmercedem

a deo operis tUl 27.l est clair ici que Ie motif de l'agon est fonda-

mental, et qu'il concerne precisement Ie conflit entre Pierre et

Simon. Bien que Ie retour deschretiens ourvoyes ala foi soit men-

tionne, I'accent n'est pas sur Ie theme du repentir et du pardon,

mais sur la lutte pour gagner es gens aDieu ou a Satan, et sur Ie

fait que celie lutte menera Pierre jusqu'au martyre. En effet, celie

lutte est precisement e theme evoquepar Ie Christ lorsqu'il envoie

Pierre a Rome au ch. 5, en l'informant sur 'activite de Simondans

la ville en ces ermes : omnesenim qui in me crediderunt dissoluit

astutia sua et inergia sua satanas,cuius uirtute se adprobat esse.

Influence sansdoute par Ie fait que Simon est e sujet de la phrase

precedente,et que la mine de la communaute omaine est e resul-

tat de son activite, Luttikhuizen traduit cette phrase de la fa<;on

suivante (p. 45) : all who believed in me he has perverted by the

cunning and the power of Satan,whose agenthe proves to be . Il

n'a donc pasgarde Satan en fonction de sujet, commedans e latin.

Cela a-t-il de l'importance, au-dela de la precision philologique?

Je crois que Qui Ie texte veut souligner que l'activite de Simon est

l'activite de Satan.Mais alors nous sommes ci tres prochesde l'at-

tente de l'avolJ.o£: n 2 Thess2,9-10. Autrement dit, Simon, venu

fourvoyer les croyants par sesprodiges, est 'adversaire eschato-

logique dans equel s'incarne Satan, l estune sorte d' Antechrist.

Ceci explique parfaitement 'importance du debut de APt 4, oil les

chretiens de Rome soulignent es guerisonsque Simon a accom-

plies28et se demandent: Numquid ipse est Christus? Du coup,

1'« agon» entre Pierre et Simon acquiert es caracteresdu conflit

des derniers temps entre Ia force antechristique , incarnation

de la puissance du mal, et Ie prophete eschatologique envoye

27. Comme e Ie dirai plus loin, Christine THoMAS stime que ce discours

du chien est l'reuvre de la personne responsablede la reunion des epi-

sodes separes qui ont precede la composition des APt. En tout cas, l

appartiendrait a la premiere forme de I'ouvrage entier, et l'hypothese de

THoMASne ferait que confirmer combien ce theme tenait a creur a cet

auteur.

28. Pour les guerisonsde I' Antechrist, cf. p. ex. Apocalypse d'Elie 3,9.

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237

UR LES AcrES DE PIERRE

par Dieu29. La perspective que j'ai proposee ici explique pourquoi

l'affrontement dans Ie Forum n'aboutit pas a l'elimination de

Simon, mais a la confrontation, toute au detriment de Simon,

autour de la resurrection du jeune senateur3°.

J'ai souligne autrefois que les traditions liees au nom de Pierre

au lIe siecle semblent avoir accorde beaucoup d'importance au

theme de l' Antechrist, et avoir encadre Ie martyre de Pierre dans

un schema eschatologique ou sa mort SallSNeron represente l'ou-

verture de la crise eschatologique31. Les APt pourraient etre

influences par cette tradition, d'ailleurs combinee ici avec les tra-

ditions sur Ie conflit entre Pierre et Simon; cela aurait contribue

au transfert sur Simon des traits antechristiques attribues ailleurs

a Neron32. En ce cas, on comprendrait mieux pourquoi, defiant,

comme on l'a toujours remarque, toute vraisemblance chronolo-

gique, les APt font entrer en scene Neron immediatement apres

Ie martyre de Pierre (ch. 41). En effet, d'apres notre texte, ce der-

nier evenement dechaine la persecution de Neron contre les chre-

tiens, persecution qui est arretee par des coups et un avertissement

celeste qu'il re~oit une nuit. Cette voix lui dit entre autres: tu n'as

pas Ie pouvoir maintenant (vUv) de persecuter ou de faire mourir

les serviteurs du Christ 33. Neron, effraye, s'abstient de toucher

aux disciples a l'epoque ou (EKELVq>t<9K<XLP<9<x8' ov) Pierre

quitta cette vie . Poupon pense que res deux precisions chrono-

29. Comme Ie declare Ie chien au ch. 12, Pierre ramenera a la foi de nom-

breuses personnes seduites par Simon, mais pour cette raison (propter

quod) il subira Ie martyre. Certes, Pierre l'emportera d'abord sur Simon,

qui sera definitivement elimine avant lui, et lors de la mort de Pierre l'apo-

stasie ne sera pas a son comble ; en cela, il aura eu apparemment plus de

succes que les deux prophetes eschatologiques envoyes affronter la bete

en Ap 11 (dont Ie sort s'explique par la situation de souffrance et de mar-

lyre des chretiens envisagee par Jean).

30. En effet, si certains admettaient que parmi les prodiges de l' Antechrist

il y aurait la resurrection des morts (ainsi 01: Sib. 3,66), d'autres voyaient

la precisement la seule limite a ses miracles, et donc Ie critere qui per-

mettrait de Ie distinguer du Christ: 11 ela les choses que l'Oint a faites,

excepte la resurrection des morts. C'est a cela que vous connaitrez qu'il

est Ie Fils de l'Iniquite, car il n'a pas de pouvoir sur l'arne (Apocalypse

d'Elie 3,10-11, trad. J.-M. ROSENSnEHL n A. DUPONT-SOMMERM. Pm-

LONENKO,ed., La Bible. Ecrits intertestamentaires (Bibliotheque de la

Pleiade], Paris 1987, p. 1814). En somme, l'affrontement dans Ie Forum

aboutit a la demonstration que Simon n'est pas Ie Christ, mais l' Antechrist.

3L E. NORELLI, Situation des apocryphes petriniens , in Apocrypha 2

(1991) 31-83, sur ce point surtout 39-41.

32. cr. Ascension d'Esai e 4,2-4; Apocalypse de Pierre, fragment Rainer.

33. Trad. POUPON,Ecrits apocryphes chretiens, p. 1114.

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238

NORELLI

logiques signifient que, pour cet auteur, e martyre de Pierre serait

anterieur a la persecution neronienne et separe d'elle34.Cela est

tout a fait possible; mais il s'agirait a ma connaissanced'un uni-

cum et ceci ne s'accorderait pas avec Ie fait que, d'apres Ie lexie,

Neron a deja commence a exterminer leg chretiens et qu'il s'ar-

rete suite a la vision. Pourrait-on suggererune autre explication?

Ce maintenant ne s'opposerait pas a la persecution neronienne

de 64 (a laquelle ce ch. 41 ferait alors allusion, soulignant qu'elle

n'a pas pu deraciner la communaute romaine), mais a celIe que

dechaineraitNeron lors de son retour commeAntechrist, un theme

explicite dans ' Ascensiond' Esaie ch. 4) en rapport justement avec

la mort de Pierre35.

11 audrait etudier comment leg thematiques christologiques,

notamment la resurrection, sont rises en rapport avec celie pers-

pective eschatologico-apocalyptique36.En tout cas, sans vouloir

nullement DieTdes ajouts et des remaniements (les propositions

de Poupon me semblent tout a fait defendables), une coherence

entre leg affrontements de Pierre et Simon, la mort de Simon et

34. Ibid., note F.

35. Certes,notre texte ne contient aucun element explicite allant dans ce

sens,mills on petit admettre qu'it a herite des elements de traditions liees

au nom de Pierre. Sur ce point, it taut cependantBtre prudent, parce qu'en

general, on decele dans ce ch. 41 des elements qui viendraient des Actes

de Paul, et on 'attribue au remaniementdes APt; c'estce qu'admet mBme

W. RORDORFvoir ci-dessous) n faisant exceptiona sonscepticismequant

a la dependancedes APt par rapport aux Actes dePaul. 11Testedonc pos-

sible que cette insertion de Neron soit due a un redacteur ulterieur. 11me

semble en tout cas que les considerations ci developpees llustrent l'op-

portunite de tenir compte de l'importance de certains complexesde tradi-

tions, qui ont pu influencer differents ecrits. Quoi qu'il en soit, it semble

qu'it y fit quelques aisons pouressayerde comprendre esAPt sous 'angle

du conflit eschatologique, ont I' enjeu est e salut ou a perdition de la com-

munaute chretienne, et dont les acteurs sont, sur la terre, les envoyes de

Dieu et de son adversaire,ces demiers etant les antagonistes eels. 11ne

seraitd'ailleurs pas rop difficile de repererd'autres hemeseschatologiques,

par exemple Ie motif de la tentation generalisee au ch. 6, a mention de

celui qui temptat orbem terrarum per angelosSUDScf. Ap 12,9), au ch. 8

l'invective de Pierre contre Satanavec a prediction de sadefaite mminente

(extinguerisa servisdomini nostri Iesu Christi; et: lupe rapax, mBmedesi-

gnation que pour les faux prophetes des derniers emps en Mt 7,15).36.

D'ou l'importance de la resurrection du hareng et des trois resurrec-

tions des ch. 25-28; LUTfIKHUIZEN,p. 50, pense qu'une ou deux resur-

rections ont ete ajoutees au courant de la transmissiondu texte, mais cette

idee ne semble pas tenir compte de l'importance du theme de la resur-

rection dans cet ecrit.

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239UR LES AcrES DE PIERRE

Ie martyre de Pierre pourrait apparaitre (contre l'avis de Lutti-

khuizen) sur Ie plan de la caracterisationde Simon comme Ante-

christ (son ascension,en tant qu'imitation de l'ascensiondu Christ,

rentre bien dans ce tableau) et de la contextualisation de la lutte

entre Pierre et Simon dans un schemaeschatologiqueparticulie-

rement present dans des traditions de type petrinien .

m. j'en viens a la contribution de Christine M. Thomas, Revi-

vifying Resurrection Accounts: techniques of composition and

rewriting in the Acts of Peter cc. 25-28 (p. 65-83)37.Elle avait

publie dans Apocrypha 3 (1992) 125-164une etude originale et

interessante ntitulee Word and Deed: the Acts of Peterand Ora-

lity , oil elle essayait de sortir de l'impasse dans laquelle on se

retrouve lorsqu'on essaie d'expliquer la genesedes Actes apo-

cryphes et leur relations reciproques a partir d'un modele fonde

exclusivement ur 'ecriture (Quellenforschung lassique)ou exclu-

sivement sur 'oralite38.Cette approchese poursuit dansune autre

contribution de Christine Thomas sur les APt qui vient de

paraitre39.En bref, Christine Thomas y reconstitue Ie processus

suivant : une premiere etape aurait vu l'existencede plusieursuni-

tes narratives autour de la personnede Pierre et de quelquesautres

personnages du premier siecle (Simon Ie Magicien, Neron,

Agrippa, Marcellus) ; elles auraient ete transmises en partie ora-

lement, en partie sous orme ecrite. Caracteristiquede cette phase

 creative et expansive serait la coexistence de versions mul-

tiples d'un meme recit de base, des multiforms selon a termi-

37. MIne THoMASannonce a publication d'un livre sur les APt (p. v) :

The Beginnings of Christian Romance: The Acts of Peter, he Ancient

Novel,and Early Christian History (1998). Cet ouvragene semblepas etre

paru au moment ou je corrige les epreuves.

38. Elle avait argumente en faveur d'un modele mixte, qui presuppose ine

coexistencede culture orale et de culture ecrite dans ' Antiquite. Par des

analysesd'ordre litteraire, fondees sur les recherches de POUPON,lle

essayaitde montrer qu'au niveau de l'ecriture, un auteur avait compose

tine premiere forme des APt en reunissant es histoires de Marcellus,de la

lutte entre Pierre et Simon et du martyre de Pierre; un redacteurulterieur

auraitmodifie ce texte en developpante themede 'apostasieet de a repen-

tance et ajoutant es referencesa Paul. Mais l'reuvre ressortirait ausside la

tradition orale,dans a mesureou elle contientdes ormes differentesd'une

meme structure narrative, comme es deux histoires de la fille de Pierre et

de la fille du jardinier, ou les trois recits de resurrectiondes ch. 25-28.

39. The 'Prehistory' of the Acts of Peter , in TheApocryphal Acts of he

Apostles. Harvard Divinity School Studies, d. by F. BOYON, . GRAHAM

BROCK, . R. MATTHEWS, ambridge, Mass., 1999,p. 39-62.

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240

E. NORELLI

nologie d' Albert Lord, adoptee par Thomas4°.Une deuxieme

etape aurait ete celIe de la reunion de cessegmentsen une narra-

tion ecrite suivie, on les multiforms sont raites comme des eve-

nementssepares41.roisiemeetape la redactionpostuleepar Pou-

pOll, consistant essentiellementdans l'ajout des ch. 1-3 actuels et

dansdes remaniements notamment en 4, 6, 10,41) destinesa faire

de l'adhesion a Simon une apostasiede la communautechretienne

de Rome, alors que, dans a forme precedente, c'etaient les poly-

theistes omains qui suivaient e Magicien et qui seulementensuite

devenaient chretiens grace a Pierre42.Enfin, l'elimination de la

premiere partie du fecit, pour Ie faire commencerpar Ie depart de

Paul en Espagne, aurait eu lieu sur a version atine, plus precise-

ment par Ie scribe meme du manuscritde Verceil (VIe-VIle siecle),

qui aurait voulu l'harmoniser avec les Reconnaissances seudo-

40. On en retrouverait encore leg traces en ce qui nous Testedes APt:

deux maris a qui leurs emmes se refusent suite a la predication de Pierre

sont a l'origine du martyre de celui-ci (ch. 33-34); Simon vole deux fois

sur Rome (ch. 4 et 32); trois resurrections de jeunes hommes (ch. 25-

28); deux vierges paralyseespour en preserver a virginite (BG 8502 et

lettre du Pseudo-Tite).

4L On peut encore deceler,selon THoMAs, eg souduresdes episodes,par

ex. dans Ie discours direct du chien au ch. 9, qui vient s'ajouter a un dis-

COUTSndirect et qui ette un pont veTSa future lutte entre Pierre et Simon

et Ie martyre de l'apotre. Cette operation aurait ete realisee vraisembla-

blement en Asie mineure (THoMAs accepte es arguments de FICKER),

veTSe milieu du lIe siecle.

42. II taut cependant remarquer que THOMAS e rend pas exactement

compte de la penseede POllaN lorsqu'elle lui attribue (p. 44-45) 'idee

que c'est seulement ce redacteur qui a introduit l'existence d'une com-

munaute chretienne a Rome avant a venue de Pierre; POUPONdmet bel

et bien qu'il y avait une communaute a peine organisee dans es Actes

primitifs, avant a venue de Pierre et meme avant celIe de Paul; Ie redac-

teur en aurait transforme la chute en une veritable apostasie ; c'est seu-

lement Marcellus qu'il a transforme de polytheiste en chretien (cf. Pou-

paN, Les 'Actes de Pierre' et leur remaniement , p. 4374-4380).THOMAS

se demarque d'ailleurs de POUPON ur leg points suivants: on ne peut

pas demontrer que Ie ch. 30 est un ajout de cette redaction; ce redacteur

n'a pas elimine tout ce qui, a l'origine, precedait Ie ch. 4 actuel (c'est-a-

dire les recits sur Pierre et Simon a Jerusalem),mais il a ajoute les ch. 1-

3 au milieu de la narration, pour introduire la figure de Paul. Cette phase

peut se situer elle aussien Asie mineure,peut-etre avant a fin du lIe siecle

(POUPON:premieres decennies du IIIeme): une lettre de Denys de

Corinthe ecrite veTS170 (Eusebe, Hist. eccl. 4,23,6), encourageant a

accueillir leg apostats et les heretiques repentants, revelerait des preoc-

cupations analogues a celles du redacteur. D'ailleurs, ce theme theolo-

gique etait deja present dans a forme primitive des APt, notamment par

l'evocation des anciennes autes de Pierre.

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241

UR LES AcrES DE PIERRE

clementinesqui Ie precedent mmediatementdans e codex (c'etait

deja une proposition de Schmidt)43.Si une partie de l'argumenta-

tion de Thomas est sujette a caution44, ans 'ensemble, sarecons-

titution de la prehistoire des APt, avec son effort original d'arti-

culation entre l'oralite et l'ecriture, represente desormais une

position avec aquelle toute recherchesur es APt devra se confron-

ter.

L'article de Thomas contenu dans e presentvolume vise a illus-

trer Ie modele de l'interaction entre tradition orale et ecriture par

l'exemple de l'un des multiforms qu'elle avait deja indiques : les

trois recits de resurrection des ch. 25-28. Ene pose d'abord avec

clarte les questions de methode: faut-il entendre l'intertextualite

seulement en termes de reproduction/transformation de textes

ecrits? Lorsqu'on etudie des textes apparentes,mais ecrits a des

dates differentes, ne faudrait illes liberer from the tyranny of the

earliest source , de sorte que the later texts appear not as mere

different later versions of the tale (...), but as different later ver-

43. THOMAS oit un argument en ce sensdans a maniere dont est ntro-

duite, au ch. 17, 'histoire d'Eubule, un episode du contlit entre Pierre et

Simon que Pierre evoque comme ayant eu lieu a Jerusalem: l'apotre

raconte avoir fait fuir de Judee Simon morantem n Iudaea ad quandam

mulier Eubola, honesto nimis in saeculohoc. Ce nominatif, fautif dans

Ie contexte actuel, ndiquerait que quelqu'un a insere ici cet episode (qui

se trouvait a l'origine, comme on l'a reconnu depuis longtemps,dans a

premiere partie du fecit se deroulant a Jerusalem), conservant outefois

a la mention d'Eubule Ie casnominatif qu'elle aurait eu dans sa position

primitive, ou l'episode etait raconte par un narrateur impersonnel et

n'etait pas presentecomme un souvenirde Pierre; evidemment, ette ope-

ration a dfi etre faite a partir d'un texte latin, parce que si Ie redacteur

avait en meme temps traduit du grec, il aurait sans doute compose a

phrase avec Ie cas correct.

44. Les elements rappeles dans la note precedente ne permettent pas

d'aboutir a des conclusions de la portee de celles auxquelles arrive

THOMAS. e lier du mot mulier a ete ajoute dans Ie manuscrit par un

deuxieme scribe (voir l'apparat de LIPSIUS,. 63); iln'a donc pas ete ecrit

au nominatif par Ie scribe principal, qui serait, selon THoMAs, e respon-

sable du transfert du nominatif de sa position primitive; cette desinence

de nominatif a dfi etre influencee par Eubola qui suit (compris comme un

nominatif) et on ne peut donc pas l'utiliser comme argument. Quant aux

mots Eubola honesta a ou il faudrait Eubolam honestam,LIPSIUS vertit

dans son ntroduction que saepissimem sub inem uocabuli eicitur , avec

exemples (p. XLII); et que ablatiui et accusatiui requentissima confusio

nullis feTecarceribus cohibetur (p. XLVII-XLVIII), 'autant plus que tres

souvent Ie m final est oris la ou il aurait fallu l'ecrire et il est ajoute la

ou il ne Ie faudrait pas (de nombreux exemplesa la p. XLVIII,en particu-

lief de mots en a/am).

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242

E. NORELLI

sions of the tale ? 45Pour repondre a la question, elle examine

deux versions d'un fecit de resurrection appartenanta un contexte

de conflit entre Pierre et Simon, plus tardives que les APt, mais

clairement en rapport avec les episodesdes ch. 25-28 de ce der-

nier texte: Ie Pseudo-Hegesippe,De bello iudaico 3,2 de la 2emoi-

tie du lye siecle (dorenavant PsH), et les Actes de NereeetAchil-

lee, du ye (dorenavant: ANA)46. Ces deux textes ne contiennent

pas trois resurrections, mais une, qui reunit des motifs apparte-

nant aux trois recits des APt, sans cependant es elements claire-

ment redactionnelsdesAPt. Donc, meme s'ils ont connu es Actes

de Verceil a possibility that is quite likely , p. 68), leur utilisation

de cette source n'a pas ete textuelle: ce texte n'a pas ete privile-

gie, mais a ete utilise avecd'autres textes chretiens; il ne s'agit pas

que d'une imitation (ibid.).

Thomas propose d'operer avec a distinction, elaboree par les

formalistes fusses,entre fabula47 et sjuzhefS. Appliquee au cas

en question, cette distinction amene a constater que la tabula est

commune aux trois textes: l'insertion de l'episode dans Ie fecit

d'un conflit entre Pierre et Simon, et les elements cruciaux de

Simon qui fait bouger la tete de l'homme et de Pierre qui en

denonce a ruse. Il s'avere ainsi que les deux temoins les plus tar-

difs sont plus proches de ce que Thomas appelle, en anglais, base

narrative , tandis que Ie temoin Ie plus ancien est plus complexe

et elabore; il est aussi emarquableque es deux autresne contien-

nent pas d'elements qui doivent correspondre aux interets du

redacteur des Actes de Verceil,comme Ie personnagede la mere

du senateuret sa promessed'un don a la communautechretienne,

ainsi que l'engagement a confirmer la liberation des esclavesdu

fils. En somme,Thomas propose de comprendre es processusde

composition dans es APt a l'aide d'un modele de relations inter-

textuelles oil an elastic 'base narrative' would represent a com-

bination of fixed and fluid elements (p. 82) qui seraient reutili-

sesdans Ie sellSd'une expansion ou d'une contraction, selon es

exigencesnarratives de chaque auteur.

45. Revivifying , p. 68; c'est THOMAS ui souligne

46. J'utilise, comme THOMAS,'edition d'H. ACHELIS,Acta SS. Nerei et

Achillei. Texteund Untersuchungen (TV 11, 2), Leipzig 1893. Le texte

latin se lit dans es Acta Sanctoruma la date du 12 maio

47. C'est-a-dire la suite chronologique et Iogique des elements d'un fecit.

48. Ce terme, que THOMASend par storyline,designe I'organisation de

Ia tabula dans un texte concret, qui implique une restructuration et une

redistribution de Ia sequencechronoIogique et Iogique.

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243

UR LES AcrES DE PIERRE

Cet essaise prete a quelques remarques.11y a tout d'abord un

certain flou dans a description des relations entre les trois textes

en question, et l'avis de Thomas au sujet desrelations reciproques

des rois documents n'apparait pas res clairemenr9. La notion de

 base narrative est aussi rompeuse.Thomas reconnait qu'il s'agit

d'une abstraction que nons construisonsa posteriori, a partir des

trois textes en question (p. 80-81), et elle la definit comme the

narrative elements, details, and motifs that were available to the

individual authors (p. 82). Logiquement, donc, cet ensemble,

certes assezluide, estenvisagecomme anterieur aux auteurs ndi-

viduels. Mais alors il est difficile de comprendre comment, une

demi-page plus loin, Thomas pent affirmer que the 'base narra-

tive' that describes he family resemblancebetweenvarious mul-

tiforms of a story, although by definition the simplestpossiblever-

sion, may be neither the earliest nor the most original (ibid.).

Ici, the basenarrative , quoi qu'en dise Thomas, est devenu 'une

desversions attestees u recit (dans e cas en question,celIe du PsH

ou des ANA par opposition a celIe des APt, qui ne serait pas the

base narrative ).

D'autre part, Ie modele de tradition orale adopte par Thomas

seronde, entre autres, sur es multiforms , les versionsdifferentes

d une meme narration de base : les trois resurrections des Actes

de Verceil en representeraient un exemple. Or, pour localiser ces

 multiforms la 0\1 ls doivent l'etre, c'est-a-dire dans a tradition

orale, Thomas doit admettre que l'auteur des Actes de Verceil a

deja CODOnrois versions,orales ou ecrites, d'un seul recit de resur-

rection; il (ou elle) les aurait gardeesdistinctes et les aurait com-

pie ees par des elements redactionnels (p. 80). A la p. 81, Tho-

49. THOMAS,e l'ai rappele, ecrit d'abord qu'il est tres probable que Ie

PsH et es ANA aient connu es Actesde Verceil,et, immediatementapres,

qu'il faut explorer la possibilite qu'ils aient connu un texte des APt (c'est-

a-dire autre chose que les Actes de Verceil?,p. 68). Plus loin (p. 74), elle

ecrit que Ie PsH et les ANA sont des adaptations des Actes de Verceil,

apres avoir defini une adaptation comme a rewriting of the text of one

document by another : elle admetdonc ci clairement qu'il y a une depen-

dance itteraire de ces deux textes par rapport au recit ecrit des Actes de

Verceil.Mais quatre pagesplus loin (p. 78) elle affirme que Ie PsH et les

ANA sont en meme temps later reworkings of the APt (APt = Actes

de Verceilou non ?) et evidence of a simpler base orm of the story com-

mon to all three texts , de sorte que their knowledge of the Actus Ver-

cellenses an neither be asserted nor denied ; en somme, the issue of

dependenceamong hese hree documents s a non liquet situation. If not

dependent on the Actus Vercellenses,he later versions might just as well

know its sources, or the earliest version did have these as well (ibid.).

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244

E. NORELLI

mas parle me-me e "trois sources" desrecits de resurrection dans

les APt. Mais ala p. 82,elle affirme que "les Actesde Verceilcreent

trois unites narratives completes sur la base de cet unique com-

plexe de structures et de motifs" (correspondanta "the base nar-

rative")50.

Dans l'ensemble, cesaspectsproblematiques de la contribution

de Thomas resultent des insuffisances de son approche. II n'est

possible de mentionner ici que quelquespoints51.L'identification

d'une "narration de base" presentedeja desdifficultes. Retrouve-

t-on vraiment dans es recits du PsH et des ANA deselementscor-

respondant aux trois recits desAPt?

En ce qui conceme e PsH, il me sembledifficile de rapprocher

l'adolescens nobilis, propinquus Caesarisdu PsH, de l'alumnus

d' Agrippa (ch. 25), sansdoute un esclave52;l correspondde toute

evidence au eune (puer ) senateurde la troisieme resurrection53.

Pour Ie Teste,aucun element du PsH n' oblige a sortir du troisieme

fecit de resurrection des APt; la restitution du fils a sa mere, mise

en valeur par Thomas, appartient elle aussia ce fecit (Lipsius, p.

75 igne 21). En somme, e fecit du PsH ne peut pas servir comme

temoin de la presence,dans un me-me omplexe narratif de base,

d'elementsque es APt auraientdistribue dans rois recits de resur-

rection. Par ailleurs, Ie PsH montre clairement, a moo avis, une

connaissance e l'ensembledes APt (pas necessairement esActes

50. Je ne m'arreterai pas sur des nexactitudes mineures concernantdes

points qui devraient souligner 'unite de fond du complexe narratif: par

exemple,ala p. 70 il est dit que, dans e PsH,Pierre lui-meme reprend Ie

role qu'assumeAgrippa dans es Actes de Verceil : demasquer a ruse de

Simon. Or, les mots de Pierre cites a cet egard n'ont rien a voir avec

Agrippa, mais correspondent a ceux du meme Pierre dans Actes de Ver-

ceil,28.

5L II est nutile d'insister (parce qu'il s'agit d'une hypothese) sur a cohe-

rence, llustree ci-dessus, ntre Pelementnarratif Ie plus caracteristique

commun aux trois textes (Ie resultat ephemere et trompeur de l'effort de

Simon pour ressusciter e jeune homme) et l'ensemble des APt, a partir

de la presentation mplicite de Simon comme Antechrist, ce qui amene-

fait a penserque cet element est a sa place dans es Actes et que les deux

autres Pont repris de la, et non d'une tradition plus ou moins flottante.

52. Ainsi traduisent, avec raison, VOUAUXet POUPON;e prefet aurait-il

fait tiler un parent de Cesar?

53. Le fait que l'esclave d'Agrippa etait chef aussia l'empereur (ch. 26)

n'est pas equivalent a la condition de parent de l'empereur; cette carac-

terisation par Ie PsH semble plutot un Teste e ce que Ponconsidered'ha-

bitude comme un element chef au redacteurdes APt, la mise en evidence

des relations entre Pierre et des personnages omains de haut rang.

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245

UR LES AcrES DE PIERRE

de Verceil)54. ertes, e rapport entre Neron et Simon qui apparait

ici ne se retrouve pas dans les Actes de Verceil; mais il doit

dependre de l'influence des etapesde la legendede Pierre et Paul

posterieures a ces Actes,comme Ie montre, entre autres, l'union

des deux saints dans e martyre.

Dans les ANA apparait Marcellus, absent du PsH: c'est lui qui

ecrit la lettre contenant ce fecit. Celie presence, ainsi que l'his-

toire du chien parlant, montrent a mon avis la dependance des

ANA par rapport aux APt. D'ailleurs, l'auteur des ANA rap-

proche, lui aussi, Simon de Neron et reunit Pierre et Paul dans e

martyre, suggerantun rapprochementavec es deux emoins d' Ap

1155.D'autre part, la connaissancedes anciens APt par l'auteur

des ANA estconfumee par la presence,dans cet ecrit, de l'histoire

de la fille de Pierre, qui noDSest rendue en partie par Ie fragment

copte du BG 8502. Vouaux (p. 156-158)a bien analyse es trans-

formations que les ANA ont fait subir a ce fecit, et les a compa-

fees a celles que Ie fecit de la resurrection du fils de la veuve pre-

sente par rapport aUK esurrections des Actes de Verceil; il en a

conclu que des procedesanaloguessont visibles dans es deux cas.

II aurait ete necessaire ue C. Thomas refassece travail, pour veri-

fier si a resurrectiondes ANA doit remonter a une "structure nar-

rative de base" ou si elle peut bien s'expliquer par les techniques

d'elaboration que cet ecrit applique aux APt. La resurrection des

ANA resulte en effet d'une combinaison de la deuxieme et de la

troisieme resurrection des APt, avec un important recours au fecit

54. Voir I'allusion a des conflits anterieurs entre Pierre et Simon en Orient,

au detriment de Simon; I'arrivee de Simon a Rome avant Pierre (prae-

veniens Romam d. Actes de Verceil5 : praeoccupavit vas Romae) ; la pour-

suite des activites magiques de Simon apres I'episode de la resurrection,

puis I'envol, la chute et la mort.

55. Ed. ACHELIS, p. 13, lignes 27-30 : noA£J ov J E"t<1"taU iJ OJV~ t'§E"tE,

J E"t<1 "to vlKtiaal uJ a; amov Kat EL;"tOv abllv Ka"tEvEYKaL J ou np6;

J E .A£UaEa6E Ot &)0 VLKll"tat "tti; 3tAaVll;. Mais, tandis que dans I' Apo-

calypse les deux temoins succombent (du moins apparemment) a la bete,

ici ils obtiennent un succes visible, eliminant Ie protege de la bete (avant

d'etre mis a mort par la bete elle-meme, Neron), de sorte que leur vic-

toire reelle devient visible. Du Teste, cet auteur connait aussi d'autres

legendes sur Simon: ce dernier, apres I'echec, se transforme en prenant

tine tete de chien (p.12lignes21-22); VOUAUX (p.159) renvoie auxRecon-

naissances pseudoclementines 2,9, ou il est question de la capacite de

Simon de se tranformer en animal, mais on ne mentionne pas de chien;

y aurait-il eu tine histoire de transformation du visage de Simon dont tine

reminiscence pourrait etre conservee dans la derniere partie des Recon-

naissances (10,53 ss), ou Faustinianus, Ie peTe de Clement, apparait avec

Ie visage de Simon pour Ie demasquer face ala fowe?

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E. NORELL]

evangelique de la resurrection du fils de la veuve de N am (Lc 7,11-

17)56. En outre, il est difficile de voir dans les ANA des details

qui devraient provenir sllrement de la premiere resurrection des

APt, de sorte qu'ici non plus, nons n'avons pas un fecit contenant

des traits des trois recits de resurrection des APt, contrairement a

ce que pense Thomas.

En fait, il semble difficile de reperer un base narrative sons

les trois resurrections des APt. La seule chose qu'ils ont en com-

mUD est la resurrection d'un jeune homme, ce qui est franchement

trop pen pour les appeler trois versions d'un meme fecit de resur-

rection (Thomas, p. 80). Et comment faudrait-il se representer la

demarche du PsH et des ANA? D'apres Thomas, ils ont eu a dis-

position au moins autant de materiel narratif que l'auteur des Actus

Vercellenses, car its presentent sons line forme unitaire et concise

tous les details disperses de la narration plus longue (p. 81); mais

nons avons vu que celie derniere affirmation est sans doute exces-

sive. En tout cas, est-ce que cela signifie qu'ils ont connu les trois

recits par une tradition, orale ou ecrite, par allele aux Actes? Mais

s'ils ont connu les Actes (nollS avons vu que tel doit etre Ie cas),

quel besoin a-t-on encore d'une tradition parallele? II faudrait

reperer des elements communs aux deux recits posterieurs, mais

absents des APt (et encore, cela ne suffirait meme pas si l'on admet

la connaissance non pas des Actes de Verceil, mais, comme cela

parait etre Ie cas, des APt anciens); or, Ie seul exemple que Tho-

mas pent mentionner dans ce sens soot les paroles de Pierre: si

vivit defunctus, loquatur.. si resuscitatus est, surgat, ambulet, fabu-

letur (PsH); faV ~1;1, aAfloa't(J), 1tEpL3ta'tfloa't(J),lE'taMl31J tpolj>f)~

KaL <1..1too'tpalj>r]'t(J)k 'tOY OLKOV v'tov (ANA). Dans tout cela,

les seuls mots communs aux deux textes et etrangers aux APt soot

 s'il est vivant et qu'il marche , ce qui est evidemment tIeS peu;

its ont pu se glisser tout naturellement dans les deux textes de fa~on

independante, si la citation est faite de memoire. Ou bien faut-il

postuler (nous avons vu les oscillations de Thomas a ce sujet) que

les deux textes posterieurs ont connu un seul recit de base de

resurrection? Mais nollS avons vu que Ie PsH ne contient pas de

points de contact avec les deux premieres resurrections, et les ANA

avec la premiere; or cela serait etrange s'ils avaient connu un com-~

56.11estclair que ce recours au modele biblique n'a pas besoinde remon-

tel a un base narrative ; l'auteur des ANA a bien vu que ce modele

inspirait deja les APt, et ill'a ulterieurement developpe, selon une

demarche frequente dans es reecritures de textes apocryphes (on peut

vensel, pour ne donner qu'un exemple,ala Legended'Esaie par rapport

a l'Ascension d'Esaze).

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UR LES ACIES DE PIERRE

plexe unique d'elements narratifs. En outre, d'un cote, ce com-

plexe aurait contenu des details tres precis, de l'autre il n'aurait

meme pas dit si Ie mort etait Ie fils unique d'une pauvre veuve ou

bien un riche senateur.En somme, l n'est pas sur que C. Thomas

ait choisi Ie meilleur exemple pour illustrer son modele de com-

binaison entre sourcesecrites et tradition orale, qui, en soi, est du

plus haut interet57.

D'ailleurs, il sembledifficile que ce cass'explique en admettant

simplement que les auteurs du PsH et des ANA ont eu sous es

yeux les anciensAPt lorsqu'ils ecrivaient. La situation s'explique

probablement au mieux en admettantqu'ils evoquent es episodes

de memoire : chacun a retenu avec un plus grand degre de preci-

sion des elements particulierement vivants, en premier lieu l'ac-

tion magique de Simon et la reponse de Pierre, ainsi que l'enjeu

consistantdans e risque du lynchage pour l'un ou pour l'autre des

deux antagonistes.Mais a l'origine de tout cela, on n'a pas besoin

de postuler autre choseque les APf8.

IV. Venons-en, beaucoup plus rapidement, aux autres contri-

butions du volume. Istvan Karasszon ( Agrippa, King and Pre-

fect , p. 21-28)pose a question de l'apparente incoherenceentre

Ie portrait d' Agrippa donne loTS e la dispute entre Pierre et Simon

dans Ie Forum (oil il est en theorie un juge impartial, en realite

bien dispose envers e christianisme) et loTS es circonstancesqui

menent au martyre de Pierre (oil il est urieux contre I' apOtreparce

que la predication de ce dernier a eloigne du prefet ses quatre

concubines). Reprenant a certains egards (tacitement) une sug-

57. Ce n'est peut-etre pas par hasard si, dans son etude publiee en 1999,

THOMAsmentionne Ie PsH et es ANA ( The 'Prehistory ', p. 39 note 2),

mais ne renvoie pas a l'article discute ici, se limitant ala remarque gene-

rale que les ANA, comme Ie Pseudo-Linuset Ie Pseudo-Marcellus, form

a separatearea of inquiry, but do illustrate the liveliness of the narrative

tradition and the relative fluidity of the base story of Peter (p. 61).

58. II Y aurait la un cas comparable,dans une certaine mesure,aux evo-

cations de deux episodesde l'Ascension d'Esai echezdeux auteurschre-

tiens: l'Opus imperfectum in Matthaeum (PG 56,626: cf. Asc. Es. 1) et

Ambroise de Milan (Comm. du Ps 11812,32: CSEL 62,270). Dans les

deux cas on a souventpense a la dependanced'une pretendue source de

l'Ascension, Ie Martyre d'Esai e uif, alors qu'on peut montrer qu'un tel

Martyre n'a pas existe et que ces extes dependent de l'Ascension,citee

peut-etre par creurdans e casd' Ambroise. a. mon L 'Ascensione i 1saia.

Studi su un apocrifo al croceviadei cristianesimi,Bologna 1994,p. 69-78

et 221.

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248

E. NORELLI

gestion de Carl Erbes59,l considere que Ie modele de ce person-

nage est Herode Agrippa, et tente de montrer que les evaluations

contradictoires de cette figure historique chez es Juifs et les chre-

tiens ont pu influencer les contradictions du personnage itteraire.

Cet essai vent avoir des implications methodologiques : il s'agit

d'une tentative d'expliquer des tensions a l'interieur d'un texte

non pas en supposantdes sourcesdifferentes, mais par I'influence

de roles et de modeles developpesa partir de personnageshisto-

riques et passesdans a creation litteraire; tentative interessante,

mais, a mon avis, hautement hypothetique.

Pal Herczeg, Theios aner Traits in the Apocryphal Acts of

Peter (p. 29-38), llustre comment a representationhellenistique

du eELO~vtlP a servi, dans es APt, a caracteriser es personnages

opposesde Simon et de Pierre. 11n'y a pas grand chose de neuf

dans cette contribution, qui adopte en plus des categories igides

qu'il est devenu difficile de considerer comme adequates60.

Tamas Adamik, The Image of Simon Magus in the Christian

Tradition (p. 52-64), compare la representation de Simon dans

les APt aux autres sources qui Ie concernent pour montrer que

Ie traducteur des APt [mais que dire de I'auteur?] ne se propo-

sait pas seulementd'entretenir des chretiens simples,mais voulait

aussiprouver la divinite de Jesus-Christcontre les accusationsde

Simon e Magicien, qui nia a plusieurs eprises a divinite de Jesus

(p. 64). Le probleme est qu' Adamik presuppose, plutot qu'il ne

Ie prouve, que Simon etait un philosophe gnostique, en lui attri-

buant plus ou moins les systemes imoniens du lIe et du lIIe siecle,

ce qui va a l'encontre de la recherche recente61.L'analyse des

59. C. ERBES, Petrus nicht in Rom, sondern in Jerusalem gestorben ,

ZKG 22 (1901) 1-47 et 161-224, ur ce point 186-188.

60. Ainsi I'opposition entre Ia periode du Nouveau Testament , oil Ia

pensee et Ia production ecrite des chretiens seraient nfluencees essen-

tiellement par 1'Ancien Testament , et Ia periode successive, partir

du deuxieme siecle,caracterisee par Ia production d'apocryphes, arge-

ment influences par Ies formes et Ies contenus de Ia Iitterature grecque

(p. 30). A cette epoque, the New Testament canon serves ess and less

as he source of this literature (ibid.). Cette idee que, usqu'au milieu du

lIe siecle, un canon du Nouveau Testament aurait servi comme source

de Ia Iitterature chretienne, parait liee a des schemasde penseequi n'ont

plus vraiment de raison d'etre.

6L ADAMIK se refere a tine bibliographie trop limitee, ignorant des tra-

vaux fondamentaux (par exemple Ies deux monographies de K. BEY-

SCHLAG t de G. LlJDEMANN ur Simon Ie Magicien); par ailleurs, il cite

d'excellents savants,mills il s'en tient a des syntheses,qu'en plus il solli-

cite volontiers; par exemple, a phrasede J. Dll-LON itee ala p. 57 ( Many

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249

UR LES ACI'ES DE PIERRE

sourcespar Adamik est superficielle et insuffisante62.

I;nteressante,en revanche, est 'approche sociologique d' stvan

Czachesz "Who is Deviant? Entering the Story-World of the ActS'

of Peter", p. 84-96). A l'aide des categories socio-psychologiques

developpeessurtout par Bruce J. Malina et Jerome H. Neyrey, cet

auteur propose de voir dans a figure de Pierre crucifie a l'envers

une sorte de chiffre de l'inversion que les APt sont en train de rea-

liser; les chretiens, "etiquetes" (c'est la notion sociologique du

"labelling") comme deviants dans eur milieu, "etiquettent" a leur

tour leurs propres adversaires, les "denoncent" et mettent en

oeuvre des "rituels de degradation" s'effor~ant de gagner de la

respectabilite aupres du public. Ce processusmontrerait que les

chretiens qui ecrivent es APt ant deja Ie regard tourne du cote du

pouvoir; a une epoque ou ils sonfpersecutes, ts "renversent" cette

situation par l'utopie narrative. Quelques arguments de Czachesz

sont un peu forces; il est inexact de dire (p. 95) que Pierre prie

pour la mort de Simon; c'est plutot l'inverse qui est vrai (ch. 32,

Lipsius p. 83ligne 18). En fait, ce qui est vise n'est pas a mort de

l'adversaire, mais la demonstration eclatante et ecrasante (ici au

sens itteral ) de son erreur et de sa faiblesse.

Dans ce sens, une consideration pourrait etre utile pour pro-

longer la reflexion de Czachesz.Ce dernier n'a pas souligne un

element qui me parait important: Ie role attribue aDieu et au

Christ dans son rapport avec Ie role attribue a l'apotre. Dans des

textes chretiens plus anciens que les APt, l'honneur (c'est l'une

des categoriesmises en evidence par Czache:lf a la base de~ APt)

de Dieu et celui des humains (qui cherchent l'honneur del:Dieu)

ne vont pas ensemble, du mains aux yeux des spectateurs du

dehors: les chretiens sont prets a perdre leur honneur, pourvu que

Dieu soit honore63.Mais deja a cette epoque se manifeste une

ingredients of 2nd-cent. Gnosticism are pre-Christian") ne signifie pas

qu'il existait un gnosticisme prechretien avec un mythe de redemption,

une idee de la religionsgeschichtliche chute qui a fait son emps.

62. Ainsi, a la p. 58, l affirme que les renseignementsde Justin sur Simon

peuvent etre tenus pour authentiques,parce qu'il connaissaitbien la theo-

logie et a philosophie palenneset uives ; cette affirmation tient lieu d une

analysedes sources.Par consequent, l peut ecrire que Justin confirme la

notice des Actes des apotres, sansse demander si les Actes n'ont juste-

ment pas ete sa source; et il affirme que, si es decouvertesarcheologiques,

comme il est bien connu, ont montre que Justin avait pris une statue de

Semo Sancus pour une statue de Simon, cela ne nous autorise pas a

conclure que Simon n'avait pas re~u une statue a Rome (ibid.)

63. Le premier exemple est bien entendu celui de Jesus (ou en tout cas,

celui de la lecture de sa crucifixion dans es evangiles); encore plus evi-

dente est 'image de l'apotre chez Paul (theologie de la croix f).

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250

E. NORELLI

option radicalement autre: leg adversaires de Paul en 2 Corin-

thiens, leg super-apotres , lient apparemment eur propre hon-

neur a celui de Dieu, qui se manifeste et triomphe precisement

dans eur sucres leurs manifestationsde puissance emoignent de

la puissancede Dieu64.Or, legActes apocryphesviennent se situer

en general sur la ligne des adversairesde Paul (y compris, ironi-

quement, leg Actes de Paul); ils pretendent que, pour que Dieu

re<;oive 'honneur qui lui est du, c'est son apotre qui doit recevoir

publiquement de l'honneur, avoir du succes65. lors que certains

chretiens acceptent un etat de degradation et de marginalisation

comme etant destine a etre compense par Dieu (que l'on pense

aux cas,qui envisagent ifferents typesde compensation,de I' Apo-

calypse de Jean et de la premiere epitre de Pierre), d'autres, qui

s'expriment notamment dans leg Actes apocryphes des apotres,

commencenta considerer a respectabilite sociale comme neces-

saire ad maio rem Dei gloriam. Pourquoi? Probablement, parce

que leg communautes chretiennes commencent a se preoccuper

de leur visibilite66et, du meme coup, a se presenter comme res-

ponsables pour un monde et un ordre dans lequel elles se ren-

dent compte qu'elles doivent s'habituer a vivre. C'est ainsi que,

dans Ie jell de challenge / response qu'evoque Czachesz, eur

reponse doit devenir socialementefficace; il s'agit de montrer que

leg chretiens peuvent agir pour Ie bien de ce monde et de seshabi-

tants, et meme qu'ils soot leg seulsa Ie pouvoir reellement.

D'oules prieres de l'apotre a Dieu pour accomplir un prodige,

prieres regulierement exauceeset produisant un effet significa-

64. Paul ne renonce pas a l'argument tire de la manifestation de la puis-

sancede Dieu dans a communaute (p. ex. Gal 3,5), mais cette manifes-

tation est ndependante de l'honneur de l'apotre et peut me-me e mani-

fester au detriment de cet honneur (2 Cor 10-11;4-6).

65. Et plus on insiste, surtout dans es recits de martyre, sur les mauvais

traitements infliges aux apotres,plus Ie lecteur est averti que l'ap6tre a Ie

controle de la situation et peut exercersespouvoirsme-me ans a detresse

apparente; les Actes d'Andre et leurs recritures en representent des

exemples eclatants,parmi bien d'autres. Cependant, on ne peut pas dire

que l'ap<>tre ec;oive personnellement de l'honneur et que cet honneur

rejaillisse sur Dieu. C'est Dieu qui, dans res recits, procure a l'apotre un

succesque ce dernier ne saurait nullement se procurer tout seul; cette

incapacite est soulignee constamment,aussibien pour Ie passe dans es

APt, l'evocation desdefaillancesde Pierre) que pour Ie present les prieres

qui precedent es prodiges).

66. Un processusqui a ete bien etudie recemmentpour les Pastoralespar

Y. REOALIE,Paul apresPaul. Le temps, e salut, a morale selon esepitres

ii Timotheeet i Tite (Le monde de la Bible 31), Geneve 1994.

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UR LES AcrES DE PIERRE

tif: uidentes turbe mirate sunt, et populo clamante.. Tu, deus salua-

fUr [lege.. saluatorJ, tu Petri deus, deus inuisibilis et saluatul: Et dice-

bant inter se, uere mirantes hominis uerbo inuocantis dominum

suum uirtutem (Actes de Verceil 27). Et si Pierre dans sa priere a

demande Ie miracle afin que omnia quae sunt in seculo contem-

namus, et te solum sequi (ibid.), il ne faut pas s'y tromper: l'enjeu

est bien la conquete du monde. Le seculum dont il est question

ici est seulement Ie pouvoir de Satan, non pas Ie monde en tant

que tel. Car parallelement, Ie deshonneur de Simon devient Ie

deshonneur de Satan. Le conflit defi / reponse se oue egalement

(et en meme temps) au niveau des puissances superieures. Ce qui

est caracteristique, c'est que l'honneur ou la honte de l'une ou de

l'autre puissance spirituelle a besoin, dans cette logique, de se

manifester comme tel au niveau des humains. Les puissances pro-

tagonistes de ce conflit se deploient comme telles precisement en

se manifestant dans l'histoire humaine. C'est qu'il s'agit de deter-

miner, et surtout de montrer, qui a vraiment Ie controle sur ce

monde; les operations reciproques mises en reuvre par Pierre et

Simon dans les APt, illustrees par Czachesz, ont justement pour

fin de persuader qu'on pent (mieux: qu'il faut) faire confiance aux

representants du Dieu des chretiens pour que les structures de ce

monde puissent bien fonctionner.

Ce genre de considerations prolonge non seulement la contri-

bution de Czachesz, mais aussi celIe de Magda Misset-van de Weg

( 'For the Lord always takes Care of His own'. The Purpose of

the Wondrous Works and Deeds in the Acts of Peter , p. 97-110).

Elle etudie en particulier la fonction du miracle, qui doit etre rea-

lise par l'apotre, non pas pour augmenter Ie credit de ce dernier,

mais celui de Dieu; j'ai esquisse ci-dessus ce qui me semble etre

l'articulation entre l'apotre et Dieu par rapport a la fonction prag-

matique du texte.

Deux contributions s'occupent de la signification de la croix.

Janos Bolyki ( 'Head Downwards' : The Cross of Peter in the

Lights of the Apocryphal Acts, the New Testament and of the

Society-transforming Claim of Early Christianity , p. 111-122),

voit dans la crucifixion de Pierre la tete en bas une expression de

la comprehension de soi qu'avaient l'auteur et les premiers lec-

leurs du texte, et qui impliquait un renversement total des valeurs

(et peut-etre aussi des rapports de pouvoir) dans l'Empire, en vue

d'une christianisation de toute la societe. II convient de relever

ce qui semble une opposition rigide entre ecrits canoniques et

 apocryphes (notamment p. 118-119) : les premiers attribueraient

une signification soteriologique a la croix du Christ; les seconds,

ignorant a pen pres la valeur concrete de la croix comme lieu d'exe-

cution, feraient de la croix (non seulement de celIe du Christ, mais

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UR LES AcrES DE PIERRE

semble 'etre moins: l'insistancesur a transcendance e Dieu trou-

verait ses meilleurs paralleles en Afrique du Nord69.

A. Hilhorst examine une serie de passages eu ou pas compre-

hensiblesdes Actes de Verceil,qui, comme il est bien connu, pre-

sentent un texte latin extremement autif et difficile. n ne peut pas

faire avancer a recherche sur taus les points examines,mais ses

propositions semblent oujours competenteset equilibrees, nspi-

feeS du principe tres sain qu'il taut essayer,autant que possible,

de comprendre Ie texte tel qu'il se presente, et que les corrections

doivent etre reduites au minimum7°.

Deux contributions sont consacrees ux rapports entre les APt

et deux autres Actes apocryphesanciens.PieterJ. Lalleman, The

relation between he Acts of John and the Acts of Peter (p. 161-

177), critique la tentative de D. R. MacDonald de prouver que

les Actes de Jean dependent des APt, et apporte des arguments

dans e senscontraire, proposant (comme d'autres l'ont deja fait)

une liste des affinites entre les deux ouvrages p.170-177). Parmi

sespropres arguments, Ie meilleur semble etre Ie quatrieme (p.

168) si les Actes de Jean se composent de deux parties ecrites

69. A bien regarder, cette insistance se reduit a peu pres a l'usage du mot

invisibilis, ce qui est vraiment peu; l'invisibilite de Dieu est souvent sou-

lignee, par exemple par Novatien a Rome, et l'opposition entre invisibi-

lite du Pere et visibilite du Fils est aussi tIes frequente un peu partout.

70. Une seule remarque : a la p. 156, pour ut uiderent domini apostolum

fundari in Christum, HILHORST suggere la correction fundati, en para-

phrasant: les foules s'etaient reunies to see the apostle who, unlike them,

was built on, that is, inseparable from Christ . Or Ie texte ne petit pas

avoir ce sens avec fundati, qui s'accorde avec Ie Seigneur et non pas avec

l'apotre: il faudraitfundatum. 11est peut-etre vermis d'avancer tine autre

hypothese, encore plus economique :fundari pourrait etre Ie calque d'un

infinitif grec a valeur finale, courant (BLASS-DEBRUNNER-REHKOPF 390)

avec des verbes de mouvement, ct. ici concurrit; Ie sens serait alors toute

la foule se reunit en courant pour voir l'apotre du Seigneur, afin d'etre

fondee dans (ou: sur) Ie Christ par la parole de l'apotre. Le fait que deux

finales successives seraient exprimees de deux manieres differentes ne me

parait pas representer un obstacle: ct. APt 27, cite ci-dessus, p. 251. In

Christum pourrait etre l'un des cas tout a fait habituels ollie manuscrit

echange l'ablatif et l'accusatif, notamment apres in (LIPSIUS, . XLVI-XLVU),

mais il pourrait aussi traduire un E3tL 'tOv) XpLO'tOv; ct. Mt 7,25; Lc 6,48

pour cette construction. Dans l'interpretation de Hilhorst, l'usage de fun-

dare I 6EI1EALOW'ecarte en realite de celui des premiers textes chretiens,

y compris ceux qu'il cite (Eph 3,17; CoI1,23; 2,7), car ce serait l'apotre

qui est ronde sur Ie Christ, a la difference de la communaute (comme il

Ie souligne); l'interpretation ici proposee correspond par contre a l'usage

du premier christianisme, oula communaute est fondee par l'action

de Dieu qui se sert des apotres.

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UR LES AcrES DE PIERRE

posterieur; une dependanceTeste ossibleegalementpour les rois

premiers chapitres des APt, qui soot dans Ie meme cas. Quant a

la forme primitive des APt, rien n'oblige ala considerer comme

dependante des Actes de Paul; tous les paralleles can be easily

explained by a common stock of oral tradition from which both

authorshave respectivelydrawn (p. 191), et pour eclairer cespro-

blemes, il faudra avoir recours a d'autres criteres (ibid.), que

Rordorf ne precise pas.

Dans sa contribution, Gerard Poupon, L'origine africaine des

Actus Vercellenses (p. 192-199)montre qu'au ch. 2 (Lipsius p.

47, lignes 10-11) 'expression in pace cum dominum nostrum est

nee d'une faute de copiste a partir du chrisma utilise comme abre-

viation de Christus(la superposition des ettres grecquesX et P),

qu'un scribe a compris comme une abreviation de pax; Ie texte

aurait donc eu Jesus-Christnoire Seigneur . La meme faute est

typique de certainsmanuscritsafricains.Les APt ont pu etre appor-

tes en Afrique et traduits en latin par des missionnaires mani-

cheens,pour servir au culte dans 'une de leurs communautes.Ces

arguments,meme s'ils ne represententpasdespreuves rrefutables,

me semblent avoir beaucoupde vraisemblance.

Enfin, Ie volume est complete par une Bibliography of Acts

of Peter (p. 200-202), edigee par Pieter J. Lalleman and Jan N.

Bremmer. Bien entendu, il faut maintenant ajouter parmi les tra-

ductions celle, avec introduction et notes, de G. Poupon dans es

Ecrits apocryphes chretiensde la Bibliotheque de la Pleiade; on

est aussi un peu etonne par l'absence, parmi les traductions, de

celle de W. Schneemelcher, Petrusakten , in W. Schneemelcher

(ed.), NeutestamentlicheApokryphen. II: Apostolisches,Apoka-

lypsenund Verwandtes, tibingen 51989, . 243-289 on remarquera

egalement que, depuis 1994, il existe une nouvelle edition du

recueil de Moraldi, doni la premiere edition de 1971 est ici signa-

lee). II sera permis de signaler au moins deux omissionsparmi les

etudes: A. Orbe, Los primeros herejesante a persecuci6n Estu-

dios Valentinianos 5 = Analecta Gregoriana 83), Romae 1956,p.

176-212 El misterio de la cruz en los Acta Petri) ; T. v: Smith,

Petrine controversies n Early Christianity. Attitudes towards Peter

in Christian writings of the first two centuries (WUNT 2. R. 15),

Ttibingen 1985 (sur les APt: p. 54-59).

Dans l'ensemble, e volume parait asseznegal. Plusieurscontri-

butions s'efforcent d'ouvrir des perspectives nouvelles, par

exemple en situant leg APt dans l'evolution du christianisme au

lIe siecle, et en utilisant aussides outils elabores par la sociologie.

Cependant, leg grands problemes des APt ne sont pas vraiment

approfondis.La genIeetude qui aborde desquestionsde fond, celIe

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E. NORELLI

de Christine Thomas, n'est pas entierementsatisfaisante.Plusieurs

etudes evoquent a problematique de l'histoire litteraire de l'ou-

vrage, mais aucun effort n'est fait pour la reprendre a la base,de

sorte qu'on se borne a rappeler leg thesesexistantes (notamment

celie de Poupon), sansprendre vraiment position, ou bien on aisse

Ie probleme entierement de cote, ou bien on avanced'autres solu-

tions, mais sans eg fonder vraiment (ainsi Luttikhuizen et sur-

tout Lalleman). Manque une enquete sur Ie caractere gnostique

ou non des APt; quelques-uns l'affirment tout simplement,

d'autres ne mentionnent Ie probleme que pour assurerqu'ils ne

vont pas en traiter (ainsi Pesthy,p. 123 note 1). Le probleme des

sources des APt n'est aborde que pour ce qui concerne la rela-

tion reciproque avec eg Actes de Paul et de Jean,avec des resul-

tats plutot negatifs que positifs; Ie rapport avec leg Pseudocle-

men ines et avec d'autres traditions relatives a Pierre n'est pas

approfondi. Les suggestionsconcernant a date et Ie lieu d'origine

de l'reuvre (et, eventueliement, de son ou de ses remaniements)

restent ainsi episodiques.

En somme, 'absence d'un desseind'ensemble et d'une enquete

systematique sur eg problemes fondamentaux des APt, ainsi que

Ie caracterecontradictoire et parfois inaccompli de certainessug-

gestionsavancees, ont quelque peu regrettables.Nonobstantcela,

la plupart descontributions meritent d'etre lues et fournissentune

remarquablequantite de pistes qui devraientetre verifiees et pour-

SUlVles.

Note complementaire

Les pages qui precedent etaient destinees a la publication

pour Ie volume 10 de la revue Apocrypha. La nouvelle contribu-

tion de Christine M. Thomas sur les Actes de Pie e «<Canon

and Antitype : The Relationship Between the Acts of Peter and

the New Testament », Semeia 80, The Apocryphal Acts of the

Apostles in lntertextual Perspectives,ed. R. F. Stoops, Jr., p.

185-205),publiee en 1999 -bien que la couverture de cet impor-

tant volume indique l'annee 1997-, appelle les remarques sui-

vantes.

C.M. Thomas reprend l'idee que leg Actes de Pierre represen-

tent Ie resultat d'un processusen plusieurs 6tapes. Tout en men-

tionnant la tradition orale qui en aurait 6t6 a l'origine (voir

ci-dessus),elle s'en tient aux phasesdes textes 6crits, pour mon-

trer que chacune d'entre elles entretient un rapport different

avec leg ecrits qui devaient ensuite former Ie Nouveau

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UR LES AcrES DE PIERRE

Testament. Trois unites separees auraient prig forme a une

epoque ancienne: la serie des miracles des chapitres 11-15, e

noyau du conflit avec Simon chapitres 22-27, et Ie martyre de

Pierre chapitres 37-40. La premiere de ces sections ne contient

pas de references a d'autres textes; la deuxieme ne contient que

des references a la bible juive et a la tradition synoptique, mais

pas aux evangiles en tant que tels; la troisieme ne cite que qua-

tre logia de Jesus, dont trois non'-canoniques.Dans tous ces cas,

il s'agit de citations explicites utilisees comme preuve tiree de

l'Ecriture, ou faisant l'objet d'une exegese.Les parties des Actes

de Pierre relevant de la redaction utilisent en revanche plusieurs

ecrits chretiens des origines: evangiles, Actes des Apotres, let-

tres, ainsi que leg Actes de Paul. En somme, eg relations inter-

textuelles entre leg Actes de Pie e et la litterature qui allait for-

mer Ie Nouveau Testament ne peuvent pas etre definies de

maniere statique, comme si des deux cotes il n'y avait qu'une

forme fixe de texte, mais comme une serie diachronique de con-

tacts, car aussibien leg Actes de Pierre que la tradition qui devait

aboutir aux ecrits neotestamentaires ont connu un processusde

developpement. Un cas significatif est celui des relations avec eg

Actes de Paul: comme l'a montre G. Poupon, au chapitre 35

-qui d'apres C.M. Thomas appartiendrait a une unite preexis-

tante aux Actes de Pierre, Ie martyre de l'apotre -l'histoire du

Quo vadis semble la source du meme episode dans leg Actes de

Paul, tandis que Ie chapitre 41 semble s'inspirer des Actes de

Paul; ceci est possible parce que Ie chapitre 41, comme leg

chapitres 1-3 des Actes de Verceil, aurait ete ajoute dans la

derniere phase de redaction de l'reuvre. Les relations inter-

textuelles ne trouvent d'explication satisfaisanteque si l'on tient

compte de l'evolution litteraire des Actes de Pierre.

Cette approche est a mon avis correcte et feconde. II

resterait, bien SilT, la fonder solidement par une analyse appro-

fondie de la composition litteraire des Actes de Pierre; C. M.

Thomas en a donne quelques elements dans ses travaux prece-

dents, developpant certaines theses de G. Poupon (voir

ci-dessus),mais on attend encore une contribution systematique

a ce sujet. Si e vois bien, il faut distinguer, d'apres elle, au moins

trois phases au niveau des documents ecrits: (1) des unites

independantes (11-15; 22-27 et 37-40); (2) l'ensemble des Actes

de Pierre grecs, integrant ces trois unites anterieures; (3) les

chapitres 1-3 et 41 lies a la separationde la sectionromaine de la

section hierosolymitaine qui la precedait et qui a disparu a

quelques ragments pres. Mais oil placer Ie chapitre 7 qui serait a

attribuer a «la couche la plus tardive de redaction» (p. 191),

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E. NORELLI

caracterisee par Ie theme des lapsi, et que C.M. Thomas oppose

au chapitre 8 attribue, selon elle, a une couche precedente, dif-

ferente de celIe des unites separees? C.M. Thomas distingue

deux niveaux d'allusions, ou de references, a d'autres textes

(voir p. 193-195),mais elle postule en meme temps plus de deux

couches dans l'histoire de la composition en sorte que l'on ne

voit pas exactement comment relief ces deux series entre elles;

ainsi, a la page 193 elle montre que Ie « sommaire » d' Actes

2,47 est utilise dans quatre passages es Actes de Pierre qui sont

aussides sommaires; mais l'un d'eux appartient au chapitre 41,

assigneala toute derniere redaction, leg trois autres (chapitres 9,

31, 33) n'appartiennent ni a celle-ci, ni a la phase la plus an-

cienne. Le deuxieme niveau d'allusions caracterise-t-il plusieurs

phasesde composition? Lesquelles?

En outre, je trouve convaincante la these (p. 196-198) selon

laquelle l'histoire de Simon dans les Actes de Pierre ne depend

pas d' Actes 8,9-24.Dans ses echerchessur l'histoire du materiel

relatif au conflit entre Pierre et Simon, C.M. Thomas devra

d'ailleurs se confronter a la these de J. Wehnert selon aquelle il y

a, a l'origine des Pseudoclementines,ne «Novelle» sur Pierre et

Simon, qui aurait presuppose e texte complet des Actes de Pierre

(voir J. Wehnert, «Abriss der Entstehungsgeschichte es pseu-

doklementinischen Romans », Apocrypha 3, 1992, p. 211-235,

surtout 229-230). Elle aurait pu aussi tenir compte, pour ses

pages 192-193,de l'article 011'ai essayede montrer qu'au cha-

pitre 24 es Actes de Pierre utilisent un recueil de testimoniadeja

existant et ne dependant pas de I' Ascensiond' Esai e«<Avant Ie

canonique et l'apocryphe: aux origines des recits de la naissance

de Jesus », Revue de theologie et de philosophie 126, 1994, p.

305-324);ce point est en effet significatif pour bien saisir es refe-

rences ntertextuelles des Actes de Pierre.

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Remi GOUNELLE

University of Lausanne

Zbigniew IZYDORCZYK

University of Winnipeg

THEMATIC BIBLIOGRAPHY

OF THE ACTS OFPILATE:

ADDENDA AND CORRIGENDA

The following bibliographicallistings are intended to correct

and supplement he bibliography of editions of and studies on the

Acts of Pilate- published in The Medieval Gospel of Nicodemus:

Texts, ntertexts,and Contexts n WesternEurope,edited by Z.Izy-

dorczyk (Tempe, AZ: Medieval & RenaissanceTexts & Studies,

1997),pp. 419-519.

The original bibliography was conceived as a chronological

overview of researchmaterials published over the last five cen-

turies, providing the first necessarystep owards the writing of a

history of research on the AP' s eminently complex tradition. It

comprised 968 tems in three thematically organized sections: he

first focusing on the apocryphon tself, the second devoted to its

cutural and textual backgrounds and legacies,and the third cov-

ering ts impact on visual arts. Each of the sectionswas urther sub-

divided into more uniform thematic and linguistic units. Within

those units, ndividual items were isted in chronological order from

the earliest to the most recent.

The following corrections and additions follow the same style

sheetas he 1997publication. Each correction is identified by the

number of the corrected item in the original bibliography; each

addition s assigneda number ollowed by a lower case etter (from

a to z) specifying the thematic and chronological location of the

added item in relation to the original bibliography. If the original

* This title is used both generically and specifically o refer to the ancient

and Eastern versions of the apocryphon; it is abbreviated AP. Latin ver-

sions of the same text are called Evangelium Nicodemi, abbreviated EN.

For European vernacular adaptations,we have used the title Gospel of

Nicodemus,abbreviated GN. We should like to thank Dr. G. Ziffer, Dr.

A. Jakab, and Dr. C. T. Ariesan for information on Slavonic,Hungarian

and Romanian GN traditions.

Apocrypha 11, 2000,p. 259 -292

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260

R. GOUNELLE -Z. IZYDORCZYK

entry was already marked with the lower case etter a, entries

that must be inserted immediately before it are marked with a

numerical subscript; for example, no. 3791 ollows no. 379 but pre-

cedesno. 379a. For the sakeof clarity, we have also ncluded head-

ings and subheadingsof all sectionswhich have been either altered

or expanded.Five new sectionshad to be created o accommodate

Modem Greek (1.1.4.8.d.), Hungarian (1.1.4.8.m.), Romanian

(1.1.4.11.d), Swedish 1.1.4.13.),and Wendish (1.1.4.14.) ransla-

tions of the Acts of Pilate. Finally, all newly added bibliographic

items are cross-referencedboth with other new tems and with the

original bibliography. To avoid needless epetition, if a new item

is cross-referenced o several original ones, only the first of the

original items is included here in its numerically appropriate place

with a cross-reference o the new tem.

Part 1: The Acts of Pilate

1.1. Textual traditions, editions, translations, studies

1.1.L Greek and Latin traditions

1.1.1.1.Editions

Dual (Greek and Latin)

4 a. also 350i, 350m,350n,3500.

Latin

Seealso no. 151a.

1.1.1.2Studies

Greek

Seealso nos. 322, 527a.

Latin

27

31

43a

43b

Cf. no. 330a.

Cf. no. 330a.

*Izydorczyk, Z. The Latin Evangelium Nicodemi in the

Middle Ages. In TheMedievalGospelof Nicodemus:Texts,

Intertexts, and Contexts n Western Europe, edited by Z.

Izydorczyk, 43-101.Medieval & RenaissanceTexts & Stu-

dies, vol. 158.Tempe (AZ): Medieval & Renaissance exts

& Studies,1997.

Izydorczyk, Z. Preaching Nicodemus's Gospel. In

MedievalSermonand Society: Cloistet;City, University,edit-

ed by J. Hamesseet al., Textes et etudesdu Moyen Age, vol.

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261

HEMATIC BIBLIOGRAPHY OF lHE ACTS OF PILATE

9, pp. 9-24.Louvain-la-Neuve: ederation nternationale

des nstituts d'EtudesMedievales, 998.

See lsonos.527a.

1.1.2Eastern raditions

1.1.2.1.Armenian

Studies

45a Guttier, B. Paralytique et ressuscite CANT85 et 62). Vie

des apocryphesen armenien. Apocrypha 8 (1997): 111-19.

[Pp.115-16,118-19.]

1.1.2.2.Coptic

Editions and translations

46 Ct. also no. 46a.

46a Rossi,F.,ed. Trascrizionecon traduzione taliana di un testo

copto del Museo Egizio di Torino. Memorie della Reale

accademiadelle scienzedi Torino, 2d ser.,vol. 42, pp. 107-

252. Turin: Stamperia reale, 1892. [According to W. Kam-

merer (A Coptic Bibliography, Ann Arbor, 1950,no. 1103),

this edition contains, amongother texts, a translation of AP.

Ct. nos. 46,47.]

48 Ct. also nos. 453d, 531a,534a,953a,957a.

Studies

54a Grossouw, W. De Apocriefen van het Oude en Nieuwe

Testament n de Koptische Letterkunde. Studia Catholica

10 (1934): 434-46; 11 (1935): 19-36. [On AP, see vol. 10

(1934), pp. 441-42.]

56a Dubois, J.-D. La version copte des Actes dePilate. Apoc-

rypha 8 (1997):81-88.

56b Dubois, J.-D. Sommos dans a version copte des Actes de

Pilate. Apocrypha 9 (1998): 291-300.

Seealso no. 375a.

1.1.2.3. Georgian

Seealso no. 376a.

1.1.2.5.Slavonic

Editions and translations

61a [Cztenij Nykodemowo 1527 ?] [Czech.] No copiesextant,

but seenos. 61b. [Cr. no. 293a.]

61b Cztenij Nykodemowo. W niem se wypisuge Co se ddlo

pfivmucenij Krysta pdna. Przito take gest Kterak Tyberius

Cysaf poslal po Pdna Gezijsse do GeruzalemaWoluzydna

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262

R. GOUNELLE -Z. IZYDORCZYK

69

72a

76

79:

79h

79c

Knijte a BiskupaRiijmskiho Praha: uJanaHada, [1561 ?].

[Czech. The preface refers to an earlier edition: Ac pak pfed

Lety Tfidcyti a ctyfmi toto ctenij Nykodemowo brio gest

tisknuto wssak z fijdka se proto nachazy...; cf. no. 61a.]

Reprinted: n.p., [1563 ?], but the only extant copy is defec-

tive; Praha: u Gilijho Melantrycha z Awent<jnu, 1577. [Cf.

nos. 61a, 293a.]

Cf. also nos. 79a, 79b, 98a.

Bruckner, A. Rozmyslanie 0 zywocie Pana Jezusa z r{ kopisu

grecko-katol. kapituly przemyskiej. Krak6w: Nakladem

Akademii Umiej~tnosci, 1907. [Extensive fragments of a Pol-

ish translation of EN.]

Cf. no. 96a.

Wydra, W., and W. R. Rzepka, eds. Chrestomatia staropol-

ska: teksty od roku 1543. Wroclaw: Zaklad Narodowy im.

Ossolinskich, 1984. [pp. 139-48: partial edition of two Pol-

ish GN texts from Warszawa, Biblioteka Narodowa MS. 2040

IV. Cf. nos. 69, 72-74, 79b, 89, 91, 94, 98, 98a, 366.]

Rzepka, W., and W. Wydra, eds. Caly Swiat nie pomiescilby

ksiqg: staropolskie opowiesci i przekazy apokryftczne. Warsza-

wa: Wydawnictwo Naukowe PWN, 1996. [pp. 335-54: new

partial edition of two Polish GN texts from Warszawa, Bib-

lioteka Narodowa MS. 2040N. Cf. nos. 69, 72-74, 79a, 89,91,

94, 98, 98a, 366.]

Keller, F., and W. Twardzik. Rozmyslanie przemyskie:

transliteracja, transkrypcja, podstawa lacinska, niemiecki

przeklad. Vol. 2. Freiburg: U. W. Weiher, 2000. [Extensive

fragments of a Polish translation of EN, with a German trans-

lation. ]

Studies

88a Sobolevskij, A. I. "Cerkovnoslavjanskie eksty moravskogo

proischozdenija." Russkij Filologiceskij Vestnik43 (1900):

150-207.

95a Vaillant, A. "L 'imperfectif otvraziti." Die Welt der Slaven10

(1965): 367-368.

95b Vaillant, A. "Le vieux slaveoccidental." Zbornik zafilologi-

ju i lingvistiku 9 (1966): p. 7-9.

96a Aitzemuller, R. "Zur Frageeiner kirchenslawischen iteratur

im slowenisch-kroatischenaum." In StudiaSlovenicaMona-

censia in honorem Antonii Slodnjak septuagenarii, 1-5.

Munchen: Trofenik, 1969.

96a Freydank,D. Review of L 'Evangilede Nicodeme, y A. Vail-

lant (no. 76). Zeitschrift fUr Slawistik 15 (1970): 300-302.

Page 258: Apocrypha 11, 2000

8/20/2019 Apocrypha 11, 2000

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263

IEMAllC BffiLIOGRAPHY OF nIE ACTS OF PILATE

98a

98b

98c

98d

98e

98f

98g

98b

Reinhart, J. «Bohemismen m Tschechisch-Kirchenslavis-

chenam Beipsiel der Homilien Gregorsdes Grossen Studia

boemico-slavonica, I»>, Wiener Slavistisches ahrbuch 26

(1980): 46-102. [pp. 89-90 on GN.]

Birnbaum,H., Zur ProblematikdesWestkirchenslavischen.

In Litterae SlavicaeMedii Aevi Francisco VenceslaoMares

oblatae,editedby J. Reinhart,53-65.Miinchen: Sagner,1985.

Minceva, A. Nikodimovo evangelie. Paleobulgarica 9/4

(1985): 30-44.

Kobjak, N. A. «EvangelieNikodima. In Slovar' kniinikov i

kniinosti Drevnej Rusi, vol. 1, XI-pervaja polovina XIV V.,

pp. 120-123.Leningrad: Nauka, 1987.

Blahova, E. Jubileum Slovm'kuazyka staroslovenskiho.

Slavia 58 (1989): 337-352. [Po342 on GN.]

Mladenova,M. Edna osobena potrebana glagola zapove-

dati'/'zapovedeti' v teksta na Nikodimovoto evangelie. In

Medievisticni rakursi. Topos i enigma V kulturata na

pravoslavnite slavjani,64-70. Sofija: Obscestvo a zucavane

na slavjanskatastarina, 1993.

Konzal, V. «Latinske participium futuri v staroslovenskem

plekladu (Responzeatinske syntaxe v ceskocsl.pamatkach,

I»>, Slavia 63 (1994): 193-205.

Michalowska, T. Sredniowiecze.Warszawa:Wydawnictwo

Naukowe PWN, 1997. [pp. 590-93: on the Polish GN. cr.

nos. 69, 72-74, 79a, 79b, 89, 91, 94, 98,366.]

1.1.3.MedievalWesternraditions1.1.3.1.

Castilian, Catalan,Occitan

Editions and translations

103 Cf. also no. 112a.

112a Aux frontieres du Nouveau Testament. nventairedesmotifs

apocryphesen Maurienne et en Tarentaise Savoie).Vol. 1.

Grenoble [& Turnhout]: Alzieu & Brepols, 1998. Pro 59-

135:C. Cennac's ranslation of the Occitan Gamaliel from

MS. BoP F-24945.Cf. nos. 103-6, 119-20,184-86,193,200,

363, 679-680,686, 776.]

Studies

121a *Izquierdo, J. The EvangeliumNicodemi n Medieval Cata-

lan and Occitan Literatures. In The Medieval Gospel of

Nicodemus: Texts, Intertexts, and Contexts in Western

Europe, edited by Z. Izydorczyk, 133-64. Medieval &

Renaissance Texts & Studies, vol. 158. Tempe (AZ):

Medieval & RenaissanceTexts & Studies, 1997.

Page 259: Apocrypha 11, 2000

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264

R. GOUNELLE -Z. IZYDORCZYK

1.1.3.2.Dutch,Low German

Studies

128a *Hoffmann, W. J. The EvangeliumNicodemi in Dutch and

Low German Literatures of the Middle Ages. In The

Medieval Gospel.of Nicodemus: Texts, ntertexts, and Con-

texts n Western Europe, edited by Z. Izydorczyk, 337-60.

Medieval & RenaissanceTexts & Studies,vol. 158.Tempe

(AZ): Medieval & Renaissance Texts & Studies, 1997.

1.1.3.3. English

Editions

133 a. alsono. 5la, l55a.

Studies

151a Cross, . E., ed. Two Old English Apocrypha and Their Man-

uscript Source: The Gospelof Nichodemus and the Aveng-

ing of the Saviour.Cambridge: Cambridge University Press,

19%. [Editions of the Old English GN and its Latin source

in Saint-Orner, Bibliotheque municipale MS. 202. Cf. nos.

133-34,136-37,139,141-42,145,147,153-55,55a,158,160-

61, 166, 173-74,432.]

155a Swaen,A. E. H. The Old English Gospel of Nicodemus.

Modern Language Review 10 (1915): 222. [Proposes an

emendation to Hulme's edition (no. 137)of CCCC MS. 41.

Cf. nos. 133-34,136-37,139,141-42,145,147,153-55, 55a,

158, 160-61,166,173-74,432.]

183a Smith, Kathryn A. Canonizing the Apocryphal: London

British Library MS Egerton 2781 and Its Visual, Devotion-

al, and Social Contexts. Ph.D. diss., New-York University,

Institute of Fine Arts, 1996. On a manuscript containing a

Middle English version of GN. Cf. no. 183c.]

183b *Marx, C. W. The Gospelof Nicodemus n Old English and

Middle English. In The Medieval Gospel of Nicodemus:

Texts, ntertexts,and Contexts n WesternEurope, edited by

Z. Izydorczyk, 207-59. Medieval & RenaissanceTexts &

Studies, vol. 158. Tempe (AZ): Medieval & Renaissance

Texts & Studies, 1997.

183c Smith, Kathryn A. The Neville of Hornby Hours and the

Design of Literate Devotion. Art Bulletin (New York) 81

(1999): 72-92. Cf. no. 183a.]

See

also no. 525a.

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8/20/2019 Apocrypha 11, 2000

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265

BffiLIOGRAPHY OF THE ACTS OF PILATE

1.1.3.4. French

Studies

211a *O'Gorman, R. The Evangelium Nicodemi in the Vernac-

ular Literature of Medieval France. In The Medieval

Gospelof Nicodemus: Texts, ntertexts, nd Contextsn West-

ern Europe, edited by Z. Izydorczyk, 103-31. Medieval &

Renaissance Texts & Studies, vol. 158. Tempe (AZ):

Medieval & RenaissanceTexts & Studies, 1997.

1.1.3.5. High German

Editions

212 Ct. also no. 214a.

214 Ct. also nos. 354a, 354b,354c.

214a Evangelium Nicodemi Auj3 d. Lat. ins teutsch gebracht.

[Augsburg: Ulhart, ca. 1525]. Ct. nos. 212-13,216,218,334.]

214b Van dem warhafftigen CreutzCristi: wo man dasselbigfind-

en, wie man ouch solchs Eeren tragen und erhebensol; vii

schoner Spruch den bekumerten Hertzen, vast nutz und

trostlich Nicodemus Martyr. [Niirnberg: Gutknecht,] 1528.

215a Wahrhafftige Hystoria des leidens und urstendJesu Christi

unsers herren und ewigen seligmachers: Van Nicodemo

beschribenmil auj3legung tlicherspruch,angehenckterCon-

cordantz,sampteyner schonenund hefftiger beweisungdes

leidens Messie, auj3dem Talmut und zeugnuj3 osephi, van

Christo Jesu nn teutschen it mehr gesehen. .p., [ca. 1550].

220 Ct. nos. 233a,234a,237a.

Studies

233a Wolff, G. Erlanger Bruchstiicke aus dem Evangelium

Nicodemi. Zeitschrift fUr deutsches Altertum und deutsche

Literatur 33 (1889): 115-23. [Heinrich von Hesler's Evan-

gelium Nicodemi; includes a diplomatic edition. a. nos. 220,

232, 234, 234a, 236, 237a, 238, 240, 244-45, 823, 843.]

234a Klatscher, A. Zur Metrik und Textkritik van Heinrich Hes-

leTsEvangelium Nicodemi. Jahresberichte del K. K. Staats-

Oberrealschule in Eger fUr das Schuljahr 1907-8 and 1908-

9. Eger, 1908-9. [Cf. nos. 220, 232, 233a, 234, 236, 237a, 238,

240,244-45, 823, 843.]

237a Eis, G. Zur Uberlieferung von Wolframs Willehalm und

Heslers Evangelium Nicodemi. Zeitschrift fur deutsche

Philologie 73 (1954): 103-10. [Cf. nos. 220, 232, 233a, 234,

234a, 236, 238, 240, 244-45, 823, 843.]

249a *Hoffmann, W. J. The Evangelium Nicodemi in High Ger-

man Literature of the Middle Ages. In The Medieval

GosDel of Nicodemus: Texts. ntertexts. and Contexts in West-

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8/20/2019 Apocrypha 11, 2000

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2

.

GOUNELLE -Z. IZYDORCZYK

em Europe, edited by Z. Izydorczyk, 287-336.Medieval &

Renaissance Texts & Studies, vol. 158. Tempe (AZ):

Medieval & RenaissanceTexts & Studies, 1997.

1.1.3.6.

Irish

Studies

256a *Dooley, A. The Gospel of Nicodemus n Ireland. In The

Medieval Gospel of Nicodemus: Texts, ntertexts,and Con-

texts in WesternEurope, edited by Z. Izydorczyk, 361-401.

Medieval & RenaissanceTexts & Studies,vol. 158.Tempe

(AZ): Medieval & Renaissance Texts & Studies, 1997.

1.1.3.7.

Italian

Studies

259 Cf. no. 259a.

259a *Iannucci, A. A. The Gospel of Nicodemus in Medieval

Italian Literature: A Preliminary Assessment. In The

Medieval Gospel of Nicodemus: Texts, ntertexts,and Con-

texts n WesternEurope, edited by Z. Izydorczyk, 165-205.

Medieval & RenaissanceTexts & Studies,vol. 158.Tempe

(AZ): Medieval & Renaissance Texts & Studies, 1997.

[Revised version of no. 259.]

1.1.3.8.

Norse

Studies

286 Ct. no. 286a.

286a *Wolf, K. The influence of the Evangelium Nicodemi on

Norse Literature: A Survey. In The Medieval Gospel of

Nicodemus: Texts, Intertexts, and Contexts in Western

Europe, edited by Z. Izydorczyk, 261-86. Medieval &

Renaissance Texts & Studies, vol. 158. Tempe (AZ):

Medieval & Renaissance exts& Studies,1997. Ct. no. 286.]

1.1.3.9.Welsh

Studies

291a *Klausner, D. N. The Gospelof Nicodemus n the Litera-

ture of Medieval Wales. In TheMedieval Gospelof Nicode-

mus: Texts, ntertexts,and Contexts n WesternEurope,edit-

ed by Z. Izydorczyk, 404-17.Medieval & Renaissance exts

& Studies,vol. 158.Tempe (AZ): Medieval & Renaissance

Texts & Studies,1997.

Page 262: Apocrypha 11, 2000

8/20/2019 Apocrypha 11, 2000

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267

HEMATIC BIBLIOGRAPHY OF lHE ACTS OF PILATE

1.1.4. Modem translations based on Greek and Latin (post-1600)1.1,4.3.

Czech / Slovak

293a CztenjNykodemowo.W nemz se wypisuge Co se ddl'o pfi

Umucenj rysta Pdna.Pfitom takegestkterakTyberius Cysaf

postal' pro Pdna Gezijssedo GeruzalemaWol'uzydnaKnijze

a Biskupa Rfjmskeho.W Hofomaucy: u Mikulasse Hradeck-

eho, 1631.Reissued n 1651. Cr. nos. 61a, 61b.]

293b Nykodemowo Cztenj Obsahugjcy w sobe Newinny, a

nesprawedliwy OrteZ,kteryz gest Pilat Pontsky na Krysta

GEfjsse wydal, aby mezy dwema Lotry byl ukfizowdn, ana

takeDiwy a Zdraky, kterezseddly pfi geho hofkem Umucenj,

y potem po z Martwych wstdnij.Nynj w nowepooprawene a

wytisstene.W Praze:u Pe~aAntonjna Benka, 1700. Reprint-

ed (with minor changes ri'the title) as follows: w Praze: u

Karla Jozeffa Jaurnicha, 1761; w Uherske Skalicy, u Joseffa

Antonjna Sskarnycla, 1765; [v Jindfichove Hradci 1: V. Ig.

Hilgartner 1, 1780-85 1]; n.p., 1788; w Holomaucy, 1794;

n.p., 1800; w Gjhlawe: u FabyanaBaynhaura,ca. 1800; n.p.,

1806; n.p. 1823 w Skalici: typo Skarnicla, 1829; w Budjne:

M. Bag6; 1852; v Litomyeli, n.d.; v Skalici: typo dedic. J.

Skarnicla, 1886. Cr. no. 293c.]

293c CtenjNikodemovo0 Umucenja Smrti Pdna Gefjsse Krysta.

Vh. Skalica, 1777. Reprinted w Skalicy: Pjsmem Fr. X.

Skarnycla Synu, 1876. [Cr. no. 293b.]

1.1.4.6. English t~

303 See also no. 316a. 1,

308 Pp. 90-91:comments on the links between Mt 27: 1-11, Mk

16: 9-20 and the Greek AP B. '

316a The Lost Books of the Bible, Being All the Gospels,Epis-

tles,and Other PiecesNow Extant Attributed in the First Four

Centuries o Jesus Christ, His Apostles and Their Compan-

ions,Not Included, by Its Compilers, n the Authorized New

Testament;And the Recently Discovered Syriac Mss. of

Pilate's Letters to Tiberius, etc..., Westford (MA): Alpha

House, 192 [A reprint of Hone (no. 303), with an ntroduc-

tion by F. Crane; seealso no. 305. Reprinted by Meridian in

1963and 1974, along with The Forgotten Books of Eden,

first published by Alpha House in 1927.]

320 Cf. also no. 322a.

322 Cf. also no. 527a.

322a Barnstone, W.,ed. The Other Bible: Jewish Pseudepigrapha,

Christian Apocrypha, Gnostic Scriptures,Kabbalah, Dead

SeaScrolls. SanFrancisco: Harper Row, 1984. [Pp. 359-

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268

R. GOUNELLE -Z. IZYDORCZYK

80: Hennecke-Schneemelcher-Wilson translation (no. 320).

Cf. also nos. 321-22.]

323 Cf. no. 323a.

323a Elliott, J. K., ed. The Apocryphal Jesus:Legendsof the Early

Church. Oxford: Oxford University Press,1996. Pp. 73-88:

excerpts romAP 1-16,Pilate's etters; pp. 91-96:Paradosis

Pilati, Mors Pilati; pp. 99-102: excerpts from Descensus.

Based on no. 323.]

1.1.4.7.French

324 a. also nos. 3791, 09a,512b.

325 Cf. also no. 326a.

326a Bertoni, G. San Gral. Istituto di filologia romanza della R.

Universita di Roma, Testi e Manuali, vol. 19.Modena: Soci-

eta tipografica Modenese, 1940. Pp. 23-24: extracts from

Brunet's translation (no. 325) of AP 12-13.Cf. nos. 325-26,

328-29.]

330a *Gounelle, R., and Z.lzydorczyk. L 'Evangile de Nicodeme

ou lesActes aits SOlIsPoncePilate (recensionatine A), suivi

de La lettre de Pilate a l'empereur Claude.Apocryphes, vol.

9. Thmhout: Brepols, 1997. Translation of Kim's Latin edi-

tion (no. 27) and of Philippart's edition of the Vienna

palimpsest ext (no. 31).]

1.1.4.8.

German

333a Die Jungers Nicodemi Evangelium von unsers Meisters

und Heylands Jesu Christi Leiden und Auferstehung. In

Die Heilige Schrift Altes und Neues Testaments ach dem

Grund- Textaufs neue lbersehenund ilbersetzt;nebsteiniger

Erkliirung desbuchstiiblichenSinneswie auch der ilrnehm-

sten Filrbilder und Weissagungen an Christo und seinem

Reich und zugleich einigen Lehren,die auf den Zustand der

Kirchen in unseren etztenZeiten gerichtetsind..., ol. 8, Let-

zter Theil: bestehendn einem Zusatz van Apocryphischen

Schrifften desAlten und Neuen Testaments Burlenburg:

[J. F. Haug], 1742.

340 Reads: Volksbucher, vol. 48. Leipzig: W. Wigand, 1848.

Should read: Volksbucher,vols. 49,50.Leipzig: W. Wigand,

[1849 ?].

350a Ceming, K., and J. Werlitz. Die verbotenen Evangelien.

Apokryphe Schriften. Pattloch Verlagf, 1999.

1.1.4.8.d.Greek

35Oi MlTo(tVl1C, K., trans. EuaYYEALO NlKOOT1110U. n A1T6KpvcjJa

XPLaTLaVa Kf LJiEIJa,T. cr', A1T6KpvcjJa vaYYEALa, edited by

I. 6.. Kapa~l86lToUAoc;, 136-224. Bl~ALKTj Bl~ALo81'1KT1,ol. 13.

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8/20/2019 Apocrypha 11, 2000

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269

HEMATIC BIBLIOGRAPHY OF lHE ACTS OF PILATE

Thessalonique:P.Poumaras,1999. Pp. 136-224: ranslation

of Tischendorf's(no. 4) GreekAPA andAPB, 17-27,with

a long introduction and notes.]

1.1.4.8.m.Hungarian

350m Raffay, S. Apokrifus evangeliomokJezusgyermeksegerol.

Toldalekul Nikodemus evangelioma.Pozsony Bratislava]:

Wigand F. K. Konyvnyomdaja, 1912. pp. 112-143: ransla-

tion of Tischendorf's (no. 4) GreekAP A andAPB, 17-27.]

350n Vanyo, L. Apokrifek. Okereszteny rok, vol. 2. Budapest:

Szent stvan Tarsulat, 1980.2d ed., 1988. Pp. 274-82of the

2nd ed.: translation of Tischendorf's (no. 4) Greek AP B,

17-27.]

3500 Adamik, T., et al. Csodas evangetiumok. Apokrif iratok.

1996.2d ed., Budapest: Telosz, 1998. Pp. 119-40of the 2nd

ed.: translation of the Greek AP A on the basisof Tischen-

doff's first edition (no. 4).]

1.1.4.9. talian

See also no. 46a.

1.1.4.10. Polish

354a B'ldzio, J., ed. Czytania naboine ku chwale Boga. Ksiqika

dla ludu. Jansbork: Ant. G'lsiorowski, 1852. [A popular edi-

tion of GN in Eastern Prussia; translated from the German

version represented by nos. 214, 331-32, 336, 340, 342-43.

Cf. nos. 354b, 354c, 362b.]

354b Michalczyk, W., ed. Prawdziwa historya 0 belesney mf ce i

smierci, 0 cudownym zmartwychpowstaniu i wniebowstqpie-

niu Odkupiciela i Pana naszego Jezusa Chrystusa... Johan-

nisburg: Ant. G'lsiorowski, 1855. [A revision ofB'ldzio (no.

354a); it was apparently fITStpublished in 1854. Cf. nos. 354c,

362b.]

354c Michalczyk, W., ed. Ewangelia Nikodema czyli kr6tka wiado-

most 0 iywocie Pana Jezusa Chrystua ktorq napisaf Niko-

dem, Ksiqie Zydowskie, ak on sam byl widzial i doiwiadczyl,

gdyi byl nietylko Rabinem i nauczycielem Zydowskim, ale

oraz taiemnym uczniem Jezusowym Ostrooa: C. E. Salews-

ki, n.d. [3rd and 4th editions of no. 354b; revised on the basis

of a German translation published in Insterburg ("Instruci";

not otherwise identified, but apparently similar to nos. 214,

331-32. 336. 340. 342-43). Cf. nos. 354a, 354b, 362b.]

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270

R. GOUNELLE -Z. IZYDORCZYK

1.1.4.11.d.

Romanian

Seeno. 366a.

1.1.4.12.Spanish

360 See also pp. 79-87: translation of Greek AP B, 17-27,pre-

ceded by a paragraph taken from the Gospel of

Bartholomew.

360a Pinero, A. El oltro JesUs.Vida de JesUs egun os Evange-

lios Ap6crifos. Argabda del Rey: EI Almendro, 1993. Life

of Christ taken from apocryphalgospels; everalpages rans-

lated from EN (see ootnotes).]

1.1.4.13. wedish

360e P.Tolleson,ed. Nicodemi Evangeliumom vaTherresoch ral-

saTes esu Christi lidande och dad, nedstigande ill hellvetet

samt uppstandelse a den tredje dagen; emte nagra vaT ral-

saTesesu Christi tal och sprak, sam val ickeanfaras afevan-

gelisterna,men finnas has andra trovardiga skriftstallare.

Stockholm:ZachariasHaeggstrom, 818.

1.1.4.14.Wendish

360m Nikodemusowakniika. Bautzen, 1843. [Mentioned in A. N.

Pypin, Das Serbisch-Wendische chriftthum n der Ober- und

Niederlausitz, Leipzig: F. A. Brockhaus, p. 42, note 3.]

1.2.Bibliographic repertories and general ntroductions to the Acts

of Pilate

1.2.1.Bibliographic epertories

362b Sembrzycki, J. K. Krotki przeglqd literatury ewangelicko-

polskiejMazurow Slqzakowod r. 1670.Wien: H. Feitzinger,

1888. pp. 43-44: on the nineteenth-century opular editions

of the Polish GN in Eastern Prussia. Cf. nos. 354a, 354b,

354c.]

366a Cartojan, N. Carlile populare in iteratura romaneasca. ol.

2. Bucarest, 1974 pp. 94-102: on the ultimate Polish origin

of EN traditions in Romania].

375a Coquin, R.-G. Langue et litterature coptes. In Christia-

nismes orientaux. Introduction a l'etude des angueset des

litteratures. nitiations au christianisme ancien. Paris: Cerf,

1993. [Po 98.]

376a Outlier, B. Langue et litterature georgiennes. In Chris-

tianismesorientaux. ntroduction a l'etude des angueset des

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272

R. GOUNELLE -Z. IZYDORCZYK

38. This work has been translated into French by J. Cohen

under the title La Patrologie, ou histoire litteraire des trois pre-

miers siecles de l'Eglise chretienne (Paris: Debecourt); the

relevant passagesare found in vol. 2 (1843), pp. 562-65.]

382a Hell. In Cyclopedia of Biblical, Theological, and Ecclesi-

astical Literature, edited by J. McLintock and J. Strong,

5:171a. New York: Harper and Brothers, 1876.

383a Lipsius, R. A. Gospels, Apocryphal. In A Dictionary of

Christian Biography, Literature, Sects and Doctrines, edited

by W. Smith and H. Wace, 3:700-17. London: J. Murray,

1880. [Pp. 707-709: on AP.]

383b Christ, W. Geschichte der grieschichen Litteratul; his auf die

Zeit Justinians. Handbuch der klassischen Altertumswis-

senschaft, vol. 7. 1888. 3rd ed., 1898. [P. 886. For the 6th ed.,

see no. 393a.]

388a Rauschen, G. Grundriss der Patrologie mil besonderer

Beracksichtigung der Dogmengeschichte... Freiburg im

Breisgau: Herder, 1903. [Numerous editions. In the sixth

and seventh editions (revised by Joseph Wittig, published

in 1921), the section on the AP is on pp. 26-27.]

388b Kirchliches Handlexikon. Ein Nachschlagebuch abeT das

Gesamtgebiet der Theologie und ihrer Hilfswissenschaften,

edited by M. Buchberger, 1:45. Munich, 1907.

390a Jordan, H. Geschichte der altchristlichen Literatul: Leipzig:

Quelle und Meyer, 1911. [P. 77.]

390b TlXeront, J. Precis de Patrologie. Paris: J. Gabalda, 1918.

[Pp. 85-86.]

393a Schmid, W., and O. Stiihlin. Wilhelm van Christs Geschichte

der grieschichen Litteratur. 6th ed. Handbuch der Alter-

tumswissenschaft, vol. 7, pt. 2, 2. Munich: C. H. Beck'sche

Verlagsbuchhandlung, 1924. [Pp. 1196-98. Revised edition

of no. 383b. This edition has also been published as a sepa-

rate volume by the same publisher in 1924 under the title:

Die altchristliche griechische Litteratul: Sonder-Abdruck aus

W v. Christs Geschichte der Griechischen Literatur, 11/2, 6th

ed., with O. Stiihlin as the sole author.]

393b Cayre, F. Patrologie et histoire de la theologie. Vol. 1. 1927

(published as an independant volume under the title Precis

de Patrologie). 4th edition, Paris: Desclee, 1945. [P. 155.]

Revised edition was published in 1953. [P. 110 on EN.]

396a Goodspeed, E. J. A History of Early Christian Literature.

Chicago: University of Chicago Press, 1942. [P. 94.]

404 See no. 418e.

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273

EMATIC BffiLIOGRAPHY OF mE ACTS OF PILATE

404a Wessel,K. Apokrypha. In Reallexikon zur byzantinische

Kunst, edited by K. Wessel, 1:209-18. Stuttgart: Anton

Hiersemann, 1966. Pp. 213-14: on AP.]

405a Pilate, Acts of. In The Oxford Dictionary of the Christian

Church, ed. by F. L. Cross and E. A. Livingstone. 2d ed.,

Oxford: University Press,1974. Po 090.]

410a Trevijano, R. Pilato nella tradizione. In Dizionario Patris-

fico e di Antichita, edited by A. di Berardino, 2:2799-801.

CasaleMonferrato: Marietti, 1983. [This encyclopediahas

been ranslated into several anguages,without any signifi-

cant changes.]

411a Wilson, R. McL. New TestamentApocrypha. In The New

Testament nd Its Modem Interpreters,edited by J. Epp and

G. W. Mac Rue, pp. 429-55. Philadelphia: Fortress Press,

1988. [Pp. 441-42: on EN.]

412a McHugh, M. P. Acts of Pilate. In Encyclopaediaof Early

Christianity, edited by E. Ferguson. 1990. 2d ed., 1:13-14.

New York: Garland, 1997.

417a Drobner, H. R. Lehrbuch der Patrologie. Freiburg i. Br.:

Herder, 1994. [Pp. 22-24. French translation: Les Peresde

l'Eglise. Septsieclesde litterature chretienne, rad. de l'alle-

mand par J. Feisthauer, revu, adapte et complete... Paris:

Desclee, 1999,pp. 32-34.]

418a Moreschini, C., and E. Norelli. Storia della letteratura cris-

tiana anticagreca e latina. Brescia: Morcelliana, 1996. Vol.

2, pt. 1, pp. 300-302:on AP.]

418b Hadot, J. Nicodeme, Evangile de. In Dictionnaire de la

theologiechretienne. ncyclopaediaUniversalis.Paris:Ency-

clopaedia Universalis and Albin Michel, 1998. Pp. 588-89.]

418c Da Spinetoli, 0., Norelli, E., Zamagni, C., and Arata Man-

tovani, P., Gli apocrifi cristiani (BIBLIA.Associazione aica

di cultura biblica. Seminariestivi1998.Frascati,agosto 998).

Firenze: [Settimello], 1999. [Pp. 95-109 on EN, written by

C. Zamagni.]

418e Speyer, W. Pilatus. II. In Lexikon fur Theologie und

Kirche, 8: 298-299. Freiburg i. Br.: Herder, 1999. See no.

404 for an older edition of the same encyclopaedia.]

1.3. Studies on the Acts of Pilate

1.3.1.Date, composition, transmission

422a Calmet, Dam A. Dissertation sur les Actes de Pilate,

envoyeza l'empereur Tibere, au sujet de la mort de Jesus-

Christ. In Nouvelles dissertations mportanteset curieuses,

sur plusieurs questions qui n' ont point ete traitees dans le

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274

R. GOUNELLE -Z. IZYDORCZYK

Commentaire Litteral sur tous les livres de L'Ancien et du Nou-

veau Testament. Paris: Emery, Saugrain and P. Martin, 1720.

[Pp. 338-52. Cf. no. 481.]

426 On Veronica, see also nos. 566a, 971.

437a *Izydorczyk, Z. ed. The Medieval Gospel of Nicodemus:

Texts, Intertexts, and Contexts in Western Europe. Medieval

& Renaissance Texts & Studies, vol. 158. Tempe (AZ):

Medieval & Renaissance Texts & Studies, 1997. [Cf. nos.

43a, 121a, 128a, 183a, 211a, 249a, 256a, 259a, 286a, 291a,

376c, 43Th.]

437b *Izydorczyk, Z., and I.-D. Dubois. Nicodemus's Gospel

before and beyond the Medieval West. In The Medieval

Gospel of Nicodemus: Texts, ntertexts, and Contexts in West-

ern Europe, edited by Z. Izydorczyk, 21-41. Medieval &

Renaissance Texts & Studies, vol. 158. Tempe (AZ):

Medieval & Renaissance Texts & Studies, 1997.

1.3.2. The Acts of Pilate, chapters1-16 (trial of Jesus,his death,

and his resurrection)

448 Ct. nos. 513a,535a,539a,540a,544a.

453a Dubois, J.-D. L'apport des chretiens au langage symbol-

ique de I' Antiquite. L'Exemple de la litterature apocryphe

chretienne. In Les Peres de l'Eglise au XXe siecle. His-

toire-Litterature- Theologie. L' Aventure desSourcesChre-

tiennes, Patrimoine~hristianisme, pp. 237-49. Paris: Cerf,

1997. [Pp. 241-45: on AP.]

453b Gounelle, R. La Divinite du Christ est-elle one question

centrale dans Ie proces de Jesus rapporte par les Acta

Pilati? Apocrypha 8 (1997): 121-36.

453c Norelli, E. II processodi Gesu negli apocrifi. Alcuni esem-

pi. In II processoa Gesu.(BIBLIA.Associazione aica di cul-

iura biblica. Atti del Convegnonazionale. Pisa,11-13aprile

1997),pp. 89-117.Firenze: [Tipogr. Giuntina], 1998.

453d Furrer, C. Du fecit au drame: Passionevangeliqueet Actes

de Pilate. In Intertextualites.La Bible en echos,edited by

D. Marguerat and A. Curtis, 305-18.Le Monde de la Bible,

vol. 40. Geneva:LaboretFides, 2000 [OnAPB, 10; seenos.

48, 533, 534b, 572, 580, 598, 603, 634, 646, 654, 657, 888,

953a.]

1.3.3.The Acts of Pilate, chapters17-27 (Descent nto Hell)

458a. Baumstark,A. Review of Les Evangilesdesdouze apotres...,

by E. Revillout. Revue BibliQue, l. s. 3 (1906): 245-65. po.

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HEMATIC BffiLIOGRAPHY OF THE ACTS OF PILATE

257-58:on the relationship betweencertain ragmentsof the

Gospelof BartholomewandAP. Cf. nos.458b,466-67,468a.]

458b Tisserant,E. and Wilmart, A. Fragments grecs et latins de

l'evangile de Barthelemy (II). Revue Biblique, n. s. 10

(1913):321-68. pp. 344-47:on the relationship betweencer-

tain fragments of the Gospel of Bartholomew and AP. Cf.

nos. 458a,466-67,468a.]

461 Cf. no. 544s.

463a Du Toit, A. Neergedaal erhelle... Uit die geskiedenis an

'n interpretasieprobleem.Kampen: J. H. Kok, 1971. [On

Ap, see mainly pp. 148-50.]

466 Cf. also nos. 458a,458b, 468a.

466a Bernstein, A. E. The Formation of Hell. Death and Retri-

bution in theAncient and Early Christian Worlds. thaca and

London: Cornell University Press,1993. Pp. 274-82:analy-

sis of the Latin D I A. Cf. also no. 468.]

468 Cf. also no. 466a.

468a Westerhoff, M. Auferstehung und Jenseits m koptischen

 Buch der AuferstehungJesu Christi, unseresHerrn. Ori-

entalia Biblica et Christiana, vol. 11. Wiesbaden: Harras-

sowitz Verlag, 1999 See ndex, s. v. Nikodemus Evangeli-

um. Cf. no. 458a-b,466-67].

Seealso no. 671a.

Part 2: Supplementaryexts and studies

2.1. Patristic attestations of the Acts of Pilate

Seealso no. 437b, 478a,478b, 478c,SOla,512c.

2.1.1.Greek

468m Acts of the Saint Martyrs Tarachus, Probus et Androni-

cus, chap. 9. In Acta primorum Martyrum sinceraet selec-

ta,edited by T. Ruinart. 2d ed., Amsterdam: ex officina Wet-

steniana,1713. Pp. 421,442: eferences o the anti-Christian

 Acts of Pilate. This text has been ranslated nto Spanish

by D. Ruiz Bueno in Actas de los Martires, Biblioteca de

Autores Cristianos, vol. 75, 2d ed. (Madrid: La Editorial

Catolica, 1968),pp. 1128-29.]

469 Cf. also no. 501a.

471 Cf. also nos. 500a,506a,512c.

472 a. no. 512a.

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276

R. GOUNELLE -Z. IZYDORCZYK

2.1.2.Latin

476 cr. alsono.478c.

2.2. Diverse studies on the Acts of Pilate

2.2.1. Date, composition, transmission

478a Baronius, C. Annales ecclesiastici.Moguntiae: Sumptibus .

Gymnici et A. Hierati Coloniens,1601. Discussionof patris-

tic attestations of AP in vol. 1:282-83and 3:80-81.]

478b Casaubon, . De rebussacriset eccciesiasticis, xercitationes

XVI ad Cardinalis Baronii prolegomena in Annales etpri-

mam eorumpartem...Geneve:J. Antoine and S. de Tournes,

1663. Pp. 675-77:discussionof patristic attestations of AP.]

478c Le Febvre, Tannegui,Epistolae.Pars altera Saumur:Apud

Danielem de Lerpiniere et Ioannem Lesnerium, 1668. Pp.

33-39: Epistula XII, Locus Tertulliani in Apolog. cap. v:

examinatur. Cf. nos. 476, 501a,504.]

478d Van Dale, A. De oraculis ueterumethnicorum dissertationes

duae...Editio secundaplurimum audacta.Amsterdam: apud

Henricum et uiduam Theodori Boom, 1700. [Pp. 608-24:

 dissertatio de Actis Pilati. ]

481 Cf. no. 422a.

485 Cf. no. 379a, where the same book is quoted more accu-

rately.

500a Allard, R. La Persecution de Diocletien et Ie triomphe de

l'Eglise. 1890.2d ed., Paris: v: Lecoffre, 1900. 2:189-92:on

the Acts of Pilate published by Maximin Da ia.Cf. nos.

471,474, 505, 506b.]

501a Barnes, A. S. The Acta Pilati and the PassionDocument

of St. Luke. Dublin Review, ser. 4, 137:55 (July 1905):99-

112. [Argues for the authenticity of Pilate's report men-

tioned by Justin Martyr and Tertullian. Cf. nos. 469, 476,

478c, 483-84,489, 493, 501, 504.]

503a Schmidt, C. Exkurs III : Die Passahfeier n der kleinasi-

atischenKirche. In C. Schmidt, GespriicheJesumil seinen

Jungem nach der Auferstehung,ein katholisch-apostolisches

Sendschreiben des 2. Jahrhunderts... Texte und Unter-

suchungenzur Geschichte deraltchristlichen Literatur, vol.

43, pp. 577-725.Leipzig: J. C. Hinrich, 1919. Po 33: on the

date of Easter in the Prologue to AP.1

506a De Labriolle, P. La reactionpaioenne. tude sur a polemique

antichretienne du Ier au VIe siecle.Paris: Artisan du livre,

1934. Pp. 327-28:on Acts of Pilate published by Maximin

Dala. Cf. nos. 471, 474, 500a,505,512c.1

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277

IBMA11C BffiLIOGRAPHY OF nIB ACTS OF PILATE

509a Cotoni, M.-H. L'Exegese du Nouveau Testamentdans la

philosophie [ran<;aisedu dix-huitieme siecle. Studies on

Voltaire and the Eighteenth Century, vol. 220. Oxford:

Voltaire Foundation, 1984. pp. 48, 62, 142, 58. Ct. nos. 324,

379, 3791, 11, 512b.]

512a Pourkier, A. L'Heresiologie chez Epiphane de Salamine.

Christianisme antique. Paris: Beauchesne,1992. pp. 366-

70: on Epiphanius's reference to AP. Ct. no. 472.]

512b Gounelle, R. Voltaire, traducteur et commentateurde l' E-

vangile deNicodeme. RevuedesEtudesAugustiniennes43

(1997): 173-200. Ct. nos. 324, 379, 3791, 09a,511.]

512c Levieils, X. La polemique anti-chretienne des Actes de

Pilate. Revue d'histoire et dephilosophie religieuses79/3

(1999): 291-314. Ct. no. 471, 474, 500a,505, 506a.]

2.2.2. Trial of Jesus, His Death, and His Resurrection (Acts of

Pilate, chaps. 1-16)

513a Huidekoper,F. TheJudaism at Rome (B.C. 76 to A.D. 140).

1876. Reprinted in Works of F: Huidekoper, vol. 1, New-

York: D. G. Francis,1887. Pp. 462-63:on the Jews nAP.

Ct. nos. 448, 535a,539a.540a,544a.]

525a Peebles,R. J. The Legend of Longinus in EcclesiasticalTra-

dition and in English Literature, and Its Connectionwith the

Grail. Baltimore: J. H. Furst Compagny,1911. [Especially

pp. 87-92. Ct. nos. 528, 535, 544, 871, 878, 889, 893, 896.]

525b Bludau, A. Namen der Namenlosen n den Evangelien.

TheologieundGlaube21 (1921):273-93. Ct. nos.534a,535.]

527a Benoit, P.,and M. E. Boismard. Synopse esquatre evangiles

en ranrais avecparalleles desapocrypheset desPeres.Vol.

1. 1965.3rd ed., Paris: Cerf, 1981. Indicates numerous par-

allels between AP Greek A and B and the canonical

Gospels. See ndex. Ct. no. 322.]

528 Ct. also nos. 525a,544c.

531a Cecchelli, C. Mater Christi. Vol. 2, pt. 3. Oriente et Occi-

dente,vol. 4. Rome: Fr. Ferrari, 1948. pp. 116-17:on Mary's

laments n AP Greek B. Ct. nos.48, 533,534b,572,580,598,

603, 634, 646,654, 657, 888, 953a,957a.]

534a Metzger, B. M. Names for the Nameless n the New Tes-

tament. A Study in the Growth of Christian Tradition. In

Kyriakon. FestschriftJ. Quasten,edited by P.Granfield and

J. A. Jungmann, 1: 79-99.Munster: Aschendorff, 1970. Ct.

nos. 525b, 535.]

534b Alexiou, M. The Ritual Lament in Greek Tradition. Cam-

bridge: Cambridge University Press, 1974. [Pp. 68-74. Ct.

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278

R. GOUNELLE -Z. IZYDORCZYK

nos. 48, 531a, 533, 572, 580, 598, 603, 634, 646, 654, 657,888,

953a,957a.]

535 Reprint of no. 534a. Ct. also no. 525b.

535a Schreckenberg, H. Die christlichen Adversus-Judaeos- Texte

und ihr literarisches und historisches Umfeld (1.-11. Jh.).

Europaische Hochschulschriften, Reihe 23, vol. 172. Frank-

furt am Main: P. Lang, 1982. [P.350. Cf. nos. 448, 513a, 539a,

540a, 544a.]

539a Dehanschutter, B. Anti-Judaism in the Apocrypha. In

Papers Presented to the Tenth International Conference on

Patristic Studies, Oxford 24-29 August 1987, edited by E. A.

Livingstone, Studia Patristica, vol. 19, pp. 345-50. Louvain:

Peeters Press, 1989. [Po347. Cf. nos. 535a, 540a, 544a.]

540a Poorthuis, M. The Improperia and Judaism. Questions

liturgiques 72 (1991): 1-24. [Pp. 11-13: on AP 9, 2. a. nos.

448, 513a, 535a, 539a, 544a.]

540b Evans, C. A. Noncanonical Writings and New Testament

Interpretation. Peabody (MA): Hendrickson Publishers,

1992. [Pp. 220-24: on correspondences between the canon-

ical gospels and AP. Cf. no. 540f.]

540c Atwood, R. Mary Magdalene in the New Testament Gospels

and Early Tradition. Ph.D. diss., University of Basel. Bern:

P. Lang, 1993. [P. 190: wrongly considers AP as a Gnostic

text. ]

540e Brown, R. E. The Death of the Messiah. From Gethsemane

to the Grave 2 vols. The Anchor Bible Reference Library.

New-York: Doubleday, 1994. [See index in vol. 2, s.v. Acts

of Pilate .]

54Of Charlesworth, J. H., and C. A. Evans. Jesus in the Agrapha

and Apocryphal Gospels. In Studying the Historical Jesus.

Evaluations of the State of Current Research, edited by B.

Chilton and C. A. Evans, New Testament Tools and Stud-

ies, vol. 19, pp. 479-533. Leiden: E. J. Brill, 1994. [Pp. 493-

95: on correspondences between the canonical gospels and

AP. Cf. no. 540b.]

544a Cerbelaud, D. Themes de la polemique chretienne contre

Ie judaIsme au lie siecle. Revue des sciencesphilosophiques

et theologiques 81 (1997): 193-218. [Pp. 204-5. Cf. nos. 448,

513a, 535a, 539a, 540a.]

544b Elliott, J. K. The Influence of the Apocrypha on Manu-

scripts of the New Testament. Apocrypha 8 (1997): 265-71

[Pp. 269-70: on AP.]

544c Beggiato, F. Origini e diffusione del topos leggendario-nar-

rativo del 'Perdono di Longino' nelle letterature romanze.

In Il Viaggio dei Testi. Atti del III Colloquio Internazionale

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279

HEMAllC BmLIOGRAPHY OF THE ACTS OF PILATE

sui Medioevo Romanzo e Orientale,Venezia,10-13 ottobre

1996, Istituto Ellenico di Studi Bizantini e Postbizantini,

Castello3412, orthcoming. [Cf. nos. 528,535,871, 878,889,

893,896.]

544d Norelli, E. La tradizione sulla Nascita di Gesu nell'

AAH8HL AOrOL di Celso. In Discorsi di verita. Paganes-

imo, Giudaismo e Cristianesimo a confronto nel Contro

Celso di Origene.Atti del II Convegnodel Gruppo Italiano

di Ricercasu Origene e la Tradizione Allessandrina , edit-

ed by L. Perrone, Studia Ephemeris Augustinianum, vol.

61, pp. 133-69. Rome: Institutum Patristicum Augustini-

anum, 1998.

544e Feiertag, J.-L. Le theme litteraire des vetements mortu-

aires du Seigneur depuis Ie temoignage des 'apocryphes'

jusqu'a ceux des ecits de pelerinage. Apocrypha 10 (1999):

56-74.

544f Kaestli, J.-D., La litterature apocryphepeut-elle etre com-

prisecommeune litterature auseconddegre'(G. Genette)?

In Intertextualites.La Bible en echos, dited by D. Margue-

rat and A. Curtis, 288-304.Le Monde de la Bible, vol. 40.

Geneva: Labor et Fides, 2000. [pp. 295-296and 303-304.]

Seealso no. 308.

2.2.3. Descent nto HeD (Acts of Pilate, chaps.17-27)

544m Dietelmair, J. A. Historia dogmatis de descensuChristi ad

inferos itteraria Nuremberg: Seitzund Zeit, 1741.Reprint,

Altorff: L. Schupfelius,1762. Pro 70-73.]

544n Huidekoper, F. The Beliefof the First Three CenturiesCon-

cerning Christ's Mission to the Underworld. 1879.Rev. ed.,

New-York: D. G. Francis, 1886, eproduced in Works of F.

Huidekoper,vol. 2, New-York: D. G. Francis,1887. Pp.153-

56, note D.]

5440 Meyer, W. Die Geschichtedes Kreuzholzes vor Christus.

Abhandlungen der Philosophisch-PhilologischenClasse er

Koniglich BayerischenAkademie der Wissenschaften 6/2

(1882): 104-6. Cr. nos. 548,552, 560-61,586, 606.]

544p Turmel, J. Etude historique sur la descentedu Christ aux

enfers. Annales de Philosophie Chretienne, d series,no. 1

(1902-3): 508-33 pp. 526-28.]

544q Schmidt, C. Exkurs II : Der Descensusad inferos in der

alten Kirche. In C. Schmidt, Gespriiche esu mil seinen

liingern nach der Auferstehung,ein katholisch-apostolisches

Sendschreiben des 2. lahrhunderts Texte und Unter-

Page 275: Apocrypha 11, 2000

8/20/2019 Apocrypha 11, 2000

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280

R.

GOUNELLE -Z. IZYDORCZYK

suchungenzur Geschichte der altchristlichen Literatur, vol.

43. Leipzig: J. C. Hinrich, 1919. [Pp. 573-75: on EN.]

544r Dolger, F. J. Sol Saluris. Gebet und Gesang m christlichen

Altertum, mil besondererRucksicht aufdie Os ung in Gebet

und Liturgie. 1925.3rd ed., Munich: AschendorffscheVer-

lagsbuchhandlung,1972. pp. 349-51: on EN.]

544s Prtimm, K. Die Darstellungsform der Hadesfahrt des

Herrn in der Literatur der alten Kirche. Kritische

Bemerkungen zum ersten Kapitel des Werkes von Jos.

Kroll: Gott und Holle. Scholastik. Vierteljahresschrift ur

Theologie und Philosophie 10 (1935): 55-77. Pp. 70-72: on

J. Kroll's (no. 461) interpretation ofD/.]

545a Bar, F. Les routesde 'Autre-Monde. Descentes ux enferset

voyagesdans 'au-dela. Mythes et Religions. Paris: Presses

Universitaires de France, 1946. Pp. 60-63.]

545b Grillmeier, A. Der Gottessohn m Totenreich. Soteriolo-

gischeund christologischeMotivierung der Descensuslehre

in der alteren christlichen Ueberlieferung. Zeitschrift fur

katholische Theologie71 (1949): 1-53,184-203. Pp. 10, 19:

on EN. Reprinted in no. 5521.]

546a Rousseau, O. La descente aux enters dans Ie cadre des

liturgies chretiennes. La Maison-Dieu 43 (1955): 104-23.

[pp. 113-19: on EN.]

548 Ct. nos. 5440,562b.

550a Simon, M. Adam et la redemption dans a perspective de

l'Egiise ancienne. In Types of Redemption. Contributions

to the Theme of the Study-Conference eld at Jerusalem14th

to 19th July 1968, edited by R. J. Z. Werblowsky and C. J.

Bleeker, Studies n the History of Religions, vol. 18,pp. 62-

71. Leiden: E. J. Brill, 1970. [Pp. 68-69: on Christ-Adam

typology in D/.]

5521 Grillmeier, A. Mit ihm und in ihm. Christologische

Forschungen nd Perspektiven. ribourg: Herder, 1975. pp.

86, 95. Reissue,with minor changes,of no. 545b.]

553a Vogels, H. J. Christi Abstieg ins Totenreich und das

Liiuterungsgerichtan den Toten.Eine bibeltheologisch-dog-

matische Untersuchung um Glaubensartikel descenditad

inferos. Freiburger heologischeStudien,vol. 102.Freiburg:

Herder, 1976. pp. 210, 223.]

554 Seealso no. 561a.

559a Cozby, . A., Jr. Gnosis and the Cross:The Passionof Christ

in Gnostic Soteriology as Reflected in the Nag Hammadi

Codices. Ph.D. diss.,Duke University, 1985. P.208: draws

a parallel betwen the Concept of the Great Power (NH VI,

4) and the D/.]

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8/20/2019 Apocrypha 11, 2000

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281

HEMAllC BIBLIOGRAPHY OF THE ACTS OF PILATE

561a Ernst, J. Johannes er TiiufeJ: nterpretation Geschichte-

Wirkungsgeschichte. eiheft zur Zeitschrift fiir die neutes-

tamentliche Wissenschaft, vol. 53. Berlin and New-York:

Walter de Gruyter, 1989. Pp. 239-40.Cf. nos. 554, 566,650-

51,653,671-72.]

562a Bauckham, R. "Descents to the Underworld." In The

Anchor Bible Dictionary, edited by D. N. Freedman,vol. 2,

pp. 145-59. New-York: Doubleday, 1992. [Pp. 156-58.]

Reprinted in R. Bauckham, The Fate of the Dead. Studies

on the Jewish and Christian Apocalypses,Supplements o

Nouum Testamentum,vol. 3. Leiden: E. J. Brill, 1998. [On

EN, seepp. 40-44.]

562b Stone, M. E. A History of the Literature of Adam and Eve.

Society of Biblical Literature, Early Judaismand Its Liter-

ature, vol. 3. Atlanta, Georgia: ScholarsPress,1992. Pp. 2,

22, 37, 53, 57: on Seth's trip to Paradise.Ct. nos. 548, 552,

559-61,586, 606.]

562c Baudry, G.-H. "Le retour d' Adam au Paradis, symbole du

salut de l'humanite." Melangesde ScienceReligieuse51/2

(1994): 117-47 Pp.137-39, 141.]

562d Dufraigne, P.AdventusAugusti, AdventusChristi.Recherche

sur l'exploitation ideologique et litteraire d'un ceremonial

dans l'Antiquite tardive. Collection des Etudes Augustini-

ennes, Serie Antiquite, vol. 141. Paris: Institut d'Etudes

Augustiniennes, 1994. Pp. 138-40.]

Seealso nos. 376d, 676a.

2.3. Texts related or indebted to the Acts of Pilate

2.3.1.Greekand Latin traditions

2.3.1.1. Greek

Editions

563 Cf. no. 671a,963a.

564 Cf. also nos. 579b,638a.

566a Macarius Magnus.Apocritikos. Edited by C. Blondel. Paris:

Klincksieck, 1876. [A fragment of the sixth chapter of bk. 1

deals with Veronica. Cf. nos. 426,524-25,971.]

567a Goltz, E. F., von der, ed. A6yot; aUJT7JP[at;TpOCT]I 1Tap-

eiVOI .Eine echteSchrift desAthanasiw. Texte und Unter-

suchungenzur Geschichte der altchristlichen Literatur, n.

s., vol. 14.2a.Leipzig: J. C. Hinrichs, 1905. [Pp. 51, 107-9:

questions asked by Hell at Christ's Descent.]

574a Rey, A.-L. Patriciw. Eudocie, Optimw, ComedeJerwalem.

Centons homeriques (Homerocentra). Sources Chreti-

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282

R. GOUNELLE -Z. IZYDORCZYK

ennes,vol. 437. Paris: Cerf, 1998. [Pp. 474-83.C

585a.

no

Seealso no. 671a.

Studies

576 Cf. also no. 638a.

579a Pallas, D. I. Die Passion und BestattungChristi in Byzanz.

Der Ritus-Das Bild. Munich: lnstitut fUr Byzantinistik und

neugriechischePhilologie, 1965. pp. 52-53,55,58,175,228.]

579b Lafontaine, G. "Les homelies d'Eusebe d' Alexandrie."

Memoire de licence en Philosophie et Lettres, Universite

catholique de Louvain, 1966. Ct. nos. 564-66,576,613,627,

638a.

585a Rey, A.-L. "Homerocentra et litterature apocryphe chreti-

enne: quels apports ?" Apocrypha 7 (1996):123-34. [P.133.

Ct. no. 574a.]

Seealso no. 952a.

2.3.1.2. Latin

Editions

593 Ct. also no. 757a.

619a Ratcliff, E. C. Expositio antiquae liturgiae Gallicanae...

Henry Bradshaw Society, vol. 98. London: The Regnum

Press,1971. Suggests hat in sections1.8and 1.12 he litur-

gy alludes to the Latin DI A.]

633a Geerard, M. "Le bon larran. Un apocryphe inedit." In

Philologia Sacra.Biblische und patristischeStudien iir Her-

mann J. Frede und Walter Thiele zu ihrem siebzigsten

Geburtstag, dited by R. Gryson, 355-63.Vetus Latina. Die

Reste der altlateinischen Bibel, Aus der Geschichte der

lateinischenBibel, vol. 24,pt. 2. Freiburg: Herder, 1993. a.

no. 676a.]

Studies

638a Leroy, J., and F. Glorie. " 'Eusebe d' Alexandrie' source

d' 'Eusebe de Gaule'." SacrisErudiri 19 (1969-70):33-70.

[Cf. nos. 564-66,576, 579b, 613,627.]

643a Bestul, T. H. Texts of he Passion: Latin Devotional Litera-

ture and Medieval Society. Middle Ages Series. Philadel-

phia: University of PennsylvaniaPress,1996. See index s.

v. "Nicodemus, Gospel of'.l

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8/20/2019 Apocrypha 11, 2000

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283

HEMATIC BffiLIOGRAPHY OF THE ACTS OF PILATE

2.3.2. Eastern Traditions

2.3.2.1.Arabic

Editions and translations

646a Galbiati, G., ed. Joannis Evangelium apocryphum arab ce.

Milan: In Aedibus Mondadorianis, 1957. [1:198-263 and

2:266-352:chaps.44-55 contain parallels with AP. Cf. nos.

647a,647b, 665a.]

647a Moraldi, L., ed. Vangeloarabo apocrifo dell'Apostolo Gio-

vanni da un manoscrittodella BibliotecaAmbrosiana.Milan:

JaccaBook, 1991. Pp. 173-209: haps.44-55 contain paral-

lels with AP. Cf. nos. 646a, 647b,665a.]

647b Provera, M. E. II VangeloArabo dell' Jnfanzia secondo l

Ms. Laurenziano Orientale (n. 387). Quademi de La Terra

Santa. Jerusalem:FranciscanPrinting Press,1973. a. nos.

646a,647a,665a.]

647c Battista, A. and Bagatti, A. II Combattimento di Adamo.

TestoArabo inedito con traduzione italiana e commento.

Studium Biblicum Franciscanum,Collectio Minor, vol. 29.

Jerusalem: FranciscanPrinting Press,1982. Seepp. 132-33

for parallels with EN.]

2.3.2.2.Armenian

649a Sargisean,B. Elisei ew Zak'aria kat'olikosi i t'alumn K'ris-

tosi carern ew Nikodimosi awetaran. Venise: Saint-Lazare,

1910.

653a Ordoyan, G. V. Nikodimosean parakanonibemakanac'man

mi nor tarberakxm dari kilikyan jeragrum, Palma banasir-

akan handes: Istoriko-Filologicheskii Zhurnal 118, no. 3

(1987): 141-52.

2.3.2.3. Coptic

Editions and translations

656a Pseudo-Chrysostom. Homily on the Resurrection and the

Apostles. In Homelitica rom the Pierpont Morgan Library.

Seven Coptic Homilies Attributed to Basil the Great,John

Chrysostom,and Evodius of Rome,edited and translated

under the direction of L. Depuydt. Corpus Scriptorum

Christianorum Orientalium, vols. 524-25,Scriptores Copti-

ci, vols. 43-44.Louvain: E. Peeters,1991. [Severalparallels

with EN are suggested n vol. 525, p. xix.]

Studies

656m Luisier, p. De Pilate chez es Coptes. Orientalia Christiana

Periodica 62 (1996): 411-25.

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284

R. GOUNELLE -Z. IZYDORCZYK

2.3.2.4. Ethiopic

Studies

665a Witakowski, W. The Miracles of Jesus: An Ethiopian

Apocryphal Gospel. Apocrypha 6 (1995):279-98. pp. 292-

93: onAP 1.5-6as he ultimate sourceof Jesus' ortieth mir-

acle. Cf. nos. 646a,647a,647b.]

Seealso 656m.

2.3.2.5.Georgian

667a Tchkhikvadze, N. Vne traduction georgienne d'un origi-

nal perdu: l'histoire de l'apocryphe de l'Eglise de Lydda

(CANT 77). Apocrypha8 (1997):179-91.

2.3.2.6.

Slavonic

Editions

671a Vaillant, A. L'Homelie d'Epiphane sur l'ensevelissement

du Christ. Texte vieux-slave, exte grec et traduction fran-

caise. Radovi Staroslavenskog nstituta 23 (1958): 6-83.

[Edition and translation of Pseudo-Epiphanius, Oratio in

divini corporis sepulturam Ct. nos. 563, 963a.]

674a Makaryk, I., ed. About the Harrowing of Hell. Edmonton:

Canadian nstitute of Ukrainian Studies,1989. [An Ukrain-

ian text related to the Descent nto Hell.]

2.3.2.7.

Syriac

Editions

676a Pennacchietti,F.A. Illadrone e l cherubino. Dramma litur-

gico cristiano orientale n siriaco e neoaramaico.Torino: S.

Zamorani, 1993. [Pp. 4-5, 94-95: on the Good Thief at the

gates of Paradise.a. no. 633a.]

Seealso 665a.

2.3.3. Medieval WesternTraditions

2.3.3.3 Dutch, Low German

Editions

701 Ct. also no. 776a.

2.3.3.4English

Editions

712 Ct. alsono. 755a.

723 a. alsono.737a.

Page 280: Apocrypha 11, 2000

8/20/2019 Apocrypha 11, 2000

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285

EMATIC BIBLIOGRAPHY OF mE ACTS OF PILATE

Studies

728a Kretzmann, P. E. The Liturgical Element in the Earliest

Forms of the Mediaeval Drama, with SpecialReferenceso

the English and German Plays.Minneapolis: University of

Minnesota, 1916. Pp. 116-33:on the plays on the Harrow-

ing of Hell and EN.]

737a Barclay, L. L. Gospel writing in the later Middle Ages.

Three Dramatic Examples: Das St. Galler Passionsspiel, a

Passion Nostre Seigneur (Sainte-Genevieve)nd The York

Plays. Ph.D. diss., ndiana University, 1975. Cf. nos. 723,

728-30,739,769.]

754a Hall, T. N. The Cross as Green Tree in the Vindicta Salva-

toris and the Green Rod of Moses n Exodus. English Stud-

ies72, no. 4 (1991):297-307.

755a Taylor, S. Harrowing Hell's Halfacre: Langland's Medita-

tion of the 'Descensus' from the Gospel of Nicodemus.

Essays in Medieval Studies: Proceedings of the Illinois

Medieval Association 10 (1993): 145-58. Cf. nos. 712,719,

722,751, 753-54.]

757a Faerber, R. Deux homelies de Paques en angiais ancien.

Apocrypha 6 (1995):93-126. Translation, with commentary,

of two homilies on Christ's Descent nto Hell (Blicking VII

and CCC 41). Cf. also nos. 593,595-96,600,608,611,618,

626-28,630a, 637,711,717, 812,821-22,830.]

2.3.3.5. French

Studies

776a Zambon, F. Robert de Boron et segretidel Graal. Bibliote-

ca dell' Archivum Romanicum, SeT.1, vol. 189. Firenze:

Leo S. Olschki, 1984. [Pp. 19-27: on EN as a source of Le

Roman de l'estoire dou Graal. Cf. nos. 701-2,762, 792-93.]

Seealso no. 737a.

2.3.3.6 High German

See also 5440, 728a.

Part 3: Iconography and the Acts of Pilate

950a Cabrol, F. Ascension dans 'art. Dictionnaire d'archeolo-

gie chretienneet de liturgie, edited by F. Cabrol, vol. 1, pt. 1,

cols.2931-32.Paris: Letouzey et Ane, 1907. On the Venise

Ciborium. ]

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8/20/2019 Apocrypha 11, 2000

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286

R. GOUNELLE -Z. IZYDORCZYK

952a *Millet, G. Recherches sur l'iconographie de I' Evangile aux

XWe, XVe et XVIe siecles d'apres les monuments de Mistra,

de la Macedoine et du Mont-Athos. Bibliotheque des Ecoles

fran~aises d' Athenes et de Rome, vol. 109. Paris: Fonte-

moing, 1916. [Often quotes AP Greek B and gives icono-

graphical and textual parallels.]

953 Published in 1907 and not in 1924.

953a Cottas, v: L'Influence du drame Christos Paschon sur l'art

chretien d'Occident. Paris: P. Geuthner, 1931. [On Mary's

laments. a. nos. 48, 533, 572, 534b, 580, 598, 603, 634, 888,

957a.]

954a Weitzmann, K. The Narrative and Liturgical Gospel Illu-

mination. In New Testament Manuscript Studies, edited by

M. M. Parvis andA. P. Wikgren, 151-174,215-219. Chicago:

University of Chicago Press, 1950. Reprinted in K. Weitz-

mann, Studies in Classical and Byzantine Manuscript Illus-

tration, Chicago, 1971, pp. 247-70. [Pp. 257-58 on EN.]

957a Weitzmann, K. The Origin of the Threnos. In De Artibus

Opuscula XL. Essays in Honor of Erwin Panofsky, edited

by M. Meiss, 476-491, New York: University Press, 1961.

Reprinted in K. Weitzmann, Byzantine Book Illumination

and Ivories, Collected Studies Series, vol. 107, London: Var-

iorum Reprints, 1980. [Ct. nos. 48, 533, 534b, 572, 580, 598,

603, 634, 646, 654, 657, 888, 953a.]

958 Reprinted in K. Weitzmann, Byzantine Book Illumination

and Ivories, Collected Studies Series, vol. 107. London: Va-

riorum Reprints, 1980.

963a Storer, J. The Anastasis in Byzantine iconography. Ph.D.

diss., University of Birmingham, 1986. [Also discusses sim-

ilarities between EN and some pseudo-Epiphanian homi-

lies. Ct. nos. 563, 671a.]

967a Mariaux, P.-A. Detoumements iconographiques chez

Theophile-Alexandre Steinlein. A propos de La Libera-

trice. Gazette des Beaux-Arts May-June 1993: 231-40. [Ct.

no. 970.]

969 Delage, E. La Descente du Christ aux enfers de la cathe-

drale de Faras. Genese et developpement d'un theme icono-

graphique. These de doctorat nouveau regime, Ecole Pra-

tique des Hautes Etudes, Section des Sciences religieuses,

Paris, 1995. Now published in Villeneuve d' Ascq: Les Pres-

ses du Septentrion, 1999.

970 Mariaux, P.-A. Figurer l'apocryphe, ou la verite devoilee

par la peinture. Quelques iconographies du XIXe siecle face

a l'imaginaire chretien. Apocrypha 7 (1996): 293-30. [P. 299:

Page 282: Apocrypha 11, 2000

8/20/2019 Apocrypha 11, 2000

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287

mEMA11C BIBLIOGRAPHY OF mE ACTS OF PILATE

on Th.-A. Steinlein's rethinking of the iconography of

Christ's Descent nto Hell. Cf. no. 967a.]

971 Tristan, F. Les premieres mageschretiennes.Du symbolea

l'icone: lIe-VIe siecles.Paris: Fayard, 1996. Pp. 190-94,338-

42: on DI and on Veronica. Cf. nos. 426, 524-25, 566a.]

972 Thierry, N. "Images cappadociennes typiquesdu proces du

Christ. L'intervention de la femme de Pilate -Le Christ en

gloire -Calphe d6icide." In Apocryphes armeniens trans-

mission -traduction -creation -iconographie. Actes du

colloque international sur la litterature apocrypheen angue

armenienne (Geneve,18-20 septembre1997), edited by v:

Calzolari Bouvier, J -D. Kaestli and B. Outtier. Publications

de l'Institut Romand des SciencesBibliques, vol. 1. Lau-

sanne:Editions du zebre, 1999. Pp. 179-87.]

Seealso no. 183a,183c,525a,676a.

We have been unable to find a place in this bibliography for a

curious polemical booklet entitled My resurrection. A Missing

Chapter rom the Gospel of Matthew Discoveredand Published by

G. 'W;Foote (London: R. Forder, 1892,14pp.), which uses he EN

for largely satyrical purposes. The pamphlet implies that, at the

end of the nineteenthcentury, he EN wasevoked in some (local ?)

controversies concerning Christ's resurrection and held in high

esteem.Foote invents a mockingly disrespectfulcounter-narrati-

ve of Christ's resurrection, ostensibly old by another man raised

from the dead, o show hat any narrative of the EN kind is nothing

but fanciful. Here are some extracts of this booklet:

"A short time ago, I had occasion o treat the most remarkable

episode of the story of Christ's crucifixion and resurrection. (...)

Now, although I dealt with this marvel, I felt I had not exhausted

the subject, so I pondered it until it nearly exhausted me. Further

researchesafforded me very little relief. (...) Alack and alack Such

are the difficulties that beset a man who would 'prove all things' in

that simple Book which a wayfaring man though a fool mayunders-

tand, and which no wayfaring man except a fool doesunderstand.

In this mood, read again,after an nterval of some years, he apo-

cryphal Gospel of Nicodemus: an ancient Scripture, supposed by

some earned owls to be the work of Christ's disciple of that name,

by sharpercritics to be a pious forgery, and by some still more saga-

cious to be an honest document once in considerable use by Chris-

tians, and written in much the same way as other gospels, ncluding

our four canonicalones; hat is,by some unknown person,at an unk-

nown time, in an unknown place, for the use of unknown churches,

with an unknown amount of truth, an unknown quality of tradition,

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288

R.

GOUNELLE -Z. IZYDORCZYK

and an unknown ratio of invention. Now the Gospel of Nicodemus

is especially ull of information on the very subject of my perplexi-

ty."

A summary of the EN 16-17 follows. Foote quotes EN 27.3:

"'what they wrote was ound perfectly o agree, he one not contai-

ning a one letter more or less than the other.' No such nsistanceof

Gospel Harmony ever occured before or since. Most inspired histo-

rians flatly contradict each other on essentialpoints, but these two

agreed on the minutest details. (...)"

and summarizes EN 18-27. He then continues:

"Nicodemus ong-winded narrative (...) fits in with Matthew's brief

account,amplifying and supplementing t in the mostadmirable man-

ner. Here then, I thought, is a good basis o work from; the matter

will now perhaps be cleared up, and my mind will obtain rest. The-

reupon I walked out into the quiet night, under the solemnstars and

amid the ghostlyrustle of trees,absorbed n contemplation, nhaling

deep breaths, only occasionnalybroken by a piff from my friendly

pipe. Suddenly was confronted by a strange old man of venerable

aspect.Centuries seemed o have ploughed their traces on his featu-

res, ancient memories brooded in the depths of his hollow eyes,his

long white locks and beard were like the accumulated snows of a

thousand winters, and his low sepulchral voice sounded like faint

echoes rom a profound abyss.

'Stranger,' he began, do not be alarmed. (...) For more than eigh-

teen centuries I have roamed this world like the Wandering Jew of

tradition, waiting for the occasion which has come now. This roll

(here he placed it in my hand) contains the true record of what you

are pondering. You alone of all mortals have beenseizedwith a bur-

ning desire to explore its dephths,and only to such an one I am per-

mitted to entrust my long-hoarded treasure. My task s now ended,

and peace visits me after centuries of unrest. Farewell Farewell '

I looked, and he wasgone. (...) When I opened he mysterious roll

I found an unintelligible document,written in some strange,uncouth

tongue. Closer inspection convinced me that the characters were

Hebrew. (...) Early in the morning I visited my friend. He informed

me that the manuscript was ndeed written in Hebrew, but without

points. He therefore concluded that it was very ancient, and would

take a considerable ime to decipher. (...)

The following is my friend's translation, with just a few touches

from my own pen, which, he allows, do no violence to the senseof

the original.

'My name is Obadias. am one of the saints who rose from their

graves at the Crucifixion, and the only survivor of the company. am

doomed to roam the world until I find the appointed recipient of my

story.

The Gospel of Nicodemus s a fraud. There is no word of truth in

it. The whole narrative may easilybe proved fabulous. Charinus and

Lenthius are not Hebrew names.Some Roman namesdid creep nto

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289

HEMATIC BIBLIOGRAPHY OF THE ACTS OF PILATE

Palestine at that time, but they were never adopted by strict Jews,

least of all by Levites like Simeon.

I became a follower of JesusChrist in the fIrSt year of his minist-

ry, which lasted sevenyears,and not three, as s generally supposed.

Tho years later I died eating too much Paschal amb...'

There follows an ronic narrative of the resurrectionof Obadias,

along with sixty-nine other disciples of Jesus,among whom were

Shimei, Zambres, Simeon,Jonathan,David and Amos. At Christ's

crucifixion, their gravesopened,and they cameback nto the world,

naked. They spent a few days looking for food. They learnt from

a man (angel Gabriel) that Christ would rise and that they had to

wait until his resurrection before entering Jerusalem.So they wai-

ted, meeting several people, including Cephas. As soon as they

heard that Christ had risen, they went to Jerusalem. Christ appea-

red to them and preached o them for three hours; one by one, the

risen men fell asleep.The following day, Obadias began o search

for his wife... whom he found married again (to Zebedee). The

authorities brought witnesses o prove that Obadiasdied four years

earlier, and pronounced the risen man to be an mpostor. So Oba-

dias married a younger woman and had to live until such ime as

he found a person whom he could entrust with the narrative of his

own resurrection.

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290

R. GOUNELLE -Z. IZYDORCZYK

Index of Authors

Adamik, T. no. 3500

Aitzemiiller, R. no. 96a

Alexiou, M. no. 534b

Allard, R. no. 500a

Arata Montovani, P. no. 418c

Arouet, F.-M. SeeVoltaire

Atwood, R. no. 540c

B1idzio, J. no. 354a

Bagatti, A. no. 647c

Bar, F. no. 545a

Barclay, L. L. no. 737a

Barnes, A. S. no. 50la

Bamstone, W. no. 322a

Baronius, C. no. 478a

Battista, A. no. 647c

Bauckham, R. no. 562a

Baudry, G.-H. no. 562c

Baumstark, A. no. 458a

Beggiato, F. no. 544c

Benoit, P. no. 527a

Berardino, A. di no. 410a

Bergier, N.-S. nos. 37921 793

Bernstein, A. E. no. 466a

Bertoni, G. no. 326a

Bestul, T. H. no. 643a

Birnbaum, H. no. 98b

BI8hova, E. no. 98e

Bleeker, C. J. no. 550a

Blondel, C. no. 566a

Bludau, A. no. 525b

Boismard, M. E. no. 527a

Bozinis M1To lVT]t;;), . no. 350i

Brown, R. E. no. 540e

Bruckner, A. no. 72a

Buchberger, M. no. 388b

Cabrol, F. no. 950a

Calmet, Dom A. no. 422a

Calzolari Bouvier, V. no. 972

Cartojan, N. no. 366a

Casaubon, I. no. 478b

Cayre, F. no. 393b

Cecchelli, C. no. 351a

Ceming, K. no. 350a

Cennac, C. no. 112a

Cerbelaud, D. no. 544a

Charlesworth, J. H. no. 540f

Chilton, B. no. 54Of

Christ, W. no. 383b

Cohen, . no. 381a

Coquin,R.-G. no. 375a

Cotoni,M.-H. no. 509a

Cottas, : no.953a

Cozby . A. Jr. no. 559a

Crane, . no. 316a

Cross, .L. no. 405a

Cross, . E. no. 15la

Curtis,A. nos.453d, 44f

Da Spinoteli,O. no. 418c

De Beaumarchais,.-A.no.379]

De Labriolle,P.no. 506a

Dehanschutter,. no. 539a

Delage,E. no. 969

Depuydt, . no.656a

Dietelmair, . A. no. 544m

Dolger,F.J. no.544,

Dooley, . no.256a

Drobner,H. R. nos.4l7a

Du Toit,A. no.463a

Dubois, J.-D. nos. 56a, 56b, 437b,

453a

Dufraigne,P.no.562d

Eis,G. no.237a

Elliott, J. K. nos.323a, 44b

Epp,J. no. 41la

Ernst, . no.561a

Evans,C. A. nos.540b, 40f

Faerber, . no. 757a

Feiertarg, .-L. no.544e

Feisthauer,. no. 4l8c

Ferguson, . no. 4l2a

Fischer, . no.376b

Foote,G. W.p. 287

Frede,H. J. no. 376b

Freedman . N. no.562a

Freydank,. no.96a

Furrer, . no.453d

Galbiati,G. no. 646a

Geerard,M. no.633a

Glorie,F.no. 638a

Goodspeed,. J. no. 396a

Goltz,E. F. vonder.no.567a

Goscher,. no. 380b

Gounelle,R. nos.330a, 76c,

453b, 12b

Granfield,P.no. 534a

Grillmeier,A. nos.545b, 52]

Page 286: Apocrypha 11, 2000

8/20/2019 Apocrypha 11, 2000

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291

IBMATIC BIBLIOGRAPHY OF nIB ACTS OF PILATE

Grossouw,W. no. 54a

Gryson, R. no. 633a

Hadot, J. no. 418b

Hall, T. N. no. 754a

Hamesse, . no. 43b

Hoffmann, W. J. nos. 128a,249a

Huidekoper, F. nos. 513a,544n

Iannucci, A. A. no. 259a

Izquiero, J. no. 121a

Izydorczyk, Z. nos.43a, 43b, 121a,

128a,183b, 211a,249a, 256a,

259a,286a, 291a,330a,376c,

437a,437b

Jordan, H. no. 390a

Jungmann,J. A. no. 534a

Kaestli, J.-D. nos. 544f, 972

Karavidopoulos,J. D. no. 350i

Keller, F. no. 79c

Klatscher,A. no. 234a

Klausner, D. N. no. 291a

Kobjak,N. A. no. 98d

Konzal,V. no. 98g

Krammerer, W. no. 46a

Kretzmann, P. E. no. 728a

Kroll, J. no. 544s

Lafontaine, G. no. 579b

Le Febvre, Tannegui. no. 478c

Leroy, J. no. 638a

Levieils, X. no. 512c

Lipsius, R. A. no. 383a

Livingstone, E. A. nos. 405a,539a

Luisier, P. no. 656

Mac Rue, G. W. no. 411a

Macarius Magnus no. 566a

Makaryk, I. no. 674a

Marguerat, D. nos. 453d,5441

Mariaux, P.-A. nos. 967a,970

Marx, C. W. no. 183b

McHugh, M. P.no. 412a

McLintock J. no. 382a

Meiss, M. no. 957a

Metzger, B. M. no. 534a

Meyer, W. no. 5440

Michalczyk, W. nos. 354b, 354c

Michalowska, T. no. 98h

Millet, G. no. 952a

Minceva,A. no. 98c

Mladenova,M. no. 981

Moehler, J. A. no. 381a

Moraldi, L. no. 647a

Moreschini, C, no. 418a

Movers, F. C. no. 380a

Norelli, E. nos. 418a,418c,453c,

544d

O Gorman, R. no. 211a

Ordoyan, G. v: no. 653a

Guttier, B. nos. 45a,376a,972

Pallas,D. I. no. 579a

Parvis,M. M. no. 954a

Peebles,R. J. no. 525a

Pennacchietti,F. A. no. 676a

Perrone, L. no. 544d

Pinero, A. no. 360a

Poirot, E. no. 376d

Poorthuis, M. no. 540a

Pourkier, A. no. 512a

Provera, M. E. no. 647b

Priimm, K. no. 544s

Pseudo-Athanasiusno. 567a

Pseudo-Chrysostom o. 656a

Pseudo-Epiphaniusno. 570a

Raffay, S. no. 350m

Rauschen,G. no. 388a

Ratcliff, E. C. no. 619a

Reinhart, J. no. 97a

Revillout, E. no. 45a

Rey, A.-L. nos. 574a,585a

Reinhart, . no. 98ab

Rousseau,O. no. 546a

Rossi,F. no. 46a

RUinart, T. no. 468m

Ruiz Bueno, D. no. 468m

Rzepka, W. R. nos. 79a,79b

Sargisean,B. no. 649a

Schmid,W. no. 393a

Schmidt,C. nos. 503a,544q

Schreckenberg,H. no. 535a

Sembrzycki,J. K. no. 362b

Simon, M. no. 550a

Smith, Kathryn A. nos. 183a,183c

Smith,W. no. 383a

Sobolevskij,A. I. no. 88a

Speyer,W. no. 418e

Stiihlin, O. no. 393a

Stone,M. E. no. 562b

Storer,J. no. 963a

Strong,J. no. 382a

Swaen,A. E. H. no. 155a

Taylor, S. no. 755a

Tchkhikvadze,N. no. 667a

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COMPTESRENDUS

LEHNARDT, Andreas, Bibliographie zu den Jildischen Schriften aus

hellenistisch-romischer Zeit, Glisterloh, Glisterloher Verlag

(Jtidische Schriften ailS hellenistisch-romischer Zeit, VI/2), 1999.

ISBN 3-579-04277-7.

La serle Judische Schriften aus hellenistisch-romischer Zeit (JSHRZ), fon-

dee par Werner Georg Ktimmel en 1974 et bien confine de tout chercheur dans

Ie domaine du Judaisme antique, contient des traductions, avec ntroductions

et notes, des textes juifs non compris dans Ie canon des rabbis, a l exclusion

des textes de Qumran, de la litterature rabbinique, de Philon et de Flavius

Josephe. Les fascicules separes (de taille parfois importante) se distribuent

sur cinq «volumes» (Biinde), intitules respectivement« Narrations historiques

et legendaires », « Instruction sons orme narrative »,« Instruction sons orme

didactique », «Ecrits poetiques », «Apocalypses ». A la collection des textes

va s ajouter maintenant un sixieme volume de Supplementa,destine a paraitre

en trois parties entre 1999 et 2001. La premiere partie, confiee a H. Lichten-

berger, U. Mittmann- Richert et G. S. Oegema, doit contenir une Introduction

litteraire, historique et theologique a la litterature comprise dans la serie; la

troisieme partie, preparee par F. W. Horn, H. LOhr, H. Omerzu et C. Billles-

bach, consiste en un Index des sujets, des noms propres et des passagescites.

La deuxieme partie, dont il est question ici, est la Bibliographie redigee par

A. Lehnardt, qui se propose de completer les bibliographies des fascicules deja

edites. La preface la presente comme «une liste, mise a jour jusqu en 1998»

[Ie papillon sur les Supplementa, nclus dans Ie volume, a «jusqu en 1997»]

«et tendant a l exhaustivite -ce qui n est certes pas realisable -de publi-

cations scientifiques concernant les traductions des apocryphes incluses dans

les JSHRZ, de certains pseudepigraphes non esseno-qumraniens et d ecrits

juifs hellenistiques (a l exception de Philon et de Josephe) » (p. XI).

Les bibliographies sur les differents ecrits, diposees dans l ordre qu ils ont

dans les volumes des JSHRZ, sont precedees d une partie generale (subdivi-

see en sections consacrees respectivement aux bibliographies, aux introduc-

tions generales aux ecrits juifs d epoque hellenistico-romaine, aux reuvres de

methodologie et d histoire de la recherche, aux anthologies et aux repertoires)

et d une partie thematique comprenant 590 titres. Les travaux anterieurs a

1800 ne sont mentionnes qu exceptionnellement; les recensions Ie sont de

maniere tres partielle. Un index des auteurs modernes complete Ie volume.

Quiconque a utilise des repertoires bibliographiques sait combien il faut

etre reconnaissant a leurs auteurs et combien il est facile de leur adresser des

critiques. L ampleur du domaine retenu dans ce volume (9240 itres, sans comp-

ter les recensions), Ie rend extremement utile et, dans Ie meme temps, l ex-

pose a des omissions et a d autres types d imperfections. Il est donc honnete

d en reconnaitre d abord l utilite: aucun chercheur interesse au Judalsme de

l epoque hellenistique et romaine ne pourra s en passer. La prise en compte

de travaux ecrits en hebreu et dans les langues slaves Ie rend d autant plus

interessant. Les remarques qui suivent, dues a quelques sondages,ne visent

qu a contribuer a line amelioration loTSd eventuelles reeditions.

L ordre des itres a l interieur des subdivisions pour chaque ouvrage ancien

est alphabetique. Cela est parfaitement comprehensible, mais on regrette un

Apocrypha 11, 2000,p. 293 -320

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294

COMPTES RENDUS

pen de ne pas avoir, par exemple, es editions successives 'un texte dans 'ordre

chronologique. En outre, l'auteur a renonce a toute information ou evalua-

tion, ce qui est legitime, mais qui ne permet de se aire aucune idee non seu-

lement de la valeur des contributions, mais aussi du niveau auquel elles se

situent (des articles tres courts de dictionnaire ou des renseignements donnes

en passant ootoient des etudes approfondies). Mais tout celareleve d'options

sur lesquelles on petit discuter. Plus graves sont certaines omissions. La revue

italienne Ricerche storico-bibLiche figure dans a liste des abreviations, mais je

ne trouve pas de trace des contributions contenues dans un numero sur l'apo-

calyptique publie en 1995, dont certaines portaient sur les apocalypses uives

et sur les problemes de methode. De l'un des collaborateurs de ce volume,

Gabriele Boccaccini (Universite d' Ann Arbor), specialiste du judaisme entre

300 avant notre ere et 200 apres, sont mentionnes trois articles, mais pas l'im-

portant volume Middle Judaism, Philadelphia, Fortress Press 1991 (nouvelle

ed. italienne 1993), largement consacre a des etudes sur des textes pris en

compte dans a presente bibliographie. Et on remarque avec etonnement qu'a

propos du Martyre d'Isai"e (un pseudepigraphe uif cree par les savants du XIXe

siecle, et encore difficile a exclure de la recherche) toutes les anciennes edi-

tions des differents temoins du texte sont enumerees a la p. 167,mais il manque

l'edition critique complete publiee en 1995 par line equipe de specialistes

comme vol. 7 de la Series Apocryphorum du Corpus Christianorum (Thm-

hout, Brepols). Omission d'autant plus singuliere que Ie volume de commen-

taire qui accompagne cette edition figure dans la bibliographie sons e n 3082.

Les coquilles sont trop nombreuses. La grande majorite des titresen ita-

lien, par exemple, est plus ou moins gravement defiguree. II suffira d'en

prendre comme exemple la serie de titres du professeur Paolo Sacchi, 'un des

specialistes reconnus de l'apocalyptique juive (n 583-587 pour les titres en ita-

lien). Le premier contient trois ralites sur une ligne. Dans les suivants, Ie titre

de son recueil L' apocaLittica giudaica e Lasua storia revient a plusieurs reprises,

sons deux formes egalement fantaisistes. Une perle: Ie n 3101, attribue a un

imaginaire P. C. L. Bovi (present, bien sur, dans l'index final), n'est qu'un

double atrocement deforme du n 3098 (P.C. Bori). On a l'impression que les

fiches ont ete compilees par plusieurs collaborateurs, plus ou moins conscien-

cieux, et qu'elles ontete juxtaposees sans verification suffisante.

La liste des abreviations est elle aussi a corriger. Un regard rapide sur les

p. 1-2 revele la necessite au moins des corrections suivantes: AAA: ...

Arch. .e.ology...;AAST: ...A~ademia...; ACFr: Annuaire (sans article) du

Coll~e...; AlON: ...dell'lstituto...; ArztChr: ~..: (ce qui montre que me-me

les titres allemands, en general corrects, ne sont pas totalement a l'abri d'er-

reurs); ASB : AttiJ;lella...; Asp. : Aspren~; BA: ...Arch. .e.ologist.

Loin de disqualifier Ie volume, ces remarques veulent souligner l'exigence

de l'ameliorer en vue des services remarquables qu'il pourra rendre.

E. NORELL

CHAzON,Esther G. & STONE, ichael (ed.), with the collaboration

of Avita PINNICK, seudepigraphicPerspectives.. he Apocrypha

and Pseudepigrapha n Light of the Dead SeaScrolls. Proceedings

of the International Symposiumof the Orion Center or the Study

of the Dead SeaScrolls and Associated Literature, 12-14 January,

1997, Leiden / Boston. / Koln, Brill (Studies on the Texts of the

Desert of Judah, XXXI), 1999, viii + 217 p. ISBN 90-04-11164-6.

Page 290: Apocrypha 11, 2000

8/20/2019 Apocrypha 11, 2000

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295

OMPTESRENDUS

Le present ouvrage reunit les contributions du deuxieme congres interna-

tional de l Orion Center a Jerusalem. Son titre met deja en lumiere la pro-

blematique delicate de ce congres, a savoir completer la definition du terme

« pseudepigraphe » a partir des manuscrits de la Mer morte. Dans son article

« Pseudepigraphy in the Qumran Scrolls: Categories and Functions» (p. 1-

26), Moshe J. BERNSTEINente de differencier les diverses categories de pseu-

depigraphie. Apres examen de l ensemble des textes, il propose de distinguer

les trois categories suivantes: «authoritative », «convenient» et «decorative

pseudepigraphy» (p. 3). Dans Ie cadre de la pseudepigraphie «pre-qoumra-

nienne », Bernstein considere la litterature henochienne, 2 Baruch, 4 Esdras

et Jubiles comme faisant partie de la categorie « Authoritative pseudepigra-

phy », parce que « he function of pseudepigraphy in these examples is to

strenghten the work s authority» (p. 6). La litterature testamentaire, de son

cote, est classee comme «convenient pseudepigraphy» (p. 6), c est-a-dire «a

 lighter or weaker form of authoritative pseudepigraphy» (p. 7). D autres

ecrits (comme les Psaumes de Salomon ou la Priere de Manasse) sont, quant

a eux, consideres comme «decorative pseudepigraphy» (p. 7), comme des

pseudepigraphes dont Ie contenu n a rien a voir avec Ie titre. II propose cette

repartition pour etudier la pseudepigraphie de Qoumran. Au terme de son

etude, il conclut que la plupart de ces manuscrits, communement appeles

«Bible reecrite », appartiennent a la categorie «convenient pseudepigraphy»

(p. 25).

Du fait de la notoriete du livre des Jubiles au sein des ecrits pseudepigra-

phiques, il est tout a fait normal que plusieurs chapitres de cet ouvrage lui

soient consacres. James C. V ANDERKAM «<The Angel Story in the Book of

Jubilees », p.151-170) s interesse a l histoire de la chute des anges (Gn 6, 1-4)

qui apparait en Jub 5-7; il demontre que Ie fecit raconte en Jub est probable-

ment «< t does seem he most economical explanation », p. 169) ortement ins-

pire de 1 Henoch 6, Ie scribe des Jubiles ayant reecrit les versets de sa source

pour qu ils s accordent au mieux a ses ntentions (p. 170). La question de la

revelation dans Jubiles est abordee par George W. E. NICKELSBURGans son

article «The Nature and Function of Revelation in 1 Enoch, Jubilees, and

Some Qumranic Documents» (p. 91-119); il compare Ie contenu, la forme, la

fonction et l arriere-plan social de la notion de «revelation» dans deux livres

et quelques ecrlts sectaires rouves a Qoumran (p. 91) la caracteristique « reve-

latrice» du livre des Jubiles tient avant tout au fait qu il est attribue a MoIse

dont la source d inspiration, Dieu, est la figure «revelatrice » par excellence

(p. 104). Le troisieme article qui traite un aspect du livre des Jubiles est inti-

tule « The Naming of Levi in the Book of Jubilees » (p. 59-69) et a ete ecrit

par Betsy HALPERN-AMARU; Levi, l ancetre des pretres, est aussi cense etre

un personnage ideal par excellence pour un ecrit pseudepigraphique; la per-

sonne responsable de son nom varie: dans Ie Texte Massoretique, c est (pro-

bablement) son pere Jacob; dans la LXX, Ie Pentateuque Samaritain et des

textes syriaques, c est sa mere Lea.

Levi est aussi e sujet de l article qui suit: «Levi in Aramaic Levi and in the

Testamentof Levi» (p. 71-89). Marinus DE JONGEY met en relation les frag-

ments d un document arameen de Qoumran sur Levi (ALD) avec es Testa-

ments des Douze Patriarches, et, avant tout, avec e Testament e Levi. II semble

possible qu ALD soit Ie modele direct du Testament e Levi (p. 87). U ne autre

question (a mes yeux non sans implications ideologiques) se pose: Ie docu-

ment arameen de Levi (ALD) et Ie Testamentde Levi sont-ils issus du chris-

tianisme, sans aucun trait originaljuif? Selon de Jonge, une Grundschriftjuive

ne peut pas etre etablie a partir de ces textes, a supposer qu il y en ait eu une;

«the Testamentsmust be studied as a Christian composition which makes use

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296

COMPTES RENDUS

of a surprising number of Jewish traditions, probably on the basis of acquain-

tance with written Jewish sources» (p. 71).

Dans son article « Pseudepigraphy in Rabbinic Literature» (p. 27-41), Marc

BREGMAN laide pour une comprehension indulgente du fait que leg rabbins

«have no compunction about simply putting words into the mouth of God,

Moses and other biblical figures» (p. 28). Leur attitude est ustifiee par la foi

qu ils ont que la Torah orale a ete revelee a Moise sur Ie mont Sinal et qu el-

Ie doit etre transmise aux generations futures.

John J. CoLLINS,dans son article «Pseudepigraphy and Group Formation

in Second Temple Judaism» (p. 43-58), examine des textes de la secte de

Qoumran qui se pretendent ecrits par Henoch, Daniel (4Q243-246) et Moise

(4Q390); cette etude lui donne l occasion de se demander si la pseudepigra-

phie est une forme d ecriture individuelle ou collective.

Le Rouleau du Temple (llQT) est un des ecrits leg mieux connus de Qoum-

ran. Lawrence H. SClllFFMANmet cet ecrit en rapport avec son environnement

«<The Temple Scroll and the Halakhic Pseudepigrapha of the Second Temple

Period », p. 121-131); il distingue (p. 125) des pseudepigraphes mosaiques

(Moise conIIne revelateur, mais pas conIIne auteur) et des pseudepigraphes

diving (un texte dans lequel Dieu se revele) ; pour Schiffman, Ie Rouleau du

Temple appartient aux pseudepigraphes diving, parce que Moise ne parle pas

lui-meme mais qu il est Ie destinataire de la parole divine (p. 131).

Le personnage de Noe convient aussi bien a la pseudepigraphie que Moise

ou Daniel. Michael E. STONE ecrit dans « The Axis of History at Qumran »

(p. 133-149) a genealogie de Noe ainsi que son role de relais entre leg eres

ante- et postdiluvienne. Noe, en accomplissant un holocauste, peut etre relie

a la tradition des Levites (Gn 8, 20). Bien qu il soit «difficult to make abso-

lutely certain statements about what existed and what didn t » a Qoumran (p.

142), Stone suppose qu il y avait un/des livre/s de Noe abordant leg sujets sui-

vants: la naissance de Noe, leg instructions sacerdotales, la medecine et la

demonologie (p.l40). Le Livre de Noe interesse aussiCana WERMAN«<Qum-

ran and the Book of Noah» (p. 171-181]). Comme cet ouvrage est mentionne

dans la litterature qoumranienne et pseudepigraphique, Werman etudie Ie

contenu different de chaque source en leg mettant en relation; elle conclut

que l auteur des Jubiles utilisa l Apocryphe de la Genese et Ie texte arameen

de Levi de Qoumran (ALD), qui eux, au contraire, connaissaient Ie Livre de

Noe.

Le dernier article, « Qumran Pseudepigraphy in Early Christianity. Is 1

Clem. 50:4 a Citation of 4QPseudo- Ezekiel (4Q385)?» de Benjamin G.

WRIGHT (p. 183-193) met en evidence la transmission de la litterature juive

non-biblique avant tout par les auteurs chretiens. Comme champ de recherche,

il choisit 4Q385, fragment 12, qui suit Ez 37 (vision des ossements desseches)

en Ie combinant avec Es 26, 19-20. Au vu d autres ecrits chretiens qui effec-

tuent une combinaison semblable, B. J. Wright estime probable qu 1 Clem 50,

4 cite Ie texte de 4QPseudo-Ezekiel, ou que res deux documents dependent

d un modele commun.

Contrairement a ce que Ie titre de ce collectif laisse entendre, legapocryphes

ne sont guere pris en consideration par leg auteurs. En depit de cela, leg dif-

ferents articles stimulent la reflexion et l approfondissement des multiples

aspectsenonces concernant leg pseudepigraphes et leg manuscrits de la Mer

morte.

T. NAEF

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297

OMPTESRENDUS

POWELL, Mark Allan, Jesus as a Figure in History. How Modem

Historians View the Man from Galilee, Louisville (KY), Westmin-

ter John Knox Press, 1998, pp. 238. ISBN 0-664-25703-8.

Vittorio Fusco, dans un article paru en 1998 «<La quete du Jesus histo-

rique. Bilan et perspectives », dans D. Marguerat, E. Norelli, J.-M. Poffet

[ed.], Jesus de Nazareth. Nouvelles approches d une enigme, Geneve, Labor

et Fides, 1998, p. 25-57), conclut ainsi: «Nous ne partageons donc pas la

conclusion selon laquelle la recherche historique sur Jesus ne serait parve-

nue a aucun resultat (...). Devrait-on admettre qu il ne reste de place que pour

le Jesus de la lvi, mais dans ce cas, d une foi qui ne releve pas le deli de l his-

toire, ou bien unefoi en d autres Jesus, etrangers aussi bien d lafoi qu d l his-

toire, relatifs aux besoins des individus ou des groupes?» (p. 56, c est nous

qui soulignons). L enjeu theologique de la question du «Jesus historique»

est pose; c est Ie meme, si nous voyons bien, que celui qui anima la «pre-

miere quete» liberale : reinscrire la figure de Jesus dans l histoire en l arra-

chant a une «foi pure », sans liens avec l histoire, une «foi» qui ne serait

que reponse a des « besoins ». Cet effort a maintenant une histoire, faite

d echecs et de recommencements, d arrets et de renouvellements, d apories

et d euphories. Apres Ie seisme de Schweizer,puis l etiolement de la« deuxie-

me quete» autour de Kiisemann, nous voici dans ce que l on nomme depuis

Ie debut des annees 1990 la «troisieme quete du Jesus historique ». Dix

annees qui meritent deja un bilan auquel s emploie Ie precieux livre de Mark

Allan POWELL.

L auteur, professeur au Trinity Lutheran Seminary de Columbus (Ohio),

offre une synthese a la fois breve et bien informee des nombreux debats qui

s inscrivent dans cette« troisieme quete », essentiellement americaine. Apres

une rapide introduction, il propose un tableau fiche et varie des differentes

theses avancees ces dix demieres annees. Le merite du livre ne s arrete pas

la: non content de presenter d une maniere fort pedagogique et toute ame-

ricaine un debat en realite complexe, il situe ces travaux dans une proble-

matique historiographique plus large, portant sur la question des criteres et

de la methode.

Le premier chapitre «<Les historiens decouvrent Jesus») s efforce de

retracer l histoire de la quete historique de Jesus, depuis Ie XVIlie siecle et

la «premiere quete» jusqu au milieu du xxe siecle (la «deuxieme quete»

de la theologie post-dialectique). Le merite de ce chapitre n est pas seule-

ment didactique: il permet a M. A. Powell de montrer que la «troisieme

quete » ne trouve son sellSque sur Ie fond d une histoire plus longue: il y a

une histoire de la quete historique, une histoire instructive puisqu elle nous

permet de saisir sur Ie vir l interaction complexe entre travail historique et

historicite du travail historique lui-meme. Cette «double historicite» (ou

cette historicite de l enquete historique) ne devrait certes pas nous condui-

re au scepticisme radical de Schweizer, mais elle interroge Ie travail de l his-

torien.

Le deuxieme chapitre ( « Sources et criteres » esquisse une presentation

de ce qui fait Ie ClEurde la troisieme quete : la question des sources et celie

des criteres. L historien qui se penche sur la question du Jesus historique se

trouve devant une quantite de sources res modeste. Le renouvellement passe

des lors par deux chemins: l interrogation a nouveaux frais de sources

anciennes, eevaluees (ainsi de certains apocryphes), tres rarement de sources

nouvelles, et une discussion sur les criteres d authenticite (l attestation mul-

tiple, la dissimilarite, Ie langage et l environnement [culturel], la coherence,

etc.). A ce stade, l auteur se contente de l enumeration. Mais toute la ques-

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298

COMPTES REND US

tion estde savoircommenthierarchiseret articuler ces riteres.Pourne don-

neTqu'un exemple, . D. Crossan onde toute sa reconstitution d'un Jesus

non-apocalyptique ur e critere de l'attestation multiple, en ecartanta prio-

ri ce qui ne serait attesteque par tine seule source,ce qui Ie conduit a valo-

riser (sur-?) a double attestationQueUe & Evangilede Thomas.Question

difficile et decisives'il en est,qui aissera eut-etre e lecteurde M. A. Powell

sur sa aim.

Le troisieme chapitre «< nstantanes: magescontemporaines e Jesus»)

leve un premier voile sur a stimulante et parfois deconcertante iversite de

la troisieme quete. On y voit Jesus our a tour «prophete social» (R. A.

Horsley),« Juif charismatique» G. Vermes),«magicien» M. Smith),« sage

juif» (B. Witherington) ou encore«philosophe cynique» (F.G. Downing).

Cet« eclatement»dit bien quelquechosede la troisieme quete.La suite de

l'ouvrage accentuedu Teste e sentiment: la forte variation dans e jell des

criteres et dessources qui s'inscrit dans a recherche ecente redecouvrant

l'incroyable diversite du uda isme u premier siecle,mais aussides philoso-

phies et religionshellenistiques lus ou moinspresentes ncettememePales-

tine du ler siecle)suscite ine multitude de «pistes» que legchercheurs ar-

courent en tOllSgens.Les paradigmessautent, egenquetesse disseminent,

I' «enigme » se creuse.Si 'heure de a «synthese» commence sonner, lle

ne petit etre, comme on voit, que bien fragmentaire,de juxtaposition, en un

mot fort peu «synthetique».

Du quatrieme auneuviemechapitre,M. A. Powell sepenchesurquelques

figures importantes de la troisieme quete :,le JesusSeminar onde par R.

Funck (chapitre 4), J. D. Crossan chapitre 5), N. J. Borg (chapitre 6), E. P.

Sanders chapitre 7),J. P. Meier (chapitre 8), et enfin N. T. Wright (chapitre

9). Ceschapitres ont tOllS egmerites et leg quelques imites de l'ensemble

de l'ouvrage: its nous font decouvrir des travauxparfois peu connusenco-

re sur Ie continent, d'une maniere a la fois claire et bien informee, mais,

comme oute tentative de presentation 'ensembleet de synthese ansdoute,

ils nous laissentsur notre faim. L'essentielest ci la decouverteet l'horizon

qui s'ouvre: Ie Jesusde Crossans'inscrit dans 'ethico-sapiential uif (avec

influence hellenistique),sanshorizon eschatologique.Borg, quant a lui, en

se basantsur tine meme nterpretation de la couche a plus profonde de Q

(suivant en cela leg travaux de J. Kloppenborg), parvient aussia un Jesus

sapiential,dont 'eschatologie e seraitoriginellementque« politique », 'es-

poir d'un «renversementsocial». Cette igne est bien differente de celIe de

Sanders,qui renoue avec a questionde la messianitede Jesus, ur e fond

d'un judaisme beaucoupplus riche et divers que ne Ie pensaientencore un

Bultmann ou un Kiisemann.Meme resistanceet meme reprise de l'escha-

tologique et de l'apocalyptique chez Meier, contre un Jesus strictement

sapientialou cynique. Wright, pour sa part, rejoint cette resistanceen insis-

tant sur a conscience rophetique de Jesus, ans a ligne messianique.On

voit que Ie champ est arge et Ie debatvif: Ie lecteur sauragre a Powell de

nous y introduire.

Dans un dernier chapitre conclusif, M. A. Powell reprend leg grandes

questionsposeespar la troisieme quete, qui restent devantnous leg ques-

tions de methode (sourceset criteres), a place de Jesusdans e judaisme,et

dans quel udaisme (hellenistique? charismatique? rophetique ?), a ques-

tion de l'eschatologiqueet de l'apocalyptique, a question du politique, la

questionde a conscience e soide Jesus, tc. L'auteur s'interroge aussi, ort

judicieusementnous semble-t-il, sur legpresupposesdeologiquesqui ani-

ment legchercheurs.oar exemvle sur a Questiondu surnaturel.

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299

OMPTESRENDUS

Un livre passionnant, lair et solide, ouvrant sur de multiples questions

et introduisant a un champde recherches arfois meconnusur e continent.

Meconnaissanceeciproque? On pent se e demanderen constatant 'ab-

sence e toute reference ontinentale ecentedans a presentation e Powell,

y compris dans sa precieuse bibliographie de pourtant vingt-trois pages.

T. LAUS

MARGUERAT, aniel, NORELLI,Enrico POPPET,ean-Michel

(du.), Jesus de Nazareth. Nouvelles approches d'une enigme, Gene-

ve, Labor et Fides (Le Monde de la Bible, 38), 1998,612p. ISBN

9-782830-908572.

Amid the torrent of recent publications on the historical Jesus, many of

them generally classified as contributions to the « hird quest » of the histori-

cal Jesus, his book is a significant one for serveral reasons. It is a product of

a research programme in the universities of Lausanne, Geneva, Neuchatel and

Fribourg, and so most of its contributors (13) are francophone scholars from

Switzerland and France, joined by one francophone Canadian, two English-

speaking North Americans, two Italians, two Germans and four German-

speaking Swiss.While thus genuinely international, it represents most obvious-

ly and engagement by francophone scholars with the third quest, treated here

mainly as a North American phenomenon (British third-questers such as Geza

Vermes, N. T. Wright, or A. E. Harvey are ignored). It deserves not only to

rank as a new landmark in the important tradition of francophone study of

the historical Jesus here surveyed in a useful essayby E. CuVILLIER), but also

to contribute to the North American debate itself. In addition, it is unusual

(in the context of contemporary historical Jesus research) in its interdiscipli-

narity, including contributions by three systematic theologians, who interact

with the biblical scholars, alongside also experts in Jewish studies and histo-

rians of art and literature, However, the dialogue between biblical and theo-

logical scholars is disappointingly one-sided. The presumption on all sides

seem o be that the exegetesprovide the historical results with which the theo-

logians must then come to terms. There is very little theological critique of the

quest, despite the fact that there is a strong rejection of the positivist illusion

of historians' neutrality (D. MARGUERAT, . 561-562)and despite recognition

of the secular ethos of the American third quest, with its deliberate removal

of Jesus from christology and the history of salvation (V: Fusco, p. 42). Never-

theless this is a rich and wide-ranging volume, comprising surveys and ana-

lyses of Jesus scholarship, studies of Jesus in nineteenth-century French art

and literature, first-century Judaism and Jesus' relation to it, the character of

Jesus' role and teaching, the value of apocryphal Christian literature for the

quest, Jewish readings of Jesus, and systematic theological reflections. One

only misses attention to the contribution of the Fourth Gospel to the quest,

since the only essay o deal with John concerns not the quest, but the signifi-

cance of the eartWy Jesus for Johannine theology (J. ZUMSTEIN).

Obviously a short review cannot do justice do such varied content. I will

limit myself to mentioning four themes and issues which for me emerged from

more than one essay as significant contributions to the quest. First, there is a

strong rejection (especially by V. Fusco, D. MARGUERAT nd J. SCHLOSSER)

of the dichotomy between eschatological and sapiental elements in the Gos-

pel traditions, which has led to reconstructions of Jesus exclusively in one or

other of these modes: an apocalyptic visionary (E. P. Sanders) or a socially

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300

COMPTES RENDUS

radical wisdom teacher (D. Crossan, B. L. Mack etc.). This dichotomy is cor-

rectly shown to be alien to first-century Judaism (D. MARGUERAT), hough

surprinsingiy without reference to the Qumran wisdom texts which now show

how far Jewish wisdom was also eschatological by Jesus' time. MARGUERAT

and S~OSSER both argue for a Jesus whose teaching in sapiental form was

decisively affected by his expectation of the coming kingdom. Moreover, the

dichotomy between wisdom and apocalyptic fails the test of the criterion of

«sufficient explanation» which is the second theme to which I wish now to

draw special attention.

\/: Fusco's incisive, critical account of the history of all three questsends with

a brief but important discussion of criteria of authenticity, notable for its refu-

tation of the way Crossanuses he criterion of multiple attestation. Fusco argues

that the criterion« par excellence », under which the others, nsofar as hey have

validity, can be subsumed, s what he calls the criterion of « sufficient explana-

tion» (p. 53) and D. MARGUERAT alls the criterion of «historical continuity»

(p. 294). It means that Jesusand his teaching must have been such as o explain

both the facts of his own fate and the character of earliest Christianity, as well

as the variety of the Gospel traditions. The criterion is not new. Indeed, Cros-

san himself defined a form of it, only to reject it later as oo subjective. As Fusco

points out, it is a criterion with which much good Jesus scholarship has implici-

tely worked. It is good to see ts superiority to the more commonly defined cri-

teria set out in Fusco's essayand exemplified in MARGUERAT's.

Since the extra-canonical Gospels and Gospel traditions are a topic of com-

mon interest between Swiss biblical scholarship and the American third ques-

ters, the contributions of J.-D. KAESTLIand E. NORELLI,on the GospelofTho-

mas and Papyrus Egerton 2 respectively, along with NORELLI'S oncluding

reflections on the historical sources for the quest, are of special nterest. KAEST-

u is critical both of Crossan's excessivelypositive and John Meier's excessively

negative evaluation of Thomas as an independent source of Gospel traditions.

NORELLIargues that the question of dependence or interdependence of the

canonical sources s not the most important question; rather the extra-canoni-

cal sources are part of the whole picture of the various ways in which Jesusand

his teaching were received and reflected in early Christian traditions, of all of

which an adequate account of the historical Jesusmust take account.

Finally, several of the contributors (G. THEIssEN,G. RoCHAIs,C. GRAPPE),

join Richard Horsley in seeing in the ministry of Jesus a distinctive response

to the socio-economic crisis of Jewish-Palestine in his time. Gerd THEISSEN'S

masterly essay s especially illuminating in its attention to the precise chro-

nological place of Jesus' ministry and in expounding the crisis as created by

the political and cultural integration of Palestine into the Roman Empire.

R. BAUCKHAM

LUDEMANN,Gerd JANSSEN, artina, Suppressed Prayers. Gnos-

tic Spirituality in Early Christianity, trad. par John Bowden, Lon-

don, SCM Press, 1998, 174 p. ISBN 0-334-02716-0.

Cet ouvrage epresenteune nouvelle edition, augmenteeet corrigee,de

l'original allemand UnterdruckteGebete.GnostischeSpiritualitiit m fruhen

Christentum Stuttgart,Radius Verlag, 1997), raduit par John Bowden. Ce

livre fournit une Ies utile anthologiede extesspirituelsanciensd'inspiration

gnostique.

Les textes sont presentesen traduction,sans exte original en regard. Is

sont raduits du grec,du latin, du syriaque,du corte et du mandeen les ver-

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301

OMPfES RENDUS

sions syriaques et mandeennes sont dues a Roald Zellweger, p. 10). La matie-

re est organisee selon quatre grands themes, a leur tour subdivises en sous-

rubriques: Ie PeTe nconnu (p. 17-38), a chute et la souffrance dans Ie monde

(p. 39-56), Ie salut et Ie retour (p. 57-119) et l hostilite de la part de l Eglise

(p. 120-123), auxquels s ajoute tine section contenant des donnees supple-

mentaires sur res differents themes (p. 124-147).

Une introduction generale presente Ie cadre historique, tandis que d autres

introductions particulieres presentent chaque theme principal et chaque texte.

La traduction, avertit la preface, est souvent libre, et les phrases incompre-

hensibles ou trop longues ont ete coupees, alors que d autres peu claires ont

ete completees ou corrigees, et ce toujours dans Ie but de fournir une traduc-

tion aisement lisible. II va sans dire que toutes res interventions sont signalees

dans Ie texte avec des signes diacritiques (p. 9). Des notes en fin de volume (p.

148-170), tine notice sur les sources (p. 171) et une bibliographie sommaire (p.

173-174)concluent Ie livre. On regrettera l absence d index analytique.

Quels sont es textes figurant dans cette anthologie, et de quelle epoque sont-

ils? La preface declare qu il s agit d une collection de textes taxes d heretiques

par l Eglise (p. 9), mais Ie choix comprend aussi (heureusement) des extes qui

n ont que peu a voir avec Ie christianisme, notamment des textes mandeens,

manicheens, hermetiques et neo-platoniciens (cf. p. 12-14). L adjectif« gnos-

tique » doit donc ici etre entendu dans son sellS arge. L introduction generale

Teste assezvague sur la datation de res textes. Elle presente la situation ecla-

tee du christianisme a ses debuts, plus particulieremnent au COUTsu deuxie-

me siecle. A cette epoque beaucoup de groupes heterodoxes subsistaient, dont

les textes ont difficilement survecu aux attaques des auteurs ecclesiastiques et

a la persecution de l Eglise, qui se deroulera toutefois un peu plus lard (d. p.

11). On pourra dater une partie des textes cites dans cette anthologie du deuxie-

me siecle, mais beaucoup sont du troisieme, voire du quatrieme.

II me semble que les auteurs insistent souvent sur l intolerance de l Eglise

envers les gnostiques, alors que ceux-ci apparaissent comme des champions

de la liberalite. Ainsi s explique Ie developpement du quatrieme theme, qui

conceme l hostilite de l Eglise a leur egard. Par exemple, a propos de l atti-

tude positive des gnostiques envers les femmes (p. 15 et n. 22), les auteurs ne

mentionnent pas que les Actes de Paul et Thecle, contemporains, rencontrent

un grand sucres dans la plupart des eglises «officielles », ce qui pourrait indi-

quer que la condition « nferieure » de a femme etait aussidiscutee au sein de

l Eglise. Quoi qu il en soil, ce recueil offre un bon aper~u des themes majeurs

de la spiritualite gnostique. On remarque ainsi Ie caractere a la fois modeme

et ancien de cette forme de religiosite (par exemple sa nature rationnelle et

existentielle, son caractere elitaire et son mepris du corporel). Ce choix de

textes permet enfin de se plonger dans e climat spirituel tourmente de l epoque

qui va de Marc Aurele au seuil de l age de Constantin, oilles differentes gnoses

s inscrivent bien (tout comme Ie christianisme).

Les traductions sont tres lisibles. Les notes de commentaire aux textes sont

toutefois tres fares sinon inexistantes. II faut donc se servir des explications

donnees dans les introductions, qui sont lisibles et d une remarquable quali-

te ; pour alleger Ie texte, tout discours technique est en effet concentre dans

des notes en fin de volume, oil figurent des renvois bibliographiques utiles, et,

parfois, la discussiondes positions critiques actuelles. Dans ces notes, on aurait

pu encore signaler les problemes poses par l identite d Hippolyte (dont on cite

l Elenchos) et l existence de deux Apocalypses de Paul (on cite ici celIe de Nag

Hammadi).

Grace a ce livre, qui, tout en etant facile d acces, respecte les exigences du

discours scientifique, Ie lecteur peut donc se familiariser avec les principaux

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302

COMPTES RENDUS

textes (et inscriptions) gnostiques parvenus en tradition directe (textes de Nag

Hammadi, Corpus Hermeticum, etc.), ainsi qu avec les sources indirectes,

constituees principalement par les plus anciens auteurs ecclesiastiques qui se

sont occupes de gnose (Irenee, etc.), et des quelques textes apocryphes qui

conservent des traditions gnostiquesoDans Ie champ des apocryphes, ce livre

cite en particulier les Odes de Salomon comme texte gnostique, bien qu avec

prudence (po 15, 81, 103-104), et des passagesd influence gnostique tires des

Actes de Jean (po 67-70, 73,107-108) et des Actes de Thomas (p. 98-99, 101-

103,105-107).

C.

ZAMAGNI

MIKKELSEN, Gunner B., Bibliographia Manichaica. A Compre-

hensive Bibliography, Thmhout, Brepols (Corpus Fontium Mani-

chaeorum, Subsidia I), 1997, xlvi + 314 p. ISBN 2-503-50653-4.

Le renouveau actuel des etudes manicheennes imposait la confection d une

bibliographie qui balise I essentiel des champs couverts par la discipline. Voici

chose faite avec I ouvrage bienvenu de G. B. Mikkelsen dans Ie cadre de la

collection annexe, publiee par les editions Brepols, des nouvelles editions cri-

tiques des textes manicheens, Ie Corpus fontium manichaeorum (C.F.M.).

Apres une preface d A. van Tongerloo, qui dirige ce corpus, et les remercie-

ments d usage par I auteur, une introduction de cinq pages rappelle les prin-

cipales initiatives bibliographiques concernant les etudes manicheennes. Puis-

qu il mentionne en premier la contribution de H.-Ch. Puech dans Ie troisieme

volume de I Histoire generale des religions chez Quillet, on peut aussi ren-

voyer a une version augmentee de cette bibliographie, pratique parce que les

titres sont classes par reuvres manicheennes, dans la presentation du mani-

cheisme publiee dans H.-Ch. Puech (ed.), Histoire des Religions, t. 2, Paris,

Gallimard (Encyclopedie de la Plelade), 1972,p. 636-645. G. Mikkelsen men-

tionne toutefois cette contribution, ailleurs dans Ie volume, dans Ia liste des

articles de H.-C. Puech, sous Ie n 2295; par un curieux hasard, ce titre est

aussi attribue a tort a G. Monnot, sous Ie n 1907 (avec une reference erro-

nee, p. 524 au lieu de 523). Parmi les bibliographies sur Ie manicheisme, on

peut aussi ajouter la bibliographie iranienne de F. Razi, Teheran, 1994 (men-

tionnee seulement sous Ie n 2361), qui classe par langue les titres sur Ie mani-

cheisme ecrits en persall, anglais, fran~ais et allemand, soit quand me-mepres

d un millier de titres. Le reste de I introduction de G. Mikkelsen presente Ia

liste des abreviations, des collections et des periodiques utiles pour Ie corps

de I ouvrage.

La bibliographie proprement dite repere plus de 3600 titres (volumes et

articles) et comporte trois parties: une liste des contributions sur Ie mani-

cheisme classees par nom d auteurs, une section speciale pour les travaux en

chinois et en japonais, et un index des sources manicheennes et antimani-

cheennes classeespar langue. Un coup d reil global sur cet imposant volume

permet de retrouver tres facilement la bibliographie d un auteur, quand on

connait son nom. Comme G. Mikkelsen a pris la peine de contacter indivi-

duellement Ie maximum de personnes, il a pu beneficier souvent d informa-

tions directes. Mais comme il a pris Ie paTti de donner un maximum de don-

nees sur les etudes manicheennes, on ne sait pas toujours ce qui a preside aux

choix pour inclure et exclure tel ou tel titre de sa base de donnees. Dans I in-

troduction (p. XIII), il dit explicitement qu il s en tient aux textes manicheens

ou presumes tels. Si I on prend I ouvrage de F. C. Burkitt, The Religion of the

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303

OMPfES RENDUS

Manichees, Cambridge, 1925 (classe ici SOliSe n 457), un lecteur non initie

ne saura pas que les fragments syriaques edites en fin de volume ne sont pas

manicheens, d'autant plus qu'ils sont repertories dans l'index des sources

syriaques du manicheisme p. 312.

De plus, bon nombre de titles font partie de celie bibliographie qui ne trai-

tent que du gnosticisme, comme si l'on pouvait assimiler Ie manicheisme au

gnosticisme ; il aurait ete plus simple de fixer un critere precis et de s'en tenir

aux travaux sur les sources gnostiques du manicheisme. On touche la line des

limites de la bibliographie, car s'il fallait aborder la gnose, il aurait peut-etre

fallu consacrer line section de la bibliographie a ce type d'etudes. Dans un

autre secteur, on reperera de nombreux travaux sur saint Augustin; mais la

aussi, Ie debutant en etudes manicheennes ne retrouvera pas facilement les

principaux travaux sur les relations d' Augustin avec Ie manicheisme, malgre

la page de references chiffrees aux sources augustiniennes dans l'index des

sources, p. 311. Entin, du cote des etudes iranologiques et islamiques, il exis-

te plus de travaux qui concernent Ie manicheisme que ne Ie laisse apparaitre

la simple consultation de listes bibliographiques : par ex. Ph. Gignoux, « La

doctrine du macro-microcosme et ses origines greco-gnostiques », dans P.

Vavrousek (ed.), Iranian and Indo-European Studies,Memorial Volume of O.

Klima, Prague, 1994,p. 27-52, ou G. Monnot, «Abu Qurra et la pluralite des

religions », Revue de I'Histoire des Religions CCVIII (1991), p. 49-71 (sur Ie

manicheisme, p. 58s.).

En revanche, dans a ligne des travaux bibliographiques de J. Ries, on appre-

ciera leg references aux reuvres anciennes qui depuis la Renaissance traitent

du manicheisme, a l'occasion de controverses theologiques (ex. Bebel n 184;

Bernard -Birch -Lockman n 219; Crocius n 660; Eckbertus n 822 etc.).

Dans la section dediee aux titles chinois et japonais (p. 281-301), Ie lecteur

occidental appreciera aussi a traduction des titles TereTeS.On est aussi frap-

pe par Ie ires net renouveau des etudes manicheennes en Chine depuis line

vingtaine d'annees. La derniere section de l'ouvrage (p. 303-314) epresente

un index des sources,manicheennes et antimanicheennes, avec les references

chiffrees aux titles mentionnes dans la bibliographie. Ces quelques pages sont

indispensables pour retrouver les travaux publies sur un texte particulier ; en

ce qui concerne les innombrables fragments iraniens ou turcs, il etait sans

doute difficile d'envisager line lisle detaillee avec les references aux publica-

tions ; il faut donc utiliser maintenant Ie repertoire pratique de S. Lieu «<Wor-

king Catalogue of Published Manichaean Texts », Manichaeism in Central Asia

and China, Leiden, Brill [Nag Hammadi and Manichaean Studies, XLV], 1998,

p. 196-246), celui de L. Clark pour les textes turcs «<The Thrkic Manichaean

Literature », dans P. Mirecki J. BeDuhn [ed.], Emerging from Darkness,Lei-

den, Brill [Nag Hammadi and Manichaean Studies, XLIII], 1997,p. 89-141),

et a lisle de traites antimanicheens grecs et latins de S. Lieu ( « List of the main

anti-Manichaean works in Greek and Latin [3rd-6th century] ». dans Mani-

chaeism n Mesopotamia and the Roman East, Leiden, Brill [Religions in the

Greco-Roman World, 118], 1994, p.197-202), ainsi que l'ouvrage de W. Klein,

Die Argumentation in den griechisch-christlichen Anti-Manichaica, Wiesba-

den, Harrassowitz, 1991. Avec l'arrivee de nouveaux textes manicheens de

l'oasis de Dakhla, il faudra prevoir un jour une bibliographie manicheenne

qui presente de maniere critique les references principales aux editions de

chaque texte maintenant a disposition. Les specialistes des litteratures apo-

cryphes pourraient y retrouver les versions manicheennes de certaines tradi-

tions juives et cmetiennes apocryphes.

I.-D. DUBOIS

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304

COMPTES RENDUS

ADAMIK,Tamas, BOLYKI, anos, DERI,Balazs, KIsm, Klara, bsz,

Ferenc, PESTHY,Monika, SIMON, . Zoltan & SZEPESSY,ibor,

Apokrif levelek,Budapest, Telosz (Apokrif iratok), 1999, 208 p.

ISBN 963-8458-176.

Ce recueil de Lettres fait suite aUK rois volumes de traductions deja publies

chez Ie meme editeur (voir notre compte-rendu dans Apocrypha 10, p. 314-

317). D'apres la presentation qui figure sur la quatrieme de couverture de ce

nouveau livre, Ie lecteur a dans les mains une collection de lettres oula figu-

re de Jesus ainsi que son epoque apparaissent sous un nouvel eclairage, grace

notamment a la correspondance d'Herode avec Pilate, de Pilate avec Tibere,

de Seneque avec saint Paul.

Voici Ie contenu de ce volume: Lettre d'Aristee Ii Philocrate (p. 5-43),

d'apres Ie texte critique, avec traduction et notes, publie par A. Pelletier, Paris

(Sources Chretiennes, 89), 1962; Ie traducteur, L. Z. Simon, pour rnieux pou-

voir restituer Ie sells de quelques passagesobscurs ou corrompus du texte grec

a egalement tenu compte de la traduction anglaise de H. T. Andrews dans

R. H. Charles, The Apocrypha and Pseudepigrapha of the Old Testament n

English, II, Oxford, 1913,p. 83-122, et de l'etude de J. R. Bartlett, Jews in the

Hellenistic World. Josephus, Aristeas, The Sibylline Oracles, Eupolemus, Cam-

bridge, 1985,p. 11-34. -L' Epitre des Apotres. Testamentde notre Seigneur et

notre Sauveur Jesus-Christ (p. 44-63), d'apres Ie texte ethiopien publie par L.

Guerrier, avec e concours de S. Grebaut, Paris (Patrologia Orientalis, 9), 1913,

p. 143-234. Contrairement au titre, la traduction commence avec Ie Testament

et se poursuit avec ' Epitre (sur ces ecrits voir J -N. Peres,L' Epitre desApotres

Turnhout, Brepols [Apocryphes, 5], 1994,p. 20-30). -L' Epitre apocryphe de

Jacques p. 64-70), d'apres Ie texte du Codex Jung publie par M. Malinine, H.-

Ch. Puech et alii, Epistula Iacobi Apocrypha, Zurich & Stuttgart, 1968. -

Epitre de Paul aux Laodiceens (p. 71), d'apres Ie texte publie par A. von Har-

nack, Apocrypha IV; Die apokryphen Briefe des Paulus an die Laodicener

und Korinther, Berlin (Kleine Texte ffir Vorlesungen und Ubungen, 12),

1931,p. 2-6 et J. B. Lighfoot, St. Pauls Epistles to the Colossians and to Phi-

lemon, Peabody, Massachusetts, 1879 (reimpression en 1987), p. 274-300.-

«Lettre des Corinthiens a Paul» (p. 72) et «Lettre de Paul aUKCorinthiens

au sujet de la chair» (p. 73-74), c'est-a-dire Correspondance de Paul avec les

Corinthiens (ou Actes de Paul X, 2-6) d'apres Ie Papyrus Bodmer X, publie

par M. Testuz, Geneve, 1959,p. 30-45. -Co espondance de Paul et de Seneque

(p. 75-80), d'apres L. Bocciolini Palagi, II Carteggio apocrifo di Senecae san

Paolo. Introduzione, testo, commento, Firenze, 1978. -«Lettre de Pierre a

Jacques» (p. 81-84) et« Lettre de Clement a Jacques» (p. 85-91), c'est-a-dire

Homelies du Pseudo-Clement, d'apres Ie texte publie par B. Rehm, Berlin

(GCS), 1953, p.1-22, et d'apres la traduction de Georg Strecker dans New Tes-

tament Apocrypha, II : Writings relating to the Apostles, Apocalypses, and Rela-

ted Subjects. English translation edited byR. McL. Wilson, revised edition,

Louisville & Cambridge, 1992. -Epitre de Bamabe (p. 92-109), d'apres Ie

texte publie par F. X. Funk, Patres Apostolici, I, Tfibingen, 1878. -« Epitre

de Tite, disciple de Paul, sur la virginite» (p. 110-125), d'apres Ie texte publie

dans PLS II, Paris, 1960,col. 1522-1542. « De la correspondance de Pilate »

(p. 126-132) sont traduits :« Lettre d'Herode a Pilate» (p. 126-127), d'apres

Ie texte publie par M. R. James, Apocrypha anecdota, II, Cambridge (Texts

and Studies, V /1), 1897,p. 68-69; « Lettre de Pilate a Herode » (p. 127-128),

d'apres Ibid., p. 66-67; «Le rapport de Pilate sur Jesus-Christ, notre Seigneur,

que Ie gouverneur a envoye a Rome a l'empereur Auguste» (p. 128-131),

d'apres la version longue du texte publiee par C. von Tischendorf, Evangelia

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305

OMYrES RENDUS

apocrypha, Hildesheim, 1966 (reimpression de l'edition de 18762); «Lettre de

l'empereur Tibere a Pilate» (p. 131-132), d'apres Ie texte publie par M. R.

James, Op. cit., p. 78-81. -« Correspondance d' Abgar (Abgaros), roi d'Edes-

se, avec Jesus» (p. 133-136), d'apres Eusebe de Cesaree, Histoire Ecclesias-

tique 1,13. La source utilisee pour la traduction n'est pas mentionnee. -« L'en-

seignement de l'apotre Addai» (p.137-140), c'est-a-dire La doctrine d'Addai;

1-7,74-76, d'apres Ie texte publie par G. Howard, The Teaching of Addai,

Chico, California (Texts and Translations, 16. Early Christian Literature

Series,4),1981.-« Mani, Epistu/ajimdamenti (extraits»> (p.141-143), d'apres

Ie texte publie par A. Adam, Textezum Manichiiismus, Berlin, 1954,p. 27-30.

-«Lettre de Mani a Markellos» (p. 144), c'est-a-dire Hegemonius, Acta

Archelai, V; d'apres Ie texte publie par C. H. Beeson, Leipzig (GCS), 1906,

p. 5-8. -«Lettre du ciel, ou l'Edit de Dieu envoye a Rome. Lu Ie deuxieme

dimanche du Careme» (p. 145-150), d'apres la version a du texte publie par

M. Bittner, Der yom Himmel gefallene Brief Christi, Wien (Denkschriften der

Akademie der Wissenschaften in Wien. Philosophisch-historische Klasse, 51),

1906,p.1-240; sur cet ecrit, voir N. F. Palmer,« Himmelsbrief», Theologische

Realenzyklopiidie XV; Berlin New York, 1986,p. 344-346.

Ce volume particulierement heteroclite se termine avec une «Postface »

qui presente brievement Ie genre litteraire epistolaire, parle de la lettre dans

Ie monde antique et donne Ie resume des traductions. La perspective est pure-

ment litteraire. Les notes sont de valeur tres inegale, a predominance biblique.

C'est pourquoi Ie travail de Balazs Deri (Epitre apocryphe de Jacques,es deux

lettres de Mani) merite d'etre salue. Ses ntroductions plus historiques appor-

tent des renseignements qui permettront au lecteur peu familier avec a theo-

logie et l'histoire du christianisme ancien de situer et de comprendre Ie texte

en question. D'une maniere generale, e merite de cette collection est de rendre

accessible des ecrits jusque la meconnus, ce qui est deja considerable.

A.

JAKAB

BOVON,Fran~ois, BROCK,Ann Graham MA1THEWS, hristo-

pher R., The Apocryphal Acts of the Apostles,Cambridge (MA),

Harvard University Press (for the Harvard University Center for

the Study of World Religions) (Harvard Divinity School Studies,

Religions of the World), 1999,pp. xxx+394. ISBN 0-945454-18-X.

Ce recueilde douzecontributions,qu'il n'estguerepossiblede discuteren

detail dans es limites imparties a cette recension, 'ouvre par de precieux

conseilsque F. BOVON,ort de sonexperiencepersonnelleavec es Actesde

Philippe,prodiguea qui voudrait se ancerdans 'edition de piecesde a litte-

rature apocryphe.

Les rois etudessuivantes ont egroupees ansune sectionntitulee « Per-

formanceand Rewriting» : Christine M. THOMASevient, avecde nouveaux

developpements,ur a prehistoire et es sources esActesde Pierre.Comme

G. Poupon,elle voit dans es Actesde Verceil un remaniement esActespri-

mitifs, mais plutot que de Ie lier au conflit souleveen Occidenta proposde a

secondepenitence (debut du IIIe s.), elle se refere a la lettre de Denys de

Corinthe aux Eglisesd'Amastris et du Pont (Eusebe,Histoire ecclesiastique,

IV.23.6)pour Ie situer en Asie, veTSa fin du lie siecledeja. Par ailleurs,elle

attribue aucopistedu codexde Verceillui-meme e transfertde 'episoded'Eu-

bula auch. 17et, correlativement, ' omissiondu debutdesActes.Elle note en

ce sensque Ie brusque passageau nominatif dans a formule ad quandam

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306

COMPTES RENDUS

mulier Eubola (AAA 1,63,2)suggere que Ie responsable du transfert travaillait

sur line source latine; mais la graphie aleatoire du codex permet-elle line

pareille conclusion? De plus, la suscription du Vatopedi 79 (cf. l'apparat de

AAA I, 78) montre que, dans la tradition grecque deja, la fin des Actes avait

ete excisee pour etre rattachee, comme dans Ie codex de Verceil, aux Recon-

naissancespseudo-clementines.. .-A partir des versions arabe et ethiopien-

ne des Actes de Marc, egalement attestes en grec (BHG 1035) et par quelques

fragments cortes, Allen D. CALLAHANentend prouver que ce texte a ete ori-

ginellement compose en corte; leg ndices qu'il avance a l'appui de sa these

paraissent cependant assez ragiles. -Enfin F. BOVONmontIe, a partir de la

huitieme homelie de Nicetas Ie PapWagonien sur Jacques, ils d' Alphee, tout

l'interet qu'il y a a etudier de semblables documents tardifs pour comprendre

la spiritualite byzantine... et pour apprendre incidemment que Jacques a ete

crucifie a Ostrakine, en Egypte, apres avoir preche a Eleutheropolis (donnees

empruntees aux traditions relatives a Simon-Judas ou a Thaddee?) Bovon

pense plutot a une tradition originale sur Jacques,ce que pourrait appuyer la

Passion toujours inedite de cet apotre (BHG 762z).

Les deux etudes suivantes traitent du niveau de la langue des Actes apo-

cryphes, tIes variable d'une oeuvre a l'autre. David H. WARRENuse surtout

de criteres statistiques: complexite des phrases (parataxel hypotaxe), style

des prefaces, position du verbe, particularites diverges tournures semitisantes,

etc.). Son deuxieme critere est assezcurieusement choisi puisqu'on ne connait

Ie debut que des Actes de Thomas, oil la scene de la repartition des champs

missionnaires semble d'ailleurs secondaire (elle a se passe en effet a Jerusa-

lem, tandis que Ie fecit se poursuit... dans un port ) Toujours a propos des

Actes de Thomas, Warren estime difficile de savoir s'ils ont ete traduits du

syriaque, mais il ne s'est pas demande pour autant si, Ie cas echeant, on pou-

vait sans autre comparer la qualite de leur grec a celui d'ecrits rediges d'em-

blee dans cette langue. -Plus intuitivement, Evie ZACHARlADES-HoLMBERG

tente, pour sa part, de reperer leg developpements linguistiques qui, jusque

dans leg Actes leg plus atticisants, annoncent leg formes du grec moderne.

Les six etudes suivantes sont consacrees aux aspects itteraires et religieux :

Ann Graham BROCKmet en evidence leg attitudes opposees des Actes de Paul

et des Actes de Pierre a l'egard des autorites politiques, du role des femmes,

des valeurs familiales et de l'organisation ecclesiastique. Ses observations sont

generalement convaincantes, quoique parfois un pen forcees, comme lors-

qu'elle s'indigne que Pierre puisse appeler a a repentance Eubula,« coupable»

d'avoir ete la victime de l'indelicatesse de Simon (p.157) Eubula n'etait-elle

pas tout simplement paienne? -Caroline JOHNSONropose de chercher l'ori-

gine de la forme des epicleses des Actes de Thomas 27 et 50 (caracterisees par

l'anaphore de EAeE) n leg rapprochant de textes magiques. Sa demonstration

n'est guere convaincante, car leg magiciens qui usent de cet imperatif requie-

rent l'aide d'une divinite pour eux-memes (EAeE 10L),ce qui n'est pas Ie cas

dans leg extes envisages; lorsqu' elle en vient a commenter ces textes, elle ne

propose d'ailleurs aucun rapprochement avec leg extes magiques. -ChI. R.

MAlTHEWSetudie Ie cas des animaux parlant dans leg Actes de Pie"e, leg Actes

de Thomas et leg Actes de Philippe a la lumiere des reflexions philosophiques

sur a rationalite des animaux. -Laura S. NASRALLAH 'interesse a la conclu-

sion des Actes d'Andre 65. Partant de a fonction maleutique du A6yo<; u des

A6YOLans ces Actes, notamment du passage affirmant que Maxirnilla, ayant

ecoute leg paroles de l' apotre, « devint ce que res paroles signifiaient» (ch.

46), et recourant aux analysespragmatiques de la lecture, elle montre que l'au-

teur y definit son lecteur implicite: c'est celui qu'atteindront leg paroles qu'il

s'est efforce lui-meme de transmettre dans son oeuvre. -Du fait que leg Actes

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307

OMPTESRENDUS

apocryphes des Apotres deprecient ce qui est charnel, David W. PAO s'eton-

ne du role que jouent les guerisons dans Ie resume qu'en a donne Gregoire de

Tours; et d'expliquer que l'auteur recourt ii ce type de recits soit pour prou-

ver Ie sucres d'un exorcisme, soit pour amener la conversion des foules, soit

encore pour en degager un enseignement ethique. Enfin, mais c'est peut-etre

par Iii qu'il aurait fallu commencer, Pao suggere que les guerisons des Actes

symbolisent la valeur salutaire des paroles de l'apotre. Dans ce sellS, la gueri-

son initiale d'un aveugle, possede par Ie diable, qui, tout en sachant que l'apotre

pouvait Ie guefir, preferait lui demander l'aumone, apparait comme bien autre

chose que la confirmation d'un exorcisme (p. 266): n'y faut-il pas voir une

mise en garde contre une lecture plate des miracles suivants? -N. SLATER

montre enfin que les Actes de Philippe emanent d'une communaute asiate

encratite qui en est reduite ii la defensive, face aux menees de la grande Egli-

se; leur description des peines infemales (1.5-16), ii la difference de celIe des

Actes de Thomas 51-61, ne fustige en effet pas les fautes sexuelles, mais urn-

quement les calomnies dirigees contre les vierges (et contre un clerge mixte).

En appendice, edition de deux petites pieces: Ie Martyre d'Ananias (BHG

75y) par F. BOVON et E. ZACHARlADES-HOLMBERG, et l' Hypomnema de saint

Jean (BHG 919fb) par Yuko TANIGUCHI, F. BOVON et A. ANTONOPOULOS.

L'ouvrage, agreablement presente, comporte ici ou Iii de petites erreurs.

Ainsi, Chr. Thomas commet -elle une bevue en ecrivant, ii propos des recits de

resurrections des Actes de Pierre 25-28: «The resurrection of the first victim

only takes place after Peter has performed another complete resuscitation»

(p. 54). Parlant du style recherche des Actes apocryphes des Apotres, Evie

Zachariades affirme qu'au debut de la reponse de l'apotre ii Maximilla au ch.

4 (lignes 9-11 de I' ed. de Prieur), un auteur moins maniere eut place ToiJT6 EU-

TlV apres Ie vocatif (p. 132); mais la phrase garde-t-elle Ie meme sells si l'ob-

jet du verbe de la principale «< ce qui trouble Ie plus ceux qui [...] se toument

vers la foi en Dieu, c'est de voir guefir ces maux qui semblent desesperes ii la

plupart des gens») devient Ie sujet de l'infinitive «< e plus troublant, c'est que

ceux qui [...] se toument vers la foi en Dieu voient guefir... » ? Dans leur

commentaire sur Ie texte du Martyre d'Ananias, les editeurs decrivent la pre-

miere phrase du § 9: EV BE TalS' TII1EpalS' EICElvalS' EupE6ELS' > CiYlOS Ava-

vlaS' lCaTa T1')V xwpav EICElV1lv6EpaTTElxuVToilS EICElUEd&>-<j>oilS', }V yap I>

KUplOS I1ET' airroiJ TTapEXWV8l' airroiJ T1')V (aulv TOlS' du6EvoOOlV, comme

« a phrase without a principal verb that contains two present participles (6Epa-

TTElxuV nd TTapEXwv) eparated by an insertion«< for the Lord was with him») »

(p. 323); or les deux participes ne sont pas au meme niveau, puisque le second

a pour sujet le Seigneur et non Ananias (Ol' airroiJ); comment y aurait-il donc

une incise entre eux? Quant a I'absence de verbe principal dans la premiere

proposition, on pourrait y suppleer en corrigeant EupE6ElS'en EUpE~.

Y. TISSOT

Libri de Natiuitate Mariae. Pseudo-Matthaei uangelium.Textus et

commentarius, cura Jan GUSEL.Libellus de Natiuitate sanctae

Mariae. Textus et commentarius, cura Rita BEYERS, vol., Turn-

bout, Brepols (CorpusChristianorum,SeriesApocryphorum, 9-10),

1997, pp. xvi+S20+4S6. SBN 2-S03-41091-X& 2-S03-411101-X.

Dans e premier de cesdeux volumes, an GUSEL, ont a these, outenue

en 1971, oncemaitDie unmittelbareTextUberlieferunges og. Pseudo-Mat-

thilus (c'est e titre de a versionallemandeabregeepubliee a Bruxelles en

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308

COMPfES RENDUS

1981), nous livre tine nouvelle edition critique du Pseudo-Matthieu, un rema-

niement latin du Protevangile de Jacques augmente d'une serie de prodiges

accomplis pendant la fuite en Egypte.

La lisle des emoins manuscrits du Pseudo-Matthieu (decrits aUK . 108-217)

s'eleve a 190. GUSEL eg repartit entre quatre familIes (p. 71-97), composees

de sous-groupes et de branches (p. 218-264). Les temoins que Gijsel, en repre-

nant tine designation d' E. de Strycker, definit comme metaphrastiques (ceux

oil les scribes adaptent tellement Ie fecit au gout et aUK xigencesde leur milieu

que Ie Pseudo-Matthieu« a passepar tine metamorphose; il est devenu Ie vehi-

cule de leurs opinions ou de celles du groupe pour lequel ils ecrivent », p.187)

ne sont pas pris en compte dans l'apparat critique, malgre l'interet de ces

temoins pour l'histoire de la reception, que Gijsel souligne.

Nous en venons ainsi a tine question cruciale: lorsqu'on edite un apocryphe,

il faut savoir ce que Pon vetil editer, et en prevenir Ie lecteur. Etant donne que

les apocryphes se caracterisent par la mobilite de leur texte, en travaillant avec

leg outils classiques de la critique textuelle, on ne petit souvent pas remonter

plus haul qu'un certain nombre de formes textuelles d'un ouvrage donne, done

de subarchetypes. A chaque endroit oil ceux-ci different entre eux, on avan-

cera des hypotheses sur la forme la plus ancienne et sur es raisons de la modi-

fication, mais il devient impossible d'ecarter separement chacune des variantes

jugees secondaires,car elles sont solidaires d'une revision d'ensemble du texte,

d'une «recension ». L'evaluation des modifications a alors sa place dans Ie

commentaire, sans amener a l'edition critique d'un archetype. Jan Gijsel a ici

prig Ie parti d'editer separement les formes textuelles (subarchetypes) A et P.

Cela estdu aussi a une raison pratique: « Editer un seul exte et rendre comp-

te de l'histoire textuelle dans un seul apparat critique aurait surcharge celui-

ci et l'aurait renduillisible» (p. 266). Me-me ainsi, la lecture de l'apparat n'est

pas simple. GUSELentend donner les variantes des differentes branches, mais

pour chacune d'elles, il y a differentes possibilites. Parfois, il estime qu'il est

possible d'identifier dans une blanche un manuscrit constituant une «bonne

copie » (cf. p. 268 n. 1) il prend alors ce manuscrit comme representant de la

branche, Ie designant par une lettre majuscule. Mais il se reserve egalement

de signaler des cas oil ce manuscrit s'ecarte du reste de la branche, et designe

alors ce reste par la lettre minuscule correspondante. Par exemple, A est Ie

« bon» temoin qui represente la blanche Ala (il s'agit du manuscrit A1a2 de

la lisle de Gijsel), tandis que la lettre a designe Ie modele commun reconstruit

de la blanche Ala lorsque A s'en ecarte. Cette dualite ne se verifie d'ailleurs,

si e vois bien, que dans deux cas. Or, si l'on parvient encore a se souvenir que

les lettres de AI a a F se referent aUKbranches de Ala a All, il devient com-

plique de retenir que GIg se refere a la blanche A2a, L a la blanche A4c et

ainsi de suite. II est vrai qu'a chaque page, entre Ie texte et l'apparat, apparm' t

la lisle des sigIes des temoins retenus, regroupes par faIllille (p. ex. AbCeF

GH Ij kL); cependant un encart avec leg sigIes et leur distribution n'aurait

probablement pas ete inutile. Mais on petit aussi se demander pourquoi il fal-

lait prendre comme temoin d'une blanche un manuscrit donne et non pas Ie

modele commun reconstruit de la branche, alors qu'on ne renonce pas (et a

raison) a releguer dans l'apparat critique la le<;on du manuscrit choisi lors-

qu'elle est manifestement secondaire par rapport a la le<;on ropre a 1abranche.

On aurait ainsi pu eviler d'adopter la notion de «bon» manuscrit qui, comme

Gijsellui-meme Ie reconnait, ne va pas sans danger. On pourrait egalement

critiquer la definition que Gijsel donne de la regIe fondamentale qu'il a adop-

tee pour choisir entre les variantes, et qu'il raIllene a la « Faustregel » de Paul

Maas et a la «regIe de fer» de Dom Quentin: «Pour nons, cette regIe signi-

fie que la lecon attestee par Ie plus grand nombre de temoins est consideree

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309

OMJ7rESRENDUS

comme originale, a condition que cette majorite soit reellement probante »

(p. 269). En effet, Ie probleme estde savoir dans quelles conditions cette majo-

rite sera « reellement probante »; ce seront alors ces conditions qui definis-

sent Ie critere, et nullement « e plus grand nombre de temoins » en tant que

tel (a titre d'exemple, on peut comparer Ie texte de A au ch. 8.3lin. 10, p. 361,

oil Gijsel choisit, correctement a mOD avis, habita des seuls ej contre habitu

de AbCDFGHIkL).

Le choix d'editer separement legdeux familIes A et Pest interessant, meme

si leg differences entre leg deux n'etant finalement pas tres importantes, on

peut se demander s'il se ustifie autrement que par la raison pratique du

nombre des temoins. En fait, cette option semble rester un peu en suspens

entre deux exigences. D'une part, il y a l'effort de remonter autant que pos-

sible veTSa forme la plus ancienne atteignable du Pseudo-Matthieu; c'est la

visee classique des editions critiques, et l'ideal dans cette direction serait la

reductio ad unum des deux formes textuelles retenues ici. D'autre part, Ie fait

de leg avoir gardees temoigne d'un souci de documenter la vie du texte a tra-

vers leg ages; mais il faut alors admettre que, dans ce gens, 'interet principal

se rattache a ce qui n'a pas ete retenu, c'est-a-dire aux formes textuelles de

plus en plus eloignees de l'original.

II sera peut-etre approprie d'exprimer aussiune preoccupation qui exige a

mODavis une reflexion methodologique. Gijsel a sans doute raison d'affirmer

que la Pars altera de Tischendorf n'appartenait pas a la forme la plus ancien-

ne du Pseudo-Matthieu. Le probleme est que de cette maniere on n'aurajamais

d'edition critique du complexe textuel Pseudo-Matthieu + Pars altera, qui a

bel et bien existe et a meme largement circule : on ne l'aura ni avec Ie Pseu-

do-Matthieu, comme l'atteste Ie present ouvrage, ni avec eg lal KQ TOUKupi-

ou 'I1]<Joucf.le manuscrit grecd' Athenes, B.N. 355, et la version latine appa-

rentee, editee par Tischendorf, Evangelia apocrypha, 1876, p. 164s.), dans la

mesure oil l'editeur de res derniers dans la Series Apocryphorum sera lui aussi

probablement preoccupe de remonter veTSa forme la plus ancienne de l'ou-

vrage et ne s'interessera pas aux elaborations qu'il a re~ues lorsqu'il a ete mis

en rapport avec d'autres textes. Or, cette section est sansdoute secondaire par

rapport aussi bien aux llalOlKQ qu'au Pseudo-Matthieu, mais, comme j'essaie

de Ie montrer dans une etude en preparation, elle pourrait etre ancienne, peut-

etre du lIe siecle.

Quoi qu'il en soit, cette nouvelle edition du Pseudo-Matthieu represente

un progres evident et decisif par rapport aux precedentes, et c' est elle qui fera

desormais reference. On est toutefois un peu etonne de trouver a a p. 276 la

traduction du prologue original Ego Jacobus SOilSe titre « Traduction de la

forme textuelle A de l'evangile du Pseudo-Matthieu », alors que la forme A

se caracterise justement par l'absence de ce prologue, dont Ie latin est donne

en face SOilS'intitule correct «Forma textus P ». Le titre de la p. 276 se refe-

re sans doute au fait que la page de gauche ne contiendra que la seuletra-

duction de A, mais il est tout de meme bizarre de Ie voir apparaitre precise-

ment au-dessus du seul passage qui n'est pas contenu dans cette famille.

Quant a la traduction, d'apres mes sondages,elle est tres bonne. Une seule

remarque : p. 281, ignes 15s. (lettre des eveques), il est dit a propos des here-

tiques : bonae Christi natiuitati sua mendacia miscuerunt ut per dulcedinem

uitae mortis amaritudinem occultarent. Je doute que la traduction de la p. 280

« afin de dissimuler SOilSa douceur de sa vie l'amertume de sa mort » soit

exacte. II ne s'agit pas du fait que les heretiques paTIent de la naissance du

Christ pour introduire sa vie « douce » afin de cacheT a mort « amere » (laquel-

Ie n'a rien a voir dans ce contexte). II me semble qu'il y a la une application

du tapas opposant orthodoxie I vie I douceur a heresie I mort I amertume :

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310

COMPTES RENDUS

les heretiques ont adopte un recit apostolique de la «bonne » naissance du

Christ (porteur de douceur et de vie) afin de faire accepter, en les y introdui-

sant de fa<;ondissimulee, leurs heresies, qui ont l amertume de la mort. Cela

s accorde avec la fin de la reponse de «Jerome» (p. 285, ignes 18-19) selon

laquelle Ie livre de l heretique Leucius non aedificationi sed destructioni mate-

riem exhibuerit.

Je ne voudrais pas oublier la contribution de Gijsel it la datation du Pseu-

do-Matthieu. II semontre sceptique face it la proposition de Michael Berthold

qui voit line influence de cet ecrit sur la Vita Agnetis du Pseudo-Ambroise, de

datation incertaine mais en tout cas anterieure it 690. Avec Amann, Gijsel

prend comme terminus post quem la diffusion de la regIe benedictine en Occi-

dent (milieu du VIe siecle); Ie terminus ante quem est fixe it la fin du VIIIe

siecle en raison de l essor de la tradition manuscrite veTS 00. Mais Gijsel esti-

me que l importance attribuee it Joachim, plus grande que dans Ie Protevan-

gile, reflete l image de la noblesse merovingienne, qui joue un role important

dans la diffusion du christianisme parmi les Francs dans Ie premier quart du

VIle siecle; Ie Pseudo-Matthieu aurait pu voir Ie jour it cette epoque. C est

bien entendu aUKmedievistes d evaluer cette proposition. On pent egalement

signaler les pages interessantes sur «Le titre de l ouvrage et ses metamor-

phoses dans la tradition manuscrite » (p. 98-107) qui exploitent avec finesse

ce seuil qu est Ie titre pour suivre, it travers ses transformations, l evolution

de la reception de l reuvre au Moyen Age.

Le deuxieme volume des Libri de Nativitate Mariae offre l edition d un rema-

niement latin ulterieur de l ouvrage precedent, Ie Libellus de Natiuitate sanc-

tae Mariae. Ceci est Ie titre que lui donne l editeur, Rita BEYERS, ur Ie fon-

dement de quelques temoins; l ensemble de la tradition atteste line grande

variete de titres (voir l apparat de la p. 269). A la difference du Pseudo-Mat-

thieu, cet ouvrage a connu un large succes t l epoque du livre imprime, grace

it sa forme «vulgate» qui est celIe de l une des sons-branches de la tradition

manuscrite, oil il est precede d une adaptation de la correspondance fictive de

Jerome forgee pour introduire Ie Pseudo-Matthieu (il commence me-me omme

une lettre de Jerome). II a done ete longtemps edite parmi leslettres (non

authentiques) de Jerome, et ce des 1468 et jusqu au vol. 30 de la Patrologia

Latina.

Emile Amann a propose en 1910 de dater Ie De Nativitate de l epoque de

Charlemagne, et, en 1934,C. Lambot l a assigne t Paschase Radbert et date

de 846-849. Reprenant la critique de Lambot esquissee par M. Cappuyns

(1937/1940) et developpee par elle-me-medans un article de 1990,Rita BEYERS

montre que la lettre d Hincmar de Reims de 868-869 sur laquelle se fondait

cette hypothese non seulement ne se refere pas au De Nativitate, mais semble

indiquer que ce demier n etait pas connu d Hincmar. La lettre semble done

fixer un terminus post quem, tandis que Ie terminus ante quem est represente

par Ie temoignage de Fulbert de Chartres, mort en 1028; la tradition manus-

crite oriente elle aussi veTSa fin du Xe siecle (p. 28-33).

La tradition manuscrite de ce court texte est tIes fiche et son examen occu-

pe la plupart du volume (p. 35-266). Comme J. Gijsel, R. BEYERS rocede elle

aussi, par un examen minutieux, it un classement en formes textuelles des

manuscrits conserves. Des stemmata des differents sous-groupes, dont

quelques-tins sont complexes (voir p. ex. p. 235), aident it se reperer. Quant

aUKprincipes d edition (p. 262-265), Beyers ne donne pas d edition separee

des deux formes textuelles A et B, ce qui est it notre avis pleinement justifie

car les differences entre elles ne permettent pas de parler de deux recensions

(voir leur liste et leur evaluation aUKp. 146-155). II s agit pour Beyers de

remonter veTSa forme primitive du texte et non pas de retrouver les etapes

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311

OMPTESRENDUS

de son developpement. Ayant montre que les sous-groupes Al et A2 trans-

mettent Ie meilleur texte, elle ronde son edition sur cinq temoins d AI, deux

d A2 et deux temoins independants d A. Pour chacun des autres sous-groupes

d A (sauf A 7), elle ne retient qu un ou deux manuscrits, en renon~ant

consciemment (a la difference de Gijsel) a reconstituer Ie modele commun de

chaque sons-groupe, car elle estime que l analyse de manuscrits a permis «de

determiner quels etaient les meilleurs representants de tel sons-groupe ou de

telle autre ramification, c est-a-dire les temoins comportant Ie moins de le~ons

fautives ou de variantes propres» (p. 262). Pour les manuscrits retenus, elle

communique la totalite des variantes (sauf celles purement orthographiques,

signalees seulement pour les noms propres), tout en restant consciente que ce

systeme ne permet pas de savoir si telle variante est partagee par Ie sous-grou-

pe (ou la branche) ou si elle ne caracterise que Ie manuscrit en question. L ap-

parat critique ne permet donc pas de se faire line idee exacte du temoignage

de chaque branche pour line variante donnee. Les deux sous-groupes de B

sont representes chacun par deux manuscrits ; la presence de la suite de sigles

CH MS pour line variante dans l apparat devrait donc permettre de l attri-

buer a la forme textuelle B. Meme ainsi, l apparat critique est partout plus

long que Ie texte, et il est difficile de reprocher a Rita Beyers les options qu el-

Ie a prises, d autant plus que son analyse de la tradition manuscrite manifes-

te sa competence et Ie serieux de sa demarche et de sa reflexion methodolo-

gique.

II n existe pas de modele oblige des volumes de la Series Apocryphorum

du Corpus Christianorum. Cependant, mis a part les vol. 3 et 4 qui contien-

nent la traduction des Actes armeniens des apotres d apres line edition deja

existante, les autres volumes publies (y compris les tres recents 11 et 2 avec

les Actes de Philippe) contiennent, en plus de I edition critique des textes avec

introduction et traduction, un commentaire plus ou moins developpe (occu-

pant en general un volume separe). Les deux volumes dont il est question ici

se distinguent de ce modele au moins a deux egards. En premier lieu, I ana-

lyse de la tradition manuscrite y prend des proportions jusque-la inusitees:

pour Ie Pseudo-Matthieu, plus de 200 pages contre entliron 200 pages ~e texte,

apparat critique, traduction et notes; pour Ie De Nativitate, plus de 230 pages

contre environ 65 pages pour Ie Teste.Mais cela etait inevitable face a la riches-

sede cette tradition et aux problemes qu elle pose, si on voulait marquer enfin

un progres decisif par rapport aux editions anterieures fondees sur line base

manuscrite extremement limitee et sans aucun classement des temoins. Nous

avons ici enfin un texte fiable de res deux ouvrages, dans I attente de la nou-

velle edition critique de leur ancetre, Ie Protevangile de Jacques, en prepara-

tion pour la SeriesApocryphorum. En second lieu, il n y a pas de commen-

taire a proprement parler, mais des notes a la traduction. Elles sont plus sobres

dans Ie cas du Pseudo-Matthieu; soit elles sont consacrees a des questions phi-

lologiques, soit elles comparent les familIes textuelles entre elles, soit elles

commentent les rapports avec Ie Protevangile ou servent a eclairer certains

passages ou themes (voir par exemple p. 330, n. 1, p. 344, n. 2). Les notes du

De Nativitate sont plus abondantes. Elles documentent en particulier combien

cette recriture du Pseudo-Matthieu est nfluencee par la Vulgate ainsi que par

Ie latin des auteurs ecclesiastiques et de la liturgie. Plusieurs notes contien-

nent de precieuses informations sur l histoire de certains themes theologiques

et sur l exegese de certains passagesevangeliques au Moyen Age (voir p. ex.

p. 312-313, n. 2, p. 328, note 1, p. 322-323). Beaucoup de notes lexicales sont

aussi ort tittles. De meme, Rita Beyers montre combien Ie De Nativitate, beau-

coup moins interessant que Ie Pseudo-Matthieu pour l histoire des traditions

apocryphes (il revient largement aux donnees bibliques), Ie depasse cependant

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312

COMPTES RENDUS

quant a la qualite litteraire; elle a aussi, sur es finessespsychologiques de l'au-

teur, d'heureuses remarques qui temoignent de sasensibilite a elle. n etait dif-

ficile de faire mieux dans cette annotation qui depasse de loin celIe, cepen-

dant meritoire, d'Emile Amann.

n ne faut pas oublier l'introduction generate aux deux textes edites signee

par Rita Beyers en ouverture du vol. 9 (p. 1-34); elle y situe Ie Protevangile,

Ie Pseudo-Matthieu et Ie De Nativitate Mariae dans Ie developpement de la

mariologie, et en retrace la reception en Occident jusqu' au XIlle siecle. Cette

synthese claire et fiche represente une mise a jour indispensable des pages

consacrees par Amann a la reception du Protevangile en Occident, d'autant

plus que l'histoire de cette reception est aujourd'hui infiniment mieux COnfine

qu'en 1910. Chaque volume est complete par des listes des manuscrits par

lieux de conservation, par branches, selon Ie contenu, par ordre chronologique

et par provenance. A la fin du vol. 10 figurent les index pour les textes edites :

scripturaire, onomastique, des auteurs et des reuvres, thematique, des manus-

crits et des incunables, de meme que les index des mots latins (etablis par

Albert Frey).

Pourla premiere fois, des textes d'origine medievale sont edites dans la

SeriesApocryphorum. Valait-illa peine de leur consacrer tant de place? ani,

sans doute. Ces deux textes qui ont influence d'une maniere decisive Ie Moyen

Age occidental font enfin l'objet d'editions critiques qui permettent de les lire

sous leurs formes anciennes. Ces editions contribuent en outre a la connais-

sance de la production d'apocryphes au Moyen Age et du rapport entre ce

genre de textes et d'autres formes de communication litteraire, en stimulant

aussi la reflexion sur la notion me-med'apocryphe et sur les condition de la

production d'apocryphes a une epoque oil Ie canon des Ecritures est solide-

ment affirme et oil la matiere apocryphe a besoin de nouvelles legitimations.

Cette contribution de deux medievistes a l'etude de la litterature apocryphe

chretienne est precieuse pour les specialistes des apocryphes chretiens, qui

s'occupent Ie plus souvent de I' Antiquite. Enfin, la tradition textuelle des apo-

cryphes va de la penurie extreme de temoins a l'abondance foisonnante.

Jusque-la, la Series a vu paral"tre des editions d'apocryphes a tradition manus-

crite tres reduite ; cesvolumes aideront a poser, et a resoudre progressivement,

les problemes que pose une tradition tres abondante.

E. NORELL

IZYDORCZYK,bigniew (ed.), The Medieval« Gospel of Nicode-

mus ». Texts, ntertexts and Contexts n Western Europe, Tempe

(Arizona), Medieval RenaissanceTexts and Studies (Medieval

RenaissanceTexts and Studies, 158), 1997,pp. xvi+570. ISBN 0-

86698-198-5.

Si l' on dresse a liste des ecrits es plus populaires de la litterature apocryphe

chretienne, la premiere place reviendra probablement au fecit connu sous Ie

nom de Gesta Saluatoris ou Euangelium Nicodemi. L' Evangile de Nicodeme

(ci-apres EN) est a forme sous aqueIIe les Actes de Pilate, un apocryphe sur

la Passion du Christ compose en grec au IVe siecIe, ont ete diffuses en latin et

dans les langues vernaculaires du Moyen Age occidental. n relate Ie proces

de Jesus (ch. 1-11), l'emprisonnement et la liberation de Joseph d' Arimathee

(ch. 12-16) et la descente du Christ aux enfers (ch. 17-27). Absent du fecit

grec original et des versions orientales, Ie Descensusad inferos semble avoir

ete con~u pour completer Ie fecit latin, peut-etre au VIe siecle. nest la dra-

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313

OMPfES RENDUS

matisation la plus elaboree d une croyance consacree des Ie IVe siecle dans Ie

Symbole des apotres, mais qui est elle-meme plus ancienne et a ses racines

dans des textes de l Ancien et du Nouveau Testament. Temoignent concrete-

ment du succes de la version latine d une part les quelques 400 manuscrits

aujourd hui conserves ou connus (d. Z.lzydorczyk, Manuscripts ofthe« Evan-

gelium Nicodemi ». A Census,Toronto, Pontifical Institute of Mediaeval Stu-

dies [Subsidia Mediaevalia 21],1993), et, d autre part, les traces de l influen-

ce que Ie texte latin a exercee, sons differentes formes, dans les langues

vernaculaires durant Ie Moyen Age. C est a ce dernier sujet qu est consacre

Ie present recueil d etudes, con~u par Zbigniew Izydorczyk (Universite de

Winnipeg), et publie sons sa direction. Precisons d emblee que l ouvrage rea-

lise pleinement cet objectif et qu il doit etre qualifie d oeuvre de reference

pour la survie de l EN au COUTSu Moyen Age occidental.

Le fecit latin constitue Ie point de depart des diverges recherches menees

dans ce recueil. Les grandes lignes de la tradition textuelle de l EN sont resu-

mees aux p. 44-68 de la contribution de Z. IzYDORCZYKntitulee «The Evan-

gelium Nicodemi in the Latin Middle Ages» (cf. aussi, du meme auteur, « The

unfamiliar Evangelium Nicodemi», Manuscripta 33 [1989], p. 169-191, ainsi

que Ie compte rendu d une communication faite a Dole Ie 26 juin 1998,publie

dans Ie Bulletin de l AELAC 8 [1998],p. 6-7). Un trait caracteristique de la tra-

dition textuelle toUjOUTS ouvante et croissante est l apparition de differents

textes satellites concernant Pilate et ses relations avec la cour imperiale de

Rome, que l on regroupe sons Ie nom de «cycle de Pilate» (voir CANT 64-

78). Des la seconde moitie du Xllle siecle l EN trouva une voie de diffusion

supplementaire par son insertion partielle dans deux reuvres de compilation.

On lit des emprunts aux ch. 3 a 8 de l EN et une adaptation des ch. 12-27dans

Ie Speculum historiale de Vmcent de Beauvais; Jacques de Voragine, pour sa

part, evoque a differents endroits de sa Legenda aurea des episodes de l apo-

cryphe (EN 3.2; 12; 19.1) et il inclut un abrege de la descente aux enfers (EN

18-27) dans Ie chapitre sur la resurrection du Seigneur (qui forme Ie ch. 52

dans l edition recente de Giovanni Paolo MAGGIONI, Iacopo da Varazze,

Legenda aurea, I, Florence, 1998,p. 366-369).

La plus ancienne traduction de l EN en langue vernaculaire date du XIe,

ou peut-etre meme du milieu du Xe siecle; elle rut faite en ancien anglais et

est conservee dans trois manuscrits, dont Ie plus ancien est Cambridge Univ.

Libr.Ii.2.11 (troisieme quart du XIe s.). Mais c est surtout a partir du XIIIe

siecle que l EN entra, sonsdifferentes formes, dans les cultures vernaculaires.

Ces differentes formes sont 1) la traduction ou l adaptation en veTSou en

prose; 2) l insertion du fecit dans des reuvres de plus grande envergure, de

caractere historique, didactique, romanesque, devotionnel et, bien sur, dra-

matique; 3) la presence de motifs, de personnages, ou de details qui ont leur

origine dans l EN mais qui en sont venus a mener une existence independan-

te, et non plus liee au texte meme de l apocryphe. -Dans Ie cas des traduc-

tions ou des adaptations, la forme vernaculaire refletera la forme latine dont

elle est tributaire. Aussi est-ce la recension A que l on reconnait Ie plus sou-

vent derriere les versions vernaculaires. Parfois, les recherches ont permis

d identifier Ie modele latin au niveau de familIes textuelles ou meme de manus-

crits individuels. C est ainsi que la forme textuelle (B1) transmise par Ie ms.

Sa1zbourg, Erzabtei St. Peter a V 27 represente Ie modele d au moins deux

oeuvres en haul allemand, a savoir Diu Urstende «<La resurrection»), une

adaptation en veTS omposee par Konrad von Heimesfurt au debut du Xllle

siecle, et la traduction en prose conservee dans Ie manuscrit de Munich, Cgm

7240, ecrit en Baviere en 1447. On constate, d autre part, que les multiples

metamorphoses que l EN medieval a subies sont conditionnees par Ie role

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314

COMPTES RENDUS

joue par l apocryphe dans des contextes toujours changeants. Enfin, Ie fait que

sa fonction a pu meme se reduire a celli de reservoir auquel on emprunta des

motifs ou des personnages pour les developper librement pent etre conside-

re comme la preuve ultime de son sucres.

A l exception de l espagnol et du portu~ais, Ie recueil couvre tout Ie champ

des litteratures vernaculaires du Moyen Age. Richard a GoRMAN presente

l etat des connaissances actuelles pour Ie fran~ais (p. 103-131; contribution

posthume). Josep IzQUIERDOanalyse quatre textes en catalan et en occitan

(p. 133-164). Amilcare IANNUCCI echerche surtout les traces de I EN dans la

poesie italienne, des laude a Dante (p.165-205; revision d un article paru dans

Quademi d italianistica 14 [1993]). C. W. MARX passe en revue les nombreuses

marques de la presence de l apocryphe en ancien et moyen angiais (p. 207-

259). Kirsten WOLFpropose une modeste recolte pour Ie norois, Ie danois et

Ie suedois (p. 231-286; reedition d un article paru dans Mediaeval Studies 55

[1993]). Werner HOFFMANN illonne Ie terrain fructueux du haut allemand (p.

287-336), et fait egalement Ie point pour Ie neerlandais et Ie bas allemand (p.

337-360). Ann DooLEY decrit Ie developpement de l apocryphe dans Ie contex-

te de la litterature irlandaise (p. 361-401). Enfin, David KLAUSNER ttire l at-

tention sur la survie de motifs apocryphes dans la poesie en langue galloise

(p. 403-418). Le recueil commence par un resume riche en informations de

Zbigniew IzYDORCZYKp. 1-19), et par un essai sur Ie developpement de l apo-

cryphe dans les traditions grecque et orientales, de la main de Zbigniew Izy-

DORCZYK t de Jean-Daniel DUBOIS p. 21-41). Enfin, la bibliographie the-

matique, resultat de la collaboration de Remi GOUNELLE et de Zbigniew

IZYDORCZYK p. 419-532), offreau lecteur un instrument de travail de tout

premier ordre (surtout la partie 1. The Acts of Pilate, qui compte 468 titres,

dont 46 sont consideres comme particulierement interessants).

La lecture des differentes contributions souleve une multitude de reflexions.

Je me limite aux remarques suivantes : 1) Les articles font ressortir que la pre-

sence de materiel apocryphe concernant I EN differe considerablement dans

les diverses litteratures, et que ce materiel n est pas exploite partout avec la

meme intensite. Une edition de I EN latin qui refletera la tradition complexe

de l apocryphe (et que prepare Z.lzydorczyk pour la Series Apocryphorum

dans Ie cadre du projet d edition des Actes de Pilate dirige par Jean-Daniel

Dubois), constitue tout naturellement un des desiderata es plus urgents. -2)

C est a uste raison que Ie recueil ne se limite pas aux relations intertextuelles

directes et claires entre texte latin et version vernaculaire. Toutefois, comme

Ie remarque Z.lzydorczyk (p. 16-17), identifier les cas d influence indirecte

et meme purement thematique de I EN est une tache souvent difficile, voire

impossible, surtout si les allusions a l apocryphe sont courtes ou generales ou

subtiles. Aussi ne faut-il pas perdre de vue que les auteurs medievaux avaient

a leur disposition differents modeles pour leur presentation de la descente aux

enters. II en resulte une profusion de textes mentionnes qui temoignent de la

popularite du theme de la passion du Christ ou de sa descente aux enters, mais

dont l analyse conclut souvent a un non liquet quant a leur relation avec I EN.

-3) Un ouvrage de reference comme celui-ci n offre normalement que pen

de place a des discussions detaillees. Aussi arrive-t-il que la presentation d un

probleme ou d un texte soit trop succincte pour pouvoir convaincre Ie lecteur.

Le cas du sermon pseudo-augustinien 160 peut servir d exemple. Ce sermon

relate, lui aussi, a descente du Christ aux enters, et il est un des textes qui ont

contribue it la diffusion du theme du descensusad inferos : Ie sermon faisait

partie de l homeliaire d Alain de Farfa (11.2); Jacques de Voragine en fit des

emprunts dans Ie meme chapitre sur la resurrection du Seigneur; des traces

du sermon sont ici signalees dans des textes tant en latin qu en anglais et en

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315

OMPTESRENDUS

allemand.Le problemede a relation de ce sermonavec ' EN n' estpas enco-

re resolu.Tandisque a communisopinio considereque e sermondependde

l' BN, Z. Izydorczyk emet 'hypotheseque les deux extes refletent indepen-

damment 'un de l'autre une tradition latine plus ancienne p. 50). D'autre

part, dans eur presentation,es auteurs iennent nsuffisamment ompte de

la tradition complexedu sermon,qui circulait sousdifferentes orme~ Ie ser-

mon estd'ailleurs cite d'apres PL 39, 2059-2061, ui donne une forme inter-

polee, es nterpolations etantmisesentre crochets;une edition du texte non

interpole se trouve dans Dolores OZIMIC,Der pseudoaugustinische ermo

CLX. Hieronymusalssein vermutlicherVerfasse1;einedogmengeschichtliche

EinordnungundseineBedeutungUr dasosterlicheCanticum riumphale« Cum

rexgloriae» [Dissertationen er UniversitatGraz 47],1979, . 19-36, ui repo-

se sur 20 manuscritsdu Vlle-VIlle au XIVe siecle). C'est ainsi que,dans e

poemeabecedaire u VIle- VIlle siecleAudite omnes anticummirabile,signa-

Ie a la p. 98, es parolesdes turbaebeatae emblentmodeleesnon pas sur Ie

passagenterpole dans e §4du sermo~pseudo-augustinien, ais sur es ignes

63s e 'homelie XIla d'Eusebe«Gallil:an» (CCSL 101, 49).Tantque ne sera

pasdenouee a tradition complexedu sermon160, es conclusions ormulees

dans ce recueil restent necessairementrovisoires. -4) L'abondanced'in-

formation offerte aux ecteursconstitue ndubitablementun despoints forts

de ce recueil. Cependant,un plus grand effort de coordination aurait pu la

mettre plus amplementau profit de ceux qui veulent consulter e livre sans

pour autantprendre connaissancee tout soncontenu.Ainsi faut-il deplorer

l'absence resque otale de references 'un article a un autre,surtout orsqu'il

s'agitd'informations complementaires par ex. p. 170et p. 159 au sujet des

noms Alexanderet Rufus). Quanta l'Index of Names,Subjects, nd Texts,l y

manqueun certainnombred'entreesqui auraient acilite 'accesa desmatieres

moins connues.Cela est notamment e caspour les multiples personnages

mentionnesdans es divers ouvrages, our es variantessous esquellesappa-

raissent es noms propres, ainsi que pour les motifs narratifs developpesou

ajoutespar tel ou tel auteur (par ex. a sourcequi jaillissait dans a <;ellule e

Josephd'Arimathee d'apres 'adaptationde Gundacti:er onJudenb1J gigna-

lee ala p. 293). -5) Si,comme l se doit a 'heure actuelle, outes es citations

de extes atins sontaccompagnees'une traductionanglaise, ememecontort

de lecture n'est malheureusement as toujours offert lorsqu'il s'agit de cita-

tions de passages u memede itres d'ouvrages ans es angues ernaculaires

du MoyenAge. -6) Quelquesnotesde ecture: p. 92, 'homeliaire de Saint-

Pere de Chartresne contient pas une adaptation du Pseudo-Matthieu, ais

une version atine des huit premiers hapitresdu Protevangile e Jacquesvoir

en dernier ieu J -D. Kaestli, «Le Protevangilede Jacquesen atin. Etat de a

questionet perspectives ouvelles», Revued'histoiredes extes 6 [1996],p.

51). -P. 237: a cote du manuscritd'Oxford, Queens'sCollege n'estpas 304,

mais 305,commea la p. 109. P. 490,n° 640: on s'etonne,a propos de l'ar-

ticle de Barbara Fleith sur a tradition manuscritede a Legendaaurea, e ne

pas retrouver son etude magistrale parue en 1991: Studienzur Oberliefe-

rungsgeschichteer lateinischen egendaAurea, Bruxelles,Societedes Bol-

landistes SubsidiaHagiographica 2),1991. P. 533 (Index of Manuscripts)

Ie manuscritolim Louvain, Universiteitsbibliotheek 145,n'a pas echappea

l'incendie qui aneantit a bibliotheque e 8 aout 1914; l ne sauraitpar conse-

quent etre identifie au ms. I G 5 de la bibliotheque universitaire d' Amster-

dam (on trouve une descriptionde ce dernier manuscritdansW. DEVREESE,

De handschriftenvanJan van Ruusbroec'swerken,Gant, 1900,p. 403-413).

BEYERS

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316

COMPTES RENDUS

SCHWEMER,nna Maria, Vitae Prophetarum,Gfitersloh, Giiters-

loher Verlagshaus Jiidische Schriften aus hellenistisch-romischer

Zeit, 1/7), 1997,177 p. ISBN 3-579-03918-0.

A.M. Schwemer est l auteur d une volumineuse these sur les Vies des Pro-

phectes ubliee en deux volumes a Ttibingen, Studien zu den fruhjUdischen Pro-

phetenlegenden, Vitae Prophetarum dans la collection «Texts and Studies in

Ancient Judaism », t. 49 (1996) et 50 (1996). Ce fascicule bleu de la collection

des textes du judaIsme hellenistique propose une version allegee de ce ravail

monumental, en donnant une introduction, une traduction du texte et une

annotation qni renvoie aux principales sources de ce texte et a sa bibliogra-

phie. La plupart des discussions detaillees du double volume se trouvent natu-

rellement omises du fascicule ; mais on y trouvera les references principales,

et les renvois bibliographiques utiles.

Si l on tient compte de la collection dans laquelle cet apocryphe est publie,

on peut penser que Ie commentaire d A. M. Schwemer souligne l ancrage juif

hellenistique de cette compilation originale de notices sur les prophetes

bibliques; et pourtant, des la premiere page de l introduction (p. 539), elle

reconnait que l unanimite n est pas encore faite sur Ie fait de savoir s il s agit

d un texte fondamentalement juif ou d une compilation authentiquement chre-

tienne. II est vrai qu elle fait place ici et la aux objections de David Satran,

objections deja anciennes, et recapitulees dans son dernier livre Biblical Pro-

phets in Byzantine Palestine, Reassessing he Lives of the Prophets (Leiden,

Brill, 1995), qui insiste sur origine chretienne de cette compilation. Mais pour

elle, les Vies des Prophecies emanent d un milieu qui a redige a l origine ce

pseudepigraphe en hebreu. A. M. Schwemer connait les travaux des membres

de l A.E.L.A.C. autour de ce texte et les nombreuses traductions orientales

de ce texte.1I est etonnant qu elle ne fassepas plus de place dans Ie paragraphe

sur Ie texte et sa tradition manuscrite (p. 540-543) au fait que dans les manus-

crits les Vies desprophecies ont partie d un ensemble plus vaste qui inclut les

vies desapotres. De plus, Ie fait qu elle privilegie la recension anonyme comme

texte de base fait apparaitre autant que necessaire les divergences avec la

forme du texte representee par les recensions attribuees a Epiphane; celIe qui

est indiquee comme Epiphane 1 est d ailleurs pour elle, a raison, une recen-

sion chretienne du texte. Pour vraiment comprendre les variantes entre les

diversesversions de ce pseudepigraphe, l faut renvoyer a la synopse qui accom-

pagne la publication de sa hese plus qu a ce fascicule.

Cette publication a l avantage de renvoyer aux principaux passagesqui ser-

vent de sources aux traditions sur les prophetes, leur naissance, eurs miracles

leurs propheties, leur mort et Ie lieu de leur sepulture. En analysant Ie detail

des vies de grands prophetes comme Jeremie, Daniel, Ezechiel, A. M. Schwe-

mer montre que la collection des 23 vies rassemblees dans ce texte provient

de milieux divers de la Diaspora juive, en Egypte et en Babylonie. En exami-

nant les anachronismes du texte par rapport a ses sources bibliques, elle arri-

ve a sittler l essentiel des details de ces vies au plus lard dans Ie judaisme du

ler siecle de notre ere, « et peut-etre avant ».11 y a, en effet, plusieurs raisons

qui militent dans ce sens, en particulier les travaux sur Ie contexte historique

du logion attribue a Jesus (Lc 11,47 et Mt23, 29) et les premieres traces de la

veneration des morts de prophetes dans Ie christianisme ancien. Tout cela ne

peut pas s expliquer a partir du IV- Ve s. seulement.

Pour aller dans Ie sens de cette these, nous avons cherche a montrer ailleurs

que les traditions juives sur la mort de Zacharie ne peuvent pas s expliquer

par Ie seul developpement chretien de traditions sur la mort des prophetes.

Pour la vie de Zacharie, fils de Jehojada, il ne suffit pas de differencier Ie pro-

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317

OMPfES RENDUS

phete de l Ancien Testament du peTe de Jean-Baptiste en prenant les tradi-

tions sur la mort du peTedu Baptiste pour un developpement chretien tardif ;

il y a plusieurs figures prophetiques veterotestamentaires pour expliquer les

divergences entre les deux notices consacrees a un prophete Zacharie, dans

la forme du texte examinee par l auteur. Nous nous en sommes explique deja

dans deux articles qui n apparaissent pas dans la bibliographie ou les notes:

«Hypothese sur l origine de l apocryphe Genna Mariae », Augustinianum,

XXIII (1983), p. 263-270, et dans «La mort de Zacharie : memoire juive et

memoire chretienne », Revue des etudes augustiniennes,40/1 (1994), p. 23-38.

II faut donc souhaiter que les travaux de l equipe de l A. E. L. A. C. progres-

sent vile pour qu un debat avec es etudes d A.M. Schwemer ail lieu.

TARDIEU,Michel, Recherches ur la formation de l Apocalypse de

Zostrien et les sources de Marius Victorinus -HADOT, Pierre,

« Porphyre et Victorinus». Questions t hypotheses, ures-sur- vet-

te, Groupe pour l Etude de la Civilisation du Moyen-Orient (Res

Orientales, IX), 1996, 157 p. (diff. par Peeters Press). ISBN 2-950-

8266-3-6.

Le present volume est ne de discussions entre Pierre Hadot, specialiste

inconteste de cet erudit neoplatonicien chretien du IVe s., Marius Victorinus,

et Michel Tardieu qui a longtemps recherche les sources des gnostiques criti-

ques dans l ecole de Plotin. C est en commentant les titres des apocalypses

employees par les gnostiques selon Ie paragraphe 16de la Vie de Plotin (Paris,

Vrin, 1992,p. 503-546) que M. Tardieu a donne en note (p. 539) une traduc-

tion d un passage de l Apocalypse de Zostrien (NHC VIII) a propos duquel

Pierre Hadot a cru apercevoir un echo de Marius Victorinus. Dans un premier

chapitre du livre qui presente cette decouverte, M. Tardieu retrace Ie parcours

de l interpretation des textes de Marius Victorinus dans Ie cadre des travaux

qui cherchent a retrouver les traces de l exegese porphyrienne des Oracles

Chaldaiques. Or, les textes de Nag Hammadi sont rarement sollicites pour

retrouver des pans de l histoire de la philosophie a part des traites comme les

Trois Stelesde Seth (NHC VII), I Allogene (NHC XI) ou Zostrien (NHC VIII).

Pour ce demier texte, assezmal edite dans la collection americaine des Nag

Hammadi Studies, M. Tardieu a retrouve la trace d equivalents coptes de

termes philosophiques utilises en latin par Marius Victorinus dans sa contro-

verse avec es ariens (Contre Arius, 1,49-50, ed. P. Hadot, Sources chretiennes

68, Paris, 1960,p. 3428.). Voila que Ie texte copte deZostrien montrait un paral-

lelisme frappant avec un passage d un texte d un Pere de l Eglise peu suspect,

par sa endance philosophique, d emprunter sesarguments a une source gnos-

tique. Le texte de Marius Victorinus devenait Ie premier temoin patristique

litteral d un texte de Nag Hammadi. Mais comme Ie texte de Zostrien ne pou-

vait avoir ete puise sa source chez Marius Victorinus, pour une simple raison

de chronologie des deux reuvres, et que Ie texte copte de Zostrien provenait

d un original grec, Ie texte de Marius Victorinus devait dependre d un origi-

nal grec. Entre Ie milieu philosophique copte atteste par Nag Hammadi, Ie

monde du neoplatonisme latin dans la deuxieme moitie du lYe s. et es sources

grecques des neoplatoniciens, ce ivre s adressea plusieurs disciplines et consti-

tue deja un pas important dans la redecouverte des sources medioplatoni-

ciennes des philosophes neoplatoniciens.

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318

COMP1ES RENDUS

Pour donner un cadre chronologique aux questions abordees dans ce livre,

M. Tardieu a pris Ie paTti,dans un deuxieme chapitre, de fixer quelques reveres

datables de l histoire du christianisme et de la philosophie entre Ie milieu du

IIIe s. et la fin du IVe s. Au lieu de brosser a grands traits l histoire des contro-

verses christologiques ou les traces des grands figures de l ecole de Plotin, M.

Tardieu choisit quelques faits marquants et quelques dates majeures, toujours

attestees par des textes et quelques citations appropriees. Les textes de Nag

Hammadi font ainsi irruption dans Ie paysagedesquerelles philosophico-theo-

logiques. Dans Ie chapitre suivant, M. Tardieu donne la reproduction du

manuscrit du passage de Marius Victorinus, son edition et la traduction de

Pierre Hadot, avec tine synapse qui suit Ie mot a mot du texte de Marius Vic-

torinus et Ie texte copte des passages en question de Zostrien. Le texte latin

sert a reconstruire Ie texte copte, et Ie texte copte qui manifeste quelques

variantes par rapport a Marius Victorinus petit, lui aussi, servir a comprendre

comment Marius Victorinus a utilise sa source grecque. Sur la base de ce tra-

vail patient de reconstruction, un quatrieme chapitre donne une edition cri-

tique des pages 64-68 et 75, 84 et 74 du texte copte de Zostrien, parallele a

Marius Victorinus, avec a reproduction photographique du papyrus original.

Le demier chapitre, Ie plus volumineux (p. 59-114)propose un commentaire

detaille de ces quelques pages de Zostrien.

Sur Ie mode de ce que M. Tardieu avait deja commente dans un autre grand

texte gnostique, l Apocryphe de Jean (Sources gnostiques et manicheennes 1,

Paris, 1984), on decouvre ici une speculation sur l existence de l Un en soi, avec

les arguments traditionnels de a theologie negative (la denomination, la nega-

tion des formes, selon es arguments ires du Parmenide, du Sophiste,du Phedre,

et du Timee, a voie d eminence, la synthese des opposes), mais aussi es argu-

ments de la theologie affirmative sur l Un par rapport au Tout. Ce chapitre

substantiel est tine mine de renseignements varies tant sur exegese de Marius

Vistorinus que sur les sources plotiniennes et les antecedents philosophiques

du plotinisme. Plusieurs fois, M. Tardieu renvoie a Numenius pour comprendre

ce qui fait l originalite des speculations du Zostrien a propos du premier prin-

cipe. Dans un appendice, P. Hadot revient a la recherche qu il a menee toute

sa vie sur les sources porphyriennes de Marius Victorinus et souhaite que la

decouverte de M. Tardieu soit exploitee a sa uste valeur, sans souscrire com-

pletement a l attribution a Numenius de la source grecque de Zostrien.

Un tel volume suscite debats et controverses,mais l importance de cespages

a ete tIes vite remarquee parmi les specialistes de l ecole neoplatonicienne.

Comme Ie reconnait M. Tardieu, il faut encore ameliorer la reconstitution du

texte copte, et peut-etre retrouver ailleurs dans Zostrien d autres sources de

Marius Victorinus. Un imposant index des termes grecs, atins et coptes ainsi

que des auteurs anciens permettra d autres travaux sur les composantes phi-

losophiques des textes gnostiques et des textes de Nag Hammadi en particu-

lier, au-dela des textes rattaches a ce qu on nomme la gnose sethienne. La

concordance du texte copte de Zostrien, signee par W.-P. Funk, produite par

l equipe canadienne de la bibliotheque copte de Nag Hammadi (Concordan-

ce des textesde Nag Hammadi, Les codices VIII et IX, Quebec, 1997,p. Xlss.)

integre deja les propositions de M. Tardieu, sans es retenir toutes (sans doute

a raison, cf. par ex. en 65, 9-13, 68, 4-13, et peut-etre 66, 12). On petit donc

s attendre a d autres decouvertes sur ce texte majeur pour lequel M. Tardieu

a eu Ie bonheur d inventer une piste de recherche feconde.

I.-D. DUBOIS

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319

COMPTESRENDUS

PAUPERT,atherine (dir.), Aux frontieres du Nouveau Testament.

Motifs apocryphesen Maurienne et en Tarentaise Savoie),vol. 3:

Vie du Christ, Passionet Culte des morts,Grenoble, Alzieu Bre-

pols, 1999,179 p. ISBN 2-910717-51-8 t 2-503-990-49-5.

Ce volume, consacre a la vie du Christ (de sa naissance a son ascension,

gaUr ce qui est lie au culte de Joseph), fait suite aux deux ouvrages dont il a

ete question dans Apocrypha 10, p. 327-329. La premiere partie est consti-

tuee d'une longue introduction (p. 16-74), qui presente sommairement leg

traditions apocryphes sur la vie du Christ et quelques generalites sur Ie culte

des morts. La seconde (p. 95-174) est formee de l'index thematique et geo-

graphique des representations figurees de la vie du Christ identifiees en Mau-

rienne et en Tarentaise. En annexe sont donnees la table des matieres de

I'Histoire des trois rois mages (sur ce texte, cr. p. 28-30) et quelques docu-

ments d'archives sur Ie culte des morts. II est regrettable qu'aucune presen-

tation ne soit faite de ces documents et de leur origine (on ne gait en parti-

culier rien de l'endroit oft ils sont deposes et de la cote SOliSaquelle il y sont

repertories).

La quantite de materiaux iconographiques mis a jour est impressionnante,

et leg descriptions qui en sont donnees dans l'index couvrant la Tarentaise sont

souvent tres detaillees, ce qui est fort appreciable. Si la notion d'apocryphe

est utilisee d'une fa~on plusconvainquante dans cet ouvrage que dans Ie volu-

me precedent (consacre au Rosaire et vie de fa Vierge), on pourrait, en revanche,

s'attendre a trouver dans l'introduction des informations moins imprecises,

voire plus exactes. Voici quelques notes de lecture qui ne pretendent pas a

l'exhaustivite: p. 20: s'il est vrai que Lc situe la naissance de Jesus dans line

creche, sans plus de precision, il n'est pas pour autant vrai que« leg artistes et

artisans ont pu representer» librement ce lieu «soit comme line etable, soit

comme une grotte amenagee: il n'y a donc la aucune allusion apocryphe ».

D'une part, il existe plusieurs traditions apocryphes occidentales situant la

naissance de Jesus dans une grotte ou, au contraire, dans line maison-etable;

d'autre part, la liberte des artistes etait restreinte par leg raditions exegetiques

et homiletiques en vigueur dans leg milieux dans lesquels ils travaillaient. P.

23-24: la pretrise de Simeon figure dans Ie Protevangile de Jacques 24 et dans

leg textes apparentes. P. 48: la presentation des traditions sur la Passion n'est

pas heureuse; elle donne pele-mele des donnees sur leg Actes de Pilate pro-

prement dits, l' Evangile de Nicodeme selon Gamaliel traduit dans Ie vol. 1 de

la collection, et la Vengeancedu Sauveur.P.60: Ie personnage d' Adam (accom-

pagne d'Eve) se detache bien de la foule des ustes sur la representation repro-

duite en couverture. II est, en revanche, remarquable que leg portes que Ie

Christ foule aux pieds soient en bois et non en metal comme Ie voudraient leg

textes bibliques (cf. surtout Ps 107[106], 16) et leg multiples traditions qui s'en

inspirent. P. 60: il aurait ete utile de renvoyer aJn 20, is. a propos de la« pieu-

se egende » selon aquelle Marie a beneficie de la premiere apparition du Res-

suscite. P.61 : Ie Tocher oft figurent leg empreintes du Christ montant aux cieux

n'est certes pas atteste chez Egerie, mais ill'est en 403 dans la Lettre 31 de

Paulin de Nole; c'est donc bien une legende qui remonte a l'antiquite chre-

tienne. P. 64, a definition des apocalypses apocryphes DOUg laisse perplexe.

Enfin, leg allusions a «la sortie 'honorable' de l'Eglise» de Lucien Lacroix,

«pasteur ambigu» (p. 73) et aux «diables de Bessans », qui n'auraient aucu-

ne «resonance religieuse» (p. 74) sont trop sibyllines pour etre comprehen-

sibles.

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320

COMPTES RENDUS

L ouvragecontientun certainnombrede autesde rappe lesplusgenantes

etant p. 42 §2,ou il taut corriger «exterieure» en «anterieure », et p. 50 §2,

ou il taut lire «garde-rent» t non «garderaient»),mais estagremented un

beaucarnerd illustrations.

R. GOUNELLE

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LIVRES RECUS A LA REDACTION

ADAMIK, Tamas, BOLYKI, Janos, DERI, Balazs, KIsrn, Klara, Osz, Ferenc,

PEsTHY,Monika, SIMON,L. Zoltan SZEPESSY,ibor, Apokrif levelek,

Budapest, Telosz (Apokrif iratok), 1999,208 p. ISBN 963-8458-176.

ALBL, Martin C., «And Scripture Cannot Be Broken ». The Form and Func-

tion of the Early Christian Testimonia Collections, Leiden I Boston I

Koln, Brill (Supplements to Nouum Testamentum, 96), 1999, xvi + 335

p. ISBN 90-04-11417-3.

AMSLER, Frederic, Acta Philippi. Commentarius, Thmhout, Brepols (Cor-

pus Christianorum, Series Apocryphorum, 12), 1999, xxxvi + 698

p. ISBN 2-503+41122-3.

ANDERSON,Gary A. STONE, Michael E., A Synopsis of the Books of

Adam and Eve, Second Revised Edition, Atlanta (Georgia), Scholars

Press (Society of Biblical Literature, Early Judaism and Its Literature,

17),1999, xx + 196 p. ISBN 0-7885-0566-1.

Aux origines du christianisme. Textes presentes par Pierre GEOLTRAIN,

Paris, Gallimard (Folio Histoire, 98), 2000, lxxiv + 601 p. ISBN 2-07-

041114-1.

BAYLESS,Martha LAPmGE, Michael, Collectanea Pseudo-Bedae, Dublin,

Dublin Institute for Advanced Studies (Scriptores Latini Hiberniae,

XIV), 1998, xiv + 329 p. ISBN 1-85500-160-8.

BYNUM, Caroline Walker FREEDMAN,Paul (ed.), Last Things. Death and

the Apocalypse in the Middle Ages, Philadelphia, University of Pennsyl-

vania Press (The Middle Age Series), 2000, viii + 365 p. ISBN 0-8122-

1702-0.

CALZOLARI BOUVIER, Valentina, KAESTLI, Jean-Daniel OUTTIER, Ber-

nard (ed.), Apocryphes armeniens: transmission -traduction -crea-

tion -iconographie. Actes du colloque international sur la litterature

apocryphe en langue armenienne (Geneve, 18-20 septembre 1997), Lau-

sanne, Editions du Zebre (Publications de l'lnstitut Romand des

Sciences Bibliques, 1), 1999, 190 + xxi p. ISBN 2-9700088-9-0.

BOVON, Fran~ois, BOUVIER, Bertrand AMSLER, Frederic, Acta Philippi.

Textus, Tumhout, Brepols (Corpus Christianorum, Series Apo-

cryphorum, 11), 1999, xl + 434 p. ISBN 2-503-41112-6.

CHAzON, Esther G. STONE,Michael (ed.), with the collaboration of Avital

PINNICK, Pseudepigraphic Perspectives: The Apocrypha and Pseudepi-

grapha in Light of the Dead Sea Scrolls. Proceedings of the International

Symposium of the Orion Center for the Study of the Dead Sea Scrolls

and Associated Literature, 12-14 January, 1997, Leiden I Boston I Koln,

Brill (Studies on the Texts of the Desert of Judah, XXXI), 1999, viii +

217 p. ISBN 90-04-11164-6.

DA SPINETOLI,Ortensio, NORELLI, Enrico, ZAMAGNI, Claudio ARATA

MANTOVANI,Piera, Gli apocrifi cristiani, Firenze, Settimello (BffiLIA,

Seminari estivi 1998), 1999, 197 p.

Dictionary of Manichaean Texts,vol. I: Texts rom the Roman Empire (Texts

in Syriac, Greek, Coptic, and Latin), compiled by Sarah CLACKSON,

Erica HUNTER Samuel N. C. LIEu, in association with Mark VERMES,

Aoocryoha 11,2000,p. 321- 324

Page 317: Apocrypha 11, 2000

8/20/2019 Apocrypha 11, 2000

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322

LIVRES RE<;:USA LA REDACfION

Turnhout, Brepols / Ancient History Documentary Research Center,

Macquarie University (Corpus Fontium Manichaeorum, Subsidia II),

1998, xvi + 246 p. ISBN 2-503-50819-7.

FORSTER, Niclas, Marcus Magus. Kult, Lehre und Gemeindeleben einer valen-

tinianischen Gnostikergruppe. Sammlung der Quellen und Kommental;

Tiibingen, Mohr Siebeck (Wissenschaftliche Untersuchungen zum Neuen

Testament, 114), 1999, xii + 485 p. ISBN 3-16-147053-2.

Fouilles de Khirbet Es-Samra en Jordanie, vol. I: La voie romaine, Ie cimetie-

re, les documents epigraphiques, par Thomas BAuzou, Alain DESREU-

MAUX et al., Turnhout, Brepols, 1998, xvi + 674 p. ISBN 2-503-50809-X.

FRIEDMAN, John Block, Orphee au Moyen Age, Traduit de l'anglais (Etats-

Unis) par Jean-Michel Roessli, avec Ie concours de Valerie Cordonier et

Fran~is-Xavier Putallaz, Fribourg / Paris, Editions Universitaires / Cerf

(Vestigia, 25), 1999, xvii + 368 p. ISBN 2-8271-0809-7.

FuNK, Wolf-Peter, Kephalaia, 1/2, Ueferung 13/14, Stuttgart / Berlin / K6ln,

Kohlhammer (Manichaische Handschriften del Staatlichen Museen zu

Berlin, 1/2),1999,148 p. ISBN 3-17-015886-4.

GARDNER, lain, ALCOCK, Anthony & FuNK, Wolf-Peter (with a contribution

by C. A. HOPE and G. E. BOWEN), Coptic Documentary Texts rom Kellis,

vol. I: P. Kell. V (P. KelL Copt. 10-52,. O. KelL Copt. 1-2), Oxford, Oxbow

Books (Dakhleh Oasis Project, Monograph 9), 1999, 364 p. + 46 pl. ISBN

1-900188-98-8.

GIGNOUX, Philippe (dir.), Ressembler au monde. Nouveaux documents sur la

theorie du macro-microcosme dans l'antiquite orientale, Turnhout, Brepols

(Bibliotheque de l'Ecole des Hautes Etudes, Section des Sciences Reli-

gieuses, 106), 1999, 194 p. ISBN 2-503-50898-7.

GOUNELLE, Remi, La descente du Christ aux enfers. 1nstitutionnalisation d'une

croyance, Paris, Institut d'Etudes Augustiniennes (Collection des Etudes

Augustiniennes, Serie Antiquite, 162), 2000, 475 p. ISBN 2-85121-175-7.

KAPABID.O' IOrAo~. OOWTlS' ~. (EBKJ, A1TOCPuCPaPLCiTLal-'d KEL/ltva, T. a':

A1TOCp~ CoorrtAia, 8EcrcraAovtKT),l. lloupvapaS' (BL~>.LK1'I&j3>.LoeT,KT),

13),1999 [= KARAvrnOPOULOS, John D. (ed.), Apocryphal Christian Texts,

vol. A? : Apocryphal Gospels, Thessalonique, P. Pournara (Bibliotheca

Biblica, 13), 1999], 398 p. ISBN 960-242-176-2.

LATfKE, Michael, aden Salomos. Text, Uebersetzung, Kommental; vol. I:

aden 1 und 3-14, Freibourg (CH) / G6ttingen, Universitatsverlag / Van-

denhoeck & Ruprecht (Nouum Testamentum et Orbis Antiquus, 41/1),

1999, xii + 301 p. ISBN 3-7278-1245-1 & 3-525-53941-X.

LUTfIKHUIZEN, Gerard P., Paradise Interpreted. Representations of Biblical

Paradise in Judaism and Christianity, Leiden / Boston / K6ln, Brill

(Themes in Biblical Narrative. Jewish and Christian traditions, ll), 1999,

xiv + 218 p. ISBN 90-04-11331-2.

MIKKELSEN, Gunner B., Bibliographia Manichaica. A Comprehensive Biblio-

graphy, Thrnhout, Brepols (Corpus Fontium Manichaeorum, Subsidia I),

1997, xlvi + 314 p. ISBN 2-503-50653-4.

O'LouGIn-IN, Thomas (ed.), The Scriptures and Early Medieval Ireland. Pro-

ceedings of the 1993 Conference of the Society for Hibemo-Latin Studies

on Early Irish Exegesis and Homiletics, Turnhout, Brepols (Instrumenta

Patristica, 31), 1999, viii + 332 p. ISBN 2-503-50842-1.

Page 318: Apocrypha 11, 2000

8/20/2019 Apocrypha 11, 2000

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LIVRES REc;TJSA LA REDACflON

323

OUY, Gilbert, Les manuscrits de l'Abbaye de Saint-Victo1: Catalogue etabli

sur la base du repertoire de Claude de Grandrue (i5i4), vol. I: introduc-

tion -Concordances -index; vol. II: Texte, Thrnhout, Brepols (Biblio-

theca Victorina, X), 1999, 398 (+ pl. 8) + 637 p. ISBN 2-503-50833-2.

PAUPERT,Catherine (dir.), Aux frontieres du Nouveau Testament. Motifs

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ISBN 2-910717-51-8 et 2-503-990-49-5.

PICARD,Jean-Claude, Le continent apocryphe: Essai sur les litteratures apo-

cryphes juives et chretiennes, Turnhout, Brepols (Instrurnenta Patristica,

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Pseudo-Philon. Predications synagogales. Traduction, notes et commentaire

par Folker SIEGERTet Jacques DE ROULET, avec la collaboration de

Jean-Jacques AUBERT et Nicolas COCHAND,Paris, Cerf (Sources Chre-

tiennes, 435), 1999, 219 p. ISBN 2-204-06262-6.

RICHlER, Siegfried G., The Manichaean Coptic Papyri in the Chester Beatty

Library. Psalm Book. Part II, Fasc. 2. Die Herakeides-Psalmen, Tum-

bout, Brepols (Corpus Fontium Manichaeorum, Series Coptica, 1/2/2),

1998. ISBN 2-503-50806-5.

ROUKEMA, Riemer, Gnosis and Faith in Early Christianity. An introduction

to Gnosticism, Trans. by John Bowden, London, SCM Press, 1999, xi +

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SACCHI,Paolo (dir.), Apocrifi dell'Antico Testamento,vol. III, Brescia, Pai-

deia (Biblica. Testi e studi, 7), 1999,570 p. ISBN 88-394-0583-6.

SCHMIDT,Joel, L'apotre et Ie philosophe. Saint Paul et Seneque,une amitie

spirituelle?, Paris, Albin Michel (Spiritualites), 2000, 220 p. ISBN 2-226-

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SCHWEMER, nna Maria, Vitae Prophetarum, Gtitersloh, Gtitersloher Ver-

lagshaus (Jtidische Schriften aus hellenistisch-romischer Zeit, 1/7), 1997,

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Semeia 80 (1997) = STOOPSr., Robert F. McDoNALD Jr., Denis R. (ed.),

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TARDIEU, Michel, Recherches sur la formation de l'Apocalypse de Zostrien et

les sources de Marius Victorinus -HADoT, Pierre, « Porphyre et Victori-

nus ». Questions et hypotheses, Bures-sur- Yvette, Groupe pour l'Etude

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(diff. par Peeters Press). ISBN 2-950-8266-3-6.

VERMES,Geza, An introduction to the Complete Dead Sea Scrolls, London,

SCM Press, 1999, xxii + 256 p. ISBN 0-334-02784-5.

WESTERHOFF, atthias, Auferstehung und Jenseits m koptischen « Buch der

Auferstehung Jesu Christi, unseres Herrn », Wiesbaden, Harrassowitz

Verlag (Orientalia Biblica et Christiana, 11), 1999, xvi +396 p. ISBN 3-

447-04090-4.

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8/20/2019 Apocrypha 11, 2000

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INDEX DES VOL. 1-10 (1990-1999)

Tablesdesmatieresdesvol

-10

NOTE: « Rec. : » ndique un ouvrage recense,suivi, entre parentheses,du

nom du recenseur.

(1990)

7-12: Pierre GEOLTRAINJean-Claude PICARD Alain DESREU-

MAUX, a fable, pour tout dire.

13-67: Bibliographie generale.

69-117: Jean-Claude PICARD, apocryphe a l etroit: notes historio-

graphiques sur Ie corpus d apocryphesbibliques.

118-145: Francis SCHMIDT,ohn Toland, critique deiste de a litterature

apocryphe.

147-165: Bernard TEYSSEDRE,es representationsde la fin des temps

dans Ie chant V des Oraclessibyllins. Les strates de l imagi-

naire.

167-179: Luigi CIRllLo, L apocalypsed Elkhasai: son 6le et son mpor-

tance pour l histoire du udaYsme.

181-196: Richard BAuCKHAM,TheConflict of Justiceand Mercy: Atti-

tudes to the Damned in Apocalyptic Literature.

197-217: Philip S. ALEXANDER,ate Hebrew Apocalyptic: A Prelimi-

nary Survey.

219-230: Moshe D. HERR,Les raisons de la conservationdes estes de

la litterature juive de l epoque du SecondTemple.

231-247: Han J.W. DRIJVERS, pocryphal Literature in the Cultural

Milieu of Osrhoene.

249-267: Alain DESREUMAUX,a Doctrina Addaf: Ie chroniqueur et

sesdocuments.

269-277: Javier TEIXIDOR, ap6tre d apres a litterature syriaque.

279-302: Jean-Daniel KAEsTLI,Fiction litteraire et realite sociale: que

peut-on savoir de la place des emmes dans e milieu de pro-

duction des Actes apocryphesdes ap6tres?

303-311: Michael E. STONE, ravauxactuelssur a litterature apocryphe

armenienne.

2 (1991)

11-16: Jean-Claude PICARD Alain DESREUMAUXPierre GEOL-

TRAIN, a fable, du texte a l image.

17-30: Pierre GEOLTRAIN, emarques sur a diversite des pratiques

discursivesapocryphes: exemple de 5 Esdras.

31-83: Enrico NORELLI,Situation des apocryphespetriniens.

85-98: Jean-Daniel DUBOIS, es «Actes de Pilate» au quatrieme

siecle.

99-117: Fran~ois BOVON, es paroles de vie dans es Actesde l apotre

Andre.

Apocrypha 11, 2000,p. 325 -337

Page 320: Apocrypha 11, 2000

8/20/2019 Apocrypha 11, 2000

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326

2*NDEX

119-132: SeverVoIcu,Notessurl histoiredutexte de I Histoire de [ en-

lance de Jesus.

133-153: Gedaliahu G. STROUMSA,aradosis.Traditions esoteriques

dans e christianisme des premiers siecles.

155-163: Evelyne PATLAGEAN, emarques sur la diffusion et la pro-

duction des apocryphesdans e monde byzantin.

165-180: Peter DINZELBACHER,a «Visio S. Pauli.» Circulation et

influence d un apocryphe eschatologique.

181-215: Gerard ROQUET, a «reception» de l image et du texte a

motifs d apocryphesdans es chretientesd Egypte et de Nubie.

Quelques aper~us.

217-247: Nicole THIERRY, illustration des apocryphesdans es eglises

de Cappadoce.

249-259: Marius HUDRY, es apocryphes ans iconographiedes eglises

et chapellessavoyardes.

261-285: Index des citations bibliques, apocryphes, ncienneset medie-

vales.

3(1992)

9-11: Jean-Daniel KAESlLI -Albert FREY,Avant-Propos.

13-15: Abreviations.

17-46: Eric JUNOD,«Apocryphes du Nouveau Testament»: une

appellation erronee et une collection artificielle. Discussion

de la nouvelle definition proposee par W. Schneemelcher.

47-68: Richard I. PERVO,ohannine Trajectories in the Acts ofJohn.

Hommage a Helmut Koester.

69-109: Eckhard PLOMACHER,aignion und Biberfabel. Zum litera-

rischen und popularphilosophischen Hintergrund von Acta

Iohannis 60f.48-54.

111-123: Jean-Daniel KAESlLI,Le rapport entre es deuxVies atines de

l apotre Jean. A propos d un recent article de K. Schaferdiek.

125-164: Christine M. THOMAS,Word and Deed: The Acts of Peterand

Orality.

165-209: Albert FREY,L « Eloge de Philippe, saint apotre et evange-

liste du Christ» (BHG 1530b).

211-235: Jiirgen WEHNERT,briss der Entstehungsgeschichteespseu-

doklementinischenRomans.

237-257: F. StanleyJONES,valuating the Latin and SyriacTranslations

of the Pseudo-Oementine Recognitions.

259-278: Franc;:ois OLBEAU, istes atines d apotres et de disciples, ra-

duites du grec.

279-283: English Summaries.

4 (1993)

13-16: Jean-Daniel DUBOIS, vant-propos.

13-15: Abreviations.

19-23: Bernard OU1TlER,Un fragment syriaque nedit de W Esdras.

25-64: Pierluigi PlOYANELLI,Les origines de I Apocalypse de Paul

reconsiderees.

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8/20/2019 Apocrypha 11, 2000

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3*

INDEX

65-82: Alain DESREUMAUX,es symboles a la realite: la preface a

l Apocalypse de Paul dans a tradition syriaque.

83-99: Gerard ROQUET, Ange des Eaux et Ie Dieu de la Crue selon

Chenoute. Sur un fragment copte des visions de l Apocalyp-

sisSinuthii.

101-112: Simon C. MIMoUNI,Les Apocalypsesde la Vierge..etat de la

question.

113-123: Catherine PAUPERT,resencedes apocryphesdans a littera-

ture monastique occidentale ancienne.

125-139: Robert FAERBER, Apocalypse de Thomas en vieil-anglais.

141-175: Richard BAUCKIlAM,The Apocalypse of the SevenHeavens:

The Latin Version.

177-195: Michel CAMBE, a Predication de Pierre (ou : Ie Kerygme de

Pierre).

197-224: Pierluigi PIovANELLI, es aventuresdes apocryphesen Ethio-

pie.

225-243: Jean-Pierre ALBERT, e parIum et Ie sang.

245-261: Peter W. DUNN,Women s Liberation, the Acts of Paul, and

other Apocryphal Acts of the Apostles: A Review of Some

Recent nterpreters.

263-293: Valentina CALZOLARI, a tradition armenienne des Pseudo-

Clementines etat de la question.

295-297: English Summaries.

5 (1994)

7-111: Richard BAUCKHAM,he Apocalypse ofPeter: a JewishChris-

tian Apocalypse from the T1Ineof Bar Kokhba.

113-117: Fran~oisBOYON, ne nouvelle citation des Actesde Paul chez

Origene.

119-136: Ann G. BROCK,Genre of the Acts of Paul: One Tradition

Enhancing Another.

137-164: Alain DESREUMAUX, n manuscrit syriaque de Teheran

contenant des apocryphes.

165-188: Remi GOUNELLE, propos d une refonte de la Narratio Iose-

phi jadis confondue avec les Acta Pilati, et d un drame reli-

gieux qu elle a inspire.

189-210: Remi GOUNELLE,enset usaged apocryphusdans a Legende

doree.

211-248: SimonC. MIMOUNI, es Viesde a Vierge..etat de la question.

249-268: Catherine PAUPERf, hemesapocryphesde l iconographie des

eglisesde Tarentaise et de Maurienne (Savoie).

269-288: Marek STAROWIEYSKI,es apocryphesdans a tragedie Chris-

tuspatiens.

6 (1995)

7-65: Irena BACKUS,Guillaume Postel, Theodore Bibliander et Ie

« Protevangile de Jacques.» Introduction historique, edition

et traduction fran~aisedu MS. Londres, British Library, Sloane

1411,260r-167r.

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8/20/2019 Apocrypha 11, 2000

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4*

28

INDEX

67-77: Christian-Bernard AMPHOUX, Evangile selon es Hebreux,

source de l Evangile de Luc.

79-92: Rene-Georges COQUIN,Quelle etait la langue originelle du

pseudepigrapheconserve en copte sous Ie titre de Paralipo-

menesde Jeremie et en arabe sous e titre de Captivite des ils

d Israel Ii Babylone?

93-126: Robert FAERBER, eux homeliesde Paquesen angiaisancien.

127-164: Martin McNAMARA, Midrash, Apocrypha, Culture Medium

and Development of Doctrine: SomeFacts n Quest of a Ter-

minology.

165-177: Bernard OU1TIER,Deux homelies pseudo-chrysostomiennes

pour la fete mariale du 15 aoftt.

179-202: David W. PAD,The Genre of the Acts of Andrew.

203-234: Madeleine SCOPELLO,erites et contre-verites: a vie de Mani

selon es Acta Archelai.

235-278: Isabelle ULLERN-WEnE, Pour une comprehensionde a signi-

fication apocryphe dans e « continent scripturaire. »

279-298: Witold WITAKOWSKI,he Miracles of Jesus: An Ethiopian

Apocryphal Gospel.

299: Erratum. [voir: 5, 113-117].

7 (1996)

7-8: Albert FREy, Liminaire.

9-26: Paul-Hubert POIRIER,Evangile de Thomas, Actes de Thomas,

Livre de Thomas. Une tradition et ses ransformations.

27-41: Alain LE BoULLUEc, La lettre sur I «Evangile secret» de

Marc et Ie Quis dives salvetur? de Clement d Alexandrie.

43-62: Annewies VAN DEN HOEK, Divergent Gospel Traditions in

Clement of Alexandria and Other Authors of the Second Cen-

tury.

63-79: Bernard POUDERON,Flavius Oemens et Ie proto-Oement juif

du roman pseudo-clementin.

81-108: Flavio G. NUVOLONE,Apocalypse d Esdras grecque et latine,

rapports et rhetorique.

109-122: Pier Franco BEATRICE,Traditions apocryphes dans la Theo-

sophie de Tubingen.

123-134: Andre-Louis REY, Homerocentra et litterature apocryphe

chretienne : quels rapports?

135-145: Christopher R. MA1THEWS, Nicephorus Callistus Physical

Description of Peter: An Original Component of the Acts of

Peter?

147-165: Alberto FERREIRo, Simon Magus: The Patristic-Medieval Tra-

ditions and Historiography.

167-191: Barbara FLEmI, Die Legenda Aurea und ihre dominikani-

schen Bruderlegendare. Aspekte der Quellenverhiiltnisse apo-

kryphen Gedankenguts.

193-203: Marek STAROWIEYSKI, a legende de saint Jacques Ie Majeur.

205-224: Edoardo BARBIERI, Lo ps. Marcellus brevior in una traduzio-

ne italiana del Trecento.

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8/20/2019 Apocrypha 11, 2000

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5*

INDEX

329

225-234: Pierre GISEL, pocryphes et canon: leurs apports et leur sta-

tut respectif. Un questionnement heologique.

235-241: Marc FAESSLER,erygme et imaginaire.

243-247: Walter RESELL, es apocryphes,extesconcurrentielsdu Nou-

veau Testament.

249-251: Catherine PAUPERT, apocryphe, able catechetique.

253-259: Marguerite RASSART-DEBERGH,itterature apocryphe et art

copte.

261-272: Nicole THIERRY, iconographie cappadociennede l affront

fait a Anne d apres Ie Protevangilede Jacques.

273-292: Giuseppe DE SPIRITO, Annonciation de Sainte-Marie-

Majeure: image apocryphe?

293-300: Pierre-Alain MARIAUX, Figurer l apocryphe, ou la Verite

devoilee par la peinture. Quelques iconographes du XIxe

siecle face a l image chretienne.

301-303: David R. CARTLIDGE, n Electronic Database of Pictorial

Images Paralleled in Christian Apocrypha.

8(1997)

7-8: Albert FREY, Liminaire.

9-23: Michel TARDffiU, Le proces de Jesus vu par les Manicheens.

25-44: Aline ROUSSELLE,A propos d articulations logiques dans les

discours gnostiques.

45-69: Louis PAINCHAUD -Timothy JANZ, La «generation sans roi»

et la reecriture polemique de quelques textes de Nag Ham-

madi.

71-80: Rodolphe KASSER, L Eksegesis etbe Tpsukhe (NH II, 6).

Histoire de l ame puis exegese parenetique de ce mythe gnos-

tique.

81-88: Jean-Daniel DUBOIS, La version caple des Actes de Pilate.

89-96: Jacques-Noel PERES,L EpEtre des Apotres et l Anaphore des

Apotres : quelques convergences.

97-110: Valentina CALZOLARI, Reecriture des textes apocryphes en

armenien: l exemple de la legende de l apostolat de Thaddee

en Armenie.

111-119: Bernard OUITIER, Paralytique et ressuscite (CANT85 et 62).

Vie des apocryphes en armenien.

121-136: Remi GOUNELLE,La divinite du Christ est-elle tine question

centrale dans Ie proces de Jesus rapporte par les Acta Pilati?

137-146: Fran~is BOVON, Reception apocryphe de l Evangile de Luc

et lecture orthodoxe des Actes apocryphes des apotres.

147-164: Enrico NORELLI, Pertinence theologique et canonicite: les

premieres apocalypses chretiennes.

165-177: Alain DESREUMAUX,Remarques sur Ie role des apocryphes

dans la theologie des Eglises syriaques: l exemple de testi-

monia christologiques inedits.

179-191: Nestan TCHKHIVADzE, Une traduction geor~ienne d un ori-

ginal perdu: l histoire de l apocryphe de l Eglise de Lydda

(CANT 77).

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6*

30

INDEX

193-205: Ron CAMERON, yth and History in the Gospelof Thomas.

207-224: Daniel MARGUERAT, ctes de Paul et Actes canoniques: un

phenomene de relecture.

225-230: Jean KARAvmOPOULOS,Hapax legomena » et autres mots

rares dans l Evangile apocryphe de Pierre.

231-250: Folker SIEGERT,nalyses rhetoriques et stylistiques portant

sur es Actes de Jean et les Actes de Thomas.

251-264: Frederic AMSLER,Remarques sur la reception liturgique et

folklorique des Actes de Philippe (APh VIII-XV et Martyre).

265-271: James Keith ELLIOTT,The Influence of the Apocrypha on

Manuscripts of the New Testament.

273-286: Madeleine PETIT,Generation et transformation de themes

appartenant aUKVitae Prophetarum.

287-301: Renzo PETRAGLIO,e Siracideet l Ancien Testament: relec-

ture et tendances.

303-304: Pierre GEOLTRAIN,dieu. [A Jean-ClaudePicard].

9 (1998)

7-95: Sever J. VOIGU, Verso il testo primitivo dei llaLBLKU TOOK\lpi-

0\1 lllaoO« Racconti dell Infanzia del Signore Gesti. »

97-132: Christoph MARKSCHIES,«Neutestamentliche Apokryphen ».

Bemerkungen zu Geschichte und Zukunft einer von Edgar

Hennecke im Jahre 1904 begrundeten Quellensammlung.

133-156: Irena BACKUS, Christoph Scheurl and his Anthology of « New

Testament Apocrypha » (1505, 1513, 1515).

157-177: Marcello GARZANm, Les apocryphes dans la litterature slave

ecclesiastique de pelerinage en Palestine (XIIe-XVe s.).

179-223: Jean-Daniel KAESTLI, Un temoin latin du Protevangile de

Jacques: l homelie Postulatis filiae Jerusalem en l honneur de

Sainte Anne (BHL 483-485).

225-261: Robert FAERBER,L ermite de Thebes et Ie diable.

263-289: Paul-Hubert POIRIER, Les Actes de Thomas et Ie manicheis-

me.

291-299: Jean- Daniel DUBOIS, Sommos dans la version copte des Actes

de Pilate (XVI,7).

301-304: Bernard OUITlER, Dormition et assomption de Marie. A pro-

pos d un livre recent. [Simon C. MIMOUNI, Dormition et

Assomption de Marie. Histoire des traditions anciennes].

10 (1999)

7 -15: Attila JAKAB, Une lettre «perdue » de Clement d Alexandrie?

(Morton Smith et I «Evangile secret » de Marc).

16-55: Hugues GARCIA, La polymorphie du Christ: remarques sur

quelques definitions et sur de multiples enjeux.

56-73: Jean-Louis FEIERTAG,Le theme litteraire des vetements mor-

tuaires du Seigneur depuis les temoignages des « Apocryphes »

jusqu a ceux des recits de pelerinage.

74-98: Mary CLAYTON,The Transitus Mariae: The Tradition and Its

Origins.

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8/20/2019 Apocrypha 11, 2000

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7*

331NDEX

99-138: Robert FAERBER,La tradition litteraire de la dormition et de

l'assomption de Marie en anglais ancien.

139-176: Marie-Joseph PIERRE, Lait et miel, ou la douceur du Verbe.

177-193: Christelle et Florence JULLIEN, Les Actes de Milr Milri: une

figure apocryphe au service de l'unite communautaire.

195-296: Jean-Pierre PEnoRELLI, La Vie latine d' Adam et Eve. Ana-

lyse de la tradition manuscrite.

297-300: Rec.: Jean-Daniel DUBOIS -Bernard ROUSSEL dir.), Entrer

en matiere (C. ZAMAGNI).

300-301: Rec.: Jean-Claude HAELEWYCK, Clauis Apocryphorum Vete-

ris Testamenti (EG. NUVOLONE).

302-303: Rec.: John J. COLLINS, Seers, Sybils and Sages in Hellenistic-

Roman Judaism (P. PIovANELLI).

303-305: Rec.: Giovanni CASADIO, Vie gnostiche all'immortalitli (J.-M.

ROESSLI).

305-307: Rec.: Gregor WURST, The Manichaean Coptic Papyri in the

Chester Beatty Library. Psalm Book. Part II, Fasc. 1: Die

Bema-Psalmen (P. OIERIX).

307 309: Rec.: Manichaica Latina, I : Epistula ad Menoch. Text, Uber-

setzung, Erliiuterungen von Markus STEIN F.G. NUVOLONE).

309-314: Rec.: Luigi CIRILLO -Alois VAN TONGERLOO dir.), Atti del

terzo congresso intemazionale di studi « Manicheismo e Oriente

Cristiano antico », Arcavacata di Rende -Amantea, 31 agosto-

5 settembre 1993 (C. et F. JULLIEN).

314-317: Rec.: ADAMIK Tamas al., Az apostolok csoddlatos cseleke-

detei. -ADAMIK Tamas al., Apokalipszisek. -ADAMIK Tamas

  al., Csodtis evangeliumok (A. JAKAB).

317-320: Rec.: Eliane POIROT, Les prophetes Elk et Elisee dans la lit-

terature chretienne ancienne (P. PIovANELLI).

320-322: Rec.: L'« Evangile de Nicodeme » ou les « Actes faits sous

Ponce Pilate» (recension latine A), suivi de« La lettre de Pilate

Ii l'empereur Claude. » Introduction et notes par Remi Gou-

NELLE et Zbigniew IzYDORCZYK ...(0. EHLEN).

322-324: Rec.: Theodore SILVERSTEIN Anthony HILHORST, Apoca-

lypse of Paul. A New Critical Edition of Three Long Latin Ver-

sions (C. ZAMAGNI).

324-327: Rec.: Michael LA1TKE, Die aden Salomos in ihrer Bedeutung

Jilr Neues Testament und Gnosis, IV (A. FREY).

327-329: Rec.: Aux frontieres du Nouveau Testament. lnventaire des

motifs apocryphes en Maurienne et en Tarentaise (Savoie), I;

II: Rosaire et vie de la Vierge (R. GOUNELLE).

329: Rec.: Danielle ELLUL -Odile FLICHY, Le grec du Nouveau

Testamentpar les textes.Methode d'initiation au grec de la koine

Ii l'aide de textes tires du Nouveau Testament (R. GOUNELLE).

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332

8*NDEX

2. Index des auteursmodernes

NOTE: «[a]» indique un auteur recense ou qui fait l objet d une presen-

tation; «[r]» indique I auteur d une recension ou d une presentation

FAERBER,obert: 4, 125-139;6,93-

126; 9, 225-261; 10,99-138.

FAESSLER,arc: 7,235-241.

FEIERTAG,ean-Louis: 10,56-73.

FERREIRO,Alberto: 7, 147-165.

FLEffiI, Barbara: 7,167-191.

FuCHY,Odile: 10,329 [a].

FREY,Albert: 3, 9-11.165-209;7, 7-

8; 8, 7-8; 10,324-327 r].

GARCIA,Hugues : 10, 16-55.

GARZANm,Marcello: 9,157-177.

GEOLTRAIN,ierre: 1,7-12; 2,11-

16.17-30; 8, 303-304.

GISEL,Pierre: 7, 225-234.

GOUNELLE, emi : 5, 165-188.189-

210; 8,121-136; 10, 320-322 a].

327-329 r].

HAELEWYCK,ean-Oaude: 10,300-

301 a].

HERR,Moshe D. : 1, 219-230.

HOWE,Margaret: 4,245-261 a].

HILHORST, nthony: 10, 322-324

[a].

HUDRY,Marius: 2, 249-259.

IZYDORCZYK, bigniew: 10, 320-

322 a].

JAKAB,Attila: 10,7-15.314-317r].

JANZ,Timothy: 8, 45-69.

JONES,. Stanley: 3, 237-257.

JULLIEN,Christelle: 10, 177-193.

309-314 r].

JULLIEN, Florence: 10, 177-193.

309-314 r].

, .

JUNOD, nc: 3, 17-46.

KAESTLI, ean-Daniel: 1,279-302;

3,9-11.111-123; 9, 179-223.

KARAVIDOPOULOS,ean: 8, 225-

230.

KAsSER, odolphe : 8,71-80.

LATTKE,Michael: 10,324-327 a].

LE BOULLUEC, lain: 7, 27-41.

MACDoNALD,Dennis R. : 1, 279-

302 a]; 4,245-261 a].

MARGUERAT,aniel: 8, 207-224.

ADAMIK, Tamas: 10, 314-317 a].

ALBERT,Jean-Pierre: 4, 225-243.

ALEXANDER, hilip S.: 1, 197-217.

AMPHoux, Christian-Bernard: 6,

67-77.

AMSLER, rederic: 8, 251-264.

BACKUS,rena: 6, 7-65; 9, 133-156.

BARBIERI, doardo: 7, 205-224.

BAuCKHAM,Richard:1, 181-196;4,

141-175;5, 7-111.

BEATRICE, ier Franco: 7, 109-122.

BovoN,Fran~is: 2, 99-117;5,113-

117;8,137-146.

BROCK,Ann G.: 5, 119-136.

BURRUS,Irginia: 1,279-302 a];4,

245-261 a].

CALZOLARI, alentina: 4, 263-293;

8,97-110.

CAMBE,Michel: 4, 177-195.

CAMERON, on: 8, 193-205.

CARLE,B.: 4, 245-261 a].

CARTLJDGE,avid R. : 7,301-303.

CASADIO, iovanni: 10,303-305a].

CHERIX, .: 10,305-307 r].

QRILLO,Luigi: 1, 167-179;10,309-

314 a].

CLAYTON, ary: 10,74-98.

COLLINS, ohn J.: 10,302-303 [a].

COQUIN,Rene-Georges: 6, 79-92.

DAVIES, tevan L.: 1,279-302 a].

DE SPIRITO, iuseppe: 7, 273-292.

DESREUMAUX,lain: 1,7-12.249-

267; 2, 11-16;4, 65-82;5, 137-

164; 8, 165-177.

DINZELBACHER,eter: 2, 165-180.

DOLBEAU,Franc;ois: 3, 259-278.

DRDVERS, an J.W.: 1,231-247.

DUBOIS, ean-Daniel: 2, 85-98; 4,

13-16; 8, 81-88; 9, 291-299; 10,

297-300 a].

DUNN,Peter W. : 4, 245-261.

EHLEN,0.: 10,320-322 r].

ELLIOTT, amesKeith: 8, 265-271.

ELLUL,Danielle: 10,329 [a].

Page 327: Apocrypha 11, 2000

8/20/2019 Apocrypha 11, 2000

http://slidepdf.com/reader/full/apocrypha-11-2000 327/330

9

333

NDEX

REBELL, Walter: 7, 243-247.

REY, Andre-Louis: 7,123-134.

ROESSLI, .-M.: 10,303-305 [r].

ROQUET,Gerard: 2, 181-215; 4, 83-

99.

ROUSSEL, ernard: 10,297-300 [a].

ROUSSELLE, line : 8, 25-44.

SCHMIDT,Francis: 1, 118-145.

SCOPELLO,Madeleine: 6, 203-234.

SIEGERT,Folker: 8,231-250.

SILVERSTEIN,Theodore: 10, 322-

324 [a].

STAROWlEYSKI,Marek: 5, 269-288;

7, 193-203.

STEIN,Markus: 10,307-309 [a].

STONE,Michael E. : 1,303-311.

STROUMSA,Gedaliahu G.: 2, 133-

153.

TARDlEu, Michel: 8, 9-23.

TCHKHIVADzE, Nestan: 8, 179-191.

TEIXIDOR, Javier: 1,269-277.

TEYSSEDRE, ernard: 1, 147-165.

TmERRY, Nicole: 2, 217-247; 7, 261-

272.

THOMAs, Christine M. : 3, 125-164.

ULLERN-WElTE, Isabelle: 6,235-278.

VAN DENHOEK, Annewies : 7,43-62.

VAN TONGERLOO,Alois: 10, 309-

314 [a].

VOICU, Sever J.: 2, 119-132; 9, 7-95.

WEHNERT, tirgen: 3, 211-235.

WITAKOWSKI, Witold: 6, 279-298.

WURST, Gregor: 10, 305-307 [a].

ZAMAGNI, C.: 10,297-300 [r]. 322-

324 [r].

MARIAux, Pierre-Alain: 7,293-300.

MARKSCHIES,Christoph: 9, 97-132.

MATrHEws, Christopher R. : 7, 135-

145.

McNAMARA, Martin: 6, 127-164.

MIMOUNI, Simon C.: 4, 101-112; 5,

211-248; 9, 301-304 [a].

NOREILI, Enrico: 2, 31-83; 8, 147-

164.

NUVOLONE, Flavio G.: 7, 81-108;

10,300-301 [r]. 307-309 [r].

OUTl1ER, Bernard: 4, 19-23; 6, 165-

m; 8,111-119; 9, 301-304 [r].

PAINCHAUD,Louis: 8, 45-69.

PAO, David W. : 6, 179-202.

PAlLAGEAN, Evelyne: 2, 155-163.

PAUPERT,Catherine: 4, 113-123; 5,

249-268; 7,249-251.

PERES, acques-Noel: 8, 89-96.

PERVO,Richard I. : 3, 47-68.

PETIT, Madeleine: 8, 273-286.

PETRAGLIO,Renzo : 8, 287-301.

PETTORELLI,Jean-Pierre: 10, 195-

296.

PICARD, Jean-Claude: 1,7-12.69-

117; 2, 11-16.

PIERRE,Marie-Joseph: 10, 139-176.

PIOVANELLI,Pierluigi: 4, 25-64.197-

224; 10,302-303 [r]. 317-320 [r].

PLiJMACHER,Eckhard: 3, 69-109.

POIRIER, Paul-Hubert: 7, 9-26; 9,

263-289.

POIROT,Eliane: 10,317-320 [a].

POUDERON,Bernard: 7,63-79.

RAssART-DEBERGH,Marguerite: 7,

253-259.

Page 328: Apocrypha 11, 2000

8/20/2019 Apocrypha 11, 2000

http://slidepdf.com/reader/full/apocrypha-11-2000 328/330

334

10*NDEX

3.

Index selectifdes hemes,

dessourceset desnoms anciens

NOTE: Sauf exception, pour les noms des ouvrages anciens nous avons

adopte 'usage des epertoires suivants BibliothecaHagiographica Grae-

ca (BHG), Bibliotheca Hagiographica Latina (BHL), Clauis Apocrypho-

rum Noui Testamenti CANT), Clauis Apocryphorum VeterisTestamenti

(CA VT), C/auisPatrum Graecorum CPG). Le sigle NH designe es textes

de Nag Hammadi.

Cet ndex ne renvoie qu'a des notions qui ont ete traitees avecone cer-

taine ampleur dans Ie cadre d'« Apocrypha» (y compris les ouvrages

recenses), aissantde cote les simples mentions.

Un index ires detaille des citations d'ouvrages ancienscontenuesdans

les vol. 1-2 a ete publie dans e vol. 2 (1991),p. 261-285.

Apocalypsis Petri (CANT 317): 2,

34-62.228-231; 5, 7-111; 8, 147-

164.

ApocalypsisSedrach CANT 342)

7,81-108.

Apocalypsis septem caelorum: 4,

141-175.

ApocalypsisSinuthii: 4, 83-99.

Apocalypsis Thomae CANT 326):

4,125-139.

Apocalyptique et apocalypses: 1,

181-196.197-217; , 147-164.

Apocryphes -bibliographie: 1, 13-

67.

-definition et nomenclature: 1,7-

12; 3,17-46; 5, 189-210; 6, 235-

278; 7,167-191.225-234.

-production: 1, 197-217; 2,155-

163; 5, 119-136.165-188; 0,297-

300.

-reception: 7, 249-251. 93-300;8,

251-264;9, 157-177.

-recueils:1,69-117;6,7-65;9,97-

132.133-156;10,314-317.

-sources: 1, 279-302; 3, 69-109.

-transmission: 1,219-230; 2, 155-

163; 7, 109-122.

-dans I'art: 2, 177-180. 181-215.

217-247.249-259; 5, 249-268; 7,

253-259.261-272. 273-292.293-

300.301-303;10,327-329.

-dans la litterature: 5, 189-210.

269-288; 6, 93-126; 7,123-134.

Acta Andreae (CANT 225): 1,294-

298; 2, 99-117; 3, 41-43; 6, 179-

202.

Acta /ohannis (CANT 215) 1,298-

302; 3, 47-68; 8, 231-250.

-48-50 60-61 3, 69-109.

Acta Mari: 10,177-193.

Acta Pauli (CANT211): 1,291-294;

4,245-261;5,113-117.119-136;6,

299;8,207-224.

Acta Petri (CANT 190) 2, 73-75; 3,

125-164;7,135-145.

Acta Philippi (CANT 250): 3, 165-

209; 8, 251-264.

Acta Pilati : v. Euangelium Nicode-

mi.

Acta Thomae (CANT 245): 1,231-

247.269-277;7, 9-26; 8,231-250;

9,263-289.

Actes apocryphes des apotres: 1,

279-302; 4, 245-261; 8, 137-146.

Agrapha: 7, 43-62; 8, 265-271.

Anaphora Apostolorum : 8, 89-96.

Animaux qui parlent: 2, 199-200.

ApocalypsisEsdrae CANT 340) 7,

81-108.

ApocalypsisMariae (CANT327): 4,

101-112.

Apocalypsis Moysi (CAVT 135): 2,

189-190.

Apocalypsis Pauli (CANT 325): 2,

165-180;4, 25-64.65-82. 113-123.

147-149;8, 165-177;10,322-324.

Page 329: Apocrypha 11, 2000

8/20/2019 Apocrypha 11, 2000

http://slidepdf.com/reader/full/apocrypha-11-2000 329/330

11*

335

NDEX

167-191; 9, 225-261; 10,56-73. 99-

138.317-320.

-duNouveau Testament: 3, 17-46.

-et liturgie : 8, 251-264.

Apocryphon Iohannis (NH) : 7, 243-

247.

Apotres -iconographie: 2, 256-259.

Arabe: 6, 79-92; 9, 16-18.

Arcane: 2,133-153.

Armenien: 1,303-311; 3, 237-257; 4,

263-293; 8, 97-110.111-119; 9, 18-

19.

Ascensio Isaiae (CANT 315) : 2, 193 ;

4, 197-224.

BARNABAS,pseudo-, Epistula (CPG

1050) : 7, 243-247.

Bible. A. T. Siracide: 8, 287-301.

-N.T.: 10,324-327.329.

-Actes des apotres: 8,207-224.

-Apocalypse: 8, 147-164.

-EvangiledeJean:3,47-68;7,243-

247

-20:7,235-241.

-EvangiledeLuc:6,67-77;8,137-

146.

, .

-EvangIles: 7, 43-62; 8, 265-271.

BmUANDER, Theodore: 6, 7-65.

Byzance et monde byzantin : 2, 155-

163.

Canon scripturaire: 4, 197-224; 7,

225-234; 8,147-164.

Cappadoce: 2, 217-247; 7, 261-272.

Christus patiens (CPG 3059): 5, 269-

288.

CLEMENTD ALEXANDRIE: 7, 27-41.

43-62.

CLEMENTDE ROME: 7, 63-79.

Copte: 2, 181-215; 4, 83-99; 6, 79-92;

8,81-88; 9, 291-299; 10, 305-307.

Dialogus Iesu cum paralytica

(CANT 85): 8, 111-119.

DoctrinaAddai (CANT 89): 1,231-

247.249-267; 8, 97-110.

Ecrits intertestamentaires : 1, 197-

217.219-230; 10,300-301.

Egypte: 2, 181-215; 4, 83-99; 6, 79-

92; 7,253-259.

Elchasai (CANT 322): 1, 167-179.

Encratisme: 3, 91-109.

Epistula Apostolorum (CANT 22) :

8, 89-96.

Eschatologie: 1, 147-165.181-196; 2,

165-180; 6, 93-126.

4 Esdrae (CA VT 180) : 2, 20-27; 4,

19-23.

5 Esdrae (CAVT 182): 2,17-30.

Esoterisme chretien: 2, 133-153.

Ethiopie et ethiopien: 4,197-224; 9,

19-23.

Euangelium arcanum secundum

Marcum (CANT 15): 7, 27-41;

10,7-15.

Euangelium infantiae arabice (CANT

58) : 4, 225-243.

Euangelium Nicodemi (Gesta Pila-

ti,. CANT 62): 2, 85-98; 4, 210-

212; 8, 81-88. 111-119. 121-136;

10, 320-322

-XVI, 7: 9, 291-299.

Euangelium Petri (CANT 13): 2, 71-

73; 3, 39-41; 8, 225-230.

Euangelium secundum Hebraeos

(CANT 11): 6, 67-77; 7, 243-247.

Euangelium Thomae (CANT 19) : 7,

9-26; 8, 193-205.

Euangelium Thomae de infantia

Saluatoris (CANT 57): 2, 119-

132; 9, 7-95.

Europe occidentale: 2, 165-180; 7,

293-300.

Exegesis animae (NH II, 6) : 8, 71-80.

FABRICIUS, Johann Albert: 1, 69-

117.

Femme: 1,279-302; 4, 245-261.

FLAVIUSCIEMENS: 7, 63-79.

Folklore: 4, 225-243; 8, 251-264.

Georgien: 6, 165-177; 8, 111-119.

179-191; 9, 23-24.

Gnosticisme: 8, 25-44; 10, 303-305.

Grec: 8, 225-230; 10,329.

HEGEMONIUS,Acta Archelai (CPG

3570) : 6, 203-234.

Henoch aethiopicus (1 Henoch;

CAVT 67): 2, 192.

HERMAs, Pastor (CPG 1052): 4,197-

224.

Historia et sapientia Ahiqar (CAVT

195) : 1, 269-277.

Page 330: Apocrypha 11, 2000

8/20/2019 Apocrypha 11, 2000

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336

12*

NDEX

Historia infantiae Domini: v. Euan-

geliwn Thomaede nfantia Salua-

toris.

Homerocentra 7, 123-134.

Homilia Postulatis iliae Jerusalem

(BHL 483-485) 9, 179-223.

Indices Apostolorwn (BHG 15Om-

154; BHL652f-6541): 3,259-278.

Iohannis Euangelium apocryphum

arabice (CANT 44): 6,279-298.

lrlande et irian dais: 6, 156-159; 9,

27-28.

ltalien: 7,205-224.

JACQUES E VORAGINE, egenda

aurea: 5, 189-210; 7,167-191.

Jacques e Majeur, ap6tre: 7,193-

203.

Jean Chrysostome,Pseudo- 6, 165-

177.

Jerusalemet Palestine: 6,165-177;

9,157-177.

JesusChrist -descente aux enters

2, 224-228. 255-256; 6, 93-126.

-enfance: 2, 254-255.

-proces: 8, 9-23.

-vetements mortuaires : 10,56-73.

Joseph et Aseneth (CAVT 105): 4,

207-209.

Judalsmeantique-tardif: 1,197-217.

-babylonien:1,167-179.

-du Second Temple: 1,219-230.

JUSTIN ARTYR: ,43-62.

Kerygma Petri (CANT 208) 2, 63-

71; 4,177-195.

Latin: 3, 111-123.237-257.259-278;

4,113-123.141-175;7, 81-108; 9,

28-34. 179-223;10, 195-296. 07-

309.320-322.322-324.

Laudatio Philippi apostoli (BHG

1530b):3,165-209.

Libellus de exsequiis B. ~ Mariae

(CANT 130) 10,74-98.

Liber Bartholomaeide resurrectione

Iesu Christi (CANT 80): 7, 235-

241.

Liber de pueritia Saluatoris arme-

niace (CANT 59): 2, 233-234.

Liber Jubilaeorwn (CAVT 132): 2,

192.

Liber Requiei (CANT 154) : 10,74-

98.

Liber Thomae Athletae (NH II, 7) :

7,9-26.

Londres, British Library, Ms. Sloane

1411: 6, 7-65.

Mani et manicheens: 6,203-234; 8,

9-23; 9,263-289; 10,305-307. 307-

309.309-314.

Marie: 2, 250-254; 5, 249-268.

-apocalypses (CANT 327-330): 4,

101-112.

-dormition et assomption : 2, 221-

224; 6, 165-177; 9, 301-304; 10, 74-

98.99-138.

-vies: 5, 211-248.

Mastema: 2, 200-203.

Maurienne:5,249-268;10,327-329.

Midrash: 6, 156-159.

Miracula Jesu aethiopice (CANT

45) : 6, 279-298.

Monachisme : 4, 113-123.

Nag Hammadi : 8, 45-69.

Na atio Josephi (CANT76): 5, 165-

188.

Na atio Josephi de Arimathaea

georgice (CANT 77): 8,179-191.

NICEPHORECALLISTE: 7, 135-145.

Nubie: 2, 181-215.

Odae Salomonis (CAVT 205): 1,

231-247; 10, 139-176.324-327.

Dracula Sibyllina (CANT 319) : 10,

302-303

-V: 1, 147-165.

Oralite et ecriture: 2, 133-153; 3,

125-164.

ORIGENE, Contra Celsum (CPG

1476): 2, 133-153.

-De pascha (CPG 1480), 36-37: 5,

113-117; 6, 299.

Osrhoene: 1,231-247.

Paralipomena Jeremiae (CAVT

225) : 6, 79-92.

Parfums et bonne odeur: 4, 225-243.

Passio apostolorum Petri et Pauli

(Pseudo Marcellus; CANT 193) :

7,205-224.

Passio Jacobi Zebedaei (CANT

272) : 7, 193-203.