Methode Rehabimed. Rehabilitation Batiments

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Méthode RehabiMed Architecture Traditionnelle Méditerranéenne II. Réhabilitation Bâtiments 1 2 3 4 5 6 7 8 9 1 0 11 RehabiMed Method T ra d itio na l Mediterranean Architecture II. Rehabilitation Building Método RehabiMed Arquitectura T ra d icion a l Mediterránea II. Rehabilitación El edificio

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DOCUMENTATION MANUAL REHABILITATION

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    MthodeRehabiMed

    ArchitectureTraditionnelleMditerranenne

    II. RhabilitationBtiments

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    RehabiMed Method

    Tra d itiona lMediterraneanArchitectureII. RehabilitationBuilding

    Mtodo RehabiMed

    ArquitecturaTra d icion a l

    MediterrneaII. RehabilitacinEl edificio

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    Mthode

    RehabiMedArchitectureTraditionnelleMditerranenne

    II. RhabilitationBtiments

    LE PRSENTPROGRAMME

    ESTFINANC PAR L'U NION EUROP ENNE

    EUROMED

    AGENCIA ESPAOLADE COOPERACIN INTERNACIONAL

    EUROMED HERITAGE

    COLLEGI D APARELLADORSI ARQUITECTES TCNICS DE BARCELONA

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    Reha biMed Metho d

    Tra dit ion a lMedi terraneanArchitectureII. RehabilitationBuilding

    Mtod o Reha biMed

    Arquitectura

    Tra d icio na lMediterrneaII. RehabilitacinEl edificio

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    Consortium RehabiM ed :

    Responsable du projet :Xa vier CASANOVAS

    M embres:

    Ministry of Communications a nd WorksDepartment of Antiquities of CyprusResponsable : Evi FIOURI

    Bureau Culturel de l'Amba ssad e de la RpubliqueArab e d'Egypte en FranceSupreme Council of Antiquities, EgypteResponsables: Mahmoud ISMAL et WahidMohamed EL-BARBARY

    Collegi dApa rellado rs i Arq uitecte s Tcnics deBarcelona, EspagneResponsable : Xavier CASANOVAS

    Ecole dAvignon, FranceResponsable : Gille s NOU RISSIER

    Centre Mditerranen de l'Environnement

    Marrakech, MarocResponsable : Mou lay Abdeslam SAMRAKANDI

    Institut Nat iona l du Pat rimoine, TunisieResponsable : Mourad RAMMAH

    Directeur :Xa vier CASANOVAS

    Suivi desvolumes:

    Oriol CUSIDRamon GRAUSAmlia MARZAL

    Dveloppement et rdaction de la mthode :

    Oriol CUSIDRamon GRAUS

    Rseau dexpertsdu consortium RehabiM ed :

    Chypre

    Responsables: Evi FIOURI et Irene HADJISAVVAConsta nt inos ALKIDESAthina ARISTOTELOUS-CLERIDOUMichael COSMASElian a GEORGIOUKyriakos KOUNDOUROSYiola KOUROU

    Athina PAPADOPOULOUAgn i PETRIDOUEleni PETROPOU LOUMaria PHILOKYPROUEleni PISSARIDOUSocra t es STRATIS

    gypte

    Responsables: Mah moud ISMAL et WahidEL-BARBARYMa hmo ud ABD EL MAGEEDMa hm ou d EL-ALFYMoh am ed ELARABYPhilipp e HEARINGERHa ny HELALBernard MAURY

    Mohamed SIEF AL-YAZEL

    Espagne

    Responsables: Oriol CUSID et Ramon GRAUSMa rt ABELLAJosep ARMENGOLSantiago CANOSACsar DAZ GMEZ

    Albe rt FUSTERJos Luis GARCA GRINDASoled a d GARCA MORALESJos Luis GONZLEZ MORENO-NAVARROMara-Jos JIMNEZJos Manuel LPEZ OSORIOCarme n MARZOIrene MARZOCa milla MILETOJoa qu n MONTNJo sep MUNTAOLAFran cisco POLEmilio RAMIROPere ROCACristin a THIFernando VEGASAntoni VILANOVAMo nt serra t VILLAVERDE

    France

    Responsables : Ren GUERIN et Pa tr ice MO ROT-SIRXavie r BENOISTChristophe GRAZMaria LPEZ DAZMichel POLGE

    Jea n-Alexand re SIRIChr istia n THIRIOTVronique WOOD

    M aroc

    Responsables : Abderra him KASSOU et QuentinWILBAUXKarim ACHAKMohamed BOUAZZAOUIHicha m ECHEFAAJa ma l-Edd ine EL-GHORAFIAmeziane HASSSANIOum -Ka lto um KOBBITESaid LOQMANEAbdellatif MAROUAhme d OUARZAZI

    Tunisie

    Responsables : Radhia BEN MBAREK et AbdellatifGHILENEMourad RAMMAHMohamed KERROU

    Experts collaborateurs dautrespaysmditerranens:

    Nur AKIN (Turquie)Nazmi AL-JUBEH (Palestine)Mustafa AL-NADDAF (Jordanie)Zia d AL-SAAD (Jordanie)Suad AMIRY (Palestine)Koksal ANADOL (Turquie)Ca rlo ATZENI (Italie)Abdelaziz BADJADJA (Algrie)

    Kurtel BELMA (Turquie)Deme t BINAN (Turquie)Can BINAN (Turquie)Andrea BRUNO (Italie)Kha ldun BSHARA (Palestine)Yotam CARMEL (Isral)Ba nu ELEBIOGLU (Turquie)Vito CENTRONE (Italie)Nat ha lie CHAHINE (Liban)Ofer COHEN (Isral)Michel DAOUD (Liban)Habib DEBS (Liban)Michelangelo DRAGONE (Italie)Reuven ELBERGER (Isral)Ta l EYAL (Isral)Fab io FATIGU SO (Italie)

    Antoine FISCHFISCH (Liban)Yae l FUHRMANN-NAAMAN (Isral)Giova nni FURIO (Italie)Sinan GENIM (Turquie)Feyha n INKAYA (Turquie)Monther JAMHAWI (Jordanie)Oussa ma KALLAB (Liban)Nikolao s KALOGIROU (G rce)

    Vito LAUDADIO (Italie)Ya smine MAKAROUN BOU ASSAF (Liban)Moshe MAMON (Isral)Hilmi MARAQA (Palestine)Filipe MARIO LOPES (Portugal)Nikolao s MOUTSOPOULOS (G rce)Farhat MUHAWI (Palestine)Yae l F. NAAMAN (Isral)Ya ssine OUAGENI (A lgrie)Alkmini PAKA (G rce)Rubi PELED (Isral)Avi PERETS (Isral)Simon a PORCELLI (Italie)Bougnerira-Hadj QUENZA (Algrie)Cristina Scarpocchi (Italie)Sina n SENIL (Turquie)Ha luk SEZGIN (Turquie)Ma i SHAER (Jordanie)Yaa cov SHAFFER (Isral)Ram SHOEF (Isral)Giam ba tt ista DE TOMMASI (Italie)Sha n TSAY (Jordanie)Fan d i WAKED (Jordanie)Eyal ZIV (Isral)

    Comit scientif ique du projet Rehabimed :

    Brigitt e COLIN (UNESCO)Josep GIRALT (IEM ed)Pa ul OLIVER (O xford Brookes University)

    Traduction franaise :

    Mich el LEVAILLANT

    Traduction anglaise :Elain e FRADLEYADDENDA

    Traduction espagnole :Inm a D VILA et Amlia MARZAL

    Traduction arabe :

    Mahmoud ISMAL

    Dessins :Joan CUSID

    Dessin couverture :

    Fern a nd o VEGAS, Cam illa M ILETO

    Photographies:quipes RehabiMed, CORPUS et CORPUS Levant.Autres provenances, au pied de photo.

    Conception graphique :

    LM,DG : Llus MESTRES

    Site web :www.rehabimed.net

    2007 Collegi dA parelladors i A rquitectesTcnics de

    Barcelona pour le consortium RehabiM ed

    Bon Pastor, 5 08021 Barcelona, Espagne

    rehabimed@ apabcn.cat

    ISBN : 84-87104-73-8

    DL : B33976

    RehabiM ed incite la reproduction de cet ouvrage

    ainsi qu la diffusion de son contenu, en citant sa

    source.

    Le projet a t financ par le programme Euromed

    Heritage de lUnion europenne et l A gencia Espaola

    de Cooperacin Internacional (A ECI ).

    Lesopinions exposesdans le prsent document ne

    refltent pasncessairement la posit ion de lU nion

    europenne ni celle de sestats membres.

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    Prsentation

    La 1e C onfrence euro-mditerranenne des chefs dtat de 1995 a t loccasion du lancement

    du processus de Barcelone. C ette ambit ieuse initiative, ratif ie en 2005 au cours du sommetBarcelona+10, avait pour objectif prioritaire la recherche de synergies sociopolitiques,

    conomiques, culturelles et environnementales, cela dans une optique rgionale et de

    dveloppement mutuel. Cest dans ce cadre que surgit en 1998 le programme Euromed

    Heritage, afin de contribuer la mise en valeur et la protection du patrimoine, vaste et divers,

    qui est partag par les diffrents pays mditerranens.

    Larchitecture traditionnelle, en tant que partie essentielle de lhritage culturel qua gnr

    limaginaire collectif de la mditerranit, participe de manire intense des actions dveloppes

    par Euromed Heritage. D s la premire convocation, en effet, les projets CO RPUS et C O RPUS

    Levant ont ralis une norme tche de catalogage et danalyse des caractristiques ainsi que des

    typologies de larchitecture traditionnelle mditerranenne ; ils ont identifi les problmes quelle

    prsente et propos les meilleures alternatives pour sa prservation. RehabiM ed a voulu offrir

    une continuit cette tape dtude analytique afin de dvelopper les ides essentielles surgies

    des ncessits et des urgences dtectes par ces projets, c'est--dire af in de promouvoir une

    rhabilitation efficace et respectueuse.

    De nos jours, dans un monde globalis dans lequel luniformit conomique et culturelle marque

    les critres de dveloppement suivre, bass sur des modles standardiss, la proposition de

    RehabiM ed acquiert son plus grand sens. La rhabili tation soppose lide de mondialisation,

    et la richesse rgionale, la diversit culturelle, les diffrentes formes de vie ainsi que les

    particularits locales sont devenues autant dlments essentiels prserver.

    Il y a de nombreuses initiatives publiques et prives destines la rcupration du patrimoineconstruit. Certaines, que lon dit de restauration, sont orientes vers le patrimoine singulier et

    monumental ; alors que dautres, comme cest le cas de RehabiM ed, se consacrent un

    patrimoine plus modeste, plus abondant et plus prsent territorialement, tel que larchitecture

    tradit ionnelle des centres historiques des villes et des villages ruraux, ou celle que lon trouve de

    forme plus disperse sur lensemble du territoire. Ces dernires initiatives sont dites de

    rhabilitation, et elles visent toujours redonner un usage aux btiments dont la majorit ne

    disposent pas du moindre type de protection patrimoniale. Cette manire dagir sur le construit

    prsente une grande diversit de situations si lon envisage lensemble du domaine

    mditerranen. D ans les pays europens, par exemple, la rhabilitation reprsente presque 50 %

    de lactivit de tout le secteur, alors que dans les pays du Sud et de lEst du bassin mditerranen,

    cette activit natteint pas 10 % de lensemble, en dpit de l importance quelle a pour le

    dveloppement conomique et la cohsion sociale de la population.

    Lobjectif de RehabiM ed est de renforcer lactivit de rhabilitation et dentretien de l architecture

    traditionnelle mditerranenne, comme facteur de dveloppement durable (social, conomique

    et environnemental). A tteindre cet objectif permettra davancer par rapport deux dfis

    historiques qui pourraient sembler opposs mais qui sont, de notre point de vue, parfaitement

    compatibles et complmentaires : dun ct, on contribue amliorer les conditions de vie des

    habitants, qui sont ceux qui donnent du sens et de la vie ce patrimoine ; de lautre, on

    contribue la prservation de lidentit historique et culturelle des peuples mditerranens.

    Pour atteindre cet objectif, la manire de travailler de RehabiM ed a consist aborder la tche

    sous un triple versant. D une part, nous avons dvelopp des outils stratgiques etmthodologiques destins la rhabilitation ; de manire complmentaire, nous avons ralis

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    diverses actions de diffusion et de formation de professionnels dans lesprit et avec les contenus

    des outils dvelopps ; enfin, nous avons lanc quatre oprations pilote, avec des travaux rels de

    rhabilitation, afin de mettre lpreuve, dexprimenter et de dmontrer limportance, les

    possibilits de mme que les effets positifs que reprsente une bonne politique de rhabilitation.

    Nous venons de vivre trois annes de travail intense, de dbats constructifs, dexpriences

    partages avec des experts, des responsables politiques, des tudiants et, surtout, avec la

    population qui est en rapport direct avec nos actions. Cela nous a permis de complter lobjectif

    que nous nous tions donn au dbut. Nous pensons aujourd hui que les rsultats sont excellents

    et que nous avons cr une bonne base de dpart pour que la rhabilitation se dveloppe de

    manire adquate, en donnant tout leur sens aux outils crs, la formation donne et aux

    expriences ralises.

    Jai maintenant la satisfaction de prsenter le deuxime volume de notre travail mthodologique,

    rsultat de leffort de plus de cent cinquante professionnels de diffrents domaines et de quinze

    pays diffrents. Les textes de la prsente publication contiennent le Guide pour la rhabilitation

    des btiments de larchitecture traditionnelle mditerranenne. Il sagit dun complment

    indispensable la M thode RehabiM ed, amplement mdit et labor afin de rpondre aux

    inquitudes de nos collaborateurs et experts. Dans le cas prsent, nous avons aussi dvelopp une

    premire partie pratique qui dtaille les tapes suivre pour la rhabilitation des btiments. Il offre

    aussi un riche complment d articles spcifiques clairs et prcis qui dveloppent les diffrents

    aspects bauchs dans la procdure propose, et ce afin de faciliter son application et de montrer

    diffrentes ralits qui partagent des manires dagir trs similaires dans la rhabilitation des

    btiments darchitecture traditionnelle. Tout cela, jen suis certain, aidera les diffrents

    professionnels qui interviennent dans le processus de rhabilitation mieux appliquer leurs

    comptences et leurs connaissances sur la base douti ls contrasts.

    Xavier Casanova s

    Project M anager de RehabiM ed

    Barcelone, le 30 juin 2007

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    Mthode Rehab iMed

    Archite cture Tra d itionn elle Mdite rran en ne

    II. Rhabilitation. Btiments

    Prsentation

    Introduction

    Larchitecture traditionnelle mditerranenne 9

    Un monde en transformation. Une architecture menace 11

    Rhabiliter larchitecture traditionnelle mditerranenne 13

    La M thode RehabiM ed l chelle du btiment. Le G uide et ses outils 14

    Premire partieGuide RehabiMed pour la rhabilitation des btiments traditionnels.

    Une approche intg rale du bt iment

    I / O bjectif du G uide 17

    II / Les agents initiaux du processus 18

    III / Les tapes suivre 19

    I. La Conn a issance

    1. Prliminaires 21

    Dcision dagir Entrevue avec le promoteur 21Pr-diagnostic 22

    Le rapport du pr-diagnostic 22

    2. tudes pluridisciplinaires (analyse) 23

    laboration dhypothses provisoires 23

    Programme dtudes pluridisciplinaires 23

    Domaine social 23

    Domaine historique 24

    Domaine architectural 25

    Domaine constructif 27

    II. La rflexion e t le p rojet

    3. Diagnostic (synthse) 28

    valuation critique des tudes 28

    Confirmation de lhypothse 30

    Rdaction dun rapport dexpertise 30

    4. Rflexion et cadre de dcisions 31

    Faisabilit 31

    Confirmation des critres 33

    Cadre de dcisions 33

    5. Projet 34

    Avant-projet 34

    Projet 34

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    III. Les travaux

    6. Rhabilitation 37Contrat de construction 37

    Dmarches du permis de construire 38

    Excution des travaux 38

    Livraison des travaux 38

    IV. La vie utile

    7. Entretien 39

    Diffusion des valeurs du btiment au sein de la collectivit 39

    Choix du modle dentretien 40

    Carte d identit 40

    Travaux dentretien en fonction du calendrier 41

    Deuxime partie

    Les out ils Reha biMed

    Une aide la rhabilita tion des bt iments traditionnels

    I. La conn a issance

    Outil 1. Conn atre larchitecture t radition nelle pour la m ett re en valeur

    Larchitecture traditionnelle mditerranenne. Territoire, paysage et architecture

    traditionnelle. Jos Luis G ARCA G RINDA 49Architectures traditionnelles mditerranennes: valeurs collectives. M ichel PO LG E 67

    Les valeurs sociales et culturelles du patrimoine en Palestine : Les valeurs de qui ?

    Des praticiens ou des propritaires? Suad AM IRY , Farhat M U HAWI 72

    Le patrimoine architectural : adaptation, exploitation et entretien. A bdelaziz BADJA DJA 75

    Au sujet des valeurs bioclimatiques dans la rhabilitation de larchitecture traditionnelle

    mditerranenne. Xavier CASA NO VA S , Ramon G RA US 78

    A rchitecture traditionnelle et climat en Tunisie. Radhia BEN M BA REK 87

    Un outi l pour dvelopper lusage de lnergie solaire dans le bassin mditerranen :

    le European Solar Radiation A tlas (ESRA ). cole des M ines de Paris 90

    Outil 2. Comm encer pa r un pr-diag nostic prcis

    tapes pour une tude dingnierie (et non structurale) dans la phase du pr-diagnostic.

    Yaacov SCHAFFER 95

    M atriel dappui ltape de pr-diagnostic. Ramon G RA US 99

    Le diagnostic prliminaire Lexprience chypriote. Yiola K O URO U 109

    Outil 3 . Conna tre intgra lement le b ti

    Le programme dtudes. Fernando VEG AS , Camilla M ILETO 113

    tudes historiques et interventions archologiques. O uti ls de connaissance de

    larchitecture traditionnelle mditerranenne. Abdellatif M ARO U, Jordi O RTEGA ,

    M ontserrat VILLAVERDE 120

    Larchologie en tant quouti l pour la connaissance du btiment. Evi FIOURI 129

    Lapplication de la mthode archologique larchitecture libanaise.Yasmine M AKA RO UN 133

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    La comprhension intgrale du btiment. Jos Luis G O NZLEZ M O RENO -NAVA RRO 135

    Analyse architecturale des btiments. Les typologies Chypre. Eliana GEORG IOU 142Sur le confort thermique des logements existants. M ara L PEZ D A Z 145

    Sur le confort acoustique des logements existants. C hristian TH IRIO T 153

    Outil 4. Faire le relev du bti ancien

    Premires rflexions sur le relev graphique du patrimoine vernaculaire.

    Santiago CANO SA REBO REDO 161

    Conseils pour dvelopper un bon tat des lieux. M ichel DAO UD 165

    Relevs graphiques. Lexprience chypriote. Eleni PISSARIDO U 169

    Lanalyse stratigraphique de larchitecture et son application larchitecture

    traditionnelle. Camilla M ILETO 172

    Ltude de la couleur, premire tape pour la rhabilitation dune faade.

    Ramon G RA US, Cristina THI 179

    Applications de la photographie digitale. Joaqun M O NT N 189

    Outil 5. Comprendre les dsordres structurels

    Les dsordres structurels des btiments dans larchitecture traditionnelle

    mditerranenne. Csar DAZ 195

    Risque sismique dans larchitecture traditionnelle. G iambattista De TOM M ASI 208

    La carte euro-mditerranenne des dangers sismiques. M ara-Jos JIM NEZ 213

    Le comportement sismique des constructions traditionnelles de murs de maonnerie.

    Pere Roca FABREG AT 216

    Outil 6. Comp rendre les processus de dg rada tion d es mat riauxReconnaissance des types dhumidit : causes et lsions produites. Soledad G A RCA 225

    La dgradation des matriaux de construction (pierre, terre, bois). M ara PHILOK YPROU 236

    Les divers types de techniques scientifiques servant identifier les mcanismes

    de dgradation de la pierre. M ustafa A L-NA DDA F 242

    Agents de dgradation du bois. Joaqun M O NT N 245

    II. La rflexion e t le p rojet

    Outil 7. Quan t a ux critres dune inte rvention

    Critres d intervention dans larchitecture traditionnelle. Fernando VEG A S ,

    Camilla M ILETO 255

    Les enjeux techniques de la rhabilitation du logement. M i chel PO LGE 265

    Sur quelle voie conduire un projet ? Q uand le dcider ?

    Jos Luis G O NZ LEZ M O RENO -NAVARRO 267

    La valeur de linnovation pour la qualit dans la rhabilitation

    de larchitecture traditionnelle. Fabio FATIG USO 273

    Notes sur la rhabilitation et la rutilisation du patrimoine architectural

    traditionnel et historique. Carlo ATZENI 281

    Rhabiliter et btir avec des matriaux traditionnels (Exprience gyptienne).

    Bernard M A URY 287

    Le point de vue de la valeur patrimoniale. Irene HA DJISAVVA -A DA M 290

    Dfis poss par les diffrentes installations et systmes. Athina PAPADO POULO U 292

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    Outil 8. Les techniques de rhab ilitat ion : renforcer les structures

    La rhabilitation des lments structuraux de larchitecture traditionnelle

    mditerranenne. Csar DAZ 297Consolidation et traitement des fondations. Expriences gyptiennes.

    Wahid EL-BA RBARY 309

    Aspects technologiques et structuraux dans la conservation de la vieille ville dAcre.

    O fer CO HEN, Yael F. NAAM AN 312

    Consolidation et traitement des murs. Expriences gyptiennes. Wahid EL-BARBARY 319

    Amlioration du comportement sismique et conservation des caractristiques

    structurales. G iambatista De TO M M ASI 322

    Renforcement des structures traditionnelles algriennes au sisme.

    Abdelaziz BADJA DJA 325

    Restaurer les constructions traditionnelles en bois : lexprience de Turquie.

    Banu ELEBIO G LU 327

    Outil 9. Les technique s de rha bilitat ion : consolider les mat riau x

    Intervenir sur les enduits: consolider, restaurer ou remplacer. Patrice M O ROT-SIR 333

    Traitement de lhumidit dans larchitecture traditionnelle. Soledad GARCA M O RALES 339

    Consolidation des monuments de grs du site du patrimoine mondial de Ptra.

    Ziad ALSA AD , Fandi WA KED 345

    Traiter et protger le bois. Joaqun M O NT N 350

    Les mthodes et les substances pour le traitement et la rparation des lments de bois.

    Expriences gyptiennes. Wahid EL-BA RBARY 355

    III. Les travaux

    Outil 10. Les ralits du chantier

    La ralit du chantier. Jos M anuel L PEZ O SO RIO 361

    Cration demplois grce la rhabilitation pour une communaut durable.

    Khaldun BSHA RA 378

    Q uelques observations propos de la gestion du projet. Athina PAPAD O POULOU 381

    IV. La vie utile

    Outil 11. Lentret ien d e larchitecture tra ditionne lle

    Facili ter ltape dentretien du btiment : la carte d identit . Ramon GRAUS 387

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    Larchitecture traditionnelle

    mditerranenne

    RehabiM ed a dcid de dsigner sous le terme darchitecture

    traditionnelle larchitecture courante, vivante parce quhabite,

    essentiellement civile et domestique et de construction pr-

    industrielle. Il sagit dune architecture qui a t ralise avec des

    ressources locales, aussi bien en ce qui concerne les matriaux, les

    techniques que les comptences de ses constructeurs. Elle est ainsi

    lexpression fondamentale de la culture des diffrentes

    communauts et de leur rapport avec la nature et le paysage.

    Cest une architecture qui comporte les diffrentes formes de

    regroupement et lhabitat pars avec toutes ses constructions

    auxiliaires, sans oublier les lments plus modestes (une fontaine,

    un chemin, etc.) qui, tous ensemble, composent le paysage

    traditionnel mditerranen.

    RehabiM ed se rfre de manire large cette architecture, qui

    recouvre aussi bien lhabitat rural, fondamental quant

    lhumanisation et la structuration du territoire, qu la ville, claire

    expression de la vie en communaut et de loptimisation des

    ressources ainsi que des relations humaines, dpassant les filtres

    de larchitecture culte pour incorporer toutes les valeurs desarchitectures plus modestes.

    Pour sa part, larchitecture rurale est minemment lie aux

    systmes de production agricole et elle a, bien au-del de sa

    simple prsence dans un paysage ancien, un rle primordial dans

    la comprhension des processus qui ont donn lieu au paysage

    actuel, rsultat dune histoire sociale et dune histoire naturelle.

    Larchitecture rurale a jou et joue encore un rle remarquable en

    tant qulment de structuration du paysage dans lequel les

    btiments, les cultures et la nature sont en parfait quilibre,

    rsultat d un processus continu de changement et de

    transformation, ralit socio-environnementale gnre au long

    de lhistoire conjointement par des facteurs biophysiques et des

    facteurs socioconomiques. Lhabitat traditionnel rural se

    formalise en une varit htrogne de typologies ddification,

    qui peuvent se prsenter de manire dissmine ou sous forme de

    hameaux. Il est aussi accompagn dune grande varit dlments

    et de constructions auxiliaires, indispensables pour la domestication

    du territoire (des cabanes, des murs de pierre sche, des fours, des

    caravansrails, des fontaines, des puits, des moulins, des tables,

    des greniers, etc.), ou d infrastructures (des canaux dadduction

    deau ou dirrigation, des chemins, etc.) qui sont le rsultat de

    l interaction historique entre ressources naturelles et systmes

    humains dappropriation de celles-ci et lestmoins de lhybridationcohrente entre les facteurs biophysiques dune rgion et les

    facteurs socioconomiques de la communaut qui lhabite.

    En contrepoint, larchitecture urbaine est celle qui est construite

    dans le cadre dune ville ou dune implantation urbaine, et elle estlexpression dune forme dhabiter en communaut plus

    complexe, dans laquelle les artisans et les commerants

    prdominent sur les professionnels de la terre, et o les

    nouveaux besoins et les nouvelles formes de la socit trouvent

    lieu (M umford, 1961). Les implantations urbaines, bien que lies

    depuis leur origine, elles aussi, lespace rural ainsi qu la

    ncessit de commercialiser lexcdent agricole, apparaissent

    comme des structures permettant de dominer le territoire qui sont

    dfinies, selon Braudel (1968), davantage que [par] leurs murs

    ou le chiffre de leur population, par la manire de concentrer leurs

    activits sur la superficie la plus limite possible . Lhabitat urbain

    se prsente dans une grande diversit typologique, dcoulant

    dans une large mesure de la diffrenciation gographique et de

    lorigine et de lvolution historique. Cette diversit historique et

    morphologique se traduit non seulement dans les btiments, dans

    les procds de construction ou dans les matriaux utiliss mais

    aussi dans la configuration de la forme urbaine, qui sexprime

    dans la manire de structurer et de qualifier lespace collectif (rues,

    places, etc.) , dorganiser les constructions et les usages dissmins

    dans le monde rural (sanctuaires, fontaines, forteresses, etc.), dans

    la manire de mettre en rapport larchitecture prive et lespace

    public, dans le dveloppement dune plus grande varit de

    typologies rsidentielles reflet de structures sociales pluscomplexes, dans les usages des btiments, dans la singularit de

    ses infrastructures (marchs, coles, etc.) , etc. Suite leur

    Introduction

    Elmali, Turquie

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    10

    croissance et leur transformation, ces implantations, qui

    configuraient autrefois la ville de manire exclusive, sont devenues

    partie intgrante de la ville contemporaine dans laquelle elles

    jouent le rle de noyaux historiques.

    A insi, cest cette architecture traditionnelle que lhomme a utilise

    pour simplanter et construire son habitat dans le territoire qui

    entoure la M diterrane ; cest une sorte de palimpseste sur lequel

    sont rcrites en permanence les relations entre les hommes et

    leur environnement, et qui sest aujourdhui transform en

    paysage culturel et imaginaire collectif.

    Introduction

    Rovinj, Croatie Lucca, Italie

    Hacienda Algarrobo, M laga, EspagneQ alaat al M anika, Syrie

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    12/401

    11

    Un monde en transformation.

    Une architecture menace

    Les travaux d inventaire raliss dans le cadre des projets CO RPUS

    et CO RPUS Levant (EURO M ED Heritage I) ont montr en 2002 les

    profondes transformations ainsi que les importantes pressions

    auxquelles sont soumis larchitecture, le paysage et le territoire

    traditionnel. Les environnements traditionnels se trouvent de nos

    jours dans une situat ion dramatique dans tout le bassin

    mditerranen, o ils sont rduits une perte rgulire de leur

    caractre social et culturel, menacs par une intense dgradation

    et en constant recul. De fait, la fracture du monde traditionnel

    ainsi que la tendance lhomognisation culturelle dcoulant de

    la mondialisation ont entran le mpris de nombre de ces

    architectures, souvent vues comme un symbole de misre et dont

    les valeurs ainsi que les qualits sloignent du concept de

    modernit mdiatis.

    La pression sur lhabitat traditionnel a commenc avec les

    processus dindustrialisation, bien quelle se soit accentue de

    manire dfinitive avec le mouvement et lurbanisme modernes

    du dbut du XX e sicle, la recherche de nouveaux modles

    dhabiter et de faire la ville, de modles capables de dpasser lesdficiences des implantations traditionnelles, parvenant mme

    leur nier toute valeur fonctionnelle, sociale et mme esthtique, et

    opposant radicalement le nouveau lancien . Ce

    processus se prsente cependant des moments diffrents en

    fonction du pays et selon que lon fait rfrence lespace urbain

    ou lespace rural.

    De nos jours, lre du village global , dans lequel la ville

    mtropolitaine industrielle se transforme en mtapole diffuse

    et o, de plus en plus, sestompent les limites entre ville et

    campagne, la pression sur cette architecture et sur la population

    qui lhabite est encore plus importante.

    Dans le milieu rural, de nombreux villages se dpeuplent cause

    du manque dalternatives de dveloppement, alors que dautres

    sont transforms avec violence sous la pression de la spculation

    immobilire ou touristique, sans la ncessaire planification

    urbanistique. Il sagit l dun urbanisme contemporain qui dtruit

    lquilibre historique entre lhomme et la nature, et qui fait du

    paysage rural un paysage sans activit, dans lequel larchitecture

    traditionnelle perd son sens et sa fonction originale, et o elle est

    rutilise et transforme.

    Dans les environnements urbains, les noyaux historiques se

    voient affects par diffrentes problmatiques qui sont fonction

    des circonstances historiques et rgionales, et que lon pourraitrsumer en quatre grands vecteurs de pression, parfois

    complmentaires ou simultans et ayant une incidence diffrente :

    des noyaux en cours de sur-densification cause des migrations

    (sud-nord ou campagne-ville) avec la dtrioration physique (sur-

    occupation et modification des logements, etc.), sociale

    (constitution de ghettos, inscurit, etc.) et environnementale

    (insalubrit, manque de confort, pollution, etc.) de

    lenvironnement urbain que cela entrane; des noyaux en cours de

    dpeuplement du fait de labandon du tissu historique au profit de

    la ville, avec la perte de valeurs sociales et la dtrioration de

    ldif ication et du patrimoine architectural qui sensuivent ; des

    noyaux touchs par des rnovations urbaines lourdes

    (dmolition de patrimoine, destruction du tissu historique avecouverture de nouvelles voies rapides, insertion incohrente de

    nouvelles architectures, etc.) ; et, en dernier lieu, des noyaux

    Introduction

    Arnavutkoy, Istanbul, Turquie

    M ostar, Bosnie Herzgovine

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    affects par des processus de rinvestissement urbain, dans

    lesquels on pourrai t distinguer trois grands processus : ledveloppement touristique, la tertiairisation (tout particulirement

    dans les centres historiques) avec la possible perte de la fonction

    rsidentielle et la gentrification , installation dans un quartier

    dgrad de rsidents ayant un niveau de revenus lev, autant de

    processus qui peuvent avoir des effets contre-productifs au niveau

    social.

    Des institutions telles que lUNESCO ou ICO M O S ont alert

    diverses reprises au sujet de la perte de ce patrimoine. De ce point

    de vue, il faut remarquer les recommandations de la Charte

    internationale pour la Sauvegarde des Villes Historiques (dite

    Charte de Washington) de 1987 et la Charte du Patrimoine

    Vernaculaire (1999). Ces deux chartes, indpendamment du fait

    qu elles prcisent des critres pour les interventions, insistent sur

    la ncessit davoir une incidence long terme grce des

    mesures d ducation et de sensibili sation, c'est--dire en

    promouvant des programmes de formation et de spcialisation

    autour de la prservation de larchitecture traditionnelle,

    programmes destins au monde technique ainsi quaux

    responsables politiques, qui devront dterminer les politiques de

    remise en valeur et de rhabilitation de ce patrimoine, et

    rechercher la complicit de la population, protagoniste actif et

    membre part entire de ce legs commun.

    Cest dans ce cadre que le projet RehabiM ed propose une srie demesures pour inciter la rhabilitation de cette architecture

    partir de la sensibilisation et de la formation.

    X

    Introduction

    Tunis, Tunisie Rbat, M arocAlep, Syrie

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    13

    Rhabiliter larchitecture traditionnelle

    mditerranenne

    Dans un contexte de changements brusques et d urbanisation non

    durable ni respectueuse de lenvironnement et dans lequel est

    revendique la rorientation des politiques urbaines vers la

    rduction des conflits entre lhomme et la nature, lamlioration

    du cadre de qualit de vie, le dveloppement des valeurs

    primordiales de la vie en communaut de mme que la

    rcupration du territoire existant et la reconnaissance de la

    diversit culturelle, lhabitat traditionnel dans sa dimension

    globale a beaucoup apporter.

    Pour RehabiM ed, le concept de rhabilitation recouvre un vaste

    spectre dinterventions ayant pour objectif la rcupration et la

    mise jour dune fonction perdue ou endommage, dans notre

    cas: habiter. D ans le cadre des proccupations actuelles,

    rhabiliter implique lamlioration du fait dhabiter en recherchant

    lquilibre entre les aspects techniques, la prservation des valeurs

    patrimoniales et des critres dquit sociale, defficacit

    conomique et de prservation de lenvironnement (les trois

    fondements de la durabilit).

    O n poursuit de cette manire le chemin qu'avaient trac la Charteeuropenne du Patrimoine architectural et la Dclaration

    dAmsterdam qui lui est complmentaire les deux datant de

    1975 et ayant t impulses par le Conseil de lEurope . Elles

    avaient en effet pos le concept de conservat ion intgrepour la

    rcupration des centres historiques dgrads, non seulement

    partir de la restauration de leurs monuments mais aussi en

    impulsant des actions de rhabilitation du tissu de logements ainsi

    que des mesures dquilibre social.

    RehabiM ed propose, de ce mme point de vue, une mthodologie

    qui envisage le processus de rhabilitation partir de lintgration

    de lespace traditionnel dans un contexte territorial plus vaste ;

    depuis la globalit de la perspective multisectorielle en termes

    conomiques, sociaux et environnementaux ; avec une volont de

    concertation, en revendiquant un consensus daction entre les

    diffrents agents; dot dun processus flexible , du fait de la

    ncessit dune adaptation continuelle aux ralits changeantes;

    et, pour lessentiel, non dogmatique, sans prtendre la

    recherche de solutions uniques pour les problmatiques de

    lhabitat traditionnel du bassin mditerranen mais plutt de

    solutions adaptables aux conditions et aux spcificits de chaque

    contexte local.

    Introduction

    Thessalonique, G rce

    Beyrouth, Liban

    Istanbul, Turquie

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    14

    La mthode RehabiMed lchelle

    du btiment. Le guide et ses outils

    Si nous avons consacr le premier volume de cette publication au

    dveloppement de la mthode RehabiM ed destine

    lintervention lchelle des villages, des villes et du territoire, ce

    deuxime volume est son complment du fait quil se focalise sur

    lchelle du btiment. Il sagit par consquent dun texte destin

    aux architectes, aux ingnieurs et aux constructeurs qui projettent,

    dirigent et excutent quotidiennement des travaux de

    rhabilitation dans des btiments traditionnels de la M diterrane.

    En rhabilitant un btiment, il est ncessaire davoir une vision

    globale du territoire dans lequel celui-ci est situ ainsi que de

    comprendre ses rapports avec lenvironnement territorial et

    urbain. C est pour cette raison que le projet RehabiM ed insiste sur

    la ncessit dappliquer les indications de ce guide dans le cadre

    de la mthode globale de rhabilitation qui est dveloppe dans

    le premier volume de cette publication, et dans laquelle sont

    dfinis des critres dintervention communs et cohrents pour

    faire face la problmatique complexe que ces situations

    comportent.

    Ce deuxime volume est aussi structur en deux blocs biendistincts : une premire partie, mthodologique, que nous

    appelons guide, dans laquelle sont proposes des procdures pour

    orienter avec certaines garanties les travaux de rhabilitation, et une

    seconde partie, pratique celle-l, dans laquelle sont dvelopps des

    outils spcifiques pour rsoudre des problmes concrets.

    La premire partie est le fruit du travail conjoint dun rseau

    dexperts de la M diterrane qui ont labor, pendant la premire

    anne de travail du projet RehabiM ed, les principes de base ainsi

    que les procdures du guide. Les textes du guide ont t

    profondment dbattus, ils ont t prsents au Symposium

    RehabiM ed de M arseille en 2005, et i ls ont constitu la base

    conceptuelle de divers sminaires de formation au cours des

    annes 2006 et 2007 (N icosie, Le Caire, K airouan et M arrakech).

    La deuxime partie, celle des outils pratiques, a t crite

    individuellement par divers spcialistes de ses matires respectives

    dans le but de fournir des lments daide pour les diffrentes

    phases de la rhabilitation. O n a ainsi tent de couvrir un large

    ventail de problmatiques et de sensibilits qui, nous le pensons,

    caractrisent le bassin mditerranen.

    Il est vrai que suivre strictement un guide de ce type implique un

    degr lev dengagement et prsente, peut-tre, quelques points

    difficilement abordables dans la ralit de chaque pays et de chaque

    lieu, mais nous sommes convaincus que fixer haut la barrepermettra, long terme, de stimuler la qualit de la rhabilitation

    de notre architecture traditionnelle et en favorisera la prservation.

    X

    Introduction

    Dubrovnik, Croatie

    La Selva del Camp, Espagne

    Le Cai re, gypte

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    Premire partie

    Guide RehabiMedpour la rhabilitationdes btimentstraditionnels

    Une approche intgraledu btiment

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    1717

    Objectif du guide

    Afin de rhabiliter l'architecture traditionnelle d'une manire

    consciente, ordonne et adquate, ce document propose

    l'architecte/ingnieur un guide1 suivre pendant la rhabilitation

    des btiments traditionnels.

    La voie choisie, qui n'est pas ncessairement unique, dfend en

    premier lieu la ncessit de prserver le fait d' habiter , aussi

    bien dans la perspective d' amliorer les conditions de vie de ses

    habitants que dans celle de prserver le sens de cette architecture

    au sein de sa communaut. En deuxime lieu, il s'agit de

    reconnatre l'architecture traditionnelle comme faisant partie du

    paysage culturel mditerranen. La rhabiliter avec un minimum

    de rigueur implique de transfrer aux gnrations futures ses

    valeurs patrimoniales (historiques, artistiques, mmorielles,

    testimoniales, etc.).

    Il faut signaler qu'agir avec ces principes reprsente une tche

    ardue de sensibilisation des techniciens eux-mmes, parce que la

    plus grande partie de leur formation universitaire est base sur la

    construction de btiments neufs en bton arm et sur des

    techniques industrialises difficilement compatibles avec cette

    architecture ; et, paralllement, de sensibi lisation de la collectivit,

    parce qu' il est indispensable que celle-ci reconnaisse la valeurtestimoniale de son architecture. De ce point de vue, nous

    proposons ici des mcanismes de participation active de la

    communaut la prise de dcisions.

    Paralllement, il s'agit d'un guide qui prtend, dans la mesure du

    possible, tre scientifique , objectif et prcis, et qui

    donne une grande importance aux premires phases de diagnostic

    et de rflexion pralables au projet ; il s'agit d'un guide qui se

    distancie des interventions sur le construit qui sont ralises sans

    une bonne connaissance du btiment et de ses circonstances,

    faisant appel la pratique du a s'est toujours fait comme a ;

    il s'agi t d' un guide qui se mfie des excs provoqus par la foi

    aveugle dans les nouvelles technologies appliques sans le

    moindre discernement ; et finalement, il s'agit d' un guide qui

    prtend rduire l' habituelle absence de contrle conomique des

    travaux de rhabilitation.

    Il est vident que pour chaque btiment particulier, on devra

    trouver l'chelle et le degr d' intensit de chacune des tapes

    proposes. A insi, le G uide RehabiM ed prsente une approche

    gnrique de maximums qui doit tre adapte chaque cas

    concret.

    Le guide part du principe de base que si l'on ne connat pas, on

    ne peut pas rflchir et que, par consquent, on ne peut pas

    rhabiliter. A insi, il propose quatre moments du processus (laconnaissance, la rflexion et le projet, les travaux, la vie utile) au

    cours desquels se dvelopperont les diffrentes tapes de travail.En proposant ce type de guide pour rhabiliter des btiments, il

    peut sembler que l'on dveloppera des aspects de l'architecture et

    de la construction qui sont dj connus de tous, mais c'est

    prcisment parce qu' ils sont connus que des erreurs sont

    commises dans les tapes et que finalement la qualit de la

    rhabilitation s'en ressent.

    Pour terminer cette introduction, nous voudrions rappeler que le

    guide qui est propos ici acquiert une plus grande valeur quand il

    est appliqu dans le cadre d'un domaine d' action plus vaste, que

    ce soit l'chelle du quartier, de la ville ou du territoire, et au sein

    d'un Plan d' actions coordonn tel que celui qui est propos dans

    la M thode RehabiM ed pour la rhabilitation de l'architecture

    traditionnelle mditerranenne.

    OUTIL 1

    Guide RehabiMed pour la rhabilitationdes btiments traditionnels

    Larchitecture traditi onnelle est extrmement vulnrable aux pressions du monde

    contemporain. Sa rhabilitation implique un soin tout particulier afin de ne pas

    endommager sesvaleurs. (Zuccarello, Italie)

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    Les agents initiaux du processus

    Le principal agent de toute oprtion de rhabilitation d'un

    btiment est son propritaire, qui peut tre public ou priv,

    individuel ou collectif. Dans tous les cas, c'est l'me de l'opration,

    dans laquelle s'unissent les dsirs d'un meilleur logement, la

    volont de faire du commerce, la pure survie consistant

    maintenir la maison sur pied, la participation l'enthousiasme

    collectif dvelopp autour de l'embellissement d'une rue, etc. De

    fait, il ne faut pas oublier qu'une partie ou la totalit des

    logements d'un immeuble d'habitation peuvent tre lous et que,

    par consquent, il faudra tenir compte des besoins et des opinions

    des locataires.

    De l'autre ct de la relation, l'architecte/ingnieur est un

    professionnel comptent pour diriger les diffrentes tapes d'une

    rhabilitation avec la collaboration d'une quipe pluridisciplinaire.

    Dans ce guide, on utilise le terme architecte/ingnieur bien qu'il

    soit vident que dans la diversit des situations mditerranennes

    on trouvera diffrents professionnels forms, partiellement ou

    totalement, pour ces tches, comme c'est le cas de l'architecte, de

    l'architecte-ingnieur, de l' ingnieur de construction, de

    l'architecte technique, etc. Cependant, la complexit d'une

    rhabilitation faite avec soin implique que l'on dispose d'uneprparation et d'une sensibi lit spciales et que, paralllement,

    l'on soit ouvert la collaboration d' experts de diverses disciplines

    (historiens, anthropologues, restaurateurs, topographes, etc.).

    Le troisime agent du processus est celui que l' on appellera de

    manire gnrique le constructeur. Son rle et ses comptences

    varient selon la rgion de la M diterrane. Dans certaines zones,

    le savoir-faire traditionnel a compltement disparu alors que dans

    d'autres il est encore possible de construire comme autrefois.

    Protger l' architecture traditionnelle mditerranenne, c'est aussi

    protger ces mtiers.

    X

    Guide RehabiMed pour la rhabilitationdes btiments traditionnels

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    19

    Les tapes suivre

    O n a constat RehabiM ed que, dans la pratique courante, le

    promoteur dcide de faire des amliorations ou des modifications

    dans le btiment et entreprend immdiatement les travaux de

    rhabilitation. Dans certains cas, il demande conseil un

    architecte/ingnieur mais la rhabilitation qui est ralise est le

    reflet des besoins du moment. O n peut argumenter qu' il en a

    toujours t ainsi, qu'i l s'agit l d'une architecture sans

    architectes , mais nous savons tous que la croissance organique

    de l'architecture prindustrielle rpondait toujours des

    techniques et des conduites distilles par la tradition et qu'elle

    tait excute par de vritables professionnels, hommes de mtier,

    qu'on les appelle matres d' uvre, maons ou maalem; tout un

    monde qui a pratiquement disparu. Le fait de proposer la

    participation systmatique de techniciens de formation

    universitaire peut sembler tre une alternative franchement

    technocrate mais nous pensons qu'elle rpond la ralit des

    profonds changements sociaux qui ont eu lieu dans le bassin

    mditerranen. Plus encore, ces techniciens devraient tre

    conscients de l' invitabili t de la majorit de ces changements de

    telle manire que, comme nous le rappelle srement K evin Lynch

    2

    ,il ne leur sera possible que de diriger les transitions.

    O n pourrait schmatiser que, dans la pratique courante, le

    processus ne prsente que deux moments, la dcision d' agir et les

    travaux ; RehabiM ed propose par contre une procdure

    squentielle, un processus en quatre phases conscutives qui

    dmarrent avec la dcision d' agir :

    I. La connaissance. La connaissance du btiment et de ses

    occupants doit tre pralable toute intervention. La premire

    tape 1. Prliminaires recueille la dcision d'agir du

    promoteur mais se dveloppe au travers d'un pr-diagnostic

    qui effectue une premire estimation objective de la

    proposition et de l'objet de l'intervention (le btiment et ses

    usagers). La complexit du btiment exige habituellement le

    dmarrage d'une seconde tape de dcouverte 2. tudes

    pluridisciplinaires (A nalyse)3 base sur une investigation

    disciplinaire soigne au cours de laquelle on analyse les

    domaines social, historique, architectural et constructif.

    II. La rf lexion et le projet. Une fois que l'on connat le btiment

    X

    Guide RehabiMed pour la rhabilitationdes btiments traditionnels

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    et ses usagers, il est possible d' effectuer un exercice de

    rflexion qui commence au moyen d'une troisime tape 3.Diagnostic (Synthse)4 de synthse de l'information recueillie

    au cours de la phase pralable. Au cours de cette tape, on

    individualise les problmes ainsi que leurs causes, et l' on donne

    une vision globale des potentiels et des dficits du btiment.

    Dans la quatrime tape 4. Rflexion et cadre de dcisions

    on reprend les ides du promoteur pour la ralisation des

    travaux et l' on tente de les rendre compatibles avec la ralit du

    btiment, avec ses valeurs patrimoniales, avec les possibilits

    conomiques d' investissement, etc. ce point du processus,

    on confi rme les critres de l' intervention (comment conserver,

    jusqu' quel point transformer, etc.) . Il s'agit d'un moment qui

    doit tre marqu par une solide thique professionnelle. Et,

    finalement, avec des critres bien dtermins, il devient

    possible de passer la cinquime tape 5. Projet au cours

    de laquelle on rdige le document de projet qui permettra de

    passer contrat, de construire et de contrler la rhabilitation.

    III. Les travaux. Ces deux grandes tapes pralables passes, la

    sixime tape 6. Rhabilitation pourra tre ralise d'une

    manire beaucoup plus ajuste, en prservant les valeurs du

    btiment, en s'adaptant mieux aux ncessites du promoteur

    et ce qui paraissait un contresens, avec un moindre cot

    conomique, prcisment parce que l' incertitude des travaux a

    t carte. Toutefois, pour garantir la qualit de l'excution dela rhabilitation, il est fondamental d'embaucher le

    constructeur et ses collaborateurs (que ce soient des artisans,

    des restaurateurs ou d'autres entreprises spcialises).

    IV. La vie utile. O n pourrait croire qu'une fois le btiment

    rhabilit le processus a pris fin, mais nous considrons comme

    indispensable d'envisager une septime et dernire tape 7.

    Entretien qui permet d'entretenir (petites oprations denettoyage, rparations, rnovations effectues en suivant un

    calendrier) le btiment au long de sa vie utile jusqu' une future

    nouvelle rhabilitation (grande opration qui ramnera le

    btiment aux standards du moment) . A u cours de cette tape,

    les inspections priodiques prennent une importance toute

    particulire, tant donn qu'elles permettent de dtecter les

    dficits ou les nouveaux besoins avant que le btiment ne

    recommence se dgrader.

    X

    Guide RehabiMed pour la rhabilitationdes btiments traditionnels

    Le graphique prsente la diffrence conceptuelle qui existe entre ce qui est une

    rhabilitation et ce qui est de lentretien : parti r du jour mme de sa livraison, le

    btiment commence vieillir. Si l on effectue de petitesoprations dentretien avec

    une certaine priodicit, le btiment vieillit pluslentement ; sinon, il parviendrafinalement un poi nt o lesstandardsde vie du moment le rendront obsolte (ce

    que lon appelle la fin de la vie utile) et une vritable opration de rhabilitation

    sera ncessaire.

    Comme le montre cette affiche de la mairie de G uarda, chacun deshabitants

    de la rue a ralis avec une certaine bonne volont desoprations que lon pourrait

    considrer de rhabilitation ; cependant, sanssurveillance, sansguide, sans

    certains critresde conservation, la rue se sera tellement transforme la finquelle en deviendra mconnaissable. (M airie de G uarda, 1985, Portugal)

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    21

    Prliminaires

    Cette premire tape runi t tous les contacts ncessaires pour

    entamer un processus de rhabilitation d'un btiment, depuis le

    moment o un promoteur l'a dcide. Les thmes qui doivent tre

    traits sont de types trs diffrents afin de permettre une premire

    approche suffisamment ouverte du cadre gnral de l'opration.

    Cette tape tourne autour de ce que l'on a coutume d'appeler le

    pr-diagnostic, phase d'orientation objective du promoteur.

    Dcision d'agir / Entrevue avec le promoteur

    C'est le moment du dialogue ouvert entre le propritaire et

    l'architecte/ingnieur. Ce dernier doit identi fier les besoins ainsi

    que les dsirs du propritaire, et il doit dtecter les possibilits de

    dveloppement de son ide. Il ne faut pas oublier que les raisons

    initiales d'une commande peuvent tre diffrentes de ce qu' il sera

    finalement dcid de raliser. Trs souvent, la proprit dcide de

    faire appel un expert pour un petit problme (une fissure, une

    trace d'humidit, etc.), pour des proccupations de confort, pour

    une requte municipale de conservation, etc., mais c'est

    1

    I. La connaissance

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    23/401

    22

    prcisment l'architecte/ingnieur qui doit tre capable d'orienter

    le propritaire afin de rationaliser l'intervention et d'identifier lesbesoins les plus dterminants qui peuvent, parfois, tre diffrents

    des proccupations initiales du propritaire.

    D'autre part, le propritaire peut avoir dcid de rhabiliter le

    btiment afin de faire un investissement financier, et c'est l que

    l'architecte/ingnieur doit tre un bon conseiller par rapport aux

    aspects lgaux et au cot conomique de l'opration.

    Pr-diagnostic

    Le point cl de cette premire tape est le pr-diagnostic. Cette

    tape implique une premire approche globale du btiment, de

    ses valeurs (architecturales, historiques, etc.) et de ses problmes

    (qu'ils soient constructifs, d'habitabilit, etc.) grce une premire

    inspection du btiment. Cette premire visite se base sur une

    inspection oculaire au cours de laquelle l' exprience de

    l'architecte/ingnieur joue un rle fondamental. Il parcourt tout le

    btiment en tentant de dcouvrir le systme constructif utilis, les

    valeurs architecturales qui le caractrisent, les pathologies qui

    l'affectent, la problmatique sociale qui lui est associe, etc. En

    particulier, il doit fixer son attention sur les descentes de charges

    ainsi que sur le parcours de l'vacuation des eaux.

    Toute cette information peut tre recueillie dans une ou plusieurs

    fiches d' inspection systmatises, comme dans le cas du M ER

    franais ou suisse, ou du Test M antenimiento espagnol, etc.Certaines de ces mthodes d'inspection ont mme incorpor

    dernirement des donnes lies au comportement nergtique du

    btiment ainsi que d'autres paramtres environnementaux.

    Dans certaines situations de grande fragmentation de la proprit

    du btiment, il est ncessaire de commencer une srie d' entrevuespour garantir la participation de tous les propritaires et usagers

    du btiment.

    Paralllement l'inspection, l'architecte/ingnieur doit investiguer

    sur le statut lgal du btiment afin de connatre les obligations et

    les restrictions urbanistiques dont il est l'objet (classification,

    autorisations et affectations de la planification urbanistique ,

    degr de catalogation, de protection, hypothques,

    recensements, etc.), ainsi que les aides conomiques dont on

    pourra bnficier en cas de rhabilitation. Le degr de protection

    patrimoniale de la zone et/ou du btiment est en gnral

    dterminant pour l'opration. Un contact prliminaire avec les

    autorits comptentes (municipalit, administration rgionale,

    etc.) pourra aider clarifier ces aspects. O n doi t aussi dtecter les

    statuts lgaux des occupants du btiment : locations loyer

    modr, logements occups, sous-lous, etc.

    Le rapport du pr-diagnostic

    Aprs l' inspection et les consultations lgales, l' architecte/ingnieur

    peut dj avoir une premire comprhension du btiment et avoir

    dtect ses dficits et ses potentiels.

    Le rapport de pr-diagnostic doit recueillir de manire claire et

    rsume les renseignements compils et il doit valuer l'tat de

    conservation du btiment et faire des recommandations. A insi,l'expert pourra, ds le dbut du processus, informer le propritaire

    des possibilits de rhabilitation du btiment et des restrictions

    techniques et conomiques qui existent. ce moment-l, le client

    devra dcider s' il dsire mener terme ses ides initiales ou s' il

    souhaite reformuler la commande. O n comprend donc que ce

    rapport peut tre fait verbalement au cours d'une entrevue mais il est

    toujours mieux de tout mettre par crit : le promoteur peut en effet

    laisser passer plusieurs mois avant de prendre une dcision ou

    consulter un autre expert, et l'crit est toujours plus prcis.

    Si le btiment est en bon tat et que l'on ne prvoit aucun

    changement important, on pourra sauter directement l'tape

    7. Entretien et proposer un plan d'entretien prventif. Toutefois,

    dans 90 % des cas on devra accder une deuxime tape d' tudes

    pluridisciplinaires avant de pouvoir entreprendre la rhabilitation.

    OUTIL 2

    I. La connaissance

    Au cours de la premire visite, larchitecte/ingnieur doit tre capable de parvenir

    une vision globale de la problmatique du btiment (Como, Italie).

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    tudes pluridisciplinaires (analyse)

    Cette tape du processus consiste en un recueil systmatique

    d' informati on dans tous les domaines que l'on considre

    ncessaire d' investiguer pour parvenir une profonde

    connaissance de l'objet d' tude. La possibi lit de conduire avec

    succs ces tudes pluridisciplinaires dpend de la formation de

    l'expert qui doit les mettre en pratique ou les diriger (le corpus de

    connaissances de l' expert peut tre concentr, dans les cas

    simples, en une seule personne et, sur certains points concrets, on

    pourra envisager la consultation de divers spcialistes). O n ne peut

    pas faire confiance exclusivement sa propre exprience et son

    intuition qui, mme si elles sont ncessaires, doivent tre

    accompagnes d'un recueil systmatique d' information qui sera,

    dans certains cas, appuy de tests spcialiss.

    laboration d'hypothses provisoires

    L'tape des tudes pluridisciplinaires est fondamentale pour

    connatre suffisamment le btiment et son contexte avant d'y

    intervenir. De ce point de vue, il est souhaitable de se fixer des

    objectifs et de faire les premires hypothses

    5

    partir desrenseignements recueillis dans le rapport de pr-diagnostic ;

    celles-ci seront vrifies ou non mesure que les tudes

    avanceront.

    Programme d'tudes pluridisciplinaires

    partir de ces hypothses, on planifiera une campagne d'tudes

    abordable et cohrente en fonction des moyens disponibles. ce

    point du processus, on doit tre pleinement conscient de l'chelle

    de l'intervention (s'il s'agit d'une petite maison, d'un grand

    btiment comportant de nombreux logements, d'un btiment

    catalogu de haute valeur monumentale, etc.). A insi, on peut

    envisager le travail sur un mode chelonn de telle manire que

    des vrifications ultrieures dcouleront partir des premires.

    ce moment, on doit savoir clairement qui sera le directeur de

    l'ensemble des tudes.

    Domaine social

    Selon le type de rhabilitation, les aspects socioconomiques

    peuvent tre cruciaux pour la possible intervention. La base de

    l'tude est en gnral une enqute sociologique qui permet de

    OUTIL 3

    2

    23

    I. La connaissance

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    25/401

    24

    dtecter les units familiales ainsi que les possibles situations

    problmatiques (entassement, marginalisation, chmage,abandon, etc.) et leur relation avec le quartier. Selon le type

    d'opration, on devra planifier les possibilits de relogement

    provisoire ou dfinitif d'une partie des habitants, en trs troite

    collaboration avec la municipalit.

    D'autre part, dans le domaine de l'architecture traditionnelle,

    l'anthropologie peut permettre d'obtenir de prcieux

    renseignements quant la signification sociale de la maison,

    l'usage des espaces, les coutumes, etc. : tous ces lments

    intangibles que peroit la communaut de son cadre de vie. Dans

    une architecture aussi fragile que l'architecture traditionnelle, on

    doit renforcer les tudes anthropologiques pour documenter lesmanires d'habiter qui sont en danger de disparition. Le fait que

    de nombreux logements de quartiers traditionnels soient de nos

    jours habits par des personnes immigres ayant d'autres

    traditions montre bien qu'il est important de connatre les deux

    cultures et de trouver la possibilit de les rendre compatibles.

    Domaine historique

    Q uelque architecture que ce soit , et mme l' architecture

    traditionnelle, est apprcie quand il est possible de la reconnatre

    au sein d'une tradition. C 'est de ce point de vue que l'introduction

    des tudes historiques aide toujours fixer des critres

    d' intervention beaucoup plus solides.

    D'un ct, la mthode historique enqute dans les sources

    documentaires (archives notariales, archives familiales,

    photographies anciennes, anciens projets du btiment) pour

    compiler des donnes qui aideront comprendre le btiment et

    ses transformations. De l'autre, le btiment lui-mme est un

    magnifique document historique qui peut tre soigneusement

    tudi comme culture matrielle par la mthode archologique

    qui est habituellement utilise paralllement au relev graphique

    du btiment (sondages dans les murs, analyse des matriaux de

    construction, analyse stratigraphique du btiment, etc.).

    Une autre discipline de l'histoire, l'histoire orale, joue un rleimportant dans la rhabilitation de l'architecture traditionnelle.

    G rce la consultation de personnes d'un certain ge, il est

    I. La connaissance

    Si lon comprend les coutumeslies la vie traditionnelle, on peut avoir une

    approche plus prcise de son architecture. Lethnographe V iolant i Simorra a tudi

    lescoutumesdesPyrnensavant leur transformation.

    crituresnotariales, testaments, actesde vente, anciensplans font touspartie dunriche patrimoine documentaire qui permet de connatre de premire main lhistoire

    du btiment. (Santa Perptua de M ogoda, Espagne, 1777 A CA )

    Rhabiliter un btiment ne consiste pas seulement intervenir sur un objet, lamaison est le reflet de seshabitants et il est indispensable de connatre leurs

    proccupations, leursaspirations, leursbesoins. (Baak line, Liban)

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    possible d'obtenir des renseignements trs uti les sur le btiment

    ainsi que sur les techniques de construction traditionnelles quisont sur le point de disparatre.

    Domaine architectural

    Sans un bon relev gomtrique du btiment, il sera difficile pour

    l'architecte/ingnieur de le comprendre et, par consquent, de

    raliser un projet ajust la ralit. Le niveau de complexit du

    btiment et des interventions prvues orientera quant au type de

    relev et son degr de prcision. O n peut opter pour un relev

    manuel avec mtre-ruban, pour un relev topographique ou

    mme pour un relev photogrammtrique. Dans tous les cas, on

    devra insister sur la rigueur du relev tant donn qu' il constituerala base de tous les travaux postrieurs.

    Paralllement, une bonne documentation photographique, voire

    vidographique, est extrmement utile parce qu'elle permet de

    fixer des dtails qui peuvent passer inaperus premire vue.

    Un relev graphique n' est pas seulement une opration abstraite

    permettant de prendre des mesures. Dessiner le btiment est le

    meilleur moyen pour le dcouvrir et l'apprhender. Une partie

    importante du relev appartient la reconnaissance des valeurs

    architecturales du btiment et au relev graphique des matriaux,

    Pour apprcier lesvaleursainsi que les transformations du logement traditionnel,on peut avoir recours la reprsentation par couchesdes finitions desparements

    du logement (dallages, murset plafonds). (Logement Ksar Tinerhir, M aroc IIIe

    Atelier de rhabilitati on descasbahsdu sud de lA tlas)

    La mthode de relev graphique peut tre complique non seulement du fait du

    degr de prcision ncessaire mais aussi du fait descaractristiques deslogements.

    (Habitationstroglodytiques M atmata, Tunisie Institut National du Patrimoine, T.

    Dammak et M . Chakroun)

    I. La connaissance

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    26

    des techniques constructives et des lsions dans la perspective de

    l'approche constructive.Le regard d'un architecte/ingnieur du XXIe sicle sur

    l'architecture traditionnelle est, invitablement, un regard

    d'aujourd'hui, avec les proccupations d'aujourd'hui. Il ne faut pas

    oublier que l'ide mme de patrimoine culturel est une

    construction culturelle de ces deux cents dernires annes. De ce

    point de vue, la valeur et l' authenticit de l'architecture

    traditionnelle mditerranenne, par sa propre diversit, ne peut

    pas tre value avec un critre fixe. Le ncessaire respect des

    cultures du bassin mditerranen exige une comprhension de

    l'architecture dans sa tradition.

    A u cours de l' inspection, on tudiera sans a priori les valeurs

    architecturales du btiment ( l' intgration dans le lieu, la

    configuration spatiale, une structure singulire, un type

    d'ornementation, etc.) en tentant d'viter les apprciations

    fragmentaires et en recherchant la logique unitaire de production

    de l'architecture.

    A u cours de cette tape, il est recommand de consulter les

    tudes dj ralises sur la typologie du btiment et, dans certains

    cas, d'effectuer des tudes des aspects singuliers du btiment.

    Dans cette mme orientation, l'architecture traditionnelle se

    caractrise d'une manire tout fait particulire par la superficie

    de ses parements (couleur, texture, irrgularits, etc. des faades

    et des intrieurs). Pour cette raison mme, les tudes des couleurset de la dcoration applique seront d'une grande valeur. C es

    tudes impliquent une participation pluridisciplinaire du fait que

    l'utilisation des couleurs ou des peintures qui sont appliques

    exige une tude de base historico-artistique et la fois

    constructive des techniques tradit ionnelles d'excution.

    OUTIL 4

    I. La connaissance

    Pour reconnatre lestransformations spatialeset constructives, lanalysearchitecturale doit sappuyer sur lanalyse historique qui permet didentifier

    et de dater lesinfluencesstylistiques. (Btiment Barcelone, Espagne

    qaba.documentaci histrica)

    Le btiment a en gnral une vie assez longue, et son image extrieure peut avoirchang plusieurs fois au cours de son histoire. Lestudes de couleur analysent

    lesstrates de peinture et/ou de stucsde la faade afin de comprendre sa dcoration

    origi nale et son volution. (Faade desRamblas de Barcelone, Espagne)

    Pour comprendre le btiment tudi dansla tradit ion architecturale de la zone,

    il est important de consulter les uvresde rfrence sur larchitecture locale

    (J. Revault, Palais et demeuresde Fs, C NRS, 1988, M aroc)

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    27

    O n doit aussi tre conscient du fait que, s' il est vrai que dans le

    monde prindustriel les changements sont lents, un btimenttraditionnel crot et se modifie en fonction des besoins et des

    moyens de chaque poque. Par consquent, il est souhaitable

    d'tudier les transformations architecturales du btiment en

    s'appuyant nouveau sur l'tude historique pour comprendre sa

    configuration un moment donn.

    Au cours de cette tape, on devra consulter de manire dtaille le

    cadre lgal et urbanistique du btiment. Dans le cas des immeubles

    catalogus, on tudiera les rapports effectus afin de comprendre

    pourquoi ils sont protgs partiellement ou totalement.

    Domaine constructif

    Cette tape comprend la reconnaissance physico-constructive detous les lments du btiment ainsi que l'observation de ses

    lsions. Il faut signaler ici que la formation des architectes et des

    ingnieurs depuis le XIX e sicle privilgie l' tude de la construction

    par sous-systmes (fondations, murs, planchers, enveloppe, etc.),

    mais que dans le cas de l'architecture tradi tionnelle le btiment se

    construisait comme un tout. Il est donc important de l'approcher

    dans la perspective de cette globalit. Pour cette raison mme,

    cette tape requiert un architecte/ingnieur habitu aux modes de

    construction traditionnels de la rgion, disposant d'une solide

    formation scientifico-technique de la pathologie des btiments

    traditionnels.

    L'approche des problmes doit tre la plus scienti fique possible :

    dtection des lsions, premire hypothse des causes qui en sont

    l'origine et vrification de cette hypothse. Pour ce faire,

    l'architecte/ingnieur sera assist d'un ensemble d' experts

    (chimistes, gologues, biologistes, etc.) et de tests (in situ et en

    laboratoire) qui lui permettront d'identifier les matriaux, leurs

    altrations ventuelles, l'attaque des insectes xylophages, de faire

    le suivi des fissures, etc.

    L'valuation de la scurit structurelle du btiment est

    particulirement importante afin d'viter les accidents. Cela

    implique la connaissance du sous-sol (grce l' tude

    gotechnique si ncessaire), l' analyse de la cohrence structurellede l'ensemble et de la capacit de rsistance de la structure. C ette

    valuation est plus importante encore dans les zones sismiques o

    la vulnrabilit du btiment doit tre tudie avec soin. Ce

    chapitre est tout particulirement source de conflits tant donn

    que les standards de scurit structurelle sont penss pour des

    constructions nouvelles en acier ou en bton arm, et qu' il est

    pratiquement impossible de les assimiler la ralit traditionnelle.

    Le dilemme qui consiste savoir si l' on doit conserver et

    assurer en mme temps peut tre nuanc par une connaissance

    du comportement structurel du btiment au cours de longues

    priodes de temps.

    Au moment o l'on envisage une rhabilitation, il est recommand

    d'introduire des critres de durabilit et de protection de

    l'environnement dans la rhabilitation du btiment. A insi, on

    analysera le cycle de l'eau, le cycle des rsidus, les consommations

    nergtiques du btiment et l'on tudiera le confort en hiver et en

    t. Il existe dans la tradition constructive mditerranenne une

    infinit de solutions bioclimatiques qui ne devraient pas tre sous-

    estimes par mconnaissance au moment d' une intervention.

    A u cours de cette phase, on ne doit pas oublier de vrif ier la

    connectivit du btiment (tat et position) avec les infrastructures

    de base (rseau d' assainissement, rseau d'eau potable, rseau

    d'lectricit, rseau de tlphone, etc.) et prvoir ainsi ds ledbut les vritables possibilits de connexion qui, dans certains

    cas, peuvent impliquer des travaux inabordables.

    OUTILS 5-6

    I. La connaissance

    Avant dvaluer la gravit deslsions du btiment, il est ncessaire de connatreen dtail la manire dont il a t construit. (Thessalonique, G rce, 1997 M anos

    Anagnostidis, M aria Dousi, O lympia Hatzopoulou)

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    II. La rflexion et le projet

    28

    Diagnostic (synthse)

    valuation critique des tudes

    L'tape de diagnostic6 implique un travail de synthse et une

    rflexion critique qui sont fonds sur les tudes pluridisciplinaires

    ayant t ralises au cours de l'tape antrieure. Pendant cette

    valuation, on doit obtenir une unit de propositions qui vitera

    des rsultats excessivement fragmentaires dus au matriel

    disponible.

    Pour ordonner et fixer l'information, il est toujours ncessaire de

    la comparer pour l'apprhender ; par exemple, en la fixant

    graphiquement sur le relev gomtrique du btiment. A insi, de

    manire systmatique (par tage, par lvation, en section) on

    pourra crer trois types de cartes: en premier lieu, une carte de

    valeurs sur laquelle on notera les valeurs spatiales, de couleur,

    historiques, artistiques de chaque partie ou de l' ensemble du

    btiment ; en deuxime lieu, une carte des dficits sur laquelle on

    notera la problmatique sociale, les prestations du btiment

    ainsi que les lsions et les dgradations ; et en troisime lieu, une

    3

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    29

    II. La rflexion et le projet

    Au cours de la phase de diagnostic, on doit runir toute linformation de manire

    ordonne (plansdes valeurs, plansdes dficits, plansdes usagesprcdents).

    Lquipe du professeur Luigi Zordan lUniversit degli Studi dellA quila ( Italie) a

    labor un guide raisonn dans lequel sont propossdes exemplesde lamanire de reprsenter ces donnes afin de raliser un diagnostic prcis. (Luigi

    Zordan, Le tradizioni del costruire della casa in pietra: materiali, tecniche, modelli e

    sperimentazioni, 2002)

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    carte des usages prcdents et/ou existants sur laquelle on

    montrera comment a t utilis et comment est encore utilis lebtiment avant l'intervention.

    Confirmation de l'hypothse

    Sur la base de cette premire valuation, il doit tre possible

    d'avoir une vision globale du btiment et de confirmer les

    hypothses envisages au dbut des tudes pluridisciplinaires au

    travers des observations et des tests. Toutefois, il y a toujours la

    possibili t d'envisager de nouvelles hypothses (les hypothses

    initiales ne se sont pas confirmes, de nouvelles conditions ont vu

    le jour, etc.) et de revenir la phase d'tudes pour les vrifier.

    Rdaction d'un rapport d'expertise la fin de cette tape, il est nouveau ncessaire de mettre par

    crit le degr de connaissance du btiment qui a t atteint. O n

    dtaillera la composition du btiment, on dcrira et on justifiera

    ses valeurs, on dtaillera les dficits et leurs causes, et on fera des

    recommandations. La rdaction du rapport de diagnostic sera

    toujours base sur la diffrenciation des problmes et de leurs

    causes, avec un critre d' impartialit technique.

    Ce document est un rapport comportant une opinion raisonne

    qui doit tre rdig de telle manire qu'un autre technicien

    extrieur au processus puisse le comprendre ; en outre, il

    comprendra toujours une note de synthse qui sera accessible un lecteur non professionnel. Les conclusions devront tre

    concises, claires et compltes. C ette note prcisera les point forts

    ainsi que les points faibles afin de montrer le potentiel de

    rhabilitation du btiment existant.

    30

    II. La rflexion et le projet

    ct, une carte des usagesoriginaux dun bti ment aprsl tude historique.

    (A ncien hpital des Clercsde Sant Sever, Barcelone, Espagne qaba.documentaci

    histrica)

    la fin de cette tape, on disposera dun dossier sur ltat du btiment qui

    expliquera lescausesde sa dtrioration, de son abandon, etc. (Istituto de ricerca

    sul legno, Florence, Italie)

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    31

    Rflexion et cadre de dcisions

    Faisabilit

    C'est ce moment, lorsque l'on connat parfaitement le btiment

    et ses usagers, que l' on verra si les ides du promoteur sont

    ralisables. Par consquent, il s'agi t d' entamer nouveau avec le

    propritaire un dialogue sur ses ncessits futures et sur ses

    possibi lits conomiques au regard du potentiel du btiment.

    Pour commencer l'tude de faisabilit, on partira de trois tudes

    partielles: 1. Ce que l'on appelle la carte de transformabilit, qui ne

    fait rien d'autre que croiser l'information des cartes des valeurs, des

    dficits et des usages de l'tape antrieure pour montrer les parties

    du btiment qui seraient susceptibles de changements (liminations,

    additions, rformes, etc.) et les parties qui devraient tre conserves

    pour prserver sa valeur ; 2. Le programme des nouveaux usages,

    propos par le client et dj rationalis (superficies, relations entre

    usages, etc.) par l'architecte/ingnieur ; et, 3. L' valuation des

    conditions rglementaires lies aux paramtres urbanistiques et de

    catalogage des biens d' intrt culturel.

    4

    II. La rflexion et le projet

    Et, finalement, cest le moment de reprendre les idesdu promoteur et d analyser

    leur faisabilit. (Runion la mai rie de Selva del Camp, Espagne)

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    32

    II. La rflexion et le projet

    Deux autres exemplesdu guide du professeur Zordan montrent commentreprsenter graphiquement ce quil appelle la carte de transformabilit

    et le processus de compat ibi lit afin de pouvoir rflchir sur lintgrati on

    desnouveaux usages.

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    33

    O n accepte en gnral la continuit d'usage comme tant la

    meilleure protection de cette architecture ; toutefois, pourrevitaliser cette architecture, on a recours en certaines occasions

    un changement d'usage. Il faut signaler ici l'importance de

    proposer des changements d'usage senss tant donn que

    certaines propositions peuvent impliquer la perte pratiquement

    totale des valeurs de l'architecture traditionnelle.

    Confirmation des critres

    Comme nous l'avons dj comment auparavant, on ne pourra

    pas intervenir sur l'architecture traditionnelle mditerranenne, du

    fait de sa diversit, avec un critre fixe.

    A u cours de cette tape, l'architecte/ingnieur devra fixer les

    critres qui seront appliqus au projet (additions, liminations,

    priorit donne aux aspects d'habitabilit, rintgration des

    parties perdues, rversibilit des interventions risques,

    consolidation des parties en ruine, etc.). D'emble, on ne devra

    carter aucune solution extrme : ni la conservation, ni la

    restauration. La Charte du Patrimoine bti vernaculaire tablit un

    premier cadre gnral7 prendre en compte.

    Cadre de dcisions

    A prs avoir confirm les critres, on devra envisager la

    compati bilit du type d'intervention ; c'est--dire que l'on

    recherchera l'quilibre entre l'amlioration des conditions de viedes habitants, la scurit de la structure, la sauvegarde des valeurs

    patrimoniales et les ressources conomiques disponibles.

    Et, finalement, on pourra prendre la dcision d'agir8 en choisissant

    en toute connaissance de cause le type de travail de rhabilitation

    (depuis la programmation d'un simple entretien jusqu' la

    rhabilitation intgrale, en passant par la ralisation

    d'interventions partielles).

    OUTIL 7

    II. La rflexion et le projet

    Troisexemplesde btiments restaursavec descritresdiffrents. (Lefkara, Chypre / Thessalonique,

    G rce / Damas, Syrie)

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    Projet

    Avant-projet

    L'avant-projet est une tape de profond dialogue avec le client sur

    ce qu' il doit tre possible d' activer dans un processus participatif des

    habitants ou des usagers du btiment. Pendant son dveloppement,

    on essaiera les diverses possibilits du projet qui permettront

    d'obtenir une meilleure adquation entre les rformes proposes et

    le btiment existant, en appliquant les critres dfinis au cours de la

    phase antrieure. O n apportera, ds le dbut, une attention toute

    particulire l'accomplissement du cadre lgal. Enfin, on parviendra

    un accord conscient du promoteur en ce qui concerne

    l'intervention que dveloppera le projet.

    Projet

    Le projet dtaille l'intervention avec un niveau suffisant pour

    pouvoir effectuer les dmarches administratives, embaucher les

    entreprises de construction et excuter les travaux sans dviations

    de cot. De la mme manire, le projet d'excution interprte les

    critres d'intervention et applique une srie de paramtres

    techniques afin de matrialiser l'intervention.

    OUTILS 8-9

    5

    Au coursde la phase de l' avant-projet, on tudie systmatiquement lesalternatives

    d'i ntgration du nouveau programme d'usagesdans le btiment rhabiliter.

    Il existe diversesmthodestelles que celle de J. N. Habraken qui tudie la f lexibilit

    desespaces partir de ce qu'il appelle la thorie dessupports, qui a d' ailleurst

    utilise danscertainesrhabilitations europennes. (J. N. Habraken, Denken in

    Varianten, het methodisch ontwerpen van dragers, 1974)

    II. La rflexion et le projet

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    En rgle gnrale, l' intervention thrapeutique des problmes du

    btiment doit tre destine leurs causes et pas seulement leurssymptmes.

    Le choix d'une technique traditionnelle ou moderne dpendra

    aussi du type de constructeur que l'on pourra engager. Par

    consquent, c'est le moment de dtecter si les techniques

    traditionnelles sont encore vivantes dans la construction locale et

    s' il y a des possibilits de les rcuprer pour effectuer la

    rhabilitation.

    Il faut remarquer ce point l'une des tendances de la thorie de

    la restauration qui peut tre adapte de manire intressante,

    pensons-nous, la rhabilitation de l'architecture traditionnelle.

    Cette tendance part de l'ide qu'il est indispensable de connatre

    les techniques traditionnelles pour pouvoir intervenir de manire

    responsable dans cette architecture. Dans cette ligne, on trouve

    les travaux des Compagnons du Devoir en France, les tudes sur

    la Carpintera de lo blanco d'Enrique Nuere en Espagne et tout

    particulirement les travaux de Paolo M arconi en Italie, qui a su

    transfrer ce savoir pratique au travers du M anuale del Recupero.

    Ces manuels documentent la tradition constructive locale (en

    gnral d'une municipalit ou d'une rgion homogne) et

    prsentent au professionnel des modes d'intervention

    traditionnelle. De la mme manire, un pas de plus a aussi t fait

    II. La rflexion et le projet

    Pour la ralisation du proj et, il est ncessaire de consulter lespublications existantessur la construction locale. ( Paolo M arconi, M anuale del Recupero del C entro Storico

    di Palermo, 1997 / Antonino G iuffr et Caterina Carocci, Codice di Pratica per la

    Sicurezza e la Conservazione del Centro Storico di Palermo, 1999)

    Le projet dfinit l' chelle adquate et avec suffisamment de dtails lesinterventions de consolidation et de renforcement du bti ment. (Renforcement

    du plancher de bois de la M asia can Plantada, Espagne - Cristina G onzalo Diego)

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    en Italie avec ce que l'on appelle le Codice di Pratica qui introduit

    des mthodes d'analyse et d'intervention de l'architecturetraditionnelle (consolidation structurelle, protection contre les

    sismes, etc.) en essayant de rendre compatibles la construction

    traditionnelle et les techniques les plus modernes. A insi, au cours

    de cette phase, on consultera ces documents chaque fois que cela

    sera possible, et au moment de projeter on suivra leurs conseils.

    Prcisment, ces documents ont ouvert le dbat italien sur

    l'utilisation des techniques modernes de renforcement et de

    consolidation dans les structures anciennes. Pendant la rdaction

    du projet, on tudiera l'impact de chacune des techniques

    appliques, leur compatibilit avec le btiment existant ainsi que

    la visibilit finale de l'intervention.

    D'autre part, on aura la mme proccupation au moment

    d' intgrer les installations modernes dans le btiment. Ds la

    commande de l' installation on devra prendre des mesures pour

    qu' elle puisse tre intgre sans dnaturer les faades ni les

    intrieurs, en proposant par exemple des tracs suivant un certain

    ordre.

    Le projet devra aussi incorporer les paramtres de durabilit qui

    seront raisonnables l'chelle de l'intervention (mesures

    d'conomie de l' eau, mesures d'conomie nergtique,

    introduction des nergies renouvelables, introduction de facilits

    pour la gestion correcte des rsidus domestiques, etc.).

    Paralllement, dans chacune des dcisions du projet, on tudierace que l'on appelle la maintenabilit des solutions constructives,

    c'est--dire que tout lment devrait tre accessible pour son

    entretien postrieur de manire facile et en toute scurit. Le

    contre-exemple le plus frquent est cette fentre dont il est

    pratiquement impossible de nettoyer les vitres.

    Le projet doit tre dtaill mais ouvert aux modifications qui

    pourraient se justifier du fait des dcouvertes de dernire minuteau cours des travaux. I l comprendra la documentation suivante :

    dfinition gomtrique de la proposition avec cotes (tages,

    sections et lvations), plans de structure, plans des finitions, plans

    des installations, cahier technique, mesures, devis, cahier des

    charges et mesures d'hygine et de scurit.

    II. La rflexion et le projet

    Dans lesrcuprations de faades, on dfini t la couleur mais aussi le type deproduit chimique qui sera utilis, sa manire de l'appli quer ainsi que la manire

    dont on contrlera la qualit de l'application. ( Faade Barcelone, Espagne -

    Chroma Rehabilitacions Integrals, SL)

    Certainesmunicipalitsdisposent d'un rpertoire descouleurs traditionnelles, quidoit tre pris en compte au moment de la rdaction du projet. (M airie de L'Escala,

    Espagne)

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    Rhabilitation

    Contrat de construction

    Pour garantir une rhabilitation correcte, le choix du type de

    constructeur est trs important. Dans certaines rgions il est

    encore possible de trouver un constructeur qui connat et qui

    pratique les techniques tradit ionnelles de construction, mais ceux-

    ci sont malheureusement en voie de disparition rapide. Dans

    certaines rhabilitations, peut-tre sera-t-il possible de former le

    constructeur une technique particulire, mais dans la majorit

    des cas on devra renoncer la rcupration de certaines

    techniques du fai t de leur cot conomique. Dans le cas o l' on

    aurait recours un type d'entreprise de construction peu

    spcialise, on devra surveiller la manire de raliser le contrat, de

    telle manire que l'on puisse contrler les matriaux et les

    techniques. Le type de contrat garantira la qualit du travail et le

    professionnalisme du constructeur. D'autre part, certains travaux

    de nettoyage de parements dlicats ou d' uvres artistiques

    6

    Stratgie III. Les travaux

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    exigent l'embauche temporaire de professionnels de la

    restauration avec leurs mthodes et leurs techniques spcifiques.

    Dmarches du permis de construire

    Dans la programmation de la rhabilitation, on doit tenir compte

    des dlais d'attente qui sont ncessaires pour obtenir les permis de

    construire de la part des autorits comptentes. Dans les cas des

    dossiers des btiments catalogus, les dlais d'attente peuvent

    tre plus importants encore. O n doit aussi prvoir l'hypothse

    selon laquelle le rapport serait dfavorable et que l'on doive alors

    revenir la phase de projet.

    Excution des travauxLa direction des travaux d'un btiment traditionnel exige avant

    tout une certaine flexibilit et un certain temps. Les imprvus

    surgissent souvent au fur et m