Lexique Sommaire de La Langue Du Duc de Saint-Simon by E. Pilastre

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Lexicon of difficult words to "Memoirs" of the Duke de Saint-Simon

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  • LEXIQUE SOMMAIRE

    DE LA LANGUE

    DU DUC DE SAINT-SIMON

  • Droits de traduction et de reproduction rserves

    pour tous les j>ays,

    y compris la Sude et la Xorv'/c.

    TYPOGRAPHIE FIRMIN-DIDOT ET C,3 MKS.MI. (EL'RE).

  • f'll\ I

    LEXIQUE SOMMAIRE

    DE LA LANGUE

    DU

    DUC DE SAINT=SIMONPAR

    E. PILASTRE

  • 150

    ,

    Sa ?sst

    /for

  • AVANT-PROPOS

    En publiant ce Lexique, nous avons voulu prsenter

    aux lecteurs des uvres du Duc de Saint-Simon, sansaucune prtention scientifique , un simple essai som-

    maire, mais dj instructif, sur la langue de ce grandcrivain.

    La richesse, la varit, l'originalit, l'abondance du

    langage de Saint-Simon, peuvent soutenir sans peine la

    comparaison avec les modles les plus achevs du Siclede Louis XIV.

    La langue de Saint-Simon est en gnral celle du

    XVII e sicle; mais il s'y mle, pour l'agrment de celui

    qui l'tudi, des restes de celle du XVI e sicle dans

    plus d'un archasme, et certaines innovations qui rv-

    lent la venue du XVIII e .

    L'examen du style de Saint-Simon, l'tude grammati-

    cale de sa phrase, la recherche littraire des tours anciens

    ou nouveaux qu'il prend pour rendre sa pense, avec

    une originalit inimitable, ne sont pas de notre domaine.

    A la lecture des pages qui suivent, on partagera sans

    doute notre regret, qutant de mots naturels, expressifs,

    bien franais, aient t perdus par l'usage, mme chezles lettrs.

  • II

    Comme le dit Fnelon [Lettre sur les occupations del'Acadmie franaise) : Notre langue manque d'un grand nombre de mots et de phrases, il semble qu'on l'a gne et appauvrie, et parfois le vieux langage se^ fait regretter .

    Une partie de cette vieille langue a disparu, saigne

    blanc, suivant l'expression de M. Emile Deschanel, par

    les Acadmistes et par la bgueulerie moderne, la-quelle l'Angleterre a tant contribu.

    Pour nous, si nous avons t afflig des pertes, nous

    avons t stupfait parfois de l'enrichissement de la

    langue du XX sicle par la cration de certains termesdans la langue scientifique. On nous permettra do> citer

    le mot le plus long dont se soit accrue la langue fran-

    aise : Tctramctkylparadiamhlophcnylorthodoxiphcnyl-

    mthanc, cr pour dsigner une substance propre

    fabriquer le bleu verdtre [Revue des Deux-Mondes

    15 juin 1901 : Les fleurs, par Victor de Bled). Ce motgigantesque ne nous console pas de la perte d'autres

    termes plus vivants et d'une allure moins malgache,

    dont usaient nos pres.

    Quoi qu'il en soit, l'tude des mots n'est pas sans int-

    rt. Que de fois nous sommes-nous plu la lecturede quelques pages d'un de nos bons dictionnaires! Peut-

    tre des amateurs des uvres de Saint-Simon trouve-

    ront-ils quelque plaisir semblable, en voyant ici runies

    les expressions les plus caractristiques de sa manire

    d'crire !

    Chez le duc de Saint-Simon, on constatera, sans ton-

  • III

    nement, que beaucoup d'images ou de mtaphores sont

    empruntes la langue de Ja vnerie; l'auteur les avait

    retenues de ses conversations avec Claude, son pre, le

    louvetier de Louis XIII; car lui-mme ne fut pas un

    amateur srieux de la chasse.

    Nous avons jug utile de joindre renumration al-phabtique des mots l'tymologie qui leur est donne

    par les matres de la science moderne. L'tymologie a

    d'autant plus d'intrt qu'elle ne nous donne pas

    seulement la signification vritable des termes, mais

    qu'elle nous claire sur les origines de la langue fran-

    aise. Elle nous fait bien voir que celle-ci fut, pour

    une grande partie, le long dveloppement de la langue

    vulgaire romaine. Elle rvle aussi l'influence sensible

    qu'exercrent sur le langage de notre nation, soit de

    longues invasions, soit la venue en France, au XVI e et au

    XVII e sicles de reines italiennes ou espagnoles. La

    cour, avec leurs modes, imita certaines de leurs faons

    de parler, et de la sorte plus d'un mot exotique s'accli-

    mata chez nous.

    On remarquera peut-tre avec surprise, que , dans le

    cercle si limit cependant de nos recherches, l'tymo-

    logie d'un certain nombre de mots est demeure fort dou-teuse, ou mme inconnue; nous nous sommes rsign ces lacunes; le temps n'est plus o l'on faisait hardi-ment descendre alfana 'eqaus. Nous avons donn lestymologies les plus probables, car, en pareille matire,

    la certitude fait souvent dfaut.

    Nous n'avons pas born notre travail rnumration

  • IV

    des mots pris en eux-mmes et considrs isolment ; nousn'en avons pas exclu ces locutions originales et singu-

    lires qui, sous la plume de l'auteur, prennent une tour-

    nure neuve et saisissante par un rapprochement inat-

    tendu et par un sens particulier d'expressions connues.

    Nous n'avons pas cart davantage, de parti pris, cer-

    tains mots qui sont d'un usage courant de nos jours etqui ne sont pas exclusivement propres Saint-Simon.

    Dans plus d'un cas, nous avons voulu mettre en lumire

    de la sorte les modifications d'acceptions, les altrations

    de sens, et souvent les affaiblissements de termes au-

    trefois plus expressifs et plus forts.

    Nous avons poursuivi la composition de notre Lexique,

    d'aprs les ides que nous venons d'exprimer, en mettant

    profit les recherches de nos rudits devanciers et sp-

    cialement les savants crits de M. de Boislisle. M. de

    Boislisle a promis aux lecteurs de son dition dfinitive

    des Mmoires de Saint-Simon, un lexique complet dont

    nous n'avons encore malheureusement qu'une faible

    partie. Les travaux de MM. Chrucl, Hatzfeld, Arsne

    Darmesteter, Antoine Thomas, Littr et Brachet ont t

    souvent mis contribution par nous dans une large

    mesure; spcialement, nous avons eu souvent recours au

    Dictionnaire de MM. Hatzfeld, Arsne Darmesteter , An-

    toine Thomas, publi en 1900 par Delagrave, sous le

    titre de : Dictionnaire de la langue franaise depuis le

    XVII e sicle jusqu' nos jours. Nous avons trouv dans

    cet excellent ouvrage diverses solutions que nous avons

    reproduites en indiquant leur origine.

  • v

    Notre pe de chevet a toujours t cependant le dic-tionnaire de Littr, base de la linguistique franaise

    ;

    nous avons suivi l'dition publie en 1873 par Hachette,

    sous le titre de Dictionnaire de la languefranaise

    .

    Certains mots reviennent frquemment dans les Mmoi-res de Saint-Simon; nous n'avons en gnral cit qu'un

    seul exemple d'une mme expression.Les citations empruntes M. de Boislisle sont extraites

    de l'dition des Mmoires, en cours de publication dans

    la Collection des grands crivains de France dite par

    Hachette. Nous avons galement relev, mais en petit

    nombre, quelques expressions employes par Saint-Simon clans divers crits, autres que les Mmoires,

    que M. Faugre a publis la mme librairie, sous letitre 'uvres indites de Saint-Simon.

    Pour abrger, les citations seront rapportes de la

    faon suivante :

    B de Boislisle.

    C Chruel.

    H Dictionnaire de Hatzfeld, Arsne Darmesteter et

    Thomas.

    L Dictionnaire de Littr.

    Enfin l'dition de Saint-Simon laquelle nous ren-

    voyons pour les Mmoires est celle de MM. Chruel etAd. Rgnier fils, en -21 volumes, parue, en 1873, chez

    Hachette. Les chiffres qui suivent l'indication de chaque

    mot se rfrent, le premier au volume, le deuxime la page des Mmoires de Saint-Simon, dfaut d'indi-cation particulire.

  • LEXIQUE SOMMAIRE

    T)K LA

    LANGUE DE SAINT-SIMON

    ABAISSER (S') (XIII-29). La Reine s'abaissait dire.

    Descendre faire une chose infrieure. tym. : a etbaisser, du latin bassus.

    ABEILLES (XII-3). Les grces, la beaut le faisaient distin-guer comme le roi des abeilles. Insecte hymnoptre oumouche miel. Saint-Simon prte au roi des abeillesla souverainet attribue habituellement la reine de la

    ruche qui y est toute-puissante comme seule charge dela reproduction de l'espce. Pline l'Ancien parle gale-

    ment du roi des abeilles (Liv. xi, 17). tym. : latinapieu la.

    ABIME (VIII-406). Madame la Duchesse fut d'abord abmedans la douleur. Jet dans le fond. tym. : abme,latin abyssus.

    ABORDE (D') (1-90). Us attaqurent le village, d'abordeavec furie. Action d'arriver au bord; mot employ au-trefois adverbialement. tym. : a et border, lequel vientde bord emprunt au bas allemand bord (H.).

    LEXIQUE. i

  • ABOY (1-453). Le prince de Conti faisait un triste et humi-liant personnage, accueilli de personne, aboy de tous et

    n'osant mettre pied terre. Aboy : celui contre lequelchacun crie. tym. : a et l'ancien verbe baier, avoir labouche ouverte.

    ABOYER. Donner de la voix. Verbe actif autrefois :

    aboyer quelqu'un, le poursuivre en criant. Au figur :

    l'attaquer fortement, le dchirer.

    ABOYER A LA LUNE (V-431). Enfin Rouvroy, las de crier etd'aboyer la lune, prit le parti de se taire. Crier inutile-

    ment aprs quelqu'un, comme font les chiens qui hurlent

    en voyant la lune.

    ACADMISTE (XIV-85). Aussi parfaitement dbauch etaussi ouvertement qu'un jeune acadmiste. Acadmiese disait d'un lieu d'exercice pour les jeunes gens,Acadmie d'quitation, etc. tym. : latin acadmie us.

    ACCOMMODER (XI-268). Je ne pouvais m'accommoderd'tre le marteau du peuple. Accepter une chose comme

    pouvant convenir. Etym. : latin accommodais.

    ACCORTISE (XIV -344). Son accortise, ses ambages etsa finesse y chourent. tym. : vient Raccord, avis,habile.

    ACCOUCHEMENT (XIII-262). C'tait pour lui un accouche-ment que de se dterminer. Mise au monde d'un enfant.Au figur : laboration pnible. tym. : a et coucher,qui vient du latin collocare, placer, tendre.

    A COUP (VI 1-449 ). Tel fut le coup de foudre qui tombasur Madame la Duchesse coup, au premier voyage de ses

  • 3

    filles Marly. Mouvement saccad, arrt brusque. tym. : a et coup (L.).

    ADOMESTIQUER (111-385). - Huxelles accrochait de jeunesofficiers qu'il adomestiquait. Sens : attacher sa mai-son. tym. : latin domus, maison.

    AFFRES. Je n'avais envisag le rgne de Monseigneur qu'a-vec toutes les affres pnibles, gnrales et particulires. Grand effroi qui pntre jusqu'aux moelles, fait dresserles cheveux. tym. : anc. allemand eiver, acre, hriss.

    AGIOTEUR (V1II-157). - On appelait ces gens agioteurs, etleur mange, suivant la presse o taient les porteurs debillets, de donner, par exemple, trois ou quatre cents francspour un billet de mille francs, par exemple, s'appelait agio. tym.

    : agio en italien, aise, ou aggio, j'ai. Saint-Simon crit agiot. C'est le bnfice entre la valeur nomi-nale et la valeur relle des monnaies, le prix au comptantou terme des effets (H.).

    AHEURTEMENT (XIV-298). - Le rgent prtendait n'avoirtrouv que aheurtement dans le chancelier. L'action des'arrter devant un obstacle, l'tat d'un homme butt,opinitre. tym. : a et heurter, autrefois hurter, ori-gine incertaine. Le substantif heurt a le sens de choc. LaFontaine (Fables, VU, 29) crit : un heurt survient.

    AIGUIRE (XVI-214).Dubois craignait de ne pas tre matre

    de son aiguire. Vase bec et anse contenant del'eau. Au figur : tre matre de son action. tym.' :aigu, ancien franais signifiant eau; vient du latin aqua.

    AILES (Couper les) (VJII-52).-On s'tait rveill sur moi

    pour me couper les ailes. Au figur : couper ou rogner

  • _ 4

    les ailes (plus usit) c'est ter quelqu'un son autorit,

    ses richesses ou sa force.

    AILE (VII-149). On ne voulait pas que j'eusse des ailes.

    Aile : membre qui sert aux oiseaux voler. Au figur :avoir la forc^ d'entreprendre une chose et de se soutenir

    dans une action. tym. : latin ala.

    ALAMBIC (VIII-34G). Les raisonnements du duc de Chevreusetaient tellement tirs l'alambic qu'ils impatientrent le

    chancelier. Appareil distiller. Au figur : tirer

    l'alambic, distiller subtilement un raisonnement et un

    discours. tym. : arabe al-ambiq, emprunt du grec [/.6t;, le vase.

    ALERTE (III-313). Melac avait russi tenir alerte vingtlieues sa porte de pays ennemi. tym. : italien al'erta,sur la hauteur, d'o Ton peut guetter. Saint-Simoncrit al'erte. Sens figur : en veil, en garde.

    ALOI Parallle des trois Rois, page 201). Richelieu qui

    voulait couvrir la nudit d'un homme si jeune et de si basaloi. Aloi, titre lgal de l'or et de l'argent. Au

    figur : ce qui a de la valeur relle, ce qui est bon.

    tym. : se rattache aux mots a et loi (sur les monnaies),ce qui est conforme la loi. D'autres disent que ce terme

    vient d'alliage (L.).

    AME (porter son) (IX-383). Jamais homme ne possda sonme en paix comme le duc de Chevreuse; comme le dit lepsaume, il portait son me dans ses mains. Allusion aupsaume cxvin, verset 109. L'me est le principe spirituelde l'homme. L'me est ici considre comme le prin-cipe des sentiments. tym. : latin anima.

  • AMORTISSEMENT (VII- 101). Mme de Saint-Simon mereprsentait doucement l'amortissement du dpit. Accep-

    tion peu usite de ce terme qui veut dire adoucissement

    ou extinction d'un sentiment. Ce mot vient de amor-

    tir, rendre comme mort. tym. : a et latin mors.

    AMPHIBIE (XVI-387). Les ecclsiastiques se livrent unepuissance trangre pour en obtenir une dignit amphibie

    qui les lve un rang monstrueux. Qui a une doublenature. Ici qui vit de la France et de Rome. tym. :grec a (x

    .p\ des deux cts, pio vie.

    AMOURACHER (S') (XII-94). Elle s'amouracha du comte deMarsan. Devenir amoureux. tym. : italien amorac-cio, latin amor.

    APOLLON (XVIII-187). Robin tait l'Apollon sans lequelMaulevrier ne pouvait faire des vers. Apollon, dieu de laposie. Qui donne l'inspiration potique. tym. :latin Apollo.

    APOSTUME (VI-455). Piqu de ne pouvoir dterminer lavritable apostume ni son remde je voulais quitter la Cour. L'Acadmie fait masculin ce mot gnralement em-ploy au fminin par les auteurs. Il a le sens d'abcs. tym. : grec ArroVcriua, de airo indiquant cartementet de ffiaw se tenir. cartement et par suite abcs. Apostume est une corruption du mot apostme, terme dechirurgie qui a le mme sens. Au figur, il a le sensde mal intrieur envenim.

    APOTHOSER (Parallle des trois Rois, page 209). Cesbienfaits jusqu'alors inous apothosrent jamais les conti-nuelles perfidies et les ingratitudes monstrueuses des La

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    Cour. Verbe cr par Saint-Simon; vient &apothose,mise au rang des dieux. tym. : grec rcoOeWi.

    APRS (D') (X-7). C'tait un bon et honnte homme, maismoins un homme d'esprit que d'aprs un esprit. Aprssignifie : plus loin que quelqu'un ou que quelque chosedans le temps. //aprs, en se conformant , en voulantressembler , sans y parvenir quelquefois. Ici Saint-Simon indique un personnage qui veut avoir l'apparenced'un homme d'esprit. Saint-Simon, dans le mme sens,appelait Dangeau (IV, ,'>56) un homme d'aprs un sei-gneur, et il

  • vient du latin vallis. Chaperon driv de chappe, qui

    a pour origine le mot latin cappa, dsignait au moyenge une coiffure bourrelet et queue.

    AVENUE (1-104). Mmc de Maintenon voulait' tenir le Roi partoutes les avenues. Voie par laquelle on arrive, au figur

    comme au sens propre. tym. : venir,, arriver dulatin venirc.

    BABIOLE (XV- 100). On lui montrait de loin une babiole, ets'il ne l'acceptait pas on le menaait de lui dclarer la guerre.- Bagatelle sans importance. tym. : italien babbola.

    BAGATELLE (XII-50). La vie de son frre se noyait dans labagatelle. Chose de peu d'importance, galanterie lgre. tym. : italien bagatella.

    BAGUETTE (XIII-16). Les trangers regardaient Alberonicomme matre la baguette. La baguette tait le signe

    de l'autorit chez les huissiers comme chez les fes.

    tym. : italien bacchetta, latin baculus.

    BAIGN (XII-15). On le voyait baign dans sa louange. -tre plong dans l'eau. Au figur, tre rempli d'unechose. tym. :- latin balneare.

    BALAYEUR (VIII-251). Ils montraient bien leur air dequelle boutique ils taient balayeurs. Salage tw, celui qui

    nettoie un lieu avec un balai. -- tym. : de balai, motvenant du celtique balan, gent, et de balain dans l'ancienfranais (L.).

    BALLOT (V-48). Le Roi trouva que c'tait l son vrai ballotqu'il ne trouverait de longtemps et le saisit. Petite balle

  • 8

    de marchandises. Ce qui fait l'affaire de quelqu'un :Un dit aussi saisir la balle au bond, dans le sens de pro-fiter de l'occasion favorable. tym. : balle; ancien hautallemand bal/a, boule.

    BANDER (Se) (VIII-116). La Cour d'Espagne se banda contrela fortune. Se bander : se raidir, en tendant fortement

    Tare, ou la volont. tym. : bande, vient du ger-manique binden, lier.

    BARBES SALES (X-20). Il tait trop initi pour puiser lafantaisie d'une troupe de barbes sales. Saint-Simon ap-pelle souvent ainsi les prtres de Sainl-Sulpice, la barbe

    nglige. tym. : latin barba.

    BARBICHET (IX-193). M. Bailly, prtre de la mission de laparoisse, n'tait pas net de soupon de jansnisme, quoiquefort rare parmi ces barbichets. Qui a laiss pousser labarbe de l'extrmit du menton, la barbiche, l'exemplede saint Vincent de Paul. tym. : latin barba.

    BARBOTER (VIII-135). Le laquais de l'abb de Pompadourbarbotait le brviaire de son matre dans un coin des anti-

    chambres o son matre allait. Au propre : s'agiter dansl'eau en la troublant. Au figur : prononcer entre lesdents dune faon confuse (Hatzfeld). tym. : probable-ment, pdpopo, boue.

    BARBOUILLER (XII-302). Besons barbouilla et proposa unecote mal taille. Au propre : couvrir de couleur gros-sire. Au figur : ici parler d'une manire peu intelli-gible. A l'origine, se barbouiller signifiait se salir la barbe,se souiller en gnral (Brachet, Dictionnaire tymologique). tym. : latin barba.

  • 9

    BARRER LA VEINE (XI-20). Le roi Guillaume parla

    Torcy de l'loignement du roi Jacques... Torcy n'en fit point

    deux fois, il lui barra tout aussitt la veine. Barrer,

    consolider l'aide d'une barre, couper une veine aprs l'a-

    voir lie au-dessus et au-dessous (Furetire-). tym. :en latin barra, en celtique bar.

    BARRICADER (XIX-217). Il se barricadait contre le public. S'enfermer derrire une barricade. Au figur : se

    rendre invisible pour tous et inaccessible. tym. : peut-tre en franais barrique, en italien barricala.

    BASSET (XI-152). M. de Brissac avec une figure de platapothicaire grosset, basset et fort enlumin. Un peu bas;

    ne s'emploie plus que pour dsigner une petite espce de

    chiens courants. tym. : italien bassetto.

    BASSETTE (La) (XVII- 135). Dangeau s'appliqua savoirparfaitement les jeux qu'on jouait la cour, la bassette, etc. C'tait un jeu de cartes, une varit du pharaon apportd'Italie au xvir9 sicle. Le pharaon tait un jeu de hasardo le banquier tirant deux cartes qu'il met l'une sa droite,l'autre sa gauche, gagne tous les enjeux mis droite surles cartes de mme valeur et les double gauche. tym. : italien bassetta.

    BASSIN (XVII-2). C'tait un fort petit homme blond commeun bassin. Rcipient portatif quelquefois en mtal jaune,ce qui explique sans doute la comparaison ci-dessus.

    tym. : bas latin bacchinon.

    BASTANT (IV-435;.

    Le comte de Toulouse n'avait pas une

    flotte bastante pour les atteindre. Suffisant. tym. :baster suffire, de l'italien bas lare.

  • 10

    BATARDEAU (VIII-41). Nous assistmes cette rceptionavec cette singularit d'y avoir eu notre tte btards et

    btardeaux. Petit btard. tym. : Btard, engendrsur le bt, par allusion aux rapports frquents des mule-tiers avec les servantes d'auberge (Uatzfeld).

    BATEAU (XVII-126). Le duc de Villeroy suivait le bateau desel. (Il refusait comme quelques grands seigneurs et leur

    imitation de participer au systme de Law). Au propre :embarcation dont on se sert principalement sur les ri-vires. Au figur : suivre le bateau, suivre le courant,n'avoir pas de direction propre, imiter les autres.

    tym. : l'anglo-saxon bt,

    BATER ou BASTER (XI-167). Quand cela bte mal elles secroient perdues (11-236). Celte affaire btait mal aux

    Jsuites Rome. tym. : Baster, de l'italien bastare,sutire, donner satisfaction, russir. Sous l'influenceitalienne, au XVIe sicle ce mot remplaa le terme ancien :

    Suffire.

    BATON HAUT (Le) (XI-.l'i Le chevalier de Lorraine menaMonsieur, le bton haut toute sa vie. Au propre : longmorceau de bois, pris d'une branche d'arbre. Au fi-

    gur : user de force et d'autorit contre quelqu'un.

    tym. : en bas latin bastonem.

    BATON (Sauter le) (XI-16). Les ambassadeurs sentirent bienqu'il fallait sauter ce fcheux bton. Au figur : sauter le

    pas, se rsigner une action difficile et dsagrable.

    BATTERIE (VII-142). Cela fit changer de batterie aux Je-

    suites. Au propre : lieu o l'artillerie est couvert, on

    tat de tirer. Au figur : moyen qu'on emploie pour

    russira quelque chose. tym. : battre.

  • 11

    BATTRE L'AIR (XII-339). Nous rsolmes de ne plus battre

    l'air en vain. Au propre : donner des coups rpts sur

    quelque chose. Au figur : faire une chose vaine et

    inutile. tym. : lalin battuere.

    BATTRE LA CAMPAGNE (XIV-128). Je battis la campagnesur l'ancienne amiti. Au propre : fouiller et l pour

    faire sortir le gibier et par extension explorer le pays, en

    parlant des claireurs qui surveillent l'ennemi. - Au

    figur : s'tendre sur des dtails trangers la question.

    - tym. : campagne : italien campagna, ancien franaisChampagne, latin campus.

    BATTRE L'EAU (1X-359). C'est battre l'eau que de rptertoujours la mme chose. Au figur : ici, perdre sa peine ;on dit aussi battre l'air.

    BATTU DE L'OISEAU (IV-107). Le duc de Gramont, battude l'oiseau son dpart sur son mariage, craignit tout.

    Rebut par une suite de mauvais succs, ou par quelqu'unobstin lui nuire (Acadmie). L'origine de cette ex-pression vient de la fauconnerie : battre un faucon de

    l'oiseau, c'tait le battre pour le dresser avec un man-

    nequin reprsentant un oiseau (Halzfeld) ; suivant d'autres,cette expression rappellerait l'oiseau de proie battant del'aile quand il poursuit la chasse un autre animal.

    BATTU DU DIABLE (111-391). Tallard sans cesse battu dudiable par son ambition, ses vues, ses menes. Littr ne

    donne pas le sens de cette expression qu'on peut rap-procher de la prcdente. Le sens est clair d'ailleurs,

    cela veut dire : agit du dmon de l'ambition et de l'in-trigue, ayant le diable au corps.

  • 12

    BAYER (XIV, 31). Je m'en allais chez d'Antin bayer tout mon aise. Regarder avec curiosit. tym. : latinpopulaire, batare.

    BAYEUR (11-106). Jusqu'aux bayeurs les plus inconnus touttait retenu. Celui qui s'arrte , contempler un spec-

    tacle, un badaud la bouche bante. tym. : voirsupra : bayer.

    BAT (1X-181). Il fit le bat et amassa force cus. Le batest l'homme dont le ton et la mine exprimaient une dvo-tion outre et suspecte. tym. : latin beatus.

    BEC A BEC (X-101). Je le voyais bec bec. Au propre : labouche des oiseaux. Au figur : la bouche de l'homme.Bec bec est l'quivalent familier de tte tte ou face

    face. Etym. : latin beccum.

    BEC Se faire le) (XVI-399). J'avais fort fait le bec l'Ar-chevque dont je craignais la hauteur. Bec est l'qui-

    valent de bouche. Le sens est ici : prparer le langage

    tenir.

    BEC (Se prendre de) (XVI-171). Sans qu'ils osassent seprendre de bec avec M. le Duc. Au figur : se prendre de

    bec, c'est se disputer, comme les oiseaux qui se battent

    avec le bec.

    BGUIN (11-234). Il ne manquait l'vque de Senlis qu'unbguin et des manches pendantes. Coiffe unie que por-

    taient les religieuses des Pays-Bas. Le bguin tait au

    moyen ge le chapeau de Folie et la Mre Sotte avait lesmanches pendantes (Petit de Julleville). tym. : bguinest driv de bguine, mot qui a pour origine le nom de

  • 13

    Lambert Le Bgue, fondateur au xn e sicle, des premierscouvents de bguines (H.).

    BELLE (1-35). Ce fut l o il arrta son affaire^ Luxembourgeut son rection nouvelle et attendit sa belle. Au jeu,quand chacun des joueurs a gagn une partie, la dernirequi dcide du succs se nomme la belle. tym. : latinpopulaire bellum.

    BESICLES (Parallle des trois Rois, page 151). Un roi quiavait pass quatre annes avec les besicles que Luynes lui

    avait attaches. Au propre : lunettes branches qui sefixent la tte. Au figur : n'avoir pas de vues person-nelles, et juger d'aprs celles des autres. tym. : an-cien franais bericle qui signifie la fois cristal et

    lunettes ; ce terme vient du latin beryllus que l'on trouveavec le sens de cristal ou lunettes dans les textes dumoyen ge (Brachet).

    BTE (Jeu de la) (XVII-35). Dangeau s'appliqua connatreparfaitement les jeux qu'on jouait alors, la bte.... Jeude cartes, chacun des joueurs, lorsqu'il a perdu un coupou fait une faute, dpose une somme qui reste au jeupour tre paye au gagnant (H.). tym. : latin bestia.

    BILBOQUET (XI-291). Le duc d'Orlans, qui se prenait assezaux figures, me rpondait sans cesse (en parlant de la Vril-

    lire que Saint-Simon appelle un nain mont sur de hautstalons) : mais on se moquera de nous avec ce bilboquet. Au propre, ce mot a divers sens. Jouet composd'un btonnet pointu d'un ct, plat de l'autre, au milieu

    duquel est suspendue une boule. Figure en sureau ouen lige leste de plomb au pied pour reprendre sonquilibre. Au figur : personnage ridicule, pantin.

  • u

    tym. : hil est l'quivalent de bille, boule. Le sens deboquet est inconnu.

    BILLET (Tir au) (111-381). - Rosen simple cavalier fut pris

    avec d'autres et tir au billet. Au propre : crit contenantquelques lignes. Tirer au billet, tre compris dans lesmaraudeurs que le chef fait tirer au sort pour savoirlequel sera pendu dans le nombre. tym. : billet, au-trefois bullet, vient de bulle, rescrit ou cdule; lai in

    bulla.

    BISCUIT MANQU (1-390). M" 1 de Castries tait un quartde femme, une espce de biscuit manqu, extrmement pe-tite. Ptisserie lgre faite avec des ufs, de la farine

    et du sucre. Au propre, ce mot, avec son qualificatif,signifie un gteau non russi par le ptissier. Au figur :personnage l'apparence physique irrgulire et disgra-

    cieuse. tym. : latin bis, deux lois; cuit vient de co-quere dans la mme langue.

    BISQUE i\ Il H)i. Je voulus au moins profiter de ma bis-que. Terme tir du jeu de paume; c'est l'avantagequ'un joueur fait un autre, lui rendant La points avecla facult de les placer son choix dans la partie (Hatz-

    feld). tymologie incertaine : se rattacherait peut-tre un jeu du pays de Biscaye, et en aurait pris le nom.

    BISTOURNER (XVII-422). Le duc de Noailles tait monavis de ceux qu'il ne fallait jamais bistourner. Plac de-vant le mot tourna-, bis a un caractre pjoratif. Le

    sens est : contrarier, tourmenter, malmener (Hatzfeld).

    tym. : latin bis, deux fois; tornare.

    BLONDASSE (XIX-195). Lauzun tait un petit homme blon-dasse. Blond d'une teinte dsagrable. tymologieinconnue. r

  • 15

    BUF (Franc) (1X-397). Elle trouva Mouchy homme de qua-lit avanc en ge et dans le service franc buf embter. Buf, mammifre ruminant, taureau chtr. Franc,non douteux, naturel. tym. : latin bos; frajic vient dunom propre semblable.

    BOHME iduvres indites, V1I-268). Son mari fait del'htel de Soissons une maison de bohmes; on ne le voitjamais nulle part, il ne frquente personne qui puisse trenomm. Nom de bandes vagabondes, disant la bonneaventure, Egyptiens, Zingari, gens de murs drgles.

    Maison de bohme o rgne le dsordre. tym. : Bo-hmes, individus ainsi nomms parce qu'on croyait qu'ilsvenaient de la Bohme

    BOMBARDER (1-19). Enfin les protecteurs de Dubois le bom-bardrent prcepteur (M 1!o de Montpensier a employ ceterme trs familier Saint-Simon). Au propre : assail-lir en lanant des bombes. Au figur : introniser quel-qu'un subitement dans une place, l'y lancer comme unebombe, l'tonnement gnral. tvm. : bombarde, mor-tier lanant des bombes; vient du latin bombum, bruit.

    BON (III-192). D'Harcourt sut tre l'ami de Chamillart jus-qu' ce qu'il trouva son bon le culbuter. Au figur :avantage. tym. : latin bonum.

    BONBON (VIII-217). L'vque, vingt-huit ans, en taitpour ainsi dire recevoir encore du bonbon de sa main. -

    Au propre : drage ou sucrerie habituellement donne auxenfants. Au figur : Etre trait comme un gamin. tym. : bon rpt dans le langage enfantin, latin bonum.

    BONHOMME (1-146). L'amiti qu'il avait eue avec le bon-homme La Force. Homme qui commenc vieillir,

  • 16

    terme usit, autrefois sans aucune nuance irrespectueuse.

    Cependant ds 1692, ce mot se prenait dj en mauvaisepart ; Audry de Boisregard crivait cette poque, dansses rflexions sur l'usage prsent de la langue franaise : Ce mot se dit rarement en bonne part; quand on ditun Bonhomme, c'est comme si on disait un homme quin'a pas beaucoup d'esprit, c'est pourquoi ce terme estfort injurieux quand on le dit malicieusement. tym. :latin bonus homo.

    BONNE (D'une) (XIV-349). Le duc d'Orlans venait de m'endonner d'une bonne o j'avais donn tout de mon long.

    Plaisanterie d'une nature particulirement marque etoriginale.

    BONNE FEMME (IV-199). La bonne femme Gamaches veuvedu chevalier de l'Ordre. Au xvne sicle on qualifiait

    ainsi une dame ge et respectable. tym. : latin bonaet femina.

    BONNES (de) XII-183. Il tenait le d les amuser et sou-vent il en faisait de bonnes. On peut ajouter le mol plaisanteries ou farces pour complter le sens.

    BONNETER (VI-135). d'O et Gamaches bonnetrent les of-ficiers gnraux, leur reprsentrent qu'il s'agissait, etc. -

    Combler de coups de bonnet, de marques de respect.

    tym. : bonnet, dont le sens originaire tait toffe. On adit un chapel de bonnet, on Ta abrg en un bonnet

    comme on dit un feutre pour un chapeau de feutre (Bra-

    chet). Bonnet vient du Celtique galique bonnet et du

    breton boned (Le Hricher, Les Etymologies difficiles).

    BORD (IV -297). La conntable Colonne ne contraignit passes murs, ni de courir le bon bord du vivant et surtout

  • 17

    aprs la mort de son mari. Cette expression a une cer-

    taine analogie avec le terme vulgaire courir des bordes

    qui est employ pour qualifier les actes des marins quilouvoient de cabaret en cabaret. En terme de marine lebord est le cot d'un vaisseau, le bon bord est celui quirapproche du but; courir bon bord signifie aussi selivrer la piraterie, faire des siennes (L.). Etym. : le

    bas allemand bord.

    BORD (Petit) (XIX-46). Je tiens l'affaire faite et sur le pe-tit bord d'tre dclar. Partie extrme d'un objet. Aufigur : sur le petit bord quivaut sur le point .

    BORDE (X-126). Il essuya ma borde. Dcharge si-multane de tous les canons d'un vaisseau. tym. :bord venant de l'allemand bord, planche (L.).

    BOTTE (X-196). Elle disputait volontiers et quelquefoisallait la botte. Au propre : coup de fleuret que dans

    l'escrime on porte son adversaire. Au figur : attaquesoudaine et vive. tym. : italien botte.

    BOUCCON (111-45). -- Le marquis d'Effiat se dtourne, va l'armoire, l'ouvre, jette son bouccon. Bouche empoison-ne (Littr). tym. : italien boccone,

    BOUCLIER (Faire) (VII-2). Pour faire tomber cet ternelprtexte des affaires d'Espagne, dont ils faisaient bouclier

    contre toute proposition. Au propre : plaque bombegarantissant des coups, dans le combat. Au figur :une arme dfensive et protectrice contre une attaque.

    tym. : vient de boucler, driv de boucle, en latin buc-cula.

    LEXIQUE. 2

  • 18

    BOUDIN (VII-1G5). Le premier mdecin de Monseigneurtait boudin de figure comme de nom. Au propre : metsfait avec un boyau rempli de sang et de graisse de porc Au figur : rouleau ou autre chose dont la forme rap-pelle le boudin alimentaire. tymologie inconnue :peut-tre le latin bolulus.

    BOUFFE (XIII-122). Il se remit par bouffes de fantaisiepar ci par l dans le grand monde. - Au propre : jet d'ha-leine. Au figur : sensation passagre. tym. : bouf-fer qui est driv d'un radical bouf reprsentant le bruitde la bouche qui, tant gonfle, s'ouvre brusquement (H.).

    BOUFFER (V-222). Le Grand cuyer regarda toute la cour,toujours bouffant. - Gonfler et dgonfler ses joues enmaugrant.

    BOUFFONNER (V-214). La Princesse toujours bouffonnant.mais allant son train. Faire des bouffonneries. tym. :italien bu //'une.

    BOUGEOIR (Parallle des trois Rois, p. 390). La misre d'tre

    nomm son coucher pour tenir le bougeoir. Chandelierbas de corps avec un pied large et un anneau. C'tait une

    grande faveur pour un courtisan de porter le bougeoir du

    Roi, son coucher. tvm. : bouger, parce que c'est unchandelier portatif.

    BOUGER (11-78). M. de Turenne ne bougeait de chez Mme deRohan. Bouger dans le sens de remuer, quitter une

    place ou une maison est d'un emploi constant chez Saint-

    Simon. tym. : latin populaire bulicare driv de bul-lire, bouillonner, remuer.

  • 19

    BOUILLIR (du lait) (11-325). Le Roi lui donna ordre de chas-

    ser Desmaretz, de lui faire une honte publique. C'tait bouil-

    lir du lait une crature de Louvois. Bouillir du lait quelqu'un, lui prparer un aliment son gr, lui faire

    plaisir. On dit encore dans la langue populaire de notretemps de quelqu'un qui prouve une satisfaction complte,notamment de la perte d'un ennemi : il boit du lait cettenouvelle. tym. : latin bullire.

    BOULE ROULANTE (VIII-282). Monseigneur tait une bouleroulante au hasard par l'impulsion d'autrui. Au propre :corps rond en tout sens. Au figur : un homme mo-bile, sans ressort personnel, cdant toutes les influences. tym. : latin bulla.

    BOURBIER (XV-391). Vous voil pris dans le bourbier que

    je vous avais prdit. Au propre : mare pleine de bourbe. Au figur : vilaine et sale affaire. tym. : bourbe,boue paisse, d'origine inconnue.

    BOURLE (XIX-20). Il s'y plaisait placer quelques bourleset quelques disparates pour m'impatienter. Plaisanterie.

    Molire a dit de mme (Le Bourgeois Gentilhomme,IIi-13) : Je prtends faire entrer certaine mascarade dansune bourle que je veux faire notre ridicule . Molire,

    crit Livet (Lexique de la langue de Molire), a pris ici lemot italien hurla au lieu du mot bourde qu'on trouve detout temps dans notre langue avec le mme sens . tym. : italien hurla d'o vient burlesque.

    BOURRE (VII-19). Jetais inform de beaucoup de chosessecrtes du sanctuaire de Mm3 de Maintenon, la bourre mmeen tait amusante, et, parmi cette bourre, rarement n'y avait

    pas quelque chose d'important. Au propre : amas de

  • 20

    poils. Au figur : chose de peu de valeur qui garnit. Bourre, crit Furelire, se dit figureraient en morale, de

    tout ce qui est grossier et inutile dans quelque ouvrage

    de prose ou de vers, par une mtaphore tire de la garni-ture des chaises, qui sont mal conditionnes, quand on

    y met de la bourre au lieu de crin. tym. : latinburra.

    BOURSILLER (VII-274). Chavigny avait puis le peu qu'ilavait, et boursill parmi ses amis pour se mettre en chemin

    de faire fortune. Faire contribuer, faire paver de la

    bourse. tym. : bourse qui vient du latin populaire bursa.

    BOUTE-FEU (XI-259). Ce sont des boute-feux de toute es-pce et de trs dangereux sclrats. Au propre : bton

    portant une mche pour mettre le feu la charge d'uncanon. Au figur : celui qui fait clater la discorde. tym. : hou la-, pousser; bouter vient du germaniquebotan, frapper. Feu : latin focum, foyer.

    BOUTEILLE (IIWi.'iT). Sa conduite toujours soutenue rendratoujours difficile croire qu'il ne fut pas dans la bouteille. Ktre au courant, tre dans le secret. Saint-Simonemploie proverbialement ici les termes dont use Sosie,

    parlant Mercure, dans Amphitryon de Molire (I, 2) quilui-mme n'a fait qu'imiter le 275 e vers de la pice dePlaute. tym. : bas latin : buticula.

    BOUTEILLE Maison de; (XIV-118). D'une maison de bou-teille il avait fait le chef-lieu d'une grande et belle terre.

    La maison de bouteille ou vide-bouteilles, tait une petitemaison de campagne un pied terre o l'on allait boire.

    BOUTEILLE (Trou d'une; (IX- 145). On ne lui avait jamaislaiss voir le monde que par le trou d'une bouteille.

  • 21

    Vase goulot troit. Au ligure : voir peu et imparfai-tement.

    BRANLER (11-78). M. de Louvois tait trop petit garonpour oser branler devant M. de Turenne. Osciller, remuer.- tym. : ce mot a pour origine le branle ou mouvement,nom qu'on donnait aussi une sorte de danse et il a tsouvent employ. Au figur : donner le branle menerla danse. Branler est une contraction de brandeler,driv du radical de brandir. En germanique brand, tison,pe (H.).

    BRAS (Affaires sur les) (XV-179). Le Rgent avait sur lesbras des affaires. Au propre, membre suprieur du corpshumain qui s'articule l'paule. Au figur : avoirune affaire embarrassante et difficile rgler. tym. :latin brachium.

    BRASSIRE (11-137). -- Beaucoup de points tenaient M. deLorraine fort en brassire dans son tat. Vtement quel'on met aux petits enfants. Au figur : tenir et traitercomme un enfant. De nos jours on dit, dans le mme sens,tenir en lisire. tym. : latin brachium.

    BREDOUILLAGE (XV-101). - Il se submergeait en bredouil-lage. S'exprimer d'une faon inintelligible en parlantvite. Etym. : bredouiller d'origine inconnue.

    BRELAN (XVI1-135). Dangeau s'appliqua savoir tous lesjeux qu'on jouait la cour, le brelan, etc. Jeu de hasardqui se jouait en donnant trois cartes chaque joueur, et quifaisait gagner celui qui avait en main trois cartes pareilles.- tym. : ancien franais berlenc. Vient de l'ancien hautallemand brett, planche.

  • BRELOQUES (XI-53). Ce magistrat qui tait un panierperc, qui jetait tout et beaucoup en breloques avait tou-

    jours grand besoin d'argent. Au propre : cachets, clefs,menus bijoux. Au figur : dpenses futiles. tvm. :inconnue.

    BRICOLE (XI-304). J'tais inform par cette bricole de bien

    d'autres. A le sens de dtour. Y. Bricoler.

    BRICOLER (V-302). Villars eut bricoler pour regagner le

    Rhin. Cette mtaphore est prise du jeu de billard. Labricole est le coup o la bille frappe la bande avant detoucher l'autre bille. Au figur : bricoler signifie pren-

    dre des dtours. - Etym. : bricole, vient de l'italien

    briccolq^

    BRID (XI-455). La bcasse demeura bride son gard, sij'ose me servir de ce misrable mot. Au propre : prendre

    au lacet. Au figur : faire tomber dans un pige, rduire l'impuissance. tym. : bride venant du germaniquebrida.

    BROCARD (XIX-7). Frjus fut bien brocard. - Brocardercouvrir de traits piquants, de brocards. Brocard est une

    forme drive du mot brocher. tym. : broepuer tait

    la forme picarde de brocher au sens de piquer. Littr

    met l'opinion que brocard vient de Burcharcl, voque de

    Worms, dont le nom tait attach un livre de droit; les

    sentences du brocardium opus avaient un sens vif et

    dgag, si bien qu'une parole railleuse reut la mme ap-pellation. Cette explication nous semble plus ingnieuse

    qu'exacte.

    BROSSER (V-121). L'Archevque brossa et ne rpondit pas

    un mot. Au propre : courir cheval travers les bois

  • 23

    les plus pais. Au figur : brosser signifie s'esquiver

    travers. tym. : brosse, a le sens de broussailles etvient du germanique burslja, chose hrisse.

    BRUIT (IV-89). L'pouseur n'avait point acquis bon bruit.

    Bruit a le sens de rputation. Molire dit dans le pro-

    logue d 1Amphitryon : Vous avez dans le monde unbruit, de n'tre pas si renchrie. tym. : vient debruire, dont l'origine est incertaine, peut-tre brugere en

    latin populaire.

    BUCOLIQUES (XVI-31). Je trouvai le garde des sceaux etla Vrillire avec toutes leurs bucoliques. Au propre : qui

    appartient au genre pastoral. Au figur, familirement,ramassis d'objets de peu d'importance. tym. : latinbucolicus.

    BUTER (IV-346). L'abb de Polignac butait toujours tou-cher le cur, l'esprit, les yeux. Viser, chercher attein-

    dre le but. Dans l'Etourdi de Molire on lit : Toutes

    mes volonts ne butent qu' vous plaire . tym. : buterou bouter, d'origine obscure, se rattache peut-tre au

    mot : bout.

    CABACET (1-379). Le cabacet s'chauffa, sa tte se remplitdu nom de M. de Chaulnes. Au propre : arme dfensivequi couvrait la tte, espce de morion. Au figur : latte, le cerveau, l'humeur. tym. : cabas, panier oupetit sac en jonc, mot provenal.

    CACHERIE (VIII-287). La mme caeherie, la mme spa-ration furent toujours. Soin de se cacher. tym. :cacher, latin coactus (L.).

  • CADAVRE (Xlll-12'ij. Ils sentirent le cadavre, la fin de lavie du Roi. Au propre : corps mort. Au figur : sentirle cadavre, c'est prvoir la fin prochaine, la faon de

    certains oiseaux auxquels un vieux prjug attribue cettefacult de pressentir la mort. tym. : latin cadaver,

    CADENAS (1-31). Le souper fut pareil au dner, le Roid'Angleterre ayant la Reine d'Angleterre sa droite et le Roi

    sa gauche avec chacun leur cadenas. Coffret de mtalprcieux contenant la cuillre, la fourchette et le couteau. Le cadenas tait un signe distinctif des princes et des

    seigneurs du plus haut rang. (Cheruel). Etui. : cadenat,en provenal serrure en forme de chane, driv de cadena,

    chane.

    CALEBASSES (VI-465). Noailles, riche en calebasses detoutes sortes, nageait partout. Littr dit que les cale-

    basses vides et schees servent se soutenir sur l'eau.

    La calebasse est le nom du fruit de plusieurs cucurbi-taces. tym. : espagnol calabassa.

    CALICE (VII-315). Je me rsolus ce calice. Calice vase

    servant la messe. Allusion au calice de Jsus-Christ.

    Au ligure : boire le calice, souffrir une chose doulou-reuse. tym. : en grec : xaXu^, vase boire.

    CALUS (Parallle des trois Rois, page 359). Le calus de cesdeux cardinaux tait toute preuve. Au propre : espce

    de soudure qui runit les os. Au iigur : lien qui ne

    peut tre rompu. tym. : cal, latin callus.

    CAMARDE (VIII-2C>3) . Ce n'a jamais t qu'une grosse camardebrune. Qui a le nez plat et cras. tym. : camus,latin : camurum recourb.

  • 25

    CANAILLE (XII-354). Lui et son frre taient les rois de la

    canaille et familiers avec elle. Gens de rebut. Ce mot

    n'avait pas autrefois un caractre souverainement m-prisant, quoique d'ailleurs toujours pris en mauvaise part. tym. : italien canaglia.

    CANONISATION (Parallle des trois Rois, page 371). Donner

    ses derniers moments non la pnitence de ses adultres

    mais leur plus clatante canonisation. Dclaration

    qu'une personne est morte en odeur de saintet. Apo-

    those. Etym. : bas latin canonisare du latin canon,rgle.

    CANONISER (XV-374). Aprs avoir par ce jugement cano-nis leur tat. Mettre au rang des saints, dclarer con-

    forme aux canons de l'glise.

    CAPONNE (1-328). Dune charge caponne de gnral des ca-rabins

    %qui n'existait plus, il s'en fit une relle de Mestre de

    camp. - - Charge caponne qui n'a qu'un titre sans rien

    d'effectif (Littr). tym. : chapon, latin capo.

    CAPRICER (1V-317). Courtenvaux tait peu matre de soi,quand il se capriait. Avoir un caprice. tym. : ca-price, italien capriccio.

    CAPUCINE (1-108). Les sermons du P. Sraphin, qui taientfaits la capucine, plurent fort au Roi. Langage simple.

    Hardiesse populaire (B.). tym. : italien capuccino, quiporte le capuce, capuchon en pointe.

    CARABIN (IV-63). Tess s'en alla en poste seul et en cara-bin, joindre M. de Vendme. claireur, batteur d'es-trade. tym. : Du Cange donne Calabrien, Galabrin et

  • 26

    Carabin le sens de troupe lgre. (Glossaire, Calabrinus).Selon M. Daron (Intermdiaire des Curieux du 28 fvrier1903), Carabin avait trois sens : bl noir, cavalier portantescopette, et garon chirurgien. Le mot grec xocakui si-

    gnifie roseau, tube, seringue, tige de bl. Ce mot est de-venu peu peu Kalabin et enfin Carabin. Le bl noir

    a une grosse tige, l'escopette du chevau-lger ressembleau tuyau du bl noir, et la seringue du garon chirurgiens'appelait calamin, d'o on attribue le nom de ce tube au

    porteur de l'instrument.

    CARACOLE (XIX-48). Peut-tre y tait-il all pour m'yfaire en particulier toutes ses protestations et ses caracoles.

    Au propre : spirale en limaon, hlice. Au figur :

    mouvement qu'on fait excuter en cercle droite et

    gauche un cheval (IL). -- tym. : espagnol : caracol,limaon.

    CARAVANES (H-294). Le chevalier de Villeroy n avait nulleenvie de faire ses caravanes. Srie d'hommes qui s'as-socient pour faire un commerce en Arabie. Le jeuneChevalier devait, Malte, faire cinq ans de rsidence pour

    devenir Commandeur, trois ans se passaient en campagnesur la mer contre les Turcs, en caravanes (B.). tym. :persan : krwn, troupe de voyageurs.

    CARCAN (XUI-34). - Mon avis fut que les Duchesses fussentmises au carcan. Au propre : collier de fer avec lequelon attachait au poteau le condamn l'exposition pu-blique. Au figur : vouer quelqu'un l'infamie.

    tym. : allemand, Querca, Cou.

    CARRIRE (11-18). Le Roi d'Angleterre avait pass carrire. Au propre : espace parcourir dans les courses;

  • 27

    course o Ton a parcouru un espace dtermin. Au

    figur : le cours de la vie. On dit proverbialement, crit

    Furetire;passer carrire quelqu'un pour dire qu'on

    lui a fait faire quelque chose haut la main et malgr lui. tym. : italien carriera driv de carro, char.

    CARTES (prendre des) (IX-435). Au demeurant s'il n'tait

    pas content il n'avait qu' prendre des cartes. Il s'agit de

    cartes jouer. A certains jeux on peut demander descartes quand on n'est pas satisfait des premires, on de-

    mande ou on reprend des cartes. Au figur : cherchermieux. Etym. : latin char ta, papier.

    CARTON (XI-397). Ce Roi de carton pm d'effroi. Aupropre : pte de papier durci. Au figur : homme quin'a qu'un rle de parade. tym. : italien, cartone.

    CASAQUE (III-5). Moles finit en tournant casaque et en sedonnant l'Empereur. Tourner casaque : changer de

    parti (Furetire). tym. : 'la casaque, suivant Fure-tire, tait un manteau qu'on met par dessus un habit et

    qui a des manches o on fourre les bras. Suivant Littr,ce mot indiquerait un vtement de maison (casa) et ceserait son tymologie, les Italiens disent casacca.

    CASSE (XVI-31). Le marchal de Villars d'une voix cassedplora cette extrmit. Casse a le sens de faible. Il

    se rapproche de cass. tym. : latin quassare, qui vientde quatere, secouer, branler. Suivant d'autres, ce terme

    vient du latin cassus qui veut dire : vide, faible.

    CASTEL DE CARTE (IX-369). Ils s'y ont fait un petit castelde carte, proportionn la valeur de ce petit bien. Castel

    de carte, ou plutt chteau de carte, construction de cartes

  • 28

    tages pour amuser les enfants. Ici : petite maison.

    tym. : latin castellum, forteresse.

    CAUTRIS (XI- 101). Voysin, l'me aussi cautrise queMme de Maintenon et M. du Maine. Au propre : brl avecun caustique. Vient de cautre. Au ligure : atteint

    profondment et bless dans l'me. tym. : latin eau-terium.

    CAVEON (H-241). Plusieurs frasques du Grand Prieurreurent ce coup de caveon, dont il eut peine revenir. -

    Le caveon est un cercle de fer qu'on met au nez des che-

    vaux pour les dompter. Cette mtaphore est, avec plusde force, analogue celle-ci : donner sur le nez. tym. :italien cavezzone, driv du latin capitium, trou o onpasse la tte II. .

    CAVER (XIV-297). Dubois et Law cavaient en dessous au-prs du Rgent. Au figur : agir secrtement et en des-sous. tym. : latin cavare, tirer, creuser.

    CDRE (XIII-341). Ce cdre tomb que le retour au mondeavait gangren. Au propre : grand conifre. Au li-

    gure : ce qu'il y a de plus lev. tym. : latin cedrus.

    CENDRE (Cuire sous la) (VII-39). Tout cela se cuisait sousla cendre. La cendre est ce qui reste aprs la combustiondu bois; ce qui cuit sous la cendre, brle doucement d'unefaon non apparente au propre comme au figur, et sans

    ilamme extrieure. tym. : latin cinerem.

    CENSE (XII-6). Les armes se trouvrent en prsence au-prs de la cens d'Heurtebise. Mtairie, ferme; cette ex-

    pression n'est plus en usage. Nous l'avons retrouve dans

  • 29

    l'ancienne appellation d'une ferme de la commune du

    Thoult, dans la Marne. tym. : latin census, redevance.

    CERVEAU BRULE (XV-305). Il le connaissait pour un cer-veau brl. Au propre : organe considr comme le

    sige de l'intelligence. Au figur : sige de l'intelli-

    gence. Le cerveau est dit parfois malade, fl, bless,

    ici brl a le sens d'exalt, d'un peu fou. tym. : latincerebrum.

    CHAFOUIN (XI-175). L'abb Dubois tait un petit hommechafouin. Homme a l'apparence grle et soumise. tym. : chafouin, nom dialectique de la fouine composde chat et de fouin, forme masculine de fouine (H.).

    CHAMAILLIS (VIII-233). Le chamaillis de ce qui gouverne-

    rait Monseigneur et le voudrait dominer. Combat ol'on se chamaille, o l'on dispute violemment. tym. :camail, armure de tte ; frapper sur le camail ou se bat-

    tre (Littr). Camail vient du provenal capmalh, tissu demailles pour la tte (If.).

    CHAMARRER (1-83). Le prince de Conti me raconta la re-traite du Roi et me la chamarra bien parce qu'il ne se d-

    fiait pas de moi. tym. : ancien franais chamarre :sorte de vtement, orn de passementerie. On peutrapprocher ce mot de simarre, en italien cimarra, soutane

    que le garde des sceaux portait sous la robe. Chamar-

    rer a souvent le sens de garnir d'ornements excessifs.

    Au figur : habiller de ridicule.

    CHAMPIGNON (VIII-428). Les courtisans n'eurent pas affai-res ces champignons de premiers Ministres tirs en un mo-

    ment de la poussire. Au propre : terme de botanique,

  • 30

    plante cryptogame. Au figur; on dit : il est venu enune nuit comme un champignon, il a fait une fortune su-bite et rapide. tym. : latin campinionem, qui vientdans les champs.

    CHANDELIER (VII-127). La mort de M. de Chartres mit deuxhommes sur le chandelier. Mettre sur le chandelier,comme un cierge. Rendre la lumire visible chacun.

    Au figur : mettre en vidence. tym. : du latin can-dela.

    CHANDELLES (Bouts de . Fleury excellait, qu'on pardonnece mot bas, au mnage des bouts de chandelles. Au pro-pre : mche de coton entoure de suif. Au figur : boutsde chandelle, choses sans valeur. On dit familire-ment : conomiser des bouts de chandelle.

    CHARME (III-213). Une telle distinction fit regarder Har-court comme celui qui avait lev le charme. Le 1ver le

    charme, rompre un enchantement une influence magique. tym. : latin carmen, parole magique.

    CHAT AUX JAMBES (XVJI-170). Je sais qu'on a voulu mejeter le chat aux jambes, dans le public, l -dessus. Au propre : animal domestique Carnivore. Aufigur : jeter le chat dans les jambes, image tire d'un jeuo le chat, ou plutt celui qui en joue le rle, poursuitles joueurs et est rejet de l'un l'autre. Susciter desdifficults quelqu'un, diriger contre une personne des

    accusations. Etym. : latin cattus. Le chat ne figure sur

    aucun monument romain, les Syriens firent connatrecet animal leurs nouveaux matres en tant que chat

    domestique, cattus drive du syriaque qat, en arabequitte (Le Hricher),

  • 31

    CHATOUILLEMENT (XIII-178). Jamais je ne l'ai surpris enaucun chatouillement l-dessus. Sensation qu'prouvecelui qui est chatouill. Au figur : chatouiller pro-duire une motion douce et agrable. tym. : incer-taine, Hatzfeld dit que ce mot vient peut-tre de chat.Brachet le fait venir du latin catulliare driv de catul-lire qui a le sens de tilillari.

    CHAUDE (V-333). Mme la duchesse de Bourgogne l'avaitcont mesure et la chaude. Au figur : la chaude,signifie vivement, avant que l'action et les sentiments

    qu'elle fait natre soient refoidis. tym. : latin caii-dum.

    CHAUSSEPIED (1-248). Son got pour sa naissance l'enpressait et plus encore d'en faire ce genre le chaussepied

    de M. du Maine. Au propre : chaussepied lame en cornequi permet de mettre aisment un soulier. Au figur :ce qui facilite une chose. tym. : chausser et pied, la-tin calciare et pedes.

    CHAUSSES (X-151). M lles de Pons ne bougeaient de chez lemarchal d'Albret, elles n'avaient pas de chausses, il lesaidait. Les chausses taient une sorte de culotte allant

    tantt jusqu'aux genoux (haut de chausses), tantt avecun prolongement (bas de chausses). tym. : latin cal-crus, soulier.

    CHMER (Se) (XVIII-325). La princesse des Asturies s'-cria comme les enfants qui se chment. Maigrir, tomberen charte. (Gheruel) se rduire de moiti. tym. : latinsemis, moiti (H.).

    CHEMIN (Battre le) (VII-179). N'ayant qu' suivre un che-min que j'avais battu, il le battit son tour avec force et

  • justice. Battre, frapper, fouler, battre le chemin, le ren-dre praticable, le frayer. Au figur : donner l'exemple,tre le premier faire une chose. tvm. : battre : latinbattuere chemin : en picard cumin.

    4

    CHEMINES (Vl-455). Piqu de tant de chemines quim'taient, pour ainsi dire, tombes sur la tte. Au propre :une chemine est l'endroit qui sert de foyer et communi-que avec le dehors par un tuyau d'o sort la fume; onnomme ainsi galement la partie suprieure, celle quidomine le toit. Au ligure : ce mot signilie un accidentimprvu. tym. : italien caminata (L.).

    CHEVEUX (Suspendre par les (XVII-90). Law, comme suspendu par les cheveux, sans avoir pied nulle part. Aupropre : poil qui garnit la peau du crne. Au figur,ici, tre suspendu par les cheveux comme Absalon, et en

    pril de mort. tym. : latin capillum.

    CHIEN ENRAG (XVII-232). Un chien enrag comme le ma-rchal de Villeroy. Au figur : atteint dhydrophobie.

    Au figur : terriblement mchant. ETYM. : latin cnis.

    CHRME (VI-382). Il tait toujours demeur une sorte deliaison de M. le Prince et de M. le prince de Conti au duc de

    La Rochefoucauld, de l'ancien chrme des Pres, mais sansrien d'apparent. Au propre : chrme, huile consacre

    pour les onclions religieuses. Au figur : caractre

    marqu imprim quelqu'un, liaison indlbile par sym-pathie commune. tym. : latin chnsma.

    CIEL (Mariage fait au (XIX-58). Ces mariages conclus avec

    l'Espagne n'avaient pas t faits au ciel. Accords sous

    de favorables auspices et promis au bonheur par la divi-

    nit. tym. : latin clum.

  • 33

    CIEUX OUVERTS (III-397). Ces Noailles lui montrrent lescieux ouverts la cour, en pousant une de leurs filles.

    Au propre : le royaume des cieux o Ton trouve labatitude. Au figur : le bonheur complet. tym. :latin clum.

    CIRE (XXH-100). La cire deviendrait molle entre ses mains. Au propre : substance de gomme et de rsine servant cacheter les lettres et les actes solennels. Au figur :

    ce mot indique la disposition se prter facilement

    sceller, comme magistrat ou chancelier, de la cire royale,

    certains actes sans rsistance suffisante. tym. : latinerra.

    CITOYEN (IV-28). Puysgur joignit un cur et un espritcitoyen qui le conduisit toujours uniquement et trs souventau mpris et au danger de sa fortune. Celui qui jouit detous les droits de la cit. Ce mot tait encore d'un emploirare, au temps de Saint-Simon, avec ce sens. tym. :cit, latin civitas.

    CLEF DE MEUTE (XVI-219). Il se trouva que M. de Lavaltait une clef de meute. Les clefs de meute sont les

    meilleurs chiens qui conduisent les autres. Au figur :ce sont les gens qui, dans les compagnies, entranent leurssemblables. tym. : meute, latin populaire movita, tirde movere.

    CLEFS (111-52). M. de Noailles, tout dvotement, tait sour-noisement du mme got, sous cent clefs. Clef indiqueici un secret cach, enferm, demeur inconnu. tym. :latin clavem.

    CLEF SOUS LA PORTE XVII-469). Si le marchal demeuraitdans la place, il n'y avait qu' mettre la clef sous la porte, ce

    LEXIQUE. 3

  • .34

    fut son expression. Partir, abandonner la place, commefait le propritaire qui s'en va et cache la clef sous la

    porte, en partant.

    CLOCHER (Pierres du) (VI-195). Voyons le court dtail decette affaire, dont la cabale se battit, comme on dit, avec les

    pierres du clocher. Le clocher est un btiment fort lev

    de l'glise o Ton suspend les cloches. Il se prend aussiclans le sens de paroisse. On dit qu'un homme se batdes pierres de son clocher, quand il plaide aux dpensd'un bnfice qu'on lui conteste, dont il est en possession(Furetire). tym. : cloche, du bas latin clorai,onomatope.

    CLOPINANT (VII-321). M. du Maine vint clopinant moi. Clopiner, clocher, buter en marchant. tym. : an-cien franais clopin, boiteux, en latin claudipes.

    CLOU (XI 11-329). Il promettait de terminer les diffrends dela cour, mais pas un clou sans sa promotion. Au propre :

    tige, de fer pointue avec une tte. Au figur : objetsans valeur. tym. : latin clavum.

    CUR DE JOURNE (V-37). Murc avait un jeune valetqu'il appelait Marcassin et qui se moquait de lui, cur de

    journe. Continuellement, du matin au soir, suivantson dsir, comme on dit prsent : cur que veux-tu?

    tym. : cur, latin cor.

    COLL (1-114). Les yeux colls sur moi pendant que je luiparlais. Coller, tenir attach ou appliqu une chose sur

    un objet. tym. : colle, latin colla.

    COLLECTION SUR M^ LE DAUPHIN. crits indits, t. Il,p. i09. Saint-Simon donne ce titre un recueil de faits con-

  • 35 -

    cernant le Duc de Bourgogne. Assemblage ou recueil. tym. : latin colligere, recueillir.

    COLLET (IV-138). Jamais Marlborough n'et os prter lecollet nos trois annes. Prter le collet a quelqu'un,

    tre prt se colleter, lutter avec lui. Molire dit de

    mme dans YAmour mdecin (XI, 4) : Je vous prterai lecollet en tout genre d'rudition. tym. : col, latincollum.

    COMITE (VIII-143). -- Le Languedoc, quoique sous le joug ducomit Basville. Le comit tait prpos aux travauxdes galriens. C'tait le chef de la chiourme, il taitprincipalement charg de la manuvre de la galre et setenait debout la poupe prs du capitaine pour recevoir

    ses ordres. Ici, ce mot est pris au figur, dans le sens le

    plus mprisant. tym. : italien comit, latin cornes.

    COMPASS (11-79). Ne pas faire perdre du temps unamant dont toutes les heures taient compasses. Com-passer, mesurer comme au compas. tym. : latinpopulaire, compassare, cum, passus.

    COMPERSONNIER (XV-152). Je trouvai un grand avantagepour M. le Duc d'Orlans de rendre M. le Duc son comper-

    sonnier. Copartageant tym. : cum, avec, paronierancien franais, driv de paron, part, en latin partitio.

    COMPRHENSION (XVII-153). Il montra l'paisseur de sacomprhension jusqu' n'entendre pas la moindre affaire.

    Facult d'embrasser les choses par la pense. tym. :latin comprehensio.

    CONJOUISSANCE (XII-77). Quand ils revenaient de faire desa part des compliments de condolance ou de conjouissance.

  • 3G

    Action de se conjouir (rjouir) avec quelqu'un. tvm. : latin congaudere.

    CONSOMM (VII-417). L'vque de Chartres mourut con-somm de travail et d'tudes, sans tre encore vieux. Men bout, dtruit par l'usage. Littr fait observerqu'on a souvent confondu consommer et consumer, en pre-nant ces deux verbes l'un pour l'autre. Aujourd'hui, con-sommer suppose une destruction utile employe quel-que usage. Consumer ne prsente qu'une destruction pure

    et simple, abstraction faite de tout autre rapport.

    Ktym. : latin consummationem.

    CONSTITUTIONNAIRE (XII-2I). Constitutionnaire jus-qu'au fanatisme. Partisan de la constitution unigenitus,

    bulle papale. Ktym. : latin conslitutio.

    CONTINGENT (Futur) (XIII-177). On tait si intrieurementoccup en Espagne des futurs contingents. - Les futurs

    contingents, les choses futures qui pourraient arriver,

    mais qui n'arriveront pas obligatoirement. tym. : cou-tingere, choir.

    CONTRAINDRE (111-205). Wattevillene se contraignait pointsur les demoiselles. Se restreindre sur un article. -

    Ivn m. : latin constringere.

    CONVY (XI-21). Maisons pria d'Antin de passer chez lui, jen'ai pas pntr le projet de ce convy. Convy ou convi,mot inusit, sens : invitation. tym. : latin corivivium.

    COQ DE PROVINCE (XVI-295). Comme un coq de province, iltait venu faire un tour Paris. Au propre : mle, dans

    l'ordre des gallinacs. Au figur : le plus important

  • 37

    d'un village, comme le coq dans sa basse-cour. Saint-

    Simon tend cette expression la province. tym. :l'onomatope du cri de l'oiseau ; anciennement coc, coccumdans les lois barbares.

    COQUE (XIX-3). Le cardinal Dubois sentait la vile coquedont il sortait. Au propre : enveloppe de l'uf de lachenille. Au figur : extraction, origine. tym. : latinconcha, coquille.

    CORDE (XI-219). Comme il n'avait point de sens, il montraitla corde fort aisment aux occasions, mme peu dlicates, oson peu de cervelle le trahissait. Au propre : runion deficelles tendues. Dans une toffe, fil de la trame mise nupar l'usure du poil. Au figur : montrer la corde, trahirsa misre, tre bout, montrer ses embarras. tym. :latin chorda.

    CORDELLE (XIV-392). On a souvent parl ailleurs de toutecette cordelle de btardise. Au propre : petite corde.

    Au figur : chaine ou gens lis ensemble. Etym. : chorda.

    CORIANDRE (11-220). Le Roi paya Harlay de ce propos ; il fitsemblant d'tre content des discours et de cette coriandre.

    /Vu propre : coriandre, herbe aromatique qui fait bonnebouche aprs le repas (Furetire). Au figur : proposagrable. tym. : latin coriandrum.

    CORNES (Montrer les) (XlII-185). M. de Frjus commena montrer les cornes au cardinal de Noailles. Faire

    quelqu'un un geste de moquerie, en montrant des cornesavec les doigts. Au figur : se moquer. tym. : latincornu.

  • 38

    COT (tre sur le) (VI-370). Les plus aviss le jugrentalors sur le ct. Au propre : cela se dit d'un homme simal qu'il ne peut se remuer. Au figur se dit d'unhomme prt perdre sa fortune (Dict. de l'Acadmie de1718). tym. : latin costa.

    COTHURNE (Chausser le) (VII-336). Des gens, qui n'ont euque des lacunes en tout genre, chaussent le cothurne. Aupropre : chaussure employe dans la tragdie antique. -

    Au figur : prendre un ton enfl et tragique. tym. :latin cothurnus. Lacune. Au propre : espace vide dansla continuit d'un corps. Au figur : interruption dansun enchanement d'ides, dans une srie, dans une phrase. tym. : latin lacuna.

    COUDE (tre au) (111-372). Saumery fut toujours au coudede l'Archevque. tre prs de quelqu'un comme les fan-tassins, l'un auprs de l'autre. tym. : latin cubilum.

    COUDES (IV-298). La mre de l'abb de Mailly lui laissapercer les coudes, dans l'extrieur de ce couvent, jusqu' cequ'il ft prtre. Au propre : endroit de la manche duvtement qui correspond au coude. Au figur : avoirles coudes percs, tre dans un tat besoigneux.

    COUP DE PARTIE (YI-296). Ce fut un coup de partie.

    Coup dcisif qui rgle le gain ou la perte de la partie.

    tym. : latin populaire colapum.

    COUP (Petit) (XVI-169). Le cadet aimait* boire le petitcoup. Au propre : mouvement par lequel un organe

    fonctionne. On dit : vider son verre d'un seul coup

    dans ce sens, boire un verre de vin d'un coup, et enfin boire

    un petit coup, aimer boire.

  • 39

    COUPE-CHOUX (VlII-425). Le duc de Bthune, son mari,n'tait qu'un frre coupe-choux qu'on tolrait cause d'elle. Frre religieux sans considration. Par extension un

    homme sans valeur, peu estim. tym. : couper, diviserd'un coup, chou, latin caulem.

    COUPELLES (XI-182). Mon dsintressement lui avait tmis en vidence par les plus fortes coupelles. Au propre :

    petit vase dont on se sert pour purer l'or et l'argent.

    Au figur : preuve. tym. : coupe, latin cappa.

    COUR (VI-6). Mmc la duchesse douairire d Elbeuf vivaitbeaucoup, avec Mme de Dangeau, la cour, et lui faisait lasienne par rapport Mme de Maintenon. Rsidence dusouverain. Se dit aussi de l'hommage prsent unprince, une femme, etc. Les deux sens sont mls ici.

    Etym. : latin cohortem; au moyen ge curia est la traduc-tion de cour, au sens fodal.

    COURIR (XIV-85).. Il courait galement aprs les sentences. Chercher atteindre. tym. : latin currere.

    COURIR SUR DE LA BRAISE (XVI-23). Celui-ci parla peu,mais comme chien qui court sur de la braise. Saint-Simondit plus souvent : comme chat, avec le mme sens. Rabe-lais a crit : (II, 16) dancer, comme iau (coq) sur

    braise. Au figur : se hter pour sortir d'une positiondifficile.

    COURRE (VIII-233). II se leva pour aller courre le loup.

    Infinitif ancien du verbe courir, n'est plus usit qu'en lan-gage de chasse. tym. : latin currere.

    COURTEMENT (X 1-210). En bonne compagnie; courtement. D'une manire brve, sommaire. Etym. : courteet ment. Court vient du latin curtum.

  • 40

    COUSSINET (X-211). Maisons jeta son coussinet sur moi. Au propre : petit coussin. Au figur : mettre sondvolu sur quelqu'un dont on s'empare; cette locution esttire de l'usage de retenir sa place en mettant un cous-sin. tym. : Coussin latin populaire coxinum, drivde coxa cuisse (M.).

    CRAQUETER (HI-350). La princesse d Harcourt priaitqu'on ne cesst plus de s'amuser avec elle. Quand on l'avaitbien fait craqueter, Mmc la duchesse de Bourgogne se lais-sait toucher. Craquer produire un bruit sec en grin-

    ant les dents de rage; ce bruit rappelle le cri de la ci-

    gogne qui heurte sa mandibule (B.). tym. : craquer driv de crac onomatope.

    CRASSE (1-80). Mmc d'Aubign demeurait dans la crasse dequelques commres de son quartier. Au propre : mal-propret et salet. Au figur : condition basse

    ,

    gros-

    sire. ty.m. : latin crassus.

    CREVER (Se) (IH-2). Monseigneur, au souper du Roi, s taitcrev de poisson. Se crever : tre sur le point d'clater

    force d'tre gonfl. tym. : latin crepare.

    CRIEUSE (XVI-190). Elle tait faite comme une crieuse devieux chapeaux. Marchande ambulante qui crie sa mar-chandise. tym. : cri, du latin critare pour quiritare,appeler les citoyens, quintes, h son secours (H.).

    CROCHETER (IX-ooo). Ils ne m'ont laiss rien ignorer dece qui se passa l dessus et je n'ai pas cru devoir crocheter

    des amis si respectables et qui avaient en moi la plus en-

    tire confiance. Au propre : ouvrir avec un crochet, une

    serrure, une porte ferme exactement. Au figur :

  • 41

    arracher un secret par force. tym. : croc, venant dulatin populaire croccum, d'origine inconnue

    ,

    parat avoir

    signifi chose recourbe (H.).

    CROSSER (XVII-280). Tt ou tard les Ducs seraient cros-ses par Dubois. Au propre : chasser avec un bton re-

    courb (une crosse). Au figur : renvoyer brutalement. tym. : crosse driv de croc, latin croccia.

    CROUPIR (VII -426). M,ne la duchesse d'Orlans croupitlongues annes sur son canap. Au propre : tre dans

    l'ordure. Au figur : se trouver dans l'abandon, la mi-

    sre. tym. : croupe, partie des reins du cheval depuisla rgion lombaire jusqu' l'origine de la queue; vient duceltique crup ramasser, conglomrer (L.).

    CRU (A) (X-130). Il et t moins norme de lui donner cru cette pension de 25.000 francs. Au propre : ce quin'est pas cuit, naturel. Au figur : ce qui n'est pas

    tempr, attnu, mnag, et se produit brutalement.

    tym. : latin crudus.

    CUIDER (Se) (XII-188). - Ils regrettrent de n'avoir plus se

    cuider parmi les sots, les ignorants. Cuider. Croire,s'en faire accroire, d'o est rest outrecuidant. tym. :latin cogitare.

    CUIRE DANS LA CENDRE (VII-39). Tout cela se prparaitet se cuisait dans la cendre. Au propre : rendre par lefeu, une chose apte l'alimentation. Au figur : rendrepropre un usage. Sous la cendre : ce qui se prparepeu peu et en secret. On dit aussi : couver sous la cendrepour dsigner ce qui doit clore un moment donn.

    tym. : latin coquere et cinis.

  • CUISTRE (1-413). Le cardinal de Bouillon ddaignant deregarder l'vque de Chartres que comme un cuistre vio-let. Cuistre, surveillant subalterne. Sens primitif,

    valet de collge, par extension pdant de collge. Le violet est la couleur du vtement piscopal. tym. :Violet vient de violette, driv du latin viola; cuistre latincustos, en allemand Kuster, sacristain.

    CUL ET DE TTE (DE) (VI-77). M. de Vendme les faitdonner d'arrive de cul et de tte, sans ordre et sans rgle. On dit proverbialement d'un homme qui se tourmenteextrmement pour venir bout d'une chose, qu'il y va decul et de tte comme une corneille qui abat des noix.

    (Acadmie, 1718). TYM. : cul, latin culum.

    CUL (Montrer le) (XVII-88). Cela fit ce qu'on appelle, enmatire de finance et de banqueroute, montrer le cul. Aupropre : le derrire du corps. Le fond de quelquechose. Au figur : rvler les parties honteuses d'uneaffaire.

    CUNCTATION (VII-39). La cunctation de M. de Chevreusel'arrtait. Ce mot est un latinisme. Il signifie tem-porisation. 11 tait autrefois usit avec le sens de retard

    (Glossaire de Lacurne "de Sainte Palaye). tym. : latincunclatio.

    CYCLOPE (Grce du) (XIX-55). Il me faisait la grce ducyclope, il me rservait manger le dernier. Gant my-thologique, n'ayant qu'un il, qui dvora les compagnonsd'Ulysse et promit celui-ci de ne le manger que ledernier. tym. : latin cyclops.

    DAMNE (Ame) (XI-123). Cette libralit tait bien due auxservices de cette me damne de la Constitution. Au

  • 43

    propre : me condamne aux peines de l'enfer. Aufigur : tre l'me damne de quelqu'un, se dvouer, jus-qu' se perdre, pour lui. tym. : damnare, latin eccl-siastique.

    DANSER (11-110). Lauzun fit danser le Comte de Tess et sefit prier longtemps. Au propre : faire une srie de pas

    cadencs. Au figur : rester insensible aux dmarches,

    faire attendre le demandeur, se jouer de lui. tym. :ancien allemand, danson tirer, d'o faire une chane de

    danse (H.).

    D (VIII-124). Vendme ne balana pas jouer la couronned'Espagne trois ds. Au propre : petit morceau d'os ou

    d'ivoire cubique servant un jeu o l'on usait autrefoisde trois ds. Ce jeu venait d'Italie o il tait nomm jeude lazara; on voit le lien avec le mot jeu de hasard.

    Au figur ce mot signifie s'en rapporter la chance et au

    hasard dans une entreprise. tym. : latin populairedatum.

    D (Tenir le) (XII-183). Il tenait le d les amuser tous deux. Le sens est : diriger la conversation, garder seul habi-

    tuellement la parole.

    DEBAGOULER (XVI1-198). M. le duc d'Orlans me dbagoula(car c'est le terme qui convient la faon dont il se d-

    chargea) que je voulais qu'il ft tout ce qui me plaisait. Au

    propre : rendre ce qu'on a sur le cur. Au figur :s'abandonner une loquacil vulgaire. tym. : bagoumot d'argot, qui vient de l'ancien franais bagouler, parler

    tort et travers.

    DBANDER (Se) (uvres indites, t. II, p. 415). Un dlasse-ment autant seulement qu'il en aurait besoin pour se dbander

  • _ M la tte et pour se remettre en tat de travailler de nouveau.

    Au propre : ter un bandeau. Au figur : donner l'esprit quelque relche. tym. : de et bande qui vientdu haut allemand bind.

    DBANQUER (XVIl-lH). Le duc d'Orlans avait dbanquLaw de tant de millions. Retirer de la banque, dcaver. Etym. : de et banque qui vient de l'italien banca.

    DBARBOUILLS (IX-450). Ils s'taient enfin dbarbouillsde l'tude de notaire. Au propre : nettoyer en enlevantce qui salit. Au figur : faire disparatre les tracesd'une tache ou d'une origine obscure. tym. : de etbarbouiller, couvrir grossirement d'un enduit de couleur,(origine inconnue).

    DBELLER (V-122). Le comte de Gramont, avec tous sesvices, avait dbell la cour. Au propre : soumettre par

    les armes. -Au figur : dompter, dominer par son espritou son influence. tym. : latin debellare.

    DBIAISER (XVI-53). Villars dbiaisa sur le parlement pournous montrer sa vraie douleur. Parler en biais, de travers,

    ct mot cr par Saint-Simon. tym. : de et biais latin bifacem double face.

    DBONDER (XVII-158). Le duc d'Orlans n'osa trop rire dutorrent que je dbondai. Au propre : ouvrir en lchant

    la bonde. Au figur : manifester les sentiments qu'on

    contenait. tym. : de et bonde, vient de l'allemandspund.

    DBONNAIRE (XI-160). Depuis Louis le Dbonnaire il n'yeut jamais un si dbonnaire que vous. Homme dont la

  • 45

    bont excessive est de la faiblesse. tym. : de, bon, etaire, ancien franais, signifiant disposition, selon Hatzfeld.

    D'aprs Le Hricher (Les tymologies difficiles), Louis leDbonnaire a sans doute aid retirer ce mot son sensnoble, car dbonnaire en vieux franais tait uti terme defauconnerie, appliqu au noble oiseau le- faucon; il tait

    oppos a de pute (sale) aire, oiseau vulgaire.

    DBOURBER (11-225). -- Colbert, l'ennemi de Pontchartrain,dbourba son fils. Au propre : tirer de la bourbe. Aufigur : tirer de l'obscurit d'une condition basse.

    tym. : bourbe, boue paisse. Origine inconnue.

    DBOUTONNER (Se) (IX-2). Le duc se dboutonna sur tousceux qui avaient part aux affaires. Au propre : dfaire ses

    boutons, se mettre Taise. Au figur : parler librement,

    s'ouvrir quelqu'un. tym. : de et boulon qui vient debouter, pousser ou mettre.

    DBUCHANT (XI-240). Effiat fut particulier et obscur Paris avec des cratures de mme espce, dbuchant parfoisen bonne compagnie courtement. Au propre. : enfermede chasse sortir du bois. Au ligure : se montrer, appa-ratre. tym. : de et huche, au sens de bois. Bchevient du bas latin busca.

    DCONCERTEMENT (VII-497). Je remarquai mme uneespce de dconcertement. Action de dconcerter. Aupropre : troubler un concert. Au figur : troubler quel-qu'un dans ses desseins. tym. : de et concerter quidrive de concert, mot tir de l'italien concerto.

    DCRASSER (IX-447). Pour dcrasser l'existence des secr-taires d'tat. Au propre : dbarrasser de la crasse.

    Au figur : faire disparatre la roture, en admettant un

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    homme dans la noblesse. On parlait dans le mme sens dela savonnette vilain. tym. : de et crasse en latincrassus pais.

    DGRILLER (IV-144). La mort du comte de Vrue dgrillasa femme qu'il tenait dans un couvent. Tirer des grilles,

    mot peu usit. tym. : de et grille qui vient du latinpopulaire graticula.

    DGUINGAND (X-186). Jamais personne si peu soigneused'elle-mme, ni si dguingande. Marcher d'une manire

    irrgulire, disloque. On disait autrefois dlingander,

    aller de travers et de guingant. On se servait aussi des mots

    giguer ou ginguer, dans le sens de gambader. tym. :Littr fait venir ce mot de (figue, jambe.

    DIFIER (XlI-22). La plus insigne flatterie le difia. Faire de quelqu'un un Dieu. Etym. : latin deifieare.

    DLECTER Vll-248). Je ne laissai pas d'y dlecter macuriosit. Faire pleinement savourer un plaisir.

    tym. : latin delectare.

    DMRITE uvres indites) (VIII-297). Le seul dont lesqualits ne tinrent pas auprs du Roi du plus fondamental

    dmrite. Ce qui fait perdre de son mrite. Ce qui

    attire l'improbation, Saint-Simon ici donne ce terme le

    sens d'absence de mrite, lequel est inusit. tym. :latin merilum.

    DEMOISELLES (XIV-29). Ils menrent avec eux des demoi-selles. Ce terme signifie d'abord : fille ou femme d'ungentilhomme qui est de noble extraction, puis fille de

    naissance bourgeoise par opposition aux paysannes; par

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    extension femme qui n'est pas marie. Ici il est lesynonyme de fille, pris dans un sens pjoratif. Furetireindique que, dj de son temps, ce mot avait t employironiquement et en mauvaise part. Il vient de damoiseauou damoisel, gentilhomme qui n'est pas encore reuchevalier. tym. : latin populaire dominicella, domini-cellus est le diminutif de dominus, seigneur.

    DNIAISER (Parallle des trois Rois, page 14). La beaut etl'esprit des nices taient fort propres ce qui s'appelle

    dniaiser un jeune homme. Rendre moins niais, moinsgauche, faire connatre l'amour. tym. : de et niaisterme de fauconnerie : oiseau qui n'est pas sorti du nid.- Au figur : simple et sans usage du monde, vient dulatin nidus, nid.

    DPECER (Se) (VIII-308). Le duc du Maine se dpea en ex-cuses de la peine qu'on prenait de le visiter. Au propre :mettre en pices. Au figur : montrer le plus grandempressement par tous les moyens en son pouvoir. Ondit encore se mettre en quatre et vulgairement se dcar-casser, dans ce mme sens. tym. : de et pice, quivient du latin pelium pice de terre. (Brachet).

    DPCHE (uvres indites, 11-422). La dpche plus lentedes affaires. Le sens est ici l'action de dpcher, d'enfinir avec une affaire. tym. : incertaine, italien dis-pacciare, peut tre.

    DPERSUADER (VIII-231). Depuis cette rare crdulit deMonseigneur, dont Mme la duchesse de Bourgogne l'avaitdpersuad, je n'avais os me commettre Meudon. Oterune persuasion. tym. : de privatif et persuadere

    ,

    latin persuasio.

  • 48

    DPIQUER (11-177). Le chevalier de Coislin qui connaissaitson frre voulut se dpiquer et se vengea bien. Consoler

    quelqu'un de ce qui le mcontente, apaiser quelqu'un quiest piqu. tym. : de et piquer venant de pic, qui estd'origine celtique, galique, et signifie pointe.

    DPRIS (XVI-423). branl, mais non encore dpris de sarsolution. Se dprendre, se dtacher. tym. : dr elprendre, lalin prehendere.

    DPRISER (XIV-296). Son louche et son gauche en matired'tat dprisrent beaucoup Daguesseau. Dprcier.

    tym. : de pjoratif, priser (estimer) latin preliare quivient de pretium,

    DERNIER (Donner le) (ll-.'J08). Le duc de Coislin avait lafantaisie de ne pouvoir souffrir qu'on lui donnt le dernier.

    Terme de jcu\ de course, ne pas avoir le dernier, nepas tre le dernier touch (L.). On peut considrer cetteexpression, notre avis, comme une abrviation de la

    phrase : le dernier mot, dont le sens est clair; si on laisse

    l'adversaire donner le dernier mot, on lui cde par l

    mme. tym. : ancien franais derrenier, driv de dertro, derrire (11.).

    DSESPRADE (V-33). Ceux qui surent cette dsespradene doutrent pas quelle ft un jeu. Action la manire

    d'un dsespr. tym. : mot emprunt l'italien; ildrive de dsesprer, l'imitation de la locution ita-

    lienne : alla disperata (H.).

    DSHONOR (XIV-362). Broglio tait un homme dsho-nor sur sa valeur. Dchu de l'honneur. tym. : deset honorer, latin honor.

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    DSINVOLTE (X-178). Jamais aussi ne vit -on M. duMaine si solaire et si dsinvolte qu'alors. tym. : espa-gnol, desenvuelto, dbarrass de ce qui enveloppe, dgagdans sa manire d'tre (H.).

    DSOCCUPATION (VII-238). Je me htai de me servir de sadsoccupation ennuyeuse et pnible. Mot vieilli. tat decelui qui n'est pas occup. Mmo de Svign a employ aussice terme (IX-525). tym. : de et occupation, qui vientdu latin occupalio.

    DESSERVICES (IV-48). J'en pris l'occasion de dire auRoi qu'on ne cessait de me faire auprs de lui les desser-

    vices les plus noirs. Attaquer, discrditer, rendre de

    mauvais services. tym. : dos et service, latin servitium.

    DIABLE AU CORPS (XIII -269). Avez-vous le diable aucorps? Au propre : le diable est l'esprit du mal, Sa-tan. Au figur ici : agir avec passion, avec furie comme

    un possd par le dmon. tym. : latin diabolus.

    DIRECTION (XVIII-448). Ses terres taient de longue main

    en direction. Direction de cranciers. Sorte d'union

    et de syndicat pour administrer la fortune d'un dbiteur

    en dconfiture , non commerant. Cette institution de

    l'ancien droit a disparu du droit civil. tym. : latindirectio.

    DISCERNEMENT (Parallle des trois Rois, page 23). Iln'et pu porter la couronne par l'imbcillit de son discer-

    nement. Au propre : action de sparer ce qui est con-fondu. Au figur : facult de bien apprcier les choses. tym. : latin discernere.

    DISTILLER (VII-264). Villars se distilla chez lui en res-

    pects pour le marchal de Boufflers. Faire couler goutte

    goutte. tym. : latin distillare.LEXIQUE. 4

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    DITION (XVI-153j. Voir la duchesse du Maine rager entrequatre murailles de la dition de M. le duc. Pays soumis l'autorit, l'empire d'une personne. tym. : latinditionem autorit, qui vient de dare, donner.

    DIVINE (A la; (X-287. Accoutum rgner la divine surson royal pupille. D'une faon merveilleuse, surnatu-

    relle. Etym. : latin divinus.

    DON QUICHOTTE (XV-169). Il n'tait pas assez Don Qui-chotte pour attaquer le genre humain. Chevalier errant

    du roman de Cervantes, dfenseur des opprims.

    tym. : don (autrefois dom) titre d'honneur donn auxseigneurs espagnols.

    DOS. Faire pnitence sur le dos d'autrui (VII-137) Le

    Roi, ne sachant pas sa religion, s'tait flatt toute sa vie de

    faire pnitence sur le dos d'autrui. Au propre : le dos

    partie du corps, des paules aux reins; mettre quelquechose sur le dos de quelqu'un, l'en rendre responsable,

    M me de Svign a crit : Je suis bien aise de savoir quele pont d'Avignon est encore sur le dos du Coadjuteur. Dans ce passage de Saint-Simon sur la pnitence deLouis XIV, l'auteur se rappelle probablement celle deSancho Pana, qui feignait de se donner les trivires, en

    battant l'corce des arbres. tym. : latin dorsum.

    DOS (Passer la main sur le; (XIII-271). La visite n'avaitpour but que lui passer la main sur le dos. Caresser,

    flatter, comme on fait un cheval.

    DOUBLET (XII-88). Quelque trange que ft ce doublet dematresses, il n'tait pas nouveau. Action de doubler,

    de mettre en double. tym. : latin duplare.

  • 51

    DYSCOLES (VIIM68). Ducs dyscoles. Difficiles vivre. tym. : vient du grec SuaxoAo, d'humeur chagrine.

    BRAIER (S'), (XVI-29). Estres se secoua, s'braia, re-garda la Compagnie comme un homme qui revient de l'au-tre monde. Etym. : s'braier, suivant Ghruel, est un

    mot de l'art vtrinaire et de mange pris au figur. Cemot ne se trouve pas dans nos Dictionnaires courants. Il

    s'emploie dans certains pays comme synonyme de braire

    crier, en parlant de l'espce asine. En patois bourgui-

    gnon s'braier est usit pour dire : s'crier, s'exclamer.

    On peut rapprocher ce mot du terme brouer, que Fure-tire dfinit comme il suit : Terme de mange qui se ditdes chevaux pleins de feu, qui font une espce de ronfle-ment, comme s'ils voulaient faire sortir de leurs naseaux

    quelque humeur qui les empche de prendre leur haleine.On l'a dit autrefois des hommes qui avaient de la peine se moucher et ternuer .

    BRENEUSE (XVI- 37). La Vrillire li avec les btards par laMaintenon, leur breneuse. Qui enlve les excrments. Etym. : mot form de ex et bran ou bren. Bran, gros soncorce spare des graines par la mouture, par extension :

    rebut, excrment, du latin populaire brennum, mot d'ori-gine gauloise (H.).

    CHASSES (XI-234). Canillac tait toujours sur les chassespour la morale, l'honneur, la plus rigide probit, le dbit

    des sentences et maximes. Au propre : bton avec un

    trier en bois sur lequel on s'exhausse pour marcher.

    Au figur : ce par quoi on se guind, pour paratre pluslev. tym. : le hollandais schaats, patin.

    CONDUITE (XI-402). Je dis que je ne voulais jamais en-tendre parler de Desmaretz. Cette conduite fut suivie d'une

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    lettre de la duchesse de Beauvillier. Action d'carter

    quelqu'un. tym. : escondire, excuser, en bas latin. Onest arriv du sens de s'excuser celui de refuser, de con-gdier quelqu'un.

    CORCE (XII-165). Cet attachement l'extrieur de la loi, l'corce de la religion. Au propre : enveloppe de latige d'une plante. Au figur : ct superficiel des choses. Etym. : latin ex et cortex.

    CORCHER (IX -311). Noailles corchait la superficie detout. Enlever la peau, blesser en tant la peau, d-

    triorer un objet en raflant la surface. Au figur :s'attacher un objet et le dgrader. tvm. : lalin r.r-coriicare, enlever l'corce.

    CORNE (IV-413). Cette premire corne mortifia tous lesmarchaux. Action d'corner, atteinte. - tym. : e etcorne qui vient du latin cornu.

    CUMER (1-200;. M. de Luxembourg, qui avait le nez bon,Tcuma. Au propre : enlever ce qui bout et fermente. Au figur : prendre l'cume d'une chose, en retirer lapremire mousse comme d'un liquide en bullition.

    tym. : ancien haut allemand scm.

    EFFIL (XI-175). Labb Dubois tait un petit homme effil. Aminci comme un 01. Etym. : e et ///, qui vient dulatin filum.

    GARER LA BOUCHE (11-49;. Les Noailles connaissaientM. de Paris, ils auraient craint de lui garer la bouche. -

    Se dit d'un cheval dont on gte la bouche, en le condui-

    sant mal. tym. : e et l'ancien substantif allemandivara d'o vient le verbe moderne : wahren, garder (H.).

  • 53

    GOUT (XIII-252). Paris, l'gout des volupts de toute l'Eu-rope. Au propre : canal par lequel s'coulent les im-mondices. Au figur : lieu o affluent les gens les plusvils. Etym. : e et goutter qui vient du latin guitare.

    GUEULE (1-51). La duchesse de la Fert tait une gueule,sans aucun mnagement. Grossire en paroles, se fati-guant la gorge crier. On dit vulgairement prsent :forte en gueule. tym. : e et gueule qui vient du latingula.

    GUISER (uvres indites, t. I. Parallle des trois Rois p. 5). Une ncessit continuelle appliqua le prince et l'guisa.- On crit aujourd'hui aiguiser. Au propre : rendre

    pointu. Au figur : rendre plus vif. tym. : latinacutus.

    LIXIR (111-379). Ce fut une bombe tombe au milieu de cetlixir de cour. Quintessence, la substance la plus pured'un corps. tym. : arabe el-iksir, la pierre philoso-phai.

    EMBABOUINER (VI-251). - M. de Senlis brusqua un superbeenterrement, embabouina le cur qui ne se douta jamais dela cause relle. Prendre par des singeries, de faussesdmonstrations. tym. : en et babouin, espce de singe,mot driv de baboue et de babine, radical germaniquebab.

    EMBALLER (X1II-362). Il fut si bien veill qu'ils l'embal-lrent. Au propre : mettre en balle pour transporter.- Au figur : circonvenir. tym. : en, balle, lequel

    vient de l'allemand balla boule.

  • EMBARQUER (Vl-299). -- Charost se laissa embarquer. -Au figur : pousser quelqu'un quelque chose qui com-porte un risque. tym. : en et barque qui vient del'italien barca.

    EMBARRASSER (XII-142). Il ne tarda pas embarrasserdans ses toiles le Cardinal de Noailles. Gner pour agir. Envelopper. tym. : italien imbarazzare.

    EMBATER (IX-125). Le chancelier dclara M. de Che-vreuse qu'il pouvait faire son fils duc et pair, du Roi lui,

    s'il le voulait, et lembter de tous ces beaux raisonnements,car le chancelier pouss laissa chapper ce terme. Aupropre : garnir du bt une bte de somme. Au ligure :embarrasser, ennuyer, assommer quelqu'un par ses dis-

    cours. Etym. : en et bt bas latin hnslum.

    EMBLER (1-46). M. le prince embla mon oncle la capi-tainerie des chasses de Senlis. Prendre, ravir, enlever. -

    Ce mot n'est plus usit, il nous en reste d'emble, ce

    qu'on enlve du premier coup. tym. : latin involarr,voler.

    EMBOUCH (Bien) (VII-7). Ce prince bien embouch parVilleroy et La Roche Guyon) parla au Roi. Emboucher,se dit figurment en morale, et signifie : instruire quel-

    qu'un qu'on envoie, de ce qu'il doit dire ou ne pas dire

    (Furetire). On dit mal embouch d'une personne quiparle d'une faon injurieuse ou indcente. Ici bien em-b