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Le contexte de la Vulnérabilité Structurelle

par Système de Production au Burkina Faso, Mali, Niger et Sénégal

Octobre 2000

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TABLE DES MATIERES

LISTE des ABREVIATIONS.............................................................................................................................1

PREFACE ........................................................................................................................................................2

1. INTRODUCTION..........................................................................................................................................3

Contexte ......................................................................................................................................................3

Définition de base.......................................................................................................................................3

Objectifs ......................................................................................................................................................4

Parcours méthodologique.........................................................................................................................4

2. STRUCTURE PRODUCTIVE ......................................................................................................................6

3. BILAN ALIMENTAIRE.................................................................................................................................9

4. PRESSION et DYNAMIQUES AGRICOLES ............................................................................................12

Système de production vivriers..............................................................................................................17

Systèmes de production mixtes .............................................................................................................19

Systèmes de production à cultures de rente.........................................................................................20

Systèmes de production rizicoles ..........................................................................................................21

ANNEXES TECHNIQUES .............................................................................................................................24

Les systèmes de production...................................................................................................................24

Le taux virtuel de couverture des besoins céréaliers ..........................................................................25

La pression agricole.................................................................................................................................25

Les dynamiques agricoles.......................................................................................................................26

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LISTE des ABREVIATIONS AGRHYMET Centre Régional de Formation et d'Application en Agro-météorologie et Hydrologie Opérationnelles AP3A Alerte Précoce et Prévision des Productions Agricoles (projet) CeSIA Centro di Studio per l'Applicazione dell'Informatica in Agricoltura [Centre d'Etudes pour l'Application

de l'Informatique à l'Agriculture] CILSS Comité Inter-états de Lutte contre la Sécheresse dans le Sahel DIAPER Diagnostique Permanent FAO Food and Agriculture Organisation of the United Nations [Organisation des Nations Unies pour

l’alimentation et l’agriculture] OMM Organisation Météorologique Mondiale OPVN Office des Produits Vivriers du Niger SAC Système d’Analyse Conjoncturelle SAT Système d’Analyse Territoriale SIG Système Informatif Géographique SIM Système d’Information sur les Marchés SP Système de Production TVCBC Taux Virtuel de Couverture des Besoins Céréaliers UBT Unité de Bétail Tropical UA Unité Administrative UT Unité Territoriale PAM-VAM Programme Alimentaire Mondial - Vulnerability Analysis and Mapping

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PREFACE La présente étude est le résultat des activités réalisées par le projet Alerte Précoce et Prévision des Productions Agricoles (AP3A) dans le cadre du Programme Majeur Information. Ce projet est lui-même fruit d'une collaboration entre le Centre Régional AGRHYMET (CRA), l'Organisation Météorologique Mondiale (OMM) assurant les fonctions d'agence d'exécution et le Ministère des Affaires Etrangères – Direction Générale de la Coopération au Développement qui en assure le financement. Le développement des analyses et la rédaction du rapport ont été réalisés par une équipe interdisciplinaire constituée par Brahima Koné, Djaby Bakary et Labo Moussa pour le CRA et Andrea Di Vecchia, coordinateur, Tiziana De Filippis, Lorenzo Genesio, Michela Paganini, Vieri Tarchiani et Patrizio Vignaroli pour le CeSIA/CNR. AVERTISSEMENT: Les appellations employées et la présentation des données qui figurent dans cette étude ainsi que son contenu n’engagent que le point de vue des auteurs et n'impliquent de la part du Secrétariat de l'Organisation Météorologique Mondiale, du Secrétariat Exécutif du C.I.L.S.S., et du Ministère des Affaires Etrangères italien aucune prise de position quant au statut juridique des pays, territoires, villes ou zones, ou de leurs autorités, ni quant au tracé de leurs frontières ou limites, ni quant aux descriptions qui en ont été faites. SITE INTERNET: http://p-case.iata.fi.cnr.it/ap3a/

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1. INTRODUCTION

Contexte L'analyse de la Vulnérabilité s'insère dans le contexte plus général de la Sécurité alimentaire et de l'Alerte précoce alimentaire. Comme déjà souligné dans de nombreuses études, ce contexte demande de produire une information fiable et claire ainsi que de la transmettre en temps utile aux acteurs de la scène politique nationale et internationale, avec pour objectif général la réduction puis l’éradication du déficit alimentaire des populations. Le type d'information produite peut être de caractère différent selon le but spécifique de l'analyse ou selon les destinataires. Contrairement aux autres initiatives en cours dans les pays du CILSS, la présente méthodologie comporte une approche tout à fait originale puis que l'échelle adoptée est régionale. De même, elle vise à caractériser les zones géographiques vulnérables et non les différents groupes socio-économiques ou ethniques; enfin elle se veut être un support décisionnel et analytique dans un contexte temporel étendu qui est celui de l'identification de zones vulnérables de façon structurelle, c'est-à-dire des zones qui puissent être définies vulnérables sur une série d'années consécutives. Dans cette optique, cette information peut servir de base tant aux décideurs dans l'identification des zones où une intervention d'aide au développement et de support à la production alimentaire serait nécessaire, qu’aux analystes de la vulnérabilité conjoncturelle qui pourront l’utiliser comme référence ou comme terme de comparaison dans leurs élaborations. Ce premier cadre de référence représente aussi bien une donnée de sortie qu'un produit d’entrée pour d'autres phases d'analyse. En effet, d'une part il représente une approche méthodologique visant à la caractérisation de l'ensemble de la zone sahélienne pour ce qui est des similitudes et des différences internes sur le plan physique et socio-économique; cette information est d'importance fondamentale puisqu'elle conditionne l'impact d'éventuelles crises conjoncturelles ou les possibilités de développement structurel. D'autre part cette initiative représente le commencement d'une nouvelle phase de vérification ponctuelle avec les pays intéressés par les résultats, ainsi que de transfert de la base de données et des systèmes informatifs aux administrations nationales.

Définition de base Sur le plan conceptuel, la méthodologie développée se base sur la corrélation entre la "Vulnérabilité" et le "Risque" conformément à la relation suivante (Chambers, 1989).

Vulnérabilité = Probabilité de manifestation du Risque * Capacité de la population d'y faire face

Comme l'indique le titre du rapport, cette proposition de définition convient à un contexte spécifique qui est celui des systèmes d'alerte précoce productive. Cette précision sert à souligner le degré d'analyse qui se base sur les Systèmes de Production et non – comme on l'a déjà souligné – sur les groupes socio-économiques ou sur les unités administratives. Les définitions adoptées pour la présente étude doivent donc prendre en compte le contexte "productif" des termes (risque et vulnérabilité), ou mieux considérer le risque et la vulnérabilité dans l’optique des systèmes productifs. On souligne la définition du terme clé en renvoyant au document de base pour les autres définitions (1).

L’equLanémEld'apaimde

1 “

P

Vulnérabilité Productive: Caractéristique d’une zone pour laquelle de fortes probabilitésexistent que le risque productif se transforme en un événement concret.

3

xpression "Evénement concret" se réfère, par exemple, à une réduction de la valeur (en quantité et/ou en alité) de la production des cultures importantes pour le revenu des agriculteurs. vulnérabilité productive s’exprime par la fragilité du système rural, exposé à un événement productif néfaste ou gatif, dans lequel les agriculteurs ou pasteurs peuvent difficilement affronter le risque avec des stratégies de inimisation du risque même et de réduction acceptable des pertes. le existe en fonction non seulement de l’entité du risque mais également de la capacité de la population ffronter les différents événements négatifs. Cette dernière capacité est à son tour conditionnée non seulement r des facteurs agro-météorologiques mais également et surtout par des facteurs socio-économiques. Il est donc portant que, dans l’étude de la vulnérabilité, la population soit stratifiée en fonction de ses différentes stratégies production et de son système agricole et pastoral.

La définition du concepts de risque dans le cadre d’un système d’alerte précoce agrométéorologique”, M. Garavini, Projet Alerte Précoce et révision des Productions Agricoles, Organisation Météorologique Mondiale, 1997.

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La vulnérabilité productive sera considérée du point de vue structurel ou chronique en tant que : "Fragilité due à des conditions défavorables pour la production agro-pastorale qui se sont développées pendant de nombreuses années précédentes".

Objectifs Les objectifs de l'analyse de la vulnérabilité productive structurelle peuvent être résumés comme suit: - caractériser le territoire du point de vue de la structure de la production agricole au niveau le plus détaillé

possible; - décrire la satisfaction potentielle des exigences alimentaires des habitants des zones étudiées; - évaluer la satisfaction potentielle des besoins alimentaires apportée par les produits de l'élevage et les cultures

de rente; - évaluer les potentialités des zones agricoles et la pression exercée par les activités humaines; - caractériser les zones structurellement vulnérables à une inaccessibilité alimentaire sur base productive, bio-

physique et économique; - consolider une base régionale objective pour des études de vulnérabilité conjoncturelle à conduire dans la

zone étudiée dans le but de représenter un instrument d'aide à la décision en situation de crise. Les produits issus de l’analyse s'adressent principalement aux Décideurs Nationaux, mais également à la communauté internationale opérant dans le secteur de l'aide au développement comme support à la prise décision en matière de sécurité alimentaire et de lutte contre la pauvreté.

Parcours méthodologique Sur la base des points identifiés, l’on a entrepris la mise en place d'une méthodologie qui puisse prendre en compte l'état de la sécurité alimentaire dans la zone des pays du CILSS2. Il est important de souligner que le type d'approche conceptuelle est celui généralement adopté pour les prévisions en agriculture c'est-à-dire la convergence des preuves. Il faut aussi noter que l'approche traite des données – tant en entrée qu'en sortie – qui sont des indicateurs particuliers, dans le sens où toutes les indications qui peuvent être tirées de la présente méthodologie et toutes les données en entrée et en sortie sont sous forme de strate d’information géoréféré, ou plus particulièrement sous forme d'information spatialisée. La présente méthodologie a comme points fondamentaux et originaux les trois concepts suivants: la caractérisation du territoire en systèmes de production, la dimension régionale et la prise en compte de l'aspect évolutif de la réalité analysée. La première étape consiste en une évaluation du substrat analysé pour sa systématisation, ce qui a permis une classification de toutes les unités administratives. Cette classification a pour but – tout en étant bien entendu non univoque ni indemne d'erreurs – de fournir des classes homogènes pour ce qui est de la structure productive et des stratégies que la population locale développe. Cette classification s'est avérée être une approche fonctionnelle conformément au but final qui est de fournir une description du contexte de la vulnérabilité structurelle dans les pays étudiés. Par la suite, le détail des caractéristiques de chaque unité homogène a été fourni en traitant chaque système de production. La seconde étape prévoit l'établissement du rapport entre offre et demande alimentaires. La détermination du bilan alimentaire est faite à travers la prise en compte de la production locale, des besoins alimentaires présents et de la situation des marchés locaux. On obtient un cadre du territoire subdivisé en zones homogènes sur la base de leur autosuffisance alimentaire. Compte tenu du contexte économique prépondérant des pays objets de l'étude, l'analyse a été axée sur le secteur primaire afin de mettre en évidence les zones vulnérables sur la base de sa capacité à soutenir la population et à produire de la richesse; l'exclusion des autres secteurs a été permise par la très basse - et souvent absente - production secondaire et tertiaire. L'analyse de vulnérabilité jusqu'ici conduite doit être considérée non pas comme une entité statique et isolée mais comme une situation dynamique dans le temps qui a subit des changements et qui est soumise à des évolutions et à des capacités déterminées. La troisième étape consiste donc en la prise en compte du type d’évolution des valeurs qui, dans les années analysées, a caractérisé chaque unité d'observation, dans le but d’identifier de probables développements futurs, avec la considération de la pression exercée sur les ressources au niveau des différents systèmes de production.

2 Les analyses contenues dans le présent document se réfèrent à quatre pays du CILSS, à savoir le Burkina Faso, le Mali, le Niger et le

Sénégal

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Les produits issus de cette méthodologie sont d'une part la localisation – dans une optique de décision nationale et régionale (supra nationale) – de toutes les zones qui ont de fortes limitations de leur productivité primaire, une population relativement nombreuse et, en général, une forte composante d'instabilité économique et productive. D'autre part on a tenté de décrire une possible évolution future des dites zones sur la base de leurs potentialités productives et du degré de pression existant sur les systèmes analysés.

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2. STRUCTURE PRODUCTIVE Le présent chapitre décrit le parcours suivi pour la définition des unités homogènes d'observation qui seront utilisées par la suite comme référence de base pour toutes les analyses. Vus les deux facteurs en jeu qui sont la population rurale avec ses besoins alimentaires et les potentialités du territoire sur lequel elle vit, le choix de la résolution devient un facteur important en vue de l'intégration des différentes couches d’informations ainsi que pour l’interprétation des résultats. Le choix de l'unité d'observation représente dans cette étude un élément original dans ce sens; l'analyse se base sur les systèmes de production (SP) qui, comme il sera démontré, représentent une clef de lecture appropriée du territoire dans la zone d’étude. Pour ce qui est de la population, c'est la portion résidant en milieu rural qui a été choisie, étant donné que celle-ci est fortement dépendante pour son alimentation de la production primaire réalisée par l’exploitation des ressources situées à proximité de son lieu de résidence. L'échelle de collecte de la donnée est la localité avec la distinction entre hommes et femmes, qui sera agrégée à différents niveaux selon les besoins de l'analyse. Notamment l'entité de la population a été agrégée au niveau des unités administratives pour le calcul de la demande alimentaire. Par contre, pour les analyses concernant la pression agricole d'une zone, c'est son entité ponctuelle qui a été considérée. La définition des systèmes de production est un processus légèrement plus complexe, en ce sens qu'il tient compte du type de culture pratiquée, de son étendue ainsi que de la longueur de la saison agricole qui relève de la distribution des pluies au cours de la campagne3. L'analyse se fait au niveau administratif, ce qui permet toutefois l'intégration d'informations à différentes résolutions. Une brève description des susdits systèmes pourra mettre en évidence leurs caractéristiques ainsi que l'importance d'une classification de la structure économique et alimentaire du territoire analysé. S’en suivra une lecture des dits systèmes à l'échelle régionale, ce qui donnera une idée de leur localisation et des dynamiques qui sous-tendent le choix des agriculteurs vis-à-vis des différents systèmes. Les systèmes de production présents dans la sous-région analysée se divisent en deux grandes classes qui sont, sur la base de leur production principale, les systèmes de production agricoles et les systèmes de production pastoraux. Les systèmes productifs agricoles se déclinent en quatre typologies sur la base de la culture prévalante (SP vivriers, de rente, rizicoles et mixtes); les systèmes productifs pastoraux se distinguent entre eux sur la base du type de gestion de l'élevage adopté (nomade, transhumant ou agro-pastoral). Par simplicité d'exposition ces deux grandes classes de systèmes de production ont été traitées séparément, mais il faut souligner que, contrairement aux systèmes d'élevage "pur", les systèmes d'élevage transhumant et agro-pastoral se trouvent dans la zone à systèmes productifs agricoles, avec lesquels ils interagissent de façon plus ou moins étroite dans la définition des stratégies de vie des populations. Les systèmes de production vivriers se caractérisent par une stratégie visant à une production destinée à l'autoconsommation au niveau du ménage. Le type d'agriculture peut être défini comme pluvial, étant donné l'apport hydrique uniquement constitué par les précipitations. Les stratégies productives adoptées par les populations sont principalement de subsistance, et sont axées sur les critères suivants: des espèces alimentaires céréalières, un niveau bas ou nul d'investissements. Les populations se trouvant dans ce type d'agriculture sont particulièrement subjuguées au type de régime pluviométrique pour leur propre survie; en effet, en cas de saison agricole généralement insuffisante pour la satisfaction des exigences hydriques des cultures, les productions locales se révéleront insuffisantes à l'alimentation du ménage et les populations souffriront; bien évidemment elles feront également recours à toute une série de stratégies de minimisation du risque telles que la vente de petits ruminants, de cultures de rente ou à d'autres sources de revenus pour satisfaire leurs exigences alimentaires de base. Si par contre la récolte est abondante, les paysans pourront accumuler des stocks de céréales ou vendre leur propre surplus pour satisfaire leurs exigences non alimentaires. Parmi les systèmes productifs vivriers, une distinction peut être faite du point de vue les espèces cultivées sur la base du gradient pluviométrique; au niveau des SP vivriers pastoraux et des SP vivriers situés dans la partie nord du territoire observé, la principale culture pratiquée est le mil, alors que plus les précipitations annuelles moyennes croissent, plus le mil cédera la place au sorgho, qui lui-même diminuera ses superficies au profit du maïs en cas de régime pluviométrique accru. Les systèmes de production de rente caractérisent un territoire relativement plus favorisé du point de vue des caractéristiques écologiques si comparés aux SP vivriers. Les plus hauts régimes pluviométriques et la meilleure distribution des précipitations créent une saison de croissance beaucoup plus longue et moins assujettie à des déficits hydriques pour les cultures. Les espèces cultivées dans ce type d'agriculture sont principalement le coton et l'arachide; des cultures traditionnelles sont importantes au niveau local, dans des unités administratives déterminées: ainsi par exemple le vouandzou, la souchette et l'oseille assument une superficie importante dans différentes unités administratives du Niger; il en est de même pour le sésame et le gombo. Les systèmes productifs 3 Pour tout complément d’information sur la méthode d’identification des systèmes de productions se référer aux notes techniques en annexe.

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de rente ont toutefois une structure différente selon la culture de rente adoptée; en effet les SP de rente à coton comprennent sur leur territoire une forte présence – sur plus du 50% de leur territoire agricole – de surfaces à céréales (le coton ne dépassant jamais les 25% des hectares agricoles); en cas de saison particulièrement défavorable, les agriculteurs pourront donc tout de même compter sur la récolte des céréales pour leur subsistance. Les SP de rente à arachide par contre sont beaucoup plus dépendants de la productivité de leur culture principale, puisque la surface de celle-ci représente en moyenne plus de 40% de leur territoire agricole. Les investissements, qui sont faits grâce aux revenus de l'année précédante, influent également sur le rendement final. Les systèmes de productions rizicoles sont caractérisés par la présence, sur 35% au moins des surfaces arables, de la culture du riz. Les techniques de culture peuvent être à submersion ou de décrue. Ces systèmes de production sont généralement moins dépendants des conditions climatiques vu que le développent du riz est lié à la présence d'eau de surface; il est en effet clair que, au niveau du réseau hydrographique et des lacs, la présence de l'eau est assurée pendant toute l'année et pendant toute la décennie en observation. Au niveau de la présente analyse, ce type de système productif peut être assimilé au SP de rente plutôt qu'au SP vivrier, du fait que la plus grande partie de la production n’est pas destinée à l'autoconsommation, mais plutôt à la vente sur le marché. Il est fortement probable que le revenu de cette vente soit échangé contre des céréales meilleur marché (mil, sorgho, maïs et souvent riz importé). Les systèmes de production mixtes sont présents sur les zones agricoles du territoire qui ne peuvent pas être attribuées à aucun des trois systèmes ci-dessus indiqués. Selon leur critère de définition, ces systèmes productifs sont caractérisés par une stratégie productive qui intègre des cultures différentes; notamment pour chaque pays l'importance des différentes cultures varie; au Niger une place prépondérante (en moyenne 27%, le pourcentage pouvant arriver jusqu'à 34%) est occupée par le niébé. A noter est la particularité de la stratégie adoptée pour la culture du niébé: tout en étant une culture facilement commercialisable, le SP mixte à prépondérance de niébé ne peut être assimilé au SP de rente, étant donné les techniques culturales (toujours en association avec les céréales) et les bas niveaux d'investissements. Au Mali, c'est également le niébé qui est la culture prépondérante dans les SP mixtes, avec toutefois des pourcentages plus réduits. Les SP mixtes, tout en ayant une forte composante de céréales de base, sont caractérisés par une stratégie de diversification des cultures; cette mesure implique de la part des paysans une capacité majeure d'affronter les risques liés au déficit pluviométrique par exemple, ou encore à une baisse de la rentabilité des cultures à la suite de la chute des prix sur les marchés. Les systèmes de production pastoraux se situent dans les portions du territoire qui se trouvent entièrement ou pour une partie en deçà de l'hysoiète des 300 mm annuels moyens. Ces systèmes de production peuvent comprendre à leur tour différents sub-systèmes selon les différentes stratégies de gestion des troupeaux et les modalités d’approvisionnement des aliments de la part des éleveurs. - Le système d’élevage nomade est pratiqué dans les zones septentrionales du Sahel et est dominé

principalement par la présence de dromadaires et de caprins, avec une forte mobilité sans aucun rapport avec l’agriculture. Les populations qui pratiquent ce type d’élevage ont leur alimentation basée sur les dattes et les produits laitiers ; l’accès aux céréales pour les besoins alimentaires s’effectuant par achat, la contrainte principale dans ces zones est donc représentée par la disponibilité de céréales sur les marchés.

- Le système d’élevage transhumant est localisé dans les zones semi-arides et est associé à l’agriculture

pluviale. Il se caractérise essentiellement par des déplacements saisonniers sur longue distance ayant un même point de départ et d’arrivée ; les éleveurs se déplacent avec ou sans la famille. Les besoins céréaliers peuvent devenir importants quand toute la famille est associée à la transhumance. L’accès aux produits alimentaires se fait par troc, mais aussi par achat de céréales sur les marchés. La contrainte principale est donc constituée par la disponibilité d’aliments sur les marchés, au regard des conditions climatiques extrêmes de la zone. Dans ce contexte, il faut inclure également les grandes transhumances orientées vers les zones d’inondation du Mali (delta intérieur du Niger) et du Tchad (bassin du lac Tchad), dépendant des pâturages de décrue et des cultures qui y sont pratiquées. Dans ce cas, les pasteurs ne pratiquent guère l’agriculture ; leurs besoins céréaliers sont basés essentiellement sur les productions agricoles et sont obtenus tant par échange que par achat sur les marchés.

- Le système d’élevage agro-pastoral se caractérise par des déplacements saisonniers de faible amplitude liés

aux pratiques agricoles et tend à devenir sédentaire dans les zones sub-humides. Ce système comprend également l’élevage pratiqué dans les zones fluviales et irriguées. La demande en céréales est influencée principalement par le niveau des productions agricoles locales. En cas de déficit, les petits ruminants sont beaucoup sollicités car échangeables contre les aliments nécessaires aux besoins du ménage. La problématique céréalière devient – contrairement aux susdits systèmes d’élevage – quasiment inexistante dans les zones sub-humides avec une prédominance de cultures de rentes et vivrières.

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Aux systèmes d'élevage cités jusqu'ici il faut ajouter celui des zones urbaines et suburbaines qui s’est développé ces dernières années dans la pratique de l’élevage intensif ou semi-intensif. Aux fins de la présente analyse, le système pastoral proprement dit est celui des zones où l’agriculture pluviale contribue d’une façon très marginale à la satisfaction des besoins alimentaires des populations à cause des conditions climatiques qui ne permettent pas le développement des cultures. Il est associé en général au système d’élevage nomade et se situe dans la partie plus septentrionale de la zone d’étude. Sur la base de cette caractérisation, une première lecture du territoire peut être conduite en vue de localiser les différents systèmes productifs ainsi que la population y résidant. La structure productive du territoire est fonction de nombreux facteurs parmi lesquels la disponibilité de l’eau qui représente un des plus importants. Ainsi la pluviométrie annuelle moyenne contribue à la définition des systèmes de production pastoraux alors que la présence d'eau superficielle détermine le développement des systèmes de production rizicoles. Comme on peut le voir aisément, le Sénégal a des unités administratives entières caractérisées par la présence de grands périmètres irrigués rizicoles sur sa limite nord, qui correspond à la localisation du fleuve Sénégal. Sur le fleuve Niger le scénario est légèrement différent étant donné que ce cours d’eau assure une abondance hydrique durant toute l'année. Les Cercles de Tenenkou et de Mopti au Mali sont également classifiés comme SP rizicoles. Les surfaces agricoles occupées par le riz sont effectivement étendues; les apports hydriques à partir des précipitations ne sont pas abondants dans la région, pour autant les autres cultures ne sont pas beaucoup pratiquées et le système est défini comme rizicole pastoral. Les systèmes de production situés au sud-ouest du territoire analysé peuvent être définis comme des systèmes de rente car ils soutiennent de façon prépondérante les cultures du coton et de l'arachide. Le Sénégal est en grande partie occupé par les SP de rente, notamment il produit de l’arachide dans la partie située au Nord de la Gambie (Bassin arachidier) et du coton dans les régions de Kolda et du bassin arachidier inférieur. Le sud-est du Sénégal et le sud-ouest du Mali sont plantés également en coton. La partie centrale du bassin arachidier est également considérée comme système de rente, mais avec une composante pastorale; en effet les zones au nord de la région de Fatick (partie est de la région de Louga, régions de Diourbel et Thies) sont pauvrement arrosées au cours de l'année et une grande partie de leur territoire est occupée par une agriculture pastorale. L'ouest du Mali est caractérisé par la culture de l’arachide: Kita avec une forte présence (39% par rapport à la superficie totale cultivée), ainsi que Bafoulabé et Kanieba avec des valeurs plus basses, soit 28 et 25% respectivement. En continuant vers l'est du Mali on trouve le sud de la région de Ségou et la région de Sikasso avec une présence importante d'arachide, puis de coton à Sikasso et Dioila, toutes ces localités disposant de cultures traditionnelles de rente (Voandzou). La culture de l'arachide se poursuit également dans la partie ouest du Burkina Faso: à Kenedougou, forte présence de coton et présence marginale de l'arachide; au Comoe une présence relativement importante de l'arachide et du sésame. Les systèmes vivriers sont ceux qui occupent la plus grande partie du territoire analysé, c'est-à-dire, à partir du Matam (Sénégal), en passant par le Burkina Faso et en arrivant jusqu'au Département de Tahoua (sud-ouest du Niger). La partie nord de la section du territoire que l'on vient de tracer est occupée également par le système d’élevage agro-pastoral et prend donc le nom de SP vivrier pastoral. Une exception dans ce panorama est faite au niveau des Cercles de Tenenkou et Mopti, caractérisés – comme dit précédemment – par le SP rizicole pastoral, le riz occupant respectivement 50 et 38% de la superficie agricole cultivée. La partie restante du territoire a été définie comme cultivée par le SP mixte. Notamment sont appelés SP mixtes une grande partie de la Région de Koulikoro au Mali et le sud-est du Niger. Le nord-est du Niger et le Cercle de Diema (au nord de la Région de Koulikoro) sont définis comme mixtes pastoraux.

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3. BILAN ALIMENTAIRE Les dynamiques économiques au niveau rural des pays du CILSS sont généralement très faibles et les productions réalisées, en particulier celles qui sont céréalières, sont pour la plupart destinées à l’autoconsommation. Pour cette raison, le degré de satisfaction des besoins alimentaires des populations dépend en grande partie des aliments qui sont produits au niveau local. Ceci est encore plus vrai si l'on considère les zones caractérisées par l’absence ou la présence réduite d’autres sources agricoles de revenus (cultures de rente) et/ou celles qui sont éloignées des marchés urbains. En outre, de nombreuses populations intègrent leurs nécessités alimentaires par les produits de l'élevage, tout particulièrement celles qui vivent dans les systèmes de production où les conditions biophysiques ne permettent guère une agriculture à grande échelle. Le bétail et en particulier les petits ruminants assument dans ces situations un rôle prépondérant dans l'atténuation de la vulnérabilité des populations. L'aspect qui a été retenu le plus significatif est donc celui de la production primaire locale, exprimée comme l'ensemble des productions céréalières pour l'autoconsommation, la partie du bétail produite probablement destinée à la commercialisation, et le revenu moyen dérivant des cultures de rente. Cette production est à comparer à la demande moyenne de céréales par habitant et par an. L'échelle d'observation des dites données – comme celle des données sur la structure productive – se base sur l'unité administrative, et le calcul de la production totale est effectué par la conversion sur base monétaire de la production primaire en équivalents de céréales. Comme on l'a déjà dit, la vulnérabilité analysée est celle qui est structurelle, pour autant la série historique observée est en général – mise à part l'absence des données – de onze ans4, de 1985-1995. Le bilan alimentaire est calculé pour chaque année de la série sur la base du rapport entre l'offre alimentaire – exprimée comme production ou comme valeur monétaire de celle-ci – dérivant du secteur primaire en équivalents de céréales et la demande alimentaire résultant de l'entité de la population multipliée par le niveau individuel de consommation céréalière caractéristiques de chaque pays. Pour le calcul des besoins alimentaires des populations, ce sont les normes officielles de consommation qui ont été utilisées. Celles-ci sont utilisées nonobstant leurs limites, étant le seul élément existant dans la sous-région pour l’établissement du bilan alimentaire. Ce rapport prend le nom de Taux Virtuel de Couverture des Besoins Céréaliers (TVCBC) et les étapes pour son calcul sont annexées au présent document. Restent à souligner les concepts suivants: de corrections statistiques précises ont été appliquées pour la transformation des productions brutes en productions nettes. Des projections ont été faites sur la population rurale des pays étudiés pour porter les effectifs à chaque année de la série historique en observation. Les valeurs obtenues sont moyennes. Le calcul des productions est différent selon le type de culture considéré; pour le niébé et les petits ruminants on ne fait que considérer le prix sur les marchés, alors que pour les cultures de rente, étant donné que celles-ci ont des coûts de production non négligeables, la valeur qui leur a été assignée est le revenu dérivant de leur production, et non simplement le prix au producteur. L'analyse et l’interprétation successive des résultats se basent sur la classification du territoire en zones comprises entre excédentaires et déficitaires à différents degrés. La lecture qui en résulte comprend trois classes, c'est-à-dire "Très déficitaire", "Déficitaire" et "Excédentaire". Les seuils adoptés sont 90 et 110% du TVCBC. A la fin de la présente analyse, les zones comprises entre ces deux seuils ont été définies, respectivement, très vulnérables et vulnérables, car les ressources tirées par le secteur primaire ne s’avèrent pas capables de satisfaire les besoins des population y vivant qui - on le rappel - ne sont pas seulement alimentaires. Les unités de la classe "Excédentaire" se situent dans la plus grande partie du territoire, c'est-à-dire plus précisément dans le 64% de l'aire totale observée. Le restant des unités administratives se subdivise entre les classes "Très déficitaire" et "Déficitaire". La zone la plus étendue, retenue comme "Très déficitaire", est située dans le Nord du Niger et comprend la totalité du Département d'Agadez. Cette zone est particulière car une grande partie est occupée par le désert ou des terres arides ; elle représente une zone de très basses précipitations et productivité; en outre la même région est caractérisée par une basse densité de population (la valeur moyenne de la densité de population est de 0.16 habitant/km2). Une autre zone remarquablement étendue classifiée comme "Très déficitaire" – même si en mesure différente – est le sud-ouest des Régions de Kayes et Koulikoro au Mali (les Cercles de Yelimane, Kayes, Bafoulabe, Kanieba, Kita, Kati et Kangaba), qui ont pour valeur moyenne du TVCBC 72%. Une zone géographiquement plus restreinte 4 Pour le Mali la série de données couvre la période 1985-1993

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mais importante du point de vue de l'entité démographique (974945 habitants ruraux lors du Recensement de 1988) est la partie centrale du Bassin arachidier ou plus précisément les Régions de Thies et de Diourbel (Départements de Rufisque, Thies, Tivaouane, Mbacke et Mbour). Cette zone est classifiée comme très déficitaire notamment à cause du facteur aggravant qui est la haute demande alimentaire conséquente à la forte densité de la population. Des unités isolées classifiées comme "Très déficitaires" se trouvent de façon discontinue sur le territoire du Sénégal (basse Casamance, Régions de Oussouye et Ziguinchor) et au Mali pour le Cercle de Dire ; il faut spécifier que Ziguinchor se trouve dans cette situation pour des raisons d’insécurité politique, alors que le sud-est du Sénégal l’est à cause de son exclusion du développement économique du pays. Un schéma pareillement discontinu se vérifie lorsque l'on considère les unités administratives définies comme "Déficitaires", c'est-à-dire ayant une valeur du TVCBC comprise entre 90 et 110%, si ce n'est pour la partie à l'ouest de Ménaka (Mali) et pour Tillabéry (Niger) qui sont dotées des mêmes caractéristiques écologiques mais qui sont hautement favorisées par le passage du fleuve Niger: la zone en question est composée des Cercles de Gao et Ansogo (Mali) et des Arrondissements de Tillabéry et Téra (Niger). Des zones déficitaires isolées se situent dans les trois pays suivants: au Sénégal avec les Départements de Louga, Bambey, Diourbel, Fatick et Bignona ; au Mali avec les Cercles de Youvarou, Douendza, Yanfolila et au Niger avec l'Arrondissement de Keita. En remarque générale on note la grande importance des surfaces excédentaires par rapport à celles déficitaires. Il existe toutefois d'amples surfaces gravement déficitaires, et il faut donc en évaluer les causes et les conséquences de façon appropriée. Une des limites essentielles de cette classification est cependant qu'elle ne prend pas en compte la distribution du dit TVCBC à l'intérieur de chaque unité administrative; sa distribution réelle pourrait en effet privilégier certains groupes sociaux et laisser la population restante en situation d'indigence. Une tentative d'expression de la satisfaction réelle des besoins céréaliers est de prendre en compte le contexte dans lequel se situent les populations jugées excédentaires et non; la superposition des deux classifications jusqu'ici obtenues emmène à une nouvelle lecture du territoire qui a été résumée ci-dessous. La zone du sud-est du Mali se trouve dans une situation particulière; en effet celle-ci a été classifiée dans les systèmes de rente, mais apparaît être une zone gravement déficitaire. Au sens large, ces deux classifications sont en opposition entre elles, mais sur la base d'une observation plus approfondie, on remarque qu'effectivement les habitants de la zone ont d'importantes sources alternatives de revenu qui leur permettent de s'acquitter de leurs besoins alimentaires; on peut donc affirmer que la production locale n'est pas suffisante pour la satisfaction des besoins céréaliers de la population mais qu’il existe suffisamment de capacités de faire face au dit déficit. Notamment l'émigration de la force de travail vers les pays voisins (Côte d'Ivoire et Guinée) est la principale raison de la basse production primaire qui caractérise la zone ainsi que du revenu alternatif; le rapport entre Hommes et Femmes permet de mettre en évidence la zone comme source de main d’œuvre pour les pays voisins, vu que la force de travail émigrante est masculine et que le taux est bas. Cette interprétation est d'autant plus vraie si l’on considère que cette zone n'a pas de problèmes de déficit hydrique et ne devrait donc pas souffrir de carences alimentaires; ce qui appuie ultérieurement cette thèse est la forte présence de UBT par habitant rural avec un bas pourcentage de petits ruminants par rapport au total, et une forte présence de bétail bovin, cette dernière démontrant la richesse effective des habitants. Toutes ces considérations permettent d'affirmer que la couverture des besoins céréaliers ne provient pas du secteur de production primaire. Pour ce qui est des Cercles à proximité des frontières de la Côte d'Ivoire et de la Guinée (Kati et Kangaba), qui sont également caractérisés par un bas TVCBC, mais par un SP mixte, la situation est différente dans le sens que ces unités se trouvent en proximité de la capitale Bamako et seront pour autant occupées à fournir à la population urbaine les biens et les services – non observés dans le calcul du TVCBC – qui constituent une source de revenus importante. La seconde zone retenue déficitaire au Mali est située dans la Région de Mopti dans laquelle – hors le Cercle de Mopti (unité avec SP rizicole, en pleine zone d'expansion du fleuve Niger et traversée par une route importante) – les Cercles ressentent une certaine carence hydrique qui compromet souvent la saison de croissance; il suffit d'observer que tous les systèmes concernés sont définis pastoraux. Les zones du nord-est du Mali et du Niger présentent en général une carence effective de besoins alimentaires, même si pour la plus grande partie l'on se trouve en territoire de système d’élevage nomade et par conséquent l'intégration des besoins alimentaires des populations se fait à travers les produits de l'élevage (produits laitiers) les dattes et les revenus des activités artisanales.

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Un Département particulièrement défavorisé du point de vue de la production primaire est celui de Louga (Sénégal). Le bas régime pluviométrique et la distance des sources d'approvisionnement en eau douce pourraient être la cause de cette basse production. Des poches de déficit alimentaire sont enregistrées également dans l'extrême ouest de la région notamment en basse Casamance et dans les Régions de Thies et Diourbel. La basse Casamance est caractérisée par un climat favorable et une production agricole hautement différenciée, notamment par la production horticole, les fruits et les produits des arbres. Tout en étant donc signalée comme déficitaire, la Région peut être considérée en équilibre ou même excédentaire grâce à la vente de productions non comptabilisées par le TVCBC. Un pareil discours peut être tenu au niveau des Régions de Thies et de Diourbel, pour lesquelles sont très importants les salaires tant du secteur privé que public, de même que les apports monétaires des emigrants provenant de l'étranger. Le Département de Matam reste une unité isolée à définir. Cette lecture croisée permet d'avoir une idée plus proche de la réalité sur le terrain; il faut toutefois considérer que jusqu'ici c'est l'ensemble de la série historique qui a été prise en compte. Les dynamiques et les potentialités de développement de la production primaire sont tout aussi essentielles pour la compréhension de l'état de vulnérabilité des populations.

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Population vulnérable par système de production, par pays et sur la base du Taux Virtuel de Couverture Besoins Céréaliers

Pop. Très vulnérables (%) Pop. Vulnérables (%)

TVCBC

Population Totale (01/01/2000)

Céréales Elevage Rente + niébé

Céréales Elevage Rente + niébé

BURKINA FASO 11.668.451 Vivrier 9.191.804 32,8% 0,0% 0,0% 39,4% 3,9% 0,0% Rente 501.209 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% Zones Urbaines 1.975.438 n.c. n.c. n.c. n.c. n.c. n.c,

MALI 10.035.341 Vivrier 2.940.172 56,7% 22,2% 22,2% 9,1% 25,6% 12,8% Mixte 1.620.500 46,3% 29,9% 29,9% 21,2% 8,2% 0,0% Rente 1.750.062 31,6% 31,6% 31,6% 5,1% 5,1% 0,0% Rizicole 337.595 100,0% 39,4% 39,4% 0,0% 0,0% 0,0% Pastoral 634.410 100,0% 31,4% 31,4% 0,0% 26,5% 26,5% Zones Urbaines 2.752.602 n.c. n.c. n.c. n.c. n.c. n.c.

NIGER 9.942.845 Vivrier 3.022.401 60,8% 34,2% 8,1% 16,5% 26,6% 25,3% Mixte 4.698.000 24,8% 0,0% 0,0% 75,2% 33,7% 0,0% Pastoral 416.897 100,0% 37,9% 37,9% 0,0% 0,0% 0,0% Zones Urbaines 1.805.547 n.c. n.c. n.c. n.c. n.c. n.c.

SENEGAL 9.657.716 Vivrier 394.880 100,0% 64,8% 64,8% 0,0% 0,0% 0,0% Rente 4.182.042 61,7% 49,7% 25,6% 3,8% 8,4% 20,0% Rizicole 423.266 63,9% 23,3% 23,3% 0,0% 0,0% 0,0% Pastoral 338.994 100,0% 48,9% 0,0% 0,0% 51,1% 48,9% Zones Urbaines* 4.318.534 n.c. n.c. n.c. n.c. n.c. n.c. * La région de Dakar a été classée entièrement comme zone urbaine NB. Les pourcentages expriment le cumul de la population retenue vulnérable et très vulnérable sur la base de l'apport des céréales, puis des céréales+élevage, enfin des céréales+élevage+cultures de rente

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TVCBC par pays et par unité administrative

BURKINA FASO PROVINCE TVCBC TOT PROVINCE TVCBC TOT PROVINCE TVCBC TOT Bam 1.59 Kadiogo 2.87 Poni 1.74 Bazega 1.5 Kenedougou 2.82 Sanguie 1.56 Bougouriba 2.11 Kossi 2.76 Sanmatenga 1.64 Boulgou 1.7 Kouritenga 1.65 Seno 1.9 Boulkiemde 1.93 Mou Houn 2.55 Sissili 1.77 Comoe 2.03 Nahouri 1.26 Soum 1.48 Ganzourgou 2.29 Namentenga 1.59 Sourou 2 Gnagna 2.26 Oubritenga 1.83 Tapoa 1.49 Gourma 2.13 Oudalan 1.39 Yatenga 1.66 Houet 2.26 Passore 1.77 Zoundweogo 1.62

MALI CERCLE TVCBC TOT CERCLE TVCBC TOT CERCLE TVCBC TOT Ansongo 1.07 Goundam 1.39 Nara 1.17 Bafoulabe 0.8 Kadiolo 1.99 Niafunke 1.64 Banamba 3.7 Kangaba 0.63 Niono 0.83 Bandiagara 0.88 Kati 0.87 Nioro 1.51 Bankass 3.27 Kayes 0.45 San 2.37 Baraoueli 1.6 Kenieba 0.59 Segou 2.32 Bla 2.48 Kidal 1.66 Sikasso 1.97 Bougouni 1.79 Kita 0.83 Tenenkou 0.84 Bourem 1.49 Kolokani 1.64 Tombouctou 1.25 Diema 1.34 Kolondieba 1.54 Tominian 1.68 Dioila 2.87 Koro 1.16 Yanfolila 1.05 Dire 0.69 Koulikoro 1.25 Yelimane 0.47 Djenne 1.45 Koutiala 3.71 Yorosso 3.56 Douentza 1.06 Macina 2.17 Youvarou 1.02 Gao 0.92 Menaka 0.8 Gourma-Rharous 2.2 Mopti 1.2

NIGER ARRDT TVCBC TOT ARRDT TVCBC TOT ARRDT TVCBC TOT Aguie 1.64 Goure 2.05 Mirriah 1.89 Arlit 0.69 Guidan-Roumji 1.33 Nguigmi 6.31 Bilma 0.09 Illela 1.31 Ouallam 0.83 Birni Nkonni 1.99 Keita 1.07 Say 1.67 Boboye 1.42 Kollo 1.35 Tahoua 1.32 Bouza 1.23 Loga 1.29 Tanout 1.76 Dakoro 1.49 Madaoua 1.61 Tchin-

Tabaraden 1.15

Diffa 2.69 Madarounfa 1.4 Tchirozerine 0.39 Dosso 1.44 Magaria 1.57 Tera 1.08 Doutchi 1.89 Maine-Soroa 2.45 Tessaoua 1.49 Filingue 1.15 Matameye 1.45 Tillaberi 0.94 Gaya 1.61 Mayahi 1.38

SENEGAL DEPARTEMENT TVCBC TOT DEPARTEMENT TVCBC TOT DEPARTEMENT TVCBC TOT Bakel 1.9 Kaolack 4.08 Oussouye 0.77 Bambey 1.03 Kebemer 1.3 Pikine 0 Bignona 0.96 Kedougou 1.7 Podor 1.14 Dagana 1.72 Kolda 2.48 Rufisque-Bargny 0.32 Dakar 0 Linguere 2.29 Sedhiou 1.26 Diourbel 0.97 Louga 1.05 Tambacounda 3.97 Fatick 0.99 Matam 0.82 Thies 0.49 Foundiougne 2.3 Mbacke 0.61 Tivaouane 0.63 Gossas 1.3 Mbour 0.78 Velingara 2.1 Kaffrine 3.73 Nioro-Du-Rip 4 Ziguinchor 0.65

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4. PRESSION et DYNAMIQUES AGRICOLES La pression et les dynamiques agricoles sont observées car elles donnent une information sur les potentialités productives et sur leur exploitation. Dans ce sens les deux facteurs représentent une clef de lecture du territoire qui permet de mieux expliciter et caractériser le contexte de la vulnérabilité. D’un côté la pression agricole indique le niveau d’exploitation des ressources et de l’autre les dynamiques montrent la façon dont cette exploitation se déroule. Plus simplement la pression peut dire le degré auquel les ressources ont été touchées, alors que les dynamiques expliquent la tendance du phénomène observé et son intensité. La pression agricole est un indicateur qui a été utilisé dans le but d’apprécier l’impact de l’activité agricole humaine sur le territoire. En d’autres termes, il s’agit d’identifier les unités territoriales (UT) pour lesquelles un risque de surexploitation par rapport à leur potentiel productif existe. Il s'agit également de localiser les UT qui – contrairement aux précédantes – ont des terres de bonne ou moyenne potentialité non encore exploitées par l’activité agricole. De plus l’étude des dynamiques agricoles donne une information sur le décours du phénomène dans le temps. L’échelle d’analyse peut se situer entre les niveaux nationaux et locaux et permet donc tant une vision d’ensemble du pays qu’une focalisation sur le plan sub-national. On a introduit le concept de UT toutes les fois que l’on est arrivé à une échelle inférieure à l’unité administrative. Les dynamiques sont observées de façon séparée selon que l'on traite des céréales ou des cultures de rente, c’est-à-dire que pour chaque unité administrative les deux paramètres sont toujours explicités. Leur lecture intégrée permet ainsi d’évaluer le degré de stabilité d’un système et ses tendances au changement (diversification). L’importance relative de ces deux indicateurs change selon le système productif. Au niveau des SP vivriers, par exemple, c’est la composante céréalière qui est prépondérante, alors qu’au niveau des systèmes de rente c’est la composante attribuée à ce type de cultures qui assume le poids le plus important. Du point de vue méthodologique et des sources de données, l’identification des potentialités agricoles se base sur les caractéristiques des sols et de la répartition des pluies au cours de la saison. L’information sur les sols est intégrée avec les caractéristiques des cultures présentes dans la zone, pour évaluer l’aptitude des terres par rapport à la structure productive agricole d’une zone donnée. Cette dernière information est croisée par la suite avec la longueur de la saison agricole pour donner les potentialités agricoles du territoire. La comparaison des potentialités agricoles avec le taux d’exploitation réelle du territoire donne une information sur la pression agricole exercée sur une zone. Cette approche permet de classer les différentes zones par rapport au niveau d’exploitation des ressources. Ainsi, à côté des zones dans lesquelles les activités agricoles peuvent compter encore sur des terres ayant quelques potentialités, on trouve des zones où l’on est obligé de cultiver des terres moins aptes. La classification finale permet d’identifier trois types de comportement : forte, moyenne et faible pression. Les dynamiques ont été évaluées sur la base des courbes de tendance linéaire des surfaces et des rendements sur la période des dix dernières années disponibles. On peut observer à ce propos que le comportement de chaque UA suit des mécanismes particuliers, influencés par les systèmes de production présents et par les dynamiques de la population et du développement. On a essayé de définir un certain nombre de comportements qui ont été résumés en trois classes: croissante, décroissante et stable5. L’interprétation croisée des deux indicateurs (pression et dynamiques) sur les différents systèmes de production à l’échelle régionale permet donc de définir des scénarios possibles, relatifs à la capacité du secteur agricole à se développer. L’unité de base de cette analyse est l’unité administrative (UA) de troisième niveau6 pour les dynamiques et l’unité territoriale (UT) pour la pression.

Système de production vivriers La lecture d’ensemble sur les quatre pays permet d’envisager une première grande répartition du système en deux bandes qui correspondent, environ, à sa subdivision entre la partie vivrière et celle vivrière pastorale. - La première bande se situe dans la zone nord qui va des Départements de Matam et Bakel au Sénégal, à travers

les Régions de Kayes, Koulikoro Tombouctou et Mopti au Mali jusqu’aux Départements de Tillabery, Tahoua et Zinder au Niger tout en touchant la fraction sahélienne du Burkina Faso. Elle se caractérise de façon générale par une forte pression sur le territoire en relation aux potentialités et par un système agricole généralement instable qui est en train de toucher lourdement ses ressources.

5 Une description détaillée de la méthode de calcul de la pression et des dynamiques, ainsi que les seuils adoptés pour la définition des différentes classes sont en annexe. 6 Au Burkina Faso les unités administratives observées sont celles de deuxième niveau. Dans le texte les unités de base sont citées en italique.

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- La deuxième bande occupe la partie plus méridionale du système à partir de la Région de Segou au Mali, en passant par une grande partie du Burkina Faso et par les Départements de Tillabery, Dosso et Maradi au Niger. Cette bande est en général caractérisée par des systèmes agricoles en évolution : la composante de rente assume une importance majeure que dans le cas précédant et l’on observe une tendance plus marquée à la diversification en ce qui concerne les types de cultures pratiquées.

Au delà de cette première délimitation, un examen plus approfondi permet d’envisager, à l’intérieur même de chaque bande, des zones homogènes qui sont caractérisées par des stratégies d’adaptation différentes des populations aux conditions environnementales. En commençant l’analyse de la partie ouest, l’on rencontre les Départements de Matam et Bakel au Sénégal qui se caractérisent par une forte instabilité du système agricole pluvial conséquente à la faible dotation de ressources. En particulier la population est concentrée le long du fleuve Sénégal, là où la disponibilité en eau instaure des conditions plus favorables pour l’exercice de l’agriculture, notamment par le biais des cultures de décrue et de la riziculture. Tout en restant dans la partie nord du système, l’on peut constater qu'au Mali les dynamiques des cultures vivrières présentent des valeurs généralement positives, même à front d’une certaine instabilité qui caractérise l’ensemble du système agricole. Dans les Cercles de Niono et Bandiagara cette tendance à la hausse s’étend également à la composante de rente, bien que une forte pression sur les ressources subsiste. Koro, Bankass et Djenne présentent la situation la plus préoccupante, étant donné la forte dégradation du système agricole qui à Djenne concerne aussi la composante céréalière. Dans ce contexte, c’est pourtant le Cercle de Kayes qui présente un comportement différent; le système montre des signes de forte dégradation des cultures vivrières bien que la densité de population (moins de 10 hab/kmc) et la pression agricole soient très faibles. L’analyse des données statistiques met en évidence au fil des ans une croissance assez limitée des superficies cultivées qui occupent une partie minimale du territoire. Les paysans concentrent donc leur attention sur les cultures capables de leur fournir des revenus monétaires en marginalisant en même temps les céréales, mais sans arriver à exploiter d’autres terres. Dans le Cercle de Segou l’on constate une tendance semblable, même si la composante agricole assume un poids plus important. Compte tenu des potentialités agricoles liées également à la présence du fleuve Niger, ce fait bien qu'inquiétant peut être interprété comme un signe de changement qui sous-tend une évolution du système vers d’autres modèles de développement. Toujours au Mali, la zone sud du système est dans une situation à l’apparence encore plus préoccupante par rapport à celle décrite pour la partie nord. La pression sur les ressources est en général beaucoup plus faible vis-à-vis des bonnes potentialités agricole mais, nonobstant cela, la seule unité qui présente des dynamiques céréalières en croissance est San. La composante liée aux cultures de rente montre aussi une forte instabilité, tout en soulignant l’insuffisante vitalité qui caractérise le secteur productif agricole dans son ensemble. En procédant vers l'Est, on relève la zone vivrière pastorale des Provinces de Yatenga, Soum, Ouadalan et Seno au Burkina Faso. Elle est caractérisée par des dynamiques croissantes des cultures céréalières et par l’instabilité de la composante de rente. La pression agricole est forte ou moyenne, bien que la densité de la population est en général très faible. Ceci est du tant aux caractéristiques des sols, qui ne sont pas en général très aptes, qu'au facteur climatique, qui joue un rôle essentiel dans la réussite des cultures. Comme la tendance des dernières années est à l’augmentation de la pluviométrie, il se pourrait que cela explique en partie la croissance des rendements céréaliers. La partie restante du système vivrier du Burkina Faso se caractérise de façon générale par la forte croissance du système agricole tant du côté vivrier que de celui des cultures de rente. Cependant, il y a lieu d’observer certaines différences qui relèvent principalement de l’importance des cultures de rente, notamment du coton. Dans ce sens, trois zones peuvent être envisagées : - Le centre, comprenant le plateau Mossi, qui montre une pression agricole moyennement élevée à cause de la

forte densité de la population et une présence relativement importante des cultures vivrières. - La partie Est, constituée par les Provinces de la Tapoa et du Gourma, qui se caractérise par un taux

d’occupation agricole du sol très faible de la part des cultures, mais avec des dynamiques croissantes tant au niveau de la composante céréalière que de celle de rente.

- Le Sud-ouest qui représente la zone où la culture du coton est très développée (Provinces de Kossi, Mouhoun, Huet, Bougouriba).

C’est dans cette dernière partie qu’on observe des situations intéressantes, liées effectivement aux rapports entre les cultures vivrières et le coton. Ainsi, la Province de Huet montre dans les dernières années une forte croissance des superficies agricoles, due principalement au coton. A l’opposé se situe le cas de Kossi, où les dynamiques des cultures de rente présentent une tendance très négative vis-à-vis d’une situation presque stable de la composante vivrière. La raison de ce comportement peut être expliquée par le fait que les pratiques agricoles liées

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à la culture du coton d’un côté appauvrissent les sols et d’autre part comportent des coûts de production beaucoup plus élevés que les céréales. Donc, face à une chute progressive des rendements du coton due probablement à la dégradation des terrains, les paysans ont commencé à réintroduire les céréales, capables d’assurer une rentabilité majeure grâce à des investissements plus réduits et à une meilleure adaptation aux conditions pedo-climatiques. La zone Nord du Département de Tillabery au Niger (Arrondissements de Ouallam et Filingué) représente la continuation de ce que l’on peut observer dans le nord du Mali et du Burkina Faso, mais avec des caractéristiques négatives beaucoup plus marquées. La pression agricole est très forte en relation à des potentialités très faibles, ce qui fait que le système agricole n’est pas capable d’évoluer. La situation demeure grave dans son ensemble, aussi dans les Arrondissements de Tera et Tillabery bien qu'ils bénéficient de la présence du fleuve Niger. Les Arrondissements de Tahoua, Keita et Tanout dans le Département de Tahoua et l'Arrondissement de Zinder montrent une situation préoccupante. En effet, dans ces Arrondissements la croissance démographique extrêmement rapide a entraîné la réduction de la taille des exploitations familiales et la disparition des zones de pâturage au profit de l’agriculture, car les terres cultivables sont de plus en plus rares. Par ailleurs, à moyen terme, l’extension des superficies cultivables pour compenser le déclin de la production agricole ne sera guère possible en cas de défaut des terres. Dans ce panorama, l’exception est représentée par l’Arrondissement de Bouza dans le Département de Tahoua qui, malgré la forte pression agricole, est en croissance tant du point de vue des cultures céréalières que des celles de rente. La bande plus méridionale du système vivrier au Niger présente une situation légèrement meilleure, mais avec des perspectives pour l'ensemble très fragiles. Ainsi l’Arrondissement de Tessaoua (Département de Maradi) doit se confronter avec une forte pression agricole et un système vivrier instable tout en montrant des signes de changement témoignés par la croissance des dynamiques des cultures de rente. Parmi les unités caractérisées par une pression modérée on retrouve les Arrondissements de Gaya et Say, à savoir dans le Sud des Départements de Tillaberi et Dosso. Face à des dynamiques céréalières croissantes elles présentent toutefois une faiblesse considérable au niveau de la composante des cultures de rente à cause, probablement, d’un contexte socio-économique incapable de promouvoir et soutenir l’évolution du système.

Systèmes de production mixtes Les systèmes de production mixtes occupent une partie de la zone centre-méridionale du Mali et une grand partie de la zone agricole du Niger. Au Mali sont concernées les Régions de Kayes, Koulikoro, Sikasso et Segou. Au Niger on les trouve dans toute la zone centre-méridionale: dans le Sud du Département de Tillaberi, dans presque tout le Département de Dosso, dans une partie des Départements de Tahoua et Maradi et dans tout le Département de Zinder, sauf l’Arrondissement de Tanout. La zone du Mali à systèmes mixtes ou mixtes-pastoraux présente deux comportements différents. La partie nord-occidentale - Cercles de Diema, Kolokani et Banamba – se caractérise par une plus forte pression agricole et une dégradation de la composante vivrière, tandis que des systèmes agricoles apparemment plus dynamiques sont observés dans la partie centro-méridionale. Cette zone montre, en général, une marginalisation des céréales par les cultures de rente dans les espaces déjà cultivés. Ceci s’explique par une croissance importante de la composante de rente vis-à-vis d’un appauvrissement du système céréalier. Les cas de Kati et Koulikouro sont emblématiques de cette situation. Par contre Bougouni et Baraoueli montrent une bonne dynamique aussi au niveau des céréales. Le cas de Kangaba est tout à fait particulier et l’explication de ce comportement doit être recherché en dehors du domaine de l’agriculture. Ici c’est l’or qui détermine l’économie de la zone, et les paysans délaissent l’agriculture pour l’exploitation des richesses du sous-sol. Au Niger, la zone à systèmes productifs mixtes et mixtes pastoraux est caractérisée de façon générale par une pression variable et des systèmes agricoles instables. C’est que la production des cultures de rente a connu une chute drastique à cause de la faiblesse de la pluviométrie, le parasitisme qui a entraîne une réduction des marges de rentabilité. Pour faire face au risque agricole, les populations ont développé les stratégies suivantes leur permettant d’atténuer les effets des risques alimentaires: la diversification des cultures et des sources de revenus. Toutefois, des risques alimentaires peuvent encore perdurer au niveau des zones fragiles et précaires de certains Arrondissements, dus à la détérioration du système de production, d'autant plus grave à cause du fort accroissement de la population. Tout en considérant ce cadre, l’on peut pourtant envisager deux zones qui se caractérisent par des comportements différents. La partie orientale, à partir des Arrondissements de Birni Nkonni et Illela, montre une tendance marquée à la dégradation du système tandis que la partie plus occidentale est caractérisée par des dynamiques qui sous-tendent encore une certaine vitalité du secteur productif primaire. Dans ce contexte, les Départements de Zinder et de Maradi méritent une attention particulière. Ils sont caractérisés par une forte pression agricole qui est aussi associée à une forte pression démographique. Le sud du Département de Zinder - qui est une des zones agricoles les plus importantes du pays - montre en particulier des signes

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préoccupants. Ici les dynamiques sont caractérisées par une forte instabilité, tant du point de vue des cultures de rente que des cultures vivrières. Cette information associée avec la pression agricole indique que le système agricole est en train de toucher fortement ses ressources. Par conséquent, ce même système est marqué par une dégradation qui peut avoir d'importantes implications négatives dans le futur. On retrouve la même situation dans toute la partie nord du Département de Maradi (Arrondissements de Dakoro et Mayahi), tandis que la bande sud - comprenant aussi les Arrondissements de Madaoua, Birnin Konny et Illela du Département de Tahoua - montre une certaine reprise des dynamiques des cultures de rente, liée en particulier au niébé. Les meilleures conditions climatiques et le fait que cette zone est confinante avec le Nigeria peuvent expliquer ce comportement, aussi bien que le niveau de pression sur les ressources représente toujours une contrainte importante qui peut limiter les potentialités de développement de ce territoire. Pour ce qui concerne la partie ouest du système on signale les cas des Arrondissements de Kollo et Dogondoutchi où la pression et l’exploitation agricole sont plus faibles avec une composante vivrière aussi en croissance. Par contre, c’est Boboye qui présente une situation particulière, à cause de l’instabilité qui caractérise la dynamique des cultures de rente et une composante céréalière à l’apparence positive. Un examen plus approfondi met en évidence, toutefois, des contraintes importantes qui risquent de mettre en crise le système à moyen terme. Les causes de ceci doivent être recherchées dans une pression démographique élevée face à une disponibilité réduite de terres qui se répercute également sur de fréquents oppositions entre les agriculteurs aux éleveurs d’ethnie Peul.

Systèmes de production à cultures de rente Du point de vue géographique, les systèmes à cultures de rente sont concentrés dans le centre-sud du Sénégal, dans les Régions de Kayes et Sikasso au Mali et dans les Provinces de Kenedougou et Comoe au Burkina Faso. Tout en considérant le pourcentage de superficie agricole couverte par les cultures de rente, c’est le Sénégal qui occupe une place de choix parmi les pays objet d’analyse. A ce propos, il faut noter que le Sénégal est le plus grand producteur d’arachide au niveau des pays du CILSS, alors que les systèmes de rente au Mali et au Burkina Faso se caractérisent pour leur production cotonnière. Au Sénégal, en général, la situation de la composante de rente du système montre des signes de forte dégradation. On peut identifier deux zones distinctes selon la pression agricole. Une zone, correspondant à la partie centrale du bassin arachidier (Région de Thies et Diourbel), où l’on trouve une pression entre forte et moyenne, et une zone correspondant à la partie Sud-est du pays où la pression sur les ressources est beaucoup plus faible. En général, les dynamiques des cultures de rente sont décroissantes ou instables, tandis que les vivrières sont de plus en plus variables. Dans la première zone on trouve Tivaouane où, malgré la forte pression, les superficies agricoles croissent et les rendements des céréales restent stables grâce, probablement, à une amélioration des techniques agronomiques. Mbour, Nioro Du Rip et Kaolak sont aussi des zones très exploitées qui ressentent d’une pression démographique élevée. Ici les cultures de rente occupent entre le 20 et le 30% de la superficie agricole totale avec des dynamiques en forte chute. La composante vivrière présente encore des tendances positives bien que les rendements commencent à baisser étant donné le niveau de saturation de l’exploitation des terres voisines. Les Départements de Thies, Bambey, Diourbel, Mbacke et Fatik montrent une situation encore plus grave. Les indicateurs des dynamiques des cultures de rente et vivrières sont négatifs, en indiquant une dégradation du système productif agricole vis-à-vis de la forte pression sur les ressources. Kaffrine, présente une densité de population de presque 30 hab/km2 et une superficie agricole qui couvre un tiers du territoire. Il s'agit de la partie centrale du bassin arachidier, mais la zone produit également des céréales. Les statistiques montrent que l'entité des superficies cultivées est stable, bien que les rendements commencent à décroître. La situation de Gossas est similaire: c’est une zone avec une densité de population supérieure à 40 hab/km2, où les zones agricoles occupent près de la moitié de toute la superficie de l’UA. La situation montre des signes évidents de saturation: les superficies à céréales sont stables mais celles arachidières augmentent et les rendements décroissent inévitablement. Linguere est un cas diffèrent, les superficies agricoles baissent, de même que les rendements de l’arachide, tandis que ceux des céréales restent constants. La zone est peu habitée et la superficie cultivée assez réduite et un réseau routier parfois absent, ce qui préfigure une économie agricole de subsistance avec une forte composante pastorale. Dans la partie sud-est du pays on trouve le Département de Kolda et Bignona où les superficies agricoles totales décroissent ainsi que les superficies à céréales. Les superficies à coton augmentent légèrement, mais en général les dynamiques des cultures de rente ne sont pas favorables. Bien que les potentialités soient bonnes, les rendements céréaliers décroissent. Velingara et Sedhiou présentent une composante vivrière en croissance, des bonnes potentialités et une pression faible. D’un autre côté les dynamiques des cultures de rente sont très mauvaises et décroissantes. Tambacounda et Kedougou se caractérisent par de bonnes potentialités agricoles qui

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pourtant ne sont pas capables d’entraîner le développement de l’économie agricole de la zone, à cause principalement de l'enclavement de celle-ci. Dans la Région de Kayes au Mali le système agricole est en croissance grâce à une pression faible et aux bonnes potentialités du territoire. Dans tout le Sud-ouest la composante de rente montre, par contre, des signes de forte crise. Les dynamiques sont en général instables ou décroissantes face à une faible pression sur les ressources. Les rendements du coton baissent à cause, probablement, de la dégradation des sols. De même la composante vivrière n’est pas capable d’assurer de bonnes performances vis-à-vis de sa marginalisation, conséquente à l’introduction des cultures de rente. Dans ce cadre, le Cercle de Kolondieba représente une exception tout en montrant encore des dynamiques de rente croissantes. Au Burkina Faso dans la Province de Kenedougou on trouve une situation favorable pour les céréales mais moins favorable pour les cultures de rente. En effet dans cette zone il y a une grande compétition entre coton et d'autres cultures de rente, telles que les cultures fruitières qui occupent une place de choix. Dans le Comoe les dynamiques des céréales sont instables ou décroissantes à cause d’un effet de marginalisation. C’est-à-dire que la superficie céréalière reste plus ou moins constante mais les céréales ont étés déplacées sur des terrains moins favorables à tout avantage des cultures de rente.

Systèmes de production rizicoles Les systèmes de production rizicoles se situent uniquement dans le Nord du Sénégal le long du fleuve Sénégal, dans le sud de la Casamance et au Mali dans les zones d’inondation du fleuve Niger. Dans le Nord du Sénégal les dynamiques des cultures de rente ainsi que celles des céréales sont instables et la pression agricole est forte. Ziguinchor se caractérise par la faible pression agricole et des dynamiques très défavorables des composantes à la fois vivrières et de rente. Les superficies agricoles totales décroissent aussi bien que les superficies à céréales ; les superficies à coton sont les seules qui montrent une légère augmentation. Mopti et Tenenkou au Mali sont caractérisés par des dynamiques des cultures de rente favorables, mais la pression reste forte. Les dynamiques du riz ne sont pas disponibles.

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5. CONCLUSIONS La présente étude est une contribution à la lecture du contexte de la vulnérabilité structurelle qu’expérimentent les pays du CILSS. Cette lecture a comme approche originale l’unité d’observation qui est le système productif et se dote de procédures d’analyse qui tiennent compte des particularités du territoire analysé. Même si ils sont non exhaustifs, les résultats de l’étude sont néanmoins indispensables pour l’approfondissement de l’analyse de la vulnérabilité et pour la meilleure caractérisation du territoire du CILSS. La clef de lecture donnée par les systèmes de production a représenté dans ce sens une approche très importante pour la prise en compte de la structure existante au niveau des noyaux productifs des différents pays. Les neuf Systèmes identifiés au cours de cette étape de l’analyse ont permis de caractériser des zones homogènes du point de vue des stratégies adoptées par les paysans afin de satisfaire leurs besoins alimentaires. L’évaluation de la capacité que chaque système de production a de fournir la quantité de nourriture suffisante pour la population y vivant a aboutit au calcul du Taux Virtuel de Couverture des Besoins Céréaliers. C’est en définitive, une évaluation de la capacité du secteur agricole à satisfaire les besoins alimentaires de la population rurale à travers la production locale ou, si l’on veut, la capacité du système primaire à générer du bien-être. Suite à cette deuxième étape de l’analyse, une grande portion du territoire observé a ainsi été définie comme excédentaire, alors que la partie restante a été subdivisée entre zones déficitaires et très déficitaires. C’est à partir de la troisième étape que l’analyse prend en compte les caractéristiques physiques du territoire, entendues comme qualification des ressources et de leur état d’exploitation. Ceci afin de déterminer de façon plus approfondie les causes du degré de satisfaction des besoins alimentaires des populations rurales. Cette information est représentée par les potentialités agricoles du territoire, par la pression exercée par les activités humaines sur les ressources et par les dynamiques qui caractérisent ces mêmes activités. L'analyse résultante de ces trois étapes a finalement permis d'aboutir à une évaluation générale du contexte de la vulnérabilité structurelle par système de production - définie en principe sur la base du TVCBC - à travers l'analyse conjointe de la pression agricole et des dynamiques superficies/rendements des céréales et des cultures de rente. On est donc ainsi arrivé à une définition des différents types de comportement qui ont porté à la subdivision du territoire en quatre grandes zones: l’extrême Ouest du Sénégal (Régions de Thies et Diourbel), l’Ouest du Mali (Régions de Kayes et Koulikoro), la bande limite entre la zone agricole et la zone pastorale au Mali et au Niger (Régions de Segou et Mopti au Mali et Départements de Tillabery et Tahoua au Niger) et une partie de la zone pastorale entre Mali et Niger (Région de Gao au Mali et le Département d’Agadez au Niger). Ces quatre zones ont des caractéristiques complètement différentes. La lecture croisée des couches d’information utilisées dans l’analyse, intégrée avec d'autres informations, permet d'identifier des caractéristiques communes à l’intérieur de chaque zone. 1. Ouest Sénégal : la zone est caractérisée par la présence déterminante du pôle urbain de Dakar. Les

influences de celle-ci sur la Région environnante sont très importantes. Il suffit de penser que Dakar est le plus important centre de développement de la sous-région (pays du CILSS). La situation agricole est caractérisée par une pression démographique très forte qui se transforme en une exploitation très élevée des ressources. Plusieurs zones sont presque arrivées à la saturation de leurs terres cultivables. D’un autre côté, même si le secteur primaire n’est pas capable de satisfaire les besoins de la population rurale, plusieurs autres sources de revenu sont disponibles dans la dite région.

2. Ouest Mali : la Région est caractérisée par la présence de cultures de rente. La capacité du secteur primaire

de satisfaire les besoins de la population est pourtant limité, même si le secteur agricole a encore une bonne marge de développement avec une tendance positive. Cependant, le manque de voies de communication peut représenter un frein à cette tendance positive. En général on peut retenir que l’agriculture ne représente pas la principale source de revenu, étant donné l'existence d’autres stratégies de survie non directement liées au secteur primaire (commerce, revenus des émigrants).

3. La bande à la limite nord des zones agricoles: ce territoire se caractérise par une dégradation du système

productif vivrier, due surtout à la croissance démographique et à l’extension des surfaces cultivées dans des zones à aptitudes agricoles très limitées. Les contraintes climatologiques ne permettent pas une diversification suffisante des pratiques et des cultures agricoles et le secteur primaire ne se trouve pas dans les conditions permettant de couvrir les besoins de la population rurale.

4. La zone pastorale : en général le secteur primaire, dont les capacités productives se trouvent freinées par les

conditions climatiques, n’assure pas une quantité de nourriture suffisante en comparaison aux normes de consommation officielles. D’autre part d'autres sources de revenu (artisanat et commerce) associées à des

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habitudes alimentaires particulières, contribuent à une remarquable réduction du déficit alimentaire des populations.

De plus, d'autres zones éparpillées ont été identifiées selon l’un ou l’autre des paramètres pris en compte. Il serait suffisant d’en citer deux qui, bien que caractérisées par une situation excédentaire du point de vue alimentaire, sont emblématiques de deux situations opposées. Le plateau Mossi au Burkina Faso et le Département de Zinder au Niger. La première est une zone caractérisée par une forte pression démographique. Par conséquent la pression agricole est croissante mais elle est soutenue par de bonnes potentialités agricoles et par un secteur primaire qui semble capable d’assurer dans le moyen terme la satisfaction des besoins alimentaires de la population. Par contre le Département de Zinder et la partie nord de Maradi au Niger présentent une situation opposée. La pression démographique est tout aussi importante, l’exploitation des ressources est très élevée et les potentialités sont moyennes. Le système agricole se base sur les céréales et le niébé en trouvant comme issue principale l’exportation vers le Nigeria. Par conséquent le système agricole semble être arrivé à une forte exploitation de ses ressources et montre en perspective des signes inquiétants en ce qui concerne sa capacité d'assurer la sécurité alimentaire à ses habitants. L’analyse réalisée s’arrête à échelle régionale, en identifiant ainsi des zones homogènes et les caractéristiques qui les rendent telles. L’identification dans le détail des aspects particuliers de chaque unité administrative est effectivement en dehors du but que l'on s’est fixé pour la présente étude, les outils et les informations pour une interprétation locale des phénomènes étant en effet très différents de ceux utilisés au niveau régional. Toutefois, il y a lieu de signaler que le cadre issu de la présente étude peut représenter en perspective un point de départ pour toute intervention visant à l’identification des groupes vulnérables qui nécessite la prise en compte des système de vie des populations. Dans ce cas, une analyse beaucoup plus fine des problématiques des différents groupes s’avère nécessaire à travers la mise en place d’enquêtes de terrain. Au delà des amélioration possibles, on peut souligner, en général, l’utilité de faire des lectures croisées entre différents types d’analyse. Ce type d’approche peut devenir utile pour fournir des preuves en cas de convergence ou pour poser des questions en cas de divergence. De toutes façons, la lecture de plusieurs cartes en même temps constitue une méthodologie flexible, particulièrement adaptée au contexte et qui permet de fournir une vision plus complète d’une situation qui est difficilement représentable par un seul indicateur.

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ANNEXES TECHNIQUES

Les systèmes de production La caractérisation des systèmes productifs se base sur les données de superficie des différentes cultures et sur les statistiques de l'élevage; ces données ont comme source les Services statistiques nationaux préposés et sont disponibles au niveau des unités administratives.

Méthodologie La caractérisation par SP est fonction des principales cultures présentes dans les différents pays regroupées en différentes typologies selon leur utilisation. Les différentes typologies existantes sont illustrées dans le tableau ci-dessous.

PAYS TYPOLOGIE

MALI SENEGAL BURKINA NIGER

Mil Mil Mil Mil Sorgho Sorgho Sorgho Sorgho CULTURES Mais Mais Mais Mais VIVRIERES Fonio Manioc Fonio Igname Igname

Patate douce Patate douce

Manioc CULTURES

Arachide Coton

Arachide Coton

Arachide Soja

Arachide Oseille

DE RENTE Voandzou Gombo

Arachide de bouche

Voandzou Sésame

Voandzou Souchette

RIZIERES Riz Riz Riz Riz LEGUMINEUSES Niébé Niébé Niébé Niébé

Ainsi, par les suivants critères neuf types de systèmes de production ont été définis. - Premier critère: toutes les unités administratives ayant au moins 70% de leur surface agricole occupée par des

cultures vivrières rentrent dans la catégorie VIVRIER - Deuxième critère: les unités restantes ont été inclues dans le système productif DE RENTE lorsque le 20% ou

plus de leurs surfaces cultivées est occupé par des cultures de rente - Troisième critère: les unités administratives restantes, qui ont au moins 35% de leur superficie agricole cultivée

à riz rentrent dans le système de production RIZICOLE - Quatrième critère: les unités administratives ayant les pourcentages suivants: cultures vivrières < 70%,

cultures de rente < 20% et surfaces à riz < 35% sont classifiées comme MIXTES - Cinquième critère: toutes les unités classifiées de cette façon et toutes les autres unités encore non classifiées

qui sont intersectées par la courbe isohyète des 300 mm sont classifiées comme systèmes PASTORAUX - Sixième critère: les localités restantes sont classifiés comme ZONES URBAINES La grille pour l'identification des différents systèmes de production et leur classification sont reportées dans le tableau qui suit.

CLASSES SYSTEMES INCIDENCE SUPERFICIES CULTIVEES 10 Vivrier Cultures vivrières > 70% 11 Vivrier/Pastoral 20 Mixte Cultures vivrières < 70%

21 Mixte/Pastoral Cultures de rente < 20% Riz <35%

30 Rente Cultures de rente > 20% 31 Rente/Pastoral 40 Rizicole Riz >35% 41 Rizicole/Pastoral

91 Pastoral Touché par la limite de la zone pastorale Taux Couverture Besoins Céréaliers < 35%

99 Zones Urbaines Zones non agricoles à haute densité de population – Villes principales

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Le taux virtuel de couverture des besoins céréaliers Le taux virtuel de couverture des besoins céréaliers indique la capacité du secteur primaire de satisfaire les exigences alimentaires des populations locales. La méthodologie prend en compte seule la production primaire puisqu'au Sahel cette dernière représente la principale source d'aliments. Le résultat du rapport entre offre et demande alimentaires est un bilan qui décrit l'autosuffisance virtuelle des unités administratives observées.

Données de base Les données en entrée concernent la période de 1985 à 1995 – sauf carence de données – et proviennent des Services des statistiques des pays analysés. Pour le calcul de l'offre alimentaire on prend en compte la production des cultures céréalières pluviales (mil, sorgho, maïs, riz, fonio), la production de rente (coton, arachide et niébé) et les produits de l'élevage (petits ruminants commercialisables). Pour le calcul de la demande on prend en compte seule la population rurale, étant celle-ci fortement dépendante de la production locale. Méthodologie Au niveau de chaque unité administrative7 et de chaque année observée, les opérations suivantes sont effectuées: - Détermination de l'entité de la population rurale à l'année du recensement et sa projection8 en fin de l'année.

Cette entité est multipliée par les normes officielles de consommation pour obtenir la demande alimentaire annuelle.

- Détermination de l'offre alimentaire en équivalent de céréales sur la base des productions agricoles et de l'élevage.

- Rapport entre la demande et l'offre alimentaire pour le calcul du taux virtuel de couverture des besoins céréaliers.

L'offre alimentaire a été calculée de manière différente selon le produit considéré: - Pour ce qui est des céréales pluviales, les productions brutes ont été converties en productions réelles par

l'application de coefficients. - Les entités des productions de rente sont exprimées en équivalents de céréales et sont monétisés sur la base

de leur valeur de marché (pour les arachides) ou des revenus nets provenant de leur commercialisation (pour le coton) ainsi que sur la base de la valeur de la céréale la plus échangée.

- Le niébé est converti en équivalents de céréales sur la base de sa valeur sur le marché ainsi que de celle de la céréale la plus échangée.

- La production pastorale est représentée par 30% de la population de petits ruminants, celui-ci représentant la partie du troupeau avec une forte probabilité d'être échangée contre des céréales pour l'alimentation.

La pression agricole La pression agricole est un indicateur qui a été utilisé avec le but de caractériser les unités territoriales où la saturation des superficies aptes à l’agriculture oblige à surexploiter des terrains ayant un degré de potentialités très bas par rapport aux autres unités où des terres de bonne ou moyenne potentialité sont toujours disponibles pour être cultivées.

Données de base Les données de base utilisées dans cette analyse sont les statistiques agricoles et les couches de la potentialité agricole en fonction des sols et de la climatologie9. En rapport avec les statistiques agricoles, les données utilisées sont celles disponibles dans la base de données du Projet AP3A et issues des enquêtes agricoles nationales. Les séries historiques utilisées sont relatives aux onze dernières années disponibles.

7 Le niveau administratif observé est le deuxième pour le Burkina Faso (Province) et le troisième pour les trois autres pays. 8 La méthodologie de calcul de la projection est décrite dans le Manuel " Entité de la banque de données tabulaires du S.I.A.P. (partie I) - Les

données démographiques" du projet AP3A – Programme AGRHYMET. 9 La méthodologie de calcul des Potentialités agricoles est décrite dans la note « Potentialités agricoles en fonction des sols et de la

climatologie. Résultats des analyses au Burkina Faso – Mali – Niger – Sénégal » présenté à la Rencontre régionale sur la « Evaluation de la situation alimentaire en 1999/2000 et méthodes d’identification et d’analyse des zones et groupes vulnérables » - NDJAMENA 6 - 9 mars 2000

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Méthodologie L’idée de base est d’évaluer au niveau des unités territoriales si des terres de bonne aptitude agricole en relation avec les sols et la longueur de la saison agricole sont toujours disponibles pour l’agriculture. Pour cette analyse trois étapes ont été suivies. a. Pour chaque unité administrative (UA) on a extrait de la base de données AP3A la valeur agrégée des

superficies agricoles relatives à toutes les cultures présentes sur une série de onze années. Pour chaque UA on a pris la valeur agrégée maximale entre les différentes années. Des coefficients culturaux ont étés utilisés pour le calcul des superficies agricoles effectives qui sont occupées par chaque culture en considérant les problèmes de répétition des superficies liés aux différentes associations culturales. Le cumul des superficies de toutes les spéculations est ensuite effectué pour le choix de la valeur maximale.

b. Le zones potentiellement agricoles ont été identifiées en utilisant un buffer centré sur les villages qui délimite

pour chaque localité une portion de territoire ayant environs cinq kilomètres de rayon10. Ensuite la superficie en hectares de chaque type de classification des potentialités agricoles a été calculée au niveau de l’Unité Territoriale. L’Unité Territoriale (UT) est une zone homogène à l’intérieur de l’unité administrative. Une fois qu’on a eu les superficies par classe de potentialité on a fait l’attribution de la superficie agricole de l’UT. L’hypothèse est que les meilleurs terrains sont les premiers à être cultivés. Quand ils sont tous occupés, d’autres terrains sont cultivés selon une échelle d’aptitude décroissante. Ceci se poursuit, dans le cas de zones à forte pression démographique, jusqu'à épuisement des classes d’aptitude moyenne et les autres types de sols à potentialité très basse sont ensuite entamés pour l’agriculture. L’attribution a été effectuée en soustrayant progressivement les superficies agricoles des superficies des unités de potentialité selon une aptitude décroissante. La classification de l’exploitation des potentialités a suivi la classification des potentialités adoptée au niveau du précèdent travail présenté à N’djaména; c’est-à-dire que là où l’exploitation arrive à une classe de potentialité très élevée la classification de la pression est très faible. Par contre quand l’exploitation des potentialités arrive à une classe de potentialité très basse la classification de la pression est très forte.

Dans un dernier effort de synthèse la pression agricole est représentée graphiquement comme des grilles à superposer aux autres couches. Plus la grille est fine plus la pression est forte. Des cinq classes originaires on a fait trois classes synthétiques : Pressions Forte, Moyenne et Faible.

Les dynamiques agricoles L’analyse des dynamiques a été effectuée sur la base des données des statistiques agricoles de la base de données du Projet AP3A. Les analyses effectuées sont évidemment limitées par la précision de ces données, qui de toute façon sont les seules qui existent. L’analyse des dynamiques a touché tant les cultures céréalières que les cultures de rente. Les deux analyses ont été maintenues séparées en donnant deux couches d’information différentes. Pour chaque UA on a extrait la série des superficies et des rendements des céréales principales (mil, sorgho et maïs) et des cultures de rente (niébé et arachide). Dans le cas du Niger les superficies ont été corrigées avec les coefficients culturaux. Les rendements ont étés pondérés sur la base de la répartition des superficies occupées par les différentes cultures. On a éliminé toutes les valeurs de rendements égales à zéro et douteuses. Tant les rendements aussi bien que les superficies ont été standardisés sur la base de la valeur maximale de la série. Par la suite on a représenté à l’échelle temporelle les tendances des rendements et les superficies. Les dynamiques on été évaluées sur la base des courbes de tendance linaire. Malgré les différences existantes on a essayé de définir un certain nombre de comportements. La tendance de la courbe a été classifiée sur la base de sa pente, c’est-à-dire de la valeur du coefficient angulaire. Trois classes ont été identifiées: croissante, décroissante et stable. La classe stable est définie par deux seuils, - 0.01 et + 0.01 de coefficient angulaire. Chaque UA est ensuite classifiée selon la courbe des rendements et la courbe des superficies. Cette classification à deux chiffres présente neuf classes. Pour faciliter la lecture, les neuf classes ont d’abord été groupées en une classification à un chiffre et cinq classes; enfin ces classes ont été réduites à trois. Le tableau suivant explique la classification finale.

10 Telle distance est celle maximale que vraisemblablement peut être couverte journellement à pied par les habitants afin d’assurer l'exploitation

des champs.

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Classificat. Intégrale

Classificat. à 5 Description de la dynamique de l’UA

11 5 12 5

Les rendements montrent une forte réduction. Les superficies sont constantes ou décroissent.

13 4 Les rendements montrent une forte réduction alors que les superficies croissent.

21 3 31 3

Les rendements sont constants ou croissants et les superficies décroissent.

23 2 22 2

Les rendements sont constants et les superficies croissent ou sont stables.

32 1 33 1

Les rendements et les superficies augmentent.

Les trois classes finales ont été représentées graphiquement par deux flèches. La flèche blanche représente les cultures vivrières et la noire les cultures de rente. − Les classes 1 et 2 ont été représentées par une flèche orientée vers le haut et qui signifie: Système productif

en croissance. La classe représente la combinaison de rendements et superficies croissantes ou stables. Le système arrive à s'adapter à la demande.

− Les classes 3 et 4 ont été représentées par une flèche horizontale qui signifie : Système productif instable.

Situation qui peut facilement se dégrader. − La classe 5 est représentée par une flèche orientée vers le bas et qui signifie : Système productif en crise.

Représente une situation fortement négative et un système en phase de dégradation.

surf

/ su

rf m

ax

rend

/ re

nd m

ax

Classe 1

rend

/ re

nd m

ax

surf

/ su

rf m

ax

Classe 2

rend

/ re

nd m

ax

surf

/ su

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Classe 3

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Classe 4

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Classe 5