Interviews about parity in France

58
1 Interventions: Reflections, Critiques and Practices AWGSA Biennial Conference 2012 Assessing the success of political intervention to promote women in French politics Dr Laetitia Vedrenne University of Wollongong What have French politicians said about parity recently? Transcription of interviews of French politicians, 2011-2012.

description

Transcriptions of interviews about parity in France

Transcript of Interviews about parity in France

1

Interventions: Reflections, Critiques and Practices

AWGSA Biennial Conference 2012

Assessing the success of political intervention to promote women in French politics

Dr Laetitia Vedrenne

University of Wollongong

What have French politicians said about parity recently?

Transcription of interviews of French politicians, 2011-2012.

2

Contents:

Page

Martine Aubry (PS) 3

François Bayrou (MoDem) 5

Nicole Borvo (PCF) 7

Chantal Brunel (UMP) 11

Jean-François Copé (UMP) 16

Benoît Hamon (PS) 20

Eva Joly (EELV) 24

Catherine Lemorton (PS) 26

Marine Le Pen (FN) 30

Marie-Anne Montchamps (UMP) 33

Fleur Pellerin (PS) 37

Marie-José Zimmermann (UMP) 48

Newly elected female MPs : Karine Berger (PS), Vaérie Lacroute (UMP), Nathalie Nieson (PS), Christine Pirès-Beaune (UMP), Daphna Poznanski-Benhamou (PS)

52

Extracts from Ce soir ou jamais (22.05.2012) 53

Abbreviations :

EELV : Europe Ecologie Les Verts – Europe Environment The Greens (green party)

FN : Front National – National Front (extreme right)

MoDem : Mouvement Démocrate – Democratic Movement (centre right)

PCF : Parti Communiste Français – French Communist Party (extreme left)

PS : Parti Socialiste – Socialist Party (left)

UMP : Union pour une Mouvement Populaire – Union for a Popular Movement (conservative ; Nicolas Sarkozy’s party)

Thanks to M. Damien Armengol for his invaluable help with these transcriptions.

Image credits: all images are screenshots of the videos referenced.

3

Entretien Ludivine Le Goff & Martine Aubry (AufemininTV)

This interview took place during the Socialist

Party primaries in September 2011. Martine

Aubry was one of two women out of six

candidates. She lost the primaries to

François Hollande.

LLG: Martine Aubry, quand on vous demande quelle est la différence entre François Hollande et

vous, vous répondez que vous, vous êtes une femme. Alors, une femme à l’Elysée, ça change

quoi ?

MA: Ben d’abord je pense qu’une femme à l’Elysée, ça peut changer des choses pour les femmes

mais aussi pour les hommes. Une femme à l’Elysée, c’est peut-être … parce que pour moi ça a

été une réflexion de toute ma vie : les droits des femmes ne sont jamais acquis…

LLG: Quel sera alors votre engagement sur la parité ?

MA: Sur la parité j’ai beaucoup hésité. Quand j’étais plus jeune, je me disais « Mais non, on n’a

pas besoin d’une loi, on va y arriver. C’est quand même pas normal : on est bonnes, on a du

courage, voilà, on est solides, etc ». Puis finalement je me suis dit « On n’y arrivera pas ». J’ai été

une fervente défenseure avec Lionel Jospin et Elisabeth Guigou de la parité qui n’est pas allé

jusqu’au bout voilà… Donc là pour moi une des premières lois que je ferai voter - parce que c’est

plus possible - c’est l’égalité homme-femme des salaires dans l’entreprise. Je crois qu’il faut qu’on

s’attaque à la parité dans tous les domaines, la rendre vraiment… un règle partout, faire en sorte

que les partis qui ne la respectent pas ne soient plus aidés par l’état. Moi dans ma commune, bien

évidemment, il y a autant d’hommes que de femmes mais y compris dans les postes de

responsabilité. Au gouvernement il y aura une parité totale. Dans l’équipe avec qui je travaille,

c‘est le cas aussi. Mais faire en sorte aussi, parce que c’est un signe aussi pour les jeunes

femmes, que dans l’entreprise enfin alors qu’il y a encore plus de 23 / 24% de différence de

salaire, il y ait une vraie égalité. J’ai préparé les lois précédentes avec Madame Roudy, les lois

4

incitatives. Maintenant il faut y aller vraiment : il faut dire aux entreprises vous avez trois ans ;

vous allez passer des accords. Au bout de trois ans, s’il n’y a pas égalité de salaire, vous ne

toucherez plus les exonérations de charge sociale, là je suis convaincue qu’elles vont y arriver. Je

crois que c’est très important aussi pour les femmes

LLG: Vous pouvez donc aujourd’hui vous engager à faire voter cette loi si vous êtes présidente.

MA: Ça sera une des premières lois : elle est prête. Voilà, parce que je pense que c’est un signe :

la parité dans le gouvernement, une des premières lois, ça coûte pas cher, ça coûte rien, c’est

simplement un choix politique majeur.

http://www.youtube.com/watch?v=jRjn5YA7RtI&feature=plcp (accessed 08.11.2012)

5

Entretien Anita Hausser & François Bayrou (AufemininTV)

François Bayrou was the candidate of the

MoDem, a centre right party, at the 2012

presidential elections.This interview took place

during the election campaign in April 2012.

Les femmes et François Bayrou

FB: J'ai toujours vécu dans un univers féminin très, très marqué de féminité. J’ai 4 filles.

AH: Et de féminisme ?

FB: De féminisme, assez souvent, mais de féminité à coup sûr et de féminité assumée. Dans mon

univers politique, mes bras droits sont assez souvent des femmes. Marielle de Sarnez, qui est

mon alter ego, est tout drapeau déployé défenseure de…

AH: De la cause des femmes…

FB: De la parité, de la cause des femmes. Mais à sa manière, Jacqueline Gourault aussi, Anne-

Marie Idrac aussi. J'ai expérimenté ce qui était la fiabilité, pas toujours, il y a des exceptions, mais

la fiabilité des femmes, leur engagement, leur intransigeance quand il s'agit de l'essentiel.

Travail / Maternité : Mode d’emploi…

FB: Il faut protéger la maternité. Parce que très souvent, c'est la maternité qui sert de prétexte à

un déclassement. Parce que très souvent, quand on voit naître l'idée qu'une jeune femme va avoir

un enfant, dans l'entreprise, on a peur de ça, on l'écarte. Donc il faut spécifiquement protéger la

maternité et faire qu'on puisse revenir dans l’emploi, revenir dans l'entreprise quand on décide de

le faire.

Maman travaille… Qui garde les enfants ?

FB: C'est très facile. Il suffit de faire un élargissement de l'offre de garde. Il y a... Par exemple, j'ai

visité en Mayenne, un département dans lequel on avait des problèmes de garde, ils ont monté un

réseau de maisons d'assistantes maternelles dans lesquelles trois ou quatre assistantes

maternelles se regroupent qui est ouvert de 6:00 du matin jusqu'à 22:00. Vous voyez que cela

6

change tout. C'est léger. Cela ne demande pas l'investissement. Parce qu’autrement, cela

demande des centaines de milliers d'investissements, des structures. Il faut que l'on ait, du point

de vue du mode de garde, la plus grande souplesse. C'est probablement un des secteurs dans

lesquels on peut avancer plus vite.

Pourquoi avez-vous voté contre le texte de la réforme des retraites du gouvernement ?

FB: J'ai voté contre parce qu'il y avait cette disposition que je trouve absolument inique, injuste qui

est que, pour les femmes, qui ont souvent des carrières incomplètes, elles, on reportait l'exercice

de leurs droits, pas d’un taux plein, l'exercice de leur droit à 67 ans au lieu de 65 ans. Ma mère,

qui vient de s'en aller, cette dame qui a travaillé toute sa vie, sa dernière pension de retraite était

de 668 euros. Je sais exactement ce dont il s’agit. Et je me suis souvent demandé comment elle

aurait fait si nous, ma soeur et moi, n'avions pas été là. Qu’est-ce qu’il faut faire ? La réforme des

retraites que je préconise, d'ailleurs pas tout seul, parce que maintenant par exemple la CFDT est

arrrivée sur cette idée, d'une retraite par points que nous mettrons en place progressivement. Si

c'est une retraite par points, elle a deux avantages : elle est équilibrée et elle peut prendre en

compte des situations extra-professionnelles comme celles de femmes dans le courant de leur vie

de famille.

Que pensez-vous des réseaux sociaux et de leur influence sur la campagne présidentielle ?

FB: C'est très important. Ça se développe continuellement et sans avoir besoin d'action. Ça vient

vraiment du réseau, de la base. Nous avons un réseau, une équipe que vous avez vue et qui est

très jeune, très performante, formidable de ce point de vue-là. Mais c'est bien quand le candidat

lui-même comprend ce que c'est Internet. De ce point de vue-là, vous l'avez dit gentiment, oui,

pour moi, c'est quelque chose d'absolument passionnant - cela va vous surprendre, la phrase que

je vais dire - pour l'avenir de l'humanité.

Un message pour nos internautes ?

FB: Ils savent une chose, c’est qu’Internet est une fantastique arme de vérité. Parce qu’on peut

vérifier si celui ou celle qui vous parle a dit ça au travers du temps, s’il a dit le contraire, sa

sincérité apparaît au travers de l'écran. Et moi, j'ai qu’une chose à leur dire : "Votez pour celui que

vous trouvez le plus vrai."

http://www.youtube.com/watch?v=2RUiAOnmVKk&feature=plcp (accessed 08.11.2012)

7

Entretien Anita Hausser & Nicole Borvo (AufemininTV)

Nicole Borvo was a communist

sénatrice (member of the Upper

House) from September 1995 until

September 2012 and president of

her group in the Upper House from

October 2001 until the end of her

mandate in 2012. The interview

took place in November 2011.

AH: Bonjour Nicole Borvo.

NB: Bonjour.

AH: Vous êtes présidente des sénateurs communistes et du Parti de Gauche.

NB: Absolument.

AH: Aufeminin.com est en train de faire une enquête sur la parité en politique. Les chiffres varient

peu finalement depuis que les femmes ont le droit de vote.

NB: La parité reste un combat malgré la loi. Elle reste un combat parce que les chiffres varient

peu comme vous dites et on voit bien : on sort d’élections cantonales et on a encore 87% des

conseillers généraux qui sont des hommes et quatre femmes qui sont présidentes de conseil

général à l’image…

AH: Sur 101 ?

NB: Sur 101 maintenant donc même pas 4%. Et c’est la même chose pour les conseils régionaux

où, grâce à la proportionnelle, il y a 48% de femmes conseilllères régionales et il y a 2 femmes qui

président des conseils régionaux.1

AH: Et leur nombre va régresser puisque la future loi…

NB: La future loi… Et, là, on voit bien qu’il y a forte réticence et ignorance, on va dire, au sens où

on veut l’ignorer, de la parité puisque le gouvernement a fait voter une loi qui va supprimant les

conseils généraux et faisant élire… Voilà les fusionnant et faisant élire les conseils régionaux au

scrutin uninominal à 2 tours va reproduire ce que nous connaissons dans tout ce genre d’élections

c’est-à-dire très majoritairement des hommes.

1 Il y a 26 régions en France, donc 2 présidentes, cela représente 7.69% du nombre total de présidents de région.

8

AH: Tout le monde se plaint mais finalement comme se fait-il, d’après vous, que les choses ne

progressent pas ? Est-ce que les femmes ne se battent pas assez ?

NB: D’abord on ne peut pas dire que les hommes s’en plaignent et puis c’est très lié quand même

à la représentation actuelle des citoyens, c’est-à-dire qu’on voit bien que si on prend le parlement

qui est l’exemple le plus… enfin l’exemple national, les hommes renouvellent leur mandat 2 fois, 3

fois, voire 4 fois, quelques fois 5 fois.

AH: Parfois à vie, oui.

NB: A vie.

AH: Dans tous les partis politiques, il faut le préciser.

NB: Bien sûr, bien sûr, bien sûr, donc je le précise, vous avez raison. Ensuite le mode de scrutin,

notamment à l’Assemblée Nationale, donc uninominal à 2 tours, fait que l’on privilégie toujours les

sortants au motif que, comme ils sont connus forcément, il sont plus de chance d’être réélus, etc.

Et puis parce que c’est vrai qu’on a quand même maintenant des représentants au Parlement qui

ne sont plus à l’image de la population, ils ne sont plus à l’image à tout point de vue. Ils ont 60 ans

en moyenne et ils sont tous euh… enfin la diversité de la population n’est pas représentée, tout le

monde le sait.

AH: Alors, Madame Borvo, dans l’enquête d’Aufeminin sur la parité, il ressort que 60% des

femmes à peu près seraient prêtes à voter pour une femme à la présidence de la République. Les

chiffres n’ont pas varié depuis 2007, ça veut dire que les mentalités non plus ?

NB: Mais je trouve que la société est quand même plus avancée que les partis politiques, les

parlementaires puisque quand même il y a une majorité de gens qui sont favorables à ce que des

femmes exercent les responsabilités les plus importantes. Or, ça ne se traduit même pas au

niveau de la représentation politique actuelle. Donc on peut dire que les politiques, là, sont en

retrait par rapport à la société. Même si la société, c’est vrai, il pourrait y avoir 100% de gens qui

n’y sont pas hostiles, mais on est quand même très marqués dans ce pays par la prédominance

des hommes en politique, vous savez, parce que la politique c’est le pouvoir en France.

AH: Pas qu’en France.

NB: C’est moins le cas dans d’autres sociétés. En France, c’est quand même… la politique, c’est

le pouvoir et c’est vrai qu’on est marqués par des siècles de patriarcat, de pouvoir des hommes et

donc ça continue de fonctionner dans notre société.

AH: Le pouvoir masculin.

9

NB: Le pouvoir masculin, bien sûr.

AH: Et alors ce qui est curieux également, enfin qui traduit bien la réalité des choses, c’est que

dans l’enquête on verrait mieux les femmes exercer un mandat de maire qu’un autre mandat.

C’est-à-dire 80% des personnes interrogées disent qu’elles verraient bien les femmes dans une

fonction de maire plus que dans une fonction de député.

NB: Oui ça correspond effectivement au degré de pouvoir que les gens imaginent, mais il faut

bien dire quand même qu’il n’y a que 25% je crois, même pas 30, qui sont maires. 30% des

maires qui sont des femmes, je veux dire.

AH: Et de préférence dans les petites communes.

NB: De préférence dans les petites communes parce que les grandes villes, regardez, il n’y en a

pas beaucoup.

AH: Dans votre programme, dans le programme communiste, qu’est-ce que vous préconisez pour

les femmes ?

NB: Alors, nous, on a toujours lié, parce que c’est vrai, c’est juste je veux dire, la parité au mode

d’élection. Je crois qu’il faut être… Si on veut avoir un effet réel sur la réalité que vous décrivez, il

faut avoir des dispositifs contraignants. Les femmes ont progressé considérablement dans les

conseils régionaux, aux élections européennes parce que c’est un mode de scrutin proportionnel

avec obligation de liste chabada comme on a dit, c’est-à-dire un homme et une femme. Il n’y a pas

de mystères : dans les scrutins uninominaux que ce soit à l’Assemblée Nationale, que ce soit pour

les conseillers généraux, ou que ce soit dans les petites communes, et bien cette prédominance

masculine se perpétue parce que, en réalité, il n’y a pas d’obligation. Les pénalisations financières

des partis politiques c’est un leurre. Les grands partis qui ont beaucoup… enfin qui ont des

ressources importantes, ils préfèrent payer des amendes qui sont d’ailleurs assez limitées,

forcément, plutôt que de bouleverser leur équilibre… disons politique qui est que des hommes

veulent se représenter, qui considèrent qu’ils sont mieux placer qu’une femme pour remporter

l’élection, enfin bref tous les attributs du pouvoir masculin. Voilà, donc la question du mode de

scrutin que d’aucuns ne veulent pas aborder parce qu’ils ne sont pas favorables à la

proportionnelle, nous, nous l’abordons très clairement puisque nous sommes pour la

proportionnelle à toutes les élections.

AH: Est-ce que les femmes ont vraiment envie de pouvoir ?

NB: Les femmes, je crois que l’on ne peut pas poser la question de cette façon-là. Voyez, dans

mon groupe qui le seul groupe, le seul groupe parlementaire tout compris – Assemblée Nationale,

Sénat, groupe européen – je suis la seule femme présidente d’un groupe ; et je suis le seul

10

groupe, nous sommes pardon le seul groupe à parité. Je ne crois pas que les 12 femmes

membres de mon groupe aient comme ambition le pouvoir. Par contre ce sont des femmes qui

sont actives, bien entendu, c’est-à-dire qui se sont investies dans le champ syndical, associatif,

ensuite politique, qui sont actives dans, disons des endroits où on fait de la politique et qui donc

ont été présentées, ça c’est la volonté du parti politique en général qui est… en l’occurrence le

parti communiste fait beaucoup d’efforts, même pas toujours couronnés de succès, mais pour la

parité et donc elles ont été présentées, et donc naturellement elles ont été élues. Mais je crois

qu’on peut pas prendre… je crois que la politique fonctionne beaucoup en termes de pouvoir,

d’appêtit de pouvoir et que les hommes, là, sont très bien placés

AH: Plus que les femmes.

NB: Evidemment, ils sont historiquement mieux placés. Maintenant que des femmes veuillent le

pouvoir, c’est évident aussi. Des femmes veulent le pouvoir, c’est évident aussi.

AH: Merci, merci Nicole Borvo d’être venue à AufemininTV.

NB: Merci

http://www.youtube.com/watch?v=M4mxBWursT8&feature=relmfu (accessed 25.10.2012)

11

Entretien Anita Hausser & Chantal Brunel (AufemininTV)

Chantal Brunel was a députée

(member of the Lower House) from

June 2002 until June 2012. She is a

member of Nicolas Sarkozy’s party,

the UMP. She was also general

rapporteur of the Observatoire de la

Parité entre les Femmes et les

Hommes (the Institute for Parity

between Women and Men), a government body in charge of providing expert advice and

evaluating public policies aiming to encourage equality between women and men in political,

economical and social areas.2 Chantal Brunel was also a member of the commission in charge of

evaluating public policies on the prevention and fight against violence against women in 2008-

2009.3 She has written a book on the subject: Pour en finir avec les violences faites aux femmes

(To put an end to violence against women).4 The following interview took place in November 2011.

AH: Chantal Brunel, bonjour.

CB: Bonjour.

AH: Bienvenue à Aufeminin.Tv. Vous êtes députée UMP de Seine et Marne et rapporteur général

de l’observatoire de la parité. Vous devez avoir beaucoup de travail à ce niveau-là. L’égalité entre

hommes et femmes, c’est un serpent de mer éternel mais quand on observe un peu l’évolution

des choses, on a l’impression que les femmes sont encore un peu moins égales que les hommes

ces derniers temps.

CB: Alors, aujourd’hui toutes les professions… les femmes sont admises dans toutes les

professions. D’ailleurs…

AH: Quelle victoire !

CB: Non mais c’est partout. D’ailleurs nous avons… le Premier Ministre a nommé comme

membre de l’Observartoire de la Parité un amiral qui rappelait que même dans les sous-marins

atomiques maintenant les femmes ont leur place. Donc les femmes sont présentes absolument

partout. On a un plafond de verre qui est bien connu, on a une inégalité de salaire qui est bien

connue, mais il y a quelque chose dont on ne parle pas toujours c’est ce que j’appelle les parois

2 For details, see: http://www.observatoire-parite.gouv.fr/observatoire/presentation-et-missions/ 3 For details, see: http://www.assemblee-nationale.fr/13/tribun/tnom/fnap/267810.pdf 4 BRUNEL, Chantal, Pour en finir avec les violences faites aux femmes (Paris : Le Cherche midi, 2010)

12

de verre. C’est-à-dire que les femmes sont plus diplômées que les hommes mais elles font

toujours des choix de travail dans les mêmes secteurs, c’est-à-dire que dans les sciences

humaines, on les voit dans le marketing, dans la comm’, dans la publicité, dans les relations

humaines et qu’elles n’osent pas aller ou qu’elles ne vont pas vers l’industrie lourde ou vers

d’autres secteurs, donc…

AH: Il n’y en a pas assez dans l’artisanat par exemple ?

CB: Oui, il commence à y en avoir un peu. Dans la construction, il y en très, très peu.

AH: Avouez que c’est un peu dur quand même.

CB: Moi-même j’ai été avant d’être députée propriétaire d’une… enfin chef d’entreprise d’une

imprimerie. J’étais une des rares femmes je crois à être patron d’une petite imprimerie ; c’est un

milieu terriblement masculin. Donc aujourd’hui, ce que je veux dire, c’est que dans la France de la

lumière les femmes ont droit à tout. Le président de la République a mis des femmes à des postes

régaliens au gouvernement. A gauche aussi on a des femmes chefs de parti.

AH: Je vous arrête une seconde. Vous dîtes que le président de la République a mis des femmes

à des postes régaliens, ce qui est tout-à-fait exact. En revanche, il n’y a pas de ministère dédié à

la condition féminine. Or il y a quand même suffisamment de problèmes chez les femmes pour

que ce soit un secteur…

CB: Aujourd’hui c’est Nadine Morano qui est en charge de ce secteur.

AH: Mais elle a beaucoup d’autres choses à faire…

CB: Moi-même en tant que rapporteur général de l’Observatoire de la Parité, je me suis

rapprochée… nous allons travailler en étroite liaison avec la direction des droits des femmes qui

est une direction dans l’administration qui travaille là-dessus. Donc je crois que c’est bien que l’on

additionne nos compétences et là-dessus, donc, on va avancer. Ce que je voudrais dire, il y a…

dans la France de la lumière les femmes sont partout. Elles sont aux hauts niveaux mais c’est au

dessous que l’on a du mal et que les femmes ont plus de difficultés, voilà. On a, à l’Assemblée,

médiatisé pour dire qu’on veut mettre des femmes dans les conseils d’administration,c e qui est

très bien, mais le vrai sujet c’est toujours la disparité de salaire, les horaires difficiles pour les

femmes, le temps partiel et dans certains milieux une certaine paupérisation parce qu’on a aussi

un problème d’accueil des enfants.

AH: Il y a le problème psychologique quand même : les femmes qui n’osent pas se lancer

CB: C’est vrai, il y a… Les femmes travaillent souvent à même poste beaucoup plus que les

hommes et n’ont pas cette ambition personnelle, elles pensent d’abord… Elles pensent souvent

13

qu’elles n’ont pas les compétences pour accéder à un poste important, elles se sous-évaluent, et

ça c’est quelque chose qui est bien connu, et puis par ailleurs…

AH: C’est pas aussi du fait qu’elles se disent : ‘De toute façon j’y arriverai pas, de toute façon je

serai bloquée’ ?

CB: Oui vous avez raison, puis il y a un autre sujet : c’est vrai que dans le domaine de la

répartition dans la vie familiale, même si les hommes prennent un peu plus leur part de

responsabilité dans la vie familiale, je veux dire, là, il y a pas la parité, c’est-à-dire que la femme

doit additionner une vie professionnelle et une vie privée. C’est pour ça que dans le débat

aujourd’hui qui nous interpelle, l’affaire des retraites, j’ai parlé à un moment de pénibilité de cette

addition des deux vies qui m’a valu quelques reproches d’autres collègues femmes mais je crois

vraiment qu’il y a une pénibilité supplémentaire.

AH: Effectivement il y a souvent une deuxième journée de travail qui commence quand on rentre

du boulot.

CB: Tout-à-fait.

AH: Vous faisiez allusion tout à l’heure à une proposition de loi pour qu’il y ait davantage de

femmes dans les conseils d’administration et donc vous avez parlé de l’Assemblée, mais à

l’Assemblée il y a une loi qui est en discussion, enfin actuellement, qui est la loi sur les

collectivités territoriales et la modification du mode de scrutin avec l’introduction d’un conseiller

territorial et vous savez très bien que ce changement va mettre terriblement à mal la parité

politique.

CB: Alors moi, je vais vous dire, je suis contre la proportionnelle, je vais vous dire pourquoi : parce

que d’abord il n’y a pas de lien entre l’élu et l’électeur. Par ailleurs pour les femmes, on est

nommée et pas élue et on est souvent nommée pas forcément en fonction de ses compétences

mais en fonction d’un lien d’amitié ou d’une position dans un parti politique.

AH: Oui mais c’est un tremplin quand même, on l’a vu.

CB: Oui, oui, d’accord mais à la proportionnelle, vous êtes nommée et pas élue. Qui connaît

aujourd’hui son parlementaire européen ? Qui connaît aujourd’hui son conseiller régional ? Je suis

conseillère régionale : dans ma circonscription, on me connaît en tant que députée, on ne me

connaît pas en tant que conseillère régionale.

AH: Mme Brunel, on ne connaît peut-être pas son conseiller régional, mais on connaît son

conseiller général ou sa conseillère générale. Le jour où il n’y aura plus de…

14

CB: Alors moi ce que je propose, et alors j’avais déposé une proposition de loi qui avait été

soutenue par le Premier Ministre et par le Secrétaire Général du parti - mais qui a plus de difficulté

à convaincre mes éminents collègues masculins de l’Assemblée Nationale - est de dire qu’il faut

que les partis soient financés non pas en fonction du nombre de femmes qu’ils présentent mais en

fonction du nombre de femmes élues. Ce qui verra que… non, non, mais attendez, si déjà à

l’Assemblée Nationale aujourd’hui on est 18% de femmes, si on imposait un financement à partir

de 30% de femmes élues, c’est beaucoup plus contraignant que 50% de femmes candidates, car

vous pouvez être candidate souvent dans une circonscription sans chance. Quand on met une

femme face à Laurent Fabius aux élections législatives, on n’a pas de chance de la voir gagner.

Quand le Parti Socialiste met une femme face à Jean-François Copé, elle n’a aucune chance

d’être élue non plus. Donc ce qui est important c’est que les partis mettent les femmes dans des

circonscriptions où il y a des possibilités de gagner. Je trouve qu’il faut donner un objectif de

résultats aux partis sur le scrutin uninomonal à deux tours…

AH: Le parti, il n’est quand même pas responsable des électeurs et si les électeurs n’ont pas

envie d’élire telle candidate parce que c’est une femme…

CB: Moi je trouve que les femmes… Écoutez, moi, en 2002, j’ai été élue dans une circonscription

très ancrée à gauche. J’ai pas été la seule, on a été un certain nombre de femmes à rentrer au

parlement dans ces circonscriptions ancrées très à gauche, où on pensait qu’on n’avait pas

beaucoup de chance. Bon, donc je sens que les électeurs, c’est pas un élément négatif d’être une

femme, ça peut être quelque chose de positif car les électeurs cherchent peut-être une écoute…

AH: Ce n’est pas ce que je voulais dire…

CB: Ce qu’il faut, c’est qu’on ait la possibilité nous, les femmes, qu’on vous donne… que le Parti

Socialiste, l’UMP donnent l’investiture à des femmes dans des circonscriptions, mettons, de

tradition à droite pour nous, plus à droite, ou de tradition plus à gauche pour les femmes

socialistes.

AH: Et ça c’est un peu un travail assez difficile à faire au niveau des partis politiques, quels qu’ils

soient, non ?

CB: Oui il y a… Je regrette que… Je veux dire que dans mon parti politique, l’UMP, le Président

de la République a donné une impulsion assez forte, le Premier Ministre aussi mais ça a un peu

de mal à redescendre, voilà, parce que… et puis on a beaucoup de sortants…

AH: Si ça a tellement… C’est que ce n’est pas une impulsion, ça relève du symbole.

CB: Nous sommes dans un parti où nous avons des gens… des hommes extrêmement

compétents et où c’est vrai que l’arrivée des femmes en politique est plus nouvelle, c’est vrai.

15

C’est une tradition plus ancrée à gauche qu’à droite que d’avoir des femmes dans les mandats

politiques mais nous avons énormément de femmes compétentes. Regardez Valérie Pécresse qui

est ministre qui a réussi une réforme de la recherche qui est exceptionnelle, qui est présidente

aussi, qui a fait une très belle campagne aux élections régionales. On a des femmes très, très

remarquables, et moi je pense que… Regardez Michèle Alliot-Marie qui a été présidente du RPR,

qui a été ministre de l’Intérieur, Garde des Sceaux, dont on parle peut-être demain comme

premier ministre. Les femmes sont certainement très compétentes et elles ont une bonne cote de

popularité chez les Français.

AH: Oui, mais il n’y en a pas assez.

CB: Je suis d’accord avec vous.

AH: Mais moi je voudrais revenir un instant à la parité politique. Vous faites allusion, enfin vous

parlez surtout du mandat de député(e), il y en a 577. En revanche, il y a plus de conseillers

régionaux… euh de généraux et il y aura plus de conseillers territoriaux. Or là,

mathématiquement, automatiquement, il y aura moins de femmes élues dans les régions, dans les

départements qu’il n’y en a actuellement…

CB: Attendez, moi je suis pour la réforme.

AH: Indépendemment…

CB: Je suis pour la réforme parce qu’on dépense beaucoup trop d’argent, on empile les structures

donc je ne veux plus qu’on sacriffie… Déjà, on l’a vu aux dernières élections régionales, ils ne

savent pas ce que c’est qu’un conseiller régional…

AH: Nous sommes bien d’accord mais l’effet pervers, c’est celui-là.

CB: Alors l’effet pervers du scrutin uninominal à deux tours, je partage votre analyse, c’est un

scrutin difficile pour une femme parce qu’il faut aller au combat et la campagne est pas facile,

vous avez parfois des attaques, vous êtes plutôt seule, même si vous avez un suppléant, vous

êtes seule face à l’électeur… tandis que sur une liste, on est tout un groupe, on est toute une liste,

mais moi je vous dis que ce scrutin est plus valorisant pour les femmes parce qu’on est vraiment

élues et il y a ce lien, j’allais dire ce lien de solidarité d’amitié presque avec les électeurs, il y a un

lien fort, un lien fort avec… moi dans ma circonscription on m’appelle… les gens m’appellent

Chantal, enfin je veux dire je suis leur députée.

AH: Et bien j’espère que les autres femmes vont suivre votre exemple. Merci Chantal Brunel,

merci d’être venue à Aufeminin.TV.

http://www.youtube.com/watch?v=H-ym73xyk7U&feature=plcp (accessed 01.11.2012)

16

Entretien Anita Hausser & Jean-François Copé (AufemininTV)

Jean-François Copé is the head of

the UMP, the party in power at the

time of this interview in October

2011.

AH: Bonjour, Jean-François Copé.

JFC: Bonjour

AH: Merci d'être venu à Aufeminin.TV. Nous vous avons invité parce que vous êtes Secrétaire

Général de l'UMP mais aussi parce que vous êtes député et auteur, coauteur, d'une proposition

de loi qui a été votée sur la presque parité des femmes en conseil d'administration. C'est-à-dire

que vous souhaitez que d'ici quelques années, il y ait 40% de femmes dans les conseils

d'administration des plus grandes entreprises de France. Pourquoi seulement 40?

JFC: Non, non, dans les 600 entreprises cotées et 40%. En fait la loi ne dit pas 40% de femmes,

elle dit 40% de sexe opposé. De telle manière que ça peut être 60% de femmes et 40%

d'hommes.

AH: Il n’y a pas beaucoup de risque pour le moment, hein ?

JFC: Si, si, c'est en fait pour avoir simplement cette petite souplesse justement. Parce que 50%

pile, cela aurait été absolument inapplicable. Alors, pour vous dire les choses, avec Marie-Jo

Zimmerman, on a fait passer cette loi, c’est parce que c'était une manière de mettre les pieds

dans le plat sur cette question qui, en réalité, est certainement l’une des questions centrales de

notre société. C'est la question de l'équité entre les hommes et les femmes sur le plan de la

carrière professionnelle. J'avais constaté qu'il y avait seulement 8% de femmes dans les conseils

d'administration des sociétés cotées françaises, ce qui est complètement disproportionné lorsque

l’on sait que beaucoup de femmes travaillent aujourd'hui, font des carrières professionnelles.

AH: Presque toutes les femmes.

JFC: Pas toutes les femmes mais beaucoup. On a un taux d'emploi qui est très important grâce à

la politique familiale que nous avons en France, qui est très supérieure, par exemple, par rapport

17

à celle de l'Allemagne. C'est un domaine dans lequel on est meilleur que nos amis allemands. Ça

peut se souligner. Et surtout beaucoup de ces femmes n'ont pas la possibilité d'avancer aussi vite

que les hommes dans leur carrière à compétences égales. Il y a une espèce de plafond de verre

sur la tête. J'ai pensé que faire du conseil d'administration le lieu premier dans lequel des femmes

qui, jusqu'à présent, n'imaginaient même pas de pouvoir être, se retrouve cette obligation légale ;

c'était une manière pour elles de travailler, au sein du conseil, sur la question de l'égalité salariale

entre les hommes et les femmes, qui est un scandale total. Et puis, deuxièmement, de permettre à

des jeunes femmes, jeunes ou moins jeunes d’ailleurs, par l'expérience qu'elles ont - beaucoup

d’entre elles ont travaillé à l'étranger, ont travaillé en entreprise - d'apporter leur expérience dans

ces conseils.

AH: Vous prenez le problème à la tête, non plus à la racine, quoi ?

JFC: Ben en l’occurrence, je pense qu’à partir du moment où c'est dans les conseils

d'administration, que se déterminent les stratégies, notamment en matière salariale, des

entreprises, des grandes entreprises, ça a du sens de mettre la parité à ce niveau-là. En

revanche, cela n'en aurait aucun d'imposer la parité dans le comité exécutif. Parce que là, pour le

coup, ce sont des parcours à créer. Mais en revanche, il est très important que les femmes,

présentes dans ces conseils d'administration, dès la première génération, soient attentives à ce

que les politiques salariales, les politiques de progression de carrière, soient respectueuses du

rôle des femmes.

AH: En attendant qu'il y ait cette fameuse égalité salariale, les femmes sont pénalisées. Elles sont

notamment pénalisées pour leurs retraites.

JFC: Elles sont pénalisées pour tout. En fait, ce qu'il y a même derrière ça, Anita, c'est un

problème beaucoup plus profond. C'est le regard que notre société doit porter sur les femmes

aujourd'hui. Moi, je suis de ces hommes qui pensent que cette question est très grave et qu'elle

doit être aussi portée par des hommes. Je pense que ça ne peut pas être que des femmes qui

portent ces combats . Il se trouve que, pour des raisons personnelles, la cause de l'égalité entre

les hommes et femmes est une cause qui m'a toujours beaucoup touché. Dans ma ville, j'ai

toujours été très engagé par exemple contre ce fléau épouvantable que constituent les violences

conjugales. Très mobilisé aussi sur l'interdiction de la burqa. Vous savez que j'ai porté cette loi de

l'interdiction de la burqa qui constituait pour moi le déni absolu d'identité pour les femmes . De la

même manière, je pense que dans l'entreprise, puisque c'est aujourd'hui un grand enjeu et aussi

un temps de culpabilisation pour beaucoup de femmes, l'arbitrage entre la vie familiale et la vie

professionnelle, je pense que cela a vraiment du sens que nous puissions, par la loi, puisque ça

18

ne s'est pas fait par les faits, faire ce travail qui conduise, par le conseil d'administration, à donner

un rôle à des femmes qui demain veilleront à l'équité salariale.

AH: D’après vous combien de temps faudra-t-il ? Combien de générations faudra-t-il pour que les

choses entrent dans les faits ?

JFC: Je ne sais pas, en fait. Tout dépendra du rôle d'exemple que pourront jouer les grandes

entreprises françaises, voilà.

AH: Est-ce qu’elles sont prêtes ?

JFC: Ben, écoutez, moi, j'ai été très frappé de voir la réactivité lorsque j'ai initié ce débat avec

Marie-Jo Zimmermann, députée avec moi à l’Assemblée. On a été quasi-insultés. On nous a dit :

« Vraiment, vous nous cassez les pieds ». Je me rappelle cette phrase horrible, un chef

d’entreprise m’a dit: « On n'a pas de vivier » … « On n’a pas le gisement ». Je trouve ça affreux.

Et en fait, c'est ça qui est intéressant. Avant même que la loi ne soit votée, six mois après que j'en

ai lancé le dépôt, six mois après seulement, on est passé de huit pour cent à 16 pour cent. Donc

en fait, je pense qu'assez vite, maintenant, on atteindra les 40%.

AH: Tous les décrets sont parus ?

JFC: C'est très simple en fait. Il n'y a pas tellement de clause d'application. Donc ça va très vite.

AH: Donc on se revoit dans 10 ans pour voir où on en est?

JFC: Place des Grands Hommes ? Ecoutez, en l'occurrence, je pense qu'il faudra moins de 10

ans puisqu’en fait, les échéances de cette loi sont plus courtes. C'est six ans avec une étape

intermédiaire à mi-mandat. Donc ça ira assez vite. Mais c'est plus qu'un symbole. C'est une

dynamique que j'ai voulu lancer avec cette loi. Je crois qu'on est en train d'y parvenir.

AH: Il faudra continuer en politique.

JFC: Ecoutez, vous m'avez enlevé mots de la bouche. J'allais le dire. Il faudrait que l'on fasse

pareil en politique. D'ailleurs, la vérité, c'est que je me suis inspiré pour faire cette loi de ce que

nous avons fait dans les conseils municipaux des grandes villes. Vous savez que la parité dans

les conseils municipaux est appliquée maintenant totalement et qu’elle donne des résultats

formidables.

19

AH: Vous pourrez en parler pour votre propre ville.

JFC: Bien sûr, cela a changé beaucoup de choses sur l'atmosphère du conseil municipal, sur les

rapports entre les hommes et femmes.

AH: Et concrètement? Quel est l'effet concret le plus marquant?

JFC: Une autre approche psychologique des choses. Non pas qu'il n'y ait pas des combats dans

lesquels les femmes soient très engagées, y compris des combats légaux, mais il y a un rapport à

l'autre qui est différent, bien souvent et c’est très complèmentaire. Je pense que la démocratie y

gagne beaucoup, l'efficacité aussi.

AH: Merci, Jean-François Copé, d'être venu à Aufeminin.TV.

JFC: Merci.

http://www.youtube.com/watch?v=a_eRXh1e_Pw&feature=plcp (accessed 07.11.2012)

20

Entretien Anita Hausser & Benoît Hamon (AufemininTV)

Benoît Hamon is a Junior Minister in the Treasury

since May 2012. He was a Member of the

European Parliament between July 2004 and July

2009. He was elected to the French Lower House

in June 2012 but gave up his seat to focus on his

ministerial portfolio. He was the Socialist Party’s spokesperson from December 2008 until May

2012 and was interviewed in this capacity in October 2011.

AH: Bonjour Benoît Hamon.

BH: Bonjour

AH: Vous êtes porte-parole du parti socialiste. Merci d’être venu à AufemininTV. Vous avez été le

rédacteur d’un texte qui s’appelle Egalité Réelle qui est un pan du futur programme socialiste et il

y est beaucoup question des femmes, c’est le sujet qui nous intéresse aujourd’hui. Elles sont peu

nombreuses à l’Assemblée, on le sait depuis longtemps. Vous pronez une égalité réelle. Alors,

pour les femmes, ça veut dire beaucoup de choses : ça veut dire autant une parité politique, ça

veut dire égalité salariale… Comment y arriver ?

BH: Ben d’abord en passant de droit théorique en droit réel et c’est là toute la place du politique :

transformer les droits qui sont les vôtres à ceux des citoyens et faire en sorte qu’on puisse les

exercer, que ce soit des droits effectifs. C’est pas uniquement valable pour les femmes qui sont

victimes d’inégalités, c’est valable aussi pour ceux et celles qui sont victimes de discrimination

dans l’espace public ou dans l’espace politique et ce ne sont pas que les femmes. Mais en

l’occurrence pour les femmes, quelques chiffres : évidemment il y a les inégalités de salaire, à

travail égal, il n’y a pas salaire égal, il y a même 25% de différence. Il y a évidemment l’inégalité

dans le partage des tâches domestiques : aujourd’hui les tâches domestiques se concentrent pour

l’essentiel, à 80%, sur les femmes et à 20% sur les hommes. Et en plus, les hommes font pour

l’essentiel les courses, ce qui est quand même pas la tâche la plus difficile. Il y a 75000 viols par

an en France, les violences faites aux femmes augmentent, les violences domestiques mais aussi

l’image, la représentation de la femme dans la publicité, dans la vie… On voit qu’il y a une

dégradation, une dégradation qui est liée à la crise, au moment où…

AH: Seulement à la crise ?

21

BH: En partie à la crise et quand il y a une situation d’exposition, de souffrance, d’épreuve, ce

sont souvent les personnes les plus vulnérables qui sont les premières victimes de la crise et on

l’a vu avec le sujet des retraites, on le voit avec la question du temps partiel, on voit la précarité au

travail : ce sont les femmes qui sont les premières victimes des inégalités. La question est

désormais posée aux politiques : comment une fois qu’on a dit tout ça - ce que tous les

responsables politiques disent et la main sur le cœur vous disent, ‘c’est horrible toutes ces

inégalités !’ - comment est-ce qu’on fait pour passer des droits théoriques aux droits effectifs ? Et

nous, nous considérons que dans l’espace économique et dans les entreprises, outre le

diagnostique qui doit être fait des inégalités, il faut avoir des moyens incitatifs et des pénalités, le

cas échéant, pour que les entreprises permettent le rattrapage du salaire des femmes sur le

salaire des hommes. S’il n’y a pas ce rattrapage, il y aura pénalité, s’il y a rattrapage, il y aura

incitation.

AH: Vous envisagez des pénalités pour le travail partiel imposé. Mais pour le rattrapage salarial,

comment… ?

BH: Ben, nous sommes favorables à l’augmentation des salaires et à l’intérieur de l’augmentation

des salaires…

AH: Mais les hommes aussi veulent des augmentations !

BH: Mais bien sûr, moi je ne suis pas pour qu’on arrête, on bloque le salaire des hommes et que

les salaires des femmes augmentent seuls. L’objectif c’est qu’il y ait une augmentation des

salaires, mais à partir de ce diagnostique qui sera fait, branche par branche, entreprise par

entreprise, de la situation des salariés, et bien qu’on puisse avoir un programme, un plan sur

plusieurs années de rattrapage du salaire des femmes par rappport au salaire des hommes. C’est

inacceptable aujourd’hui que ces différences subsistent. Il y a deux types, d’un mot, il y a deux

types d’inégalités qui sont insupportables : outre que les femmes prennent moins de

responsabilités dans l’espace politique, elles en prennent moins aussi à la tête des entreprises, on

le voit pour le CAC40, les conseils d’administration ou le management des entreprises, mais dans

ce management, quand elles atteignent des postes de direction, vous observerez qu’on les

confine en quelque sorte aux postes de communication, de ressources humaines ; par contre pour

les directions dures, sérieuses, les finances, la stratégie etc, ce sont des fonctions d’hommes.

AH: Ça bouge ça quand même.

BH: Oui ben alors, ça bouge, vous trouverez toujours quelques héroines pour dire que ça bouge

et pour vanter qu’il y en a quand même quelquesunes qui échappent à ce que sont les Fourches

Caudines aujourd’hui d’un système qui est un système qui sélectionne les hommes ou coopte les

hommes parce que c’est un système à la tête de ces entreprises, pour l’essentiel, de cooptation.

22

AH: Alors c’est vrai aussi pour la politique. Comment vous entendez susciter la vocation politique

chez les femmes parce que, finalement, elles baissent les bras ?

BH: Ah mais les vocations elles existent, le problème c’est qu’il n’y a pas de renouvellement

suffisant des mandats. La première mesure à prendre c’est le non cumul des mandats. Ce que le

parti socialiste a décidé pour lui-même et qu’il appliquera par la loi : l’impossibilité de cumuler un

mandat de député, de parlementaire avec un exécutif. En évitant le cumul des mandats, on libère

déjà des postes et ensuite ce que, nous, nous disons pour les prochaines élections législatives

c’est qu’il devrait y avoir obligation à ce qu’il y ait la parité dans les candidatures, sinon il n’y aura

aucun financement public des partis ; c’est-à-dire que la pénalité sera suffisamment forte pour

qu’aucun parti ne trouve finalement le deal plus avantageux qui consiste à payer la pénalité plutôt

que d’assurer la parité.

AH: Oui mais vous connaissez le problème de la parité, c’est qu’il peut y avoir parité de

candidatures mais dans les circonscriptions non éligibles, je veux dire, on a déjà vu ça.

BH: Oui mais c’est pour ça qu’un des meilleurs moyens de garantir qu’il y aura aussi des

circonscriptions éligibles nouvelles, ouvertes aux femmes c’est de faire en sorte qu’on évite que

ce soit toujours les sortants qui se représentent , qui sont essentiellement des hommes et qu’on

ouvre des postes de députés sortants à des femmes candidates. Nous, on a un système : dès

qu’un sortant ne se représente plus, c’est une femme qui est candidate à sa place. Voilà une des

mesures qu’on a prises et qui permettra ce renouvellement. L’objectif est d’approcher le plus

possible la parité aussi à l’intérieur de la représentation nationale.

AH: Il y a du travail.

BH: Ah oui, je n’ai jamais pensé que dans ce domaine là c’était facile, je pense même que les

stéréotypes…

AH: Il faut combien de générations ?

BH: Ah j’espère le moins possible. En tout cas ce qui est important, c’est de reprendre la marche

de l’émancipation des femmes. Ce n’est pas une question qui est derrière nous, c’est une

question qui est encore devant nous. Et quand on voit ce qui se passe de l’autre côté de la

Méditerrannée, c’est bien de voir que les femmes sont au cœur des mobilisations dans les

révolutions arabes, c’est bien de se souvenir que celles qui perdent des droits aujourd’hui sont

celles qui habitent chez nous, en France.

AH: Elles étaient aussi au cœur de la mobilisation en Iran.

23

BH: Oui, elles étaient aussi au cœur de la mobilisation sur les retraites en France parce qu’elles

sont les premières victimes d’une réforme qui, par le fait de repousser l’âge légal de départ à taux

plein de 65 à 67 ans, va les pénaliser sur le niveau de pension. Dans toutes les mobilisations

sociales ou mobilisations démocratiques, ce n’est pas un hasard : vous trouvez aujourd’hui des

femmes.

AH: Merci Benoit Hamon d’être venu à Aufeminin.TV.

BH: Merci à vous http://www.youtube.com/watch?v=h9eoUpgvLjk (accessed 25/10/2012)

24

Entretien Anita Hausser & Eva Joly (AufemininTV)

Eva Joly was the candidate of EELV, the

French green party, at the 2012

presidential elections. She has been a

Member of European Parliament since

June 2009. She wrote several books

including one on her experiences as an

anti-corruption judge and a politician entitled La Force qui nous manque: Petit traité d’énergie et

d’orgueil féminin (The strength we lack: a short treatise on feminine energy and pride).5 This

interview took place during the presidential election campaign in April 2012.

Hommes / Femmes : Comment combattre les stéréotypes ?

EV: Il n’y a pas le gène du rose, on n’est pas née petite fille destinée à avoir des Hello Kitty roses.

On ne se rend pas compte combien nous portons nous-même les stéréotypes et en éduquant les

filles uniquement à jouer aux jeux des filles et ne pas exercer les sports violents par exemple, on

transmet aussi les stéréotypes donc dans la lutte contre les stéréotypes : faire du judo, faire du

karaté…

AH: De la boxe ?

EV: La boxe, c’est très bon. Dans ma vie j’ai beaucoup rencontré de lycéens et je me souviens

une fois à Oslo dans une classe de français où j’intervenais, je demandais au [sic] trentaine de

filles qui étaient là : « Mais quels sont vos projets d’avenir ? » Il y avait aucun projet scientifique,

c’était tous des projets sociaux : enseignants [sic], ou assistante sociale ou elles se voyaient

vraiment dans des métiers du ‘prendre soin de’ et non pas comme ingéneiur en charge de

développement.

Quelle mesure prendriez-vous concernant « l’égalité salariale » ?

EV: C’est insupportable. Aujourd’hui l’écart de salaire entre les hommes et les femmes est de

27%, c’est-à-dire que les femmes à compétences égales sont moins bien payées que les 5 Joly, Eva in collaboration with Judith Perrignon, La Force qui nous manque. Petit traité d'énergie et d'orgueil féminin (Paris : éds Les Arènes, 2007)

25

hommes. Et cela est une violation des textes, c’est une violation de nos principes d’égalité et moi

je propose dans mon programme de supprimer toute forme d’aide publique aux entreprises qui ne

respectent pas l’égalité des salaires.

Les femmes sont les premières concernées par les CDD…

EV: Cela crée une précarité insupportable et financée en partie par les finances publiques donc il

fait y mettre fin. Il faut arrêter de subventionner la précarité et limiter les exonérations aux contrats

qui sont au moins de 30 heures par semaine.

Que proposez-vous pour lutter contre les violences conjugales ?

EV: Que faire contre la violence conjugale ? Avoir des structures d’accueil, c’est un minimum. En

France, nous n’avons que 1700 places d’accueil pour les femmes battues, c’est absolument

insuffisant et dans mon programme je propose de doubler dans un premier temps le nombre de

places et surtout maintenir et mettre en place de nouvelles subventions pour les associations qui

sont responsables de ces structures. Mais vous voyez bien que cela ne suffit pas : il faut vraiment

s’interroger sur cette violence culturelle. Comment ça se fait que du nord au sud, les hommes

battent leurs femmes ? Et là, encore, je pense qu’une partie de la réponse, elle est dans les

stéréotypes.

Eva Joly, pourquoi êtes-vous passée des lunettes rouges aux lunettes vertes ?

EV: Alors, j’en avais un peu marre tout simplement de mes lunettes rouges et puis surtout

depuis… 20 ans, je change de lunettes à des moments-clés de ma vie. Et j’ai trouvé que la

rentrée dans la campagne officielle, je devais la marquer.

Et après la campagne, de quelle couleur seront-elles ?

EV: Je reviendrai peut-être sur des lunettes écaille, plus discrètes.

Un message pour nos internautes d’aufeminin ?

EV: Chères grand-mères, chères mères, vous qui avez charge de l’éducation, charge de la santé

de vos enfants, pensez à l’avenir de la planète et pensez qu’il n’y a que moi qui représente

l’écologie aujourd’hui en France. On ne vote pas pour la planète, on vote pour Eva Joly.

http://www.youtube.com/watch?v=ApLdGwHJIEs&feature=plcp (accessed 07.11.2012)

26

Entretien Anita Hausser & Catherine Lemorton (AufemininTV)

In 2007, thanks to parity, Catherine

Lemorton was selected by the Socialist

Party to run in the general elections to

represent Toulouse, the fourth bigggest

cities in France. The seat was deemed

unwinnable in this traditionally

conservative area. Lemorton was elected députée (member of the Lower House) nonetheless and

re-elected in June 2012. This interview took place in November 2011.

AH: Catherine Lemorton, bonjour.

CL: Bonjour.

AH: Merci d’être venue à AufemininTV. Vous êtes députée socialiste de Haute-Garonne, élue

depuis 2007 et élue à la faveur de la parité.

CL: Et oui, ma circonscription qui est la circonscription du centre-ville de Toulouse était réservée à

une femme et donc c’était quand même un challenge à relever. Et donc une fois élue je me suis

dit dans ma tête il faut…

AH: Au départ on ne pensait pas que vous seriez élue.

CL: Non, contre le maire de Toulouse ça paraissait peu probable… Bon, voilà. Tout arrive, rien

n’est impossible.

AH: Et tout est possible.

CL: Tout est possible. Et une fois élue, je me dis : ‘bon tu es là par… tu es là grâce à la parité. Ça

veut dire qu’a priori tu as pris la place à un homme qui pensait l’être par son parcours militant, etc,

etc. Et je me dis: ‘Si tu apparais comme celle qui profite de la parité sans rien faire, c’est-à-dire

juste venir lever le doigt pour dire oui ou non, au fond, je vais pas défendre la cause des femmes.’

Ça va être encore quelque chose de très artificiel cette parité, c’est ‘on met des femmes, parce

27

qu’il faut mettre des femmes’. Bon, et donc je me suis lancée dans ce mandat en me disant : ‘Il

faut qu'à aucun moment on ne dise, on l'a mise grâce à la parité mais il aurait mieux fallu un

homme parce qu’il aurait fait mieux,’ voilà. Et j'espère avoir gagné ce pari.

AH: Et ce n’est pas le cas de toutes vos collègues, c’est ce que vous sous-entendez.

CL: Ah oui, alors on va trouver que j’ai sans doute un langage très sévère, mais les femmes qui

sont là grâce à la parité, ben j’veux dire il faut qu’elles en remontent parce que les hommes ne

nous font pas de cadeaux dans tous les milieux que ce soit, mais particulièrement en politique

donc je crois que quand on y est, il faut montrer ce qu’on vaut. Parce qu’on vaut aussi bien qu’eux

mais il faut le montrer.

AH: Alors vous militez pour quoi ? Pour le mandat unique ?

CL: Oui, que je me suis appliqué.

AH: Pour le moment.

CL: Que je m’appliquerai.

AH: Vous avez le temps de changer d’avis.

CL: Non, parce que j’ai eu d’autres occasions où je pouvais montrer que finalement je pouvais

cumuler. En ayant battu le maire de Toulouse avec près de 55% des voix, huit mois après, à la

mairie, beaucoup me poussaient à partir à la mairie. J’ai dit ‘non, je me suis engagée sur le non-

cumul’. Il y a bientôt deux ans, Martin Malvy, qui est un ami, m’avait demandé d’être sur la liste

des régionales ; à trois reprises il va m’aborder pour me dire ‘J’aimerais que tu sois avec moi sur

la liste.’ Je vais dire non, donc je veux dire que quand on dit non à deux occasions comme ça, il

n’y a aucune raison d’aller se trahir dans les années qui viennent.

AH: Et vous vous représenterez en 2012 ?

CL: Oui, je me représenterai en 2012, enfin j’émets des réserves. Quand j’émets des réserves,

c’est-à-dire que j’ai un programme à porter, j’ai des propositions à porter pour les Français, des

propositions décidées collectivement avec mon parti ... J’ai une ou deux choses que j’aimerais voir

marquées qui sont en débat actuellement, donc je ne vais pas aujourd’hui en parler, mais il y a un

ou deux points sur la santé notamment que j’aimerais voir marqués. Si ça n’est pas marqué,

28

j’insisterai pour que ça le soit: je ne présenterai pas n’importe quel programme pour être élue,

pour être ré-élue, voilà.

AH: Vous vous battez, vous faites partie des commissions du parti pour que ces points-là

fassent… figurent…dans le programme ?

CL: Oui, je me suis déjà clairement exprimée. Il y a une phrase que je veux voir marquée, voilà, et

qui parlerait aux Français et j’espère qu’on est sur la bonne voie, qu’on va la marquer cette

phrase.

AH: Vous avez un candidat favori pour la présidentielle ?

CL: Non, j’ai pas de candidat favori. Aujoud’hui j’avais… au congrès de Reims, le fameux congrès

de Reims qui avait fait la une pendant des semaines et des semaines, j’avais choisi Martine

Aubry. Je m'étais rangée derrière Martine Aubry, je l'avais défendue. Elle est maintenant première

secrétaire donc pour moi la légitimité, c'est Martine Aubry, voilà. C’est pas plus compliqué que ça.

Maintenant si Martine prenait la décision de ne pas se présenter et que ce soit d’autres candidats,

enfin du moins que ce soit d’autres candidats sans elle, ben là je reverrais peut-être mon

jugement, j’en sais rien, je peux pas dire.

AH: Vous trouvez que le système des primaires n’est pas un bon système ?

CL: J'avais espéré un système des primaires ouvert à toute la gauche, au sens où tous les partis

de gauche, tous nos partenaires "naturels" même si peut-être l’adjectif n’est pas bon ...tous nos

partenaires amenés à travailler avec nous, je pensais que ce serait une primaire qui

rassemblerait, qui donnerait de la dynamique à un ou une candidate de gauche, d'une gauche

réunie. Bon, j'ai l'impression que ça va être un débat entre socialistes... même si après j’appelle le

plus grand nombre de sympathisants de gauche à venir désigner notre candidate ou notre

candidat, c’était pas tout-à-fait ces primaires-là que j’attendais, voilà.

AH: Jean-Luc Mélenchon, comment le jugez-vous ?

CL: Jean-Luc… je suis assez sévère avec Jean-Luc parce que, d’abord il avait le droit de quitter

le parti socialiste. Moi j’ai cette éthique-là : je pourrais demain ne pas être d’accord avec le parti

socialiste, comme il ne l’a pas été, mais à ce moment-là, on n’est pas d’accord avec le parti

socialiste, on rend la carte, mais on rend le mandat qui va avec. Parce que je veux bien que, les

uns et les autres, on ait des charismes extraordinaires…

29

AH: Il a fini par le rendre quand même.

CL: Oui il est quand même allé jusqu’au bout, jusqu’à temps qu’il y en ait un autre qui arrive sous

une autre étiquette. Moi je pense qu’on a, je le dis, on a peut-être tous des charismes

extraordinaires, mais enfin il ne faut pas oublier que si on a été élu, en grande partie, c’est parce

que sur nos affiches électorales, nous avions le poing et la rose , enfin en tout cas c’est comme ça

que je le lis et que, abondonner le parti qui vous a mis à cette place-là, c’est qu’à ce moment-là

vous portiez quand même les idées de ce parti-là et vous n’avez pas le droit, ne serait-ce que

pour les militants qui vous ont soutenu pour être candidat ou candidate, rien que par respect pour

les militants vous n’avez le droit de garder à la fois le mandat et laisser la carte.

AH: Il vous fait mal ? Il fait mal au PS ?

CL: Moi, il me fait pas mal parce que je n’écoute pas ce qu’il dit.

AH: Non, je veux dire au parti socialiste.

CL: Ce qui fait mal au parti socialiste, on verra, je peux pas le dire aujourd’hui. Aujourd’hui, il fait

du clash, Jean-Luc a envie qu’on parle de lui, très bien, ben disons n’importe quoi et parlons de

lui… J’ai pas dit qu’il disait que des bêtises, mais bon là, on est dans la politique spectacle, pour

l’instant Jean-Luc, il est là-dedans, dont acte. Mais à un moment donné il faudra qu’il se mette et

qu’il prenne conscience des responsabilités qu’il a à prendre vis-à-vis d’une ré-élection de Nicolas

Sarkozy, voilà la question fondamentale.

AH: Merci.

CL: Merci.

AH: Merci d’être venue à Aufeminin.TV.

http://www.youtube.com/watch?v=CO2shk8XM8s&feature=relmfu (accessed 01.11.2012)

30

Entretien Anita Hausser & Marine Le Pen (AufemininTV)

Marine Le Pen has been the president of

the FN, an extreme right party, since she

was elected by party members to

succeed her father in January 2011. She

is a Member of European Parliament

since July 2004. She ran in the

presidential elections in 2012.This interview took place during the presidential elections campaign

in April 2012.

.

Que vous évoque le terme « égalité salariale » ?

MLP: Ça, pour le coup, vous voyez, c’est vraiment un scandale qui perdure d’une manière

incompréhensible. Parce qu’à diplôme égal, qu’à compétences égales, qu’une femme touche le

même salaire qu’un homme, là pour le coup, ça paraît quand même une évidence et le fait qu’on

soit pas encore arrivé à cette situation est juste inadmissible. Alors comme on ne peut pas

manifestement compter sur la bonne volonté des entreprises pour le faire, bien il va falloir

effectivement que l’état s’en préoccupe et mette en place des sanctions et en commençant, il faut

bien le dire, par les très grosses entreprises parce que celles-là n’ont absolument aucune raison

de ne pas respecter cette égalité salariale.

Est-ce qu’être mère est un handicap pour faire carrière ?

MLP: Je pense que c’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles il y a un différentiel salarial

entre les femmes et les hommes, parce que les hommes ont beaucoup plus de facilités à s’investir

- y compris en heures supplémentaires, y compris en présence dans l’entreprise - que les femmes

et au bout d’un moment et bien ils obtiennent des gratifications du fait de leur investissement dans

l’entreprise que les femmes ne peuvent pas obtenir parce qu’elles sont tenues, elles, justement

par les modes de garde des enfants. Donc moi j’ai proposé une loi SRU pour les crèches parce

que, il y a toute une série de départements dans lesquels le nombre de places de crèche est

absolument dérisoire, notamment, et ça c’est très important que les femmes puissent avoir des

places de crèche pour pouvoir travailler si elles le veulent et des crèches qui soient le plus flexible

possible pour s’adapter à leur capacité de… leurs obligations professionnelles, oui, ça je crois que

c’est important. Et parallèlement, parce que je défends le choix moi, le moyen de progrès pour les

femmes aujourd’hui c’est qu’on leur redonne des choix qu’en réalité aujourd’hui elles n’ont plus. Et

31

l’autre partie de ma politique c’est la mise en place d’un salaire parental. Donc je sais très bien

que probablement ce sont les femmes qui voudront en bénéficier le plus, parce que justement

elles sont embauchées souvent dans des conditions qui sont justes inadmissibles

AH: Ça va être difficile au moment de la retraite.

MLP: Non, justement l’intérêt de ce salaire parental c’est que ce salaire va comporter un droit à la

retraite avec des cotisations de retraite, donc ce sera 80% du SMIC pendant un certain nombre

d’années en fonction du nombre d’enfants qu’elles voudraient avoir, pour se concentrer sur

l’éducation de leurs enfants avec un statut, avec justement une… des cotisations pour la retraite.

Je crois que c’est vraiment quelque chose qui permet aux femmes d’avoir le choix soit de

travailler si elles le veulent, soit de ne pas travailler si elles ne le veulent pas.

Vous avez dit « IVG de confort » ?!

MLP: Aujourd’hui un certain nombre de femmes utilisent l’avortement comme un moyen de

contraception, c’est-à-dire qu’il y a deux, trois, quatre avortements de suite et ça c’est pas

admissible, enfin je veux dire la société ne peut pas accepter ça et elle peut pas accepter de le

prendre en charge.

AH: Il y en a vraiment beaucoup ?

MLP: Oui il y en 2 sur 10, en 10 ans… avant il y avait une femme sur dix qui était dans ce cas-là,

aujourd’hui il y a deux femmes sur dix. Il y a une sorte de banalisation qu’on ne peut pas

admettre. En revanche, il faut faciliciter effectivement l’accès à la contraception… d’amont j’allais

dire, en amont.

Qui s’occupe de vos enfants pendant que vous êtes en campagne ?

MLP: J’ai une nounou qui s’occupe de mes enfants, ça représente une part importante de mon

budget et puis quand je ne suis pas là le soir, j’ai ma maman, je suis comme tout le monde, je

mets maman à contribution pour garder les enfants.

AH: Et tout se passe bien ?

MLP: Et tout se passe bien, oui, enfin tout se passe bien…

32

AH: Ils vous reprochent pas de pas être là ?

MLP: Si ça leur arrive mais ce sont des préados alors tout se passe bien comme des préados,

quoi, ils ont toutes les difficultés qu’ils connaissent tous et qu’on connaît toutes avec des jeunes

filles et des jeunes garçons qu’on essaie d’élever le plus droit possible dans une société dont il

faut admettre qu’elle est quand même très permissive et qu’elle voit se multiplier les dangers pour

nos enfants quoi.

AH: Vous imagineriez quitter la politique si un de vos enfants avait des problèmes ?

MLP: Oui, oui sans aucune difficulté, oui, c’est peut-être même LE cas qui me ferait quitter la

politique

http://www.youtube.com/watch?v=IBvasfvwLaE&feature=relmfu (accessed 07.11.2012)

33

Entretien Anita Hausser & Marie-Anne Montchamp (AufemininTV)

Marie-Anne Montchamps is a member of

the UMP, the party in power at the time of

this interview. She was a Junior Minister in

charge of Disability from March 2004 until

May 2005. She was a Junior Minister in

charge of Solidarities and Social Cohesion

from November 2010 until May 2012. She was elected députée (member of the Lower House) in

June 2002 and October 2005. She gave up her seat each time to focus on her ministerial portfolio

(April 2004 and December 2010). This intervew took place in October 2011.

AH: Bonjour, Marie-Anne Montchamp.

MAM: Bonjour.

AH: Merci d'être venue. Vous êtes Secrétaire d'État aux Solidarités et à la Cohésion sociale. Les

femmes font partie… sont intégrées dans ces solidarités, il n'y a plus de ministère de Droits de la

femme. Tout le monde le réclame pourtant.

MAM: C'est vrai. La question des femmes reste un sujet évidemment tout à fait central pour notre

cohésion sociale. Mais le choix qui a été fait par ce gouvernement, cela a été précisément de

permettre à ce sujet de fonctionner avec la question de la famille, avec la question de la

dépendance, avec la question de l'exclusion...

AH: Moyennant quoi le sujet est un peu noyé dans la masse.

MAM: Oui, mais c'est au profit d'une action transversale. Et avec Roselyne Bachelot qui, comme

vous le savez, est ma ministre de tutelle, nous n'avons été jamais aussi investies, l'une comme

l'autre d’ailleurs, sur cette question-là. D'abord pour s'élever contre les violences faites aux

femmes, pour soutenir les associations qui les accompagnent au quotidien et qui leur permettent

de redémarrer dans la vie avec ce courage immense qui consiste à s'arracher à sa famille

maltraitante, pour prendre la décision d'un envol personnel, ce qui est absolument indispensable.

Mais aussi pour soutenir les familles monoparentales. Moi, c'est un point auquel je me consacre

particulièrement parce trop de femmes aujourd'hui vivent dans des situations de trop grande

précarité alors qu'elles élèvent seules un enfant ou plusieurs enfants.

34

AH: C'est un autre aspect que je voudrais voir avec vous. C'est la place des femmes en politique,

dans la société. Il y a une proposition de loi qui a été adoptée pour qu’il y ait, d'ici quelques

années, 40% de femmes enfin qu’il y ait 40% de personnes de sexe opposé dans un conseil

d'administration. Il y a très peu de femmes dans les directions administratives, leur nombre a

baissé au gouvernement. Vous y êtes entrée mais enfin vous n'êtes plus que 30% alors que vous

étiez 40 au début du quinquennat. Peu de candidates aux cantonales. Qu'est-ce qui ne va pas ?

MAM: Je crois qu'on n'a pas inversé fondamentalement les processus. Les femmes sont happées

dans des contraintes familiales de manière très pesante. Très tôt. Et pendant longtemps, pendant

environ 10 ans dans leur vie... Dans ma famille politique qui est l'UMP, les femmes sont assez peu

présentes dans les activités syndicales. Elles sont très présentes dans les activités associatives.

Mais du coup elles émergent peut-être moins. Et puis c’est vrai que le monde politique est un

monde où il y a une prise de risques particulière pour les femmes où elles sont exposées :

exposées dans les relations du quotidien, exposées dans leur image. Et, qu’au moment des

investitures, et bien, à la fois le phénomène numérique que j'évoquais en premier lieu et

deuxièmement, ces modes de comportements qui sont parfois assez brutaux, faut-il le rappeler,

font qu'il n'y a pas beaucoup de femmes qui ont envie de s'exposer comme ça, dans des

campagnes qui sont des campagnes électorales difficiles.

AH: Vous parlez de s'exposer. Vous faites allusion au plafond de verre.

MAM: C'est ça et puis à ces méthodes de travail. Vous savez, je pense qu'on n'a pas pris le

temps de valoriser suffisamment l'apport du genre dans la vie politique et dans la vie ordinaire. On

a souvent raisonné en antagonisme. Laissant entendre que les femmes pouvaient être dans

certains cas plus efficaces, plus vertueuses. Ce n'est pas comme ça qu'il faut voir les choses. Il

faut si je puis dire masculiniser le débat. Il faut regarder de manière très froide ce que les femmes

apportent de particulier, ce qu'est la compétence féminine. Et on observe dans ce cas-là que cela

vient étrangement et utilement compléter la compétence masculine pour ce qu'elle est.

AH: Masculiniser le débat ou féminiser la société ?

MAM: Cela revient à ce résultat-là. Si vous voulez, je ne crois pas qu'il faille se placer sur une

posture morale, du genre c'est bien ou c'est mal. Si je prends par exemple une femme médecin,

qu'est-ce qu’elle apporte de commun et qu'est-ce qu’elle apporte de spécifique par rapport à ce

que son confrère pourra apporter ?

35

AH: Ça dépend des circonstances.

MAM: Cela dépend dans quelles circonstances et cela dépend de la manière. Vous savez, moi j'ai

le souvenir, quand j'étais dans une mairie et que je mariais des gens, du regard de la belle-mère

qui voyait arriver, effectivement, le maire pour marier son fils bien-aimé et qui constatait que le

maire était une, je cite, mairesse. Il y avait toujours une petite décote dans le regard. Comme si la

femme apportait, avec sa compétence particulière, quelque chose d'un peu moins puissant, d'un

peu moins fort, d'un peu moins institutionnel. Après, tout le monde était très content parce qu’en

animant la cérémonie, on arrivait à créer une empathie, un lien et donc du coup à compenser cet

effet. Mais en première intention, on continue d'avoir un référentiel commun qui, effectivement,

tend à décoter la compétence féminine.

AH: Je vous entends bien. Mais est-ce que vous ne pensez pas à quelques mesures spécifiques

qui pourraient quand même un peu recadrer les choses parce qu’on est dans les bonnes

intentions, on vient de fêter le Jour de la Femme, alors on dit olala il faut plus de femmes ici, il faut

plus de femmes là, on fait pas assez ceci, pas assez cela…

MAM: Ça peut ne pas suffire.

AH: Les réunions après 18h ?

MAM: C’est vrai que c'est une des grosses caractéristiques des organisations masculines. Nous,

on est plutôt du matin. Ou en tout cas, on a un mode d'organisation dans le temps qui fait que,

effectivement, on arrive à optimiser le temps de travail. C’est vrai que nous obliger à des horaires

extensifs pour des résultats que nous apprécions les unes et les autres comme assez médiocres,

c'est quelque chose qui ne supporte pas l'arbitrage que nous, les femmes, nous faisons. C'est

pour ça qu'il faut suggérer des pratiques plus contemporaines, plus modernes qui plairont de toute

façon pas plus mal à tout le monde. Il faut partager les tâches. Il faut soutenir le caractère

indispensable de la compétence féminine.

AH: Vous l’avez suggéré au Premier ministre ?

MAM: Oh ben écoutez on ne perd pas une bonne occasion, Roselyne et moi, pour le rappeler à

nos petits camarades, on essaye de le faire sur un mode plaisant jusqu'à ce que nous disions les

choses de manière un peu plus… un peu plus ferme . Mais ça vient doucement.

AH: Merci, Marie-Anne Montchamp d’être venue à Aufeminin.TV.

36

MAM: Merci à vous.

http://www.youtube.com/watch?v=IrCn27lC414&feature=plcp (accessed 07.11.2012)

37

Interview Daniel Schick – Fleur Pellerin Fleur Pellerin is a member of the Socialist Party.

She is a Junior Minister in charge of small and

medium-sized businesses, as well as the digital

economy since May 2012. She has never run for

office but has been involved in politics since 2002.

This interview took place on radio channel Europe

1 on 23 July 2012.

Part 1 DS: Bonjour Fleur Pellerin.

FP: Bonjour Daniel.

DS: Ministre déléguée chargée des PME, de l’innovation et de l’économie numérique. Savez-vous

vraiment pourquoi vous avez été choisie ? Parce que vous êtes une belle femme issue de la

diversité ? Parce que vous appartenez à une minorité peu visible ? Que vous êtes la preuve de ce

qu’est une adoption réussie ? Que vous êtes un signal fort donné aux marchés asiatiques ? Peut-

être parce que aussi vous êtes compétente ? Est-ce que vous le savez vraiment ?

FP: Ça commence très, très mal, hein ! J’ose espérer que le président de la République m’a fait

l’honneur, et le premier ministre m’ont fait l’honneur de me nommer parce que j’avais certaines

compétences à faire valoir et que j’avais ue un engagement fort, interessé peut-être un petit peu

pendant la campagne présidentielle, mais voilà donc j’espère que c’est plutôt pour les dernières

raisons la dernière raison et non pas pour toutes celles que vous avez énoncées avant.

DS: Est-ce que vous tapez régulièrement votre nom sur les moteurs de recherche pour savoir ce

que l’on dit de vous ?

FP: J’avoue, ouais, ça m’arrive.

DS: Et là vous devez être choquée parce que c’est épouvantable ce qu’on dit sur vous.

FP: Euh je surveille pour voir ce qui se dit, pour voir s’il n’y a pas des choses qui sont vraiment

très très à côté de la plaque…

38

DS: Non, mais en fait c’est pas vrai on ne dit rien d’épouvantable on s’intéresse à quel est

l’homme de votre vie…

FP: Non, pas trop. Oui c’est vrai, j’ai vu ça, j’ai vu ça : ‘Fleur Pellerin mari’, c’est ça? J’ai vu, ça

m’a fait beaucoup rire.

DS: M. Pellerin qui n’existe pas parce que c’est votre nom à vous, Fleur.

FP: Oui c’est mon nom de jeune fille.

DS: Il serait journaliste votre homme.

FP: Oui.

DS: Vous trouveriez normal qu’on lui demande de quitter ses fonctions parce que sa femme est

au gouvernement ?

FP: S’il était journaliste musique par exemple, ou littérature, oui, ça me choquerait oui. S’il était

journaliste politique, non, ça me choquerait un peu moins.

DS: Vous formez avec le père de votre enfant, avec votre époux, un couple entre guillemets

‘mixte’. Est-ce que vous avez été victime du regard des autres ?

FP: Mixte, c’est-à-dire hétérosexuel ?

DS: Ha ha ha provocation !

FP: Non, je rigole. Moi je ne me ressens pas comme issue de la diversité ou représentant une

minorité visible / invisible ou autre parce que je me perçois beaucoup trop comme française même

physiquement, j’allais dire, donc ce n’est pas vraiment un sujet… je ne me sens pas représenter

une communauté mais c’est parce que… c’est en raison de mon histoire personnelle aussi. Mais

maintenant je comprends et je l’ai vraiment vécu que je puisse représenter aux yeux de personnes

qui sont d’origine asiatique effectivement un symbole et je l’accepte bien volontiers.

DS: Votre histoire personnelle c’est que vous avez été abandonnée en Corée du Sud mais enfin

tout de suite adoptée par un couple français. Vous n’êtes jamais retournée en Corée.

39

FP: Jamais.

DS: Pourquoi ?

FP: Parce que je n’en ai pas eu l’occasion en fait.

DS: Mais je sens que vous allez la trouver parce que quand pour les affaires ça serait pas mal

qu’un membre du gouvernement aille là-bas.

FP: Mais oui, mais oui, ça y est, ça y est, je suis invitée là.

DS: D’autant que vous êtes une icône en Corée du Sud, vous savez ça ?

FP: Oui, je sais, je sais.

DS: Donc vous allez y aller pour affaires, pas par nostalgie?

FP: Voilà, pour essayer de faire signer des contrats, voilà, d’essayer d’exporter les entreprises

françaises.

DS: Ecoutez, je pense que ce qui s’est passé le 6 juillet ne vous a pas échappé, le 6 juillet dernier.

« Grosse panne sur le réseau Orange… Oui, c’est l’information de cette soirée : le réseua de

téléphonie mobile est concerné. Ça dure depuis le mileu de l’après-midi… » C’est la première

crise, Fleur Pellerin, à laquelle vous avez eu à faire, le grand bug d’Orange, d’accord ?

FP: Oui.

DS: Donc évidemment vous avez fait votre job : ‘Quelle horreur ! C’est monstrueux, je veux des

comptes !’ Vous avez con-vo-qué le patron d’Orange, mais en même temps est-ce que vous

pouvez faire quelque chose réellement ?

FP: Oui je pense qu’on peut inciter les opérateurs à prendre des mesures pour que, dans ce type

de situation, on ne mette pas 12 heures mais on mette un peu moins de temps à réparer la panne.

Ça ce sont des choses que l’état, actionnaire d’Orange en tout cas, peut faire oui.

DS: Fleur Pellerin, ce que ça a prouvé cet incident-là, c’est que ça peut paralyser le pays tout

entier.

40

FP: Oui.

DS: Et un terroriste peut se dire que pour attaquer la France, il suffit d’attaquer les serveurs d’un

certain nombre d’opérateurs téléphoniques. Est-ce que des mesures sont prises pour que ça ne

se passe pas ? La France, est-ce qu’elle est protégée de ça ? On n’en parle jamais.

FP: On n’en parle jamais parce qu’on va pas dévoiler les mesures qu’on met en place pour se

protéger, mais bien sûr c’est un enjeu de souveraineté au même titre que les grandes

infrastructures comme l’électricité, l’eau, etc. Donc évidemment il y a… l’état prévoit des mesures

de sauvegarde pour protéger les réseaux structurant contre les attaques terroristes, bien sûr.

DS: Vous êtes au pouvoir depuis quelques semaines seulement, qu’est-ce que vous avez appris

sur l’exercice du pouvoir ou sur les limites de l’exercice du pouvoir ?

FP: Je pense précisément à ce que vous venez de dire : on arrive dans un bureau, avec

énormément de responsabilités et des gens qui sont tout disposés à venir prendre des

instructions, mais il y a une pesanteur de l’administration, une difficulté à mobiliser les services

parfois pour aller dans le sens où on voudrait les faire aller que je connaissais mais de l’autre côté

de la barrière parce que j’ai controlé l’administration quand j’étais à la Cour des Comptes. Mais là,

effectivement, il y a quelque chose d’un peu surprenant dans le fait d’avoir autant de difficultés

parfois à mobiliser l’action publique autour d’un objectif qu’on s’est fixé. Vous êtes pris dans un

ensemble de contraintes qui sont à la fois… qui viennent de l’administration d’une part, qui

viennent aussi du travail gouvernemental parce qu’on nous… évidemment, il y a une solidarité des

décisions gouvernementales et par conséquent tout ce qui est un peu interministériel, donc qui

concerne plusieurs ministres, là, il y a…

DS: Ben ça vous oblige à vous taire ou à être prudente, c’est ça?

FP: Oui, il faut à chaque fois composer, il faut consulter, il faut… on n’est pas complètement libre

de ses mouvements.

DS: Est-ce qu’il faut jouer des coudes pour exister ? Est-ce d’ailleurs pour ça que vous êtes ici à

Europe 1 ?

FP: Oui, je pense que c’est le but, j’espère après être entrée dans le top cinq des personnalités

les plus populaires de ce gouvernement. Non, mais blague à part, c’est vrai que quand vous êtes

41

dans un gouvernement aux côtés de personnalités qui sont présentes dans le paysage depuis très

longtemps, qui ont une légitimité, qui ont une forte visibilité médiatique, c’est vrai que ça peut être

un peu difficile d’exister et de voilà… de s’incarner politiquement.

DS: Je peux voir… Où est votre portable ?

FP: Il est dans la loge…

DS: C’est-à-dire que vous ne l’avez pas toujours avec vous et toujours allumé ?

FP: Non, parce que là quand je discute avec vous, j’ai pas envie d’être dérangée.

DS: Vous êtes pas droguée ?

FP: Non… un peu.

DS: Nous recevons donc une femme droguée, et on vient de l’apprendre… C’est tout comme

drogue, avec le portable ?

FP: Oui, voilà j’allais le préciser

DS: A tout à l’heure, vers 18h30, si vous le voulez bien Fleur Pellerin…

FP: A tout à l’heure

Part 2 DS: Ministre déléguée chargée des PME, de l’innovation et de l’économie numérique, bonsoir

Fleur Pellerin.

FP: Bonsoir Daniel.

DS: Vos parent étaient très engagés à gauche, sont très convaincus. Est-ce que vous pouviez ne

pas être qui vous êtes devenue et est-ce que vous n’êtes pas devenue ce que vos parents

voulaient que vous soyez : une femme politique et en plus une femme au gouvernement à moins

de 40 ans?

42

FP: Euh… je suis pas trop déterministe donc je pense que… je pense que, oui, la façon dont on

est élevé par ses parents détermine un certain nombre de choses dans nos choix, etc. Mais je

pense qu’il y avait beaucoup d’autres choses que j’aurais pu être… Je suis quelqu’un de très

créatif par exemple, je pense que j’aurais pu être décoratrice d’intérieur ou faire de la poterie.

DS: Mais… vous avez bien… de la poterie ! Est-ce qu’on vous a dit ‘Il faut que tu travailles, que tu

travailles, que tu travailles’ parce qu’on ne verra que ta réussite professionnelle ?

FP: Mais mes parents viennent d’un milieu modeste et je pense que ma mère qui n’a pas fait

beaucoup d’études, qui n’a pas son bac, qui a dû arrêter de faire ses études assez jeune et

travailler pour subvenir aux besoins de sa famille avait vraiment dans la tête cette idée

d’ascension sociale et l’école était évidemment le moyen pour ses enfants de réussir, d’être

indépendante et d’être connue, donc ça je pense que c’était important.

DS: Vous venez de parler de votre mère.

FP: Oui.

DS: Elle a dû arrêter ses études pour travailler.

FP: Ouais, ouais.

DS: Est-ce qu’elle vous a dit : ‘Il faut que tu sois abreuvée de connaissances parce que ta liberté

sera à travers ce que tu sais ?’

FP: Absolument. Elle m’a dit ma liberté, mon indépendance, ma liberté d’esprit, ma liberté de

choix, était un peu à ce prix, oui, oui.

DS: Fleur, il n’est pas question de faire pleurer Causette puisque vous avez été abandonnée, oui,

mais adoptée et puis avez reçu énormément d’amour etc.

FP: Ouais, ouais.

DS: Mais même, quand on sait qu’on a été abandonnée, est-ce qu’on n’a pas toujours peur de

l’être ?

43

FP: Ecoutez je sais pas. Je me suis pas vraiment… J’en ai discuté entre temps avec.. depuis,

depuis …

DS: Avec 14 psys…

FP: Ouais non pas avec 14 psys, mais avec des… avec d’autres personnes qui ont été adoptées

et effectivement je pense qu’il y a des gens qui réagissent différemment. Moi, ça m’a pas du tout

perturbé dans ma construction.

DS: La ministre déléguée que vous êtes, nous a avoué qu’elle aurait pu faire de la poterie et moi

je dis que vous auriez pu être une immense chanteuse populaire.

FP: C’est vrai.

DS: Regardez ce texte.

FP: Ah oui.

DS: Il paraît que vous êtes la reine du karakoké, donc 2, 3…

FP: (sings) Je ne veux pas travailler, je ne veux pas déjeuner, je veux seulement l’oublier et puis

je fume… Pink Martini, c’est ma passion.

DS: Non mais Fleur Pellerin je n’arrive pas à croire alors que la France s’effondre, que le monde

va mal, vous acceptiez de chanter sur Europe 1 un extrait de Pink Martini.

FP: Ben il faut bien avoir des signaux un peu positifs parfois, je pense.

DS: Mais vous vous êtes amusée là à le faire, hein ?

FP: Ben ouais j’adore chanter.

DS: Vous n’auriez pas préféré être un homme ? Vous être très heureuse en tant que femme ?

FP: Ben oui, oui.

DS: Votre corps, votre esprit, tout vous satisfait ?

44

FP: Oui, oui, oui.

DS: Et être un homme 48 heures pour savoir ce que c’est que d’être aimé par une femme vous

aimeriez savoir ?

FP: Oui moi je suis très ouverte à toutes les expériences, donc ça serait tout-à-fait inédit, donc

évidemment je… oui si la possibilité m’était donnée avec la possibilité de revenir à l’état initial,

évidemment, oui, oui, ha ha.

DS: Vous savez que j’ai vu chez vous… parce qu’on prépare quand même beaucoup les

émissions donc avec les Renseignements Généraux on a des…

FP: Ouais.

DS: C’est vos amis les RG, non ? Vous les utilisez ?

FP: Ouais bien sûr, ouais je me suis renseignée sur vous d’ailleurs avant de venir.

DS: C’est pour ça que vous avez accepté l’invitation.

FP: Absolument.

DS: Donc j’ai vu qu’il y avait des toiles de maître chez vous, mais je ne suis pas sûr que ce soit

des originaux.

FP: C’est moi qui les ai faits.

DS: Vous copiez les maîtres que vous aimez ?

FP: Ouais, ouais, j’avoue.

DS: Au lieu d’acheter le poster ?

FP: Ben c’est quand même plus chic d’avoir une toile. Certaines personnes pensent que c’est un

original. Parfois je ne démens pas.

45

DS: Vous aimez beaucoup un peintre qui s’appelle Edouard Roper qui est un peintre immense

américain, qui peint des personnages qui sont enfermés dans la solitude, qui attendent dans le

vide que quelque chose se passe, qui sont perdus dans la vie mais pourquoi est-ce que vous

aimez ce peintre parce que les personnages peints n’ont rien à voir avec vous ?

FP: Ça m’émeut.

DS: Et ce qui vous émeut ce sont les gens perdus représentés par Roper ?

FP: Oui oui.

DS: Donc il doit y avoir quelque chose de vous de perdu.

FP: Sans doute.

DS: Mais en fait contrarié par l’hyperactivité dans laquelle vous êtes ?

FP: Sans doute, ouais, non mais j’aime bien… j’aime beaucoup sa peinture de la solitude mais de

même que j’aime bien la solitude chez Wong Kar Wai, par exemple, c’est quelque chose qui me

touche.

DS: Mais chez vous y a pas l’espace pour la solitude.

FP: Non c’est vrai, surtout en ce moment, je vous le confirme.

DS: Donc c’est un peu paradoxal.

FP: Peut-être.

DS: Parce que vous aimez ceux qui sont perdus dans la solitude et vous vous avez une vie

organisée depuis que vous êtes née et alors maintenant que vous êtes ministre, n’en parlons pas !

FP: Non, non, j’ai pas une vie organisée depuis que je suis née. J’ai eu une vie…

DS: Dissolue ?

46

FP: Non pas dissolue, tout de suite ! Mais beaucoup moins organisée. Là, maintenant, je ne peux

plus me permettre de ne pas être organisée, donc elle est très organisée donc effectivement je

suis toujours en contact avec beaucoup de gens et c’est vrai qu’il y a des moments où j’aimerais

un peu plus de solitude, c’est vrai.

DS: Madame la Ministre, voici pour vous cette porte, je ne vous dis pas de la prendre, mais elle

s’ouvre…

FP: J’espère bien.

DS: Et vient, de la nuit des temps, qui vous voulez : qui aimeriez-vous que ce soit là arrive devant

vous ? Que feriez-vous avec lui ou elle ?

FP: Alors je dirais Bach ou Mozart. Parce que je suis musicienne et j’ai toujours été fascinée par

l’un et l’autre dans des genres très différents et j’aimerais les voir travailler.

DS: Si c’est Mozart qui arrivait là, que feriez-vous ? Que lui montreriez-vous du monde

d’aujourd’hui pour qu’il comprenne où nous en sommes ?

FP: Je pense que je l’emmènerais à un concert de musique électro, déjà, pour lui faire un choc,

ha ha un choc culturel… C’est compliqué comme question… Je l’emmènerais… je pense que

j’aimerais bien l’emmener dans un musée d’art contemporain où pour lui montrer l’évolution de la

culture, l’évolution de l’art depuis sa mort parce que c’est une porte ouverte, une fenêtre ouverte

sur notre société, donc je pense que je ferais quelque chose comme de cette nature-là. Je

l’emmènerais au cinéma voir Amadeus, ha ha.

DS: Ha ha merci Fleur Pellerin d’être venue participer à ces deux entretiens sur Europe 1. J’ai

oublié de vous dire que les boutons de votre bustier ont sauté pendant l’entretien.

FP: Je vais me faire disputer par mon attaché(e) de presse.

DS: Mais, je vous signale qu’il n’y a pas de bouton à votre bustier.

FP: Non mais j’ai compris le sens général.

DS: Donc un homme dit n’importe quoi vous le croyez.

47

FP: J’ai compris le sens général de ce que vous vouliez dire.

DS: Et c’était quoi ?

FP: Rien. Joker. Ha ha ha.

DS: Merci encore Fleur Pellerin d’avoir participé avec tant d’humour et de sincérité à ce ping-pong

non dénué de second degré comme vous l’avez, bien entendu, remarqué. Et puis comme vous

aimez tant la musique, le piano, Mozar,t comme nous venons de le découvrir, et bien sachez

qu’une soirée Mozart a été imaginée par le festival international de la Roque d’Enterront, festival

talentueux et ecclectique, et bien le deux août c’est Jean-Claude Pennetier que vous écoutez en

ce moment-même qui interprètera Mozart… Demain nous nous retoruvons évidemment vers 17

heures 50 et 18 heures 30 avec un même invité pour deux entretiens bien distincts et demain

j’aurai le plaisir de recevoir Denis Podalydès, acteur de théâtre et de cinéma et metteur en scène.

A demain. D’ici là, ne soyez pas trop sages.

Part 1 http://www.europe1.fr/MediaCenter/Emissions/L-interview-de-Daniel-Schick/Videos/L-interview-de-

Daniel-Schick-Fleur-Pellerin-Partie-1-1178741/ (accessed 05.11.2012)

Part 2 http://www.europe1.fr/MediaCenter/Emissions/L-interview-de-Daniel-Schick/Videos/L-interview-de-Daniel-Schick-Fleur-Pellerin-Partie-2-1179551/ (accessed 05.11.2012)

48

Entretien Anita Hausser & Marie-Jo Zimmermann (AufemininTV)

Marie-Jo Zimmermann is a member of

the UMP, the party in power at the time

of this interview in November 2011.

She has been a députée (member of

the Lower House) since February 1998.

She was president and is now vice-

president of the Lower House

commission on women’s rights and equal opportunities between men and women.

AH: Bonjour Marie-Jo Zimmermann.

MJZ: Bonjour.

AH: Merci d’être venue à AufemininTV. Vous êtes la présidente de la délégation aux droits des

femmes de l'Assemblée nationale et Aufeminin.com qui est la maison-mère d’AufemininTV a fait

une enquête sur la parité en politique. C’est une sujet qui vous parle et pas en bien j’imagine

parce que la parité, elle est loin.

MJZ: Oh, non seulement elle est loin, mais elle va être encore plus loin en 2014 lorsque

s’appliqueront les lois sur les conseillers territoriaux. Parce que, autant jusqu’en 2014, on a 47%

de femmes dans les conseils régionaux, on n’a que 13% de femmes dans les conseils généraux

et lorsque… on crée le conseil territorial avec un mode de scrutin uninominal à deux tours,

fatalement on va faire tomber le nombre de femmes, allez dans le meilleur des cas 20% dans le

pire es cas 15%.

AH: C’est-à-dire au niveau de la représentativité des femmes à l’Assemblée Nationale ?

MJZ: Absolument, absolument, je pense que voilà 18%... ce qui est d’autant plus grave dans les

conseillers territoriaux, c’est qu’en fait je pense que les élus territoriaux sont des élus de proximité

et il me semble aujourd’hui tout à fait dommageable pour les collectivités territoriales qu’on

n’arrive à avoir que 15-20% de femmes, alors qu’on est dans la construction du territoire, dans

des compétences telles que, je dirais, les infrastructures, toutes les compétences en quelque

sorte qui parlent autant au masculin qu’au féminin.

49

AH: Mais vous parlez des territoires, de la construction territoirale et pas de la cité et du pays en

général. Pourquoi est-ce que les femmes ne se battent pas pour avoir davantage de poids à

l’Assemblée, au gouvernement ?

MJZ: Ben tout simplement parce que tout simplement dans le scrutin uninominal, il y a un premier

obstacle à franchir ce sont les investitures dans les partis politiques. Or aujourd’hui, je reste

convaincue que, quoique l’on puisse afficher, ce n’est pas évident de passer le stade de

l’investiture. Donc aujourd’hui je sais que notamment à l’UMP qui est mon parti…

AH: Qui est votre parti.

MJZ: Qui est mon parti voilà, c’est ça, je sais qu’il y a des sessions de formation qui sont animées

par Michèle Tabarot où je souhaite que l’on donne une véritable priorité aux jeunes femmes qui

ont toutes…

AH: Elles vous entendent ?

MJZ: Je vous dirai au mois de juillet lorsque… on verra l’évolution de ces stages de formation et

on verra si les femmes sont largement investies.

AH: Mais pourquoi est-ce que les femmes ne sont pas motivées finalement ? Parce que pour qu’il

y ait des investitures, il faut qu’il y ait le choix j’allais dire, on choisit aussi entre plusieurs hommes.

MJZ: Je vais vous dire : c’est la raison pour laquelle d’ailleurs dans les collectivités territoriales

moi je suis… je ne suis pas satisfaite du mode de scrutin parce que la collectivité territoriale et

vous l’évoquiez tout à l’heure c’est la vie du territoire, c’est la vie de la cité et c’était l’une des

raisons pour lesquelles d’ailleurs en janvier 2007 j’avais réussi à faire passer des amendements

sur les exécutifs dans les villes de plus de 3500 habitants, sur les exécutifs dans les conseils

régionaux où j’exigeais qu’il y ait une parité stricte. Et dans ces endroits, je crois que si on n’a pas

une gouvernance mixte, on n’a pas une vraie prise en compte de la réalité de notre société . Et le

fait effectivement si vous voulez d’avoir l’obligation de passer par un parti politique, les femmes ne

se lancent pas dans ce genre de choses. Regardez même…

AH: Est-ce qu’elles ont baissé les bras ?

MJZ: Elles… ?

50

AH: Est-ce qu’elles ont baissé les bras d’une certaine façon?

MJZ: Non, elles se sont situées ailleurs, elles s’orientent ailleurs. Elles vont dans des associations

où elles ont, je dirais, l’impression d’être utiles à la société. Et là se pose une autre question, moi,

qui me préoccupe beaucoup : pourquoi les femmes n’ont pas cette envie de s’investir en politique

? Est-ce que le monde politique est suffisamment, je dirais, intéressant dans la mesure où il est, je

dirais, à l’écoute de la société et là, à ce moment-là les femmes s’y investiront davantage et ça

c’est une des questions qui me taraudent le plus aujourd’hui parce que lorsque même dans ma

circonscription je vais dans des associations où en plus les gens sont bénévoles, je vois très

souvent beaucoup plus de femmes que d’hommes.

AH: Alors que préconisez-vous exactement pour la suite ?

MJZ: Alors d’abord, ce que je souhaiterais c’est que, si vous voulez, au niveau de la politique, on

essaye de se préoccuper davantage de la vie de la société et là les femmes viendront davantage.

Et qu’il y ait, je dirais, moins de non-dit en politique, qu’il y ait moins d’aspects qui semblent très

souvent inutiles aux femmes. Et à partir de là elles s’investiront et non seulement elles

s’investiront mais elles auront envie de participer à la vie politique. Je crois que c’est d’abord la

transformation de la vie politique qu’il va falloir réaliser.

AH: Et vous êtes optimiste ?

MJZ: Moyennement.

AH: Ça sera pour la prochaine génération ?

MJZ: Je l’espère.

AH: Ou elles décrochent encore plus ?

MJZ: Je pense qu’elles décrochent encore plus.

AH: Vos espoirs sont un peu vains alors ?

MJZ: Ben c’est-à-dire que la réalité, elle est là. La réalité est là et c’est là où je crois si vous

voulez que c’est dans le monde politique aujourd’hui qu’il faut se poser les vraies questions : est-

ce que aujourd’hui le politique répond vraiment aux attentes de ces concitoyens ?

51

AH: Une des raisons de l’abstention peut-être ?

MJZ: En plus !

AH: Merci.

MJZ: Et de la non-motivation des femmes.

AH: Merci d’être venue à Aufeminin.TV.

MJZ: Merci à vous.

http://www.youtube.com/watch?v=Rwcqb6Zmq7M&feature=relmfu (accessed 01.11.2012)

52

Députées : les nouvelles députées et la parité (AufemininTV)

These interviews took place in June 2012.

Question : la parité à l’Assemblée, fiction ou réalité ? (01’48-03’23)

Nathalie Nieson, socialist députée

Oui ce qu’il faut c’est qu’on puisse

laisser les femmes de qualité pouvoir s’exprimer et travailler comme les hommes.

Valérie Lacroute, députée for the UMP

Je trouve que c’est idiot d’appliquer à la lettre cette loi, je pense qu’il faut des femmes

compétentes et puis surtout des femmes qui aient envie de monter en politique

Daphna Poznanski-Benhamou, socialist députée

Dans la campagne, je me suis rendue compte à quel point c’était dur d’être une femme, vraiment,

en politique, j’ai vraiment été énormément attaquée. J’ai toujours préféré le mérite à la parité mais

la parité, c’est bien. On a fait un grand bon en avant : 18,5% / 37%. C’est pas suffisant, il va falloir

continuer.

Christine Pirès-Beaune, députée for the UMP

La parité a encore des progrès à faire puisqu’on n’est qu’à 26 à l’Assemblée Nationale. Ça serait

dans l’ordre des choses mais si on pouvait faire ça naturellement sans revenir devant le parlement

je pense que ça serait mieux.

Karine Berger, socialist députée

La problèmatique de la parité c’est qu’il y a beaucoup de femmes qui se sentent pas à l’aise, qui

se sentent pas légitimes pour être candidates à tel ou tel poste, donc il faut aussi déclencher

quelque chose dans leur a priori à elles. Par ailleurs le machisme est un vrai problème dans notre

société. Je pense qu’il faut changer le regard que la société porte sur, notamment, le poste de

député. Moi je dis toujours qu’il n’est plus nécessaire en France d’être un homme, blanc, un peu

chauve, avocat ou médecin ayant dépassé 60 ans pour être député.

http://www.youtube.com/watch?v=KbYm2-6ZXLw&feature=plcp (accessed 05.11.2012)

53

Ce Soir Ou Jamais (22.05.2012)

Ce soir ou jamais is a weekly late-night

programme on French public channel,

France 3. On 22 May 2012, host Frédéric

Taddeï (refered to as FT in the transcription

below) was moderating a debate on parity

with the following guests:

• Najat Vallaud-Belkacem, Ministre des Droits des Femmes et porte parole du gouvernement

(NVB)

• Catherine Clément, philosophe et écrivain (CC)

• Fanny Cottençon, actrice (FC)

• Georges Wolinski, dessinateur (GW)

• Serge Valletti, dramaturge et acteur (SV)

• Michel Maffesoli, sociologue(MM)

• Michel Fau, comédien et metteur en scène (MF)

Below are extracts from this debate.

FT : Najat Vallaud-Belkacem, autant de femmes que d’hommes au gouvernement 17-17, c’est de

la discrimination positive.

NVB: D’abord c’est un signal extrêmement fort, c’est quand même la première fois que ça se

produit, ça a été dit. C’est historique. Et au fond l’équipe gouvernementale composée par Jean-

Marc Ayrault incarne, à elle seule, cette volonté de changement, de modernisation, de confiance

aussi parce que dans cette équipe - on va revenir à la parité - mais il y a d’abord de l’expérience,

des talents, des compétences, du renouvellement, une confiance faite à une nouvelle

génération… Et puis il y a la parité, c’est la première fois que ça se produit et cette parité, elle a

été respectée dans un cadre bien précis qui est celui des compétences, c’est-à-dire qu’on n’a pas

mis des femmes uniquement pour faire beau sur la photo, on a mis les femmes là où on sait

qu’elles étaient compétentes, sur des domaines comme la justice, comme les affaires sociales,

des domaines régaliens, des domaines importants – la jeunesse, les sports – ou encore ce

Ministère du Droit des Femmes qui renaît enfin, on l’attendait depuis une vingtaine d’années et on

en a besoin. On en a besoin pour quoi ? Parce qu’au fond, on manque tellement d’égalité entre

les femmes et les hommes dans la société. On sait qu’en réalité la situation des femmes est

54

préoccupante, contrairement à ce qu’on croit : on a une espèce d’illusion d’égalité qui nous

entoure. Mais la vérité c’est que, que ce soit dans le monde professionnel, sur la question des

violences faites aux femmes ou sur la libre disposition du corps, aujourd’hui les femmes sont

confrontées à beaucoup de difficultés et il faut se saisir à nouveau de cet enjeu-là et donc non

seulement la parité mais aussi le retour de ce ministère de plein exercice serviront cette cause. Et

moi, je suis très, très heureuse d’appartenir à ce gouvernement et d’être en charge cette

responsabilité.

FT: Vous venez de le dire, on les a nommées parce qu’elles étaient les meilleures à ce poste mais

c’est toujours la question qui plane quand on parle de quota, parce que là il y a eu quotas, hein,

forcément pour qu’on arrive à 17-17, c’est qu’on se dit que peut-être on a nommé des femmes

parce qu’elles étaient des femmes et pas parce qu’elles étaient les meilleures au gouvernement.

C’est toujours le soupçon qui plane sur toute forme de discrimination positive.

CC: Pas sur les hommes

FT: Catherine Clément ?

CC: Ça plane pas sur les hommes.

FT: Oh si, sans doute, mais pour d’autres raisons, ha ha…

CC: Lesquelles ? Lesquelles ?

FT: Non, mais c’est qu’on se demande toujours s’ils sont compétents effectivement, mais on ne se

dit pas qu’on les a nommés parce que c’était des hommes. Mais on a peut-être tort.

CC: Je vais vous dire, moi j’étais assez partagée au début quand la loi sur la parité a été…

partagée comme pouvait l’être Elisabeth Badinter ou Elisabeth Roudinesco, seulement j’ai vécu

en Inde où il y a des systèmes de quota massifs pour rattraper les intouchables et les basses

castes, et qu’est-ce que… j’ai vu ça se mettre en place, ça a été mis en place à l’indépendance et

modifié quand j’y vivais. Et d’un seul coup ont émergé des partis politiques d’intouchables, des

partis politiques de basses castes, ils vont prendre le pouvoir. C’est une révolution formidable et je

me suis dit que les quotas, ça faisait avancer les choses. Du coup, je n’ai plus aucun état d’âme

sur les quotas. Et sur la parité, c’est un concept mathématique la parité, donc 17-17, soupçon

partout.

[…]

SV: Je suis pour la parité… À la limite, il n’y aurait que des femmes, ça serait encore mieux.

Parce que tout le monde sait quand même qu’il y a des choses qui intéressent les hommes, et

55

malheureusement, et que les femmes sont pas prises dans des réseaux, des volontés de

puissance, de pouvoir comme sont les hommes

MM: Moi, je suis pas partisan de la parité […] Vous m’avez mis là, je suis un peu gêné, j’ai un peu

peur à vrai dire à coté de…

CC: Vous avez raison.

MM: J’ai très peur, ha ha ha ! Les femmes sont cruelles, d’abord, il n’y a pas qu’une invagination

du sang, c’est-à-dire le vagin denté aussi qui est un vieux topos dans l’imaginaire […]. Oui, c’est

pour ça que je ne suis pas pour la parité, parce que je pense qu’il y a une grande tendance dans

notre société – ce que certains, je suis de ceux-là, appellent la post-modernité – où dans le fond il

y a une féminisation du monde et du coup c’est plutôt les hommes qui sont contaminés par les

femmes donc c’est pas forcément nécessaire…

NVB: Contaminés ?!

MM: Non je dis… Je fais exprès de dire ‘contaminés’ dans le sens où en effet, c’est pas de la

sociologie, c’est de l’épidémiologie qu’il faudrait faire dans ce point de vue, c’est-à-dire que des

grandes valeurs qui avaient été marginalisées contaminent, sont en train de rentrer dans le corps

social grâce ou par les femmes. Donc du coup il n’est pas forcément nécessaire d’avoir comme ça

cette espèce de quota mathématique qui est magique, hein, c’est 50-50. Mais ça c’est notre

fascination du chiffre qui fait qu’il faut que ce soit égal. Et du coup règne ce que vous avez dit tout

à l’heure, moi c’est un de mes propos, c’est-à-dire que dans le fond on se demande si c’est

vraiment la compétence qui fait qu’on soit ministre, qu’on ait telle décoration, qu’on ait telle

promotion, etc ou plutôt parce qu’il faut respecter tel quota et que, dans le fond, il faut cet

équilibre-là. Alors c’est en ce sens, je me dis que finalement plutôt que de vouloir avoir des quotas

très précis, acceptons le fait que… alors je vais dire ce mot même si je ne sais s’il est utilisé, la

féminitude - c’est Heidegger qui a donné des préfixes de cet ordre - est quelque chose qui est

partagé, largement partagé et avec une réalité physico-chimique je peux avoir des quantités de

potentialités féminines et c’est cela que d’une certaine manière des quotas trop stricts empêchent

que l’on soit, qu’on vive aussi cette féminité. Voilà dans quel sens je ne suis pas partisan d’une

parité trop stricte.

[…]

NVB: Non mais simplement pour répondre à votre question « pourquoi ce retard ? », ce retard qui

s’est agravé quand même, on a perdu des places dans tous les classements internationaux

56

FT: On est 19e sur 27 en Europe en termes de représentation politique

NVB: De représentation politique, s’agissant de l’égalité professionnnelle entre les femmes et les

hommes, on a dégringolé dans les classements internationaux, donc : pourquoi ce retard ? C’est

aussi sans doute parce qu’il y a une reproduction plus ou moins consciente de schémas qui sont

ancestraux et le rôle de la représentation politique comme des médias qu’on évoquera peut-être

tout à l’heure sont éminement importants. Pourquoi ? Parce que finalement le Parlement, la

représentation politique, donc le gouvernement aussi, et les médias sont un peu le miroir de la

société. Lorsque la société ne voit dans ce miroir qu’une représentaion indue, c’est-à-dire

beaucoup trop forte pour les hommes et pas assez pour les femmes, elle finit par se convaincre

que c’est un mode de fonctionnement normal et elle reproduit ce mode de focntionnement à

chaque niveau des entreprises, dans la vie personnelle, etc. Donc c’est extrêmement important

les signaux que nous donnons au niveau de la représentation politique et oui c’est important que

la parité soit respectée dans le gouvernement, c’est du volontarisme politique parce que les

responsables politiques n’ont pas à être à la remorque de la société mais au contraire à la tirer

vers le haut, vers ce qu’ils considèrent comme juste et c’est important que la parité soit respectée

au Parlement aussi. On ne va pas vraiment dans ce sens-là quand on regarde le nombre de

femmes présentées par les différents partis, en particulier la droite, pardon de le dire, aux

élections législatives puisqu’à gauche nous faisons un effort. Au Parti Socialiste, nous atteignons

presque 50% de femmes candidates, ils en sont encore à 30% à l’UMP donc il y a… et pourquoi…

quand vous écoutez les expliquations de l’UMP, notamment le mea culpa de Jean-François Copé

il y a deux jours que j’écoutais avec grand intérêt, vous vous rendez compte que la raison pour

laquelle ils n’ont pas présenté plus de femmes, c’est qu’ils avaient avant tout comme objectif de

remporter les circonscriptions. Donc en fait leur objectif, je crois que c’est vous qui le disiez, Fanny

Cottençon, c’est de garder le pouvoir. Ils ont fait primer la nécessité vitale de garder le pouvoir sur

celle qui est pour moi beaucoup plus vitale encore de transformer la société, de répondre à

l’égalité homme-femme, de faire avancer ce sujet, voilà.

A short video with Jean-François Copé ( BFM TV, 21 May 2012) is shown to the panel and spectators

Jean-François Copé: En tout cas pour ce qui me concerne, je vais vous dire, je, je, je plaide

coupable avec regret mais c’est un arbitrage que nous avons eu à rendre et qui étati difficile dès

lors que nous avions 317 députés sortant et qu’une bonne part d’entre eux se représentent et ont

un ancrage très remarquable sur leur territoire, il était extrêmement difficile de les sacrifier. Voilà

pourquoi j’ai pris avec mes amis de l’UMP cette décision qui nous coûtera en termes d’amende et

chacun doit comprendre que dans la période qui est la nôtre, il nous faut absolument avoir le

maximum de députés et que cela passe par le poids, l’ancrage local de beaucoup d’entre eux.

57

Journalist: Mais en 2007 vous aviez payé 4 millions d’euros d’amende, je crois.

[…]

22’30

NVB: Vous savez, juste une chose : qu’il y ait dans certains endroits comme dans la composition

du gouvernement du volontarisme politique pour… voilà respecter la parité en bonne et due

forme, c’est une chose mais ailleurs dans la société, ce qui compte surtout c’est que les gens

prennent conscience des inégalités, or c’est pas toujours le cas. Et en parlant de culture on me

racontait récemment une anecdote que je voudrais vous faire partager parce qu’elle est assez

illustrante : dans les grands orchestres, on avait l’habitude pendant des années et des années de

n’embaucher comme joueurs de clarinette que des hommes. Et puis un jour il y a eu une espèce

de polémique, de contentieux sur la façon dont il fallait positionner ses mains sur la clarinette et

les sélectionneurs ont fini par dire « Bon ben on va sélectionner les joueurs de clarinette mais

avec un rideau devant eux pour ne pas regarder la position de leurs mains ». Et à ce moment-là

ils ont sélectionné aussi des femmes et ils se sont rendu compte qu’en réalité et bien jusqu’alors

ils ne sélectionnaient que les meilleurs des hommes en écartant de fait les femmes. Et je pense

que dans un grand nombre de secteurs finalement cette anecdote vaut aussi parce que c’est

simplement qu’à un moment donné on est dans la cooptation de gens qui nous ressemblent

comme souvent dans le milieu du travail, vous voyez bien que vous recrutez des gens qui ont fait

les mêmes écoles que vous, qui ont à peu près le même âge, etc, et donc souvent ce sont les

hommes qui sont aux responsabilités et qui recrutent à leur tour des hommes donc il faut éduquer,

il faut faire prendre conscience et c’est pour ça que l’éducation populaire, les campagnes de

communication, le fait de parler de ce sujet, le fait encore une fois d’y dédier un ministère plein,

c’est important, c’est essentiel.

[…]

25’15

SV: On parlait de la parité homme-femme, pour les législative, les partis sont obligés d’avoir la

parité. S’ils ne le font pas, ils payent une amende, c’est ça ?

FT: Mais attention il y a beaucoup de femmes qui ne sont pas en position éligible non plus.

SV: Non mais d’accord, mais c’est une loi et alors vous pouvez enfreindre cette loi si vous payez

une amende. Alors imaginons les autres lois si vous voulez, par exemple vous allez dans un bar

et puis ‘interdit de fumer’ sauf si vous payez €50, ça veut plus rien dire. C’est… je veux dire,

58

fondamentalement, c’est une loi, mais alors… mais un peu quoi. C’est comme les 20%

obligatoires de logements sociaux dans les mairies, on doit… c’est obligatoire, sauf si on paye.

Alors moi, ça, c’est très bien : 130 sur l’autoroute, 160, 130, sauf si vous payez, vous pouvez faire

du 180. Ça ne veut rien dire et donc cette histoire de parité homme-femme qui est légitime, enfin

moi où je suis évidemment pour, ça cache le vrai problème qui est un problème d’argent.

NVB: Je n’ai pas de conception essentialiste, simplement je ne crois pas que soit attaché au fait à

la condition de femmes des qualités inhérentes et à la condition d’homme des défauts inhérents.

Je pense que les femmes et les hommes sont égaux et que c’est la société qui en a fait des

inégaux.

MM: Dès lors pourquoi vouloir insister sur le genre ?

NVB: Pour défendre l’égalité homme-femme.

http://www.youtube.com/watch?v=KW0CSVGEsfs (accessed 02.11.2012)