Article Humo traduit en Fr : Interview De Baets - Nihoul indicateur gendarmerie

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    fragment uit humo 28 09 1999

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    http://old.radicalparty.org/interviews/humo280999.htm

    date: 28.09.99 | newspaper: Humo language: |

    PATRIEK DE BAETSMARC DUTROUX ET MICHEL NIHOUL : LE SABOTAGE DEL'ENQUTE

    Interview de Patriek De Baets (I)par Danny Ilegems et Raf Sauviller

    Voici l'homme qui a t dpch dans l'enqute de Neufchteau sur Dutroux,

    pour dfendre l'honneur de la gendarmerie dans un moment particulirement peuglorieux pour celle-ci. La gendarmerie qui n'avait pas trouv Julie et Mlissa,malgr que l'opration secrte Othello ait men ses hommes jusqu' la cachemme des enfants. Patrick Debaets tait le fleuron de la BSR; c'est l'adjudantque ses suprieurs dsignaient lorsque les magistrats bruxellois devaient aborderdes dossiers difficiles et parfois mme dangereux : l'affaire Kirschen, le parraincriminel Carmelo Bongiorno, le Baron de Bonvoisin, la maffia italienne, lamaffia russe .

    Mais lorsqu'en septembre 1996, Patrick De Baets fut dsign pour interroger X1, il devint lui-mme dangereux aux yeux de certains magistrats bruxellois et deses propres patrons. Car les tmoins dnomms X lui avaient racont que MarcDutroux ne jouait qu'un rle subalterne dans l'affaire Dutroux et que JeanMichel

    Nihoul avec ses nombreuses connections bruxelloises et ligeoises en tait leprotagoniste principal. Nihoul : le noctambule, l'informateur de la police, lenoceur, le partouzeur, avec qui on partageait la table, l'ami de certains partis,l'ami intime de certains magistrats bruxellois, officiers de police et hommes

    politiques.

    Dans le courant de l't 1997, une manoeuvre conjugue de la hirarchie de lagendarmerie, de la magistrature, de la presse et du monde politique tait destine dmolir De Baets et son enqute. Tout ce qui avait eu trait aux X fut dmoli

    par des chroniqueurs judiciaires aliments par des policiers et des magistrats auxdesseins malhonntes.

    De Baets fut limin de l'enqute et mme limog de la BSR. Il devint, avecquelques autres collgues, la proie de toutes sortes d'enqutes internes et

    judiciaires, car il fallait absolument trouver une raison pour le mettre l'cart.Toute sa vie et toutes ses enqutes firent l'objet d'enqutes approfondies. A un

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    moment donn, on enquta mme sur son pre dcd - suite une manoeuvrede Benot de Bonvoisin pour discrditer De Baets - et on enquta sur le rle deDe Baets dans des faits qui avaient eu lieu avant sa naissance. Ceci montre quela magistrature travaille de faon trs approfondie lorsqu'elle le veut.

    Mais ce travail mticuleux n'a rien donn. Aujourd'hui, plus de deux ans aprs,on constate qu'il va falloir blanchir De Baets de tout blme. Sans doute peut-onle faire, maintenant que les enqutes sur les X sont dfinitivement stoppes.

    Les vnements n'ont pas t bnfiques la sant de De Baets, mais ils ne luiont pas t le courage de combattre. Avec quelques collgues gendarmes et unavocat, il a constitu un dossier de plusieurs milliers de pages contre ceux quil'ont "assassin". Il va maintenant utiliser la justice contre la justice qui a voulule dmolir. Patrick De Baets estime qu'aprs des annes de difficults, il peut etdoit parler. Humo rapporte ici son rcit. C'est le plus grand rquisitoire contre la

    justice belge depuis des annes.

    Patrick De Baets: Avec mes hommes de la 3me SRC (Section de RechercheCriminelles), en quelque sorte la section fraude de la BSR spcialise dans lesrecherches financires, nous avons t dpchs dans l'enqute Dutroux surdemande du Bureau Central de recherches. Nous devions tudier l'aspectfinancier de l'affaire : les avoirs et les comptes en banque de Marc Dutroux.

    Mais rapidement nous avons senti que certains essayaient de freiner l'affaire etde nous mettre des btons dans les roues.

    Humo: Qui taient ces premiers saboteurs ?

    Patrick De Baets: Mon propre patron, le LieutenantColonel JeanMarie Brabant,commandant de la BSR de Bruxelles. Ds le premier jour, il commena mentiraux magistrats. Le 12 aot 1996, on procda l'arrestation de Dutroux, le 16aot celle de Nihoul ; le mme jour le Parquet de Neufchteau, qui dirigeait

    l'enqute Dutroux, fit demander aux divers services de police si on connaissaitNihoul. Brabant rpondit que Nihoul n'tait pas connu la BSR de Bruxelles.

    C'tait culott, extrmement culott, car ce n'tait pas vrai. Nous avions djattrap Nihoul quelques fois : dans le dossier d'escroquerie SOS Sahel et dans ledossier de la faillite frauduleuse du bureau d'affaires Annie Bouty et Associs, lafirme de l'avocate raye du Barreau, ex amie de Nihoul. Brabant a une bonnemmoire, c'est dire qu'il tait au courant. Il devait d'autant mieux le savoir qu'iltait ce moment l Commandant remplaant de la BSR.

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    Humo: Pourquoi Brabant a-t-il ni que lui ou les hommes de la BSR deBruxelles connaissaient Nihoul ?

    De Baets: Parce que Nihoul tait un informateur de la BSR. Et pas n'importe

    quel informateur, puisqu'il tait un informateur non-cod qui avait t amen parun gendarme de Dinant, dcd depuis lors, Grard Vanesse. Deux gendarmesde la section finances de la BSR de Bruxelles entretenaient des contacts avec

    Nihoul : Eddy Verhaeghen et Bernard Meurant. Ils l'utilisaient commeinformateur potentiel dans un trafic de cartes tlphoniques et de tlphones

    portatifs.

    Nihoul avait aussi t informateur dans l'affaire Walsh, qui fut claircie par lasection drogues de la BSR de Bruxelles. Il s'agissait d'un trafic de dix kilosd'amphtamines dans lequel un certain Walsh, Anglais de passage Bruxelles,tait impliqu. Les amphtamines avaient t saisies, mais plus tard il apparutque Walsh avait aussi en sa possession cinq mille pilules d'extasy. Ces pilulesn'ont "officiellement" jamais t retrouves. Mais elles auraient t caches dansun pneu chez Annie Bouty, et elle apparurent plus tard chez Michel Lelivre, lecomplice de Dutroux. Ces pilules ont-elles d'abord servi la gendarmerie pour

    payer les bons services de l'informateur Nihoul dans cette affaire ? Et lesenlvements d'enfants - certains enlvements du moins - n'ont-ils pas t paysensuite avec ces pilules d'extasy ?

    Humo: Votre enqute concernant les finances de Dutroux est-elle termine ?

    De Baets: En partie. Mais je ne sais pas ce qu'il en est finalement advenu. Nousavons rapidement constat qu'aprs un enlvement, de l'argent arrivait souventchez Dutroux. L'homme ne pouvait jamais nous donner d'explication srieusequant sa provenance. Mais trouver des preuves tablissant des liens directsentre les enlvements et les payements tait une autre paire de manches.Dutroux, en outre, jouait avec son argent et avec ses comptes. Il investissaitsouvent chez l'agent de change Riga Charleroi. Un membre connu de cette

    famille, Pierre Riga, a tu par balle un jeune homme parce que celui-ci sepromenait avec quelques amis sur sa proprit. Cela s'est pass il y a quelquesmois dans le Brabant Wallon. Il a t relch aussitt.

    Humo: En dehors de Brabant, y avait-il encore d'autres gendarmes qui avaienteu faire Nihoul et Bouty ?

    De Baets: Absolument. Le Commandant de District bruxellois Guido Torrez.Mais je ne l'ai appris que plus tard, parce que le Prsident de la Commission

    Marc Verwilghen l'a rvl. Torrez est intervenu dans le temps en faveur ducriminel portugais, Juan Borges, impliqu dans le trafic d'armes, de drogue et le

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    vol d'oeuvres d'art, qui tait client de Michel Nihoul et d'Annie Bouty. Labrigade de gendarmerie de Schaerbeek avait commenc enquter sur sesactivits. Bouty et Nihoul en ont eu vent et se sont mls de l'affaire.Soudainement, Torrs a paralys le dossier pendant plus d'un mois.

    Humo: C'est dire que les relations entre Michel Nihoul et la Gendarmerie deBruxelles taient malsaines. Ne voulait-on pas, Bruxelles, que cette affaire soittouffe ?

    De Baets: Certainement car Eddy Suys, chef de la Police Judiciaire (PJ),initialement chef de la cellulle Oblix, en voulant examiner de plus prs le

    personnage de Nihoul, avait appris que Nihoul avait des contacts avec les agentsbruxellois Verhaeghen et Meurant et tlphonait rgulirement la BSR deBruxelles. Le Lieutenant-Colonel Brabant voulait empcher que cela se sache. Ilavait peur que l'on mette ses agents en cause.

    Brabant me considrait comme un danger. Je ne suis pas le genre d'homme quiest paralys lorsqu'un collgue policier veut effectuer une perquisition la BSR.Je ne suis pas tellement protectionniste. Je trouve que chacun doit prendre sesresponsabilits. Et moi, je n'avais rien voir avec Nihoul.

    Brabant fit croire au Procureur Bourlet qu' Bruxelles nous avions beaucoupd'autres tches qui nous attendaient. C'tait stupide, il n'y avait pas d'autres

    dossiers aussi importants que celui de l'affaire Dutroux. Mais ces mensongesavaient aussi t distills aux copains journalistes de "La Dernire Heure" et du"Soir Illustr" qui les utilisrent lors de leurs premires attaques contre

    Neufchteau et contre l'enqute sur Dutroux et Nihoul en racontant : "C'esthonteux Bourlet reoit 350 enquteurs, et les dossiers concernant les fraudes demilliards de francs de KB-Lux sont laisss en friche !"

    Ce fut surtout le Juge d'Instruction Jean-Claude Van Espen qui s'alliaimmdiatement avec Brabant. Ses dossiers financiers ne progressaient soi disant

    plus parce que tous les enquteurs travaillaient pour Neufchteau. Mensonge ! Ace moment-l, aucun des enquteurs de la KB-Lux n'avait t envoy

    Neufchteau. Et ma section, la 3me SRC, ne travaillait pas non plus uneaffaire urgente. Je me demande d'ailleurs toujours quels dossiers urgents VanEspen faisait allusion. C'est comme s'il avait la prmonition que nous allionstoucher des dossiers auxquels il avait travaill auparavant.

    Van Espen savait parfaitement qui tait Annie Bouty. Il avait t son avocat. Etson ex beau-frre, l'avocat Philippe Deleuze, avait t l'un des partenaires dans

    le cabinet d'avocats de Bouty. Van Espen faisait partie du rseau d'amis que

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    Nihoul et Bouty avaient tiss dans le milieu de la politique, de la magistrature etde la police afin de camoufler leurs activits criminelles.

    Humo: Le genre de choses qu'un Juge d'instruction prfre ne pas voir apparatre

    dans les journaux.De Baets: En effet. Van Espen fut trs vite mis au courant que nous tionsintresss par les X et que nous nous intressions particulirement au dossier de"la Champignonnire" concernant la mort atroce de Christine van Hees, quiavait eu lieu en 1984 dans une champignonnire dsaffecte de Bruxelles.Pendant douze ans, Van Espen avait t Juge d'Instruction dans cette affaire, et iln'y avait pas fait grandchose.

    Fin octobre, dbut novembre 1996, Van Espen avait appris que nous nouspenchions nouveau sur son affaire criminelle non lucide. Ce fut aprs que leMagistrat National de l'poque, Patrick Duynslagher, - et non moi mme ou la3me SRC - et rapproch certaines dclarations de X1 avec cette affaire. VanEspen connaissait d'emble les noms que Regina Louf dsignait comme celuides coupables : Michel Nihoul et Annie Bouty.

    Lorsque ces deux personnages apparurent, il est vident que Van Espen, pourdes raisons dontologiques, aurait d se retirer de l'affaire. Allons donc, sa

    propre soeur tait la marraine de Jean-Michel junior, fils de Nihoul et de Bouty !

    Nonobstant, Van Espen se laissa renommer juge d'instruction lors de larouverture officielle du dossier de la "Champignonnire". Auparavant, il avaitdj eu des contacts avec ces mmes individus lorsqu'il avait supervis la faillitede la firme Annie Bouty et Associs. Van Espen avait aussi l'origine t juged'instruction dans l'affaire SOS Sahel. Mais il s'tait tout de mme laissdcharger en faveur du Procureur actuel de Bruxelles Benot Dejemeppe, quitait encore Juge d'Instruction l'poque. Van Espen, Nihoul, Bouty, celaressemble presque une affaire de famille, n'est-ce-pas ?

    Humo: A vous entendre, Nihoul connaissait la moiti du Palais de Justice deBruxelles.

    De Baets: C'est la raison pour laquelle je me suis pos des questions lorsque j'ait ject de l'enqute de Neufchteau, parce qu'une des raisons de celicenciement tait une lettre remplie de remarques inconsistantes que Van Espenavait envoyes la hirarchie de la Gendarmerie.

    Humo: Comment tes-vous entr en contact avec les X ?

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    De Baets: Trs rapidement. Deux mois avant que n'clate l'affaire Dutroux, enjuin-juillet 96, une certaine Nathalie W. s'tait prsente la BSR de Bruxelleset avait fait des rcits au sujet de rseaux et de viols d'enfants organiss. Le 5septembre 1996, une certaine Tania Van Acker de Gand tlphonait : une de ses

    amies voulait faire des dclarations au sujet de rseaux. C'tait Regina Louf, X1.Humo: Qui reut cette communication tlphonique ?

    De Baets: Le juge d'instruction Jean-Marc Connerotte de Neufchteau. Je metrouvais par hasard dans son bureau et lorsque Van Acker commena expliquero elle habitait, Connerotte me demanda : " Vous n'tes pas de la rgion deGand, par hasard?" Je rpondis "Oui" et Connerotte me passa Tania Van Ackerau tlphone. Je notai sa dclaration et la passai Connerotte. A premire vue,le rcit ne semblait avoir faire avec Nihoul. Ce qui concernait Nihoul allaitautomatiquement la Cellule Oblix de Eddy Suys. Cela n'est pas pour nous,dis-je encore Connerotte.

    Humo: On vous a reproch par la suite d'avoir saut sur ces X et que d'unecertaine faon, vous aviez arrach l'appareil des mains de Connerotte. Ou mme,que vous n'tiez pas l par hasard ; que vous aviez organis d'avance ce coup defil destin Connerotte avec Tania Van Acker et Regina Louf.

    De Baets: Cela n'est pas exact. C'tait le jour de mon anniversaire : le 7

    septembre 1996. La nuit prcdente, Bouty avait t arrte et elle avait fait unesrie de dclarations. J'tais moi-mme arriv Neufchteau avec un procs-verbal de Georges Marnette de la Police Judiciaire (PJ) de Bruxelles, o celui-ciconstatait qu'un homme apparaissant de faon plus ou moins visible sur lescassettes vido de Jean-Paul Raemaeckers, aurait pu tre Dutroux. L'hommeavait une moustache, des cheveux foncs et avait nettement plus de vingt ans;nous savions aussi que les cassettes avaient au moins vingt ans. Il tait doncimpossible que ce soit Dutroux.

    Certains de mes hommes connaissaient Raemaeckers, ils avaient travaill danscette affaire. L'homme avait t condamn la rclusion perptuelle pour faitsde pdophilie. Mes hommes avaient eu un contact passablement bon avecRaemaeckers, et sur base de ses dclarations, ils avaient ouvert deux ou troisdossiers contre inconnu au Parquet de Bruxelles.

    Dans son PV, Marnette crivait que Raemaeckers tait un pdophile qui avaittravaill dans un rseau de pourvoyeurs d'enfants, mais que la BSR avait peutravaill ce sujet. C'tait un mensonge coeurant. Il y avait depuis un an et demi

    des dossiers sur Raemaeckers chez "la magistrate de confiance", Paule Somers.Mais nul Bruxelles, et certainement pas Paule Somers, n'y avait touch.

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    La raison pour laquelle je m'tais rendu Neufchteau tait que je voulais parleravec Connerotte au sujet de ce PV de Marnette et lui dire que des gendarmesavaient bien ouvert des dossiers. Je lui apportais mme les numros des notes

    des affaires dont ils n'avaient rien fait Bruxelles. C'est pour cette raison que cesdossiers ont t dmnags Neufchteau.

    A ce moment-l, je ne pensais pas: "Tiens, pourquoi Somers n'a-t-elle rien faitpendant tant de temps dans ces dossiers ?" Je pensais : "Mon Dieu, tout lemonde a tellement de travail." La seule chose que je prvoyais, tait queGeorges Marnette, dont je connaissais depuis longtemps la rputation, allait denouveau jouer un sale jeu.

    Humo: Marnette faisait-il cela en troite collaboration avec de hauts magistratsde Bruxelles ?

    De Baets: J'ai tout compris aprs le 15 novembre 96, lorsqu'on dcida desfameuses perquisitions dans le "dossier secret" au sujet du Ministre et ex-Premier Ministre de l'poque, Elio di Rupo. C'est alors que tombrent lesmasques de Marnette, de son bras droit la PJ Grgory Antipine, de la "magistrate de confiance" Paule Somers, et du Procureur du Roi BenotDejemeppe

    Humo: L'affaire Di Rupo tait-elle coup fourr, une machination de Marnette etCie afin de dvier l'attention du noeud du problme : l'enqute sur les rseaux de

    Nihoul et Dutroux ?

    De Baets: Comment avons-nous atterri dans cette affaire ? Le vendredi 15novembre je reu un coup de tlphone de la Juge d'Instruction bruxelloise AnneGruwez. Elle me dit : "J'ai traiter une affaire dlicate. Deux perquisitionsdevraient avoir lieu, parce que demain, dans la presse, des articles vont paratreconcernant des actes de pdophilie de personnages trs importants".

    Gruwez tait dsigne dans le dossier par la substitute Paule Somers - encoreelle. Et Somers tait elle-mme dsigne sur l'affaire par le procureur-gnralBruxellois Andr Van Oudenhove, qui avait le fameux "dossier secret" Di Rupo.Les perquisitions devaient avoir lieu chez deux homos bruxellois qui taientsouponns d'avoir des relations sexuelles avec des mineurs d'ge et possdaientdes vidos de pdophilie. Les perquisitions avaient dj t ordonnes depuis unmois et demi. Etrange : pendant un mois et demi, le parquet ne fait rien danscette affaire, et brusquement cela ne pouvait pas aller assez vite.

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    J'ai dit au juge d'instruction Gruwez : "Je suis dsol, mais je suis officiellementen vacances." "Alors, il va falloir que j'appelle votre chef, le lieutenant-colonelBrabant" a rpondu Gruwez. Par aprs, Brabant m'a oblig venir Bruxelles

    pour cette affaire.

    Bien. Alors que j'tais en route, je tlphone mon quipe : j'envoie dj deuxhommes en claireurs chez Gruwez pour aller chercher les mandats de

    perquisition, Philippe Hupez et Patrick Charles. Hupez jette un coup d'oeil audossier de Gruwez - mon dieu, il contenait un malheureux PV d'une vingtaine delignes - et dit : "Ceci n'est pas une affaire pour nous. Les perquisitions ont tdemandes par la PJ de Bruxelles, la PJ n'a qu' y procder." Anne Gruwezrpond : "En fait, vous avez raison, mais Madame Somers a dit qu'il valaitmieux donner ordre la BSR." Elle tait presse par le temps : il tait dj sixheures, et aprs neuf heures on ne peut plus oprer de perquisition. Elle fourrales deux mandats dans les mains de Hupez, et celle-ci n'avait qu' se dbrouiller.

    Quand je suis arriv vers six heures et demie au bureau, il y avait l aussi un PVdu major Daniel De Craene, du BCR. Il y tait mentionn qu'il tait en

    possession de documents indiquant qu'on allait parler de certains politiciens lelendemain dans la presse, plus particulirement dans l'dition du samedi de "Het

    Nieuwsblad". Je vais avoir l'air bte, mais je ne faisais toujours pas le lien avecles perquisitions que nous devions oprer chez deux homosexuels totalementinconnus.

    Nous avons finalement saisi 120 vidos caractre sexuel chez ces gars. Nousdevions naturellement toutes les visionner pour voir s'il ne s'y trouvait pas desenfants ou des personnes manifestement trs jeunes. Nous n'avons riendcouvert de punissable. Au cours de leurs auditions, ces messieurs ont en effetdclar qu'ils avaient bien rencontr JeanPierre Graf et Elio Di Rupo dans lemilieu homo bruxellois. Oui, et alors ? Ce n'est pas interdit, non ? Pour moil'affaire tait termine. Jusqu' ce que nous allumions la radio le lendemain cinq heures. Crac : "D'aprs le journal "Het Nieuwsblad", une enqute serait en

    cours au sujet des ministres Graf et Di Rupo, qui auraient eu des relations avecdes mineurs."

    Tout de suite aprs cela, on a voulu faire croire, via des manipulations de lapresse, que nos perquisitions avaient eu lieu dans le cadre du dossier Di Rupo, etque c'est moi qui avais fait le lien avec Di Rupo. Alors que cela n'avaitstrictement rien voir. Et c'est aussi trs facile dmontrer : notre dossier,numro 218/98 du juge d'instruction Gruwez, n'est jamais all la Cour deCassation quand cette Cour, la demande du parlement, a pris cette enqute en

    main. Les noms de Di Rupo et de Graf apparaissent dans notre dossier parcequ'ils ont t cits par les deux gars, c'est tout.

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    De Baets tait clairement tomb dans un pige, tendu par les PJistes Marnette et

    Antipine. Le "dossier secret" contre Di Rupo tait aussi mont par Marnette etAntipine ; ils avaient rassembl des ragots et des dclarations obtenues souspression dans le milieu gay bruxellois et les avaient gonfls en affaire depdophilie. Pour Marnette, Di Rupo tait le levier idal pour faire draillerl'enqute de Neufchteau : un gay socialiste d'origine italienne, avec de jeunesamants, on ne pouvait trouver mieux. Des parties du "dossier secret" ont "fui"vers "Het Nieuwsblad." Aprs cela, il suffisait d'impliquer De Baets et sonquipe dans cette affaire et de leur en faire porter la culpabilit. On accusa cesdeux homos inconnus de comportement pdophile, et on les rattacha vaguement l'affaire Di Rupo. Antipine demanda ensuite d'organiser des perquisitions chezces gays, et quand elles eurent lieu il refusa d'y participer.

    Humo: Antipine voulait que vous fassiez ces perquisitions, de manire ce quepar aprs on ait l'impression que c'est vous qui courriez aprs Di Rupo. Avez-vous su immdiatement que c'tait un traquenard ?

    De Baets: Non, pas tout de suite, mais j'avais la puce l'oreille, surtout quandles manigances de Marnette au sujet d'Olivier Trugsnach sont apparues en plein

    jour.

    Humo: C'est le deuxime volet de l'affaire Di Rupo. Marnette connaissaitTrusgnach. Son nom tait apparu dans les renseignements qu'Antipine avaitrassembls dans le milieu homo bruxellois.

    De Baets: En effet. L'affaire Trusgnach tait aussi une machination de Marnette.Qui tait Olivier Trusgnach ? Un demi-fou, d'accord, mais aussi l'ex-petit ami duchef coq Roger Souverijns, le chef et propritaire de l'htel-restaurantlimbourgeois Scholteshof. Trusgnach y avait vol, dans le courant de 1996, l'une

    et l'autre chose et s'tait ensuite enfui vers Londres. Souverijns a dpos plainte ce sujet auprs de Christian De Vroom, l'poque commissaire gnral de laPJ.

    Humo: Qui allait rgulirement manger au Scholteshof aux frais du lobbyisteKoen Blijweert.

    De Baets: Et que fit De Vroom pour faire plaisir aux amis de ses amis ? Il mit sa23me brigade, le service charg de lutter contre la grande criminalit, sur ce

    petit vol minable au fin fond du Limbourg. De Vroom a mme ordonn desobservations sur Trusgnach Londres.

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    Trusgnach fut finalement arrt Hasselt. Comment ? Simple : parce que samre, qui avait appris qu'il tait recherch, l'a conduit la gendarmerie.Marnette a immdiatement t inform de cette arrestation par un collgue de la

    PJ de Hasselt. Marnette savait par un informateur homo bruxellois queTrusgnach connaissait Di Rupo. Naturellement, dans ce milieu marginal tout lemonde connat tout le monde. Et quand des flics comme Marnette passent par l,ces garons se dfendent en sortant les noms de Graf et Di Rupo. C'tait aussidans l'air du temps l'poque: menacer par des soupons de pdophilie, menacerde faire parler de quelqu'un dans la presse, peut tre un mode de dfense trsefficace. Marnette n'avait toujours trouv personne qui voulait accuser Di Rupode quelque chose de srieux, Trusgnach reprsentait la solution ce problme.

    Et donc Marnette est parti Hasselt avec son quipe, o ils ont encercl le palaisde justice local. Marnette pensait : il s'agit d'un simple vol, donc ils vont librerTrusgnach rapidement, alors nous l'attraperons, nous l'auditionnerons, et nouslui ferons dire ce que nous voulons: que Di Rupo est un pdophile.

    Voil en quoi consistait le plan. Mais contre toute attente, la justice d'Hasseltincarcra Trusgnach, aprs qu'il et reconnu les vols au Scholteshof auprs de lagendarmerie.

    Par consquent, Marnette et Antipine devaient se rendre en prison pour parler

    avec Trusgnach. Cela sembla marcher encore mieux : ils pouvaient ainsi luipromettre qu'il serait libr s'il mettait Di Rupo en cause. Voil. C'est alors queTrusgnach commena confesser ses aventures avec Di Rupo, et aprs chaquevisite de la PJ il diminuait son ge, jusqu' ce qu'il soit suffisamment mineur augot de Marnette et Co. C'est alors que la bombe explosa. Et ce fut unecatastrophe pouvantable. Je pense que c'tait le but.

    Humo: S'agissait-il simplement du fait que Marnette voulait bousiller l'enqutede Neufchteau pour servir ses amis noctambules bruxellois ou bien pensez-

    vous que cela cache autre chose ?

    De Baets: A mon avis, il y avait un plan plus lev. La population devaitrecevoir le message : il existe une chasse aux sorcires dans ce pays ; l'enqutedraille ; ils ont perdu la tte Neufchteau. Arrtons de courir aprs Nihoul. Lesignal envoy aux hommes politiques tait encore plus important: "Vous tes denouveau les coupables ! Attraper des politiciens, casser des gens haut placs,voil le hobby des types comme De Baets. Donc, resserrez vite les rangs." (Ilrit). Des types comme De Baets ! Je ne savais mme pas que Di Rupo tait gay

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    Et pourquoi nous a-t-on mls de cette stupide enqute sur Di Rupo ? Parceque nous tions occups la fameuse enqute des X. En nous tant, monquipe et moi, notre crdibilit par le biais de l'affaire Di Rupo, on voulait enralit rendre les tmoignages des X inoffensifs. On pouvait alors les dmolir en

    les considrant comme des petites histoires qu'on ne peut faire croire qu' unclown comme De Baets, vous vous souvenez, ce fanatique qui poursuivait DiRupo.

    Humo: Marnette a-t-il t aid dans ses tentatives de dstabilisation par desmembres du parquet de Bruxelles ?

    De Baets: Certains magistrats n'taient pas fchs en tous cas, car de cettemanire Marnette prenait le monde politique en otages. Prenons encore une foisle juge d'instruction Van Espen : il tait dans ses petits souliers, parce que

    Nihoul l'avait dsign auprs de membres de la 23me brigade comme quelqu'unqui tait toujours prt les protger, lui et ses amis, s'ils taient menacs de

    problmes judiciaires.

    Van Espen n'avait pas pu mener l'affaire de la champignonnire bonne fin.Oui, avec le parquet, il avait maintenu en prventive, pendant 36 mois, un punkinnocent, avec comme consquence que l'Etat belge fut encore une fois juge

    par la Cour des Droits de l'Homme de Strasbourg et dut payer des millions dedommages et intrts. Van Espen cltura le dossier en 1996 par un non-lieu. Il le

    fit savoir par courrier aux parents de Christine Van Hees : "Je vous informe quele dossier de votre fille Claudine Van Hees est clos." Aprs treize ans d'enqute,la justice belge se trompait encore sur le nom de la victime !

    Et brusquement, Regina Louf dsignait des personnes qui ne connaissaient quetrop bien le juge Van Espen. Cela pouvait le compromettre gravement. Donc,Van Espen avait lui aussi tout intrt ce que nous soyons discrdits dans ledossier Di Rupo.

    Humo: Di Rupo et Graf taient-ils vraiment blancs comme neige ? Ils ontquand mme fort bien tir parti de toute cette affaire. Di Rupo, un des grands

    parrains du Parti Socialiste, en sortit comme le pauvre bouc missaire qui avaitt harcel par toutes sortes d'homophobes. Et Jean-Pierre Graf, envers qui lessoupons taient assez graves, fut blanchi du mme coup. Et maintenant on ne

    peut strictement plus dire un mot au sujet de ces messieurs.

    De Baets: Question difficile. Quand Connerotte, dans les derniers jours de sonmandat, ouvrit sa fameuse ligne verte, on entendit en effet des dclarations

    embarrassantes au sujet de Di Rupo et Graf. Mais cela ne suffisait pas. Il devait

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    encore s'agir de faits punissables, et il fallait respecter les procdures. Et danscette affaire, on ne s'est aucunement proccup de cela.Un exemple. Un tmoin prcis voqua des faits qui avaient eu lieu dans unappartement de Graf. Il possdait un plan de l'appartement, mais il l'avait

    oubli la maison. En fait, nous ne pouvions pas aller chercher ce plan, parceque cela constituait un devoir d'enqute au sujet d'un ministre dont l'immunitn'tait pas leve. Mais quand mon collgue Aim Bille soumit l'affaire au

    procureur Dejemeppe, celui-ci dclara : "Pas de problme, allez chercher ceplan, vous en avez le droit." Bille me tlphona immdiatement ce sujet, et jelui dis "Ne le fais pas, tu ne peux prendre aucune information sur un ministre, tuas uniquement le droit d'acter ce qui se dit, et tu dois ensuite transmettre au

    parquet. Et le parquet doit informer le parquet gnral."

    Humo: Dejemeppe a-t-il aussi cherch vous enfoncer ?

    De Baets: Quand Bille a dclar: "De Baets dit que je dois au moins recevoir unordre crit" - c'est ce que j'avais dit pour couvrir Bille - Dejemeppe a rpondu:"Bien, allez chercher cet ordre chez Mme Somers." Paule Somers a alors rdigcet ordre, et Bille est all chercher le plan de l'appartement de Graf Namur. Amon avis, c'tait un acte d'instruction illgal, ordonn par le numro un du

    parquet de Bruxelles. C'est vident qu'ils ont voulu nous brler.

    Humo: Nous avons eu en main une note du 28 mars 1997, sign par le procureur

    Dejemeppe. Mission : poursuivre discrtement une enqute sur le vice-premierDi Rupo. C'est crit en toutes lettres. Des mois aprs que la Cour de Cassation etle parlement aient blanchi Di Rupo, Dejemeppe a donc encore essay de vousfaire travailler sur Di Rupo, alors que comme procureur il ne pouvait pas vousl'imposer.

    De Baets: J'ai voqu cette affaire par la suite avec Dejemeppe. Il prtendaitqu'il avait tout pass en revue avec le procureur gnral de CassationLiekendael. Elle l'aurait autoris mener une telle enqute "discrtement".

    Liekendael venait de prendre sa pension. Je dis en riant Dejemeppe "Oui, oui,mais Liekendael est retraite, et ce n'est pas elle qui a sign le papier." Il tira unedrle de tte et l'entretien tait clos.

    Humo: Etiez-vous inquiet immdiatement aprs que l'affaire Di Rupo ait clat ?

    De Baets: Au dbut, je ne voyais pas les liens, et je ne voulais pas me laissertromper.

    Mais en fait, partir de l les campagnes de diffamation n'ont plus arrt. On ouvert une enqute sur les fuites dans la presse. Le Comit Suprieur de

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    Contrle, qui existait encore l'poque, entreprit une enqute sur un viol desecret professionnel contre inconnu. Le ministre de l'Intrieur chargea le ComitP., qui surveille les services de police, d'une enqute. Nous avions soi-disanttravaill dans l'affaire Di Rupo, donc nous devions aller tmoigner partout. On

    courrait d'une runion une autre, il fallait teindre des incendies partout, onavait l'impression que tout le monde nous observait, une partie de la presse taitentre en guerre contre nous... Nous avions de moins en moins de temps pourfaire notre travail convenablement. Encore une fois : je pense que c'tait cela, le

    but.

    Humo: Conclusion: De Baets tait occup avec X1, et cela ne plaisait pas certaines personnes. Ils veillaient donc ce que tout le monde ait peur de DeBaets, ce que De Baets soit dpeint comme celui qui n'aime rien mieux que de

    jeter des bombes sur les politiques et la magistrature.

    De Baets: Ils ont voulu nous brler. C'est, aprs coup, la seule explicationpossible. Tous ceux qui taient troitement impliqus dans cette affaire savaientque je n'avais rien y voir, mais personne n'a rien dit quand j'ai t injustementaccus. On voulait casser mon enqute. C'est tout.

    ( suivre)