ACTUALITE Science et technique : L'énergie Au fil des ... · peut servir à rien. Et on veut nous...

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ACTUALITE Ilsyviennent parG .Steydlé Scienceettechnique : L'énergie desvagues par M .-L . Duboin Aufildesjours : Leprixdupé- trole par J .-P . Mon Etranger : Pardelàlesfrontières parP .Simon Soitditenpassant : Dubalai! ... parG .Lafont REFLEXION Lesyeuxfermés parF .Lévy Commentfaireévoluerlesmenta- lités parD .Landes Devoir parA .Chantraine Questionsagricoles : Agriculture etéconomiedistributive parJ .Mestrallet L'administrationest-elleintelligen- te ?- Oui ! parH .deJoyeuse TRIBUNELIBRE Suis-jeunanormal ?parL .Barel COURRIERDESLECTEURS BLOC-NOTES RESUMEDENOSTHESES L'ECONOMIEDISTRIBUTIVE pp .15

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ACTUALITE•

Ils y viennent par G . Steydlé•

Science et technique : L'énergiedes vagues

par M.-L . Duboin•

Au fil des jours : Le prix du pé-trole

par J .-P . Mon•

Etranger : Par delà les frontièrespar P. Simon

Soit dit en passant : Du balai ! . . .par G . Lafont

REFLEXION•

Les yeux fermés par F. Lévy•

Comment faire évoluer les menta-lités

par D . Landes•

Devoir par A. Chantraine•

Questions agricoles : Agricultureet économie distributive

par J . Mestrallet•

L'administration est-elle intelligen-te ? - Oui !

par H. de Joyeuse

TRIBUNE LIBRE•

Suis-je un anormal ? par L . BarelCOURRIER DES LECTEURSBLOC-NOTESRESUME DE NOS THESESL'ECONOMIE DISTRIBUTIVE pp . 15

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Le journal « Le Monde » passe, aux yeux de beaucoup, pour un des quotidiens les plus « ouverts »et des plus objectifs . Voici pourtant un article que ce journal a refusé parce que, dit son rédacteuren chef, . « Les hommes ne sont pas assez raisonnables » ! Comment le deviendront-ils si leurs journaux ne les y aident pas ? Heureusement que « La Grande Relève » est là . . .

LES YEUX FER M

par Félix LEVY

I L y a un demi-siècle, en 1929, le PrésidentHOOVER, dans un message resté célèbre, assu-rait ses concitoyens de leur prospérité bien

assise . Quelques mois plus tard la plus terriblecrise économique terrassait les Etats-Unis ets'étendait au monde entier. Que s'était-il passé ?Le jour du crack pas un grain de blé n'avait disparudes silos, pas une brique des chantiers, pas unemarchandise des magasins, pas une machine desusines, aucune crise sociale, aucun changementpolitique, aucune catastrophe n'étaient intervenus .Seules la Bourse et la spéculation avaient « pro-voqué » une crise de confiance des Américainsenvers eux-mêmes . Douze ans plus tard, il n'y avaitplus 12 millions de chômeurs aux U .S .A ., mais12 millions d'hommes mobilisés pour la secondeguerre mondiale .

LA RICHESSE D'UNE NATION« Le Monde » du 18 septembre a publié un article

intitulé : « La guerre pour sortir de la crise ? » .Que se passe-t-il ? Le blé pousse dans les champs,les machines tournent dans les usines (au tiers ouaux deux tiers de leurs possibilités) . La crisesociale se concrétise principalement dans le chô-mage : pas un changement politique n'est inter-venu depuis 20 ans, nulle catastrophe n'a touchénotre pays . Simplement, la valeur de tout ce quifait la richesse d'une nation est représentée parla monnaie, dont l'unité en France s'appelle leFranc . Cet étalon de valeur devrait, par définition .comme tout étalon de mesure, être invariable . Ilne l'est pas, car comme toutes les monnaies dumonde qui se dit « libre », il est soumis à desvariations constantes parce que sa valeur est« cotée » sur les Bourses étrangères et parce qu'ilest devenu « marchandise » : il s'achète et il sevend. On pourrait croire que ces monnaies, refletde la richesse d'une nation, sont émises (doncgaranties, authentifiées) suivant la « valeur glo-bale » du produit national brut (PNB) de laditenation . Non, elles sont basées sur la valeur d'unautre étalon, l'or, métal rare dont l'utilisation pra-tique s'est toujours réduite à la fabrication desbijoux, des broderies et des dents . C'est cepen-dant le prix, à chaque heure différent, de ce métalqui - joint aux fluctuations susdites des mon-naies - provoque ce qu'on appelle « la crise moné-taire : on achète et on vend du papier impriméappelé monnaie, laquelle est gagée (aimable fic-tion : allez donc à la Banque de France demander100 francs d'or contre un billet de 100 francs !) surun métal qui s'achète et se vend aussi et qui nepeut servir à rien . Et on veut nous persuader que

le sort du monde dépend du cours du dollar et dela valeur de l'or . . . ce que nous acceptons, les yeuxfermés .

D'autre part, comme on n'arrive pas à « vendre »la production de terres et de machines que l'effortdes hommes rend toujours plus productrices (touten diminuant la quantité de main-d'oeuvre néces-saire à leur exploitation) , on parle de surproduc-tion (un quart de la planète meurt de faim et man-que de tout) et de mévente . C'est « la crise éco-nomique » qu'on subit comme telle, les yeux fer-més .

LA LIBRE ENTREPRISEDans les pays industrialisés, le système écono-

mique en vigueur a pour base la libre entreprise,qui permet à n'importe qui de produire à sa guisen'importe quoi, n'importe comment, en n'importequelle quantité, mais de telle sorte que les débou-chés soient assurés par une vente nécessaire etpour un profit suffisant. D'où une publicité déme-surée, des profits souvent importants pour lesmonopoles, et des faillites assurées . Le principereste identique dans les relations entre nationsqui doivent vendre à tout prix (c'est le cas de ledire) pour s'assurer, d'une part les bénéfices espé-rés des producteurs, mais aussi les devises néces-saires aux échanges . Il en résulte les effort pourvendre aux autres ce dont chacune regorge (Mar-ché Commun, avec le conflit sur le vin, bientôt surles fruits et légumes de l'Espagne, du Portugal, dela Grèce) ou ce qui se fabrique en vue de l'expor-tation (les armements étant notre base principaledes échanges internationaux] . Le commerce natio-nal et !e commerce international out donc commepoints communs la concurrence et la recherchede débouchés .

La concurrence n'existe pas en vue de mieuxsatisfaire les besoins . On n'a jamais demandé auxconsommateurs d'exprimer leurs besoins, ce quiconduit, pour leur imposer les produits fabriqués,à la publicité susdite, et aussi à un gaspillageinsensé : des gadgets parfaitement inutiles inon-dent le marché, et on construit des variétés imbé-ciles d'une même gamme, d'automobiles par exem-ple. La concurrence condamne les plus faibles àla disparition, et les plus forts, malgré leurs con-centrations, à la hantise du dumping grandissantdu fait des faibles salaires du tiers-monde . Laconcurrence constitue le fondement même de la« libre entreprise », fille de l'économie de marché,mais impose toutes les contraintes, mères desconflits sociaux .

Dans la recherche des débouchés extérieurs, undécèle sans effort les relents de la politique de

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la canonnière (ex-colonies, puis Vietnam, Chili,Angola, etc .) et la guerre économique mondialeen cours est analysée par les meilleurs auteurs (1) .Cependant, la concurrence entre les nations

conduit à cette nécessité de l'expansion, de cettecroissance constante, qui ne tiennent aucun comptedes besoins : ici non plus on n'a jamais demandeaux consommateurs ce qu'ils désirent . On produitet on fait tout pour vendre . Et comme on veut pro-duire toujours plus, on a de plus en plus de malà vendre. Et comme on investit toujours plus, onfabrique l'inflation qu'on veut combattre . Et commela productivité améliore le rendement de la machi-ne par rapport à celui de l'homme, on a le chômage,qu'on veut minimiser . Telle est la crise, créée detoutes pièces, les yeux fermés .

L'AUSTERITEC'est alors qu'on nous parle d'austérité . On a

trop de tout, mais on manque d'argent, d'argentque tout banquier produit d'un trait de plume, quetout spéculateur gagne d'un ordre en Bourse, qu'uncultivateur touche parce que le prix de la pommede terre a baissé, qu'un industriel réclame parceque la concurrence étrangère est insupportable . . .On a trop de tout, alors on détruit la dite pommede terre parce que l'abondance fait baisser sonprix, on ralentit la production des machines parceque la rareté crée la « valeur marchande », maison travaille 40 heures parce qu'à moins le salariéne pourrait survivre, et qu'on préfère payer leschômeurs à ne rien faire . On préfère aussi payerdes travailleurs pour payer des armes . C'est vraiqu'avec toutes les industries nécessaires à laguerre - du soulier du fantassin à la tête cher-cheuse des fusées - on peut craindre que 20 %,des travailleurs soient mis hors d'activité le jouroù on désarmerait . C'est vrai aussi que les ventesd'armes procurent les « devises » indispensablesau commerce extérieur, tel qu'il est actuellementconçu, et à la « balance des paiements », exigencecomptabiliste qui suffit à condamner ce régimeéconomique. Mais on prône aussi, sans vergogne,le désarmement, tout en surarmant des gens quin'ont d'autres ennemis que leurs gouvernements .Dans des pays qui ont vu naître Descartes, Shakesp

eare, Dante, Goethe ou Franklin, tels sont les faitsahurissants qu'on accepte, les yeux fermés .

L'ARGENT FAIT LOILes yeux fermés parce que l'argent donne, à

ceux qui en ont, le pouvoir sur ceux qui n'en ontpas, parce que l'industrie et le commerce commel'agriculture et la pêche ont comme moteur leprofit, parce que la valeur des choses donne àleurs possédants le sentiment de la sécurité, parceque le mot « charité » n'a pas encore cédé la placeau terme « satisfaction des besoins », parce queles efforts de l'homme pour accroître les richessessont contrecarrés par ses efforts pour conserver,

par leur rareté, la valeur marchande de ces riches-ses, parce qu'on n'a pas encore conçu que l'achatet la vente pourraient s'effacer devant une justerépartition, parce qu'on entretient la folie de pen-ser à une guerre entre nations à l'abri du besoin,en place d'un effort collectif et désintéressé pourmettre un terme à cette autre folie qu'est la faimdans les autres nations, parce qu'on ne sait plusque faire des biens de consommation mensongère-ment qualifiés de surabondants . Alors on nous pro-pose, les yeux fermés, l'austérité ! Les yeux fer-més, on invoque la récession . . .

Hypothèse de travail : éliminons la guerre .D'abord parce qu'on ne voit pas qui pourrait lafaire, à qui, et pourquoi . Dans son livre VODKA-

COLA,lesyndicalisteinternationalcanadienLEVINSON démontre que les liens économiquesétablis entre les U .S .A . et l'U .R.S .S. sont si étroitset si nombreux qu'un échange de bombes ne peutremplacer « avantageusement » ces échanges demarchandises et de services . Si donc les grandespuissances financières et industrielles n'ont pasintérêt à la guerre, peut-on imaginer que les diri-geants des nations, représentants avoués ou nondes dites puissances, en déclencheraient une poureux-mêmes ? Quant aux peuples qui ont faim, etqui n'auraient que ce moyen si continuait notrecarence à leur égard, ils ne sont pas encore enétat de faire la guerre .

LA SOLUTIONPour sortir sans guerre de la crise, il semble

judicieux d'en supprimer les causes . Puisque lamonnaie est dangereuse parce qu'elle est instableet convertible (le sort du CHILI d'ALLENDE attendtout pays dont la politique déplairait à la FinanceInternationale) pourquoi ne pas la remplacer par un étalon enfin stable-parce que basé sur la

richesse de la nation - et réservé à la consom-mation intérieure, c'est-à-dire inattaquable sur lesBourses étrangères : sécurité et indépendanceseraient ainsi assurées . Puisque l'argent thésauri-sable est un moyen du pouvoir d'hommes sur d'au-tres hommes, pourquoi ne pas le remplacer parune monnaie de consommation ? Réservée à l'ac-quisition des biens produits, elle ne serait pasthésaurisable car elle n'aurait sa valeur que pen-dant un court laps de temps, et sur le seul mar-ché intérieur . Le marché extérieur pourrait alorsêtre assuré par le système de la « compensation »en usage constant dans les échanges Est-Ouest .Avec les producteurs de pétrole aussi cet échangede biens et de services remplacerait la dictaturedu dollar et entraînerait la disparition de cette mini- crise, providentiellement intervenue en 1973 pour

permettre de « justifier » faussement la vraiecrise, celle que nous tentons de démystifier .

Puisque la libre entreprise fait fi des besoinsréels, pourquoi ne pas faire l'inventaire de cesbesoins par des sortes de petits référendums

(1) Jacqueline GRAPIN et J .-B . PINATEL : « La guerre civile

locaux, à l'échelle de la commune ou du quartiermondiale » .

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main est la condamnation du salariat, puisque laconcurrence et les « lois du marché » menacentchaque jour chaque industriel et chaque commer-çant, pourquoi ne pas remplacer les gains aléatoi-res des uns et des autres par une répartition desbiens de la nation à tous ses citoyens ? Pourquoine pas leur assurer ainsi la sécurité de l'existence,tout au long de leur vie ?

Pourquoi revivre 1929 ? Les yeux fermés .

(2) Simon NORA l'a démontré dans son rapport sur l'Infor-matique . Aux Etats-Unis, le professeur Richard BELLMAN,de l'Université de Californie. précise que ' 2 °Po de la popu-lation suffiraient à produire tout ce qu'elle consomme aujour-d'hui .

ILS Y VIENNENT ! par Georges STEYDLÉ

Nous publions ci-dessous des extraits d'un rap-port du Professeur JACOB remis au Président dela République sous le titre général de « Sciencesde la Vie et Société » .

Le Monde (15 novembre 1979)

BIOLOGIE ET SOCIETEIl . - Droit à la santé et qualité de la vie

« . . .La conjugaison d'une formule démographiqueprofondément modifiée et de l'accroissement toujoursconstant de la productivité du travail ne risquerait passeulement de rendre plus aigu le problème du « Troi-sième âge » . Il obligerait surtout à répartir autrementles activités et responsabilités entre les différentestranches d'âge . Peut-être conduirait-il même à consi-dérer de manière nouvelle certaines relations, parexemple entre travail et loisirs, que notre sociétérefuse de réexaminer malgré les progrès (le la méca-nisation et de l'automatisation. Ou encore certaines« vérités » aussi profondément ancrées dans notreculture que la nécessité de travailler pour « gagnersa vie » .

. . . La quantité de travail industriel nécessaire leu .tira, semble-t-il, à demander moins de travail humain .moins d'intelligence et d'entreprise de la part riesindividus .

» Si ce schéma doit se vérifier . on peut attendre uneprofonde refonte économique (les systèmes occiden-taux, ne serait-ce que par la nécessité (le définirautrement l'allocation sociale (les moyens de subsistance aux membres de la collectivité .

. . .» Qui sait si, quelques décennies après le change-ment qui s'amorce dans l'équilibre des âges, la Sécu-rité Sociale n'est pas destinée à se transformer en inst itution de complète prise en charge socialede l'exis-

tence, de la naissance à la mort des individus? (l) .Quelles seraient alors les contreparties (le servicesocial (1) et (le formation humaine qui devraient êtredemandées aux individus, à la fois pour le bien del'ensemble et pour conserver aux individus leurdignité humaine

. . .» C'est donc d'un remodelage de la vie socialequ'il pourrait s'agir . »

François JACOBPrix Nobel de Médecine(signalé par R . Thuillier)

(I ) C'est nous (lui soulignons .

N .D.L .R . - Muni de ce long rapport dont nousn'avons publié que des extraits faute de place, lePrésident de la République va immédiatementdemander à son Premier ministre d'avoir l'obli-geance de bien vouloir étudier très sérieusementla mise en place rapide de l'Economie Distributive .CHICHE!

SUITE DE LA PAGE PRECEDENTE

Ces besoins recensés et collationnés par lesmoyens puissants de l'informatique, pourquoi nepas en confier la production aux organismes agri-coles et industriels qui seraient assurés, en échan-ge de ces produits, de la fourniture des matièrespremières et de la main-d'oeuvre nécessaires ?Puisque le chômage est irréversible, si l'on Veutbien utiliser à plein les machines pour diminuer lapeine des hommes, pourquoi ne pas reconnaîtreque le plein-emploi est devenu un mythe (2) quidoit céder la place à un travail de bien plus courtedurée, et qui ne serait plus la source de la vie ?

Pourquoi en effet, puisque l'angoisse du lende-

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cenpar M.-L. DUBOINSCIENCES ET TECHNIQUES

Docteur es sciences

L'ENERGIE DES VAGUESCet article fait suite à celui publié dans notre numéro 776 « L'énergie vient aussi de la mer » . Il

fait partie d'une série consacrée aux diverses sources d`énergie actuellement à l'étude et destinée àmontrer qu'il n'y a pas que le nucléaire avec ses dangers qui puisse prendre la relève du pétrole .

PLUSIEURS milliers de mégawatts par kilomètrecané, telle est la puissance théorique de !aboule* . Sur l'Atlantique Nord par exemple, un

mère de vague soulève une énergie de 90 kw, cequi signifie qu'une bande de 10 km de long pourr ait fournir autant d'énergie qu'une centralenucléaire .Comment capter cette énergie ? Plusieurs cen

taines de brevets ont déjà été déposés. Quelques- uns ont été utilisés jusqu'à desapplicationspratiques. Un livre a fait le point sur cette question:

^ Le nouvel homme et la mer » par Yves La Prairie .H rappelle que des balises fonctionnent sur ce

principe, ainsi qu'un phare dans la baie de Tokyo. *Les recherches les plus récentes sont effectuées

par les Anglais et les Japonais .Le gouvernement anglais y a consacré un million

de Livres Sterling en 1974, puis 2,5 millions en1977, ce qui a permis d'aboutir à 4 grands projets .

Le premier est celui de S . SaIter, de l'Universitéd'Edimbourg. Il consiste à placer, perpendiculairement au déplacement des vagues, des caissonsflottants, arrimés au sol par l'intermédiaire d'unebouée, et susceptibles de tourner autour d'un axehorizontal . A chaque fois qu'une vague heurte un

caisson, elle lui fait accomplir une rotation etcelle-ci entraîne une pompe reliée à un générateur

d'électricité. Le rendement en laboratoire atteint66 Il . En mer. l a liaison entre plusieurs caissons,disposés en batterie, pose encore des problèmestechniques .

Le second projet est celui de Sir ChristopherCockerell . Il remplace les caissons oscillants pardes radeaux associés deux à deux pour alimenterune pompe laquelle est entraînée par leur mouve-ment relatif . Ce système a un rendement moinsbon que le précédent mais coûte moins cher, -,ibien que son exploitation commerciale est en route .On prévoit que des radeaux de 50 mètres sur 100pourraient fournir 2 mégawatts chacun Pour pro-duire 1 000 mégawatts il faudrait une surface mari-time de 2,5 km2. Si cela paraît beaucoup il con-vient de rappeler qu'une centrale nucléaire occupe2 km2... de surface terrestre .

Le kilowatt heure, avec ces techniques, auraitun prix de revient moyen, à mi-chemin entre lenucléaire et le thermique classique .

Le projet du National Engineering Laboratory deGlasgow est celui d'une colonne d'eau oscillante .Enfin, celui du laboratoire de recherches hydrau-liques près d'Oxford, repose sur l'utilisation des

variations de hauteur dues aux vagues, grâce à desréservoirs munis de clapets .*C'est l'équivalent de quelque 4 millions de nosfrancs que les Japonais ont consacré, et dès 1074,à leurs recherches sur l'exploitation de l'énergie,des vagues . Il est vrai que celle-ci atteint sur leurscôtes de 27 000 km, près de 400 000 mégawatts .Ils utilisent, pour absorber cette énergie, des pis-tons pneumatiques qui entraînent des turbines àair, productrices d'électricité . Un prototype de 500tonnes vient d'être lancé récemment en mer .L'Agence de la Science et de la Technique prévoitune station au large de Tsuruoka en 1980 .

*Les inconvénients de ces projets sont, outre

l'aspect peu esthétique de ces installations trèsétendues, le fait que le captage des vagues prèsdes côtes diminue l'intensité des vagues de l'autrecôté de l'installation et abaisse de quelques degrésla température de l'eau des plages avoisinantes .

La principale difficulté technique de tous cesprojets provient de ce que la houle est si puis-sante qu'elle casse tout. Aucun matériel ne luirésiste longtemps. Il faut donc de gros investissements pour le renouveler .

Mais les recherches se poursuivent et les pro-grès feront baisser les coûts . Citons le CentreNational d'Exploitation des Océans : "Ainsi en1973, un kilowatt produit par une centrale de lamer coûtait dix fois plus cher qu'un kilowatt issud'une centrale à pétrole . Aujourd'hui il coûte deuxfois plus cher » .Les avantages de cette source d'énergie sont

énormes . Non seulement il s'agit d'énergie perpétuellement renouvelable, mais aussi d'énergie pro-

pre et sans danger pour l'homme . De plus sapointe de production se situe en hiver, c'est-à-direquand les besoins d'électricité sont les plusgrands . Enfin la quantité d'énergie qu'on peut enattendre n'est pas dérisoire, les Anglais ou cal culé qu'avec les projets qu'ils ont à l'étude ils

pourront obtenir 750 mégawatts !Aucune recherche importante n'est entreprise

en France dans ce domaine . Ce n'est pas seule-ment parce que la politique actuelle est au "toutnucléaire » . C'est aussi, sans doute, parce que noscôtes ne sont pas "à vagues fortes » . Le golfe deGascogne ne fournirait que 30 kw par mètre .

D'après A .-M . Lafaurie " les vagues, pétrole de l'An 2 000 ?"publié par le magazine Industries et techniques, n° 388 .

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A U FIL DES JOURS

I

DÉS JOURS

Nos gouvernants voudraientnous faire croire que, si tout vamal en France, c'est à cause duprix du pétrole .

Nous allons donc nous aussivous parler du pétrole .

« Sur la base 100 en 1974, lecoût de la tonne de pétrole im-portée, vendue en France, fixéeen Francs constants, est passéde l'indice 98 en 1976 à l'indice85 en 1978 (soit une diminutionde plus de 13 %) et restait àl'indice 94 en avril 1979 . »

C'est ce que déclarait M . Chi-rac lors de la discussion budgé-taire à l'Assemblée Nationale .Apparemment il n'a pas été dé-menti . . .

En 1975 et 1976 les taxes pre-levées par l'Etat sur l'essenceet le super étaient respective-ment de 56 et de 55 °'° . En 1977elles étaient passées à 61 et60 °Po . Ce qui montre bien qu'iln'y a pas que les producteursde pétrole qui augmentent leursprix .

Entre l'Etat et les producteursil y a aussi les compagnies pé-trolières qui se sucrent : pourle premier semestre 1979, lebénéfice net de la CompagnieFrançaise des Pétroles s'élève

à 2,2 milliards de francs (nou-veaux, bien sûr) alors qu'il n'avait été que de 309millions

pour la même période de 1978 .Et ce bilan ne tient pas comptede tout ce qui a été stocké .

C'est à peu près partout lamême chose dans le monde

occidental : au moment où l'Amé-ricain moyen s'aperçoit que leprix du fuel domestique vientde subir une forte hausse parrapport à l'an dernier, les gran-des compagnies pétrolières amé-ricaines (les majors, comme onles appelle) annoncent des pro-fits énormes . Entre juillet etseptembre 1979 les profits réa-lisés par Exxon sont en haussede 118 % sur le trimestre cor-respondant de 1978 ; ils sont de131 % pour Mobil, de 158 %,pour Texaco, de 191 % pourStandard Oil of Ohio et de 97%pour Gulf Oil . Le président decette dernière compagnie a,sans pudeur, déclaré à la télé-vision américaine que ces pro-fits sont « une bonne nouvellepour tout le pays » .

Malgré cela le Président Car-ter a beaucoup de mal à faireaccepter par le Congrès sonprojet de taxation des superpro-fits des compagnies pétrolières .Ce qui montre bien leur puis-sance .

Toujours aux Etats-Unis, selonle « Wall Street Journal », unrapport confidentiel préparé parM . A . Kahn, conseiller de Cartersur les problèmes de l'inflation,conclut à la responsabilitéd'une « poignée de compagniespétrolières » dans la hausse im-portante des prix intérieurs desproduits pétroliers . Selon cerapport, les « majors » poussentles prix pétroliers vers le hauten exerçant une forte pressionsur le marché mondial .

*Les pays exportateurs de pé-

trole font d'ailleurs la même,analyse : ils se plaignent desbénéfices abusifs des compa-gnies pétrolières et y trouventla justification à de nouvelleshausses des prix du brut . Entournée dans le Golfe Persique,le ministre vénézuélien du pétro-le a déclaré que la prochaineréunion de l'O .P.E .P . « fixera lepourcentage de la hausse desprix et étudiera le moyen demettre un terme aux abus dessociétés intermédiaires qui spé-culent sur la vente du pétrole » .il a ajouté : « Ces sociétés réa-lisent des bénéfices fabuleux

en achetant le pétrole à basprix aux pays, producteurs pourle revendre au double, voire autriple de son prix . »

Au fait, ne plaignons pas trop,quand même, le consommateuraméricain : il ne paie son superqu'environ un franc le litre .

Pour payer notre facture pétro-lière le Président de la Répu-blique et ses ministres nousexhortent à développer nosexportations . Ce que nous réus-sissons assez bien puisque le« Rapport des Comptes de laNation » pour 1978 montre quela balance commerciale est équi-librée et même en léger excé-dent (357 milliards de francs àl' exportation contre 355 mil-liards à l'importation) . Il sem-ble qu'il en sera à peu près demême en 1979 . Dans ces condi-tions, comme le fait remarquerL. Lammers dans « Energies »(23-11-79)) , « Il

est faux de continuer à affirmer que la criseou le stop à la croissance setrouvent dans l'augmentationdes prix d'importation puisquela balance commerciale est équi-librée depuis 1975 . Ce qui est

vrai, en revanche, c'est que lesprivilèges accordés à l'exporta-tion pour obtenir cet équilibre

sont exorbitants du droit commun économique, et surtout re-présentent probablement aujour-d'hui la source principale del'inflation . Cela pour trois rai-sons essentielles : en créant dela monnaie de financement, enfavorisant la montée des tauxd'intérêt, en réduisant l'offreinterne ( . . .) Pour toutes ces rai-sons, l'exportation dont l'obli-gation ne saurait certes êtrecontestée, ne doit pas pour au-tant se transformer en mythenational auquel tout est sacrifié . »

J .-P . MON

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ETRANGER

Par delà les frontièrespar Pierre SIMONI L faut le reconnaître, la pollution existe depuis

bien longtemps, sans doute depuis que !a vieorganisée existe . Par ses activités quotidiennes

naturelles l'homme rejette des produits ou sous-produits, déchets alimentaires, ou autres . Il en estde même des animaux . Mais on peut penser quele système écologique s'en accommode plus oumoins . Les poissons, par exemple, vivent dans unmilieu qui leur est encore plus ou moins propre(sans mauvais jeu de mots) et subsistent . Le malest venu de l'accroissement fantastique de la popu-lation humaine et animale (par l'intermédiaire del'élevage) et du danger que des milliards d'indi-vidus font courir à un système qui n'a sans doutepas été prévu pour résister au choc .

Le deuxième facteur de pollution est, bien sur,la production industrielle et les quantités fabuleu-ses de produits toxiques pour les hommes et pourla nature qu'elle met en circulation, soit pour êtreutilisés et engendrer encore davantage de pollu-tion, soit sous forme de déchets . On a pu croireque le phénomène avait des effets limités dansl'espace et que les émissions dangereuses de telleou telle usine ne faisaient sentir leurs effets quedans un certain rayon autour de la source . Ainsi,on pouvait se rassurer égoïstement, en pensantque le pollueur faisait aussi sans doute son propremalheur si bien que les pays ou les régions quiprenaient soin de s'entourer de précautions suffi-santes pour restreindre ou limiter la pollution surleur territoire couraient un moindre risque et n'enfaisaient en tout cas pas courir aux autres .

Piètre consolation, sans doute, mais on ne peutrésoudre tous les problèmes au mieux . Des nou-velles plus inquiétantes, malheureusement, nousparviennent. Elles montrent clairement, en effet,que, comme tant d'autres produits de notre acti-vité économique et industrielle, la pollution s'ex-porte . Mais là, pas de bulletins officiels triom-phants, pas de graphiques flatteurs ni de statis-tiques grisantes . Cette exportation se fait sournoi-sement, et si jamais l'importateur la constate et seplaint, on se garde bien de revendiquer la pater-nité de toutes ces cochonneries .

On sait, depuis longtemps, que les fleuves véhi-culent des tonnes de produits toxiques et de pois-sons morts. Les villes baignées par le Rhin en avalde la Rhur en savent quelque chose . Or, voilà qu'onparle à nouveau de la Rhur, mais cette fois, pas enHollande. Les inquiétudes viennent de beaucoupplus loin, très exactement de l'Alaska . Du moins,ce sont les Américains qui le prétendent . Ils ont

trouvé, dans la brume qui, chaque printemps,recouvre l'océan Arctique au nord de l'Alaska desparticules comme on en trouve dans un air urbainpollué ainsi que de faibles quantités de métauxlourds provenant de la combustion de fuels indus-triels lourds . Emportées par les vents, ces substan-ces auraient donc parcouru environ 10 000 kilomè-tres. On n'est donc en sécurité nulle part . Qu'ellesaient voyagé aussi loin n'est pas si surprenantque cela puisque l'on a bien recueilli en Floride etau Mexique des poussières fines de sable sahariensoulevées par des tempêtes .

Pour réduire la pollution au sol, on e cru bienfaire en construisant des cheminées d'usine deplus en plus hautes . Certaines mesurent plus de250 mètres, ce qui n'est pas rien . Hélas, en agis-sant ainsi on ne fait que déplacer le problème etpermettre aux Norvégiens, par exemple, de profiterde la pollution créée par les industries anglaises .Même les filtres qu'on a installés au sommet detelles cheminées ne font qu'aggraver le problème .lis ne retiennent, en effet, que les particules lesplus grosses et laissent passer les plus fines,généralement acides, qui sont en même temps lesplus mobiles du fait de leur taille . C'est ainsi que,en quelques années, le degré d'acidité de la pluiedans certaines régions du Canada et de la Scandi-navie, a doublé .

D'autre part, les craintes soulevées par les effetspossibles des gaz qu'on utilise dans les « bombes »à insecticide, à nettoyer les vitres, etc ., sur lescouches supérieures de l'atmosphère font s'atten-dre à voir augmenter le nombre des cancers dela peau . Or, si les « bombes » ne se vendent quedans les pays industrialisés, leurs effets se ferontsentir partout .

Quand les pays industrialisés polluent, tout lemonde trinque . Or, malgré la crise économiquequi entraîne un certain ralentissement de l'activitéindustrielle ils continuent à polluer, peut-être deplus en plus, et, tous les jours, de nouvelles acti-vités dangereuses pour l'humanité démarrent dansun coin du globe . La course à la production et àl'exportation, sans doute nécessaire pour survi-vre, ne peut qu'accélérer le phénomène . Une seulesolution, rationnaliser tout cela pour réduire lapollution inévitable au strict minimum, et ne pasnuire à soi-même ni à son voisin . Seule l'EconomieDistributive peut permettre ce progrès décisif .

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par Gabriel LAFONT

1

!w®.

La Troisième, vous l'avez con-nue ? La Troisième République,je veux dire . Si vous ne l'avezpas connue vous ne perdez rien,maïs vous en avez peut-êtreentendu parler . Oui, celle dePanama, de l'emprunt Russe,des bons de Bayonne, de Stavisky, et j'en passe. Celle qui

accouchait à la sauvette en 1940sur la route de Bordeaux, un peuencombrée à l'époque, pour don-ner le jour à l'Etat Français (Tra-vail-Famille-Patrie) , un préma-turé dans un triste état, qui de-vait céder la place à la IVe, puisà la Ve dite rénovée . Vous yêtes ? . . . La pourrie, quoi ! Ehbien, on va finir par la regretter,la Ille .Parce que, rénovée ou pas,

notre Marianne n° V, cette filleà soldats, qui vient de fêter enfamille, mais dans !a plus stricteintimité, ses 21 carats - oh 1pardon ! - n'est pas belle à voiren ce moment. Elle file un mau-vais coton .

Qu'est-ce qui ne va pas ? Cen'est pas la ménopause . A 21ans, pensez . Ni le surmenage .Ce ne sont pas les mauvaisesfréquentations non plus . Rienque du beau monde dans sonentourage . Du général deuxétoiles, du gentilhomme avecparticule, de l'académicien enétat de marche, de l'économistelibéral avancé présenté par pa-rents . Pas de nanas en blue-jean, ni de traîne-basket aux che-veux longs . Alors ? La pilule ?même pas . On s'y perd .

On voyait bien qu'elle se lais-sait aller depuis quelque temps,que le ménage n'était pas faittous les jours, qu'elle se déver-gondait, mais on fermait lesyeux. On avait oublié (les Fran-

çais ont la mémoire courte com-me disait l'autre - qui donc,au fait?) les scandales dontelle restait éclaboussée avecses petits amis, ses gros pro-tecteurs ou ses Jules .Qui se souvenait du scandale

de La Villette ? Une centainede milliards anciens engloutis,mais pas perdus pour tout lemonde, dans la constructiond'abattoirs ultra modernes, siperfectionnés qu'ils n'ont ja-mais pu être utilisés, et quiattendent que l'on trouve dansla poche des contribuables uneautre centaine de milliards pourles démolir .Et le scandale du téléphone

dénoncé par l'inspecteur géné-ral Jannès ? Et celui de la Garan-tie Foncière ? Et les autres, lesaffaires Aranda, Rives Henri,de Broglie qui dorment dans les

tiroirs sous plusieurs tonnes dedossiers poussiéreux ?

Fallait bien en finir. On n'al-lait pas en parler toute la vie .

Et voilà qu'une banale, histoirede diamants, offerts par M .Bokassa (empereur de Centra-frique par la grâce de Dieu etde Giscard d'Estaing, actuelle-ment en disponibilité) à sonparent », suivie du dramatique

suicide d'un ministre impliquédans une non moins banale his-toire de transactions immobiliè-res, éclatant comme deux grospétards sur le perron de l'Ely-sée, vient brusquement réveillerles Français assoupis devantleur télé .

C'est malin . Juste au momentoù, même si le train ne roulaitpas sur les rails, on commen-çait à voir le bout du tunnel .

Je veux croire, pour leur ex-cuse, que le volatile mal enchai-

né qui a lancé le premier pétardet les autres journaux qui ontfait état de rumeurs qui circu-laient déjà dans les salles derédaction, n'ont pas mesuré tou-tes les conséquences de ce quine pouvait être qu'un canular .On y a cru . Même R . Barre quien a fait une dépression . Il n'enfallait pas plus pour que laBourse dégringole et que troisannées de redressement ensoient compromises .

La vérité c'est qu'il n'y a paseu scandale, mais simple échan-ge de bons procédés entre gensdu monde qui ont bien le droitde se faire des cadeaux pourentretenir l'amitié et relancerles affaires .

En attendant, nous revoilàtous dans le beau merdier d'oùl'on essayait avec tant de malde nous sortir . Allons, mes-sieurs, pas de vagues . Le mo-ment serait mal choisi . Je sais,en 1934 on a failli faire unerévolution pour moins que çà .Mais ce n'est pas en faisanttomber, fût-ce symboliquement,quelques têtes que l'on n'a déjàque trop vues, c'est vrai, ni parune révolution réalisée dans laconfusion et le mensonge, pasplus qu'en changeant le numérode la République, que l'on pour-ra changer des truands en petitssaints et réaliser la justice so-ciale que tous les programmesélectoraux n o u s promettentpour l'an 2 000 ou pour la saintGlin-Glin .

La Ille République était pour-rie . La Ve est en pleine décom-position . C'est le système éco-nomique qu'il faut changer . Cesystème, dont la seule loi estcelle du profit, ne peut qu'en-gendrer le désordre et la corrup-tion . Nous le voyons une fois deplus aujourd'hui . C'est lui qu'ilfaut abattre . Pour lui substituerle Socialisme de l'AbondanceSeule l'Economie Distributivepeut prétendre réaliser ce rêve,ou cette utopie, qui sera, qu'onle veuille ou pas, la réalité dutroisième millénaire .

Oui, elle a une drôle de tron-che notre République .

Mais ce sont les Français quiont bonne mine .

Alors, vite . . . du balai ! . . .

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LES QUESTIONS AGRICOLES Par Jean MESTRALLET

Agriculture et économie distributiveM.-L . Duboin me communique l'extrait d'une

lettre, auquel je vais m'efforcer de répondre . linLecteur de Champagne-sur-Seine écrit :

« J'appartiens à un monde agricole, petit produc-teur de fruits et légumes, où la lutte avec la natureest constante (maladies, insectes, pluie, séche-resse, etc . . .) , ceci nous retirant parfois le reposdominical . En somme, la lutte continuelle . Je nepose pas la question en matière de culture inten-sive où seul le mot « rentabilité » intervient, endépit de toute qualité, mais d'une culture qu'onpourrait appeler biologique, où l'on retrouve laqualité d'antan . Et à ce sujet, j'aimerais avoir l'avisde certains camarades abondancistes : l'agriculturen'est pas l'industrie - nous l'avons vu en Russie-- et je crains que dans ce domaine à échéancenous nous trouvions aux prises avec de nombreu-ses difficultés qui seraient de nature à modifica-tion dans le système abondanciste . Agriculture etindustrie sont, hélas ! très différentes et exige-ront une longue adaptation . J'aimerais qu'à ce sujetun dialogue s'instaure » .Oui, vous avez bien raison, cher camarade, et

j'attends d'autres lettres d'agriculteurs pour qu'ilsnous fassent connaître leur métier . J'en attendsaussi de lecteurs ouvriers, car je n'aime pas parlerde ces problèmes en l'air .Vos propos surprendront beaucoup des nôtres,

qui pensaient que le progrès technique avait davan-tage amélioré la vie à la campagne . C'est sansdoute vrai sur quelques points : pour les machinesà traire par exemple, qui suppriment une véritablecorvée, pour quelques appareils ménagers quiaident la fermière souvent plus surmenée qu'onne l'imagine. Et évidemment, les machines agrico-les permettent à un seul homme de faire beaucoupplus de travail qu'autrefois . En matière de produc-tivité, il y a incontestablement progrès .

Mais pour l'agriculture ? Là, c'est une autrehistoire . Les grands céréaliers de la région pari-sienne qui ont abandonné l'élevage et prennentdes vacances ont certainement amélioré leur sort :leurs grosses machines travaillent des centainesd'hectares avec un personnel réduit . Le prix garantidu blé, qui permet tout juste au petit exploitantde survivre, leur assure une rente de productivitéconfortable, grâce à un prix de revient beaucoupplus bas .

Mais pour l'exploitant qui a gardé son bétail,surtout s'il s'agit d'élevage l aitier . i l faut être làen permanence . Signalons toutefois qu'un ser-vice de remplacement fonctionne dans certainesrégions, en particulier dans la Loire, service orga-nisé par les agriculteurs eux-mêmes .

Il n'en reste pas moins que, pour nombre d'ex-

ploitants, les horaires d'autrefois existent tou-jours : en pleine saison, de 3 heures du matin à10 heures du soir, en hiver, de 5 heures à 20 heu-res . Si le coeur vous en dit . . .

Pourquoi ? Parce qu'on est tombé d'un excèsdans l'autre . D'une population trop nombreuseautrefois, on est passé à une population activeinsuffisante . Alors, le rendement est là, mais letravailleur aussi pour servir les machines . Et l'on

ne compte plus les tassements de vertèbres poursièges de tracteurs non amortis . (La suspensiondes sièges de tracteurs, en voilà justement un, deprogrès) .

Dans bien des cas, une ou deux personnes deplus suffiraient à rendre la fatigue supportable,voire même le travail agréable. Mais elles seraientde trop pour la rentabilité .

Citons encore le cas des « pirouettes » à tournerle foin. Lorsque celui-ci est vert, elles ne font pastrop de dégâts . Mais lorsqu'il est sec, elles enlè-vent les feuilles de légumineuses, partie la plusnutritive de la plante . On y supplée par l'achat desoja !! . . .

« C'est depuis lors que les vaches sont mala-des », disait un vétérinaire, pas spécialement parti-san de la culture biologique, à un cultivateur quine l'est pas davantage . La solution se trouve dans

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Pour avoir un peu de confort, l'agriculteur estobligé de s'endetter, ou de sacrifier son outil detravail et l'avenir de son fils .

Car, malgré la fatigue du métier, celui-ci courtpeut-être moins de risque à reprendre l'exploitationpaternelle qu'à s'embaucher à l'usine pour seretrouver chômeur en cas de crise . Encore faut-ilqu'il puisse le faire .

eux-mêmes) Il

s'agit par conséquent de résoudre un premiergrand problème : l'amélioration de la vie à la cam-pagne. On peut envisager plusieurs moyens- création de machines mieux adaptées ;- encouragement du travail coopératif (les

progrès dépendant largement des intéressés eux-;

- retour à la campagne d'une partie de la population active en supprimant les emplois inutiles eten automatisant à fond l'industrie qui s'y prêtebien davantage .Ces moyens, difficiles à réaliser en économie

de marché, deviennent possibles en économiedistributive .

La prochaine fois, nous essaierons d'imaginer lefonctionnement d'un tel régime et nous envisage-rons le problème agriculture-santé . Mais nousvoudrions savoir si notre lecteur est déjà en agri culture biologique ou non ?

SUITE DE LA PAGE PRECEDENTE

la fabrication des machines évitant ces dégâts(d'autres en font déjà moins) ou la restitutiond'une main'd'oeuvre suffisante à la campagne pourle fanage manuel . Des bêtes malades ne peuventfournir du lait de haute vitalité !

Et toutes ces machines, il faut les payer . Tropde paysans sont endettés jusqu'au cou

travail coopératif et l'achat d'un minimum de machi-nes, utilisées en commun .Ah ! elles coûtent cher, les querelles de villageLorsque l'agriculteur ne veut pas s'endetter, pour

effectuer des travaux indispensables, modernisersa ferme, par exemple, il est souvent obligé devendre une parcelle de terre . Et comme il y a beau

coup de clients en ce moment, les prix montent:non seulement ceux du terrain à bâtir mais aussiceux du terrain agricole, qui suivent . Plus tard,lorsque son fils ou un jeune quelconque voudra

s'installer, il ne pourra plus payer la terre indis-pensable pour agrandir son exploitation . Et il devras'endetter, lui aussi .

Pendant ce temps, on se plaint des constructionsanarchiques qui s'élèvent partout, du « mitage » dela campagne au déciment du paysage et .- desterres cultivables .

L'administration est-elle intelligente? oui! par Hilarius de Joyeuse~°Hilarius, une fois de plus, urbi et orbite (céleste)

prouve ce qu'il peut! Hilarius vient d'être mis àla retraite par une Administration consciente de cequ'il a suffisamment parcouru ses couloirs, sansbuts précis ou avouables ; d'autant qu'il ne saitpas même faire du tricot derrière sa Japy, commeses consoeurs . Bref, retraité, Hilarius a droit à unecarte de « Retraité » .

Une carte qui, certes, ne donne droit à rien dutout, mais lui permettrait de se faire reconnaîtrepar les nombreux nouveaux collègues qui l'ontremplacé (cinq gaillards) . Son chef bien aiméaurait pu la lui remettre au cours de l'hilarantecérémonie des adieux, où chacun a pu librementexprimer le contraire de ce qu'il pensait .

0u, encore, ce petit bristol aurait pu être jointautomatiquement à l'envoi du titre de pension . Etque non ! Hilarius a donc rédigé une demande entriple exemplaire dans laquelle " il sollicite la déli vrance de sa cartoline". La demande, parcourant

25 km en 5 mois, est parvenue au Préfet départe-mental, lequel, 15 jours après, a demandé, par lecanal de la Direction Régionale, au Commissariatdu lieu, de convoquer l'individu afin de lui deman-der sil gagnait de l'argent... après sa radiation descadres. C'est l'élégante formule pour « mise à laretraite » .

Hilarius, bête mais discipliné, a fait le trajet(8 km), a répondu " non, des clous"Réponse enre-gistrée par P.-V . en 7 exemplaires et retournée auPréfet.

Avec la sagesse socratique qui l'a caractérisé,durant cette période, Hilarius attend la suce dontil vous fera part. !l espère apercevoir son petitbout de carton avant que ne se réalise la ventedu premier Concorde à une Compagnie étrangère .(C'est pas demain la veille !) .Affaire palpitante qui n'apparaît stupide qu'aux

primesautiers, car Hilarius , avec elle, quel'Administration qui, verbalement, ne cesse desimplifier ses formalités, concrètement fait lécontraire, en contribuant heureusement à la luttecontre le chômage . --Suivez la carte et comptez :un fonctionnaire pour prendre la requête, un autrepour !'enregistrer (2), un chef pour vérifier (3),un préposé pour acheminer vers le Préfet (4), unpour enregistrer le courrier à l'arrivée (5), un pourvoir de quoi il retourne (6), un pour prendre l'initiatived'envoi au Service (7),même mécanisme

(10) à ce stade pour expédier au Commissariat .D'où se déroule, maintenant en sens inverse, lamême marche serpentaire . Total une vingtaine

d'inactifsfonctionnaires

utilisés, très intelligemment pour accoucher, nonplusd'une cocotte enpapier, mais d'un rectangle de carton !

Comment oser dire que l'Administration ne seraitpas intelligente après me démonstration aussimagistrale ? D'autant que l'opération se répète (lesmilliers de fois, multipliant les emplois ainsi ren-dus indispensables .

Vive l'Administration française intelligente, pu-rée !

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TRIBUNE LIBRE

Réponse à J. Bourdettepar Léon BAREL

Suis-je un anormal ?J

E suppose, cher lecteur, (mais peut-être metrompé-je ?) que la réponse faite par M .-L .Duboin à l'encontre de votre exposé, paru

dans « La Grande Relève » n° 771, ne vous aie paspleinement convaincu, comme ne vous convaincrapas davantage ma petite intervention . Vous demeu-reriez dans la conviction qu'il faut une motivationsous forme d'argent pour faire agir les hommeset que les responsabilités, ou les travaux nobles,se monnayent d'autant plus vite qu'ils sont plusméritoires . L'accomplissement réussi de ses actesn'apporterait pas à l'homme une satisfaction suffi-sante en soi l'incitant à continuer d'agir, et il selaisserait bientôt dépérir .Mais, pourquoi donc ? J'ai personnellement eu

la chance professionnelle d'assumer des respon-sabilités et, aussi, d'effectuer des travaux decréation . Me prendrez-vous pour un hâbleur si jedis n'avoir jamais ressenti le besoin, ou l'obses-sion, d'être plus considéré ou mieux payé que lescollègues assurant des tâches que l'on ose encorequalifier de subalternes ? Au contraire ! Je me suisestimé privilégié du fait que je me trouvais sou-vent passionné par ce que je devais accomplir .Les difficultés à résoudre, les noeuds à délier, lesprojets à établir me permettaient de rendre effec-tives les possibilités de mon intellect et cela medonnait entière satisfaction .

Serais-je un cas anormal ?A ce compte, Pasteur, Pierre et Marie Curie fai-

saient partie des anormaux, l'argent restant loinde leurs objectifs premiers . Et on en compte desmilliers d'autres qui sont ainsi fabriqués . Nevoyons-nous pas autour de nous des personness'occupant bénévolement d'oeuvres ou d'organisa-tions charitables, de comités d'entraide ou defêtes, de groupes d'idées . . . ?

Beaucoup de gens ont une approche des chosessemblable à la vôtre, cela à cause du contexte oùévolue le monde du travail, sans espoir et mora-lement mort, trimant aveuglément sans but per-sonne! si ce n'est pour enrichir le patronat . Laseule petite satisfaction à atteindre pour le salariereste celle d'obtenir une augmentation . Que dis-cerne-t-on au bout du travail sinon la crainte duchômage, de la répression ou de la guerre ? Aucunidéal ne peut exister . Tout, dans notre monde, estinlassablement monnayé. On peut dire : « la mon-naie ou la vie » . Pas de monnaie, pas de vie. Pour-tant cela n'est pas inscrit dans les lois de laNature Ce n'est devenu « vrai » que pour le genrehumain, et voilà une discrimination entre l'animalet l'homme . Est-ce bien là une supériorité de cedernier ? Pas sûr . Voyez où nous mène actuelle-

ment la monnaie à travers le monde : inutile defaire un dessin !La pensée se nourrit uniquement d'éléments

fournis par le milieu ambiant . Vous êtes né dansla société de l'argent, vous pensez donc en termesde capitalisme à votre corps défendant, même sivous le désapprouvez . Il est indubitable que sivous étiez né aborigène d'Australie vous penseriezexactement comme un aborigène d'Australie. Si,par contre, vous étiez né dans une société distri-butive où le facteur « intérêt pécuniaire » n'exis-tait pas, vous n'y penseriez pas et ne pourriezmême pas l'imaginer .

Il est indéniable que l'abondance inouïe appelleà la mise en place de l'économie distributive . Cesera elle, ou la catastrophe mondiale . Cette der-nière serait un immense malheur qui ferait de laFrance ce que nous voyons du Cambodge à latélévision, car les deux Grands feraient de l'Europeleur champ de bataille, et quel champ de bataille !

Il ne faut pas l'oublier, le service social « obligé »en économie distributive se réduirait à fort peude temps, trois à quatre heures par semaine . Etpourquoi ne serait-il pas équitablement répartipendant une période raisonnable ? Les troufionsn'ont-ils pas aidé au décrassage des plages pol-luées de pétrole ? Et pour quel salaire ?

Il se trouve, effectivement, qu'un petit pourcen-tage d'humains possèdent une tendance marquéeà la perversité : ceux qui, dans la jungle, ont bru-talement entrepris les invasions, les pillages, mismain basse sur les avoirs des autres, inventé l'es-clavage, les guerres, le code civil, les financespour leur seul profit . . . Il ne faudrait donc pas quel'économie distributive, humaniste à cent pour cent,exact contraire de la barbarie, verse dans lesmêmes erreurs en laissant subsister des faillesdans lesquelles les pervers ne manqueraient pasde s'infiltrer . Ils installeraient vite de nouveauxprivilèges monétaires qui déséquilibreraient lasociété . Ces failles latentes se nomment déjà,< état transitoire » et « monnayage des responsa-bilités » .

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