ACF-INTERNATIONAL MANUEL PRATIQUE · pratique que stratégique et moins exhaustif qu’un guide...

107
ACF-INTERNATIONAL MANUEL PRATIQUE EAU - ASSAINISSMENT - HYGIENE DANS LA LUTTE CONTRE LE CHOLERA @ Bertrand Sudre

Transcript of ACF-INTERNATIONAL MANUEL PRATIQUE · pratique que stratégique et moins exhaustif qu’un guide...

  • ACF-INTERNATIONAL

    MANUEL PRATIQUE

    EAU - ASSAINISSMENT - HYGIENE

    DANS LA LUTTE CONTRE LE CHOLERA

    @ Bertrand Sudre

  • Manuel pratique EAH de lutte contre le cholra ACF-IN Mai 2013 1 | P A G E

    Copyright

    Action Contre la Faim, membre dAction Contre la Faim-International Network (ACF-IN), 2013. Reproduction autorise sous rserve quil soit fait mention de la source, sauf indication contraire. Si la reproduction ou lutilisation de donnes textuelles ou multimdias (son, images, logiciel, etc.) sont soumises autorisation pralable, cette autorisation annulera lautorisation gnrale prcite et fera clairement tat de toute restriction ventuelle dutilisation.

    Clause de non responsabilit

    Le prsent document vise porter lattention du public les informations relatives aux initiatives et aux politiques dAction Contre la Faim International Network. Notre objectif est de diffuser des informations exactes et jour la date de cration. Nous nous efforcerons de corriger toute erreur qui nous serait signale. Toutefois, la responsabilit dACF nest en aucune manire engage quant au contenu des informations du prsent document. Lesquelles :

    ont un caractre gnral uniquement et ne visent pas aborder les

    circonstances spcifiques propres une personne physique ou morale

    ne sont pas ncessairement compltes, exhaustives, exactes ou jour

    renvoient parfois des documents ou sites externes sur lesquels ACF

    nexerce aucun contrle et pour lesquels ACF dcline toute responsabilit

    nont en aucun cas valeur de conseil juridique

    La prsente clause de non responsabilit na pas pour but de contourner les exigences poses par les lgislations nationales en vigueur ou dexclure la responsabilit dACF dans le cas o elle ne peut ltre en vertu desdites lgislations.

    Remerciements

    Nous remercions lensemble des employs dAction Contre la Faim impliqus dans la lutte contre le cholra, en particulier les missions Zimbabwe, Tchad, Hati, Cote divoire, Sierra Lone et Guine Conakry, en esprant que leur contribution a t fidlement rapporte dans cet ouvrage.

    Nous remercions spcifiquement la Direction Scientifique et Technique (Ioana Kornett) et le rfrent du secteur WASH de ACF-France (Dr Jean Lapegue) pour avoir initi et financ ce travail.

    Nous remercions galement les rfrents techniques EAH au sige, Dr Jean Lapegue, Ccile Renaudin, Joachim Peters, Julie Gauthier, Filippo Busti et Jean Christophe Barbiche pour leur implication dans les programmes ayant attrait la lutte contre le cholra, la constitution du Papier de positionnement et de la Tool Box Cholra.

    Nous remercions vivement le laboratoire Chrono-environnement de luniversit de Franche Cont et principalement le Dr Bertrand Sudre pour la promotion et la mise en uvre de projet de recherche oprationnelle dans le cadre de la lutte contre le cholra en collaboration avec Action Contre la Faim.

    Enfin, nous remercions les contributeurs et relecteurs du document Christophe Valingot (DG ECHO), Damien Blanc (DG ECHO), Dr Bertrand Sudre (UFC) et Dr Jean Lapegue (ACF).

    Rdacteur

    Jessica Dunoyer ([email protected]), Action Contre la Faim, Paris, France

    mailto:[email protected]

  • Manuel pratique EAH de lutte contre le cholra ACF-IN Mai 2013 2 | P A G E

    Prface Depuis lan 2000, le nombre des cas de cholra notifis lOMS continue de crotre. Rien quen 2011, 58 pays ont notifi 589 854 cas dont 7 816 mortels. Mais de nombreux cas ne sont pas recenss cause des dfaillances des systmes de surveillance et des enjeux conomiques et politiques associs. LOMS estime que le bilan vritable de la maladie se chiffre 3-5 millions de cas et 100 000-120 000 dcs par an.

    Au cours des 20 dernires annes, la tendance mondiale voluer passant dune forte incidence en Amrique du Sud dans les annes 1990 une incidence leve en Afrique et peu de cas en Asie. Jusquen 2009, le continent africain enregistrait 93-98% des cas et 95-99% des dcs sur le globe. En 2011, la situation de cholra dans le monde a radicalement chang, pour la deuxime anne conscutive, le continent africain enregistre mois de 50% des cas mondiaux. Cette situation sexplique par lpidmie majeure qui svi en Hati depuis 2010 faisant 523 904 cas au 31 Dcembre 20011.

    La dynamique du cholra depuis 2005 est associe lmergence dune nouvelle souche associe une dshydratation plus svre et une incidence leve. Parmi les grandes pidmies rcentes, on retiendra lpidmie du Zimbabwe avec 98 591 cas entre 2008 et 2009. Le bassin du Lac Tchad (Niger, Nigria, Tchad, Cameroun) paie galement un lourd tribut au cholra avec 142 727 cas et 5 179 dcs enregistrs entre 2009 et 2011. En 2011 et 2012, une pidmie majeure svit le log du Golfe de Guine, les pays les plus affects sont le Ghana, la Sierra Lone et la Guine.

    En Mai 2011, lassemble nationale de la sant a reconnu que la rmergence du cholra tait un problme de sant publique majeur.

    La stratgie ACF-IN 2012 2015 ainsi que le papier de positionnement technique de lorganisation font de la rponse aux crises humanitaires et en particulier la rponse aux pidmies un des axes dintervention prioritaire. Le projet associatif dACF fixe comme objectif la Direction Scientifique et technique de continuellement renforcer son expertise technique dans ses domaines de rfrence par le dveloppement technique, la capitalisation, la veille, la recherche et la prospective. ACF a dailleurs acquis une expertise dans le domaine de la lutte contre le cholra au fil des annes formalis le livre Eau Hygine Assainissement pour les populations risque. Cependant, ce nest que depuis peu que lorganisation a dvelopp des comptences dans le cadre de la riposte EAH dans la communaut et a initi un dbut dintgration avec des domaines transversaux tels que lpidmiologie et le volet psychosocial. La mise en uvre dune recherche applique transdisciplinaire pour orienter, valuer et amliorer les stratgies de rponse est rcente. Cette volont de mieux comprendre la maladie se manifeste par ltablissement de partenariat avec des instituts de recherche et des universits.

    Le besoin de formalisation des expriences innovantes se traduit par lcriture de ce manuel. Il est fond en partie sur la stratgie intgre EAH Epidmiologie dvelopp en Afrique de lOuest et sinspire des leons apprises des interventions rcentes dACF sur le cholra au Zimbabwe (2009 2012), dans le Golfe de Guine (2009 2012), dans le Bassin du Lac Tchad (2010 2011) et en Hati (2010 2012).

    Le prsent manuel est un document pratique et compact servant dinterface entre le papier de positionnement dACF sur le cholra et la Tool Box cholra ACF

    1. Il sadresse aux employs dAction

    Contre la Faim et leurs partenaires engags dans la lutte contre le cholra. Ce document est plus pratique que stratgique et moins exhaustif quun guide technique et traite essentiellement des questions relatives leau, lassainissement et lhygine. Il propose une stratgie couvrant la rponse durgence et la rduction du risque au travers de la prparation aux pidmies et de limplmentation de programmes dEAH durable dans le cadre de la prvention et de la rsilience en accord avec la stratgie EAH de lorganisation.

    1 Signet de rfrence aux Tool box cholra ACF et UNICEF dans le texte du manuel

  • Manuel pratique EAH de lutte contre le cholra ACF-IN Mai 2013 3 | P A G E

    Table des matires

    PREFACE ................................................................................................................................................ 2

    TABLE DES MATIERES ......................................................................................................................... 3

    ACRONYMES ......................................................................................................................................... 4

    REFERENCES DU MANUEL ................................................................................................................. 5

    1 - CONNAISSANCES DE BASE AU SUJET DU CHOLERA ............................................................... 7

    1. INTRODUCTION A LEPIDEMIOLOGIE DU CHOLERA ...................................................................... 9 2. SURVEILLANCE EPIDEMIOLOGIQUE ........................................................................................ 16 3. PRISE EN CHARGE MEDICALE ................................................................................................ 21 4. VACCINATION, ANTIBIOTHERAPIE ET REHYDRATATION ORALE .................................................. 23 5. QUESTIONS FREQUEMMENT POSEES ..................................................................................... 25

    2 - REPONSE WASH DURGENCE AUX EPIDEMIES DE CHOLERA ............................................... 27

    1. STRATEGIE DE REPONSE ...................................................................................................... 29 2. COORDINATION MULTISECTORIELLE ET TRANSFRONTALIERE ................................................... 33 3. ACTIVITES DE RIPOSTE ......................................................................................................... 35 4. SUIVI, EVALUATION ET IMPACT DE LA REPONSE ...................................................................... 45 5. LEONS APPRISES ET BONNES PRATIQUES ............................................................................ 49 6. DIMENSIONNEMENT DE LA REPONSE ...................................................................................... 50 7. QUESTIONS FREQUEMMENT POSEES ..................................................................................... 54

    3 - PREPARATION AUX EPIDEMIES DE CHOLERA ......................................................................... 57

    1. STRATEGIE DE PREPARATION ................................................................................................ 59 2. COORDINATION MULTISECTORIELLE ET TRANSFRONTALIERE ................................................... 59 3. AXES DINTERVENTION ......................................................................................................... 60 4. APPROCHE BAILLEURS ......................................................................................................... 65 5. QUESTIONS FREQUEMMENT POSEES ..................................................................................... 65

    4 - PREVENTION DES EPIDEMIES DE CHOLERA, RESILIENCE & GESTION A LONG TERME .. 67

    1. STRATEGIE DE PREVENTION ET DE RESILIENCE ...................................................................... 69 2. COORDINATION MULTISECTORIELLE ET TRANSFRONTALIERE ................................................... 69 3. AXES DINTERVENTION ......................................................................................................... 69 4. APPROCHE BAILLEURS ......................................................................................................... 72 5. QUESTIONS FREQUEMMENT POSEES ..................................................................................... 73

    5 - RECHERCHE OPERATIONNELLE TRANSDISCIPLINAIRE SUR LE CHOLERA ....................... 75

    1. PRESENTATION .................................................................................................................... 77 2. AXES DE RECHERCHE ........................................................................................................... 77 3. PARTENAIRES SCIENTIFIQUES ............................................................................................... 79 4. APPROCHE BAILLEUR ........................................................................................................... 80

    ANNEXES ............................................................................................................................................. 81

  • Manuel pratique EAH de lutte contre le cholra ACF-IN Mai 2013 4 | P A G E

    Acronymes

    ACF Action Contre la Faim

    CAP (Enqute) Connaissances Aptitudes Pratiques

    CRG Croix-Rouge Guinenne

    CRL Chlore Rsiduel Libre (mg/L)

    CTC Centre de Traitement de Cholra

    DFID Department for International Development

    ECHO Direction Gnrale de l'Aide Humanitaire de la Commission Europenne

    EHA Eau Hygine Assainissement

    GPS Global Positioning System

    IEC Information, Education et Communication

    Min. Eau Ministre de lHydraulique

    Min. Sant Ministre de la Sant

    MSF Mdecins sans Frontires

    OFDA Office of US Foreign Disaster Assistance

    OMS Organisation Mondiale de la Sant

    SIG Systme dinformation Gographique

    SIMR Surveillance Intgr de la Maladie et la Riposte

    SRO Sels de Rhydratation Oral

    TDR Tests de Diagnostique Rapide

    TA Taux dattaque hebdomadaire

    TIC Taux dincidence cumule

    TL Taux de ltalit

    UNICEF Le Fonds des Nations Unies pour l'Enfance

    WASH Acronyme anglais pour 'Eau Hygine Assainissement'

    WCARO West and Central Africa Regional Office

  • Manuel pratique EAH de lutte contre le cholra ACF-IN Mai 2013 5 | P A G E

    Rfrences du manuel

    Guides

    Eau Assainissement Hygine pour les populations risque, Action Contre la Faim, 2010

    Sphere Project, Humanitarian charter and minimum standard in disaster relief, 2011

    Cholra Guidelines, Mdecin Sans Frontire, 2004

    Guide de la Surveillance Intgre de la Maladie et de la Riposte (SIMR), Organisation Mondiale de la Sant, 2010

    Flambes de cholra, Organisation Mondiale de la Sant, 2006

    Boites outils

    ACF Cholera Tool Box

    http://www.missions-acf.org/kitemergency/HTML/5.5-washFR.html

    UNICEF Cholera Tool Kit

    http://www.unicef.org/cholera/

    Sites internet

    WHO / OMS

    http://www.who.int/cholera/en/

    CDC

    http://www.cdc.gov/cholera/index.html

    OCHA WCA

    http://wca.humanitarianresponse.info/fr/

    Institut Pasteur

    http://www.pasteur.fr/ip/easysite/pasteur/fr/presse/fiches-sur-les-maladies-infectieuses/cholera

    http://www.missions-acf.org/kitemergency/HTML/5.5-washFR.htmlhttp://www.unicef.org/cholera/http://www.who.int/cholera/en/http://www.cdc.gov/cholera/index.htmlhttp://wca.humanitarianresponse.info/fr/http://www.pasteur.fr/ip/easysite/pasteur/fr/presse/fiches-sur-les-maladies-infectieuses/cholera

  • Manuel pratique EAH de lutte contre le cholra ACF-IN Mai 2013 6 | P A G E

  • Manuel pratique EAH de lutte contre le cholra ACF-IN Mai 2013 7 | P A G E

    1 - Connaissances de base au sujet du cholra

    @ Bertrand Sudre

  • Manuel pratique EAH de lutte contre le cholra ACF-IN Mai 2013 8 | P A G E

  • Manuel pratique EAH de lutte contre le cholra ACF-IN Mai 2013 9 | P A G E

    1. Introduction lpidmiologie du cholra

    1.1 Historique

    Le cholra est une maladie ancienne, identifie dans des rcits datant de plus de deux millnaires et originaire du delta du Bengale (actuel Bengladesh). Le monde a vcu 6 grandes pidmies mondiales qui ont eu pour origine le sous-continent indien ou lAsie du Sud-est. En effet, au XIX

    e sicle, les

    pidmies se sont dveloppes sous forme de pandmies qui ont atteint le Moyen Orient, lEurope et le continent amricain. Les pays du Nord ont russi supprimer les flambes pidmiques par des actions dassainissement et daccs leau potable associes une amlioration globale du niveau de vie des populations. Au 19

    ime sicle, lAfrique a t affecte plusieurs reprises mais de manire

    temporaire, ce nest qu partir de 1970 que lendmisation du cholra a dbut sur ce continent. Nous sommes actuellement dans la 7

    ime pandmie, partie de la mer des Clbes, en Indonsie en

    1961. En 2010, lle dHati a t affecte par une pidmie de grande ampleur aprs plus dun sicle sans cas report. Aujourdhui, cest le continent africain et les carabes qui paient le plus lourd tribut de la maladie.

    Lpidmiologie qui tudie les facteurs influenant sur la sant des populations a bnfici des rsultats de la premire enqute du Dr John Snow Londres en 1854. Il est clbre pour avoir tudi la propagation de lpidmie de cholra dans le district de Soho et mis l'hypothse d'une dissmination par l'intermdiaire de la distribution d'eau. En cartographiant les cas de cholra, il a identifi une pompe eau publique de Broad Street comme tant la cause de l'pidmie, et en supprima le manche, ce qui mit fin l'pidmie. Cela constitue un vnement majeur de l'histoire de la sant publique, et peut tre considr comme l'acte fondateur de la science de l'pidmiologie.

    1.2 Fiche didentit du vibrion cholerae

    Synthse

    Nom : Vibrion cholerae Catgorie : maladie diarrhique transmission fcale orale

    Agent Pathogne : bactrie hydrique, bacille Gram ngatif Forme : virgule et trs mobile

    Srogroupe : 01 et 0139

    Apparition du Srogroupe 0139 en Inde et au Bengladesh en 1992, est rest confin lAsie du Sud Est.

    Incubation : quelques heures 5 jours

    Doses dinfection : Env. 106 10

    11 vibrios

    Dans les vomissures et des selles cholriques, on peut trouver des concentrations jusqu 108

    vibrios/ml. La dose infectante varie dune personne lautre,. Si les vibrions sont ingrs avec de la nourriture, une dose infectante comprise en 10

    3 et 10

    6 germes est suffisante.

    Immunit : Entre 2 7 mois grce aux anticorps, possible immunit locale du tube digestif plus longue.

    Activation : -5c

  • Manuel pratique EAH de lutte contre le cholra ACF-IN Mai 2013 10 | P A G E

    Informations additionnelles

    Dure de survie

    La dure de survie du vibrion varie en fonction de la temprature, du PH, du substrat, du type de souches et dautres paramtres. Ci-dessous quelques indications

    2 :

    Entre 1 et 2 semaines dans la nourriture et les boissons conservs temprature

    ambiante et jusqu 5 semaines dans de la glace ;

    Entre 4 et 5 semaines dans la glace ;

    Entre 1 et 3 semaines dans leau de puits ;

    Entre 1 et 7 jours sur des objets solides (ustensile, vtements, pice de monnaie, etc.)

    UNICEF Cholera Toolkit Annex 2A vibrio cholerae ecology data

    Porteur asymptomatique

    Autrement appel porteurs sains , cette personne ne prsente pas les symptmes du cholra, elle nest donc pas considre malade et na pas de diarrhe mais peut potentiellement transmettre la maladie. En effet, les selles et vomissures dun porteur sain contiennent des vibrios en moyenne entre 7 et 14 jours. Il est dit que 80% des personnes contamins sont des porteurs asymptomatiques, autrement dit que seul 20% des personnes pouvant transmettre la maladie tombe malade. Toutefois, ce chiffre est prendre avec prcaution, il peut varier en fonction des populations et des souches en circulation. La proportion de porteurs sains nest en tout cas pas un frein linvestigation des modalits de transmission mme si elle doit tre prise en compte. Enfin, cette information est utiliser avec prcaution car elle peut parfois dcourager les populations et acteurs de la lutte contre le cholra et renforcer le sentiment de fatalit relatif la transmission de la maladie.

    Biotype et srotype3

    Spcimen Vibrion cholerae

    Srogroupes 01 0139

    Biotypes El Tor Classique

    Srotypes Hikojima Inaba Ogawa

    Variant gntique

    Une souche gntiquement drive du biotype El Tor a fait son apparition depuis 1990 en Asie. Elle serait responsable des dernires grandes pidmies telles que celles du Zimbabwe en 2009, dHati depuis 2010, du bassin du la Tchad entre 2009 et 2011 et le long du golfe de Guine depuis 2012

    4.

    Ce nouveau variant semble associ une forme plus svre de la maladie en termes de niveau de dshydratation mais aussi de dure et dincidence de lpidmie.

    2 Cholera Tool Kit, UNICEF, 2013

    3 Cholera Guidelines, MSF, 2010

    4 Vibrio cholerae O1 Variant with Reduced Susceptibility to Ciprofloxacin, Western Africa, ML. Quilici, EID, Vol.16,

    n11, Novembre 2010

  • Manuel pratique EAH de lutte contre le cholra ACF-IN Mai 2013 11 | P A G E

    1.3 Concepts de base

    Contexte pidmique

    Cholra endmique

    Daprs lOMS, on dit que le cholra est endmique quand la maladie rapparat de manire frquente dans le temps et lespace. De manire concrte, les pays ayant notifis des cas sur 3 des 5 dernires annes sont considres comme endmiques. A noter que les pays de grande taille ne sont pas touchs dans leur entiret, on parlera alors dendmicit du cholra pour certaines zones seulement (cas de lEst de la RDC).

    Cholra pidmique

    Daprs lOMS, le cholra est dit pidmique lorsque il est difficile prvoir dans lespace et dans le temps

    5. A noter quun pays endmique peut voir lapparition dun cholra pidmique sur sont

    territoire.

    Rservoirs

    Daprs les connaissances actuelles, les rservoirs seraient de deux types, environnemental en priode inter-pidmique et humain pendant les pisodes pidmiques. Toutefois, les mcanismes dmergence des pidmies du ou des rservoirs environnementaux hors du continent asiatique reste a investiguer et davantages de travaux de recherche doivent tre engags.

    Rservoir environnemental

    Des tudes de microbiologie cologique ont mis en vidence la prsence de vibrions en priode inter-pidmique dans les eaux saumtres (estuaires, rivires mare) en Asie du Sud Est. Le vibrion peut galement coloniser les crustacs et les poissons. Ainsi, du vibrion cholerae a t isol en 2004, au Libria dans lintestin dun poisson

    6 durant un pidmie de cholra.

    Rservoir humain

    Lhumain est connu comme tant le principal rservoir du vibrion en priode pidmique. La bactrie est prsente dans les selles et vomissures des malades, des personnes dcdes, des porteurs asymptomatiques et des convalescents.

    Intrt pour la lutte contre le cholra

    Le type dhabitat du vibrion en priode inter-pidmique a une incidence relle sur les stratgies de prparation. Ainsi, en 2012, ltude du dclenchement de la maladie en Sierra Lone et en Guine au travers de lutilisation de la biologie molculaire a mis en vidence une origine anthropique de la maladie. Le caractre alatoire de lmergence de la maladie rend difficile sa prdiction et, le fait que sa diffusion vers dautres pays le long du golfe de Guine se fasse au travers dactivits humaines rend prvisible son extension. Cette extension gographique avait par ailleurs t dcrite dans une tude pidmiologique rtrospective en Guine en 2009.

    Le fait davoir isol du vibrion dans un composant de lenvironnement a un impact direct sur les stratgies de rponse. En effet, en reprenant lexemple des poissons au Liberia, ils sont vids - dans certains pays et pour certaines espces - de leurs intestins soit par un professionnel dans les marchs et dbarcadres soit domicile. La manipulation du poisson et particulirement des intestins devient alors une pratique risque. Des actions spcifiques avec des messages de sensibilisation adaptes doivent tre menes.

    5 Vaccins anticholriques ; note dinformations de lOMS, WER, N13, 2010, 85, 127-128

    6 Household fish preparation hygiene and cholera transmission in Monrovia, Liberia, P. Sheelbeck and all, J

    Infect Dev Ctries. 2009 Oct 26;3(9):727-31.

  • Manuel pratique EAH de lutte contre le cholra ACF-IN Mai 2013 12 | P A G E

    Mcanismes de transmission

    Dterminants pour la population

    Les modes de transmission du cholra sont gnralement classes comme suit : 1) la transmission hydrique et 2) la transmission interhumaine.

    Dterminants pour lindividu

    Le cholra est une maladie transmission fcale orale qui sattrape par lingestion directe ou indirecte de selles ou vomissures. Les voies de transmission privilgies sont leau contamine, la nourriture contamine et les mains sales . Les objets ayant t en contact avec les selles et vomissures des malades comme les vtements sont prendre en compte dans lanalyse des transmissions.

    Echelle intermdiaire = chelle dintervention

    Sil est tabli que la diffusion du cholra sexplique en partie par une contamination environnementale (hydrique) et en partie par une contamination interhumaine, les contributions respectives des deux types de contamination restent difficiles quantifier. De plus, les modalits de transmission peuvent diverger dans un mme pays, mais aussi une chelle plus locale comme le district, laire de sant ou le village.

    Pour saffranchir de ces limites, ACF a travaill sur un concept oprationnel pour une meilleure orientation de la rponse bas sur le contexte de transmission. Il se dfinit comme lensemble des circonstances dans lesquelles une personne va contracter la maladie. Ainsi, les transmissions en lien avec les rites funraires dun dcs de cholra, une structure de prise en charge cholra, le domicile du patient, les lieux de regroupements, la contamination hydrique la source et enfin lappartenance une catgorie socioprofessionnelle (nomades, pcheurs, mcaniciens, etc.) ont t retenues comme des contextes propices au dveloppement dune pidmie. Cette chelle danalyse permet dtablir un lien entre lpidmiologie de la maladie et les activits de riposte.

    Facteurs de risque

    Facteurs globaux78

    Les facteurs lchelle macroscopique dmergence et de diffusion dune pidmie de cholra peuvent tre classs en diffrentes catgories :

    Facteurs environnementaux

    Les facteurs saisonniers tels que la mousson ou la saison des pluies ont une incidence sur le dveloppement dune pidmie. On parle alors de saisonnalit du cholra.

    Les modifications climatiques lies au rchauffement global peuvent interagir avec les facteurs climatiques saisonniers, notamment au travers des anomalies climatiques (scheresse, inondations en lien avec les variations dEl Nio)

    9 et tre lorigine de flambes pidmiques

    importantes.

    Facteurs sociodmographiques

    La densit et les mouvements de la population associs des conditions dhygine dfavorables sont des facteurs souvent associs aux pidmies de cholra. Les situations durgence humanitaire complexe comme le dplacement massif de populations ou les regroupements traditionnels (crmonies, pche collective, etc.) joue un rle important dans le dveloppement des flambes de cholra.

    7 T. Jammy, Epidmie de cholra en Afrique, 2002, ENSP

    8 D. Tubaya, Etude des facteurs de risques du cholra, 2007, Universit de Lubumbashi

    9 http://www.who.int/globalchange/publications/en/elnino.pdf

    http://www.who.int/globalchange/publications/en/elnino.pdf

  • Manuel pratique EAH de lutte contre le cholra ACF-IN Mai 2013 13 | P A G E

    Facteurs biologiques

    Deux points fondamentaux sont considrs dans ltat sanitaire dune population vis--vis du cholra: la malnutrition et lImmunit. Chez les personnes malnutris, lacidit gastrique tant diminue, la dose dinfection ncessaire sera moindre et la svrit du cholra est plus importante. Enfin, Limmunit nest pas naturelle mais elle sacquiert. Si elle nexiste pas, la flambe pidmique peut-tre spectaculaire comme ce fut le cas en Hati en 2010.

    Facteurs structurels

    Laccs leau potable, des structures dassainissement appropries et des soins de qualit sont des facteurs structurels lis lexpression des pidmies de cholra dans une rgion. Les crises conomiques et politiques viennent affaiblir laccs des populations ces infrastructures et services.

    Facteurs locaux

    Les facteurs locaux de dispersion dune pidmie de cholra sont spcifiques une population et une zone donne. Leur dtermination par linvestigation de terrain pendant une pidmie de cholra par les acteurs sant et/ou EAH est indispensable et va permettre dorienter la lutte contre le cholra.

    Les dterminants dmographiques et sociologiques sont favoriss par l'activit et le comportement humain. Parmi ces facteurs, l'on peut citer :

    L'augmentation de la population : surtout dans les grandes villes, associe une pauprisation et une urbanisation sauvage, constitue un facteur essentiel dans l'apparition prsente et future des pidmies de cholra ;

    Les mouvements de population : dplacements de population la suite de guerres, de catastrophes naturelles, de famine favorisant l'mergence des pidmies de cholra en zone d'endmie (la malnutrition, le stress, l'puisement, la promiscuit favorisent la contamination) ;

    Les grands rassemblements (plerinages, ftes, rites, coutumes) favorisant la promiscuit et le manque d''hygine constituent des dterminants habituels et connus d'une flambe pidmique. Les axes de communication de l'pidmie de cholra sont toujours terrestres, maritimes, fluviaux mais de plus en plus ariens.

    Le rle important de la mdecine traditionnelle est un facteur favorisant la diffusion et l'extension de l'pidmie en retardant l'arrive des malades et en diminuant l'impact des messages de prvention.

    La connaissance des pratiques culturelles, les comportements et attitudes devront tre tudis pour comprendre l'volution de l'pidmie et adapter au mieux la prvention.

    Les enqutes pidmiologiques structures permettent galement de dterminer les facteurs de risque locaux de transmission Ces informations sont cruciales dans une perspective de comprhension des mcanismes de transmission et de rponse plus long terme. Nanmoins, ces enqutes sont plus complexes mettre en uvre et ncessitent ltablissement dun partenariat scientifique.

    Leons tires du Tchad - Identification des facteurs locaux de dispersion pour orienter les activits de riposte

    Au Tchad, en 2010, suite aux investigations de terrain, ACF a identifi le dplacement des pcheurs

    saisonniers le long du Logone comme un facteur local de dispersion de lpidmie. En 2011, des actions

    prventives ont t menes auprs de cette population en amont de la priode de pche saisonnire. Les

    messages de prvention et le contenu des kits distribuer ont t repenss en fonction du mode de vie de la

    communaut affecte.

  • Manuel pratique EAH de lutte contre le cholra ACF-IN Mai 2013 14 | P A G E

    05 Tool box cholera / 04 Rponse / 02 Epidmiologie & Surveillance / 11 - Template Rapport d'investigation

    Types denqutes pidmiologiques : 05 Tool box cholera / 04 Rponse / 02 Epidmiologie & Surveillance / 01 - Pr.OUCHFOUN_Introduction en pidmiologie

    Exemple dtude des facteurs de risque : 05 Tool box cholera / 06 Recherche oprationnelle / 02 Case Study

    1.4 Indicateurs et outils utiles

    Ltalit et Taux dattaque

    Taux dattaque hebdomadaire

    TA = Nombre de nouveaux cas pendant la semaine x 100 (1 000 ou 10 000)10

    Population expose pendant la mme semaine

    Un taux dattaque lev est un marqueur de facteurs de risque locaux accrus. Cet indicateur aide prioriser les zones dinterventions. Le taux dattaque est plus lev dans une situation ferme (camps de rfugis) ou dans un bidonville en raison de la densit importante de la population (Cf. Caractristiques des pidmies, p15).

    Ltalit

    Let (%) = Nombre de dcs pendant la semaine x 100

    Nombre de cas pendant la semaine

    La ltalit doit est

  • Manuel pratique EAH de lutte contre le cholra ACF-IN Mai 2013 15 | P A G E

    Paramtres pidmiologiques Pays

    Guine Sierra Leone

    Cas (n) 7 351 22 932

    Dcs (n) 138 299

    TIC (pour 10 000 hbts) 6.1 36.1

    Ltalit (%) 1.9 1.3

    Dure (n sem.) 47 52 Tableau 1 : Paramtres pidmiologiques clefs

    Caractristiques des pidmies

    Le tableau ci-dessous donne une indication des caractristiques des pidmies en fonction du milieu, ce qui permet danticiper le dveloppement dune pidmie. Cette analyse, effectue par Epicentre, est base sur la revue des programmes MSF entre 1990 et 1997. Nanmoins, les paramtres varient en fonction de la souche en cause mais aussi dans un contexte o les pidmies actuelles semblent plus longues

    11.

    Une bonne alternative pour les acteurs EAH est de collecter, de synthtiser et danalyser les informations sur les pidmies antrieures dans le pays dintervention auprs du Ministre de la Sant (compte rendu des comits de crise, plan de contingence, base de donnes lectroniques, fiche de suivi mensuelle, etc.). Lors dun pisode pidmique, les acteurs sant sont amens proposer une modlisation du nombre de cas attendus sur la base de ces donnes ou des donnes des pisodes pidmiques antrieurs du pays dintervention.

    Contexte Rural

    ouvert

    Urbain

    dense

    Camps

    ferm

    Taux dattaque 0,1 2% 1 5% 1 5%

    Ltalit < 5% 2 5% < 1%

    Atteinte Pic 1,5 3 mois 1 2 mois 2 4 semaines

    Dure 3 6 mois 2 4 mois 1 3 mois

    Tableau 2 : Caractristiques des pidmies12

    Il est parfois possible didentifier la source de transmission en interprtant la courbe de lpidmie. Toutefois, les modalits de transmission sont souvent complexes et les interprtations abusives, sans enqute de terrain sont viter.

    Informations sur la projection de cas :

    05 Tool box cholera / 04 Rponse / 02 Epidmiologie & Surveillance / 12 Cholera projections SL 2012

    Informations sur linterprtation des courbes pidmiques :

    UNICEF cholera Toolkit Annex 3I: Epidemic curves and interpretation

    11

    Vaccins anticholriques ; note dinformations de lOMS, WER, N13, 2010, 85, 127-128, 12

    Cholera Guidelines, MSF, 2010

  • Manuel pratique EAH de lutte contre le cholra ACF-IN Mai 2013 16 | P A G E

    2. Surveillance pidmiologique

    Positionnement oprationnel sur le cholra ACF-IN

    Dans le but de soutenir les autorits sanitaires nationales et locales, ACF collaborera avec le Ministre de la

    Sant en vue de favoriser la mise en place d'un systme d'alerte prcoce et de permettre la transmission

    quotidienne des nouveaux cas de cholra depuis les centres de sant.[] En outre, selon le contexte, ACF peut

    fournir le matriel ncessaire pour collecter et conserver des chantillons de selles en vue d'une analyse

    approprie, pour confirmer l'pidmie. Si pertinent, des tests de diagnostic rapide du cholra seront mis

    disposition des centres de sant des zones endmiques de faon rduire le dlai de confirmation de

    l'pidmie.. ACF pourra renforcer les tapes clefs de la surveillance et notamment 1) la surveillance base

    communautaire, 2) la confirmation en laboratoire, 3) lenregistrement des donnes, 4) la transmission des

    donnes (qualit et la promptitude), 5) lanalyse des donnes et 6) linvestigation des flambes pidmiques.

    2.1 Dtection des cas

    Dfinition de cas

    Le guide technique de la surveillance intgre de la maladie et de la riposte labor par lOMS recommande une srie de dfinitions pour les maladies potentiel pidmique et notamment le cholra. Dans la pratique, dautres dfinitions de cas sont parfois utilises per le Min. Sant. Il est important de sassurer que la mise en observation de cas suspects de cholra est respecte lorsque la dfinition est peut spcifique.

    OMS

    Cas suspect: Chez un malade g de 5 ans ou plus, dshydratation grave ou dcs des suites de diarrhe aqueuse aigu. En cas dpidmie de cholra, toute personne ge de 5 ans ou plus prsentant une diarrhe aqueuse aigu, avec ou sans vomissement constituer un cas suspect.

    Cas confirm: Cas suspect dans les selles duquel le vibrion cholrique 01 ou 0139 a t isol.

    MSF

    En cas dpidmie de cholra, toute personne ayant prsent au moins trois selle liquides, avec ou sans vomissement, dans les dernires 24h.

    Dfinition de cas base communautaire

    Un rfrencement prcoce dun cas suspect de cholra augmente les chances de survie du malade et limitera lextension de lpidmie. La communaut est le premier chelon de la surveillance pidmiologique. Cest pourquoi, les agents de sant communautaires, les gurisseurs traditionnels, les accoucheuses, les agents de sant qui mnent des actions dans les zones recules et les responsables de la communaut doivent connatre les dfinitions de cas simplifis. Le guide technique SIMR revue en 2010 intgre dornavant la notion de surveillance intgre base communautaire. Les dfinitions de cas simplifies sont adaptes par le Min. Sant et lOMS dans chaque pays :

    Cholra : Diarrhe aqueuse profuse chez les plus de 5 ans

    Diarrhe aqueuse aigue : Au moins 3 selles liquides au cours des dernires 24 heures et prsence dun signe de danger* ou dune dshydratation

    (*Signes de danger : lthargie, perte de conscience, vomissements, convulsions et, chez les enfants de

    moins de 5 ans, incapacit boire ou prendre le sein)

  • Manuel pratique EAH de lutte contre le cholra ACF-IN Mai 2013 17 | P A G E

    Identification partir dun Test de Diagnostique Rapide

    Lutilisation de tests de diagnostique rapide (TDR) facilite lidentification des premiers cas et permette une alerte trs prcoce en attendant la confirmation microbiologique du laboratoire. Ils sont utiliss galement en fin dpidmie pour vrifier si le vibrion circule toujours. Les TDR ne remplacent pas la confirmation en laboratoire. Il est fortement recommand aux missions de disposer de TDR avant la priode risque.

    05 Tool box cholera / 04 Rponse / 02 Epidmiologie & Surveillance / 09 Utilisation tests rapides cholra

    UNCEF cholera Tool kit Annex 3C: Information on laboratory, RDT and environmental testing

    Confirmation des cas en laboratoire

    Les premiers cas de cholra dun district doivent tre confirms aussitt que possible. Cette tape de la surveillance est cruciale car elle conditionne souvent la dclaration de lpidmie. Pendant le dveloppement de lpidmie, des analyses dchantillons dans lensemble des zones affectes sont effectus intervalles rguliers. Le rsultat est un bon indicateur de la qualit de la dtection des cas dans les structures de prise en charge. En fin dpidmie, des tests doivent systmatiquement tre mens pour sassurer que lagent pathogne de ne circule plus. Le personnel de sant est form aux mthodes de prlvements et fournit le matriel et les consommables ncessaires aux prlvements et aux analyses en laboratoire. Des milieux de transport spcifiques comme le papier buvard ou le carry-blair sont utiliss. Les prlvements doivent tre achemins temprature ambiante. Le dlai entre le prlvement et lanalyse ne doit pas excder 72 heures en carry-blair et entre 4 et 5 semaines sur papier buvard. Des accords de coopration avec des centres de recherche sont envisageables si les comptences techniques pour isoler le vibrion sont dficientes au laboratoire national de rfrence et que lOMS ou un autre acteur sant na pas planifi cette activit.

    Leons tires du Tchad - Illustration des possibilits en matire de dtection du cholra En collaboration avec des partenaires internationaux, l'quipe ddie au cholra a travaill sur le

    renforcement des capacits au niveau local et national. Par exemple, elle a fourni du matriel de

    prlvement et dispens une formation technique au niveau local sur la collecte et la conservation

    d'chantillons de selles. En outre, elle a utilis ses moyens logistiques pour faire analyser les chantillons au

    Laboratoire National de Rfrence et lInstitut Pasteur Paris.

    Informations sur les prlvements et les analyses bactriologiques :

    05 Tool box cholera / 06 Recherche oprationnelle / 04 Laboratoire / 02 Diagnostique bactriologique

    Enregistrement des cas au niveau priphrique

    La tenue des registres au niveau des centres de sant est variable. Un registre mdical et dinvestigation doit tre utilis dans les UTC/CTC si aucun acteur sant nest prsent. Il est important quil y ait un seul et unique registre dans un UTC /CTC et il est toujours possible de discuter avec lacteur mdical en place pour lajout de variables ncessaires au ciblage de laction EAH. Ces variables sont en zone rurale : 1) la provenance du malade (aire de sant, village et quartiers), 2) la profession, 3) lidentification du contexte de transmission, 4) la source deau de boisson et 5) lethnie et le mode de vie si pertinent ; en zone urbaine : 1) la provenance du patient (commune, quartier, adresse), 2) les numros de tlphone dau moins deux membres de la famille pour mener les enqutes de terrain. La compilation des donnes au niveau du district est parfois critique pourtant elle est indispensable au suivie de lvolution de lpidmie. Les comptences sont variables en fonction des pays et les missions peuvent tre amens lorsque la surveillance pidmiologique est limite aider le district sanitaire dans la collecte des donnes en provenance des aires de sant (base de donnes, liste linaire de patients). Cependant, lorganisation ne doit pas se substituer au Min. Sant.

  • Manuel pratique EAH de lutte contre le cholra ACF-IN Mai 2013 18 | P A G E

    05 Tool box cholera / 04 Rponse / 02 Epidmiologie & Surveillance / 08 Registre mdical et dinvestigation

    05 Tool box cholera / 04 Rponse / 02 Epidmiologie & Surveillance / 08 Formulaire Investigation contexte de transmission

    Circuit de notification des cas

    Chaque pays a son propre circuit de notification pour lessentiel inspir du guide SIMR. Il est essentiel didentifier les diffrents chelons du systme sanitaire (communaut, centre de sant, district, rgion et niveau national) et de comprendre le fonctionnement de la notification (donnes notifies, supports utilises et moyens de communication). Selon les besoins, les missions doivent tre en mesure de renforcer la notification des cas au niveau priphrique (centre de sant, district) au travers des moyens de communication et des supports utiliss.

    2.2 Analyse des donnes (temps, lieux, personne)

    Lanalyse des donnes daprs les variables de temps, de lieux, et de population aide suivre lvolution de lpidmie et orienter les activits de riposte. Les quipes sont mme de former le personnel de sant en charge de la surveillance aux diffrents chelons de la pyramide sanitaire en privilgiant les chelons priphriques.

    Base de donnes de suivi et danalyse des donnes pidmiologiques

    Un format de suivi et danalyse des donnes pidmiologiques diffrentes chelles spatiales a t labor par lUFC et ACF. Cette base de donnes permet de suivre au plus prs lvolution de lpidmie de cholra. Une formation lutilisation de cette base de donnes est propose au personnel de sant en charge de la surveillance lorsque cela est ncessaire.

    05 Tool box cholera / 04 Rponse / 02 Epidmiologie & Surveillance / 04 - BDD suivi Epidemio / BDD suivi Epidemio template pays

    05 Tool box cholera / 04 Rponse / 02 Epidmiologie & Surveillance / 04 - BDD suivi Epidemio / BDD suivi Epidemio template urbain

    05 Tool box cholera / 04 Rponse / 02 Epidmiologie & Surveillance / 04 - BDD suivi Epidemio / BDD suivi Epidemio template district

    Cartographie dynamique

    La cartographie sert suivre lvolution dune pidmie une chelle macro soit pour orienter les stratgies de riposte une chelle micro . En zone rurale, des cartes communautaires sont dessines dans les aires de sant dintervention, reprsentant les cas de cholra, les lieux clefs de la vie communautaire ainsi que des informations de lenvironnement (fleuve, infrastructures daccs leau potable, dbarcadre, march, etc.). En zone urbaine, des cartes de clusters de cas peuvent tre produites partir de la go-localisation du domicilie des patients (figure 2).

    Leons tires de la Sierra Lone et de la Guine Utilisation de la cartographie En 2012, ACF en collaboration avec lUFC a mis en place une base de donnes 2 pays partir des

    donnes des Min. Sant respectifs. Une carte des Taux dattaque par district sanitaire est alors produite et

    diffuse chaque semaine. Elle permet notamment didentifier les axes de propagation transfrontaliers et

    dinformer les MSP des deux pays (figure 1).

  • Manuel pratique EAH de lutte contre le cholra ACF-IN Mai 2013 19 | P A G E

    Figure 1 : Carte des Taux dattaque hebdomadaire par district sanitaire ; Figure 2 : Reprsentation

    spatiale hebdomadaire des cas de cholra13

    Profil des pidmies

    Les bases de donnes susmentionnes permettent dtablir le profil des pidmies, en gnral un graphique avec le nombre de cas ou le TA en ordonne et le temps en abscisse (figure 3). Linterprtation de la courbe est essentiel et ncessite le recoupement dinformations entre les acteurs EAH et sant.

    0

    200

    400

    600

    800

    1000

    1200

    1400

    TOTAL CAS 2011 TOTAL CAS 2010 Semaine pidmiologique

    Pche collective DS Bongor (Mars)

    Extension pidmie NDJ, DS Massakory, DS Mandalia

    Extension pidmie DRS Guerra + ABC

    Extension pidmie DRS classique cholra (frontaliers)

    Dmarrage saison des pluies DS Fianga(Cam.) & DS Bol (Nigeria et Niger)

    Profil de courbe saison des pluies Transmission hydrique + interpersonnelle

    Pcheurs saisonniers

    ACF - Laboratoire Chrono-Environnement UMR 6249 (Universit de Franche Comt)

    N cas

    Figure 3 : Profil des pidmies de cholra au Tchad en 2010 et 2011

    14

    Profil des populations touches

    Le Min. Sant ou les acteurs sant produisent en gnral des donnes par ge inferieur 5 ans suprieur 5 ans et parfois par sexe. Pour les acteurs EAH, dautres indications concernant la spcificit de la population touche sont utiles. Il est assez facile didentifier les surreprsentations de certaines catgories de la population donc potentiellement surexpos au risque de cholra - en posant des questions au personnel de sant en charge de ladmission des patients. Il peut sagir

    13

    Epidmiologie du cholra transfrontalier en Sierra Lone et en Guine et les stratgies dintervention associes, ACF UFC, 2012

    14 Epidmiologie du cholra au Tchad et les stratgies dintervention associes, ACF UFC, 2011

  • Manuel pratique EAH de lutte contre le cholra ACF-IN Mai 2013 20 | P A G E

    denfants, de femmes, mais aussi de mendiants frquentant les rues du centre-ville. Le mode de vie dun malade (ex : nomade ou sdentaire) ou lethnie dappartenance joue aussi un rle dans la diffusion du cholra (cf. 0, p29). Pendant et en fin dpidmie, la stratification de la population touche par tranche dge et de sexe apporte des lments pour la prparation aux pidmies et la rponse en cours.

    2.3 Investigation des flambes

    Mthodologie

    Linvestigation dun pisode pidmique a t largement dcrite par MSF dans le chapitre 2 du guide technique. A cela sajoute, lidentification des contextes de transmission et des facteurs de risque locaux de dispersion des pidmies de cholra indispensable pour anticiper la diffusion de la maladie. Un format a t dvelopp et est disponible dans la Tool box. Il est prfrable dassocier les membres du district sanitaire (mdecin de district, charg de la surveillance, charg EAH) lors de linvestigation dune flambe. Une personne ressource ayant une connaissance historique des pidmies de cholra dans la zone est un atout.

    05 Tool box cholera / 02 Guideline et mthodologie / 02 MSF / Chapitre 2 Outbreaks investigation

    05 Tool box cholera / 04 Rponse / 02 Epidmiologie & Surveillance / 11 - Template Rapport d'investigation

    Rtro-information

    Les rsultats de linvestigation doivent tre partags au niveau priphrique (districts, rgion) et au niveau national (membres du comit de crise, membres des inter-clusters).

    2.4 Dclaration de lpidmie

    Enjeux

    La dclaration de lpidmie est un acte de Sante publique fort qui atteste de lengagement du ministre de la sant dans la lutte contre le cholra. Pour des raisons conomiques et/ou contextuelles (priode lectorale, plerinage, etc.), la dclaration de lpidmie est parfois retarde voire compromise (exemple : Ethiopie 2007, Zimbabwe 2008). La confirmation des cas en laboratoire aide parfois dbloquer la situation. Les Tests de Diagnostique Rapide peuvent amener les Min. Sant sintresser la confirmation biologique. Des actions de plaidoyer dans le pays peuvent tre menes mais elles doivent pralablement tre discutes au niveau de la mission ; les risques dun blocage dintervention sont prendre en compte.

    Fin de lpidmie

    La dclaration de fin de lpidmie est mise par le ministre de la sant public. LOMS prconise dattendre trois semaines aprs le dernier cas de cholra confirm pour dclarer la fin de lpidmie.

    2.5 Plaidoyer technique pays

    Lors des comits de crise et des runions inter-clusters, la mission est amene voquer certaines dfaillances de la surveillance pidmiologique auprs du Min. Sant et de lOMS. Ci-dessous une liste non exhaustive des recommandations mettre :

    Utilisation dune dfinition de cas de lOMS, si la dfinition utilise par le Min. Sant est trop vasive ou trop restrictive et que cela un impact sur la dtections des cas ou lexhaustivit des donnes. Lutilisation de dfinition internationale standardise est recommande.

  • Manuel pratique EAH de lutte contre le cholra ACF-IN Mai 2013 21 | P A G E

    Confirmation de cas en laboratoire en dbut et en fin dpidmie et de manire ponctuelle tout au long de lpidmie.

    Compilation des listes linaires des patients au niveau des districts en version lectronique sous un schma de saisie commun

    Amlioration du la compltude et de la promptitude des donnes notifies au travers de ma mise en place dune flotte tlphonique. Promotion des changes lectroniques en assurant laccs des clefs internet au niveau des districts.

    Dclaration de lpidmie au plus tt ; ce sujet doit tre abord avec tact aux regards des enjeux conomiques et politiques associs.

    2.6 Liens additionnels vers la Tool box cholra

    05 Tool box cholera / 02 Guideline et mthodologie / 01 OMS / 05 Technical Guidelines SIMR/IDRS 2010

    3. Prise en charge mdicale

    Positionnement oprationnel sur le cholra ACF-IN

    ACF International se concentre avant tout sur la prparation et la prvention, en vue de limiter la propagation du

    cholra. Pour le moment, ACF ne ralisera pas dinterventions mdicales dans les Centres de Traitement du

    Cholra, bien que cela puisse tre envisag l'avenir.

    A l'heure actuelle, les actions mdicales doivent tre coordonnes avec d'autres partenaires

    locaux/internationaux (ONG internationales en cas de grosses pidmies). Selon les besoins, l'organisation

    pourra simpliquer dans les structures locales de sant, mais uniquement sur les aspects amlioration des soins

    psychosociaux et des pratiques de soins et les infrastructures EAH. Ces institutions locales de sant pourront

    galement bnficier de formations l'hygine et de formations mdicales, de dons d'quipements de base et

    ventuellement d'un soutien logistique (fret mdical) pour transfrer du matriel entre la capitale et les zones

    recules. 15

    3.1 Rhydratation thrapeutique

    Procdures

    Mme si lorganisation ne ralise pas dintervention mdicale, il est important que les quipes aient quelques connaissances du protocole de rhydratation, ce dernier pouvant ne pas tre respect lorsque les centres de sant ne bnficient pas du soutien dun acteur mdical. Le cholra peut provoquer une dshydratation grave en quelques heures seulement. La ltalit dpasse 50% chez les malades non-traits. En cas de traitement correct de malades utilisant temps les services de sant, le taux de ltalit est gnralement infrieur 1%. Le traitement repose essentiellement sur la rhydratation du malade. En moyenne, 80% des cas sont soignes par voie orale (ORS) et seul 20% des cas ncessite une rhydratation par voie intraveineuse. La premire tape consiste valuer le niveau de dshydratation pour appliquer le bon plan de rhydratation. Il existe trois plans de rhydratation associs un protocole strict:

    Plan A Rhydratation orale pour les patients non dshydrats

    Plan B Rhydratation orale pour les patients modrment dshydrats

    Plan C Rhydratation par intraveineuse pour les patients svrement rhydrats

    15

    Document de positionnement sur le cholra, ACF-IN, 2012

  • Manuel pratique EAH de lutte contre le cholra ACF-IN Mai 2013 22 | P A G E

    05 Tool box cholera / 02 Guideline et mthodologie / 02 MSF / Chapitre 5 Case management

    Complications

    Mme si le cholra apparat comme une maladie simple traiter, les complications sont frquentes dans les zones non soutenues par un acteur mdical. Un dfaut de formation des agents de sant peut tre la cause du dcs dun patient. Il est important que les quipes aient une connaissance succincte des risques associs. Voici, une liste des complications les plus frquemment rencontres

    dme Aigue du Poumon caus par une hyper rhydratation Risque frquent chez les vieillards et les enfants Symptme : toux sche, dyspne, dme pri orbital, rles

    Hypoglycmie Risque frquent chez les enfants - Symptme : obnubilation, hypotonie, convulsion, transpirations

    Insuffisance rnale Risque rare - Symptme : anurie

    Avortement et accouchement prmatur risque lev pour la mre et le ftus

    Hypokalimie - Symptme : crampes rptes

    Pour les conduites tenir se rfrer au guide technique MSF :

    05 Tool box cholera / 02 Guideline et mthodologie / 02 MSF / Chapitre 5 Case management

    Cholra et malnutrition svre

    Lvaluation de ltat de dshydratation chez un enfant malnutri svre est complique. Un protocole de rhydratation spciale doit tre tenu. Les risques lies une sur rhydratation et une attaque cardiaque sont importants :

    05 Tool box cholera / 02 Guideline et mthodologie / 02 MSF / Chapitre 5 Case management

    Sortie du centre

    Critres pour faire sortir un patient :

    Quand le patient n'a plus de signes de dshydratation

    Et qu'il y a moins de 3 selles liquides par jour (24heures)

    Et quil na environ plus de vomissements

    Il arrive que les agents de sant librent les patients trop tt soit par manque de place soit par dsengagement. Il est fortement conseiller dinformer le patient et la garde-malade du potentiel de transmission du convalescent de retour domicile pendant environ deux semaines. Il est important de respecter strictement les mesures dhygine de base pendant cette priode.

    3.2 Formation du personnel

    Une mauvaise pris en charge mdicale peut sexpliquer quelquefois par un manque de comptences. Mme si le cholra est une maladie qui se gurit bien, les protocoles de rhydratation ne sont pas toujours respects, entrainant des avortements ou le dcs de patients. Dans ce genre de situation la mission doit solliciter lintervention dun acteur mdical ou le dploiement dquipes mobiles dinfirmiers auprs du Min. Sant et organise des formations intgres EAH et mdicale en partenariat avec un acteur sant ou avec le Min. Sant.

  • Manuel pratique EAH de lutte contre le cholra ACF-IN Mai 2013 23 | P A G E

    05 Tool box cholera / 04 Rponse / 05 Modules de formation / 03 - Formation Centre de Sant Cholera

    3.3 Soutien psychosocial

    Les familles endeuilles et le personnel engag dans la lutte contre le cholra font face des situations complexes. Le stress subit par le personnel expatri et local pas toujours confront ce type de situation ne doit pas tre nglig. Lintgration du volet psychosocial peut remdier ce problme. Lobjectif est de renforcer les mcanismes dadaptation des individus et des communauts travers un soutien individuel et/ou groupal aux personnes et familles en dtresse psychologique dans les CTC et dans la communaut. Ce soutien permettra aux familles ayant perdues un proche doprer un processus de deuil et dtre rceptives aux messages de prvention et ainsi viter les comportements risque.

    05 Tool box cholera / 04 Rponse / 13 Pratique de soins / Zim - Mainstreaming protection - cholera response (PSWG)

    05 Tool box cholera / 05 Capitalisation / 05 Hati / ACF Haiti cholera Capitalisation Phase 1 2010-11 / Rapport capitalisation Psy cholra Mars 2011

    05 Tool box cholera / 05 Capitalisation / 05 Hati / ACF EAH psychosocial cholera Haiti 2013

    3.4 Plaidoyer technique pays

    Mme si ACF nintervient pas en prise en charge mdicale directe dans les UTC / CTC, les quipes peuvent tre tmoins de dysfonctionnements graves entrainant des dcs dans les centres de traitement cholra non appuys par un acteur mdical. Le plaidoyer auprs du Min. Sant et des acteurs sant pour une prise en charge correcte de cas est ncessaire. La constitution dquipes dinfirmiers mobiles au niveau des districts peut tre une solution moindre cot.

    4. Vaccination, antibiothrapie et rhydratation orale

    4.1 La vaccination en bref16

    Il existe actuellement deux types de vaccins sur le march, Dukoral et Shancholz. Tous deux assurent une protection denviron 50%, se maintenant pendant deux ans. Les deux vaccins sont prslectionns par lOMS et homologus dans plus dune soixantaine de pays. Le vaccin Dukoral confre une protection de 85-90% sur le court terme contre V. cholerae O1 dans toutes les tranches dges, pendant 4 6 mois aprs la vaccination. Le vaccin Shancholz confre une protection plus longue contre V. cholerae O1 et O139 chez les enfants de moins de 5 ans. Ces deux vaccins ncessitent ladministration de deux doses un intervalle allant de sept jours six semaines. Le vaccin Dukoral doit tre dilu dans 150 ml deau potable pour tre administr.

    05 Tool box cholera / 06 Recherche oprationnelle / 07 Vaccination / Positioning paper vaccines WHO

    05 Tool box cholera / 06 Recherche oprationnelle / 07 Vaccination / Cholera vaccines emergencies 2005

    16

    Vaccins anticholriques ; note dinformations de lOMS, WER, N13, 2010, 85, 127-128

  • Manuel pratique EAH de lutte contre le cholra ACF-IN Mai 2013 24 | P A G E

    4.2 Positionnement de lOMS

    Vaccination

    Un traitement appropri des personnes atteintes de cholra, ladoption de mesures pour amliorer la qualit de leau et lassainissement, et la mobilisation des communauts doivent rester les piliers du dispositif de lutte lors dune pidmie. Les autorits sanitaires locales doivent aussi envisager la vaccination prventive pour contribuer prvenir dventuelles flambes pidmiques ou la propagation des flambes en cours de nouvelles zones. [] Compte tenu du fait que des flambes prolonges et de grande ampleur sont survenues rcemment, la vaccination ractive doit tre envisage par les autorits sanitaires locales en tant que mesure de lutte complmentaire, en fonction de linfrastructure locale et aprs un examen approfondi de la situation pidmiologique passe et actuelle et lidentification claire des zones gographiques cibler.

    17

    Antibiothrapie

    LOMS ainsi que MSF recommande lutilisation dantibiotique pour les cas de dshydratation svres uniquement, la prophylaxie de masse pouvant entraner des rsistances aux antibiotiques. Le faux sentiment de scurit des malades associ la reprise dantibiotique limiterait le recours la rhydratation orale. Les sujet est controvers, une rcente tude mene en Hati prconiserait lutilisation dantibiotiques pour les cas modrs et svres afin de rduire la dure de sjour des patients et la dure du portage

    18. Il arrive que le Min. Sant ne suive pas les recommandations de

    lOMS en matire dantibiothrapie et prconise la prophylaxie de tous les patients et des sujets contacts. Il est alors important de mentionner les risques de dveloppement de rsistance.

    Rhydratation orale

    De nombreuses vies peuvent tre sauves si les sachets de SRO sont utiliss prcocement la maison, en attendant d'avoir accs des soins de sant adquats. LOMS ne voit aucune contradiction dans la confection de paquets de SRO disponibles pour les mnages et le personnel non mdical en dehors des structures sanitaires.

    19

    Positionnement oprationnel sur la vaccination, lantibiothrapie et les sels de rhydratation orale

    ACF ne vaccine pas les populations dans le cadre de la lutte contre le cholra ; par contre elle peut contribuer

    faire avancer la recherche au travers de la collecte dchantillons pour analyse en biologie molculaire.

    Lorganisation est galement dispose partager toutes donnes utiles pour le ciblage des zones lors de

    llaboration des stratgies de vaccination prventives ou de riposte.

    ACF ne distribue pas dantibiotique dans le cadre de la lutte contre le cholra ; par contre elle pourrait mener en

    partenariat avec un acteur local ou international des travaux de recherche sur le sujet.

    ACF promeut lutilisation et distribue des sels de rhydratation orale (SRO) dans le cadre de la mobilisation

    communautaire. La rhydratation prcoce du malade pendant son rfrencement vers un centre de prise en

    charge est vitale. Par ailleurs, cet acte ne constitue pas un traitement domicile. Le message associ la

    distribution des SRO doit tre prcis et mentionn la ncessit de consulter un personnel mdical qualifi en cas

    de diarrhe aigue profuse. Les quipes doivent tre particulirement vigilantes dans les zones o la

    stigmatisation lie au cholra est forte.

    17

    , Vaccins anticholriques ; note dinformations de lOMS, WER, N13, 2010, 85, 127-128 18

    Antibiotics for both Moderate and Severe Cholera, Eric J. Nelson, N ENGL J MED, 2011 19

    Position paper on ORS to reduce mortality from cholera, WHO

  • Manuel pratique EAH de lutte contre le cholra ACF-IN Mai 2013 25 | P A G E

    5. Questions frquemment poses

    Pendant combien de temps les porteurs asymptomatiques peuvent-ils transmettre la maladie ?

    Les porteurs asymptomatiques comme symptomatiques peuvent tre porteur de la bactrie sur une priode de 1 4 semaines. Dans certains cas, cela peut aller jusqu plusieurs mois ou plusieurs annes comme la clbre Dolores cholra qui a excrt du vibrion pendant 10 ans. Le fait dinformer les convalescents de leur potentiel de transmission une fois de retour leur domicile est crucial.

    Est-ce que les enfants attrapent plus facilement le cholra que les adultes ?

    Les enfants et les personnes ges ont une acidit gastrique faible. Les enfants sont dix fois plus susceptibles que les adultes.

    Que faire lorsquune mre qui allaite est affecte par le cholra ?

    Veiller ce que les mesures d'hygine comme le nettoyage rgulier de mains sont respects pour s'assurer que l'enfant reste en bonne sant. Il est conseill de nettoyer la poitrine avec du savon avant dallaiter. Si cela est possible, il faut sparer la mre et l'enfant des autres patients afin de prvenir le risque de toute infection croise. Une option est que l'enfant soit gard par un tiers l'extrieur du CTC, puis port lintrieur pour l'alimentation.

    Est-ce que les animaux peuvent transmettre le cholra ?

    Les animaux domestiques peuvent ports la maladie mais pendant une priode trs brve. La consommation de poissons ou de crustacs contamins mal cuits, ainsi que la manipulation des intestins peut entraner une intoxication.

    Est-ce que boire du jus de citron protge du cholra ?

    Daprs des tudes, la consommation rgulire de jus de citron est un facteur protecteur. Il augmente lacidit gastrique et donc amliore la rsistance au cholra. Mais attention, il ne protge pas 100% et on ne connait pas encore la quantit de jus et la frquence de consommation pour une protection certaine.

    Est ce que les ORS et les IV peuvent tre directement administrs aux populations?

    Le positionnement dACF est clair sur le sujet, pour le moment les missions nexcutent pas dactes mdicaux (IV), par contre la distribution de SRO dans les communauts est autorise dans le cadre rhydratation prcoce lors du rfrencement dun cas suspect de cholra.

    Est ce que les quipes sont autorises transporter des patients atteints de cholera dans leur vhicule?

    Oui, lorsquil ny a pas dautres modes de transports disponibles et que cela pourrait mettre en pril la vie du malade. Dans les zones enclaves, la mise disposition dun moyen de locomotion est prconise (pirogue moteur, vhicule deux roues motoris, etc.). Le Min. sant doit aussi tre sollicite.

    Est-ce que les quipes peuvent transporter des mdicaments et autres matriels pour le compte du Min. Sant ?

    Il arrive que les structures non soutenus par un acteur mdical international soit en rupture dintrants. Lapprovisionnement chaotique des mdicaments peut tre la cause de nombreux dcs. Les quipes peuvent faciliter le transport de mdicaments et dautres matriels, en particulier dans les zones difficiles daccs.

  • Manuel pratique EAH de lutte contre le cholra ACF-IN Mai 2013 26 | P A G E

    Comment lorganisation peut assurer la scurit du personnel local et international travaillant sur les pidmies de cholra ?

    La protection premire est linformation. Si les quipes respectent les rgles minimums dhygine, il nya pas de raisons quelles tombent malade. La mise ne place dun lave-mains lentre du bureau peut encourager la pratique. Les documents suivants peuvent tre adapts au contexte et distribus lors du briefing :

    05 Tool box cholera / 01 Cholra Prsentation rapide / 03 - Cholera - Information et prvention - ACF - Hati-Fr

    Est-ce que les quipes peuvent bnficier dun soutien psychologique?

    Il ne faut pas sous-estimer le stress subit par les quipes sur le terrain. Il est possible de travailler de consort avec le dpartement psychosocial comme cela a t fait Hati et de fournir une aide psychologique aux quipes travaillant sur les projets de rponse durgence.

  • Manuel pratique EAH de lutte contre le cholra ACF-IN Mai 2013 27 | P A G E

    2 - Rponse WASH durgence aux pidmies

    de cholra

    @ Jacques Adia

  • Manuel pratique EAH de lutte contre le cholra ACF-IN Mai 2013 28 | P A G E

  • Manuel pratique EAH de lutte contre le cholra ACF-IN Mai 2013 29 | P A G E

    1. Stratgie de rponse

    Positionnement oprationnel sur le cholra ACF-IN

    La rponse cholera est dimensionne partir du modle pidmiologique. Ainsi, la stratgie ne consiste pas

    dfinir un programme unique et statique, mais une large gamme d'actions permettant de mettre en place la

    rponse la plus efficace et la plus adapte au contexte.

    Lintervention d'ACF se concentrera sur la surveillance pidmiologique et la prvention du cholra via la mise

    en place de programmes dans les domaines de l'hygine, de l'assainissement et de l'eau, et ventuellement sur

    le soutien psychosocial des quipes mdicales et/ou de la population. 20

    1.1 Stratgie du bouclier et du coup de poing

    Dfinition

    La stratgie du bouclier et du coup a t dveloppe par le bureau rgional Afrique de lOuest de lUNICEF suite aux projets pilotes en RDC (2006) et en Guine (2009). Elle a t dfinit comme suit :

    Le coup de poing est une rponse en phase pidmique ds la confirmation des premiers cas, base sur une prparation en amont qui permet un faible dlai de rponse et une ractivit importante pour une action prcoce dans les zones affectes. Le bouclier est caractris par des interventions Eau, Hygine et Assainissement durables en dehors des priodes pidmiques dans les zones prioritaires, dfinies comme spcifiquement risques pour le cholra.

    21

    Le bouclier se dfinit galement pendant une situation durgence et a pour objectif de prvenir lextension dune flambe pidmique en protgeant les populations non encore touches.

    Orientations stratgiques

    La stratgie dintervention repose principalement sur lintgration de deux domaines lEAH et lpidmiologie. Les informations relatives lpidmiologie de la maladie sont exploites diffrentes chelles de temps et despace pour une rponse durgence EAH cible et efficiente. La composante ciblage dfinie par lenqute pidmiologique est un lment central de la stratgie de rponse. Il permet de rationaliser les moyens ncessaires laction en se concentrant sur les lieux dexposition et les zones de diffusion de la maladie. Dans un espace vaste et dense, une action centre sur lamlioration de laccs leau potable en dehors du rseau principal dadduction deau serait logistiquement difficile mettre en uvre et coteuse.

    La dynamique spatio-temporelle dune pidmie ainsi que son profil une chelle macro (pays, espace de diffusion, district, etc.) vont permettre de planifier la riposte et de se coordonner entre acteurs EAH. A une chelle micro (aire de sant, village, quartier) linvestigation systmatique des cas de cholra aide identifier les modalits de transmission et le profil des populations touches et donc dorienter les activits de riposte EAH.

    La stratgie bouclier et coup de poing en situation durgence repose sur les orientations suivantes :

    1) Comprhension de lpidmiologie du cholra

    2) Mobilit et rapidit de lintervention

    3) Couverture au niveau du district

    4) Protection des populations non encore touches

    20

    Document de positionnement sur le cholra, ACF-IN, 2012 21

    Evaluation intgre EAH et pidmiologie dans le bassin du lac Tchad, UFC - UNICEF, 2010

  • Manuel pratique EAH de lutte contre le cholra ACF-IN Mai 2013 30 | P A G E

    Comprhension de lpidmiologie du cholra

    Planifier et coordonner la rponse

    Les donnes relatives aux pidmies antrieures telles que la priode de dclenchement, la rpartition gographique, lvolution, la dure et le nombre de cas/dcs permettent de dfinir les ressources humaines ncessaires, de prparer le dploiement logistique et danticiper le nombre et la localisation des zones dintervention. Il est donc primordial de se renseigner auprs du service de surveillance pidmiologique et des partenaires internationaux pour lobtention de ces informations (base de donnes, archives lectroniques et papier, compte rendu de comit de crise, plan de contingence, etc.).

    Leons tires du Tchad: Planifier et coordonner la rponse Au Tchad, les rgions, les districts et les zones de responsabilit touchs sont pratiquement les mmes

    depuis lapparition du cholra dans la rgion (1970 1971). Lidentification de ces zones a permis ds le

    dbut de la riposte en 2011 une coordination plus efficiente entre les acteurs EHA avec une rpartition par

    espace de diffusion. Par ailleurs, le pays est touch en 2010 et 2011 par deux pidmies saisonnalits

    distincts, une de saison des pluies et une de saison sche . En 2011, on a observ une plus large

    diffusion dans lespace lorsque lpidmie dbute en saison sche et de facto le besoin de dimensionner une

    intervention plus consquente est apparu.

    Identifier et cibler les activits de contrle de lpidmie

    Orienter la rponse daprs les contextes de transmission

    ACF a dvelopp la notion de contexte de transmission, autrement dit les circonstances dans lesquelles une personne va contracter la maladie. Il est important de ne pas se focaliser sur un seul type dactivit pour lutter contre les flambes pidmiques (contrle des crmonies funraires, distribution de produits chlors, etc.) mais de diversifier ses activits de rponse et de les adapter au contexte (figure 4) qui peut voluer au cours dun mme pisode pidmique. Cest linvestigation terrain du contexte de transmission qui dfinit la rponse adapte (Annexe 4). En zone rurale, linvestigation des cas est systmatique. Les quipes fournissent chaque centre de sant des formulaires dinvestigation ainsi quun registre. En zone urbaine, linvestigation systmatique des cas nest pas possible. Par contre, des questions relatives aux lieux de travail et la catgorie socioprofessionnelle peuvent tre aisment collectes (Annexe 5).

    Cholera

    Transmission hydrique

    Transmission lors des

    rassemblements

    Transmission au sein des groupes

    socioprofessionnels

    Transmission intra-

    domiciliaire

    Transmission en lien avec les structures

    sanitaires

    Transmission lors des rites funraires

    Coup de poing

    Contrle des dcs

    communautaires

    Rfrencement prcoce

    Visite intra-domiciliaire

    IEC et distribution

    de kit adapt

    Focus group des catgories socioprofessio

    nnelles

    IEC de masse

    Mobilisation des leaders

    communautaires

    Chloration des points deau et

    rparations

    Mise en place des barrires

    sanitaires

    Figure 4 : Contextes de transmission et activits de riposte EAH22

    22

    Epidmiologie du cholra transfrontalier en Sierra Lone et en Guine et les stratgies dintervention associes, ACF UFC, 2012

  • Manuel pratique EAH de lutte contre le cholra ACF-IN Mai 2013 31 | P A G E

    05 Tool box cholera / 04 Rponse / 02 Epidmiologie & Surveillance / 08 Formulaire Investigation contexte de transmission

    Orienter la rponse daprs la reprsentation spatiale des cas

    En zone rurale, il est prconis au minimum dlaborer des cartes communautaires pour localiser les cas de cholra et identifier les facteurs de risque locaux. En zone urbaine, il est fortement recommand de go-localiser les cas de cholra. A noter que les donnes relatives la localisation des domiciles des patients sont confidentielles et que laccord des autorits sanitaires est ncessaire en amont. Llaboration sur une base hebdomadaire de carte de regroupements de cas (clusters en anglais) partir de la localisation des domiciles des patients oriente les activits dIEC et de distribution de kits dhygine. Le recoupement des cartes sur plusieurs semaines va permettre didentifier les clusters qui durent dans le temps. Alors une investigation systmatique des facteurs de risque locaux est conduite et les activits de riposte sont slectionnes et adaptes en fonction des rsultats (Annexe 5). Il est souhaitable que les outils cartographiques utiliss par les acteurs humanitaires soient homognes. Cette harmonisation peut tre adresse par le groupe coordination.

    Orienter la rponse daprs le profil des populations touches

    En zone rurale, le personnel dans les structures de prise en charge identifie rapidement une surreprsentation dun groupe social parmi les malades (enfants, pcheurs, chauffeurs de taxi, etc.). La mise en place du registre mdical et dinvestigation aide reprer linformation. Nanmoins, ces premires investigations doivent tre confirmes avec la distribution des groupes sociaux dans la population gnrale pour sassurer du sur-risque. De manire gnrale, linvestigation des populations touches facilite aussi lidentification des leviers communautaires adapts pour lIEC. Les messages de prvention et le contenu des kits distribuer sont redfinit en fonction de la communaut affecte. Dans certains contextes, le fait de se rendre au march est loccasion d'identifier les diffrents groupes sociaux prsents et donc de prvenir la diffusion de la maladie d'une catgorie de la population une autre.

    Leons tires du Tchad : Profil des populations touches Au Tchad, en 2010, dans le district de Mandelia, le long du fleuve Logone, le cholra a frapp

    essentiellement les pcheurs saisonniers et moindre mesure les populations htes. Les conditions de vie

    dans les campements informels de pcheurs obligent adapter le contenu des kits et les messages de

    prvention. A titre dexemple, la source principale dapprovisionnement en eau tant le fleuve, la distribution

    dun produit chlor associe un floculant est primordiale. Par ailleurs, ACF a particip activement la

    prvention de la contamination des nomades pastoraux suite la frquentation de marchs hebdomadaires

    en sensibilisant les chefs traditionnels dans ces carrefours.

    Mobilit et rapidit de lintervention

    Le cholra est mobile et les villages ou quartiers qui notifient des cas vont voluer tout au long de lpidmie. En effet, la maladie progresse par sauts crant de nouvelles flambes dans des zones jusque l indemnes. Par ailleurs, la prcocit de lintervention augmente les chances dendiguer la diffusion de lpidmie. Le dispositif dquipe mobile semble adapt lpidmiologie du cholra en zone urbaine et rurale. La rponse mdicale en soutien aux personnels, aux infrastructures et aux quipements existants doit aussi tre mobile. La mise en place dquipes dinfirmiers nomades au sein dun district dans les zones non soutenues par un acteur mdical est ncessaire.

    Couverture au niveau du district

    Lmergence du cholra dans une aire de sant est fortement lie la prsence de cholra dans les aires de sant adjacentes. Cest pourquoi il est ncessaire de couvrir lensemble des aires de sant dun district. Cette approche est dailleurs adopte par lOMS et le Min. Sant dans la plupart des programmes de sant publique. Nanmoins, cette couverture au niveau du district est parfois restrictive et doit pouvoir inclure des aires de sant frontalires du district dintervention. Il est plus juste de parler dun ensemble de zones qui fonctionnent entre elles (pidmiologie commune).

  • Manuel pratique EAH de lutte contre le cholra ACF-IN Mai 2013 32 | P A G E

    Protection des populations non encore touches

    Pendant une rponse durgence, les quipes essayent danticiper la diffusion de lpidmie. La connaissance des zones (aires de sant, village, quartier) et des populations frquemment touches par le pass va permettre dorienter les actions prventives dites bouclier . Ci-dessous, une liste non restrictive dactivits :

    La dtection prcoce des cas et la surveillance des dcs communautaires, la diffusion des messages de base et les actions collectives de lutte contre le cholra (curage des caniveaux, etc.) dans les zones haut risque ;

    Le soutien au secteur public en charge de lapprovisionnement en eau au travers de la donation de HTH et si ncessaire de formation afin de rehausser significativement le niveau de Chlore Rsiduel Libre en sortie de rseau ;

    En zone rurale, la formation intgre EAH, sant lensemble des centre de sant dun district affect et ceux adjacent.

    Informations sur la stratgie de rponse :

    05 Tool box cholera / Stratgie cholra ACF 05 Tool box cholera / Shield and sword strategy_ cholera Platform _WACARO

    Informations sur la stratgie de rponse en zone rurale :

    05 Tool box cholera / 05 Capitalisation / 09 Tchad / Tchad 2011 / Chapitre 2 Stratgie du coup de poing, dfinition dun mcanisme de rponse durgence

    Informations sur la stratgie de rponse en zone urbaine :

    05 Tool box cholera / 05 Capitalisation / 11 Sierra Lone Guine / Rapport Cholera GN SL 2012 ACF / Chapitre 2 Dfinition du mcanisme de rponse en zone urbaine

    1.2 Intgration de la composante psychosocial

    Il est recommand dintgrer la composante psychosociale la rponse EAH. Aujourdhui, les principaux axes dintervention sont 1) la rorientation des activits EAH, messages et supports EAH en fonction du contexte socioculturel et la formation des quipes EAH ad hoc, 2) linformation et le soutien la communaut concernant la transmission du cholra et la stigmatisation associe la maladie et 3) le soutien psychosocial des patients, de leurs familles et des quipes sant et EAH engages dans la lutte contre le cholra.

    Ainsi la composante psychosociale nous renseigne sur lpidmiologie de la maladie (croyances, perceptions de la maladie, habitudes socioculturelles, etc.) et permet de dfinir des interventions EAH adaptes.

    Leons tires de Hati Intgration de la composante psychosocial Entre 2010 et 2012, ACF a dvelopp une expertise dans ladaptation des messages de prvention de

    cholra aux croyances culturelles, dans la prvention de la stigmatisation due au cholra et dans le soutien

    psychosocial et psychologique des patients et de leurs familles travers la formation des quipes mdicales

    sur ces sujets

    05 Tool box cholera / 05 Capitalisation / 05 Hati / ACF Haiti cholera Capitalisation Phase 1 2010-11 / Rapport capitalisation Psy cholra Mars 2011

    05 Tool box cholera / 05 Capitalisation / 05 Hati / ACF EAH psychosocial cholera Haiti 2013

  • Manuel pratique EAH de lutte contre le cholra ACF-IN Mai 2013 33 | P A G E

    1.3 Dbut et Fin dintervention

    Dans un pays qui notifie rgulirement des cas de cholra, une flambe pidmique constitue un indicateur de dclenchement dintervention (augmentation anormale du nombre de cas). Une investigation pidmiologique doit tre mene pour valuer le risque de dispersion de lpidmie (saisonnalit, facteurs locaux de dispersion, zones et populations risque, etc.).

    Dans un pays sans pidmie rcente, un adulte qui dcde de dshydratation suite une diarrhe aqueuse aige doit alerter les quipes et entrane pour les missions prpares, linvestigation de la flambe pidmique avec lacteur sant national

    La mission essayera tant que possible de suivre les recommandations de lOMS concernant la fin dintervention et donc de rester mobiliser jusqu trois semaines aprs le dernier cas. Des stratgies de rduction des risques (prparation, rsilience) devront tre labores et idalement des programmes prendront le relai de la rponse durgence. La priode post-pidmique est un moment favorable pour ladhsion aux changements de comportements.

    2. Coordination multisectorielle et transfrontalire

    2.1 Mcanisme de coordination

    Comit de Crise Cholra

    Cette runion gnralement hebdomadaire est gnralement organise par le Min. Sant. Il est fait tat de la situation pidmiologique ainsi que des activits de surveillance et de riposte en cours. Il se peut que la situation des autres maladies notification prioritaire soit prsente. Cest lopportunit de prendre connaissance des urgences sanitaires concomitantes et donc dvaluer les capacits de rponse du Min. Sant lpidmie de cholra. La prsence du coordinateur urgence cette runion doit tre rgulire. Le chef de mission est amen participer lors de situations complexes (retard de la dclaration, dficience de la prise en charge mdicale, etc.).

    Les comits de crise se dclinent aux chelons infrieurs (district sanitaire, aire de sant). Il est recommand aux quipes dtre prsents rgulirement aux runions de coordination se droulant dans leur zone dintervention. Un compte rendu mensuel des activits est galement remis aux districts sanitaires.

    05 Tool box cholera / 04 Rponse / 12 Monitoring / 04 Fiche synthse mensuelle partenaires publics

    Coordination multisectorielle

    Dans les pays o les clusters sont activs, linter-cluster EAH Sant se runit gnralement sur une base hebdomadaire. Cette rencontre facilite la coordination entre les acteurs EAH et sant et est loccasion dtablir des partenariats avec une ONGI sant. La constitution dun groupe de travail EAH ad hoc est recommande et permet de dfinir des stratgies de riposte communes, dharmoniser les modalits dintervention et de se rpartir de manire optimale par zone dintervention. A ce stade la promotion de la stratgie intgre EAH, pidmiologie du bouclier et coup de poing est centrale. Les aspects essentiels tels que les contextes de transmission, lexploitation des donnes pidmiologiques et lutilisation de la cartographie doivent tre partags.

    Dans le cadre de lutte multisectorielle contre le cholra, il est indispensable que lensemble des ministres pertinents soient impliqus (Education, Eau, Intrieur, Plan, etc.). A noter que pendant la crise hatienne le cluster sant mentale sest runi et a coordonn les activits de soutien psychosocial.

  • Manuel pratique EAH de lutte contre le cholra ACF-IN Mai 2013 34 | P A G E

    Au Zimbabwe (2009), dans lExtrme Nord Cameroun (2010 2011) et en Sierra Lone (2012), une nouvelle forme de coordination a fait son apparition sous lintitul C4 Cholera Control and Command Center . Le C4 est gnralement form par lOMS en appui au Min. Sant. A cette occasion, le comit de crise cholra et linter-cluster EAH Sant sont runis. Ce mcanisme de coordination intgre runit les acteurs tatiques, de la socit civile et humanitaires des domaines de la communication, de laccs leau potable et lassainissement, de la prise en charge mdicale, de lpidmiologie, de la logistique et du laboratoire.

    Pour influer les dcisions stratgiques, la prsence rgulire du coordinateur urgence aux runions de coordination est essentielle. Le temps allou aux diffrentes rencontres collaboratives ne doit pas tre sous-estim et doit tre pris en compte lors du dimensionnement de lquipe durgence.

    Leons tires du Tchad & Cameroun Approche anthropologique de la coordination Les modalits daction et de financement doivent tre harmonises au niveau des ONGI, afin dviter des

    comparaisons des autorits locales entre actions de lONGI x et celles de lONGI y. Dans le cas contraire, on

    se retrouve dans le march de loffre de lutte contre le cholra o lattention est rserve aux plus offrants.

    Les communauts doivent avoir le sentiment dune action concerte entre ONGI le cas chant cela peut

    constituer un frein pour lacceptation des messages et la russite des stratgies de lutte contre le cholra.

    UNICEF Cholera Tool Kit Annex 5A : Comparison of coordination structures Ethiopia and Zimbabwe

    2.2 Collaboration transfrontalire

    Il est fortement recommand aux missions de pays frontaliers de se coordonner pour lchange dinformation et la rdaction de propositions communes de rponse durgence.

    Les missions encouragent activement les rencontres et lchange dinformations entre les niveaux priphriques (rgion, district, aire de sant) de pays limitrophes. Lorganisation peut contribuer au frais de transport, par contre aucune indemnit ne sera donn afin dassurer la prennit des initiatives transfrontalires. Lautorisation du niveau central est obligatoire et doit tre sollicits par le personnel de sant et non par lorganisation.

    Leons tires de la Guine et de la Sierra Lone Collaboration entre diffrentes missions dACF En 2012, un projet de rponse durgence transfrontalier impliquant ACF-F et ACF-E a t financ par la DG

    ECHO. Un poste dexpert technique mobile a t cr assurant une cohrence dans les stratgies de

    rponse et une analyse de la dynamique de lpidmie dans les deux pays.

    Leons tires du Tchad & Cameroun Exemple de coordination transfrontalire En 2011, trois runions transfrontalires se sont tenues de part et dautre de la frontire, alternativement

    Maroua dans la province de lExtrme Nord Cameroun et Ndjamena au Tchad entre les Dlgus

    Rgionaux sanitaires des rgions frontalires et ACF.

    ACF sest positionn comme soutien technique en termes danalyse de lpidmiologie du cholra et

    dfinition de la rponse EAH. Les principaux rsultats obtenus ont t 1) la dsinfection des domiciles de

    part et dautre de la frontire depuis la structure hte, 2) la mise en uvre de mesure prventives de types

    bouclier dans les campements des pcheurs saisonniers de part et dautre de la frontire et 3) la

    donation titre dessai la Direction Rgionale de lExtrme Nord Cameroun de 400 kits dhygine

    contenant des sachets de chloration et floculation pour les populations riveraines.

    05 Tool box cholera / 05 Capitalisation / 09 Tchad / Tchad 2011 / Chapitre 3 Evnements transfrontaliers impliquant le Tchad

  • Manuel pratique EAH de lutte contre le cholra ACF-IN Mai 2013 35 | P A G E

    2.3 Plaidoyer technique pays

    Lors de rencontres bilatrales avec le Min. Sant ou lors des comits de crise, la mission doit mentionner les problmes lis la qualit de la prise en charge mdicale (exemple : formation insuffisante, manque de personnel, rupture dintrants mdicaux, etc.).

    ACF soutient la constitution de comits de crise au niveau national et priphrique, lactivation des clusters et la formation dun groupe de travail EAH ad hoc.

    ACF plaide en faveur dune collaboration transfrontalire active entre les niveaux centraux des Ministres de la Sant impliqus, notamment au travers de lchange hebdomadaire des