Theses Sur Le Langage de Philosophe ADORNO
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7/24/2019 Theses Sur Le Langage de Philosophe ADORNO
1/8
Presses Universitaires de Franceis collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Rue Descartes.
http://www.jstor.org
PRSENTATION: Thses sur le langage du philosopheAuthor(s): Marc de Launay, Th. W. Adorno and Marianne DautreySource: Rue Descartes, No. 26, Ce que les philosophes disent de leur langue (Dcembre 1999), pp. 9
-15Published by: Presses Universitaires de FranceStable URL: http://www.jstor.org/stable/40979871Accessed: 17-11-2015 10:33 UTC
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7/24/2019 Theses Sur Le Langage de Philosophe ADORNO
2/8
Marc de
Launay
Thesessur e langage u philosophe
PRESENTATION
Au
debut
des annees
trente,
Tepoque
oil, vraisemblablement,
e
texte
a
6t6
ecrit,
Adorno
temoigne
e
la
profonde
nfluence
u'exerce
ur
lui
le
marxisme,
mais aussi de
sa
grande
habilete
stylistique
estomper areille
dette.Son adversaireprincipal st bienHdlalisme, responsable 'une r fi-
cation
generale,
out comme
Heidegger,
ien
que,
dans ce
cas,
Adorno ait
plus
de
difficulte convaincrede la
radicalite de sa
propre critique.
A
Tarrtere-plan
e Tensemble e ces
theses,
st
en
jeu
la
conception ialectique
de
Thistoire,
insi
que
le
souci
proprement
dornien
d'offrir
Testhetique
qu'il appelle
uthentique,
l'esthetique
ondee ur a vie
supposee galement
dialectique
des
oeuvres,
n statut
ui
en fait
Tun
des
moteurs
principaux
de
la
connaissance.
Plus
tard,
en
1962,
dans son cours
sur la
Terminologiehilosophique,
Adorno restera idele Tesprit e ses theses La tachequi incombe a un
traitement
hilosophique
es termes
philosophiques
ne
peut
a
vrai
dire
etre
autre hose
que
de
reveiller
a
vie
qui
s'est
evanouie
dans
les
mots
...]
Toute
philosophic
ecele ne
part
dogmatique
ce
sont
es
reliquats ui s'opposent
a
la
dynamique
de
son
propre
mouvement
n
constituant
par
rapport
elle
une
exteriorite
figee,
omme une
pan qui
lui serait chue et
qu'elle
accep-
terait
assivement
...]
toute
'histoire
e
la
philosophic
consiste se debar-
rasser
ans
pouvoir
tout fait
y
parvenir
e cet
aspect dogmatique.
En
refusant'idee
d'arbitraire u
signe,
c'est-a-dire
n
cherchant les
moti-
ver en imaginant nremplissementfFectifThistoire de la liaison ntre
signifiant
t
signifie
ont
il
refuse a
contingence,
Adorno
agit
en materia-
liste
consequent,
ebellek
toute
autonomie
du
contenu
,
comme a celle
de
la
forme
.
II
emprunte
Lukacs
le
terme
et
Tidee
de
configuration
qu'il
presente
omme un
troisieme erme
la
seule
alternative ntre
eprise
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3/8
10 MARCDE LAUNAY
de la tradition t innovation ubjective mais Tarbitre e la configuration
n'est autre
que
le
mouvement
dialectique suppose
necessaire
t
objective-
ment relde Thistoire.
resuppose
omme toute
beaucoup plus
faible,
en
Toccurrence
out a fait
dogmatique, ue
Thistoire e l'etre
heideggerienne.
Avec ce
dernier,
eanmoins,
Adorno
partage
1'idee
d'une
verite
ssentielle-
ment
historique,
t,
avec
le
marxisme,
espoir
d'une societe
achevee,
gage
de
rintelligibilite
u
langage.
Meme
si,
a ses
yeux,
a
veritable
ritique
philosophique
doit
se faire
d'abord
critique
esthetique
du
langage
de la
philosophic
Adorno
ne
donne
pas
a
cette
critique
d'autre
fondement
u
d'autre ^gitimite ue de s'appuyer ur une anticipation e ce que devrait
etre,
ne fois
franchie
ertaines
tapes
de
l'histoire,
intelligibilite
iscursive
coherente.
ette
critique
n'a,
en
fait,
'autre
garantie
ue
la foidont
Adorno
temoigne
Tegard
du
developpement
istorique,
d'autre
dynamique que
la tensionmotrice
u'il
discerne
u sein des ceuvres
'art
elles
pr entent
une
realit^
elle
qu'elle
se
presenterait
u
regard
e
Tutopie,
ans
pour
autant
etre lles-memes
upes
de
cet
aspect
utopique.
Dans
la
reprise
onsciente e
la
dimension
mythique
expression
t sedimentation
e
la
souffrance
,
Tart,
la
magie
affranchie u
mensonge
d'etre
vraie
,
justifie
lors
cette
critiquedu stylephilosophiqueen rep antTinad^quationperp^tuelledes
intentions u
philosophe
et du
langage
charge
de
les
exprimer
mais c'est
bien
sur e fondd'une
nostalgie
acite
de Tunite
que peut
se
formuler
ette
critique,
t sur
celle,
plus profonde,
'un immanentisme
lus
Strange,
eut-
etre,
ont la
teneur
appelle
e nihilisme ecret
e la
secte
frankiste,
ernier
avatar
germanique
du mouvement
abbateen.
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4/8
Th.
W.
Adorno
Theses ur elangage uphilosophe*
1. Dans
le
langagephilosophique,
a
distinction
ntre
orme t
contenu
n'est
pas
une
disjonction
ouee a
une
e'ternite
ans
histoire.
lle
appartient
en
propre
la
pensee
ddaliste
elle
repond
la
distinction
ue
cettederniere
pratique
ntreforme t
contenu de la connaissance.
Elle
repose
sur
Tidee
que
les
concepts
et,
avec
eux,
les mots
seraient
es
abreges
d'une
plurality
de caracte'ristiquesont a consciencefabriqueraitoutsimplement'unite'
Si c'est a titrede forme
que
Ton
imprime
ubjectivement
ne unite
au
divers,
areille
forme st
necessairement
on^ue
comme
etant
dissociable
de son
contenu.
Dans
le
domaine
des
choses,
la
possibilite
d'une
telle
dissociation st
refusee
uisque
les choses
elles-memes
ont,
n
efFet,
ensees
n'etre
ue
les
produits
e
la
subjectivite.
lle
ne saurait e dissimuler ans
l'espace
du
langage.
Que
les choses
puissent
trenomme'es
rbitrairement,
c'est e
signe
de
toute a reification
peree par
une conscience dealiste
au
regard
u
langage,
a
pre'tendue
bjectivite
e
sa constitution
ar
l'intellect
reste
ormelle,
t
n'estpas
en
mesured'en marquer a structure. our
une
pensee
qui
congoit
es choses exclusivement
omme
des
fonctions
de la
pensee,
es noms sont devenus
contingents
ils
sont de libresdecrets
de la
conscience.
La
contingence ontique
de l'unite
des
concepts
realisee
de
maniere
subjective
evientmanifeste ans la
possibilite
'interchanger
eurs
noms. Dans
la
pensee
dealiste,
e
rapport u'entretiennent
es noms a ce
qu'ils
d ignent
n'est
qu'illustratif,
t n'est
pas
une relation
qui
renverrait
concretement
la chose. Pour une
pensee qui
s'est refusee
voir
dans
Tautonomie
t
la
spontaneite
es fondements
legitimes
e la
connaissance,
*
Bien
que
non
datees
par
leur
auteur,
ces theses
remontent ans doute au dbut
des
annees
trente.
Le
dactylogramme orte
une
dedicace
a
Gretel
Karplus qui
flit,
plus
tard,
Tepouse
de l'auteur.Ce
texte,
nedit
en
fransais,
ete
publie
pour
la
premiere
ois
dans les
ceuvres
completes
d'Adorno,
Gesammelte
chrifien,
ol.
6,
Francfort-sur-le-Main,
uhrkamp,
1973,
p.
409-414.
(Kd.E.)
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5/8
12 TH.
W.
ADORNO
la contingence e rarticulationsignitive u langageet des chosesdevient
radicalement
roblematique.
2. Un
langage
philosophique,qui aspire
a la
verite,
gnore
tout
signe.
C'est
par
le biais
du
langage
que
l'histoire
participe
e la veritd les
mots
ne sont
amais
seulement es
signes
de
ce
qui
a ete
pense
a
travers
ux,
c'est,
au
contraire,
ans les mots
que
1'histoire ait
irruption,
'est
elle
qui
forge
leurs
aracteres
e veritd la
partque prend
'histoire
ans e
mot determine
purement
t
simplement
e choix de
chacun
d'eux,
car
c'est
dans le
mot
que
se
rejoignent
istoire
t verite.
3. Le langagede la philosophic stpresentparla reference l'objet. Le
philosophe
'est
pas
cense
exprimer
son
gre
des
pensees
il lui faut rouver
les mots
qui,
selon
l'etat de la
verity n
eux,
sont
seuls
habilites
restituer
l'intention
u'il
veut
enoncer
t
ne
peut
enoncer utrement
u'en
trouvant
le
mot
oil
reside,
ce
moment-la e
l'histoire,
etteverite.
4.
L'exigence
'
intelligibility
du
langage
philosophique,
e
sa
commu-
nicabilite
ans
la societe st
d^aliste,
lle
part
necessairement'une
concep-
tion
du
langage
qui
le
reduit
a
des
signes,
elle
pose que
la
langue
serait
dissociable
e
son
objet
et
que,
pour
cette
raison,
un meme
objet
pourrait
etredonne de fa^onadequatede differentes anieres. r lesobjetsne sont
en aucun cas
donnes
de mantere
dequate
par
le
langage,
ls
adherent
u
langage,
ls forment
vec
lui une
united'ordre
historique.
ans
une societe
homogene,
n
n'a
jamais exige
du
langage philosophique
u'il
soit
intelli-
gible,
meme
si on a eventuellement
u
le
pretendre
lorsque
les
mots
atteignent
ne
puissance ontologique
telle
qu'on
leur
accorde,
dans
la
societe,
une
dignit
bjective.
Cette
objectivity
e resulte
amais
d'une
adaptation
u
langage
philosophique Tintelligence
e la societe.
C'est
au
contraire
ette
objectivite ui
rend
le
langage
intelligible
,
cette
meme
objectiviteui, pour e philosophe, asse les motsd'unemaniere nivoque.
On
ne saurait
l'exiger
si elle est devenue
problematique,
'est
qu'elle
n'existe
out
simplement
as
;
elle n'est
pas
davantage
ne necessite
ui
se
pose
d'emblee
au
philosophe,
u'elle
n'est
simplement erceptible
ans
la
societe.
'exigence
d'une
adequation
du
langage
1'objet
omme
k a societe
est abstraitement
dealiste,
lle est l'exacte
inversion e
la
realite
ffective
du
langage.
Dans
une
societe
atomisee,
d agregee,
former n
langage
en
tenant
ompte
de sa
reception
evient
simuler,
la
maniere
romantique,
un etat
ou
il
y
aurait
une necessite
ntologique
des
mots,
ce
que
dement
aussitot'impuissance esmots eux-memes. I n'ya pas de langageobjectif
et,
done,
vraiment
ntelligible,
ans
une societe
qui
soit
coherente.
5.
L'intelligibilite
u
langage
philosophique,
quoi
Ton
voudrait
endre,
doit
aujourd'hui
tre
denoncee
comme une
imposture,
ous tous
ses
aspects.
Elle est
soit triviale
uand
elle
postule
naivement
ue
les mots
sont
ustes
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6/8
Theses
sur le
langage
du
philosophe
13
et donnes a priori alors quJenveriteleur rapporta l'objet est devenu
problematique
soit
fallacieuse
uand
elle
entreprend
e
dissimuler
e
pro-
blme.
Elle utilise e
pathos
de
certainsmots
qui
semblent
oustraits
la
dynamique
historique our
revendiquer
eurvalidite
nhistorique
t,
ce
qui
ne
fait
qu'un
avec
cette
exigence,
eur
intelligibilite.
a seule
intelligibilite
legitime
u
langage
philosophique
est
celle
qui
reside
ujourd'hui
dans
un
rapport
iddle
ux
choses
ignifiees
t
dans
une mobilisation
idele
des mots
qui
soit
conforme a
la
situation
historique
de la verite en
eux. Toute
intelligibilite xigee
de maniere
volontariste
uccombe entierement
la
critiquedu langage.
6.
En
revanche,
l
existeune
demarche
qui,
certes,
mesurebien
le
pro-
bleme
de
l'historicite
es
mots,
mais tente
neanmoins
d'y
^chapper
en
cherchant
forger
n
langage
philosophique
nouveau
a
partir
d'une sin-
gularite
ndividuelle
cette
demarche
st
tout aussi inadmissible.
a
langue
de
Heidegger
fiiit
'histoire
ans
pour
autant
lui
echapper.
Les
positions
qu'occupe
sa
terminologie
ont
toutes des
lieux
propres
la
terminologie
philosophique
-
et
theologique
traditionnelle
qui transparait
t donne
aux
mots une
forme
prealable
vant
qu'ils
ne se dessinent
cependant,
a
languemanifeste e Heideggeromet,dans son rapport ialectiqueavec le
langage
transmis
ar
la
tradition
philosophique,
d'en
devoiler
nticement
la
decomposition,
itablir
ibrement n
langage,
'est
pretendre
une
liberte
du
philosophepar
rapport
a
contrainte e
1'histoire,
e
qui
est
d6jk
refute,
de
maniere
immanentechez
Heidegger, par
la
conscience
qu'il
a
de la
necessite
d'adopter
une
attitude
critique
a
1'egard
de ce
langage,
dont la
problematique
ctuelle
n'a
pas,
en
efFet,
'autreraison
d'etre
qu'historique.
Quand
bien
meme elle
serait
uin^e,
a
terminologie
raditionnelle
oit
etre
preservee
les
n^ologismes
du
philosophe
ne
se
formeront
ujourd'hui
qu'apresune transformatione la configurationes motssituesdans l'his-
toire,
t non
par
Tinvention
'un
langage qui,
certes,
econnait e
pouvoir
de
Thistoire
ur
le
mot,
mais
tente
cependant
de
lui
echapper
au
profit
d'une
concretude
d'ordre
personnel,
aquelle
n'est
qu'illusoirement
Tabri
de Thistoire.
7.
Aujourd'hui,
e
philosophe
st face
un
langage
delabre. on
materiau,
ce
sont es
vestiges
es
mots
auxquels
Thistoiree
rattache
il n'a
pour
toute
liberte
que
ce
qu'offre
eur
configuration
beissant
a la
contrainte e la
verite
n eux.
II
ne lui
est
pas
davantagepermis
de
penser
qu'un
mot
est
donned'emblee,qu'il n'a le loisird'en inventer.
8.
La
demarche
langagiere
u
philosophe,
qu'il
est a
peine possible
de
qualifier
'abstraite
ujourd'hui,
ne
peut
en
tout
cas
etre
pensee que
dia-
lectiquement.
ans
la
situation
ctuelle
de
la
societe,
ucun
mot
ne
preexiste
a
1'intention
personnelle
u
philosophe,
t
les
termes
objectivement
ispo-
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7/8
14 TH. W.
ADORNO
niblesde la philosophic ontvides de toutetre, ls ne sont en riencontrai-
gnantspour
lui.
Tenter,
ar
le biais du
langage
ancien,
de
communiquer
de nouveaux contenus
n
les
explicitant
ouflfre
u
presuppose
d diste
ui
affirmea
possibility
e
dissocier
orme t
contenu,
t c'est
pour
cette
raison
que
cette
tentative
st
illegitime
u
point
de
vue
concret elle
falsifie
es
contenus. Le
philosophe
n'a
plus
d'autre
espoir que
de
disposer
es
mots
autour
de
la v ite nouvelle
de
telle orte
ue
leur eule
configuration
uscite
cette verite
neuve. II ne faut
pas
assimiler
ette demarche
k
l'intention
d'
expliquer
une verite
nouvelle
grace
k
des
termes raditionnels
le
lan-
gage configuratifevra, u contraire,viter outa fait a demarche xplicite
qui
presuppose
ne
dignite
ntacte es
mots.
Face
aux termes
e
la
tradition,
face
k
Tintention
ubjective
^pourvue
de
langage,
a
configuration
epre-
sente un
troisifcme
erme. Un
troisieme
erme
qui
ne
resulte
pas
d'un
compromis.
Car
l'intention,
ar
exemple,
ne serait
as
objective
au
moyen
du
langage.
Au
contraire,
n
langage
configuratifepr ente
n troisifeme
terme
qui
est unite du
concept
et
de
la
chose,
unite
qui
est articulee
dialectiquement
t
reste rr^ductible
l'explication.
'irreductibilite
'une
pareille
unite,
laquelle
echappe
aux
categories
e la
logique
d'extension,
determineujourd'huide manifcreontraignantea difficulteadicalepropre
a tout
langage
philosophique
erieux.
9.
Dans la
sphere
e
la
dualite
forme-contenu,
e
langage
e
la
philosophic
a
pu
devenir ndifferent
arce
que, justement,
on
absence
de
pertinence
avait
et
prefiguree
ar
la structure
pecifique
e
la
pensee
reifiee.
e nos
jours,
le role decisif
u'elle
joue
dans
le savoir
-
fonction estee
atente,
meme durant
la
pfriode
d^aliste,
puisque,
a
cette
poque,
Tabsence
de
langage releguait
Tarri^re-plan
oute vraie
reference
la chose
-
est
de
nouveau
patent.
Toute
critique
philosophique
est
aujourd'hui
possible
si
elle estcritiquedu langage.Critiquequi ne doitpas simplement'attaquer
k l'
adequation
des
mots aux
choses,
mais doit
aussi s'etendre
u statut
des
mots
eux-memes
il faut
nterroger
es
mots
pour
savoir
dans
quelle
mesure ls sont
aptes
a etre
porteurs
es
intentions
u'on
leur
prete,
dans
quelle
mesureThistoire
'a
pas
^puise
leur
force,
ans
quelle
mesure
elle-ci
peut
eventuellement
tre
r ervee
par
une
configuration.
e
dont
e critre
est essentiellement
a
qualite
esthetique
es
mots. Sont
reconnaissables
comme etant
vides de
leur force
es
mots
qui,
dans
Toeuvre
ittdraire
la
seule,
face
au
dualisme
cientiste,
ui
ait
preserve
unit^ du
mot et
de
la
chose-, ont succombede mani re onduantea la critique sthdtique,lors
qu'ils
avaient
pu
jusqu'alors
ouir
sans
r ervedes
faveurs
ue
leur
accordait
la
philosophic
II en resulte
que
la
critique
esthetique
cquiert
un
role
constitutif
ans
le
savoir.
A
quoi
r^pond
le
fait
que,
maintenant,
Tart
authentique
'a
plus
e caractere
e ce
qui
est
metaphysique,
mais
se
consa-
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7/24/2019 Theses Sur Le Langage de Philosophe ADORNO
8/8
Theses
sur e
langage
du
philosophe
1
5
eredirectementla representatione contenus ntiquesconcrets. 'impor-
tance
croissante
e la
critique
philosophique
du
langage peut
etre definie
comme
Tamorce d'une
convergence
e Tart
et de
la
connaissance.Alors
que
la
philosophic
doit
se
tourner
ers
ette
unite mmediate
du
langage
et
de
la
verite,
u'on
envisageait
usque-la
du
seul
point
de vue
esthetique,
t
qu'il
lui
faut onfronter
dialectiquement
a
verite u
langage,
Tart
cquiert
un
caractere
ognitif
son
langage
n'est
uste
du
point
de
vue
esthetique
que
s'il est
vrai
-
si ses
mots
existent
n
fonctiond'un
etat
historique
objectif.
10. La structureesobjetsd'une constructionphilosophiquepeut,sinon
coi'neider
vec
celle de
son
langage,
du
moins
entretenir
vec
elle un
rapport
de tension labore.
Une
pensee,
par
exemple,
ui pretend
ffrir
es
contenus
d'ordre
ontologique
en
mobilisant a
forme
des
definitions
e la
logique
d'
extension,
a forme
des
deductions
systematiques
e
type
idealiste,
des
rapports opologiques
bstraits,
'a
pas
seulement
ne
forme
inadequate
de
langage,
elle est aussi
d^pourvue
de
verit^ ur
le
versantde
l'objet
parce
que
les etats
de
choses
ontologiques
qu'elle
affirme
'ont
pas
la
force
d'inflechir
ans leur
direction e
cours
des
reflexions ils
restent,
elles
des
intentions lottantes,ranscendantsarrapport laforme e la pensee.Ce
que
Ton
peut reperer
usque
dans les
moindres
details
du
comportement
langagier
le
langage
e
voit
conferer
ne
fonction e
legitimation.
I
fau-
drait,
n
faisant
'abord
abstraction
e
toute
reference a
chose
,
exercer
une
critique
1'^gard
e
Scheler,
ar
exemple,
n
montrant
u'une
pratique
de
l'expose
qui procede
oujours
l'aide
d'outils
logiques
tels
que
la
deduc-
tion
et le
syllogisme, ui
construit
des
antinomies
bstraites
ntre
es
idees
et
emploie
sans
discontinuer,
n
particulier
dans
sts
recherches
concretes,
e
langage
cule
qui
est
precisement
elui
de la
science
nomina-
liste
dont
il
s'est declare l'ennemi mortel sur le terrainphilosophique,
contredit
e
qu'il
professe
Texistence
'une
opposition
d'ordre
ontologique
entre
es
idees. Une
analyse
du
langage
de
Scheler
devrait
faire
apparaitre
le
decalage
entre
on
intention
ontologique
et
Tetat
de
developpement
u
savoir
effectivement
Toeuvre
hez
lui, ou,
dans
une
perspective
moins
psychologique,
impossibilite
e
constituer n
pur
ordre
de
Tetre
n
ayant
recours
ux
instruments
e la
ratio
emancip^e.
Toute
ontologie
fallacieuse
doit
d'abord etre
demasquee
par
la
critique
du
langage.
Traduit e Vallemandpar
Marianne
Dautrey
t
Marc de
Launay
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