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THE GLOBAL NETWORK LE RESEAU GLOBAL NO. 6-7

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THE GLOBAL NETWORK

LE RESEAU GLOBAL

NO. 6-7

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SPECIAL EMPHASIS / LE POINT SUR

TELEVISIONAND

THE ELECTORALCAMPAIGN

ARTICLESNicolas Pelissier

Les voix multiples de laTransylvanie

Todor PetevBulgarian IndependentRadio Gains Audience ina Troubled SocialEnvironment

Devoted to UNESCO seminaron Promoting Independent and Pluralistic Media

Sofia, September 1997

Le Reseau

The Network

No 6-7 1996 / 1 9 9 7Communication and Society in Eastern Europe • Communication et Societé en Europe de l’Est

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Contents / Sommaire

ESSAY ESSAIThierry Watine

La productivité et la complexitécomme contraintes de la production journalistique

SPECIAL EMPHASIS LE POINT SUR

TELEVISIONAND THE ELECTORAL CAMPAIGN

Daniela Leidner, Irena Reifova, Lutz M. HagenThe Czech Election Campaign of 1996

on Public and Private Television Stations

Bruno {tefanThe Broadcasting of Political Agents and Actors

on TV News in the 1996 Elections in Romania

M. Coulomb-GullyLE CORPS EN POLITIQUE:

Incarnation présidentielle et démocratie cathodique

AR T I C L E S AR T I C L E S

Nicolas PelissierLes voix multiples de la Transylvanie

Todor PetevBulgarian Independent Radio Gains Audience

in a Troubled Social Environment

Facultatea de Jurnalism si Stiintele Comunicarii

Universitatea Bucuresti FJSC

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PU B L I S H I N G DI R E C T O R / DI R E C T E U RD EL AP U B L I C A T I O N

Mihai Coman

EDITOR / REDACTEUR EN CHEF

Oscar Stanciulescu

ADVISORY BOARD / COMITÉE DE LECTURE

Jean-Pierre Bacot FranceClaude Jean Bertrand FrancePeter Gross USKent Middleton USPierre Mory BelgiumTodor Petev BulgariaWalery Pisarek PolandZoltan Rostas RomaniaSlavko Splichal SloveniaKenneth Starck USGina Stoiciu Canada

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Edward Munch - “The Cry”

DESIGN & LAYOUT

Oscar Stanciulescu

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ISSN 1223-5199

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AND NORD EST PRESS GROUP

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Manuscripts should be prepared inaccordance with the Publication ofthe American Psych o l o g i c a lAssociation (IIIrd edition 1993) andfour copies submitted. Manuscriptswill not be returned. A separate,front page, should include:

1. Headline of the manuscript.2. The author’s name, title and affiliation.3. Any necessary acknowledgements.

A second separate page should include the title and an shortabstract of no more than 100 words. Manuscripts should betyped and double spaced, with notes and references on sepa-rate sheets, immediately following the text.

Les manuscrits doivent respecter les normes de style con-tenues dans la publication de l’Association des psychologuesaméricains (III-ème edition). Ils seront envoyés en quatreexemplaires.

Sur la première page doivent figurer le titre de l’article ainsique le nom de l’auteur et sa présentation. Sur la deuxièmepage, au dessous du titre, incluez un résumé de tout au plus100 mots. Les manuscrits seront dactilographiés à deuxinterlignes; les mots et références apparaîtront sur desfeuilles séparées, à la fin du texte. Les manuscrits transmisà la redaction ne sont pas rendus.

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THE GLOBAL NETWORK

provides a forum of scientificdiscussion that includes

exchange and comparison of ideas foracademics and professionals.

THE GLOBAL NETWORK

publishes manuscripts emphasizingphilosophical, evaluative, empirical,legal, historical and critical inquiry

into relationships betweencommunication and society

in the post-communist period ofCentral and Eastern Europe.

Mail manuscripts to / Envoyez manuscrits à:

FA C U LTAT E A D E JU R N A L I S M S I ST I I N T E L E CO M U N I CA R I I

CP 16-170BU C U R E S T I, RO M A N I A

EDITOR OF

THE GLOBAL NETWORK / L E RESEAU GLOBAL

I S FA C U L T Y O F JO U R N A L I S M A N D MA S S CO M M U N I C A T I O N ST U D I E S,UNIVERSITY OF BUCHAREST

ADDRESS : BD. IULIU MANIU 1-3, SECTOR 6,BUCHAREST, ROMANIA

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ESSAY / ESSAI

Thierry WatineLa productivité et la complexitécomme contraintes de la production journalis-tique

SPECIAL EMPHASIS / LE POINT SUR

Daniela Leidner, Irena Reifova, Lutz M.HagenThe Czech Election Campaign of 1996on Public and Private Television Stations

Bruno StefanThe Broadcasting of Political Agents and Actorson TV News in the 1996 Elections in Romania

M. Coulomb-GullyLE CORPS EN POLITIQUE:Incarnation présidentielle et démocratiecathodique

ARTICLES

Nicolas PelissierLes voix multiples de la Transylvanie

Todor PetevBulgarian Independent Radio Gains Audiencein a Troubled Social Environment

Summary / Sommaire

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ESSAY ESSAI

La productivitéet la complexité

comme contraintesde la productionjournalistique

PAR THIERRY WATINE

L’E X P L I C A T I O N

courante dela crise actu-elle du jour-nalisme, si

l’on en accepte l’hypothè-se, se résume enquelques mots: lesdérives et les manque-ments des médias aucours des quinzedernières années ontsuscité le doute puis lerejet au sein du public1.La confiance n’étant plusau rendez-vous, unmalaise généralisé s’estemparé de la professionsur fond de procès àrépétition, de querelles

internes et de désen-chantement de la relève.A première vue, il esttentant de croire que lemilieu journalistique nefait après tout que payerses fautes et que la“crise” qui le secoue encette fin des années ‘90n’est que la juste con-trepartie de ses tropfréquents écarts enmatière de déontologie.

Or, dès que l’onaffine un peul’analyse, en ten-tant notammentde saisir lescontraintes nou-

THIERRY WATINEest directeur du

Centre de recherchede l’Ecole supérieure

de journalisme deLille

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velles qui affectent le travailquotidien des principaux inté-ressés, on constate quel’immense majorité des profes-sionnels de l ’informationaujourd’hui en exercice doivents’adapter depuis quelquesannées à une série de nouvellesdonnes auxquels tous n’étaientmanifestement pas préparés.

De l’avis général des journal-i s t e s2, les contraintes de la pro-duction médiatique sontaujourd’hui plus lourdes et plusnombreuses qu’hier. Affectantdavantage les professionnelsdes news (qui travaillent “àchaud” sur l’actualité quotidi-enne) que ceux de la presse ditemagazine (qui bénéficient dedélais et de formats de produc-tion beaucoup plus souples)3,ces contraintes résultent selonnous de deux types de facteursessentiels: les impératifs deplus en plus pressants de laproductivité et la complexitécroissante du monde.

1. Les impératifs de la pro-ductivité

D E plus en plus soumis à lalogique d’une “informa-

tion marchandise” dont la voca-tion première est d’être d’abordet avant tout rentable, nombrede journalistes – mais aussid’observateurs de tous horizons– dénoncent la dérive commer-ciale des entreprises de presse

avec ses conséquences pervers-es sur la qualité de l’informa-tion. La logique du scoop (règlenuméro 1: «être les premiers»),les effets de la conformité (règlen°2: «ne jamais râter une infor-mation diffusée par la concur-rence»), la loi de l’audimat(règle n°3: «toujours viser leplus large public») ont placé laplupart des rédactions en étatd ’ u r g e n c e .

Dans son ouvrage trèspolémique intitulé “Sur latélévision” (1996)4, PierreBourdieu observe ainsi que «lalimitation du temps impose audiscours [journalistique] descontraintes telles qu’il est peuprobable que quelque chosepuisse se dire» (1996, p. 13). Etle professeur du Collège deFrance d’insister sur les con-séquences redoutables descadences actuelles de l’informa-tion: «Pour être le premier àvoir et à faire voir quelquechose, on est prêt à peu près àn’importe quoi, et comme on secopie mutuellement en vue dedevancer les autres, de faireavant les autres, ou de faireautrement que les autres, onfinit par faire tous la mêmechose, la recherche de l’exclu-sivité, qui, ailleurs, dansd’autres champs, produit l’orig-inalité, la singularité, aboutitici à l’uniformisation et à labanalisation.» (1996, p. 20).

L’audimat, explique encore

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Bourdieu, peut être définicomme une forme de sanctiondirecte du marché et la soumis-sion – plus ou moins obligée,plus ou moins consciente – desprofessionnels de l’informationaux lois de l’économie et ducommerce constitue selon lui«l’exact équivalent en matièrede culture de ce qu’est la déma-gogie orientée par les sondagesd’opinion en matière de poli-tique» (1996, p.78).

Même son de cloche chezDominique Wolton qui, dansson dernier livre Penser la com-munication (1997), estime quela logique économique à laque-lle le monde des médias doit seplier depuis les trentedernières années «est au moinsaussi menaçante pour la libertéde la presse que la répressionpolitique» (1997, p.220). Dé-nonçant les effets selon lui“implacables” du capitalismesur les entreprises de presse(disparitions de titres, rachats,fusions, restructurations, etc.),Wolton considère que les jour-nalistes sont en général trèsdémunis face au poids croissantdes mécanismes économiquesdans leur environnement et desstratégies commerciales parfoisagressives de ceux qui dirigentleurs entreprises d’attache:«Autant ils [les journalistes]sont à l’aise avec la lutte poli-tique, dont ils partagent lesréférences, autant ils sontgênés, et pris à contre-pied, par

les contraintes économiques.La standardisation et le ratio-nalisme qui en résultent per-turbent la division du travailtraditionnel, laissant sansdéfense un milieu peu familierde ce type de lutte» (1997,p . 2 2 0 ) .

N’hésitant pas à qualifier lesprofessionnels de l’informationde “chair à canon” du secteurde la communication, Woltonprécise que les effets dumarché sur la pratique journal-istique sont aggravés par letraditionnel individualisme dela profession. En d’autres mots,les journalistes – «qui pensentpouvoir s’en tirer individuelle-ment» (1997, p. 220) – offri-raient un front désuni face auxpérils de la logique marchandequi régit de plus en plus leursecteur d’activité.

Ce débat, il est clair, ne datepas d’hier. En 1990, PhilippGaunt observait déjà que laprofessionalisation du journal-isme par la rationalisation tou-jours plus poussée de ses méth-odes de production (resserre-ment continuel des délais decollecte et de traitement del’information, réduction pro-gressive de la surface rédac-tionnelle au profit des espacespublicitaires, diminution deseffectifs et des moyens allouésà l’information, etc.) conduit lesjournalistes à adopter selon lui“un profil bas” face à leurs

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employeurs et aux pouvoirs del’argent. Pour Gaunt, la ten-dance dominante dans lemilieu de la presse est désor-mais “à la moindre résistance”,amenant les journalistes à netraiter que des sujets les plusfaciles à trouver et les moinsdélicats à exploiter. Analysépar Michel Mathien (1983), lefacteur du “moindre coût”tendrait à s’imposer de plus enplus aux principaux critères dela sélection des informationsdestinées au grand public5.

Du côté des journalistes, onadmet assez volontiers que laprofession dans son ensemblen’a pas su éviter l’emprisecroissante de l’économie ausein des entreprises de presse,contraignant les rédactions à serésoudre à la fin de leur supré-matie par rapport aux servicesfinanciers et comptables. Saufexceptions, les journalistes ontdû s’effacer au cours des trentedernières années devant leforcing des régies publicitaireset des départements chargés dela vente des produits informat-ifs. Signe révélateur: un grandnombre des dirigeants des prin-cipaux médias sont issus desécoles de commerce… bien sou-vent sans jamais avoir connu lamoindre expérience du journal-isme au cours de leur carrière.

Pour Nicolas Rousseaux, jour-naliste indépendant à Paris, cechangement de légitimité

s’explique par le fait que lesprofessionnels de l’informationsont incapables de prendre enmain le destin économique desmédias «faute d’accepter lesoutils d’études, les questionsd’argent et le management…en somme le marché!» (cité parBeauchamp et Watine, 1996,p.111). Et Rousseaux de dénon-cer sans ménagement le renon-cement de ses pairs: «Lesdernières générations de rédac-teurs en chef n’ont pas étécapables, jusqu’à présent, derelever les défis lancés par lesproblématiques liées à la ges-tion, au commerce et à lapérennité de leurs propresentreprises. La direction desopérations a ainsi été déposéedans les mains des profession-nels de la finance, de l’industrieou du marketing qui n’endemandaient pas tant. Cestechniciens, diplômés d’écolesde commerce, ont ainsi pristranquillement les rênes dupouvoir. Du coup, lorsqu’ils’agit aujourd’hui de restruc-turer économiquement un titre,cela se passe dans notre dos, ànotre grand étonnement»(1996, p. 169).

Journaliste localier et déléguésyndical à La Voix-du-Nord,quotidien régional du Nord dela France, Christian Furlings’étonne que le projet d’entre-prise de son journal metted’abord l’accent sur des objec-tifs avant tout “statistiques”

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(tirage global, chiffre d’affaires,diminution des coûts de pro-duction, etc.) sans fournir selonlui de moyens supplémentairesaux équipes en place ni offrirde véritables garanties sociales:«On peut y lire la volonté deproductivité de la direction,c’est-à-dire de ne vouloir fabri-quer qu’un journal à moindrecoût» (cité par Beauchamp etWatine, 1996, p. 114). Christi-an Furling questionne parailleurs le système informa-tique de son entreprise qui,censé participer à la rationali-sation du travail – et donc àune meilleure productivitégénérale des acteurs – con-traint les journalistes à remplirdes “cartons” préformatés et às’en tenir à un nombre de pagesprédéterminé, entraînant selonlui une forme de “déprofession-nalisation” du journaliste. Iln’est ainsi pas rare, affirmeChristian Furling, d’assister àdes phénomènes de “remplis-s a g e ” .

Réponse de Jean-Michel Lobry,directeur de NEP-TV, filiale deLa Voix-du-Nord: cette évolu-tion était à la fois nécessaire etinévitable. Selon lui, les entre-prises de presse ont en effettrop longtemps négligé le faitqu’elles étaient aussi – et peut-être surtout – des entreprisescondamnées à réaliser du prof-it… ou à disparaître: «Pendantdes années, tout allait bien, onne perdait pas d’argent. Mais

on s’est peu à peu renducompte, comme pour l’ensemblede l’activité économique, qu’ilfallait resserrer les boulons,qu’on ne pouvait pas ne pasréagir face au fait qu’il y avaitde moins en moins de lecteurs»(cité par Beauchamp et Watine,1996, p. 114).

Conséquence majeure du pro-ductivisme croissant de lapresse: la plupart des profes-sionnels de l’information ont lesentiment de ne plus pouvoirtravailler autrement que dansl’urgence, sinon la précipita-tion. «Le temps journalistique,explique Patrick Pépin, direc-teur général de l’Ecole su-périeure de journalisme deLille, s’est aujourd’hui accéléréavec la création des médias “allnews”: ce temps est à la foisrythmé par les conditionsmêmes de la production jour-nalistique et les conditions defabrication du produit d’infor-m a t i o n . »

Journaliste de télévision, GillesB a l b a s t r e6 estime quant à luique la situation s’est régulière-ment détériorée au cours desdernières années, aussi bien enmatière de délais de productionque d’espace dédié aux con-tenus journalistiques: «En cinqou six ans d’expérience, entre1990 et 1995, on a vu lechangement en ce qui concernele temps. À un moment donné,on mettait jusqu’à deux jours

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pour faire nos reportages,lesquels pouvaient faire jusqu’à2 minutes 30, voire 2 minutes45. Aujourd’hui, on est passé àdes reportages d’1 minute 30.Bref, il faut courir tout let e m p s ! » .

Le diagnostic est à peu près lemême pour la presse écrite.L’informatisation des rédac-tions et la standardisation desopérations de mise en page a leplus souvent conduit à uneréduction significative du for-mat moyen des articles rédigéspar les journalistes. Cesderniers, s’ils ne contestent pasla nécessité de rationnaliser lestâches rédactionnelles, esti-ment avoir perdu en partie laliberté de choisir par eux-mêmes le volume – et doncl’importance – à accorder auxsujets traités7.

Plus généralement, l’analysedes contraintes journalistiquesdirectement liées aux impérat-ifs de rentabilité des entrepris-es de presse met en lumière lacontradiction entre les deuxgrands principes de légitimitéaujourd’hui en œuvre dans lechamp médiatique: le premier,de nature intellectuelle, quirenvoie à la qualité intrinsèquedes contenus de presse ; l’autre,d’inspiration économique, quis’intéresse d’abord à l’impactquantitatif des produits dif-fusés. Pour Patrick Champag-ne, cette contradiction est

d’autant plus difficile à gérerque, le plus souvent, «les pro-duits les plus “sérieux” sont enmême temps les moins popu-laires, donc les moins lus ou lesmoins vus. Et inversement»(cité par Beauchamp et Watine,1996, p. 115). Comment la pro-fession peut-elle réagir face àce paradoxe? Comment chaquejournaliste, individuellement,doit-il se situer dans ce débat ?Il est clair que le poids psy-chologique réel des contraintesqui obligent désormais les pro-fessionnels de l’information àfaire à la fois “plus vite” et“plus court” dépend largementde la variable idéologique dechacun d’entre eux, c’est-à-direde leur propension personnelleà tendre davantage vers le pôle“marchand” ou vers le pôle“citoyen” du champ médiatique.

2. la complexité croissantedu monde

A U T R E contrainte constitu-tive du journalisme, au-

jourd’hui objet de toutes lespolémiques et à l’origine depuisune douzaine d’années d’inter-minables débats sur la néces-sité d’un regain d’éthique ausein de la profession: le difficilerapport des informateurs à lavérité, couramment labelisésous le terme d’objectivité8. Lesrécentes dérives et autres“affaires” médiatiques qui n’ontpas manqué de défrayer la

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chronique au cours de ladernière décennie constituentsans doute un signal d’alerteimportant au moment même oùles nouvelles technologies del’information et de la communi-cation laissent désormaisentrevoir des possibilitésjusqu’ici inconnues en terme detransformation, déformation etmanipulation des textes, dessons et des images. Toutes lesinventions, tous les maquil-lages, tous les bidonnages sontaujourd’hui possibles et, de sur-croît, à la portée du premierv e n u !9

Quand bien même la totalitédes professionnels de l’informa-tion seraient-ils vertueux etcompétents (ou à tout le moinsscrupuleux), la distinctionentre ce qui mérite d’être dit ounon, nuancé ou amplifié,attesté ou dénoncé, demeuremalgré toutes les précautionsopératoires d’usage un exercicefondamentalement aléatoire.Aujourd’hui d’autant pluspérilleux que les opportunitésde recul par rapport à l’actual-ité sont, pour bon nombre dejournalistes happés par la spi-rale de l’événementiel quotidi-en, à peu près nulles. Le ques-tionnement d’Olivier Lepoutre,rédacteur en chef de l’hebdo-madaire La Croix (dans le Nordde la France), illustre bien leproblème ici posé: «L’obligationpropre à l’exercice de toute lib-erté est celle du choix des

événements dont on va rendrecompte. S’agit-il d’événementsou non? Cela vaut-il une infor-mation ou non? Faut-il trans-mettre ou non? On assiste sou-vent à des événements créés detoutes pièces. Certaines entre-prises sont d’ailleurs spécial-isées dans la création événe-mentielle. La difficulté est donccelle du discernement entre levrai et le faux. Par exemple,face à un invité qu’il intervieween direct, un journaliste detélévision n’est pas forcémentarmé pour contrecarrer despropos tenus. Or, le travail dujournaliste est d’être sur le vraiet non de laisser passer dufaux» (cité par Beauchamp etWatine, 1996, pp. 115-116).

Mais les journalistes ont-ilspour vocation de dire la vérité?Ont-ils les moyens de dire“toute” la vérité? L’interroga-tion est d’autant plus red-outable que le public, régulière-ment sondé sur le sujet, est deplus en plus intransigeant enmatière de fidélité aux événe-ments. Jean-Marie Clarinard(1997) estime à cet égard queles attentes des consomma-teurs de l’information média-tique sont peut-être même tropélevées: «On espère le plus sou-vent du journaliste une sorte deconstatation positiviste deschoses et des événementsprocédant d’un regard qui, cor-rectement situé, renverrait uneimage intrinsèquement juste de

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ce qui est […] Or, cette attente,irrationnelle et facile, susciteen grande partie la crise deconfiance qui entoure lesmédias. On en attend trop, onattend l’imposible. Il est certesnormal qu’un journaliste évitede tromper et de se tromper,qu’il soupèse ce qu’il dit ets’inquiète de ce qu’il enadvient. Mais si juste soit saparole, elle n’est jamais qu’untémoignage dont l’autorités’appuie sur la bonne foi et surun travail d’enquête d’autantplus limité qu’il s’accomplitsouvent dans l’urgence» (1997,p. 38).

Au-delà de la divisionmanichéenne qu’elle suggèreentre la vérité et le mensonge,l’enquête fiable et le reportagecaricatural, l’entrevue en pro-fondeur et la petite phrase, lacontrainte d’objectivité qui pèsepar définition sur les profes-sionnels de l’information poseplus sûrement le problème dutraitement journalistique de lacomplexité. Car aussi bienintentionné soit-il, jusqu’où unjournaliste peut-il avoir la pré-tention – pourtant louable –d’appréhender et de restituerdes événements, des situations,des contextes qui ne sont a pri-ori pas immédiatement saisiss-ables par le bon sens commun?«Plus une idée est complexe,affirme Bourdieu (1996), plussa restitution est diffici le»(1996, p. 77). Sans doute peut-

on voir là une explication auxgriefs récurrents vis-à-vis dudiscours des médias, souventjugé comme étant à la foisréducteur et trop négatif: il nerépondrait plus – ou mal – auxattentes (elles aussi complexes)de sens, de repères et d’authen-ticité qui sont régulièrementexprimées par le public… et quidonnent lieu depuis plusieursannées à tous ces débats sur lesnécessités d’une informationplus “citoyenne”, en clair plusproche des gens.

Fulminant contre les entrevuesjournalistiques faites selon luide découpages “hâtifs etparesseux”, de textes “vaseuxet débraillés”, de réductions etde réinterprétations “erronées”,“entrelardées” de phrases deleur propre cru ayant pourrésultat de diluer ou de déna-turer la pensée, Edgar Morin( 1 9 9 5 )1 0 considère que les jour-nalistes sont le plus souventincapables de relier, contextu-aliser et globaliser. Affirmantque les choses les plus simplessont en réalité le fruit d’une“formidable complexité”, il pro-pose une approche des phéno-mènes d’abord fondée sur lareconnaissance de l’incertitude:«Nous devons envisager leprobable, le possible, l’improba-ble, l’incertain, l’invisible ; lechangement commence tou-jours de façon invisible […]J’insiste sur la nécessité d’unevision binoculaire: un oeil con-

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sidère les développements tech-no-économiques continus, l’au-tre considère le “bruit et lafureur” des guerres, crises etperturbations de toutes sortes.La connaissance ne pouvantêtre encyclopédique, nousdevons chercher les nœudsstratégiques qui permettent decontrôler de vastes territoiressans les occuper en détail.Nous naviguons dans un océand’incertitudes à travers desarchipels de certitudes. Noussommes dans une aventureinconnue» (1995, p. 333).

Se fondant pour sa part surl’exemple de l’affaire du sangcontaminé en France où lesmédias ont davantage focaliséleur attention sur les coupablesprésumés (le docteur Garettaen tête) plutôt que sur lesdéfaillances en cascades descentres de décision du mondede la santé, Michel Crozier( 1 9 9 6 )1 1 estime que la pressehexagonale «ne fait pas le tra-vail de la complexité des rap-ports humains parce qu’ellecroit que ce n’est pas possible».Or selon lui, l’un des enjeuxfondamentaux de l’époquetourne justement autour de lacapacité à «faire comprendre lacomplexité du monde», souspeine par exemple de faireporter les dysfonctionnementset les responsabilités d’un sys-tème de décision global sur lesseules épaules de quelquesboucs émissaires facilement

identifiables. Dans le scandalefrançais du sang, au début desannées 90, les “fusibles”Garetta, Dufoix, Hervé puisFabius ont confisqué l’agendades médias, empêchant l’ap-préhension – et donc la com-préhension – des causes pro-fondes du drame. Faute deréforme majeure de leurstratégie en matière de traite-ment de la complexité, les jour-nalistes ne risquent-ils pas dese retrouver dans les mêmesimpasses avec les dossiers de la“vache folle”, de l’amiante, del’immigration, de la fracturesociale, etc.?

Quoi qu’il en soit, poser laquestion du traitement journal-istique de la complexité ren-force un peu plus le soupçonqui pèse sur la crédibilité desmédias, c’est-à-dire leur capac-ité à rendre compte de l’actual-ité de façon à la fois fidèle etefficace. Fidèle parce lesmédias sont censés être au ser-vice de la vérité (c’est l’article 1de la Déclaration de Munich).Efficace parce que les contenusdiffusés doivent en principeêtre reçus, compris et assimiléspar les destinataires de l’infor-m a t i o n .

Or, la notion même de “com-plexité” perturbe ces deuxambitions légitimes qui sontdes fondements de l’activitéjournalistique (dire vrai et êtreaccessible). En effet, si l’on

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accepte l’idée que la complexitéest a priori supérieure à tout cequi peut en être dit (sinon, leproblème ne se poserait mêmepas!), on pressent très vite ledécalage – sinon la contradic-tion – qui existe entre le jour-nalisme (qui affectionne ou col-lectionne les certitudes, lesréponses à tout, les vérités par-fois un peu carrées) et la com-plexité (qui suggère au con-traire l’incertain, l’invisible,l’insaisissable). Bref, au mêmetitre que le débat sur la vérité,on peut se demander si lesmédias ont vocation à traiter lacomplexité… Le cas échéant,en ont-ils ou s’en donnent-ilsles moyens?

Même s’il est important selonnous de nuancer le diagnostic àcause de l’immense variété dessituations et des genres dans lechamp journalistique, on peutdire que les médias paraissentaujourd’hui assez démunis faceà la tâche qui leur incombe, àsavoir décoder et raconter lequotidien dans sa diversité, sesruptures, ses contradictions,ses incertitudes. En matièred’actualité, l’effet loupe sur lapartie immergée de l’icerbergprime le plus souvent sur unenavigation en profondeur et enn u a n c e s .1 2

Lorsqu’on les interroge, lesjournalistes quant à eux serangent assez vite au constatgénéral. Ils admettent volon-

tiers, en insistant sur les con-traintes de leur métier, qu’ilssont le plus souvent obligés deparer au plus pressé, et doncd’arrondir un peu les angles, deprivilégier ce qui est plutôtaccessible ou spectaculaire, derenoncer à l’analyse (qui exigede la recherche et de la dis-tance et du temps) au profit del’anecdote (qui accroche), del’image d’Epinal (pour ses ver-tus pédagogiques), du commen-taire (parfois brillant, parfoismoins brillant). Bref, du pointde vue même des principauxintéressés, le travail de la com-plexité n’est pas facile à mettreen œuvre; il n’est pas souventune priorité. La journalisteChristine Ockrent, dans sonlivre La mémoire du cœur(1997), ne dit pas autre choselorsqu’elle affirme que «laréflexion, la mémoire, la miseen perspective restent unemarque de talent, mais re-lèvent du luxe et ne constituentpus l’essentiel» (1997, p. 99).

L’actualité récente confortecette impression. Ainsi, est-onvraiment sûr que les médiasnous donnent les élémentsnécessaires à la compréhensionde la crise albanaise, du dramezaïrois, des conséquences de lafermeture de l’usine Renault àVilvorde (en Belgique), duproblème politique et socialposé et reposé en France par leFront national, de la questionde la parité hommes-femmes

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dans la vie politique de la plu-part des pays occidentaux, desperspectives ouvertes par lesprogrès récents en matière declonage, etc. Ces sujets, forcé-ment complexes vu la multi-tude des paramètres qui sonten jeu, illustrent les limites –dans certains cas la légèreté –du traitement médiatique.

Selon nous, i l est possibled’identifier au moins trois fac-teurs explicatifs des con-traintes – et, par voie de con-séquence, des carences – dutraitement journalistique de lacomplexité: manque de per-spective, manque de transver-salité et manque de méthode.

Déficit de perspective toutd’abord. Un certain nombre dedossiers de l’actualité quotidi-enne restent confus, abstraitsou peu significatifs parce queceux qui les traitent ont négligéde donner le coup de projecteurnécessaire sur les antécédentsde l’événement, son histoire, sachronologie… autant d’élé-ments qui auraient peut-êtrepermis d’en comprendre lalogique, voire d’en saisir lessignes annonciateurs. C’est undéfaut d’ordre diachronique: onoublie d’exploiter les enseigne-ments du passé … avec lerisque de réinventer inlassable-ment la roue ou de ne pouvoirêtre que réactif par rapport àl’actualité. Manque de perspec-tive encore lorsque les journal-

istes, trop centrés sur leur ter-ritoire de couverture habituel,font régulièrement l’impassesur ce qui se produit chez lesautres (à l’étranger par exem-ple), rendant ainsi impossibletoute forme d’analyse compara-tive pourtant si productive enterme de sens. Cette fois, c’estun problème de synchronie: onnéglige les modèles extérieursqui nous entourent et dont lesleçons immédiates nousseraient si précieuses parfois.

Déficit de transversalitéensuite. Certains événementsde l’actualité courante ne trou-vent aujourd’hui plus leur placedans les “tiroirs journalis-tiques” traditionnels où l’oncontinue pourtant de les enfer-mer par habitude. Lesrubriques de l’information, effi-caces du point de vue de lastandardisation des tâches etde la lisibilité des contenus,sont parfois devenues com-plètement inadaptées à la réal-ité très composite de certainsdossiers comme par exemple lefeuilleton de la vache folle quipeut successivement ou simul-tanément être casé en section“politique”, “économie”, “agri-culture”, “santé”, “environ-nement”, “fait de société”, etc.Le cloisonnement de l’informa-tion, non content d’entretenirdes rivalités parfois férocesentre les différents servicesd’un même média, génère deseffets d’angle souvent très

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exagérés qui, par définition, nepeuvent pas rendre justice aucaractère multi-angulaire –autrement dit complexe – denombreux sujets de l’actualité.

Déficit de méthode enfin. C’estd’ailleurs très souvent sur cettequestion sensible des procé-dures, de la démarche, du pro-tocole de fabrication de l’infor-mation que chercheurs et jour-nalistes font valoir leur dif-férence, pour ne pas dire leurrivalité. Parfois taxés de“bricoleurs” par les intel-lectuels, les universitaires oules scientifiques (l’expressionest de Claude Levi-Strauss), lesprofessionnels de l’informationaiment à rappeler qu’ils ne sontni des historiens, ni des socio-logues. A chacun son métier,d i s e n t - i l s .

Reste qu’il n’est pas interdit des’interroger quand même surles critères et les mécanismesqui président à leur choix, parexemple en matière de sélec-tion, de hiérarchisation et devalidation des informationsqu’ils diffusent (avec les effetsconsidérables que l’on sait surl’opinion). Interrogés sur leurfaçon de traiter l’actualité, lesjournalistes admettent assezvolontiers agir par intuition,bon sens et expérience du ter-rain. Mais dès qu’on leur sug-gère de justifier leur façon defaire, de s’expliquer sur le choixdes sources à partir desquelles

ils ont tiré leurs conclusions, dedécrire le parcours de re-cherche qui a éventuellementaccompagné leur travail, lemalaise devient vite évident.En d’autres mots, il n’est pasexcessif de dire que la démar-che journalistique s’inspire ra-rement de la méthode scien-t i f i q u e .

Devant pareilles critiques, lesprofessionnels de l’informationrépondent en choeur: manquede temps, manque d’espace etplus généralement manque demoyens pour atteindre leniveau de qualité qu’on attendd’eux. Les contraintes multi-ples qui pèsent sur leur pra-tiques quotidiennes les obligentselon eux à travailler dans desconditions souvent acroba-tiques qui les empêchent d’allerau fond des choses, de compar-er, de peaufiner… et parfoismême de valider. Combien dejournalistes – malgré l’agace-ment que suscite immanqua-blement l’interrogation – ont-ilsou prennent-ils aujourd’hui letemps de vérifier leurs informa-tions, de se faire relire par uncollègue, de demander un avisextérieur avant de publier uneinformation un peu difficile?

En première instance, on estdonc tenté de dire que lesmédias n’ont pas vocation àtraiter de la complexité parcequ’ils n’en ont tout simplementpas les moyens. C’est bien

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entendu une façon trop simplede désamorcer le débat. Laréalité est forcément moinstranchée que ce constat qui,finalement, serait un peudémobilisant pour l’ensemblede la profession. L’équation“ j o u r n a l i s m e - c o m p l e x i t é ”demande selon nous à êtrenuancée parce que les condi-tions d’exercice – et donc in fineles performances qui en résul-tent – sont loin d’être uni-formes en la matière.

Il faut, nous l’avons déjà dit,établir une distinction trèsnette entre le journalisme quis’attache à une actualitébrûlante, répétitive et sans pos-sibilité de recul (la formeextrême en étant le direct… quipeut conduire à toutes lesdérives) et le journalisme quiévolue sur des formats temps-espace qui en principeautorisent davantage de pro-fondeur et d’analyse.

La nature même des supportsde l’information, dont les con-traintes sont radicalement dif-férentes, doit elle aussi êtreprise en considération. Saufexception, la télévision se prêtea priori moins facilement autraitement de la complexité quela presse écrite parce que lafonction spectacle – et doncl’émotion – y occupe une placep r é p o n d é r a n t e .1 3 Mais làencore, i l faut nuancer leschoses puisqu’il serait inco-

hérent de mettre TF’ (inscritedans une logique marchande)et Arte (qui joue de sa missiond’abord pédagogique) sur lemême plan d’analyse.

D’une façon plus globale, il estclair que toutes les entreprisesde presse n’ont pas le mêmemandat. On peut à cet égardpenser à ce qui devrait dis-tinguer – en terme de pro-fondeur – la télévision publiquedes chaînes privées, une sta-tion comme France Inter d’uneradio commerciale telle queRTL ou Europe 1, un quotidiende la presse quotidiennerégionale française d’un journalcomme Le Monde, Paris Matchd’un news magazine comme LeNouvel Observateur, etc.

Il ne serait pas non plus inutilede prendre en compte le faitque tous les journalistesn’affichent pas le même idéaldu métier et n’ont donc pas lamême vision de leur mission.En clair, tous n’ont sûrementpas choisi le journalisme pourfaire œuvre de pédagogie.

Cela dit, il est important dansce genre de débat de se méfierdes jugements de valeur troprapides qui distingueraient defaçon un peu moralisante lesconduites vertueuses d’un côté(c’est-à-dire les médias et lesjournalistes d’abord enclins àune approche réflexive del’actualité) et les comporte-

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ments peu recommandablesd’un autre côté (c’est-à-dire lesentreprises de presse et les pro-fessionnels inscrits de plain-pied dans la logique de marchéet la course au scoop).

En somme, les habitudes deconsomation médiatique dupublic (régulièrement mesuréespar des enquetes et sondages)constituent sans doute la pre-miere des contraintes journalis-tiques. Comment en effet lesprofessionnels de l’informationpeuvent-ils se situer face à des

citoyens qui, lorsqu’on les con-sulte, demandent invariable-ment des contenus de qualité,mais qui, aussitôt qu’on étudieleurs pratiques de consomma-tion quotidienne, donnentrégulièrement la prime aux“produits” les plus superficiels,les plus spectaculaires, bref lesplus comerciaux? C’est proba-blement à partir de cette con-tradiction fondamentale que laprofession doit selon nous ori-enter aujourd’hui sa remise enq u e s t i o n …

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Notes

1. On lira par exemple avec intérêt les résultats de l’enquête réalisée par la Sofrès et publiés conjointe-ment par le quotidien La Croix et le magazine Télérama en janvier 1996. Les principales tendancesindiquent notamment que 55% seulement des 1000 personnes interrogées font confiance à la radio et45% à la tévision et à la presse écrite. Commentaire sévère de La Croix: «La crédibilité de la radio et dela presse écrite régresse tandis que celle de la télévision s’effondre.»

2. Nous nous fondons essentiellement sur les travaux des groupes de travail mixtes (journalistes etchercheurs) mis en place par le Centre de recherche de l’Ecole supérieure de journalisme de Lille en1995, 1996 et 1997 (NORSOM: «Groupe de réflexion sur la nouvelle responsabilité sociale des médiaset des journalistes»; TJC: «Groupe de réflexion sur le traitement journalistique de la complexité»). Voirles références en bibliographie.

3. Les Québécois préfèrent parler de nouvelles (pour tout ce qui a trait à l’actualité immédiate) etd’affaires publiques (pour ce qui concerne les dossiers, enquêtes, analyses en profondeur, etc.)

4. Ce livre de Pierre Bourdieu, à de rares exceptions près, a été très mal reçu par la profession et la cri-tique universitaire. Il a donné lieu à des réactions extrêmement virulentes dans toute la pressefrançaise au cours des semaines qui ont suivi sa parution fin 1996. Certains ont notamment reproché àBourdieu ses attaques frontales contre quelques-uns des intellectuels “médiatiques” du moment (quali-fiés entre autres de fast thinkers par l’auteur) ainsi que sa dénonciation sans nuances de l’inculturej o u r n a l i s t i q u e .

5. Selon Michel Mathien, le coût total d’une information journalistique doit être calculé en additionnantson coût financier (collecte, traitement, production, distribution, frais divers afférents), son coût énergé-tique (qui mesure l’effort que le journaliste a le sentiment de devoir fournir pour traiter son sujet), soncoût temporel (c’est-à-dire la durée totale du cycle de traitement de l’information) et son coût psy-chologique (plus ou moins lourd selon l’intérêt personnel ou professionnel que le journaliste attache ausujet qu’il traite).

6. Gilles Balbastre a participé à la rédaction d’un ouvrage des plus éloquents sur la détérioration desconditions de travail des journalistes dans le secteur audiovisuel français: Journalistes au quotidien, out-ils pour une socioanalyse des pratiques journalistiques, éditions Le Mascaret, Bordeaux, 1995

7. A La Voix-du-Nord, le nouveau système de P.A.O du nom d’Hermès limite – sauf exception – lalongueur des textes à un maximum de 6000 signes pour les entrevues et de 4500 signes pour lesautres articles.

8. Le débat sur l’objectivité journalistique – consubstanciel des métiers de l’information – n’a jamaiscessé d’attiser les polémiques les plus vives au sein même de la profession et inspiré de très nombreuxtravaux de recherche tant en Europe qu’en Amérique du Nord. Le parcours de cette inépuisable“matière à réflexion” appelle trois commentaires généraux:

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– même s1il donne lieu à de sérieuses divergences d’appréciation tant du côté des chercheurs que despraticiens, le concept d’objectivité journalistique recueille un scepticisme régulier, sinon un désaveu àprès près systématique;

– les arguments dénonçant la validité de ce concept sont apparemment plus nombreux et surtout plusconvaincants que les rares plaidoyers en sa faveur;

– le débat sur l’objectivité journalistique achoppe sur la polysémie du terme, dont aucune des nom-breuses tentatives de définition ne peut prétendre à l’universalité.

9. Le “Vrai journal” présenté tous les dimanches sur Canal + par le journaliste-animateur-prestigidita-teur Karl Zéro offre un aperçu pour le moins éloquent de ce que la technique numérique et le multimé-dia autorisent aujourd’hui en matière de mise en scène de l’actualité.

10. Dans son ouvrage Une année Sisyphe (voir bibliographie), Edgar Morin dénonce à plusieurs repris-es avec véhémence la médiocrité du travail journalistique… tout en continuant, paradoxalement, àaccorder un nombre impressionnant d’entrevues aux médias français et étrangers.

11. Les propos de Michel Crozier cités dans cet artivle sont tirés d’une intervention réalisée à Lille le 14mars 1996 lors de la 3e rencontre du groupe de réflexion NORSOM (voir bibliographie).

12. De ce point de vue-là, on peut se demander si le formidable succès de la communication (dont il estde bon ton de se plaindre ou de s’inquiéter) ne serait pas dû, en partie au moins, au manque derigueur ou de finesse de l’information…

13. Dans son ouvrage 29 mois et quelques jours (où il relate les nombreuses péripéties – et désillusions– qui ont accompagné son passage à la tête de France Télvision de 1994 à 1996), Jean-Pierre Elkabach(1997) soutient contrairement à d’autres que la télévision a un véritable rôle à jouer dans l’appréhen-sion de la complexité: «Nous circulons de l’empirique au théorique, de l’historique au contemporain,avec des bribes de science et d’humanisme. Cet esprit moderne est un défi parce qu’il est fondé sur unemaîtrise croissante de la complexité […] Or la télévision peut justement donner des aliments à cettepensée complexe, celle qui relie, qui n’exclut pas, qui se nourrit d’écarts, d’échanges entre les genres etles disciplines…» (1997, p.75).

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Bibliographie

ACCARDO Alain (dir.), ABOU Georges, BALBASTRE Gilles, MARINE Dominique (1995), Journalistes auquotidien, outils pour une socioanalyse des pratiques journalistiques, éditions Le Mascaret, Bordeaux

BEAUCHAMP Michel, WATINE Thierry (juin 1996), «La nouvelle responsabilité sociale des médias et desjournalistes», Les Cahiers du journalisme (“Le journaliste acteur de société”), n°2, pp. 108-127

BOURDIEU Pierre (1996), Sur la télévision, Liber éditions, Paris

CLARINARD Jean-Marie (avril 1997), «Le journalisme en question», Le généraliste, n°1765

CROZIER Michel (1995), La crise de l’intelligence. Essai sur l’impuissance des élites à se réformer,Interéditions, Paris

ELKABACH Jean-Pierre (1997), 29 mois et quelques jours, Grasset, Paris

GAUNT Philipp (1990), Choosing the News, The Profit Factor in News Selection, Greenwood Press, NewY o r k

MATHIEN Michel (1983), La presse quotidienne régionale, Presses Universitaires de France, (collection“Que Sais-je?”), Paris

MORIN Edgar (1995), Une année sisyphe, éditions du Seuil, Paris

NORSOM I (6 octobre 1995), Compte rendu de la 1ère rencontre du groupe de réflexion NORSOM surla nouvelle responsabilité sociale des médias, Centre de recherche de l’École supérieure de journalismede Lille

NORSOM II (16 janvier 1996), Compte rendu de la 2e rencontre du groupe de réflexion NORSOM sur lanouvelle responsabilité sociale des médias, Centre de recherche de l’École supérieure de journalisme deL i l l e

NORSOM III (14 mars 1996), Compte rendu de la 3e rencontre du groupe de réflexion NORSOM sur lanouvelle responsabilité sociale des médias, Centre de recherche de l’École supérieure de journalisme deL i l l e

NORSOM IV (15 mai 1996), Compte rendu de la 4e rencontre du groupe de réflexion NORSOM sur lanouvelle responsabilité sociale des médias, Centre de recherche de l’École supérieure de journalisme deL i l l e

OCKRENT Christine (1997), La mémoire du cœur, Fayard, Paris

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1. Introduction

In 1996 Czech TVfaced the histori-cal situation ofcovering the firstp a r l i a m e n t a r y

election campaign afterthe foundation of theCzech Republic and thedevelopment of a dualbroadcasting system. Wewill provide someanswers to the questionof how Czech televisionfulfilled its function as aprimary informationsource during the elec-

tion campaign of 1996, inan era of political andjournalistic change.

The results pre-sented in thisarticle came froma quantitativecontent analysisdone in a cooper-ative researchproject of the De-partment of MassC o m m u n i c a t i o n ,Charles Univer-sity of Prague,Czech Republicand the Chair for

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SPECIAL EMPHASIS LE POINT SUR

TELEVISIONAND THE ELECTORAL CAMPAIGN

DA N I E L A LE I D N E R , IR E N A RE I F O V A, LU T Z M. HA G E N 1

1. Dipl. Sozw. DANIELALEIDNER and Dr LUTZ

M. HAGEN are scholarsat the chair for com-

munication and polit-ical science at the

University ofErlangen-Nuremberg.

Mgr. IRENA REIFOVA is ascholar at the depart-

ment of mass com-munication at theCharles University

of Prague.

The Czech ElectionCampaign of 1996 on Public

and Private Television

A Czech-German Cooperative Content Analysis

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Communication and PoliticalScience, University of Er-langen-Nuremberg, Germany.2The project was funded byVolkswagen foundation. It hadtwo goals: (1) To develop a cur-riculum for the teaching ofquantitative content analysisto university students and (2)to analyse the quality of newsreporting during the campaignof 1996.3 Developing a codingscheme, the coding procedureand the interpretation of datawere subjects of a seminar forstudents from CharlesUniversity, Prague. During twosemesters the Czech studentsdesigned and conducted thecontent analysis in Prague andNuremberg, being instructedand aided by Czech andGerman lecturers.4 The methodof quantitative content analysiswas thus learned by doing astudy which included all stagesof the research process.5

As will be shown, the electioncampaign got relatively smallattention on Czech TV as com-pared to other countries.Journalists obeyed norms ofneutrality and balance to alarge extent. Although no cru-cial imbalance was detected,public and private stationsobviously did give preference todifferent parts of the politicals p e c t r u m .

2. The Political SituationBefore the Elections of1996

T H E preceding national elec-tions of 1992 had resulted

in a ruling right-wing coalitionof three parties: conservativeODS, liberal ODA and christ-ian democratic KDU-CSL. Thevoters had delegated the major-ity of seats to ODS - the mainconveyer and symbol of socialand economic transformation.ODS chairman Vaclav Klaushad formed a new governmentof which he became prime min-ister according to the task hehad been given by PresidentVaclav Havel. The Social demo-cratic opposition party CSSDhad come out of the 1992 elec-tion comparatively weak, withonly a share of vote of 6% (ascompared to 30% for ODS).

Within the following four yearsthe preferences of the elec-torate changed towards a moreequal distribution of sympathybetween ruling parties andtheir social democratic chal-lengers. The social democratshad elected Milos Zeman astheir chairman - a charismaticand disputable person, wor-shipped by some, hated andridiculed by others. The Socialdemocrats focused on criticis-ing individualism and egoismof the market system. Theyblamed the government for a

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partly uncontrolled privatisa-tion process, for not containingeconomic criminality (such as aseries of fraud bankruptcies ofbanks and investment compa-nies), and its´ ineffecitivenessin transforming the health-caresystem. This made large partsof the electorate to support theSocial Democrats. Conseq-uently, in the elections of 1996- for the first time in history ofthe Czech Republic - the rulingconservative party (ODS) wasconfronted by an approximate-ly equally strong challenger(CSSD). For the first time thesuccess of a right-wing coalitiondid not seem to be guaranteed.(Table 1)

Twenty political formationsregistered for the elections in1996. Two parties howeverwere not eligible for electionsdue to the refusal of registra-tion fee payment. Consequen-tly, 18 political entities finallyappeared on the list of candi-dating parties. A month beforethe elections public opinionresearch showed that a maxi-mum of six parties had achance to come into parliament:

O D S : right wing conservativeparty, the party of prime minis-ter Vaclav Klaus, winner ofboth previous elections of 1990and 1992. Key words in the1996 campaign: „We manageduntil now, we will manageagain“. Its program focused onreliability and the recitation ofpast successes and was criti-cised for lacking visions.

C S S D : social democratic party,the main challenger for ODS inthe 1996 elections. Between1992 and 1996 the preferencesfor CSSD raised by the factor offour. Key words in the 1996campaign: „Solidarity andEquality“. CSSD was address-

ing disenchanted people whoseliving standards decreased dur-ing a period of economic trans-formation. The chairman ofCSSD is Milos Zeman.

O D A : right wing, liberal demo-cratic party. Key words in 1996campaign: „Vote with yourright hand.“ The Reputation ofODA rests on educated andintellectual electorate and itstendency to diminish the role of

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Table 1

Political Preferences April 1996, a month before the national elections(Most Important Parties)

P a r t y O D S C S S D O D A K D U - C S L K S C M S P R - R S CShare (%) 2 6 , 7 2 0 , 5 8 , 5 8 , 2 7 , 8 6 , 6

Source: IVVM Praha (Institute for Public Opinion Research), April 1996

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state institutions in favour ofindividual liberty. Jan Kalvodawas the main representative ofODA in spring 1996.

K D U - C S L : christian democrat-ic party, it belongs to the cen-tral part of the right-left spec-trum. Key words in 1996 cam-paign: „Calm power“. KDU-CSL promotes itself as a sup-porter of a social-market econo-my and guardian of universalchristian ethical values. JosefLux is the chairman of KDU-C S L .

SPR-RSC and KSCM: s o -called republican and the com-munist party which representthe extreme right and left ofthe political spectrum. Miro-slav Sladek is the head of SPR-RSC and Miroslav Grebenicekthe leader of KSCM.

In contrast to the last two elec-tions, the elections of 1996were marked by the absence ofan issue that would have beencentral to all parties. Whereasthe elections of 1990 hadbecome a plebiscite against theformer communist regime andthe elections of 1992 had takenthe role of a referendum about

whether to split up the Cze-choslovakian federation, theparliamentary elections inspring 1996 were qualified bysome as „topicless“ elections.The election days were May 31and June 1, 1996. The officialelection campaign started 16days before the elections andhad to end 48 hours before theopening of the polling stations.

The results radically changedthe political structure of theparliament (Table 2). Althoughvoters confirmed the leading

position of ODS and enabledthe old government to continue,the lead of ODS over CSSD wasvery small and ODS lost itsmajority of chairs. On June 1,1996 the headlines of all maindaily papers concluded that inspite of Vaclav Klaus stayingprime minister, the triumphbelonged to Milos Zeman.

3 The TV-System of theCzech Republic

U N T I L 1989 all Czech mediawere state owned. This

changed after the collapse ofthe communist regime In 1990.

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Table 2

Results of Czech parliamentary elections May 1996

P a r t y O D S C S S D O D A K D U - C S L K S C M S P R - R S CShare (%) 2 9 , 6 2 6 , 4 1 0 , 3 8 , 8 8 , 1 6 , 4

Source: Central Election Commission, June 1996

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Now the Czech Republic has amedia system which is typicalfor democracies, where mediacan often be classified accord-ing to two dichotomies: a)nation-wide vs. local and b) pri-vate vs. public. Our researchconcentrated on nation-widepublic and private televisionchannels. In the public sectorand the private sector twochannels each exist: CT1 andCT2 are public, Nova TV andPremiera are private stations.Due to a loss of data, we couldnot include CT2 in our analy-sis. CT2 would have been aninteresting research object dueto its´ high standard of pro-gramming. In terms of reach,though, it is negligible.6

CT1 is the first channel ofCzech public television - it isobliged to serve the publicinterest, regulated according toLaw No. 483/1991, and con-trolled by a public commission.Czech public television isfinanced by two kinds of finan-cial resources: concessionairerates and advertisement prof-its. Advertisement profits havea minor share in financing asthe law allows only 1% ofbroadcasting time to be sold toadvertisers. The average reachof the main evening newscastof CT1 amounted to 26% of thepopulation in May 1996. Thisequals the average reach of thec h a n n e l .

Nova TV is the largest commer-cial television station in thepost-communist countries ofCentral and Eastern Europe.Nova was founded by the com-pany CET21, a consortium ofsix distinguished personalitiesof Czech culture and humani-ties. Nova had a broadcastinglicence from January 1993 andstarted to broadcast onFebruary 4, 1994. From thevery beginning foreign invest-ments were crucial to Nova,which was initially financed bythe American-Canadian invest-ment company CEDC to 66%.In 1997 the same investornewly founded the CME com-pany and increased its share inNova up to 88%. This eventwas paralleled by a loan of 4.7Mil. US$ from CME to Novadirector Vladimir Zelezny inorder to purchase shares fromthe four Czech founders ofCET21. Today almost 93% ofNova TV belongs to Americanproprietors. Nova has the high-est reach of all Czech TV sta-tions (68% of the TV audience).The reach of Nova’s mainevening news programmeamounted to nearly 33% of thepopulation during the last twoweeks before the elections of1 9 9 6 .

Premiera was the first privatecommercial channel in theCzech republic - it went on airin June 1993. AmongPremiera’s founding fathers

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are two popular Czech filmdirectors and the Italian mediaentrepreneur Mariano Volani.In 1994 the ownership ofPremiera was taken over a100% by the Czech Investmentand Postal Bank (IPB).Financial circumstances chan-ged again in 1995 when Ame-rican millionaire Michael Ding-man, president of Strattoninvestment company, pur-chased of 15% of Premierasshares. IPB announced to fur-ther diminish its share inPremiera and does not excludefurther sales to foreigners.During the election campaignof 1996 the average reach ofPremieras main evening newsamounted to 2,7%. In thebeginning of 1997 Premierawas transformed into PrimaT V .

4. The Research Questions:Assessing the Quality ofElection Coverage in aPeriod of Changes

M E D I A are generally expect-ed to serve the democrat-

ic process. Without media thereis no functional democracybecause the ways for citizens tolearn directly about politics arelimited. In particular three cen-tral demands can be derivedfrom the public interest mediaare supposed to serve (McQuail1992, Hagen 1997b):

1. Media are supposed toinform citizens to enablethem to participate in thedemocratic process and torationally meet politicald e c i s i o n s .

2. Media should give accessto individuals and groups sothat these can voice theirinformation and opinions tothe public. Media shouldserve as a forum and mar -ketplace for the variousideas, opinions, and voicesin society.

3. Media should be watch -dogs: they should survey andcriticise those being in powerand those threateningd e m o c r a c y .

With respect to elections, thefirst two demands are of specialimportance. Citizens depend toa large degree upon massmedia to learn about the vari-ous parties and candidates,their programs, personalitiesand performance (Schulz 1997).

From the first demand it can bederived, that election coverageshould be relevant in thesense that it should focus onsubstantial information aboutpolitical positions and actionsof candidates or parties (Hagen1995). This can be assumed tobe more helpful for voters toform opinions and decide aboutwhom to vote for than so-called

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horse-race coverage. This formof coverage focuses on the com-petition of candidates (rallies,poll-results...) and is said to betypical for privately organisedtelevision in the US (Patterson/ McClure 1979). The relevancecriterion can also be interpret-ed in a way, that due to thecrucial importance of parlia-mentary elections for the demo-cratic process an election cam-paign should be extensivelycovered in the news.

The first and second demand inthe above list are further speci-fied by two typical quality crite-ria for election coverage:Neutrality and balance (Schatz& Schulz 1992). Both are close-ly connected to impartiality asa central norm of professionaljournalism. Journalistic impar-tiality is widely regarded as aset of rules which lead journal-ists to report from a perspec-tive not being influenced bytheir personal point of view(Westerstahl 1983).

Neutrality means that journal-ists are not supposed to openlyexpress their opinion in newsitems. Editorials and similarforms of opinion orientated cov-erage are reserved for journal-ists to express their viewpoint.A pure news item should notcontain any evaluations byjournalists. Balance is achievedthrough an equal or proportion-al distribution of time, space, or

emphasis on opposing opinionsor their representatives. To vio-late the norm of balance bymore frequently publishing cer-tain opinions is an implicitform or partiality or bias(McQuail 1992). While viewerscan detect the violation of neu-trality by identifying journal-ists´ explicit evaluations, it ishard to find out whether cer-tain viewpoints are suppressedor others frequently promoted.Balance criteria can easily beapplied to elections. The num-ber of alternatives (candidatesor parties) and the balance cri-terion (party affiliation) are sel-dom as clearcut as for elections.

Economic and political inter-ests can be seen as the mainthreats to media quality.Economic interests may espe-cially dominate the coverage ofprivately organised media,leading to dramatisation andsensationalism, personalisa-tion, oversimplification andfragmentation. Thus theattempt to produce cheap newswhich at the same time dostrongly appeal to mass audi-ences can result in a violationof the norm of relevance. Onthe other hand media, whichare politically not independent(especially if they are state orparty owned), may rather servethe political interest of theirowners than the public interestand thus contain partial cover-age or even propaganda.

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Both economic and politicalinterest could have influencedTV-coverage of the Czechnational elections of 1996. Soon the one hand due to the highfinancial influence of Americancapital on the private stationsNova TV and Premiera, anAmericanisation of election cov-erage in the Czech Republiccould be suspected. This phe-nomenon, the adoption of polit-ical communication styles fromthe US, is observed in manyEuropean countries. It is char-acterised by (1) the dominantrole of TV during election cam-paigns, (2) a higher degree ofprofessionalism on the part ofthe politicians assisted bystrategical campaigningexperts as a consequence of themedia orientation of politicalactors, (3) horse race coverage:the dominance of polls andimages over issues and (Holtz-Bacha, 1996).

On the other hand, those partsof the Czech journalists whoseprofessional socialisation tookplace before 1989 could be sus-pected to still be influenced bythe norms of state directedjournalism or even favour theformer state ideology.

The transition of the Czechmedia system might not beover yet, the times of statedirected media are not so longago. The diffusion of traditionalwestern, especially Anglo-

American, journalism is still inprocess and might such resultin uncertainty amongst jour-nalists about their professionaljournalistic norms. AccordinglyCzech journalists were accusedof reporting in an unprofession-al or even biased manner. Thislack of professionalism hasbeen regarded as a potentialdanger for democracy althoughin general the mass mediahave played a positive role dur-ing the period of democraticchanges in the Czech Republic(Pehe 1993).

The questions raised by theprevious considerations haveguided our quantitative contentanalysis which we present inthis article. It assesses the elec-tion coverage of 1996 with aspecial focus on relevance, neu-trality and balance of newsitems on Czech TV.

5. Method: Outline of theQuantitative ContentAnalysis

O B J E C T of the analysis wasa sample consisting of the

main evening newscasts of tele-vision channels CT1, Nova andPremiera between May 15 andMay 28, 1996, the official peri-od of the election campaign( T a b l e 3). The sample thusincluded 42 newscasts.

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Only those items from a news-cast were coded, which wererelated to the election cam-paign by their topics or actors.An item was thus coded if itcontained any visual or verbalappearance of a candidatingparty or a person presented asa candidate or a person fromthe list of candidates. An itemwas also coded if it containedone of the key words: election,election campaign, opposition,coalition, or government. All inall 142 items were coded. All oftheses were pure news items,reports or interviews.

The definition of coding units iscrucial in a content analysis.By coding unit we mean a

semantical or syntactical ele-ment of a text whose featuresare coded (for details seeScherer 1997). In our contentanalysis the item was chosenas the largest of three codingunits reflecting three hierarchi-cal layers of news programstructure. Each item is furtherdivided into narrator seq-uences. Every change of narra-tor within a news item starts anew narrator sequence. As nar-rators all persons count ofwhose utterances a news storyis composed. Thus not only thejournalists as author/narratorbut also sources cited by jour-nalists in a sound bite werecoded as narrators. In additioneach narrator sequence was

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Table 3

Newscasts in the sample

N a m e S t a t i o n Organisation T i m e R e a c h1

F o r m of broadcasting in Population

U d á l o s t i C T 1 p u b l i c 1 9 . 3 0 - 2 0 . 0 0 2 6 %Televizní noviny N o v a p r i v a t e 1 9 . 3 0 - 2 0 . 0 0 3 3 %D e n í k Premiéra p r i v a t e 1 9 . 3 0 - 1 9 . 5 0 3 %

1 Sources: research departments of TV stations

NEWSCAST

ITEM Narratorsequence

Narratorsequence

TAKE

TAKE

TAKENarratorsequence

ITEM

ITEM

Figure 1:Hierarchyof Coding

Units

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subdivided into camera takes.A take is the visual and verbalcontent delimited by two cuts.

For every coding unit variableswere specified. Each variablesystematises a dimension ofcharacteristics of its codingunit by assigning numericalvalues to relevant characteris-tics (for details cp. Scherer1 9 9 7 ) .7 As most important vari-ables of the item the mainactor, main topic, and mainevent were coded. On the nar-rator sequence level name,type, and party affiliation ofthe narrator were coded asmost important variables. Alsothe appearance of the mostimportant politicians and par-ties within the narration andtheir evaluation by the narra-tor were coded as a feature ofthe narrator sequence. Takeswere only coded if the two mostimportant candidates, primeminister Vaclav Klaus (ODS)or his challenger Milos Zeman,

chairman of CSSD, or both ofthem appeared. Importantvariables related to the cameratake were the camera angleand camera movement and theemotional reference of peopleappearing in the takes towardsthe candidates.

6. Results:The TV-Coverage of the1996 Election Campaign

6.1. Amount and Topics

T H E share of election relat-ed coverage on all three

channels is similar and seemsto be quite low in relation tointernational standards (Table4). News items at least men-tioning the election made up80% of all political news itemsin the US (1992), 99% in GreatBritain (1992) and 26% respec-tively 11% in Germany (1994respectively 1990) (Schönbach/Semetko 1996). One might

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Table 4Duration and Share of Election Related Coverage

S t a t i o n Duration of election Total duration Share of electionrelated Items1 of newscasts2 related itemss e c o n d s s e c o n d s %

C T 1 5 , 4 6 7 2 5 , 2 0 0 2 2N o v a 5 , 0 9 5 2 5 , 2 0 0 2 0P r e m i e r a 2 , 6 6 3 1 6 , 8 0 0 1 6

1 Total duration of all coded items.2 Total duration of newscasts between May, 15 and May, 28.

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speculate, that Czech journal-ists, like their German col-leagues, obviously consider thenews value of an election cam-paign to be comparatively low.Only if the issues of campaign-ing or the candidates´ state-ments fulfill criteria of journal-istic relevance will they be con-sidered worth reporting. In theAnglo-Saxon tradition of elec-tion reporting, by contrast, it isconsidered a matter of balanceto give candidates equal andfrequent access to the media intimes of an election campaign,no matter whether their state-ments would seem newsworthyor not.

When looking at the main topicof all coded items (containingat least a reference to the elec-tion) it becomes apparent thatthe topic of election was framedin a different way by privateand public TV. The salience ofthe election campaign was very

low on the private stationsNova and Premiera (Table 5):less than half of the codeditems on private TV had thecampaign as a main topic. Alarge share of coverage on pri-vate TV is devoted to issues,mainly economic issues (likethe process of privatisation oreconomic criminality). Thenewscasts of the public stationCT1, by contrast, would focusto a much higher degree on theelection campaign (rallies etc.).The elections are not framedparticularly often in an eco-nomic context. This finding isremarkable insofar as it seemsto be the public station and notthe private stations whichgives more attention to horse-race aspects of the election.

6.2. Narrators

W H O was given the oppor-tunity by journalists to

talk about the elections? - the

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Table 5

Time Devoted to Different Main Topics1

T o p i c S t a t i o nC T 1 N o v a P r e m i e r a% % %

Election campaign 7 6 4 8 4 1E c o n o m i c s 8 3 2 2 7Domestic politics 7 6 1 3O t h e r s 1 0 1 4 1 9

T o t a l 1 0 0 1 0 0 1 0 0Time (seconds) 5 4 6 7 5 0 9 5 2 6 6 31 Topic dominating the item because of being mentioned most frequently or occupying most of time

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journalists themselves, mostly.As Table 6 shows, journalistsdominated as narrators in theelection coverage, accountingfor roughly two thirds of theoverall duration. This goes forthe campaign coverage as itgoes for other topics. Whilepoliticians and their spokes-men still occupied roughly 20percent of the time, ordinarypeople (voters, crowd) wouldonly very seldom be narrators.This pattern is well knownfrom western journalism andfrequently criticised byr e s e a r c h e r s .

When looking for differencesbetween the stations, we find

the coverage on public TV dom-inated even more by journal-ists. This goes especially foreconomic topics (Table 8). Wefind the same pattern for thecoverage of the campaign topic,but on Premiera the share ofjournalists as narrators wasjust slightly lower than on CT1( T a b l e 7). Generally politicianshad a much better chance tovoice their opinions on Novaand Premiera: their share, inthe context of any topic, wasapproximately twice as high onthe private stations as com-pared to the public station. Thejournalists of CT1 obviouslywere much more careful toquote sources directly. Instead

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Table 6

Time Shares of Different Types of Narrators by Topics(All Stations)

TYPE OF NARRATOR MAIN TOPICC a m p a i g n E c o n o m i c s O t h e r% % %

J o u r n a l i s t 6 8 6 3 6 7Press Spokesman 2 3 3Party Politician, Candidate 1 6 1 7 1 8Political Analyst 1 - -Economic Analyst 1 -Law Analyst 1 1 -Opinion Researcher 3 - -Labour Unionist - 2 -State Representative 1 2 4E n t r e p r e n e u r 0 6 1V o t e r 2 1 -C r o w d - 1 -Other Actor 6 2 6

T o t a l 1 0 0 1 0 0 1 0 0Time (seconds) 7 4 9 4 2 7 8 4 2 6 8 5

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they exerted a stronger controlover their news stories by morefrequently speaking them-s e l v e s .

Among the most prominentcandidates prime ministerVaclav Klaus dominated as anarrator (Table 9). This bonusfor the incumbent is a wellknown phenomenon of electioncoverage: generally preference

will be given to the incumbentprime minister, chancellor orpresident. News values can beseen as a reason for this: gov-ernment politicians are muchmore prominent and interest-ing, their actions are more rele-vant than those of mere partypoliticians. Oppositional politi-cians, by contrast, will mostlyhave to rely on the topic ofcampaigning to make it into

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Table 7Narrators Speaking About the Election Campaign

TYPE OF NARRATOR S T A T I O NC T 1 N o v a P r e m i e r a% % %

J o u r n a l i s t 7 4 5 7 7 1Party Politician 1 3 2 4 2 3E x p e r t 3 1 0 1State Representative 1 2 2V o t e r 2 4 1O t h e r 8 4 2

T o t a l 1 0 0 1 0 0 1 0 0Time (seconds) 4 0 0 5 2 4 6 0 1 0 2 9

Table 8

Narrators Speaking About Economic Topics

TYPE OF NARRATOR S T A T I O NC T 1 N o v a P r e m i e r a% % %

J o u r n a l i s t 7 2 6 3 5 9Party Politician 1 1 2 1 2 4E x p e r t 3 2State Representative 3 1V o t e r 1 2 2O t h e r 1 3 8 1 4

T o t a l 100 1 0 0 1 0 0Time (seconds) 4 2 9 1 6 2 4 7 3 1

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the news (Schönbach &Semetko, 1994).

The incumbent bonus shows onall three stations (Table 9 ) .Still a remarkable differenceexists between public and pri-vate TV: While the time ofprime minister Vaclav Klaus asa narrator exceeds the time ofhis main contender MilosZeman as a narrator by over360% on CT1, the differenceonly amounts to 60% on Novaand 70% Premiera. CT1 leftmore time to Klaus to voice hisstatements than to all othertop-candidates together.Premiera differs from Novaand CT1 in granting more timeto narrators from left-wing par-ties. Only on Premiera didMilos Zeman get more time asa narrator than the top-candi-date of the Christian Demo-crats Josef Lux. Additionally,Premiera was the only stationto grant a longer amount of

time to Miroslav Grebenicek,the Communist Party´s top-candidate. Note that the over-all duration of top candidatesnarrations was rather low onall three stations. Together itamounts to roughly 13 minutesin two weeks.

Looking at the party affiliationof narrators we find an incum-bent bonus on all stationsagain (Table 10). But we alsofind that CT1 did not generallyhave a stronger preference forgovernment politicians as nar-rators than the private sta-tions. On Nova and Premierathe advantage of the govern-ment parties KDU-CSL, ODAand especially ODS over CSSDwas even bigger. CT1 had amore balanced coverage, espe-cially than Nova, in the respectthat a huge share of time wasleft to narrators from otherthan the six biggest parties.The strong preference of CT1

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Table 9

Top-Candidates: Shares as Narrators

C A N D I D A T E S T A T I O NC T 1 N o v a P r e m i e r a% % %

Klaus (ODS) 6 0 3 2 4 0Zeman (CSSD) 1 3 2 0 2 4Lux (KDU-CSL) 1 7 2 4 1 1Kalvoda (ODA) 1 0 2 3 1 3Grebenícek (KSCM) 0 2 1 2

T o t a l 1 0 0 1 0 0 1 0 0Time (seconds) 3 0 0 3 1 2 2 0 0

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for Vaclav Klaus, thus, ratherseems to be connected to theperson or position of the primeminister than to the govern-ment in general.

6.3. Appearances

A N O T H E R indicator for thebalance of parties and

candidates on different stationsis the amount of the main con-tenders´ or parties´ appear-ances in the discourse of thenarrators. By comparing theappearances of the two mostimportant parties and candi-dates we find a moderate bonusfor the incumbent and hisparty (Tables 11 and 12). Thecoverage of all three stations isvery similar. On CT1 the twomost important parties andtheir main candidatesappeared slightly more oftenthan on Nova or Premiera. Thebonus of attention for govern-

ment politicians seems espe-cially l ittle as compared toGerman election coverage(Schulz 1996).

The incumbent bonus can evenbe considered to have been neu-tralised by the fact, that theelection coverage favouredVaclav Klaus only in the begin-ning. In the decisive last daysof May, Milos Zeman dominat-ed the news (a similar but lessdistinct pattern can be shownfor ODS and CSSD).

6.4. Evaluations

H O W frequently parties orcandidates are covered

tells us nothing about the waythey are spoken about: theymight be criticised, praised orjust mentioned. Thus, the elec-tion coverage of a station couldbe biased by systematicallypraising certain parties and

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Table 10

Party Affiliation of Narrator

P A R T Y S T A T I O NC T 1 N o v a P r e m i e r a% % %

O D S 2 8 4 0 3 1C S S D 2 0 2 4 1 8K D U - C S L 8 9 8O D A 1 0 1 5 1 4K S C M 1 3 8S P R - R S C 0 0 1O t h e r 3 4 8 2 0

T o t a l 1 0 0 1 0 0 1 0 0Time (seconds) 8 1 7 1 2 0 0 5 2 6

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criticising others although thefrequencies of appearancewould not differ. It is of partic-ular interest how the journal-ists themselves evaluate politi-cians and parties. Because, indoing so they reveal their polit-ical stance. But, as a matter offact, the norm of neutrality for-bids explicit evaluations byjournalists in pure news items.T a b l e 13 shows that Czechjournalists from all stations

rather seldom disobeyed thatnorm. On no station would theshare of evaluations by journal-ists exceed 20 percent of alle v a l u a t i o n s .

Around four percent of narra-tor sequences of each stationcontain evaluations by journal-ists. According to British stan-dards this might not seem low.But it is remarkably similar tothe amount of journalistic eval-

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Table 11

Appearance of the Two Biggest Parties in Narrator Sequences

P A R T Y S T A T I O NC T 1 N o v a P r e m i e r a% % %

O D S 1 1 1 0 1 0C S S D 9 8 6B o t h 5 6 3N o n e 7 5 7 6 8 1

T o t a l 1 0 0 1 0 0 1 0 0No. of Sequences 3 8 2 4 4 4 2 0 3

Table 12

Appearance of the Two Main Candidates in Narrator Sequences

C A N D I D A T E S T A T I O NC T 1 N o v a P r e m i e r a% % %

K l a u s 7 5 5Z e m a n 6 3 4B o t h 1 1 2N o n e 8 6 9 1 8 9

T o t a l 1 0 0 1 0 0 1 0 0No. of Sequences 3 8 2 4 4 4 2 0 3

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uations found in German news(Hagen 1997a). What is more:looking at the directions andobjects of journalists´ evalua-tions one will not find a sys-tematic political tendency onany station. Positive, neutraland negative evaluations aredistributed quite evenly overparties and candidates. It isworth mentioning that only thejournalists of CT1 were so care-ful as to neither evaluateVaclav Klaus nor Milos Zeman.

A look at all evaluations, nomatter which source reveals,some patterns of partiality onall stations. While CT1 dis-played more critique of CSSDthan positive evaluations ofCSSD, the private stations dis-played more critique of ODSthan positive evaluations ofODS. Nova additionally con-tained more praise of CSSDthan critique of CSSD (Ta-b l e 14). Fitting this pattern,Nova seems to have given pref-erence in terms of positive eval-uations to Milos Zeman (Ta-b l e 15). Whereas on CT1 the

opposite is true: the public sta-tion transmitted significantlymore negative evaluations ofthe head of the social democ-rats. These differences are onlybased on a very small numberof cases, though.

On the visual level similar pat-terns emerge: takes of Zemansurrounded by people express-ing negative emotions (e.g. boo-ing or frowning) were airedonly by CT1. Only the privatestations aired a larger share oftakes of Klaus surrounded bypeople expressing negativeemotions or indifference. Thesepatterns are vague but they fitinto the picture of CT1 showingpreferences for Klaus/ODS andof the private stations, particu-larly Nova, showing prefer-ences for Zeman/CSSD.Generally all stations airedmore takes of both candidatesbeing surrounded by peopleexpressing positive emotionslike applauding, laughing orsmiling, hich probably is due tothe nature of an election cam-p a i g n .

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Table 13

Evaluations by Journalists and Other Sources

SOURCE OF EVALUATION S T A T I O NC T 1 N o v a P r e m i e r a% % %

J o u r n a l i s t s 1 8 1 5 1 8O t h e r s 8 2 8 5 8 2

T o t a l 1 0 0 1 0 0 1 0 0No. of Evaluations 9 8 1 0 8 5 6

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It might not seem surprisingthat the public station wasslightly in favour of the rulingparty. A somewhat more sur-prising result is that privateTV favoured a social democrat.But after all Milos Zeman isknown to be a charismatic per-son appealing to media. Helead a spectacular campaign,travelling the country on a bus,the so-called Zemak.

7. Conclusion

T H E election campaign of1996 was covered by Czech

TV stations in many ways simi-lar to how we would haveexpected it to be covered in anydemocratic country with a dualbroadcasting system. Theresults of our study could, withappropriate caution, be inter-preted as a proof for the thesis

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Table 15

Appearance of Klaus and Zeman by Direction of Evaluation

E V A L U A T I O N S T A T I O NC T 1 N o v a P r e m i e r an n n

K l a u s Z e m a n K l a u s Z e m a n K l a u s Z e m a n

no evaluation 2 2 1 6 2 1 1 3 6 7

p o s i t i v e 3 1 2 4 4 2i n d i f f e r e n t 1 1 1 - 1 1n e g a t i v e 2 8 2 1 2 2

Total of Sequences 2 8 2 6 2 6 1 8 1 3 1 2

Table 14

Appearance of ODS and CSSD by Direction of Evaluation

E V A L U A T I O N S T A T I O NC T 1 N o v a P r e m i e r an n n

O D S C S S D O D S C S S D O D S C S S D

no evaluation 4 1 4 2 4 9 4 4 1 7 1 1

p o s i t i v e 9 2 6 1 0 3 3i n d i f f e r e n t 2 2 6 3 1 1n e g a t i v e 9 4 1 2 7 6 3

Total of Sequences 6 1 5 0 7 3 6 4 2 7 1 8

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that the changes of politicalcommunication in the CzechRepublic other than in otherpost-communist countries ofMiddle and Eastern Europehave reached a phase of consol-idation. Only very few observa-tions can be interpreted as evi-dence for a subsisting journal-istic culture from before 1989or a continuation of formerstate broadcasting as it can beobserved in other Visegradcountries (cp. Sparks/ Reading1994).

The share of election relatedcoverage was relatively small.This can be seen as an indica-tion that Czech journalists´professional norms resemblerather those of their Germanthan those of their Anglo-Saxoncolleagues. This also goes forthe moderate amount of jour-nalistic evaluations in news:similar to their German col-leagues, Czech journalists occa-

sionally violate the norm ofneutrality. But, their evalua-tions don’t reveal a consistenteditorial line.

In citing the evaluations ofother sources and showing peo-ples´ emotions the stations didreveal slight political prefer-ences. CT1, the public station,thus favoured the ruling con-servative party ODS and pre-mier Vaclav KlauswhereasNova and Premiera, the privatestations, favoured the socialdemocratic party CSSD and itstop candidate Milos Zeman. Allin all, and again in internation-al comparison, this seems to bea tolerable amount of bias. Thisis in line with the fact that thedistributions of narrators andpoliticians appearances don´tseem to be biased according tothe stations political prefer-ences. The exception from thisis the strong focus on VaclavKlaus as a narrator on CT1.

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Table 16

Emotional Reference Expressed by Surrounding People towards Klaus andZeman

E M O T I O N S T A T I O NC T 1 N o v a P r e m i e r an n n

K l a u s Z e m a n K l a u s Z e m a n K l a u s Z e m a n

p o s i t i v e 1 7 1 3 9 5 6 5i n d i f f e r e n t 3 - 1 1 6 1n e g a t i v e 1 7 2 - 2 -

Total of Takes 2 1 2 0 1 2 6 1 4 6

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Generally at least a moderatebonus for the incumbentVaclav Klaus and his party canbe detected on all stations. Inthe decisive last days of May,though, Milos Zeman dominat-ed the news

Apart from their political pref-erences some more importantdifferences between the publicstation CT1 and its´ privatecompetitors Nova andPremiera became apparent.

The newscasts of the publicstations focused to a muchhigher degree on the electioncampaign whereas the privatestations devoted more time toelection issues. But on theother hand politicians had amuch better chance to voicetheir opinions on Nova andPremiera as compared to CT1where the journalists dominat-ed as narrators.

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Sources

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Smid, Milan (1997): Das Rundfunksystem der Tschechischen Republik. In: Hans Bredow Institut (Ed.):Internationales Handbuch für Hörfunk und Fernsehen 1996/97. Baden-Baden: Nomos, pp 232-238

Sparks, Colin/ Reading Anna (1994): Understanding Media Change in East Central Europe. In: MediaCulture and Society 16: p. 2 4 3 - 7 0

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Notes

2. The project was lead by Prof. Dr. Winfried Schulz (University of Erlangen-Nuremberg) and doc.Barbara Koepplova (Charles University of Prague).

3. The follwing students contributed to the development of the coding scheme and coded the news-items: Silvie Bartosova, Iva Blahova, Vera Gastbergerova, Monka Kralova, Jiri Loucka, Andrea Maslova,Dana Recmanova, Katka Svobodova.

4. The follwing students contributed to the development of the coding scheme and coded the news-items: Silvie Bartosova, Iva Blahova, Vera Gastbergerova, Monka Kralova, Jiri Loucka, Evcen Martinek,Andrea Maslova, Dana Recmanova, Katka Svobodova.

5. Theoretical and methodological basics are documented in a text book in Czech language, which origi-nates from the project: Schulz, Winfried/ Scherer, Helmut/ Hagen, Lutz M. (Eds.): Analyzsa obsahumediálních sdelení. Praha: Univerzita Karlova, Centrum mediálních studií FSV UK.

6. Smid, Milan: Das Rundfunksystem der Tschechischen Republik. In: Hans Bredow Institut (Ed.):Internationales Handbuch für Hörfunk und Fernsehen 1996/97. Baden-Baden: Nomos 1997, pp 232-238, here p. 2 3 6 .

7. For example the value 1 of the variable “main actor” could be assigned to Vaclav Klaus. So, whenev-er Klaus would appear as the main actor of an item, a coder would have to enter 1 as code for the mainactor into the coding sheet of the respective item.

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Introduction

TH E m e a s u r e-ment of tv’ si n v o l v e m e n tin electioncampaign is

a usual thing in thewestern countries. Eachimportant TV station hasa research departmentwhich monitors the pres-ence of electoral agentsand competitors on theTV screen, in order torationally divide broad-casting time. In themeantime, the research

institutes make mea-surements for all TV stu-dios, taking into accountmuch more variableswhich are meant toreveal the ways a televi-sion can influence theelectoral behaviours inthe expected direction.

In Romania, theproblem of mea-suring the TV’simplications inthe electoral cam-paign had notexisted until the1996 elections.The main reason

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The Broadcastingof Political Agentsand Actors on TVNews in the 1996

Elections in Romania

BY BRUNO STEFAN

BRUNO STEFANis university assistant

at “Politehnica”University from

Bucharest andresearcher at the

Independent Centreof Social Studies and

Polls (CIS)

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was that, until this elections,the debates between electoralcandidates were broadcastalmost exclusively by theRomanian Television - SOTIstudio had, in its short exis-tence a weak audience, becauseof the late hours and therestricted area of broadcasting.The criticisms brought to theTVR involvement in the cam-paign for Ion Iliescu’s partywere numerous and solidlyproved, and they had animportant role in building theprograms of private TV sta-tions which appeared after1993. Since Tele 7abc, Antena1 and PRO TV have becomealternative sources of informa-tion, the Public Television hadto change its discourse, and thesupport for the same politicalforces became more subtle.

The research below began inOctober 1995, when theattempts of manipulationthrough the impartial newspresentation became moreobvious.In the same news pro-gram one could see on TVRhaw Ion Iliescu was welcomedwith cheers, flowers , breadand salt in a village of Giurgiu,and immediately after , a pieceof news was showing same stu-dents contesting Emil Constan-tinescu because they wanted a‘’capable rector’’. On Tele 7 abc,the same day, the public sawIon Iliescu rejected by the peas-ants in the department Giur-

giu, which were throwing pota-toes and tomatoes at the presi-dential team, while EmilConstantinescu, in a ceremoni-al atmosphere, was awardingMario Vargas Llosa the DoctorHonoris Causa title of Univer-sity of Bucharest.

Such half-truths and tenden-tious interpretation of theevents which concerned the twocandidates to the supreme posi-tion in the state(the abovementioned case was not theonly one and one can remembermany other situations whichappeared on the other TV sta-tions, private ones, but espe-cially on the public television)raised a lot of questions for theresearchers of the IndependentCentre of Social Studies andPolls (CIS).

✘ is it possible to draw up aprogramming schedule toquantify the partisan spirit ofeach TV station?

✘ how can the TV assessmentcriteria be thought, criteriawhich shouldn’t be tenden -tious, themselves marked bythe political sympathies of theresearchers working at thea n a l y s i s ?

✘ in what way can suchmanipulating tendencies beprevented and sanctioned, inorder to secure a correct broad -casting of the campaign?

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Trying to give an answer tothese questions CIS launchedthe research regarding themonitoring of TV studiosinvolvement in the political lifeand in the election campaign.

The Methodologyof Research

T H E research began with aplot phase in which were

taken into account more then200 variables. Only the mostsignificant ones were restainedas they could be subjects bothto comparative analyses bet-ween studios, and to a studyregarding the evolution int i m e .

As the result of the polls madeboth by CIS and by other insti-tutes of sociology were showingthat the evening news reels(between 19.30-21,30) had ahigh audience on every TV sta-tion, a special attention wasgiven to them. Their monitor-ing concerned quota flowinga s p e c t s :

1. The news hierarchyaccording to its referencefields (home, politics, eco -nomics, social, foreignaffairs, international, othernon-political internal, vari -ous) taking into accountboth their duration andtheir frequency.

2. The measurement of theshare granted to the mainpolitical and social agents:of (president, presidency,government, justice, army,police, Romanian Intelligen -ce Service, The Social Demo -cracy Party of Romania), ofthe opposition (CDR, USD,ANL, UNC, other parties)and others (local adminis -tration, the Deputy Cham -ber, the Senate, the Church,trade unions, and otherorganisations of the civils o c i e t y ) .

3. The identification of thenews with obvious politicalimplications, but also thesubsidiary ones (in whichthe electoral wasn’t thedirect topic of the news) andof the mass-media agents.

4. The frequency of politicalparties on TV news.

5. The hierarchy of the mostbroadcast political actorsunder the TV news program.

6. The circumstances ofbroadcasting of the abovementioned actors (usual,conflictual, ceremonial).

7. The topic tackled by thisagents according to theirprograms performance andthe other competitors.

8. The assessment of those

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agents by each TV station.

9.The assessment of actorsand political parties.

10. The frequency of broad -casting special topics withgreat electoral impact: infla -tion-wages, social protection,corruption, edilitary actions,NATO and EU integration,the relation with Hungary.

All these aspects were mea-sured from the point of view ofboth frequency and the dura-t i o n .

To simplify this analysis, oneweek every month was selectedat random. These weeks ofmonitoring during the electioncampaign were: 22-28 of April,22-28 of May, 22-28 of July,19-25 of September, 30-6 ofOctober, 12-18 of November.

The April-November intervalhad three great periods:

1. The campaign for the lo-cal elections (April-May1 9 9 6 )2. The pre-campaign for thegeneral and presidentialelections (July-August 1996)3. The campaign for the ge-neral and presidential elec-tions (September-November1 9 9 6 ) .

This monitoring was possibledue to the help of the team

made up of researchers andprofessors of social studies / sci-ences, coordinated by the exec-utive director of CIS, PavelCampeanu. This team wascomposed of:

✘ Gabriel Nagat - researcher atthe Philosophy Institute ofRomanian Academy

✘ Bruno Stefan - universityassistant at “Politehnica”University and CIS researcher

✘ Marin Burcea - researcher atthe Center of RegionalS o c i o l o g y

✘ Silvia Cotofan - universityassistant at the Faculty ofJournalism of BucharestU n i v e r s i t y

✘ Romulus Brancoveanu -researcher at the Institute ofEducational Sciences

✘ Gabriel Ivan - researcher atthe Institute of educationalS c i e n c e s

✘ Camelia Baciu - researcherat the Institute of Sociology ofthe Romanian Academy

✘ Dan Oprescu - researcher atthe Center of Political Studiesand Comparative Analysis

✘ Daniela Murgoci - expert atthe Council for Coordination,Strategy and Economic Reform

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✘ Simona Stefanescu - resear-cher at the Institute of Socio-logy of the Romanian Academy

✘ Anca Daia - university assis-tant at the National School ofPolitical and AdministrativeS t u d i e s

✘ Gabriela Russo - researcherat the Institute of Hygiene

The Broadcasting of PoliticalAgents in TV news shows

B Y “agents” were designat-ed the social and political

institutions which were thecarrier of the actions that madethe main object of the news,and also the persons whichwere talking on behalf of thoseinstitutions. The data belowrefer to the frequency of thepresence of the screen of themain political and social actors,which were grouped into poweragents, opposition’s agents andun-registered politically agents

Commentaries:

• The Romanian Televisionbegan the campaign with a sig-nificant broadcasting of presi-

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Table 1

Mediatisation Frequence of the Agents on the National TV Channel 1(TVR 1)

A g e n t s M o n t h sA p r i l M a y J u l y A u g u s t S e p t . O c t . N o v

P r e s i d e n t 1 2 . 3 1 5 . 9 8 . 4 3 . 0 5 8 . 4 5 2 . 8 5 . 2 7G o v e r n m e n t 2 0 2 6 1 9 . 6 2 1 . 3 7 1 8 . 8 3 1 3 . 4 1 1 8 . 4 3J u s t i c e 3 1 . 8 0 . 9 2 . 3 1 . 9 4 2 . 2 3 6 . 5 8A r m y 4 . 6 0 . 9 1 3 . 9 6 . 1 1 2 . 6 3 . 3 5 1 . 3 1Police & SRI* 2 . 3 5 . 3 1 2 . 2 3 . 8 2 1 . 9 4 1 . 6 8 6 . 5 8S D P R 4 1 . 8 4 . 7 6 . 1 1 1 . 3 4 . 4 7 1 . 3 1SDPR Allies 2 . 3 1 . 8 - 0 . 7 6 * * * * * *C D R 0 . 5 2 . 7 4 . 7 3 . 8 2 1 . 9 4 2 . 7 9 1 3 . 1 6Other opposition parties 5 . 5 3 . 6 9 . 3 1 . 5 2 7 . 7 9 2 3 . 4 6 3 . 9 5P a r l i a m e n t 5 . 1 4 . 5 1 . 9 3 . 0 5 7 . 1 4 9 . 5 2 . 6 2Local Administration 4 7 7 . 5 1 1 . 4 5 3 . 9 4 . 4 7 7 . 9C h u r c h 2 . 3 5 . 3 1 . 9 3 . 0 5 0 . 6 5 1 . 1 2 2 . 6 2P a t r o n a g e 5 . 5 0 . 9 2 . 8 1 3 . 7 4 9 . 7 5 1 2 . 8 5 5 . 2 7S y n d i c a t e s 1 . 6 4 . 5 1 . 9 3 . 8 2 0 . 6 5 1 . 1 2 1 3 . 1 6Other civil societyo r g a n i s a t i o n s 2 7 1 8 1 0 . 3 1 6 . 0 3 3 3 . 1 2 1 6 . 7 5 1 1 . 8 4

* Romanian Information Service** Period in which SDPR governed without declared political allies

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dent Iliescu (by May the newsreferring to him had amountedto almost 16% ), this broadcast-ing decreasing after the locale l e c t i o n s .

• The Government was theinstitution the most shown onthe screen. One out of fivepieces of news had the govern-ment’s as the topic.

• SDPR expressed itself almostexclusively through the actionsof the institutions it ruled. As aparty in competition with otherpolitical forces, it was prettyweakly represented, althoughthe news about SDPR was bothin frequency and in durationmore numerous than thatreferring to the DemocraticC o n v e n t i o n .

• Until the second round of thepresidential elections, SDPRhad been prevailing at the TVRnews, both by its agents (presi-dency, government,army, pol-ice, RIS, justice), and by otheragents which, althoughdeclared as politically non-reg-istered (such as the patronage),had SDPR leaders at theirhead, some of them being can-didates in the elections.

• SDPR’ allies (The SocialistLabour Party, Great RomaniaParty, National Unity Party ofRomania) were almost ignoredas long as they were in the gov-ernment. They were given

attention especially after theyleft the power’s spheres, becom-ing the new opposition.

• The opposition was presenton the screen especiallythrough small parties andalliances, which didn’t overpassthe electoral level of admissionin Parliament (The LiberalNational Alliance, The SocialistParty,The Socialist LabourParty, The National CenterUnion). The news about the DCwas insignificant both in fre-quency and in duration. It wasonly the first round victory thatbrought TVR’s attention on thisa l l i a n c e .

• As long as the governmentparty had controlled TVR’snews it fully broadcast itself.Over half of the news referredto the institutions it ruled. Athird of it had as subject-mat-ter colloquies symposia, meet-ings and actions of some organ-isations of the civilian society.The unions, which often actedagainst the government anddeclared their support the DCwere almost inexistent on TVR.In the same situation was thelocal administration - underthe control of the DC. Since ithadn’t supported any politicalforce, the Church was rarelyseen at the TV news, except forEaster Day and Saint MaryD a y .

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Comments:

• Unlike TVR, the time dedi-cated to the news aboutPresident Iliescu was muchshorter at the private stations,a fact which proves the supportwhich the national televisiongranted to this candidate. Thereceiving by the president of anambassador from an Africancountry with which Romaniadidn’t have any important rela-tionship, became a very impor-tant event, fully broadcast atthe beginning of “Actualitati”on TVR.

• The Government’s actionswere given attention by all the

TV stations.Antena 1 broadcastonly a few pieces of news andPro-Tv the most numerouspieces of news.The last monthsof the elections campaigns(October and November) re-duced the frequency of govern-ment and ministerial appear-ances in the news programsalmost by half.

• SDPR was much more pre-sent at the private stations(except Pro-Tv) than at thepublic station. Antena 1 pre-sented a double number ofpieces of news than TVR.

• DCR was the most often pre-sented by Tele 7abc ( about 7,6

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Table 2

Mediatisation Frequence of the Agents on Tele 7abc

A g e n t s M o n t h sA p r i l M a y J u l y A u g u s t S e p t . O c t . N o v

P r e s i d e n t 5 2 . 4 5 . 6 1 . 2 6 3 . 9 1 . 3 3 2G o v e r n m e n t 1 8 . 8 1 2 . 2 2 0 . 2 1 9 1 9 . 3 1 4 . 6 5 1 1J u s t i c e 1 . 2 2 . 4 2 . 2 2 . 5 3 3 . 9 5 . 3 3 1A r m y 1 . 2 - 6 . 8 1 . 2 6 2 . 6 4 . 0 1 1Police & SRI* 1 2 . 5 8 . 5 3 . 4 1 1 . 4 3 . 9 6 . 6 7 4P D S R 1 0 3 . 7 6 . 8 6 . 3 2 1 . 3 4 . 0 1 6PDSR Allies 8 . 8 1 . 2 1 . 1 - * * * * * *C D R 6 . 3 4 . 9 9 1 3 . 9 3 6 . 4 2 5 . 3 3 8Other opposition parties 8 . 8 9 . 8 5 . 6 1 0 . 1 2 7 . 8 1 0 . 6 7 3P a r l i a m e n t 1 1 . 2 3 . 6 - 1 . 2 6 1 6 . 7 3 1 2 2Local Administration 2 . 5 2 . 4 9 5 . 0 6 1 4 . 1 2 1 2 6C h u r c h - 1 . 2 - - 2 . 6 - -P a t r o n a g e 3 . 7 3 . 7 7 . 8 7 . 6 3 . 9 - 1 2S y n d i c a t e s 6 . 3 1 3 . 5 5 . 6 1 . 2 6 8 . 4 4 . 0 1 4Other civil societyo r g a n i s a t i o n s 3 . 7 3 0 . 5 1 6 . 9 1 9 5 . 1 3 2 0 4 0

* Romanian Information Service** Period in which SDPR governed without declared political allies

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percentages). Antena 1 devotedan equal time to SDPR andDCR (about 6,2% of the news,much more than Pro-Tv - 4,8%or TVR - 4,2%).These averageswere significantly increased bythe broadcasting of the DCRactivity during the last moni-toring period, precisely theperiod between the two presi-dency election ballots. All theTV stations foresaw the changeand focused on the winners.The most radical changeoccurred at TVR and Pro-TV.

• Throughout seven months ofelections, the four TV stationsfrequently presented the other

opposition parties. The mostnews was presented by Antena1 (an excessive mediatisation ofthe National Center Union - analliance ruled by the Managerof Antena 1) and the least atProTV - by half less thanAntena 1. The percentage wasabout the same, 7,8, at Tele7abc and TVR. But it is worthmentioning that during themost important period of theelections ( in October), one outof four pieces of news wasabout an opposition partyexcept the DCR at TVR.During the elections, the televi-sions created special programsin which the time was shared

The Global Network / Le reseau global 1

Table 3

Mediatisation Frequence of the Agents on Antena 1

A g e n t s M o n t h sA p r i l M a y J u l y A u g u s t S e p t . O c t . N o v

P r e s i d e n t 2 . 4 3 . 3 9 . 1 1 . 5 5 5 . 1 3 . 3 3 . 8 7G o v e r n m e n t 2 0 . 1 7 . 6 1 0 1 7 . 8 3 1 3 . 6 1 3 . 2 9 6 . 9 7J u s t i c e 1 . 3 0 . 8 4 . 6 4 . 6 6 8 . 5 4 . 9 5 1 . 5 5A r m y 3 1 . 7 4 . 6 3 . 1 - - 3 . 8 7Police & SRI* 8 . 5 7 . 6 5 . 3 6 . 2 1 . 7 7 . 4 3 2 . 3 2S D P R 3 . 7 8 . 4 4 . 6 8 . 5 3 5 . 9 5 . 7 8 6 . 9 7SDPR Allies 1 . 8 1 . 7 0 . 8 2 . 3 2 * * * * * *C D R 2 . 4 5 3 1 2 . 4 6 . 8 5 . 7 8 8 . 5 3Other opposition parties 7 . 3 4 1 0 . 7 1 0 . 8 5 1 5 . 1 2 9 . 0 7 9 . 3P a r l i a m e n t 8 3 . 7 1 . 5 3 . 8 7 9 . 3 8 . 2 5 0 . 7 7Local Administration 2 . 4 1 0 6 . 1 1 0 . 0 8 4 . 2 1 1 . 5 7 9 . 3C h u r c h 0 . 6 - 0 . 8 1 . 5 5 1 . 7 1 . 6 5 -P a t r o n a g e 1 2 . 2 1 1 . 8 1 2 . 2 4 . 6 6 1 1 . 9 3 . 3 1 3 . 9 8S y n d i c a t e s 7 . 3 5 3 . 8 2 . 3 2 4 . 2 0 . 8 2 3 . 1Other civil societyo r g a n i s a t i o n s 1 9 2 9 . 4 2 2 . 9 1 0 . 0 8 1 1 . 9 2 4 . 8 1 2 9 . 4 7

* Romanian Information Service** Period in which SDPR governed without declared political allies

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according to the NationalAudio-Visual Council decisions.These programs were meant totake the election news awayfrom the news programs. Yet itwas presented by all the sta-tions, but not significantly. Theprivate televisions essentiallyreflected a situation confirmedby the elections. They present-ed the main parties proportion-ally to their best results in

O c t o b e r .

• Table 5 shows some veryimportant things:

1. The Romanian Televisiontried to draw the public’s atten-tion to the other opposition par-ties which were ten times morepresent on the TV screen thanthis year.

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Table 4

Mediatisation Frequence of the Agents on ProTV

A g e n t s M o n t h sA p r i l M a y J u l y A u g u s t S e p t . O c t . N o v

P r e s i d e n t 2 . 6 0 . 6 7 . 1 0 . 7 1 1 . 3 0 . 6 2 . 3 1G o v e r n m e n t 2 1 1 7 1 4 . 2 2 6 . 2 5 2 6 . 9 1 3 . 2 6 1 3 . 8 4J u s t i c e 6 . 5 1 . 3 5 . 6 4 . 9 6 9 . 6 7 . 6 8 7 . 6 9A r m y 2 . 6 2 . 6 5 2 . 8 4 2 . 6 1 . 3 8 3 . 8 5Police & SRI* 7 . 8 3 . 9 7 . 1 5 . 6 7 7 4 . 1 7 2 . 3 1S D P R - 5 . 8 2 . 8 2 . 1 2 - 2 . 7 8 3 . 0 8SDPR Allies 1 . 3 2 - 1 . 4 1 * * * * * *C D R 4 3 . 9 3 . 5 5 . 6 7 5 . 1 1 . 3 8 1 0 . 7 7Other opposition parties 7 . 8 5 . 8 5 4 . 2 5 7 . 1 3 . 1 8 2 . 3 1P a r l i a m e n t 1 4 1 . 9 2 . 1 2 . 1 2 3 . 2 1 1 . 8 4 0 . 7 7Local Administration 7 . 8 5 . 8 1 0 4 . 9 6 7 . 7 9 . 0 7 3 . 8 5C h u r c h 4 0 . 6 - 1 . 4 1 0 . 6 - -P a t r o n a g e 1 3 1 9 . 5 1 9 . 2 2 1 . 3 1 3 . 5 9 . 0 7 1 3 . 0 7S y n d i c a t e s 2 . 6 1 4 . 3 1 . 4 2 . 8 3 3 . 2 1 . 3 8 6 . 9 2Other civil societyo r g a n i s a t i o n s 5 1 5 1 7 1 3 . 5 1 2 . 2 3 4 . 2 1 2 9 . 2 3

* Romanian Information Service** Period in which SDPR governed without declared political allies

Table 5

Mediatisation Frequence of the Political Parties in October 1996

T V R Tele 7abc Antena 1 P r o T VS D P R 4 . 4 7 4 . 0 1 5 . 7 8 2 . 7 8D C R 2 . 7 9 5 . 3 3 5 . 7 8 1 . 3 8Other parties 2 3 . 4 6 1 0 . 6 7 9 . 0 7 3 . 1 8

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2. The station which tried torespect most the Audio-VideoCouncil was ProTV.

3. The station which was theclosest to the electorate optionswas Tele 7abc, closely followedby Antena 1.

• The actions of the employers’representatives were moreoften presented by ProTV(about 15% of all stations) andseldom by Tele 7abc (5,5 %). In

October - the top period of theelections - TVR was the mostconcerned station with thepatronage's actions, as com-pared to the private stations.

• The most important mediavector of the Trade Unionsmessage was Tele 7abc. Thepublic stations and Antena 1were the most indifferent sta-tions to the Trade Unionsactions. These were often pre-

sented by the private stationsin May, a favourite month forstrikes in the last seven years.

• The civil society institutions(cultural, educational, scientificinstitutions) were equally pre-sented by the four stations. Noagent knew a simultaneousand continuous televising by allthe TV stations. The averagewas one out of five pieces ofnews were about the civil insti-tutions actions.

The grouping of the politicalagents into power and opposi-tion agents emphasizes theabove-mentioned conclusionsonce again (see Table 6).

Observations

• At the beginning of the cam-paign in the spring of 1996 allthe stations excessively pre-sented the Power’s messages.In April Tele 7abc was the sta-

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Table 6

Mediatisation Frequence of the Power and Opposition Representatives

TV Station A g e n t s A p r i l M a y J u l y A u g u s t S e p t . O c t . N o v .

TVR 1 P o w e r 4 8 . 5 5 3 . 5 5 9 . 7 4 3 . 5 2 3 5 . 0 6 2 7 . 9 4 3 9 . 4 8O p p o s i t i o n 6 6 . 3 1 4 5 . 3 4 9 . 7 3 2 6 . 2 5 1 7 . 1 1

Tele 7abc P o w e r 5 7 . 5 3 0 . 4 4 6 . 1 4 1 . 7 7 3 4 . 9 3 6 2 5O p p o s i t i o n 1 5 . 1 1 4 . 7 1 4 . 6 2 4 . 0 5 1 4 . 2 2 1 6 1 1

Antena 1 P o w e r 4 0 . 8 3 1 . 1 3 9 4 4 . 1 9 3 4 . 8 3 4 . 7 5 2 5 . 5 5O p p o s i t i o n 9 . 7 9 1 3 . 7 2 3 . 2 5 2 2 1 4 . 8 5 1 7 . 8 3

P r o T V P o w e r 4 1 . 8 3 3 . 2 4 1 . 8 4 3 . 9 6 4 7 . 4 2 9 . 8 7 3 3 . 0 8O p p o s i t i o n 1 1 . 8 9 . 7 8 . 5 9 . 9 2 1 2 . 2 4 . 5 6 1 3 . 0 8

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tion which, at the same time,granted both the Power andthe Opposition the most impor-tant number of minutes (57,5%and 15,1%). Generally,thePower was more present at theTV news than the Opposition.Even if there was a differencebetween the two forces duringall the campaign, it fluctuatedand finally diminished at theprivate televisions first andthen at TVR.

• The greatest propaganda infavour of the Power’s agentstook place at TVR in July(almost 60% from the news),then this diminished by a halfin the last month of the cam-p a i g n .

• Excepting Tele 7abc, in April,and ProTV, in September, theprivate televisions showed thePower’s agents with equalintensity: almost 38% of all thea g e n t s .

• The share of the news on gov-ernmental institutions as mainagents was the closest inAugust - when the officialswere in holidays and therewere not events which couldhave been shown in a partisanw a y .

• In October, as the NationalCouncil of the Audio-Visualhad also decided, the Powerwas shown the least on televi-s i o n .

• The Opposition’s agents werealso differently shown by thefour televisions discussed. Thegreatest variation was on TVR,which presented them with thesmallest share (5,3%) and thegreatest (26,2%).

• Antena 1 and Tele 7abc werethe televisions which gave theOpposition’s agents the great-est time.

• ProTV was the televisionwhich presented the Oppos-ition, as well as the Power, theleast at the news reel: 10% onthe average.

The circumstances of TVshowing of the politicalagents

W H E N monitoring the fourtelevisions, three big cat-

egories of circumstances weretaken into account, in whichthe agents can be shown:usual, conflictual and ceremo-nial. We thought that the waya political force is shown had agreat impact on its publicimage. Not only does the fre-quency of its appearance mat-ter to impose an image in thevoters minds, but also thebroadcasting circumstances,because a television can raise aparty (showing them at lengthwhen receiving foreign guestsor when seriously talking aboutthe future of the country) or

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can lower it (showing its con-flicts with other forces, accus-ing it of corruption or immoral-ity). As many well known re-searchers such as: P. Lazars-feld, E. Katz, B. Berelson putit, these types of presentationhave in the short run the effectof consolidating and confirmingthe existing electoral options,and, in the long run, the effectof changing the political behav-iours. Presenting Ceausescu’spompous visits and receptions

or his inauguration of somebuilding, didn’t create toomany Ceausescu’s fans, it justconsolidated the adhesions ofthose who just used to appreci-ate him; in the long run, thishad an important role inchanging of his image post-humly. As the polls show, thepopulation perceives him as agood chief of state, who buildmany block-of-flats and whohad good relations with allchiefs of state who used to

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Table 7Mediatisation Circumstances of Political Agents(absolute frequencies)TV Station A g e n t s C i r c m s t . A p r i l M a y J u l y A u g u s t S e p t . O c t . N o v

TVR 1 P o w e r U s u a l 1 4 1 3 3 2 4 1 1 3 3 6 2 2C o n f l i c t u a l 1 0 8 1 2 4 6 3 1C e r e m o n i a l 6 0 3 9 2 0 1 2 3 5 1 1 7

O p p o s i t i o n U s u a l 4 2 1 2 2 8 4 5 9C o n f l i c t u a l 5 - 1 5 - 2 -C e r e m o n i a l 1 5 2 - 7 - 4

Tele 7abc P o w e r U s u a l 1 8 8 2 1 1 6 1 5 1 6 2 5C o n f l i c t u a l 1 3 1 4 2 0 1 2 6 7 -C e r e m o n i a l 1 5 3 - 5 6 4 -

O p p o s i t i o n U s u a l 4 3 2 1 3 7 7 1 1C o n f l i c t u a l 1 9 1 0 5 - - -C e r e m o n i a l 7 - 1 1 4 5 -

Antena 1 P o w e r U s u a l 2 8 9 3 3 3 1 3 3 2 5 2 3C o n f l i c t u a l 2 6 1 6 1 5 2 2 6 1 2 3C e r e m o n i a l 1 3 1 2 3 4 2 5 7

O p p o s i t i o n U s u a l 7 4 1 6 1 7 2 2 9 1 2C o n f l i c t u a l 9 8 - 8 3 7 4C e r e m o n i a l - 1 2 5 1 3 7

P r o T V P o w e r U s u a l 2 6 2 3 3 0 5 4 5 7 4 2 3 8C o n f l i c t u a l 4 2 4 2 0 3 7 - 5C e r e m o n i a l 2 4 9 5 1 0 - -

O p p o s i t i o n U s u a l 2 5 7 1 1 9 7 1 4C o n f l i c t u a l 7 1 0 3 3 9 - -C e r e m o n i a l - - 2 - 1 - 3

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receive him like a king. Thisimage is growing as the popula-tion’s living standard is evenl o w e r .

That’s why we thought that thecircumstances of the TV broad-casting of the political forcesare significant as to the TV’simplication in political life (seeTable 7).

Comments:

• The data in the table aboverepresent the absolute fre-quence of TV appearances. Thedata in the six previous tablesrepresented the relative fre-quency, I mean the share of theappearances compared to theappearances of all agents, andthe comments refferred tothese shares. The next com-ments will specially refer to thetotal number of appearances.

• On TVR, the Power beneficedfrom an impressive number ofceremonious presentations.Almost half of the news (184appearances out of 399, thismeans 46%) emphasized itpompously . No private televi-sion related so many cere-monies of the Social DemocracyParty’s leaders. Such presenta-tions are four to six times fewerin the private studios: 30 onProTV, 33 on Tele 7abc and 46on Antena 1. These figuresshow that the TVR played apartisan and manipulating role

in the election campaign. Anyvisit of a foreign civil servantwas shown, any official partici-pation in foreign reunions andsymposia was an intensely tele-vised joy. At the beginning ofthe election campaign therewas an outburst of suchpompous news. In April, almostnine pieces of news a dayshowed the Power in cere-monies of national importance.Besides the news where it hada central place, there wasalmost no place for other homeevents. Even if over the nextmonths the situation changedto a great extend, the TVRremained the station whichshowed the Power in the mostpompous way.

• A similar situation can befound in the present actions ofthe Power in ceremonial cir-cumstances by the private sta-tions. In these circumstancesthey just showed the reallyimportant cases of public inter-e s t .

• The Power was the least pre-sented on TVR in its conflictualsituations (44 as compared to63 on ProTV, 72 on Tele 7abcand 100 on Antena 1). Andthese conflicts became less andless shown as the campaignwas going forward, the elec-tions were coming nearer andthe disputes with the othercandidates had to be more obvi-ous. On TVR the government

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party refused the debates andreduced the news a lot thatpresented it in conflictual situ-ations. Antena 1 was the onethat presented the most situa-tions of this.

• ProTV mostly showed thePower in usual circumstancessuch as: governmental meet-ings, ministerial decisions orpress conferences, and thisinstances grew as the electionswere coming nearer. Tele 7abcshowed the least news aboutthe Power.

• The Opposition received thegreatest attention from Antena1 (in absolute figures, not inpercentage - 145 pieces ofnews) and the least from Tele7abc (90). It was mostly shownin usual circumstances on allstations. Antena 1 and TVRwere the ones that the mostoften presented it in this way.

• The Opposition in conflictualsituations mostly caught theattention of Antena 1 andProTV. TVR avoided the mostto show it in these circum-stances, preferring a reservedand neutral approach.

• ProTV presented the smallestnumber of the Opposition’s cer-emonial activities (6 in 7months). The other televisionsshowed this type of activitieson average of 2,7 pieces of newsper week.

Political Agents’ Rhetoric

T H E study of the politicalagents’ rhetoric was made

appealing to the following cate-gories of specific themes of thepolitical discourse: programs,promises, performances, oppo-nents (See Table 8).

Comments:

• The Power began its cam-paign on TVR with messagesthat showed its performancesduring its governing. In April,seven pieces of news per dayrelated homages and praisesthat the Power brought toitself. These praises for the gov-erning success gave way to thediscourses about programs,meant to justify the politicalline chosen.

• ProTV too (on the average -20 pieces of news per week)and Antena 1 (15,7) created theimage of the Power mostly bythe discourses about its ownresults. Tele 7abc broadcast theleast news with such messages(the average was a piece ofnews per day).

• The program that the SDPRdelivered in the seven monthsof campaign was broadcasttwice more often by TVR thanby the private televisions.

• The Power didn’t “fight” itsopponents through TVR. The

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public television broadcast thefewest pieces of news in whichthe governing party fought itsopponents (on an average of 5,5pieces of news per week), andthese became fewer and feweras the elections came, being

totally omitted in Octobern e w s r e e l s .

• But the attacks of the Poweragainst the Opposition stoodfor the subject-matter of a lot ofnews broadcast on private tele-

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Table 8Discourse Themes of Political AgentsTV Station A g e n t s T h e m e s A p r i l M a y J u l y A u g u s t S e p t . O c t . N o v

TVR 1 P o w e r P r o g r a m s 1 8 3 4 3 6 3 0 1 6 2 3 9P r o m i s e s 6 7 2 1 1 0 1 1 6A c h i e v e m e n t s 5 0 1 3 1 5 2 3 2 2 1 6 1 3A d v e r s a r i e s 1 0 6 1 1 3 6 - 2

O p p o s i t i o n P r o g r a m s 3 6 1 5 2 7 4 2 4P r o m i s e s 1 - - - 5 3 4A c h i e v e m e n t s 1 1 - - - - 2A d v e r s a r i e s 5 - - 5 3 2 3

Tele 7abc P o w e r P r o g r a m s 2 2 4 1 1 1 0 5 1 6 -P r o m i s e s 5 8 1 6 3 1 3A c h i e v e m e n t s 6 4 1 6 6 8 4 1 0A d v e r s a r i e s 1 3 2 1 3 1 1 1 1 6 1 2

O p p o s i t i o n P r o g r a m s 9 - 5 7 1 2 -P r o m i s e s - 2 - 8 4 4 3A c h i e v e m e n t s - 4 1 1 2 2 4A d v e r s a r i e s 3 6 7 3 4 4 4

Antena 1 P o w e r P r o g r a m s 1 9 9 4 2 6 8 8 4P r o m i s e s 4 5 5 2 3 1 2 7A c h i e v e m e n t s 2 8 6 3 4 4 1 6 8 1 4A d v e r s a r i e s 1 6 1 7 8 2 5 1 4 1 4 8

O p p o s i t i o n P r o g r a m s 1 1 1 3 1 5 1 0 8 4P r o m i s e s 5 5 2 4 4 5 9A c h i e v e m e n t s 2 1 3 1 1 1 5A d v e r s a r i e s 8 6 - 1 0 1 1 5 5

P r o T V P o w e r P r o g r a m s 2 2 1 4 1 6 1 0 1 9 6 4P r o m i s e s - 3 1 4 1 8 1 8 4 1 1A c h i e v e m e n t s 3 2 0 9 2 2 3 7 1 9 2 8A d v e r s a r i e s 7 1 4 2 0 1 2 - 1 3 -

O p p o s i t i o n P r o g r a m s 2 5 4 8 1 0 - 1P r o m i s e s - - - 4 3 - 9A c h i e v e m e n t s - 4 5 1 4 - 7A d v e r s a r i e s 7 6 3 1 2 7 -

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visions, mostly Antena 1. Onaverage, two pieces of news perday related the Power’s warlikea t t a c k s .

• The Power had nothing topromise during the campaign.That is why the discoursesabout promises were rare. Themost numerous were ascer-tained on ProTV (about 10 perweek), and the least numerouson Tele 7abc (one every twod a y s ) .

• The messages of theOpposition were presented dif-ferently by the TV studios.TVR preferred to broadcast thediscourses about political pro-grams (in October they weredominant, the public televisionbroadcast six news pieces perday on the parties’ programs).The other themes of the politi-cal agents’ rhetoric were almosti g n o r e d .

• The private televisions kept abalance in broadcasting differ-ent messages. Both promisesand performances and attackson the SDPR were more widelybroadcast in the news pro-grams on the private televi-sions than the TVR ones. Thecriticism about the governingparty were two and a halftimes more numerous atAntena 1 than at TVR. Hencethe public television tried notto let the people know thesecriticism, defending the image

that the agents of the Powertried to build through praisingm e s s a g e s .

Political Agents’Assessment

T H E appreciations that thetelevisions made on politi-

cal agents were another rele-vant indication concerningtheir involvement in the cam-paign. That is why I consideredthat the news might show - orat least suggest - four types ofassessments of the presentedagents: - positive assessments (+)- negative assessments (-)- neutral assessments (0)- ambiguous assessments (=)(See Table 9).

Comments:

• The Power started the cam-paign in April with a massivepositive appreciation fromTVR. Over 10 news pieces perday praised the Power agents’actions while only one piece ofnews every 2 or 3 days con-tained a negative assessment.Although later on reduced,these favourable presentationsdominated the informativeissues till the end of the cam-p a i g n .

• The principal Power agents(government, presidency andpolice) received favourable

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appreciations from private tele-visions too, but less and espe-cially in the first period of thec a m p a i g n .

• The fewest positive assess-ments on the Power were on

ProTV (over six times less thanon TVR).

• The neutral assessment wasthe most preferred way of pre-senting the Power by the pri-vate studios. From this point of

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Table 9Discourse Themes of Political AgentsTV Station A g e n t s E v a l u a t i o n A p r i l M a y J u l y A u g u s t S e p t . O c t . N o v

TVR 1 P o w e r + 7 3 4 5 4 2 2 0 4 7 1 5 2 1– 3 1 2 2 3 - 10 8 1 3 1 7 3 4 4 3 5 8= - 1 3 1 - - -

O p p o s i t i o n + 4 2 4 - 1 - 4– 3 - - - - - -0 3 5 1 1 6 1 4 4 7 9= - - - 1 - - -

Tele 7abc P o w e r + 1 1 5 9 1 2 1 1 8 -– 5 1 4 4 6 7 7 10 2 1 1 2 7 1 2 8 8 2 4= 9 5 1 3 1 4 -

O p p o s i t i o n + 3 - 1 5 2 3 -– 1 1 0 2 - 1 - -0 8 - 1 0 1 1 6 9 1 1= - 2 - 3 2 - -

Antena 1 P o w e r + 1 8 8 1 0 6 - 1 1 1 0– 1 8 1 3 - 2 8 3 8 80 2 4 1 4 3 8 2 2 3 5 2 0 1 4= 7 2 3 1 3 3 1

O p p o s i t i o n + 4 3 6 4 4 5 9– 3 2 - 7 - - -0 9 7 1 2 1 6 2 2 1 1 1 1= - 1 - 3 - 3 3

P r o T V P o w e r + 1 5 4 1 3 2 4 - 3– 5 1 2 1 7 5 9 6 30 1 1 3 3 2 6 4 7 6 1 3 4 3 7= 1 2 3 8 - 2 -

O p p o s i t i o n + - 1 2 - - - 3– 4 - 3 - - - -0 5 1 4 7 1 3 1 9 7 1 4= - - - 1 - - -

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view ProTV was the most neu-tral television: five news piecesper day presented the Powerwithout ironical, praising orambiguous hues.

• The negative assessmentsconcerning the ruling of thecountry were almost non-exis-tent on the National Television(TVR). On the whole, therewere six time less negativenews on TVR than on Antena1. Among the commercial tele-visions, the fewest negativeappreciations were broadcastedon Tele 7abc. Generally, theseappreciations increased innumber during the electioncampaign, when the politicalPower of that time had lost thefirst round of the elections.

• Ambiguous appreciationswere frequently used on Tele7abc, especially in April; suchappreciation rarely occurred onTVR. Still, they didn’t weighmuch in TV announcers esti-m a t i o n s .

• The Opposition’s messageswere related from a neutralpoint of view by all televi-sions.This neutrality was quiteobvious on TVR and especiallyin October, when theOpposition was treated perfect-ly neutrally, with not a trace ofirony or praise.

• The most positive assess-ments concerning the Op-

position occurred on Antena 1 -5 times a week, while thefewest occurred on ProTV - 6times during the 7 months ofthe campaign.

• TVR criticised the Oppositiononly in April, thus offering itthe fewest negative evalua-tions. The most negative evalu-ations occurred in Tele 7abc,especially in May.

• Antena 1 broadcasts the mostambiguous interpretationswhile presenting messages andimages about the Opposition.This kind of interpretationslacked on TVR and ProTV.

The TV broadcasting of thepolitical and social actors

I N our analysis of the televi-sions’ involvement in the

election campaign, we made adistinction between agents andactors. As we have alreadymentioned, the “agents” are theinstitutions - main subject-mat-ter of the news. The “actors”are the leaders involved in theactions presented in the news.For example, the news aboutthe meeting of VacaroiuCabinet is considered in termsof “agent” code “Government”,while it involves as “actors” themembers of the Government(N. Vacaroiu, M. Cosea, T.Melescanu and so on) and allthe other leaders that sustain a

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point of view in the news. So,one piece of news may involveonly one agent and severalactors or several agents and noactor at all (it’s the case of theinstitutional, impersonal, offi-cial communiques). This differ-ence between the number ofthe agents and the number of

the actors unable us to bringdifferent nuances over theways in which the televisionswere favourable to certainpolitical forces during the cam-p a i g n .

I must say that our analysisconcerns only the important

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Table 11

Mediatisation of Political and Social Actors on Tele 7abc

A g e n t s A p r i l M a y J u l y A u g u s t S e p t . O c t . N o v

P o w e r 3 7 1 4 2 2 4 5 2 1 1 2 2 4O p p o s i t i o n 2 5 1 6 2 0 5 6 3 0 2 3 3 8Not enrolled 6 8 6 3 5 8 2 1 3 9

Table 10

Mediatisation of Political and Social Actors on TVR 1

A g e n t s A p r i l M a y J u l y A u g u s t S e p t . O c t . N o v

P o w e r 9 3 5 4 3 2 5 2 6 3 6 7 1 2O p p o s i t i o n 1 2 1 1 1 4 1 4 4 1 7 2 1 6Not enrolled 1 4 1 3 1 3 1 1 2 1 4 2 1 7

Table 12

Mediatisation of Political and Social Actors on Antena 1

A g e n t s A p r i l M a y J u l y A u g u s t S e p t . O c t . N o v

P o w e r 4 6 4 9 3 1 5 9 5 7 3 4 3 5O p p o s i t i o n 1 1 2 9 1 8 5 8 5 4 3 7 5 5Not enrolled 7 3 0 7 3 2 3 8 3 2 2 2

Table 13

Mediatisation of Political and Social Actors on ProTV

A g e n t s A p r i l M a y J u l y A u g u s t S e p t . O c t . N o v

P o w e r 1 1 3 4 5 2 4 6 4 7 2 1 3 3O p p o s i t i o n 7 1 9 3 6 1 2 5 5 2 8 4 2Not enrolled 2 7 1 1 2 8 2 9 2 4 7 6 2 1

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actors of the political and socialstage. We didn’t take into con-sideration the passers-by inter-viewed in the streets or theanonymous persons involved insuch small actions as accidents,thefts or defalcations. In thiscategory of the unregisteredactors we enlisted managers ,directors, employers, bankersor highly cultivated peoplewhose opinions might have ledto the shaping of a public opin-ion. Even though these “unreg-istered persons” were sympa-thizers or even members of cer-tain political organisations,they were identified after theinstitutions for which theyspoke and which were not polit-ical ones.

Comments:

• The total number of thepower actors was smaller thanthe number of the poweragents, on every station, andthe total number of the opposi-tion actors was bigger than theone of the opposition leaders.Although the power represen-tatives were more numerousthan the opposition leaders,generally, they appeared on anaverage of one per piece ofnews, while the oppositionleaders appeared two per pieceof news.

• TVR began the campaignwith a record number of therepresentatives of the power

parties: 93 as compared to 12 ofthe Opposition and 14 notenrolled. On the average, TVRhas broadcast during the moni-tored 7 months 7,5 power lead-ers a day (373 as a total). Onthe second round in November,they were left aside, when theelectoral balance leant towardsthe forces of opposition.

• The power leaders were pre-sented on Tele 7abc the least ofall the stations - twice less thanon TVR.

• Among the private TV sta-tions, the actors of Power weregiven the biggest attention byAntena 1. This was also donebecause this station presentedthe biggest number of actors:741, while Tele 7abc presented5 0 6 .

• Antena 1 and ProTV present-ed the actors, deliberately ornot, according to their propor-tion in Parliament. Tele 7abcreversed the proportion, beingfrom this point of view closer tothe expectations of the elec-torate. This station was theonly one that almost constantlypresented the opposition actorsmore frequently than the onesof power.

• On TVR we noted the biggestnumber of opposition actorstelevised per week, in the finalstage of the campaign (Octo-ber). During that period of

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time, all the stations transmit-ted more information about theOpposition parties than aboutthe SDPR. It is significant that,on TVR, the leaders of onlyone were presented 67 timeswhile the ones of the tens ofopposition parties were pre-sented 72 times, so the supportgiven to the Power party waso b v i o u s .

• ProTV seemed to be the sta-tion the most interested in pre-senting the not politicallyenrolled actors. Their mostnumerous appearances werenoted in October: 76, whichmeans 11 a day.

• With small exceptions(October and partly Septem-ber), TVR preferred to televisean equal number of oppositionand not actors, the sum beingunder the half of the number ofthe power actors presented.

The televising of the candi-dates Ion Iliescu and EmilConstantinescu

T H E two principal candi-dates to presidency were

differently presented on thefour TV stations.

C o m m e n t s :• Ion Iliescu began his cam-paign on TVR powerfully. Hehad 22 appearances during themonitored week of April, whileEmil Constantinescu had onlyo n e .

• During the seven months, IonIliescu appeared on TVR12times a week, on the aver-age, and his countercandidateappeared 32 times. The appear-ances of Ion Iliescu were fewerin August (the holidays month)and in November (when thevictory of Emil Constantinescuwas predictable and the public

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Table 14Mediatisation of Main Candidates: Ion Iliescu and Emil ConstantinescuTV Station C a n d i d a t e A p r i l M a y J u l y A u g u s t S e p t . O c t . N o v

T V R I l i e s c u 2 2 1 5 9 5 1 8 1 1 4C o n s t a n t i n e s c u 1 - 2 5 3 5 7

Tele 7abc I l i e s c u 6 3 5 1 5 1 1 5C o n s t a n t i n e s c u 3 1 2 9 3 2 1 7

Antena 1 I l i e s c u 4 6 8 3 1 4 - 6C o n s t a n t i n e s c u 2 1 2 8 7 2 1 1

P r o T V I l i e s c u 2 1 1 3 1 1 0 4 5C o n s t a n t i n e s c u 1 1 8 4 9 7 1 2

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television understood that ithad to follow the electoralpulse). Excepting these twomonths, his TV appearanceswere abundant, in spite of theprinciples applied by theEuropean televisions, thatstate that in the election cam-paign, irrespective of the candi-dates’ official positions, themore intense presentation bythe media of one of the candi-dates is considered to be incor-rect and propaganda.Therewere many cases, in the lastmonths, when the electoral vis-its in factories and farms wereshown in the news bulletins aspresidential actions instead ofplacing them in the speciallydevoted space for the electioncampaign, which was taken byother propaganda headings.

• On the other Tv channels,Iliescu was presented with anover half reduced frequency.Although there were high vari-ations from a TV station toanother, the weekly average ofhis appearances was almostequal with all of the three TVstations: 5,1 on Tele 7abc, 5,8on Antena 1 and 4,8 on ProTV.

• Emil Constantinescu could beseen on TVR1 four times lessthan his countercandidate: 3,2appearances per week asagainst 12. He was less shownon this TV station than he wason the other televisions, whichwere, like in Iliescu’s case, very

close concerning the weeklyaverage: 4,5 on Tele 7abc, 4,7on Antena 1 and 5,2 on ProTV.

• The maximum number ofappearances per week was 22for Iliescu on TVR (in April)and 17 for Emil Constantinescuon Tele 7abc (in November).

• Iliescu’s TV broadcastingwould be more intense duringthe first months of the cam-paign, while Constantinescu’swas especially done in Augustand November.

Conclusions

T H E data and commentsabove tried to show the

ways the TV news journals gotinvolved in the election cam-paign and not all TV programsof those stations. We analyzedthe information shown as newson a very limited space, thatcovered at most half an hour aday. But in their programschedules, the TV stationsintroduced broadcastings exclu-sively and explicitly dedicatedto the election campaign, thatcovered a larger space. A spe-cial mention should be made onthe private stations - especiallyAntena 1 and ProTV - whichplaced larger broadcast spacesthan those offered by the publicTelevision at the disposal ofthe competitors. The way thatstructured them (round tables,electoral clip), the favourable or

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unfavourable interventions ofthe editors and the candidate’sopportunity to widely exposetheir points of view significant-ly contributed to their orienta-tion of the viewers’ electoralbehaviour. But their analysis isnot a point of these comments.I considered that it is muchmore important to present theway in which the TV stationspropagandized within spacesthat were not meant for thatand to also present the modali-ties in which the viewers weretransmitted masked electoralmessages in the shape of thedaily ordinary events. The TVstations made subsidiary pro-paganda in other social or polit-ical broadcasting on a widerscale. For example, during theelection campaign, TVR broad-cast shows such as “TheGoverning - at the end of themandate”, in which the mem-bers of the VacaroiuGovernment (candidates at thesame time) congratulatedthemselves, being helped by E.Isopescu, the interviewer. Onecan also remember the tens ofminutes long clips on Antena 1which were dedicated to IoanPop de Popa.

Therefore, the answer to thequestion: “How much were theTV stations involved in theelection campaign and whomdid they support?” wasnuanced in the case of thenews broadcasting programs.

Briefly the things were clearfor TVR: Ion Iliescu and SDPRwere largely and broadly sup-ported with the largest quanti-ty of news per Newsreel.Antena 1 televised the competi-tors’ point of view the mostoften. But it stuck to the sameproportions that existed inParliament. It was only in thesecond ballot round inNovember, that the support forEmil Constantinescu becamevisible. Tele 7abc supported theopposition forces, being related,from this point of view, to theresults of the public opinionpolls that had foreseen theirvictory. But this support, inabsolute frequencies andlength of time, was smaller ifcompared to other stations.ProTV was the less involvedstation, being more interestedin the society’s point of viewabout politics and less interest-ed in the politicians’ point ofview about society. The differ-ent ways to present the politi-cal life contributed to the cre-ation of other horizons thanthose offered by the public tele-v i s i o n .

Did this involvement lead tothe structure of the voters’behaviour? Some researcherssay that it had no importanceand they justify their theory bythe useless propaganda for IonPop de Popa on Antena 1 or forIon Iliescu on TVR 1. The opin-ion polls show that they had

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different effects in differentsocial milieus. Thus, in therural area, where there was noaudio-visual competition at alland the TVR domination wasalmost total, the populationpreferably voted for the candi-date and the parties supportedby this television. In the urbanareas, where there was a con-curential market and wherethe access to information wassecured by a pluralistic institu-tional configuration, the popu-lation negatively perceived the

manipulating tendencies of anyTV station; so, the existence ofprivate TV stations along sidewith the public one assured apolitical balance. The role ofthe studies made by CIS andsummed-up here was to mea-sure this balance and to revealto the public opinion the devia-tion that could be consideredunfair, manipulating and pro-p a g a n d a .

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Introduction

VA U T - I L

m i e u xavoir àM a t i g n o nun gros

jovial qui ne connaît passes dossiers ou un sec unpeu moins jovial qui lesc o n n a î t ?

C’est sous cette formequ’à croire Libération, A.Juppé aurait formulél’alternative un momentenvisagée après le pre-mier tour des électionslégislatives par J. Chiracentre A. Juppé lui-mêmeet Ph. Séguin comme

Premier Ministre. Lasuite des événements amontré qu’aucun desdeux termes de laditealternative n’a suscitél’adhésion des citoyens.

Mais au-delà de l’anec-dote, la formule méritequ’on s ’y arrête. Eva-cuant les divergencesstrictement politiquesqui les séparent, l’ancienPremier Ministre met ledoigt sur unp h é n o m è n eauquel la télévi-sion, devenue lepremier forumpolitique contem-porain, au corps

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LE CORPS EN POLITIQUE:incarnation

présidentielleet démocratie cathodique

PAR M. COULOMB -GULLY

M. COULOMB-GULLYest professeur a

l’Université deToulouse 2

Mirail, France

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politique, pris cette fois-ci ausens propre du terme, une visi-bilité jusqu’ici jamais atteinte.

Et l’écrit, le verbe, qui alongtemps été le principalvecteur du sens en politique,n’existe plus désormaisqu’incarné. Juste revanche,diront certains, de la figure surle mot. “Dans nos sociétésaudiovisuelles avancées, écritE. Véron, la médiatisation amis au devant de la scène, pourla première fois dans l’histoire,les mécanismes de la dimen-sion indicielle où se structure laprésentation de soi.(...) Uneélection est en quelque sorte lamise en place d’un dispositif oùquelques corps se donnent àvoir et des millions de gens semettent à pratiquer, plus oumoins consciemment, au fil desjours des semaines, la lecturedes indices de la présentationde soi.” 1

A l’instar de P. Rosanvallon, àqui nous empruntons le terme,nommons incarnation cemêlange de personnalité, destyle et de tempérament quevia l’image, la télévision a con-tribué à rendre central dans leprocessus électif. Et gageonsque le passage du présiden-tiable au président, du candi-dat à l’élu, dépend en grandpartie de la puissance d’incar-nation des candidats, de leuraptitude à incarner leur dis-cours et à produire, par la mise

en scène de leur personne, lessignes qui vont susciter l’em-pathie du public.

On se propose donc, dansl’étude qui suit, d’analyser cettedimension centrale de l’expres-sion politique contemporaine àtravers quelques rites de cam-pagne, rites que la télévision ad’ailleurs fortement revivifiés:

- la déclaration de candidatureet l’annonce des résultats

- le meeting électoral

- et je terminerai par une com -paraison de l’incarnation chi -raquienne et balladurienne.

Les informations de 20h consti-tuant la principale sourced’information pour la majoritédes citoyens en période élec-torale, elles s’imposent commel’un des meilleurs lieux d’obser-vation des pratiques de com-munication en la matière. Lecorpus d’analyse est constituédes quelques 130 JT diffuséssur TF1 entre janvier et mai1995, soit durant l’intégralitéde la campagne présidentielle.

La déclaration de candida-ture (ou l’épiphanie du corpscandidat)

L A télévision a considérable-ment dramatisé la décla-

ration de candidature qui con-

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stitue la première apparitionde l’homme politique avec sonstatut officiel de candidat, sorte“d’épiphanie” du corps prési-dentiable, d’une certaine façon.Ce geste liminaire fait désor-mais l’objet d’une véritablemise en scène dont la symbol-ique fonctionne de facon emblé-matique: la déclaration donneen quelque sorte le “la” de lacampagne du candida et lepositionne par rapport à sesc o n c u r r e n t s .2

La déclaration de J. Chirac3 e s tà lire comme un négatif de sadéclaration de 1988, radio-télévisée depuis Matignon.Annoncée le 4 novembre 1994dans La Voix du Nord, elleprivilégie d’abord la provincepar rapport à la capitale. Lechoix du Nord est symbolique àun double titre. D’une partparce que la région connaît degraves difficultés économiqueset que choisir de s’y déclarer,c’est d’emblée se placer du côtédes plus démunis. D’autre partil s’agit là du pays d’origine duGénéral de Gaulle; cet aspectsymbolique du message setrouve encore accentué par ladate de la déclaration: en effet,le 4 novembre est le jour duSaint Charles.E. Balladur et J.Chirac prétendant tous deuxêtre les héritiers légitimes dugaullisme, on perçoit la force dece geste, sorte de rébus symbol-ique pour décrypteurs attentifs.Le choix de la presse par

ailleurs, c’est le choix de l’écrit,medium lent, traditionnel etfortement légitimé contre toutce que l’audiovisuel peut avoirde spectaculaire et de superfi-c i e l4. Le corps de J. Chirac,c’est donc d’abord, sur le plande l ’image, un corps qui sedérobe, ou qui ne s’exprime quepar sa voix (la Voix du Nord! ),un corps humble. On voit doncse profiler ici la première incar-nation du message chiraquiensur la facture sociale.

La déclaration d’E. Balladurconstitue le contre-point exactde celle de J. Chirac, étant parlà même très proche de cellequ’avait effectuée le Maire deParis en 1988. Enregistréedepuis le bureau du PremierMinistre à Matignon, elle estaussitôt diffusée lors des infor-mations de 13h. La mise enscène est des plus signifiantes:d’une part, E. Balladur imposeainsi la confusion entre sa fonc-tion primo-ministérielle et sonstatut de candidat, ambiguitédont il jouera tout au long de sacampagne; le corps du candidatBalladur est indissocié de celuide Balladur Premier Ministre,confusion voulue comme un“plus” (candidat + PremierMinistre = 2) et qui s’avèreraêtre un “moins”, le corps duPremier Ministre se sous-trayant en quelque sorte à celuidu candidat. Par ailleurs, lecadre même de Matignon, avecson mobilier Louis XVI, ses

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miroirs, ses dorures et sesmoulures accentue le côtégrand bourgeois du personnageet sa distance par rapport à lamajeure partie des citoyens.C’est donc un corps étranger,distant qui est ici mis en scène.

La candidature de Phillippe deVilliers sera notre dernierexemple. Elle est aussi forte-ment marquée sur le plan sym-bolique puisqu’elle se donne àlire comme symétrique de lanon candidature de J. Delors.En effet, Ph. de Villiers effectuesa déclaration dans le cadre del’émission 7/7 d’A. Sinclair,comme J. Delors. Il est assis àla même place que l’ex-prési-dent de la commission euro-péenne, avec, face à lui, lamême interlocutrice, dans lemême décor; les deux corpsapparaissent ainsi en surimpo-sition d’une certaine façon.Mais alors que J. Delors estsocialistee, Ph. de Villiers seprésente entre autres pourcombattre le socialisme. Alorsque J. Delors est Président dela Commission européenne, lacandidature de Ph. de Villiersest d’abord motivée par sespositions anti-Maastricht.Enfin, si J. Delors a répondu“non” à la question d’A. Sin-clair, Ph. de Villiers a répondu“oui”. C’est donc un comme unanti-corps delorien que Ph. deVilliers se donne à lire.

Après l’”épiphanie” du candidat

dans son apparition fondatrice,sa déclaration consécutive auxrésultats constitue, du moinspour les vainqueurs, une sorted ’ a p o t h é o s e .

L’annonce des résultats oul’apothéose

L A déclaration consécutiveau résultat des élections

constitue de fait le contre-pointrituel à la déclaration de candi-dature. Là encore, la télévisionexacerbe le côté figuratif del’exercice, le corps du candidatconstituant le centre de las c é n o g r a p h i e5. Comme dans ladéclaration de candidature,l’énoncé lui-même réserve enrègle générale peu de surprise(“oui, je suis candidat” / ”Oui,j’ai gagné” - “oui, j’ai perdu”).C’est donc vers l’énonciation,vers la diménsion signifiantede la mise en scène figurativeque se déporte l’intérêt du mes-sage. L’énonciation prend ici lepas sur l’énoncé.

Nous en étudierons deux, cellede J. M. Le Pen, effectuée àl’issue du premier tour et des15% de voix obtenues par lecandidat, et celle de J. Chirac,vainqueur du deuxième tour.J. M. Le Pen, un virtuose médi-atique, exploite parfaitementles ressources symboliques del’exercice. Contrairement auxautres candidats, il effectue sonanalyse des résultats et délivre

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ses consignes de vote à datefixe, le jour de la Fête deJeanne d’Arc, avancée au 1ermai pour contrer la symboliquede la fête du travail et des syn-dicats. Symbolique contre sym-bolique, corps contre corps:ceux des travailleurs, celui duc h e f .

La scénographie de cette com-mémoration est proche de celledes meetings de J. M. Le Pen:défilés de porte-drapeaux,d’élus ceints de leur écharpetricolore, d’enfants vêtus detreillis, avec bérêt bordeaux surla tête et portant drapeaux,d’ouvriers casqués en bleus detravail, présence de gensd’église et, au centre, une ado-lescente à cheval figurantJeanne d’Arc. Tous défilentdevant l’estrade où se tient J.M. Le Pen. Le corps ainsi misen scène exacerbe les carac-téristiques du “chef”, de la“chefitude”, serait-on tenté dedire, le chef étantun êtred’exception: la solitude face à lafoule, la verticalité face à l’hori-zontalité, l’immobilité face à lamarche, etc. Cette série d’oppo-sitions vise à l’exaltation duchef conforme à l ’idéologied ’ e x t r ê m e - d r o i t e .

On verra ultérieurement que J.Chirac se met en scène de façonradicalement opposée dans ses“réunions thématiques”.

Quant au candidat Chirac, pré-

cisément, déclaré vainqueur àl’issue du second tour des élec-tions, il a de son côté pu con-firmer la symbolique initiale ense rendant de son QG de cam-pagne à l’Hôtel de Ville dans lafameuse Citroën que la coursedu reporter à moto de France 2a rendue célèbre. Le choix duvéhicule a surpris. En optant,pour sa première sortie en tantque nouveau chef de l’Etat,pour un modèle ancien quin’est plus commercialisé depuisdes années, J. Chirac confirmeson rejet de l’ostentation déjàsignifié lors de la déclaration decandidature. La Présidencemodeste, qu’il avait annoncéedans sa campagne, en phaseavec ces temps de crise, est surroues et s’incarne d’abord dansun Président modeste, endroite ligne du candidat modestde la déclaration initiale.

Circuler en Citroën, c’est aussis’affirmer gaulliste; commel’observe un journaliste deLibération: “Les présidents dela République gaullistes onttous privilégié le quai de Javel.Le Général de Gaulle circulaiten DS, et G. Pompidou remon-tait les Champs Elysées dansune SM décapotable. J. Chiracdevait commencer son septen-nat en Citroën.”6 Les socialistesaux affaires depuis 1981avaient en effet privilégié laRégie dans le choix de leursvéhicules de fonction, pourd’évidentes raisons elles aussi

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s y m b o l i q u e s .

Et au-delà de la dimension ver-bale en tant que tel, c’est tou-jours le corps et la mise enscène qu’il permet qui se trouveau centre du message délivré.

Le meeting ou le corpsexhibé

D ans le meeting s’exprimela quintessence de la mise

en scène figurative du candi-dat. Brièvement, j’en citeraitrois composantes, qui con-tribuent fortement à cette“incarnation” que la TV a large-ment contribué à rendre cen-trale: ce que j’ai nommé le“cortège”, personnalités quientourent le candidat; la scéno-graphie générale des meetingset enfin un dernier pointrarement évoqué, la musiquedu meeting, figuration sonorequi a son importance.

Le cortège

Il fonctionne comme prolonge-ment du corps du candidat.Celui-ci en effet est toujoursaccompagné par un certainnombre de personnalités,l’importance et la renommée deson entourage sont supposéesrefléter celles du présiden-tiable, “amplifier” le corps ducandidat en quelque sorte.L’exigence de visibilité imposéepar la télévision a considérable-

ment accru l’importance du“cortège” dont elle a fait un élé-ment symbolique de premierp l a n .

Pendant longtemps, l’entou-rage du candidat s’est limité àsa garde politique: RPR élargià l’UDF pour J. Chirac et E.Balladur, et l’on sait les impli-cations déterminantes de cesralliements, en terme de poidspolitique, pour les deux candi-dats, eu égard à la conjonctureparticulière de cette présiden-t i e l l e7. La présence dans lesmeetings de J. Chirac ou d’E.Balladur des “cautionsgaullistes”, Ph. de Gaulle, M.Couvre de Murville ou J.Chaban-Delmas, révèle à quelpoimt les deux candidats duRPR ont voulu incarner parcorps interposés la légitimitég a u l l i s t e .

La quasi absence, dans lechamp des caméras, de l’anci-enne garde communiste autourde R. Hue est d’autant plus sig-nificative que la suspicion deforte dépendance à l’égard deG. Marchais notamment pésetoujours sur le candidat com-muniste. Sa solitude est icigage d’indépendance.

Au-delà de l’entourage poli-tique, les épouses de candidatont joué en 1995 un rôlejusqu’alors inégalé. M. J.Balladur et ses activités carita-tives, B. Chirac dans son

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engagement politique et social,S. Jospin l’intellectuelle, MmeHue l’infirmière ou encore D.de Villiers et ses 8 enfants: àl’image du candidat s’agrègeainsi celle de la compagne sescaractéristiques personnelles.

Les hommes politiques étantpar définition voués à unequête de reconnaissance et delégitimation, on conçoit leurintérêt pour le soutien que sontsusceptibles de leur manifesterdes vedettes de tous genres.Celles-ci permettent en effetdes “transferts de légitimité”(R. Rieffel) depuis leur milieud’appartenance vers le corpspolitique qui se les agrège etfonctionnent donc comme “effetde labellisation”8. Le sportétant à la droite ce que la cul-ture est à la gauche, J. Chiracs’entoure d’abord de sportifs etde personnalités du show-biz(P. Beltoise, L. Perron, I.Autissier, G. Drut, A. Prost, L.Renaud, Y. Horner, J. Halliday,J. E. Hallier, J. Cl. Briali, J. J.Beneix, etc.); L. Jospin recruteavant tout dans le mondeartiste et intellectuel (B.H.L.,H. Virlogieu, P. Arditi, Y.Robert, E. Charleroux, P.Cherrau, R. Desforges, M. C.Mendès-France, M. Picoli, M.F.Pisier, etc); quant à R. Hue, ilse voit entouré de personnalitéscomme A. Jacquart, R.Passevant ou R. Hanin. La sit-uation est radicalement nou-velle par rapport à 1988 où le

candidat Lajoinie évoluait seulde ce point de vue. Le corpscommuniste a désormais desexpansions culturelles qui vali-dent la dimension culturelleque le PC entend désormaisdonner à son message.

A l’inverse du corps fasciste.Faute d’artistes qui acceptentde lui apporter leur soutien, J.M. Le Pen a eu recours à dessosies d’artistes pour animernotamment la première partiede ses meetings. C’est direl’importance de ces élémentsf i g u r a t i f s .

S’il ne se déplace qu’accompag-né de sa garde prétorienne, lecandidat s’inscrit dans un décordont la fonction symbolique estelle aussi exacerbée par l’imaget é l é .

La scènographie du meeting

A. Laguiller, dans une symbol-ique de gauche, populaire etrévolutionnaire, opte pour lerouge, qu’il s’agisse du fond oudes vastes banderoles qui tapis-sent le podium et les murs.Rien d’autre dans sa mise enscène que ce rouge et son slo-gan de campagne, auxantipodes des tendancesgénérales qui, à l’instar des slo-gans publicitaires, veulent quel’on fasse court et consensuel;“Avec A. L., pour un pland’urgence de défense des tra-vailleurs” (comparer avec “L.

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Jospin, c’est clair” - “La Francepour tous” - “Croire en laFrance”, etc). Sur l’estrade, elleest entourée des militants deLO; elle n’incarne donc passeule le projet de son parti dontelle n’est qu’un porte-paroleparmi d’autres; égalitarisme dela mise en scène aux antipodes,par exemple, de la scènogra-phie frontiste.

Dans ses meetings, commedans la fête de Jeanne d’Arcévoquée précédemment, J. M.Le Pen se caractérise par sasuperiorité et son exceptionnal-ité: à la fin de son discours, desenfants vêtus de bleu marineet de blanc et portant le dra-peau tricolore montent sur lescène et entonnent la Marseil-laise avec le leader du FN qui,déjà supérieur à ceux-ci partaille, s’élève davantageencore, mû par un piédestalduquel s’échappent en mêmetemps des fumigènes. C’est lamise en scène d’une élévationau sens quasi religieux dut e r m e .

La musique

La musique tient une placeimportante dans les meetings,et contribu à l’incarnation dumessage du candidat. On secontentera d’evoquer le clivageentre candidats-Marseillaise etcandidats-Internationale, cli-vage qui redouble d’ailleurscelui qui existe entre drapeaux

bleu-blanc-rouge et drapeauxr o u g e s .

Chaque candidat par ailleurschoisit pour l’accompagner unemusique qu’il veut signifiante:Take Five de Dave Brubeck etPeter Gun des Blues Brotherspour J. Chirac; c’est à coup sûrun appel à la culture mondialequ’effectue le Maire de Paris,en conformité ici encore avec saligne symbolique générale; onse rappelle que le groupe antil-lais Zouk Machine animait lespremières parties de certainsde ses meetings. Human Na-ture, de Miles Davis pour R.Hue, dans un symbolisme desplus transparents. FanfareNew Orleans avec SidneyBechet pour Ph. de Villiers quien appelle probablement ainsiau goût pour la tradition desGospels d’une partie de sonélectorat supposé. Résolumentfrançais, L. Jospin fait son en-trée sur J. J. Goldman (commeA. Lajoinie en 1988…). E.Balladur quant à lui opte trèsclassiquement pour Beethoven(après avoir tenté Vangélis),tandis que J. M. Le Pen restefidèle au Nabucco de Verdi,incarnation du sentiment patri-otique. La musique, commel’ensemble des attributs figu-ratifs, donne corps au messagedu candidat dont elle contribueà assurer la crédibilité.

Le meeting constitue la liturgieélectorale par excellence, et

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cristallise de ce fait de nom-breux signes qui matérialisentde façon concrète le message etl’engagement du candidat. Onpeut presque sur cette seulebase, tenter une lecture, com-ment dirais-je, “paradigma-tique”, qui permette d’associerà chaque présidentiable unensemble de signes figuratifs:

-Chirac, sportifs, artistes, TakeFive et Peter Gun, laMarseillaise, drapeaux bleu-b l a n c - r o u g e …

-Le Pen, l’exceptionnalité, laMarseillaise, drapeaux bleu-blanc-rouge, le Nabucco deV e r d i …

-Laguiller, les militants, fondrouge, drapeaux rouges,l ’ I n t e r n a t i o n a l e …

Plus globalement, les imagesque laisse une campagne élec-torale forment un ensemble quis’ordonne, non pas à la manièred’un discours, du langage vec-torisé sur un axe syntagma-tique, mais plutôt à la façon durêve, par le biais d’une syntaxeassociative fonctionnant surl’axe paradigmatique, dont LéviSrauss a d’ailleurs montrél’importance pour la penséesymbolique. Et nous voudrionscompléter cette lecture paradig-matique du message figuratifdélivré par les candidats parune réflexion sur la victoire deJ. Chirac qui, durant cette

campagne, a mis en scène un“corps par proximité”, par oppo-sition au corps par défaut ou aucorps distant d’E. Balladur.

Du corps par proximité aucorps par défaut:J. Chirac et E. Balladur

Un cortège où figurent nombrede sportifs, le groupe antillais“Zouk Machine” en premièrepartie de certains meetings ducandidat, Dave Brubeck et lesBlues Brothers, vivant appel àune culture mondiale, tous ceséléments incarnent et préfig-urent, le temps d’une cam-pagne, cette “France pour tous”dont J. Chirac veut être lec h a m p i o n .

Tous ces éléments contribuentlargement à faire du candidatun corps par proximité. J.Chirac est sans arrêt filmédans des lieux dits “de sociabil-ité populaire”, cafés et marchésnotamment, ou prenant lemétro ou des trains de ban-lieue. J’ai évoqué précédem-ment ces réunions thématiquesorganisées avec différentescomposantes de la société(organisations profssionnelles,syndicales, jeunes etc.). Lecadre de ces réunions mérited’être souligné: salles banalesau mobilier fonctionnel et desplus sommaires: chaises deplastique, tables de formicat,etc. Ces tables sont en général

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disposées en cercle, le candidatétant installé à l’une d’entreelles et notant les remarquesfaites par ses interlocuteurs.

Modestie du décor, scénogra-phie égalitaire qui, à la bipolar-ité hiérarchisée estrade/sallepréfère la convivialité de la dis-position circulaire, inversion dela classique image du politiquedétenteur privilégié de laparole à laquelle se superposeet se surimpose celle d’un can-didat qui écoute au lieu de par-ler: tout est fait pour suggérerla proximité du candidat parrapport au peuple et sa dif-férence avec les autres hommespolitiques - on a signalé plushaut la scènographie opposéede J. M. Le Pen par exemple.

Ce travail de décomposition del’image traditionnelle d’un can-didat de l’establishment cul-mine lorsque les caméras fil-ment J. Chirac dans unegrange, mangeant de la chou-croute sur des tables à tréteauxavec des vaches en fond. T.Desjardins publie au mêmemoment une biographie ducandidat intitulée L’homme quin’aimait pas les dîners env i l l e9. Jouant de la formule, leJT qui diffuse ces images intit-ule la séquence “Chirac auxc h a m p s ” .

L’énoncé de son discours sur lafacture sociale et sa nécessairerésorption, est ainsi en phase

avec la situation d’énonciation,tous deux convergeant pourassurer la crédibilité du mes-s a g e .

La dimension populaire de J.Chirac est d’autant plus prég-nante que s’affiche en face delui un E. Balladur qui campesur les valeurs de la haute cul-ture ou à tout le moins de lahaute fortune. Le début de sacampagne est à l’image de sadéclaration de candidature:constamment filmé dans deslieux de pouvoir (L’Elysée,Matignon, l’Assemblée Natio-nale, le Tribunal de Paris, etc.),une coupe de champagne à lamain: il se fait épingler par A.Juppé qui ironise sur les “Pa-lais nationaux” dont il seraitl’hôte privilégié. Lorsque’il estrecu par ses comités de soutien, c’est dans le plus somptueuxhôtels parisiens (le Lutécia etc),lorsqu’il recoit Paris Match(clichés diffusés à la télévision)c’est dans son appartement duXVIème arrondissement (frais-es et cerises sur la table, enplein mois de janvier) et la pub-lication de son patrimoine con-firme cette image1 0. Le mêmeJT qui titrait “Chirac auxchamps”, poursuit sa séquencepolitique avec “Balladur à laville”, bipolarité que l’on re-trouve cristallisée dans l’oppo-sition lancée par les partisanesde J. Chirac entre les “palaisnationaux”, fiefs naturels d’E.Balladur et la “tête de veau”,

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plat populaire dont J. Chiracest amateur, la simplicité deses goûts culinaires devant êtrecaution de sa simplicité person-n e l l e .

A la question consistant às’interroger sur les moyensgrâce auxquels J. Chirac a sus-cité auprès de ses concitoyensla nécessaire empathie qui aconduit à son éléction, la miseen scène de ce corps par prox-imité en phase avec le discourssur la fracture sociale constituesans nul doute un élément deréponse, l’expressionnisme desa mise en scène étant lui aussià souligner; les Français sesont en effet davantage recon-nus dans le miroir tendu par ledéputé de Corrèze que dans laglace sans tain du candidatPremier Ministre.

L’image, avait-on dit en intro-duction, redonne toute leurimportance à des éléments detype figuratif centrés sur lamise en scène du corps; à latélévision en effet, le verben’existe plus qu’incarne et l’onpeut même se deander si cetaspect figuratif ne tend pas àprendre le pas sur la dimensionproprement discursive et argu-mentative du message poli-tique. Ou en d’autres termes etse plaçant cette fois-ci du pointde vue de l’électeur, sil’empathie indicielle ne tend àse substituer au travail dereflexion suscité par l’argumen-

taire discursif dans l’apprehen-sion globale que l’on se fait poli-t i q u e .

Si tel était le cas, il faudraits’interroger sur les con-séquences de cette “ésthétisa-tion” du politique, pour repren-dre une expression de M.Maffesoli, le terme étant iciemployé dans son sens éthy-mologique, issu du“asthanesthai” qui signifie“sentir”, l’accent étant mis icisur l’aspect sensible, effectif,pulsionnel. Cette dimensionfonde ce que M. Weber nommela “Gemeinschaft”, la commu-nauté comme lieux de rencon-tres et échanges de solidaritéa f f e c t i v e s .

Mais cette “Gemeinschaft” nedoit pas se construire contre la“Gesellschaft” qui définit le sys-tème social sur le planjuridique et politique. Sansdoute conviendrait-il alorsd’oeuvrer pour un réaménage-ment de ces deux dimensionsconstitutives de la “publicité”au sens qu’Habermas donne àce terme, image et discours,télévision et presse, pour unefécondation, une hybridationdes deux systèmes de significa-tion, afin d’aboutir à un espacepublic mieux équilibré sur cep l a n .

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Notes

1. E. Véron. “Corps et méta-corps en démocratie audio-visuelle avancée”, in Après-demain n.293-294,avril-mai 1987, Paris, p. 33.

2. Voir à ce sujet, de J. Mouchon, “La déclaration de candidature”, article à paraître dans une publica-tion collective du Laboratoire de St. Cloud, consacrée à l’analyse de la campagne présidentielle de1995.

3. Bien qu’antérieure à notre corpus d’étude, la déclaration de J. Chirac a pu néanmoins être analyséeici parce qu’elle a fait l’objet de multiples reprises dans des JT ultérieurs.

4. Sur le rapport entre image et écrit durant cette campagne, voir notamment, de M. Coulomb-Gully,“Moïse et Aaron en campagne”, in Médiaspouvoirs n.38, 1995.

5. Lors de la victoire de F. Mitterrand en 1988, on a pu assister à cette scène surprenante: “Glavany- J.Glavany était alors chef du cabinet de F. Mitterrand -, veillez à ce que les Parisiens ne soient pas enfond, hein?...Oui, c’est très important, les Parisiens tout au fond...Voilà...Vous, là, les Châteaux-Chinonais, ça n’a pas d’importance...Main il ne faut pas que ce soit un groupe de Parisiens qu’on voitlà...Oui, il ne faut pas qu’on voie les Parisiens derrière moi...Quoi? Il ne faut pas...Attendez...” Tellessont les paroles étonnantes prononcées par F. Mitterrand à Château-Chinon, quelques secondes avantson allocution officielle faisant suite à l’annonce de sa réélection, le 8 mai 1988. Ces propos, supposéshors antenne et que l’indiscrétion des micros déjà ouverts a permis de surprendre, révèlent la construc-tion de l’image - par le Président lui-même - dans le but de lui conférer une portée symbolique précise.En l’occurrence celle d’un Président porte-parole de tous les Français, y compris ceux de la “France pro-f o n d e ” .

6. In Libération du 16 mai 1995, p. 6

7. Les informations télévisées ne se sont pas fait faute d’exploiter largement ces ralliements, dont ellesont fait un élément dramatique déterminant de leur narration électorale, distillant jour après jour lenom des personnalités se déclarant pour E. Balladur ou, dans une moindre mesure, pour J. Chirac.

8. Sur l’utilisation des vedettes en communication politique, voir les travaux de R. Rieffel, et notam-ment “Du vedettariat médiatique”, in Hermès 4, Editions du CNRS, Paris, 1989 et de R. Debray, notam-ment L’etat séducteur, Gallimard, Paris, 1993.

9. Paris, Editions 1,1995.

10. Lorsqu’à mi-parcours E. Balladur tente d’inverser la tendance, il est trop tard: d’une part, lecréneau social est déjà occupé par son rival, d’autre part la première image est désormais trop ancrée -et paraît trop conforme au personnage - pour que la seconde n’apparaisse pas comme totalement con-struite et fausse. E. Balladur aura beau troquer le loden et le par-dessus contre une parka, le cham-pagne contre la bière, les lieux de pouvoirs contre les banlieues, les marchés et les cafés, monter sur lestables, manger le méchoui avec les doigts, faire de l’auto-stop et assister à une course cycliste, rien n’yfera. Entre “Croire en la France”, slogan de début de campagne, et “la France, j’y crois”, dernière mou-ture du même slogan, le premier est perçu comme plus authentique.

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AM E S U R E

que croîtl ’ i n f o r m a -tion dis -t r i b u é e

dans tout l’espace social,décroissent les relationsentre les pratiquants decet espace. La communi -cation devient ainsi leparadoxe et le système dela jonction entre ce quiinforme et ce qui relie: ladistribution de la com -munication augmente,mais sa réalité diminue.Au coeur de ces tensions,on trouve le lieu et ce qui

relève du local, écritMichel De Certeau( 1 9 8 0 ) .

Appliquée aux médias,cette première concep-tion du local permet desituer notre objet enl’opposant à un autre:celui des médias demasse, dont le rôle prin-cipal est précisement dedistribuer l’in-formation à l’é-chelle d’un Etat-nation, voire dela planète. Ceciposé, cet objet

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ARTICLES ARTICLES

Les voix multiplesde la Transylvanie

Etude du rôle des médias audiovisuelslocaux dans la production de nouveaux

espaces publics territorialisés

PAR NICOLAS PELISSIER

NICOLAS PELLISSIERA.T.E.R.

Université Aix-Marseille II

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appelle au moins trois remar-q u e s .

En premier lieu, le médiumlocal est un objet protéi-f o r m e , à géométrie variable.Cette caracteristique reste pro-fondément liée à la richesse etla diversité des expériencesmenées en la matière,expérieces qui doivent souventbeaucoup à l’évolution des tech-nologies de la communication,telles que la vidéo légère, lecâble, le satellite etc. Dans ledomaine de la radio, par exem-ple, cette diversité a conduit leConseil Supérieur del’Audiovisuel français àrecenser différentes catégoriesspécifiques: services associatifséligibles au fonds de soutien(catégorie A), services locauxindépendants ne diffusant pasde programme national identi-fié (cat. B) ou encore servicelocaux diffusant le programmed’un réseau thématique à voca-tion nationale (cat. C). En cequi concerne la télévision, lechercheur Guy Pineau (1994)met en avant des genres aussidivers que le vidéotex munici-pal, la vidéo militante d’inter-vention, la contre-information,les réseaux de “canauxouverts”(Allemagne) ou d’”accèspublic”(Etats-Unis), la vidéopopulaire (Amérique Latine),les télévisions “de pays”, dequartiers ou limitées à un blocd’immeubles, les réseaux câbleslocaux, les télévisions commu-

nautaires (au service deminorités ethniques, sociales,religieuses ou sexuelles...), les“télévisions Monsieur leMaire”(financées largementpar les municipalités), lesrelais locaux de télévisionsnationales, mais aussi desexemples plus classiques detélévisions commerciales ouassociatives diffusant par voiehertzienne à l’échelon régionalou local (modèle dominant enBelgique). Se réperer danscette jungle du local n’est pasaisé. D’où la nécessité de pointsde repères relativement clairspour le chercheur.

En deuxième lieu, le médiumlocal reste un objet toujoursdifficile à appréhender. L amultiplicité de ses formes d’ap-parition n’y est pas étrangère.Même si les frontières entre cequi est “local” et ce qui ne l’estpas (ou ne l’est plus) devien-nent de plus en plus permé-ables, il reste toutefois possiblede mettre en avant au moinstrois critères de distinction:

- un critère géographique ets p a t i a l (fonction identitaire).Le médium local n’a pas pourvocation de couvrir l’ensembled’un territoire national, il nediffuse que sur une p o r t i o n d ece territoire, de taille plus oumoins grande (pour le CSA, parexemple, une radio n’est l o c a l eque si sa zone de réception estpeuplée de moins de six mil-

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lions d’habitants). En revanche,cette portion de territoire peuttout à fait être transfrontière,et concerner plusieurs pays à laf o i s .

- un critère s o c i o - c u l t u r e l ( f o n c-tion communautaire). A l’orig-ine du médium local, on retrou-ve la dialectique communauté /société. A la différence dumédia de masse, le médiumlocal s’adresse à une catégorieparticulière de la populationd’un Etat-nation. Cette caté-gorie peut être territoriale(une région, un départementetc.), mais aussi ethnique, lin-guistique, religieuse etc. Lemédium local doit donc êtreenvisagé comme la manifesta-tion d’une réaffirmation de dif-férences communautaires faceà un modèle macro-social de vieen commun qui n’est plus con-sidéré comme optimal.

- un critère p o l i t i q u e ( f o n c t i o nidéologique). Dès leur appari-tion, nombre de médias locauxont présenté un projet de com-munication sociale alternativemais aussi de vie politiquealternative. Pour les adeptes dela c o n t r e - i n f o r m a t i o n, il s’agitnotamment de proposer uneautre grille de lecture desévénements locaux (voirenationaux et internationaux)que celle proposée par lesgrands médias. Il s’agit aussid’assurer plus de transparenceà l’information locale, voir

d’intervenir directementauprès des communautés défa-vorisées, en particulier dans lesquartiers difficiles. On pensealors que changer la communi-cation et l’information peutpermettre de changer la poli-tique. On plaide notammentpour la valorisation d’un t i e r s -secteur communicationnel, àmi-chemin entre l’Etat et lemarché, voie vers l’économiemixte ou l’autogestion. Onrevendique une démocratiedavantage “participative”,comme alternative à unereprésentation politique jugéed é c e v a n t e .

Si les deux premiers critèressus-mentionnés s’imposentdésormais au chercheur, il n’enva pas de même pour letroisième. Le développementcroissant des réseaux et deslogiques commerciales sur leplan local ne va-t-il pas àl’encontre du projet idéologiqueauquel un bon nombre demédias associatifs et commu-nautaires demeurent toutefoisattachés? Considérons plutôtque, dans le cas de ces postescommerciaux, ce projet n’a pasdisparu, mais s’est métamor-phosé. Comme l’ont montré R.Boure (1992) et IsabellePailliart (1993), la dimensionpolitique demeure très pré-sente dans les nouvelles straté-gies des médias locaux… Maisil s’agit moins de proposer une“autre politique” que d’affirmer

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davantage le pouvoir etl’autonomie des édiles locauxpar rapport au Centre.

En troisième lieu, le médiumlocal demeure un objet peuétudié en tant que tel, endépit du phénomène decommunication et de socié-té qu’il représente réele-m e n t .

Ce phénomène se traduit toutd’abord par des chiffres: enFrance, l’on recense près de 70télévisions associatives hertzi-ennes, 21 chaînes locales sur leréseau câblé, 400 radios asso-ciatives, autant de commer-ciales indépendantes, sansoublier le milier de radios fran-chisées ou partie intégrante deréseaux musicaux territoriaux;aux Etats-Unis, on dénombreprès de 1200 réseaux cablésd’”accès public”, tandis quel’Allemagne compte aujourd’huiprès de 30 “canaux ouverts”; enInde ou en Amérique Latine,les réseaux de “vidéo d’inter-vention locale” se chiffrent parcentaines; en Europe Centraleet Orientale, le phénomène con-naît même une ampleur sansprécédents (par exemple, unpays tel que la Roumanie, enl’espace de sept ans, a vu appa-raître sur son territoire près de60 postes de télévision et 110postes de radio régionaux oulocaux). Au-delà de ces élé-ments quantitatifs, commentne pas mettre en valeur

l’apport qualitatif de ces expéri-ences sociales et communica-tionnelles dont la majorité sesont transformées en véritablesinstitutions? Comme le préciseIsabelle Pailliart (1993), “lemouvement localiste seprésente comme le signe avant-coureur d’une autre géographiesociale qui, aux médias demasse, à leur globalité, opposedes types de médias différents”.

Or, il ne semble pas que, endépit de son dynamisme encorevivace (en particulier dans lessphères extra-occidentales) cemouvement localiste ait étéétudié, surtout ces dernierstemps, à sa juste mesure.Certes, de nombreux travauxont été lancés dans les années1970, suite aux multiplesexpérimentations menées auCanada (programme C h a l l e n g efor Change) puis en EuropeOccidentale et à la conjonctionde celles-ci avec de nouveauxparadigmes des sciencessociales articulés autour desthèmes de l’a u t o n o m i e et del ’a u t o - o r g a n i s a t i o n, thèmesabondamment repris dans lesprogrammes politiques d’unegauche à la recherche d’un nou-veau mode de socialisation poli-tique (autogestion, décentrali-sation etc.). Mais ces travaux, àpartir des années 1980, per-dent leur caractère “pionnier”de la décennie précédente, leurobjet s’étant banalisé ou ayanttout simplement disparu. En

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outre, alors que le “mouvementlocaliste” commence à s’essou-fler du fait de l’intégrationcroissante d’une démarchemarketing et managériale aufonctionnement des posteslocaux, les recherches sur cespostes tendent à perdre de leurautonomie: elles deviennent, defait, diluées au sein de réflex-ions plus générales portant surles réseaux, les territoires, lespouvoirs locaux et les NTIC.Bref, le médium local en soi estde moins en moins prisé. Ils’agit plutôt d’essayer d’évaluersa place et son rôle dans lesstratégies politiques et commu-nicationnelles des firmes et desinstitutions publiques, àl’échelle régionale, nationale,voire européene et mondiale.Sans remettre en question lapertinence de tels travaux, ilreste que ceux-ci ont élargi etinterconnecté l’objet… aurisque de le marginaliser et depasser à côté de la questionheuristique qu’avaient posé lesmédias locaux au moment deleur apparition - souvent toni-truante - dans les années 1970:à l’ère des médias de masse etdes “relations publiquesgénéralisées”(B. Miège), est-ilpossible de faire de la commu-nication a u t r e m e n t? Est-ilnotamment envisageable queles médias locaux permettentl’émergence d’espaces publicsalternatifs et indépendants deslogiques dominantes politico-médiatiques se déssinant à

l’échelle nationale et transna-tionale? Cette question, quiavait été formulée par un cher-cheur tel que Yves de La Hayedès 1978, reste d’actualité.

Nous proposons d’essayer d’yapporter une réponse (forcé-ment partielle) en choisissantun terrain d’enquête encorepeu étudié par les sciences del’information et de la communi-cation; l’Europe Centrale etOrientale, dans sa période post-c o m m u n i s t e .

Depuis la chute des régimescommunistes, les sociétés est-européenes se sont trouvéesengagées dans un processusd’explosion des communica-tions, que celles-ci soient demasse ou bien de proximité.Cette explosion est allée de pairavec des profondes mutationspolitiques, sociales et écono-miques (que l’on résume - defaçon parfois lapidaire - sous levocable de “transition”), muta-tions dont les médias ont été àla fois témoins et acteurs,comme l’atteste le cas de latélévission roumaine à compterdu 22 décembre 1989. En outre,ces médias ont suivi de près unlarge mouvement de recomposi-tion territoriale, dont certainsconflits ou tensions ethniquesont été les causes et con-séquences. Par ailleurs, lessociétés est-européennes sontdevenues, en particulier grâceà une intégration très rapide

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des NTIC, des marchés priv-ilégiés pour les firmes multina-tionales productrices de diver-tissement. La Roumanie, parexemple, est au sixième rangeuropéen en ce qui concerne lenombre de chaînes étrangères(en majorité des services com-merciaux occidentaux) reçuesdans chaque foyer (source:OMSYC, 1997). En Europe duCentre-Est, l’explosion desmédias est donc multidirection-nelle. Elle concerne tous leséchelons: local, régional,transnational voire européen(association de certains PECOà E u r o n e w s) .

Ce caractère très spécifique neva pas sans poser des prob-lèmes nouveaux. Comme l’asouligné Isabelle Pailliart:“L’ère des médias nationaux ensituation de monopole, puisl’apparition - en réaction vis-à-vis de ceux-ci - de médiaslocaux, enfin de la période con-temporaine définie par desmouvements internationauxtraduisent de façon inappro-priée les phénoménes de lacommunication à l’Est. Loin devivre successivement cesstades, les médias est-européens connaissent d emanière simultanée ces diversmouvements. La concommi-tance des événements éclairenon seulement la réalité de lacommunication à l’Est, maisconstitue une piste pertinentepour décrire les phénomènes de

communication à l ’Ouest.D’une certaine manière, lesmédias de l ’Est anticipentmême l’évolution des médiasoccidentaux, dont les stratégiesdoivent être analysées à lalumière de l’articulation entreles différents niveaux territori-aux: le local, le national, l’inter-national.” (Pailliart, 1993).

De façon à cerner encoredavantage notre objet sur unterrain au demeurant trèslarge, nous avons choisi de lerestreindre à la radio et à latélévision locales, étudiées danstrois villes (Timisoara, Cluj etBrasov) représentatives d’unerégion de la Roumanie dontl’importance symbolique estconsidérable: la Transylvaniehistorique (l’actuelle régionadministrative est plus res-treinte), zone géopolitique com-prise entre le massif des Car-pates et les actuelles frontièresoccidentales de l’Etat roumain.Il est vrai que cette région, oùse sont dévéloppés de nom-breux médias locaux depuis1990, présente deux traits car-actéristiques particulièrementstimulantes pour le chercheurintéréssé par ces médias. D’unepart, il s’agit d’un espace quin’a été intégré qu’en 1918 àl’Etat roumain, après avoirlongtemps été vasale auRoyaume de Hongrie puis étéenglobée dans l’Empire austro-hongrois. Il en résulte laprésence encore vivace d’une

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revendication identitaire qui sedéfinit le plus souvent en oppo-sition au Centre que constitueBucarest, une ville considéréeavec beaucoup de réserve parles habitants de Cluj ou de Ti-misoara. D’autre part, la Tran-sylvanie compte sur son terri-toire - depuis parfois plusieurssiècles - de nombreuses mino-rités dites “historiques” (Hon-grois, Allemands, mais aussiSerbes, Slovaques, Bulgares,Croates etc.), lesquelles n’ontpas trouvé une voie politiquesatisfaisante dans l’intégrationde la province à un Etatroumain demeuré unitaire etcentralisé dans ses structurestout au long de ce siècle. À cemodèle, une partie des élitestransylvaines en opposentaujourd’hui un autre, articuléautour des notions de cos-mopolitisme, de multicultural-isme et d’Europe des régions.Bref, leur préférence va davan-tage à un système m u l t i n a t i o n -a l (voir Pierre-Caps, 1996)plutôt que stato-national.

Une première enquête de ter-rain, réalisée en 1993 - 1994,nous avait conduit à penser queles médias locaux transylvains,qu’ils soient associatifs, éta-tiques ou commerciaux, se sontérigés en porte-paroles très act-ifs de telles revendicationsidentitaires, et ont souhaitépromouvoir des espaces decommunication autonomes parrapport aux médias nationaux

et au pouvoir central. Trois ansaprès cette première enquête, ils’agissait pour nous de validerces premiers résultats et de lesinscrire dans une réflexion plusgénérale sur le rôle que peu-vent avoir, dans des paysmoins industrialisés, les mé-dias locaux dans la constitutiond’espaces publics alternatifs àcelui des médias de masse na-tionaux, encore fortementinstrumentalisés par les pou-voirs politiques et sous l’em-prise croissant des logiqueséconomiques transnationalesqui tendent à leur échapper.

Dans le cadre de cette nouvelleenquête, nous avons tenté demobiliser, sur le plan théorique,trois traditions de recherchecommunes aux sciences de l’in-formation et de la communica-tion et aux sciences politiques:les recherches sur l’objet local etle mouvement localiste; les re-cherches sur l’espace public etsur ses reconfigurations actu-elles; enfin, les recherches surl’incidence des communicationsde masse sur cet espace public.

Les recherches sur l’objetlocal et le mouvement local-i s t e semblent aujourd’hui sousl’emprise d’un discours domi-nant dont les exagérations ris-queraient de conduire à unei m p a s s e .

Ce discours fait état d’un cer-tain d é s e n c h a n t e m e n t, voire

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d’une certaine d é f i a n c e face aulocalisme. Pour Lucien Sfez,par exemple, il a existé (et con-tinue d’exister) une véritableidéologie localiste qui a posél’objet local comme s o l u t i o n à lacrise de la représentation, maisaussi à la crise de la sociététoute entière, alors même quel’engouement pour cet objettraduisait plutôt toute unesérie de p r o b l è m e s. Ainsi, Lu-cien Sfez (1980 et 1988) voitdans le local davantage unsymptôme qu’une panacée:symptôme d’une “société éc-latée” à laquelle s’appliqueraitune “politique éclatée” ayantabandonné son recours tradi-tionnel à des macro-symbol-iques unificatrices telles que lanation, l’égalité ou l’hommep r o v i d e n t i e l .

Dans une perspective dif-férente, d’autres penseurs met-tent l’accent sur le “doubledérapage” qu’ont pu parfoisengendrer certaines tendancesdu mouvement localiste. Lapremière est celle du repli sursoi communautariste, lequelconduit à la ghettoisation et àla crispation identitaire (équa-tion “local = bocal”) par unrefus de prise en compte del’environnement. La deuxième,au contraire, consiste en ladilution du local dans desstratégies de développementqui se situent au niveau del’économie-monde, attitude quipeut le conduire à “perdre son

âme”. Ce double dérapage abien été mis en valeur parArmand Mattelart (1991):“Vient (…) le danger de selaisser enfermer dans l’enclosinternational comme d’aucuns,à l’autre bout de la chaîne, sontsusceptibles de s’emmurer dansle ghetto local. D’y succomber,on risque de souscrire à uneconception déterministe oùl’international se convertit enl’impératif. Tout comme, aupôle opposé, le repli exclusif surle périmètre local est le cheminle plus court au relativisme(…). Or, toutes ces échelles dela réalité, l’international, lelocal, le régional et le nationaln’ont de sens que si on les artic-ule entre elles, que si l’on meten relief les i n t e r a c t i o n s … ” .

Parmi ces deux risques dedérive, les chercheurs, dont cer-tains sont d’anciens “militantsdu local” des années 1970, ontsurtout insisté sur le second.Non sans une certaine luciditédésabusée, ils ont mis l’accentsur le recul de l’ “esprit pio-nnier” des origines, sur lerenoncement aux projets poli-tiques et sociétaux issus de lamouvance “alternative” et surl’intégration croissante desmédias locaux aux logiquespolitico-économiques domi-nantes à l’échelle nationalemais aussi planétaire. Pour E.De Bens (1992), par exemple,les radios locales belgesauraient renié leur idéalisme

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fondateur en accordant uneplace de plus en plus impor-tante aux ressources publici-taires, lesquelles les ont con-duit à se plier aux lois dumarché et à proposer des pro-duits de moins en moins origin-a u x .

Dans le cas des radios et télévi-sions locales françaises, nom-breux sont les études qui attes-tent le déclin ou la marginali-sation des structures commu-nautaires et associatives, auprofit de structures commer-ciales organisées en réseauxcontrolés par de puissantsgroupes financiers nationaux(câblo-opérateurs pour latélévision locale, agences depresse et autres holdingsfinanciers pour les radiosprivées réticulaires) ourégionaux (rôle croissant de laPQR dans le financement desradio-télévisions locales)…quand il ne s’agit pas de collec-tivités publiques (municipalitéssurtout) soucieuses d’avoir unecertaine influence sur l’infor-mation locale (sur ces élé-ments, voir Mabileau etTudesq, 1992).

De tels constats négatifs peu-vent difficilement être remis encause. Cependant, trop insistersur eux peut conduire à nég-liger deux faits fondamentaux.D’une part, les structures asso-ciatives, militantes et commu-nautaires ne subissent, à

l’Ouest, qu’un déclin rélatif.Beaucoup d’entre elles sepérennisent (voir Méadel,1996), alors que des nouvellesapparaissent, sous la formenotamment de différentes caté-gories de Vidéos de Pays et deQuartiers(V.D.P. : voir Pineau,1 9 9 3 ) .

D’autre part, comme le mon-trent bien les Dossiers del ’ a u d i o v i s u e l consacrés auxradios locales et aux télévisionsde proximité, i l serait peuopportun de passer sous silencele très vif succès, dans les paysde l’Est et du Sud, de ce type demédias. Dans ces pays, en effet,les médias de masse sont, soitétroitement contrôlés par lespouvoirs politiques (télévisionsdu Maghreb, par exemple), soitsous l’emprise de puissantsgroupes financiers les con-duisant à pratiquer une poli-tique éditoriale sous surveil-lance (cas de TV-Globo auBrésil). Dès lors, les médiaslocaux représentent une réellealternative, d’autant que lesstructures étatiques de cespays sont souvent encore pluscentralisés qu’en Occident. Enoutre, dans de nombreux cas,ces médias fonctionnent dansune véritable dynamiquecitoyenne: formation intégréeaux métiers de l’audiovisuel,“éducation” à l’image, servicesrendus aux populations locales,discussions interactives enpetits groupes sur des prob-

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lèmes de société etc. En outre,comme l ’ecrit Guy Pineau(1995), les échanges de pro-grammes audiovisuels locauxNord-Sud et Sud-Sud n’ontcessé de progresser depuis 20ans, grâce notamment à la con-stitution de réseaux interna-tionaux tels que Vidéo TiersMonde. Alors que le NOMICn’a pu aboutir, il est intéres-sant de constater que c’est p a rla bande , celle des médiaslocaux, que de nouvelles soli-darités audiovisuelles peuvents ’ e s q u i s s e r .

En ce qui concerne les r e c h e r -ches sur l’espace public,celles-ci apparaissent parta-gées en deux tendances, voiredeux “clans”, dont un texterécent d’Eric Neveu (1995)motre bien les limites, cellesd’une “routinisation” de la pen-sée d’Habermas.

La première tendace est celled’une critique permanentejugée par l’auteur un peu tropsystématique pour ne pas êtremenacée d’épuisement. Lesaxes principaux de cette cri-tique sont: l’idéalisation d’unâge d’or de l’espace public bour-geois; la transposition hâtived’un phénomène spécifique auXVIIIe siècle français et à sesélites; l ’exagération de la“dégénérescence” de l’espacepublic dans les sociétés mod-ernes; la survalorisation durôle aliénant des médias de

masse et la sous-estimation descapacités d’adaptation et desfonctions critiques des publics,ainsi que des potentialités derésistences des cultures localesface au divertissement-monde;enfin, une conception del’espace public perçue comme“totalisante”, car offrant peu deplace à des phénomènes“locaux” pouvant néanmoins serattacher à son socle théorique.Cet ensemble de critiques s’estrévélé très pertinent, et a con-duit d’ailleurs Habermas lui-même à réevaluer sa propreœuvre à la lumière des nou-velles recherches en communi-cation effectuées depuis 35 ans(notamment le courant des c u l -tural studies). Cependant, pré-cise Eric Neveu, à force de tropconsidérer l’espace publiccomme un objet réifié, figé, rel-evant d’un autre âge, l ’onrisque de perdre de vue cetobjet qui peut pourtant serévéler particulièrement fécondà la condition de l’i n c a r n e rdans de véritables recherchese m p i r i q u e s .

C’est précisement, semble-t-il,ce que se refuse de faire undeuxième “groupe” dechercheurs, celui des plus“habermassiens” qu’Habermaslui-même. Selon Eric Neveu,relèvent de ce registre “leslivraisons régulières de ces his-toires d’épouvante à l’usage desclercs que sont les descriptionset prophéties déprimantes sur

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les méfaits de la culturecathodique, les progrès du rela-tivisme culturel et autresdéfaites de la pensée”. Ainsi,“la banalisation des thèsesd’Habermas dans une vulgateréductrice, encore aggravée parles interférences entre certainsthèmes de l’œuvre et lespréjugés aristocratiques desintellectuels face à la culture demasse, menace aussi de réduirecette contribution à l’état desens commun savant”. A tropvouloir exgérer le “dépérisse-ment” de l’espace public, onrisque de “rendre tellement évi-dents et indiscutables lescadres analytiques du modèlequ’ils finissent un impensé,invisible et par là préservé detoute critique”… mais aussid’aller à l’encontre d’un auteurmajeur qui a su faire évoluer sapensée, la nourissant de contri-butions inspirées par les dif-férents paradigmes des sci-ences sociales apparus depuisles années 1960 (voir le texted’Habermas “L’espace public,trente ans après”, paru dans larevue Q u a d e r n i no 18).

Pour Eric Neveu, une telle“double routinisation” estnéfaste, car elle peut conduireà un épuisement des réflexionssur un objet qui demeure, selonlui, toujours d’actualité. Aussipropose-t-il un véritable “pro-gramme de recherchesempiriques” relatif aux mani-festations contemporaines d’un

espace public recomposé et àl’emergence de nouvelles for-mes de publicité, rejoignant-làune préoccupation chère àLouis Quéré, lequel incite leschercheurs à cesser de consid-érer l’espace public comme uncadre épistémologique indé-passable et à utiliser ce conceptcomme “un modèle praxéolo-gique et procédural de la com-munication” pouvant donnerlieu à des approches anthro-pologiques sur un terraindonné. Il s’agit de “redonnerson importance à la dimensionscénique de la constructiond’un monde commun et de lacoordination de l’action”(Quéré,1992). Toujours selon ErikNeveu, il serait désormaisopportun d’explorer (ou de con-tinuer d’explorer) des champstels que la frontière espacepublic/espace privé, les nou-veaux répertoires de la parolepublique, mais aussi la notion,qui nous concerne au premierchef, d’“espaces publics par-tiels et pluriels” tels quel’entreprise ou… les médias deproximité. Cette démarche per-met de rompre avec une con-ception trop globale et unitairede l’espace public, tout enrenouvelant par son inscriptiondans le concret la recherche surce concept.

Enfin, les recherches surl’influence des médias surl’espace public voient leurchamp structuré par trois para-

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digmes dominants.

La thèse que l’on pourraitappeler d i f f u s i o n i s t e d o n n eun rôle peu actif, voire passifaux médias de masse. Dans saversion radicale, inspirée parles sociologies individualistes(voir Balle et Padioleau, 1973),le médium est réduit à unefonction d’intermédiaire neutrequi n’exerce pas d’influence entant que tel, mais se trans-forme en ce que les individus-acteurs souhaitent afin de max-imiser leur bien-être. Il s’agitdonc d’un témoin, d’un miroir.Ce témoin, dans une versionplus modérée d’inspirationfonctionnaliste, peut égalementaccomplir un rôle de diffuseurdes paroles, des idées, de la cul-ture. Cependant, cette diffusionn’est possible que si la sociétéet ses acteurs sont disposés à larecevoir et surtout y trouventun intérêt. Autrement dit, en cequi concerne la sphèrepublique, les médias ne con-tribuent à son apparition et àson extension que si un certainnombre de conditions préal-ables, d’ordre anthropologiqueet culturel, sont réunies. Toutau plus, les médias diffusent-ilsles opinions et les publicisent-ils, mais ils n’en sont pas àl’origine. Il convient donc, dansla perspective diffusioniste, derelativiser l’influence desmédias sur la sphère publique.

A l’opposé de ces conceptions se

trouvent celles qui surval-orisent cette influence: il s’agitdes thèses i n s t r u m e n t a l i s t e s .L’ouvrage de Paul Beaud, L asociété de connivence. Média,médiation et classes sociales(1984) reste l’un des exemplesles plus significatifs de la pen-sée critique. L’auteur y dénonce“la colonisation de l’espace pub-lic” par les médias de masse:non seulement ceux-ci ne per-mettraient pas le développe-ment de l’espace public, maissourtout ils constitueraient leprincipal obstacle contempo-rain à la formation et à la con-frontation publique des opin-ions. Il s’agit, dans cette tradi-tion, de mettre en valeur “l’em-prise de la communication” (ti-tre d’un ouvrage collectif paruen France il y a deux ans) surl’espace public et de critiquer lasurvalorisation d’une notiontelle que l’ “opinion publique”,laquelle profiterait avant tout àun champ politico-médiatiquedominant soucieux s’assurer sareproduction (voir Champagne,1990 et Moeglin, 1993).

Au regard de ces deux concep-tions opposées, des auteurscomme Dominique Wolton(1983 et 1989) semblent adop-ter une voie moyenne, celle dela r e c o m p o s i t i o n . Selon cetauteur, les médias, et surtoutla télévision, ne sont pas seule-ment de simples diffuseurs. Ilscontribuent activement à lacroissance quantitative et qual-

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itative du lien social, des dis-cussions pratiques et de lasphère publique… à conditiontoutefois de ne pas occuper uneplace trop importante au seinde celle-ci et de ne pas provo-quer sa f r a g m e n t a t i o n par desstratégies trop localisées (cri-tiques de la télévison théma-tique). Bref, les médias se-raient des co-constructeurs ouco-destructeurs d’une sphèrepublique qui se développeraitou se rétrécirait avec ou sanseux. Ils participent à l’atomisa-tion du social en même tempsqu’ils la reflètent et l’atténuent.

Proposant une synthèse de cespositions diverses, BernardMiège (1995) présente le nouvelespace public comme “ p e r p é -tué, élargi et fragmenté” p a rles communications de masse.

Qu’en est-il cependant pour lesmédias dits “de proximité” ? Ilsemblerait en fait que l’onretrouve un débat fort similaireà celui sur les médias dem a s s e .

D’une part, certains chercheursconsidèrent que les médias deproximité n’offrent pas deréelle alternative aux médiasde masse (voir la critique dePierre Musso - 1991 - sur unetélévision régionale qui, selonlui, “n’existe pas” en tant quetelle, car ses programmes sontceux d’une “chaîne généralisteen modèle reduit”) et se servent

du local comme “prétexte” à desstratégies de développementpolitico-commerciales (voirl’etude de Robert Boure - 1992 -sur TéléToulouse, dont la pro-duction propre est très res-treinte). Dès lors que ces mé-dias ne proposent pas une n o u -velle façon de communiquer, onpeut penser légitimement qu’ilsne font que contribuer à unefragmentation accrue del’espace public sans pourautant permettre une recompo-sition par la constitution d’es-paces publics spécifiques.

D’autre part, on peut considér-er, au contraire, que les médiaslocaux sont des objets priv-ilégiés de construction et depromotion d’espaces publics“partiels et pluriels” (E. Ne-veu). Cette voie a été notam-ment empruntée par LaurenceAllard (1992), qui insiste sur lerôle spécifique des expériencesde télévisions amateurs (ouV.P.Q.). Selon elle, ces expéri-ences “militent pour un élar-gisement du montrable et dudicible dans le médium télévi-suel par l’intégration de la thé-matique de l’intimité et du quo-tidien, de la vie associative desvilles et des quartiers. Réalisésavec la participation de ceuxqui les reçoivent, les pro-grammes de ces télévisions (…)font pénétrer le spectateurdans la forme télévisuelle, pro-duisant une redéfinition del’opposition entre amateurs et

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professionnels dans l’audivi-suel. Ainsi, tirant leurs forcesdes ressources du monde veçu(…), ces expériences nous sem-blent participer à la formationde ces institutions capables delimiter la logique (…) économi-co-administrative qui finit pargouverner l’espace public (…)des télévisions nationales”.Cette position a le mérite d’êtreclaire: dans certains cas, lesmédias locaux peuvent permet-tre la formation d’“espacespublics autonomes”. En réalité,tout dépend de la c a t é g o r i e d emédium local que l’on consid-è r e .

Comme l’écrit Jean-PaulLafrance (1990): “les télévi-sions locales ne sont pas e ns o i une alternative à latélévision de masse (…); iln’y a pas u n e télévision lo-cale, mais d e s t é l é v i s i o n sl o c a l e s ” . Cette affirmationconstitue notre premièrehypothèse de travail, à laquelleest associée une seconde hypo-thèse: l’incidence des médiaslocaux sur l’espace publicest indissociable du terri-toire et du contexte socio-politique dans lequel cesmédias exercent leur activ-i t é . Nous pensons que l’exem-ple des radios et télévisionslocales de Transylvanie peutconduire à valider sans trop dedifficultés ces deux hypothèses.

La méthodologie que nous

avons utilisée est celle del’entretien semi-directif centréeffectué auprès d’une douzainede responsables de postes deradio et télévisions locales dansles villes de Timisoara, Cluj etBrasov. Cette démarche vise àdéfricher le terrain, mais ellene constitue pas pour nous unidéal. Eu égard à notre problé-matique, il nous semble queserait davantage pertinenteune série d’ethnographies desrédactions et des audiences,mais aussi d’analyses de con-tenu approfondies des pro-grammes locaux. N’ayant pasencore eu les possibilitésmatérielles de mener à bien detelles enquêtes, nous espéronspouvoir le faire ultérieurementdans le cadre d’un programmede recherches spécifique.

La présentation qui suit est arti-culée en deux moments: le pre-mier met en valeur la trèsgrande hétérogénéité des pra-tiques médiatiques locales enTransylvanie, hétérogénéité quiinterdit toute appréciation glo-balisante sur l’impact social deces pratiques; le deuxième tentecependant de préciser les ca-ractéristiques d’un modèle do-minant, post-communiste en gé-néral et transylvain en particuli-er, de médium local. Selon nous,ce modèle demeure encore àl’écart de l’ “internationale pub-licitaire” (A. Mattelart) et sonincidence sur l ’espace publicmérite d’être davantage évaluée.

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Le foisonnement hétéroclitedes médias audiovisuelslocaux transylvains

P O U R reprendre les proposde Jean-Paul Lafrance

(1990), l’un des observateursles plus assidus des télévisionslocales depuis vingt ans: “Ceque montrent les tentatives deces télévisions, c ’est qu’iln’existe pas une, mais bienplusieurs conceptions du local.Leur pluralité résulte aussibien de la simple réalité géo-graphique, que des multiplesapproches choissies pour inve-stir le local. (…) Pour certains,c’est un canal qui montre unlieu défini socialement et éco-nomiquement; pour d’autres,c’est une sorte de club des priv-ilégié qui sont abonnés aucâble…”, etc. Selon l’auteur, cequi caractérise avant toutechose les télévisions localesouest-européennes, c’est l’hété-rogénéité de leurs formes.

En Europe du Centre-Est, il enest également ainsi depuis lachute du communisme. L’exem-ple de la Transylvanie l’attestesans aucun doute. Les formesest-européennes de radio-télévision locale sont d’ailleurstrès largement inspirés demodèles existant déjà à l’Ouest.La typologie élaborée enFrance par l’instance de régula-tion se révèle d’ailleurs trèsopératoire. Sur le territoire

transylvain, on peut distinguer:

- des services locaux associatifset communautaires, largementsubventionnés par les pouvoirspublics, à l’image de la radio-télévision RTVA, à Arad,soutenue financièrement par lamunicipalité et la préfecture dudépartement, mais aussi desstudios-écoles de télévisionsdes Universités Techniques deCluj et de Timisoara,

- des services locaux commerci-aux n’appartenant pas à unréseau national, tels que lespostes de radio Transilvania àBrasov ou Sonic à Cluj, et lestélévisions P+, TVT (Brasov),TVT ‘89 (Timisoara), RTO(Oradea) ou RTS (Sibiu), maisaussi des postes locaux ne dif-fusant que sur des réseauxcâblés municipaux (c’est le casd’Analog à Timisoara),

- des services locaux commerci-aux franchisés ou intégrés à unréseau national de diffusion,mais développant des produc-tions propres à l’échelle locale.Les réseaux les mieux implan-tés en Transylvanie sontMediaPro (Cluj, Brasov etOradea), Europa Nova (Timi-soara, Lugoj, Cluj), Antena 1(Miercurea Ciuc, Sibiu, Sinaia,Tirgu-Mures) et même R.T.I.(Cluj, Sinaia et Tirgu-Mures).Notons par ailleurs l’existencede deux réseaux régionaux,spécifiquement transylvains,

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de télévisions hertziennes. Ils’agit de S.I.C.A. TV (distribuédans les villes d’Aiud, AlbaIulia, Hunedoara, Satu Mare,Turda) et Cinemar (Baia Mare,Sighet, Cluj, et Sibiu). En cequi concerne les réseauxnationaux spécifiques à laradio, remarquons l’assise ter-ritoriale de groupes tels queRadio XXI (Bistrita, Aiud,Deva, Miercurea Ciuc et Sina-ia), Contact et Uniplus (Cluj etSibiu) ou Vocea Evangheliei(“La voix de l’Evangile”), réseauconfessionnel protestanteprésent dans plusieurs villestransylvaines, dont Cluj etT i m i s o a r a ,

- des services nationaux ayantun décrochage local, voirerégional. Cette dernière caté-gorie relève - pour reprendre ladistinction de Pierre Musso(1991) - de la télévision-f e n ê t r esur le local, alors que les troispremières relèvent de la télévi-s i o n -m i r o i r du local. En Tran-sylvanie, il s’agit des “studiosterritoriaux” de Cluj et deTimisoara, studios organique-ment rattachés à la radiotélévi-sion nationale, la RTVR (RadioTélévision de Roumanie). Cesstudios produisent des émis-sions spécifiquement “régio-nales” (ce sont les seules à lefaire, car les postes privés tran-sylvains se cantonnent à unecouverture infrarégionale) quiont la particularité de pouvoirêtre regardées (en ce qui con-

cerne la télévision) sur tout leterritoire national, dans lamesure où elles sont diffusées,lors de créneaux horaires spéci-fiques, sur les programmesnationaux TVR1 et TVR2. Defait, ces studios sont à la fois“miroirs” et “fenêtres”. A la dif-ference d’un téléspectateurparisien de FR3, qui n’a pasaccès aux programmes locauxproduits à Marseille, letéléspectateur de Bucarest peutregarder des émissions conçueslocalement à Timisoara ou àC l u j .

A cette première typologie,élaborée en fonction du critèredu s t a t u t des différents postes,il nous semble possible de met-tre en avant deux autrest y p o l o g i e s .

La première a trait au f o r m a tdes emissions alors que lespostes relevant de la troisièmecatégorie privilégient le célèbremusic and news calqué sur lesformats commerciaux occiden-taux (en particulier les radiostelles que Contact, ProFM ouUniplus) et s’adressent essen-tiellement à un public jeune eturbain, ceux de la première,deuxième et quatrième caté-gorie adoptent un format géné-raliste, tous publics. Au sein decette bipartition sommaire, onpeut toutefois trouver desnuances. Par exemple, les pos-tes publics de la quatrièmmecatégorie accordent une place

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préponderante aux activitésculturelles, tandis que ceux dela première catégorie valorisentavant tout l’information locale.En outre, tous les postes rac-cordés à un réseau national nese limitent pas à l’information /divertissement: certains,comme Europa Nova, ont ten-dance à devenir généralistes,tandis que d’autres, comme “Lavoix de l’Évangile”, ont unevocation communautaire affir-m é e .

La deuxième typologie envis-ageable concerne la part deproduction propre dans la pro-grammation. Pour les postes dela première et quatrième caté-gorie (soutenus financièrementpar des institutions publiques),cette part reste largementmajoritaire. Pour les postescommerciaux indépendants dela deuxième catégorie, elle n’estque faiblement majoritaire, lesmarchés publiciatires locauxdemeurant très étroits et cloi-sonnés. Enfin, pour les postesde la troisième catégorie, cettepart est, soit minoritaire(l’appartenance à un réseauimplique une prépondérencedes programmes nationauxfournis par ce réseau, à l’excep-tion des news locales), soitinexistente dans la mesure oùde nombreuses stations affil-iées n’ont pas encore commencéla diffusion des programmesd’information locales et se con-tentent d’une fréquence hertzi-

enne permettant aux habitantsde certaines villes de recevoirdes programmes conçus àB u c a r e s t .

A l’issue de ce premier panora-ma, on constate à quel point ilest difficile de porter uneappréciation globale des radio-télévisions locales transyl-vaines. A priori, on pourraitpenser que seuls les postes dela première et la deuxièmecatégorie proposent une pro-grammation réellement a l t e r -n a t i v e à celle des médias na-tionaux. Mais là, encore, laréalité est plus complexe.Parmis les postes des deux pre-mières catégories, certains secontentent d’une programma-tion bien routinière qui repro-duit en modèle réduit les for-mats nationaux, tandis que cer-tains postes des deux dernièrescatégories, en dépit de leuraffiliation à un réseau ou deleur dépendance par rapport aupouvoir politique, n’hésitentpas à proposer des formulestrès innovantes par rapport àune programmation nationaledont le double défaut majeurest, soit de reproduire l’ancienmodèle autoritaire-paternalistede télévision, soit de “calquer”dans la précipitation les for-mats commerciaux occidentauxsans se préoccuper des audi-ences locales.

Aussi croyons-nous importantde dépasser ces divers typolo-

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gies et d’essayer de présenterun certain nombre de carac-téristiques communes aux dif-férents postes. C’est d’ailleursdans ces caractéristiques querésident la spécificité d’un mod-èle est-éuropéen, ici transyl-vain, de radio-télévision locale.

A la recherche d’un modèleterritorialisé de médiumaudiovisuel local

S U I T E à une première syn-thèse de notre enquête, il

nous a semblé pouvoir faireressortir trois traits communsaux radio-télévisions transyl-vaines. Les deux premièrs (mil-itantisme amateur et militan-tisme du local) sont propres àdes nombreux médias de prox-imité est-européens, et ilss’expliquent par le contextesocio-politique spécifique del’Europe post-communiste. Letroisième trait (le militantismemulticulturaliste) concernedavantage les médias implan-tés sur le territoire deTransylvanie, où une identitérégionale et européenne trans-frontière apparaît valorisée parces médias.

Le militantisme amateur(qui s’apparente plutôt à dusemi-professionnalisme) de lamajorité du personnel desradio-télévisions locales rou-maines nous avait été révelépar une enquête réalisée en

1994 et publiée dans la revueThe Global Network ( P é l i s s i e r ,1995). Ses résultats sont trèss i g n i f i c a t i f s .

La durée moyenne des expéri-ences dans l’audiovisuel localest de quatre ans, ce qui tend àconfirmer l’idée que la majoritédu personnel a choisi ce secteurd’activité à la suite de lat é l é r é v o l u t i o n. Dans la plupartde cas, cette durée varie entretrois mois et quatre ans. Seuleune minorité plutôt âgée (quar-ante ans et plus) et très local-isée (dans les postes de latroisième et quatrième caté-gorie, notamment ) a aquis sonexpérience durant l’époquecommuniste. D’une manièregénérale, la majorité des per-sonnes intérogées (60 %) ontdécouvert et se sont formés auxmétiers de l’audiovisuel au seinmême de la télévision à laque-lle ils appartenaient au mo-ment de l’enquête.

Le cas idéal-typique de la f o r -mation maison est donc majori-taire. Cela dit, ces personnesn’occupent leur fonction actu-elle que depuis un an et demien moyenne, alors que leurprésence au sein du poste estbien plus ancienne, ce qui ten-drait à prouver que les fonc-tions sont é v o l u t i v e s d e p u i s1990 au sein du même poste: sile noyau dur des membres fon-dateurs tend à se maintenir,leurs rôles changent au fur et à

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mesure que la télévision accroîtsa taille et ses missions. Enfin,notons que 56% des personnesinterrogées ont été formées pro-fessionnellement dans unsecteur autre que l’audiovisuel.Pour ces personnes, la “révolu-tion “ de décembre 1989 aprovoqué une grande rupture,celle du changement de car-rière. Il n’est donc pas étonnantque près de 64% des interrogésse sentent “insuffisament pré -parés” ou “pas préparés dut o u t ” à exercer les fonctionsqu’ils occupent actuellement.Cette remarque est encore plusévidente pour les petites unitésindépendantes créées après1992, telles que P + ou S o n i cR a d i o .

Dans un tel cotexte de semi-professionalisme, la référence àla passion du métier et à l’util-ité sociale de la radiotélévisionsont très fréquentes. Ces pointsforts compensent des salairesde stricte subsistence et unrythme de travail très soutenu,parfois très difficile à support-er. Concrètement, travaillerdans un média local n’est pas,sauf pour certaines élitesdirigeantes, un moyen d’enri-chissement personnel, maisplutôt comme celui d’apprendreun métier, de rendre un serviceà une population locale etd’exercer une fonction socialebénéficiant encore d’un fortcapital de prestige. Comme lerésume une personne inter-

rogée: “nous ne sommes paspréparés pour ce métier, nousgagnons peu, nous travaillonsdans des conditions difficiles,mais ce qui compte c’est l’aven -ture et l’esprit d’équipe, la réali -sation d’un projet collectif”. I lest à noter que même certainspostes affiliés à un réseaunational commercial tend àvaloriser ce discours.

La seconde caractéristique desradiotélévisions locales transyl-vaines que nous souhaiterionsmettre en valeur est une cer-taine forme de m i l i t a n t i s m el o c a l i s t e . Dans les régimescommunistes, le centralismeetait tellement exacerbé que lessociétés post-communistes sontdevenues, selon l’expression dePatrick Michel, “orphélines duC e n t r e ” . Pour des sociétés oùl’Etat-Parti n’est plus le guidesuprême de la vie quotidienne,l’objet local vient à pointnommé combler le vide laissébéant par cette disparition etfournir des nouveaux modes dereprésentation venant d’en bas.Dans le cas de la Roumanie, ladémocratisation par le bas e s tune revendication on ne peutplus actuelle (voir Sandu,1995). Ce constat se révèle par-ticulièrement significatif dansle domaine de la communica-tion de masse. Avant 1989, laT.V.R. n’offre aux téléspecta-teurs que la mise en scène d’uncentre tout-puissant qui ignorela périphérie: le local n’était

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présenté à la télévision quelorsqu’il sert de prétexte à laglorification du C o n d u c a t o r o ud’une grande réalisation dur é g i m e . La chaîne d’Etat pos-sède bien des “studios territori -a u x ” , mais ces unités ne dis-posent d’aucune autonomie etconstituent des parties inté-grantes du dispositif général det é l é - p r o p a g a n d a .

Dans le contexte post-commu-niste, le local revêt une impor-tance toute particulière: ilreprésente le moyen principalpar lequel la société va essayerde s’émanciper par rapport aucentre que représente l’Etat.De fait, depuis quatre ans, leprogramme a caractère locals’adressant à des communautésparticulières distinctes de lacollectivité nationale n’ontcessé d’être produits par lestélévisions roumaines. Ces pro-grammes ont la spécificité demettre en scène des événe-ments locaux qui ne fontpresque jamais référence aucentre, c’est-à-dire Bucarest,sauf lorsque ce centre interagitavec le local. Mais lesradiotélévisions de proximiténe se contentent pas de refléterle local. Elles produisent égale-ment un discours sur l’objetlocal et participent ainsi, à leurmanière, à sa construction.Elles contribuent à définir denouveaux modes d’identifica-tion qui n’ont plus l’Etat-Nation pour référence.

Cette notable évolution dans lepaysage audiovisuel roumainprocède de facteurs internes.Au premier rang de ces fac-teurs, on retrouve une fortedemande sociale d’identifica-tion locale (mesurée parquelques sondages locaux réal-isés par les postes les plusavancés dans leur stratégie dem a r k e t i n g) mais aussi l’absencede portée réelle du principed ’autonomie locale p r o c l a m épar la constitution de 1991 etles textes législatifs de 1992(voir Pirvulescu, 1995). Dans lapratique, les collectivités lo-cales roumaines (municipalitéet départements) ne parvien-nent pas à gagner une réelleautonomie, ce que prouvent lesnombreuses destitutions demaires par le pouvoir centralau cours de l’année 1994. Enoutre, ces collectivités sont par-faitement opaques, ne commu-niquent que rarement avec lescitoyens et ne contribuent quefaiblement à un travail de pro-motion du local.

Dans un contexte politico-administratif ainsi figé, lesmédias sont devenus les princi-paux “bâtisseurs de local” enRoumanie. Les élites média-tiques transylvaines tendentd’ailleurs à se ranger dans lacatégorie, dominante dans lesannés 1970 en France, des mili-tants du localisme. En témoi-gnent les discours tenus pardes directeurs de chaînes qui

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ont participé à notre enquête:

“La dimmension locale estl’aspect essentiel qui nousdistingue de la télé visionnationale. Notre créneau,c’est le local. Nous créonsnos propres personnespubliques locales, bien dif -ferentes des personnespubliques nationales. (…)Quand on regarde un pro -gramme national, on sentune grande distance entrel’événement et soi même. Or,cette distance est abolie parla télévision locale.(…) Latélévision de proximité estplus proche du citoyen, ellelui permet de mieux se sentirr e p r é s e n t é ”

“Notre objectif est de mieuxfaire connaître les institu -tions locales post-révolution -naires, souvent inconnuesdu public parce qu’elles sonttrès opaques.(…) Nousvoulons aussi faire connaîtreaux habitants de Brasovl’histoire de leur ville pourarriver à faire naître uneidentité locale commune ausein d’une population com -p o s i t e ( … ) .

Ces déclarations associentfortement à l’idée de local celle,plus occidentale, de p r o x i m i t é .Les directeurs interrogés priv-ilégient un style de relationavec le public fondé avant toutsur l’échange, la convivialité,

l’interactivité, et non sur lahiérarchie et l’autorité didac-tique (style particulier à latélévision centrale T . V . R ) . Laprésence du terme p r o x i m i t édans les discours institution-nels n’est pas neutre: elle signi-fie à quel point les citoyensroumains se trouvent aujour-d’hui dépourvus d’échelons dereprésentation efficaces etlégitimes. Elle révèle aussi lemanque de confiance de la pop-ulation en ses institutionslocales politiques et adminis-tratives, institutions qui n’ontpas encore subi la doubleépreuve de la descentralisationeffective et de la transparencea d m i n i s t r a t i v e .

Il reste à recenser les dif-férentes techniques de médiati-sation de l’objet local par lestélévisions. Une analyse d’en-semble des grilles de program-me de dix postes locaux nouspermet de mettre en évidenceles genres suivants:

- les actualités localesdemeurent le temps forte,d’ailleurs privilégié par le pub-lic, de la mise en scène télévi-suelle de la vie locale. Si cer-tains postes limitent le contenude leurs journaux télévisés auxinformations locales, d’autres,tels que Europa Nova, c h e r-chent plutôt à articuler le localautour du national et de l’inter-national. Les actualités localesreprésentent le lieux par excel-

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lence de production des é v é n e -ments locaux politiques, soci-aux, économiques ou culturels.La caractéristique principalede ces événements est qu’ils neconcernent qu’une catégoriebien précise de population. Deplus en plus, les journalisteslocaux tendent à pratiquer ledirect. Le responsable de S o n i cR a d i o se flatte même du faitque son poste puisse retrans-mettre en temps réel un événe-ment important qui se pas-serait à Cluj.

- l’information institution-nelle locale reste une original-ité du secteur privé roumain.Régulièrement, T.V.T. 1accorde une tribune d’expres-sion à la police, à la mairie, à lapréfecture et aux hôpitaux deTimisoara. Quant à la T . V . T .8 9, son emission “La policevous informe” recense, parfoisavec ironie, les incidents aux-quels ont été confrontés lespoliciers d’un secteur pendantune semaine. Toute la p a r tm a u d i t e d’une ville se trouveainsi brutalement révélée à seshabitants: vols, meurtres, déli-quance, prostitution, scandales,etc. La télévision P + va ecoreplus loin: elle offre l’occasionquotidienne aux représentantsdes administrations locales des’exprimer pendant cinq min-utes devant un journaliste. Ledirecteur de ce poste juge que“les administrations localesutilisent la télévision à défaut

d’avoir un budget de communi -cation institutionnelle”. Q u a n tà la Radio-Timisoara, elleconçoit des émissions destinéesà poser “des questions destabil-isants” aux responsables d’ins-titutions locales.

- les forums locaux, q u ivisent, selon les responsables, àcréer des lieux de dialogue s u rdes thèmes d’intérêt exclusive-ment local et qui concernent lavie quotidienne: logement,enlévement des ordures,queues devant les magasinesd’Etat, cohabitation avec lesTziganes etc. Bien souvent , cesdébats revêtent un caractèrepolitique et servent de forumsaux élus locaux. Leur mise enscène n’est guère plusattrayante que celle de laT . V . R . , mais leur tonalitéd’ensemble est beaucoup moinssolennelle, ce que confirme lesuccès des débats téléviséslocaux auprès des élus quenous avons interrogés. Parexemple, l’emission de P + i n t i t-ulée “Nos parlementaires braso -v i e n s ” se préoccupe de savoir siles intérêts de la ville deBrasov sont bien représentésau Parlement national.

- les émissions identitairesfigurent avec la plus grandeconstance dans la programma-tion locale. Il s’agit pour leursconcepteurs de mettre en évi-dence les spécifités musicalesvoire culturelles de chacune des

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composantes d’un sous-ensem-ble régional. Sont valorisés parces programmes les différentsrituels (vestimentaires, culi-naires, magico-réligieux, archi-tecturaux et bien sûr artis-tiques) pratiqués à un niveaumicro-local, le plus souventcelui du village.

- les émissions éducatives,souvent voisines de celles quiproposent la T . V . R ., ont la par-ticularité dans certains cas dese substituer à une écoleactuellement en crise. Le pro-gramme “P+ École” , par exem-ple, se veut “destiné aux lycéensdéfavorisés de Brasov qui n’ontpas la chance d’avoir tous lesmanuels scolaires”. Le posteinvite dans ce cadre des pro-fesseurs à venir faire cours endirect à la télévision à desmoments où les lycéens ne sontpas présents dans leur étab-lissement. On retrouve ici unecaractéristique propre à denombreuses radio-télévisionsamateurs du Tiers-Monde(Inde, Argentine…), dont l’unedes missions est l’interventioné d u c a t i v e .

- les documentaires ( é c o n o-miques, sociaux ou culturels)ont pour vocation de renseignerles habitants d’un lieu donnésur la situation de leur ville oude leur sous-ensemble localdans des différents domainesd’activité. Les “ d o c u m e n t a i r e ss o c i a u x ” de R.T.V.A. évoquent

les problèmes de la vie quotidi-enne dans les différentsquartiers de la ville: transportsen commun, enlèvement desordures ménagères, état deseaux, dysfonctionnement hospi-taliers etc. L’emission “ B u s -iness Service” de la télévisionP + se concentre plutôt sur lesdifficultés rencontrées par lesnouveaux managers de la villede Brasov. Quant à E u r o p aN o v a , ses documentaires cul-turels visent à valoriser le pat-rimoine de Banat en incitantles téléspectateurs à redécou-vrir leur culture locale.

- les informations utilitairesoccupent une place de plus enplus importante dans l’agendades médias roumains, lesquelstend à se transformer enmanuels de survie en temps detransition. Prix du pain ou dela viande dans les magasinsd’Etat comme dans les épi-ceries turques ou syriennes,cours des devises au changeofficiel comme au marché noir,horaires officiels et officieuxd’ouverture et de fermeture desboutiques constituent l’essen-tiel des renseignements dif-fusés par l’émission “ I n f o t e x t ”de la télévision P +.

- l’intervention locale est deplus en plus pratiquée - le con-texte actuel de crise écono-mique l’explique très bien - pardes médias qui ne souhaitentpas se limiter à une fonction de

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témoin ou de miroir. Souvent,les téléspectateurs se serventde tribunes audiovisuellesinteractives pour demander àla radiotélévision d’agir en leurfaveur auprès des autorités.C’est ainsi que la T.V.T. 89 aété amenée à faire pression surl’administration locale pourrétablir l’eau ou le chauffagedans certains immeubles deTimisoara. Radio-Timisoaraenvoie presque quotidien-nement ses reporters auprèsdes institutions muncipales etdépartamentales afin de “fairepression” pour obtenir d’ellesdes réalisations aussi concrètesque la construction d’unecrevasse sur la voie publique,l’atribution d’une allocation àune personne vivant d’une situ-ation désespérée etc.

Enfin, une troisième caractéris-tique, plus spécifiquementtransylvaine, est la v a l o r i s a -tion du multiculturalismepar les radiotélévisions locales,un multiculturalisme partic-ulièrement mutilé au cours dela période communiste.

En premier lieu, ces médias (enparticulier ceux de la premièreet la quatrièmme catégorie)développent un certain nombred’émisions en langues minori-taires. Celles-ci acquièrentd’autant plus de crédit quecelles réalisées par la télévisioncentrale sont en train, de l’avismême d’organisations repré-

sentatives de minorités, de secantonner à une vocation pure-ment folklorique. Souvent, cesprogrammes locaux sont imag-inés par une minorité, pour uneminorité et mettent en scènetoujours la même minorité.

En seconde lieu, notre enquêtemontre plutôt que les élitesmédiatiques locales tendent àrefuser la ghettoisation et val-orisent le territoire, l’espacetransylvain comme ayant tou-jours été propice à la cohabita-tion pacifique entre diversesminorités. Nombreuses sont lesréférences à l ’Europe, uneEurope conçue avant toutcomme “transrégionale”et“ouverte”. Pour certains en-quêtés, l’esprit transylvain,c’est depuis plusieurs sièclesl’”esprit européen avant la let-tre”. “Les européens de l’ouestferaient bien de prendre exem-ple sur nous”, nous affirme undirecteur de poste, avant derajouter: “Nos émissionsessayent d’être le reflet de lamosaique ethnique et linguis-tique de la région”. En collabo-rant avec des télévisions serbes(TV-Novi-Sad) ou hongroises(TV-Szegzed) sans passer parl’intermédiaire de Bucarest, lesradios et télévisions deTimisoara affirment un terri-toire qui transcende les fron-tières de l’Etat-nation et quiimite des exemples donnésdepuis quelques années par destélévisions occidentales qui ont

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joué la carte transrégionale(France 3 avec des télévisionslocales espagnoles, italiennes,suisses etc.)

Conclusion: des espacespublics autonomes?

E U égard aux caractéris-tiques qui viennent d’être

énoncées, il nous semble queradios et télévisions localestransylvaines parviennent,dans leur majorité, à éviter lesdeux écueils soulignés parArmand Mattelart, à savoirl’enfermement du local sur soi-même et, à l’inverse, la dillu-tion du local dans l’économiepublicitaire de la communica-tion-monde. Bref, le modèle dumédium de proximité, alter-natif au médium de masse,tende pour le moment à pré-dominer sur un modéled’emprise du local par l’”inter-nationale publicitaire”. Il resteencore à évaluer, une fois lesconditions passées de l’élar-gissement de l’espace publicpar les stratégies médiatiquesinfra-nationales, la manièredont se constituent concrète-ment sur le terrain, les dif-férents médiations permettantl’émergence et la constructiond’espaces publics autonomes .Nous n’avons donc fourniqu’une réponse partielle ànotre question centrale, et nouspensons que seules des mono-graphies approfondies réalisées

ultérieurement peuvent fournirdes éléments précis rélatifs à laproblématique du “comment?”

La spécificité actuelle desradiotélévisions locales transyl-vaines va-t-elle perdurer?Certains résultats de notreenquête et d’observateurslocaux permettent d’en douter.Ainsi, la professionalisationcroissante des acteurs média-tiques, le développement, lentmais régulier, des marchéspublicitaires locaux, l’adoptiond’une loi sur les droits d’auteurempêchent les postes locaux dediffuser grandement du diver-tissement bon marché, la con-stitution à l’échelle de tout leterritoire de réseaux nationauxcontrôlés par de puissantsgroupes financiers susceptiblesde faire pression sur les postesles moins indépendants finan-ciérement, l’ensemble de cesfacteurs incitent à croire à une“normalisation”, une standardi-sation future des espaces médi-atiques locaux en Transylvaniecomme ailleurs en Europe.

Cette nouvelle évolution estpossible, mais elle n’est pas cer-taine. Surtout si l’on prend encompte le fait que, comme nousl’avons souligné dans une con-tribution précédente, la com-munication alternative de prox-imité a été une particularitéréelle des sociétés soviétiséesdont l’espace public nationalétait captif de l’Etat-parti.

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L’actuel engouement pour le“local” ne résulte-t-il pas, dansune continuité avec la périodeprécédente, de l’existence des“formes résiduelles de public-i t é ” ?

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TH E i m p a c t sof the massmedia dur-ing sociald i s t u r b a n c e

and clashes seem to bean important dimensionof the freedoms andresponsibilities theytake. The dramaticevents of mass protestsand the siege of theBulgarian Parliament inJanuary 1997 provide atelling example of howthe state controlled me-dia can be roughly silen-ced by their gatekeepers,and to what extent pri-

vate radio broadcasts canaccelerate gatheringwaves of social discon-tent. Thus, it givesgrounds to consider, andeventually reevaluatethe role of the “partici-pant broadcastmedia” in ex-treme situationsof political com-m u n i c a t i o n .

The instanceslike the televisedrevolution in Ro-mania (Gross, 1)and the catalystrole of the Bel-

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BulgarianIndependent Radio

Gains Audiencein a Troubled

Social Environment

BY TODOR PETEV

Dr. TODOR PETEVis Associate Professor

at the Faculty ofJournalism and Mass

Communication,Sofia University,head of UNESCO

Chair ofCommunication and

Public Relations,member of the

ORBICOM.

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grade “Radio B-92” are stillwith us: the electronic mediatend to take part - as instru-ment and as agents of change(Jakubowicz, 2) - in crucial soci-etal moves. Later, the histori-ans would assess the inevitabil-ity of the event in the currentpolitical circumstances, thesociologist would add theirtrend-analyses as to substanti-ate and fit the unexpected out-comes for the media elites(Coman, 3) , and the politicians- as grand players - wouldexplain their obvious pitfalls ina future-oriented productiveperspectives. The media, andthe journalists, again, would beunder graded as ‘easy guidedchildren’ in a low-profileshrunk social space-time per-s p e c t i v e .

All these parties tend to overes-timate media credibility, andthe affiliations of their public.While historians and sociolo-gists could often find their safescience niche not to lose theirpublic reputation, the journal-ists and the politicians can’tresort to information umbrellasbut to face current public reali-ties. An important part of it isthe information seeking activi-ty of public involved.

This article contends that inextreme social situations thecredibility factor of mediaattendance seems to be unreli-able predictor for communica-

tion behavior of the audiences:once the ‘Pandora box’ of angerand frustration is opened, theanticipated social mainstreamof action develops patterns ofmedia uses and informationseeking which best fits the pub-lic attitudes and expectations.

Confidencein the Mass Media

T H E confidence building innews media follows the

communication experiences ofthe public with a specific newssource; the more we use aninformation channel, the morewe tend to incorporate it in ourpersonalized social environ-ment. It has not much to dealwith trust or confidence inmere pragmatic terms: thescope of choices to interpret theinformation - even the ‘readingbetween lines’ - provides plea-sure which creates sense ofown independent assessment.Once the media environmenthas been set up, it is not likelyto change it just in a day: it hasbecome an essential part of theindividual social biography.

According to a field survey ofthe National Center for PublicOpinion Research the relativepercent shares of those whoclaim their confidence in differ-ent news sources1 are the fol-lowing: (see Table 1).

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The empirical findings showthat 23,1 percent of the respon-dents do not have any confi-dence in the media landscape,and about 11 percent do notuse the mass media at all.

Essentially these data repre-sent the general public range ofthose population fragmentswhich use specific news sourcesand claim their informationconfidence in the media used.Thus, the data show two com-bined characteristics valid forthe general national massmedia audiences: media reach,and expressed confidence in aspecific source of information.

Given that the BulgarianNational Television enjoys thebroadest media coverage in thiscountry, it would be easy tounderstand its claimed sheercredibility. The influence oftelevision follows the concept of“Seeing & Believing” coined upby Greg Philo in 1990 (4). Theimpacts of televised news, their“preferred meanings”, and cor-

responding attributes are stillissues of content-receptionanalyses to be done. Neverthe-less, the presented data showimmense social coverage of theBulgarian National Televisionand potential to influence peo-ple’s minds and behaviors.

The media agenda-setting func-tion (Kotlas, Soltys, 5) has beentested from another point ofview: the audiences confidenceattributed to different informa-tion sources according to theircoverage of the current publicissues agenda. The more theaudiences consider that therespective news sources reflectimportant issues, the higherthe corresponding evaluation ofconfidence is being given.

The cross-tabulations of ans-wers of two questions, “Whichmedia do you trust most?” and“Which are the most importantissues of the country accordingto your opinion?” are represent-ed in the following table.2

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Table 1

Public’s confidence in media channels

C h a n n e l Share (%)

Bulgarian National Television (BNT) 5 5 , 6Bulgarian National Radio (BNR) 3 7 , 9central dailies (CD) 2 6 , 3local dailies (LD) 9 , 3private radio stations (PR) 5 , 1foreign electronic media (FEM) 5 . 0private TV channels (PT) 2 , 5

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A common agreement seems tobe reached in the first two top-ics: to fight the criminal rate isan overwhelming priority forall of the audiences who feelconfidence to their mass mediasources. No wonder: the over-representation of the crime inthe news media leads to a ‘sec-ondary victimization’ of thegeneral public which by itselffosters the broad feelings ofdependence in political, eco-nomic, and social terms.

The reduced incomes and theunemployment rate are asses-sed only as secondary prioritieswhile these issues could beregarded as the main factorsfor the growing criminal rate inthis country. The importance ofshrinking home budget andunemployment seems to be

underestimated by the fanaudiences of the foreign elec-tronic news sources.

It is striking that the privatiza-tion and the return of the land- the main economic instru-ments of the structural transi-tion - take only the bottomposition of the public priorities.

There should be underlinedthat the audience show gener-ally a high agreement aboutthe important national issueswhich predominate in the pub-lication policies perceived andcasted by recipient groups. Thesimilarity in the issue assess-ments of the audiences of thenational television an radio isgenuine: they duplicate eachother following a common

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Table 2

Important issues of the national agenda expressed by the media audi-ences confident to the respective news sources(In percents)

I m p o r t a n t B N T B N R P r i v . C e n t r a l L o c a l F o r e i g ni s s u e s r a d i o d a i l i e s d a i l i e s m e d i a

C r i m i n a l i t y 7 0 . 7 7 0 . 0 6 7 . 6 7 5 . 1 6 8 . 9 5 5 . 5Economic revival 5 3 . 7 5 3 . 9 5 3 . 7 6 1 . 6 4 8 . 4 5 6 . 5Reduced incomes 4 7 . 5 4 9 . 7 3 8 . 8 4 1 . 8 4 6 . 1 3 7 . 7U n e m p l o y m e n t 4 2 . 3 4 3 . 7 4 1 . 6 3 7 . 2 4 0 . 4 3 0 . 6Surmount the crisis 1 4 . 0 1 6 . 0 1 3 . 6 1 2 . 5 1 1 . 5 1 4 . 3Land reform 1 2 . 0 1 3 . 7 1 0 . 9 1 4 . 5 1 5 . 6 6.7 P r i v a t i z a t i o n 1 0 . 6 9 . 8 2 5 . 6 1 2 . 3 1 6 . 8 2 1 . 2

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scheme or agenda of newsbroadcasts in the state con-trolled media institutes. Inspite of the recognized plural-ism and independence of theprivate radio stations, andnewspapers the assessments oftheir public still do not signifi-cantly differ. It is only the caseof the listeners and viewers ofinternational broadcastingsources that tends to render abit different agenda of nationalc o n c e r n .

The above described ‘agendapacking function’ of the media,no matter how skillfully hadbeen modeled, did not lead to aclosing of the Bulgarian mind,neither was successful in pre-vention of the gathering wavesof social discontent.

Sociopolitical Context

D U R I N G the first six monthsof 1996 the media market

was the first to anticipate thefinancial collapse of the So-cialist government. At the be-ginning of the year theexchange ratio U.S.$ / Bul-garian Lev was 1:75. The pricesof the newsprint paper wereraising in a progression whichforced many publishers to buybig quantities as to feel securein the coming months. Reportsof currency transfers to foreignbanks, and urgent exports of‘valuable papers’ to off-shoretrade and insurance companies

led to general mistrust to thenational bank system. In earlyJuly several banks were closed.The panic led to a new twist ofthe inflation spiral.

The national and the commer-cial media over explored thetopic as a ‘hot news’ additional-ly perplexing those people whohad lost their savings. The con-tradictory news releases, ag-gressive interviews, unclearpublic statements and slandersrise in the level of social uncer-tainty to an unbearable degree.Their input to the secondaryvictimization of the ‘plunderedpeople’ had been intensified bysheer presentations of high-lifestories, deviant behaviors, orovert crime actions. The rela-tive deprivation feelings(Kunczik, 6: 163-167) were atstake: those who had perceivedthemselves as members of themiddle class in the formersocial setting now became vul-nerable losers of their status. Asense of growing subtle guiltwas felt in the air: the resultsof the current democracy awak-ened bitter nostalgia for the oldsafe times during the socialistr e g i m e .

The process of impoverishmentwas taking pace. A representa-tive survey carried out by theNational Center for PublicOpinion Research in Septem-ber provided discouraging data:60.9 percent of the respondents

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reported that they feel short ofmoney to be able to afford theireveryday life standards. Theemasculation of the Socialistgovernment to cope with or atleast to announce openly theproblems of the country becamestressfully obvious for many.

The general social mistrustexpressed by the interviewedrespon- dents depicted the con-fidence gap between the gov-ernment and the electorate.Anticipated parliamentaryelections: this public drive be-came an overwhelming pres-sure in a short time. The fol-lowing events accelerated thepower turn-over:

• October 2-d. Ostensible exe-cution of Andrei Lukanov, akey figure in the party coup inNovember 1989, former primeminister and top manager inRussian-Bulgarian gas compa-ny, pronounced critic of theshadow economic activities ofthe ‘friendly circle’ of the

“Orion” business networkdirected by influential govern-ment officials. This brutal mur-der was perceived as a proof ofhis public warnings for a dan-gerous fusion between the offi-cial power structures and theillegal power holders;

• November 3-d. PeterStoianov (44), candidate of theUnited Democratic Forces inthe Presidential elections, wona smashing victory by 60 per-cent of the electorate votes. Themass media had their goldtime; the commercial radio sta-tions exploited well theirchance to be the first to an-nounce the results of that cru-cial presidential election;

• December. Mr. Jean Videnov,prime minister and chairmanof the Bulgarian SocialistParty, announced his personaldecision to withdraw at thebeginning of the Party Cong-ress. After midnight sessionshis resignation was accepted.

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Table 3

Opinions, whether the socialist government would cope with the mainproblems of the Bulgarian society3 (In percents)

M a i n A n s w e r s T o t a lp r o b l e m s Y e s N o U n d e c i d e d

C r i m i n a l i t y 1 3 . 0 7 0 . 0 1 7 . 0 1 0 0 . 0C o r r u p t i o n 6 . 0 7 4 . 0 2 0 . 0 1 0 0 . 0I n f l a t i o n 1 0 . 0 7 0 . 0 2 0 . 0 1 0 0 . 0U n e m p l o y m e n t 1 2 . 0 7 0 . 0 1 8 . 0 1 0 0 . 0P r i v a t i z a t i o n 2 6 . 0 4 5 . 0 2 9 . 0 1 0 0 . 0Land reform 1 9 . 0 5 5 . 0 2 6 . 0 1 0 0 . 0

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The socialists stated their willto complete their mandate andform a new government;

• January 1997. The govern-ment resigned; the party elect-ed candidate for prime minis-ter, Nikolai Dobrev, was notgiven a mandate by thePresident to form anothersocialist government. Theexchange ratio US$ / Levbecame 1:1500. The power cri-sis opened.

“Darick Radio”at the Forefront

I N early January the mostmass media in this country

launched an anti-governmentcampaign to denounce or pre-vent another socialist authorityperspective. They functioned as“crisis generators” (Novosel, 7:17) leading to downfall of theestablished regime of thesocialist government.

The protests of the studentsand activist groups startedafter the New Year holidays:first radio news about themwere broadcasted on 3rd ofJanuary by the ‘Darick Radio’.The Bulgarian National Radioand the state controlled televi-sion channels skipped theemerging voices of protest inthe first week of January. Itwas only the “Darick Radio” tohave regular broadcasts about

the raising social unrest inSofia, the capital of Bulgaria.The state controlled broadcastmedia conformed to their regu-lations to cut off any materialsof news bulletins about eventswhich may cause harmful con-sequences for the state ands o c i e t y .

The foreign media, and espe-cially the “Radio Vitosha -VOA”, which was controlled bythe private “Center for Demo-cratic Studies” in Sofia, off-spring of former ideology no-menclature, had missed thepoint. It was the “Radio FreeEurope” and “Radio Express”which tried to cover closely theevolving events in a well bal-anced commentary style.

On January 10-th the Bul-garian Parliament had to giveits say about the proposed bythe opposition preliminaryParliament elections. Directedby strong socialist majority, theBulgarian Parliament wasunlikely to adopt the proposalsof the democratic opposition. Inlate afternoon the ParliamentHouse was blocked by demon-strators. Parliament reporterswere trapped like the membersof the National Assembly.While the reporters of thenational electronic media hadbeen instructed to deliver theirmessages in print, and to keepa ‘detached observer position’in their addressing the public,

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the news makers of commercialradio stations were left free todecide what events and itemsare important to cover with outany preset guiding instruc-t i o n s .

The reporters of “Darick Radio”were situated in and outside ofthe Parliament House. Thustheir messages, directly broad-casted, had the privilege of a‘stereo coverage’ of the situa-tion. The authenticity effectswere smashing: the restlesscrowds of waves of protesterssieging the Parliament Hoselistened to the life- reportsbroadcasted by the commercialradio station reproduced byloudspeakers in the square. Apositive feedback between theparticipants and the newsmedia coverage emerged: itstimulated the drive of the pro-testers to attack the occupiedHouse of Parliament guardedby police and special militaryu n i t s .

In the late afternoon severalleaders of the opposition spoketo the people eventually tocalm down the critical situa-tion. Its boomerang effect wasclearly reproduced by the life-reports in “Darick Radio” newscasts. In 4.30 p.m. police offi-cers tried to bring out membersof the socialist party parlia-mentary group by six armoredcars. That unsuitable policemove ignited the outrage of the

crowd. At that time there wereno clear and unambiguous on-air warnings sent by none ofthe radio reporters on thes c e n e .

The real-life violence broadcaststarted about 5.30 p.m.; theback door of the ParliamentHouse was attacked andcrushed. Tear-gas bombs wereused to disperse the attackers;some bombs were fired in theNational Assembly House, too.It was the most dramatic eventin Bulgaria reported by jour-nalists right from the spot. Theprivate radio station took thelead. At that time the nationalradio and television programsstuck to classical music broad-casts: an genuine sign thatsomething really importantwas developing at state level.(The music of Vivaldi had beenused in similar extra-ordinarysituations, and thus it has spe-cific connotations in this coun-t r y . )

The critical situation gavechances to trace down theimportant news sources target-ing the citizens of Sofia, thecapital of Bulgaria.

The role of the participant-observer radio was the privi-lege of the “Darick Radio”. Ithad become the most trustednews source whose influence inthe realm of national mass

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media had become unquestion-a b l e .

It was the only independentradio station which was cover-ing public normally attendingother radio programs: thus ithad developed an unique trainof radio audiences whose com-munication activities wereoverlapping in large propor-tion. The “Darick Radio” cov-ered the following audiencesegments of other radio sta-tions (in percents): “Radio FreeEurope” - 88; “Tangra” - 59;“Vitosha / VOA” - 45; “Express”- 44; “FM +” - 34; BulgarianNational Radio, Program‘Horizont” - 29, and Program“Hristo Botev”- 9.

There was not other radio sta-tion to entrain so diversifiedlarge segments of the radio lis-tening public. The “DarickRadio” became the first newssource to generate broad

process of alternative informa-tion seeking of multiple audi-ences whose interests weresimultaneously focused on thesame topic.

Conclusion

C R E D I B I L I T Y of the newssources functioning in

extreme political situationstends to be unreliable predictorof mass communication behav-iors. They shift from informa-tion processing to informationseeking, and consequently - tochoice of reliable, or ‘appropri-ate sources’ which follow thebest the mainstream events.

The conceived as sociallyappropriate news source repre-sents an information puzzle ofmulti-voices (in this case: MPpeople, students, taxi drivers,police officers, unemployedyoung professionals, retiredpeople and else). The ‘stereo

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Table 4

“What media did use yourself as to get clues in the fluid social situation inthe last several days?”4(In percents)

Radio stations TV Programs N e w s p a p e r s

Darick Radio 5 5 . 5 BNTV Channel-1 6 7 . 0 24 Chasa 2 6 . 4BNR - Horizont 2 4 . 7 New Television 3 0 . 1 T r u d 2 0 . 0Radio Express 4 . 8 BNTV Ephir-2 2 0 . 4 D e m o c r a t z i a 9 . 3T a n g r a 2 . 7 Seven days TV 1 2 . 7 D u m a 3 . 6Radio 99 2 . 4 Local cable TV 6 . 8 N o v i n a r 3 . 4Free Europe 2 . 2 C N N 5 . 2 S t a n d a r t 1 . 9Radio FM + 2 . 2 E u r o n e w s 0 . 9 C o n t i n e n t 1 . 4BNR - Hr.Botev 1 . 5 Russian TV 0 . 2 C a p i t a l 0 . 5Vitosha / VOA 1 . 2 O t h e r 0 . 0 Noshten Trud 0 . 5

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broadcast’ from inside and out-side of the Parliament House -and the subtle logic of a socialshow rendered from differentperspectives constitute a set upof modern story-telling with an‘observer-participant effect’.That may lead to reconsiderthe collapse of the usual rolesof journalists (Charon, 8: 39-41)functioning in critical social cir-c u m s t a n c e s .

The agenda-packing impactshave much to do with the sup-pression of reflexivity of theelectronic media audiences(Dahlgren, 9). The ‘entrainingeffect’ of the media publicreflects the capture of themedia flock which - in its incen-tive to follow the day’s leader -tends to conform to the infor-mation mainstream here andnow. That would be anotherpoint of departure to study andmap the inter media relationsin critical political situations.

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Notes

1. Representative national survey carried out by the National Center for Public Opinion Research (N =1223) in May 1996.

2. These data encompass the answers only of those members of the media audiences who declare theirconfidence in the news sources. National Center for Public Opinion Research, May 1996.

3. Representative field survey (N = 1330) carried out by the “Sova- 5” Agency in September 1996.

4. The data presented are of a field survey carried on by the MBMD, Sofia, January 13-14 1997.

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