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France Gauthier

La nouvelle vie de mon père :médecin de l’âme

RÉCIT INTIME

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Remerciements

Tout d’abord, merci papa de t’être frayé unchemin jusqu’à moi et de m’accompagner sur la

« Voie ». Tes magnifiques messages éveillent ma cons-cience un peu plus chaque jour.

Un merci tout spécial à Madame M. pour sontalent, son soutien et ses enseignements si précieux.Merci d’exister.

Merci Claire Lamarche pour ta vision et tonaudace.

Merci Yannick, mon amie, de booker ma vie etpour tous tes bons conseils « littéraires ».

Merci maman, grande sœur et petite sœur devotre confiance et de votre amour.

Merci Marco, Nathalie, Marcelle pour votre ou-verture, vos encouragements et votre apport à ce livre.

Merci Lucienne et Gaétan de compter parmi mesguides.

Merci Monique, Jean et Johanne, de Groupe Librex,pour votre enthousiasme.

Merci Marie, Anne-Marie, France et Marc d’avoirété mes premiers lecteurs. Vous m’avez apporté laconfiance nécessaire pour terminer le travail.

Merci Sylvie pour ta compétence et tout le bienque tu fais. 9

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Merci à Marcia de m’avoir initiée aux dialogues dela « vie intérieure ».

Merci à tous ces gens qui se sont retrouvés « parhasard » sur mon chemin et ont ainsi contribué à monévolution.

Enfin, merci Guy de ton immense respect, de tonamour et de ton soutien, sans lesquels je n’auraisjamais pu écrire ce récit.

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Introduction

J’ai toujours su que j’écrirais un jour. J’ai fait moncours en journalisme à la fin des années quatre-

vingt parce que j’aime écrire et que je suis curieuse denature. Je me voyais travailler pour un grand quotidienmontréalais, mais la vie m’a plutôt amenée à faireprincipalement de la télévision. Je savais que j’écrirais,mais jamais je n’aurais cru que ce serait sur le délicatsujet de la Vie après la mort. Jamais. Encore là, cen’est pas moi qui en ai décidé ainsi. Comme quoi onn’est pas vraiment seul maître à bord ! Mon bateauressemble à un cargo qui vogue au gré des marées etdes tempêtes, de « l’offre et de la demande » de cettemême vie. Je me croyais pourtant unique capitaine auxcommandes depuis bien longtemps… J’avais oubliéqu’on doit tous se soumettre à l’Amiral.

Un matin de décembre, pendant le long congé deNoël 2003, je me suis réveillée avec une image trèsforte en tête. Je voyais la couverture d’un livre, d’unbleu indigo progressif, avec les mots Médecin de l’âmeinscrits en lettres blanches dans le titre. Au mêmemoment, un courant très fort a fait vibrer tout moncorps, m’apportant un bien-être immédiat. J’ai éclatéde rire et répondu à voix haute : « O.K., O.K., j’ai com-pris, je vais l’écrire. » 11

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C’était une réponse à mon père, parti pour demeilleurs cieux il y a de cela de nombreuses années etqui me visite maintenant à travers le fabuleux canald’une médium d’expérience. Afin que vous, lecteur,vous puissiez vous concentrer exclusivement sur lephénomène des contacts avec l’au-delà et non sur lamédium elle-même, je l’appellerai Madame M. Cettefemme exceptionnelle possède le don hors du com-mun de communiquer avec les âmes des défunts àtravers l’écriture automatique. Comme si elle perdaitle contrôle de sa main pour retranscrire ce que lesesprits lui dictent lorsqu’ils se manifestent enprésence des gens qui la consultent.

Je sais, cela peut paraître étrange. J’ai moi-mêmetrouvé ça flyé. Cependant, quand vous aurez lu montrès court mais combien dense parcours pour dé-mystifier ce que plusieurs persistent à appeler une« science occulte », vous aurez peut-être le sentimentd’avoir, tout comme moi, apprivoisé un peu le mondesacré de l’autre Dimension. Cela n’a finalement riend’occulte. Au contraire, tout y est transparent et lumi-neux. « Dans mon livre à moi », ce n’est plus unecroyance mais une certitude. À vous d’en juger…

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Premier contact

Le 2 février 2002. Samedi matin, 8 h 30. Je montedans la petite Honda de ma copine Yannick. J’ai

rendez-vous en Estrie chez Madame M., une médiumqui, selon ses dires, possède la faculté à tout le moinsinusitée de communiquer avec l’au-delà. C’est pourcontacter mon père, décédé le 1er mars 1977, alorsque je venais tout juste d’avoir quatorze ans. Je suisun peu nerveuse, même si je me répète que je necrois pas aux médiums. Ni aux tireuses de cartes, ni àquelque diseur de bonne aventure que ce soit. Bof,j’ai bien consulté un ou deux voyants dans ma vie,pour suivre mes amies dans un trip de filles, mais jen’y crois pas. Je n’y crois pas, sauf que… j’aimeraistant que papa se manifeste et vienne mettre unbaume sur cette immense plaie restée ouverte depuisbientôt vingt-cinq ans.

Le simple fait de ne pas être seule dans cetteaventure devrait me calmer, mais cela exacerbe, aucontraire, ma fébrilité. C’est que Yannick, elle, semontre beaucoup plus ouverte que moi au monde desvoyants et tout le bataclan. Elle veut des nouvelles deNormand, son ex, le père de ses enfants, qui s’est tuédans un accident de la route il y a deux ans. Elle aaussi perdu son père, décédé dans un hôpital de

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Floride, en 1991. Ses attentes, plutôt élevées, fontdonc monter les miennes d’un cran, même si elle nepossède pas plus d’indices concernant le véritable donde la médium.

Comment me suis-je retrouvée sur l’autoroute 10,en direction des Cantons-de-l’Est, en ce samedi2 février 2002 ? À cause de Claire Lamarche, l’émis-sion de télévision à TVA. Depuis que je suis maman,j’ai mis le journalisme pur et dur de côté pour melancer à la pige comme animatrice, chroniqueuse ourecherchiste. Et la consultation avec Madame M.,c’est un mandat que m’a confié Claire, disons, pour« tester le produit ».

« Pas de trouble, ai-je répondu un peu fanfaronne,je vais y aller, ça fait vingt-cinq ans que j’attends unmeeting avec mon père. »

Pourtant, depuis une semaine, en dépit de monair toujours très « sûre de moi », mes sentiments bal-lottent entre l’excitation et l’angoisse. Dimanche der-nier, j’ai téléphoné à la médium pour établir un pre-mier contact et régler les détails de notre rencontre.Après une demi-heure à causer travail et spiritualité,elle m’a annoncé sans autre préambule que mon pèreétait là, présent avec nous depuis le début de la con-versation. J’ai eu envie de répondre que ce n’est pastrès poli d’espionner les gens comme ça et qu’ilpourrait au moins se montrer, mais je me suis retenueà deux mains. J’ai plutôt écouté la spécialiste.

« Il veut que je te dise qu’il est très fier de toi etqu’il attend ce moment depuis si longtemps ! »

Ayoye ! Instantanément, j’ai senti monter cettechaleur que je connais bien, la même que d’habitude,celle qui m’envahit toujours du plexus solaire jusqu’aubout des cheveux en une fraction de seconde quand

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j’apprends un truc auquel je ne m’attends pas. Je croismême avoir rougi, comme quand je me faisais prendreà tricher à un examen. Sans doute une vieille pro-grammation de mon enfance. Une autre affaire à ré-gler en thérapie !

Je sais, pour une journaliste sceptique, je ramollisfacilement. Un jeu d’enfant en plus, me direz-vous :Madame M. sait que mon père est mort. Yannick, quiest coordonnatrice à la recherche de l’émission, aéchappé cette information en proposant à la médiumde faire vivre l’expérience à une chroniqueuse del’équipe. Je me suis laissé prendre au jeu, malgré tout.Imaginez… Vous avez perdu votre père à l’adoles-cence, vous n’en avez évidemment jamais eu de nou-velles depuis et, d’un seul coup, il se trouverait justederrière votre épaule à vous susurrer des mots doux àl’oreille à travers le « canal » d’une parfaite inconnue.Ça ébranle une femme, quand même, journalisteaguerrie ou pas !

J’attends donc cette consultation depuis six longsjours, dans la confusion émotive la plus totale. Fidèleà mon habitude lorsque je me retrouve dans cet étatd’esprit, je me réfugie dans ma tête, à l’abri de toutesdistractions, aussi légitimes soient-elles. Un réflexe desurvie, paraît-il. Même les cris les plus stridents demes deux enfants ne m’en sortent pas. Je vois bienleurs petites bouches s’animer et articuler de plus enplus grand, mais je n’entends que des bruits sourds unpeu agaçants. Parfois, je marmonne un « oui, oui »pour signifier que je suis toujours vivante, mais cen’est qu’une formalité. Il faut qu’on en finisse etvite… pour la sécurité de tout le monde à la maison !

Je me répète sans cesse que c’est complètement« pété ». Mais je suis la fille rêvée pour faire le job. 15

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D’abord, bien sûr, de par mon statut d’orpheline depère. Ensuite, j’ai travaillé pendant des annéescomme reporter d’enquête à démasquer des banditset des charlatans. « Qui mieux que moi, me dis-jefièrement, peut flairer la fraude, s’il y en a une ? » Et,je l’admets, je me sens animée par un désir à la foisprofond et inexpliqué d’explorer ces zones secrètesqui s’ouvrent à moi comme une caverne d’Ali Babagrâce à l’audace de l’émission Claire Lamarche.

La source de toute cette affaire ? Un petit articledans Le Soleil de Québec, le jour de l’Halloween(c’est dire le sérieux qu’on accordait à l’histoire),affirmant qu’une certaine Madame M. pouvait entreren contact avec l’au-delà. « Elle parle avec les morts »,titrait le journal. J’ai scruté le reportage en medemandant quelle sorte de « bibitte » bizarre pouvaitbien prétendre parler avec des âmes en peine, donnerdes messages par écrit aux pauvres mortels éprouvésqui restent et en faire un métier par-dessus lemarché ! On peut facilement s’imaginer une espècede sorcière, style fausse gitane, étouffant derrière unecolonne de fumée d’encens qui lévite au centre decristaux inondés de lumière. Eh bien non. Selon laphoto du journal, rien à voir avec l’image stéréotypéede la voyante mystique. Plutôt jolie femme, sourirefranc et regard apaisant. Fin quarantaine. Plus l’allured’une représentante pharmaceutique que d’unecapotée qui pique des jasettes avec les esprits. Où setrouve l’attrape ? J’allais sans doute le découvrir, cen’était qu’une question de temps…

En plus de cet article du Soleil, je dispose, commeinformation, d’une préentrevue que Madame M. aaccordée à une autre recherchiste de l’émission il y aquelques jours. Professionnalisme élémentaire

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oblige, on ne fait pas une heure de télévision avec unehurluberlue potentielle à partir d’un anecdotiquearticle de journal, aussi crédible soit-il. Pas sans avoirau moins vérifié le sérieux de sa démarche et surtout,surtout, si elle peut vraiment tenir l’antenne tout cetemps.

Dans son rapport, ma collègue en arrive à laconclusion rassurante, après deux heures d’entretien,que la « messagère de l’au-delà » vaut le déplacement.Toujours selon son analyse, Madame M. dégage beau-coup de sérénité et peut sans aucun doute répondreavec substance aux questions variées de ClaireLamarche. La médium est également prête à nousfournir les numéros de téléphone de certains de sesclients dont les histoires seront bientôt publiées dansun recueil de témoignages. Nous acceptons d’embléece compromis, vu la difficulté de retracer les per-sonnes qui ont eu recours à ses services confidentiels.Et aussi, nous serons deux filles de l’équipe à en fairel’expérience.

Mais toutes les preuves du monde ne peuventchasser, en ce moment, les doutes qui m’assaillent,plus un : « Qu’est-ce que je fais là ? » J’ai une image dejournaliste crédible et rigoureuse à défendre, moi ! Etje tiens précieusement à mon étiquette de go getterqui ne s’en fait pas passer facilement. Mon ego, quoi !

Je suis quand même assise dans l’auto de machum, à me faire conduire vers mon destin, avec uneouverture d’esprit grande comme le chas d’une ai-guille, mais aussi, gros paradoxe, une immense envieque ce soit vrai.

Je dois ajouter cependant que tout semble m’avoirpréparée à cette rencontre. Par un drôle de hasard, jeme suis farci plus de lectures et de conversations 17

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ésotériques dans les derniers mois que dans toute mavie. En plus, je viens de terminer, un an après tout lemonde, le roman best-seller Et si c’était vrai… deMarc Lévy. Vous avez raison, ce n’est que de la fic-tion, mais je ne peux m’empêcher de penser que, sij’ai dévoré ce bouquin quelques semaines avant qu’onme propose la chronique, ce n’est pas pour rien. Unecoïncidence qui peut sonner comme un insuppor-table cliché, genre théorie à cinq cennes sur la syn-chronicité, mais ça me traverse quand même l’esprit.Dans le livre de Marc Lévy, un architecte vit unehistoire d’amour avec un fantôme qui habite dans sonplacard. Peut-être que papa a élu domicile dans lemien depuis toujours et que je ne suis pas foutue dem’en rendre compte !

« Je pense qu’on arrive », lance Yannick, me sor-tant douloureusement de ma bulle.

Mon rendez-vous a été fixé à 10 heures. Mon amiedoit attendre son tour au resto d’en face, ruePrincipale. Je sors de l’auto. La neige craque sous mesbottes tellement il fait froid. « Moins 35 avec le facteurvent », nous ont rabâché les filles de la météo pendanttout le trajet. Je me faufile en vitesse à l’intérieur de lapetite entrée non chauffée où je suis accueillie par uneporte vitrée verrouillée et, sur le mur de droite,quelques boutons de sonnette blancs. J’appuie au-dessous de celui de Madame M. Pas de réponse.

Une panique inopinée me gagne. Me suis-jetrompée d’heure ? Non. C’est un canular, Madame M.n’est pas médium. Pire encore, elle est pseudo-médium, mais elle a eu la chienne et ne se présentepas au rendez-vous. Il faut dire que je n’ai pas trèsbonne réputation pour qui m’a déjà vue à l’œuvreavec un méchant fraudeur, à l’émission Mongrain

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(Jean-Luc Mongrain) ou aux Nouvelles TVA. J’aimême déjà porté le surnom pas très sexy de « pitbullà Mongrain », sobriquet non moins affectueux dontmes collègues m’avaient affublée et qui m’est restécollé à la peau un peu trop longtemps à mon goût !

C’est sûr ! Y’a pas d’erreur ! J’en ai maintenant laconviction, l’imitation de médium a « pogné les qué-telles » et s’est sauvée en courant. Je sors du vestibule,furieuse. De l’extérieur, je balaie du regard toutes lesentrées de l’immeuble. Rien. Je m’apprête à allerrejoindre Yannick au resto, avant de me transformeren popsicle, lorsque j’aperçois au loin une petitevoiture sport s’avançant lentement dans le station-nement. La buée de mon propre souffle m’empêched’en distinguer le conducteur. Je retiens ma respi-ration pour y voir plus clair… Je la reconnais, il s’agitbien de la femme que j’ai vue sur la photo du journal.

Un peu fébrile, je cours dans sa direction pourl’attraper avant qu’elle n’entre. Haletante, je meprésente et elle m’invite à la suivre jusqu’au deuxièmeétage où se trouve son modeste bureau de consul-tation. La médium m’explique qu’elle partage le localavec une amie thérapeute. Entre les deux piècesfermées, un espace exigu sert de salle d’attente. Aucentre, une causeuse, une petite table où s’empilentquelques revues et, sur le dessus, le premier livre deMadame M. publié il y a quelques années. « Mmm,plus ésotérique que ça, tu meurs ! » me dis-je presqueà voix haute en feuilletant l’ouvrage, qui sembletraiter d’anges et de lumière.

C’est une mauvaise habitude que j’ai de réfléchirtout haut. Je passe au mieux pour une folle, à un feurouge au volant de ma voiture, ou pire, je me faisprendre à raconter des insanités sur mon interlocuteur. 19

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« Assis-toi, France, je reviens dans quelquesminutes. »

Elle referme la porte, me laissant seule avec cettelecture hostile, du moins pour l’athée par défaut queje suis devenue. C’est que mon chum m’a pratique-ment convaincue, au fil des ans, qu’on finit tous paraller engraisser les pissenlits par la racine. Une conclu-sion qui ne me sourit guère, mais cela a l’avantage,pense-t-il, de rendre la vie encore plus intense. Je suistrop angoissée pour lire quoi que ce soit, de toutefaçon. Je plonge tout de même dans le bouquin,question d’avoir l’air occupée quand elle m’appellera.

« Tu peux entrer », m’annonce la médium au boutde dix minutes…

… qui m’ont paru une éternité.

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