SCARLET WILSON Le docteur des Highlands

25
SCARLET WILSON Le docteur des Highlands TRACI DOUGLASS Une maman pour Sam

Transcript of SCARLET WILSON Le docteur des Highlands

SCARLET WILSON

Le docteur des Highlands TRACI DOUGLASS

Une maman pour Sam

Le docteur des Highlands

SCARLET WILSON

Traduction française deCHRYSTELLE POULAIN

HARPERCOLLINS FRANCE83-85, boulevard Vincent-Auriol, 75646 PARIS CEDEX 13Service Lectrices — Tél. : 01 45 82 47 47

www.harlequin.fr

ISBN 978-2-2804-1465-4 — ISSN 0223-5056

Titre original :TEMPTED BY THE HOT HIGHLAND DOC

Si vous achetez ce livre privé de tout ou partie de sa couverture, nous vous signalons qu’il est en vente irrégulière. Il est considéré comme « invendu » et l’éditeur comme l’auteur n’ont reçu aucun paiement pour ce livre « détérioré ».

Collection : Blanche

© 2019, Scarlet Wilson.© 2019, HarperCollins France pour la traduction française.

Ce livre est publié avec l’autorisation de HARLEQUIN BOOKS S.A.

Tous droits réservés, y compris le droit de reproduction de tout ou partie de l’ouvrage, sous quelque forme que ce soit.Toute représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code pénal.

Cette œuvre est une œuvre de fiction. Les noms propres, les personnages, les lieux, les intrigues, sont soit le fruit de l’imagination de l’auteur, soit utilisés dans le cadre d’une œuvre de fiction. Toute ressemblance avec des personnes réelles, vivantes ou décédées, des entreprises, des événements ou des lieux, serait une pure coïncidence.

Le visuel de couverture est reproduit avec l’autorisation de :

Couple : © SHUTTERSTOCK / WAVEBREAKMEDIA/RF

Tous droits réservés.

13

1.

Mai

Kristie porta la main à son estomac, saisie d’une nouvelle vague de nausées.

Elle ne s’était jamais sentie aussi malade.Était-ce le poulet qu’elle avait dégusté dans l’avion ? Elle

l’avait pourtant trouvé délicieux. Elle n’aurait peut-être pas dû manger cet énorme brownie pendant l’escale à l’aéroport d’Heathrow…

Après la traversée du Firth of Clyde, le ferry venait d’accoster au port de Brodick, sur l’île d’Arran, et elle se sentait toujours aussi mal.

— C’est la première fois que vous venez, ma petite ? demanda une dame âgée avec un accent à couper au couteau.

Incapable de répondre, elle opina.Gerry glissa un bras protecteur sous son coude.— Allez, viens. Ils ont déjà appelé deux fois les automo-

bilistes à rejoindre leur véhicule. Veux-tu que je conduise ? demanda-t-il d’un ton inquiet.

— Non, merci. Ça ira… J’espère.Pauvre Gerry ! Dire qu’elle avait douté de sa condition

physique ! En attendant, c’était lui qui avait couru chercher des sacs en papier et qui lui avait maintenu les cheveux en arrière pendant qu’elle vomissait.

— La prochaine fois, tu me donneras ton médicament, déclara-t-elle.

14

Il avait pris un cachet au décollage et avait dormi jusqu’à Londres. Au moins, lui était frais et dispos !

— C’est l’expérience, que veux-tu, répondit-il en souriant.Lentement, ils gagnèrent le pont inférieur.Les voitures garées sur les premiers rangs près de la

passerelle étaient déjà sorties quand ils rejoignirent leur véhicule de location.

Elle démarra, mal à l’aise avec les pédales et le levier de vitesses. À Los Angeles, les berlines étaient automatiques…

Elle cala trois fois et sursauta en entendant plusieurs bruits de klaxon simultanés.

— Je déteste cette conduite manuelle. En plus, tout est du mauvais côté, marmonna-t-elle, les joues en feu. Le volant à droite, c’est n’importe quoi.

Gerry s’esclaffa.— Vas-y doucement, on a failli avoir un accident à

Glasgow. Méfie-toi surtout dans les ronds-points.— Ça semble être la mode en Europe. Je me demande

bien pourquoi. Enfin… Arran est une petite île, espérons qu’il y en aura moins qu’ailleurs.

Le GPS affichait une route située à gauche du quai. Gerry vérifia rapidement que la direction était bonne.

— Pas de souci, dit-il. Le cabinet et l’hôpital sont tous les deux à Lamlash, à cinq kilomètres d’ici.

Les pâles rayons du soleil couchant illuminaient des prairies à perte de vue. Jamais Kristie n’en avait vu autant.

— C’est beau… Cet endroit me plaît déjà, déclara Gerry.— Tant mieux, marmonna-t-elle. Moi, je trouve le paysage

un peu trop vert.Il éclata de rire.— Évidemment ! Tu ne quittes jamais Los Angeles, son

soleil et son atmosphère desséchée !À peine avait-il fini sa phrase que de grosses gouttes de

pluie s’écrasèrent sur le pare-brise.Elle actionna plusieurs leviers, espérant trouver les

essuie-glaces.— Attention ! cria Gerry.Levant la tête, elle se rendit compte qu’elle s’était déportée.

15

En une fraction de seconde, elle braqua pour éviter la voiture qui arrivait en face. Le conducteur agitait furieusement la main et, quand ils se croisèrent, elle en fut quitte pour de nouveaux – et vigoureux – coups de klaxon.

Elle ne put retenir un juron.— A-t-on idée de faire des routes pareilles ?— C’est la campagne, Kristie.Exaspérée, elle se cramponna au volant. Un vrai déluge

s’abattait sur le pare-brise alors qu’il faisait beau cinq minutes auparavant.

— Quel temps de cochon !Elle avait conscience de râler sans arrêt, mais elle se

sentait malade et fatiguée. Elle n’avait qu’une hâte : rejoindre sa chambre d’hôtel.

— On arrive, annonça Gerry. Tourne à gauche.Docile, elle s’engagea sur un parking aménagé devant

un grand bâtiment blanc, face à la mer. De violentes bour-rasques faisaient pencher les arbres et elle ne put retenir une grimace de dépit.

— Bienvenue en Écosse, ma belle ! C’est parti pour un an, claironna Gerry.

Un an, à condition qu’elle tienne. Le pari était loin d’être gagné.

Rhuaridh lança un regard courroucé à sa collègue.— Tu plaisantes, Magda ? Dis-moi que c’est encore une

de tes blagues.Assise dans son fauteuil, les mains à plat sur son ventre

rebondi, elle avait l’air si gêné qu’il dut se rendre à l’évidence : elle ne plaisantait pas.

— J’ai signé le contrat il y a dix mois, avant de tomber enceinte, murmura-t-elle.

— Donc, une équipe de télévision va venir filmer chez nous, et tu n’as pas jugé bon de m’en parler ?

Elle secoua la tête.— Je t’en ai parlé, Rhuaridh. En tout cas, je t’ai envoyé un

16

mail à l’époque, avec les contrats et toutes les explications. Mais il s’est passé tellement de choses…

— C’est vrai.Un an plus tôt encore, il venait dépanner son père et Magda

pendant les vacances. Mais quand son père, le fondateur du cabinet, était mort d’un cancer foudroyant du pancréas, il avait repris les rênes faute de candidats. Il avait vendu son propre cabinet situé à Glasgow, avait réaménagé la vieille maison familiale d’Arran, et surtout il avait pris ses marques dans son nouveau rôle de généraliste urgentiste polyvalent.

Il avait trop de choses en tête. Dans ces conditions, il n’était guère étonnant que cette information pourtant essentielle lui ait échappé.

Magda leva les deux mains en un geste d’excuse.— J’aurais dû te prévenir que tu allais me remplacer sur

le tournage, bafouilla-t-elle. Je voulais le faire, mais avec cette alerte… J’ai zappé.

Il jeta un coup d’œil sur les chevilles légèrement gonflées de sa collègue.

Elle et son époux avaient essayé de concevoir un bébé pendant sept ans, sans succès, avant que le miracle ait lieu. Toute l’île se passionnait pour leur histoire. Alors, la semaine précédente, quand Magda avait eu quelques saignements après une chute sur le trottoir, ç’avait été le branle-bas de combat à l’hôpital local. L’important était d’épargner tout stress à la future mère.

Malgré son irritation, il essaya de ne pas s’énerver. Résigné, il s’assit en face d’elle.

— Raconte-moi tout.Quelques explications plus tard, après avoir compris de

quoi il retournait, il haussa les sourcils.— Je suis surpris, Magda. Je te vois mal jouer les stars

de la télé-réalité.— Je ne l’ai pas fait pour être une star, répondit-elle en

souriant. Je l’ai fait pour l’hôpital. Souviens-toi, la télé nous achète un appareil de radio neuf et, cerise sur le gâteau, nous paye le contrat de maintenance.

17

Dans son e-mail, Magda lui avait sans nul doute parlé de ce don inespéré. Comment avait-il pu l’oublier ?

Leur petit hôpital rural avait désespérément besoin d’un nouvel appareil, mais, faute de crédits, l’administration faisait la sourde oreille. Avec un équipement moderne, ils pourraient prendre de meilleurs clichés et ne plus envoyer autant de malades sur le continent pour vérification. D’autant que la population de l’île se trouvait multipliée par quatre pendant la saison touristique… L’initiative de Magda prenait soudain une autre tournure, beaucoup plus valorisante.

Il lui sourit.— Tu sais que je t’aime, toi ?Elle pointa sur lui un doigt faussement menaçant.— Ne dis pas ça devant David ! répondit-elle, hilare.Il s’esclaffa.David était son meilleur ami. Il les avait présentés l’un à

l’autre dix ans plus tôt, quand Magda et lui étudiaient en fac de médecine dans la même promotion. Enfant unique, il les considérait comme le frère et la sœur qu’il n’avait pas eus.

— Ton initiative part d’un bon sentiment, dit-il d’un ton badin. Pourquoi ai-je l’impression que certaines choses vont me déplaire ?

Quelque chose lui disait que Magda ne lui avait pas encore tout dit. Il en eut la certitude lorsqu’elle se mordit la lèvre.

— L’équipe viendra trois jours par mois pendant un an. Ils te suivront au quotidien. Mais rassure-toi, tu n’auras pas à gérer le droit à l’image des patients. La production s’en occupe.

Il se rembrunit.— Trois jours par mois ?— Oui. Ce n’est rien du tout…Pour lui, qui appréciait la discrétion, ce n’était pas « rien »,

et Magda le savait. Il allait avoir des étrangers dans les pattes. Des gens qui poseraient des tonnes de questions et lui feraient perdre son temps. Bref, un cauchemar.

Lentement, Magda se mit debout et se frictionna le ventre.— Les choses n’ont pas tourné comme prévu, murmura-

t-elle, les larmes aux yeux. Mais je crois que les gens d’ici

18

aimeront être mis en valeur, pour une fois. Essaye de voir le bon côté des choses.

Il s’efforça de sourire.— Ne t’inquiète pas, je respecterai cet engagement. Pense

à toi et au bébé. Tu devrais être en congé depuis quinze jours.Elle avait voulu rester le plus longtemps possible, sachant

que les agences d’intérim médical n’avaient trouvé aucun remplaçant. Mais Rhuaridh s’était préparé à son départ et, avec l’aide de tout le cabinet – infirmières, kinésithérapeute et sage-femme, il tiendrait la barre.

De toute manière, ce n’était pas comme s’il avait le choix.Après le décès de son père, sa vie avait été bouleversée, mais

il n’avait pas hésité à reprendre le flambeau et, aujourd’hui, il s’en félicitait.

Cela n’avait pas été tout de suite le cas, car il avait perdu sa compagne dans l’histoire : Zoé l’avait quitté du jour au lendemain. Non seulement elle avait refusé de venir à Arran, mais elle n’avait pas voulu envisager une relation à distance. Elle l’avait plaqué avant même qu’il puisse chercher une solution viable pour leur couple !

Aujourd’hui, il ne regrettait ni sa vie citadine ni ses missions ponctuelles pour Médecins sans Frontières. Il était heureux d’avoir accompli son devoir envers son père. Il aurait simplement voulu que ce retour s’effectue dans des conditions moins tristes…

Résolu à faire contre mauvaise fortune bon cœur, il sourit à Magda.

— Quand tes Américains vont-ils débarquer ? En juillet ou en août, je suppose ?

Elle eut un rire nerveux.— Ils arrivent demain… Ou peut-être aujourd’hui,

ajouta-t-elle d’une voix tremblante en fixant quelque chose par la fenêtre.

— Quoi ?Suivant la direction de son regard, il avisa une jeune femme

blonde sur le parking. Vêtue d’un pantalon trois-quarts et d’une petite veste d’été, elle bataillait contre le vent pour refermer la portière de sa voiture. Quand elle y parvint, elle

19

écarta sa chevelure platine de son visage, d’un mouvement brusque qui trahissait son exaspération.

— Tu plaisantes cette fois, Magda ? s’écria-t-il. Je n’ai même pas eu le temps de me préparer !

— Je… Je suis désolée. J’avais d’autres choses en tête et…Le cerveau de Rhuaridh se mit à tourner à plein régime.Il allait devoir prévenir ses patients, déterminer quelles

consultations pourraient être filmées, mettre des limites. Sachant que des émissions du même genre avaient déjà eu lieu, il voulait aussi se rapprocher de l’ordre des médecins et de son syndicat pour obtenir un éclairage. Toutes choses qui auraient dû être faites en amont et non dans l’urgence !

À l’extérieur, le vent arracha une liasse de feuilles de la main de la visiteuse.

— Bon sang, quelle galère, ce patelin ! s’exclama-t-elle.Elle avait crié si fort qu’ils l’avaient entendue. Même à

distance, son accent américain était clairement perceptible.Atterré, il pivota vers Magda.Il eut la nette impression que sa collègue et amie se

retenait de rire.— Je la trouve marrante, commenta-t-elle. Tu vas

peut-être t’amuser…Il pinça les lèvres pour s’empêcher de répliquer vertement.— Tu me revaudras ça, docteur Price, gronda-t-il.— Sans problème, docteur Gillespie. On en reparle après

l’accouchement ?— Compte sur moi ! Tu ne perds rien pour attendre.

— On aurait dû aller à l’hôtel d’abord. Pourquoi as-tu absolument voulu venir ici ?

Kristie suivait Gerry, lequel se dirigeait d’un bon pas vers l’entrée du bâtiment blanc, caméra sous le bras. Une plaque indiquait « cabinet médical – Drs Gillespie et Price ».

Signe qu’ils étaient au bon endroit. C’était déjà ça !Devant la porte, le cameraman marqua une pause.— Il faut partir sur de bonnes bases, déclara-t-il. On

20

établit le contact, on voit de quoi ce type a l’air et comment on va pouvoir travailler. Ensuite, on lève le camp.

— Rou-a-ry. Rou-a-ry, répéta-t-elle à mi-voix.Apparemment, ce médecin remplaçait au pied levé une

collègue pour l’émission. S’il était comme la plupart des autochtones croisés sur le ferry, il devait avoir des tempes grises, porter de grosses bottes et marcher avec une canne.

Le bateau… Pourvu qu’elle ne sente pas le vomi !D’une main fébrile, elle prit un petit vaporisateur dans

son sac et s’aspergea de parfum. Puis, précédant Gerry, elle s’engouffra à l’intérieur.

La vaste salle d’attente était vide, mais sans doute pas depuis longtemps. Les chaises étaient dérangées, de même que les piles de magazines. Elle remarqua également plusieurs jouets éparpillés sur le carrelage. La journée du médecin avait dû être bien remplie.

Il n’y avait plus personne derrière le comptoir d’accueil.Elle jeta un coup d’œil sur sa montre. 18 heures.— Bonsoir ! dit-elle d’une voix forte. Il y a quelqu’un ?Une porte claqua, puis un homme brun de haute taille

arriva du fond du couloir. Il tenait une femme enceinte par le bras et semblait contrarié.

— Bonsoir, dit-il. Je raccompagne ma collègue, et je suis à vous.

— Bonsoir, renchérit la jeune femme avec un drôle de regard en coin. À bientôt, peut-être…

Avant que Kristie ait pu réagir, ils s’étaient dirigés vers la porte. L’homme prit congé de la visiteuse puis revint vers eux à grandes enjambées, les mains enfoncées dans les poches de son pantalon de toile beige.

— Vous êtes les gens de la télé ? demanda-t-il sans sourire.Comme ses compatriotes, il s’exprimait avec un fort

accent. Le cerveau fatigué de Kristie mit quelques secondes à comprendre les mots.

— Oui, murmura-t-elle. Docteur Gillespie ?— Lui-même.Oh ! Seigneur ! Ce type ne ressemblait pas du tout à

ce qu’elle avait imaginé ! Avec sa carrure athlétique, ses

21

boucles brunes un peu trop longues et sa chemise élégante qui rehaussait le bleu de ses yeux, il aurait pu poser pour un magazine de mode…

S’il avait eu l’air moins renfrogné, bien sûr.Elle lui tendit la main, gênée.Après vingt heures de voyage et une traversée épique, elle

n’était pas au mieux question look. Elle le gratifia tout de même de son plus beau sourire. Un « sourire hollywoodien », l’aurait taquinée Louie. Mais ce soir-là, elle n’était pas sûre que le charme opère.

— Kristie Nelson. Enchantée de faire votre connaissance, Rou… Docteur.

Rhuaridh Gillespie avait une poigne chaude et ferme. Était-il sportif ? Il paraissait en excellente condition phy-sique, en tout cas.

— Moi de même, répondit-il.Puis il pivota pour serrer la main de Gerry.— Gerry Berkovich, annonça ce dernier d’un ton gai.

Cameraman, éclairagiste, perchman et faire-valoir de la jolie demoiselle ici présente.

Kristie lui donna un coup de coude.— Si seulement ! répondit-elle en riant.Loin de se dérider, Rhuaridh Gillespie les considéra en

fronçant les sourcils.— Passons dans mon bureau, dit-il. Il y a une heure,

j’ignorais tout de votre venue. Je n’ai donc pas eu le temps de me retourner. Il faut que l’on discute un peu.

À en juger par son intonation, les choses se présentaient mal. Mais elle en avait vu d’autres et, dans ce genre de situations, elle savait quoi dire.

Après s’être installée face au médecin, elle sourit de nouveau.

— Ne vous inquiétez pas, tout est calé, assura-t-elle. Le contrat a déjà été approuvé…

— Pas par moi ! coupa-t-il sèchement. Je veux consulter mon organisation professionnelle. Il ne s’agit pas de filmer n’importe quoi, n’importe comment. Il faut respecter le secret médical.

22

Les tempes de Kristie se mirent à bourdonner. Le médecin parlait, mais elle l’entendait à peine.

— Tout a été préparé par nos juristes, glissa-t-elle.En vérité, elle l’ignorait. Son métier, c’était le terrain. Or,

elle n’avait que trois jours pour gagner la confiance de cet homme et rapporter assez de rushes pour la première émission.

— Peu importe, martela-t-il. Cette histoire me tombe dessus et, croyez-moi, je m’en serais bien passé. La déon-tologie, c’est important. Je crains de nuire à mes patients ou à la réputation du cabinet.

Il était en train d’ériger un mur infranchissable entre eux. Et dire qu’elle l’avait trouvé séduisant ! Elle avait même pensé qu’il ferait un tabac auprès des téléspectatrices s’il se déridait un peu. Mais il en était loin !

— On n’a que trois jours, insista-t-elle. Je suis certaine que…

Soudain, le médecin se leva et rangea sa chaise. Gerry toussota. Quand elle se tourna vers lui, il secoua discrète-ment la tête.

— Je vous appellerai dès que possible, dit Rhuaridh Gillespie d’un ton ferme. Il se fait tard. Vous devez avoir hâte de vous reposer, conclut-il avec un regard éloquent.

Il gagna la porte et l’ouvrit en grand.Elle le regarda, médusée.De quel droit cet arrogant personnage se permettait-il de

les congédier ? Pour qui se prenait-il ? Après avoir traversé toute la planète, voilà ce qu’elle récoltait ?

Gerry avait dû lire dans ses pensées, car il lui prit douce-ment le bras pour la faire se lever. Puis il secoua de nouveau la tête et l’entraîna vers la sortie.

Ils traversèrent le parking en silence. Il pleuvait toujours, et à présent il faisait nuit noire.

Elle s’affala sur son siège dans la voiture, désespérée.— Demain, je commencerai à filmer les extérieurs,

annonça Gerry. Le bateau, le port, la campagne… Avec un peu de chance, une infirmière acceptera de nous faire visiter l’hôpital, et on aura un peu plus d’images.

23

— Pff. Ça fera cinq minutes de programme en tout et pour tout, marmonna-t-elle.

Désespérée, elle se frappa le front contre le volant.— Pourquoi ne nous ont-ils pas envoyés au Caire ou à

Paris ? J’aurais préféré suivre n’importe qui plutôt que ce médecin arrogant, grincheux et insupportable !

— Vois le bon côté des choses, il est mignon.— Quoi ?De surprise, elle se redressa. Elle n’aurait jamais cru que

Gerry remarquerait ce détail.— Il est mignon, répéta-t-il. Le genre beau brun ténébreux

qui plaît aux dames. Tu devrais le savoir mieux que moi.— Tes « dames » vont avoir besoin d’un décodeur,

ironisa-t-elle. Il parle tellement vite, et avec un tel accent qu’on va devoir sous-titrer l’émission !

— Il a un côté Highlander, c’est génial. Crois-tu qu’il accepterait de porter le kilt devant la caméra ?

Elle secoua la tête.Cette discussion ne menait à rien, son cerveau tournait

au ralenti.— J’ai besoin d’une douche, d’un repas chaud et d’une

nuit de sommeil. Où se trouve l’hôtel ?— À cinq minutes de route à peine. D’ailleurs, ce n’est

pas un hôtel. La production nous a réservé un cottage. Les logements saisonniers sont très courus et pas toujours faciles à trouver. On risque de ne jamais dormir deux fois au même endroit.

— Tant que j’ai un lit, ça me va. Allez, c’est parti. Demain est un autre jour.

Une fois reposée, elle échafauderait un plan de bataille. Elle ne pouvait pas se permettre un nouvel échec, sa carrière était en jeu.

Renseignements pris, Rhuaridh savait depuis la veille que tout était en ordre d’un point de vue légal et déontolo-gique. Il avait informé ses patients. Plusieurs s’étaient portés

24

volontaires pour être filmés. Cela faisait donc vingt-quatre heures qu’il aurait dû donner son feu vert aux Américains…

Sauf qu’il n’en avait pas eu le courage.La journaliste et son cameraman étaient encore là, dans

la salle d’attente.Pour ce qu’il avait pu voir, ces deux-là formaient un drôle

de duo. Le type, Gerry, avait une tête de narcoleptique. En revanche, cette Kristie Nelson semblait toujours remontée comme une pendule à coucou !

Pam, l’une des secrétaires, passa la tête dans l’entrebâil-lement de la porte.

— L’hôpital vient d’appeler, ils ont encore un problème avec l’appareil de radio. Il faudrait aussi augmenter la dose d’antidouleur pour Mme McTaggart. Et John Henderson a téléphoné. Il n’avait vraiment pas l’air en forme, je lui ai dit que vous passeriez chez lui. Je lui ai posé la question, et il a accepté que les reporters vous accompagnent.

Rhuaridh leva la tête de ses notes.— Quoi ? Mais pourquoi ?Pam le considéra d’un air sévère. Elle travaillait au cabinet

depuis des années et le connaissait bien. Il y avait peu de chances qu’elle s’en laisse conter !

— Magda m’avait déjà donné les formulaires d’autori-sation pour les patients. J’en ai récupéré pas mal, si vous voulez savoir. Et maintenant, zou ! ajouta la secrétaire avec un grand geste de la main. Faites disparaître cette femme de ma salle d’attente. Elle va finir par avoir un malaise à force de tourner en rond !

Il jeta un coup d’œil sur sa montre.Il était presque 15 heures. La journée se terminerait bientôt.

Il allait consacrer cette fin d’après-midi aux Américains, plus toute la journée du lendemain. Ensuite, ils repartiraient et il serait débarrassé d’eux pour un mois.

Il se leva, enfila sa veste. Puis il se plaqua un sourire sur les lèvres et gagna la porte.

Kristie sauta sur ses pieds.

25

Rhuaridh Gillespie leur faisait enfin l’aumône de sa présence !

Jusqu’alors, Gerry n’avait capté que des images d’extérieur. En deux jours, il avait filmé l’île sous toutes les coutures, mais elle-même n’avait rien eu à se mettre sous la dent.

Elle commençait à se dire qu’elle allait faire le forcing quand, soudain, le Dr Gillespie était sorti de son bureau comme un diable de sa boîte. Il était venu se planter devant eux et leur avait dit que tout était en règle. Puis, sans autre explication, il leur avait proposé de l’accompagner à l’hôpital.

Il ignorait visiblement qu’elle y était allée la veille. Elle avait vomi derrière un arbre – à l’insu de Gerry – avant de pénétrer dans le bâtiment, mais elle avait mobilisé son courage pour remplir sa mission. À présent, elle connaissait l’infirmière en chef et quelques personnes hospitalisées en long séjour, lesquelles avaient toutes accepté d’être filmées.

C’était un bon départ.Vu les distances, le trajet dans le 4×4 noir du médecin

ne prit que quelques minutes. Sur place, il s’engouffra dans le vestibule des urgences sans regarder s’ils le suivaient.

Il n’allait pas leur faciliter la tâche. Et ils n’avaient pu préparer ni éclairage, ni micros, ni rien !

— Je vais filmer caméra à l’épaule, chuchota Gerry. Ne t’inquiète pas.

Elle sentit la moutarde lui monter au nez.Elle avait relu le contrat  : l’hôpital avait tout à gagner

dans cette histoire. En échange, Rhuaridh Gillespie devait se soumettre à certaines obligations. S’il continuait, elle ne manquerait pas de les lui rappeler.

Enfin, ils venaient juste de commencer le tournage. Elle devait se montrer patiente. Ce type était peut-être timide et mal à l’aise devant une caméra. Cela arrivait souvent. Ou alors, c’était un imbécile de première. Avec sa chance, elle avait sûrement décroché la timbale.

S’il savait à quel point les hôpitaux la terrorisaient ! Bien sûr que non. S’il l’avait su, il aurait changé d’attitude. Ou pas…

— Docteur Gillespie, parlez-nous du premier patient que nous allons voir, dit-elle.

26

Elle eut l’impression que toute sa musculature se tendait sous son élégante chemise blanche. Il marmonna quelques mots inintelligibles, mais elle fit signe à Gerry de filmer.

— Parlez devant la caméra, docteur, dit-elle.Gerry activa l’éclairage additionnel. Sans doute gêné par

la lumière, le médecin cligna des yeux, et elle faillit reculer devant son air furibond.

— Si on commençait par les présentations ? suggéra-t-elle très vite, craignant qu’il ne se dérobe. Je vais parler d’abord, face caméra. Ensuite, vous direz quelques mots sur vous. Articulez bien, ajouta-t-elle d’un ton calme.

D’habitude, elle ne procédait pas ainsi. Elle répétait les questions et les réponses avec ses interlocuteurs pour les mettre à l’aise. Mais là, le temps pressait !

— Bonjour à toutes et à tous. Je suis heureuse de vous retrouver aujourd’hui pour le premier épisode de notre série « Une année dans les Highlands avec… »

Elle s’interrompit. « Dr Sexy » ? Il n’aimerait sûrement pas le titre du programme !

— … Notre médecin écossais, acheva-t-elle. Je vous présente le Dr Rhuaridh Gillespie, qui exerce son beau métier sur l’île d’Arran. Docteur, je vous laisse la parole…

Il avait l’air d’un chevreuil pris dans les phares d’une voiture. Elle lui donna un petit coup de coude.

— Maintenant, chuchota-t-elle.— Allez-y, ajouta Gerry. C’est à vous.Comme elle le craignait, les premiers mots furent hési-

tants. Le débit s’améliora par la suite, mais, hélas pour les téléspectatrices, Rhuaridh Gillespie avait laissé son sourire au vestiaire…

— Parlez-nous de votre travail, encouragea-t-elle, après qu’il eut donné quelques généralités sur lui-même et sur l’île.

— Arran compte environ cinq mille habitants, mais l’été, la population quadruple avec les touristes. Cela complique parfois notre tâche, expliqua-t-il. L’hôpital est minuscule, et nous n’avons qu’un petit service d’urgences.

— Que se passe-t-il en cas d’urgence vitale ?— Ma collègue ou moi-même stabilisons le patient, puis

27

il est héliporté. Dans les cas moins graves, les malades sont évacués par ferry.

— Combien de temps cela prend-il ?Le médecin se renfrogna, visiblement agacé.— La traversée dure une petite heure. Ensuite, du port

d’Ardrossan à l’hôpital, il y a trente minutes de route.— Waouh, c’est long ! Ça peut mettre des vies en danger.— Absolument pas, gronda-t-il. Nous évaluons les risques

au cas par cas.— Et pour les interventions chirurgicales et les accou-

chements ?— La plupart des opérations sont programmées à l’avance

avec les chirurgiens du continent. Toutes les femmes enceintes sont suivies par leur gynécologue, plus la sage-femme de l’île. Un certain nombre de bébés naissent à la maison. Les autres mamans sont hospitalisées quelques jours avant terme, et un mois avant pour celles qui présentent un risque. Nous n’avons jamais eu de problème.

Ennuyeuse. Cette île était ennuyeuse. Il y avait pléthore de séries et autres documentaires sur les urgences. Les télé-spectateurs avaient l’habitude de voir de l’action ! Si tous les cas intéressants se traitaient ailleurs, que faisaient-ils dans ce trou perdu ?

Elle serra les dents et, comme elle en avait pris l’habitude, afficha son fameux « sourire hollywoodien ».

— Très bien, docteur. Maintenant que nous avons fait connaissance, présentez-nous votre premier patient de l’après-midi…

Rhuaridh était à bout au retour de l’hôpital.Il avait eu une caméra sous le nez pendant toute sa tournée

des malades. Kristie Nelson n’avait pas cessé de l’interrompre ou de chuchoter des directives à son cameraman. Cette femme était insupportable. Il n’en revenait pas qu’elle l’ait traité avec une pareille condescendance.

28

Lui demander d’articuler ! Quel toupet ! Personne ne s’était jamais plaint de son élocution, jusqu’à présent. Elle aurait mieux fait de s’écouter parler, avec son horrible accent américain !

Alors, pour ne pas céder à l’énervement, il s’était répété comme un leitmotiv : « Plus qu’un jour et ils déguerpissent, plus qu’un jour et ils déguerpissent. »

— Rhuaridh ? Pam a téléphoné pour vous rappeler votre visite à domicile.

Il regarda la standardiste venue à sa rencontre dans le couloir et se frappa le front.

Bon sang ! Il avait prévu de se rendre chez John avant d’aller à l’hôpital mais, avec tout ce bazar, il avait oublié. Ça ne lui était jamais arrivé !

Il courut à son bureau, prit sa mallette et sa veste puis repartit vers la sortie.

— Qu’est-ce qu’une visite à domicile ? l’interrogea Kristie Nelson.

Plantée devant lui, elle lui barrait presque le passage.— C’est pourtant clair, non ? C’est quand on va soigner

les gens chez eux !Il n’avait pas pu s’empêcher de répondre sèchement. Mais

si elle parut vexée, cela ne dura que quelques secondes.— Vous faites ça, ici ?— Oui. On n’est pas en Amérique.Leur système de santé était radicalement différent. Là-bas,

consulter un médecin coûtait cher, et la plupart du temps il s’agissait de spécialistes. Cette femme débarquait en terre inconnue…

— On vous accompagne, décida-t-elle.— Hors de question.— Ce monsieur figure sur la liste des patients qui acceptent

d’être filmés, insista-t-elle, l’air têtu.Évidemment. Pam le lui avait dit. Dans ces conditions, il

ne pouvait pas refuser, même si ça le démangeait de le faire.— Dépêchez-vous, alors, ordonna-t-il.Ils coururent derrière lui sur le parking. Dès qu’ils eurent

29

refermé la portière arrière du 4×4, il démarra et roula à vive allure pour rejoindre la ferme de John Henderson.

— Pouvez-vous nous donner quelques détails sur le patient qu’on va voir ? demanda Kristie Nelson.

Il pesta entre ses dents. Il n’avait aucune envie de dresser un catalogue exhaustif de toutes les maladies du vieux John. Et surtout, il se reprochait d’avoir tant tardé pour cette visite. En temps normal, il en aurait fait une priorité. Tout ça, c’était la faute de cette pimbêche !

Une fragrance épicée et orangée à la fois lui chatouilla les narines. Elle s’était penchée derrière lui, sans doute pour l’encourager à répondre. Mais comme il ne disait rien, elle se rejeta en arrière sur son siège.

Il avait réussi à la faire taire ! Mais sans doute pas pour longtemps.

Habitué aux nids-de-poule et aux routes mal entretenues de l’île, il atteignit la ferme Henderson en un temps record. Mais à peine s’était-il garé dans la cour qu’il eut un désa-gréable pressentiment.

D’habitude, la maison était éclairée partout. Il taquinait souvent John en disant que chez lui, c’était les illuminations de Noël toute l’année. Là, il ne distinguait qu’une lumière dans la pièce principale.

Il sortit de voiture et se précipita vers la vieille bâtisse sans se soucier des Américains. Puis il frappa très fort à la porte et entra.

— John, c’est Rhuaridh !Un gémissement attira son attention. Mac, le chien de

berger de John, était allongé dans le couloir, le museau entre les pattes. Il n’était pas venu l’accueillir en aboyant comme d’habitude.

Il caressa affectueusement la tête noire et blanche de l’animal.

— Qu’est-ce qu’il se passe, mon bonhomme ?À présent, il avait l’estomac noué. Il avait peur de connaître

la réponse.Ces dernières années, il avait rendu visite à John une fois

30

par mois. Depuis la mort de son épouse, le vieil homme vivait seul et, malgré sa santé fragile, il refusait toute aide.

Rhuaridh courut vers la pièce principale, un espace chaleureux un peu en désordre, au mobilier décrépit. Et ce qu’il vit lui souleva le cœur.

— John ! Non !Le vieil homme était par terre, recroquevillé devant la

cheminée.Il se précipita à côté de lui, prit son pouls…Il n’y avait plus rien à faire. John était mort, et sans doute

depuis plusieurs heures. Son visage buriné paraissait presque lisse, plus détendu qu’il ne l’avait vu depuis des mois. Il semblait en paix.

Mais cela rendait Rhuaridh malade de savoir qu’il avait quitté ce monde tout seul, sans autre compagnie que celle de son chien. Il s’était attaché à ce vieil homme, infatigable travailleur et témoin privilégié de son époque.

Même si cette issue était prévisible – son patient souffrait de problèmes cardio-respiratoires depuis longtemps –, il sentit ses yeux s’embuer.

Il pressa la main froide du vieillard.— Pardon, John… J’aurais dû être là. Au moins pour

t’accompagner vers ton dernier voyage.Mac s’était couché près de son maître, la tête sur sa poitrine.

Jamais Rhuaridh n’aurait pensé qu’un animal puisse avoir l’air aussi malheureux.

Bouleversé, il prit son téléphone et contacta le chef de la police locale pour les constats d’usage. En raccrochant, il s’aperçut alors que les deux Américains étaient là, dans la pièce.

Kristie Nelson le regardait d’un air épouvanté. Quant à Gerry, il filmait la scène.

Maudits journalistes. Tout ça, c’était leur faute ! Ces gens n’avaient rien à faire ici. Il ressentait leur présence comme une intrusion. Kristie Nelson, surtout, lui tapait sur les nerfs. Jamais une femme ne l’avait agacé à ce point-là.

— Arrêtez ! ordonna-t-il. Où vous croyez-vous ?

31

Le cameraman obéit et jeta un coup d’œil sur son équi-pière, qui semblait figée sur place.

— N’y a-t-il… plus rien à faire ? bredouilla-t-elle.— Bien sûr que non ! gronda Rhuaridh. John est mort

depuis au moins deux heures.Cela n’aurait sans doute rien changé qu’il arrive plus tôt.

Pourtant, il s’en voulait. Il aurait voulu être présent pour son ami dans ses derniers moments sur terre.

Finalement, une bonne heure s’écoula avant que toutes les formalités soient réglées. L’entrepreneur des pompes funèbres s’était déplacé. Les enfants de John, qui vivaient sur le continent, avaient été contactés. Il ne restait plus qu’à éteindre les lumières et à fermer la maison.

— Que va-t-on faire de Mac ? demanda Donald, le chef de la police.

Le chien était resté prostré sur le tapis.Rhuaridh le regarda et prit la décision la plus rapide de

toute son existence.— Je m’en occupe. Une seconde…Se penchant, il prit la clé de la maison dans la poche du

vieux John. Il la remit au responsable des pompes funèbres, puis se dirigea vers la cuisine, où il récupéra la gamelle du chien et quelques boîtes de pâtée qu’il fourra dans un sac en plastique.

— C’est tout bon ? demanda Donald depuis le hall.— Oui !Il repassa dans le salon.Un sixième sens avait dû alerter Mac de ses intentions,

car le berger s’avança vers lui en remuant la queue.En voyant ses grands yeux bruns pleins d’espoir, il sentit

sa gorge se nouer. Il s’accroupit et lui caressa la tête.— Je ne te laisserai pas, chuchota-il. Je vais m’occuper

de toi, mon bonhomme.

Kristie regarda le 4×4 de Rhuaridh s’éloigner dans les premières lueurs du crépuscule, hébétée.

Insensible au vent glacial, elle restait là, plantée devant

32

le cottage qu’elle louait avec Gerry. Elle n’avait pas envie de bouger ni de rentrer. Elle n’avait plus envie… de rien.

Gerry lui entoura les épaules d’un bras protecteur.La première fois qu’elle avait vu la mort en face, son

cameraman était déjà là. Et aujourd’hui, même si elle n’avait pas perdu un proche, c’était toujours aussi dur. Jamais elle n’aurait dû accepter ce projet. Elle avait eu raison de craindre le pire, car le pire était arrivé.

— Drôle de type, ce médecin, commenta Gerry.— Ah bon, tu trouves ? Moi, il me hérisse. Il ne devrait

pas oublier qu’il a signé un contrat pour ce programme. Il a tout à gagner en échange.

Gerry lui lâcha l’épaule et tapota sa caméra en souriant.— Tu ne t’es rendu compte de rien, pas vrai ?Elle secoua la tête.— Il y a un autre Rhuaridh Gillespie là-dedans. Ces

grands airs qu’il se donne, c’est de la poudre aux yeux. On tient une mine d’or. Je te le garantis.

SCARLET WILSON

Le docteur des Highlands En décrochant son diplôme de journaliste, Kristie se berçait encore d’illusions. Mais ses rêves de gloire se sont envolés avec les années. Aujourd’hui, le reportage qu’on lui confi e pour la télévision lui fait l’effet d’un supplice. La voilà contrainte de passer un an dans les Highlands avec celui qu’on surnomme déjà « le Dr Sexy ». Un scénario d’autant plus ridicule que le médecin en question, s’il est en effet très séduisant, se révèle particulièrement odieux !

TRACI DOUGLASS

Une maman pour Sam Alors que Wendy désire secrètement trouver l’amour et être mère, elle n’en a pas le droit. Comment pourrait-elle prendre le risque de donner naissance à un petit être innocent, alors que la maladie plane comme un spectre au-dessus de sa tête ? Alors qu’elle devrait se satisfaire de ce travail au service de traumatologie qu’elle aime tant, elle se surprend soudain à vouloir davantage. Depuis sa rencontre avec le Dr Thomas Farber, père d’une petite Sam, elle rêve même d’avoir une famille, enfi n…

ROMANS INÉDITS - 7,10 €1er août 2019

www.harlequin.fr 2019

.08.

79.7

005.

1C

AN

AD

A :

9,99

$