PIRATES DE LEGENDE (PDF)excerpts.numilog.com/books/9782081221062.pdf ©ÉditionsFlammarion,2009...
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© Éditions Flammarion, 2009Éditions Flammarion – 87, quai Panhard-et-Levassor – 75647 Paris Cedex 13
Dépôt légal : octobre 2009 – ISBN : 978-2-0812-8044-1 – N° d’édition : N.01EJDN000107.N001
Loi n°49-956 du 16 juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse.
Les mots suivis d’un astérisque (*) sont expliqués dans le glossaire en fin d’ouvrage.
Histoires racontées par
Loïck Peyronavec le concours de Thierry Delahaye
illustrations d’Annette Marnat
Flammarion
1. Barberousse et les corsaires barbaresques(Méditerranée, 1540)
2. Francis Drake meurt de chagrin à Panama(Amérique centrale, 1596)
3. Borgnefesse, le jovial tiburon(Caraïbes, 1680)
4.Une expédition à la mer du Sud(Pérou, 1687)
5. Libertalia, la république des pirates(Madagascar, 1690)
6.Le trésor du capitaine Kidd(Long Island, 1701)
7. Barbenoire et les fumées du Diable(île Ocracoke, 1718)
8. L’habit fait le pirate(Jamaïque, 1720)
9. Où sont cachés les diamantsde La Buse? (île Bourbon, 1730)
10. John Paul Jones, négrier, pirate et amiral(États-Unis, 1776)
11. Les dames pirates de la mer de Chine(Macao, 1920)
Bibliographie
Glossaire
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Sommaire
Enfant déjà, je rêvais de courir lesmers. Parmi lesmarins dont je lisais
les exploits, ceux que j’admirais le plus étaient les flibustiers des Caraïbes. Je les
voyais guetter dans leur lorgnette les galions* espagnols chargés d’or et d’argent.
Je les suivais sur les îles désertes où ils enterraient leurs trésors.
La lumière éteinte, les images dansaient encore devantmes yeux : abordages et
souffle des caronades*, jambes de bois, villes incendiées, tromblons, coffres emplis
de pierreries, doublons et pièces de huit*, perroquets, tonneaux de rhum… Des
sloops* remontaient au vent, pavillon noir envoyé*…
Les véritables pirates ne se rencontraient pas qu’auxAntilles. Ils sillonnaient la
Méditerranée aux débuts du commerce, attaquaient les bateaux chargés d’épices
dans l’océan Indien, croisaient au large des comptoirs coloniaux enmer de Chine.
Et ils continuentà rançonnernaviresmarchands et plaisanciersdans certaines eaux
du globe.
Faut-il raconter la vie de si peu aimables personnages ? Ce n’est pas la violence
qui m’attirait en eux, mais la liberté. Le pirate est un homme qui « tente la
fortune», qui joue avec la mer et le danger, comme le capitaine Nemo. Il est le
modèle de l’aventure. Et l’aventure, c’est ma vie.
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E n Méditerranée, dans la pre-mière moitié du XVIe siècle, les navires decommerce espagnols, génois ou vénitiensdevaient affronter un ennemi redoutable,les Barbaresques. La flotte ottomane*, alorscommandée par le fameux pirate algéroisBarberousse, faisait régner sur lamer la loi deSoliman le Magnifique.
En réalité, Barberousse n’était pas turc,mais grec. Il n’était pas né de confessionmusulmane, mais de confession chrétienne.
Il n’était pas un, mais deux, deux frèresportant lemêmesurnom,deuxpiratesdevenuscorsaires au service du Grand Sultan, maissurtout à leur propre service.
Les chrétiens avaient nommé«barbares»lesmusulmans, qui, en retour, les qualifiaientd’« infidèles». Établis sur les côtes d’Afriquedu Nord, les Barbaresques lançaient leursattaques sur les navires en provenance desports de la rive européenne.
Barberousse etles corsaires barbaresques
Après dix siècles, l’affrontementmaritimeet les coups portés au commerce avaient prisl’allure d’une guerre de religion. Les galèresbarbaresques,muespardes esclaves chrétiensenchaînésauxavirons,abordaient lescaraques*
espagnoles, avant d’être poursuivies par lesgalères des corsaires maltais, sur lesquellesramaient des prisonniers musulmans. Laplupart des galériens, quelle que fût leurconfession,mouraient sous les coupsde fouetoud’épuisement. Ilsn’étaientdétachésde leurbanc de nage* qu’aux escales, mais encoredevaient-ils racler la coquede leur galère afinde lui conserver ses performances.
Quand un corsaire barbaresque s’emparaitd’un navire chrétien, les morts et les blessésétaient jetésà l’eauet lesprisonniersrépartisenplusieurs catégories : les hommes d’équipageet lespassagerspauvresétaientdestinésàrem-placer lesgalériensmanquants; lespassagersdeconditionétaientconduitsausoukd’Algerpoury être vendus comme esclaves, ou détenus letempsque leur famille paie leur rançon, ce quiprenait parfois plusieurs années. Des officierss’offraient à rejoindre le parti barbaresque :certains de ces renégats* embrassaient lafoi musulmane, d’autres apportaient leursconnaissances nautiques et leur bâtiment auservice du sultan.
Les frèresBarberousseavaient tousdeuxunebarbe d’un «roux incendiaire» et un certaingénie quant aux diverses manières d’aborderun vaisseau ennemi ou de conquérir une ville.
Avant de devenir le raïs –le capitaine– Arudjavait été chef de chiourme* sur une galèreturque et esclave rameur sur une galère deschevaliersdeRhodes. Il se fit connaîtreen1504pour avoir, sur une simple galiote*, emporté,par la ruse, un convoi armé par le pape Jules IIetescortédedeuxgalères.Multipliant lespriseset amassant du butin, Barberousse voyait loin.Il s’empara d’Alger, fit allégeance aux Turcspuis se débarrassa des chefs arabes inféodésà l’Espagne. Charles Quint envoya dix millehommes pour l’assiéger à Tlemcen. ArudjBarberousse fut tué et sa tête rapportée enEspagne.
Son frère Khayr al-Din reprit le flambeaudes Barberousse. Il obtint de Soliman desrenforts en janissaires, ces soldats d’élite del’armée ottomane, et arma une soixantaine degalères et de galiotes, équipées de canons àl’avant commeà l’arrière. Trèsmaniables, cesvoiliers pouvaient filer jusqu’à neuf nœudssous la force conjuguée du vent et de leursrameurs,mais, embarquantprèsde cinq centshommes, dont trois centsnageurs*, leur auto-nomie en vivres était limitée à une semaine ;ils devaientdonc se contenterd’attaques éclairou de navigation de cabotage*. Bien secondépar ses lieutenants, Barberousse sema la ter-reur sur le littoral de laSicile, bombardaTunis,alla narguerCharlesQuint enpillant des villesespagnoles. L’empereur donna l’ordre deprendre Alger ; il y perdit huit mille hommeset cent cinquante vaisseaux.
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Khayr al-Din, pour se venger de cette ten-tative, s’allia avec le roi de France, FrançoisIer,alors en guerre contre Charles Quint. Le cor-saire barbaresque avait près de soixante-dixans. À la tête d’une escadre de deux centsnavires, il fut accueilli ensouverainàMarseille,hiverna à Toulon où ses alliés regrettèrentd’avoirpactiséavec lediable, etpillaNiceavantde repartir vers Constantinople. Ses bateauxétaient tant chargés debutin et deprisonniersque, par gros temps, des centaines d’entreeuxfurent jetés par-dessus bord afin d’assurer lasécuritédesnavires.LedernierdesBarberoussemourut en 1546 à Constantinople. Selon lalégende, son cadavre fut retrouvé plusieursfois hors de terre, et « il fut impossible de lefaire tenir dans son cercueil jusqu’à ce qu’unsorcier grec conseillât d’enterrer le corps avecunchiennoir.Ceci fait, il resta tranquille etnetroubla plus personne».
BarberousseSurnom donné à deux frères, Arudj (vers
1474-1518) et Khayr al-Din (vers 1476-
1546), nés à Mytilène, sur l’île de Lesbos,
d’unpère sicilien converti à l’islam.Arudj
Barberousse semit au service des Turcs et
sema la terreurdans lespossessions espa-
gnoles de Méditerranée jusqu’à ce qu’il
meure au combat. Son frère, Khayr al-
Din, lui succéda. Il fit aménager le port
d’Alger par, dit-on, trente mille esclaves
chrétiens, capturés sur des navires ou sur
les côtes italiennes. Allié de François Ier
dans sa guerre contre Charles Quint,
Barberousse prit et pilla Nice en 1543.
La légende assure que, lorsquela flottille deFrancisDrakeparvint au large deCarthagène, toutes les femmes de la villecolombienne sortirent sur la plage afin descruter l’horizon avec leurs longues-vues. Lecorsaire anglais était bien attendu par sesfutures victimes…
De Carthagène des Indes – Cartagena deIndias–partaient alors les galions chargésd’oret de pierreries envoyés d’Amérique vers la
vieille Europe, ce qui attirait les convoitises.En 1544, un flibustier français nomméRobertBaal, venu avec cinq navires et un millierd’hommes, avait pillé et brûlé la ville. En 1569,MartinCôte enavait fait le siège,mais sesbou-caniers ne purent réduire les Espagnols àmerci. Après chaque alerte, les murailles deCarthagène étaient surélevées, à tel point quele roi d’Espagne, Philippe II, aimait à enplai-santer. De son palais madrilène*, regardantvers l’ouest, le roi faisait mine de chercher à
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Francis Drake meurt de chagrinà Panama
2.
l’horizon les fortifications de Carthagène :«Ellesnousont coûtéune tellemontagned’or,qu’elles devraient se voir d’ici ! »
Mais, en 1586, les remparts de la ville n’ar-rêtèrent pasFrancisDrake.Après avoir réduitla toile, son navire franchit la barrière decorail, doubla* une à une les îles del Rosarioet pénétra dans la baie de Carthagène où ils’offrit aux regards de ces dames… et auxcanonsdes forts gardant lapassedeBocachica.C’était dans ces parages que l’équipage deChristopheColomb avait vu son premier alli-gator… Ce jour-là, les témoins virent un« Dragon », surnom donné à Drake pourson courage et sa dangerosité. La flottilleanglaise brava le feu, dirigé pour partie versle flanc des bateaux et pour le reste à hauteurde mâture. Drake ordonna à ses marins depoursuivre les manœuvres d’accostage*, tan-dis que les batteries anglaises donnaient àplein pour empêcher les Espagnols d’ajusterleurs tirs. L’audace fut payante et, à midi, leshommes de Drake prirent pied sur le rivage.Ces dames s’étaient enfuies. Pour les rassu-rer,Drake commanda à seshommesdenepasentrer dans les habitations.
La poterne ne résista guère avant de leurlivrer passage. Les ruelles de la ville sentaientle citron vert et le poisson grillé. Des coursintérieures s’échappaient de fraîches odeursde mangue et de laurier, vite dissipées dansl’air humide chargé de sel. Tous ces parfumstournaient la tête aux corsaires anglais quicouraient dans l’ombre au pied des maisonsécrasées de chaleur. Ils ouvrirent de force lesentrepôts, amassèrent unbutin considérable,incendièrent quelques bâtiments militaireset s’en revinrent charger leursprises àborddeleursnavires.Carthagèneretrouva son souffle.Drake fit tirer le canon pour saluer en quit-tant la baie, et sa flottille se perdit dans lesbrumesquimontaient de lamerdesCaraïbes.Quand le soleil baissa, les navires avaient tousdisparu.Ilnerestaitquelesseptnuancesdebleuqui teintent là-bas les eaux : outremer, indigo,turquoise, marine, cobalt, azur et opaline.
Dix ans plus tard, Drake revint croiser aularge de Carthagène. Délaissant la cité de l’or,il cingla vers la côte du Panama et Portobelo.LesAnglaisprojetaientdepilleret rançonner lavilleauxcoffresemplisencetteépoquedeNoël.L’approche des navires se fit sans encombre.
Mais une fois les troupes débarquées, l’affairecommença à mal tourner. Les marais entou-rant la ville étaient infestés de moustiques etde fièvres. Les hommes de Drake, venusd’Angleterre pour la plupart, n’étaient pas,commeles flibustiersdesesprécédentesexpé-ditions, rompus au climat des tropiques. Ladéfense espagnole paracheva ce que la natureavait entrepris etPortobelodemeura cette foisinviolée. Si les habitants se pressaient enhautdes remparts, ce n’était que pour se moquerdes assaillants. Drake en conçut tant d’amer-tume que, dit-on, il enmourut de chagrin auxpremiers jours de la nouvelle année.
Sir Francis Drake(1545-1596)Marin anglais, il fut d’abord corsaire aux
Antillesoù lesEspagnols le surnommèrent
rapidement El Dragon, « le Dragon ». Il
effectua le tour du monde de 1577 à 1580,
et prit possession de la Californie, qu’il
baptisa la Nouvelle Albion, au nom de la
reine Élisabeth d’Angleterre. En 1586, il
pilla Carthagène et, sur le chemin du
retour, incendia la flotte espagnoledans le
port de Cadix. En 1588, il contribua gran-
dement à défaire l’Invincible Armada au
large des côtes anglaises, puis repartit
mettre à sac l’Amérique espagnole.
Des siècles avant que je songe àmes propres ten-tatives, la flotte deMagellanavait effectué, de 1519à 1522, le premier tour du monde. La deuxièmecircumnavigation*, entreprise par FrancisDrake,fut un succès sur les plans maritime et financier.En décembre 1577, Drake quitta le port anglais dePlymouth sur leGoldenHind, unnavire de centcinquante tonneauxportant dix-huit canons,accompagné de quatre bateaux plus petits.En contournant l’Amérique du Sud parle détroit de Magellan, il fut repoussévers le sud, découvrant ainsi que laTerre de Feu était une île et quel’Atlantique et le Pacifiqueétaient reliés – ce dont je luisuis, comme tous les naviga-teurs, reconnaissant. Puis, laflottille s’étant dispersée, leGolden Hind longea seul lelittoral enpillant les coloniesespagnoles et en capturant
Un tour du monde,un tambour et des requins
des galions –dont le Cacafuego, chargé de lin-gots d’or et de pièces d’argent. À la recherche dupassage du Nord-Ouest, qui lui aurait permis derejoindre l’Angleterre, Drake rangea* la côte deCalifornie. Au nord de l’actuelle San Francisco,il échoua le Golden Hind pour le caréner*, à unendroit qui porte encore son nom : Drake’s Bay.Aujourd’hui, le campement de Drake le Dragon alaissé place à… une écloserie* de requins.
Après avoir lu les instructions nautiquessaisies sur des navires espagnols, Drake tenta leretour par le Pacifique, les Moluques et le cap deBonne-Espérance, établissant des cartes bien plusprécises que celles, volontairement incomplètes,tenues par ses ennemis. En septembre 1580,Drakerentra à Plymouth avec un tel butin que ses com-manditaires firent un profit de sept fois le capitalengagé, après que la reine Élisabeth eut prélevé sapart, soit la moitié.
Philippe II d’Espagne envoya une flotte impo-sante enAngleterre afinde se venger des exactionscommises par les corsaires anglais. Partie deLisbonne au printemps de 1588, l’InvincibleArmada comptait cent trente vaisseaux et uncommandant, le ducdeMedinaSidonia, sujet aumal de mer et ignorant tout de la manœuvre. Cefut le premier grand combat naval entre voiliers.En l’espacedequelques jours, les escadresanglaisesinfligèrentde lourdes pertes auxEspagnols pardesprocédés variés qui formentdepuis le répertoiredesmorceaux de bravoure, et ravissent l’enfant quej’étais et lemarinque je suisdevenu :attaque fron-tale, encerclement, canonnade, lâcher de brûlots,poursuite, abordage, et sauve-qui-peut général.Nommé vice-amiral, Drake était bien sûr de lapartie. Il avait toujoursà sonbordun tambourqui,m’a-t-on raconté, se mettait à battre quandl’Angleterre était en danger…
Ayant perdu lors d’un de sespremierscombats le«grasde la fessegauche»,emporté par un boulet de canon, Louis-Adhémar-TimothéeLeGolif reçut lesobriquet*de «Borgnefesse, Capitaine de la Flibuste».Arrivé à vingt ans aux Antilles, Le Golif avaittout d’abord commencé sa carrière commejournalier au service d’un planteur sur l’îlede la Tortue. Nourri « à coups de trique», ildésertabienvite, volaune«chétivebarque»ets’en fut sur la grande terre, Saint-Domingue.
Là, il parvint à un ajoupa* de boucaniers. Ilpartagea quelque temps la vie rude de ceschasseurs qui commerçaient avec les naviresdepassage, échangeant«poudre, fusils, toiles,contre des peaux de taureaux sauvages». Puisil trouva à s’embarquer sur le bateau corsairedu capitaine Roc le Brésilien, dont il appritles règles de la flibuste et celles de la naviga-tion, écumant « toute lamer desCaraïbes, desBouches duDragon au golfe de la Floride, avecgrande gloire et profit ».
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Borgnefesse,le jovial tiburon
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Né à Nantes, d’un père capitainede lamarinemarchande,Loïck Peyron vit les yeux tournés vers les océans.L’enfant de lamer s’est transforméenmarin confirmé…Aujourd’hui, il est mondialementreconnu pour ses exploits de skipper :quarante-trois traversées de l’Atlantique(dont dix-huit en solitaire), deux toursdumonde et quatre titres de championdumonde desmulticoques.
Sillonnant mers et océans au nom de leur liberté,bravant les canons ennemis, méprisant le danger,certains hommes ont choisi la piraterieau péril de leur vie.
Amoureux de la mer, Loïck Peyron vous invite à le suivresur les traces de pirates célèbres ouméconnus.Embarquez avec les flibustiers des Caraïbesà la poursuite des riches conquistadors,foulez le sol de Libertalia, la République des pirates,rencontrez Borgnefesse,et partez en quête du trésor de Barbenoire…
Loïck Peyron raconte les aventures de pirates légendaires,pour le plaisir des petits et des grands.
Dans la même collection :Marins de légendeNaviguer sur les mers du monde
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