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Notes du mont Royal Cette œuvre est hébergée sur « No- tes du mont Royal » dans le cadre d’un exposé gratuit sur la littérature. SOURCE DES IMAGES Google Livres www.notesdumontroyal.com

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Notes du mont Royal

Cette œuvre est hébergée sur « No­tes du mont Royal » dans le cadre d’un

exposé gratuit sur la littérature.SOURCE DES IMAGES

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f. ..’rflJ’

XTRAIT DE LA REVUE AFRICAINEN° 256 (1" TRIMESTRE 1906)

zLA LÉGENDE(P36 ANA

BENT EL KHASS

RENÉ BASSET

CORRESPONDANT DE L’INSTITUT

DIRECTEUR ne mâcon; SUPÉRIEURE pas LETTRES n’ALeEn

ALGERTYPOGRAPHIE ADOLPHE JOURDAN

IMPRIMEUR-LIBRA!RE-ÉDITEUR4, PLACE ou GOUVERNEMENT, Il

1905

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n LÉGENDE DE BENT EL moss";

Les traditions des Arabes du Sahara algérien, issus de la grandefamille des Beui Hilàl, ont conservé le souvenir d’une femme appeléetantôt Bent el Khass, tantôt Embarka bent et Khass. Elle personnifie. lebon sens naturel et la sagesse populaire, aussi lui a-t-on attribué uncertain nombre de maximes applicables à la vie quotidienne: de là, saréputation d’habileté a lait d’elle l’héroïne d’un stratagème ingénieux, grâce

auquel un ennemi dupé se retire au moment où ses adversaires sont prèsde succomber; enfin, elle a été représentée comme ayant construit des

ouvrages dont il ne reste que des ruines. lSon père, toujours suivant la légende, était cultivateur et très géné-

reux. Ellezavait- pour cousine la fille d’un nomade, propriétaire dechameaux. Cette dernière dit un jour à Bent el Khass: Celui qui estriche possède des chameaux et non des cultures. La jeune fille rapportaces paroles à son père qui lui dit: Réponds-lui «Le fumier rend fou;s’il vient, il l’emporte et emporte les chameaux. r

53-3leOrly) M m

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(C’est-adire qu’une culture qui réussit permet de tout acheter). En citai.

une bonne récolte survint et le père de Bent el Khass acheta tous les

chameaux de son frère. .Une autre lois, Bent el Khass se disputa encore avec sa cousine. Celle-

ci lui dit: Mon père est un brave, chaque jour il tue dix hommes; qu’atué ton père? - Bent el Khass lui redit ces propos. Un jour qu’il étaitchez lui, cinquante cavaliers vinrent lui demander l’hospitalité. Il les fitentrer, les hébergea, les débarrassa de leurs fusils (sic) qu’il remit à sa

il) Je tiens à remercier ici deux de mes anciens élèves, MM. Bel, direc-teur de la Médersa de Tlemcen, et» Mohammed ben Chencb, professeur àla Médersa d’Algcr, qui m’ont .iournl plusieurs des documents que j’aiutilises dans’cette,étude. .

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-19-tille en lut disant : Va les montrer à la cousine et dis-lui : Ton père a-t-iljamais rapporté un pareil trophée ? -- A cette question. la cousinedemeura muette et tut obligée de reconnaitre la supériorité de son oncle.Dans les récits qui précédent," la sagesse appartientw au pèreÇde’ Bent ’

et Khass à dans ceux "qui: suivent,- ciest celle-ci qui se distinguelpar sonesprit de répartie.

Son père lui demanda un jour: Les nuits sont-elles plus nombreusesque les jours ?

- Les jours sont plus nombreux que les nuits.

:- Et pourquoi? . , . . . . . -- Parce que les nuits de lune sont (semblables à) des jours.Une autre fois. elle dit à son père : il. y a trois choses qui jaunissent

. "lalace et troisch0ses qui la rougissent t1).U Quelles sont celles qui jaunissent la lace ?

-- Marcher pieds nus, avoir ledos chargé et une femme dépensière.

Et quelles sont celles qui rougissent la face ? .Connaître le lignage, connaltre les filles illustres et se contenter de ce

qu’on possède (9).

I Un jour quielle était avec son père, elle lui dit : a La générosité se lait

:Ravec ce quion trouve (9,9)! up àJQ). ll.répondit : La générosité est

i supérieure (final 334i).ADes cavaliers vinrent lui demander l’hospitalité.

’(l) des proverbes analogues où les choses vont trois par trois,ct. Mohammed ben Chéneb, Proverbes arabes de l’Algérie et du Maghreb.t. 1, Paris, 1905, in-8t, proverbes 538-544, p. 167469.

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-20-Comme il était pauvre. ilse cacha. Sa fille lui dit : Va trouver.tes hôtesethne crains rien. "sortit au devant d’eux. les introduisit chez luiet.les lit asseoir. Pendant ce temps, Bent el Khass allait tirer des bats des."chameaux les épis de blé avec lesquels ils étaient rembourrés. Elle s’en

servit pour préparer du couscous pour ses invités. Quand ils eurent fini ide manger. elle dit à son père : La générosité n’est pas supérieure

(à! j la). Il compritnl’alluSÎon et répondit: La générosité se fait avec .

caque l’on trouve. . , . -En se promenant avec son père, elle lui diten passant près d’un champ»

de blé : ’ ’ ï ’ . i ’ ’Une belle culture i Que son propriétaire ne la défend-il lSon père lui demanda : Peurquoi cette culture est-elle prête 7- Que ne la détend-il de la dette (t) ?

-:On cite encore d’elle ce dicton sur l’agriculture :

I Tous les lruitsprécoces sont bons.Saut le blé et l’orge - je ne sais (2).

Vint le moment de. la marier. Un jour de printemps, elle alla se prome-ner avec son père dansles cultures. L’orge verte avait une coudée de long;

il avait plu pendant la nuit. Elle dit à son père: La terre a passé la nuit

avec son étalon 06W). il comprit que sa fille, jusque lahostile au mariage, s’étaitdécidée à accepter un mari.

La tradition ne nous a rien conservé sur ce mari, pas même son nom;mais elle nous apprend queBent et Khass eut un fils à qui elle ne ména-gea pas les sages maximes qui l’ont rendue-célèbre.

Quand il se préparait à monter à cheval pour aller à la chasse ou enexpéditionlellelui disait : Mon fils, déjeune le, matin Si on ne t’invitepas (en route), tu ne défailliras pas, et si on te repousse, on ne t’attein-

dre pas (3). Wm Je) me si» peut 5,31 Je La), pas au? sa)» au

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«21-w

Ïln jour, il lui demanda de l’argent pour acheter des chevaux. Elle lui

dît : l ’”-- Quelle sorte de chevaux achèteras-tu ?Î- J’achèterai un cheval répandu, dont la croupe soit rembourrée sous

les tapis de la selle, dont l’œil ne voie pas et l’oreille n’entende pas,qu’une musette nourrit et qu’un sac couvre.

LElle lui répondit : Il est impossible qu’on en introduise un pareil aumarché : les juments des pauvres n’en portent pas et le riche n’en

vend pas (l). vElle fit la même réponse à son fils qui lui demandait de l’argent pouracheter des bœufs.

Lesquels veux-tu acheter 7 lui demanda-t-elle.-- Rouge-prune, ou noir foncé, ou gris avec les lèvres blanches.Elle lui répondit: « 0a n’en amène pas de tels au marché: la vache des

pauvres n’en produit pas de pareils et le riche ne les vend pas a (2).

a) La J5 Jus! U. ée Un u au.s---vb..çà saswaps JeP . si ’3’ 5L5

55-5;Dans les Gnômes de SidiAbd cr Rahman et Nedjedoub (sic) (Paris 1886,

in-lî, p. 83) M. de Castries cite un dicton de Bent el Khass sur les che-vaux. mais il est dînèrent:

0 vendeur de blé, qu’achèteras-tu? - J’achèterai des chevaux. -Achetés-en, mais en petit nombre; sur leur dos, on va vite, mais leursventres sont ruineux.

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-gr; il ; V lune.

-22...Ce fils, dont le nom est inconnu, mérita les éloges de sa mère qui

disait de lui :

Mon fils est toujours sur pied,Il ne soupe pas la nuit où il a des hôtes,Il ne dort pas la nuit où il craint (1).

On cite encore les maximes suivantes de Bent el Khass z

Un sult’âni (pièce d’or) dans la main

Vaut mieux que dix dépensés (2).

’- Lève-toi le matin, tu accompliras ce que tu as a taire et écoute ceque dit le présage (3).’Donne ta fille (en mariage) avant le jeûne (avant qu’elle ait atteint l’âge

du jeûne) ; on ne tiendra pas de propos sur elle.

539M, QJJ, W)H r» al); b hall-pt!

â-J L sesM. de Castries (op. taud. p. 8") cite un dicton sur les chameaux

a 0 vendeur de blé, qu’achèteras-tu? - J’achèterai des chameaux. -Elle reprit: Achètes-en beaucoup; leur dos est tort et leur lait est untrésor. lis t’emporteront du pays de l’abaissement et te déposeront dansle-pays de la considération. »

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n23 g- 1P. Sur’l’lemcen:. ..Z . fi. ... -2

Salue les gens de Tlemcen et dis-leur :Leur printemps est leur hiver.Ils soignent leur graisse et leurs conservesde .viande (il.

Lorsque l’époque des labours arrivait, elle disait à ses khammès : a Les

labours ne doivent durer que quarante jours ; hâtez-vous pour ne paslabourer pendant trois mois. - Pourquoi? - L’hiver dure deux mois et le

troisième mois fait partiedu printempsn(J.,L dry. bill).Aux autres cultivateurs qui demandaient des renseignements, elle répon-dait :uVous avez du. temps; l’hiver dure trois mois a.

[C’est en raison de cette réputation de sagesse qu’on lui attribua l’in-vention d’une’ruse de guerre qu’on retrouve sous une forme diliérentje;

dans les traditions d’un grandnombre de peuples. Une’ville assiégéewestabout de ressources: il s’agit de décourager l’assiégeant et delui faire croire’

qu’ona des vivres etde l’eau en abondance (2). Tantôt, on chasse dansle camp

ennemi un bœul, un veau, unechèvre ou un porc nourri avec ce qui restede grains (3); tantôt, on expose aux yeux d’un espion ou d’un parle-

w ’ uL-wb eusses bob(9)W3.WJÆJ-e

l (2) Cl. Pitre, mer me" sagenhafle Kriegslist, bel Belageningm,Zeitschrifl für die Volkskumie, t. n. Leipzig, 1889, in-S’ p. 97-102: Zin-garelli, Stralagemmi leggendarii (il citai .assediate, Archirio pet. le tradi-zioni popolari. t. xxn. Palerme. in»8°; Pitre, Slralagemmi leggendarii dlcilla assediale, Palerme, 1904, in-8°; id. La leggenda delle citld assediatedans les Studi di leggenda popolari’ in Sicilia, (t. xxn de la Bibliotecadalle tradiz’ioni popôlari siciliane), Turin. 190-1, in 8° p. 176-190. Cl. aussiRomania t. xxi. Paris, 1892, in-8° p. 478. ’ ’

(3) Cl. a propos du siège de Tlemcen, la légende de Lalla Setti, (E; deLorral, Tlemcen, Tour du monde, 1875. 2° semestre, p. 308) ou, suivantd’autres, d’une vieille lemme nommée Alcha. (Guiter, La mosquée deMansourah et le siège de Tlemcen, Revue africaine, t. rv 1859-18 30. Alger,1860, in-S’, p. 312-313) --v ou celle du château. de Roussillon assiégeait"les Wandres 1P. Meyer, La légende’de Girart de Roussillon, Vie latineà 110-115, Romania t. vu. 1878 p. 196498; - celle des Thraces réduitsaux dernières extrémités (Frontin, Stratagèmes, l HI, ch. xv, fi 5) --celledes habitants d’Alexandrie serrés de près par Frédéric Barberousse(Jachino, Il libre delta Crocs, cité par Pitre, Studi, p. 84) - celle ducomte Atton et de la reine Adelheid: il s’agit d’un singe (Pitre, toc. taud.)

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-24-mentaire des monceaux de sable couverts d’une mince couche de blé oudes tables largement servies (1); ou encore, on jette des pains par dessusles murs (2). C’est une ruse semblable qui sauve les habitants d’El-Goléa. a On prétend que Guélea a été assiégée pendant sept ans par les

» Touaregs qui s’entêtaient a vouloir la prendre par la lamine. Les pro-» visions commençaient, en ellet, à s’épuiser, mais une ruse sauva les» assiégés. Un matin, les Touaregs virent les murs de la place tapissés de» burnous blancs lralchement lavés qui séchaient au soleil ; donc elle ne» manquait pas d’eau (3). La nuit suivante, de grands leux allumés sur» divers points l’éclairaient tout entière ;donc elle ne manquait pas dea bois. Le lendemain, ils trouvèrent, sous les murailles et presque auxa portes du camp, des galettes de belle farine, des dattes, du kouskouçou,dernières ressources que les assiégés avaient sacrifiées pour taire croirea leur abondance. Les Touaregs y crurent et se retirèrent (4).

Le nom de Bent el Khass n’est pas prononcé, mais sa réputation desagesse était trop bien établie pour qu’on ne lui lit pas honneur d’unstratagème qui ’courait dans les légendes du désert. a On raconte» qu’Embarka bent El Khass lut assiégée sur la rive gauche de l’O. Seggar,

--- celle de la comtesse Mathilde, enfermée à Canossa (Ferraro, Il mitaroture dt Giova Pistore, cité par Pitre, op. taud., p. 185), - celle d’unelemme de la ville de Carcassonne, assiégée par Charlemagne (Pitré; op.

taud., p. 185). -(1) CL, à propos de Milet assiégée par Alyatte, roi de Lydie, la rusede Thrasybule (Hérodote, r, 19-22), Frontin, Stratagèmes. l. m, ch. xv,56, ou de Bias (Diogène Laerce, 1, 83) -- ou de Mygdonios (Polyen, Strata-(1èmes, vu, 36, p. 3i6-347, éd. Melber, Leipzig, 1887. ln-12) - cellede Manuel Comnène, bloqué par Bardas Skléros (Jean Scylitzès, citépar Schlumberger, L’épopée byzantine, Paris, 1896, in-8°, p. 392) - celledes gens de Castro-Giovanni. assiégés par le comte normand Roger(Vetri,cité par Pitré, Studi, p. 179).

(2) Comme les Romains assiégés dans le Capitole par les Gaulois (TiteLive, l. v, ch. 48; Ovide, Fastes ; Eutrope, Histoire romaine, l. r, ë 13 ;Frontin, Stratagèmes, l. lll, ch. xv, â 1) et le conte inséré par Francescodel Tuppo dans son Ésope, lab. xxxr (il manque dans l’Esopo di Francescodel Tuppo, publié par C. de Lollis, Florence, 1886, in-8°) Cl. G. Rua,Di alcune navette inscrite nelt’ Esopo di Francesco del Tuppo, Turin, 1889,in-8°, p. 1?.

(3) Ce stratagème fut réellement employé par Josèphe, d’après sonpropre témoignage, quand il défendait Jotapata contre Vespasien; pourtaire croire aux Romains que la ville était pourvue d’eau, il fit accrocheraux créneaux des murs des vêtements mouillés comme pour les sécher(Josèphe, Guerre des Juifs, l. m, ch. xm).

(l) Daumas, Le Sahara algérien, Paris, 1845, in-8°, p. 318-319.

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mgr)-

» au Sud du qsar de Brezina. par un sultan de Gharb dont elle avaitl) repoussé les avances et qui, en la bloquant, comptait la prendre parn le manque d’eau. Mais, voyant un jour les lemmes des assiégés étendre

a) au soleil du linge mouillé pour le faire sécher, il s’imagina qu’ilsa avaient de l’eau en abondance et leva le siège, trompé par la rusel) d’Embarka (1) a.

Nous voyons que Bent et Khass finit par être considérée comme la sou-veraine de sa tribut Une forme postérieure de la légende rapporte qu’elleétait la fille d’un roi des Arabes. Celui-ci, devenu vieux incapable de setenir debout et se faisant porter en litière, laissa tout le pouvoir à sa fillede qui ses sujets appréciaient la sagesse. En conséquences,onlui attribuala londation d’une ville à As’bih’. près d’El Beyyodh (Géryville), d’une à

Banaqt (t au sommet de la montagne d’Arbi (ès?)j), d’unea ’Aln et ’Amri (5,6)." use), enfin des constructions que les nomades

sont incapables de réparer, bien loin d’avoir pu les élever (î’). Ainsi la

saguia située au US. E. de Lioua et parallèle au cours de l’O. Djedi.Elle est aujourd’hui bouleversée, mais parait avoir une origine

romaine. ’a A une époque fort reculée, d’après la traduction, les Arabes étaient

a commandés par une femme nommée Bent cl Khras (lisez Bent el Khass):l) celle-ci avait dû souvent lutter contre ses sujets qui ne voulaient pas» reconnaitre la souveraineté d’une lemme. Pour leur être agréable, et

» aussi pour rehausser son prestige, B nt el Khras fit construire une

(1) Trumelet, Les Français dans le désert, Paris, 1833, in-18 jés.,p. 913-214 ; De Colomb, Exploration des K’sours du Sahara de la proeinced’Oran, Paris, 1858, in-St, p. 51-5i. C’est de la que M. Hugues Le Roux apris le sujet d’un récit qu’il a intercalé dans son ouvrage Au Sahara(Paris, s. d. [1891] in-18jés. p. 136-141) et qu’il aagrémenté. tout en ledélayant, avec des vers d’anciens poètes arabes empruntés à ma Poésiearabe antéislamique (Paris, 1880, in-18) et mis dans la bouche des chan-teurs du Sultan Noir. Cl. mon article sur Un prétendu chant populairearabe. Revue des traditions populaires, t. vu, Paris, 1832, in-8°, p. 219-222La tradition d’ailleurs rapporte que Bent el Khass vécut au temps duSultan Noir de Tlemcen (sic) avec qui elle lut en guerre. Cl. sur ce per-sonnage l’appendice 1v de mon ouvrage, Nédromah et les Trams, Paris,1901, in-8°, p. 204-2tl.

(9) a Demandez qui a fait creuser les puits de Teldja. d’Achéa. de» Zirara, de Taquir et tant d’autres qui sont dispersés dans les Areg eta qui indiquent qu’autrefois une sollicitude éclairée, une action puis-» saute s’étendirent sur ce pays abandonné de Dieu, le berger vousn répondra toujours : Bent el Khass. ll n’en sait pas davantage» (DeColomb, toc. taud.)

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n immense séguia jusqu’à la Mecque, afin que les pèlerins puissent avoir» toujours de l’eau à leur disposition (1) D.

Il

A quelle époque peut-on placer l’existence de cette héroïne visiblement

légendaire, même dans la tradition algérienne ? M. de Castries, sans citer

de sources, nous dit qu’Embarka bent el Khass (Oeil), lemme célèbre dela tribu des B. Amer, vivait dans le Sahara orauais au xv’ siècle (’Îf). ’Vlais

la connaissance de la littérature arabe classique nous permet de remonterplus haut: l’existence de Bent el Khass est mentionnée, sans en êtred’ailleurs le moins du monde plus certaine, par des auteurs bien antérieursau xv’ siècle et c’est la une preuve de plus qu’on ne saurait étudier d’une

tacon sérieuse et complète le lolk-lore arabe du Maghrib, si l’on n’a pas

une connaissance suffisante de la littérature ancienne.La première mention qui soit laite d’elle se trouve dans un vers du

poète El Farazdaq, né en l’an 20 de l’hégire (641 ap. J.-C.) et mort vers

110 (7’28 de J.-C.), c’est-à-dire sept siècles avant la date supposée plus

haut.Tu as été honorablement fidèle à un serment, comme Hind lut fidèle à

Bent el Khoss (3) El lyàdi.Certains commentateurs ont cru que la Hind dont il s’agissait ici était

la fille du dernier roi de Hira, En No’màn, mais cette opinion est com-battue par lbn Nobata qui voit avec vraisemblance dans cette Hind (nomtrès répandu dans l’ancienne Arabie) une autre lemme que la princessede Hira (4). En Orient, elle est appelée Hind et on lui donne pour sœurune certaine Djom’ah contre qui elle plaida devant un juge des Arabes,El Qalmas (W131). Celui-ci rendit un jugement on sa laveur, si l’onen croit un vers attribué à Bent el Khoss: ’

(1) Rapport du lieutenant Verdier, ap. Gsell, Enquête administrativesur les travaux hydrauliques des anciens en Algérie, Paris, 1902, in-8’,p. 131-125.

(î) Les Gnomes de Sidi Abd cr Rahman et Medjedoub, p. vm-rv, note à.

(3) La lecture adoptée en Orient est Qu’il et en Occident, cg) mais

elles ne sont pas plus certaines l’une que l’autre. lbn et A’rabi, dans sesNaouctdir cité par Abou Zeïd, Kita’b en Naouâd’ir (Beyrouth, 1891, in-8°,

p. 250), donne les formes suivantes? Unit, vagi, qué),

(Il) Cl. lbn Nobata, Sirh’ et toucan, Boulaq. 1278 héq. in-ll”, p 222.

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-27-Si Dieu récompense l’homme bienfaisant pour sa fidélité, qu’il récom-

pense généreusement Qalmas de ma part (l).On voit que partout son père est nommé El Khoss (ou El Khass). lbn

el A’rabiluî donne le nom d’El Khoss ben Djabir ben Qoraît’ et lyàdi,

d’où le surnom d’El Iyâdyah, porté par sa tille. Mais cette liste d’ascen-

dants de Bent el Khoss est inconnue aux généalogistes lbn Doraîd (’2) et

lbn Qotaïbah (3). Ce dernier mentionne seulement un Qorait’ frèrede Qort’ (1:19) fils d’Abou Bekr, remontant par Kilàb, Haouàzin et Nizâr à

tAdnàn, l’ancêtre des Arabes. tandis qu’Iyàd, de qui serait descenduKhoss. était leirère de Nizàr. Le Qoraît’ d’lbn Qotaibah ne peut donc pas

être l’ancêtre de Bent el Khoss (4). ’Du reste cette désignation d’Iyàdyah a-t-elle quelque valeur ? Je ne le

crois pas, et les auteurs arabes semblent avoir partagé cette opinion, carquelques-uns font de Bent El Khoss une ’Amaliqa (Amalécite). issue desdébris du peuple de ’Ad, ce qui nous rapporte aux temps iabuleux (5) etnous donne lieu de croire qu’elle n’a jamais existé, pas plus en Arabie

que dans le Sud algérien. r n AMais en Orient, comme en Occident, les traits caractéristiques de sa

légende sont identiques et les maximes on prose rimée qu’on lui attribueont le même cachet. Elle est appelée à donner son avis sur les chevaux,

(l) lbn Nobata, Sirh’ et ’Oyoun, p. 222.

(2) Kitâb et Ichtiqâq, éd. Wüstenfeld, Gœttingen, 1855, in-8°.

(3) Kitâb et Ma’ârif, éd. Wfistenteld, Gœttingen, 1850, in-S’.

(A) J’ajouterai que d’après le Tâdj et tArous, citant Ibn Doraid

(s. v° Ail, il y aurait eu deux autres lyàd: l’un fils de Nizàr, mais on nepeut le compter parmi les ancêtres directs de Qorait’ qui descendaitde sonfrère Modhar, l’autre, fils de Sa’oud ben El H’adjar ben ’Amar. Un versde Daoud el lyâdi mentionne l’existence du premier.

ramifia Mur * WJ’WËjParmi des héros aux beaux visages, issus d’lyàd, fils de Nizâr, fils de

Modliar.On pourrait supposer que cette épithète s’applique à un membre de la

tribu des B. ly’âd, qui s’établit à Sindàd, fit la guerre à Khosrou Parviz,roi de Perse, prit part a la bataille de DzousQàr et envoya une ambassadeau Prophète (cf. Nœldeke, Geschichte der Perser und der Araber, Leiden,1879, in-8°, p 237 et note), mais rien ne justifie cette hypothèse.

(5) lbn el A’rabi, Naouâdir ap. Es Soyouti, Mozhir et ’0loum, Le Qaire,1282 hég. 2 v. in-8". t. Il, p. 270: Aboud Zeid, Naouâdir p. 950.

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--.28-les chameaux, le mariage, et ses sentences ont le-mème caractère de sim- ,I

plicité du fondset de recherche de la forme (il. . - A,On lui demanda: Quel est l’homme que tu préfères ?. Elle répondit : .1

L’hommeifacile et généreux, bienfaisant et illustre, habile et intelligent, kle. seigneur redouté. -»Y a-t-il quelqu’un qui surpasse celui-là ?. -. Oui;l’homme svelte et mince, fier et élégant, bienfaisant et prodigue, qu’on I

crai-nt’et qui ne craint pas. e- Et quel est l’homme le plus haïssable àton avis ’2’ - L’homme lourd et endormi, qui sedécharge des Aafiairesj

sur les, autres, iudifiérent, faible de poitrine. vilvet blâmable. -. Et y a- At-il quelqu’un dehpire? - Oui, le sot querelleur, négligent et néglig6,.’qui n’est ni craint ni obéi. -- On lui demanda encore: Quelle femme estpréférable suivant toi ? - Celle qui est blanche et parfumée. -- Etncelle ’

qui déplait lelplus ,25 - Celle qui se tait si on veut la faire parlertetnqui

parle si on veut la. faire taireH(3). t , f A;Un homme alla trouver Bent. et Khoss pour lalconsulter sur la femme,

qu’il devait épouser. -- Cherche-la brune et belle de visage, lui dit-elle, ldans une famille brave, oudans une famille noble. ou dans une famille.puissante. - ll ajouta: Tu n’as laisse de côté aucune sorte de. femme ?:-v: Si fait, j’ai laissé de côté la pire de toutes: la noiraude toujours,

malade, aux menstrues prolongées, querelleuse (4). - g:0n demanda à Bent el Khoss : « Quelle est la femme la plus méritante?

-, Elle répondit : Cellequi demeure dans sa cour, qui remplit les vases;.;qui mélange d’eau le lait qui est dans l’outre. - Quelle est la femme la.plus méprisable? - Celle qui soulève la poussière en marchant, qui a,me voix aiguë en parlant, qui porte une fille dans ses bras, qui estlsuivie d’une autre et qui est enceinte d’une troisième. - Quel est le jeune.lhomme préférable? - Le jeune homme aux longues jambes. etau-longcou, quia grandi sans malice. -- Et quel est le plus méprisable? -. fieu-ri.

(l) Les réponses citées dans le Mozhir et ’OIoum- S’oyoutihont’traduites par’Perron- (Femmes arabes avant et depuis l’islamisme. Pariset Alger, 1858, in-8°, p. 4346) sans indication de sourCes et avec’uneliberté qui facilite, sans les excuser, de nombreux contre sens.»

3(2) Gesniots manquent dans l’édition du texte arabe d’Es Soyouti,évidemment incomplet.’J’ai comblé cette lacune d’après .Perrons I

(3) Es Soyouti, Mozhir et fOlqum un, p, 268. La source- citée est’AbouBekr, d’après Ah’med ben Yah’ya, d’après ’Obeîd Allah b. Chebib, d’après

Daoud ben’ Ibrahim (Il Dja’fari, d’après un Arabe du désert.

’- (4) lbn. es Sikkit, Tahdzib et Audin, Beyrout, 1896. ’in-sf, p. 353;:Es Soyouti, Mozhir et tOIoum, t. u. p. 269. Les seul-ces citées. sontTha’lab (mort en ?9l.vh.. .90t de Ji-U. ci. BrockelmannnGesch. dervarab.Litteralur t. l. p. 1I8) dans ses Dictées d’après Bahdal ed Dçbe’iri. ï

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-29 -qui a le cou enfoncé, les bras courts, le ventre énorme, qui est couvertde poussière, qui a des vêtements déchirés, obéit à sa mère et se révoltecontre son oncle paternel n (t).

’Comme dans les traditions du Sahara, elle est consultée pour l’achat jd’animaux domestiques. Son père, voulant acheter un étalon pour sontroupeau de chamelles, lui dit: «t Indique-moi comment je dois l’acheter n.Elle répondit : u Achète-le avec le bas de la joue marqué, les jouesdouces. les yeux enfoncés, le cou épais, le milieu du corps développé,très haut, très généreux, qui regimbe quand il est frappé du bâton etallonge la tète quand il est chargé entièrement v (2).

Les chameaux paraissent avoir eu sa prédilection, ce qui n’a riend’étonnant chez des nomades, si on en juge par les réponses qu’on lui

ttribue : a Quelle est la chamelle la plus vive? - C’est, dit-elle, cellequi mange tout en marchant et dont les yeux sont brillants comme ceuxd’un fiévreux. - Et quelle est celle qui a le moins de valeur? - Cellequi est prompte à aller au pâturage de bonne heure et qui ne donne quepeu de lait le matin. - Quel est le meilleur des chameaux? - C’estl’étalon au corps énorme, robuste, habitué aux voyages, vigoureux. -Quel est le chameau de moindre valeur? - C’est celui qui est court detaille et qui a une bosse aussi petite que le dos d’une autruche n (3).jEl Khoss demanda à sa tille : « Est-ce que le chameau de moins de

cinq ans féconde la femelle? - Non, et il ne laisse rien. - Et le chameau,dans sa sixième année, la féconde-Hi? - Oui, dit-elle, mais sa fécon-dation est lente. - Et celui qui a perdu deux incisives? - Oui, et de lalargeur d’une coudée. - Et celui à qui pousse sa première dent dedevant? -- Oui, mais il est sans force n (A).l Un jour elle dit à El Khass : a Une telle éprouve les douleurs de la

parturition, en parlant d’une chamelle de son père. - Qui t’en a infor-mée ? - Elle a un tressaillement dans les os de l’utérus, son regard est

vif et elle marche en écartant les jambes. - Ma fille, elle va mettrebas a (5).

« Quel cheval préfères-tu ? lui demanda-t-on. - Celui qui a un toupet.

-(t) lbn es Sikkit, Tahdzib et Alfdzh p. 353; E3 Soyouti, Hozhiret *Oloum, t. il, p. 269-270.

(2) Es Soyouti, Mozhir et totoum, t. u, p. 270i (3) lbn es Sikkil, Kitdb et 41mm, 353-354.

. (l) Abou Zeid, Nacuddir p. 251. Le même récit est donné en abrégé parEs Soyouti, Mozhir et tOloum, t. u, p. 270.

a (5) Es Soyouti. Mozhir et tOloum, t. u, p. 270 d’après les Naouâdir

d’lbn el A’rabi. -

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-30-qiii est bien soigné, robuste, de forte encolure, solide. vigoureux, ardent iet rapide r (i).

On lui demanda : « Que dis-tu de cent chèvres? v. Elle répondit:a C’est un petit bien derrière lequel s’attache la pauvreté, richesse de

faible, gagne-pain de misérable. - Et cent brebis? - C’est une villesans défense. -- Et cent chameaux? - Quelle excellente richesse queles chameaux l C’est ce que désirent les hommes. -. Et cent chevaux ?a C’est l’orgueil de qui les possède et il ne s’en contente pas. -- Et centânesses ? - Éloignées la nuit, honte de la réunion ; elles n’ont pas delait qu’on puisse traire, pas de laine qu’on puisse tondre ; si on attacheleur male, il est interdit : si on le lâche, il s’en retourne» (2). q

’On lui attribue aussi une réponse un peu différente au sujet de lavaleurdes différents biens. Le père de Bent el Khass lui demanda: Quelleest la meilleure richesse? - Des palmiers solidement plantés dans desterrains humides. qui nourrissent en temps de disette. - Et quoi encore ?- Des brebis à l’abri de l’épizootie, qui te fournissent des agneaux, que

tu trais plusieurs fois par’jour et te donnent des toisons; je ne connaispas de richesses comme celles la -- El les ehameaux?- Ce sont lesmontures des guerriers, le rachat du sang versé, le douaire des femmes.-- Quel est l’homme le meilleur? - Le plus visité, comme les collinesd’un pays sont les plus foulées aux pieds. - Qui est-il ? - C’est celui aqui on demande et qui ne demande pas, qui donne l’hospitalité et ne lareçoit pas, qui rétablit la paix et à qui on ne l’impose pas - Quel est lepire des hommes? - L’imberbe bavard qui tient un petit fouet et qui dit:Retenez-moi loin de l’esclave des Benou un tel, carie le tuerai ou il metuera. - Et quelle est la meilleure des femmes ? - C’est celle qui a unfils dans son sein, qui en pousse un autre devant elle, qui en porte untroisième dans ses bras, tandis qu’un quatrième marche derrière elle (3).’.0u lui demanda un jour: Qu’y a-t-il de mieux ? - Le nuage du matin

qui suit le nuage de la nuit sur une terre élevée (i).On lui attribue aussi un grand nombre de dictons en prose rimée

(l) lbn Nobata, Sirh’ et tOyoun, p. 2’22-223.

l?) Ibn Nobata, Sirh’ et tOyoun, p. 223; Es Soyouti, Hozhir et ’Oloum,

t. n, p’ 270. t(3)-Es Soyouti, Hozhir et ’Oloum, t. ut p. 268-269, d’après les Dictées

d’El Qàli ,mort en 356 hég., 967 deJ . -C. Cf. Brookelmann, Gesch. der arab.Lit. t. 1, p. 13?), d’après Abou Bekr ben Abou l Azhar, d’après Ez Zobéirben Ibrahim es Sa’di, puis El Ghouîthi.

il) Es Soyouti, llazhir et ’Oloum, t. n, p. 270, d’après les Naouâdird’lbn el ’Arabi (mort en 231 hég., 8’14 de J.-C. Cf. Brockelmann, Gcsch. der

arab. Lit., t. I, p. titi-in).

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-.3t :--

( . ) entre autres ceux-ci qui sont devenus proverbes: Le pire des,loups est le loup du ghadha (arbuste épineux) ; le pire des serpents-est ,celui d’un sol aride, la plus rapide des gazelles. est Celle qui ’pait lah’altabah ; le plus fort des hommes est celui qui est mince; la plus belle 3des femmes est celle qui a des formes potelées et le visage ovale; la plus,laide est celle qui est renfrognée et sèche; la plusvorace des montures Vest celle qui allaite; le meilleur morceau de viande est celui qui est près Lde l’os ; le plus dur des endroits pour la marche est celui on les cailloux .sont sur les rochers; les pires des troupeaux sont ceux qu’on ne peut .donner en aumône ni égorger (comme les ânes) ; la meilleure des richesses ,est une jument soumise ou une série de palmiers fécondés (t). V

On lui demanda: Quel est le nuage que tu préfères? n Celui dont lebord retombe comme une frange, qui verse la pluie à torrents, énorme,»sillonné d’éclairs, bruyant et qui envahit tout (2). , ,

’.-- Quel est l’homme le plus important à tes yeux ? - Celui dont j’ai,

besoin’(3). A ..:Elle aurait en aussi, suivant certaines traditions, l’habitude de poser .des énigmes à ceux qu’elle rencontrait, c’est ainsi qu’lbn Nobata, dans l

son commentaire de l’épftre d’lbn Zeidoun (4) lui attribue la séried’énigmes que, d’après Hariri (5) une djinnah (comme la Sphyuge des.Grecs) proposaitaux passants. Tout comme la djinnah, elle n’aurait cessé ,ses interrogations qu’après avoir été couverte de confusion par la.réponse d’un de ses interlocuteurs qui devait compléter une série de,

phrases commençant par a je m’étonne n " y :9. I ILOn a vu plus haut-comment elle appréciait l’homme et la femmeauî

point de vue du mariage. Il semblerait que, malgré sen désir-de se.marier, indiqué aussi dans la légende saharienne, elle en aitété empêchée .

par son père et qu’elle ait cherché des consolations en dehérs d’une;

union légitime. Surprise avec un esclave, elle .se contenta de donnerpour excuses à ceux qui lui reprochaient sa faute, ces mots devenus ,

r

fi) Zamakhchàri, ElhIllosteqs’â, manuscrit de la bibliothèque de]?Médersa d’Alger a l’article Ml; Meidàni, Medjnia’ et Amthât, Boulaq.

tî84, hég., 2vol, in-l°, t. u, p. 227; Reiske, Tarapfvœ Moatlakah, Leiden,1742, in-t”, p. lit-U2. Dans ses Proverbia Arabum (Bonn, 3ivol. in-Bfl;1838-43), si incomplets a tous égards, Freytag a simplement supprimécette partie du commentaire du proverbe (t. 1, p. 463-464).

1(2) lbn Nobata,’Sïi7-h’ et ’Oyoun, p. 293.

(3) lbn Nobata, Sirh’ et ’Oyoun, p. 2?3.

1(4) . . . Sirh’ et ’Oyoun, p. 222. l I(5) ’Dorrat et Gh’aouas’s’,’éd.’Thorbecke, Leipiig, i371, in-8f,lp

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- 32-..

proverbes: a La. proximité du coussin et la longueur de l’entretien àl’oreille-»r(c’est l’occasion qui fait le larrOn). Lesisavants disent que; si

elle avait cité le proverbe complet, elle aurait ajouté e et le plaisir de la

débauche » (1). s I .C’est sans doutea cet ordre d’idées qu’il faut attribuer deux vers

attribués à Bent el Khass: ’

(Un jeune homme) droit comme la pointe d’une épée, généreux, brave.

de qui je suis éprise, si c’était à ma portée.

Je le jure, si on me donnait a choisir entre sa rencontre et mon père,je préfèrerais n’avoir pas de père (2).

On comprend que cette réputation de finesse ait fait attribuer à Bentel Khass dans l’ancienne Arabie, la solution d’un problème dont onïfit

honneur aune autre femme célèbre par sa perspicacité et non moinsfabuleuse que. notre héroïne. La plus ancienne version de ce problème’83 trouve dans une pièce du poète ante-islamique, En Nâbigbah Edz

Dzobyàni : ’ I Aa Sois perspicace. comme la jeune fille de la tribu, quand elle vit lespigeons cherchant de l’eau, descendre vers la mare. -

v lls étaient resserrés entre les parois de la montagne, et pourtant elleles suivait d’un (œil clair) comme du verre, qui’n’a jamais été enduit de

koh’eul contre la chassie. . ’ an O si seulement, dit-elle, ces pigeons etlla moitié (de leur nombre)

étaient ajoutés à notre pigeon, cela suffirait].I m » On les compta et on trouva qu’ils formaient le nombre qu’elle avait

dit, ni plus,-ni-’moin-s.»r ’ m V ’ ’ u A V "Les pigeons étaient au nombre de 66; en effet, 66 -l-ÊE(:33)À(-1:100’(3).

a . a - - - 2A (iliamakhchàri, .Et Mastaqs’d,- manuscrit de la bibliothèque de la

Médersa d’Alge’r ’; Meîdànl, Medjma’ et Amthâl,t. n, p. 34; Ibn Zeldoun,Risâlah et le commentaire d’tbn Nobata, Sirh’ et ’Oyoun, 2’22. ’ ’ ”

(2) Ibn Nobata, Sirh’ et ’Oyoum, p. 223. Le même auteur mentionneune réponse plus cynique encore, faite par Bent et Khass z 51

,5. vs sans (tu bing); 15);le au. ses maffia(3) Diwan d’En Nâbighah, v, vers 32-36 ap. Ahlwardt, The Divans cf

thc six ancient arab’ic peets, Londres, 1870, in-8°, p. 7, Hartwig Deren-’ bourg, Le Diwan de Nabiga Dhobyâni, Paris,"1869, in-8’; ’Khaxmsah.

Daowiouin,. Le Qaire, 1293, in-8°, p. 23-24; Cheikho, Poètes arabes chré-’ tiens, Beyrout, 1390, in-80, p- 665-5366;.Lyall, A .commentary on ten

envient arabic poels, Calcutta, 1894, in-4°, p. 105-106 (vers 27-31); EdDamiri, H’a’tat et H’aîouan, Boulaq, 1202 hég., 2 vol. in-t’. t.’ i, p. 290;

Maidàni, Medjma’ et Amlhâf, t. 1, p. 196; El Baghdàdi, Khizâhat et Adab,

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i

wl

La plupart des commentateurs attribuent ce calcul a la célèbre ZuqtEl Yemàmah, de la tribu de Djadis, et elle aurait dit en prose rimée:

A.) (L41 9:3

"xi-5 A943:An-J’L’À il

-33-

Ce sont ces paroles qu’aurait reprises En Nàbighah. d’après Moh’ammed

ben El tAbbas El Yezidi, citant Abou l ’Abbàs Moh’ammed ben El E’asan

El Ah’oual (1), Et Tebrizi (2), Abou Bila! et ’Askari (3). Metdani (t) et EdDemiri (5) Moh’ammed ben Et’ Tayeb’ el ’Alami (6). El Asma’i,cité par El

A’lam (7), Ed Demiri (8) et El Baghdadi (9) remplaçait les pigeons par lesqat’as.

Mais El Asma’i rapportait avoir entendu des Arabes du désert attribuer

la solution de ce problème a Bent el Khoss, dont ils citaient ainsi lesparoles (mètre radial) :

atomisent,

Boulaq, 1299, hég., t vol. in-Æ’, t. 1v. p. 298-299; S. de Sacy, Citrate-mathie arabe, 2’ éd., Paris, 1826, 3 vol. in-8t, t. u, p. 146 du texte;Guirgass et Rosen, .1rabskaia Khrestomatiia. St-Pétersbourg, 1876, in-8’.p. 195.

(il El lsbahani, Kitâb et Aghdni, Boulaq, 1285 hég., 20 vol. in-l’.t. 1x, p. 175.

(2) Ap. Lyall, A Commenter, p. 156.

(3) Djamharat etAmtha’l, Bombay. 1301, in-k’, p. 101.

(A) Medjmaf et Amthâl, t. r, p. 100, 196.

(5) H’a’iat et H’a’iouân, t. l, p. 190.

(6) Anis et Mot’rib, Pas, 1305 hég , in-1’, p. 209;

(7) Commentaire d’En Nabighah, P ’71 de mon manuscrit (provenantde Khenadsa). Il cite aussi Abou ’Obeidah et Abou H’atim.

(8) H’atat et Entendu, t. u, p 276; Ahlwardt, Chalef et Ahmar’samide, Greifswald, 1859, in-8’, p. 195-196.

(9) Khizdnat et Adab, t. u, p. 259.,

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-’34 ...

14.-..ns ses y

FuguesDe ce qui précède, on peut donc conclure que la légende de Bent et

Khass fait partie de cette collection de traditions que, dans leur émi-gration, les Beui Hilal apportèrent avec tant d’autres (1) dans le Maghriboù ils la localisèrent, et que ses origines remontent aux plus ancienstemps de la littérature arabe.

(l) Comme celle de la Djazyah, et. l’important mémoire que lui a con-sacré M. Bel, La Djazya, chanson arabe, Paris, 1903, in-S’; Cf. aussi leslégendes d’lmrou’ l Qais et de Hind « la mangeuse de foie a qui y sont

citées, p. 8-9 et 12-13. ’

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AMER. - TYPOGBAPHIE ADOLPIIE JOURDAN.