Noé Nadaud

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Noé Nadaud Texte d’Anne-Lou Vicente

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Noé NadaudTexte d’Anne-Lou Vicente

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Cabanisme, 2010. Papier sur encre, 90 x 100 x 80 cm.

Really not boring, 2007. Encre sur papier, Dimensions variables.

Cipale Agonie, 2009. Détail.Encre sur papier, 100 x 140 cm.

Rats end blats, 2009. Encre sur papier, 100 x 140 cm.

Page de droite : Stadium, 2008. Détail.Encre sur papier, 50 x 35 cm.

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Noé NadaudNé en 1977, vit et travaille au Pré[email protected]

Trains de vie

On pourrait dire de Noé Nadaud qu’il s’est rangé des trains… Taggueur pur et dur, il a longtemps opéré sur la scène graffiti parisienne, larguant ses bombes de peinture sur les wagons de la RATP et autres palissades bétonnées. Empreint d’une certaine violence, tant morale que physique, le background de l’artiste puise ses influences chez l’actionniste viennois Günter Brus, dans les hérésies picturales d’un Jerôme Bosch, la B.D provocante de Robert Crumb ou les collages frénétiques du collectif Bazooka.

Prônant - encore et toujours - un vandalisme assumé, acéré, il a joué, jusqu’au bout, le jeu (dangereux) d’un art en marge, aujourd’hui récupéré de tous les côtés par l’institution et le marché. Croyant fermement aux valeurs et aux principes d’une pratique artistique

fondamentalement ancrée dans la rue et l’illégalité, il refuse, en revanche, de se prêter au jeu devenu commun d’un graffiti sage et encadré, parfois même au sens propre.

C’est sous la forme de dessins grand format qu’il délivre à présent ses « messages » et décrit des paysages urbains à l’allure apocalyptique. Images d’un monde qui part à la dérive, flottant sur une mer sombre. Babel n’est pas loin… Les couleurs bigarrées de ses tags ont laissé place au noir et blanc. Mais les trains sont toujours bel et bien là, taggés bien sûr. Rails, dédales de rues, pistes, tours, bidonvilles, carambolages, etc. Ponctuées d’accidents en tout genre, les lignes de conduite, et de fuite, s’emmêlent les crayons et dessinent des terrains de vie dont la rumeur sourde perce à travers ce qui est donné à voir et à lire. Fourmillant de détails, les

compositions de Noé Nadaud se nourrissent du réel pour basculer vers un monde de fictions à plusieurs têtes.

Autrefois jetées fugacement sur les supports que lui offrait la ville, les formes se tissent désormais dans un temps beaucoup plus long. Un travail de construction qui va jusqu’à la fabrication en volume d’éléments extraits de ses dessins, avec lesquels ils dialoguent. En outre, photographies et vidéos issues de ses voyages constituent un pendant plus réaliste, documentaire, à ce travail onirique qui s’en abreuve copieusement. Au gré de ses errances périphériques et de ses aventures personnelles, Noé Nadaud bâtit, lentement mais sûrement, un univers plastique qui s’inspire de la réalité pour mieux s’en affranchir.

Anne-Lou Vicente

55ème édition du Salon d’art contemporainCommissaire artistique : Stéphane CorréardCoordination éditoriale : Gaël CharbauLe salon de Montrouge est organisé et financé par la Ville de Montrouge

En première page :

Aycad yard, 2009. Encre sur papier, 100 x 70 cm.