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en tout cas c’est fait maintenantmalgré tout ce que tout le monde en ditmalgré les grands sermons à propos de l’infidélitéle plus dur c’est la première foisensuite y a rien d’extraordinaire tu le fais puis tuy penses pluspourquoi on pourrait pas embrasser un hommesans devoir d’abord l’épouserquand ça te prend parfois t’en as tellement enviequand ça te monte de partout c’est si fort si bon tupeux pas t’en empêcherj’aimerais qu’un homme n’importe lequelme prenne dans ses brasme saute un bon coup devant lui en m’embrassantsur la bouchey a rien comme un long baiser tout chaud qui teparalyse jusqu’au fin fond de ton âme

D’après Ulysse de JAMES JOYCE, Jean Marc Dalpé livre, dans la langue forte et colorée qui est la sienne, le fantastique monologue d’une Molly Bloom tourmentée par sa passion de l’amour, des hommes et du sexe.

Comédien, poète, romancier, dramaturge et scénariste ainsi que tra ducteur, JEAN MARC DALPÉ se place au rang des écrivains majeurs de notre époque. Il est un triple récipiendaire du prix du Gouverneur général : Le Chien (1989), Il n’y a que l’amour (1999) et Un vent se lève qui éparpille (2000). L’auteur compte plusieurs traductions à son actif, de textes de Sam Shepard, Tomson Highway, Mansel Robinson, Shakespeare et Brecht.

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James Joyce

Molly BloomTraduction de Jean Marc Dalpé


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Ancrées dans le Nouvel-Ontario, les Éditions Prise de parole appuient les auteurs et les créateurs d’expression et de culture françaises au Canada, en privilégiant des œuvres de facture contemporaine.

Éditions Prise de parole C.P. 550, Sudbury (Ontario) Canada P3E 4R2 www.prisedeparole.ca

Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada (FLC), du programme Développement des communautés de langue officielle de Patrimoine canadien, et du Conseil des Arts du Canada pour nos activités d’édition. La maison d’édition remercie également le Conseil des Arts de l’Ontario et la Ville du Grand Sudbury de leur appui financier.

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Molly Bloom


Du même auteur

Sélection d’œuvres

Stephen Hero, Jonathan Cape, Londres, 1944.Finnegans Wake, Faber & Faber, Londres, 1939.Collected Poems, Viking Press, New York, 1936.Pomes Penyeach, Shakespeare and Company, Paris, 1927.Ulysses, Sylvia Beach, Paris, 1922.Exiles, Jonathan Cape, Londres, 1918.A portrait of the Artist as a Young Man, B. W. Huebsch, New York,

1916.Dubliners, Grant Richards Ltd., Londres, 1914.Chamber Music, Elkin Mathews, 1907.

Traductions de Jean Marc Dalpé aux Éditions Prise de parole

Théâtre

Mansel Robinson, II (Deux), 2012.William Shakespeare, Hamlet, 2012.Tomson Highway, Dry Lips devrait déménager à Kapuskasing, 2009.Mansel Robinson, Roc & rail, Trains fantômes suivi de Slague.

L’histoire d’un mineur, 2008.

Cinquante exemplaires de cet ouvrage ont été numérotés et signés par le traducteur.


James Joyce

Molly Bloomtraduit de l’anglais par Jean Marc Dalpé

Théâtre

Éditions Prise de parole Sudbury 2014


Photo de couverture : Anne-Marie Cadieux, par Leda & St.JacquesPhoto tirée de l’affiche de la pièce Molly Bloom, créée au Théâtre Espace Go le 6 mai 2014. Une coproduction Espace Go + Sibyllines

Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés pour tous pays.Imprimé au Canada.Copyright © Ottawa, 2014

Diffusion au Canada : Dimedia

Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives Canada

Joyce, James, 1882-1941 [Ulysses. Extraits. Français]Molly Bloom / James Joyce ; Jean Marc Dalpé, traducteur.Traduction du monologue de Molly Bloom, extrait du roman Ulysse de James Joyce.Publié en formats imprimé(s) et electronique(s).ISBN 978-2-89423-935-3 (couverture souple).–ISBN 978-2-89423-774-8 (pdf ).– ISBN 978-2-89744-027-5 (epub)I. Dalpé, Jean Marc, 1957-, traducteur II. Titre. III. Titre : Ulysses.Extraits. Français.PR6019.O9U42514 2014 823’.912 C2014-906236-2 C2014-906237-0

ISBN 978-2-89423-935-3 (Papier)ISBN 978-2-89423-774-8 (PDF)ISBN 978-2-89744-027-5 (ePub)


Molly Bloom, une coproduction d’Espace Go et Sibyllines, théâtre de création, a été créée le 6 mai 2014 sur la scène de l’Espace Go.

Les créateurs

Texte James Joyce Traduction Jean Marc Dalpé Mise en scène Brigitte Haentjens Assistance à la mise en scène Colette Drouin Dramaturgie Mélanie Dumont Scénographie Anick La Bissonnière Lumière Étienne Boucher Vidéo Sylvio Arriola Costume Julie Charland Musique Bernard Falaise Maquillage et coiffure Angelo Barsetti Artiste en Action Painting Danielle Chapleau Régie Dominique Cuerrier Sonorisation Frédéric Auger Direction technique Jean-François Landry Direction de production Sébastien Béland

La distribution

Molly Bloom Anne-Marie Cadieux


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Oui parce qu’il a jamais fait çademander qu’on lui serve son déjeuner ses deux œufs au litpas depuis la fois au City Arms Hoteloù il a fait semblant d’être maladepour attiser la sympathie de la vieille madame Riordanl’espèce de pète-sec qu’il pensait pouvoir enjôlermais qui nous a rien laissé en fin de comptenon tout est parti en messes pour elle pour le repos de son âmel’avarice en personneje revois sa grimaceen sortant ses quatre pences de son porte-monnaie pour son alcool à frictiontoujours en train de me raconter ses bobospas moyen de l’arrêterà propos de la politique des tremblements de terre à propos de la fin du mondeon pourrait-tu s’amuser un peu avant s’il vous plaît


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imagine l’enfer un monde où toutes les femmes sont comme ellecontre les maillots de bain les décolletésy a pas un chat qui voulait qu’elle en porte de toute façonun exemple de piété ouimais seulement parce qu’y avait pas un homme qui avait envie de la regarderj’espère que je finirai jamais comme ellemais bon j’avoue que c’était une dame bien élevée ça se voyait tout de suiteavec ses monsieur Riordan par-ci ses monsieur Riordan par-làô puis son chien aussi qui venait renifler ma fourrurequi essayait toujours de se faufiler sous mes jupons

j’aime bien qu’il soit comme ça par exemplepoli avec les vieilles dames les garçons de café même avec les mendiants

quand mêmes’il attrapait quelque chose de gravele mieux serait de l’envoyer à l’hôpital où tout est propreoui sauf qu’ensuite on se retrouverait avec une infirmière les quatre fers en l’air sur le tapispuis lui qui voudrait jamais partir faudrait le sortir de là à coups de piedou encore avec une bonne sœur comme celle sur sa photo cochonne


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ha bonne sœur aussi bonne sœur que moi celle-là

oui parce qu’ils sont si faibles si geignardsquand ils sont malades il leur faut absolument une femme à leur chevetquand ça saigne du nez Mon Dieu quelle tragédiecomme la fois où il s’est tordu la cheville à la Fête de la choralequand la mademoiselle Miss Stack lui a apporté des fleurs les piresles plus fanées du fin fond du paniern’importe quoi pour se retrouver dans la chambre à coucher d’un hommej’avoue que ça lui donnait une allure plus virilesa barbe pas faite comme ça dans le litpapa était pareilsauf que j’haïs avoir à refaire les bandages puis compter les pilules non mercicomme la fois où il s’est blessé l’orteil avec son rasoir en voulant tailler ses cors aux piedsla fois où il a eu peur d’un empoisonnement du sangmais si jamais c’était moi qui tombais maladesauf qu’on sait bien une femme le montre pas bien sûrpas question pour elle de déranger tout le monde

oui il s’est envoyé en l’air quelque part je l’sens je l’sais à cause de son appétit


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en tout cas c’est pas de l’amour sinon il l’aurait perdu à force de penser à ellece qui veut dire que c’était soit une de ces filles de nuitsi au fond c’est là où il a étési son histoire de souper à l’hôtel était juste un paquet de mensonges pour me trompersi c’était tout planifiéHynes a pas voulu que je m’en aille qui est-ce que j’ai rencontré ah oui j’ai rencontré tu te souviens de Menton et qui d’autre qui laisse-moi voirsa grosse face de bébéje l’ai vu une fois on venait de se marieren train de faire les yeux doux à une fille au théâtreô que je lui ai don’ tourné le dos quand on est sorti pour qu’il se sente coupablebof quel malsauf qu’une fois il a eu l’audace de m’accuser d’avoir fait pireben tant pis pour luila gueule qu’il m’a faite cette fois-là Mon Dieuavec ses gros yeux de poissony a rien de pire que les chicanes au lit qui n’en finissent plus

mais s’il l’a pas fait avec une putec’est une petite chienne qu’il a rencontrée dans les environssi seulement elles le connaissaient autant que moioui parce que avant-hier il était en train de scribouiller quelque choseune lettre


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quand je suis entrée au salon pour lui montrer la notice du décès de Dignamet lui aussitôt hop il la cache sous son papier buvarden faisant semblant de réfléchir à je sais pas quoimais c’était une lettre je le saisoui une lettre à une femme convaincue qu’elle a gagné le gros lotparce que tous les hommes à son âge finissent comme çasurtout en approchant de la quarantaine comme lui maintenantdes proies facilesdes cibles prêtes à se faire soutirer leur argent par elle ou une autrey a pas plus bête qu’une vieille bêtece qui veut dire que son petit rituel de me bécoter les fesses en arrivant dans le litc’était pour me le cacherpas que ça me dérange avec qui il le fait ou qui il a connu comme ça avantquoique j’avoue que j’aimerais autant le savoirtant que j’les ai pas sous les yeux du matin au soircomme la maudite salope de Mary qui travaillait chez nous sur Ontario Terracecelle qui se dandinait le derrière pour l’exciterc’est déjà assez humiliant d’avoir à sentir l’odeur de ses putainsune seule femme c’est jamais assez pour eux autressi je le trompe c’est de sa faute de toute façonmonsieur séduit les servantes ensuite ça se peut-tu


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monsieur propose qu’on l’invite à notre table le jour de Noël tu imaginesô non merci je ne pense pas non pas sous mon toitelle qui nous volait nos patates puis la fois des huîtres à deux livres six la douzaineet lui qui me dit t’as pas de preuves que c’est elledes preuvesmais attention que je lui ai don’ dit le fond de ma penséeje la revois encore sa face toute rouge de colère le matin où je l’ai renvoyéepfft vaut mieux s’en passer je ferais le ménage plus vite qu’elle en tout cassi c’était pas de préparer les repas de sortir les vidangesen tout cas je lui ai dit c’est elle ou moi choisisje pourrais jamais le laisser me toucher si je savais qu’il avait été avec une maudite menteuseune sale traînée comme elleelle qui osait tout me nier en pleine facequi chantait à tue-tête d’un bout à l’autre de la maisonjusque dans les toilettesparce qu’elle en revenait pas d’avoir été aussi chanceuse

oui parce que c’est certain qu’il a pas pu s’en passer pas depuis si longtempsil a dû le faire quelque partla dernière fois qu’il est venu sur mes fesses c’était quand


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en tout cas c’est fait maintenantmalgré tout ce que tout le monde en ditmalgré les grands sermons à propos de l’infidélitéle plus dur c’est la première foisensuite y a rien d’extraordinaire tu le fais puis tuy penses pluspourquoi on pourrait pas embrasser un hommesans devoir d’abord l’épouserquand ça te prend parfois t’en as tellement enviequand ça te monte de partout c’est si fort si bon tupeux pas t’en empêcherj’aimerais qu’un homme n’importe lequelme prenne dans ses brasme saute un bon coup devant lui en m’embrassantsur la bouchey a rien comme un long baiser tout chaud qui teparalyse jusqu’au fin fond de ton âme

D’après Ulysse de JAMES JOYCE, Jean Marc Dalpé livre, dans la langue forte et colorée qui est la sienne, le fantastique monologue d’une Molly Bloom tourmentée par sa passion de l’amour, des hommes et du sexe.

Comédien, poète, romancier, dramaturge et scénariste ainsi que tra

ducteur, JEAN MARC DALPÉ se place au rang des écrivains majeurs de notre époque. Il a remporté le prix du Gouverneur général à trois reprises pour la pièce Le Chien (1989), le recueil Il n’y a que l’amour (1999) et le roman Un vent se lève qui éparpille (2000). L’auteur a également traduit des textes de Sam Shepard, Tomson Highway, Mansel Robinson, Shakespeare et Brecht.

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