L'évolution des salaires en 1975 - epsilon.insee.fr · reduction of hours of work due to economic...

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Jean Bégué Madame Marguerite Perrot L'évolution des salaires en 1975 In: Economie et statistique, N°76, Mars 1976. pp. 27-36. Citer ce document / Cite this document : Bégué Jean, Perrot Marguerite. L'évolution des salaires en 1975. In: Economie et statistique, N°76, Mars 1976. pp. 27-36. doi : 10.3406/estat.1976.2304 http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/estat_0336-1454_1976_num_76_1_2304

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Jean BéguéMadame Marguerite Perrot

L'évolution des salaires en 1975In: Economie et statistique, N°76, Mars 1976. pp. 27-36.

Citer ce document / Cite this document :

Bégué Jean, Perrot Marguerite. L'évolution des salaires en 1975. In: Economie et statistique, N°76, Mars 1976. pp. 27-36.

doi : 10.3406/estat.1976.2304

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/estat_0336-1454_1976_num_76_1_2304

RésuméCompte tenu de la réduction de la durée du travail, les salaires des ouvriers ont en moyenne augmentéde 12,1 % en un an (d'octobre 1974 à octobre 1975); rapporté à l'indice des prix à la consommation del'INSEE, ceci correspond à une augmentation du pouvoir d'achat du salaire hebdomadaire de 1,7% surla même période. Contrairement à l'année précédente où l'inflation avait beaucoup pesé surl'augmentation du salaire réel, c'est la forte diminution des horaires de travail qui explique la moindreprogression du pouvoir d'achat du salaire hebdomadaire des ouvriers en 1975. Sur la même période onenregistre des accroissements un peu supérieurs pour le SMIC et les traitements des fonctionnaires,surtout pour ceux du bas de l'échelle hiérarchique; toutefois, dans l'ensemble, les disparités selon lesqualifications sont peu modifiées. En dépit de la baisse des effectifs, du développement du chômagetotal ou partiel et de la forte diminution des horaires due à la récession économique, le pouvoir d'achatde la masse des revenus salariaux et sociaux distribués aux ménages a été dans l'ensemblelégèrement amélioré en 1975.

AbstractWages' evolution in 1975 -Taking into account the reduction of hours of work, workers' wages have, onthe average, increased in 12,1 % in one year (October 1974 to October 1975); according to INSEE'sconsumer's price index, this corresponds to an increase of the purchasing power of weekly earningsamounting to 1,7% over the same period. Contrary to the previous year, during which inflation hadpressed heavily upon real earning's increase, the important reduction of hours of work explains thelesser progression of the purchasing power of workers' weekly earnings in 1975. Slightly more importantincreases have been registered over the same period with regard to SMIC (growth's interprofessionalminimum wage) and civil servants' pay, especially with regard to low categories; nevertheless, on thewhole, disparity in wages according to skill has been scarcely modified. In spite of the reduction of thenumber of workers, of the development of unemployment, either partial or total,' and of the importantreduction of hours of work due to economic recession, the purchasing power of wages and socialallowances paid! to households remained; slightly improved in 1975.

ResumenEvolución de los salarios en 1975 - Teniendo en cuenta la reducción de la jornada laboral, los salariosde los obreros experimentaron un aumento promedio de 12,1 % en un ano (al octubre de 1974 aoctubre de 1975); con respecto al indice de precios de consumo del INSEE, esto corresponde a unincremento del poder adquisitivo del salario semanal de 1,7% en el mismo periodo Contrariamente a loobservado en el ano anterior, en el cual la inflación peso en el aumento del salario real, es laimportante disminución de la jornada laboral lo que explica la menor progresión del poder adquisitivodel salario semanal de los obreros en 1975. En el mismo periodo, se registran incrementos un pocosuperiores respecto al SMIC (sueldo minimo interprofesional de crecimiento) y a los sueldos de losfuncionarios en particular en las categorias bajas de la escala jerárquica; sin embargo considerando elconjunto, las desigualdades según las clasificaciones, experimentaron minimas modificaciones. A pesarde la merma en el número de trabajadores, del incremento del desempleo total o parcial y de la fuertedisminución de los horarios debidos al receso económico, el poder adquisitivo de ingresos salariales ysociales distribuidos a los hogares, han, en su conjunto, permanecido estables o muy ligeramentemejorados en 1975.

L'évolution dès salaires en 1 975

par Jean BÉGUÉ et Marguerite PERROTY

Compte. tenu de la réduction de la durée du travail, les salaires des ouvriers ont en moyenne augmenté de 12,1 % en un an (d'octobre 1974 à octobre 1975); rapporté à l'indice des prix à la consommation de TINSEE, ceci correspond à une augmentation du pouvoir d'achat du salaire hebdomadaire de 1,7 % sur la même période. On enregistre en 1975 des accroissements uni peu supérieurs pour le SMIC et les traitements des fonctionnaires, surtout pour ceux du bas de l'échelle hiérarchique. En dépit de la- baisse des effectifs, du développement du chômage total ou partiel et de la forte diminution des horaires dus à la récession économique, le pouvoir d'achat de la masse des revenus salariaux et sociaux distribués aux ménages a- été: dans l'ensemble maintenu ou très légèrement amélioré; en 1975.

Dans le secteur privé, le taux de salaire horaire nominal des ouvriers observé dans l'enquête trimestrielle du ministère du Travail (encadré p. 29) * a augmenté de 16,1 % entre octobre 1974 et octobre 1975. Il y a donc un ralentissement dans la progression des taux de salaire par rapport à l'année précédente : d'octobre 1973 à octobre 1974, cette progression avait été de 20,2 % (20,3 % au cours de l'année . 1974 entre le 1er janvier 1974 et le 1er janvier 1975)..

Cette modération relative de la hausse des salaires s'est accompagnée d'une moindre progression des prix : 10,2% entre octobre .1974 et octobre .1975 (alors qu'entre octobre 1973 et octobre 1974 l'indice des prix à la consommation de l'INSEE — 295 postes — avait: augmenté de 14,9%). L'évolution des prix au cours de l'année 1975 a été de 9,6 % contre 15,2% en 1974.

En fait, l'évolution du taux de salaire horaire, indicateur du « prix unitaire » du travail^ traduit assez mal celle des salaires effectivement perçus par les ouvriers, en raison de la réduction sensible depuis l'automne 1974 des horaires de travail entraînée par la récession économique (encadré: p. 30)..

Salaires ouvriers affectés par la réduction des horaires

En effet, bien que la majorité des ouvriers soient mensualisés depuis: 1970 \ leur rémunération, est toujours fonction du nombre d'heures de travail effectuées, leur paie étant toujours établie sur la base d'un taux horaire correspondant à la durée hebdomadaire de travail légale, soit 40 'heures (loh dut 25 février 1946). Les heures effectuées au-delà de 40 heures sont rémunérées à un tarif- majoré (25 % de majoration de la 41 • à la 48e heure," 50 % au-delà). Or le nombre d'heures travaillées connaît une- baisse sensible depuis le dernier trimestre ,1974 : la durée

daire moyenne du. travail -observée, par l'enquête trimestrielle qui, selon les termes mêmes du questionnaire, est la « durée effectivement offerte résultant des horaires de travail, pratiqués: par les établissements ■ pour- les salariés engagés à temps complet», a diminué, sur.12 mois (d'octobre 1974 à octobre 1975), de.1,1 heure pour les ouvriers et de 0,4 heure : pour les . employés, passant . respectivement de 43,7 heures à 42,6 et de 41,6 heu res. à 41,2. La récession a entraîné une forte diminution des heures rémunérées. à tarif majoré, que ce soit à 50 %2 ou à 25.% et les salariés ont de plus en plus un horaire hebdomadaire de travail se rapprochant des 40 heures' (tableau 1). ; Juridiquement," la baisse du salaire hebdomadaire,- consécutive à la réduction du nombre d'heures travaillées au-delà de 40 heures, ne donne lieu à aucune indemnisation. Néanmoins, les indemnisations ont pu être accordées, d'un montant d'ailleurs très variable selon les entreprises, pour les journées de chômage «technique»; il s'agit des fermetures d'établissements assez fréquentes depuis la fin 1974, durant les fêtes de fin d'année, ou à l'occasion de « ponts i» décidés au moment de certaines fêtes légales (en mai notamment), ou encore à l'occasion des congés annuels, prolongés . en raison i du, faible volume des carnets de commande.

Parallèlement à la diminution>des horaires supérieurs^ 40 heures par semaine, le chômage partiel (horaires inférieurs à 40 heures), qui est pris en compte dans la durée hebdomadaire • de. travail observée par l'enquête, s'est nettement développé depuis octobre, 1974. Au ,1er octobre

1. Katy Saada, « Premiers regards sur la mensualisation », Économie et statistique n° 30, janvier 1972. E. Vlassenko, « Mensualisation ; et absentéisme », . Économie et statistique n' 73, décembre 1975.. 2. L'adoption récente de la loi n" 75-1523 du 27 décembre 1975, ramenant à 43 heures la durée maximale du travail, fera d'ailleurs encore diminuer à partir de 1976 la part des effectifs concernés; ne le seront désormais que les seuls salariés pour lesquels sera accordée, à titre exceptionnel ou saisonnier, une dérogation limitée dans le temps et donnant droit d'ailleurs à un repos compensateur.

27:

TABLEAU 1

Répartition des ouvriers et employés selon la durée hebdomadaire de travail En % des effectifs

Tranches de durée

, De 36 à moins de 40 heures .... * 40 heures

1 48 heures - De 49 à moins de 50 heures .... De 50 à moins de 57 heures

l Total :..

Résultats au 1" octobre 1974 Ouvriers

0,2 1,0

20,5 31,7 27,7 7,6 2,8 8.5

1,2

20,5

67,0

11,3

100

Employés <

e 0,9

49,6 32,1 13,7 2,0 0,5 1,2

0,9 ■

49,6

47,8

1,7

100

Résultats au 1tr octobre 1975 Ouvriers

2,5 :: 2,8

28.9 \ 29,3 ; 25,0.

■ 5,2 1,4

;: 4,9

' 5,3;

28,9

59,5

100

Employés

0.7 2,0

55.6 28,3 10,8 1,4 0.3 0.9

2,7

55,6

40,5-

1,2

100

Modalités de paiement

Chômage partiel .

; Heure normale

'Heure supplémentaire + 25%

Heure supplémentaire + 50%

Source : enquête trimestrielle du ministère du Travail. Publication dans Statistiques du travail. — Supplément au Bulletin mensuel, tableau A. 5. — Supplément n° 25, 1974, pour l'enquête au 1" octobre 1974. — Supplément en cours d'impression pour l'enquête au 1*' octobre 1975.

1975, il concernait 5,0% des ouvriers (2,7 % des employés) au lieu de 1,2% un an auparavant (0,9 % pour les employés). Or," même si la législation et les accords d'indemnisation: ont amélioré à plusieurs reprises, depuis l'automne 1974, les conditions- d'indemnisation, les heures de chômage partiel restent généralement indemnisées à un taux moindre que celui des heures normales (voir encadré p. 33).

Aussi, si l'on veut apprécier correctement l'évolution récente des salaires, il est : essentiel, en raison de l'effet des réductions d'horaires, de retenir la notion d'indice du: taux hebdomadaire de salaire. Pour obtenir ce dernier, on multiplie ? l'indice -du -taux -horaire', par. celui de la durée hebdomadaire « rémunérée », lequel, tient compte à la fois du chômage partiel et de la proportion effective (aux dates d'observation) des heures rémunérées à un tarif majoré.

D'octobre 1974 à octobre 1975, la réduction de la durée hebdomadaire « rémunérée » peut être évaluée à — 3,4 % (on n'obtiendrait que — 2,4 % si l'on tenait compte seulement de la diminution apparente de 1,1 heure enregistrée par, la durée hebdomadaire moyenne du travail au cours de la même période). La hausse du taux de salaire horaire ayant été de 16,1 % au cours de cette période, il en résulte que le taux de salaire hebdomadaire a augmenté de 12,1 %. Si l'on rapproche cet accroissement nominal du salaire hebdomadaire de l'évolution des prix,, on voit que le pouvoir d'achat des ouvriers a augmenté après une baisse au dernier trimestre 1974 et au début de 1975, de. 1,7 % en un, an (tableau 2). Sur la même période, un an auparavant (octobre 1973 à octobre 1974) les chiffres correspondants étaient de 18,4 %' pour l'accroissement nominal du salaire hebdomadaire et de 14,9 % pour, celui des prix. Le tableau 2 met clairement en . évidence les rôles respectifs du

ment de l'inflation et de celui de la réduction des horaires sur le pouvoir d'achat des ouvriers au cours des deux périodes. Entre octobre 1974 et octobre 1975, la hausse du pouvoir d'achat du taux de salaire horaire est un peu supérieure à ce qu'elle avait été l'année précédente, le freinage de la progression des prix étant plus sensible que celui du salaire horaire. En revanche, l'augmentation' du pouvoir d'achat du ' salaire t hebdomadaire est nettement moindre en raison de la plus forte diminution des horaires de travail ( — 3,4% au lieu de — 1,6 % pour la durée « rémunérée »).

L'évolution du < salaire hebdomadaire des ouvriers peut également être obtenue à partir d'une autre . enquête du ministère, du -Travail, l'enquête semestrielle sur les gains des ouvriers et des personnels non ouvriers. Cette enquête fournit un gain* horaire moyen des ouvriers (ensemble des ouvriers de plus de 18 ans, à l'exception ■• des apprentis) pour les mois d'avril et d'octobre, calculé comme le rapport entre la totalité de la paie des mois considérés (à l'exception des primes versées selon une cadence non mensuelle) et l'ensemble* des heures de travail correspondantes.. L'incidence du paiement des heures supplémentaires, du chômage partiel ou du chômage : technique pendant la totalité du ; mois de l'enquête est donc prise en t compte dans les résultats de l'enquête sur les gains/et pour passer du gain horaire au gain hebdomadaire, il convient alors de multiplier le premier par la durée hebdomadaire moyenne observée du travail (tableau 3).

La confrontation des deux séries annuelles : — l'une relative : aux ; variations d u ; taux hebdomadaire

de salaire (d'octobre à octobre);. — l'autre portant: sur les .variations du gain hebdomad

aire, montre que l'indice du taux hebdomadaire peut être 28

L'ÉVOLUTION DES SALAIRES A COURT TERME : SOURCES D'INFORMATION Une présentation générale des statistiques sur les salaires a été faite ~- dans Économie et statistique n" 58, juillet, août 1974 : « Les salaires, indicateurs rapides et observations approfondies ». Pour apprécier l'évolution récente des salaires, il n'est pas possible - d'utiliser les statistiques les plus complètes qui proviennent de l'exploi- tation des Déclarations annuelles de salaires (DAS). Dans cet article, on utilise essentiellement les résultats des enquêtes du ministère du < Travail, l'indice des traitements de la fonction publique calculé par l'INSEE et les chiffres relatifs au SMIC. Ce sont ces données et leurs sources que l'on précisera ici.

• Taux de salaire horaire des ouvriers (Enquête trimestrielle du ministère du Travail. Délai de dépouillement de l'ordre de 6 semaines.) Rappelons que ; l'enquête porte sur les ■ établissements d'au moins 10 salariés de l'industrie, du commerce et des services et fournit des données sur l'évolution des effectifs, de la durée du travail (durée hebdomadaire offerte) et du taux de salaire horaire des ouvriers. Pour la partie salaires, les entreprises publiques dont le personnel est régi par un statut (EDF-GDF, houillères, SNCF, RATP) sont exclues du champ de l'enquête. La „ publication • Statistiques du travail; supplément . au Bulletin mensuel, n° 28, 1975 i présente de façon détaillée la méthodologie de /'enquête (champ, données observées, méthodes de calcul des indices, nomenclatures) et retrace l'historique des enquêtes effectuées depuis 1946, en précisant où trouver les renseignements tirés de questions plus détaillées (salariés bénéficiaires d'une hausse du SMIC, ouvriers mensualisés...). Elle présente aussi la méthodologie de l'enquête semes~ trielle sur les gains (voir ci-après). L'indice du taux de salaire horaire des ouvriers est publié dans le Bulletin mensuel de statistique de l'INSEE (BMS), partie trimestrielle (numéros de février, mai, août et novembre pour les premiers résultats d'ensemble et les résultats par activité, sexe et qualification.) L'indice, base «janvier 1956 = 100 » jusqu'en mai 1975, l'est désor- mais sur base «janvier. 1973 = 100» et avec une nomenclature d'activités et de qualifications un peu différente à partir du n° 8 d'août 1975'. Une partie commune d'un peu plus de deux années dans la publication au BMS permet de confronter les résultats dépouillés selon la nomenclature ancienne (NAE) et selon la nomenclature actuelle qui est un regroupement de la nomenclature en usage dans la Commu- nouté européenne (NACE). Chaque mois, il y a un rappel des résultats relatifs à l'indice général, toutes activités, France entière, pour. les douze derniers mois dans la page « salaires » de la partie mensuelle du BMS de l'INSEE, et un rappel des dix dernières années dans le BMS n° 9 (septembre) de chaque année. Les résultats , des cinq dernières années (moyenne

annuelle, par activité, sexe et qualification) sont également publiés dans /'Annuaire statistique de l'INSEE. Le ministère du Travail publie les résultats détaillés de l'enquête sur l'activité et les conditions d'emploi de la main-d'œuvre dans Statistiques du travail, supplément au Bulletin mensuel.

• Gains horaires des ouvriers, gains mensuels des cadres, des agents de maîtrise et techniciens et des ; employés (Enquête semestrielle du ministère du Travail. Délai de dépouillement de 4 à 5 mois minimum.) < Les résultats d'ensemble (montant en francs des gains des ouvriers) indice (base 100 ' = octobre 1972) des gains des ouvriers, des employés, des techniciens et agents de maîtrise et des cadres se trouvent rappelés dans la page mensuelle «salaires» du Bulletin mensuel de statistique de l'INSEE.' Les résultats en sont également publiés,, pour les -■ cinq dernières années, dans /'Annuaire statistique de l'INSEE. Le dépouillement de ces enquêtes, qui ont lieu deux fois par an, en : mars et en octobre, dans un cadre communautaire, est assez long. Les résultats détaillés des enquêtes sur les gains sont présentés dans Statistiques du travail, supplément au Bulletin mensuel.

• SMIC Le montant horaire du salaire minimum de croissance est publié au Journal officiel à chaque relèvement, par arrêté (relèvement corres~ pondant à la hausse des prix) ou par décret (relèvement supérieur à la • hausse des prix). . Il y a un rappel des douze derniers mois pour le montant horaire et le montant mensuel (sur la base de 40 heures par semaine) dans la page «salaires» du Bulletin mensuel de l'INSEE; y figure également le minimum garanti qui est relevé aux mêmes dates que le SMIC, mais seulement en proportion de la hausse des prix, et qui sert à l'indexation de diverses allocations. Il y a également un rappel des dix dernières, années dans le n' 9 de septembre du BMS, des cinq dernières années dans /'Annuaire statistique de l'INSEE.

• Traitements de la fonction publique Le traitement minimum et le traitement afférent à l'indice 650 ainsi . que l'indice d'ensemble des traitements et l'indice par grandes catégories statutaires sont publiés dans la page mensuelle « salaires » du BMS (rappel sur douze mois) et /'Annuaire statistique INSEE (rappel sur cinq ans) ainsi que dans une chronique annuelle de mise à jour dans Économie et statistique. ,

TABLEAU '2 Évolution du pouvoir d'achat du taux de salaire horaire et hebdomadaire des ouvriers au cours de\1975

6 671003 5 64

4* trimestre 1974. 1" trimestre 1975. 2* trimestre 1975 3* trimestre 1975 Octobre 1975/octobre 1974 Rappel : Octobre 1974/octobre 1973

Hausse du taux. de salaire -

Horaire

+ 3,8 + 3,7. + ■ 4,9. + 2,8 + 16,1 + 20,2 Hebdo

madaire

+ ■ 0,9 + 3,4 + 5,1. + ■ 2,3 + 12,1

+ 18,4

Hausse des prix

+ 2,9 + 2,5 + 2,2 + 2,3 + 10,2

+ 14,9

Hausse du pouvoir d'achat du salaire ;

Horaire

+ 0,9 + 1.2 ,+ 2,6 .+ 0,5 :'+ 5.4 + 4,6 Hebdo

madaire

— 2,0 + 0,9 + 2,8

0 + 1.7

+ 3,0

Source : enquête trimestrielle du ministère du Travail. L'ÉVOLUTION DES SALAIRES EN 1975 29

5

PROBLÈMES POSÉS PAR L'I NCIDENCE DE LA RÉDUCTION DE LA DURÉE

DU TRAVAIL SUR LES RÉMUNÉRATIONS Depuis 1946, pour l'ensemble des activités, la durée du travail ff a toujours été supérieure en moyenne à quarante heures (avec quelques baisses saisonnières d'activité pour le textile, l'habillement, les cuirs et peaux par exemple). Avant 1968, une baisse conjoncturelle de la durée du travail entraînait une baisse du * gain hebdomadaire s'il n'y avait pas augmentation dans le même temps du taux de salaire proprement dit. Depuis 1968, lorsque l'on se réfère, pour estimer l'évolution du. pouvoir d'achat, à l'évolution du taux de salaire horaire combinée à celle de la durée du travail, on n'échappe pas à une , certaine ambiguïté liée à la signification de la réduction de la durée du travail des ouvriers. Les accords de Grenelle de juin ; 1968 contenaient une clause faisant référence à un retour progressif aux quarante heures hebdomadaires. Depuis lors, de •■ nombreux accords décidant par étapes de la réduction de la r durée du travail sans perte de salaire ont été conclus (notamment dans la métallurgie, la chimie, le papier et le carton et, plus récemment, dans quelques industries agricoles et alimentaires). La réduction de la durée du travail que l'on a observée : de 1968 à juillet 1974 est en grande partie de nature contractuelle. De ce fait; la perte de salaire qui en est résultée pour les ouvriers a ■ été peu • importante voire inexistante; même s'il - s'agissait d'heures supplémentaires payées à un taux majoré. La baisse de la durée du travail corrélative à la récession économique depuis l'automne 1974* signifie au contraire une perte; plus que proportionnelle (puisqu'il s'agit en général d'heures " supplémentaires) • du ? revenu - hebdomadaire ou : mensuel " des - salariés.

1.' F. Eymard-Duvernay : L'emploi au cours du VI* Plan, Économie et statistique, n° 74.

valablement retenu pour apprécier l'évolution ; récente des z salaires; il apparaît également qu'en période de réduction des horaires ou de chômage partiel,' l'indice du taux horaire doit être utilisé avec beaucoup de réserve. Néanmoins, c'est bien au taux horaire que l'on est conduit à se référer, pour connaître le mouvement i des > salaires s par qualification. En effet, dans l'enquête trimestrielle, la durée hebdomadaire calculée à -, partir: de données - par établissement est seulement connue pour l'ensemble des ouvriers.

Des disparités peu modifiées

Malgré la forte augmentation relative du SMIC au 2e trimestre 1975, les taux de salaire horaire dans les différentes qualifications ouvrières ont évolué de manière assez parallèle : dans l'ensemble, les écarts entre les qualifications ne se sont, ni creusés ni rapprochés entre octobre 1 974 et octobre 1975 (tableau 4). Les; salaires des catégories les moins qualifiées, surtout chez les femmes, ont toutefois augmenté un - peu plus - rapidement que - ceux « des » qualifications plus élevées. .

Le maintien des disparités de salaires, en dépit de fortes majorations t du SMIC, s'expliquerait ainsi, pour la période étudiée : au cours des trimestres où il n'y a pas eu^relève- ment du SMIC," les hausses de salaires consenties seraient généralement plus fortes : pour les . ouvriers qualifiés que pour les non qualifiés; ce phénomène aurait pour effet d'effacer progressivement le retard pris lors des trimestres où le SMIC est : relevé - (2e trimestre 1975 ; par exemple). Dans le cas des femmes, où la part des ouvrières qualifiées est relativement faible,, l'effet; SMIC est en revanche plus marqué.

En ce qui. concerne l'évolution par activité économique, on n'observe pas non plus de différences considérables entre les variations du taux de salaire horaire: des- ouvriers, d'octobre 1974 à octobre 1975. Ici encore, l'effet des majorations du « SMIC se fait toutefois . sentir, de sorte . que la hausse enregistrée? dans- une activité comme l'hygiène (18,7 % sur la période étudiée), où les travailleurs rémunérés au . SMIC sont - nombreux, \ est nettement supérieure à la; moyen ne (16,1: %), et très au-dessus de celle qui est enregistrée dans des , activités ; comme la chimie (12,3 %) ou l'imprimerie-édition (11,7 %) pour lesquelles les variations duSMIC sont pratiquement sans effet. Mais les activités citées sont des cas extrêmes et, dans presque toutes, les autres, la hausse des taux de salaire entre octobre 1974 et octobre 1975,* comprise entre 15 et 17 %, ne présente pas, , comme: les. années précédentes d'ailleurs,, de fortes: disparités.,

Évolution parallèle des salaires non ouvriers

Outre les gains horaires des ouvriers, l'enquête semestrielle du ministère du Travail permet, depuis avril 1972 3, de connaître deux fois par an (avril et octobre) l'évolution des gains mensuels des personnels non ouvriers, selon trois grandes catégories : employés, agents de maîtrise, techniciens et cadres. En raison des délais de dépouillement, les* données les plus récentes portent sur avril 1975 (tableau 5).

Les comparaisons des évolutions de salaires des trois catégories de personnel non ouvriers entre elles, ou avec celles des ouvriers, portent sur les gains mensuels, approchés, dans le cas des ouvriers, par les gains hebdomadaires. En outre, la période de référence est l'année (avril à avril, ou octobre à octobre4) de préférence au semestre : les rémunérations des cadres sont en effet habituellement réajustées en début d'année alors que pour les ouvriers ou *. les employés, . les * accords de salaires, très souvent signés au cours du 1er tri-

3. De 1949 à 1971, pour les personnels non ouvriers, cette enquête était seulement annuelle et portait sur le mois de septembre. Dans le cadre de l'harmonisation des statistiques de la Communauté européenne, elle est devenue semestrielle depuis 1972. 4. Il est également préférable, pour obtenir la hausse moyenne des salaires ■ entre deux années à partir des résultats des enquêtes semestrielles sur les gains, de prendre la moyenne des hausses observées respectivement entre les mois d'avril et les mois d'octobre (ce qui est fait au tableau 5, où l'on ne peut donc donner encore les chiffres relatifs à 1975). Cette méthode fournit les résultats les plus directement comparables à ceux qui proviennent, mais beaucoup plus tardivement, de l'exploitation des déclarations annuelles de salaires (DAS).

30

TABLEAU 3

Évolution comparée des taux de salaire et des gains des ouvriers depuis avril 1972

Taux horaire Heures rémunérées ' Taux hebdomadaire 2 Gain horaire Durée du travail observée Gain hebdomadaire 3

D'avril à avril

1973/1972

12,8 — 1,24

11,4 12,9

— 1,0 11,8

1974/1973

17,5 — 1,59

15,6 16,6

— 1,3 15,1

1975/1974

18,7 — 3,64

14,4 17,7

— 3,0 14,2

D'octobre à octobre

1973/1972

15,1 — 1,65

13,2 14,9

— 1,33 13,4

1974/1973

20.3 — 1,62

18,4 20,1

— 1,30 18,5

1975/1974

16,1 — 3,44

12,1 n.d.

— 2,77 n.d.

1. Compte tenu de la durée du travail et des majorations pour heures supplémentaires. 2. Taux hebdomadaire = taux horaire x heures rémunérées. 3. Gain hebdomadaire = gain horaire x durée du travail observée.

Source : ministère du Travail.

TABLEAU 4 Évolution du taux de salaire horaire des ouvriers par qualification et par sexe entre octobre 1974 et octobre 197 S

HOMMES Niveaux :

manœuvre ordinaire. . . manœuvre spécialisé. . . ouvrier spécialisé 1 . . . . ouvrier spécialisé 2. . . . ouvrier professionnel 1. ouvrier professionnel 2. ouvrier professionnel 3.

Ensemble hommes

FEMMES Niveaux :

manœuvre ordinaire manœuvre spécialisée ouvrière spécialisée 1 ouvrière spécialisée 2 ouvrière professionnelle 1 . ouvrière professionnelle 2. ouvrière professionnelle 3.

Ensemble femmes

+ 3,7 + 3,4 + 3,6 + 4,6 + 3,8 + 3.8 + 3,8

+ 3,9

+ 3,8 + 3,6 + 3,5 + 3,9 + 3.2 + 3.5 + 4,0

+ 3,6

trimestre 1975

+ 3,1 + 3,5 + 3,5 + 3.3 + 3,9 4- 4,2 + 4,3

+ 3,7

+ 3,2 + 3,4 + 3,5 + 3,4 + 3,7 + 3,4 + 2,7

+ 3,4

+ 6,0 + 5,3 + 5,0 + 5,4 + 4,4 + 4,1 + 4,0

+ 4,7

+ 6,2 + 5,5 + 5.0 + 5,1 + 4,7 + 4,9 + 4,7

+ 5,3

trimestre 1975

+ 2,9 + 3,0 + 3,0 + 2.1 + 3,0 + ■ 3,1 + 3,2

2,8

+ 2.7 + 3,0 + 3,0 + 2,7 + 3,0 + 3,0 + 2.4

+ 2,9

Octobre 1975/ octobre 1974

+ 16,6 + 16,1 + 16,0 + 16.2 + 16,0 + 16,2 + 16,2

+ 16,1

+ 16.9 + 16,3 + 15,9 + 16,0 + 15,4 + 15,7 + 14,5

+ 16,1

Source : enquêtes trimestrielles du ministère du Travail. L'ÉVOLUTION DES SALAIRES EN 1975 31

5.

" Résultats semestriels : . ' Octobre 1972/Avril 1972 ... Avril 1973/octobre 1972. Octobre 1973/avril 1973 Avril 1974/octobre 1973.

■: Octobre 1974/avril 1974; ■ Avril 1975/octobre 1974. ■ Résultats sur 12 mois : ; Avril 1973/avril 1972: Avril 1 974/avril 1 973 . Avril 1975/avril 1974.

'-• Octobre 1973/octobre 1972. . . . Octobre 1 974/octobre 1 973 ....

Résultats annuels moyens .; Avril + oct. 73/avril + oct. 72.

; Avril + oct. 74/avril + oct. 73.

Ouvriers gains hebdo- -

madaires

+ 3,6 + 8,0 + 5,0 + 9,6 + 8,0 + 5.8

+ 11,9 + 15,1 + 14,2 + 13,4 + 18,4

+ 12,6 + 16,8

Personnels non ouvriers gains mensuels

Employés

: + 5,4 I+-5.2- \+ 6,6 1 + 8,8 ; + ■ 8,5 i+ 7,6

~+10,9 :+16,0 +• 1é,8 + 12,1 t+18,0

J+11,5 ,+ 17,0

Agents ï de maîtrise et techni

ciens

+ 5,7 + 5,1 + 5,9 + 9,7 + 7,6 + 6,2

+ 11,0 + 16,2 + 14,2 + 11,3 + 18,0

+ 11,2 + 17,1

Cadres ;

+ 4,3 + 6,3 + 3.2 + 9,6 + 5,7 + 8,3

+ 10,9 + 13,1 + 14,3 + 9,7 + 15,8

+ 10.2 + 14,4

Ensemble des non-

ouvriers

+ 5,1: + 5,6 + 5,1 + 9,4 + 7,1 + 7,6

+ 11,0 + 15,0 + 15,2 + 11,0 + 17,2

+ 11,0 + 16,2

Ensemble \ des salariés *

il ?+ 4,4 ]+ 6,7 !+■■ 5,0 \+ 9,5 + 7,6 ;+ 6,7

'+11.4 '+14,9 "+14,7 + 12,0 + 17,8

+- 1 1 ,7 f+ 16,4

> 1. Les résultats sont obtenus en utilisant, pour agréger les différentes catégories de salariés, les : pondérations fournies par les états fiscaux des déclarations annuelles des salaires (DAS).

TABLEAU 5 Évolution des gains hebdomadaires des ouvriers et des gains mensuels

des personnels non ouvriers du secteur privé

mestre, prévoient généralement des rendez-vous assez fréquents : (les causes explicites d'échelle mobile demeurant . cependant peu nombreuses).

Au total,. et pour les douze derniers mois connus, les augmentations des rémunérations des cadres et des agents de maîtrise . sont très voisines (respectivement 14,3 %', et 14,2 %), celles des employés un peu supérieures (16,8 %), et celles des gains hebdomadaires des ouvriers légèrement inférieures (14,2 %). Ce dernier phénomène traduit la chute brutale de la durée du travail enregistrée entre avriM974* (période de prospérité) et avril 1975. Dans ce qui précède, on a î estimé à 12,1 % '',, l'évolution ; sur 12 mois des taux? hebdomadaires des ouvriers ; on ■< prenait en effet comme % point de départ l'automne 1974,, c'est-à-dire une période plus récente où l'activité économique était déjà en retrait sur le printemps 1974.'

En période de brutal retournement conjoncturel, on doit? prendre garde qu'un décalage de quelques semaines dans la-, confrontation de résultats provenant de sources différentes, peut conduire à ; des conclusions apparemment contradictoires. Il semble toutefois, à partir des derniers résultats connus de 1975, que l'évolution des salaires ait été assez voisine pour les différentes catégories de salariés : rappelons qu'on avait observé, en.1973 et en 1974, une croissance des* gains un peu plus forte pour les ouvriers et un peu moindre pour les cadres.

Le relèvement du SM IC... combien de bénéficiaires?

Au cours de l'année 1975, le SMIC a été relevé à quatre reprises, ce qui; donne au total une majoration de 14,2% (tableau 6); en 1974 cette majoration avait été de 24,3%. lien résulte une légère augmentation s de pouvoir d'achat du SMIC horaire (un peu moindre pour le SMIC calculé sur base. mensuelle en raison de la diminution de la durée du- travail) qui provient essentiellement du relèvement de 6% décidé au 1er juillet 1975 lors de la révision annuelle, les autres augmentations ayant simplement résulté de la hausse de l'indice des prix (dépassement du seuil de 2 % par rapport à la date de la majoration précédente).

On cherche souvent à connaître le nombre de : salariés : payés au SMIC et des bénéficiaires directs d'une augmentation du SMIC à une date donnée. S'il est théoriquement possible de définir les bénéficiaires directs d'une majoration du SMIC. — sachant que leur nombre dépend évidemment de l'importance de la majoration — il peut y avoir une ambiguïté dans l'application de la définition lorsqu'il y a coïncidence entre relèvement du SMIC et augmentation générale des salaires dans un secteur ou un établissement. Par ailleurs, il est également évident qu'avec l'évolution du niveau des salaires,, le

32

INDEMNISATION DU CHOMAGE PARTIEL L'indemnisation du chômage partiel (heures non travaillées en dessous de l'horaire hebdomadaire légal de 40 heures) a été longtemps liée à l'indemnisation du chômage total par les Pouvoirs publics : taux horaire d'indemnisation relativement faible et identique pour tous les ouvriers, quelles que soient leur qualification professionnelle ou l'activité économique qui les emploie. A la suite de la récession de 1967, un accord national interprofessionnel, signé le 21 février 1968 entre le CNPF et les syndicats ouvriers, avait complété l'allocation publique de chômage partiel par une allocation conventionnelle, allocation dont le paiement est entièrement à la charge de l'entreprise (sans qu'il y ait compensation interprofessionnelle comme c'est le cas pour l'indemnisation du chômage total par les ASSEDIC). Le nombre d'heures de chômage partiel indemnisables dans l'année est limité et fixé par les Pouvoirs publics par arrêté, aussi bien pour l'allocation publique : que pour l'allocation conventionnelle complémentaire. En janvier 1975, le nombre d'heures indemnisables était encore de' 320 heures, contingent fixé à ce niveau depuis juin 1973. Il a été porté, pour l'année 1975, à 470 heures par l'arrêté du 20 février 1975, publié au Journal officiel du 4 mars. Le montant horaire des allocations de -i chômage partiel était alors de 2,10 F en ce qui concerne l'allocation , publique et de 3,00 F en ce qui concerne l'allocation complémentaire conventionnelle, soit au total 5,10 F pour une heure indemnisée, ce montant ayant été porté respectivement d 2,50 F et 3,50 F,, soit au -, total 6,00 F au mois de juin 1975.. Une modification très importante du mode d'indemnisation est inter- venue ensuite à compter du 28 juillet 1975, toujours pour un contingent maximum annuel de 470 heures et pour la seule année 1975 : le montant de l'aide publique varie désormais selon la durée du chômage partiel : 2,50 F jusqu'à 80 heures — 3,50 F de 81 à 160 heures — 4,50 F de 161 à 470 heures; par ailleurs, l'allocation complémentaire conventionnelle est versée à un taux correspondant à 50 % du salaire d'une heure travaillée, l'indemnisation totale du chômage partiel ne- pouvant être toutefois inférieure à 7 F par heure. L'État a donc pris en 1975 une part croissante dans l'indemnisation du chômage partiel; l'allocation » conventionnelle indemnise désormais

davantage les ouvriers professionnels que l'on souhaite conserver dans l'entreprise. Cette orientation très nouvelle de l'indemnisation du chômage partiel ; était destinée, devant l'aggravation du chômage total; d'une part à prévenir de nouveaux licenciements et, d'autre part, à maintenir les entreprises en état d'augmenter à nouveau leur production au moment de la reprise économique. A ces mesures, valables pour l'ensemble des activités et, en principe, . limitées à la seule année 1975, s'ajoutent d'autres modalités d'indemnisation décidées dans '• le cadre de conventions \ collectives ou de conventions signées entre les Pouvoirs publics > et l'ensemble d'une profession. Parmi les : améliorations apportées au : régime de droit commun qui vient d'être décrit, on peut signaler des accords nationaux portant l'indemnisation totale (y compris l'aide publique) à 80% du montant d'une heure normale, sans majoration pour heures supplémentaires, dans l'industrie chimique, à 70 % du salaire horaire réel : net dans les industries de transformation du papier, entre 70 et 90 % du salaire horaire brut dans la tannerie-mégisserie, etc. , Dans une autre série de conventions, signées par les Pouvoirs publics, l'État prend en charge tout ou partie de l'allocation conventionnelle qui est en principe versée d fonds perdus par les entreprises. L'exemple le plus connu est celui de l'accord conclu le 7 octobre 1975 concernant ' 150 000 travailleurs de la sidérurgie à qui l'on garantit au total une indemnisation à 60% des heures perdues y compris les heures supplémentaires, convention signée pour le 4* trimestre 1975 et reconduc- tible pour le 1" trimestre 1976. Les salariés qui travaillent moins de 40 heures (5,0 % des ouvriers et • 2,7 % des employés aut1" octobre :1975) subissent, quelles que soient les modalités de l'accord d'indemnisation qui les concerne, une perte de revenus par rapport à leurs gains y compris les heures supplémentaires du 1" semestre 1974. Il n'en demeure pas moins que cette diminution de revenus est moindre proportionnellement que ce que l'on avait observé dans le cadre législatif ancien au cours d'autres périodes de récession économique. ,

TABLEAU 6

Relèvements > du SMIC en 1974 et 1975

Dates de relèvements .

1" mars 1974. 1" mai 1974 1" juillet 1974

; 1 •' septembre 1 974. 1«r décembre 1974 Moyenne 1974. Décembre 1974jdécembre 1973,

1"mars 1975 .1" juin 1975." 1" juillet 1975

1*r octobre 1975 Moyenne 1975. Décembre 1 975 'décembre 1 974,

Montant horaire

(en francs)

5,60 5,95 6,40 ?

6,55: 6,75 6,10

6,95", 7,12 7,55.

7,71

7,27 Augment

ation • (en %)

3,1 6,3 ' 7,6:

2,3: 3,1

24,3

3,0 2.4 ; 6,0

2,1

14,2

] Montant par mois

■J Pour 40 heures (en francs)

\ 970,65 1031,31 1 109,31

1 135,31 1 169,98 1 056,73 + 24,3

1 204,64 1 234,11 j 308,64

1 336,37 1 260,25 + 14.2.

1 061,58 1 127,96 1213,23

1 238,18 1 250,41 1 152,42 ■t- 21,5

1 283,63 1 315,01 1 394,45

1 419,85 1 342,47 f 13,6

Motif des relèvements

/Arrêté. 'i Décret. • Décrets révision ■ annuelle. .

\ Arrêté. . "Arrêté.,

; Arrêté. \ Arrêté; ', Décret, révision { annuelle. Arrêté.

L'ÉVOLUTION DES SALAIRES EN 1975 33

nombre de travailleurs rémunérés au SMIC varie constamment à très court terme;

Une question complémentaire de l'enquête trimestrielle du ministère du Travail au 1er juillet 1975 a permis, sur la; base des , déclarations des chefs d'entreprise, d'estimer la - proportion des salariés (ouvriers et employés) de l'industrie, des commerces et des services ayant bénéficié directement du relèvement du SMIC à cette date 5,' à 5,4 %, chiffre * relativement faible, compte tenu de la très forte hausse dus SMIC l'année précédente..

Comme dans les enquêtes précédentes, on remarque que les salariés bénéficiaires du relèvement du SMIC sont très nombreux (40,8%) dans, l'hygiène (salons de coiffure, blanchisseries, entreprises de nettoyage); ilsMe sont également dans les industries de l'habillement (19,6 %), l'industrie du i cuir (16,0 %)l la* restauration et l'hébergement (12,9%). En revanche, ils sont très. peu nombreux dans la* chimie (0,8 %), la construction automobile (0,6 %), et : le textile : (1 ,0 %). On . constate ■- également que la . proportion des effectifs bénéficiaires directs du relèvement du SMIC est plus forte dans les petits établissements de 10 à 49 salariés (8,0%), que dans les établissements de 500 salariés et plus (2,3 %).,Le SMIC concerne plus les femmes. (9,3 %)< que les hommes (3,8 %),. et les ouvriers; (7,6'%)c que les employés (2,3 %)..

On doit rappeler toutefois que l'enquête du ministère du '. Travail ne concerne ni les établissements de moins de 10 salariés (qui emploient environ 16 %' des effectifs des activités du champ de l'enquête), . ni les salariés : agricoles (environ * 350 000), ni les personnels domestiques (environ 450 000).* Elle ne concerne pas non plus, sur ce point, les personnels des entreprises nationales à statut . (500 000 environ) ; ces derniers ; bénéficient, il { est • vrai, de • rémunérations minimales supérieures au SMIC. Elle ne permet donc pas de répondre: directement ; à ; lai question • relative au i nombre de : salariés payés au SMIC6.

Fonction publique : relèvement des traitements les plus bas

L'indice d'ensemble des itraitements de: la fonction publique, calculé1 par l'INSEE 7, a enregistré une augmentation de 13,1 % de décembre 1974 à décembre 1975. Cet accroissement intègre la hausse de 0,20 %'du traitement de base et l'attribution. uniforme de trois points d'indice à l'ensemble des agents dans la grille hiérarchique, accordées l'une et l'autre au 1er janvier 1975 au titre de l'année 1974; mais il ne tient pas compte des majorations consenties au 1er janvier 1976 à titre de rattrapage pour l'année 1975 8.

Du fait de mesures spécifiques en faveur des bas salaires (attribution de points uniformes,, relèvement forfaitaire de l'indemnité de résidence), l'évolution ■ des rémunérations dans la fonction publique au cours de 1975 se caractérise surtout par des progressions .très différentes selon qu'il s'agit des traitements des agents situés au bas de l'échelle hiérarchique et de ceux des autres agents (tableau 7). Les premiers, qui ne concernent, il est vrai, que 6% environ des agents titulaires de l'État, ont connu une augmentation de

l'ordre de 25% (minimum garanti, fonctionnaires de la catégorie D), alors que celle des fonctionnaires de la catégorie A (24 % des agents de l'État) n'a pas atteint 10 % et qu'elle a été conforme à la moyenne pour les agents des catégories B ou C (respectivement 38 et 32 % des effectifs).-, A côté des mesures 'générales, , l'indice des traitements de la fonction publique reflète un certain nombre de mesures catégorielles (réaménagements de carrière, relèvement de certaines- primes statutaires) dont bénéficient inégalement les diverses catégories d'agents ou de ministères.

On peut remarquer que si l'on se référait à octobre 1974, comme on l'a fait pour les ouvriers du secteur privé en raison des disponibilités statistiques, pour apprécier l'évolution sur 12 mois des traitements des fonctionnaires, on trouverait une progression supérieure d'environ 5%. Cette constatation met en évidence les difficultés que soulève une interprétation convenable de l'évolution comparée des salaires, et l'importance des périodes de référence. La différence provient en • effet des > augmentations - accordées aux fonctionnaires à la fin de 1974, augmentations dues essentiellement à la forte hausse des prix et destinées à maintenir l'amélioration de leur, pouvoir d'achat, comme le prévoyait l'accord du 10 juillet 1974; en octobre, ce pouvoir d'achat était en effet retombé à son niveau du début d'année.

Pour être comparées valablement, les évolutions du, pouvoir d'achat du salaire ouvrier, du SMIC et des traitements dans la fonction publique (tableau 8) devraient être resituées > sur une période plus longue : pour les fonctionnaires, certaines mesures ne constituent que des « rattrapages » des retards enregistrés sur. les périodes précédentes. S'il apparaît que le pouvoir d'achat du traitement des fonctionnaires a, dans l'ensemble, été moins affecté en 1975 par les conséquences de la récession économique que celui des salaires du secteur privé ^(l'évolution j étant d'ailleurs très différente pour les diverses catégories de fonctionnaires puisque, si les agents du bas de l'échelle ont bénéficié d'améliorations très sensibles, le pouvoir d'achat des traitements des agents de catégorie A. s'est juste maintenu), cette situation -i fait

5. Document ronéoté de la division statistique du ministère du Travail en date du 10 novembre 1975, à paraître dans le «Supplément du Bulletin mensuel des statistiques du travail ». Les résultats relatifs au relèvement du SMIC au 1" juillet 1974 ont paru dans le supplément n" 26-1975.

6. Rappelons que des estimations peuvent être avancées (hors fonction publique, agriculture et personnels domestiques) à partir des courbes de répartition des salaires établies sur la base des statistiques des déclarations annuelles de salaires (DAS). Économie et statistique n* 62, juillet 1974 : «Les bas salaires en - 1974». Mais il ne s'agit que d'approximations grossières car le SMIC est un1 salaire horaire brut, cotisations sociales du salarié non déduites (il peut comprendre aussi des avantages en nature — nourriture et logement — qui sont déductibles à concurrence du montant fixé par la réglementation) alors que les DAS donnent des salaires en espèces annuels nets de cotisations sociales. Le facteur durée du travail notamment, interdit donc toute évaluation précise du nombre de salariés payés au SMIC. 7. M. Perrot, «Les traitements de la fonction publique de 1962 à 1975 », Économie et statistique n* 71, octobre 1975, détaille l'évolution des rémunérations - dans la fonction publique jusqu'en juillet 1975 et précise la signification de l'indice d'ensemble des traitements des fonctionnaires. 8. il n'est pas non plus tenu compte, dans cet accroissement de 13,1 % de l'incidence des mesures de reclassement des débuts de carrière des fonctionnaires de catégorie A, reclassement rétroactif au 1*r décembre 1974 et dont la 2* étape s'est située en juillet 1975, les textes d'application n'étant pas publiés à la date de rédaction de cet article. Il en résulte que l'indice des traitements relatif à la catégorie A et, dans une faible mesure, l'indice d'ensemble ont un caractère provisoire et seront corrigés rétroactivement.

34'

TABLEAU 7 Évolution des traitements dans la fonction publique d'octobre 1973 :à décembre 1975

i 1973 ■ Octobre. Décembre

? 1974 Janvier

\ Février. Avril.: Juin. juillet : Septembre Novembre Décembre

1975 Janvier Avril. Juillet Octobre Décembre. Taux de croissance (en %) : Octobre 74/octobre 73 .' Décembre 74/décembre 73. . . . . Octobre 75/octobre 74. Décembre 75/décembre 74. . ...

Minimum mensuel garanti t à Paris ï

(en francs)

1 084,01 1101,20

1115,93 1 137,87 1 162,34 1216,71 1 242.94 1 265,65 1 288,08 ; 1 316,39

1 448,75 1 483,42 1 627,54 1 656,11! 1 656,11'

+ 16,8 + 19,5: + 30.9: + 25,8

Minimum , mensuel garanti (dernière f zone) , (en francs)

1 013,12 1029,54

1 043,61 1 064,56 . 1 087,92 . 1 139,84 1164,88. 1 186.57 1 222,61 1 249,97

1 379,56 , 1 413,07 1 533,96 1 561,13 1 561,13

+ 17,1 : + 21,4 + 31,6 + 24,9.

Indice hiérarchique maximum (en francs)

5 332,39 5 419,06

5 488,44 5 598,74 5 722,23 - 5 847,78 5 918,76 6 029,32 6139,23 6 277,21

6 383,55 6 545,03 6 700,93 6 830,39 - 6 830,39

+ 13,1 + 15,8, + 13,3. + 8,8

Indice hiérarchique des traitements < dont :

1962=100

240,0 243.8

247,8 252,7 258,1. 267,0 272,3 277,4 283,4 289,7

299,1 306,6 320,8 327,7 327,7

+ 15,6 + 18,8. + 18.1 ' + 13,1

Catégorie A

1962 = 100

224.0 ' 227,7

230.5 : 235,1 240,1 247,2 250,7 255,4 261,0 266,8 •

272,2 ' 279.1 « 287.6 « 293.0 « 293.0 1

+ 14,0 + 17,2 ' + 14,7 ' + 9,8 1:

Catégorie b:

1962 = 100

235,6 . 239,3

242,4 247,2 252,5 . 260,8 . 267,7 272,7. 278,7 285,0

292,7 300,0 316,7 323,6 323,6

+ 15,7 + 19,1 + 18,7 + 13,5

Catégorie C

1962 = 100:

253,3 257,3

263.8 ' 269,0 274,8 285,1 : 290,1 . 295,5. 301,9. 308,6;

316,9 324,8 340,5 347,4 347,4"

+ 16,7 + 19,9 + 17,6 + 12.6

Catégorie D

1962 = 100

260,5 . 264,7

269,8 • 275,2 281,0 293,5 299.5 305,1 311,7 318,6:

358,8 ; 366,3 385,8" 393.1 393,1 .'

+ 17,1 + 20,4 + 28,8 + 23,4

1. Provisoire.

suite à de nombreuses années au cours desquelles la progression de ce pouvoir d'achat : avait été relativement moins rapide que dans le secteur privé. Ainsi, par rapport à 1972, (octobre > 1 972 1 = 100), l'indice du pouvoir d'achat des traitements des fonctionnaires se situe à 110,6 en octobre 1975,", celui du salaire hebdomadaire des. ouvriers atteint 110,2 et le SMIC (calculé sur la semaine), 124,1.

Maintien du pouvoir d'achat des salariés en 1975

Les observations faites ici sur les seuls salaires et rémunérations au cours de 1975 ne permettent pas pour autant de

déduire l'évolution de. la masse des salaires (les effectifs occupés ayant diminué de 2,9 % selon l'enquête du ministère du Travail entre octobre ,1974 et octobre • 1 975). Elles ne permettent pas davantage de connaître l'évolution des revenus des familles de salariés, puisque les prestations familiales, les retraites ont des évolutions bien distinctes des salaires.

Le fait nouveau de l'année 1975 a été la forte aggravation du chômage total, l'apparition et le maintien du chômage ; partiel. Par ailleurs, les modalités d'indemnisation du chômage totahou «partiel, avec la juxtaposition de législations parfois hétéroclites, sont complexes et sans cesse modifiées; en particulier, l'aide publique d'assistance et l'indemnisation conventionnelle se combinent de façons très diverses.

L'ÉVOLUTION DES SALAIRES EN 1975 35

TABLEAU 8 L'évolution du pouvoir d'achat d'octobre 1974 à décembre 1975

Années et mois

1974 Octobre Novembre Décembre Décembre 1974/décembre 1973

1975 Janvier Février Mars Avril Mai Juin Juillet Août Septembre Octobre Novembre Décembre Décembre 1975/décembre 1974,

Salaires nominaux SMIC

horaire

100 100 103,1

+ 24,3

103,1 103,1 106,1 106,1 106,1 108,7 115,3 115,3 115,3 117,7 117,7 117,7

+ H,2 hebdo

madaire

100

100,2 + 20,7

102,8

105,6 111,9

113,6

Taux de salaire hebdomadaire '

100

16,8

100,9

104,3

109,6

112,1

Fonction publique

100 102,2 104,4

+ 18,8

107,8 107,8 107,8 110,5 110,5 110,5 115,6 115,6 115,6 116,1 118,1 118,1

+ 13,1

Indice des prix de détail (France entière)

100 100,9 101,8

+ 15,2

102,9 103,7 104,5 105,4 106,2 107,0 107,8 108,5 109,4 110,2 110,9 111,6

+ 9,6

Pouvoir d'achat SMIC

horaire

100 99,1

101,3 + 7,9

100,2 99,4

102,5 100,7 99,9

101,6 107,0 106,3 105,4 106,8 106,1 105,5

+ 4,2 hebdo

madaire

100 99,1 98,4

+ 4,8

97,4 96,6 98,4 97,5 96,8 98,7

103,8 103,1 102,3 103,1 102,4 101,8

Taux de salaire hebdomadaire '

100

+ 1,4

99,0

101,7

101,7

Fonction publique

100 101,3 102,6

+ 3,1

104,8 104,0 103,2 104,8 104,0 103,3 107,2 106,5 105,7 107,2 106,5 105,8

+ 3,2

1. Il s'agit des salaires des ouvriers. — Source : enquête trimestrielle du ministère du Travail.

Sans connaître l'estimation détaillée qui sera faite pour la commission des Comptes de la Nation de juin 1976, on peut néanmoins avancer que, malgré la récession, le pouvoir d'achat de la masse des salaires s'est maintenu au dernier trimestre de 1975, à un niveau légèrement au-dessus (de l'ordre de + 1 %) de celui du 4e trimestre 1974, la progression des revenus salariaux et sociaux ayant été un peu supérieure.

Jean BÉGUÈ et Marguerite PERROT appartiennent à la division « Revenus » du département « Population et Ménages » de l'INSEE.

BIBLIOGRAPHIE S. VOLKOFF. — « Les salaires en 1972 », Collect/ons de l'INSEE, M 45. S. VOLKOFF. — « Les hauts salaires en 1974 », Économie et statistique,

n° 56, mai 1974. B. GRAIS. — ■ « Les salaires : indicateurs rapides et observations

approfondies », Économie et statistique, n° 58, juillet-août 1974. N. BOREL. — « Les bas salaires en juillet 1974 », Économie et statis

tique, n° 62, décembre 1974. M. PERROT. — « L'évolution récente des salaires jusqu'en 1974 »,

Économie et statistique, n" 63, janvier 1975. M. PERROT. — « Les traitements de la fonction publique de 1968 à

1975 », Économie et statistique, n° 71, octobre 1975.