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Les cuisines collectives. Une intervention au carrefour de Tentraide et du développement local Document synthèse Sous la direction scientifique de Lucie Fréchette avec la collaboration de Louis Favreau ^ Groupe d'étude et de recherche en intervention sociale (GERIS) Université du Québec à Hull pour le CLSC Vallée-de-la-Lièvre avril 1997 [JV 6 9 6 .F6 C8:v7 199 7 Rè s uraè 3 5567 00002 7281 herche soutenue par le Progranune de subventions en santé publique du istère de la Santé et des Services Sociaux du Québec coordonné par la Régie ionale de la santé et des services sociaux de l'Outaouais.

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Les cuisines collectives.

Une intervention au carrefour de Tentraide et du développement local

D o c u m e n t syn thèse

Sous la direction scientifique de Lucie Fréchette

avec la collaboration de Louis Favreau

^

Groupe d'étude et de recherche en intervention sociale (GERIS)

Université du Québec à Hull

pour le CLSC Vallée-de-la-Lièvre

avril 1997

[JV 6 9 6 . F 6 C8:v7 199 7 Rè s uraè

3 5567 00002 7281

herche soutenue par le Progranune de subventions en santé publique du

istère de la Santé et des Services Sociaux du Québec coordonné par la Régie

ionale de la santé et des services sociaux de l'Outaouais.

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Institut national de santé publique du Quéh^^r 4835, avenue Chrisîophe-Colomb, bureau 20u

Montréal (Québec) H2J3G8

Tél.: (514) 597-0606

Les cuisines collectives.

Une intervention au carrefour de Tentraîde et du développement local

D o c u m e n t syn thèse

Sous la direction scientifique de Lucie Fréchette

avec la collaboration de Louis Favreau

Groupe d'étude et de recherche en intervention sociale (GERIS)

Université du Québec à Hull

pour le CLSC Vallée-de-la-Lièvre

avril 1997

Recherche soutenue par le Programme de subventions en santé publique du

ministère de la Santé et des Services Sociaux du Québec coordonné par la Régie

régionale de la santé et des services sociaux de l'Outaouais.

ISBN: 2-89251-919-5

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DOCUMENT SYNTHÈSE DE LA RECHERCHE

AVANT-PROPOS

PRÉSENTATION DE LA RECHERCHE

FICHES SYNTHÈSES DES CHAPITRES DU RAPPORT DE RECHERCHE 4

Portrait des cuisines collectives de l'Outaouais

Dynamique des cuisines collectives de l'Outaouais

Les difficultés et les défis de caractère social dans les cuisines collectives

Les difficultés et les défis de caractère économique dans les cuisines collectives

La contribution des CLSC au développement des cuisines collectives

Regard sur d'autres cuisines collectives au Québec

CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS 10

R É F É R E N C E S 13

INFORMATIONS AUX LECTEURS 14

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Avant-propos

Parmi les jeunes pratiques sociales au Québec, on retrouve les cuisines collectives.

L'essor que connaissent les cuisines collectives commande que l'on étudie ce mode

d'intervention pour identifier les tendances qui s'y dessinent et pour mieux en cerner le

potentiel. Notre recherche a été effectuée dans cette perspective. Le présent document qui

s'ajoute au rapport global en rend compte sous forme de résumé.

Si la recherche a pu prendre cette ampleur, c'est grâce à la contribution de plusieurs

personnes et de plusieurs organisations qui y ont cru assez pour y collaborer activement.

Nous remercions bien sincèrement les membres et les animatrices de toutes les cuisines

collectives, les intervenants-es des cuisines et ceux et celles des CLSC de l'Outaouais et

d'autres régions du Québec qui ont accepté de participer activement à la recherche.

Les assistants-es de recherche s'avèrent de précieux collaborateurs pour mener une

recherche à terme. Il faut d'abord souligner ici la participation de Julie Sénéchal, assistante de

recherche qui a travaillé intensément au projet tant pour le répertoire des cuisines collectives

en Outaouais qu'en ce qui concerne la dynamique des cuisines dans la région et ailleurs au

Québec. Nommons aussi Gisèle Lafrenière, professionnelle de recherche et Lucie Chagnon,

Sylvie Gaudreau, Marie-Hélène Bergeron et Patrick Duguay, assistants qui ont eu un apport

apprécié à un moment où l'autre de la recherche.

Une recherche a besoin de soutien financier et administratif pour prendre forme. Le

CLSC Vallée-de-la-Lièvre lui a accordé un appui indéfectible dès le départ par l'intermédiaire

de son directeur général, M. Jacques Parenteau qui s'en est fait le porteur administratif auprès

de la Régie régionale de la santé et des services sociaux de l'Outaouais (RRSSSO). Nous

remercions aussi la RRSSSO qui lui a accordé le soutien financier qui a permis son

actualisation.

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PRÉSENTATION DE LA RECHERCHE

Le contexte économique et social des années quatre-vingt-dix se caractérise notamment

par un appauvrissement des communautés locales. On constate une évolution des formes de

pauvreté. A côté de la pauvreté chronique ou héritée apparaissent de nouvelles pauvretés, une

pauvreté de crise et l'extrême pauvreté (Favreau et Fréchette 1996; Leseman 1994; Laferrière

1992,Gauthier 1987) qui s'accompagnent de problèmes comme la faim, l'isolement social et la

détérioration du tissu social tant en milieu urbain qu'en milieu rural. Les familles et les enfants en

sont particulièrement affectés. La fragilisation et l'appauvrissement du tissu relationnel s'ajoutent

aux carences en ressources matérielles.

Depuis près d'une décennie, une nouvelle forme d'entraide, au confluent de la prévention

sociale et du développement communautaire, émerge comme pratique sociale susceptible de ren­

contrer les besoins à la fois de personnes et de milieux touchés par la pauvreté. Les cuisines

collectives,bien connues dans des bidonvilles d'Amérique latine (Galer 1989, Lenten 1988), se

répandent au Québec de façon exponentielle. On en comptait une vingtaine à la fin de 1987 et on

estime aujourd'hui que leur nombre dépasse les 400. La région de l'Outaouais en compte près

d'une trentaine. Cette formule d'entraide rompt avec les approches plus caritatives de la soupe

populaire et de la banque alimentaire. Elle s'inscrit plutôt dans la foulée du renouvellement des

projets de prévention et de développement local dont l'entraide est le pivot central.

La recherche s'appuie sur une problématique qui accorde au problème de la faim une

dimension socio-communautaire et qui campe la recherche dans le domaine de la prévention

sociale et du développement local. L'insécurité alimentaire est traitée comme un problème relié à

la question de l'appauvrissement grandissant des familles et des communautés locales. Les

cuisines collectives s'inscrivent comme un mode d'intervention en évolurion depuis le

soulagement de la faim, en passant par l'entraide et la revitalisation des solidarités jusqu'au

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développement local et économique. Elles se situent à la jonction de la santé, du social et de

l'économique et détiennent un potentiel pour affronter le problème de la faim, générer des

économies au budget familial attribué à l'alimentation, réduire l'isolement social, contribuer à

l'acquisition de compétences parentales, faciliter l'insertion sociale de personnes marginalisées

ou fragilisées, améliorer les conditions de vie des familles et même offrir un terrain propice à

l'émergence d'une démarche de développement économique local. La cuisine collective est un

mode d'intervention qui pourrait s'avérer novateur dans des conditions qu'il reste encore à

évaluer. C'est dans cette optique que le présent projet explore le potentiel de ce mode d'inter­

vention tant en prévention sociale qu'en développement communautaire.

LES PARAMÈTRES DE LA RECHERCHE

La recherche étudie les interventions en cuisines collectives dans l'Outaouais pour en dresser un

portrait régional et en évaluer les pratiques. Il se découpe en quatre objectifs spécifiques :

1-Identifier les cuisines collectives de l'Outaouais et leur lien avec le milieu institutionnel et le

secteur communautaire

2. Dresser un portrait des cuisines collectives dans l'Outaouais

3. Évaluer les pratiques et le fonctionnement des cuisines collectives pour identifier les

pratiques les plus prometteuses en termes d'augmentation du potentiel des personnes, de

création de réseaux de solidarité, d'intégration sociale, d'amélioration des conditions de vie et

d'émergence de projets d'économie communautaire ou de services de proximité.

4. Identifier les éléments les plus significatifs et les plus pertinents de la contribution des CLSC

dans le développement de cuisines collectives

La démarche de recherche se déroule en trois étapes : 1) un inventaire décrivant les cuisines de

l'Outaouais; 2) une analyse des pratiques dans l'Outaouais; 3) une analyse des pratiques de

cuisines offrant une vitalité reconnue ailleurs au Québec. Les instruments utilisés sont une fiche

signalétique, des entrevues semi-dirigées, des études de cas, de l'observation participante et la

recherche documentaire.

Les principaux résultats sont présentés sous formes de fiches qui en font la synthèse

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Éléments saillants du portrait des cuisines collectives en Outaouais

• En 1996, l'Outaouais comptait 24 cuisines collectives en activité. Onze d'entre elles sont

nées entre 1989 et 1992 et treize autres se sont ajoutées de 1993 à 1996.

• Les CLSC ont grandement contribué au démarrage des cuisines en Outaouais

(nutritionnistes, organisateurs communautaires, auxiliaires familiales). Des organisations

communautaires souvent soutenus par des organismes paroissiaux ou des communautés

religieuses en ont aussi démarrées.

• Les objectifs communs aux cuisines collectives sont en bref: 1) réduire la faim et favoriser la

saine alimentation; 2) réduire l'isolement social; 3) améliorer les conditions de vie. Les deux

premiers objectifs sont généralement ceux qui reçoivent le plus d'attention.

• La majorité des cuisines compte cinq ou six participantes. Les membres sont majoritairement

des femmes, de milieux défavorisés, peu scolarisées et souvent seules chefs de famille.

• A un modeste autofinancement (1$ par bouche à nourrir dans 60% des cuisines) s'ajoute un

soutien externe (organismes liés à l'Église, club sociaux, caisses populaires, institutions de

santé et services sociaux) qui assurent la survie des cuisines.

• Les membres des cuisines se réunissent deux jours par mois ( planification et cuisson) dans

des locaux le plus souvent prêtés. Moins du tiers des cuisines tiennent leurs activités dans un

local permanent.

• Jusqu'à présent, dans la majorité des cuisines de la région, l'animation est surtout assurée

surtout par des nutritionnistes et des bénévoles et à un moindre degré par des travailleurs

sociaux et des agents de pastorale.

• Les cuisines de l'Outaouais fonctionnent de façon autonome et ne sont pas réunies ni en

réseau ni dans un regroupement régional. A l'exception d'une cuisine, elles ne sont pas

membres du Regroupement des cuisines collectives du Québec.

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La dynamique des cuisines collectives en Outaouais

• Les cuisines collectives de l'Outaouais fondent leurs activités sur un principe d'entraide

comme le font l'ensemble des cuisines du Québec.

• Une classification en trois volets présente les traits dominants distinctifs des cuisines: 1) la

cuisine axée sur la nutrition, 2) la cuisine centrée sur la dimension psychosociale de l'entraide

et l'utilisation du groupe, 3) la cuisine arrimée au développement communautaire.

• La «cuisine collective nutrition» est centrée sur l'économie domestique et la saine

alimentation et de façon secondaire sur la rupture de l'isolement . Outre le fait de cuisiner en

groupe dans une perspective d'entraide, les stratégies d'intervention prédominantes sont

l'éducation, l'acquisition de compétences personnelles, l'apprentissage du travail de groupe

et la résolution de problèmes. Les animatrices sont des nutritionnistes et parfois des

auxiliaires familiales auxquelles s'ajoutent des bénévoles et plus rarement des travailleuses

sociales.

• La cuisine centrée sur la dimension psychosociale et l'utilisation du groupe promeut une

intervention dirigée vers la réponse psychosociale à des besoins persormels et familiaux. Les

stratégies dominantes sont d'abord le soutien à la personne et à son milieu de vie et

l'expérimentation de l'assistance mutuelle, puis des stratégies éducatives et d'acquisition de

compétences. Les intervenants sont des animatrices des groupes communautaires ou de la

pastorale sociale, des bénévoles, des intervenants du secteur communautaire ou institutionnel

d'orientation psychosociale. Elles sont aussi soutenues par les nutritionnistes et/ou des

auxiliaires familiales de CLSC.

• La cuisine arrimée au développement communautaire s'insère dans une démarche plus

générale de développement local ou d'intervention de quartier. Les stratégies d'intervention

varient selon l'évolution de la cuisine dans le temps. On y retrouve des stratégies

d'organisation communautaire, des stratégies d'intervention de groupe et d'entraide, un

travail «d'empowerment» et quelques projets pour insérer les cuisines dans une démarche

d'économie sociale. Les intervenants sont surtout des organisatrices communautaires de

CLSC ou du secteur communautaire et des leaders du milieu. Ils sont souvent constitués en

équipe multidisciplinaire et peuvent compter sur le soutien d'une nutritionniste.

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Difncultés et défis de caractère social dans les cuisines collectives

• Deux sujets sont étudiés à titre de défis de caractère social : la question de la participation et

du décrochage et la question de l'insertion sociale par l'intermédiaire des cuisines collectives

Participation et décrochage dans les cuisines coUectives

• Les principaux facteurs expliquant le décrochage sont : 1) les difficultés reliées à la garde

des enfants; 2) la difficulté à se déplacer (transport) ; 3) le déménagement fréquent des

membres; 4) un gain financier inattendu; 5) les conflits entre participantes; 6) le genre de

nourriture proposée; 7) le peu de sentiment d'appartenance au groupe ou à l'organisme; 8) le

retour aux études ou sur le marché du travail; 9) les vulnérabilités personnelles des

participantes; 10) des modes de vie peu compatibles avec le travail en groupe.

• Les facteurs de rétention identifiés sont : l) le sentiment d'appartenance au groupe; 2) la

qualité de la relation avec les permanentes ou les animatrices; 3) la proximité géographique de

la cuisine; 4) le suivi accordé aux participantes; 5) la stabilité des animatrices et des

bénévoles; 5) le plaisir; 6) des services de soutien à la fréquentation de la cuisine; 7) la

crédibilité dans la communauté locale.

Insertion sociale et cuisines collectives

• Les cuisines collectives peuvent offrir à des personnes ou groupes sociaux fragilisés

l'occasion de se réinscrire dans un processus de socialisation. Elles sont aussi des ressources

pour opérer une stratégie efficace de survie et même de relance pour accroître la disponibilité

et les capacités de réintégration du marché du travail. ^ ^

• Les cuisines collectives ont à relever le défi de la construction de nouvelles formes de

socialisation. Elles offrent des dispositifs de renforcement des compétences et aiguillonnent

vers le maniement plus adroit du recours aux ressources et aux services du milieu.

• Une classifications des activités des cuisines (Noraz 1995) est intéressante : 1) des cuisines

où se font les premiers pas d'insertion sociale pour des membres fragiles et submergées de

problèmes; 2) des cuisines maillons dans une stratégie de débrouille pour des gens moins

isolés disposant d'un réseau familial et voisinage qui, tout en étant exclus du marché du

travail, participent à d'autres organismes communautaires et utilisent des services du milieu;

3) des cuisines premiers pas d'insertion professionnelle ou s'acquière de l'expérience

professionnelle et où sont dispensées des formations diverses.

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Défis et difficultés de caractère économique dans les cuisines collectives

• Deux défis et difficultés de type économique sont étudiées : le financement des cuisines

collectives et leur inscription dans de nouvelles formes d'économie sociale.

Le financement des cuisines collectives

• La recherche dégage des conditions favorisant l'obtention d'un financement adéquat des

cuisines collectives : 1) concevoir ce financement comme celui d'une organisation commu­

nautaire et non seulement comme celui d'un groupe de cuisine; 2) développer un argumen­

taire solide et des gens formés à défendre le projet sous tous ses aspects; 3) donner de la

crédibilité à la formule des cuisines collectives dans la communauté locale, en faire la promo­

tion dans le milieu et auprès des bailleurs de fonds; 4) des opérations publicitaires bien orga­

nisées 5) connaître les sources de financement; 6) diversifier les sources de financement; 7)

profiter de l'expertise et du soutien des organisateurs communautaires des CLSC et des

CDEC

• Les sources de financement possibles sont mentionnées tant dans le domaine du

financement public ( niveau fédéral, québécois, municipal), du financement associatif

(Églises, Centraide, communautés religieuses, clubs sociaux) et du financement des

entreprises locales (Caisses populaires, marchands, etc.). La question de l'autofinancement

fait ressortir trois grandes sources de revenus : 1) la cotisation des membres; 2) des activités

de vente de produits et de services générant des revenus 3) la constitution de la cuisine ou

d'un de ses secteur d'activités en entreprise d'économie sociale

L*insertion des cuisines dans le développement économique communautaire

• La cuisine collective comme service de proximité participe déjà de l'économie sociale.

• Lorsqu'elle crée des emplois, la cuisine s'engage dans le développement économique

communautaire et participe à sa façon à la revitalisation de la communauté locale

• Des cuisines sont des tremplins vers l'insertion socio-professionnelle en offrant des

activités de formation, des stages de préparation à l'emploi ou des banques d'emplois.

• En termes de création d'entreprises, les cuisines ont parfois servi de tremplin à des gens qui

ont démarré des micro-entreprises ou, avec l'aide des CDEC et des CLSC, elles se sont

transformées en petites entreprises (traiteur, restauration, production massive de repas dans

des écoles, etc.). Ces entreprises, dans l'esprit de l'économie sociale, misent d'abord sur la

rentabilité sociale puis sur la rentabilité économique.

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Éléments saillants de la contribution des CLSC aux cuisines collectives

• Les CLSC de l'Outaouais ont surtout investi dans le démarrage des cuisines collectives et

ont eu tendance à s'en retirer rapidement espérant qu'elles deviennent rapidement autonomes.

•Les CLSC visant surtout à contrer la faim et améliorer la santé y affectent surtout des nutri­

tionnistes qui effectuent principalement des activités de soutien immédiat et d'éducation à la

nutrition.

• Les CLSC qui voient dans la cuisine collective une forme d'entraide renforçant les

personnes et les groupes y affectent des nutritionnistes et des intervenants sociaux oeuvrant à

l'animation des groupes, l'éducation à la nutrition, la références aux services sociaux et de

santé, l'aide au financement. La cuisine devenue autonome, ces CLSC y maintiennent un lien

dans le soutien occasionnel aux animatrices et le conseil en nutrition.

• Les quelques CLSC qui voient en la cuisine un partenaire de développement communautaire

y affecte divers intervenants (organisateurs communautaires, travailleurs sociaux, nutrition­

nistes, etc.). Ces intervenants apportent un soutien organisationnel (gestion et finances),

contribuent au recrutement et à l'animation des groupes, travaillent étroitement avec les

leaders des cuisines. Leur travail favorise la crédibilité dans le milieu et permet d'instaurer

graduellement dans la cuisine une dynamique participant de l'intervention de quartier. Le

soutien du CLSC est alors prévu sur plusieurs années dans des proportions variables selon

l'évolution des cuisines sur leur territoire.

• Dans les expériences réussies au Québec, les CLSC ont centré leurs activités autour de

quatre pôles: le soutien au démarrage (recrutement, financement, localisation), la structuration

(fonctionnement démocratique, soutien organisationnel, réseau de cuisines), la formation (des

leaders, des animatrices, des gestionnaires, des bénévoles par des sessions de formation, la

création d'instruments de formation et des formes d'entraînement personnalisé) et le soutien

continu à la démarche d'intervention en cuisine collective (conseil en nutrition, soutien à l'uti­

lisation du groupe en entraide, arrimage à des organismes communautaires, «marketing»,

stimulation de projets d'insertion sociale et professionnelle). Tout en se retirant progressive­

ment, ils maintiennent un lien significatif avec les cuisines collectives de leur territoire.

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Facteurs de robustesse émergents chez des cuisines collectives québécoises

affichant une vitalité reconnue

• Dix organisations à l'extérieur de l'Outaouais ont fait l'objet d'étude en tant que cuisines ou

réseau d'activités d'entraide en rapport avec la faim possédant une riche expérience

d'intervention. Elles sont situées dans trois régions du Québec ( Montréal, l'Estrie et la

Montérégie).

On y retrouve des cuisines de milieux urbains, de petites villes, de milieu rural, de quartiers

défavorisés et de quartiers ouvriers et de milieu regroupant des gens de cultures diversifiées.

Des fiches synthèse des cuisines québécoises étudiées et celles des cuisines de l'Outaouais

sont colligés en deux documents en complément du rapport de recherche : 1) Répertoire des

cuisines collectives de l'Outaouais; 2) Fiches synthèses des cuisines québécoises

• L'analyse des trajectoires de ces cuisines permet d'en dégager les acquis et certains des

ingrédients ayant contribué à leur développement tel qu'il est aujourd'hui. Plusieurs des

facteurs identifiés rejoignent les résultats de recherches sur les facteurs de réussite d'activités

préventives de nature sociale

Parmi les facteurs de robustesse ayant contribué à la vitalité de l'expérience de ces cuisines

collectives, on retrouve :

1) l'instauration des cuisines en réseau sur un territoire donné, ce qui fournit les conditions

leur permettant de se développer et de s'entraider. On parle de réseaux cuisines comptant

de 7 à 25 cuisines;

2) la présence de personnel permanent;

3) la diversification des activités complémentaires aux activités de préparations de mets;

4) la visibilité dans le milieu;

5) le soutien continu de partenaires institutionnels (CLSC) ou communautaires ( CDEC ou

organisations communautaires);

6) un financement diversifié et une part d'autofinancement qui va en s'accroissant;

7) une ouverture à l'hétérogénéité de la composition sociale des membres (conditions

socio-économiques, âges, sexes, cultures):

8) la formation et le soutien des bénévoles.

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Conclusion et recommandations

Il faut d'abord mentionner que la recherche sur les cuisines collectives a avantage à se

poursuivre au Québec. D'une part, la pratique en ce domaine est encore jeune et son potentiel

n'est pas encore pleinement exploité. La recherche peut aider à élargir la réflexion et le débat

autour des cuisines collectives et elle devient un instrument pour dégager de nouvelles

perspectives d'action en rapport avec ce mode d'intervention. D'autre part, les cuisines

collectives ont avantage à être étudiées dans leur évolution. 11 s'agit alors d'envisager des

recherches sur une plus longue période ou des recherches qui font épisodiquement le point

sur l'évolution de cette pratique sociale et ses retombées.

Les cuisines collectives peuvent s'avérer des expériences de micro-solidarités isolées

ou se situer dans un plan d'ensemble de développement des communautés locales. Elles

peuvent concentrer leur action au niveau de la faim et rejoindre la mosaïque des organismes

d'aide alimentaire ou, au contraire, elles peuvent centrer leur action sur la lutte contre la

pauvreté et se définir comme porte d'entrée dans un réseau de solidarité et de développement

pour des populations parfois difficiles à rejoindre par les établissements publics. Finalement,

l'expérience des cuisines collectives dans plusieurs milieux du Québec laisse voir des signes

avant-coureurs d'un renouvellement positif des formes de partenariat entre les organisations

communautaires et les CLSC en dépit de la conjoncture actuelle ne favorisant pas le caractère

communautaire des interventions des CLSC. On a là déjà quelques bonne pistes de recherche

pour d'autres études.

Notre recherche, sans avoir la prétention d'être une étude exhaustive, a tout de même

abordé de multiples facettes de la situation des cuisines collectives en Outaouais et au Québec.

Elle permet d'identifier des éléments à débattre tant en CLSC que dans les organismes

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comunautaires et les cuisines collectives. C'est dans cet esprit, qu'au terme de cette démarche

de recherche nous formulons quelques pistes de réflexion et des recommandations.

1- En rapport avec les orientations des cuisines collectives, la recherche a fourni un essai de

classification qui dégage les interventions et stratégies dominantes selon les orientations qui

sont adoptées par les promoteurs et les animateurs des cuisines. Ces trois types de cuisines

possèdent chacun leur valeur propre. Toutefois, ils s'inscrivent dans des logiques d'inter­

vention différentes les unes des autres et exigent des investissement en temps, en ressources

humaines et professionnelles et en ressources financières qui varient selon le type de cuisine

adopté. Plutôt que de laisser les cuisines prendre au hasard toutes les directions possibles, il

serait bon que les CLSC ou les réseaux d'organismes communautaii^s débattent des choix

possibles et inscrivent le développement des cuisines dans un plan d'ensemble de réponse

aux besoins du milieu ou de développement communautaire.

2. Si l'on se situe dans le cadre de la prévention et de la promotion de la santé et du bien-être

tel que préconisé par des rapports d'experts comme le Rapport Bouchard, les rapports des

experts du Comité de la santé mentale du Québec en matière de liens entre la pauvreté et la

santé mentale, la Politique de^nté et de bien-être, on devrait envisager de développer les

cuisines collectives dans une direction qui dépasse la mesure d'aide alimentaire. Les CLSC

qui souhaitent vraiment investir dans la prévention de nature sociale ont avantage à s'inscrire

dans la promotion de cuisines qui réactivent des solidarités dans la communauté sinon dans

des cuisines qui s'inscrivent dans une démarche de développement local.

3. Un des constats qui ressortent de notre étude est que là où les cuisines manifestent une

vitalité notable, les CLSC (ou parfois des organisations communautaires) les ont soutenues

intensément et ont maintenu un lien significatif avec elles, même après que la cuisine se soit

constituée en organisation autonome incorporée. A ce chapitre aussi, les CLSC de

l'Outaouais ont des choix à faire sauf s'ils optent pour des cuisines qui prennent la direction

de l'aide alimentaire ponctuelle.

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4. Peu de choses ont été écrites sur le financement des cuisines collectives. 11 y aurait lieu de

faire une étude sur ce que coûte une cuisine collective selon le type de cuisine adopté. L'étude

serait simple à effectuer en prenant des échantillons de cuisines et en étudiant leur coûts

directs et indirects de fonctionnement de même que leur actif et leurs sources de revenus.

5. Une faiblesse qui émerge de l'expérience des cuisines de l'Outaouais est leur fonctionne­

ment sans relation les unes avec les autres sauf dans de rares cas. La mise en réseau des

cuisines collectives soit par territoires de CLSC ou par sous-régions, comme celles des

MRC, les aideraient à se développer et à mieux s'organiser. Il y a là un dossier intéressant à

travailler par des organisateurs communautaires ou des intervenants sociaux s'inspirant

d'approches communautaires.

6. La permanence d'intervenants ou d'animateurs dans les cuisines collectives a été identifiée

comme un des ingrédients primordiaux favorisant la vitalité des cuisines et l'évaluation

positive que font les membres de leur participation à la cuisine collective. Il serait important

d'étudier comment les cuisines de l'Outaouais peuvent se doter de permanents ou de se

donner des conditions qui favorisent une animation stimulante pour les membres et qui donne

à la ou les cuisines les moyens de développer des activités complémentaires de formation, de

soutien aux bénévoles, de financement, de socialisation et des activités sociales.

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Références

Favreau, L. Fréchette,L.(1996) «Pauvreté urbaine et exclusion sociale. Les nouvelles figures du travail social auprès des personnes et des communautés locales en difficulté», dans Service social, vol 44, no 3, 71-93.

Fréchette, L.(1997) Les cuisines collectives du Pérou: un itinéraire de 20 ans, cahier du GERIS, série Pratiques sociales no 4, 25 p.

Galer M., N., Nunez C.P. (1989) Mujery comedorespopulares, SEPADE éd. Lima , 297p.

Gauthier, M.(1987) (dir.de) Les nouveaux visages de la pauvreté, Québec, IQRC.

Laferrière, G. (1992) « La dynamique communautaire montréalaise», Relations, octobre, p.239-245. 1992

Lenten, R.( 1988) « Comedores en Peru.Organizando mujeres y reorganizando su trabajo». Ponencia al 46 ième congres international de americanistas, Amsterdam, juillet,23p.

Leseman , F. (1994 ) «La pauvreté: aspects sociaux», dans Dumont, F. Langlois,S., Martin, Y. Traité des problèmes sociaux, Québec, IQRC, p.581-604

Noraz,C.A. ( 1995) Processus et stratégies d'insertion sociale dans un projet communautaire: le cas de la cuisine collective Hochelaga-Maisonneuve, Cahiers du Crises, collection thèses et mémoires vol 1995 no 2.

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^ = = ^ ^ — =1 Note aux lecteurs

L'ensemble du rapport comprend un rapport global intitulé Les cuisines

collectives au carrefour de l'entraide et du développement local, un cahier

Répertoire des cuisines collectives de l'Outaouais identifiant et décrivant les

cuisines de la région, un cahier Portrait synthèse de K) cuisines du Québec

reconnues pour leur vitalité Q.Wç^'présç^ni Document synthèse. S'y ajoute un

cahier sur Les cuisines collectives au Pérou. On peut se procurer pour

consultation tous ces documents au ministère de la Santé et des Services

Sociaux du Québec et à la Régie régionale de la santé et des services sociaux

de l'Outaouais.

On peut acheter ces documents au centre de recherche du GÉRIS (groupe

d'étude et de recherche en intervention sociale) de l'université du Québec à

Hull.

GÉRIS UQAH CP 1250, suce. B HulI,Qc. J8X3X7

Téléphone : (819) 595-3900 poste 2228 Télécopie: (819) 595-2227 Courier électronique GERIS@ uqah.uquebec.ca

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^ D 11,914 Résumé ^^^^

E-1882

Fréchette, Lucie Favreau, Louis UQAH - GERIS

Les cuisines conec t i ves . Une in^ tervent io trad^Ê e

on au c t ldu dé

caxrefour de 1'en-développenaent local

D 11,914 Résumé Ex.2

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