Le phrygien, le sidétique, le pisidien et le vieux perse

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Pars secunda Le phrygien, le sidétique, le pisidien et le vieux perse Actes des Journées « Langues rares» Institut Catholique de Paris, École des Langues et Civilisations de l'Orient Ancien, 18 novembre 2011

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Pars secunda

Le phrygien, le sidétique, le pisidien et le vieux perse

Actes des Journées « Langues rares»

Institut Catholique de Paris, École des Langues et Civilisations de l'Orient Ancien, 18 novembre 2011

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Res Antiquae 9 (2012), p. 299-346

Le vieux-perse

Lambert ISEBAERT et Jan TAVERNIER

Université catholique de Louvain

The article focuses on the Old Persian language, one of the two major Old Iranian lan­guages. It is specifically known by the royal inscriptions of the Achaemenids, a dynasty that founded an Empire controlling all of the Ancient Near East (including Egypt) be­tween c. 550-330 Be. Next to a discussion of the grammar of this language, the article also studies sorne text examples.

1. Introduction

1.1. Définition linguistique du vieux-perse

1.1.1. Les langues iraniennes de l'époque ancienne, attestées directement ou indirectement, se divisent en plusieurs groupes dialectaux:

a) iranien central (avestique ancien, avestique récent) ; b) iranien du nord-est (scythe) ; c) iranien du nord-ouest (mède) ; d) iranien du sud-ouest (vieux-perse).

Le vieux-perse se définit comme une langue iranienne ancienne, apparte­nant au groupe sud-ouest et nommée d'après les habitants de la Perside an­cienne (Fars), venus s'établir dans cette province à partir de la région fronta­lière appelée Parsl}a.

Au sens strict, le vieux-perse est la langue perse telle qu'elle est attestée par les inscriptions royales de la période achéménide (558-330 av. J.-c.) : il s'agit d'un corpus limité, à caractère relativement stéréotypé, dont les docu­ments vont de 522 à 350 av. J.-c. Dans un sens plus large, on peut qualifier également de vieux-perses les noms propres et noms communs attestés par les transcriptions dans d'autres langues, voire obtenus par reconstruction à partir du moyen perse et du persan moderne.

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En effet, après une longue éclipse due à la conquête macédonienne et à la domination parthe (arsacide), le perse « reparaît sous l'aspect du moyen­perse et du persan, qui ne sont que des formes postérieures [ ... ] du même dialecte »1 : le perse fournit ainsi « l'exemple, unique parmi les langues indo­européennes, d'un dialecte rigoureusement défini dont on peut suivre l'histoire depuis le VIe siècle av. J.-C jusqu'à l'époque moderne».

1.1.2. Les termes « sud-ouest » et « ancien » qui fondent la définition linguistique du vieux-perse appellent quelques précisions.

a) Le vocabulaire vieux-perse n'est pas homogène du point de vue dia­lectal. En effet, il y a un nombre non négligeable de noms propres, de titres royaux, de termes militaires, religieux et judiciaires, de qualificatifs de l'em­pire et des provinces dont la forme phonétique contredit les règles phoné­tiques établies pour le vieux-perse. Ces mots ont été attribués au mède, c'est­à-dire une langue iranienne ancienne appartenant au groupe du nord-ouest: à titre d'exemple, on peut citer vazarka-, 'grand', züra-, 'mauvais, méchant', aspa-, 'cheval' (dans le composé uvaspa-, 'qui a de bons chevaux'), vispa-, 'tout' (dans le composé vispazana- 'de toutes races'), etc. Il s'agit de mots hé­rités de la langue officielle telle qu'elle était en usage auprès des rois Mèdes, les prédécesseurs de la dynastie achéménide, qui ont régné de 700-558 av. J.-C Mais parmi les vocables qui n'appartiennent pas au vieux fonds perse, un terme comme farnah-, 'gloire', pourrait avoir été emprunté au scythe.

b) D'autre part, si la grammaire du vieux-perse conserve, dans son en­semble, un aspect archaïque, plusieurs faits montrent que cette langue est déjà parvenue à un stade avancé de son évolution et qu'elle contient des amorces du type iranien moyen. À partir d'Artaxerxès Il (404-359 av. J.-C), les ins­criptions attestent un état linguistique qu'on peut qualifier de « proto-moyen­perse », dans la mesure où la graphie irrégulière des syllabes finales fait supposer que celles-ci avaient été éliminées, sans doute à cause de l'accent d'intensité.

Mais même pour l'époque des inscriptions de Darius et de Xerxès, on peut relever un certain nombre de développements qui annoncent l'évolution ulté­rieure du perse :

- dans le domaine phonétique : la contraction des diphtongues (comme on doit l'admettre d'après les transcriptions en akkadien, en élamite ou en grec) ; la contraction de -iya- > -ï- (§ 4.2.5) dans le domaine de la grammaire du nom : l'élimination de la forme de datif (§ 5.3) et l'usage accru des prépositions / postpositions, qui annon­cent la disparition du système casuel, réduit progressivement à deux cas (comme en ancien français), avant d'être abandonné;

- dans le domaine de la grammaire du verbe : l'élimination des anciens thèmes d'aoriste et de parfait (§ 7.3.1) et la formation d'un nouveau parfait périphrastique (néoparfait) ; la création d'un infinitif de forme

1. A. MEILLET et E. BENVENISTE, Grammaire du vieux-perse, Paris, Champion, 1931, p. XII -XIII.

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unique ; le remplacement progressif du verbe causatif synthétique par une périphrase constituée du verbe auxiliaire 'faire' et du participe pas­sé passif (§ 8.1, comm. ad 1. 50 ; § 8.7. comm. ad 1. 22-23) ; l'emploi caractéristique du pronom relatif haya- / taya- pour relier une détermination à un substantif (§ 6.5).

Selon Meillet-Benveniste, l'usure linguistique du vieux-perse a été préci­pitée par le fait que les Perses, lancés très loin de leur pays d'origine, s'étaient établis à une extrémité du domaine iranien; et d'autre part, par le fait que leur langue, de simple parler local, était devenue l'idiome dominant d'un grand em­pire, sans qu'aucune norme issue d'une tradition littéraire ou savante eût pu en arrêter le mouvement. L'époque de la rédaction des inscriptions achéménides coïncide donc avec un moment remarquable de l'évolution de la langue perse, moment où finissait la période ancienne et où s'annonçait la période moyenne, qui, au sud-ouest de l'Iran, a commencé particulièrement tôt2•

1.2. Les langues dans l'Empire achéménide

Il suffit d'observer l'immense espace territorial contrôlé par l'empire aché­ménide pour comprendre que cet état fut un empire aux langues multiples3•

Les rois perses étaient tout à fait conscients de cet aspect multiculturel et mul­tilingue, puisqu'ils appliquaient à leur empire les qualificatifs de vispazana-, 'de toutes races' ou de paruzana-, 'aux nombreuses races'. La langue la plus répandue était l'araméen. Le vieux -perse n'était compris que par la population de la Perside, dont c'était la langue maternelle (§ 1.1.1).

Les Achéménides menaient une politique linguistique active afin d'admi­nistrer efficacement leur empire. Ils utilisaient la langue araméenne comme instrument de communication intermédiaire entre leur propre langue, le vieux -perse, et les langues locales parlées dans les différentes provinces. Les directives issues de la chancellerie satrapiale étaient normalement traduites en araméen; quand cela semblait nécessaire, la version araméenne fut retraduite en élamite, égyptien, etc. Ce système de co~munication, dont on trouve des traces en Bactriane, en Perside même et en Egypte, est attesté pendant toute l'histoire achéménide (VIe-Ive siècle av. J.-c.)

2. le corpus linguistique vieux-perse

2.1. La tradition directe

Le vieux -perse est la langue des inscriptions royales achéménides. Parmi celles-ci, l'inscription de Bïsitün (DB: cf. ci-dessous § 8.1) est la plus longue, la plus ancienne et la plus riche du point de vue de son contenu. Ce document, rédigé en trois langues (vieux-perse, babylonien et élamite), retrace l'histoire

2. Ibid., p. 23. 3. J. TAVERNIER, « Multilingualism in the Fortification and Treasury Archives », dans

P. BRIANT, W.EM. HENKELMAN et M.W. STOLPER (éd.), L'archive des Fortifications de Persépolis. État des questions et perspectives de recherches, Paris, 2008, p. 59-86.

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de l'accession au trône de Darius le, (521-486 av. J.-c.) et les événements qui se sont déroulés durant les deux premières années de son règne: l'assassi­nat de Gaumata et les insurrections dans tout l'empire. Cette inscription a été d'une importance capitale pour le déchiffrement de l'écriture cunéiforme vieux -perse.

Les autres inscriptions, datant du règne de Darius le, jusqu'au règne d'Ar­taxerxès III (358-338 av. J.-c.), sont plus brèves et d'allure moins narrative. Elles rapportent par ex. la construction d'un bâtiment (surtout des palais royaux) ou proclament l'idéologie royale. Un bon exemple de texte apparte­nant à ce dernier type est l'inscription DNb (cf. ci-dessous § 8.2), gravée sur la tombe rupestre de Darius le, à Naqsh-i Rustam. Cette inscription est une sorte de « miroir du prince », fournissant une description du roi idéal (dans ce cas, Darius). L'importance et l'autorité de cette inscription sont confirmées par le fait que Xerxès, fils et successeur de Darius, a fait réaliser une copie de ce texte en remplaçant simplement le nom de Darius par son propre nom. Un autre texte non moins remarquable est l'inscription dite de « daiva » (XPh) , dans laquelle le roi achéménide relate la destruction de tous les temples où Ahuramazda ne fut pas vénéré.

Des textes plus courts se trouvent inscrits sur des sceaux, des vases et des poids.

Puisque la langue vieux -perse est essentiellement attestée dans les inscrip­tions royales, on a longtemps estimé qu'il agissait d'une « langue de cour », uti­lisée seulement pour exprimer l'idéologie royale. Néanmoins, cette idée doit être revue depuis la découverte d'un texte administratif en vieux-perse, faisant partie des archives des fortifications de Persépolis (Persepolis Fortification Archive)4.

Il convient de noter, pour finir, que la langue vieux-perse a été plus d'une fois utilisée pour produire des faux. De ce point de vue, on peut distinguer deux groupes : falsifications remontant à l'Antiquité (par ex. pour des raisons politiques) et falsifications modernes5•

2.2. La tradition indirecte (<< Nebenüberlieferung »)

Vu le nombre relativement peu élevé des inscriptions achéménides en vieux-perse, cette langue appartient aux langues dites « à corpus réduit » (<< Limited Text Corpus Languages », « Kleincorpussprachen »). Heureuse­ment, l'hégémonie des Achéménides dans tout le Proche-Orient ancien a en­traîné la diffusion d'un grand nombre de mots, noms et titres vieux-perses dans d'autres langues, qui constituent ce qu'on appelle la tradition indirecte.

4. M.W STOLPER & J. TAVERNIER, « From the Persepolis Fortification Archive Project, 1: An Old Persian Administrative Tablet from the Persepolis Fortification », dans Arta: Achaemenid Research on Texts and Archaeology, 2007/001 (http://www.achemenet.com/ ressources/enligne/arta/table.htm) .

5. Une bonne liste se trouve chez R. SCHMITT, Pseudo-Altpersische Inschriften. Inschriften­fiilschungen und moderne Nachbildungen in altpersischer Keilschrift, Wien, Osterreichi­sche Akademie der Wissenschaften, 2007, p. 8-32.

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Comme le vieux-perse fut la langue de l'élite achéménide, les postes admi­nistratifs de haut rang furent souvent occupés par des iranophones, ou en tout cas par des personnes portant des noms iraniens. Ces noms de personne appa­raissent souvent dans les textes documentaires trouvés à travers tout l'empire (l'Égypte, le Levant, l'Anatolie, la Babylonie, la Bactriane) et rédigés non seu­lement en araméen mais aussi en de nombreuses autres langues (babylonien, égyptien, élamite, lycien, lydien et phrygien). Comme ces mêmes documents contiennent aussi des appellatifs empruntés à l'iranien, ils constituent une source importante pour l'étude des langues iraniennes anciennes en général et du vieux -perse en particulier. La langue de la Perside, à côté de son emploi 'royal', jouait donc aussi un rôle administratif très important.

La tradition indirecte du vieux-perse se manifeste à deux niveaux: les calques et les emprunts proprement dits (noms propres et noms communs).

a) Calques. - L'importance du vieux-perse comme langue administrative vivante se reflète clairement dans plusieurs constructions araméennes, attes­tées dans des textes araméens datant de l'époque achéménide, qui ne font que traduire une formule vieux-perse: l'araméen 'J:tr, 'ensuite' correspond parfai­tement au vieux-perse pasiiva (de plus, il est utilisé comme idéogramme pour le moyen-perse pas) ; l'araméen br byt', 'prince' est calqué sur le vieux-perse *vitJa-puça- (mède *visa-putJra-), 'fils de la maison (royale)' (le mot est aussi attesté en babylonien mar bUi, 'prince') ; l'araméen 'bd lnfi, 'il a fait sien', est probablement une traduction du vieux-perse uviiipasiyam akutii (DB i 47).

b) Noms propres et noms communs. - Beaucoup de personnes portant des noms iraniens apparaissent dans les textes non iraniens (rédigés en araméen, babylonien, égyptien, élamite, hébreu). Il y aussi plusieurs attestations in­directes de noms géographiques iraniens, mais ce sont surtout les appella­tifs iraniens qui permettent de mieux connaître le vocabulaire administratif des Achéménides. La plupart de ces mots d'emprunt sont des titres de fonc­tions, comme c'est le cas pour le nom du 'satrape', qui nous est parvenu dans trois variantes: *xsaçapiivii-, reconstruit à partir de l'élamite saksabama ; *xsatJrapii-, reconnaissable dans le lycien xssadrapa- et enfin *xsatJrapiina-, restitué grâce à l'araméen J:tstrpn', au babylonien al)Sadrapanu et à l'égyptien ibstrpny. Par ailleurs, il faut aussi mentionner des titres honorifiques, comme par ex. vieux -perse *vastrabara-, 'chambellan', transmis par le babylonien ustarbaru. On peut supposer qu'il s'agit là d'expressions particulières, pour lesquelles les peuples non iraniens n'ont pas trouvé de traduction appropriée.

Ces termes vieux-perses (et mèdes) conservés dans les autres langues de l'empire achéménide sont très importants pour la lexicographie et l'onomas­tique de l'iranien ancien. De plus, ils nous donnent beaucoup d'informations sur les aspects administratifs de la langue vieux-perse et sur la façon dont cette langue fut utilisée par la chancellerie achéménide.

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3. Écriture

La langue vieux-perse fut notée au moyen d'un système cunéiforme sen­siblement différent du système mésopotamien, aussi bien du point de vue du nombre que des formes des signes.

L'écriture vieux-perse comprend 36 signes syllabiques (dont un n'est at­testé qu'une seule fois), 8 logogrammes, 2 séparateurs de mots et plusieurs chiffres.

3.1. Signes syllabiques

'T' : a (TI>-: ga

'TIf :a <Ë : gu

~ : ba ~ : ha 'Tr .... : ca TI : i

~ : ça >-1< :ja

'Tf: da >-(Ë : ji

!=TT : di l= : ka

<S : du <T : ku

T« : fa ..ç:f : la

3.2. Logogrammes

~< : Auramazda

~ : Auramazda

~< : Auramazdaha

~H : dahyaus

~m : dahyaus

3.3. Séparateur de mots

'\:

3.4. Chiffres

T : 1

f : 2

< : 10

: 20

>-1'JT :ma

T<:= : mi

a-- :mu

~ : na

~ : pa

!=T : ra

--« : ru

T~ : sa

'« : sa

»-« : baga

m : bümis

~T< : xsaya'friya

~:ta

m .... : tu

T<T :'fra

<'Tf :u

~ : va

'fT : vi

T<-- : ya

«n : xa

T>+T : za

Cette écriture repose sur un mélange de principes alphabétiques et sylla­biques. Les signes vocaliques (A, 1 and u) sont alphabétiques, alors que les autres signes ont une voyelle inhérente. Le signe D peut donc exprimer soit

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la consonne Idl, soit la syllabe Idal ; les signes DI et DU valent respectivement Idil ou Idïl et Idul ou Idü/.

Il est à noter que le système d'écriture n'est pas complet: alors que la série des consonnes avec un lai inhérent est complète, les séries des consonnes avec Iii ou lui inhérents ne le sont pas. D'où la difficulté de lire et d'interpréter les textes : il est par exemple impossible de faire la distinction graphique entre la désinence -tiy (act. prés. 3e sg.) et la désinence -taiy (moy. prés. 3e sg.), puisque les deux doivent s'écrire au moyen de la même séquence graphique -TA-I-Y. De même, l'écriture ne permet pas de distinction graphique entre les formes verbales vainatiy, 'il voit' (actiO et vainataiy, 'il semble' (moyen).

L'écriture vieux-perse a très probablement été introduite par le roi aché­ménide Darius 1er (521-486 av. J.-C.)6, même si selon quelques auteurs c'est Cyrus II qui, le premier, aurait utilisé l'écriture vieux-perse. Plusieurs ar­guments ont été avancés pour chacune de ces théories ; on a invoqué par ex. le paragraphe 70 de l'inscription de Bïsitün, où Darius 1er dit qu'il a créé une « nouvelle forme d'écriture » ; on a relevé des similarités entre l'écriture vieux-perse et d'autres écritures, par ex. l'écriture urartéenne ; on a fait valoir également des inscriptions dont certains croient - à tort - qu'elles datent du règne de Cyrus II ; enfin, l'histoire du monument et des inscriptions de BIsitün a également été prise en considération.

Quoi qu'il en soit, on admet généralement que l'invention du cunéiforme vieux-perse n'est pas le produit d'un développement graduel, mais que cette écriture fut créée ad hoc pour la notation de la langue vieux -perse. De fait, on peut voir que les signes ont été créés suivant un ordre logique. Il est probable que le signe PA (trois coins horizontaux placés au-dessus de deux coins ver­ticaux) a été formé après les signes DA (un coin horizontal placé au-dessus de deux coins verticaux) et ÇA (deux coins horizontaux placés au-dessus de deux coins verticaux). Il est permis de supposer que des experts babyloniens, élamites et araméens aient pris une part active à la création de cette écriture.

Enfin, nous remarquons que l'écriture vieux-perse n'a pas subi beaucoup d'influences d'autres écritures existantes. Le plus grand apport d'autres écri­tures cunéiformes réside dans le fait que l'écriture vieux-perse utilise des coins et des logogrammes. Toutefois, il n'y a pas de lien structurel avec au­cune autre écriture. Les formes des signes (exception faite pour le LA) sont différentes des formes des signes dans les autres écritures. Certains ont pos­tulé l'influence de l'alphabet sémitique, étant donné l'absence d'une distinction graphique entre les voyelles Iii et filou lui et lü/.

6. Cette opinion était déjà celle des Grecs et Romains (cf. une mention explicite dans la 21e Lettre de Thémistocle).

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4. Phonologie

4.1. Inventaire des phonèmes

Vocalisme

Le système vocalique du vieux-perse est composé de six voyelles simples (qui connaissent une opposition de quantité) et de quatre diphtongues (dont le premier élément peut être bref ou long) :

IiI : fil laI : 13./ luI : lül lai/: lail lau/: laul

Par ailleurs, il faut admettre l'existence d'une voyelle [;}], dans la séquence [;}r] issue de r syllabique. Dans la transcription, le groupe [gr] est noté comme g,r.

Consonantisme

Le système consonantique du vieux-perse comprend les unités suivantes:

trois paires d'occlusives (avec opposition de sonorité)

une paire d'affriquées palatales (avec opposition de sonorité)

quatre fricatives

deux paires de sifflantes (avec opposition de sonorité)

Ipl : Ibl Itl : Idl /kl : Igl

IcI: /JI

Ifl If] 1 Ixl /hl Isl : Izl l'SI : IiI

une sifflante forte (d'articulation incertaine) lçl deux nasales Iml Inl deux liquides Irl /li deux semi-voyelles Iyllvl

4.2. Phonologie diachronique

Dans le développement diachronique de la phonologie vieux-perse depuis le proto-indo-européen, nous pouvons distinguer plusieurs stades successifs.

4.2.1. Du proto-indo-européen (PIE) au proto-indo-iranien (Pllr)

Les modifications phonologiques les plus anciennes sont communes aux langues indiennes et iraniennes. Elles définissent le stade proto-indo-iranien, caractérisé principalement par les traitements suivants:

10 l'évolution des occlusives palatales PIE *R, *g, *gh > PUr. *é, *}, *Jh (af­friquées, c'est-à-dire [t5], [di], [dihl) ;

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2° l'élimination des occlusives labiovélaires, qui perdent leur appendice labial et coïncident ainsi avec les vélaires pures: PIE *kY, *gM, *gMh > PUr. *k, *g, *gh;

3° la palatalisation des vélaires devant voyelle antérieure: *k, *g, *gh > *c, *j, *1", - cf. PIE *kYer- > PUr. *ker- > *cer- (d'où *car-, 'faire'), face à PIE *kYor- > PUr. *kor- (d'où *kar-, 'faire') ;

4 ° l'évolution PIE *s > PUr. *s après *rl*r, *u, *kl*gl*gh ou *i (règle dite 'ruki'), - cf. PIE *ni-se/od- > PHr. *ni-se/od- (d'où *ni-sad-, 's'asseoir, s'éta­blir') ;

5 ° le développement des géminées dentales PIE *tt, *dd> PUr. *ft, *dzd ;

6° l'abandon de l'opposition 1: r, d'où l'évolution *11 *! > *rl*r;

7 ° la fusion des timbres vocaliques le, a, 01 en lai, pour les voyelles simples PIE *e, *(1, *0 > PUr. *(1, comme pour les diphtongues : PIE *ej, *(1j, *oj > PHr. *(1j et PIE *elj-, *(1Ij-, *Olj- > PHr. *(1Ij-, - cf. PIE *do- (*deh

3-) > PUr. *dii-,

'donner' ; PIE *dejlj-o- > PUr. *dajlj-a- (d'où V.-p. daiva-, 'démon, faux dieu') ; PIE *Ielj-k-es- > PUr. *ralj-cas- (d'où V.-p. raucah-, 'jour') ;

8° l'évolution des nasales syllabiques PIE *!l, *1]1 > PUr. *(1 (y compris dans les groupes *!lH, *1]1H + consonne> *aH).

4.2.2. Du proto-indo-iranien (Pllr) au proto-iranien (Plr)

Le stade proto-iranien est défini par un certain nombre d'évolutions pho­nologiques, qui caractérisent l'ensemble des langues iraniennes et qui sont, en principe, absentes du domaine indien.

1 ° le traitement *rH + consonne> *ar ;

2° la perte de l'aspiration *bh, *dh, *gh, *}h, *}" > *b, *d, *g, *}, *j, - cf. PIE *d!hJgho- > PHr. *drHgha- > PIr. *darga-, 'long' ; PIE *bhe/or- > PUr. *bhar- > PIr. *bar-, 'porter' ; PIE *bhe/ondh- > PUr. *bhandh- > PIr. *band-, 'lier' ; PIE *dhë- (*dhehJ-) > PHr. *dhii- > PIr. *dii-, 'créer, fonder' ; PIE *dhrol)gho- > PUr. *dhralj-gha- > PIr. *dralj-ga-, 'mensonge, trahison' ;

3° l'émergence des fricatives *f, *'8, *x, issus de *ph, *th, *0 ou, de manière plus fréquente, de *p, *t, *k devant consonne, - cf. PIE *pro- > PUr. *pra- > PIr. *fra- (préfixe) ; PIE *kYe-kYr-jë-t (*-jeh J-) > PUr. *cakrijiit> PIr. *caxrijiit, 'il pourrait faire' ;

4° le développement *t't 1 *dzd > *st 1 *zd;

5° l'évolution *ét [t't] > *st et, parallèlement, *}d [d'dl > *id;

6° la simplification des géminées (*CC > *C) ;

7° l'évolution de *s en *h (sauf devant occlusive et devant *n), - cf. PIE *somo- > PHr. *sama- > PIr. *hama-, '(le) même' ; PIE *d!lsju- > PUr. *dasju­> PIr. *dahyu-, 'province, pays' ; PIE *se/od- > PUr. *sad- > PIr. *had-, 's'as­seoir' ; PIE *es- (*hJes-) > PUr. *as- > PIr. *ah-, 'être' ;

8° le développement PUr. *}n > *én (assourdissement), d'où *xsn, - cf. PIE *gno- (*gneh

3-) > PHr. *}nii- 1 *énii- > PIr. *x.snii-, 'connaître'.

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4.2.3. Du proto-iranien (Plr) à l'iranien ancien du sud-ouest (vieux-perse)

Les traits phonologiques proprement perses sont les suivants:

iiii'i",i'ii .,iii,ii'iiJifw""""ii'i' ,','ii, "i,i'."i,ii"i",:""i,,"""""i,~,,""b'i:'ii,i"",'.,:";"b,,,;,

*r *;}r (développement d'une voyelle d'appui ;:»

*é [t'] 'fr

*j [dZ] d (issu de â ?)

*é1) [t'1)] s

*j1) [dz1)] z

*'fri si *'frn sn

*'frr ç (sifHante forte de nature incertaine, distincte de s)

*st st

Ces traitements peuvent être illustrés par les mots suivants: PIE *ReNs- > PUr. *éaNs- > PIr. *éaNh- > v.-p. iJanh-, 'proclamer' ; PIE *pe/ojR- > PUr. *pajé- > v.-p. paiiJ-, 'décorer, omer' ; PIE *pre/oR- > PUr. *praé- > PIr. *fraé­> fraiJ-, 'punir' ('mettre à la question') ; PIE *preR-to- > PUr. *praéta- > PIr. *frasta- > v.-p. °frasta- (PPP), 'puni' ; PIE *rëg-to- (*h3rëg-to-) > PUr. *rtiéta­> PIr. *rasta- > v.-p. rtista-, 'droit' ; PIE *dhigh-ti (*-eh

2) > PUr. *dhiJhti > PIr.

*dijti > v.-p. didti-, 'citadelle, forteresse' ; PIE *putlo- > PUr. *putra- > PIr. *puiJra- > v.-p. puça-, 'fils' ; PIE *t[-tljo-, d'où PIr. *iJritlja- > v.-p. çitlya-, 'troisième' ; PIE *argIJto- (*h

2erg-) > PUr. *arjata- > v.-p. ardata-, 'argent' ;

PIE *gIJ-neh3- / *gIJh3-neh3- > PUr. *jtinti- > v.-p. dtinti-, 'connaître' ; PIE *eghpm > PUr. *aJham > PIr. *ajam > v.-p. adam, 'moi, je' ; PIE *k~e > PUr. *ca > v.-p. -cti, 'et' ; PIE *k~[to- > PUr. *k[ta- > v.-p. karta-, 'fait'.

Les évolutions propres à l'iranien du sud-ouest (perse) s'opposent net­tement aux développements des autres dialectes de l'iranien ancien, et no­tamment celui du nord-ouest (mède), qu'on observe précisément dans les nombreux médismes des inscriptions achéménides7• Les différences portent essentiellement sur le traitement des anciennes occlusives palatales (PIr. *é, *f), des anciens groupes constitués de palatale + *!,l (PIr. *é!,l, *j!,l) ou de pala­tale + *t (PUr. *ét > PIr. *st), ainsi que des séquences *iJj et *iJr.

7. En général, les transcriptions de mots et noms iraniens en élamite montrent la forme perse, alors que c'est la forme mède qui apparaît en babylonien.

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RANT 9, 20121309 Le vieux-perse

["_ it'":.,,/I,Yir"~'i' ['}='11\;::';;/\): l' .......i< i,;/ f <~;è'..,

*R *é *é 1t s

*h2eR- mhnga- *asan(ga)- 'pierre'

*l)iR- vi'fr- vis- 'cour royale'

*g(h) *j(h) *j d z

*eghpm adam *azam 'moi,je'

*ueg- vaz"rka- 'grand'

*gonh,-o- °dana- °zana- 'tribu'

*iag- yad- yaz- 'vénérer'

*dhoigh-o- *pari- *pari- 'parc' daida- daiza-

*RI) *él) *él) s sp

*eRl)o- asa- aspa- 'cheval'

*l)iRl)o- visa- vispa- 'tout'

*g(h)1) *j(h)1) *jl) z zb

hizan- *hizban- 'langue'

*guH-eie/o- °zbay- 'proclamer'

*ti *ti *'fri ~iy 1ty

*sl}t-io- hasiya- *ha'frya- 'vrai'

*xsaya'frya- 'roi'

*tr *tr *'frr ç 1tr

*-tro- xsaça- xsa'frra- 'pouvoir royal'

*Rt *ét *st st ~t

*hleg-to- rasta- *rasta 'droit'

*preR-to- °frasta- °frasta- 'puni'

4.2.4. Traits spécifiques du vieux-perse épigraphique

Les inscriptions achéménides montrent quelques traitements particuliers, qui ne s'observent pas dans la phonologie du moyen-perse ou du persan, et qui définissent peut-être un sous-dialecte achéménide. Il s'agit de la diérèse de *1 et de *!:,l postconsonantiques, de l'amuïssement de h devant u (psilose) et de l'allongement de -a en position finale absolue.

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3101 RANT 9,2012 L. Isebaert et J. Tavernier

*Cl)

*h devant u o *-a# -a#

Ces traitements spécifiques peuvent être illustrés par des mots comme : PIE *anjo- > PIr. *anja- > v.-p. aniya-, 'autre' ; PIE *arjo- > PIf. *arja- > v.-p. ariya-, 'aryen' ; PIE *ghjH-en-jo- > PIr. *jaranja- > v.-p. daraniya-, 'or' ; PIE *siit-jo- > PIr. *haiJja- > v.-p. *hasya- > hasiya-, 'vrai, réel' ; PIE */dIjë-ti­(*/dIjeh)-) > PIr. *cjati- > v.-p. *syati- > siyati-, 'paix, bonheur' ; PIE */dIjë-to­(*/dIjeh)-) > PIr. *cjata- > v.-p. *syata- > siyiita-, 'heureux' ; - PIE *soluo- > PIf. *harua- > v.-p. haruva-, 'tout' ; PIf. *tu+am > *iJuam > v.-p. iJuvam, 'toi' (ace.) ; PIE *dhue/or-o- > PIf. *duara- > v.-p. duvara-, 'porte' ; PIE *dUi-t'tjo- > PIf. *duit'tja- > v.-p. duvitlya-, 'deuxième' ; - PIE *SUe- > PIf. *hUa- > v.-p. *huUa- > uva-, pronom réfléchi; PIE *Ue/osu- > PIr. *Uahu- > v.-p. °vau-, 'bon'.

On peut attribuer à ce même dialecte l'épenthèse de la voyelle u dans les groupes *-dru- et *-gdu- (duruva-, 'ferme, solide' ; dUrujiya-, 'mentir' ; Sug­da- = SugUda-, 'Sogdiane') ainsi que la contraction dans la forme verbale *iJanhatiy> iJiitiy, 'il proclame'.

4.2.5. Vers le moyen-perse

Les inscriptions achéménides montrent des développements phonologi­ques qui annoncent déjà le stade du moyen-perse, ainsi par ex. la contraction -iya- > -ï- dans le nom marïka-, 'jeune homme, jeune guerrier', qui provient de *mariyaka- (PIr. *marja-ka-) ; de même, on trouve, comme prétérit de *ni­sad-, 'établir' (racine had-, avec préverbe), la forme nïsadayam (XPh 34-35) à côté de niyasadayam (DNa 36), issu de *ni-a-sad-aja-m - et parallèlement, comme prétérit de *ni-sta-, 'ordonner' (racine sta-, avec préverbe), la for­me nïstaya (XPh 52-53), 'il ordonnà, à côté de niyastaya (DSn 1 ; XV 21) / niyastayam (DB iii, 91 ; DZc 8, 11 ; XV 23-24), issus de *ni-a-sta-ja-.

5. Grammaire 1 : Le nom et l'adjectif

5.1. Procédés de création lexicale

La formation des mots se fait essentiellement par la dérivation suffixale et la composition.

a) Nous donnons ici quelques exemples caractéristiques du procédé de suffixation: da-ta-, 'loi' (substantivation du participe passé de la racine da-, 'fonder, créer') ; banda-ka-, 'vassal, serviteur' (dérivé en *-ka- de *banda-, 'lien, union', racine band-, 'lier') ; aiJang-aina-, 'de pierre' (adjectif de matiè­re, construit sur aiJanga-, 'pierre') ; frama-na-, 'ordre, commandement' (ab-

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RANT 9, 20121311 Le vieux-perse

strait dérivé du verbe *fra-ma-, 'ordonner', racine ma-, 'imposer une mesure, modérer') ;jrama-tar-, 'commandeur, chef' (nom d'agent du verbe *fra-ma-); x.saça- (mède x.sG1Jra-), 'royaume, pouvoir royal' (dérivé abstrait en *-19ra- de la racine *x.sa(j)-, 'régner') ; siya-ti-, 'bonheur' (abstrait en -ti-, sur une racine *sya-, 'être en paix').

b) Le lexique vieux-perse montre plusieurs exemples de l'allongement vo­calique (vrddhi) utilisé comme moyen de dérivation (avec ou sans suffixa­tion) : uvaipasiya-, 'soi-même (ipse)' ~ adj. uvaipasiya-, 'propre, à soi' (d'où la forme substantivée au neutre: uvaipasiyam, 'propriété') ; Margu-, 'Margia­ne' ~ adj. Margava-, '(habitant) de Margiane' ; *x.saja19a-, 'autorité, règne' (ou *x.saj-lp- part. prés. de *x.sa(j)-, 'régner' ?) ~ x.saya19iya-, 'roi' (la base *x.saja19ja-, avec - 19j- doit être mède)8 ; *paréu-, 'côte, côté' ~ adj. *parél;:!a-, '(habitant) des régions frontalières' > *ParSl;:!a- (forme mède, avec S et non pas 19) > Parsa-, 'Perse' ; *ni-ba-, 'éclat, splendeur' ~ adj. naiba-, 'beau' ; *baga­yada- 'culte de Dieu' ~ Bagayadi-, nom d'un mois; *mrti-, 'mort' (abstr.) ~ martiya-, '*mortel', d'où 'homme'.

L'adjectif uvamarsiyus dans le syntagme uvamarsiyus amriyata (DB i 43), '(Cambyse) est mort de sa propre mort' (= sans que personne l'ait tué, de lui-même, de mort naturelle) est une formation vrddhi *hl;:!amr19ju- tiré du composé *hl;:!a-mr19ju-, 'mort naturelle'.

c) La composition est restée très vivante en vieux-perse. On notera le type des composés déterminatifs (tatpuru~a) comme *xsa19rapa- (mède) / x.saça­pavan-, 'satrape' ('protecteur du royaume'), daiva-dana-, 'temple des faux dieux, des démons', *baga-stana-, 'lieu consacré aux dieux', hamarana-kara-, 'qui livre bataille, combattant', asa-bara-, 'qui monte les chevaux, cavalier', à côté des composés possessifs (bahuvrïhi) comme paru-zana- (mède), 'riche en tribus, qui a de nombreuses tribus', hama-pitar-, 'issu du même père, qui a le même père', tigra-xauda-, 'qui porte un casque pointu'.

On notera spécialement les composés du type *hu-brta-, 'bien récompen­sé', *hu-frasta-, 'bien puni', *dus-krta-, 'mal fait' qui apparaissent comme attribut de l'objet direct ou du sujet dans des « figures étymologiques» carac­téristiques, remontant à une phraséologie indo-iranienne :

avam ub;}rtam abaram (DB i 21-22), 'je le récompensais [de sorte qu'il fût] bien récompensé' ;

- avam ufrastam ap;}rsam (DB i 22), 'je le punissais [de sorte qu'il fût] bien puni' ; (uta aniyasca aha) taya dusbrtam akariya (XPh 42), '(et il y avait autre chose) qui avait été fait [de sorte que ce fût] mal fait'.

Dans le nom d'Ahuramazda ('seigneur sage, omniscient'), le premier ter­me garde normalement la forme du thème pur (sg. nom. Auramazda, acc. Auramazdam, gén.-dat. Auramazdaha) ; mais on a une occurrence de Aurahya Mazdaha (XPc 10), où les deux éléments du composé sont fléchis au génitif.

8. Le tour phraséologique xSiiya8iya xsiiya8iyiiniim, 'roi des rois', avec le complément déterminatif postposé, est un sémitisme; l'ordre proprement iranien est conservé en moyen-perse: siihiinsiih.

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3121 RANT9,2012 l. Isebaert et J. Tavernier

5.2. Flexion du nom

Les désinences marquent les catégories du nombre (singulier, duel, pluri­el), du genre (masculin, féminin, neutre) et du cas. On notera que l'expression formelle du datif a disparu ; sa fonction syntaxique est reprise par l'ancien génitif (cf. § 5.3).

a) Déclinaison athématique "

Masc.,.,féln. >:' f\t~~tr~ ":" ",' : ,:"

'\{~perse Ph. V;"pel'!è .. :, Pù;

,

NOM. -0 f-s -0 f-s -0 -0

.. : ACC. -am *-am -0 -0 J GÉN.-DAT. -a *-as ~

*-aH ~ lNSTR. -a

LOC. -0a *-0(±a)

-i 0 f-iya *-i(±a)

'0 NOM. -a *-as '1=: INSTR.-ABL. -bis *-bis d:

LOC. -suva *-su(±a)

Exemples:

xIap-, 'nuit' (nom racine), gén.-dat. sg. ûap-a ; ap-, 'eau' (nom racine), loc. sg. api-sim (avec pronom enclitique ajouté), apiya ; vitJ-, 'maison royale' (nom racine), acc. sg. vi'O-am, instr. sg. vi'O-a, loc. sg. vi'O-iya (*lJ.ié-i + postpo­sition iï), instr. pl. vi'O-bis; asman-, 'ciel', acc. sg. asman-am ; manah-, 'esprit', instr. sg. manah-a ; raucah-, 'jour', instr. pl. raucabis ; pitar-, 'père', nom. sg. pifa, gén.-dat. sg. piça (avec alternance de la prédésinentielle : *pi-ta[r], *pi-'Or-ah) ; *1JaJ-arln- 'grandeur, majesté', restitué par 0. Szemerényi et P.o. Skjaerv0 à partir de l'instr. sg. *lJ.aé-n-a > vasna, 'par la majesté de ... '9 (la traduction plus traditionnelle 'par la grâce de ... ' part d'un nom thématique vasna-, 'faveur', à l'instr. sg.) ; siyliti-, 'bonheur, bien-être', nom. sg. siyati-s, acc. sg. siyati-m.

Pour les thèmes en -u-, il faut noter une alternance vocalique dans la sylla­be suffixale, au gén.-dat. et au loc. sg. : Kuru-, Cyrus, gén. sg. Kurau-s; glitJu-, 'endroit, trône', acc. sg. ga'Ou-m, loc. ga'Oav-a (avec désinence 0, suivie de la postposition _iï)1O.

Le paradigme de dahyu-, 'pays' a gardé une flexion archaïque avec alter­nance vocalique dans la syllabe prédésinentielle :

9. Du même thème *1)afr- proviendrait alors l'adj. vaz;}rka- grand (avec z mède), issu de *1)afr-ka- .

10. Il faut admettre pour ce thème une forme ancienne *gii-tu-, devenue *gii-iJu- par analo­gie avec des cas obliques en *gii-iJ1)-.

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'.' ..

Squl~r . '.

NOM. dahyaus

ACC. dahyavam

dahyaum

GÉN.-DAT.

LOe. dahyauva

b) Déclinaison thématique

;.";';' '.' ...... ,,,",,

. .... ' ..., .. ; .••.•..• ;., .... ! .. ;;;;;~~ .... ' ..... ,,'" T, ;PJt~ •. ', ..... "''t'"'''-'''''''

" NOM. -a *-a-s

VOC. -a *-a

ACe. -am *-a-m .. l1 ..... GÉN.-DAT. -ahya *-a-sia '1 ~; ABL. -a *-at

INSTR. -a *-aH

LOC. -aiy *-ai(±a)

.. , -aya

NOM. -a *-as ,

-aha *-as-as '4l 1:: ACe. -a *-ans JI! J:l. GÉN.-DAT. -anam *-anam

INSTR. -ABL. -aibis *-aibis

LOC. -aisuva *-aisu(±a)

Exemples:

; .'.

~ dahyava

dahyünam

dahyusuva

,.".>, . , . !i~u~~ .. , .'"

'" . ...

RANT9, 20121313 Le vieux-perse

;''' .

;.;:;:{7 ~ ... , .... '., . ...•. " .. PJ.:j,.;, .... '; -am *-a-m

-am *-a-m

-a *-aH

-a *-aH

Piirsa-, 'perse' : nom. sg. Parsa, gén.-dat. sg. Parsahya, acc. sg. Parsam, abl. sg. Parsa, loc. sg. Parsaiy, instr. sg. Parsa; martiya-, 'homme' : nom. pl. martiya, gén.-dat. pl. martiyanam, acc. pl. martiya, instr. pl. martiyaibis ; baga- dieu: nom. pl. bagaha, gén.-dat. pl. baganam, instr. pl. baga ibis ; Miida-, 'mède' : loc. pl. Madaisuva.

5.3. Emploi des cas

L'emploi des cas en vieux-perse correspond grosso modo à celui des au­tres langues indo-européennes anciennes. Nous relèverons ici quelques traits particuliers.

a) Le cas syncrétique « génitif-datif» correspond aux fonctions anci­ennement assumées par le génitif et le datif:

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3141 RANT9,2012 L Isebaert et J. Tavernier

- Vistaspahya puça (DB i 2-3), 'fils de Vistaspà ; - aniyahya asamfriinayam (DB i 87), 'j'apportai un cheval à un autre' ; - haya siyiitim adii martiyahya (DNa 4, XPa 3 et passim), 'qui a créé le

bonheur pour l'homme' .

b) Le nom d'agent daustar-, 'ami', dérivé d'un verbe transitif, régit un com­plément à l'accusatif:

- Auramazdii (Juvam daustii biyii (DB iv 55-56), 'puisse Ahuramazda être ton ami' ;

- martiyam draujanam naiy daustii amiy (DNb 12), 'je ne suis pas l'ami de l'homme qui ment' .

c) Les inscriptions montrent par ailleurs des exemples caractéristiques du « nominativus pendens » ; dans cette construction, on observe l'antéposition du « thème» et la présence d'un anaphorique dans la proposition subséquente ll :

- {martiya haya draujana astiy}, avam p;Jrsii (DB iv 38, 68), 'l'homme qui est traître, punis-le' ;

- {ima dahyava tayii adam ag;Jrbiiyam ... }, adam-sam patiyaxsayaiy (DNa 18-19), 'ces pays que j'avais pris, je régnais sur eux' .

Cette construction s'utilise en particulier avec des anthroponymes ou des toponymes, suivis de la forme niimii 'du nom de ... ':

- 1 martiya {Martiya niimii} ... , hauv udapatatii üvjaiy (DB i 36), 'un homme appelé Martiya ... , (il) s'éleva en Elam' ;

- {Kuganaka niimii} vardanam Piirsaiy, avada adiiraya (DB ii 9), 'une ville appelée Kuganaka, là il se tint' ;

- {Kiipisakiinis niimii} didii, avada hamaranam akunava (DB iii 60-61), 'une forteresse appelée Kapisakani, là je livrai bataille'.

5.4. Déclin de la flexion nominale

À partir de l'époque d'Artaxerxès II (404-359 av. J.-c.) et surtout Artax­erxès III (359-338 av. J.-c.), les textes montrent un fossé grandissant entre la langue traditionnelle des inscriptions et la langue courante. On trouve par ex. la forme incorrecte bümiim au lieu de bümlm (acc. sg. de büml, 'terre'), qui n'est autre qu'un essai erroné de la part du scribe d'archaïser la prononciation réelle *büm de forme déjà moyen-perse (cf. ci-dessous § 8.9).

5.5. L'adjectif

a) La flexion de l'adjectif (auquel on associera également le participe) se fait selon les mêmes modèles que le nom. On distinguera donc la déclinaison athématique de la déclinaison thématique.

Il. Noter cependant la forme d'accusatif dans Diirayavaum haya mana pita, avam xSaya'Biyam akunaus (XPf 22-24), Darius, qui était mon père, il le fit roi.

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Déclinaison athématique

RANT9,Z01ZI315 Le vieux-perse

- thèmes en -u- : paru-, 'beaucoup' (nom.-acc. sg. n. paruv, gén. pl. parüniim) ; uViimarsiyu-, 'de mort naturelle' (nom. sg. uviimarSiyuS) ; visadahyu-, 'de tous les peuples' (ace. sg. visadahyum) ;

- thèmes en i : skau19i-, 'pauvre, faible' (nom. sg. skau19is, gén.-dat. sg. skau19ais, ace. sg. skau19im) ;

- thèmes en f: a19angainf- (fém.), 'de pierre' (nom. pl. a19angainiya) ; - thèmes en consonne: tunuvant-, 'fort' (nom. sg. tunuvii, ace. tunuvan-

tam).

Déclinaison thématique: iimiita-, 'noble', naiba-, 'beau', darga-, 'long', düra-, 'éloigné', brta-, 'fait', xSayamna-, 'qui gouverne', etc.

On observe un processus de thématisation secondaire dans le thème tunuvant- 'fort, capable', où un génitif-datif tunuvantahyii s'est substitué à la forme athématique primitive *tunuvanta ; ce métaplasme peut s'expliquer à partir d'une forme telle que tunuvantam, ace. sg., qui pouvait s'interpréter à la fois comme athématique et thématique12

b) Les degrés de comparaison s'obtiennent par l'addition des suffixes -yah­et -ista- (comparatif tauvfyah-, 'plus fort', superlatif ma19ista-, 'le plus grand') ou des suffixes -tara- et -tama- (comparatif fratara-, 'prior', superlatif frata­ma-, 'primus').

6. Grammaire Il : Le pronom

Comme dans les autres langues indo-européennes anciennes, la flexion pronominale diffère sensiblement de la flexion du nom. Les adjectifs pronomi­naux comme aiva- 'un', aniya- 'autre', haruva- 'tout entier', visa- 'tout', hama­'même' suivent, en tout ou partie, la flexion pronominale.

Nous détaillerons ci-dessous les formes et les constructions les plus no­tables des pronoms proprement dits: démonstratifs, personnels, anaphorique, indéfini, relatif.

6.1. Pronoms démonstratifs

L'emploi des pronoms démonstratifs manifeste une opposition de la deixis proche (thèmes supplétifs iyam / ima- / a-) et la deixis éloignée (thèmes sup­plétifs hauv, ava-) : haya imam bümfm adii, haya avam asmiinam adii (XPc 1, et passim), 'qui a créé la terre (ici-bas), qui a créé le ciel (là-haut)'.

12. De façon comparable, les textes tardifs montrent des formes de gén. Dtirayavausahyti, Dtirayavasahyti (thém.) au lieu de la forme primitive Dtirayavahaus (athém.)

Page 19: Le phrygien, le sidétique, le pisidien et le vieux perse

3161 RANT9, 2012 L. Isebaert et J, Tavernier

iyam (PIr. *i+am), a-, ima- (PIf. *i-m+am)

NOM. SG. iyam iyam ima

ACC. SG. imam imam ima

LOC. SG. ahyaya

INSTR. SG. ana

hauv (PIr. *ha+u), ava-

'. >, ", ... ··',r,,',iM;'.··.',' •. ·. " ·,.·,.,>",R;.", .. ,<i, I",.,···>!,!!i~i" ...• , .. ·.' •. ,', .. ·.,·, NOM. SG. hauv(am) hauv ava

GÉN.-DAT. SG. avahya

ACC. SG. avam avam ava

NOM. PL. avaiy

ACC. PL. avaiy

GÉN.-DAT. PL. avais am

Un autre thème démonstratif aita- est seulement attesté au nom.-acc. n. (aita) et à l'acc. fém. pl. (aita).

6.2. Pronoms personnels

En principe, les formes personnelles du verbe suffisent à indiquer la per­sonne. - Le pronom personnel au nominatif n'est ajouté que pour des raisons d'insistance; ainsi on lit fréquemment adam 'moi, je', dans l'énoncé des titula­tures Achéménides ou dans la relation que les grands rois font de leur exploits, par ex. adam Darayavaus xSayafJiya vaz.,rka ... (DB il), 'moi, [je suis] Darius, le grand roi' .

l .' '.'

: 'lI··""""'" ',',., .'. .' ,'.' NOM. adam (PIE *egH+om) tuvam (PIE *tuH+om)

> ACC. mam (PIE *me+m) ituvam (*19!!iim < PIE

~, *t!!ë+m)

!. GÉN.-DAT. mana (tonique) i

-maiy (atone) -taiy

ABL. ma

'iS NOM. vayam '5 s:: ACC. amaxam

Page 20: Le phrygien, le sidétique, le pisidien et le vieux perse

6.3. Le pronom anaphorique (enclitique)

RANT9, 20121317 Le vieux-perse

Le pronom anaphorique, toujours enclitique, prend la forme de deux thèmes distincts : si-, di- et n'exprime pas le genre grammatical.

ACe. -sim / -dim -sis / -dis

GÉN.-DAT. -saiy -sam

xSaçam taya ... pariib~rtam, ... adamsim giitJavii aviistiiyam (DB i 61-63), 'la royauté qui avait été enlevéé ... , moi je l'ai remise à sa place'.

6.4. Le pronom indéfini

Le pronom indéfini kasciy, 'quelqu'un' (naiy kasciy, 'personne') est con­struit sur la séquence PIr. *kas + Cid. La forme neutre est cisciy, 'quelque chose'.

6.5. Le pronom relatif

L'origine étymologique et la lecture (hya, tya ou haya, taya) du pronom relatif sont controversées. Selon l'interprétation la plus probable, le thème du relatif aurait une structure di syllabique haya, taya et proviendrait de la fusion des corrélatifs ha ... ya ... (PIr. *sa ... *jas, nom. m. sg.), 'celui ... qui', ta ... ya ... (PIr. *tad ... *jad, nom.-acc. sg. n.), 'ce ... qui'.

Nous donnons ci-dessous quelques formes de la flexion du relatif ainsi que des exemples de propositions relatives:

tayam tayam taya

tayaiy taya taya

tayaiy taya taya

GÉN.-DAT. tayaisam

- ima xsaçam taya adam diirayiimiy (DPh 2), 'ceci (est) le royaume que moi je possède' ;

- daraniyam ... taya idii abriya (DSf 35-37), 'l'or qui fut fait ici' ; - aita taya kartam, ava visam vasnii auramazdiiha akunavam (DNa 48-50),

'ce qui a été fait, tout cela je le fis par la grâce [majesté] d'Auramazdii' (avec opposition aspectuelle, cf. § 7.3.1) ;

- taya-siim hacii-ma atJanhiya ... , ava akunavayantii (DB i 19-20), 'ce qui leur était dit de ma part, ils le faisaient (toujours)'.

Le thème relatif proto-iranien *ja- est à la base des conjonctions yadii (là où), yadiy (quand, si), yiitii (jusqu'à ce que), yatJii (que, ainsi que, parce que, afin que), yiivii (aussi longtemps que).

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3181 RANT 9,2012 L. Isebaert et J. Tavernier

Il faut mentionner de manière particulière l'emploi fréquent du pronom relatif utilisé comme article défini, reliant l'épithète ou le complément déter­minatif au nom régissant, comme dans les exemples suivants :

- xSaçam taya Babirauv (DB i 81), 'le royaume en Babylone' (propre­ment: 'le royaume qui [est] en Babylone' ;

- Darayavaus ... haya mana pita (XPc 11-12), 'Darius mon père' ; - Auramazda haya mmJista baganam (DSf 8-9), ~uramazda, le plus

grand des dieux' ; - Gaumiita haya magus (DB i 44, 64), 'Gaumata le mage' .

Dans cette construction caractéristique, le nom régissant impose l'accord grammatical au relatif:

- Gaumiitam ACC tayam ACC magum (DB i 50), 'Gaumata le mage' ; - viBam ACC tayiim ACC amaxam (DB i 69, 71), 'notre maison royale' ; - karam ACC tayam ACC Madam (DB ii 20-21), 'l'armée mède' ;

{kara NOM haya NOM mana} avam {karam ACC tayam ACC hamiçiyam} aja vasiy (DB ii 26), 'mon armée écrasa cette armée rebelle'.

Cet emploi du relatif préfigure la construction izafat du moyen-perse (par ex. ardfg 1 wuzurg, 'la grande bataille' ; marg 1 AZaksandar f Hromayfg, 'la mort d'Alexandre le Grec' ; pad nam 1 yazdan, 'au nom des dieux').

7. Grammaire III: Le verbe

7.1. La structure morphologique des formes verbales

Le schéma fondamental des formes verbales conjuguées est le suivant : (PRÉVERBE)n + (AUGMENT) + (REDOUBLEMENT) + racine + (SUFFIXE)n + (DÉSINENCE). De ces différents segments morphologiques, seule la racine est nécessairement exprimée. - Nous étudierons dans l'ordre ces différents mor­phèmes.

7.1.1. Le préverbe (préfixe verbal). - Les préverbes les plus couramment utilisés sont:

a-, 'vers' abi-, 'vers' upa-, 'vers' nis- / niz-, 'à l'écart de' pari-, 'autour' ham-, 'avec'.

Exemples:

ati-, 'au-delà' ava-, 'de haut en bas' upari-, 'sur' pati-, 'contre, vers' fra-, 'en avant'

apa-, 'à partir de' ud-, 'en haut' ni-, 'de haut en bas' para-, 'loin de' vi-, 'séparément'

- ..[ ay-, 'aller' : *atj-aj-, 'passer' ; *patj-aj-, 'aller vers' ; *para-aj-, 's'en aller' ; *niz-aj-, 'sortir' ; *upa-aj-, 'arriver'

- ..[bar-, 'porter' : para-bar-, 'emporter' ; pari-bar-, 'protéger' ;Jra-bar-, 'apporter, remettre'

Page 22: Le phrygien, le sidétique, le pisidien et le vieux perse

RANT9,Z01ZI319 Le vieux-perse

Le cumul de deux préverbes est possible (ainsi par ex_ *patj-ii-bar-, 'rap­porter'). D'autre part, il faut noter que la soudure du préverbe et du verbe est complète, les textes n'offrant pas d'exemple de tmèse.

7.1.2. L' augment (dont la présence impose celle des désinences secondaires) est toujours exprimé: 1 ° à l'indicatif pour marquer le passé; 2° à l'optatif pour marquer l'itératif du passé.

D'après les exemples donnés ci-dessous, on voit que l'augment s'intercale entre le préverbe et la racine :

- .f pat-, 's'élancer': *ud-a-pat-a-ta > udapatatii, 'il s'est soulevé' - .fjan-, 'frapper' :*al)a-a-Jan-jii-t> aviijaniyii, 'il tuait, avait l'habitude

de tuer'.

Une forme telle que apariyiiya, 'ils se comportaient', avec la présence de deux augments (*a-pari-a-aj-ant), est exceptionnelle.

Notons l'existence d'un mode injonctif (cf. infra, § 7.3.2), forme verbale à désinences secondaires, mais dépourvue d'augment.

7.1.3. Le redoublement. - Ce morphème marque: 1 ° quelques thèmes de présent (.f da-, 'donner' : *da-dii-, donner; .fsta-, 'mettre debout' : *hi-st-a-, 'être debout') ; 2° le seul thème de parfait attesté dans les inscriptions vieux­perses : optatif *ca-xr-jii-t (plutôt que *ca-xr-ijii-t) > caxriyii, 'il pourrait faire' (racine .fkar-, 'faire').

7.1.4. La racine, noyau obligatoire de toute forme verbale, peut fournir, par elle-même, un thème de présent ou de prétérit.

Exemples de thèmes radicaux: conjugaison athématique (la désinence s'ajoute directement à la racine) :

- .f ah-, 'être' *as-ti> *s-anti> *hanti *as-a-ti > *ahati *a-as-1J1 > *iisam

astiy, 'il est' hantiy, 'ils sont' ahatiy, 'qu'il soit', 'il sera' (subj. 3e sg.) iiham, 'je fus' (prétérit)

- .f ay-, 'aller' avec préverbe niz-ai-, 'partir' : *niz-a-aj-1J1 > *niziijam niZiiyam, 'je suis parti'

- .fjan-, 'frapper' *Jan-ti *j1;r-di *a-Jan-1J1

jantiy, 'il frappe' jadiy, 'frappe' (impératif) ajanam, 'j'ai frappé'

avec préverbe ava-jan-, 'tuer' ; pati-jan-, 'combattre' : *al)a-a-Jan-t aviija, 'il tua' *pati-a-ftJ-ta patiyajatii, 'il combattit' (moyen)

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320 1 RANT 9, 2012 l. Isebaert et J, Tavernier

- ..[ dii-, 'créer, établir' *a-dii-t adii, 'il a créé' (prétérit, issu de l'aori­

ste radical)

Exemples de thèmes radicaux: conjugaison thématique (une voyelle thé­matique a/ii s'intercale entre la racine et la désinence) :

- ..[bar-, 'porter' *bar-ii-mi 0 bariimiy, 'je porte' *bar-a-ti baratiy, 'il porte' *bar-a-nti barantiy, 'ils portent' *a-bar-a-m abara, 'j'ai porté' *a-bar-a-t, *a-bar-ant abara, 'il a porté' / 'ils ont porté'

avec préverbes *pati-ii-bar-, 'rapporter' : *pati-ii-a-bara-m patiyiibaram, 'j'ai rapporté'

- ..[ '6anh-, 'proclamer, dire' *éaNs-a-ti *a-éaNs-a-m

*'/Janhati> '/Jiitiy, 'il dit', 'il proclame' a'/Janham, 'j'ai proclamé'

7.1.5. Le suffixe aspectuel permettait à l'origine de distinguer les thèmes de présent et d'aoriste. - Cependant, les aoristes sont en nette régression et ne montrent plus que quelques formes résiduelles.

Quelques formations héritées de présent thématique:

PIE *-sRe/o- *pr(é)-séa- > parsa-, 'punir' (mettre à la question) *trs-séa- > tarsa-, 'avoir peur' *jnii-séa- > xsniisa-, 'connaître'

PIE *-je/o- *mr-je/o- > mariya-, 'mourir' (déponent)

PIE *-eje/o- *ni-siid-aja- > nisiidaya-, 'établir, poser, mettre en place' (causatif) *vi-nii'/J-aja- > vinii'/Jaya-, 'détruire' *diir-aja- > diiraya-, 'maintenir' (intensif).

Un exemple de présent athématique:

PIE *-neu- *drs-nau- > d.,r§nau-, 'oser' *kr-nau- > kunau-, 'faire'!3

7.1.6. Le suffixe de diathèse. - Pour former le passif des formes simples de la conjugaison (présent, prétérit), le suffixe *-ja- s'ajoute directement à la racine verbale :

- ..[bar-, 'porter' ..[kar-, 'faire'

*a-bar-ja-t *a-kr-ja-nta

abariya, 'il fut porté' akariyantii, 'ils furent faits'.

13. Il faut noter ici l'évolution irrégulière *[ > u, peut-être due à la fréquence de ce verbe, ou à une prononciation « allegro », par ex. à l'impératif.

Page 24: Le phrygien, le sidétique, le pisidien et le vieux perse

7.1.7. Le suffixe modal

Formes personnelles du verbe

a) L'indicatif et l'injonctif (§ 7.3.2) n'ont pas de marque propre.

RANT 9. 20121321 Le vieux-perse

b) Le subjonctif s'obtient par la suffixation en *-a- (pour le type athémati-que) et par l'allongement de la voyelle thématique (pour le type thématique) :

- .f ah-, 'être' : *ah-a-ti > ahatiy, 'qu'il soit' - .fbav-, 'être' : *bal}-ii-ti > baviitiy, 'qu'il soit'.

c) L'optatif est caractérisé par les suffixes *-jii- (dans la conjugaison athé­matique) et *-aj- (dans la conjugaison thématique) :

- ii + .f gam-, 'arriver' : *ii-Jam-jii-t > iijamiyii, 's'il pouvait arriver' - .f yad-, 'vénérer' : *jad-aj-sa > yadaisii, 'puisses-tu vénérer'

Formes nominales du verbe

a) L'infinitif se forme à l'aide du morphème *-tanaj (datif d'un ancien nom d'action en *-tar- / *-tan-) : cartanaiy, 'faire' ; bartanaiy, 'porter' ; kantanaiy, 'creuser' ; nipaistanaiy, 'écrire, graver'.

b) Très rare, le participe présent est marqué par les suffixes *-ant- (actif) et *-mna- (moyen) : tunuv-ant-, 'fort, capable' ; ûaya-mna-, 'régnant'.

c) Le participe passé est caractérisé par le suffixe *-ta- qui s'ajoute norma­lement à la racine réduite au degré zéro: karta-, 'fait' ;Jata-, 'abattu' ; basta-, 'lié, enchaîné' ; pariib~rta-, 'enlevé' (noter le degré plein radical dans piita-, 'protégé' ; diita-, 'fondé, créé') ; une forme suffixale *-ata- est également at­testée: iJak-ata-, 'passé, écoulé' ; han-gm-ata-, 'réuni, rassemblé' ; parii-gm­ata-, 'parti').

7.1.8. La flexion verbale se fait grâce aux désinences qui expriment à la fois les catégories du temps (opposition des désinences primaires et secondaires), de la diathèse (opposition des désinences actives et moyennes), de la personne (distinction des 1 re, 2e, 3e personnes) et du nombre (distinction du singulier, du pluriel et du duel, ce dernier en voie d'extinction). - La flexion est en partie différente pour le type thématique et le type athématique.

Exemple de flexion athématique:

désinences primaires

actif: -miy, -hiy, -tiy moyen: -aiy, -haiy, -taiy

désinences secondaires

actif: moyen:

-m, -0,-0 -iy, -sa, -ta

-mahiy, X, -ntiy X, X, X

-ma, X,-a X, X, -nta

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3221 RANT 9, 2012 L Isebaert et J. Tavernier

Exemple de flexion athématique :

désinences primaires

actif: -amiy, -X, -atiy -ama, X,-a moyen: -aiy, -X, -ataiy X, X, X

désinences secondaires

actif: -am, -a, -a -ma, X, -a moyen: -aiy, -X, -ata X, X, -anta

Certains verbes ne connaissent que la flexion moyenne (déponents, ain­si notamment man-, 'penser' et mar-, 'mourir'). Pour les autres verbes, les désinences moyennes indiquent: 10 soit l'intérêt que le sujet éprouve dans l'accomplissement de l'action: xSaçam ha uv ag;}rbiiyatii (DB i 41), 'il prit le pouvoir pour lui-même' ; - 20 soit le passif: vainataiy (DNb 2; XPa 16), 'il est vu'.

7.2. Analyse de quelques formes verbales

.fkar-, 'faire' *kr-na!:f-ti *a-kr-na!:f-1]1 *a-kr-ja-nta *kr-ta-*car-tan-aj

- .f xsay-, 'régner'

kunautiy, 'il fait' akunavam, 'j'ai fait, je fis' akariyantii, 'ils furent faits' (prét. passif) brta-, 'fait' (part. prét. passif) cartanaiy, 'faire' (inf.)

avec préverbe *pati-xSaj- : *pati-a-xSaj-aj patiyaxsayaiy, 'je suis devenu maître'

(déponent)

- .f nay-, 'conduire' avec préverbe *fra-naj- : *fra-a-naj-a-m friinayam, 'j'ai conduit'

.f mar-, 'mourir' *a-mr-ja-ta *mr-ta-

- .f man-, 'penser' *man-ja-a-taj (déponent)

- .f gam-, 'venir'

am;}riyatii, 'il mourut' (déponent) m;}rta-, 'mort' (part. prét.)

maniyiitaiy, 'qu'il pense' (subj.)

avec préverbe *ii-gam-, 'arriver' ; *parii-gam-, 'partir' ; han-gam-, 'se réunir' : *ii-Jam-jii-t *han-gm-ata­*parii-gm-ata-

- .f grab-, 'saisir, s'emparer'

iijamiyii (opt.) hangmata-, 'réuni, rassemblé' pariigmata-, 'parti'

*a-grb-fJ-H-ja-t> *agrbiijat ag;}rbiiya, 'il a saisi' *a-grb-fJ-H-ja-ta> *agrbiijata ag;}rbiiyatii, 'il a saisi pour lui' (moy.)

Page 26: Le phrygien, le sidétique, le pisidien et le vieux perse

- .[ dar-, 'maintenir' *dar-aja-mi *a-dar-s-i

7.3. Le système verbap4

7.3.1. Le système des temps

darayamiy, 'je tiens'

RANT 9, 20121323 Le vieux-perse

adarsiy, 'je pris possession' (prét. moy.)

Comme on vient de le voir, la morphologie verbale du vieux-perse garde un aspect archaïque, même si les thèmes d'aoriste sont en nette régression et que la représentation de l'ancien parfait est réduite à une seule forme. Ce sont là des indices d'une profonde mutation du système fonctionnel, qui montre une évolution déjà nettement engagée vers le type iranien moyen.

1 ° Abandon de l'opposition aspectuelle de l'imparfait et de l'aoriste: il n'y a plus qu'un seul temps narratif, le prétérit, qu'on pourrait qualifier également de passé simple. Ce temps continue essentiellement, au plan formel, l'ancien imparfait; les rares formes conservées de l'aoriste n'ont plus de valeur aspec­tuelle propre_

2° Création d'un passé composé (appelé néoparfait par R. Schmitt) : ce temps périphrastique est formé à partir du participe passé et du verbe au­xiliaire « être» (non exprimé à la 3e personne de l'indicatif)lS, type mana brtam, 'j'ai fait' (avec l'agent exprimé au génitif-datif). Il s'agit en fait d'une construction d'origine possessive (cf. en latin mihi perspectum est en face de perspectum habeo comme mihi liber est en face de librum habeo).

Cet état constitue une phase intermédiaire entre le système iranien ancien et le système moyen-perse (et persan) où, suite à la disparition du prétérit simple, il n'y a plus qu'une seule forme de passé, du type man kard, 'j'ai fait'.

Le néoparfait marque: 1 ° l'état présent résultant d'une action passée; 2° le regard rétrospectif sur une (ou plusieurs) action(s) passée(s), pour en dresser le bilan. - Les inscriptions attestent les emplois suivants du néoparfait (cf. P.o. Skjaerv0) :

Sans agent exprimé :

a) le néoparfait a une valeur active, s'il est tiré d'un verbe intransitif (il s'oppose alors au passé simple de diathèse active) :

- Parsahya martiyahya düraiy arstis pariigmatii (DNa 44), 'la lance de l'homme perse est partie au loin' .

b) le néoparfait a une valeur passive, s'il est tiré d'un verbe transitif (il s'oppose alors au passé simple de forme passive) :

- ava ... naiy nipistam (DB iv 47), 'cela n'a pas été écrit'

14. Cf. G. LAZARD, « Notes de vieux-perse », dans Bulletin de la Société de Linguistique de Paris 71, 1976, p. 175-192.

15. Cette périphrase permet également la formation d'un prétérit (qu'on peut appeler« plus­que parfait »).

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3241 RANT 9, 2012 L.lsebaert et J, Tavernier

- aita taya brtam, ava visam vasna Auramazdahiï akunavam (DNa 48-50), 'ce qui a été fait, tout cela je le fis par la grâce/majesté d'Ahuramazdà

- yadi kara Parsa pata ahati (DPe 22), 'si le peuple perse est protégé'.

Avec agent exprimé (au génitif-datif), le néoparfait a toujours une valeur active (il s'oppose alors au passé simple de diathèse active) ; les exemples attestés de ce cas impliquent tous le participe brta- :

- uta taya-maiy brtam (XPc 3), 'et ce que j'ai fait' - uta taya-maiy piça ... brtam (XPc 3), 'et ce que mon père ... a fait' - ima taya mana kartam (DB i 27), 'ceci [est] ce que j'ai fait'.

Au total donc, la documentation vieux-perse permet de reconstruire un système temporel à trois termes : 1 ° le présent; 2 ° le « passé simple» ; 3 ° le « passé composé» (néoparfait).

7.3.2. Le système des modes. - Le verbe vieux-perse connaît cinq modes: l'indicatif, l'impératif, l'injonctif, le subjonctif et l'optatif.

1 ° L'indicatif s'utilise pour l'assertion d'un fait (présent ou passé, néga­tion naiy).

2° L'impératif sert à indiquer l'ordre ponctuel, qui appelle une exécution immédiate, ou les prescriptions générales, adressées à la postérité. - À la troi­sième personne, l'impératif marque le souhait: patuv, 'qu'il protège', dadatuv, 'qu'il donne'.

3° L'injonctif exprime la défense particulière ou générale (toujours avec la négation ma), en distribution complémentaire avec l'impératif:

- patJim tayam rastam ma avah;Jrda (DNa 59), 'ne quitte pas le droit che­min'.

4° D'utilisation très fréquente, le subjonctif est le mode de la virtualité présente (potentiel), avec plusieurs effets de sens (intention, futur, exhorta­tion, vœu) :

- siyiïta ahaniy jïva uta m;Jrta ;Jrtava ahaniy (XPh 47-48), 'je veux être heureux [tant que je suis] vivant et [quand je serai] mort je veux être béni'.

5° L'optatif, nettement plus rare, est le mode de la virtualité passée (ir­réel) ; avec l'augment, il exprime l'itératif du passé:

- karam vasiy avajaniya (DB i 51 ; cf. aussi 52), 'il tuait (souvent) une grande partie du peuple' .

Page 28: Le phrygien, le sidétique, le pisidien et le vieux perse

8. Textes traduits et commentés

8.1. DB § 7-8, § 13 et § 32 (cf_ Schmitt 1991 : 27-28, 29, 34, 50, 52-53 et 60-61)

RANT 9, 20121325 Le vieux-perse

Par comparaison aux autres inscriptions royales achéménides, la célèbre inscription trilingue de Bïsitün a un style nettement plus narratif. Il s'agit d'une inscription rupestre, située non loin de la ville actuelle de Kermanshah. Dans ce texte, le roi achéménide Darius le, (521-486 av. J.-c.) nous relate son avènement au trône et la période qui suit.

§ 7 (i 17-20)

Translittération

(17) .. : 19--a-t-i-y : d-a-r-

(18) y-v-u-s : x-s-a-y-19--i-y : i-m-a : d-h-y-a-v : t-y-a : m-n-a : p-t-i-[y-a­i-s] : v-s-n-a : a-u-

(19) r-m-z-d-a-h : m-[n]-a: b-d-k-a : a-h-t-a : m-n-a : b-a-ji-i-m : a-b-r-t-a [: t-y]-s-a-m : h-c-a-m

(20) a-19--h-y : x-s-p-v-a : r-u-c-p-t-i-v-a : a-v: a-k"-u-n-v-y-t-a

Transcription

eatiy Darayavaus xsaya19-iya : ima dahyava taya mana patiyaisa. Vasna Auramazdaha mana bandaka ahanta. Mana bajim abaranta. Tayasam hacama a19-ahya, xsapava, raucapativa, ava akunavayanta.

Traduction

Ainsi parle Darius, le roi : Tels sont les pays qui sont venus à moi. Par la majesté d'Ahuramazda, ils étaient mes serviteurs. Ils m'apportaient un tribut. Ce qui leur était dit de ma part, de nuit ou de jour, ils le faisaient (chaque fois).

Commentaire

(17-18) Darayavaus: nom de personne (étym. daraya-vau-s, 'qui maintient le bien').

(18) ima dahyava : nom. fém. pl. d'iyam (démonstratif) et dahyaus, 'pays'.

taya : nom. fém. pl. de haya- (pronom relatif).

mana: gén.-dat. sg. d'adam, 'je' (pronom personnel).

patiyaisa : act. ind. impf. 3e pl. de pati-ay-, 'venir'. Le -s- est la mar­que d'un aoriste sigmatique, mais le thème du présent indique qu'il s'agit d'un imparfait.

(19) ahanta : moy. ind. impf. 3e pl. de ah-, 'être'.

bajim : acc. sg. de biiji-, 'impôt, tribut, taxe'.

Page 29: Le phrygien, le sidétique, le pisidien et le vieux perse

3261 RANT 9, 2012 L. Isebaert et J. Tavernier

abaranta : moy. ind. impf. 3e pl. de bar-, 'porter, apporter'.

(20) aiJahya : pass. ind. impf. 3e sg. de iJanh-, 'dire'.

akunavayanta : moy. opt. 3e pl. de kar-, 'faire'. L'optatif avec augment marque l'itératif du passé (cf. § 7.1.2. et 7.3.2.).

§ 8 (i 20-24)

Translittération

(20) .. : ~-a-t-i-y : d-a-r-y-v-

(21) u-s : x-s-a-y-~-i-y : a-t-r : i-m-a : d-h-y-a-v : m-r-t-i-y : h-y : a-g-r-i-y : a-h : a-v-m : u-

(22) b-r-t-m: a-b-r-m r:' h-y : a-r-i-k : a-h : a-v-m : u-f-r-s-t-m : a-p-r-s-m : v-s-n-[a] : a-u-r-m-z-d-a-

(23) h : i-m-a : d-h-y-a-v : t-y-n-a : m-n-a : d-a-t-a : a-p-r-i-y-a-y : y-~-a­s-a-m : h-c-a-m : a-~-h-

(24) y : [a]-v-~-a : a-ku-u-n-v-y-t-a

Transcription

E>atiy Darayavaus xsaya~iya : antar ima dahyava, martiya, haya agriya aha, avam ub~rtam abaram, haya arïka aha, avam ufrastam ap~rsam. Vasna Auramazdaha ima dahyava tayana mana data apariyaya. Ya~asam hacama a~ ahya, ava~ a akunavayanta.

Traduction

Ainsi parle Darius le roi : Dans ces pays, l'homme qui était fidèle, je le trai­tais bien. Celui qui était déloyal, je le punissais sévèrement. Par la majesté d'Ahuramazda, ces pays se comportaient selon ma loi. Comme il leur était dit de ma part, ainsi ils agissaient (chaque fois).

Commentaire

(21) ima dahyava : acc. pl. d'iyam dahyaus (en dépendance d'antar).

(22) abaram: act. ind. impf. le sg. de bar-, 'porter, apporter' (avec ubçmam [ub~rtam], 'traiter bien, récompenser', cf. § 5.1).

apq.rsam (ap~rsam) : act. ind. impf. le sg. de pq.rs-, 'demander, inter­roger ; punir'.

(23) tayana : instr. sg. de haya- (pronom relatif).

data: instr. sg. de data-, 'loi'.

apariyaya : act. ind. impf. 3e pl. de pariy-ay-, 'suivre; se comporter' (noter la présence de deux augments, § 7.1.2.).

yaiJasam : yaiJa + -sam, gén.-dat. du pronom personnel enclitique (3e pL).

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§ 13 (i 48-61 )

Translittération

RANT 9, 20121327 Le vieux-perse

(48) .. : lt-a-t-i-y : d-a-r-y-v-u-s : x-s-a-y-lt-i-y : n-i-y : a-h: rn-a-r-t-i-y :

(49) n-i-y: p-a-r-s : n-i-y : rn-a-d : n-i-y : a-rn-a-x-rn : t-u-rn-a-y-a : k-s-c­i-y : h-y : a-v-rn : g-u-

(50) rn-a-t-rn: t-y-rn : rn-gU-u-rn : x-s-ç-rn : di-i-t-rn : c-x-r-i-y-a : k-a-r-s­i-rn : h-c-a : d-r-s-rn : a-

(51) t-r-s: k-a-r-rn : v-s-i-y : a-v-a-j-n-i-y-a : h-y : p-r-n-rn : b-r-di-i-y-rn : a-d-a-n-a : a-v-h-y-r-

(52) a-di-i-y: k-a-r-rn : a-v-a-j-n-i-y-a : rn-a-t-y <:> rn-a-rn : x-s-n-a-s-a-t­i-y : t-y : a-d-rn : n-i-y : b-r-di -

(53) i-y: a-rni-i-y : h-y : kU-u-r-u-s : p-u-ç : k-s-c-i-y : n-i-y : a-d-r-s-n-u-s : c-i-s-c-i-y : lt-s-t-n-

(54) i-y: p-r-i-y : g-u-rn-a-t-rn: t-y-rn: rn-gU-u-rn: y-a-t-a: a-d-rn: a-r-s-rn : p-s-a-v : a-d-rn : a-u-r-

(55) rn-z-<d>-a-rn: p-t-i-y-a-v-h-y-i-y : a-u-r-rn-z-d-a-rn-i-y : u-p-s-t-rn : a-b-r : b-a-g-y-a-d-i-s :

(56) rn-a-h-y-a: X : r-u-c-b-i-s : lt-k-t-a : a-h : a-v-lt-a : a-d-rn : h-d-a : k-rn-n-i-b-i-s : rn-r-t-i-y-i-b-i-

(57) s: a-v-rn : g-u-rn-a-t-rn : t-y-rn : rn-gU-u-rn : a-v-a-j-n-rn : u-t-a : t-y-i­s-i-y : f-r-t-rn-a : rn-r-

(58) t-i-y-a: a-nu-u-s-i-y-a : a-h-t-a : s-i-k-y'-u-v-t-i-s : n-a-rn-a : di-i-d-a : n-i-s-a-y : n-a-

(59) rn-a: d-h-y-a-u-s : rn-a-d-i-y : a-v-d-s-i-rn : a-v-a-j-n-rn : x-s-ç-rn-s­i-rn : a-d-rn : a-di-i-n-rn : v-

(60) s-n-a: a-u-r-rn-z-d-a-h : a-d-rn : x-s-a-y-lt-i-y : a-b-v-rn : a-u-r-rn-z­d-a : x-s-ç-rn : rn-n-a : f-r-

(61) a-b-r

Translittération

E>atiy Darayavaus xsayaltiya : naiy aha rnartiya naiy Parsa naiy Mada naiy arnaxarn taurnaya kasciy, haya avarn Gaurnatarn tayarn rnagurn xsaçarn dïtarn caxriya. Karasirn haca d~rsarn at~rsa. Kararn vasiy avajaniya, haya paranarn B~rdiyarn adana. Avahyaradïy kararn avajaniya, rnataya rnarn xsnasatiy, taya adarn naiy B~rdiya arniy, haya Kuraus puça. Kasciy naiy ad~rsnaus cisciy ltastanaiy pariy Gaurnatarn tayarn rnagurn, yata adarn arsarn. Pasava adarn Aurarnazdarn patiyavahyaiy. Aurarnazdarnaiy upastarn abara. Bagayadais rnahya dalta raucabis ltakata aha, avalta adarn hada karnnaibis rnartiyaibis avarn Gaurnatarn tayarn rnagurn avajanarn uta tayaisaiy fratarna rnartiya anusiya ahanta. Sikayuvatis narna dïda, Nisaya narna dahyaus Madaiy, avadasirn avajanarn. Xsaçarnsirn adarn adinarn.

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3281 RANT 9, 2012 L. Isebaert et J. Tavernier

Vasna Auramazdaha adam xsaya'friya abavam, Auramazda xsaçam mana frabara.

Traduction

Ainsi parle Darius le roi: Il n'y avait aucun homme, ni Perse, ni Mède, ni aucun de notre famille, qui aurait pu dépouiller ce Gaumata le magus de la royauté. Le peuple le craignait beaucoup. Il tuait (souvent) une grande partie des gens qui avaient connu B~rdiya autrefois. Voici pourquoi il tuait (souvent) les gens: « afin qu'ils ne sachent pas que je ne suis pas B~rdiya, le fils de Cyrus ». Personne n'osait rien dire de Gaumata le magus jusqu'à ce que j'arrive. Alors, j'ai prié Ahuramazda. Ahuramazda m'a apporté son aide. Dix jours du mois Bagayadis étaient passés; alors moi, avec quel­ques hommes seulement, j'ai tué ce Gaumata le magus ainsi que les hom­mes qui étaient ses sujets les plus importants. Une forteresse du nom de Sikayahuvatis, (et) un pays appelé Nisaya, en Médie, - c'est là que je l'ai tué. Je l'ai dépouillé de la royauté. Par la majesté d'Ahuramazda, je suis devenu roi. Ahuramazda m'a donné la royauté.

Commentaire

(49-50) Gaumiitam : acc. sg. de Gaumiita-, nom de personne (étym. 'qui pos­sède des bœufs').

(50) dïtam: pass. part. passé nom.-acc. sg. ntr. de dï-, 'priver, dépouiller'.

caxriyii: act. opt. parf. 3e sg. de kar-, 'faire' (le thème du parfait est ca­xr- < *ca-kr-, avec redoublement comme le v. ind. ca-kar-) ; kar- est utilisé ici comme auxiliaire causatif.

(50-51) atçma (at;Jrsa): act. ind. impf. 3e sg. de tç.rs-, 'craindre, redouter'.

(51) aviijaniyii: act. opt. 3e sg. de ava-jan-, 'tuer'. L'optatif augmenté marque l'itératif du passé (cf. § 7.1.2. et 7.3.2.).

Bç.rdiyam (B;Jrdiyam) : acc. sg. de Bç.rdiya- (dérivé hypocoristique en -ya d'une base abrégée *brdi-, 'haut, élevé', premier terme d'un nom composé).

adiinii: act. ind. impf. 3e pl. de diinii- 'connaître' (thème de présent dii-nii- issu de PIE *g'lh

3 -neh

3 -, cf. av. 0 ziin-)

(52) miitaya: mii (conjonction prohibitive) suivi de taya, qui introduit le discours direct.

xSniisiitiy: act. subj. prés. 3e pl. de xSnii-, 'connaître' (thème de présent xSnii-sa- issu de PIE *gneh

3 -sRe/o-).

(53) Kuraus: gén. sg. de Kurus, transcription vieux-perse d'un nom de per­sonne élamite Kurus, 'il a soigné'.

adç.rsnaus (ad;JrsnauS): act. ind. impf. 3e sg. de dç.rs-, 'oser' (thème de présent dç.rs-nau-).

iJastanaiy: infinitif de iJanh-, 'dire, proclamer'.

(54) iirsam: act. ind. impf. le sg. de ar-, 'venir' (thème de présent rasa-).

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RANT 9, 20121329 Le vieux-perse

patiyiivahyaiy: act. ind_ impf. le sg. de pati-avah-ya-, 'prier, invoquer'.

(57) aviijanam: act. ind. impf. le sg. de ava-jan-, 'tuer'.

(59) adinam: act. ind. impf. le sg. de dï- (thème de présent dinii-), 'priver, dépouiller' .

§ 32 (ii 70-78)

Translittération

(70) it-a-t-i-y : d-a-r-y-v-a-u-s : x-

(71) s-a-y-it-i-y : p-s-a-v : h-u-v : f-r-v-r-t-i-s : h-d-a : k-m-n-i-b-i-s : a-s­b-a-r-i-b-i-s : a-mu-u-it : r-

(72) g-a : n-a-m-a : d-h-y-a-u-s : m-a-d-i-y : a-v-p-r-a : a-s-i-y-v : p-s-a-v : a-d-m : k-a-r-m : f-

(73) r-a-i-s-y-m : n-i-p-di-i-y : f-r-v-r-t-i-s : a-g-r-b-i- r y' : a-n-y-t-a : a-b-i­y : m-a-m : a-d-

(74) m-s-i-ry, [:] u-t-a : n-a-h-m : u-t-a : g-u-s-a : u-t-a : h-z-a-n-m : f-r-a­j-n-m : u-t-a-s-

(75) i-y : [1 c-s]-m : a-v-j-m : du-u-v-r-y-a-m-i-y : b-s-t : a-d-a-r-i-y : h-ru-u-v-s-i-m : k-

(76) a-r: a-v-i-n : p-s-a-v-s-i-m : h-g-m-t-a-n-i-y : u-z-m-y-a-p-t-i-y : a-ku-u-n-v-m

(77) : u-t-a : m-r-t-i-y-a : t-y-i-s-i-y : f-r-t-m-a : a-nu-u-s-i-y-a : a-h-t-a : a-v-i-y : h-

(78) g-m-t-a-[n-i-y] : [aFC-r : di-i-d-a-m : f-r-a-h-j-m

Transcription

0atiy Darayavaus xsayaitiya : pasava hauv Fravartis hada kamnaibis asabaraibis amuita. Raga nama dahyaus Madaiy, avapara asiyava. Pasava adam karam fraisayam nipadiy. Fravartis agrabiya anayata abiy mam. Adamsaiy uta naham uta gausa uta hizanam frajanam utasaiy aivam casma avajam. Duvarayamaiy bas ta adariya, haruvasim kara avaina. Pasavasim Hagmatanaiy uzmayapatiy akunavam, uta martiya, tayaiSaiy fratama anusiya ahanta, avaiy Hagmatanaiy antar dldam frahajam.

Traduction

Ainsi parle Darius le roi : ensuite ce Fravartis s'enfuit avec quelques cava­liers seulement. Un pays, du nom de Raga, en Médie, -là il se rendit. Alors je lançais une armée à sa poursuite. Fravartis fut arrêté et amené devant moi. Je lui fis couper le nez, les oreilles et la langue et je lui fis arracher un œil. À ma porte, il fut détenu en chaînes et tout le peuple le vit. Ensuite je l'empalai à Ecbatane, et les hommes qui étaient ses sujets les plus impor­tants, je les fis pendre à Ecbatane, dans la forteresse.

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330 1 RANT 9, 2012 L. Isebaert et J. Tavernier

Commentaire

(71) Fravartis : nom propre reposant sur la forme abrégée (hypocoristique) d'un composé avec premier élément Fravarti- (cf. av.frauuafi-, 'ange gardien', dérivé de *fra-var-, (protéger', av. frauuar-) ; le nom est aussi attesté en parthe (Prwrty) et en grec (<I>paopT'Ilç).

amufla : act. ind. impf. 3e sg. de maufl-, 's'enfuir, s'échapper' (thème de présent mufl-).

(72) asiyava : act. ind. impf. 3e sg. de siyav-, 'aller, marcher'.

(72-73) friiisayam : act. ind. impf. le sg. de fra-ais-, 'envoyer' (thème de pré­sent fra-aisaya-).

(73) agrabiya- : pass. ind. impf. 3e sg. de grab-, 'saisir'.

anayatii : pass. ind. impf. 3e sg. de nay-, 'conduire, amener'.

(74) friijanam: act. ind. impf. le sg. defra-jan-, 'couper'.

(75) avajam : act. ind. impf. le sg. de vaj-, 'crever l'œil'.

basta : pass. part. passé nom. masc. sg. de band-, 'lier, nouer'.

adiiriya : pass. ind. impf. 3e sg. de dar-, 'tenir, maintenir'.

(76) avaina : act. ind. impf. 3e sg. de vain-, 'voir, regarder'.

akunavam: act. ind. impf. le sg. de kar-, 'faire'.

(78) friihajam : act. ind. impf. le sg. de fra-haja-, 'pendre'.

8.2.DNb (cf. Schmitt 2000 : 34-44)

Une des inscriptions rupestres de Darius lef gravée sur sa tombe à Naqs-i Rustam. La dernière partie (lignes 50-60), malheureusement fort endomma­gée, est en réalité un texte indépendant, séparé du texte principal par l'espace d'une ligne. - Il est intéressant de noter que cette inscription a été copiée par le fils de Darius, Xerxès, la seule modification étant le nom de Xerxès au lieu de celui de Darius. L'inscription de Xerxès porte le sigle XPI.

§ 2b

Translittération

(11) t-y: fr-a'-s-t-m: a-v: m-a-m:

(12) k-a-m: m-r-t-i-fy'-m : d-r-u-j-n-fm : n-i-y' : d-u-s-t-[a] : a-mi-

(13) i-y : n-i-y : fm-n'-u-vi-i-s : a-mi-[i-y : y-c]-T-m-i-y : [p]-r-t-n-

(14) y-a: b-v-t-i-y : d-r-s-m : d-a-fr'-y-a-mi-i-y : fm'-n-[h]-a:

(15) u-v-i-p-[s]-i-y-h-y-a : d-r-S-[m :] x_s_f y-rn-n' : a_f mi' -i-y :

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Transcription

RANT 9, 20121331 Le vieux-perse

Taya rastam, ava mam kama. Martiyam draujanam naiy dausta amiy. Naiy manauvïS amiy. Yacimaiy p~rtanaya bavatiy, d~rsam darayamiy manaha. Uvaipasiyahya d~rsam xsayamna amiy.

Traduction

Ce qui est droit, cela est mon désir. Je ne suis pas l'ami de l'homme qui ment. Je ne suis pas porté à la colère. Tout ce qui m'arrive dans une que­relle, je le retiens fortement dans ma pensée. J'ai une grande maîtrise sur moi-même.

Commentaire

(12) amiy: act. prés. le sg. d'ah-, 'être'.

(14) bavatiy : act. prés. 3e sg. de bav-, 'devenir, se produire' .

manahii : instr. sg. de manah-, 'volonté, pensée, esprit' (l'instrumental exprime ici une relation spatiale).

(15) uvaipasiyahyii: gén. sg. d'uvaipasiya-, 'même'.

xSayamna : part. moy. nom. masc. sg. de xSay-, 'gouverner, régner'.

§ 2e

Translittération

(16) m-r-t-i-y : h-y : h-t-x-s-t-i-y [:] a-nu-u-di-i-m [: h]-k-r-cC-·-

(17) h-y-a : a-v-19--a-di-i-m : p-r-i-b-r-a-mi-i-y : h-·-y : [vi]- .-

(18) i-n-a-19--y-t-i-y : a-nu-u-di-i-m : vi-i-n-s-t-h-[y-a : a-v]-19--

(19) a: p-r-s-a-mi-i-y : n-i-m-a: ck-a-m' : t-y : m-r-·-cC-i-y

(20) : vi-i-n-a-19--y-i-s : n-i-p-t-i-m-a : a-v: k-a-m : y-di-i-

(21) Y : vi-i-n-a-19--y-i-s : n-i-y : f-r-19--i-y-i-s :

Transcription

Martiya haya hantaxsataiy, anudim hank~rtahya ava19-adim paribaramiy, haya vina19-ayatiy, anudim vinastahya ava19-a p~rsamiy. Naima kama, taya martiya vina19-ayais, naipatima ava kama, yadiy vina19-ayais, naiy fra19-iyais.

Traduction

L'homme qui collabore, lui, je le traite bien dans la mesure de son con­cours, (l'homme) qui nuit, lui, je le punis dans la mesure de sa nuisance. Ce n'est pas mon désir qu'un homme nuise; vraiment, ce n'est pas mon désir que, s'il nuit, il ne soit pas puni.

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3321 RANT 9, 2012 L.lsebaert et J, Tavernier

Commentaire

(16) hantaxsataiy: moy. ind. prés. 3e sg. de han-taxs-, 'collaborer'.

anudim : anu, 'selon' suivi par -dim, pronom personnel enclitique (3e

sg.) à l'accusatif.

(16-17) hankÇITtahyii: gén. sg. de *han-k[ta-, 'collaboration, concours'.

(17) paribariimiy : act. ind. prés. le sg. de pari-bar-, 'entourer de ses soins, bien traiter, honorer' .

(17 -18) viniiBayatiy : act. ind. prés. 3e sg. de vi-naB-, 'faire du mal, nuire'.

(18) vinastahyii: gén. sg. de vinasta-, 'nuisance, mal, dommage'.

(19) pÇlrsiimiy (p<Jrsiimiy): act. ind. prés. le sg. defraB-, 'demander, exami­ner, interroger; punir' (PIE *preR-, avec thème de présent *p[R-sRe/o­formé sur le degré zéro).

(20) viniiBayais : act. opt. prés. 3e sg. de vi-naB-, 'faire du mal, nuire'.

(21) fraBiyais: pass. opt. prés. 3e sg. de fraB-, 'demander, examiner, inter­roger ; punir'.

§ 2d

Translittération

(21) m-rr'-t-i-y:

(22) t-y : p-r-·-i-y : m-r-t-i-y-m : ~-a-t-i-y : a-v: m-a-m :

(23) n-i-y : v-·-r-n-v-t-i-y : y-a-t-a : u-b-a-n-a-m : h-du-u-

(24) g-a-m : a-x-s-n-u-rv'-i-·-y

Transcription

Martiya taya pariy martiyam ~atiy, ava mam naiy v~mavataiy, yatil ubanam handugam axsnavaiy.

Traduction

Ce qu'un homme dit d'un (autre) homme, cela ne me convainc pas, jusqu'à ce que j'aie entendu la déclaration des deux.

Commentaire

(23) vÇlrnavataiy (v<Jrnavataiy) : moy. ind. prés. 3e sg. de var-, 'croire; con­vaincre'. Selon P.o. Skjœrv0, il s'agit d'un verbe impersonnel, avec un complément de personne exprimé à l'accusatif, d'où sa traduction: « Je ne le crois pas >>.

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8.3.DPh (cf. Schmitt 2000: 63-64)

RANT 9, 20121333 Le vieux-perse

Inscription trilingue gravée sur des tablettes d'or et d'argent. Des exem­plaires de cette inscription ont été trouvés dans des boîtes de pierre in situ dans les secteurs nord-ouest et sud-ouest de l'apadiina ('salle d'audience') de Persépolis.

Translittération

(1) d-a-r-y-v-u-s : XS : v-z-r-k : XS : XS-y-n-a-m : XS

(2) : d-h-y-u-v-n-a-m : vi-i-s-t-a-s-p-h-y-a : p-u-ç

(3) : h-x-a-m-n-i-s-i-y : ~-a-t-i-y : d-a-r-y-v-u-s

(4) : XS : i-m : x-s-ç-m : t-y : a-d-m : d-a-r-y-

(5) a-mi-i-y : h-c-a : s-k-i-b-i-s : t-y-i-y : p-r

(6) : s-u-g-d-m : a-m-t : y-a-t-a : a : kU-u-s-a :

(7) h-c-a : h-i-d-u-v : a-m-t : y-a-t-a : a : s-p-

(8) r-d-a : t-y-m-i-y : a-u-r-m-z-d-a : f-r-a-b-r

(9) : h-y : m-~-i-s-t : b-g-a-n-a-m : m-a-m : a-u-

(10) r-m-z-d-a : p-a-tU-u-v : u-t-a-m-i-y : vi-i-~-m

Transcription

(1-3) Darayavaus, xsaya~iya vaz~rka, xsaya~iya xsaya~iyanam, xsaya~iya dahyünam, Vistaspahya puça, HaxamaniSiya.

(3-10) 0atiy Darayavaus xsaya~iya : ima xsaçam, taya adam darayamiy, haca Sakaibis tayaiy para Sugdam, amata yata a Küsa, haca Hinduv amata yata a Sparda, tayamaiy Auramazda frabara, haya ma~iSta baganam. Mam Auramazda patuv utamaiy vi~am.

Traduction

(1-3) Darius, le grand roi, le roi des rois, le roi des pays, le fils de Vistaspa, l'Achéménide.

(3-10) Ainsi parle Darius, le roi : Voici le royaume que je possède, depuis les Scythes qui (se trouvent) au-delà de Sogdiane, jusqu'à la Nubie; depuis l'Inde, jusqu'à la Lydie; (le royaume) qu'Ahuramazda, le plus grand des dieux, m'a donné. Qu'Ahuramazda me protège ainsi que ma maison.

Commentaire

(2) Vistiispahyii : gén. sg. de Vistiispa-, nom propre (étym. vista-aspa-, 'qui a des chevaux dételés').

(3) Haxiimanisiya- : adjectif dérivé de Haxiimanis, nom propre (étym. haxii-mani-, 'à la pensée amicale').

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3341 RANT 9, 2012 L. Isebaert et J, Tavernier

(3) etitiy : act. ind. prés. 3e sg. de 'l9anh-, 'dire, proclamer'.

(4) ima ûaçam : nom.-acc. sg. d'iyam, 'ce' (pronom démonstratif) et de xsaça-, 'royaume'.

(4) taya : nom.-acc. sg. de haya-, 'qui, que' (pronom relatif).

(4-5) dtiraytimiy: act. ind. prés. le sg. de dar-, 'tenir'.

(5) Sakaibis: abl.-instr. pl. de Saka-, 'Scythe'.

(5) tayaiy: nom. pl. de haya-, 'qui, que' (pronom relatif).

(8) tayamaiy : taya-, nom.-acc. sg. du haya-, qui, que' (pronom relatif), suivi de -maiy, gén.-dat. sg. d'adam, 'je' (pronom personnel encliti­que).

(8) frtibara : act. ind. impf. 3e sg. de fra-bar-, 'donner, accorder'.

(9) mtim : acc. sg. d'adam, 'je'.

(10) ptituv : act. impér. 3e sg. de pti-, 'protéger'.

8.4. DPi (cf. Schmitt 2000 : 65)

Inscription trilingue très brève, gravée sur des clous de fondation en pierre bleu foncé. La matière est probablement une imitation de lapis lazuli. Ont éga­lement été retrouvées une inscription identique (DSac, de Suse) ainsi qu'une copie de Xerxès (XPi).

Translittération

m-y-u-x : k-a-s-k-i-n : d-a-r-y-v-h-u-s : XS-h-y-a : vi-i-t1-i-y-a : k-r-t

Transcription

Mayuxa kasakaina, Darayavahaus xsayat1iyahya vit1iya k~rta

Traduction

Bouton en pierre semi-précieuse, fait dans la maison de Darius.

Commentaire

kWta (brta) : pass. part. passé nom. masc. sg. de kar-, 'faire'.

8.5. OZe (cf. Schmitt 2009: 147-150)

Inscription trilingue sur une stèle trouvée en Égypte. L'autre face de la stèle porte une inscription hiéroglyphique.

Translittération

(1) [b-g :] v-z-r-k : a-u-r-m-z-d-a : h-y : a-v-m : a-s-m-a-n-m : a-d-a : h-y : i-m-a-m : b-u-[mi-]

Page 38: Le phrygien, le sidétique, le pisidien et le vieux perse

RANT 9, 20121335 Le vieux-perse

(2) [i]-m : h-y [: m-r]-t-i-y-m : a-d-a : h-[y : !i]-i-y-a-t-i-m : a-d-a : m-r-t­i-y-h-y-

(3) a : h-y : d-a-r-y-v-u-m : XS-y-m : a-kU-u-[n-u]-s : h-y : d-a-r-y-v-h­u-s : xS-y-a : x-s-ç-

(4) m : f-r-a-b-r : t-y : v-z-r-k-m : t-y : [u-v-s-m : u]-m-r-[t-i]-y-m : a-d­m : d-a-r-y-v-u-s :

(5) XS [:] v-z-r-k : XS : XS-y-n-a-m : XS : d-h-y-u-n-a-m : vi-[i-s-p-z-n]-a­n-a-m [: XS : a]-h-y-a-y-

(6) a : b-u-mi-i-y-a : v-z-r-k-a-y-a [:] du-u-r-i-y : a-p-i[y : vi]-i-s-t-a-s-[p­h-y-a : p]-u-ç : h-

(7) x-a-m-n-i-s-i-y : lt-a-t-i-y : d-a-r-y-v-u-s : XS : a-d-[m : p]-a-r-s : a-mi-i-[y : h-c]-a : p-a-

(8) r-s-a : mu-u-d-r-a-y-m : a-g-r-b-a-[y]-m : a-d-m : n-i-[y-s]-t-a-y-m : i-m-a-m [: y-u-vi-i-y-a]-

(9) m : k-t-n-i-y : h-c-a : p-i-r-a-v : n-a-m : r-u-t : t-y : mU-u-d-r-a-y-i-y : d-nu-u-[ v-t-i-y : a-b]-

(10) i-y [: d-r]-y : t-y : h-c-a : p-a-r-s-a : a-i-t-i-y : p-[s-a-v :] i-y-m : y-u­vi-i-y-a [: a-k-n-i-y :]

(1l) a-v-[lt-a : y-lt-a :] a-d-m : n-i-y-s-t-a-y-m : u-Ha : n-a-v :] a-y-t-a : h-c-[a : mU-u-d-r-a]-

(12) y-a: t-[r : i-m-a]-m : y-u-vi-i-y-a-m : a-b-i-y : p-a-r-[s-m : a-v]-lt-a : y-lt-a : m-a[m : k-a-m : a-hl

Transcription

(1-4) Baga vaz<:trka Auramazda, haya avam asmanam ada, haya imam bümim ada, haya martiyam ada, haya siyatim ada martiyahya, haya Darayavaum xsayaltiyam akunaus, haya Darayavahaus xsayaltiyahya xsaçam frabara, taya vaz<:trkam, taya uvasam umartiyam.

(4-7) Adam Darayavaus, xsayaltiya vaz<:trka, xsayaltiya xsayaltiyanam, xsayaltiya dahyünam vispazananam, xsayaltiya ahyaya bümiya vaz<:trkaya düraiy apiy, Vistaspahya puça, Haxamanisiya.

(7-12) E>atiy Darayavaus xsayaltiya : adam Parsa amiy. Haca Parsa Mudrayam ag<:trbayam. Adam niyastayam imam yauviyam kantanaiy haca - Piraya nama rauta, taya Mudrayaiy danuvatiy - abiy draya, taya haca Parsa aitiy. Pasava iyam yauviya akaniya, avalta yalta niyastayam, uta nava ayanta haca Mudraya tara imam yauviyam abiy Parsam, avalta yalta mam kama aha.

Traduction

(1-4) Ahuramazda est le grand dieu, qui a créé le ciel là-haut, qui a créé la terre ici-bas, qui a créé l'homme, qui a créé le bonheur pour l'homme, qui a fait Darius roi, qui a donné au roi Darius un royaume, grand, pourvu de bons chevaux et d'hommes bons.

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3361 RANT 9, 2012 L. Isebaert et J. Tavernier

(4-7)

(7-12)

Je (suis) Darius, le grand roi, le roi des rois, le roi des pays de toutes races, le roi sur cette grande terre (qui s'étend) même au loin, le fils de Vistiispa, l'Achéménide.

Ainsi parle Darius, le roi : Je suis un Perse. À partir de la Perse, j'ai conquis l'Égypte. J'ai ordonné de creuser ce canal à partir d'un fleuve appelé Pirava, qui coule en Égypte, vers la mer qui vient de la Perse. Alors, ce canal fut creusé, comme je l'avais ordonné. Et par ce canal, des navires allaient d'Égypte vers la Perse, comme c'était mon désir.

Commentaire

(8) agg,rbayam (ag;}rbayam) : act. ind. impf. le sg. de grab-, 'saisir; con­quérir' .

niyastiiyam : act. ind. impf. le sg. de ni-stii-, 'ordonner' (thème de présent en -ya-).

(8-9) yauviyiim : acc. sg. de yauviyii-, 'canal'.

(9) kantanaiy : infinitif de kan-, 'creuser'.

Mudriiyaiy : loc. sg. de Mudriiya-, 'Égypte'.

danuvatiy : act. ind. prés. 3e sg. de dan-, 'couler' (thème de présent dan-va-).

(10) aitiy: act. ind. prés. 3e sg. d'ai-, 'aller'.

akaniya : pass. ind. impf. 3e sg. de kan-, 'creuser'.

(11) ayantii : moy. ind. impf. 3e pl. de ay-, 'aller'.

Mudriiyii: abl. sg. de Mudriiya-, 'Égypte'.

8.6.XPc (cf. Schmitt 2000: 73-75)

Inscription trilingue retrouvée sur le portique méridional du palais de Dar­ius à Persépolis. La version vieux-perse est préservée en trois copies (XPca.C). Nous reproduisons ici la version XPca.

Translittération

(1) b-g : v-z-r-k : a-u-r-m-z-d-a : h-y : i-m-a-m : b-u-mi-i-m :

(2) a-d-a : h-y : a-v-m : a-s-m-a-n-m : a-d-a : h-y : m-r-t-i-

(3) y-m : a-d-a : h-y : s-i-y-a-t-i-m : a-d-a : m-r-t-i-y-h-y-a

(4) : h-y : x-s-y-a-r-s-a-m : XS-m : a-ku-u-n-u-s : a-i-v-m : p-

(5) rU-u-n-a-m : XS-m : a-i-v-m : p-ru-u-n-a-m : f-r-m-a-t-a-r-m

(6) : a-d-m : x-s-y-a-r-s-a : XS : v-z-r-k : XS : XS-a-n-a-m : XS :

(7) d-h-y-u-n-a-m : p-ru-u-v : z-n-a-n-a-m : XS : a-h-y-a-y-a : b-

(8) u-mi-i-y-a : v-z-r-k-a-y-a : du-u-r-i-y : a-p-i-y : d-a-r-y-v-

(9) h-u-s : XS-h-y-a : p-u-ç : h-x-a-m-n-i-s-i-y : 'tt-a-t-i-y : x-

Page 40: Le phrygien, le sidétique, le pisidien et le vieux perse

(10) s-y-a-r-s-a : XS : v-z-r-k : v-s-n-a : a-u-r-h-y <:> m-z-d-a-h : i-

(11) m : h-di-i-s : d-a-r-y-v-u-s : XS : a-ku-u-n-u-s : h-y : m-n-a :

(12) p-i-t-a : m-a-m : a-u-r-m-z-d-a : p-a-tU-u-v : h-d-a : b-g-

(13) i-b-i-s : u-t-a : t-y-m-i-y : k-r-t-m : u-t-a : t-y-m-i-y :

(14) p-i-ç : d-a-r-y-v-h-u-s : XS-h-y-a : k-r-t-m : a-v-s-c-i-y

(15) : a-u-r-m-z-d-a : p-a-tU-u-v : h-d-a : b-g-i-b-i-s

Transcription

RANT 9, 20121337 Le vieux-perse

(1-5) Baga vaz~rka Auramazda, haya imam bümim ada, haya avam asmanam ada, haya martiyam ada, haya siyatim ada martiyahya, haya Xsay~rsam xsaya19-iyam akunaus, aivam parünam xsaya19-iyam, aivam parünam framataram.

(6-9) Adam Xsay~rsa, xsaya19-iya vaz~rka, xsayaihya xsaya19-iyanam, xsaya19-iya dahyünam paruzananam, xsaya19-iya ahyaya bümiya vaz~rkaya düraiy apiy, Darayavahaus xsayaihyahya puça, HaxamaniSiya.

(9-15) 0atiy Xsay~rsa xsaya19-iya vaz~rka : vasna Aurahya Mazdaha ima hadis Darayavaus xsaya19-iya akunaus, haya mana pita. Mam Auramazda patu hada bagaibis ; uta tayamaiy k~rtam uta tayamaiy piça Darayavahaus xsaya19-iyahya k~rtam, avasciy Auramazda patu hada bagaibiS.

Traduction

(1-5) Ahuramazda est le grand dieu, qui a créé la terre ici-bas, qui a créé le ciel là-haut, qui a créé l'homme, qui a créé le bonheur pour l'homme, qui a fait Xerxès roi, unique roi de beaucoup, unique commandeur de beaucoup.

(6-9) Je suis Xerxès, le grand roi, le roi des rois, le roi des pays aux nom­breuses races, le roi sur cette grande terre (qui s'étend) même au loin, le fils du roi Darius, l'Achéménide.

(9-15) Ainsi parle Xerxès, le grand roi : Par la majesté d'Ahuramazda, le roi Darius, mon père, a construit ce palais. Qu'Ahuramazda, avec les dieux, me protège. Et ce que j'ai fait ainsi que ce que mon père, le roi Darius, a fait, qu'Ahuramazda protège cela aussi, avec les dieux.

Commentaire

(2) adii : act. ind. aor. 3e sg. de dii-, 'créer'.

(6) XsayÇlrsii : nom de personne (étym. *xSaja-[san-, 'qui règne sur les héros').

(7) ahyiiyii: loc. fém. sg. d'iyam, 'ce' (pronom démonstratif).

(7 -8) bümiyii : loc. sg. de bümt-, 'terre'.

(8) vaZÇlrkiiyii (vaZ;Jrkiiyii) : loc. fém. sg. de vaZÇlrka- (vaZ;Jrka-), 'grand'.

Page 41: Le phrygien, le sidétique, le pisidien et le vieux perse

3381 RANT 9, 2012 L. Isebaert et J. Tavernier

(10) Aurahya Mazdiiha : noter que les deux termes du théonyme composé sont déclinés (gén. sg.), cf. § 5.1.

(11) akunaus : act. ind. impf. 3e sg. de kar-, 'faire, construire' (kunau- : thème de présent athématique de kar-) ; la marque -s provient sans doute de l'aoriste sigmatique.

(12-13) bagaibis: instr. pl. de baga-, 'dieu'.

(13) kçzrtam (brtam) : nom.-acc. sg. neutre du participe passé de kar-, 'faire, construire'.

(14) piça gén. sg. de pitar- « père» (développement phonologique: PIIr. *pitras > PIr. *pitJras > v.-p. *piças > piça), cf. § 5.2.

8.7. XV (cf. Schmitt 2009: 180-182)

Translittération

(1) b-g: v-z-r-k : a-u-r-m-z-d-a : h-y : m-'fr-i­

(2) s-t: b-g-a-n-a-m : h-y : i-m-a-m : b-u-mi-

(3) i-m: a-d-a : h-y : a-v-m : a-s-m-a-n-m :

(4) a-d-a: h-y : m-r-t-i-y-m : a-d-a : h-y :

(5) s-i-y-a-t-i-m: a-d-a : m-r-t-i-y-h-y-a :

(6) h-y: x-s-y-a-r-s-a-m : x-s-a-y-'fr-i-y-m

(7) : a-ku-u-n-u-s : a-i-v-m : p-r"-u-n-a-m : x­

(8) s-a-y-'fr-i-y-m: a-i-v-m : p-r"-u-n-a-m :

(9) f-r-m-a-t-a-r-m: a-d-m : x-s-y-a-r-s-a :

(10) x-s-a-y-'fr-i-y : v-z-r-k : x-s-a-y-'fr-i-y :

(11) x-s-a-y-'fr-i-y-a-n-a-m : x-s-a-y-'fr-i-y : d­

(12) h-y-u-n-a-m : p-r"-u-v : z-n-a-n-a-m : x-s­

(13) a-y-'fr-i-y : a-h-y-a-y-a : b-u-mi-i-y-a : v­

(14) z-r-k-a-y-a: d"-u-r-i-y : a-p-i-y : d-a-r-y­

(15) v-h-u-s : x-s-a-y-'fr-i-y-h-y-a : p-u-ç : h­

(16) x-a-m-n-i-s-i-y : 'fr-a-t-i-y : x-s-y-a-r-s-a

(17) : x-s-a-y-'fr-i-y : d-a-r-y-v-u-s : x-s-a-y­

(18) 'fr-i-y : h-y : m-n-a : p-i-t-a : h-u-v : v­

(19) s-n-a: a-u-r-m-z-d-a-h : v-s-i-y : t-y :

(20) n-i-b-m : a-k"-u-n-u-s : u-t-a : i-m : s-t­

(21) a-n-m : h-u-v : n-i-y-s-t-a-y : k-t-n-i-y

(22) : y-n-i-y : di-i-p-i-m : n-i-y : n-i-p-i-s-t-

Page 42: Le phrygien, le sidétique, le pisidien et le vieux perse

(23) a-m : a-ku-u-n-u-s : p-s-a-v : a-d-m : n-i­

(24) y-s-t-a-y-m : i-m-a-m : di-i-p-i-m : n-i-p­

(25) i-s-t-n-i-y : m-a-m : a-u-r-m-z-d-a : p-a­

(26) tU-u-v : h-d-a : b-[g-i-b-i-s : u-t-a-F m' -i-y

(27) : x-s-ç-m : [u-t-a : t-y-m-i-y : k-r-t-m]

Transcription

RANT 9, 20121339 Le vieux-perse

(1-9) Baga vaz~rka Auramazda, haya ma'frista baganam, haya imam bümim ada, haya avam asmanam ada, haya martiyam ada, haya siyatim ada martiyahya, haya Xsay~rsam xsaya'friyam akunaus, aivam parünam xsaya'friyam, aivam parunam framatiiram_

(9-16) Adam Xsay~rsa, xsaya'friya vaz~rka, xsaya'friya xsaya'friyanam, xsaya'friya dahyünam paruzaniinam, xsaya'friya ahyaya bümiya vaz~rkaya düraiy apiy, Darayavahaus xsaya'friyahya puça, HaxamaniSiya.

(16-27) E>atiy Xsay~rsa xsaya'friya : Darayavaus xsaya'friya haya mana pitii, hauv vasna Auramazdiiha vasiy taya naibam akunaus, uta ima stiinam hauv niyastaya kantanaiy, yanaiy dipim naiy nipistam akunaus. Pasava adam niyastayam imam dipim nipaistanaiy. Mam Auramazda patuv hada bagaibis utamaiy xsaçam utii tayamaiy krtam.

Traduction

(1-9) Ahuramazda est le grand dieu, le plus grand des dieux, qui a créé la terre ici-bas, qui a créé le ciel là-haut, qui a créé l'homme, qui a créé le bonheur pour l'homme, qui a fait Xerxès roi, unique roi de beau­coup, unique commandeur de beaucoup.

(9-16) Je suis Xerxès, le grand roi, le roi des rois, le roi des pays aux nom­breuses races, le roi sur cette grande terre (qui s'étend) même au loin, le fils du roi Darius, l'Achéménide.

(16-27) Ainsi parle le roi Xerxès: Le roi Darius, mon père, il a, par la majesté d'Ahuramazda, fait beaucoup de bon, et il a ordonné de creuser cet endroit. Comme il n'avait pas fait graver d'inscription, alors, moi, j'ai ordonné de graver cette inscription. Qu'Ahuramazda, avec les dieux, me protège ainsi que mon royaume et ce que j'ai fait.

Commentaire

(21) niyastiiya : act. ind. impf. 3e sg. de ni-stii-, 'ordonner'.

(22-23) nipistiim akunaus: pass. part. passé acc. fém. sg. de ni-pai'/J-, 'écrire', construit avec l'auxiliaire causatif kar-.

(24-25) nipaistanaiy : infinitif de ni-paiiJ-, 'écrire'.

Page 43: Le phrygien, le sidétique, le pisidien et le vieux perse

340 1 RANT 9, 2012 L. Isebaert et J. Tavernier

8.8 A2Sa (cf. M.-J. Stève, Nouveaux mélanges épigraphiques [MDP 53], Nice, 1987, p. 88-90)

Inscription trilingue, gravée sur des bases de colonne et rédigée dans une langue évoluée.

Translittération

(1) E>-a-t-i-y : a-r-t-x-s-ç-a : XS : v-z-r-k : XS : XS-y-a-n-a-m : x-s-a-y-~­i-y : DH

1-y-u-n-a-m : XS : a-h-y-a-y-a : BU-y-a : d-a-r-y-v-u-s-h-y-a :

XS-

(2) h-y-a : p-u-ç : d-a-r-y-v-u-s-h-y-a : a-r-t-x-s-ç-a-h-y-a : XS-h-y-a : p­u-ç : a-r-t-x-s-ç-a-h-y-a : x-s-y-a-r-c-h-y-a : XS-h-

(3) y-a: p-u-ç : x-s-y-a-r-c-h-y-a : d-a-r-y-v-u-s-h-y-a : XS-h-y-a : p-u-ç : d-a-r-y-v-u-s-h-y-a: vi-i-s-t-a-s-p-h-y-a : p-u-ç : h-x-m-

(4) a-n-s-i-y : i-m-m: a-p-d-a-n: d-a-r-y-v-u-s : a-p-n-y-a-k-m: a-k"-u-n­<u>-s : a-b-y-p-r : u-p-a : a-r-t-x-s-ç-a : n-y-k-m : a-~-v-a

(5) [: v]-s-n-a : AM1

[: a-n-h-]t : u-t-a : mi_~-r : a-d-m : n-s-t-a-y : a-p-d-a­n-a : i-m-m : a-k"-u-n-i-y : AM

1 : a-n-h-t : u-t-a : mi_~-r : m-a-

(6) [m : p-a-t"-u]-v [: h-c-a] : vi_[s-p]-a : g-s-t-a : u-t : i-m-m : t-y : a-k"-u­n-a: rn-a: y-a-t"-u-m : rn-a: k-y-a-d-a: vi_i_rdi'_i_t"_rv'

Transcription

(1-4) E>atiy Artaxsaça, xsaya~iya vaz~rka, xsayaMya xsaya~iyanam, xsaya~iya dahyünam, xsaya~iya ahyaya bümiya, Darayavausahya xsaya~iyahya puça, Darayavausahya Artaxsaçahya xsaya~iyahya puça, Artaxsaçahya Xsay~rcahya xsaya~iyahya puça, Xsay~rcahya Darayavausahya xsayaMyahya puça, Darayavausahya ViStaspahya puça, Haxamanasiya.

(4-5) Imam apadana Darayavaus apanayakama akunas. Abayapara upa Artaxsaça nayakama a~ava. Vasna Auramazda, Anahata uta Mi~ra adam nastayam apadana imam akunaiy.

(5-6) Ahuramazda, Anahata uta MWra mam pantuv haca vispa gasta uta imam taya akuna ma yatum ma kayada vidintuv (?).

Traduction

(1-4) Ainsi parle Artaxerxès, le grand roi, le roi des rois, le roi des pays, le roi sur cette terre, fils du roi Darius, Darius fils du roi Artaxerxès, Artaxerxès fils du roi Xerxès, Xerxès fils du roi Darius, Darius), fils de Vistaspa, l'Achéménide.

(4-5) Cet apadiina, Darius, mon trisaïeul, l'a construit. Après, à l'époque de mon grand-père Artaxerxès, il a brûlé. Par la majesté d'Ahuramazda, Anahita et Mithra, j'ai ordonné de reconstruire cet apadiina.

Page 44: Le phrygien, le sidétique, le pisidien et le vieux perse

RANT 9, 20121341 Le vieux-perse

(5-6) Qu'Ahuramazda, Anahita et Mithra me protègent de tout mal et, ce que j'ai fait, qu'aucun maléfice ou sorcellerie ne le détruisent.

Commentaire

(1) ~rtaxsaçii : erreur pour ~rtaxSaça.

Diirayavausahyii : forme aberrante de génitif, formée sur le nominatif + désinence du gén. sg. des noms thématiques (le génitif normal serait Diirayavahaus, cf. § 5.2).

(2) Diirayavausahyii: génitif au lieu du nominatif attendu (cette erreur se rencontre quelquefois dans d'autres noms royaux).

~rtaxSaçiihyii : erreur pour ~rtaxsaçahyii.

XsayÇlfcahyii : erreur pour XsayÇlfsiihyii.

(3-4) Haxamiinasiya (h-x-m-a-n-s-i-y) : erreur pour Haxiimanisiya (h-x-a­m-n-i-s-i-y).

(4) apadiina : erreur pour apadiinam (acc.) ; le terme apadiina désigne peut-être une 'salle d'audience'.

apanayiikama : erreur pour apaniyiikamaiy.

akunas : erreur pour akunaus.

abayapara : erreur pour abiyaparam.

nayakama : erreur pour niyiikamaiy.

atfava : act. ind. impf. 3e sg. de tfav-, 'brûler'.

(5) Anahata : erreur pour Aniihitii.

nastiiyam : erreur pour niyastiiyam.

apadiinii : erreur pour apadiinam (acc.).

akunaiy : forme problématique de kar-, 'faire' ; on attendrait ici une forme d'infinitif.

(6) akunii : erreur pour akunavam.

vidintuv : lecture de M.-J. Stèye ; le mot exprime la notion de 'détruire' et est certainement un impér. 3e pl.

8.9.A3Pa (cf. Schmitt 2000: 114-118)

Translittération

(1) b-g : Y-z-r-k : a-u-r-m-z-d-

(2) a : h-y : i-m-a-m : b-u-m-a-m

(3) : a-d-a : h-y : a-y-m : a-s-m-a-n-

(4) a-m : a-d-a : h-y : m-r-t-i-y-m :

(5) a-d-a : h-y : s-a-y-t-a-m : a-

Page 45: Le phrygien, le sidétique, le pisidien et le vieux perse

3421 RANT 9, 2012 L. Isebaert et J. Tavernier

(6) d-a : m-r-t-i-<y>-h-y-a : h-y : m-a-

(7) m : a-r-t-x-s-ç-a : x-s-a-y-'fr-i-

(8) y : a-ku-u-n-u-s : a-i-v-m : p-ru-u-v-

(9) n-a-m : x-s-a-y-'fr-i-y-m : a-i-v-

(10) m : p-ru-u-v-n-a-m : f-r-m-<a>-t-a-r-m :

(11) 'fr-a-t-i-y : a-r-t-x-s-ç-a : x-s-

(12) a-y-'fr-i-y : v-z-r-k : x-s-a-y-

(13) 'fr-i-y : x-s-a-y-'fr-i-y-<a>-n-a-m :

(14) x-s-a-y-'fr-i-y : DH-y-u-n-a-m :

(15) x-s-a-y-'fr-i-y : a-h-y-a-y-a :

(16) BU-y-a: a-d-m : a-r-t-x-s-ç-a : x-

(17) s-a-y-'fr-i-y : p-u-ç : a-r-t-x-s-ç-a

(18) d-a-r-y-v-u-s : x-s-a-y-'fr-i-y :

(19) p-u-ç : d-a-r-y-v-u-s : a-r-t-x-s-

(20) ç-a : x-s-a-y-'fr-i-y : p-u-ç : a-r-t-

(21) x-s-ç-a : x-s-y-a-r-s-a : x-s-a-y-

(22) 'fr-i-y-a : p-u-ç : x-s-y-a-r-s-a : d-a-r-

(23) y-v-u-s : x-s-a-y-'fr-i-y : p-u-ç :

(24) d-a-r-y-v-u-s : vi-s-t-a-s-p-h-y-

(25) a : n-a-m : p-u-ç : vi-s-t-a-s-p-h-y-

(26) a : a-r-s-a-m : n-a-m : p-u-ç : h-

(27) x-a-m-n-i-s-i-y : 'fr-a-t-i-y : a-

(28) r-t-x-s-ç-a : x-s-a-y-'fr-i-y :

(29) i-m-<a>-m : u-s-t-s-n-a-m : a-'fr-g-<i>-

(30) n-a-m : m-a-m : u-p-a : m-a-m :

(31) k-r-t-a: 'fr-a-t-i-y : a-r-t-x-s-ç-

(32) a : x-s-a-y-'fr-i-y : m-a-m : a-u-r-

(33) m-z-d-a : u-t-a : mi-'fr-r : b-g : p-a-

(34) tU-u-v : u-t-a : i-m-a-m : DH-y-u-m

(35) : u-t-a : t-y : m-a-m : k-r-t-a :

Transcription

(1-10) Baga vazrka Auramazda, haya imam bümam ada, haya avam asmanam ada, haya martiyam ada, haya sayatam ada martiyahya, haya mam ~taxsaça xsaya'friya akunaus, aivam parünam xsaya'friyam, aivam pamnam framataram.

Page 46: Le phrygien, le sidétique, le pisidien et le vieux perse

RANT 9, 20121343 Le vieux-perse

(11-27) 8atiy ~taxsaça, xsayatHya vazrka, xsayatHya xsayatHyanam, xsayattiya dahyünam, xsayattiya ahyaya bümiya : adam Artaxsaça xsayattiya puça, Artaxsaça Darayavaus xsayattiya puça, Darayavaus Artaxsaça xsayattiya puça, Artaxsaça Xsay~rsa xsayattiya puça, Xsay~rsa Darayavaus xsayattiya puça, Darayavaus Vistaspahya nama puça, Vistaspahya Arsama nama puça, Haxamanisiya.

(27-31) 8atiy ~taxsaça xsayattiya : imam ustasanam attangainam mam upa mamk~rta.

(31-35) 8atiy ~taxsaça xsayattiya : mam Auramazda uta Mittra baga pa"tuv uta imam dahyaum uta taya mam k~rta.

Traduction

(1-10) Ahuramazda est le grand dieu, qui a créé la terre ici-bas, qui a créé le ciel là-haut, qui a créé l'homme, qui a créé le bonheur pour l'homme, qui a fait roi Artaxerxès, unique roi de beaucoup, unique comman­deur de beaucoup.

(11-27) Ainsi parle Artaxerxès, le grand roi, le roi des rois, le rois des pays, le roi sur cette terre : Moi Ue suis) le fils du roi Artaxerxès, Artaxerxès fils du roi Darius, Darius fils du roi Artaxerxès, Artaxerxès fils du roi Xerxès, Xerxès fils du roi Darius, Darius fils d'un (homme) appelé ViStaspa, ViStaspa fils d'un (homme) appelé Arsama, l'Achéménide.

(27 -31) Ainsi parle le roi Artaxerxès : Cet escalier de pierre, je l'ai construit durant mon règne.

(31-35) Ainsi parle le roi Artaxerxès: Qu'Ahuramazda et le dieu Mithra me protègent, ainsi que ce pays et ce que j'ai fait.

Commentaire

(2) bümiim : au lieu de bümlm. Il ne s'agit pas d'une erreur scribale, puisque le scribe aurait commis deux erreurs dans un même mot : B-U-M-A-M vs. B-U-Mi-I-M. Selon R. Schmitt, on a affaire ici à un phénomène linguistique intéressant: au Ive s. av. J.-c., ce mot se pro­nonçait probablement /büm/, forme évoluée de type moyen-iranien; le scribe aurait essayé de noter la forme ancienne, qu'il ne connaissait plus, en ajoutant la désinence fréquente lam/. Autrement dit, bümim devenu büm a été faussement archaïsé en bümiim. - La même explica­tion vaut pour asmaniim (1. 3-4) et sayatiim (1. 5) et le phénomène est aussi attesté dans NSd 3 (paradayadiim pour Iparded/, 'parc', forme évoluée de *paridajda- ; imiim au lieu de imam; akunaviim au lieu de akunavam).

(6-8) hya miim ~rtaxsaçii xSiiya19iya akunaus: Cette phrase pose des prob­lèmes syntaxiques, étant donné l'absence d'accord grammatical entre le pronom personnel (accusatif), le nom royal (nominatif) et le titre (nominatif). Selon R.G. Kent, le nominatif aurait progressivement éliminé l'accusatif au Ive s. av. J.-c. Toutefois, cela nous semble im­probable. Il s'agit plutôt d'une conséquence de la perte des désinences

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casuelles, à la suite de laquelle les cas n'étaient plus distingués. On entrevoit ici déjà l'état du moyen-perse.

(16-27) puça : forme incorrecte aux lignes 19, 20, 21, 23, 25, 26, où on at­tend un génitif. Ce phénomène est aussi attesté dans les inscriptions NHc et NSa (cf. supra), mais là les formes de génitif de xSayafliya se maintiennent.

(27 -31) imam : au lieu de imam.

aflangainam : noter ici encore la finale -am (aussi dans A2SC), au lieu de -fm (aflangainfm).

mam ... kÇlrta : mam est une faute pour mana (l'agent se trouve nor­malement au génitif-datif) ; la même faute s'observe à la ligne 35. -D'après R. Schmitt, une forme verbale mauvaise (mam kÇlTta au lieu de akunavam) aurait été insérée.

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