Le Dandy du DancingYves D’agostino - Eric Pelosato

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Vamp i r eéditions

Yves D’Agostino - Eric Pelosato

Le Professeur Ludwig Von Horribilis, génie diabolique, passait toutes ses journées dans son atelier, au grenier de l’orphelinat, à préparer sa quête ultime. Ne pouvant faire face au vide affectif qu’il subissait, années après années, en ne trouvant pas de famille adoptive, il avait décidé de prendre les choses en main et de se composer une famille idéale. Elle serait composée de tous les exclus.

Quand à Boris, son disciple et serviteur, il menait une petite vie tranquille dans la cave de l’orphelinat. Ses journées étaient ponctuées de siestes, de rats bien grassouil-lets en guise de collation et surtout d’une multitude de coups de cravaches assainés par son maître qui prenait un malin plaisir à cette torture amicale. Une routine qui convenait d’ailleurs parfaitement à Boris, qui prenait cette souffrance comme une marque d’affection.

Le Dandy du Dancing

Yves D’Agostino - Eric Pelosato

2

En cette belle matinée de février, le professeur Ludwig Von Horribilis descendait dans la cave qui servait de chambre à Boris, son bossu de service et souffre-douleur. Après quelques coups de cravache matinaux biens appliqués sur les côtes pour le réveiller, il finit par le tirer hors du lit – un sommier de fer rouillé et grinçant sans draps ni couvertures –, puis hurla dans les oreilles de sa victime :

- Boris ! Idiot de bossu ! Lève-toi !- Quoi ? Qui ? Où, mon maître ? répondit le serviteur rougeoyant de douleur.

- J’ai enfin trouvé le parent monstrueux idéal pour notre future famille.- Qui est-ce, mon maître ?- Un magnifique vampire. Cesse de rêvasser, mou du crâne, le temps presse !

Le serviteur s’habilla maladroitement tout en suivant son maître dans le couloir.

- Mais Professeur, pourquoi vous être si pressé ? demanda-t-il maladroitement avec son accent russe. Plusieurs siècles lui avoir attendu nous.

- Ah ! Caput mortuum1, cria le Professeur. Tu ne comprends décidément rien, Boris. La Saint Valentin approche.

Le sentiment de plaisir amoureux lui étant inconnu, le pauvre serviteur n’y comprenait effective-ment rien. Chaque année, Horribilis devait lui expliquer, à grand renfort de détails parfois scabreux, les coutumes de cette fête. "La Toussaint des amoureux, précisait-il, c’est un régal".

- Ah ? s’étonna le domestique. Moi comprendre. Aimer autre, être pareil qu’avaler un gros rat.

Il est vrai qu’un rat bien grassouillet qui craquait sous la dent était un vrai délice. Le début de cette nouvelle année était favorable à ses recherches ; dans ses carnets de notes, le Professeur mention-nait de nombreuses disparitions de jeunes filles durant la fête des amoureux.

Enlèvements ? Fugues ? Suicides ? Ou bien… vampirisations ?

1 Tête morte

Cravache et BossuC h a p i t r e 1

4

L’avancée de ses observations avait mené Von Horribilis jusqu’à l’île de Nowhere, située entre l’Angleterre et l’Irlande. Précisément dans le village peu recommandable de Bloodeven, bien connu des spécialistes des sciences occultes pour ses faits divers lugubres et effrayants.

En effet, chaque soir de 14 février, une multitude de magnifiques jeunes femmes de l’île dispa-raissaient au cours du grand bal organisé dans le château de Mystery Home, dont le propriétaire n’était autre que Sir Arthur Hollow Tooth Bastard, 35e du nom. De sombres rumeurs le désignaient même comme l’un des fils illégitimes du roi d’Angleterre car à cette époque, les soirées bourgeoises rimaient souvent avec libertinage. On eut donc vite fait de lui affubler le sobriquet de "little B" pour "Bastard". Le petit Arthur Hollow Tooth devint donc Sir Arthur Hollow Tooth B, un grand homme brun, ténébreux, au charme irrésistible.

Il existait très peu de documentation à son sujet, juste un unique portrait. Sir Arthur Hollow Tooth "B." – il détestait la terminaison de son patronyme – jouissait d’une solide réputation de séducteur et ses amis de la jet-set locale lui avaient attribué le surnom de "Dandy Vamp" de la région : ils ne pensaient pas si bien dire ! Mais lorsqu’on organise un bal de cette envergure, les ennemis et les hypocrites applaudissent le maître de cérémonie et se hissent au rang des intimes.

Dandy Vamp savait plaire et la presse, qui ne cessait de le couvrir d’éloges, nous apprenait, un article après l’autre, que ce mécène avait mis la main au portefeuille tantôt pour la réparation du toit de la paroisse, tantôt pour la fête populaire de la panse de brebis farcie, spécialité culinaire du village. Cet homme régnait sur la vallée de Red Blood.

Mais revenons à nos deux bonshommes.

Dandy VampireC h a p i t r e 2

7

- Boris, cria le professeur. (Il portait un sac de voyage en bandoulière.) Bouge-toi, vil bossu, et viens ici.

- Moi arriver, mon maître, grommela-t-il. Moi arriver.- Prends la liste d’oncle Nosferatu, réunis tout ce dont nous aurons besoin et mets le nécessaire

dans cette sacoche.- Hum, Oncle Nosferatu ?

Prenant un air dépité, pour ne pas dire idiot, Boris cligna des yeux et pria son maître de parler plus lentement.

- Beati pauperes in spiritu2 ! dit Horribilis en levant les yeux au ciel. Les objets sacrés de mon vieil oncle, toi les réunir pour mettre dans sacoche. Toi comprendre moi ?

- Famille s’agrandir ? - Oui, moi agrandir famille. N’oublie surtout rien, chien courbé, ou toi pouvoir le regretter.

Servilement, Boris s’empara de la liste que lui présentait son maître. Comme il ne savait pas lire, le Professeur lui énonça les accessoires à voix haute :

- Une robe de jeune fille taille 80, du rouge à lèvres couleur pourpre, des escarpins taille 48, des lentilles de contact de couleur verte, de la purée d’ail, un corset en cuir rouge de très grande taille, du musc de chauve-souris femelle, une tenaille, du bourrage de coussin.

- Être curieuse liste, pensa Boris. Quel rapport avec "Sir Arthur Hollow Tooth", vampire pré-sumé ? Peu importe ! Magister dixit3.

2 Bienheureux les pauvres en esprit. 3 Le maître l’a dit.

Professeur Ludwig Von Horribilis

BorisI d e n t i t é s

Petit être insignifiant doté d’une intelligence supérieure. Dans sa grande bonté, le créateur a doté le petit Ludwig à sa naissance, d’un cerveau surdimensionné et d’une intelligence hors du commun. Il s’est telle-ment concentré sur la beauté de son cerveau, qu’il en a oublié tout le reste. Notre brillant génie s’est ainsi retrouvé dans une enveloppe charnelle absolument frêle et hideuse. A tel point que ses parents l’ont immédiatement abandonné. Il passa une enfance très dou- loureuse dans un orphelinat. Il était fréquemment roué de coups

par les autres pensionnaires qui lui donnèrent le surnom de "Ludwig Von Horribilis". Ce corps ingrat ne l’empêchat pas d’obtenir dès 13 ans un doctorat en physique nucléaire et en médecine mais un vide affectif le rongeait de l’intérieur. Il devait absolument se trouver une famille. Il se prit de pas - sion pour les êtres les plus hideux, effrayants, démoniaques, horribles de l’humanité. Sa décision était prise, il serait adopteur de monstres (chasseur de monstres). Il allait se constituer au fil des ans, une famille unique grâce à de

nombreuses recherches et aussi grâce à son goût pro-noncé pour "l’Artémisia Absinthium*", qui lui permit de développer une imagination délirante. Il n’alla pas bien loin pour trouver le disciple et compagnon idéal pour sa quête. Il lui suffit de se rendre dans la cave de l’orphelinat pour trouver Boris.

Identité voyageurNom : Von HorribilisPrénom : LudwigDestination : Bloodeven

Adresse voyageur : Orphelinat

* Artémisia Absinthium : Absinthe

Professeur Ludwig Von Horribilis

Boris

Premier membre de la famille du Professeur Ludvig Von Horribilis et assistant person-nel dans sa quête de la famille idéale. Le créateur ne sait même pas qu’il existe. C’est un monstre trapu, mi-homme, mi-bête possédant un corps gigantesque, un tronc épais sur des jambes courtes, une tête large, posée sur un gros cou et de grandes épaules. Boris est insensible à toute forme de douleur même mentale. Il existe très peu d’informations sur ses origines mais d’après les notes de l’orphelinat, il semblerait que ce soit un descendant direct des Huns. Il fut trouvé un matin devant l’orphelinat dans un sac poubelle rempli de cadavres de bouteilles de vodka et emballé dans un sac en toile de jute. On lui donna donc tout naturellement le prénom de Boris. Avec le temps, le choix de ce prénom s’avère judi-cieux car Boris a de gros problèmes d’élocution dus à la disposition très anarchique de ses dents. Lorsqu’il parle, il possède un accent russe très prononcé. Il vit en ermite dans la cave de l’orphelinat et nourrit une admiration sans limite au jeune Ludwig qui deviendra au fil des ans, son mentor.

Boris

SIR HOLLOW TOOTH B.I d e n t i t é

SIR HOLLOW TOOTH B.

Sir Arthur Hollow Tooth Bastard, 35e du nom.

Le jeune Arthur Hollow naquit dans la banlieue de Londres en 1769. Issu d’une famille de la haute bourgeoisie, son enfance peu joyeuse, fut rythmée à grand renfort de brimades pour l’apprentissage des bonnes manières "Made in England".

De sombres rumeurs couraient sur sa naissance : "On" le disait l’un des fils illégitimes du roi d’Angleterre, conçu accidentellement lors d’une soirée libertine. "On" eut donc vite fait de l’affubler d’un sobriquet, celui de Little "B" comme "Bastard".

Le Petit Arthur Hollow Tooth devint Sir Arthur Hollow Tooth B, un homme bien fait de sa personne, à la chevelure brune et au regard ténébreux. Hélas, sa vie rangée bascula subite-ment au cours d’une sombre nuit de l’an de grâce 1799.

De retour d’un bal donné au château de Westminster, son chemin croisa celui du terrifiant "Prince Vlad Dracul". Ce légendaire vampire, à la recherche d’un mets de choix, tomba sous le charme de sa proie. Bien qu’assoiffé de sang, il offrit à Sir Arthur Hollow Tooth la jeunesse éternelle en le mordant d’une seule dent. Vlad en fit son indissociable disciple. Sir Arthur Hollow Tooth B prit vite goût à ce fantastique cadeau. Il lui suffit d’ailleurs de quelques mois pour boire au cou de la gente féminine de l’aristocratie londonienne, tant sa soif de plaisir et de sang était insatiable.

C’est contraint et forcé qu’il s’exila sur l’île de Nowhere située entre l’Angleterre et l’Irlande, dans le village de Bloodeven où le plaisir de la chair était en abondance…

LES TECHNIQUES IMPARABLES

DU PROFESSEUR LUDWIG VON

HORRIBILIS POUR CONTRER

LES ATTAQUES VAMPIRES

LES MORSURES

Se munir d’un tour de cou métallique et d’un

bon parfum à l’ail qui à défaut de les faire fuir,

les fera pleurer et brouillera leur vision.

LES POUVOIRS HYPNOTIQUES

Porter des lentilles de contact ou des bonnes

lunettes de soleil.

LES POUVOIRS TÉLÉPATHIQUES

Mettre des boules-quies en silicone. Solution éco -

logique : ne jamais se laver l

es oreilles afin de les 

obstruer d’un cérumen bien gras et épais.

gare de bloodeven

taxi bloodonien

DraculaLES TECHNIQUES IMPARABLES

DU PROFESSEUR LUDWIG VON

HORRIBILIS POUR CONTRER

LES ATTAQUES VAMPIRES

LES MORSURES

Se munir d’un tour de cou métallique et d’un

bon parfum à l’ail qui à défaut de les faire fuir,

les fera pleurer et brouillera leur vision.

LES POUVOIRS HYPNOTIQUES

Porter des lentilles de contact ou des bonnes

lunettes de soleil.

LES POUVOIRS TÉLÉPATHIQUES

Mettre des boules-quies en silicone. Solution éco -

logique : ne jamais se laver l

es oreilles afin de les 

obstruer d’un cérumen bien gras et épais.

SCANDALE OU PROUESSE ?Pour expérimentation, le professeur von Horribi-

lis a greffé deux ailes de poulet sur le dos d’un

jeune vampire dépourvu de ces deux appendices.

Malgré l’allure fantaisiste du cobaye, son envol

du 10ème étage de chez lui a suscité bien des

émois… avant que celui-ci ne s’écrase au sol.

"Les ailes de poulet ne sont pas la solution, a

déclaré le professeur. J’essaierai avec des ailes de

dinde ! " affaire à suivre…

A suivre ...

éditions

www.cosmik-editions.com

Pour élargir le cercle familial, le Professeur Ludwig Von Horibilis et son fidèle disciple Boris, décident d’adopter un Vampire.

Deux personnages singuliers pour une aventure pittoresque.

Frissons et monstres garantis !