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  • Michel de Fornel

    Constructions disloques, mouvement thmatique etorganisation prfrentielle dans la conversationIn: Langue franaise. N78, 1988. pp. 101-123.

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    de Fornel Michel. Constructions disloques, mouvement thmatique et organisation prfrentielle dans la conversation. In:Langue franaise. N78, 1988. pp. 101-123.

    doi : 10.3406/lfr.1988.4746

    http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lfr_0023-8368_1988_num_78_1_4746

  • Michel de Fornel GRECO PUCES (CNET, CNRS)

    CONSTRUCTIONS DISLOQUES, MOUVEMENT THMATIQUE

    ET ORGANISATION PRFRENTIELLE DANS LA CONVERSATION

    O. Introduction

    Un point de dpart courant pour l'tude de l'interaction verbale est de supposer qu'elle repose sur la transmission et l'change d'informations. Quelle que soit la manire dont on envisage cette transmission (selon un modle codique, infrentiel, etc.) on admet gnralement que les langues disposent de divers moyens grammaticaux leur permettant de marquer une diffrence entre l'information nouvelle et l'information ancienne ou donne. Comme l'a not Ellen Prince (...) il existe une " assymtrie informationnelle " qui fait que certaines units semblent recouvrir ou reprsenter une information " plus ancienne " que d'autres (1981:224) '. Ainsi, en franais, une analyse mme trs superficielle des proprits lexicales et smantiques des constituants syntaxiques de certains types d'noncs (topicalises, constructions disloques, clives, etc.) semble autoriser la distinction entre un ou plusieurs segments supports d'une information dj connue (ancienne, donne, aisment inferable, etc.) relative une entit et un autre segment apportant une information nouvelle sur cette entit. Selon les approches, cette distinction a t dcrite au moyen des oppositions thme et propos, premier-plan et arrire-plan, lment non focalis et lment focalis. Le problme de ces oppositions est que, tout en prenant en compte l'importance au niveau phnomnal de ce statut informationnel de ces noncs, elles en font un principe explicatif. Le prsent article vise remettre en cause un tel principe et proposer une approche diffrente dans le cadre de l'analyse

    1. Pour Ellen Prince, la raison principale d'une telle assymtrie informationnelle tient au principe suivant : l'nonc de l'metteur est fait sur mesure de manire correspondre aux besoins particuliers que l'on suppose au rcepteur vis (1981:224). Il ne s'agit pas de rcuser l'existence d'un tel principe puisqu'un principe similaire - le principe du schma du destinataire (recipient design) selon lequel les noncs conversationnels sont construits spcifiquement de manire ce qu'il soit compris par un destinataire prcis, dans un contexte prcis (Sacks & Schegloff, 1979) s'est rvl d'une grande importance pour l'tude de la conversation, en particulier des phnomnes rfrentiels. Mais il ne saurait servir justifier les diverses oppositions proposes.

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  • conversationnelle. Il se centre sur l'tude des constructions disloques dont on a considr sous des formes plus ou moins nuances que leur principale fonction tait soit d'annoncer l'introduction d'un thme discursif ou conversationnel, soit d'introduire un changement de thme (ou de sous-thme) discursif ou conversationnel 2. Il envisage, non le rapport entre le syntagme nominal dtach et la structure predicative (reprise interne), mais le rapport entre ce syntagme nominal et le discours prcdent (reprise externe). L'examen de ces constructions dans certains contextes conversationnels nous permettra de prsenter quelques lments de description de leur rle dans le mouvement thmatique de la conversation.

    1. Le mouvement thmatique dans la conversation

    L'analyse de conversation s'est intresse la notion de thme dans la mesure o elle a cherch saisir des principes d'organisation de ce dont on parle au travers d'une srie d'enchanements squentiels. Elle a tudi diffrentes procdures permettant un thme d'tre gnr et labor continment. Sur le plan thorique, le concept d'organisation thmatique de la conversation semble se caractriser par des proprits ngatives par rapport aux concepts fondamentaux de l'analyse de conversation. Cette dernire a pour objectif l'analyse squentielle de la conversation et, par consquent, l'organisation des noncs des interlocuteurs travers une srie de tours de parole. Le concept cardinal est celui de paire adjacente (Sacks, 1967). Une dfinition (approximative, mais suffisante pour notre propos) de ce concept est la suivante : une paire adjacente est une squence de deux noncs qui sont adjacents, produits par des locuteurs diffrents. Cette squence est ordonne : une premire partie d'un type catgoriel donn exige une seconde partie du mme type catgoriel (Schegloff & Sacks, 1973:238).

    Le concept de paire adjacente concerne la plupart des niveaux d'organisation de la conversation. Ainsi, il joue un rle fondamental dans l'tude de l'Organisation Globale de la Conversation. La possibilit d'ouvrir et de clore une conversation utilise, de faon complexe, l'existence de paires adjacentes (salutations, changes de comment a va? , cltures, etc.). Son rle est aussi essentiel dans l'tude du systme d'organisation des tours de parole. Par exemple, l'utilisation du premier lment d'une paire permet de slectionner le locuteur suivant et rend compte de l'organisation des squences d'actions.

    Mais le concept de paire adjacente ne parat pas jouer un tel rle dans l'tude de l'organisation thmatique, dont certains aspects semblent pouvoir tre caractriss, contrairement aux autres types d'organisation, sans faire appel ce concept. L'analyse de conversation cherche dcrire

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  • adquatement le phnomne du mouvement (ou de la transition) thmatique. Il est bien sr possible d'isoler certains aspects de l'organisation thmatique utilisant de telles paires. Les travaux de Sacks et Schegloff ont montr qu'il existait dans certains contextes squentiels (ouverture de conversation, section de clture, etc.) un phnomne de discontinuit thmatique, qui se caractrise par le fait que les thmes s'enchanent sur le plan squentiel de faon disjointe (Schegloff & Sacks, 1973:235). Ainsi, divers travaux ont analys de faon dtaille ce que Sacks a appel le mouvement thmatique avec frontire qui se caractrise par la fermeture d'un thme suivie de l'initiation d'un autre 3. L'initiation d'un thme est ralise au moyen d'une srie d'tapes squentielles. Ces mouvements squentiels utilisent des squences typiques (annonces de nouvelles, requte d'information gnrale, etc.) qui contiennent en partie des paires adjacentes. Dans ce type de mouvement thmatique, le thme doit tre gnr de faon interactionnelle. La paire adjacente peut donc jouer un rle important, car ses caractristiques (cf. la dfinition donne plus haut) permettent de lier de faon forte les squences adjacentes.

    L'existence dans certains contextes squentiels du phnomne de discontinuit thmatique rvle a fortiori l'importance dans la conversation du phnomne de continuit thmatique qui se caractrise par une progression thmatique continue ralise au moyen d'une srie de transitions thmatiques lies. Sacks a appel ce type de mouvement thmatique le mouvement thmatique par transition progressive. Qu'il soit ralis ou non dans le cadre de paires adjacentes, ce type de mouvement ne se laisse pas dcrire par le concept de paire adjacente car il ne repose pas sur l'utilisation de formats squentiels typiques. Dans ce type de mouvement thmatique, la proprit d'adjacence ne semble tre utilise que de deux faons. Premirement, lorsqu'une paire adjacente est utilise, le deuxime lment de la paire est interprt comme s'enchanant th- matiquement au premier lment sauf indication explicite du contraire : autrement dit, pour interprter au niveau thmatique un nonc, l'interlocuteur dispose d'un moyen extrmement simple - regarder la squence prcdente. Deuximement, s'il existe dans l'nonc une marque discursive ncessitant le reprage d'une information ancienne, la squence prcdente, de mme que l'ensemble du discours qui a prcd peut constituer le domaine pertinent pour un tel reprage.

    Nous soutiendrons que le mouvement thmatique par transition progressive, dfini comme une srie de transitions thmatiques lies (Tl- T2...Tn) constitue un concept de l'organisation thmatique dans la conversation d'un statut plus gnral que le mouvement thmatique avec frontire pour au moins deux raisons. La premire est la suivante : le mouvement thmatique par transition progressive se distingue du mouvement thmatique avec frontire par le fait que ce dernier sert initier un thme (Ti) disjoint du thme antrieur (Tn-1). Mais les divers formats squentiels qui constituent l'initiation du thme proprement dit peuvent tout fait utiliser les proprits du mouvement thmatique par transition

    3. Cf. Button & Casey, 1984; M. de Fornel, 1987.

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  • progressive, autrement dit les transitions lies (Tl-T2...Tn). La seconde est la suivante : le mouvement thmatique par transition progressive s'oppose aussi un autre type de discontinuit thmatique, savoir, les sauts thmatiques, les changements thmatiques marqus que l'on constate parfois dans la conversation et qui constituent des transitions non lies.

    Le mouvement thmatique par transition progressive comprend un ensemble de procdures complexes. Il recouvre d'une part, les phnomnes de dveloppement thmatique tels le maintien et l'laboration d'un thme conversationnel donn et d'autre part, les phnomnes de passage d'un thme A un thme ralis grce l'interposition d'un thme transitoire ayant permis de les connecter 4. Dans le prsent article, nous nous centrerons sur le premier aspect, le mouvement thmatique, en essayant de rendre compte de certaines caractristiques de l'enchanement thmatique.

    On notera que le mouvement thmatique constitue l'instar de l'alternance des rles de locuteurs une condition de base de la conversation. Si la mme phrase (avec toutes ses proprits dont sa structure thmatique) se trouve rpte par des interlocuteurs diffrents durant toute une interaction, la squence d'ensemble ne constitue pas une conversation mais constitue un autre type d'interaction verbale 5. De faon plus spcifique, les rptitions d'noncs par des interlocuteurs diffrents jouent un rle conversationnel prcis mais ne contribuent pas oprer un mouvement thmatique, comme le montre l'exemple suivant o B, en se joignant par la rptition de la mme phrase, ralise un effet de collusion, par rapport leur interlocuteur, mais qui n'entrane pas pour autant de mouvement thmatique :

    (1) (FT4 A 005) 6 1 : mm mais a fait rien 2C : Guilhem il va faire sa jalousie 3 : Guilhem il va tre jaloux 4A : oh ben arrte oui / / j'espre pas trop mais:: 5 : oh ben oui

    Si le mouvement thmatique par transition progressive ne se laisse pas caractriser en termes de proprits de la relation d'adjacence, cela ne signifie pas pour autant qu'il ne puisse pas utiliser les ressources de l'organisation squentielle, en particulier la relation d'adjacence. A l'inverse, les ressources de l'organisation thmatique peuvent servir l'organisation squentielle. Si ces deux organisations gardent donc leur spcificit en termes d'organisation, il n'en reste pas moins qu'il existe entre elles des interactions possibles.

    4. On se reportera, pour une analyse dtaille, M. de Fornel ( paratre). 5. Imaginons que tous les dputs de la Convention aient rpt chacun leur tour la mme phrase :

    je vote la mort quand le moment fut venu de dcider du sort de Louis XVI. Une interaction verbale a bien eu lieu mais cet vnement langagier ne peut tre trait comme une conversation.

    6. Comme l'indique le prsent code, les exemples prsents dans cet article renvoient un corpus de donnes conversationnelles attestes. (Quand un code ne figure pas ct du numro de l'exemple, il s'agit d'un exemple construit.)

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  • Un premier exemple en est donn dans les sections 3 et 4. Nous montrons 1) comment deux types de mouvements thmatiques par transition progressive, le maintien thmatique et l'laboration thmatique, peuvent s'appuyer sur des proprits de la paire adjacente et 2) qu' l'inverse une prfrence formelle rgissant l'organisation de la paire adjacente, peut tre ralise en utilisant une ressource lie l'organisation thmatique, savoir l'existence en franais d'un type de constructions dtachement les constructions disloques.

    Un second exemple en est donn dans la section 5 qui dcrit comment certains emplois des constructions disloques constituent des marqueurs de positionnement squentiel.

    2. Les constructions disloques : statut informationnel et fonctions pragmatiques

    On a souvent vu dans l'existence de certaines structures disloques en franais (mais aussi dans d'autres langues comme l'anglais, l'italien, l'espagnol, etc.) la possibilit de promouvoir un syntagme nominal au statut de thme phrastique, voire de thme de discours. Pour Lambrecht, la concurrence d'un nom et d'un pronom anaphoris dans les constructions disloques est la manifestation formelle d'un principe fonctionnel : l'encodage d'une relation thme-propos dans la structure de surface de l'nonc (1981:1). Galambos affirme de la mme manire que dans ces constructions le sujet et le thme sont devenus distincts (1980:125) et soutient mme que ces constructions thme-propos, par opposition aux constructions sujet-prdicat, sont devenues les seuls moyens de dnoter le statut thmatique. La plupart des travaux qui s'intressent aux proprits pragmatiques de ces constructions se sont concentrs sur le statut informationnel du syntagme nominal disloqu 7. Ils retiennent en gnral que ce dernier, la diffrence du sujet dans une phrase non disloque, ne peut pas tre indfini 8 :

    (2)a (FT3 500) : nous le projet il avance tu vois mais bon euh il faut le temps quoi quand

    mme

    : *nous un projet il avance tu vois mais bon euh il faut le temps quoi quand mme

    La proprit que nous semble rvler la diffrence d'acceptabilit entre (2a) et (2b) et que nous retiendrons dans notre analyse est la suivante : le syntagme nominal de la construction disloque doit renvoyer un lment dont l'existence est garantie indpendamment de la prsente nonciation du locuteur.

    7. Cf. Larsson, 1979; Lambrecht, 1981, 1984; Givn, 1983; Davison, 1984; Barnes, 1985, etc. 8. Dans le cas d'une interprtation spcifique (cf. Cadiot, ce numro) ; sur l'opposition spcifique-

    non spcifique propos de l'indfini (cf. Corblin, 1987).

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  • Cette proprit nous semble traduire l'inacceptabilit du syntagme nominal indfini. Au contraire, les travaux mentionns ci-dessus ne voient dans cette diffrence que ses implications quant au statut informationnel de l'lment disloqu, savoir qu'il existe une contrainte sur la nature de l'lment disloqu : celui-ci doit tre dfini et par voie de consquence, doit tre interprtable comme rfrant une entit identifiable et connue (Barnes, 1985:60). Reprenant les distinctions terminologiques de Chafe (1976) et de Prince (1981), ils considrent que le rfrent du membre disloqu doit tre soit donn, soit voqu (textuellement ou situation- nellement) ou inferable. Ces notions appellent des prcisions.

    Le premier problme que posent de telles analyses est que l'on ne voit pas, de ce point de vue, ce qui diffrencie les constructions disloques des constructions sujet-prdicat o le syntagme nominal non dtach est dfini. Certains auteurs ont tent de dfendre l'ide que la prsence d'un syntagme nominal dfini dans les constructions disloques est une condition ncessaire mais non suffisante. Lambrecht affirme ainsi que les referents des syntagmes nominaux dfinis ne peuvent jamais tre des foci d'information nouvelle. Une telle analyse n'est pas dfendable car on trouve de faon courante dans la conversation des exemples o le rfrent du syntagme nominal dtach est nouveau 9. Considrons l'exemple suivant :

    (3) (FT 5 A 053)

    A : au fond c'est : c'tait plus bte qu'autre chose quoi : oui oui (.) ouais mais c'est effectivement si tu veux la seule chose que

    j'ai appris c'est mais alors moi j'ai eu un j'ai eu la chance d'avoir un panaris enfin la chance j'en sais rien parce que dans le fond a aurait pu mal tourner (souffle) mais moi je me suis fait un panaris aprs accouchement ce qui est assez frquent je crois btement dans les Cvennes et dans les Cvennes ben le toubib il a pris une aiguille (rire) il l'a brl il m'a piqu le panaris et puis il m'a dit vous le trempez dans le dakin (rire)

    A : ben oui mais il l'a ouvert

    Le rfrent du syntagme nominal dtach ( le toubib ) est nouveau : il n'a jamais t textuellement introduit et il n'est pas ais de construire une chane infrentielle permettant de le relier une entit dj voque dans ce contexte conversationnel (par exemple partir d'un nonc comme j'ai d me faire soigner , etc) 10. De faon encore plus nette, on trouve dans l'exemple suivant, extrait d'une conversation portant sur l'organisation d'un dner, un syntagme nominal dtach les mouflets dont le rfrent est nouveau sans pour autant poser le moindre problme d'acceptabilit. Pourtant, il ne peut en aucune manire tre infr partir d'une entit dj voque dans le contexte.

    9. Barnes, qui relve des exemples similaires en conclut que le fait que les constructions disloques gauche avec des referents nouveaux soient acceptables est d aux autres facteurs qui assurent la cohsion et qui sont indpendants du rfrent de la disloque gauche (1985:75). Pour une critique dtaille de cette analyse, cf. M. de Fornel ( paratre).

    10. Pour un traitement dtaill de cas voisins, cf. M. de Fornel ( paratre).

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  • (4) (FT2 A 239) 1 : l on fera peut-tre du du contre filet au poivre ou un truc comme a 2A : mm d'accord 3 : voil bon ben on va faire comme a 4A : mm 5 : puis les mouflets ils seront contents parce que je pense que je crois

    que a (lui fera plaisir) et en plus les faire garder par Lissa a aurait t dur,

    6 A : d'accord

    On ne peut donc que suivre Barnes quand elle affirme que (...) la structure disloque gauche n'est pas diffrente de manire significative des noncs avec des syntagmes nominaux sujets non dtachs (1985:75).

    En dfinitive, on se trouve donc devant le problme suivant : il n'existe aucune diffrence de statut informationnel du syntagme nominal qui permettrait de distinguer une construction sujet-prdicat ordinaire avec un syntagme nominal dfini d'une construction disloque. Cette absence de diffrence est particulirement dramatique pour la plausibilit de telles analyses car c'est sur elle que reposent les motivations pragmatiques que l'on a pu trouver dans l'emploi des structures disloques n.

    Le second problme que posent de telles analyses est que, de faon plus ou moins explicite, elles se fondent sur ces diffrences de statut informationnel pour attribuer des fonctions pragmatiques diffrentes aux constructions disloques. En effet, cette analyse, fonde sur le statut informationnel, assigne essentiellement deux fonctions pragmatiques aux constructions disloques :

    1) Si le rfrent du membre disloqu est donn, cette fonction est de rechercher un accord communicatif entre les participants (Lambrecht, 1981) ou d'ajouter l'nonc une marque emphatique ou expressive (Barnes, 1985).

    2) Si le rfrent du membre disloqu est voqu ou inferable, la construction disloque permet, soit une introduction ou un changement du thme du discours ou de la conversation, soit une slection d'un sous- thme par rapport un thme gnral 12.

    A partir de l'examen de donnes conversationnelles, nous remettrons en cause la formulation tant de la premire fonction (sections 3 et 4) que de la seconde fonction pragmatique (section 5).

    11. Ainsi, Lambrecht affirme que ce que les constructions disloques ont en commun, c'est l'exigence qu'elles soient linguistiquement ou situationnellement rcuprables, et que l'expression suivant les thmes, le propos, contienne une assertion sur le thme (1981:67). Il ajoute en utilisant un thme (plutt que e.g. un pronom anaphorique) le locuteur annonce le domaine de son discours, ou un changement dans le domaine du discours, et exprime le dsir d'tablir un accord communicatif sur l'importance du rfrent du thme pour le discours (idem). Le fait que Lambrecht contraste dans ce cas prcis la construction disloque non avec un sujet non disloqu mais avec l'emploi d'un pronom anaphorique laisse souponner que l'analyse propose vaut tout aussi bien pour les structures sujet- prdicat ordinaires.

    12. Ochs-Keenan & Schieffelin, 1976a, b; Duranti & Ochs, 1979; Galambos, 1980; Lambrecht, 1981, Barnes, 1985.

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  • 3. Les constructions disloques fonction de reprise

    Nous allons examiner une premire srie d'exemples prsentant des constructions disloques dont le rfrent est non seulement voqu mais donn et constitue dj le thme conversationnel antrieur. Considrons tout d'abord l'exemple suivant qui prsente diffrents enchanements possibles une question :

    (5)a (FT 4 A 656) A : Comment va Armelle? : ben a va (5)b

    B' : elle va bien B" : Armelle va bien B'" : Armelle elle va bien

    Si, d'un point de vue informationnel, ces diffrentes rponses la question de A sont peu prs quivalentes, elles contrastent sur deux plans : sur un premier plan (comme nous l'avons vu au chapitre prcdent), la construction disloque (B'") ne se diffrencie pas clairement d'une construction sujet-prdicat ordinaire (B") : ces deux constructions s'opposent de la mme faon la reprise pronominale (B') et la reprise en a (B) dont l'interprtation rfrentielle dpend de l'existence du terme rfrentiel de la question. Sur un second plan, on peut opposer la construction disloque (B'"), la reprise pronominale (B'), la reprise en a (B) la structure sujet-prdicat (B"). Alors que la caractristique principale des trois premires constructions est d'enchaner thmatique- ment, celle de la structure sujet-prdicat est de reprendre en simple cho la question de A. Cette srie de rponses fait donc bien apparatre la spcificit de la construction disloque. A la diffrence de la reprise pronominale qui traite directement le thme de la question, la construction disloque enchane thmatiquement en indiquant explicitement qu'elle mobilise le thme de la question. De manire mtaphorique, on peut dire que la construction disloque montre qu'elle accepte de reprendre son compte le thme de la question 13.

    Comme nous l'avons vu la fin du chapitre prcdent (cf. la premire fonction pragmatique, section 2), Lambrecht (1981) attribue ce type de reprises (B'") la fonction d'tablir un accord communicatif et Barnes (1985) considre quant elle que ce type de reprises confre un accent spcial ( spcial emphasis ) l'entit qui est dj l'objet de la discussion, par exemple s'il s'agit de rpondre une question qui invite identifier ou expliciter le rfrent, et plus gnralement que la reprise a une fonction expressive ou motive. Il nous semble, au contraire, que si une des rponses apparat marque sur le plan emphatique, c'est la rponse

    13. Ce qui est dans la logique de la proprit gnrale de la construction disloque prsente dans le chapitre prcdent, savoir le caractre externe du rfrent par rapport la prsente nonciation.

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  • en cho (") que ralise la structure sujet-prdicat et non la construction disloque dont la caractristique principale est, du fait des proprits que l'on vient de dcrire, d'apporter une contribution spcifique au mouvement thmatique.

    Notre analyse s'oppose donc celles de Lambrecht et Barnes (et d'autres) qui prsentent le point commun, quelle que soit la fonction pragmatique assigne (recherche d'un accord, marquage emphatique ou affectif), de considrer que cet emploi des disloques ne contribue pas au mouvement thmatique 14. Nous allons la dvelopper partir d'un examen attentif d'une srie de squences conversationnelles.

    Si l'on examine le statut squentiel des disloques, on peut constater qu'un grand nombre de ces constructions se prsentent dans des squences constituant le second membre d'une paire adjacente (en rplique une question, une offre, une requte, etc.). Au premier abord, rien ne semble distinguer leur emploi ici de leur emploi dans d'autres positions squentielles. Mais un examen attentif fait apparatre un ensemble de rgularits intressantes. Le plus souvent, le syntagme nominal dtach de la construction disloque reprend un lment explicitement introduit dans le premier membre de la paire adjacente. La construction disloque ne constitue pas dans ces cas-l l'indice de la transformation d'un lment en thme conversationnel puisque cet lment est dj le thme explicite de la conversation dans le premier membre de la paire adjacente; ce dernier impose de faon gnrale au second membre de rester sur le mme plan thmatique. Nous allons examiner dans un premier temps une classe simple de second membre de la paire qui n'est constitu que de la rplique. En voici quelques exemples :

    (6) (FT3 A 100) 1 : oui (.) voil ben on fait comme a alors 2A : d'accord 3 : et les enfants c'est / /Marie ? 4A : ben les enfants y a Marie qui va les chercher 5 : oui oui 6A : mm d'accord (7) (FT3 350) 1 : chez Marc a va ? 2A : Marc a va bien 3 : a va ? 4A : oui oui oui oui l il est toujours en tourne l 5 : ah ben c'est bien (8) (FT6 A 500) 1A : bon d'accord (.) tu as euh tu as appel Juliette? 2 : euh Juliette je l'ai eue oui : alors? 4 : ben on se verra au loto l dimanche

    14. En effet, le rfrent du membre disloqu de la construction disloque est donn. C'est seulement dans le cas o ce dernier est voqu ou inferable que la construction disloque opre un changement ou une slection thmatique, cf. la seconde fonction pragmatique (section 2).

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  • Les exemples (6) (8) prsentent des paires adjacentes o le second membre de la paire contient un thme dtach ou une structure disloque reprenant le thme introduit dans le premier membre de la paire. Il s'agit de reprises simples o, chaque fois, ce qui est prdiqu propos du thme dtach reprend peu ou prou le prdicat de la question 15. On constatera que ces exemples n'illustrent pas un phnomne d'accord communicatif ou d'emphase expressive ou affective, mais un phnomne conversationnel beaucoup plus intressant : par l'emploi de ce type de structure, le second tour reste thmatiquement li au premier tour mais de faon minimale. On appellera ce type d'enchanement thmatique, le maintien thmatique car le second tour n'entrane pas une laboration thmatique. Comme le montre l'exemple (6), cet enchanement thmatique peut tre sans consquence interactionnelle et entraner l'apparition d'une autre squence thmatique; mais comme dans les exemples (7) et (8), il peut aussi susciter une relance thmatique au troisime tour entranant un dveloppement thmatique au quatrime tour sur le thme introduit dans le premier tour respectivement propos des referents Marc et Juliette :

    (9) (=7) 3B: a va? 4A : oui oui oui oui l il est toujours en tourne l (10) (=8) : alors? 4 : ben on se verra au loto l dimanche

    Quelles que soient les intentions de celui qui les nonce, les questions dans les exemples ci-dessus contiennent, sur le plan thmatique, une attente d'laboration thmatique (dont le contenu est reprsentable approximativement sous forme synecdochique) : (6) aller chercher les enfants l'cole, (7) ce que fait Marc en ce moment, (8) devait voir Juliette. Ce type d'emplois au second tour de constructions dtachement avec reprise quasi similaire du prdicat constitue donc un aspect important du mouvement thmatique par transition progressive. On peut le dcrire comme une forme de maintien thmatique qui, en prolongeant le thme de faon minimale et en se situant dans une continuit thmatique, laisse l'auteur du premier membre de la paire adjacente la possibilit d'une initiative permettant de transformer ce prolongement en une vritable laboration thmatique. De ce point de vue, l'exemple ci-dessous, extrait d'une conversation entre deux amis qui ne se sont pas parls depuis longtemps est particulirement intressant :

    (11) (FT6 A 593) 1 : ah oui tout fait (.) ouais ouais non c'tait bien quand mme (.)

    voil (.) et Charles ? 2A : ah ben Charles il a un peu la crve l

    15. Dans l'exemple (6), si la rponse explicite le contenu descriptif de la question, elle ne l'labore pas thmatiquement et elle ne constitue qu'une rponse confirmative. Sur la variation X, c'est Y; X, y a Y cf. M. de Fornel ( paratre).

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  • 3 : ah bon ? 4A : euh (.) a va (pause) c'est sympa d'appeler (rire) 5 : (rire) ben oui bon mais j'appelais pour deux raisons 6A : oui

    II semble que nous ayons l un exemple assez diffrent des prcdents puisque le premier membre de la paire adjacente, la question et Charles ? est suivi du second membre, la rponse ah ben Charles il a un peu la crve l o l'apparition d'une construction disloque n'est pas corrle la prsence d'un contenu prdicatif neutre. En effet, A rpond en apportant une information nouvelle comme le montre la squence ah bon nonce par au troisime tour. Mais cet exemple confirme en fait ce que nous avons pu prsenter sur la fonction de maintien thmatique de ce type de construction. La squence ah bon? a pour fonction d'inviter l'interlocuteur prsenter un dveloppement thmatique. Or, le quatrime tour se caractrise par un refus de fait de raliser un tel dveloppement euh (.) a va suivi d'une longue pause et d'un changement brusque de thme c'est sympa d'appeler (rire) . Cette squence s'explique fort bien ds que l'on rexamine attentivement la rponse de A contenue dans le second tour. Faisant fi de l'indice que pouvait constituer la prsence d'une construction disloque, a trait, au vu du prdicat, ce second tour comme une annonce de nouvelles, autrement dit comme une laboration thmatique ouvrant la possibilit de dveloppement thmatique ultrieur. Ce traitement nous est rvl par le fait qu'au tour suivant, au moyen d'une topicalisation sous forme de ah bon? , il invite A fournir un dveloppement attendu 16. Mais le second tour tait en fait un cas de maintien thmatique similaire aux exemples (6)- (8) prsents plus haut (construction disloque avec reprise predicative), car le contenu prdicatif du second tour n'tait pas constitu par une information nouvelle mais par une information neutre (comme nous l'indiquent d'autres conversations, pour ce locuteur, le stock des rponses neutres sur les tats de sant n'tait pas constitu seulement d'noncs comme a va bien , trs bien mais aussi peu prs , on est un peu fatigu etc.). Cet exemple montre que le rle de maintien thmatique dans ce type d'emplois des disloques reste fortement dpendant des connaissances partages entre les interlocuteurs et de leur degr de familiarit.

    4. Prfrences organisationnelles et organisation thmatique

    Les fonctions conversationnelles des constructions disloques dans les seconds membres de paires adjacentes ne peuvent apparatre qu' partir du moment o leur prsence est en corrlation avec des rgularits contextuelles. Pour prolonger l'analyse ci-dessus examinons des exemples,

    16. Nous employons ici le terme topicalisation dans le sens qu'il possde en analyse de conversation.

    111

  • frquents dans la conversation, o les seconds membres prsentent une structure phrastique complexe due au respect d'une prfrence formelle rgissant les paires adjacentes. Sur le plan pratique, la consquence pour les disloques est que ces dernires pourront tre positionnes de faon variable l'intrieur du tour. Sur le plan thorique, les questions suivantes vont pouvoir tre poses : ces diffrences de position sont-elles arbitraires ou motives sur le plan squentiel? Quels en sont les effets sur l'organisation thmatique locale ou plus prcisment sur le mouvement thmatique dans chaque srie de squences? Un premier groupe d'exemples va nous permettre de poser le problme :

    (12) (EC8 300) 1 : vers deux heures dix ? / /mais comment tu peux faire si

    ouais ton si ton cours est deux heures? non mon cours moi est deux heures et demie ah (souffle) ah et le cours Babette? Babette elle vient pas monter je : : je sais pas je crois qu'elle vient plutt pour apprendre seller et brider ah bon ?

    2C

    3C 4B 5C

    6B 7C (13) IB

    2A 3B 4A

    5B

    (FT3 A 092) bonjour je te tlphone tu sais pour les les chocolats qu'on devait prendre la mairie ouais ouais (.) oui euh:: (.) Anne-Marie t'en a parl? Anne-Marie elle m'en a parl ouais elle m'a dit que je sois cinq heures et demie euh devant la mairie voil

    Dans ces exemples, les paires adjacentes qui nous intressent sont les couples question/rponse des tours ((4-5) de (12), et (3-4) de (13)). La construction dtache se situe en (12) comme en (13) en dbut de tour (avec cette diffrence qu'en (12) on a aussi un cas de rptition du prdicat comme dans la section prcdente).

    Pour tre en mesure d'en valuer le statut conversationnel, nous devons d'abord prsenter un aspect important du fonctionnement des paires adjacentes, qui concerne le choix du type de second membre de la paire adjacente. Prenons l'exemple du couple question/rponse. Est-il possible de faire apparatre des rgularits de slection entre les rponses ? Par exemple dans les questions totales peut-on distinguer des critres de choix entre les rponses de type oui et les rponses de type non ? L'examen des donnes fait apparatre que les rponses du premier type sont beaucoup plus frquentes que les rponses du second type. Loin d'tre triviale, cette diffrence de frquence se rvle tre le rsultat d'une prfrence pour l'accord 1?. Du point de vue de la slection d'une rponse, cette prfrence peut tre dcrite de la faon suivante : si la question est

    17. Preference for agreement , cf. Sacks, 1983. Sur la notion de prfrence organisationnelle en analyse de conversation, cf. Atkinson & Heritage, 1984.

    112

  • formule de faon telle qu'elle requiert prfrentiellement une rponse de type oui ou de type non, la rponse au tour suivant tendra garder cette orientation prfrentielle et s'orienter vers un choix du mme type 18. Cette prfrence pour l'accord, qui vaut pour beaucoup de paires adjacentes, a de nombreuses consquences sur la forme que prend le second membre de la paire (et mme sur celle que prend le premier membre de la paire). L'une d'elles est la suivante : si la rponse s'accorde avec la prfrence, elle sera ralise immdiatement, gnralement ds le dbut du tour, alors que si elle ne s'accorde pas avec la prfrence, elle sera, soit repousse vers la fin du tour, soit ralise dans des tours ultrieurs. Dans l'exemple suivant :

    (14) (FT1 500) 1A : dis moi tu penses moi demain pour les documents? 2 : oui oui oui

    A la question de A, qui sollicite une rponse en oui, rpond dans le sens de cette prfrence et nonce directement au second tour une srie de oui. Par contre, dans les exemples ci-dessous, les rponses des interlocuteurs ne vont pas dans le sens de la rponse sollicite par le questionneur et constituent donc des rponses non prfres. Que la prfrence pour l'accord soit l'uvre apparatra dans le fait que diverses solutions seront trouves pour viter d'indiquer immdiatement qu'il y a dsaccord.

    4.1. Solution 1 : La rplique en fin de tour

    Une premire solution consiste repousser la rponse vers la fin du tour et par consquent introduire des lments conversationnels qui rempliront le dbut du tour. Il peut s'agir soit d'une introduction d'lments simples comme des marqueurs d'hsitation ( ben , c'est--dire ), soit d'une reprise d'lments constitutifs du thme introduit par les questions. Dans l'exemple suivant :

    (15) (SF 13 A 138) IB : euh:: ouais je voulais savoir euh (pause) on fait quelque chose euh c't aprs-m' euh tu peux sortir ou pas?

    2A : euh c't aprs-m' j'ai:: je dois rejoindre dj des copains et puis ce soir je pense que je vais chez Vronique parce que (souffle) oh elle fait un dner trs trs restreint tu vois juste avec des amis intimes (souffle) voil

    A va dcliner l'offre que lui fait B, mais elle ne le fait pas ds le dbut du tour. Ce dernier, tant occup par une reprise d'un segment thmatique de la question, c't aprs-m , et par des lments d'explication, est donc consacr ne faire apparatre le refus qu'en fin de tour. Le terme voil rsume ce qui prcde pour lui donner une valeur illo-

    18. Pour une approche similaire en syntaxe, cf. Borillo, 1981.

    113

  • cutoire de refus. L'exemple (16) est similaire : par sa question au tour 1, A invite formuler la raison de son appel. Comme le montre la structure de la rponse de ce dernier aurait sans doute prfr introduire progressivement cette raison. En cumulant marques d'hsitation et reprise de l'lment thmatique, peut cependant repousser vers la fin du tour l'offre qu'il se propose de faire :

    (16) (FT3 A 039) 1A : qu'est-ce que tu voulais de beau? 2 : moi ce que je voulais de beau c'est--dire j'ai oubli d'en parler hier

    Patrice (.) ou Roland je sais pas lequel des deux sera intress (.) y a:: un concert euh de Max Roach Montreuil demain et j'ai une place

    : alors attends

    Cette solution aux problmes conversationnels suscits par l'organisation prfrentielle des rpliques parat donc avoir des consquences importantes sur le plan thmatique puisqu'elle tend fortement autoriser la reprise d'lments thmatiques de la question.

    C'est l'existence d'une telle possibilit qui explique le recours frquent des constructions disloques dans les dbuts de tours de ce type de rpliques. Par exemple, pour revenir aux deux premiers exemples ((12) et (13)) qui ont introduit cette section, elle permet de rendre compte de la position l'intrieur du tour des constructions dtaches :

    (17) (EC8 300) (=12) 1 : vers deux heures dix ? / / mais comment tu peux faire si 2C : ouais

    ton si ton cours est deux heures? 3C : non mon cours moi est deux heures et demi ah (souffle) 4 : ah et le cours Babette ? 5C : Babette elle vient pas monter je:: je sais pas je crois qu'elle vient

    plutt pour apprendre seller et brider 6B: ah bon? 7C : ouais (18) (FT3 A 092) (=13) 1 : bonjour je te tlphone tu sais pour les les chocolats qu'on devait

    prendre la mairie 2A : ouais ouais (.) oui 3B : euh:: (.) Anne-Marie t'en a parl? 4A : Anne-Marie elle m'en a parl ouais elle m'a dit que je sois cinq

    heures et demie euh devant la mairie 5B: voil

    Dans l'exemple (17), la question de au tour 4 porte sur l'heure du cours de Babette. Dans la logique de la prfrence pour l'accord, plutt que de rpondre ngativement (par exemple en disant elle n'a pas une heure de cours prcise ) rpond indirectement : elle utilise une construction disloque en dbut de tour pour rpondre indirectement en dcrivant les activits prvues de Babette. Il semble qu'il existe de faon rcurrente

    114

  • un lien entre le contenu indirect de la rplique et le dtachement. Autrement dit, la construction disloque semble lie, dans ce type d'emploi, au phnomne d'indirection, ce qui entrane que les constructions disloques sont peu utilises pour exprimer un dsaccord direct (qui correspondrait, dans cet exemple, une rplique du type Babette elle a pas cours ). L'exemple (18) est plus complexe mais obit au mme schma 19.

    L'apparition de constructions disloques, dans une telle position squentielle, apparat d'autant plus facile qu'elle permet de contraster des entits de discours :

    (19) (FT7 A 190) IB: euh:: (.) es-tu sre d'avoir les enregistrements vido de Sertorius et

    Cinna? 2A : (.) ben Sertorius oui Cinna j'en sais rien je devrais l'avoir Cinna ? 3 : ben oui tu devrais l'avoir

    Dans le cas de la solution 1, la prsence de constructions disloques dans de tels contextes est rgulire. Elle semble tre lie au phnomne d'in- direction. Sur le plan squentiel, comme nous l'avons montr, elle est la consquence indirecte du fait que la structure des tours de rplique est dpendante de l'organisation des prfrences dans les paires adjacentes. Sur le plan du mouvement thmatique, le fait que ces constructions disloques soient places en tte du tour de parole entrane qu'elles ne peuvent avoir qu'un rle de maintien thmatique. Seule la suite du tour de parole celle o apparat la rplique valeur de dsaccord peut constituer une laboration thmatique.

    4.2. Solution 2 : [dsaccord + accord]

    Une seconde solution permettant d'exprimer son dsaccord, ou plus gnralement de fournir une rplique non prfre tout en respectant la prfrence formelle rgissant les paires adjacentes, consiste exprimer dans le dbut du tour son dsaccord puis rectifier immdiatement par un lment conversationnel permettant de montrer un accord avec la question (ou avec les implications de la question) ou plus gnralement avec le premier membre de la paire adjacente. Dans l'exemple (20), emploie en dbut de tour une formulation ngative ( ils font du bruit ) oppose l'orientation de la question et termine le tour par un nonc s'accordant avec la question.

    (20) (FT1 704) 1A : ils sont gentils? 2 : oui ils font du bruit mais ils sont gentils : d'accord 4 : attends parle plus fort parce qu'ils font beaucoup de bruit quand mme

    19. Cf. l'analyse de cet exemple dans M. de Fornel ( paratre).

    115

  • On peut mesurer la force de la prfrence formelle pour l'accord puisque, comme le montre le quatrime tour, une formulation indiquant seulement un dsaccord ( ils font beaucoup de bruit ) serait dans ce contexte visiblement beaucoup plus approprie. Dans cet exemple, une structure du type X mais Y o X marque le dsaccord et Y l'accord est mobilise. Une telle structure est trs souvent utilise pour parvenir cette solution. En voici un autre exemple qui comporte de plus une construction disloque :

    (21) (FT3 080) 1 : en arrivant l-bas on aura le psychodrame d'abord parce que on a pas

    pu le faire euh:: ben tu sais on avait pas fini 2A : elle est revenue la la folle? 3 : non non elle est pas revenue la folle mais on avait pas fini 4A : oh ben non on n'avait pas fini

    De prime abord, cette seconde solution parat beaucoup moins conforme la prfrence pour l'accord dans les paires adjacentes que la premire solution. En effet, cette dernire en utilisant des marques d'hsitation et en repoussant la fin d'un tour voire dans les tours suivants un dsaccord (ou une orientation contraire) emploie des moyens courants pour rendre visible son interlocuteur la difficult formuler de faon explicite un dsaccord. Mais la seconde solution prsente un avantage qui est loin d'tre ngligeable : l'accord se trouvant la fin du tour constitue l'lment conversationnel sur lequel l'interlocuteur peut le plus aisment enchaner d'un point de vue squentiel. D'o au tout premier plan la possibilit d'une clture de l'ensemble de la squence par un accord rciproque des interlocuteurs, comme le montrent le tour 3 de l'exemple (20) et le tour 4 de l'exemple (21).

    Du point de vue du mouvement thmatique, cette seconde solution amne noter que, quand elles sont prsentes, les constructions disloques se situent dans la premire partie du tour et ont donc une fonction de maintien thmatique similaire la premire solution. Ce maintien thmatique est renforc au niveau de la structure gnrale du tour par le fait que la fin du tour est consacre l'expression de l'accord.

    4.3. Solution 3 : [accord + dsaccord]

    II existe une troisime solution permettant de formuler une rponse valeur de dsaccord tout en respectant la prfrence formelle pour l'accord dans les paires adjacentes : elle consiste introduire un terme marquant l'accord (oui vs. non selon l'orientation de la question) puis, dans un second temps, introduire les lments conversationnels tayant le dsaccord. Considrons l'exemple suivant :

    (22) (SF 13 A 138) IB: all Marina? 2A : ah oui

    116

  • 3 : c'est Christian 4A : oui 5 : euh je te drange pas l ? 6A : non enfin un peu mais c'est pas grave

    Au tour 6, A commence par rpondre non et donne ainsi la rponse attendue par la question (B ne la drange pas), puis introduit le caractre problmatique de l'appel enfin un peu ) 20. Cet exemple montre que comme pour la seconde solution, il est possible d'utiliser la construction X mais Y la diffrence prs que le contenu des termes est invers (X contient l'accord et Y le dsaccord). Cette construction est souvent utilise car elle permet le recours la solution 3 tout en prsentant l'avantage d'exprimer son dsaccord sous une forme fortement attnue. La solution 3 a une consquence importante sur le placement potentiel d'une construction disloque. De faon quasi systmatique, quand une construction disloque est employe, elle est place dans la seconde partie du tour et sert introduire les lments conversationnels constituant le dsaccord :

    (23) (FT7 A 425) 1 : d'accord bon ben donc je vais demander madame Armand de venir 2A : tu crois qu'elle peut alors? 3 : ben elle m'avait oui ce matin on en a parl puis elle savait plus non

    plus (rire) 4 A : d'accord bon je pense que et Albert tu veux je lui en parle alors? 5 : oh ben oui mais Albert je crois qu'il a son cours d'anglais le:: non

    / / et puis pff (souffle) bon 6A : ah bon 7A : bon ben si tu veux 8 : enfin si on va lui dire de toute faon c'est pas ce que je veux dire non

    non t'as raison faut lui dire mais::

    Au tour 5, utilise la construction X mais Y. commence donc par acquiescer (X = oh ben oui ), puis introduit une rserve (Y = Albert je crois qu'il a son cours d'anglais... ). Plus X est rduit, plus la prfrence formelle pour l'accord tend s'affaiblir, la rplique s'interprtant alors comme un dsaccord explicite. Le cas limite se trouve par exemple quand le X n'est pas exprim et quand seul le mais Y est formul. En voici deux exemples :

    (24) (FT6 A 685) 3C : bon (rire) moi je lui ai mme pas envoy mes vux (rire) 4A : (oui) 5C : donc euh:: 6A : je m'excusais de pas:: 7C : hein ? je me suis mme pas excuse de pas payer tu te rends compte (.)

    non mais on devait en reparler avec Christine et puis en fait on a pas revu Christine non plus depuis:: depuis un trs longtemps depuis qu'on a dn chez elle ensemble

    20. On notera que cet exemple est en fait plus complexe puisque la structure X mais Y se surajoute et permet de conclure le tour sur une orientation d'accord.

    117

  • 8 A : mais Christine je crois que c'est pas son problme 9C : ouais (25) (RA D A 184) 1A : 150 millions d'annes les dinosaures ont dur avec leur petit cerveau

    de lapin ils ont dur 150 millions d'annes (.) alors il a dit partir de:: (.) alors i il a expliqu que (.) brusquement dans les ::/ / (.) les fossiles on ne trouvait plus (.) de:: dinosaure (.) donc les dinosaures ont disparu aprs le cataclysme tout de suite

    2C : euh mais la survie a n'a rien voir avec le (.) avec le:: avec euh:: la taille du cerveau

    Des emplois jouant sur la possibilit de contraste sont aussi possibles comme dans l'exemple suivant :

    (26) (FT A 125) 1A : euh l'issue du mois o vous faisiez des animations et l'exposition

    vous vous fe vous vouliez faire un dbat euh:: / / et que pour la Grce vous aviez invit

    2B : mm deux (.) / / deux re euh deux crivains grecs et::

    3B : mm Lacarrire

    4 : oui mais Lacarrire il viendra pas Sur le plan squentiel, la troisime solution, comme la premire, privilgie l'orientation vers le dsaccord tout en respectant la prfrence formelle pour l'accord. Mais contrairement aux deux premires solutions, elle prsente un intrt tout fait important pour ce qui est du mouvement thmatique. Nous avons vu dans les sous-sections prcdentes que les solutions 1 et 2 avaient pour consquence d'attribuer la construction disloque, du fait de sa place en tte de tour, un rle de maintien thmatique. Au contraire, la troisime solution qui tend au placement de la construction disloque vers la fin du tour entrane que cette dernire va tre souvent le point de dpart d'une laboration thmatique. Ainsi, dans l'exemple prcdent, la construction disloque, du fait de sa prsence en fin de tour, se voit traite comme une annonce de nouvelles. Elle conduit donc au tour suivant une topicalisation de la part de l'interlocuteur ( ah bon? ), puis dans les tours ultrieurs une srie de dveloppements thmatiques :

    (27) (=26) 1 : oui mais Lacarrire il viendra pas 2A : ah bon ? 3 : il viendra pas pourtant lui il se dplace hein 4A : ah bon 5 : mais il viendra pas parce que on tombe juste au moment mais c'est

    pas euh:: il serait venu hein sinon mais l il a dj quelque chose euh:: de c'est au moment du salon du livre

    6 A : ah d'accord 7 : et donc lui il est pris l au salon du livre sinon il serait venu enfin

    / / d'aprs ce qu'il m'a dit en tout cas

    118

  • 8A : ah oui

    En conclusion, si l'on examine la position des disloques dans la squence pour chacune des trois solutions, il semble qu'elles s'associent de manire privilgie avec le segment exprimant le dsaccord (leur emploi dans le cas de la premire solution tant neutre par rapport ce problme). Pour reprendre l'opposition entre jugement thtique et jugement catgorique formule par Brentano et Marty (Kuroda, 1973:81), on peut faire l'hypothse que la construction disloque pour les solutions 2 et 3 a pour rle de mettre en valeur la diffrence des jugements catgoriques des interlocuteurs, alors que la construction dtache pour la premire solution comme pour le type d'exemples prsent dans la section prcdente (les disloques avec reprise du prdicat) a pour rle, en particulier cause de la similitude des prdicats employs, de mettre en valeur la similitude des jugements catgoriques.

    5. La construction disloque comme marqueur de positionnement squentiel

    Nous allons examiner un autre emploi de construction disloque qui illustre une de leurs fonctions pragmatiques les plus frquentes : celle qui consiste introduire un changement de thme (par rapport au thme prcdemment tabli) ou, quand aucun thme n'a t tabli, en introduire un. Dans cet emploi, le rfrent du syntagme nominal dtach est soit donn, soit voqu, inferable ou nouveau (du fait qu'il s'agit toujours d'un syntagme nominal dfini, il ne peut s'agir d'une entit de discours entirement nouvelle), mais ne constitue pas dj le thme tabli du discours ou de la conversation. Lambrecht note que la construction disloque marque la transition d'une entit voque en une entit donne (1981:64), comme le montre l'exemple suivant, o dans le premier tour de parole, le terme les reptiles n'est pas en position sujet et ne constitue pas le thme du discours :

    (28) a (RA D A 200) 1A : c'tait un cerveau trs (petit) le dinosaure mais qui avait un:: (.) le

    rflexe de se jeter sur n'importe quoi qui bougeait comme les reptiles actuels comme les (poissons) aussi les comment dirais-je les:: (.) les crocodiles alors il a expliqu que ce cerveau des dinosaures tait

    2C : les reptiles c'est quand mme plus volu que les:: que les poissons non?

    : gure plus (28) b 2Ca : les reptiles sont quand mme plus volus que les poissons 2Cb : *ils sont plus volus que les poissons

    On notera, l encore, qu'une structure sujet-prdicat ordinaire aurait pu oprer le mme type de changement thmatique et que son emploi pr-

    119

  • sente donc, cet gard, la mme fonction pragmatique, alors que l'usage d'un pronom est dans ce contexte impossible. Ce que Lambrecht, Barnes et d'autres dsignent comme une fonction pragmatique diffrenciant les structures disloques des structures sujet-prdicat ordinaires n'apparat donc pas particulirement justifie 21. Le problme d'une telle description tient son absence de motivation car les raisons de son importance dans la conversation n'apparaissent pas 22. Il importe donc de chercher dterminer ce qui caractrise en propre, dans ce type d'emploi, la construction disloque. L'exemple (28) aide avancer dans cette direction car il montre que le rle de la construction disloque est de permettre l'interlocuteur de se repositionner par rapport au tour de parole prcdent. De plus, il prsente l'intrt de montrer que ce repositionnement concerne un aspect prcis de ce tour de parole (la comparaison entre les reptiles et les poissons) qui ne constitue pas l'orientation thmatique dominante de ce dernier. Si l'on examine l'exemple suivant :

    (29) a. (PL 7 A 350) 1 : alors bon euh:: cette terrasse y a une (quoi) y a un escalier y a un

    terrasse ou:: quelque chose qui spare euh l'escalier de la terrasse 2A : euh:: / /ben si vous voulez 3 : une balustrade / /une sorte de ? 4A : euh:: oui oui y a un escalier qui (monte) euh:: 5 : bon donc il faut enjamber faut escalader (la balustrade) ? 6A : non non 7 : faut enjamber ? 8A : non non l'escalier il est l'extrieur de la terrasse hein

    Au tour 8, le rfrent du syntagme nominal dtach qui a t introduit au tour 4 par le mme interlocuteur A est voqu au moyen de la construction y a un X qui Y. Il fait dj partie des entits conversationnelles qui sont au centre de la discussion (comme le montre le fait que a indpendamment introduit ce rfrent au tour 1). A nouveau, on constatera que le changement de thme (on passe du thme quelque chose sparant l'escalier de la terrasse au thme terrasse ) aurait t accomplie de faon identique avec une construction sujet-prdicat ordinaire :

  • l'exemple prcdent, la construction disloque accomplit un repositionnement squentiel. Dans le cas prsent, le repositionnement permet de rorienter le mouvement thmatique de la conversation par rapport cette entit.

    Ce type d'emploi de construction disloque peut souvent tre reli de manire non triviale l'organisation thmatique de la conversation. Comme nous l'avons vu plus haut la caractristique du mouvement thmatique par transition progressive est qu'il utilise l'ordre local de la conversation. Du fait de l'existence du systme de tour de parole la relation entre deux noncs adjacents est, comme l'a not Sacks, toujours problmatique car ce systme laisse ouvert qui sera le prochain locuteur et ce que ce locuteur fera de l'nonc qui a prcd. Nous avons vu plus haut (section 1) qu'en l'absence d'une marque spcifique, l'nonc qui suit immdiatement un autre nonc tend tre interprt par rapport cet nonc. Il existe des techniques squentielles qui permettent de positionner l'nonc par rapport d'autres noncs que l'nonc prcdent et de faon rcurrente, on peut noter que ces marqueurs de positionnement squentiel sont placs en dbut de tour. Prenons l'exemple suivant :

    (30) (FT7 A 626) IB : et puis ben si:: ah y a Anne-Marie qui me dit quelque chose (.) ah

    non (.) ah bon non a c'est autre cho (.) c'est autre chose tiens elle a trouv quelque chose pour Grgoire

    2A : c'est quoi? 3B : elle a trouv un habit qu'on a:: qu'on avait gard depuis trs longtemps 4A : (oui) 5 : et puis ce sera trs bien pour / /Grgoire il tait trs 6A : c'est pas bleu au moins? 7 : comment ? 8 A : c'est bleu? 9 : pourquoi ? 10C : c'est du Chanel c'est trs chic

    27A : finalement elle accepte 28 : finalement elle accepte d'accord 29A: oui

    Dans le premier et le troisime tour, une offre de cadeau pour un enfant est ralise. Le? tours de parole suivants manifestent une orientation vers le refus de l'offre. Il s'ensuit un long dveloppement thmatique (tours 11- 26 omis), qui se conclut par une acceptation aux tours 27 et 28. Au dbut de chacun de ces tours, on trouve le marqueur de positionnement squentiel finalement qui d'un ct resitue l'acceptation par rapport la squence d'offre des premiers tours de parole et de l'autre indique explicitement que l'acceptation intervient au terme de la longue ngociation conduite dans les tours de parole prcdents.

    Dans certains cas, l'emploi de constructions disloques a prcisment ce rle de marqueur positionnel et appartient ainsi la collection des dispositifs de positionnement squentiel. La dislocation du syntagme

    121

  • nominal constitue une instruction : l'nonc doit tre positionn par rapport un autre nonc appartenant un des tours de parole prcdents. Le reprage proprement dit de l'lment antrieur utilise les mmes principes qu'un nonc contenant un syntagme nominal non dtach puisque dans les deux cas il repose sur le fait qu'il s'agit d'un syntagme nominal dfini. Le positionnement de l'nonc peut tre ralis soit par rapport au tour de parole immdiatement prcdent (exemples (28), (29)), soit plus frquemment par rapport des tours de parole antrieurs, comme dans l'exemple suivant, o le syntagme nominal dtach reprend une entit voque antrieurement et la transforme en thme de la conversation :

    (31) (FT 7 A 014) 1A : alors est-ce que tu prfres l'apritif du matin ou du soir? 2C : ben si l'apritif du matin vous va parce que ce soir on a des amis qui

    viennent dner mais a dpend quelle heure vous euh (.) vous venez l'apritif?

    : on peut venir l'apritif du matin quand tu veux 4C : ben quand vous voulez ou:: l'apritif du soir moi a me va bien aussi 5A : c'est comme tu veux 6C : fe c'est euh ce comme vous voulez

    26C : et ben vous venez un th-apritif (rire) 27A : th-apritif bon 28C: hein? 29A: d'accord 30C : parce que de toute faon moi mon dner de ce soir il sera prt je fais

    un pot-au-feu donc j'aurais pas de problme et je pense pas que les gens arrivent avant sept heures sept heures et demie pis mme s'ils vous voient c'est pas grave

    L'emploi de la construction disloque comme marqueur de positionnement squentiel n'est pas restreint aux emplois de changement de thme dcrits au dbut de cette section mais vaut aussi pour les cas de reprise d'un thme conversationnel prcdent qui a t suivi par d'autres thmes conversationnels, comme dans l'exemple suivant :

    (32) (FT 2 A 193) 1 : bon ben c'est parfait donc euh tes cls sont l donc demain soir

    thoriquement on sort avec Jeanne 2A : oui 3B: pratiquement je sais pas donc euh:: si elle vient dner euh (souffle)

    euh:: je sais pas / / je pense 4A : bref tu me tiendras au courant / / hein ? c'est pas

    grave 5 : si elle vient dner tu peux venir sauf si elle nous dit qu'elle

    a des mais je vois pas ce qu'elle aurait nous dire de spcial si tu 6A : / / oui oui mais enfin non mais 7B: hein? 8A : non non non mais c'est pas/ / c'est pas un problme moi 9B: mais::

    122

  • mercredi je j'ai un dner 10 : oui 11A : et puis autrement mais on:: 12 : bon jeudi soir y a Georges et Pierre qui viennent dner (souffle) mais

    c'est tu peux venir il est en pleine forme