FICHE UVRETête de taureau

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Fiche-uvre : Tête de taureau

Tête de taureauPablo Picasso, printemps 1942, ParisÉléments originaux : selle et guidon en cuir et en métalMusée national Picasso-Paris, Dation Pablo Picasso, 1979, MP330

© Musée national Picasso-Paris / Béatrice Hatala© Succession Picasso, 2017

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Fiche-uvre : Tête de taureau

CITATION

« Ce nest pas mal hein ? ça me plaît. Voilà ce quil faudrait : je jetterais le taureau par la fenêtre. Les gosses qui jouent en bas le ramasseraient. Un gosse naurait pas de selle, pas de guidon. Il compléterait son vélo. Quand je descendrais, le taureau serait redevenu un vélo. »

Citation de Picasso in André Malraux, La Tête dobsidienne, Paris, Gallimard, 1974.

LEXIQUE 

Assemblage : uvre en 3 dimensions née de la réunion dobjets et matériaux préexistants.

Ready-made : objet manufacturé désigné comme uvre dart par la volonté dun artiste. Cest un « objet usuel promu à la dignité d'objet d'art par le simple choix de l'artiste » (André BRETON, Dictionnaire abrégé du surréalisme).

Symbole : élément (objet, image, mot, son) qui évoque un autre élément par association ou par convention. Ex : la colombe symbolise la paix.

Trophée : récompense remise au vainqueur dune épreuve. Lobjet du trophée peut revêtir une valeur symbolique et commémore la victoire

REPÈRES

Picasso, du collage à l’assemblage Dès 1912, les deux inventeurs du cubisme Pablo Picasso et Georges Braque renouvellent la peinture en y introduisant le collage. Ils sont les premiers à pratiquer cet acte révolutionnaire, consistant à intégrer dans une œuvre des matériaux non artistiques. Picasso prend très vite conscience des potentialités de cette nouvelle technique et applique sur la toile des matériaux de plus en plus volumineux, donnant naissance à une nouvelle catégorie artistique : les tableaux-reliefs. De ces œuvres hybrides, tenant à la fois de la peinture et de la sculpture, découlent les assemblages, technique essentielle de l'histoire de la sculpture moderne et de l’œuvre de Picasso qui la pratiquera jusqu'à la fin de sa vie.

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Marcel Duchamp (1887-1968) Artiste français (naturalisé américain en 1955) inventeur du ready made et proche des courants dadaïste et surréaliste. Duchamp a eu une influence majeure sur les différents courants de l'art contemporain, parfois parmi les plus radicaux, après 1945. Il est considéré comme l’un des premiers à donner le statut d’œuvre d’art à un objet composé d’éléments industriels, non issus d’un savoir-faire artistique.

DadaNé à Zurich en 1916 au Cabaret Voltaire, le mouvement Dada se caractérise par la rencontre de poètes et d’artistes en réaction aux structures culturelles désuètes du passé comprenant tous les « ismes » des XIXe et XXe siècles. Appelant à dépasser la guerre et son absurdité, Dada rappelle qu’il existe des « hommes indépendants qui vivent d’autres idéaux » (revue Cabaret Voltaire, 1916). Les dadaïstes ne croient pas en l’action politique et ne forment pas un courant structuré autour d’un chef. Son porte-parole principal, Tristan Tzara, fédère toutefois par son audace d’autres artistes dans les années 1920 à Paris (Francis Picabia, Marcel Duchamp, Man Ray…). Le mouvement s’internationalise à toute l’Europe jusqu’aux Etats-Unis et au Japon. Utilisant la provocation, le non-sens, le croisement des formes d’art et la dissolution des frontières des genres, Dada a aussi donné aux objets manufacturés la dignité d’œuvres d’art.

QUESTIONNEMENTS FACE À LUVRE

Il sagit de questionnements qui peuvent guider lobservation de luvre avec les élèves. Ces interrogations peuvent être adaptées en fonction du niveau des élèves tout en conservant leur pertinence.

- Que voyez-vous au premier regard ?

- Quels sont les objets composant luvre ?

- Quest-ce qui relève de lart dans lassemblage de deux éléments ordinaires et triviaux ?

- A-t-on besoin du contexte de création pour comprendre cette uvre ?

- Quel effet produit laccrochage de la Tête de taureau sur un mur ? Connaissez-vous dautres objets accrochés de la même façon ?

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ANALYSE

Lil peut rapidement identifier le mufle et les cornes qui justifient le titre de luvre : une tête de taureau. Telles les têtes danimaux empaillées et présentées comme des trophées de chasse, cette Tête de taureau est ici réalisée avec des matériaux dune grande simplicité : une selle de vélo en cuir ainsi quun guidon en métal. Picasso a tout simplement assemblé ces deux objets de la vie courante en les fixant avec un écrou. Lidée de Picasso était que cette « métamorphose » en taureau soit réversible et puisse à tout moment redevenir selle et guidon.

En sintéressant à la forme et à la matière des objets tout en laissant de côté leur fonction dusage initiale, il effectue une différenciation entre la valeur plastique et la valeur utilitaire de lobjet. Sa démarche appelle à porter un regard neuf sur le monde et à abandonner les conventions que la société a construites : un guidon nest guidon que si on lui donne cette fonction mais il peut représenter beaucoup dautres choses.

Le contexte de la création de lassemblage en fait également une forme dhommage. Cest en revenant des funérailles de son ami sculpteur, Julio González, que Picasso aurait trouvé les deux objets abandonnés dans une décharge Or cest ce même Julio González qui avait appris à Picasso la technique de la soudure expérimentée dès la fin des années 1920, par exemple dans les projets de sculpture en fil de fer intitulés Figure : Projet pour un monument à Apollinaire (MP264, MP265, MP266). Pour lécrivain Pierre Daix, ce décès « réveille sa responsabilité de sculpteur ».

Grâce à cet assemblage dobjets issus de lindustrie, Picasso témoigne aussi de limportance du jeu, voire de lhumour dans sa démarche. Si la Tête de taureau peut être rapprochée des ready-made de Marcel Duchamp (Roue de bicyclette, 1913), le processus relève sans doute beaucoup moins que chez Duchamp dun projet conscient et revendiqué de « remettre en cause le statut duvre dart » et de désacraliser le savoir-faire artistique. Lassemblage na pas ici de vocation esthétique formelle : il rediscute la fonction première des objets pour leur en donner une autre.

À lécrivain Michel Leiris, qui le félicitait du coup de génie de cet assemblage placé en hauteur dans son atelier, Picasso répondit : « Cela ne suffit pas. On devrait pouvoir prendre un morceau de bois comme si cétait déjà un oiseau ». Pour Picasso cétait bien le geste artistique sous-jacent à luvre qui comptait : la réalité existe en fonction de la manière dont on la regarde et dont on la pense. Lassemblage permet de réfléchir sur deux niveaux de réalité, « ce que cest » et « ce que cela représente ».

La force de cette tête provient également de lévocation dun animal emblématique de limaginaire espagnol de Picasso. Présent dans la mythologie grecque avec le Minotaure, on prête des vertus sacrées au taureau dans lunivers méditerranéen. Depuis ses débuts, Picasso utilise de façon récurrente les figures du taureau, du Minotaure ou de scènes de tauromachie. Une des revues dart surréalistes du début des années 1930 portait aussi le nom de « Minotaure ». Lextrême stylisation de lassemblage peut aussi évoquer les peintures pariétales (les grottes de Lascaux et Chauvet) ou encore certaines céramiques crétoises de lAntiquité.

In fine, la Tête de taureau peut être lue comme un assemblage artistique à la simplicité déroutante et au caractère éphémère puisque leur dissociation fait réapparaître guidon et selle. Cest dailleurs dans cet état quelle fut retrouvée après la mort de Picasso. La sculpture avait été fondue pour donner naissance à deux versions en bronze. Sans elles, il aurait été impossible de reconstituer lassemblage original.

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Pistes pédagogiques

ÉCOLE PRIMAIRE

Cycle 2 - Détourner les objets pour créer des formes nouvelles

Après avoir observé la Tête de taureau dans le musée, lenseignant peut aborder la découverte plastique en proposant de fabriquer des objets issus de la rencontre insolite dobjets trouvés. Il sagit dabord de choisir des objets de récupération (jouets usagés ou des petits objets divers), den établir les usages fonctionnels et de repérer des formes géométriques correspondantes dans un tableau avec les élèves.

Lenseignant peut proposer aux élèves dassocier librement ces objets pour leur donner des formes nouvelles autour dune thématique issue de la nature ou du bestiaire animalier. Lenseignant peut dès lors compléter sa séquence par la présentation dimages variées et de lectures complémentaires (récits mythologiques, albums, BD, films danimation, etc.) pour favoriser limagination des élèves. On peut sappuyer sur limaginaire des enfants qui, au quotidien, associent facilement des formes avec dautres (ex : un fil pour un serpent, un animal pour les nuages, etc.). La démarche peut sembler large mais elle est proche de la démarche initiale de Picasso. Lenseignant proposera un support papier pour ceux qui auraient besoin dune projection des formes à plat.

Létape la plus technique sera de trouver un élément de soudure entre les objets associés pour que lobjet tienne debout, à laide de scotch, de bande plâtrée, dun pistolet à colle, de liens de rafia ou ficelle, etc.

Mais la logique reste la même : inciter lélève à les regarder différemment et à trouver des potentialités de détournement dans une forme plastique.

COLLÈGE

Classe de 4e, Espagnol - Le taureau dans la culture espagnole

La Tête de taureau offre une porte dentrée pour aborder des aspects de la civilisation espagnole. Lenseignant sappuiera sur une variété duvres picturales (ici de Picasso) et de textes (récits de corrida en français ou en espagnol) qui montrent que le taureau est un symbole ancien des cultures méditerranéennes depuis lAntiquité.

On questionnera aussi la fonction emblématique de lobjet : pourquoi accroche-t-on une tête de taureau ? Elle fait souvent figure de trophée à lissue de la chasse ou de la corrida. Mais la tête de taureau rend aussi honneur, comme une divinité protectrice, et protège.

Lenseignant peut également étudier les variations de la figure du taureau chez Picasso en le resituant dans ses différents contextes de création : les taureaux

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de lentre-deux-guerres représentent tour à tour la force virile et glorieuse

de lEspagne et lemblème tragique de la violence de la guerre. Dans ce cadre, le rapprochement avec Guernica paraît évident (Guernica, 1937, Madrid, Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofía). On peut aussi évoquer les peintures de taureaux chez Goya et Manet.

Outre l'aspect d'étude culturelle et de civilisation hispanique, l'enseignant en profite pour faire parler les élèves en espagnol devant les différentes figures du taureau.

Cycle 4 (3e), Arts plastiques - Angles de vue sur la sculpture

On reconnaît encore mieux la tête de taureau si on la regarde de profil. La voir de côté ou par-dessous entraîne déjà un changement deffet et on comprend tout de suite lassemblage qui a été réalisé.

Cest loccasion de questionner lart sculpté et sa mise en exposition avec les élèves. En fonction de sa place dans lespace muséographique et de la possibilité de faire ou non le tour de luvre, le regard du spectateur identifiera différents aspects de luvre. Lenseignant peut proposer aux élèves de photographier ou de dessiner plusieurs sculptures des collections du musée de face, de profil et de dos. Chaque changement de point de vue entraîne ensuite une description par écrit pour lélève de leffet sur le spectateur et ce qui en est révélé : le sujet, les matériaux employés, les possibilités dinterprétation. On peut leur demander de justifier (oralement ou par écrit) un autre choix possible dexposition de luvre choisie par lélève.

Cela permet aussi de réactiver la dimension du jeu et de trouvaille liée au hasard. Car ce « vélo-taureau » réalisé en 1942, durant les années sombres de la guerre, manifeste pleinement la liberté de lartiste de se jouer des différentes dimensions du réel et des objets du quotidien au moment le plus inattendu.

Combat de taureaux, Edouard Manet, 1865Huile sur toile, 90 x 110,5 cm Paris, musée d'Orsay

© RMN-Grand Palais / Hervé Lewandowski

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Cycle 4 (5e/4e), Histoire des arts - Une sculpture dadaïste ?

Par son détournement qui sapparente au jeu le plus simple, Picasso agit dans une démarche qui nest pas sans évoquer toute une tradition dassemblages des débuts du mouvement Dada. Les enseignants darts plastiques et dhistoire pourront travailler en collaboration. Il sagit de questionner les élèves sur le sens de ces uvres et leur part de provocation dans des contextes politiques souvent très pesants, en faisant intervenir loutil chronologique comme un moyen déclairer différemment cette uvre. Lenseignant darts plastiques pourra davantage interroger les modalités concrètes de la provocation et lenseignant dhistoire travaillera le contexte des Première et Seconde Guerres mondiales.

Tout comme le mouvement Dada rejetait labsurdité de la guerre en 1916, on peut supposer que le contexte de 1942 donne un sens nouveau à luvre : elle montre la capacité de survie et de sourire chez Picasso pendant les heures les plus difficiles de lOccupation de la France par les Nazis. On retrouve nombre dassemblages et de collages animaliers chez lartiste alsacien proche de Dada, Jean Arp (1886-1966). Après la guerre, on retrouve des assemblages de même procédé chez Tomi Ungerer.

Brossier, Tomi Ungerer, avant 1980Matériaux de récupération36 x 21 x 15,5 cmCollection musée Tomi Ungerer - Centre international de lIllustration, Strasbourg

Tomi Ungerer© Musées de la Ville de Strasbourg / Mathieu Bertola

Tatou, Tomi Ungerer, s.d.Matériaux de récupération, 14 x 48 x 19 cmCollection musée Tomi Ungerer - Centre international de lIllustration, Strasbourg

Tomi Ungerer© Musées de la Ville de Strasbourg / Mathieu Bertola

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LYCÉE

Histoire des arts - Un symbole des surréalistes ?

La Tête de Taureau peut servir à étudier le symbole du taureau dans les arts, en particulier dans lentre-deux-guerres. Il sagira surtout ici de travailler le rapport dialectique voire conflictuel entre la théorie critique et la pratique concrète dun artiste. Lobjet Tête de taureau constitue en effet un point dentrée pour aborder les rapports complexes entretenus entre le courant surréaliste et luvre de Picasso.

La photographie de lassemblage Tête de taureau est parue dans un texte surréaliste de 1942, intitulé La Conquête du monde par limage. Cela témoigne de linfluence de Picasso dans les textes théoriques et critiques du groupe des surréalistes, qui a souvent essayé de sattacher le nom de Picasso bien que ce dernier ait gardé ses distances vis-à-vis deux.

Lenseignant peut utiliser des textes critiques sur le surréalisme pour établir la parenté entre Breton, Éluard et Picasso, qui a participé à de nombreuses reprises, par le biais de la figure du taureau ou du Minotaure, à plusieurs revues surréalistes. En 1933, Picasso a ainsi composé la couverture du premier numéro de la revue Minotaure et le Minotaure mythologique devient un motif récurrent du travail de Picasso dans les années 1930 (Minotauromachie par exemple, MP2733).

Pourtant lassemblage de 1942 est un travail plastique qui ne se rattache pas uniquement aux théories surréalistes. La Tête de taureau est en effet bien plus quun sujet décoratif ou littéraire : cest une uvre qui témoigne dun nouveau regard sur la conception utilitaire de la réalité admise dans la société. Les objets sont détournés de la fonction dans laquelle la société les a confinés et sont envisagés pour leurs qualités plastiques.

Dès lors, cest moins la référence onirique qui compte que lopération plastique de transformation dun objet, que lenseignant peut aisément faire découvrir aux élèves. Or, cest précisément ce qui a gêné les surréalistes, surtout André Breton. Si ce dernier avait manifesté son admiration pour Picasso dans plusieurs textes critiques de lentre-deux-guerres, la rupture politique et esthétique saccentua dans les années 1940. Pour Breton, « ce qui a durablement fait obstacle à une plus complète unification de ses vues et des nôtres réside dans son indéfectible attachement au monde extérieur (de lobjet) et à la cécité que cette disposition entretient sur le plan onirique et imaginaire ». Lobjet Tête de taureau montre à quel point lartiste échappe à la classification et à lévidence dun discours qui norme les réalités.

Terminale, Philosophie - De lartisanat à luvre dart

Il sagit de montrer que la plus haute dimension artistique peut être atteinte par le bricolage, tout en se distinguant du travail de lartisan. Si Picasso emploie parfois des techniques artisanales et sadjoint même laide dartisans spécialisés comme Julio González ou latelier de fonderie Valsuani pour le travail de fonte après la guerre, il reste maître de toute la démarche de création artistique. Plus tard, dans les années 1960, ses rencontres avec lentrepreneur Lionel Prejger

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ou Joseph-Marius Tiola (1902-1986, maître forgeron, soudeur et designer) lui ont permis de trouver des solutions plastiques pour les transpositions en tôle pliée et tubes métalliques entre 1957 et 1965, avec la Femme aux bras écartés (MP360) par exemple. Mais ces artisans et entrepreneurs lui servent toujours à trouver des solutions concrètes pour sa recherche artistique personnelle.

Dans le domaine de la sculpture, Picasso « bricole » constamment au sens du concept théorisé et utilisé par Lévi-Strauss.

Lenseignant peut donc lier la Tête de taureau avec luvre de Lévi-Strauss afin dinterroger le statut de lart par le biais de la notion de bricolage. Il sagit détudier larticulation concrète entre la première expérience matérielle dobjets trouvés dans une décharge, et le statut artistique que leur confère le geste facétieux de Picasso, sans quil sagisse dun résultat aussi intellectualisé que chez Marcel Duchamp (voir plus haut).

Luvre de Picasso sert ainsi dillustration en contrepoint du texte étudié en classe ou de référence à décliner dans le commentaire analytique du texte auquel les élèves sont confrontés pour un commentaire de texte :

« Le bricoleur est apte à exécuter un grand nombre de tâche diversifiées ; mais, à la différence de lingénieur, il ne subordonne pas chacune delles à lobtention de matières premières et doutils, conçus et procurés à la mesure de son projet : son univers instrumental est clos, et la règle de son enjeu est de toujours sarranger avec les « moyens du bord », cest-à-dire un ensemble à chaque instant fini doutils et de matériaux, hétéroclites au surplus, parce que la composition de lensemble nest pas en rapport avec le projet du moment, ni dailleurs avec aucun projet particulier, mais est le résultat contingent de toutes les occasions qui se sont présentées de renouveler ou denrichir le stock, ou de lentretenir avec les résidus de constructions et de destructions antérieures. Lensemble des moyens du bricoleur nest donc pas définissable par un projet (ce qui supposerait dailleurs, comme chez lingénieur, lexistence dautant densembles instrumentaux que de genres de projets, au moins en théorie); il se définit seulement par son instrumentalité, autrement dit et pour employer le langage même du bricoleur, parce que les éléments sont recueillis ou conservés en vertu du principe que « ça peut toujours servir ». De tels éléments sont donc à demi particularisés : suffisamment pour que le bricoleur nait pas besoin de léquipement et du savoir de tous les corps détat mais pas assez pour que chaque élément soit astreint à un emploi précis et déterminé. Chaque élément représente un ensemble de relations, à la fois concrètes et virtuelles ; ce sont des opérateurs, mais utilisables en vue dopérations quelconques au sein dun type ».

Claude Lévi-Strauss, La Pensée sauvage, Paris, Editions Plon, 1960, p. 27

En complément, lenseignant peut consulter le dossier pédagogique de lexposition « Picasso. Sculptures ».

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ŒUVRES ASSOCIÉES

D’autres têtes de taureau de Picasso, conservées au Musée national Picasso-Paris - Tête de taureau, 1931, Boisgeloup, bronze, MP296 - Tête de taureau, été 1955, Nice, encres feutre sur papier journal vélin vierge

anciennement monté sur châssis, MP1983-40

Quelques minotaures de Picasso, conservés au Musée national Picasso-Paris - Minotaure au javelot, 25 janvier 1934, Paris, encre de Chine sur contreplaqué,

MP146 - Minotauromachie, 23 mars 1935, Paris, estampe, eau-forte, grattoir et burin

sur cuivre. VIIe état. Épreuve sur papier vergé de Montval, après l'aciérage de la planche, tirée en couleurs à la poupée par Lacourière, MP2733

- Minotaure et jument morte devant une grotte face à une jeune fille au voile, 6 mai 1936, Juan-les-Pins, gouache, plume, encre de Chine et incisions sur papier à dessin vélin d'Arches, MP1163

D’autres formes d’assemblage de Picasso, conservés au Musée national Picasso-Paris - Tête de femme, 1929-1930, Paris, fer, tôle, ressorts et passoires peints, MP270- Tête d’homme, 1930, Paris, fer, laiton et bronze, MP269- La Femme à l’orange (ou La Femme à la pomme), 1934-1943, Boisgeloup,

bronze, MP327

Quelques ready-made de Duchamp : - Roue de bicyclette (6e version du ready-made perdu de 1913), 1913-1964, métal

et bois peint, Centre Pompidou – Musée national d’art moderne- Fontaine (Urinoir), réplique de 1964 (à partir du modèle original perdu de 1917),

Centre Pompidou – Musée national d’art moderne

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À LIRE

Sur l’œuvre de Picasso– BALDASSARI, Anne (dir.), La collection du Musée national Picasso-Paris,

Paris, Flammarion, 2014 – BOUVARD, Emilie (dir.), Chefs-d’œuvre du Musée Picasso-Paris, Coédition

Musée national Picasso-Paris/Artlys, 2016 – BOUVARD, Emilie (dir.), ¡ Picasso ! , Paris, Coédition Réunion des Musées

Nationaux Grand Palais/Musée national Picasso-Paris, 2015 – DAGEN, Philippe, Picasso, Paris, Hazan, 2008 – DAIX, Pierre, La vie de peintre de Pablo Picasso, Paris, Éditions du Seuil, 1977 – DAIX, Pierre, Le nouveau Dictionnaire Picasso, Paris, Robert Laffont, 2012,

Collection « Bouquins » – LEAL, Brigitte, Pablo Picasso, 1881-1973, Paris, Éditions du Centre

Pompidou, 2011 – PENROSE, Roland, La vie et l’œuvre de Picasso, Paris, Éditions Bernard

Grasset, 1961 – SECKEL, Hélène, BALDASSARI, Anne, DUPUIS-LABBÉ, Dominique,-

GIRAUDON, Colette, LEAL, Brigitte, L’ABCdaire de Picasso, Paris, RMN-Flammarion, 1996

À utiliser autour de la Tête de taureau- BRETON André, « Picasso dans son élément », dans Minotaure, n° 1, 1933,

p. 4-22- PERDRISOT Virginie (dir.), Picasso. Sculptures, Editions Somogy et Musée

national Picasso-Paris, Bruxelles, Palais des Beaux-Arts, 2016- WARNOD André, « En peinture tout n’est que signe, nous dit Picasso »,

dans Arts, n° 22, Paris, 29 juin 1945

JUILLET 2017

Fiche réalisée avec le concours de Olivier Verhaegen, professeur-relais de l'Académie de Créteil

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