de la Compagnie de Jésus

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Echos de la Compagnie de Jésus Province Belge méridionale et du Luxembourg • P 402014 • Trimestriel • N o 1 • janvier – mars 2013 • Bureau de dépôt: Namur 1 • Ed. resp.: Pierre Hupez, s.j., Rue Fauchille, 6, 1150 Bruxelles •

Transcript of de la Compagnie de Jésus

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Echosde la Compagnie de Jésus

Province Belge méridionale et du Luxembourg

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• N o 1 • J A N V I E R – M A R S 2 0 1 3 •

EditoFranck Janin, s.j.

Belgique méridionale & Luxembourg90 jours dans la Province, Roland Francart, s.j.

Nos défuntsL’apostolat de la jeunesse. Une session retraite des 1950 +

ierry Monfils, s.j.

50 ans du Conseil de la Jeunesse catholiqueFrançois Philips, s.j.

Initiatives& EvénementsRivEspérance Namur 2012, Charles Delhez, s.j.

Congrégation des Procureurs, Bernard Peeters, s.j.Orbites de prière, Pierre Ferrière, s.j.

Vie & PartenariatLa rubrique des éditions Fidélité, Jean Hanotte

La raison du corps, Xavier Dijon, s.j.

La Compagnie en Europe et dans le MondeRadio Vatican. Vingt-huit ans de service, Claude Robinet s.j.

Secteur social européen, Philippe Marbaix, s.j.1re Amérindienne canonisée. Kateri Tekakwitha,

Roland Francart, s.j.

Le fameux « mois Arrupe » ! Albert Evrard, s.j.

Nota bene

Le billet d’humeurRobert Myle, s.j.

Le dossierLe JRS Belgium

Sommaire

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Editorial

Echos • no 1 • janvier – mars 2013 •

Une année nouvelle est toujours l’occasion de jeter un regard enarrière pour évaluer le chemin parcouru, ses avancées et ses

reculs, et alors, d’envisager l’à-venir avec le goût d’ajouter de la vie àla vie, de faire « mieux ». Relire sa vie — sous le regard de Dieu —afin d’en prendre la juste et bonne mesure ; et puis regarder en avant,pour choisir ce qui nous fera grandir, nous, les autres, le monde, vers« davantage » (Magis) de vie, de justice, d’amour, voilà qui fait typi-quement partie de la voie tracée par Saint Ignace de Loyola.

Le mot « davantage », évoque celui de la croissance. Mot qui, dansl’atmosphère de tourmente économique, fait aussitôt penser à la re-lance de la production et donc à celle d’une consommation effrénée.Croître fait partie du dynamisme humain. Mais l’aspiration qui iciet là s’impose peu à peu à nos consciences est celle d’un croître « au-trement ». Pour que notre année s’épanouisse à sa pleine dimension,nous pourrions retrouver et développer en nous une dimension quiest la terre nourricière de toute parole et de toute action de réelle en-vergure : celle du silence.

Nous avons tous besoin d’un endroit en nous-mêmes où il n’yait pas de bruit, où la voix de l’Esprit de Dieu peut nous parler, avecdouceur et aménité, et guider notre discernement. C’est vrai : nousavons besoin de la capacité à devenir nous-mêmes silence, espacevide et ouvert que la Parole de Dieu peut remplir et que l’Espritde Dieu peut enflammer pour le bien d’autrui et de l’Eglise.

Adolfo Nicolás, Supérieur général de la Compagnie de Jésus

Pour recueillir tout ce que l’année écoulée nous a offert et pourmieux vivre encore celle qui vient, puissions-nous devenir davantagesilence. Et de cet « endroit en nous-mêmes » où Dieu demeure, en-tendre sa Parole cordiale et nous laisser guider par son Esprit de dis-cernement et de feu.

? Franck Janin s.j.Provincial des jésuites de Belgique méridionale et du Luxembourg

Devenir silence

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Chaque année, le 31 novembre, la Com-pagnie célèbre la fête de saint Alphon-

se Rodriguez, frère jésuite espagnol, patronde tous les frères jésuites. La tradition veutque ce jour-là les Frères de la Province se ras-semblent. La maison Saint-Michel les a ac-cueillis pour l’occasion. Sur les quinze Frèresde la Province, répartis en sept communautés,dix étaient présents : un de Namur, un deBruxelles, trois de La Colombière, un d’Ixelles,trois de Saint-Michel et un de Wépion. Eu-charistie présidée par le Supérieur de la Mai-son Saint-Michel, un apéritif festif, un repasdélicieux, un café digne de ce nom. Ces ren-contres sont heureuses, car nous nous con -naissons trop peu entre communautés. Per-sonne n’a fait de discours, mais tous célé-braient une rencontre simple dans la joie.

Toujours à la Maison Saint-Michel, Quen-tin Coppieters ’t Wallant, né à Bruges en 1978,a prononcé ses premiers vœux, le 10 novembre2012, après deux ans de noviciat à Lyon. Il estle benjamin d’une famille de quatre enfants(deux frères et une sœur). Après ses étudessecondaires à Sint-Jan Berchmanscollege etau collège Saint-Boniface de Bruxelles, il apoursuivi des études de droit à Saint-Louis, àl’UCL et d’économie à la KUL. Sa formationde juriste s’est complétée par un DES en droiteuropéen à l’ULB. Ce parcours l’a conduit àfaire un stage à la Commission européennequi, à son tour, l’a mené vers un poste d’assis-

tant et de chercheur à l’Université de Namur.Il a également entamé une carrière d’avocatau barreau de Bruxelles. Il étudie actuellementen premier cycle intégré de philosophie et dethéologie au Centre Sèvres de Paris.

La maison Saint-Ignace à Ixelles, a accueilliles 24 et 25 novembre 2012 la communautéde Lille-Montebello (bienheureux PierreFavre). Au menu, présentation mutuelle dechacun et des institutions liées aux deux com-munautés, projets communautaires, visites àla Grand-Place, au Centre belge de la BD, auBois de la Cambre, eucharistie du samedi soirdans la chapelle du 2e et choix pour celle dudimanche à la cathédrale (bilingue) à la VialeEurope (monolingue) ou place du Jeu de Balle(hispanophone). Repas festifs, bières, fro-mages et chocolats belges, c’était la fête de larencontre, prélude au rapprochement desdeux Provinces. A ce sujet, chacun a aussi ex-

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90 joursdans la Province

Vœux de Quentin Coppieters

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primé ses espoirs et ses craintes !L’assemblée statutaire de la section belge

francophone de l’Association européenne desthéologiens catholique (AETC) du 1er dé-cembre 2012 a élu le Père André Fossion com-me nouveau président de la section. Le nou-veau Conseil est constitué par DominiqueCollin, Alain Godet, Marie-Hélène Lavianne,Olivier Riaudel et Paul Scolas.

A Saint-Ignace, c’est le Père Etienne Braunqui remplace, comme économe, le Frère Jean-Pierre Scailquin, décédé début décembre.

A la communau-té Hurtado, à An-derlecht, un nou-veau membre, lePère Philippe Lan-denne, est collabo-rateur au Jesuit Eu-ropean Social Cen-ter (JESC, ancien-nement OCIPE).

Le 1er février lescommunautés jé-suites de Bruxellesdes deux provinces belges et de l’Europe ainsique celle de Louvain-la-Neuve se sont ras-semblées à la maison Saint-Michel, pour leurrencontre annuelle. Après une prière com-mune, ils ont partagé le repas du soir.

Les 8, 9 et 10 février derniers les supérieursdes provinces de France et de BML ont par-ticipé à une session de formation au Châtelard,près de Lyon. Cette rencontre se situait dansle prolongement de deux autres. La premièreavait eu lieu voici dix ans dans les mêmes lieux.La seconde avait été organisée à La Pairelle en2011 où il avait été décidé d’organiser une tellerencontre tous les deux ans.

? Roland Francart, s.j.

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LE SEIGNEUR A ACCUEILLI DANS SA PAIX

Le Père Paul Lebeau, s.j. de la communauté�

Saint-Claude La Colombière à Woluwe-Saint-Pierre, né le 16 décembre 1925 à Couillet (Char-leroi), est décédé le 13 novembre 2012. Il étaitentré dans la Compagnie le 9 août 1943 et avaitété ordonné prêtre le 23 juin 1957.Le Frère Jean-Pierre Scailquin, s.j., de la com-�

munauté Saint-Ignace à Ixelles, né le 18 février1942 à Mons, est décédé le 9 décembre 2012 àEtterbeek. Il était entré dans la Compagnie le13 avril 1963 et avait prononcé ses derniersvœux le 5 mars 1977.Le Père Jean Mottet, s.j., de la communauté du�

Christ-Roi à Luxembourg, né le 24 avril 1933 àFronville, est décédé le 25 décembre 2012 à Ar-lon. Il était entré dans la Compagnie le 14 sep-tembre 1951, et avait été ordonné prêtre le 6août 1964.Le Père Paul Smolders, s.j., de la communauté�

Saint-Claude La Colombière à Woluwe-Saint-Pierre, né le 29 septembre 1938 à Bruxelles, estdécédé le 24 janvier 2013. Il était entré dans laCompagnie le 4 octobre 1978 et avait été or-donné prêtre le 25 juin 1983.

Mme Françoise Wargnies-Guiot, décédée le 24�

octobre 2012, maman du P. Philippe Wargnies.Mme Isabelle Servais-Richard, décédée le 15 no-�

vembre 2012, belle-sœur du P. Emmanuel Ser-vais.Mr Louis Erpicum, décédé le 2 décembre 2012,�

frère du Père Richard Erpicum.Mr Marcel Vandeputte, décédé le 9 décembre�

2012, papa du Père Etienne Vandeputte.Mme Marthe Swaelus-Erpicum, décédée le 24�

décembre 2012, sœur du Père Richard Erpicum.Mr François Jacques, décédé le 30 juillet 12012,�

neveu du Père Xavier Jacques.

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Père Philippe Landenne

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Les jésuites de Belgique méridionale et du Luxembourg (BML) nés après 1950 se

sont réunis fin décembre 2012 à La Pairellepour un discernement sur l’apostolat de lajeunesse : que demande le Seigneur à la Com-pagnie en BML à l’égard des jeunes ? Ce futune belle session retraite pour nous qui avonsdonné nos vies au Christ pour annoncer sonsalut : Jésus a vu la faim des jeunes et il est enPersonne le vrai Pain, le trésor dont les jeunesont vraiment besoin. Ces jours ont été des re-trouvailles, dans la joie de prier ensemble, denous entendre.

Parfois des obstacles nous découragent ;dans l’esprit de Noël, nous nous sommes ré-jouis de ce qui est là déjà, même si c’est petit.Nous avons rendu grâces dans la joie de va-loriser les actions les uns des autres. Servir lesjeunes est souvent une joie ; car ils nous com-muniquent l’espérance et la légèreté, le dyna-misme, la gratuité et le sens de la fête auxquelsils aspirent. À travers les jeunes, cette joie nousvient du Seigneur.

Perplexes ou enthousiastes, heureux ou fa-tigués, les 1950 +forment un groupe d’hommessouvent présents aux frontières, très différentspeut-être, mais nous avons été réunis par leChrist et c’est lui, Jésus, notre unité. Notre unitépeut être significative aux yeux des jeunes : poureux, souvent, la famille est un lieu de souffrance ;et s’ils voient que le Christ peut faire l’unité d’un

groupe d’hommes aussi divers, ce peut être unesource d’espérance. Nos initiatives ou nos ac-tions ne sont-elles pas quelquefois reconnuespar les jeunes comme une seconde famille ?Aussi avons-nous perçu l’importance de tra-vailler davantage ensemble, en « amis dans leSeigneur » ; nous comprenons mieux l’appel deJésus à communiquer davantage entre nous etautour de nous.

Nous avons perçu l’importance d’être réel-lement disponibles aux jeunes, de ne pas êtretout le temps pressés, d’avoir du temps gratuitpour simplement être avec eux quand l’occa-sion s’en présente. Dans les liturgies aussi, youvrir des temps, des espaces de liberté, per-mettant aux jeunes de parler à Dieu et de luidire tout ce qu’ils veulent : leurs joies et leursplaintes, leurs espérances et leurs éventuelsgriefs.

Parmi les chantiers encore à poursuivre,l’option préférentielle pour les pauvres, quiest facteur de renouvellement. Comme à tra-vers ce cri d’une jeune d’un collège qui expri-mait comme la culture véhiculée par l’institutd’éducation était en décalage par rapport àson vécu : se dépréciant complètement, elleconcluait « de toute façon je ne réussirai ja-mais ! » La charité de l’Évangile appelle la pé-dagogie à porter son attention avant tout surles jeunes les plus défavorisés. Jésus a le cœurbrisé devant les jeunes éperdus, en soif d’être

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L’apostolatde la jeunesseUne session retraite des 1950+

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compris ; il nous stimule à leur faire confiance,ce qui contribue à les « faire exister ». Lesjeunes attendent d’être écoutés mais aussi sti-mulés : « Plus est en toi ». Nous leur parta-geons notre découverte de Jésus sauveur et lesaidons à discerner Son projet sur eux : ce seraun bonheur pour eux d’être avec Jésus et d’êtreenvoyés par lui pour embellir le monde ; luiles guérit et leur pardonne, toujours bien-

veillant à leur égard. L’apostolat de la jeunessene consiste-t-il pas finalement à dire auxjeunes et leur montrer comme religieux etprêtres que le Seigneur les aime vraiment etquoi qu’il arrive ? Que Dieu nous donne lapersévérance de les accompagner sur le che-min de ces découvertes.

? ierry Monfils, s.j.

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Le samedi 17 novembre dernier, dans les locaux de la faculté de Médecine de

Namur, plus de deux cents personnes se sontrassemblées pour fêter les cinquante ans duCJC (1962-2012). Parmi les invités du mondepolitique, on pouvait voir Georges Gilkinet,Député fédéral Ecolo et lui-même ancien Se-crétaire général du CJC ; Bernard Mathieu,coordinateur de la Cellule jeunesse du minis-tère d’Evelyne Huytebroeck, ministre de laFédération Wallonie-Bruxelles en charge dela Jeunesse ; Marc Elsen, député et chef degroupe CDH à la FWB ; Mathieu Daele, dé-puté Ecolo à la FWB ; une représentante ducabinet CDH de Mr Lutgen. Baudouin Char-pentier, vicaire épiscopal à Liège, était présenten tant que délégué de la conférence épisco-pale auprès du CJC ; Claire Jonard, coordina-trice de la Liaison des pastorales des jeunes(LPJ) des différents diocèses, préside chaquetrimestre une rencontre CJC-LPJ. Les repré-sentants actuels de la quinzaine d’Organisa-tions de jeunesse (OJ) membres étaient nom-breux et accompagnés d’animateurs des ré-gionales de Namur ou parfois de très ancienscomme ces quelques Jocistes ! La présenced’une série d’anciens responsables du CJC,conseillers théologiques, présidents et secré-taires généraux permettait de mettre un visagesur des noms prestigieux entendus maintesfois : José Reding qui succéda à Jacques Vallery,ierry Tilquin ; Carl Vandoorne, Jean-Fran-çois Heynen, Daniel erasse, Jean-ClaudeSchingtienne ; Bernard Quinet, Stephan Gra-

wez, Frédéric Possemiers, Brice Many…L’équipe actuelle des permanents du CJC,forte de dix-neuf membres, avait tout mis enœuvre pour une rencontre vivante et variéedans des locaux aménagés aux couleurs mul-tiples des différentes associations de Jeunesse :accueil et speedmeeting sur les Options fon-damentales du CJC ; drink et discours officielsdu président actuel, Laurent Jauniaux, et dusecrétaire général, Julien Bunckens, qui in-troduisit la signature symbolique par chaqueOJ de la Charte Rapport aux membres ; wal-king dinner de qualité permettant de rencon-trer encore d’autres participants ; concert deCanal’do, un groupe d’anciens ingénieurs deLouvain-la-Neuve, passionnés de musique,chantant a capella des titres anglais et françaisrevisités avec talent et humour : un bon mo-ment !

« Le CJC assume ses origines catholiquescar cela fait partie de ses racines et de son hé-ritage : savoir d’où l’on vient permet de se po-sitionner correctement. Conserver une iden-tité chrétienne, sans l’imposer, permet ausside laisser de la place à chaque Organisationde Jeunesse pour vivre et pour développer saspécificité.

» Car le CJC se définit principalement parune construction collective permanente avecses membres, qui constituent son AssembléeGénérale qui se réunit tous les deux mois.Mais la collaboration est quotidienne pourconstruire l’action du CJC. » Je peux témoi-gner que toutes les instances auxquelles je par-

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50 ans du Conseil dela Jeunesse catholique

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ticipe régulièrement (bureau, CA, AG, cellulepolitique), sont des exemples d’écoute et devraie démocratie.

Certaines associations de jeunesse sont plusmilitantes, comme la JOC et les Jeunes CSC ;d’autres veillent davantage au développementde l’intériorité, comme le Réseau jeunesseignatien, nouveau membre à part entière de-puis septembre. Je souligne que les deux sontcomplémentaires, non exclusifs : solidarité etintériorité constituent deux pôles essentielsde la personne humaine et de la foi vécue.

Le CJC est soutenu et encouragé par lesévêques. Mais j’insiste aussi sur le fait qu’ils’agit d’abord de faire Eglise là où nous vivonset agissons. Constituer une véritable commu-

nauté, en référence à l’Evangile et à l’exemplede Jésus de Nazareth, est plus important quede passer notre temps à déplorer les défautsde l’institution. Pareille attitude peut parfoisêtre dérangeante ; à la sortie de la fête, on pou-vait recevoir, outre le fascicule retraçant l’his-toire du CJC, un pot d’épices muni de l’éti-quette : « Cinquante ans et toujours aussi pi-quant ! »

? François Philips, s.j.Conseiller théologique du CJC

Voir www.cjc.be

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L’espérance avait déjà pointé son nez lors de l’embarcation, il y a dix-huit mois…

Nous étions six à vouloir cingler vers la Riv -Espérance. Travailler ensemble, c’est déjà vivrele monde de demain. L’initiative née dans lesecret de quelques cœurs a vite suscité l’en-thousiasme de beaucoup. Que de petitesmains et de grandes voix pour nous rejoindre !Notre monde a besoin de prophètes. Tel estle message de la Bible qui fait, non pas des rois,mais des prophètes, les véritables acteurs del’histoire. Quelques échos de RivEspérance2012, comme si vous y étiez. Et merci à l’Uni-versité de Namur et à l’Institut Sainte-Ursuled’avoir mis à notre disposition leurs magni-fiques locaux.

Le soleil n’explique certainement pas le suc-cès de RivEspérance 2012, le « forum citoyenet chrétien » de Namur, initié par RiveDieu.Mais la pluie du matin n’a pas arrêté le pèlerin,celle de l’après-midi non plus ! Ce n’était doncpas une horde de vacanciers, mais près de deuxmille pèlerins du monde de demain qui se sontcroisés et recroisés dans Namur ces 2, 3 et 4novembre. Ils venaient chercher du souffle et,manifestement, ils en ont trouvé. L’optimismeet la joie étaient palpables. « J’avais l’impressionque Namur était devenue une ville chrétienne.Tout le monde se saluait. Le sourire éclairaittous les visages », témoigne une participante.

De quoi s’agissait-il ? De regarder le mondeactuel, tel qu’il évolue et se cherche, non pourle condamner, mais pour l’aider à accoucherde son propre avenir. Et chacun sait que le

monde de demain, c’est au plus profond dechacun qu’il germe. « Sois le changement quetu veux voir dans le monde », disait Gandhi.Les six grandes conférences ont donné uneimpulsion étonnante. Écouter ensemble, c’esttout autre que de lire chacun dans son coin !Le samedi après-midi, plus de cinquante ate-liers de réflexion — prison, démocratie, éco-nomie, famille, pauvreté, sens et foi, intériorité,solidarité internationale… — et d’expressionartistique permettaient à chacun de trouversa place dans la construction d’une culturenouvelle. Beaucoup s’est aussi passé dans desrencontres informelles où chacun pouvaitpartager ses « rêves éveillés », ainsi qu’Aristotenomme l’espérance.

Il ne faudrait pas oublier les trois temps deprière dans le cadre intériorisant de Saint-Loup, ni les animations pour les enfants detous âges. Le concert spirituel du samedi soir,composé par le violoncelliste et chef d’or-chestre Jean-Paul Dessy, mérite une mentionspéciale. Le Veni Sancte Spiritus, chanté partous au début et à la fin du concert, ouvrait unespace de prière qui traversait les siècles et lesgenres musicaux. Le Salve Regina apportaitune note monacale. Le silence ainsi créé endisait long.

Les petits bonshommesoranges

Ce genre d’événement n’attire pas néces-sairement la jeune génération. Pourtant, ils

Initiatives & Evénements

RivEspéranceNamur 2012

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étaient nombreux à s’être mis à son service,comme hôtesses, gardiens de parking, modé-rateurs d’atelier, animateurs du jeu de ville,tenanciers du « bar texan » où les 25-35 anspouvaient refaire le monde… Habillés dusweat orange, ils donnaient des couleurs à laville assombrie par les nuages.

Tous les participants de ces quarante-huitheures étaient habités par une même attente.Chacun la traduit différemment et s’y attelleselon ses dons et sa sensibilité, là où il est. D’oùl’intérêt de ce grand forum pour se soutenirmutuellement. L’avenir appartiendra à ceuxqui sauront faire équipe. Telle est l’heureuseexpérience vécue tant entre les participantsque parmi les cent cinquante bénévoles.

Lors de la célébration d’envoi dans la ca-thédrale, une pasteure protestante, une dizainede laïcs — dont un aveugle et une enfant dedouze ans — et deux prêtres ont présidé l’as-semblée. « L’Eglise, c’est nous », a-t-on pu sou-

vent entendre dans les conférences. Le mes-sage final invitait à l’audace : « Allons, c’estmaintenant que cela commence. Osonsl’Évangile dans notre milieu de vie, dans notrefamille, osons nous ouvrir à l’inattendu, aurisque d’une autre vie. » Le monde de demain,en effet, sera ce que nous en faisons aujour-d’hui, ensemble !

Vers « RivEspérance.2 »Une nouvelle édition est déjà réclamée.

Peut-on ne pas l’envisager ? Il est manifesteque, pour les participants, cette rencontre arépondu à un besoin. Mais il y a aussi les non-participants. Ceux qui étaient partis ailleurs— la Toussaint est un heureux moment fami-lial — ceux qui n’étaient pas au courant, malgrétous les efforts de communication. Et ceuxqui ne se sont pas sentis concernés. Ici, il fau-drait préciser : pas encore. La jeune générationn’est pas suffisamment rejointe. Il faut sansdoute lui donner plus de place dans la concep-tion et l’organisation de la rencontre pourqu’elle réponde présent. Il y a aussi ceux etcelles du « parvis », qui ont quitté l’institutionsur la pointe des pieds, mais sans abandonnerle désir de s’investir dans la construction d’unenouvelle civilisation, celle de l’amour aux cou-leurs d’Evangile. Il y a de nombreuses forcesvives dans notre société, mais il faut peut-êtreles réveiller. Nous nous donnons dès lors deuxans pour remettre cela et surtout pour prépa-rer une nouvelle version : « RivEspérance.2 ».L’avenir est chose trop importante pour qu’onpuisse le négliger. En attendant, il y a déjà desgraines qui germent. Ne les écrasons pas !

? Charles Delhez s.j.

Initiatives & Evénements

9Echos • no 1 • janvier – mars 2013 •

Messe d’envoi (cathédrale de Namur)

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Le Père Stany Simon interroge ici le Père BernardPeeters, délégué de la Province belge méridio-nale et Luxembourg à Nairobi, Kenya, en juillet2012.

Combien étiez-vous ?La Congrégation des Procureurs se com-

pose d’un délégué élu par province, du PèreGénéral et des conseillers généraux. En toutcela faisait un groupe de nonante-six jésuites.

Pourquoi s’être réunis à Nairobi ?La décision de se réunir à Nairobi est une

grande nouveauté. En dehors de la dernièrecongrégation qui s’était réunie à Loyola, jamaiselle n’avait été réunie en dehors d’Italie. Lemotif de ce choix est double. Tout d’abord,dans son gouvernement de la Compagnie, leP. Adolfo Nicolas, dans laligne de la 35e Congréga-tion Générale, souhaite quetout ne parte pas de Rome.C’est une politique qui ar-ticule union et diversité.L’inculturation dans les dif-férentes cultures est alorsmise au service de la mis-sion universelle de la Com-pagnie.

Ensuite, toujours dans lalignée de la Congrégation

Générale, le choix de Nairobi répond à lapréférence apostolique accordée à l’Afriqueet Madagascar.

D’une manière imagée, le Père Nicolas sou-lignait que les dimensions de Jésus, chemin,vérité et vie pouvaient être associées à diffé-rentes régions du monde : l’Asie et le chemin ;l’Occident et la vérité ; et enfin l’Afrique et lavie. Et c’est impressionnant de voir la vie quisurgit ou resurgit dans les lieux les plus im-probables, marqués par des conditions ex-trêmes.

Comment se développe la Compagnie selonles régions du monde et quelles sont les prio-rités apostoliques des différentes régions ?

Quand on regarde l’évolution démogra-phique de la Compagnie, il est frappant de

Initiatives & Evénements

Congrégationdes ProcureursNairobi, juillet 2012

10 Echos • no 1 • janvier – mars 2013 •

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voir que 50 % des jésuites enformation se trouvent enAsie et particulièrement enInde. L’Afrique elle se carac-térise par le plus grand ratiojésuites en formation sur jé-suites formés, soit 44 %.Cela signifie que les pro-vinces en croissance ont unbesoin aigu de formateurs.

En ce qui concerne lespriorités apostoliques, lesdifférentes conférences deprovinciaux, ont été invitéesà repérer leurs « Frontières », leurs lieux dedéfis. Ainsi l’Afrique a identifié la jeunesse, lapaix et la réconciliation, et les changementsculturels. Du côté de l’Asie ce sont les questionsd’écologie, les populations déplacées et lesmigrants et le communalisme qui ont émergé.En Europe on repère l’évangélisation d’unesociété sécularisée et le dialogue interreligieuxen particulier avec l’Islam. L’Amérique latinequant à elle a retenu la jeunesse, les exclus etle dialogue entre foi et culture, tandis que lesEtats-Unis ont pointé l’évangélisation de ceuxqui ont quitté l’Eglise, les migrants et les jé-suites âgés. Ces frontières identifiées devrontcolorer les trois dimensions de toute mission :foi, justice et collaboration.

Quelles sont les demandes ou attentes du P.Général à toute la Compagnie ?

De manière assez constante depuis sonélection il y a quatre ans, le P. Adolfo Nicolasinsiste sur la profondeur. Profondeur de notreécoute de Dieu dans une prière silencieuse,mais aussi de nos enracinements, de notre en-fouissement dans la recherche intellectuelle.

La deuxième demande est celle d’une vé-ritable créativité qui puisse faire émerger unnouveau visage de la vie religieuse. Ainsi, la

démarche des Exercices spirituels ne peut enrester à l’apport d’un bien-être, mais doit pro-duire une réelle transformation à travers undiscernement qui aboutit à des décisions.

En ce qui concerne la mission et le gouver-nement, des collaborations doivent se déve-lopper entre provinces avant de penser àd’éventuelles réorganisations ou fusions.

Ne deviez-vous pas décider d’une éventuelleCongrégation Générale (CG) ?

Le rôle de la Congrégation des Procureursest double. D’une part, il s’agit de permettreau P. Général de faire le point sur la « santé »de la Compagnie, notamment à travers lesrapports et la rencontre de chaque délégué.D’autre part, et c’est la seule décision que doitprendre la congrégation, les délégués évaluentla nécessité de convoquer ou non une nouvelleCongrégation Générale. Dans le cas présent,il était assez clair que la Compagnie est enplein travail de mise en œuvre des orientationsde la 35e CG, sans nécessité d’en définir denouvelles.

? Bernard Peeters, s.j.

Initiatives & Evénements

11Echos • no 1 • janvier – mars 2013 •

Page 14: de la Compagnie de Jésus

Il en va de la prière comme de ces cercles concentriques que parcourent autour

du soleil nos diverses planètes : il y a de même,sur les chemins de prière, diverses orbites où,tour à tour, la vie nous aiguille. Repérons-entrois.

« Venez vous reposer »(Marc 6, 31)

Parcourir la 1re orbite revient à se poser, sedéposer, se reposer…

Tout simplement. Mais ce n’est guère aisé !Ainsi, marcher de long en large dans une

église romane ou gothique et ne penser à rien,rien du tout, laisser le regard errer, la pierrechanter, le lieu dire… et s’en aller, au bout d’untemps, sans aucune hâte… Ecrire par plaisir,par goût, pour voir… Ecrire pour écouter ceque le bruit ordinaire recouvre ou embrouille,y compris le bruit des mots… Travailler deses mains et faire taire la radio et tout le brou-haha intérieur : écouter ce qui parle sansmots… Ainsi reliés à soi-même et aux autres,nous devenons présents.

Processus de décantation et — pourquoipas ? — prière. Décanter, c’est laisser déposerdes matières solides et troubles en suspensiondans un liquide. Ainsi se décante l’eau polluée.Or en nous aussi règne un charivari d’émotionsqui nous chamboulent, à notre insu souvent.Sans parler de cet infarctus d’infos qui risquede nous faire imploser. D’où le besoin actuelde cette prière qui induit en nous une mise àdistance du flux d’émotions, une relaxation,un lâcher prise ; le besoin de lieux de silence

et de beauté — que sont les églises, ouvertes sipossible ; le goût de refrains faciles et commeincantatoires, indéfiniment repris sous unelumière tamisée et dosée par rhéostat : vousaurez reconnu la manière de Taizé…

« Notre Dieu, nous te demandons de laisserle repos venir à notre cœur, à notre pensée, ànotre corps afin que nous puissions faire halteet nous démettre de ce qui tourbillonne, sebouscule et s’encrasse en nous. Tu le sais : mal-gré les apparences que nous nous donnonsd’être calmes et organisés, détachés et concen-trés, en réalité, nous ne faisons pas trêve avecnous-mêmes. Nous remplissons notre tempscomme une armoire comble. Nous entassonsnos années comme un amoncellement detâches et de retards. Nous bourrons nos vies,sans nous laisser d’espace pour les vivre. Nousallons de travaux en divertissement, et nousignorons le repos…

» Ô Dieu, repose-nous, toi qui as pris le sep-tième jour pour regarder, apprécier et chômerde ta propre fatigue. »

Trop de pédagogies de la prière se cantonnentà cette 1ère orbite. On y tourne comme sur unpériphérique… Or elle n’est pas particulière-ment chrétienne et se retrouve dans toutes lesreligions. Au début du xxe siècle, le Dr AlexisCarrel écrivait dans ce sens un petit opusculesur la vertu thérapeutique de la prière.

«Allons ailleurs, vers les autres »(Marc 1, 38)

Moyennant cette pacification de l’affecti-vité, on peut s’engager sur l’orbite chrétienne

Initiatives & Evénements

Orbites de prière

12 Echos • no 1 • janvier – mars 2013 •

Page 15: de la Compagnie de Jésus

de la prière. Cet autre niveau pourrait s’appelerla prière de discernement, la prière de Jésus.Cette prière, nous branche sur Dieu en travailet au travail en plein monde : « Mon Père jus-qu’à présent est à l’œuvre et moi aussi je suisà l’œuvre » (Jean 5, 17). Rappelons-nous :après une journée chargée à Capharnaüm etdans la maison de Simon, Jésus s’évade, aupremier chant du coq, « pour prier », préciseMarc. Simon et ses compagnons le trouventenfin : « Tout le monde te cherche ! ». Jésus necédera pas à leurs instances : « Allonsailleurs… aux autres aussi… c’est pour celaque je suis sorti. » Ailleurs — les autres : laprière de Jésus se noue dans une décision quine va pas toujours de soi (cf. Marc 1, 35-39).

Nous voyons Jésus vivre un même discer-nement au terme de sa prière au Jardin deGethsémani, juste avant qu’on ne vienne l’ar-rêter et alors qu’il pouvait, ici encore, se dé-rober (cf. Marc 14, 42).

Comment cela va-t-il se faire en moi ? « Celivre que je te donne, prends-le, mange-le »(Ezéchiel 3, 1-3 ; Apocalypse 10, 9-10). Lors -que j’ouvre ainsi l’évangile : pour le manger

et y trouver subsistance, par exemple en Marc10, 35-40, je rencontre sur le chemin de Jéru-salem, les deux frères et disciples, Jacques etJean qui, voulant prendre les autres de court,s’assurent l’exclusivité des premières placesdans ce Royaume que Jésus va évidemmentinaugurer à son entrée dans la Ville sainte…Et je découvre Jésus s’ingéniant à faire mûrirleur désir tellement humain, où je reconnaisle mien. Sans l’ombre d’un reproche, Jésusquestionne donc le désir des deux frères… Jelaisse ces questions de Jésus fissurer douce-ment leurs « plissements géologiques » — etles miens — pour y ouvrir une faille : car c’esttoujours là, à même les failles, que jaillissentdes sources…

« Que désirez-vous ?— Accorde-nous, Maître, les places de pre-

mier et de vice-premier, dans ton Royaume :nous sommes frères, n’est-ce pas ?

— Vous ne savez pas ce que vous deman-dez. Pouvez-vous « boire la tasse » avec moi ?

— Nous le pouvons ! claironnent-ils, euxqui vont décamper au jardin de Gethsémani !

— Oui, vous le pouvez : c’est moi qui vousdonne de le pouvoir ! Avec moi vous « boirezla tasse »… Avec moi, vous serez les grandsvainqueurs… »

A travers ce dialogue, tu m’invites, Jésus :à renouer avec mon désir — disons plus-juste : avec le décousu de mes désirs ;à découvrir que, sur ce désir que je prétends-si bien connaître, je me trompe encore lar-gement ;à passer du vouloir au pouvoir ; or, ce que-je peux est si peu de chose — et si labile —que me voici convié à infiniment de mo-destie ;à recevoir ce pouvoir de toi, Jésus et, loin-de me laisser déprimer par tout ce qui enmoi tient si peu ensemble et s’effiloche, àsortir avec toi vainqueur.

Initiatives & Evénements

13Echos • no 1 • janvier – mars 2013 •

Page 16: de la Compagnie de Jésus

Quelle école pour mes désirs buissonnantsqu’un tel évangile ! Quels déplacements !

Ainsi opère l’évangile pour qui le mange…Viens, Jésus, unifier mes désirs !

« Père, entre tes mains, jeremets mon souffle »(Luc 23, 46)

Passons en souplesse sur la 3ème orbite dela prière. Je l’évoquerai à partir des dernièresréflexions d’André Frossard, ce grand chro-niqueur du Figaro, que nous connaissons.

A cette époque, il avait sombré dans l’in-conscience, suite à un accident vasculaire cé-rébral. Et la rééducation tardait à déployer seseffets…

Alors qu’il émergeait lentement, un amibien peu ‘chrétien’lui rendit visite et, avant dele quitter, lui posa avec humour et tendressela question classique :

— « Et votre Dieu dans tout cela, André ? »

— « Oh, vous savez, dans les cas gravissimesje ne prie pas….

Et l’ami d’écarquiller les yeux……non, dans les cas gravissimes, je ne prie

pas : j’attends ».Une foi tellement forte qu’elle n’a plus rien

à demander, même pas « que ta volonté soitfaite », car on sait tellement qu’elle est déjà entrain de s’accomplir. Et que le moindre effort,même de prière, entraverait l’action douce etsouveraine de Dieu qui fait naître à Sa vie.

Est-ce qu’une femme enceinte, dans sesdernières heures de grossesse, s’active pouraider l’enfant à naître ? Ses efforts seraient alorsbien malvenus et ne feraient que contrarier etmême contrecarrer la venue de l’enfant. Il luiest demandé de simplement et souplementrespirer, de lâcher prise. Le reste vient toutseul, comme les meilleures choses…

Avec Lui, nous touchons terre, enfin !

? Pierre Ferrière, s.j.

Initiatives & Evénements

14 Echos • no 1 • janvier – mars 2013 •

Page 17: de la Compagnie de Jésus

On ne peut pas faire le bilan 2012 des édi-tions Fidélité sans évoquer RivEspé-

rance. Ce grand rassemblement initié par larevue RiveDieu a rassemblé près de deux millepersonnes à Namur les 2, 3 et 4 novembre der-nier. Au-delà de la satisfaction générale desparticipants affichée en fin de week-end, lesorganisateurs ont été touchés par la multipli-cité des courriels, lettres et messages diversqui leur sont parvenus après l’événement. Ma-nifestement, beaucoup de personnes ont étéinterpellées par ce qui a été partagé au coursde ce rassemblement, et toutes appellent à unenouvelle édition qui aura très probablementlieu en 2014 (cf. l’article du Père Charles Del-hez, p. 8).

Si beaucoup de forces vives ont été mobi-lisées en 2012 par RivEspérance, il n’en de-meure pas moins que quelques livres très in-téressants ont vu le jour. Pointons, à l’automne2012, la Divine Tragédie,un « libre parcours dansla foi chrétienne» de MgrLéonard qui invite le lec-teur suivre éophile, unétudiant en droit, dans saquête de sens à travers denombreux textes chré-tiens.

François d’Assise, l’insoumis de Dieu, estun des excellentes surprises de 2012. Dû à la

EditionsFidélitéQuelques nouvelles

NOUVELLES DE LUMEN VITAE

Le 17 novembre 2012, Dominique Martens a parti-cipé aux Facultés universitaires Saint-Louis à unerencontre avec le rabbin David Meier et deuxprofesseurs de théologie musulmane à un débatsur la foi et son ancrage scripturaire. Cette ren-contre se faisait dans le cadre de la formation àl’islam de l’UCL.

Le même jour, la passionnante rencontre organi-sée par l’ESC avec Haïcha Haddou « L’islam pardes musulmanes » remplissait l’auditoire de Lu-men Vitae.

Du vendredi 23 novembre au mardi 3 décembre,Guy Vanhoomissen animait deux sessions sur lesActes des Apôtres à Chypre dans le cadre del’Ecole saint Ephrem mise sur pied par Mgr JosephSoueif, l’archevêque maronite de Chypre.

Le jeudi 6 décembre, André Fossion a animé unesession pour les animateurs en pastorale du dio-cèse d’Arras sur le thème « Evangéliser aujour-d’hui ».

En janvier 2013, Henri Derroitte était au grand sé-minaire de l’île Maurice. « L’évêque m’a fait leplus grand éloge possible sur Lumen Vitae et surnotre don d’accompagner chaque étudiant quelque soit son niveau, à donner le meilleur de lui-même. »

A LILLE

Jadis, un collège de jésuites signalait la présenced’une communauté. À Lille, l’ICAM tient désor-mais ce rôle, d’où le projet actuellement étudiépar les Compagnons du boulevard Montebello des’en rapprocher géographiquement pour gagneren visibilité. Des locaux partagés avec l’ICAM etles autres membres de la famille ignatienne, im-pliquée dans la réflexion, permettront d’harmoni-ser les apostolats des uns et des autres : servicedu diocèse, propositions spirituelles, initiativesliant justice et foi où s’engageraient des élèves in-génieurs, etc. Pour cette réflexion, comptons surle soutien enthousiaste des deux trentenaires ar-rivés en septembre, Pierre Molinié et SébastienCarcelle. Affaire à suivre !

Philippe Robert, sj (Jésuites Hors-série 2013)

Vie & Partenariat

15Echos • no 1 • janvier – mars 2013 •

Page 18: de la Compagnie de Jésus

très belle plume de DanBeaurain-Gaël, ce récitnous plonge dans la vie desaint François que l’onprend un réel plaisir à re-lire tant l’auteur a le donde faire revivre cette trèsbelle figure du catholicis-me avec un enthousiasmecommunicatif qui ne cède en rien à la préci-sion historique des faits. Une biographie quise lit comme un roman !

Dans des registres dif-férents, deux jésuites ontpublié un ouvrage en cettefin d’année 2012 : le P. JoséDavin, accompagné dePaul-Emmanuel Biron,signe Quand germe la se-mence. Il y suggère deschemins pour con struire

l’Église de demain, avec lucidité mais aussi unparti-pris d’espérance.Dans Et si Dieu existait ?Charles Delhez a rassem-blé et retravaillé, à l’atten-tion des adultes, cent vingtquestions extraites de sesouvrages pour les enfants.En avril 2013 sortira depresse un Grand ABC dela foi, véritable « dictionnaire amoureux» danslequel le P. Delhez définit et explique, à sa ma-nière, plus de cinq cents mots de la foi chré-tienne.

Pour le Carême, leséditions Fidélité ne déro-gent pas à la tradition enpubliant des signets et desposters de Carême pourles adultes et les enfantsainsi qu’une brochure au

titre explicite, Cinq minutespour Dieu, et un calendrier deCarême intitulé Cheminonsensemble vers Pâques.

Début 2013 sont annoncésdeux ouvrages à vocation plusartistique : 800 dessins pourla paroisse, de Sabine de Coune ; et un com-mentaire, en mots et en peintures, du Prologuede Jean, le texte étant du P. Jean Radermakerset les œuvres d’art de Mme Anne Wouters.

Enfin, je m’en voudrais de passer sous si-lence le début d’une collaboration avec Viechrétienne, la revue des CVX françaises. Cepériodique a, durant de nombreuses années,publié des suppléments d’excellente qualité.A partir de 2013, les plus intéressants d’entre

eux seront republiés en coédition avec Fidélité.Deux titres ont déjà vu le jour : Jalons pourprier, de Bethy Oudot, et la Grâce d’agir,d’Edouard O’Neill.

? Jean Hanotte

Vie & Partenariat

16 Echos • no 1 • janvier – mars 2013 •

Page 19: de la Compagnie de Jésus

Le JRS BelgiumDOSSIER COLLECTIF

Echos • no 1 • janvier – mars 2013 • LE DOSSIER A

Noël est déjà loin… La journée duMigrant et du Réfugié aussi…Le JRS est toujours en pensée

avec tous les réfugiés auxquels nousavons rendu visite, ceux qui ont été ren-voyés chez eux ou dans l’inconnu d’unpays tiers, et ceux qui restent détenusdans nos cinq centres fermés en atten-dant d’être fixés sur leur sort.

Nous n’oublions pas pour autanttous les autres, ceux qui ont le « privi-lège» d’être hébergés dans des centresouverts comme ceux qui ont dû sebattre pour ne pas passer Noël à la rue.

JRS Europe en déplacement :l’hospitalité à Clamart

La Villa Manrèse à Clamart. La collinelivre une vue imprenable sur le centrede Paris… C’est là que le JRS France ac-cueillait, du 2 au 7 octobre dernier, l’As-semblée générale annuelle du JRS Eu-rope, précédée d’une réunion de la co-ordination des différents directeurs na-tionaux du JRS.

L’équipe des visiteurs du JRS-Belgiuma fait le déplacement pour partager surle thème de l’hospitalité, que le PèreGénéral Adolfo Nicolas décrivait com-

me «cette valeur pro-fondément humaineet chrétienne qui re-connaît la revendica-tion de l’autre, nonparce qu’il ou elle ap-partient à ma famille,à ma communauté, àma race ou à ma reli-gion, mais simple-ment parce qu’il ouelle est un être hu-main qui mérite ac-cueil et respect ».

LE DOSSIER

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B Echos • no 1 • janvier – mars 2013 • LE DOSSIER

Le JRS-Belgium a un nouveaudirecteur : Baudouin Van

Overstraeten !

Baudouin Van Overstraeten, vous-êtes le nouveau directeur du JesuitRefugee Service Belgium. Pouvez-vous nous dire quelques mots devous-même?

J’ai 56 ans, marié depuis 32 ans. Quatreenfants et un petit-fils de deux ans. Et,derrière nous, 25 ans de vie familiale enhabitat communautaire.

En ce qui concerne ma carrière, j’ai étépendant quatre ans éducateur dans unfoyer de jeunes. Ensuite, vingt-sept ansd’activités comme avocat généraliste,avec une attention particulière donnéeau droit pénal. J’ai fait aussi beaucoup dedroit foncier et de l’environnement. Acôté de ce travail, j’ai été appelé commeadministrateur par un certain nombred’asbl actives dans les secteurs du handi-cap, de la protection de la jeunesse et dela santé mentale. Comme membre d’ATDQuart Monde, Mouvement internationalde lutte contre la pauvreté, je me suis en-gagé, au côté de citoyens qui vivent lagrande pauvreté, dans un travail d’infor-mation et de recommandation auprès desparlementaires fédéraux et régionaux.

Je consacre mon temps libre à la mu-sique, en tant que choriste, fondateur etdirecteur de chorale. Dans le temps, j’aimonté un groupe de jazz a capella. J’ai-me la randonnée, surtout en montagne.Je suis également cycliste au quotidien.

Qu’est-ce qui a résonné en vous-dans l’offre d’emploi du JRS ?

J’ai été tout de suite attiré par les troismaîtres-mots de l’organisation : «Accom-pagner, servir, défendre». Les deux pre-miers termes (accompagner, servir) tradui-

sent au mieuxmon désir deproximité desgens envers les-quels le JRS s’en-gage. Le troisiè-me terme (dé-fendre) se situedans le prolon-gement de mavocation d’avocat. La préoccupation po-litique qui se cache derrière ce terme meparle également. Le monde des centresfermés, en réalité un milieu carcéral, estpour moi une interpellation à me tenir aucôté des hommes sans voix, dans l’espritdes béatitudes.

Quel message souhaitez-vous don--ner aux lecteurs des Echos ?

Je dirais volontiers que j’ai été très tou-ché d’avoir été retenu comme directeur,surtout en raison de la renommée dontjouit le JRS sur le terrain des visites auxcentres fermés. Je suis heureux de pou-voir travailler dans une ONG bilingue,mais aussi et surtout dans un contexte in-ternational.

Pour moi, la problématique de la déten-tion des réfugiés est et reste la premièrepriorité. Je voudrais me trouver person-nellement aussi sur le terrain. A cet égard,la collaboration avec d’autres organisa-tions, structurées en réseaux, est essen-tielle : on a rarement raison tout seul dansson petit coin. Ce que j’ai personnellementen vue, est de collaborer à ‘faire bougerles lignes’dans la société en vue d’un plusgrand respect pour les exclus en général,d’une plus grande ouverture enversl’étranger en particulier.

Propos recueillis par Nathalie SalazarMedina

Page 21: de la Compagnie de Jésus

Nous sommes ainsi remontés auxsources ancestrales des droits fonda-mentaux de l’homme, notre outil detravail au quotidien dans la défensedes migrants détenus en centre fermé.

Les équipes JRS ont présenté l’un oul’autre projet organisé dans leur pays,qu’il s’agisse d’hébergement, de lieuxde rencontre ou de services d’aide plusprofessionnels. C’était l’occasion pourle JRS-France de nous faire connaîtreson Réseau Welcome. Il s’agit d’un ré-seau de familles et de communautésqui accueillent pour un temps déter-miné - de maximum cinq semaines - undemandeur d’asile ou un réfugié. Nousavons eu la chance de passer une soiréeavec quelques familles d’accueil etquelques réfugiés, ainsi sauvés de larue grâce à la générosité de simplesparticuliers qui ont pris le risque d’ou-vrir leur porte à l’étranger…

Face à la carence de l’État français,incapable de respecter son obligationlégale de garantir l’hébergement desdemandeurs d’asile, ce réseau en a déjàaccueilli une centaine. Voilà une bellesource d’inspiration pour initier denouveaux projets permettant de trans-former les mentalités à l’égard desétrangers, souvent perçus davantagecomme une menace que comme unerichesse potentielle. Pour en savoirplus, lire le site web du JRS-France :www.jrsfrance.org

Les directeurs nationaux du JRS ontpar ailleurs adopté une nouvelle ligned’action visant à encourager les alter-natives à la détention comme outil depolice migratoire. Leurs travaux ontégalement porté sur la position à adop-ter au sujet du retour des migrants dansleur pays d’origine, ainsi qu’aux prio-

rités stratégiques à mettre en œuvrepour lutter contre l’indigence des mi-grants forcés et pour leur garantir l’ac-cès à une protection en Europe.

La prochaine assemblée générale desJRS européens se tiendra en octobre2013 au Portugal.

Actions récentes de sensibilisationdu JRS

Récemment, le JRS a pu, pour la pre-mière fois, donner un témoignage auxélèves du collège Saint-Joseph de Turn-hout, notamment à cinq classes de rhé-torique. Grâce au cours préparatoirequi y avait été consacré et à l’aide trèsappréciée de certains enseignants lejour même, ce fut une journée enthou-siasmante, tant pour Wouter Blesgraaf(JRS B), que pour les élèves de Turn-hout.

Le 25 septembre, Héloïse Oldenhove(JRS-B) a donné un témoignage de sontravail dans le cadre d’une retraite so-ciale organisée par nos voisins de bu-reau du Centre Avec, centre de re-cherche et d’action sociale pour la Bel-gique francophone. A une douzaine depersonnes de l’enseignement deshautes écoles qui faisaient du travail so-

CEchos • no 1 • janvier – mars 2013 • LE DOSSIER

LE DOSSIER

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cial pendant quelques jours, elle a parléde son travail dans les centres fermés.L’exposé a donné lieu à une discussionanimée sur l’immigration et sur les défisque celle-ci nous lance aujourd’hui.

Vade Mecum

En octobre dernier, notre réunion tri-mestrielle au Chant d’Oiseau était prin-cipalement consacrée à la rédaction d’unguide d’accompagnement pour les visi-teurs des centres fermés. C’est LudwigVan Heucke, s.j. qui pilote ce projet.

Publication du rapport sur les«maisons de retour »

Nous nous réjouissons de la publica-

tion, par la plate-forme «Mineurs enExil », du rapport d’évaluation dequatre ans de fonctionnement des mai-sons de retour. Ce rapport, qui s’appuiesur les témoignages rassemblés parnotre ancienne collaboratrice du JRS-Belgium, Stefanie Duysens, présentenombre de recommandations à l’Officedes Etrangers, aux accompagnateurs,aux politiques, aux barreaux et à la po-lice des frontières. Cette publicationattire de nouveau l’attention sur cetteimportante alternative à la détentiondes familles. C’est pour nous l’occasionde rendre à Stefanie l’hommage qui luirevient pour son œuvre de pionnier.

Pour en savoir plus, voyez notre siteweb : www.jrsbelgium.org

D Echos • no 1 • janvier – mars 2013 • LE DOSSIER

Page 23: de la Compagnie de Jésus

Journée mondiale du Migrant etdu Réfugié 2013

Le message du pape Benoît XVI pourla journée mondiale du Migrant et duRéfugié a suscité des interprétationsdivergentes dans les médias. Aprèscomparaison des traductions française,anglaise et allemande, Wouter Bles-

graaf nous en propose l’essentiel.A l’occasion de la Journée mondiale

du Migrant et du Réfugié, qui sera cé-lébrée le 13 janvier 2013, le pape a pu-blié un bref message. Il y parle aussibien des aspects positifs que négatifsde la migration. D’une part, la migra-tion est fortement stimulée par l’espé-rance et la foi ; d’autre part, elle est

EEchos • no 1 • janvier – mars 2013 • LE DOSSIER

LE DOSSIER

Témoignaged’Elisabeth Razesberger

J’ai commencé à faire des visites ami-cales dans les centres fermés au début del’année 2012. Experte en matière de mi-grations, je trouve important de coopé-rer, comme bénévole, à la mission du JRS,même si c’est sur une petite échelle.

Les visites amicales ajoutent un élé-ment personnel au travail du JRS. C’estun contact individuel offert par une per-sonne qui ne fait pas partie des autoritésd’immigration, ni de la police, c’est unepersonne sans uniforme et sans fonctionofficielle. Cette condition « ordinaire »permet un échange informel, le tempsd’écouter et de réfléchir sur les questionsqui préoccupent les détenus.

Chaque personne qu’on visite rapporteune nouvelle histoire de migration. Sonrécit me permet de traverser pourquelques instants une réalité qui à monavis est tellement mal comprise en Euro-pe. Je suis toujours impressionnée par lecourage des migrants qui prennent degrands risques en espérant survivreailleurs ou, dans une grande partie descas, trouver un moyen pour gagner del’argent. Par rapport aux témoignagesdes gens que je rencontre, l’absenced’une politique de migration et le soup-

çon à l’égard des demandeurs d’asile sontparfois difficiles à accepter.

Les détenus que j’ai rencontrés jusqu’àmaintenant étaient tous des réfugiés,même si aucun d’eux n’était couvert parla Convention de Genève sur le statut desréfugiés. Ce ne sont pas des gens ‘persé-cutés’dans le sens établi de la définition.Pourtant, ils ne voient pas de moyen desurvivre dans les conditions existant dansleur pays d’origine. Ils cherchent un re-fuge. Ils sont prêts à risquer leur vie dansdes trajets dangereux, d’ailleurs souventorganisés par des réseaux criminels. Ilsabandonnent leur famille en espéranttrouver une vie meilleure en Europe. Au-cune des personnes que j’ai vues n’a purester en Belgique. Quand ils sont partis,je me demande toujours ce qu’ils rappor-tent de leur expérience en Europe. Se-ront-ils capables de retrouver une placedans leur pays d’origine ?

Pour moi, les visites amicales sont ungeste d’hospitalité, cette vertu qui mesemble fortement négligée dans notrevie de tous les jours. Le travail de plai-doyer du JRS en faveur des personnes dé-tenues en centres fermés leur reste sansdoute largement ignorée. Néanmoins,j’espère que les visites amicales leur ren-dent le temps en détention un peu plussupportable.

Page 24: de la Compagnie de Jésus

également engendrée par la souffran-ce et l’angoisse. Le rôle de l’Église nedoit pas se borner à des actes de chari-té, mais il devrait également favoriserl’intégration des migrants. Plus impor-tantes encore sont les observations re-latives au phénomène de la migrationactuelle en tant que telle et au rôle que

les États jouent à cet égard. Le pape Be-noît XVI souligne non seulement queles gens ont le droit d’émigrer, maisaussi celui de ne pas émigrer et doncde demeurer dans leur patrie.

L’accent mis sur le droit de ne pasémigrer est neuf ; il a d’ailleurs été re-pris par la presse belge. Mais le pape

F Echos • no 1 • janvier – mars 2013 • LE DOSSIER

«Mon problème est que mon pays,c’est l’Afghanistan.» (Tariq, Afghanistan,Bruges)

« Les hommes ne sont pas faits pour laloi, mais la loi a été faite pour leshommes. » (Wilson, Ghana, Bruges)

« L’Amérique ouvre ses frontières pouraccueillir des migrants, pour renforcerson économie et pour mieux affronterune Chine sans scrupules. Pourquoi l’Eu-rope ne fait-elle pas la même chose ? »(idem)

«On croit qu’au moment où on montedans l’avion, on est en sécurité, on peutpousser un soupir de soulagement et puisquand on arrive ici, tout recommence. »(Jamal, Guinée, Caricole)

« Tu essaies de sourire, mais c’est noir àl’intérieur. » (Cécile, Cameroun, Carico-le)

Paroles des centres fermés

Page 25: de la Compagnie de Jésus

ajoute aussitôt que ce droit ne devien-dra réel qu’au moment où les gens neseront plus contraints d’émigrer. Au-jourd’hui, cependant la migration estsouvent le résultat de catastrophes na-turelles, de guerres ou de violences, deperturbations sociales ou de l’impossi-bilité de subvenir aux besoins élémen-taires. Dans de tels cas, les migrantssont des victimes, contraintes à l’exil,plutôt que des êtres libres. Le doit dene pas émigrer ne peut donc servir sim-plement à sommer les migrants de res-ter dans leur pays d’origine. Il doit plu-tôt stimuler l’amélioration du dévelop-pement et de la justice sociale dans lespays dont beaucoup de migrants sontoriginaires.

Une autre nouveauté est que le papeaborde le brûlot de la migration illé-gale. Il plaide en faveur d’une répres-sion sévère du trafic des êtres humains,mais il estime également que l’attitudeà l’égard des migrants ne peut se ré-duire à la fermeture hermétique desfrontières, ni à la répression plus sévèrede la migration illégale, ni à l’adoptionde mesures dissuasives à l’égard denouveaux migrants. Pour le pape, ona plutôt besoin d’une politique d’im-migration intégrée, qui lutte contre lescauses de la migration dans les paysd’origine, qui crée un cadre global per-mettant un accès légal au territoire,qui combat le trafic des êtres humainset qui accorde le droit de séjour pourdes raisons humanitaires plus largesque l’asile au sens strict, tel que prévupar la Convention de Genève.

Estimant qu’un peaufinage de la lé-gislation est insuffisant, le pape Be-noîtXVI lance également un appel à laformation des consciences. C’est exac-

tement ce que le JRS-B essaie de fairedepuis quelques années à une échellemodeste, en allant à la rencontre desréfugiés et des migrants.

Wouter Blesgraaf SJ

Des frontières, pourquoi ?

« La mixité des humains ne s’obtien-dra pas en jetant au panier les cartesd’identité, mais en procurant un pas-seport à chacun»

Régis Debray

Sur les matières de l’immigration, leschrétiens se trouvent parfois tiraillésentre le réalisme politique et l’idéalévangélique. Pour faire bref, le réalis-me politique dit : «Chacun chez soi ! »,chaque pays doit prendre lui-même sesresponsabilités pour instaurer en sonpropre sein la justice et la paix, sansavoir à exporter ses désordres ou sesquerelles. D’où la légitimité des fron-tières qui marquent la délimitationentre nous qui sommes ici et eux quisont là-bas.

Mais l’idéal chrétien semble contre-dire cette sagesse (trop?) humaine : nesommes-nous pas tous, en effet, les en-fants du même Père, membres donc dela grande famille humaine? Puisque leChrist, par sa mort, a aboli les mursdressés entre les hommes, est-il encorepermis de tracer entre les peuples desfrontières que l’on renforcera avec desgarde-côtes et du fil barbelé ? Le chris-tianisme n’est-il pas une religion qui seveut universelle ?

En réalité, la communion spirituellede tous les humains ne contredit pas la

GEchos • no 1 • janvier – mars 2013 • LE DOSSIER

LE DOSSIER

Page 26: de la Compagnie de Jésus

distinction des nations où chacun d’euxa vu le jour. Chaque peuple a sa façonpropre de vivre la même humanité ; il neconvient donc pas de tout mélanger.Mais si l’idéal évangélique ne nie pasl’appartenance nationale — ainsi Jésusn’a-t-il jamais renié son identité juive—,il porte sur elle un regard nécessaire-ment ouvert. Car l’identité nationale, siindispensable qu’elle soit pour mainte-nir l’ordre politique, n’est tout de mêmepas l’absolu de l’homme. Le sain amourde sa propre terre ne peut donc conduirele chrétien à l’égoïsme nationaliste.

Comparaison : Thomas d’Aquin se de-mandait, à son époque, si la propriété

privée était justifiée. Il répond par l’af-firmative, car si chacun s’appropriait lesbiens de tous, nous aboutirions vite àl’inefficacité et au désordre. Mais, ajou-te-t-il aussitôt, cette appropriation pri-vée ne peut jamais contredire l’essen-tiel, à savoir la destination universelledes biens. De la sorte, si un pauvre setrouve dans le besoin, le riche est tenu,au nom même du droit de propriété, delui venir en aide. Voilà une pensée nuan-cée ! Ne pourrait-elle pas inspirer notrepropre conception de la frontière ?

Xavier Dijon, s.j.

H Echos • no 1 • janvier – mars 2013 • LE DOSSIER

Jesuit Refugee Service Belgium ASBLIBAN : BE6300165518940831, rue Maurice Liétart, bte 9

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Xavier Dijon, pourquoi avoir écrit ce livre ?Pour mettre un peu d’ordre dans ma tête sur

les transformations éthiques dont nous enten-dons souvent parler à propos du corps humain :l’avortement thérapeutique, la fécondation invitro, le mariage homosexuel, l’euthanasie…car, aussi dispersés qu’ils soient, ces phénomènesont en commun de bouleverser l’ordre socialancien, sous la double poussée du désir de li-berté des sujets, d’une part, des progrès de lascience, d’autre part. Je me pose la question desavoir comment le corps parvient à supporterces mutations-là qui mettent profondément encause la ‘raison’qu’on lui reconnaissait jusqu’ici.

Mais si nous prenons la célèbre définition del’homme comme animal raisonnable, nefaut-il pas placer la raison du côté de l’esprittandis que le corps rejoindrait la part animalede l’homme, comme Darwin l’a montré ?

L’approche dite scientifique ne voit pas degrande différence entre des cellules humaineset des cellules animales. Encore faut-il voir sinous rejoignons la vérité de notre proprecondition lorsque nous considérons le corpsde cette manière-là.

Le corps de chacun est bien plus qu’un en-semble de cellules ?

Exactement. En prenant de ne pas tombernon plus dans l’autre extrême qui consisteraità dire : puisque ce corps est le mien, je peuxen faire ce que je veux, depuis le don de mescellules reproductrices jusqu’à mon suicideen passant par la vente de mes organes. Dansce cas, en effet, le sujet fait comme si son corpsne l’engageait pas dans un lien social avec au-

trui. Dans ce sens-là, le corps relève d’unedouble raison : il montre à autrui l’objectivitéd’un sujet ; il assigne au sujet lui-même l’ob-jectivité d’une relation.

Ces considérations philosophiques ne vont-elles pas décourager les lecteurs ?

J’espère que non. La première partie de l’ou-vrage décrit, à travers les textes de droit, lesévolutions qui affectent nos matières bioé-thiques. C’est donc à partir d’un matériauconcret, fourni par les juristes, que nous en-tamons notre réflexion. Ensuite, je pense quenous ne devons pas avoir peur d’engager lepublic dans de réelles réflexions de fond afinde mieux saisir les enjeux des réformes opé-rées. Le recul philosophique reste une pièceessentielle du maintien de nos démocraties.

Et Dieu dans tout ça ?Un ouvrage consacré au statut du corps hu-

main devait nécessairement aborder cette ques-tion ultime car la Bible offre un éclairage re-marquable de la « raison du corps », depuis laGenèse où l’on voit Dieu modeler les corps dupremier couple, jusqu’à la résurrection des corpsà la fin des temps, en passant par la nuit de Noëloù le Verbe s’est fait chair. Sans doute, cetteconfession religieuse particulière ne forme-t-elle plus, comme elle le faisait largement autre-fois, le « fonds commun » de nos références so-ciales. Mais il vaut tout de même la peine d’enrappeler la richesse, car la démocratie n’annulepas l’expression des convictions personnelles ;elle promeut plutôt l’échange à leur sujet.

Xavier Dijon, s.j., La raison du corps, Bruxelles, Bruylant,2012

La raison du corpsVie & Partenariat

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Page 28: de la Compagnie de Jésus

J’ai commencé à travailler au programme russe de Radio Vatican le 4 mai 1982, et

j’ai terminé mon service de responsable duprogramme biélorusse et de la bibliothèquegénérale, le 30 septembre 2010 ! Donc, un ser-vice de vingt-huit ans, une longue période,mais avec des moments différents dus à l’évo-lution des situations politiques, et donc reli-gieuses, dans les pays de l’Est européen. Avantmon départ de Rome, j’ai reçu de la directiongénérale de Radio Vatican une lettre de re-merciements, datée du 5 juin 2012, où sontjustement évoqués les moments les plus im-portants de ces années de travail apostolique.Je me référerai à cette lettre pour parler desétapes de « ce service de jésuite, étroitementlié à l’apostolat russe ».

« Votre service à Radio Vatican a commen-cé en 1982, à la Rédaction Russe, et après il

s’est prolongé avec celui de responsable de larédaction biélorusse et de la bibliothèque dela Radio. Importante a été votre contributionà la transmission de la « voix du Pape » et dela solidarité de l’Eglise universelle en une pé-riode difficile pour ces régions, mais aussi —il faut le souligner — durant la période desprofonds changements sociopolitiques des

années 1990, avec les mu-tations culturelles et ecclé-siales qui leur sont liées. »

Pendant les années 1980,le travail de la Radio était untravail un peu dans l’ombre,mal connu en Occident,mais très précieux pour lespersonnes qui, discrète-ment, écoutaient les trans-missions de la Radio enlangue russe. Peu d’infor-mations filtraient de leurpart, les lettres étaientcontrôlées, et le taux d’écou-

La Compagnie en Europe et dans le monde

Radio VaticanVingt-huit ans de service

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te était difficilement mesurable. Le souci étaitde donner une formation chrétienne de base,une aide à la prière à travers la prédication,les méditations, le chant liturgique, et une in-formation sur la vie de l’Eglise universelle laplus juste possible et pour essayer de « corri-ger » un tant soit peu le travail de la propagan-de athée en vigueur en Union Soviétique !Nous ne voyions pas beaucoup les fruits dutravail apostolique accompli, mais je dois direque je l’ai vécu avec un grand enthousiasmepastoral. J’avais l’impression d’être curé d’une« paroisse des ondes », et cela procurait beau-coup de joie profonde. La célébration de la Li-turgie byzantine en slavon, puis, à partir de1993, la Messe romaine en langue russe, faisaitpartie de ce travail pastoral. Le moindre échoparvenu était reçu avec action de grâce !

L’époque de la perestroika, sous Gorbat-chev, a progressivement changé les choses,même si encore au début des années 1990, lestransmissions de certaines nouvelles au sujetde la situation difficile des croyants, ou leurprivation de liberté, étaient encore brouillées.Mais les lettres commençaient à nous parvenir,ainsi que des témoignages de reconnaissance,par exemple, à propos de l’influence de trans-missions sur la diminution d’une période dedétention. J’ai reçu ce genre de témoignages,et de cela je garde des souvenirs précis !

« Nous devons vous remercier pour l’en-gagement et le dévouement à cette mission et

pour le service aux croyants — pas seulementcatholiques ! — des populations respectives. »

Jusqu’à ce jour, me trouvant actuellementen Belgique, je reçois des lettres de personnesqui écoutaient les émissions en langue russependant les années 1980 ! Et il ne s’agissait pasde catholiques, mais bien d’orthodoxes ! Nousavons aidé des orthodoxes à grandir dans leurfoi et dans la fidélité à leur Eglise ! En sont nésde profonds liens d’amitié spirituelle, dont té-moignent les messages qui continuent à m’ar-river ! Aucun prosélytisme, mais le sens del’appartenance à la seule Eglise du Christ ! Jepeux assurer le lecteur qu’on reçoit beaucoupplus que ce que l’on peut donner ! Je dois direque j’en vis certainement encore aujourd’hui.

Les contacts avec les catholiques sont arri-vés après ! La visite de Gorbatchev au Vaticanen décembre 1989 a été vécue comme un nou-veau printemps ! Nous regardions cette visitesur un écran géant, et je me souviens d’un dé-chaînement d’applaudissements pendant lediscours du leader soviétique. Un jésuite hon-grois (qui a d’ailleurs vécu en Belgique) s’estmis à crier : « Bravo, Gorbatchev ! »

C’était la période de la pleine force de Jean-Paul II et de son appel à ne pas avoir peur, àouvrir les portes au Christ ! Période aussi pourmoi de rencontres privilégiées avec ce papecharismatique, à l’occasion de services d’in-terprétariat ou de répétitions de discours etaussi dans le cadre d’une collaboration commetraducteur avec ce qui était encore le secréta-riat pontifical pour le dialogue avec les non-croyants !

« Vous avez dû travailler avec les limitesimposées par la situation en ce qui concernela disponibilité limitée de collaborateurs pro-venant des pays respectifs. Dans le mêmetemps — et justement dans ces pays- les dé-veloppements de ces années ont créé des be-soins nouveaux, des nouveaux défis pastoraux,

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liés à un monde devenu plus global, malgréles rythmes et les limites imposés par les fron-tières et les systèmes politiques. »

Une période marquée par un grand en-thousiasme chez les jeunes biélorusses pourla foi et ses libres expressions, et la résistanceaux contraintes imposées, jusqu’à ce jour, parle système politique en place ! Combien demessages je reçois, en-core aujourd’hui, parcourrier électroniqueou sur Facebook, de lapart de jeunes catho-liques qui ne laissentpas tomber les brasdevant la répressionde certaines libertésindividuelles ou so-ciales ! Radio Vaticanétait pour eux unmoyen d’exprimer des exigences liées à leurfoi en Christ ! C’était aussi l’époque d’une fruc-tueuse collaboration avec d’autres moyens decommunication, par exemple avec Radio FreeEurope.

Un certain revers de la médaille était l’ap-parition, parmi les collaborateurs de la Radio,de ce que d’aucuns ont appelé des « catho-liques de profession », c’est-à-dire des per-sonnes qui, grâce à la liberté et à la possibilitéde recevoir à l’étranger un salaire plus élevéque ceux de leur pays, se sont découvert unevocation de militants catholiques, parfois sansbase catéchétique ni pratique religieuse, con -séquence de l’éducation communiste athée.Comme on le souligne dans la lettre, j’ai étéconfronté aussi à ce problème !

« Parmi les changements culturels, il con -vient de rappeler l’effort du peuple biélorussepour développer sa propre culture et sa proprelangue dans le contexte de l’écroulement du

bloc soviétique, non sans certains problèmesgraves, avec des revers qui engagent profon-dément les sensibilités. Nous vous remercionsdonc beaucoup pour tout ce que vous avezfait pendant cette période particulièrementdélicate. »

Là aussi, j’ai dû assister humblement, en re-nonçant parfois à l’affirmation de ce que je

croyais profondé-ment, au réveil et àl’auto-affirmationd’une culture et d’unelangue, accompagnésd’un certain revan-chisme à l’égard de laculture russe, de lasensibilité orthodoxe,du caractère polonaisde l’appartenance àl’église catholique, et

être témoin d’attitudes décidément agressivesà l’égard de tous et de tout ! Une langue peutdevenir le véhicule de revendications, justesou non, et pas seulement un moyen de com-munication avec les frères et avec le Père !

En résumé, mon activité de vingt-huit an-nées s’est déroulée en grande partie, et conclue,dans ce que la lettre appelle « une période par-ticulièrement délicate ». « Tout est grâce »,n’est-il-pas vrai ?

? Claude Robinet s.j.

La Compagnie en Europe et dans le monde

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En Espagne

Nous étions vingt-quatre jésuites, pourmoitié espagnols. Il y avait un laïc, père de fa-mille, engagé comme coordinateur de l’apos-tolat social d’une des provinces espagnoles.Aucun d’entre nous n’avait pensé à inviter l’unou l’autre collaborateur laïc, sauf le père Hi-ginio Pi, s.j. qui nous accueillait et nous a pré-senté le travail des jésuites dans ce quartier deMadrid avec un jeune africain, lui-même ré-fugié et responsable dans le projet,

L’objectif du week-end était de partager surnos expériences dans des « communautés desolidarité » où des jésuites reconnaissent etvivent leur mission dans le partage de la viequotidienne avec d’autres, surtout des pauvres,dans une vie communautaire. Nous avonsécouté sept témoignages : Madrid, Malte, LaViale en Belgique (qui n’est pourtant pas dutout une œuvre sociale, même si nous ac-cueillons régulièrement des personnes en dif-ficulté), San Sebastian, Séville, Bilbao, Valen-ce ; j’ai cru y percevoir que la réalité de l’im-migration est assez neuve en Espagne etsemble un point de référence et d’engagementcommun pour beaucoup de jésuites. Mais j’airetenu surtout les expériences vécues au paysBasque (San Sebastian, Durango, Bilbao) : j’aidécidé d’aller rencontrer.

À San Sebastian, le centre Loiolaetxea estné en 2000 à l’initiative de la Province jésuite

basque comme centre d’accueil pour des per-sonnes qui sortent de prison ou en congé pé-nitentiaire. Huit personnes, hommes etfemmes, y vivent avec trois jésuites. Fragilitéhumaine, amitié, maison ouverte à l’accueil.Voir le concret, sentir le vécu, rencontrer lesgens m’a enrichi et réjoui bien plus que lasimple connaissance technique des projets.Trois assistantes sociales y travaillent pour as-surer le suivi des personnes, pendant leur in-carcération, pendant leur séjour au centre etensuite à Durango, une communauté de pèresâgés, accolée à un collège, a été interpellée parle rayonnement de Loiolaetxea et a décidé,après un discernement d’un an, initié et conclupar le Provincial, de partager sa vie quotidien-ne avec des jeunes immigrants sans papiers.Quelques pères âgés qui tendaient à se repliersur eux-mêmes y ont retrouvé la joie d’une viede relation cordiale et de services mutuels,notamment en enseignant l’espagnol à dejeunes Africains en séjour illégal qui les consi-dèrent un peu comme des grands-parents.« Le meilleur que nous puissions partagerpour travailler à établir des ponts dans la so-ciété, c’est notre vie communautaire. Ce par-tage de vie avec d’autres, plus pauvres, créeentre les jésuites un sentir commun qui nourriten profondeur la communion des cœurs »(Adolfo Nicolás).

J’ai profité de mon passage pour visiter lamaison natale d’Ignace à Loyola. J’ai visité les

Secteur socialeuropéenRencontres

La Compagnie en Europe et dans le monde

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pères de l’infirmerie de Province ; la délicatessetouchante de certaines infirmières n’a pas suffià me libérer d’un sentiment de grande tristesseen voyant l’isolement de ces compagnons ;pourtant plusieurs étaient tout prêts à se laisseréveiller le cœur dans la conversation ; le con -traste était saisissant avec ce que j’ai perçu àDurango.

A Bilbao, ville natale du père Arrupe, j’ai étéaccueilli chaleureusement dans une commu-nauté d’insertion où les jésuites se sont fortimpliqués dans le temps ; l’ancien bidonvilleest devenu un quartier de HLM plus anonyme ;et les jésuites, qui ont tous leur travail hors duquartier, ont décidé d’y partager leur vie decommunauté avec deux ou trois jeunes immi-grés. Deux d’entre eux travaillent au centre Ar-rupe à Bilbao où les jésuites ont fait le choixstratégique de réunir plusieurs de leursœuvres : œuvres pastorales (avec la CVX),œuvres missionnaires (avec l’ONG Alboan)et surtout le centre social Ellacuría de coordi-nation et appui des associations d’immigrés ;sans oublier les bureaux de la curie provinciale.Se vit là en particulier le dialogue interreligieuxet interculturel — ce qui fait de la grande salledu centre la première mosquée de Bilbao ! Ilne s’agissait pas simplement de rationaliser lesbureaux mais bien plus de permettre aux diffé-rentes approches de se féconder mutuellement.La rencontre personnelle de vingt-cinq im-migrés lors de leur « cercle de parole » hebdo-madaire m’a nourri tout autrement que la lec-ture des activités du centre sur le web.

Il est bon et goûteux de rencontrer d’autresjésuites et de partager notre sensibilité hu-maine et apostolique ; j’y ai reçu des exemplesde vie inspirants et l’exigence d’en partagerquelque chose chez moi.

Au Portugal

Le père Provincial m’avait aussi confirmédans l’idée de visiter le travail des jésuites por-tugais dans leurs centres universitaires. Je n’aieu l’occasion de passer qu’à Lisbonne et à Por-to. Je dois d’abord dire combien j’ai été touchéde l’accueil des jésuites que j’y ai rencontrés,ainsi que des jeunes universitaires qui fré-quentent leur centre. De plus tous maîtrisentétonnamment le français ou l’anglais.

Le père provincial, Alberto Brito, a passéplusieurs heures à m’expliquer les choix apos-toliques de la province et les points qui luisemblent prioritaires et qui m’ont particuliè-rement interpellé en référence avec ce quenous vivons en BML : travailler ensemble parpetites équipes de deux ou trois en soignantle sens du corps apostolique et privilégier lesrelations personnelles avec les jeunes. Il sou-lignait qu’une communauté d’apôtres ne for-me pas encore une communauté apostoliqueet que voir des jésuites très différents capablesde travailler ensemble a une grande force,d’abord pour les jésuites eux-mêmes et pourles jeunes qui les fréquentent.

Il faut souligner que les jésuites portugaisn’ont pas d’université jésuite ; les centres oùils accueillent des étudiants de la ville sontdonc très souples. Ils y accueillent en un mêmelieu trois positionnements très différents desjeunes mais qui finissent, du coup, par passerassez facilement de l’un à l’autre : affronter lesquestions critiques sur la religion pour desjeunes aux frontières, offrir des possibilitésd’engagement social, approfondir la foi (CVX,Exercices).

Miguel, responsable en tandem avec unautre jésuite du centre universitaire m’a par-tagé longuement les fruits et les défis du travail.A Lisbonne comme à Porto, deux équipesd’animation des centres universitaires sont

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composées de jésuites plus jeunes que moi,avec une équipe de douze animateurs jeunesqui s’engagent pour un ou deux ans commeresponsables des centres. Miguel reconnaîtprofiter du fruit d’un travail commencé il y aquarante ans par la décision volontariste duprovincial de faire travailler ensemble, auprèsdes étudiants de Coimbra, un « corps » de troisjésuites — dont Alberto, l’actuel provincial ;cet engagement a été maintenu avec fidélitépar huit provinciaux successifs : mettre desjeunes en contact avec la Parole, avec soi-même et avec les autres, en particulier par lesExercices spirituels.

Cette expérience apostolique communau-taire avec une grande capacité de conversationspirituelle entre jésuites et contre la tentationde référence à soi-même uniquement donnemaintenant du fruit. Miguel soulignait l’im-portance de la pause que les jésuites de l’équipeprennent tous les lundis : détente, prière etévaluation ensemble approfondissent le com-

pagnonnage et fécondent ainsi le service apos-tolique.

J’ai assisté à l’eucharistie du dimanche soirau collège de Lisbonne : c’était beau de voiruniversitaires et familles avec enfants (neufcents personnes environ) suivre intensémentl’homélie. Miguel me partageait son bonheurde vivre dans une communauté humaine oùla foi vécue à un sens, expérience peu ordinairedans l’Eglise portugaise.

Les camps de vacances allient l’idéal duscoutisme avec des services sociaux — cer-taines régions restent très pauvres — et unebelle structure de vie spirituelle malgré quela société se déchristianise aussi rapidementau Portugal. C’est le point de départ de l’ex-périence, avec mille jeunes encadrés par deuxcents animateurs ; tous les novices et les sco-lastiques et même les jeunes prêtres partici-pent à ces camps depuis quinze ans. Cescamps, qui se prolongent par des activités so-ciales pendant l’année, créent entre les jeunesun fort sentiment d’appartenance. Les campsde vacances et l’accompagnement au long del’année se fécondent mutuellement.

De ces rencontres je reviens avec le désirplus clair de pouvoir vivre et travailler davan-tage en équipe avec d’autres, jésuites et laïcs,et avec la conviction plus ancrée que notremanière de vivre et de travailler ensemble estpar elle-même un service important.

? Philippe Marbaix, s.j.

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Fatima

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Fleur-de-la-Prairie, la maman chrétienne de la jeune Iroquoise qui vient d’être ca-

nonisée à Rome, était de la nation des Algon-quins et vivait à l’emplacement actuel de la villede Trois-Rivières, au bord du Saint-Laurent.Enlevée par les Iroquois, elle est mariée de forceà Cerf-Agile, chef du village d’Ossernenon, aubord de la rivière Mohawk, aujourd’hui Au-riesville (Etats-Unis, voir carte), à quarante ki-lomètres d’Albany. Naissent deux enfants : unefille et un garçon. Survient une épidémie de pe-tite vérole qui tue beaucoup de villageois, dont

le garçon et les pa-rents. La fillette estaffectée aux yeux :on l’appellera Te-kakwitha, c’est-à-dire « celle qui avan-ce en titubant ». Sononcle Grand-Loup,devenu chef et tu-teur, en fait son esclave. On veut la marier deforce, elle refuse et subit des moqueries des Iro-quois : on l’appelle l’Algonquine !

Elle a dix ans quand elle rencontre pourla première fois des Robes-Noires, des jé-suites français qui passent dans ce villageoù le Frère René Goupil (1642), les PèresJean de Lalande et Isaac Jogues (1646) ontsubi le martyre. En 1686, les villageois ontdéménagé à Kahnawaké où s’installe lePère Pierron qui y reste trois ans. Puis c’estle Père Boniface qui baptise les premiers

La Compagnie en Europe et dans le monde

1re AmérindiennecanoniséeKateri Tekakwitha (1656–1680)

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iroquois et les emmène en face de Montréal,dans le village chrétien de Sault-Saint-Louis.Le Père Jacques de Lamberville le remplaceen 1674.

Tekakwitha voulait être baptisée, mais sononcle refuse ! Cependant, le chef chrétien d’unautre village parvient à convaincre Grand-Loup. Le jour de Pâques, 18 avril 1676, la jeunefille est baptisée sous le nom de Catherine (Ka-teri, en iroquois). On veut la marier une nou-velle fois, elle refuse et on se moque d’elle : lachrétienne !

Arrivent au village trois Iroquois chrétiens.Elle parvient à fuir avec eux et rejoindre Sault-Saint-Louis où se trouve une vieille indiennequi a connu sa mère ! Le Père Cholenec est leresponsable de cette mission. Outre les travauxde ménage, de l’eau et du bois, Kateri réalisede splendides broderies. Elle prie beaucoup,isolée le long du fleuve.

A Noël 1678, elle peut enfin recevoir lacommunion. Elle passera des heures tous lesjours devant le Saint-Sacrement, dans la cha-pelle. A Montréal, alors appelée Ville-Marie,elle rencontre Mère Marguerite Bourgeois etvisite l’hôpital. Mais la vie religieuse n’est paspour elle. Elle fera des vœux de vierge consa-

crée le 25 mars 1679.Sa santé fragile ne l’em-

pêche pas de traiter dure-ment son corps et c’est fortaffaiblie qu’elle rend sonâme à Dieu le Mercredisaint 17 avril 1680 en pro-nonçant les noms de Jésuset de Marie. Le Père Chau-chetière en fait son portrait,en peinture et par écrit. Lesmiracles se multiplient.

Son tombeau est àCaughnawaga, proche duSaint-Laurent. Elle a été

béatifiée par Jean-Paul II le 22 juin 1980 et ca-nonisée par Benoît XVI le 21 octobre 2012.

? Roland Francart, s.j.D’après Agnès Richomme et Bernard Baray, Kateri Te-kakwitha la petite iroquoise, coll. « Belles Histoires etBelles Vies », no 32, Fleurus, 1964.

La Compagnie en Europe et dans le monde

Représentation théatrale de la vie de Kateri par des jeunes Américains

Clementine Little Hawk Hernandez, une Sioux Lakota, aparticipé à la cérémonie de canonisation de Kateri Tekakwithaà la place Saint-Pierre, en octobre dernier. (Roy Gutman, MCTArchives, Winnipeg Free Press)

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Dans la Province de France, le « mois Ar-rupe », c’est comme entendre parler

de Penboc’h Jeunes professionnels 2012, deLoyola XXI, de Ginette ou du baba au rhumde tante Amélie (qui n’est pas la sœur de laditeGinette).

Demander ce que c’est à ceux qui sont passéspar là expose bien souvent à devoir comprendreles choses à partir d’un visage qui s’éclaire ouqui paraît rentrer dans une opération décisived’élection des bons mots visant à organiserheureusement les phrases en une parole se vou-lant claire et signifiante (on n’étudie pas auCentre Sèvres pour rien…). Sort alors généra-lement un : « Ah ! Comment dire… C’est… »,qui le plus souvent va se perdre dans le ravis-sement d’un : « Oui… c’est…. En fait, non,c’est… », ou encore s’illustre dans un sourirepéremptoire assorti d’un : « Il n’y a rien à dire,cela se vit ! » Première chose, une fois de plus,pressentir les mots comme insuffisants.

Alors, en rendre compte ? Oui, mais…comment ? Que retenir, que mettre en lumiè-re ? Qu’écarter, que laisser dans l’ombre ? Exer-cice inutile pour certains, dévoilant la cou-ronne pour les uns, sortant enfin la lumièrede sous le boisseau pour d’autres. S’il est de-mandé d’en traiter, la tâche n’en reste pasmoins ardue. Convenons alors simplementque la disposition dans l’obéissance fait ac-quérir à la plume cette légèreté trempée dansl’encre personnelle de la liberté des mots.

Partons de ce que chacune des expériences

citées jusqu’ici renvoie finalement à une durée,un lieu, un rassemblement, un objectif, unemanière de faire qui forment un temps à vivre(avant d’y être), vivant (au moment d’y être)et vécu (après y avoir été). Effeuillons doncquelques questions sans pourtant chercher àdéflorer ce qui se vit.

Quand ? Du 9 juillet au 10 août 2012, seizejésuites se sont retrouvés d’abord en Lozèrepour un temps de session et ensuite en Ar-dèche pour un temps de retraite. Le mois cor-respond à une durée civile de trente jours,même si le temps de la retraite ayant les Exer-cices spirituels en filigrane de l’évangile selonMarc, a pu pour certains prendre plusieurssemaines, d’ailleurs plus ou moins longues.

Où, qui et d’où ? Sous la houlette (on pour-rait presque dire sous la fourchette, tant lanourriture était choisie et soignée…) de Phi-lippe Robert (Lille) et Jacques Gebel (Reims),en provenance, de Lyon, Marseille, Paris etAix-en-Provence — lieux d’étude ou d’apos-tolat en France — sont arrivés au petit villagede Serverette (Lozère), qui en train, qui envoiture, quatorze scolastiques jésuites de onzeProvinces différentes : Chili, Belgique Méri-

La Compagnie en Europe et dans le monde

Le fameux« mois Arrupe » !

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dionale- Luxembourg, France, Italie, CanadaFrancophone (Haïti), Brésil du Nord-Est,Andhra, Antilles (Saint-Domingue), Alle-magne, Goa et Malte. Ils en sont repartis en-semble pour rejoindre l’abbaye Notre-Dame-des-Neiges (Ardèche) et y entrer en retraite.Ceci pour en sortir et finalement retrouverleurs communautés ou leurs lieux d’apostolatsdes vacances.

Le point commun ? Ils ne se connaissentpas encore tous mais sont tous appelés parleur Provincial, quelle que soit l’étape de leurformation, à vivre le « mois Arrupe ». C’est-à-dire, pour suivre la lettre du Père Arrupedatée du 27 décembre 1979 qui a lancé cetteignaciative pour les scolastiques déterminantedurant la formation (§ 14), de « refaire indi-viduellement et en commun le pèlerinage deleur vie dans la Compagnie » (§4), dans untemps spécial prolongeant la « préparationspirituelle (…) » (§ 1, 11, 13) et humaine. C’estun temps reçu en vue de l’ordination au dia-conat et au presbytérat qui est aussi à recevoiren formant une communauté éphémère pen-dant ce Mois.

Quoi ? On pourrait dire que c’est un tempsà plusieurs temps, à la manière du bal avec leSeigneur décrit par Madeleine Delbrêl (Nousautres, gens des rues, Paris, Seuil, coll. « Livrede vie », 1966, p. 81). D’une part, il y a le ryth-me d’une vie commune (eucharisties, lectureset relectures, projection de films, soirées defêtes nationales ou d’anniversaires, tâches ré-parties). S’y articulent des pas de danse per-sonnelle (prière, lecture et relecture, tâchesde la maison, promenades et repos) et des pasen groupe (échanges, écoute de témoignages,lecture et relecture). Enfin, dernières figureset non des moindres, des temps de détentepermettant de mieux connaître la région etcertains modes de déplacement, qu’il s’agissedu kayak, du cheval ou encore du déplacement

d’un ballon de volley sur un terrain improvisé,de cartes à jouer sur une table ou de nos ima-ginations à travers la présentation des diffé-rentes provinces présentes dans les pays d’oùnous provenons. D’autre part, il y a la mutationde ce rythme de vie commune en autogestionen temps de 8 jours de retraite ensemble. Lespas auraient alors été tout à fait silencieux s’iln’y avait eu cette respiration lors de l’anniver-saire de l’abbaye.

Comment ? D’une certaine manière cettedanse perdrait en grâce parce qu’elle ne se lais-se pas enfermer dans des mots. Pourtant, nousavons pu expérimenter qu’ils en étaient — carassurés de la confiance du compagnonnage— l’heureux véhicule. Ainsi, tant les témoi-gnages de prêtres, d’un couple ou d’un com-pagnon extérieurs au groupe que nos propresrelectures de vie dont chacun a pu rendrecompte à sa manière, ont montré qu’une foisde plus la parole libère et qu’il y a dans la fer-meture à la grâce surtout les silences qui neparlent pas ou la parole qui ne dit rien. Enfin,cette parole n’aurait pas eu la même densitési la bienveillance ne planait pas dans noscœurs pour en déborder dans notre quotidien.Et c’est bien là que cheminer avec le Christ acontinué à prendre son sens. Mais tout celaest comme l’antipasto des plats à venir… laquestion essentielle étant : Pour qui ? Cetteréponse-là, c’est ensemble que nous l’écrironsdans nos vies.

? Albert Evrard s.j.(Communication publiée dans

Compagnie, 15 décembre 2012)

La Compagnie en Europe et dans le monde

27Echos • no 1 • janvier – mars 2013 •

Page 38: de la Compagnie de Jésus

28 Echos • no 1 • janvier – mars 2013 •

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« Comment faire des choix dans sa vie ? » À�

partir de 18 ans. Des outils pratiques pour bienposer ses choix de vie : études et profession,relations amicales ou amoureuses, orienta-tions de vie. Enseignements, témoignages,échanges. Accompagnement sur ses choix dumoment. Du V. 1er (20 h 00) au D. 3 (17 h 00)mars 2013. Animateurs : Marie-Pierre et DenisLatour, P. Eric Vollen, s.j.

« Briser la glace, accueillir la Grâce ! » Du V.�

1er (18 h 30) au D. 3 (17 h 00) mars 2013. Anima-teur : Luc Aerens, diacre permanent, profes-seur à l’Institut Lumen Vitae.

« Laisser passer le souffle ». La retraite alter-�

nera travail de la voix et contemplation bi-blique. Découvrir un chemin de liberté corpo-relle entre dynamisme et lâcher prise. Ouvrirsa voix et laisser passer le souffle en nous, lenôtre et celui de l’Esprit Saint. Du L. 4 (9 h 30)au V. 8 (17 h 00) mars 2013. Animatrice : Elisa-beth Goethals, soprano, professeur de chant

diplômée du Conservatoire royal deBruxelles ; Sr Sigrun Gross, r.s.a.

Nous préparer au mariage : « Aimer, c’est�

choisir ». Du V. 8 (20 h 00) au D. 10 (17 h 00)mars 2013. Avec le P. Eric Vollen, s.j., Bénédicteet Jean-Yves Lejeune.

« De la foi au Christ des apôtres à notre�

propre croire ». La pédagogie de Jésus  àl’égard des apôtres et la genèse de leur foi :des valeurs de référence pour nous. Quel estl’itinéraire de notre propre foi ? Comment ensommes-nous venus à une foi personnelle ?Comment la justifions-nous ? Du V. 8 (18 h 30)au D. 10 (17 h 00) mars 2013. Animateur : P. Ber-nard Sesboüé, s.j., théologien, professeur auCentre Sèvres, Paris.

« Vers moi… vers Lui ». Éclairer le sens de ma�

vie, chercher un plus d’humanité, m’ouvrir à unDieu qui m’aime ? Un parcours passionnant etpercutant dans le concret de nos vies, à traverstémoignages, échanges, chants, apports, rire etprière. Du V. 15 (18 h 30) au D. 17 (17 h 00) mars2013. Animateurs : une équipe de Fondacio.

Après-midi « Pause arc-en-ciel ». Durant le�

temps pascal, prendre un après-midi de pausepour lire un texte de l’Écriture et vivre un mo-ment d’intériorité et d’expression artistique.Se laisser toucher et rejoindre par le Christ,laisser jaillir la Vie et se déployer l’arc-en-cieldes couleurs de la prière. Possibilité de parti-ciper à 1, 2 ou 3 après-midis. Mardi : 19 mars, 16avril, 14 mai 2013 de 14 h 00 à 17 h 30. Anima-trices : Dominique Bokor-Rocq (aquarelliste) ;Sr Renée Parent, s.s.m.n.

Week-end adolescents « Let’s  go ». Tu es�

jeune et dynamique ? Tu as envie de vivredeux jours de fête avec le Seigneur ? Viensnous rejoindre avec une trentaine de jeunesde 12 à 17 ans : temps de prière, partage, jeux,réflexion et veillées seront au rendez-vous. DuV. 22 (18 h 30) au D. 24 (17 h 00) mars 2013. Ani-mateurs : P. Daniel de Crombrugghe, s.j., So-phie Materne, Sr Françoise Schuermans,s.s.m.n.

« Célébrer les jours saints ». Vivre le Tri-�

duum pascal dans le recueillement et laprière. Lecture des textes de la liturgie. Écoute

ota bene Nota bene Nota bene Nota bene Nota bene Nota bene Nota bene

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de quelques pages musicales (Bach, Haydn, Vi-valdi, etc.) pour entrer dans le mystère de laPassion. Du Me. 27 (18 h 30) au D. 31 (9 h 00)mars 2013. Animateurs : P. Guy Vanhoomissen,s.j., Sr Marie-Adèle Verheecke, r.s.a.

Nous préparer au mariage : « Aimer, c’est�

choisir ». Du vendredi (20 h 00) au dimanche(17 h 00). S’arrêter chacun et ensemble. Écouternos interrogations, nos désirs. Regarder versl’avenir et commencer à le construire. Aborderensemble les questions qui font et feront laréalité concrète de nos vies : les familles, le tra-vail, l’argent, les loisirs, les amis, la sexualité, latendresse, la fidélité… Se parler de Dieu, de noschemins de foi et du sacrement du mariage .

Du  11 au  13 janvier P. Eric Vollen, s.j., et Didier-& Bénédicte Tierens.

Du 25 au 27 janvier. P. Xavier Léonard, s.j.,-Baudouin & Bernadette van Derton.

Du 22 au 24 février. P. Xavier Léonard, s.j.,-Baudouin & Bernadette van Derton.

Du 8 au 10 mars. P. Eric Vollen, s.j., et Jean--Yves & Bénédicte Lejeune.

« Surprenante jeunesse de l’Évangile ».�

L’Église a souvent un discours fade qui n’oseplus se référer de façon claire à la personnedu Christ et à l’Évangile, qui irrite parfois parson langage moralisateur. Retournons à lasource, accueillons la grâce d’une nouvelle vi-gueur spirituelle. Du Ma. 2 (18 h 30) au D. 7(9 h 00) avril 2013. Animateurs : P. Jean Meeûs,s.j. et une équipe de l’Annonciation.

« L’art du conte biblique : l’acquérir ou l’ap-�

profondir ». Comment articuler l’étude bi-blique et les techniques d’oralité des conteurstraditionnels ? Pour débutants ou confirmés.Du V. 5 (18 h 30) au D. 7 (17 h 00) avril 2013. Ani-matrices : Martine Millet, Pasteure del’Église Réformée de France, créatrice de l’As-sociation « Chacun-e Raconte » et Odile La-faurie, formatrice et conteuse de l’Association

« Textes bibliques et chemins de vie ». Mé-�

diter la Parole de Dieu et, par notre écriture,en percevoir la présence et l’action dans notrevie personnelle et le monde qui nous entoure.Sur ce chemin spirituel, les textes ébauchés

sont partagés dans une écoute amicale. Du V.12 (18 h 30) au D. 14 (17 h 00) avril 2013. Anima-trice : Jeannine Bonnefoy (Paris), professeur delettres, animatrice d’ateliers d’écriture.

« Donne-moi de cette eau ! » Laisser le Christ�

nous conduire à la source intérieure (céliba-taires 40 - 55 ans). La Samaritaine, une femmeen mal d’alliance. Le Christ nous dévoile sonregard sur nos vies. Accueillir son salut et sespromesses. Du V. 19 (18 h 30) au D. 21 avril 2013.Animation : Isabelle Pirlet et une équipe.

Intériorité et Partage : week-end en famille�

« Jonas ». Les week-ends Jonas allient dé-marche individuelle et de couple. Le chemine-ment proposé part de la vie et relit celle-cicomme une page d’Évangile. Prendre le temps,seul puis à deux, de se mettre sous le regardde Dieu pour porter ensemble notre projet etnotre réalité. Et ainsi entrer plus profondé-ment dans la grâce unique que le Seigneurdonne à chaque couple et famille. Les enfantsfont un cheminement proche de celui des pa-rents. Du S. 27 (9 h 30) au D. 28 (14 h 00) avril2013. Animateurs : P. Michel Bacq, s.j., Sr Fran-çoise Schuermans, s.s.m.n.

« Entre rêves et réalités » : Jeunes couples –�

jeunes familles (– de 10 ans de mariage). S’ai-mer au fil du temps, donner un nouvel élan ànotre amour, vivre plus de complicité. Prendredu temps pour relire notre vie de couple,rendre grâce, vivre le pardon et se re-poser.Temps personnels de réflexion et de prière in-troduits chaque fois par un exposé, des tempsà deux et des partages avec les autres couples,détente et convivialité. Du S.  27 (9 h 30) auD.  28 (17 h 00) avril 2013. Animateurs : Didier &Bénédicte Tierens et le P. Eric Vollen, s.j.

« Le prophète Jérémie, un homme face à la�

crise ». La crise qu’Israël traverse à son époquetouche Jérémie personnellement. Par l’étudede textes clés, nous verrons comment il se batpour résister, tout en menant à bien sa mis-sion, en fidélité à l’Alliance. Une parole tou-jours d’actualité. Samedi 27 avril 2013 de9 h 30 à 17 h 00. Animatrice : Elena di Pede,théologienne et maître de conférence à l’Uni-versité Paul Verlaine, Metz.

29Echos • no 1 • janvier – mars 2013 •

Nota bene Nota bene Nota bene Nota bene Nota bene Nota bene Nota ben

Page 40: de la Compagnie de Jésus

30 Echos • no 1 • janvier – mars 2013 •

« Trouver Dieu en toute chose » : retraite de�

l’École de prière contemplative. Entrer dans laprière contemplative telle qu’elle est propo-sée par saint Ignace dans les Exercices spiri-tuels de 2e semaine : mettre en jeu tous nossens pour entrer en relation avec Dieu. Du V.19 (18 h 30) au D. 21 (17 h 00) avril 2013. Anima-trices : Thérèse Crispin, Cécile Gillet.

« Écouter la Parole à la suite du Christ ». Ini-�

tiation aux Exercices spirituels de saint Ignace.Vivre une expérience spirituelle fondée surl’apprentissage de la pédagogie d’Ignace deLoyola : prier l’Écriture, relire sa prière et savie, entrer dans le discernement spirituel. Re-traite en groupe avec enseignements et ac-compagnement personnel. Du L. 29 (9 h 30)avril au V. 3 (17 h 00) mai 2013. Animateurs :une équipe de La Pairelle.

COMMUNAUTÉ DU CHEMIN NEUF

Carmel de Mehagne27, chemin du Carmel

4053 Embourg04 365 10 81

[email protected]

« Week-end jeunes international ». Du sa-�

medi 30 mars (15 h 00) au lundi 1er avril(14 h 00). Un week-end pour les 18–30 ans :

« Christ est ressuscité ! » Avec des jeunes deBelgique, France, Allemagne et Pays-Bas !

« Anamnèse ». Du samedi 27 avril au mer-�

credi 1er mai. Retraite anamnèse de 4 jourspour accueillir la lumière de Dieu sur son his-toire.

« Mardis de désert ». Une « Année de la foi »�

pour grandir à l’école du Christ ! Mai : « Notrevie au souffle de l’Esprit  Saint », juin : « Devenirdisciple de Jésus ». Mardis 7 mai et 4 juin de9 h 30 à 15 h 00. Avec l’abbé Pierre Hannossetet la Communauté du Chemin Neuf.

Journée de ressourcement à l’écoute de la�

Parole de Dieu et de l’Esprit Saint. Prendre letemps de s’arrêter et se laisser rejoindre parDieu dans le silence. Enseignement, prière si-lencieuse, eucharistie, repas simplifié, écoutespirituelle, sacrement de la réconciliation.

« Week-end Cana ». Du samedi 18 au di-�

manche 19 mai. Un week-end de Pentecôtepour les couples : « Recevez l’Esprit Saint ! » Unweek-end pour faire grandir l’amour.

« Week-end jeunes ». Du samedi 18 au di-�

manche 19 mai. Un week-end de Pentecôtepour les 18–30 ans : Recevez l’Esprit Saint !

ota bene Nota bene Nota bene Nota bene Nota bene Nota bene Nota bene

Page 41: de la Compagnie de Jésus

NOTRE-DAME DE JUSTICE

9, avenue Pré-au-Bois1640 Rhode-Saint-Genèse

[email protected]

Jeudi 18 avril (14 h 00-16 h 30). Atelier-ren-�

contre : « Peinture et Prière » : un temps derencontre pour prier et partager la Parole deDieu par la peinture, un chemin de foi pouraccueillir pleinement l’amour de Dieu. Aucune

aptitude en peinture n’est pré-requise. Anima-tion : Joëlle Desmarets-Mariage.

Jeudi 18 avril (19 h 00-21 h 30). Chemin de�

prière contemplative  selon saint Ignace : unemerveilleuse façon d’entrer dans la prière :contempler la Parole de Dieu avec nos 5 sens(intérieurs) et nous laisser rejoindre par Lui, cha-cun là où nous sommes. Un parcours de 9 ren-contres, avec possibilité de participation ponc-tuelle. Animation : Joëlle Desmarets-Mariage,Yvan de Menten et Sr Cécile-Marie Raths, s.c.m.

Mardi 23 avril (9 h 00-15 h 00). Repartir du�

Christ : chaque mois, un jour de ressource-ment pour lire, prier, partager la Parole afind’en vivre. S’inscrire au préalable. Animation :Bénédicte ligot-Morimont, Annalisa Orsini, M.Thérèse Puissant-Bayens, Sr Odile Lambert,

s.c.m., Sr Cécile-Marie Raths, s.c.m., P. PaulSmolders, s.j.

Samedi 27 avril (9 h 30-17 h 00). Rencontre�

pour personnes séparées, divorcées,remariées : « Chemin d’espérance… » un che-min s’ouvre aussi pour toi. Apporter sonpique-nique ; potage et boissons seront servissur place. Animation : Mgr André-Joseph Léo-nard, archevêque de Malines-Bruxelles.

31Echos • no 1 • janvier – mars 2013 •

Nota bene Nota bene Nota bene Nota bene Nota bene Nota bene Nota ben

Page 42: de la Compagnie de Jésus

32 Echos • no 1 • janvier – mars 2013 •

OXYMORON

En ces temps moroses, il nous arrive d’être déçus. La décep-tion peut s’immiscer de mille manières dans nos existences.Nous pouvons être déçus par les autres, par les choses ou parnous-mêmes. Un roman, un film, un musée ou un paysage peu-vent nous décevoir aussi sûrement qu’un objet ou une relation :insuffisance, oubli, mesquinerie, promesse non tenue, abandon,trahison… La déception est un sentiment personnel ; on ne peutreprocher à personne sa déception. Pourtant la perception in-dividuelle peut s’avérer collective : plusieurs personnes peuventse rejoindre dans une déception commune : travailleurs, parents,partis, nations, communautés, chrétiens en ces temps de jubiléde Vatican II… Décevoir, c’est ne pas répondre à l’attente, auxespoirs de quelqu’un ou le faire imparfaitement. Les disciplesd’Emmaüs sont déçus : « Nous espérions qu’il était celui quiallait délivrer Israël » (Lc 24, 21). Qui dit déception dit évaluationet qui dit évaluation dit jugement de valeurs c’est-à-direconfrontation à un idéal. La déception ne peut naître que del’inadéquation entre cet idéal attendu et la réalisation, le résultatde l’action. De soi, la déception véhicule une connotation d’in-suffisance, d’incompétence et d’échec voire d’hostilité, de tris-tesse et de souffrance. La déception apparaît naturellementdémobilisatrice, mortifère et stérile. Et s’il en allait autrement ?Accepterons-nous toujours cette fatalité ? Notre déceptionva-t-elle ajouter encore à la morosité ambiante ? Abandonne-rons-nous toujours à la déception le privilège du dernier mot ?« L’espoir fait vivre, écrivait George Sand, mais la déception netue pas. » C’est déjà ça ! Jean Sulivan ajoute : « Ce qui comptevient toujours après la traversée des illusions et de la décep-tion ». Georges Bernanos nous mène plus loin en nous faisantremarquer qu’on ne peut être déçu que par ce qu’on aime. Allons,voilà de quoi renouer avec l’espérance ! Si nous sommes déçuspar ce que l’Eglise, en cinquante ans, a fait de Vatican II, c’estque nous aimons l’Eglise. Ces derniers temps, dans les médias,nous sommes bombardés de toutes sortes d’oxymorons ridi-cules déguisés en euphémismes : guerre propre, croissancezéro, armes non létales, commerce solidaire, discriminationpositive. Je propose un nouvel oxymoron sensé : la déceptioncréatrice. Une des formes actuelles de l’espérance.

Robert Myle, s.j.

Le billet d’humeur

ROBERT MYLE, S.J.

Page 43: de la Compagnie de Jésus

Editeur responsable PIERRE HUPEZ, S.J.Rue Fauchille, 6 – 1150 BruxellesCompte Missions-Œuvres des Jésuites 210-0905176-24BIC : GEBABEBB – IBAN : BE81 2100 9051 7624avec la mention : « Soutien aux Échos »

Rédacteur en chef TOMMY SCHOLTES, S.J. Secrétaire de rédaction ROLAND FRANCART, S.J.

Service Communication BMLBd Saint-Michel, 24 – 1040 Bruxellestél. : 0478 26 97 28 – [email protected]

Comité de rédaction JEAN BURTON, S.J., ROLAND FRANCART, S.J.,ROBERT MYLE, S.J., DANIEL DE CROMBRUGGHE, S.J.

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Les derniers numéros des Échos sont consultables sur le site www.jesuites.be.Ceux qui souhaitent déposer des informations (sous forme d’article, nouvelle, récit, etc.) dans les Échos ou sur le site peuvent le fairevia [email protected].

© BML, MMXIII

Page 44: de la Compagnie de Jésus

leséditions

fidélité Nouveautés aux éditions Fidélité

www.fidelite.be

Charles DelhezCheminons ensemble.

Carême 2013• 12,5 × 20 cm • 48 p.

1,75 €ISBN 978-2-87356-541-1

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ISBN 978-2-87356-540-4

Bethy OudotJalons pour prier.A l’école d’Ignace

de Loyola• 15 × 22 cm • 144 p.

12,90 €ISBN 978-2-87356-551-0

Edouard O’Neill, s.j.La grâce d’agir.

A la manièred’Ignace de Loyola• 15 × 22 cm • 72 p.

10,00 €ISBN 978-2-87356-550-3