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Section 1: L’essence de la Morale Catholique LE CHRISTIANISME CATHOLIQUE LA SÈRIE LUKE E. HART ® Comment les catholiques vivent

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Section 1:

L’essence de la Morale Catholique

LE CHRISTIANISME CATHOLIQUE LA SÈRIE LUKE E. HART®

Comment les catholiques vivent

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Les Chevaliers de Colomb présententLa série Luke E. Hart

Éléments de base de la Foi Catholique

L’ESSENCE DE LAMORALE CATHOLIQUE

P A R T I E T R O I S • S E C T I O N U N D E L AC H R É T I E N T É C A T H O L I Q U E

Quelles sont les croyances d’un Catholique?Comment un Catholique prie-t-il?Comment un Catholique vit-il?

Selon leCatéchisme de l’Église Catholique

parPeter Kreeft

Collection dirigée parla père Juan-Diego Brunetta, O.P.

Directeur du Service d’information catholiqueConseil Suprême des Chevaliers de Colomb

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Nihil obstatLe père Alfred McBride, O.Praem.

ImprimaturLe Cardinal Bernard Law

19 décembre 2000Le Nihil Obstat et l’Imprimatur sont des déclarations officielles qu’un livre ou un dépliant estlibre d’erreurs doctrinales ou morales. Ces déclarations ne sous-entendent pas que les personnesqui ont accordé le Nihil Obstat et l’Imprimatur sont en accord avec le contenu, les opinions ou lesdéclarations exprimés.

Copyright © 2009 par le Conseil Suprême des Chevaliers de Colomb. Tous droits réservés.

Extraits du Catéchisme de l’Église Catholique, édition définitive, © Texte typique latin, LibreriaEditrice Vaticana, Citta del Vaticano, 1997. Pour utilisation au Canada, copyright © ConcacanInc., 1998. Tous droits réservés. Reproduit avec la permission de la Conférence des évêquescatholiques du Canada. Pour obtenir le texte complet, visitez : www.editionscecc.ca

Les citations de l’Écriture sainte sont extraites de la version La Bible, traduction officielle de laliturgie, tel que présentée sur le site Internet Bible de la Liturgie, Copyright AELF - Paris -1980 - Tous droits réservés.

Les extraits en langue latine et en langue anglaise du Droit Canon sont utilisés ici avec l'accordde l'éditeur © 1983 Société de droit canon d’Amérique, Washington D.C.

Des citations tirées de documents officiels de l’Église, de Neuner, Josef, SJ et Dupuis, Jacques,SJ., éditeurs : The Christian Faith : Doctrinal Documents of the Catholic Church, 5e édition (NewYork : Alba House, 1993) Utilisation autorisée.

Avec l’autorisation de l’éditeur, tous droits réservés, nous avons utilisé des extraits du VaticanCouncil II : The Conciliar and Post-Conciliar Document Revised Edition, édité par Austin FlanneryOP, copyright © 1992, Costello Publishing Company, Inc., Northport, NY. Ces extraits, entout ou partie, ne sauraient être reproduits, ni stockés dans un système de gestion d’information,ni retransmis sous quelque forme ni par quelque moyen que ce soit, électronique, mécanique,photographique, magnétique, numérique ou tout autre, sans l'autorisation explicite de laCostello Publishing Company.

Couverture : Nicolas Colombel (1644-1717), LeChrist et la Samaritaine. Residenzgalerie,Salzbourg, Autriche. © Erich Lessing/Art Resource, New York.

Toute représentation, transmission ou reproduction intégrale ou partielle de ce livre, sousquelque forme ou par quelque moyen que ce soit, électronique, mécanique, photographique,magnétique, numérique ou tout autre, sans l’autorisation écrite de l’éditeur, est strictementinterdite. Communiquer par écrit avec :

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Téléphone : 203-752-4267Télécopieur : 203-752-4018

Imprimé aux États-Unis d’Amérique

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U N MO T S U R C E T T E S É R I ECe livret en est un d’une série de 30 livrets qui offrent une

expression familière des principaux éléments du Catéchisme del’Église Catholique. Le pape Jean-Paul II, sous l’autorité duquel leCatéchisme fut d’abord publié en 1992, exprima le désir que detelles versions soient publiées afin que chaque peuple et chaqueculture puissent s’approprier son contenu comme le leur.

Ces livrets ne remplacent pas le Catéchisme, mais sontofferts seulement dans l’esprit de rendre son contenu plusaccessible. La série est à certains moments poétique, familière,enjouée et imaginative; en tout temps, elle s’efforce d’être fidèleà la foi.

Le Service d’information catholique recommande de lirechaque mois au moins un livret de la série Hart afin d’obtenir unecompréhension plus profonde, plus mature de la Foi.

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TRO I S I ÈME PART I E : COMMENT L E SC ATHOL IQUE S V I V ENT (MORA L I T É )

SECTION 1: L’ESSENCE DE LA MORAL CATHOLIQUE

1. Place de la morale dans la foi catholique Ayant sa source dans la foi, la présente série compte trois

parties :1) la manière de penser des catholiques (théologie

catholique);2) la manière de prier des catholiques (culte catholique);3) la manière de vivre des catholiques (morale catholique).

Toute religion comprend trois éléments : foi, vie spirituelleet morale; credo, culte (liturgie) et code; paroles, adoration etœuvres.

Ces éléments correspondent aux trois parties de l’âmehumaine : esprit, cœur, volonté.

Les trois sont également vitales pour être catholique.Les trois parties ne sont pas séparées, mais jointes. Les

catholiques ne commencent pas par décider quoi croire, pourpasser ensuite à la prière et au culte et se mettre ensuite à vivreselon la morale. En fait, c’est parfois l’inverse qui se passe, car lacause la plus courante de la perte de la foi est une vie immorale,et les sources les plus puissantes d’une vie morale sont la prière etles sacrements. Plus on prie, plus on est vertueux, et plus on estvertueux, plus on a une grande foi.

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Les trois parties sont comme les trois pattes d’un trépied.Les pattes peuvent être faibles ou solides, longues ou courtes,mais si les trois n’y sont pas, ce n’est pas un trépied. On n’est pascatholique sans croire que l’essentiel de l’enseignement del’Église est la vérité révélée par Dieu, ni sans faire un effortsincère pour y obéir en admettant que l’Église enseigne lescommandements de Dieu, ni sans rencontrer Dieu dans la prièrecomme le fait l’Église. Si on refuse de croire, d’obéir ou de prier,on n’est pas catholique; si on prie, obéit et prie faiblement, on estun catholique faible; si on croit, obéit et prie bien, on est uncatholique solide.

Dieu seul est capable de juger si quelqu’un est uncatholique faible ou solide, mais vous pouvez et devez êtrecapable de juger si vous êtes catholique ou non.

2. Les trois parties appartiennent à la même réalitéCes trois parties de la religion catholique, foi, œuvres et

culte, sont trois aspects ou dimensions d’une réalité unique,comme les trois dimensions de l’espace. C’est la même réalité quenous confessons dans le Credo, à laquelle nous obéissons dans lescommandements et à laquelle nous participons dans lessacrements. Cette unique réalité, c’est la vie du Christ : passeulement l’imitation de sa vie, mais sa vie même; pas seulementun effort pour copier son essence imaginée, mais la participationà sa réalité. Finalement, c’est cela être catholique.

Le Catéchisme (1692) affirme : « Ce que la foi confesse, lessacrements le communiquent : par les “sacrements qui les ont faitrenaître” [et tout d’abord le Baptême], les chrétiens sont devenus“enfants de Dieu” (Jean 1, 12; 1 Jean 3, 1), “participants de lanature divine” (2 Pierre 1, 4). […] [L]es chrétiens sont appelés àmener désormais une “vie digne de l’Évangile du Christ”(Philippiens 1, 27) », c’est-à-dire vivre sur le plan moral la viemême du Christ que nous recevons sacramentellement etconfessons dans le Credo. C’est une seule réalité, une seule vie.

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3. Place centrale du Christ dans la morale catholique Dans notre monde affairé et complexe, le Christ nous dit

assurément ce qu’Il a dit à Marthe (Luc 10, 41-42) : « Marthe,Marthe, tu t’inquiètes et tu t’agites pour bien des choses. Uneseule est nécessaire. » Cette seule chose, c’est le Christ Lui-même.

De même que l’Eucharistie n’est pas seulement un rite ou unsymbole, mais le Christ Lui-même, ainsi la vie morale du chrétienest le Christ Lui-même qui vit sa vie dans son peuple. Noussommes son propre Corps! Le Christ est présent dans notre viemorale d’une autre manière que dans l’Eucharistie, évidemment :Il est mélangé à nos imperfections humaines de telle sorte quenous n’adorons pas les hommes bons ni les bonnes actions commenous adorons l’Eucharistie. Mais la vie morale du chrétien n’estpas simplement un effort humain pour imiter le Christ; elle est ceque saint Paul a appelé « ce mystère : le Christ est au milieu devous, lui, l’espérance de la gloire! » (Colossiens 4, 3)

Le Christ n’est pas seulement l’enseignant d’un code moral,mais Il est Dieu Lui-même, l’Unique qui est à l’origine de toutbien. Deux biens très grands sont la loi morale et notre obéissanceà cette loi; il s’ensuit qu’Il est à l’origine des deux : Il est le Dieuqui a donné la loi morale à Moïse (comparer Jean 8, 58 à Exode3, 14) et le Dieu qui nous donne la grâce de la vivre. Quand nousobéissons aux commandements, nous obéissons au Christ, car cescommandements sont de Lui.

La morale chrétienne n’est pas que le moyen vers la fin d’unmonde meilleur, de la paix et de la justice, du bien-être de lafamille ou de l’harmonie sociale (quoique tous ces biens soientexcellents). Ces biens se rapportent au Christ; ce n’est pas leChrist qui s’y rapporte. Ils sont des moyens d’obéir à sa volonté.Ils sont bons parce qu’ils viennent de Lui; ce n’est pas Lui qui estbon parce qu’Il les enseigne.

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Le catéchisme affirme clairement son christocentrisme audébut de chacune de ses grandes sections, y compris celle sur lamorale : « La référence première et ultime de cette catéchèse seratoujours Jésus-Christ Lui-même qui est “le chemin, la vérité et lavie” (Jean 14, 6) » (CÉC 1698), puis cite, au même paragraphe, lemeilleur résumé de la morale chrétienne jamais donné, ce simplemot de saint Paul : « Ma vie, c’est le Christ. » (Philippiens 1, 21)

Saint Paul ajoute ensuite : « mourir est un gain », car sinotre vie est le Christ, la mort est le Christ avec plus deplénitude, une vie plus grande.

4. Conséquences pratiques du christocentrismeLa conscience de la nature christocentrique de la morale

catholique n’est pas seulement la manière la plus exacte de lacomprendre, mais aussi la manière la plus efficace de la pratiqueret de surmonter nos péchés et nos faiblesses. Les tout premiersmots de la section du catéchisme sur la morale expliquent ce lien.

« “Chrétien, reconnais ta dignité. Puisque tu participesmaintenant à la nature divine, ne dégénère pas en revenant à ladéchéance de ta vie passée. Rappelle-toi à quel Chef tu appartienset de quel Corps tu es membre.” »1 (CÉC 1691)*

Il n’existe rien de comparable dans la morale profane. Aucunfondement de la dignité humaine ne peut se comparer à celui-ci :que Dieu nous a donné part à sa propre nature divine en nousintégrant au Corps du Christ. Au début de ce cours sur la moralecatholique, au début de chaque jour, avant chaque choix moral,nous devrions prendre le temps de nous imprégner de ce pointessentiel, d’écouter le battement de ce cœur de la moralecatholique.

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*CÉC = Catéchisme de l’Église Catholique

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5. Personnalisme de la morale catholique Quelle est l’image de la morale catholique répandue par le

monde profane d’aujourd’hui, surtout l’establishment des médiasqui façonne les esprits modernes par la télévision, les films, lejournalisme et les écoles publiques?

C’est un système sans joie, répressif, déshumanisant,impersonnel et borné, d’un autre monde, inhumain et souventcarrément stupide.

La morale catholique a un aspect totalement différent del’intérieur, du point de vue de ceux qui la vivent,particulièrement les saints! Quand les médias rencontrent unepersonne largement considérée comme sainte, par exemple mèreTeresa, leurs stéréotypes disparaissent et s’effacent.

Rien n’a l’air plus différent de l’intérieur et de l’extérieurque la morale catholique, sauf peut-être le fait d’être en amour :rien ne peut sembler plus stupide à ceux qui n’aiment pas, ni plussage et plus merveilleux pour les amants.

En effet, la morale catholique est une affaire d’amour avec leChrist et son peuple, même si ce n’est pas « l’amour romantique ».Elle a ses lois et ses règles, comme une ville a ses rues. Les ruessont essentielles dans une ville, mais elles ne sont pas l’essence dela ville. Elles ne sont pas non plus un lieu où vivre (même si lesmalheureux clochards le font). Les rues sont un moyen pour unefin, qui est d’aller chez soi. C’est à la maison qu’on vit vraiment.Pareillement, les lois morales sont la carte géographique quiconduit à une bonne vie et non la réalité elle-même. Cette réalitéest une relation d’amour, comme un mariage.

L’alliance matrimoniale a ses lois, comme l’alliance de Dieuavec nous. Mais le mari et la femme sont fidèles tout d’abord l’unà l’autre, et non aux lois. Les lois définissent et prescrivent leurfidélité mutuelle. Les principes sont pour les personnes, non lespersonnes pour les principes. La morale catholique est

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personnaliste, centrée sur la personne, parce qu’elle estchristocentrique et que le Christ est une personne, non unprincipe.

Mais bien qu’elles soient seulement un moyen en vue de lafin supérieure du bien des personnes, les lois sont un moyenessentiel. De même qu’on ne peut pas être ingénieur sansconnaître et respecter les lois matérielles de la physique, on nepeut pas être chrétien sans connaître et respecter les loisspirituelles de la morale.

Le christianisme est essentiellement une relation d’amouravec des personnes, Dieu et le prochain. Qu’est-ce qu’aimerDieu? Voici comment Dieu le définit : « Si vous m’aimez, vousresterez fidèles à mes commandements. » (Jean 14, 15) Le Christne met pas l’amour et la loi en opposition, mais Il les unit,comme l’âme et le corps. L’amour sans la loi est comme une âmesans corps, un fantôme. La loi sans amour est comme un corpssans âme, un cadavre.

6. Voir le tableau d’ensemblePour réévangéliser le monde moderne, rien n’est plus

nécessaire que cette vision de la vie humaine, cette vue d’ensembledonnée par la morale catholique, où on voit ce que voit l’Église.L’une des raisons principales pour lesquelles nous pratiquons malnotre morale est que nous la comprenons mal. Nous necomprenons pas qu’elle n’est pas seulement une manière d’agir,mais une manière d’être; il ne s’agit pas seulement de mener unebonne vie, mais de devenir « une créature nouvelle » (2Corinthiens 5, 17), un autre Christ. Quand nous lisons ce quedisent les saints au sujet de la perfection de la charité, ou ce quedit le Christ Lui-même dans les Béatitudes, nous sommesstupéfaits de voir combien cette vision diffère de la conceptioncourante de la morale, combien elle est élevée, sainte, belle etpleine de joie.

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Si nous oublions cette vue d’ensemble, cette raison ultime derespecter la morale (entrer dans la vie et l’amour même duChrist), même si nous nous souvenons de tout le reste de lamorale catholique – son réalisme, sa rationalité, sa justice –, nousn’en voyons pas la beauté et nous ne connaissons pas la joie del’aventure où elle nous conduit.

En effet, la morale catholique consiste à suivre nonseulement des lois, mais le Christ, c’est comme suivre une voiturequi fait de l’excès de vitesse au lieu de suivre une séried’indications : c’est ça la vie! Annie Dillard dit que, quand nousallons à la messe, nous sommes « comme des enfants qui jouentsur le plancher avec leurs trousses de chimie et mélangent un lotde TNT pour passer un dimanche matin. C’est de la folie deporter […] des chapeaux de feutre à l’église; nous devrions tousporter des casques protecteurs. Les portiers devraient remettre desgilets de sauvetage et des fusées de signalisation; ils devraientnous attacher à nos bancs, car le Dieu qui sommeille pourrait seréveiller un jour et […] nous entraîner à un endroit d’où nous nereviendrons jamais. »

Les païens, antiques ou modernes, aiment la bonté dansl’homme, là où ils peuvent la voir. Les Juifs et les musulmans,aussi bien que les chrétiens, aiment également, et en premierlieu, la bonté en Dieu, où ils ne peuvent pas la voir, mais leschrétiens aiment la bonté surtout là où ils l’ont vue parfaitementsur la terre, dans le Christ. À quoi la bonté ressemblait-elle alors?À une croix : Dieu qui nous aime jusqu’à la mort, jusqu’à la fin,peu importe ce que cela Lui coûte et peu importe que nous ne leméritons pas. Cet amour n’est pas jusqu’à ce que, ou à moins que,mais un amour sans restriction. Il est la source vivante de lamorale catholique, une source aussi réelle et aussi brûlante que lebuisson ardent où Moïse a vu Dieu. Telle est la vision de la morale

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qui a fait les saints : ils ne l’ont pas seulement imitée, mais ils ontparticipé à sa vie comme les sarments à la vigne (voir Jean 15, 5).

7. Relation entre religion et morale : pouvons-nous être bons sans Dieu?« Si Dieu n’existe pas, alors tout est permis », a écrit

Dostoïevski. En effet, si c’est seulement le vouloir de l’homme etnon celui de Dieu qui établit les lois morales, celles-ci sont aussivariables et aussi arbitraires que les règles d’un jeu. Si nousétablissons les règles, nous pouvons les changer ou les abolir. Sion détruit la religion, on détruit la morale.

Pourtant, beaucoup de grands penseurs païens avant leChrist comme Socrate, Platon, Aristote, Cicéron, Confucius etLao Zi ont connu une grande partie du contenu de la loi moraleet ont reconnu sa force contraignante sans connaître grand chosede Dieu. Saint Paul a d’ailleurs écrit que tous les hommes, tantpaïens que chrétiens, connaissent la loi morale de Dieu par laraison naturelle et leur conscience (Romains 1, 17-21), et il autilisé ce principe en prêchant aux philosophes païens d’Athènes(Actes des Apôtres 16). Il peut donc y avoir une vraie morale sansvraie religion.

Dostoïevski et saint Paul ont tous deux raison. Dostoïevskia raison parce que si Dieu, cause première et origine dernière dela loi morale, n’existait pas, alors une loi morale objectivementréelle et universellement contraignante n’existerait pas non plus.Mais saint Paul a raison également, parce que l’homme peutconnaître les effets de Dieu sans connaître explicitement Dieu entant que cause, en morale comme en sciences naturelles. Tous leshommes connaissent la création; tous ne connaissent pas leCréateur. Tous les hommes connaissent la loi morale; tous neconnaissent pas le Législateur.

Mais nous ne pouvons pas connaître la loi morale aussi biensans connaître le Législateur et son caractère. La révélation

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surnaturelle de Dieu éclaircit la connaissance de la morale quenous avons par notre raison naturelle, et elle corrige nos erreurs.En effet, la connaissance morale de l’homme déchu n’est pasinfaillible, mais la Révélation divine l’est.

Une conséquence pratique de l’assertion de saint Paulvoulant que tous les hommes connaissent la morale par la raisonnaturelle (ou conscience) est que nous pouvons réfuter des erreurscomme l’avortement et l’euthanasie à partir des principesrationnels universels, tout comme nous pouvons réfuterl’esclavage ou le racisme. Ceux-ci ne sont pas simplement des« questions religieuses » ou des tentatives d’imposer une moralereligieuse donnée aux incroyants. La prescription « Tu ne tueraspas » n’est pas suivie d’une clause précisant « pour catholiquesseulement ».

Une conséquence pratique de l’assertion de Dostoïevskivoulant que, sans Dieu, tout soit permis est que nous ne pouvonspas vraiment être bons sans Dieu, même si nous ne savons pas quetel est le cas. Quand quelqu’un est bon, c’est la grâce de Dieu quiest à l’œuvre, que nous le sachions ou non. Le mérite et lesremerciements reviennent à Dieu, car « [t]out don de valeur ettout cadeau parfait descendent d’en haut » (Jacques 1, 17),particulièrement notre connaissance morale naturelle et nos bonschoix moraux. Ils sont à nous et ils sont libres, mais ils sont aussiune grâce de Dieu, car la grâce de Dieu fait naître notre liberté,elle ne la supprime pas.

8. Pourquoi être catholique si on peut vivre une bonne vie morale sansl’être?

On peut respecter la morale sans être catholique, sans êtrechrétien, sans être religieux du tout. On peut également vivrelongtemps en santé sans suivre de régime alimentaire, sans faired’exercices, sans rien connaître à la médecine. Mais ce n’est pas

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facile! Les chances de réussite dans toute entreprise augmententtoujours si on connaît une plus grande part de vérité. On a doncde bien meilleures chances de vivre une bonne vie si on a unemeilleure connaissance de ce qu’est vraiment une bonne vie, grâceà la Révélation divine.

On a aussi un bien plus grand pouvoir d’être bon si onrecourt aux sacrements de l’Église, canaux de la grâce divineétablis précisément à cette fin par le Christ.

Mais on peut honnêtement être catholique seulement si oncroit que cela est vrai. Nous ne pouvons pas croire ce que nous nepensons pas être vrai, même si nous pensons que cela nous rendrabons. Nous ne croyons pas au Père Noël même si cette croyancenous a probablement rendus très bons à chaque fête de Noëlquand nous étions enfants. Et pourquoi pas? Parce que noussavons que ce n’est pas vrai.

« Pourquoi être catholique si on peut vivre une bonne viemorale sans l’être? » Si vous posez cette question pour avoir uneraison d’éviter de devenir catholique, ou de cesser de l’être, vousdites en réalité que vous ne tenez pas à savoir ce qui est vrai, maisseulement ce qui est bon. Mais cela n’est pas vraiment honnête,et donc pas vraiment bon.

La bonté est absolument importante, mais la vérité aussi.Les deux sont pour nous des exigences absolues. Il n’est jamaiscorrect de faire un compromis sur l’une ou l’autre.

9. Importance absolue de la morale dans l’ÉcritureLa morale catholique (les œuvres) s’accorde avec la théologie

catholique (les croyances). Cette théologie enseigne ce que Dieua révélé. Les données premières de cette révélation viennent del’Écriture. Or, l’Écriture enseigne que la principale source desbénédictions de Dieu est une morale droite et non seulement unethéologie correcte. Cette simple assertion est répétée

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constamment dans l’Écriture, par Moïse (Deutéronome 30), parDavid (Psaumes 1) et par le Christ (Matthieu 25).

La foi correcte (« orthodoxie ») est essentielle, mais unepratique droite (« orthopraxie ») est également nécessaire.L’orthodoxie est indispensable, mais elle n’existe pas comme unefin en soi, mais en vue d’un autre objectif, comme les racinesd’une plante existent pour ses fruits. Les Pharisiens avaient unethéologie correcte, mais ils ont rejeté le Christ parce qu’ilsn’étaient pas moralement honnêtes et humbles, mais hypocriteset orgueilleux.

Le récit historique de l’Ancien Testament, qui couvre 2 000ans, prouve un principe incontournable : tant que le peuple deDieu obéit à ses lois, il est béni; tant qu’il désobéit, il est puni,afin d’être amené au repentir et à l’obéissance et d’être béni denouveau. Le même principe est clair dans l’histoire de l’Église, lenouvel Israël. Pendant les premiers siècles, c’était une Église desaints et de martyrs, et elle a conquis le monde. Elle a converti auChrist l’Empire romain païen. Quand les catholiques sedémarquaient, quand cela leur coûtait quelque chose (souventleur sang!) d’être catholiques, l’Église prospérait, et elle le faitencore dans les périodes d’adversité. De plus en plus, dansl’Occident des siècles récents, cela coûte très peu, et lescatholiques vivent de la même façon que le monde profane, quileur échappe donc de plus en plus. Les statistiques montrentqu’aux États-Unis, le pays occidental où la pratique de la religionest la plus élevée, les catholiques commettent l’adultère,l’avortement, la fornication, le viol, le meurtre, l’euthanasie et lesuicide à peu près autant que n’importe qui!

10. Rôle de la morale dans la décision de croireComment décide-t-on de croire à une religion ou non?

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Consciemment ou non, on se base sur trois qualités qu’onrecherche : la vérité, la bonté et la beauté. Ce sont trois attributsde Dieu : Dieu est vérité infinie, bonté infinie et beauté infinie.Et Dieu a créé l’homme à son image (Genèse 1, 27); c’estpourquoi l’homme cherche naturellement la vérité, la bonté et labeauté.

Toutes les religions du monde, toute quête de Dieu parl’homme, aspirent à ces trois idéaux. Le christianisme les réaliseparce qu’il n’est pas la quête de Dieu par l’homme mais la quêtede l’homme par Dieu, il n’est pas la montée de l’homme mais ladescente de Dieu, la Révélation divine. C’est ainsi que noustrouvons la vérité, la bonté et la beauté suprêmes dans le Christ.Et l’Église catholique est essentiellement la présence du Christqui continue sur la terre. Le christianisme catholique, quand ilest fidèle à sa nature, attire l’esprit de l’homme, quand l’hommeest fidèle à sa nature, par ces trois qualités.

C’est la bonté qui exerce habituellement la plus forteattraction. Si l’Église ne produisait pas de saints, même ses plusbrillants théologiens et ses artistes les plus créatifs neconvaincraient pas l’homme de lui confier le soin de son âme. Encommençant par la Vierge Marie, qui est dans une catégorie àpart, jusqu’à mère Teresa, la sainteté a toujours été l’attrait le pluspuissant de l’Église.

Le chemin le plus courant vers Dieu est celui de la bonté;l’argument le plus courant pour Dieu est celui qui va de la bontéà la vérité, de la fiabilité des saints à la fiabilité de leur foi, du bonfruit au bon arbre (Matthieu 7, 16), car la vérité et la bonté nepeuvent pas être fondamentalement contraires l’une à l’autre.

11. Importance de la morale dans l’histoire : notre héritage moral juifL’instinct moral de l’homme (sa conscience) et l’instinct

religieux qui le porte à adorer lui sont tous deux innés et naturels,

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et on les retrouve donc dans tous les lieux et à toutes les époquesde l’histoire de l’humanité. Mais ces deux yeux de l’âme n’ont pastoujours eu une vision unifiée. Leur parfaite unité a été réaliséepar un seul peuple de l’Antiquité, celui que Dieu a choisi pourêtre collectivement son prophète pour le monde, pour révéler sonvrai caractère, qui est moral, bon et saint et qui nous demanded’être saints. Aujourd’hui, près de la moitié de l’humanitéconnaît ce Dieu, car les deux plus grandes religions du monde, lechristianisme et l’Islam, ont appris des Juifs à Le connaître. Maisavant le Christ, seuls Abraham et le peuple formé par Dieu àpartir de lui ont connu le vrai Dieu. La morale n’était pasessentielle aux religions païennes comme elle l’était au judaïsme;les dieux des païens étaient aussi immoraux que les hommes quiles ont fabriqués à leur propre image.

Alors que l’erreur courante de l’Antiquité consistait à séparerla religion de la morale, l’erreur courante des temps modernesconsiste à réduire la religion à la morale et à rejeter ou à délaisserles éléments surnaturels de la religion. Les deux principaux motifsde ce « modernisme » sont l’embarras injustifié face au surnaturel,qu’on croit contraire à la science, et l’embarras justifié face àl’histoire des guerres, des persécutions et des haines religieuses,qui proviennent, selon les modernistes, des contradictions entreles théologies différentes et de la croyance que l’orthodoxiethéologique est importante et que la vérité est objective. (En fait,les guerres, les haines et les persécutions viennent du péché, pas dela croyance en une vérité objective!) Les modernistes soutiennentque, si nous oublions les dogmes théologiques et si nous réduisonsla religion à la morale, nous atteindrons l’unité et la paix entre lesdiverses religions du monde.

Mais cette fin bonne ne justifie pas des moyens peuhonnêtes. Nous ne pouvons écarter la vérité. Nous ne pouvons

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négocier aucune partie du don de la Révélation divine, car celle-ci est la vérité immuable de Dieu.

La vérité est immuable, mais la connaissance que nous enavons n’est pas immuable pour autant. L’Église est un être vivant.Comme un arbre qui produit de nouvelles branches de l’intérieur,son enseignement s’accroît en théologie comme en morale tandisqu’elle explore la « profondeur de la richesse, de la sagesse et dela science de Dieu » (Romains 11, 33) que Dieu lui a révélée dansle « dépôt de la foi » qu’elle a reçu du Christ, et tandis qu’elleapplique ces principes inchangés à des situations sans cessechangeantes.

12. Importance de la morale aujourd’hui : la crise morale de notre époqueL’évolution du Moyen Âge aux temps modernes a été à la

fois un progrès et un recul, si on la juge selon les normes de lamorale chrétienne.

D’une part, il y a eu des progrès importants non seulementdans les connaissances scientifiques mais aussi dans lesconnaissances morales : par exemple, le souci des droits de lapersonne, le traitement compatissant des handicapés et leconsensus quasi universel contre la torture, la cruauté, l’esclavageet le racisme.

D’autre part, surtout depuis le soi-disant « siècle desLumières », la civilisation occidentale est de plus en plussécularisée et déchristianisée, sur le plan moral aussi bien quethéologique et ecclésiastique. La tentative de préserver la moralechrétienne sans la doctrine, l’autorité et les sacrementscatholiques n’a pas fonctionné. Aujourd’hui, les médias profanes,qui dirigent la façon de penser de notre civilisation, sont de plusen plus méfiants envers la morale traditionnelle, particulièrementla morale sexuelle; ils rejettent l’idée de toute certitude ou

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d’absolus en morale et l’idée d’une morale fondée sur lescommandements de Dieu plutôt que sur les idéaux de l’homme.

L’histoire du XXe siècle a été beaucoup plus sanglante quecelle de tout autre siècle. Pour la première fois de l’histoire, lacivilisation la plus influente de la planète a cessé de croire en uneloi morale objectivement fondée et universellementcontraignante.

La crise se fait sentir dans l’Église également. Dans laplupart des pays d’Europe et en Amérique du Nord, beaucoup decatholiques, ou même la plupart, disent croire que la morale estsubjective et relative. C’est nouveau. Il y a toujours eu des crisesdans l’Église, mais dans le passé, elles étaient généralementthéologiques plutôt que morales. L’Église des six premiers sièclesa fait face à beaucoup d’hérésies et a formulé les doctrines de laTrinité et de l’Incarnation; le christianisme médiéval en a faitautant pour les sacrements, et de même la Contre-Réforme pourles doctrines du salut et de l’autorité de l’Église. Maisaujourd’hui, les controverses portent presque toujours sur lamorale. Les enseignements les plus essentiels de l’Églised’aujourd’hui sont donc ses enseignements moraux, sa réponse àla crise morale qui sévit dans l’Église et dans le monde.

13. Caractère surnaturel de la morale catholiqueLa crise actuelle de la foi découle de la perte du sens du

surnaturel : en théologie (notamment, on « démythologise » lesmiracles et la résurrection du Christ), en liturgie (notamment, lacommunauté humaine horizontale remplace l’adoration divineverticale) et en morale (notamment, on remplace lescommandements absolus de Dieu par les valeurs relatives del’homme).

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Mais la morale chrétienne est surnaturelle par son essence(paragraphe 13), son origine (paragraphe 14) et sa fin (paragraphe15).

L’essence de la morale chrétienne est une relation avec Dieuet avec sa volonté; la morale n’est pas seulementl’accomplissement de soi ou de la société, ni des valeurs ou desidéaux abstraits, si importants que puissent être ces aspects de lamorale. La quête du bonheur personnel, de la justice sociale, de lapaix et de valeurs humaines plus élevées et plus profondes estencore fort populaire dans la civilisation moderne séculière,heureusement. Mais l’idée de la soumission à l’autorité de Dieuet de l’obéissance à ses lois n’est certainement pas populaire.(Quelle est la réaction spontanée provoquée par des mots commesoumission, autorité, obéissance et loi?)

14. Origine surnaturelle de la morale catholiqueLa morale a une origine surnaturelle : la vérité de Dieu, qui

fait partie de sa nature ou de son caractère immuable.La vérité de Dieu nous est connue de deux façons : de façon

naturelle par la raison et la conscience, et de façon surnaturellepar la révélation spéciale faite par Dieu à Abraham, à Moïse, auxprophètes juifs et, de façon complète, dans le Christ et dansl’Église qu’Il a instituée avec « pour fondations les Apôtres » afind’enseigner en son Nom et avec son autorité (Luc 10, 16;Éphésiens 2, 20).

15. Fin surnaturelle de la morale catholiqueLa fin surnaturelle de la morale est le bonheur éternel du

ciel. Tout d’abord, c’est pour cela que nous existons, c’est pourcela que Dieu nous a créés, c’est le sens ultime et le but de la viehumaine : « Dieu nous a mis au monde pour Le connaître, Leservir et L’aimer et ainsi parvenir en Paradis. » (CÉC 1721) Cela

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est présenté ainsi dans le début, très bien connu et aimé, du vieuxcatéchisme de Baltimore :

1) Q. Qui vous a créé?

R. C’est Dieu qui m’a créé.

2) Q. Pourquoi Dieu vous a-t-il créé?

R. Dieu m’a créé pour Le connaître, L’aimer et Leservir en ce monde et pour être heureux pour toujoursavec Lui dans le ciel.

Le « désir naturel du bonheur […] est d’origine divine; Dieul’a mis dans le cœur de l’homme afin de l’attirer à Lui qui seulpeut le combler » (CÉC 1718). Comme l’a dit saint Augustin dansla phrase chrétienne la plus célèbre hors de l’Écriture : « Tu nousas faits pour Toi, Seigneur, et [c’est pourquoi] notre cœur estinquiet tant qu’il ne repose pas en Toi » (Confessions I, 1).

La morale catholique est la carte géographique qui tracenotre route à travers ce monde jusqu’au ciel. Le plus important detous ses enseignements est sa réponse à la question la plusimportante de la vie : quel est le plus grand bien, le but ultime,le sens de la vie? Bien sûr, la réponse est « le bonheur », car« “[t]ous certainement nous voulons vivre heureux, et dans legenre humain il n’est personne qui ne donne son assentiment àcette proposition” »1 (CÉC 1718). Mais où trouve-t-on lebonheur? Voilà la question cruciale. L’Église nous enseigne le vraisens du bonheur : « le vrai bonheur ne réside ni dans la richesseou le bien-être, ni dans la gloire humaine ou le pouvoir, ni dansaucune œuvre humaine, si utile soit-elle, comme les sciences, lestechniques et les arts, ni dans aucune créature, mais en Dieu seul,source de tout bien et de tout amour » (CÉC 1723). Ou encore,en trois mots : « “Dieu seul rassasie.” »3 (CÉC 1718)

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16. Les deux voiesIl y a bien des façons de vivre, beaucoup de chemins à travers

le monde, mais en dernière analyse, il n’y en a que deux. « La voiedu Christ “mène à la vie” (Matthieu 7, 14), une voie contraire“mène à la perdition” (Matthieu 7, 13)13. La parabole évangéliquedes deux voies […] signifie l’importance des décisions morales pournotre salut. “Il y a deux voies, l’une de la vie, l’autre de la mort;mais entre les deux, une grande différence.”14 » (CÉC 1696)

Cette antithèse, ce dualisme, cette vision dichotomique dela vie ou de la mort est loin d’être courante dans les espritsprofanes modernes, mais elle est bien connue dans toutes lesautres cultures. L’image la plus courante de la vie dans lalittérature du monde entier est le « chemin » de la vie. Leschemins ont des croisées, et à chaque croisée, le voyageur doitfaire un choix; d’où le besoin de cartes géographiques morales : ily a une bonne voie et une mauvaise voie.

Le Christ, l’Église et l’Écriture nous l’enseignent, de mêmeque la raison naturelle, la conscience et l’expérience. C’est duréalisme moral. Dans le monde réel, les choix ont desconséquences réelles : on ne peut pas aller de Chicago à la côte duPacifique en marchant vers l’est, même avec la plus grandesincérité. La sincérité subjective ne suffit pas. Nous ne devons passeulement choisir dans un bon esprit, mais aussi faire le bonchoix.

Moïse résume toutes les exigences morales de Dieu en deuxmots : « Choisis la vie » (Deutéronome 30), car le choix moral estfinalement une question de vie ou de mort, pour chaque personneet chaque civilisation. Si notre civilisation devient ce que le papeJean-Paul II a osé appeler une « culture de la mort », nous devonsl’appeler à reprendre le chemin de la vie, tant humaine quedivine. Mais nous devons d’abord trouver nous-mêmes ce cheminet y marcher.

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17. BéatitudeSur ce chemin de la vie, les Dix Commandements (Exode

20, 1-17) résument une sorte de minimum (ce qui est nécessaire),et les Béatitudes (Matthieu 5, 1-8) résument une sorte demaximum (ce qui est suffisant).

Les « Béatitudes » décrivent la béatitude (la perfection de lacharité et du bonheur). La béatitude est surnaturelle; elle dépassela nature humaine, la compréhension humaine, la puissancehumaine. « La béatitude nous fait participer à la nature divine (2Pierre 1, 4) et à la Vie éternelle.5 Avec elle, l’homme entre dansla gloire du Christ6 et dans la jouissance de la vie trinitaire. »(CÉC 1721) « Une telle béatitude dépasse l’intelligence et lesseules forces humaines. Elle résulte d’un don gratuit de Dieu.C’est pourquoi on la dit surnaturelle » (CÉC 1722).

Mais cela commence sur la terre; cela commence auBaptême. Par après, tout bon choix moral que nous faisons n’estpas seulement un choix pour ou contre quelque idéal distant,mais un choix pour ou contre ce que nous sommes déjà par lagrâce de Dieu, pour ou contre la vie du Christ en nous.

C’est pourquoi la morale est si pratique : nos choix entre lebien et le mal sont finalement des choix entre notre béatitude etnotre misère. Du fait que cette béatitude nous est donnéelibrement par Dieu, elle doit être choisie librement par nous, carun don doit être donné librement et reçu librement. C’estpourquoi « [l]a béatitude promise nous place devant les choixmoraux décisifs » (CÉC 1723). Puisque ces choix concernentnotre éternité, puisque la morale a une fin surnaturelle, la moraleest infiniment dramatique.

Cette fin surnaturelle donne aussi à la morale catholique uneespérance et une joie supérieures à toute autre. En effet, sa fin estle ciel, et « tout le chemin vers le ciel est déjà le ciel », commel’a dit une grande sainte. Une joie profonde accompagne souvent

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la sainteté qui distingue les saints remarquables de l’Église. C’estla morale profane sans Dieu qui est sans joie et morne; la moralecatholique est plus remplie de joie que La joie du sexe. On pourraitl’appeler à bon droit « la joie de l’amour ».___________________________Notes dans les citations du catéchisme1 S. Léon le Grand, serm. 21, 3.1 S. Augustin, mor. eccl. 1, 3, 4.3 S. Thomas d’A., symb. 15.13 Cf. Dt 30, 15-20.14 Didaché 1, 1.5 Cf. Jn 17, 3.6 Cf. Rm 8, 18.

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