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Cameroun PYGMÉES BEDZAN de la plaine Tikar Cameroon BEDZAN PYGMIES from the Tikar Plain INEDIT Maison des Cultures du Monde

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CamerounPYGMÉES BEDZANde la plaine Tikar

CameroonBEDZAN PYGMIES

from the Tikar Plain

INEDITMaison des Cultures du Monde

Couverture (1 & 4) 28/06/06 16:43 Page 1

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Collection fondée par Françoise Gründ et dirigée par Pierre Bois

Enregistrements effectués dans les villages deKwen, Mansoh et Mbondé en février et juillet1999. Enregistrements, photographies et notice,Nathalie Fernando-Marandola et FabriceMarandola. Traduction des termes vernacu-laires, Martin Mgbédié. Traduction anglaise,Frank Kane. Illustration de couverture, FrançoiseGründ. Prémastérisation, Frédéric Marin /Alcyon Musique. Réalisation, Pierre Bois.Pressage, Disctronics.

Ces enregistrements ont été réalisés grâce auconcours du LACITO-CNRS, du MINREST (Cameroun)ainsi que de la coordination APFT du Cameroun, quenous tenons à remercier chaleureusement. Merci éga-lement à Christian Leclerc pour ses précieux conseils.

© et Op 2000 Maison des Cultures du Monde.

INEDIT est une marque déposée de la Maison desCultures du Monde (direction, Chérif Khaznadar).

S = sh ("shako")N = ng ("parking")Z = jW = gn ("peigner") / ny ("Niagara")B = 'b' implosif / implosive 'b'Q = arrêt glottal / glottal stop2 = e (fr. "le" / engl. "the")e = é (fr. "été" / engl. "pen")

E = è (fr. "mère" / engl. "bread")O = 'o' ouvert / open 'o' ("dot")4o 4O = on (fr. "Lyon" / nasal vowel)4a = an ("France" / nasal vowel)4E = in ("fin" / nasal vowel)4% = œn, entre 4u et 4a / between 4u and 4a

´ – ` = tons linguistiques / linguistic tones

Symboles phonétiques* / Phonetic symbols

* Police de caractères New Lacito développée par le Laboratoire des Langues et Civilisations à Tradition Orale (CNRS).

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Les Bedzan1 représentent le groupe depopulation pygmée le plus septentrional

d’Afrique centrale. Ils peuplent une partie de laplaine Tikar située dans la vallée du Mbam etde son affluent, la rivière Kim, à 250 kilomètresau nord de la capitale camerounaise Yaoundé.Au nombre de quatre cents personnes seule-ment, ils se répartissent en une dizaine devillages – couramment appelés campements –qui peuvent compter jusqu’à une quinzaine defamilles. Les Bedzan se sont en effet sédenta-risés vers le début du XXe siècle et résident leplus souvent dans des clairières aménagées àl’intérieur de la forêt. Cette sédentarisationsemble être à l’origine du développement del’agriculture dans leur mode de subsistance– basé jusqu’alors essentiellement sur la pêche,la chasse et la cueillette – notamment dans lesvillages qui vivent en bordure de grandes éten-dues de savane, au nord de la rivière Kim.Les Bedzan vivent en étroite relation avecleurs «grands» voisins, les Tikar, populationd’origine Mboum dont les migrations depuisle plateau de l’Adamaoua remontent aux XVIe

et XVIIe siècles. Les Tikar, qui ont conquis la

plaine qui porte aujourd’hui leur nom, consi-dèrent les Pygmées comme leurs «serviteurs»ou «esclaves» (shong [S&4oN]) ; de fait, les Bedzanont adopté leur langue, copié une grande par-tie de leur organisation politique et installé laplupart de leurs campements à plus ou moinsgrande proximité de villages tikar dont ilsreconnaissent l’autorité du chef, qui a rang deroi. En revanche, les Bedzan détiennent unrôle fondamental lors des moments les plusimportants de la vie sociale de la commu-nauté tikar que sont la naissance de l’enfantd’un chef et les funérailles d’un prince oud’une princesse tikar2 ; ils sont en outre répu-tés pour leur connaissance de la forêt et deson monde surnaturel. Ainsi s’établit un équi-libre entre ces deux sociétés qui se craignentet se respectent mutuellement.La musique occupe une place prépondérantedans la vie des Bedzan, et qu’elle soit destinéeà célébrer un mariage ou à pleurer les morts,elle est pour l’essentiel collective et soutientdes danses exécutées en solo, en couple ou enrond. Elle s’organise selon plusieurs réper-toires qui renvoient le plus souvent à des

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CamerounPYGMÉES BEDZANde la Plaine Tikar

1. Prononcé «bédjan» [bedZ4a] (singulier : [medZ4a]) dans la zone sud et «bédzan» dans la zone nord.2. Le titre de prince ne revient pas, chez les Tikar, aux seuls enfants du chef mais à l’ensemble des descendantsdes différentes lignées originelles tikar.

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circonstances précises, parmi lesquelles figu-rent les sorties de masques représentant lesesprits des ancêtres. Chaque répertoire porteun nom générique qui désigne à la fois l’en-semble de pièces qui le composent, la pièceprincipale ainsi que, le cas échéant, le masquepour lequel il est chanté. Bien que la plupartdes répertoires soient liés à des événementsparticuliers, plusieurs peuvent être chantésconsécutivement au cours d’une même céré-monie. Par exemple, lors de la fête de funé-railles qui intervient quarante jours après ledécès d’un membre de la communauté, lesBedzan entonnent bien souvent un chantextrait du Nan [n4�] qui est en quelque sorte lerépertoire «passe-partout», chanté en toutescirconstances et bien souvent avant toutautre. Le Nan constitue ainsi une invitation àla fête qui rassemble tout le campement,avant que le masque sacré win [w"4E] ne fassefuir femmes, enfants et non initiés et que soitexécuté au beau milieu de la nuit l’ensembledes pièces qui lui est consacré.La musique bedzan est pour une très largepart vocale : elle se compose de chants poly-phoniques à quatre parties soutenus par unou plusieurs tambours et des hochets en van-nerie – doublés éventuellement de battementsde main. Hormis pour les répertoires réservésaux hommes initiés (win [w"4E]) ou aux femmes(mgbègnè [mgb&EW&E]), l’exécution d’un chantpermet à chacun des membres d’un campe-ment de participer puisque les quatre voix quile constituent correspondent à autant de

timbres différents : nkwo bunkin [nkw"O b"unk`4E],la «voix des grands (hommes)» ; nkwo beyi[nkw"O B"2y&K], la «voix des (grandes) femmes» ;nkwo bembeban [nkw"O B"2mb`2b4�], la «voix desjeunes hommes» et nkwo bwèso [nkw"O bw"Es`O],la «voix des petits» (au sens d’enfants). Cetteorganisation polyphonique n’est pas sans rap-peler celle des Pygmées Aka de RépubliqueCentrafricaine ; il est à noter cependant queles Bedzan ne pratiquent pas la technique duyoddle, si caractéristique des chants Aka. Les chants sont entonnés par un soliste,homme ou femme, avant que les différentesvoix du chœur ne viennent s’y adjoindre parsuperposition ou par juxtaposition, cette der-nière technique – responsoriale – semblant êtrel’apanage des pièces de facture plus récente.Dans la majeure partie des cas, seule la partiesoliste énoncée au début du chant comprenddes paroles, le reste du chant ne reposant quesur des onomatopées qui laissent libre cours auxchanteurs pour effectuer sans cesse de nouvellesvariations. En effet, la musique bedzan est unemusique cyclique dont le principe repose sur larépétition d’un énoncé musical connu de touset varié au gré des interprètes au fur et à mesu-re de l’exécution – sans toutefois que l’identitéde la pièce ne s’en trouve altérée. Ainsi les par-ticipants possèdent une marge de liberté, qui setrouve renforcée par la latitude que possèdechacun d’eux de changer de voix à sa guise encertains points précis du cycle ; dans les faits, cesont généralement les enfants (garçons et filles)et les jeunes hommes qui s’amusent à évoluer

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dans le registre qui n’est pas encore le leur.Enfin, aucune pièce ne possède de véritableconclusion et le chant cesse généralement fautede «combattants», donnant souvent l’impres-sion de se déliter progressivement avant des’éteindre définitivement.Les hochets en vannerie qui accompagnentles chants sont indifféremment joués par leshommes ou les femmes, alors que les tam-bours sont frappés uniquement par leshommes. Les seuls instruments mélodiquesrencontrés chez les Bedzan sont empruntésaux Tikar : il s’agit de la sanza et de la harpe-cithare, pour lesquelles il n’existe aucunrépertoire propre. Appelées respectivementmbe pèrè [mb&2 p&Er"E] (litt. «instrument mélo-dique / fin et allongé») et mbe kelon [mb&2 k"2l"4O](litt. «instrument mélodique / poitrine»), ellessont jouées par les hommes, en solo ou enpetit comité, et accompagnent des chants exé-cutés généralement à mi-voix.

1. Nan [n4�]Nan est la pièce principale du répertoire le pluscourant, qui porte le même nom. N’étant atta-ché à aucune circonstance particulière, celui-cipeut être interprété au cours de toute festivité.Le chant est soutenu par un tambour sur pied àune membrane percuté à l’aide d’une baguetteet à main nue, le nkè meku [nk&E m2k�] ou ngwinndu [ngw&4E nd"u], d’un long tambour cylindriqueégalement à une seule membrane frappé àmains nues, mben [mB`42] ou ngwin sedi’ [ngw&4Es`2d&KQ], et de hochets en vannerie shisha [S�S�].

Comme dans de nombreuses pièces, quelquesvoix émergent de l’ensemble du chœur ausein duquel toutes s’entremêlent avec unerare densité.

2. Lengbu [l2Nb"u]Le chant Lengbu accueille les hommes au retourd’une chasse fructueuse. Il célèbre tout particu-lièrement la prise de gros gibier, tel un buffle,qui procurera à l’ensemble du campement de laviande en abondance. C’est au chef que revientensuite la tâche de la répartir équitablemententre tous les membres de la communauté.

3. Ndondon [nd"4Od&4O]4. Nde yé [nd&2 y&e]Ndondon et Nde yé font partie intégrante durépertoire Nan [n`4a]. Littéralement, ndondondésigne un mariage entre personnes de procheparenté, c’est-à-dire issues d’une même familledepuis quatre générations seulement ; pour lesBedzan comme pour les Tikar, ce type d’unionest qualifié de mariage «en famille». La dansequ’accompagne ce chant en est une illustra-tion : les danseurs, qui se détachent deux pardeux du groupe de chanteurs pour exécutersimultanément des figures plus ou moins vir-tuoses, peuvent être de proche parenté,comme par exemple un père et son fils.Nde yé est extrêmement prisé par les Bedzan.Presque toujours entonné par une femme, il apour vocation d’exprimer les sentimentsamoureux, ce que résume poétiquement sontitre qui signifie «mon cœur».

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5. Kpéreba [kp&er"2b"a]Cette pièce est interprétée sur deux harpes-cithares – souvent plus connues sous le nomde mvêt – dont les joueurs mêlent leurs voix àcelles de deux jeunes femmes. Constitué de cinq cordes tendues entre unmanche en bambou et un chevalet qui lui estperpendiculaire, ce type d’instrument est éga-lement pourvu d’un résonateur hémisphé-rique en calebasse fixé à l’opposé du chevalet.Nommé mbe kelon [mb&2 k"2l"4O] («instrumentmélodique / poitrine»), il tient son nom de latechnique de jeu mise en œuvre : l’ouverturedu résonateur est placée contre la poitrine oul’abdomen du musicien qui, en éloignant plusou moins de lui un des bords de la demi-calebasse, parvient ainsi à faire varier letimbre de l’instrument. Les cordes des harpes-cithares de facture tradi-tionnelle sont découpées à même l’écorce dubambou qui tient lieu de manche, mais lesmusiciens leur préfèrent de plus en plus lescâbles d’acier habituellement destinés à lafabrication des pièges. Plus résistants et moinssujets aux nombreuses variations hygromé-triques, ils confèrent aux instruments unesonorité particulière. Rappelons que les instruments mélodiques nepossèdent pas de répertoire propre et que lespièces interprétées sont bien souvent extraites,comme c’est le cas ici, du répertoire principalNan. Kpéreba («papaye») évoque l'obligation departage de la nourriture qui prévaut entre lesmembres d'une famille ou d'un campement.

6. Melwœn [m`2lw`4%]Pièce principale du répertoire du même nom, cechant est entonné à la chefferie tikar lorsque lesPygmées présentent un nouveau-né de sangroyal à l’ensemble de la population, ainsi quetrois mois plus tard, au moment où ses premierscheveux – considérés comme les cheveux desmauvais esprits – sont rasés. En effet, les Bedzandétiennent un rôle capital lorsque la femmed’un chef tikar accouche, puisque non seule-ment le premier lait donné au nouveau-né seracelui d’une femme pygmée, réputé «fort», maisaussi parce que sa première apparition devantl’ensemble des villageois se fera par l’inter-médiaire des Bedzan, qui se passent le nourris-son de main en main en chantant et dansantMelwœn. Par ces actes, les Bedzan contribuent àla naissance biologique puis sociale du nou-veau-né – qui deviendra peut-être un jour chefà son tour. Ils seront investis d’une fonctionsimilaire au cours de la cérémonie d'introni-sation du chef et lorsqu’il s’agira de célébrer ledécès d’un prince tikar. Les Pygmées exercentainsi un véritable contre-pouvoir en s’imposantcomme les intermédiaires indispensables en cesmoments-clés de l’existence du chef tikar– symbole de l’ensemble de sa communauté.

7. Papi [p"ap&K]8. Nembon [n"2mb"4O]Ce sont les deux chansons principales asso-ciées au masque mgba [mgb�], qui est unmasque de divertissement. Celui-ci est sou-vent qualifié de «masque des enfants», par

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opposition aux masques chargés d’un sensplus profond, comme celui qui est lié à lamort et que seuls les initiés ont le droit d’ap-procher, le masque win [w"4E]. Ce dernier, quine peut «sortir» que la nuit, est en fait repré-senté par un ensemble d’aérophones et par uninstrument à la sonorité étrange dont lesBedzan gardent jalousement le secret. Bien au contraire, le masque mgba est émi-nemment public et joue un rôle de bouffon. Ils’agit d’un masque en bois sculpté à la «che-velure» de raphia, prolongé d’une sorte decombinaison en tissus colorés qui recouvrel’homme qui le porte de la tête aux pieds.Protégé par l’anonymat de son accoutrement,celui-ci se livre à diverses facéties qui ont ledon de mettre en joie l’ensemble des specta-teurs, eux-mêmes chanteurs et tambouri-naires. En présence du chef tikar, la danse dumasque s'élabore autour du siège sur lequel iltrône, jusqu’à ce que le porteur du masque nevienne s’agenouiller devant lui pour en rece-voir une sorte de «bénédiction». Ce type dedanse se rencontre chez les Tikar et il sembleque cette coutume leur ait été empruntée.Dans Papi («jeune garçon» en français local),une jeune fille s'adresse à son ami et lui dit :«Si tu ne m'aimes pas, j'en aimerai un autre» ;Nembon fait quant à elle référence à la récoltedu miel, mets prisé de tous les Bedzan.

9. Nyendon [ny&End"4O]10. Mgbègnè [mgb&EW&E]Le répertoire Mgbègnè accompagne le masque

réservé aux femmes, qui a trait à tout ce quitouche à la maternité et la fertilité. Ses chantssont exécutés, là encore, devant la chefferietikar lorsque la femme du chef est présentée,enceinte, à la population. On peut égalementles entendre lorsque une femme bedzan en faitla demande ou lors des funérailles d’une vieillefemme. Afin de favoriser la fécondité desjeunes femmes présentes, il n’est pas rare devoir une femme enceinte se mettre à danser ouune vieille femme se rajeunir en simulant unventre rond, provocant alors l’hilarité générale. Alors que Nyendon est une pièce assez calme,qui laisse la part belle aux variations qu’effec-tue le tambourinaire, Mgbègnè – pièce principa-le du répertoire – est plus dynamique. Toutesdeux ne sont chantées que par des femmes, lestambours étant frappés par les hommes quimêlent parfois leurs voix au groupe qu’ilsaccompagnent. Les paroles de ces deux chantsconsistent en des moqueries à l'égard de lasexualité masculine.

11. Mbwé nan [mbw&e n"4a]Décomposition voix par voixCette plage correspond à un enregistrementanalytique réalisé en présence d’un effectifréduit à quatre chanteurs, ce qui permet de dis-tinguer plus aisément les quatre voix constitu-tives de la polyphonie. On peut entendre suc-cessivement la voix des hommes : nkwo bunkin[nkw"O b"unk44`4E], la voix des jeunes hommes nkwobembeban [nkw"O B"2mb`2b4�], la voix des femmes,nkwo beyi [nkw"O B"2y&K] et la voix des enfants,

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nkwo bwèso [nkw"O bw"Es`O] avant que l’ensembledes quatre ne se superpose de nouveau en unadmirable édifice sonore. Les battements de mains représentent lessecouements du hochet qui entretiennentavec la pulsation un rapport de 2 contre 3 :q q q hochet / battements de mainq . q . pulsationLe schéma suivant résume l’entrée successivedes voix :

12. Mbwé nan [mbw&e n"4a]Version complèteIl s’agit du même chant exécuté de manièreconventionnelle. Mbwé nan, «petit frère duNan», est la pièce principale qui clôt le réper-toire Nan. Le secouement continu du hochetsouligne un pas de danse pour lequel le dan-seur, quasiment immobile, tend les bras à l’ho-rizontale et martèle le plus rapidement possiblele sol à petits pas. Cette version, débordanted’énergie, témoigne de l’extrême vivacité dupatrimoine culturel et musical des Bedzan.

NATHALIE FERNANDO-MARANDOLA

et FABRICE MARANDOLA

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1. nkw"O b"unk`4E

2. nkw"O B"2mb`2b4�

3. nkw"O B"2y&K

4. nkw"O bw"EsO

1.

2.

3.

tambour sur pied

footed drum

nkè meku [nk&E m2k�]

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harpes-cithares

zither-harps

mbe kelon [mb&2 k"2l"4O]

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masque / mask mgba [mgb�]

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masque mgbègnè / mask mgbènyè [mgb&EW&E]

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The Bedzan1 (singular Medzan) are the nor-thernmost Pygmy group in Central Africa.

They live in part of the Tikar Plain located inthe valley of the Mbam River and its tributary,the Kim River, 250 kilometres south ofYaounde, the capital of Cameroon. They areonly 400 people divided among a dozen vil-lages, commonly called encampments, eachof which may have as many as fifteen fami-lies. The Bedzan became sedentary at thebeginning of the 20th century and now mostoften live in clearings made within the forest.This sedentarisation seems to have led to thedevelopment of agriculture as part of theirsubsistence – formerly based on fishing, hun-ting and gathering – especially in the villagesalong the edge of large stretches of savannahnorth of the Kim River.The Bedzan live in close contact with their "tall"neighbours, the Tikar, a Mbum-origin groupwhich migrated from the Adamawa Plateau inthe 16th and 17th centuries. The Tikar, whoconquered the plain which now bears theirname, consider the Pygmies their "servants" or"slaves" (shong [S&4oN]). The Bedzan adopted theirlanguage, copied a large part of their political

organisation and located most of their encamp-ments relatively close to villages of Tikar whoseauthority they recognise as chiefs (who holdsthe rank of king). The Bedzan play a funda-mental role in the most important moments ofthe social life of the Tikar community such asthe birth of a child of a chief or the funeral of aTikar prince or princess2. They are also reputedfor their knowledge of the forest and its super-natural dimension. There is thus an equili-brium between these two societies which fearand respect each other.Music plays a major role in the life of theBedzan. Whether for a marriage celebration ora funeral lament, the music is essentially col-lective and accompanies solo, pair or rounddances. It includes several repertoires whichare usually associated with particular circum-stances, such as the wearing of masks repre-senting the spirits of the ancestors. Each reper-toire has a generic name which refers to all thepieces in it, the main piece, and also the maskfor which it is sung (if it is associated with amask). Although most of the repertoires arelinked to particular events, some can be sungat various ceremonies. During the funeral feast

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CameroonBEDZAN PYGMIES

from the Tikar Plain

1. Pronounced "bedjan" [bedZ4a] (sg : [medZ4a]) in the southern area and "bedzan" in the northern area.2. Among the Tikar the title of prince refers not just to the child of a chief, but to all descendants of the variousTikar origin lineages.

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two weeks after the death of a member of thecommunity for example, the Bedzan oftensing a song taken from Nan [n4�], which is asort of all-purpose repertoire, sung in all cir-cumstances and often before any other songs.The Nan thus acts as a call to the feast whichbrings together the entire encampment untilthe appearance of the sacred mask win [w"4E]causes women, children and non-initiates toleave so that the pieces dedicated to this maskcan be sung during the night.The Bedzan music is mostly vocal. It is com-posed of four-part polyphonic songs accom-panied by one or several drums, wicker rattles,and sometimes also hand clapping. Otherthan the repertoire reserved for male initiates(win [w"4E]) or women (mgbènyè [mgb&EW&E]), sin-ging allows all members of an encampment toparticipate because the four voices correspondto four different timbres: nkwo bunkin [nkw"Ob"unk`4E], "voice of big (men)"; nkwo beyi [nkw"OB"2y&K], "voice of (big) women"; nkwo bembeban[nkw"O B"2mb`2b4�], "voice of young men" andnkwo bwèso [nkw"O bw"Es`O], "voice of little ones"(meaning children). This polyphonic organi-sation is reminiscent of that of the AkaPygmies of the Central African Republic. TheBedzan do not use yodelling however, a stri-king feature of Aka songs.The songs are started by a soloist, male orfemale, followed by the various voices of thechorus entering by superposition or juxtaposi-tion (all voices together or soloist/chorus alter-nation), the latter technique apparently linked

to more recent songs. In most cases, only thesolo part which begins the song has words.The rest of the song is composed of vocableswhich allow the singers to freely perform dif-ferent variations. The Bedzan music is cyclical,based on the repetition of a musical figurewhich is understood by all and which can bevaried at the singers' will as the song goes on,without the song losing its identity. The parti-cipants thus have a degree of flexibility whichis further extended by the possibility of swit-ching parts at certain precise moments in thecycle. It is most often children (boys and girls)or young men who experiment with switchingto the adult registers. The pieces do not have areal conclusion, so the songs generally stopwhen people drop out, often giving theimpression that the song gradually dissolvesbefore finally disappearing.The wicker rattles which accompany thesongs can be played by men or women whilethe drums are only played by men. The onlymelodic instruments found among theBedzan are those borrowed from the Tikar:the lamellaphone and the zither-harp forwhich there is no special repertoire. Calledrespectively mbe pèrè [mb&2 p&Er"E] (litt. "melodicinstrument / thin and long ") and mbe kelon[mb&2 k"2l"4O] (litt. "melodicinstrument / chest"), they are played by men,alone or in small groups, and accompanysongs which are generally sung softly.The recordings were made in Kwen, Mansohand Mbondé villages in February and July 1999.

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1. Nan [n4�]Nan is the main piece of the most commonrepertoire, which has the same name. It is notlinked to a particular situation and can be per-formed during any festivity. The song is accom-panied by a footed drum with a skin struck witha stick or with the hand the nkè meku [nk&Em`2k�] or ngwin ndu [ngw&4E nd"u], a long cylindri-cal drum also with a single skin played with thehands, mben [mB`42] or ngwin sedi’ [ngw&4E s``2d&KQ],and wicker rattles shisha [S�S�]. As in manypieces, some individual voices stand out fromthe dense harmony of the chorus.

2. Lengbu [l2Nb"u]The song Lengbu welcomes men returningfrom a successful hunt. It celebrates in parti-cular the killing of large game, such as a buf-falo, which will provide an abundant supplyof meat for the whole encampment. The chiefis in charge of equitably distributing the meatamong the members of the community.

3. Ndondon [nd"4Od&4O]4. Nde yé [nd&2 y&e]Ndondon and Nde yé are an integral part of theNan [n`4a] repertoire. Ndondon literally refers toa marriage between close relatives, i.e. withinthe same family connected within the pastfour generations. For the Bedzan as for theTikar, such a union is considered a marriagewithin the family. The dance which is accom-panied by the song is an illustration. The dan-cers who separate from the group of singers in

pairs to perform more or less virtuosic dancesequences may be close relatives, such as afather and son for example.Nde yé is held in high esteem among theBedzan. It is almost always started by a womanand expresses amorous feelings, as suggestedby the word itself which means "my heart."

5. Kpéreba [kp&er"2b"a]This piece is played with two zither-harps– often called "mvet". The instrumentalistssing, blending their voices with those of twoyoung women.This instrument has five strings stretchingbetween a bamboo neck and a bridge perpen-dicular to it. It also has a hemispheric calaba-sh resonator attached facing the bridge.Called mbe kelon [mb&2 k"2l"4O] ("melodic instru-ment /chest") it owes its name to the playingtechnique used. The opening of the resonatoris placed against the chest or abdomen of themusician who, by moving one of the sides ofthe half-calabash away from him can thusvary the timbre of the instrument.Traditionally-made zither-harps have stringsmade from the bark of the same bamboowhich serves as the neck, but musicians nowmore often prefer metal wires which are gene-rally used for traps. They are longer lasting,less subject to humidity variations, and givethe instruments a particular sonority.As there is no specific repertoire for the melo-dic instruments, the pieces played often comefrom the main repertoire, Nan, as is the case

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in this example. Kpéreba ("papaya") evokes theobligation of sharing food with members ofthe family or the encampment.

6. Melwœn [m`2lw`4%]The main piece in the repertoire of the samename. This song is sung in the Tikar chiefdomwhen the Pygmies present newborn childrenof royal blood to the population, and againthree months later when the babies' first hair(considered to be that of evil spirits) is cut. TheBedzan play an essential role when the wife ofa Tikar chief gives birth because the first milkgiven to the baby will be from a Pygmy woman(reputed to be "strong") and because the firstappearance of the child among the villagersoccurs via the Bedzan who pass the baby fromone person to another, singing and dancingthe malwoe. In this way, the Bedzan participa-te in the biological and social birth of the child– who will one day become a chief. ThePygmies perform a similar function during theenthronement of a chief or for the funeral of aTikar prince. The Pygmies thus have real powerbecause of their role as essential intermediariesat the key moments in the life of a Tikar chief– the symbol of the entire community.

7. Papi [p"ap&K]8. Nembon [n"2mb"4O]These are the two main songs associated withthe mask mgba [mgb�], which is an amuse-ment mask. It is often referred to as a "chil-dren's mask" by comparison with masks

which have a deeper meaning, such as themask linked to death, win [w"4E], which onlythe initiates may approach. The win mask,which can only be revealed at night, is in factmade of a set of aerophones and an instru-ment with a strange sound which the Bedzancarefully keep secret.The mgba mask on the contrary is very mucha public mask and acts as a buffoon. It is awood mask sculpted with raffia "hair" with atrailing suit of coloured cloth which coversthe man wearing it from head to toe.Protected by the anonymity of his outfit, thisperson carries out various pranks intended toentertain the spectators, who are also singersand drum players. In the presence of a Tikarchief, the mask dance is performed around histhrone until the person wearing the maskcomes and kneels before him to receive a sortof "blessing". This type of dance is foundamong the Tikar and it appers that this cus-tom was borrowed from them.In Papi ("young boy" in the local dialect ofFrench), a young girl talks to her boyfriendand tells him, "If you don't love me, I will lovesomeone else. Nembon refers to the gatheringof honey, which is greatly appreciated by allthe Bedzan.

9. Nyendon [ny&End"4O]10. Mgbènyè [mgb&EW&E]Mgbènyè is the repertoire which accompaniesthe mask reserved for women, linked to every-thing which involves maternity and fertility.

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These songs are also sung in the Tikar chief-dom when his pregnant wife is presented tothe population. They can also be heard whena Bedzan women requests them or during thefuneral of an old woman. In order to favourthe fertility of the young women present, it isnot unusual to see a pregnant woman startdancing or an old woman imitating a youngwoman with a round abdomen, provokinggeneral laughter.While Nyendon is a fairly quiet song, leavingplenty of room for variations by the drumplayer, Mgbènyè – the main song of the reper-toire – is more dynamic. Both are sung only bywomen with mocking remarks regarding malesexuality, while the men play the drums andoccasionally join their voices in the songs.

11. Mbwé nan [mbw&e n"4a]Breakdown part by partThis track is from an analytic recording with agroup limited to four singers allowing for easierseparation of the four parts of the polyphony.We hear in succession the men's voice, nkwobunkin [nkw"O b"unk44`4E], young men's voice nkwobembeban [nkw"O B"2mb2b4�], women's voicenkwo beyi [nkw"O B"2y&K], and children's voicenkwo bwèso [nkw"O bw"EsO], before the group offour comes together as an admirable ensemble.

The hand clapping corresponds to the rattleshaking which is in a 2 to 3 ratio with the beat: q q q rattle / hand clappingq . q . beatThe following diagram indicates the successi-ve entries of the voices:

12. Mbwé nan [mbw&e n"4a]Complete versionThe same song performed in a conventionalmanner. Mbwé nan "little brother of Nan", isthe main piece which ends the Nan repertoire.The continuous shaking of the rattle unders-cores a dance step in which the dancer, almostmotionless, holds his arms horizontally andstomps on the ground in small steps as quick-ly as possible. This very energetic versiondemonstrates the great vivacity of the Bedzanmusical heritage.

NATHALIE FERNANDO-MARANDOLA

and FABRICE MARANDOLA

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1. nkw"O b"unk`4E

2. nkw"O B"2mb2b4�

3. nkw"O B"2y&K

4. nkw"O bw"EsO

1.

2.

3.

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masque / mask mgba [mgb�]

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CamerounPYGMÉES BEDZANde la plaine Tikar

CameroonBEDZAN PYGMIES

from the Tikar Plain

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Cameroon BEDZAN PYGMIESfrom the Tikar Plain

INEDITMaison des Cultures du Monde

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Catalogue disponible sur demande / Ask for the catalogueMaison des Cultures du Monde • 101 Bd Raspail, 75006 Paris • Francetél. +33 (0)1 45 44 72 30 • fax +33 (0)1 45 44 76 60et sur internet / and on internet : www.mcm.asso.fre-mail : [email protected]

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distribution AUVIDIS

OP 2000 INEDIT / MCM

Made in France

Collection fondée parSeries founded byFrançoise Gründ

dirigée par / headed byPierre Bois

1. Nan 4’30”2. Lengbu 3’28”3. Ndondon 2’55”4. Nde yé 4’34”5. Kpéreba 5’15”(harpe-cithare/zither-harp)

6. Melwœn 3’32”7. Papi 3’10”8. Nembon 3’37”9. Nyendon 3’38”10. Mgbègnè 5’43”11. Mbwé nan 5’05”(analyse / analysis)

12. Mbwé nan 6’14”(version complète / completeversion)

Total 51’47”enregistrements & notice | recordings & liner notes

Nathalie Fernando & Fabrice Marandola