Alain ANTIL - L'insertion des néo-urbains dans le jeu politique. L'exemple du Sénégal.

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    Sommaire

    INTRODUCTION ................................................................................... 2

    UNE URBANISATION RAPIDE DU CONTINENT,AVEC DE FORTS CONTRASTES NATIONAUX............................................ 4

    Lurbanisation la croisedes transformations des socits ............................................. 4

    Lafflux de no-urbains .............................................................. 5

    APPROCHE DU CAS SENEGALAIS ......................................................... 8

    Larrive en ville et leffondrement des structuresdencadrement traditionnelles de lindividu ............................. 8

    Nouvelles solidaritset nouveaux rseaux de mobilisation ..................................... 10

    Le difficile encadrement politiquedes no-urbains sngalais par les partis politiques ............ 13

    DAUTRES EXEMPLES :MAURITANIE,NIGERIA .................................... 15 Nouakchott, un processus de retribalisationdu politique facilit par la sgrgation urbaine ...................... 15

    Au Nigeria, un march du clientlisme politique urbainrgul par largent et la violence ............................................. 17

    CONCLUSION.................................................................................... 20

    BIBLIOGRAPHIE ................................................................................ 22

    ANNEXE ........................................................................................... 24

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    Introduction

    Une note rdige lan dernier concernait les meutes de la faim1 en Afrique subsaharienne, et avait permis, entre autre, de pointerlextrme difficult des pouvoirs en place contrler des populationsurbaines, en particulier celles des capitales, qui sont la fois plusrevendicatrices et plus proches, gographiquement, du pouvoir, etdonc plus dangereuses. La matrise ou le containmentpolitique etlectoral des populations des capitales est et sera de plus en plus

    lune des principales cls de la stabilit des rgimes africains. Eneffet, en analysant les meutes de la faim , nous nous tionsrendu compte que, dune part, le dclencheur ntait pas forcment lafaim, ensuite, que la totalit des meutes comportait une critiquede la gouvernance, et enfin quun nombre important de cesmanifestations, en particulier au Sngal, avaient eu commelments moteurs des personnes issues des quartiers priphriqueso lon trouve une forte proportion de no-urbains. Dailleurs, dunpoint de vue plus spcifiquement lectoral, les rsultats enregistrsen Afrique subsaharienne ces dernires annes laissent souventapparatre (Conroy Krutz : 2006) une plus grande difficult despouvoirs en place gagner dans les villes ou tout du moins raliser

    des scores aussi importants que dans les espaces ruraux.Les projections dmographiques actuelles concernant

    lAfrique subsaharienne prvoient toutes une augmentation trsrapide de la population mais aussi un accroissement encore plusspectaculaire des populations urbaines. Un nombre important depersonnes, en plus du crot naturel des populations urbaines qui estdsormais au Sngal le principal moteur de la croissancedmographique de Dakar, quitte rgulirement les espaces rurauxpour sinstaller dans les villes et, en particulier, dans les quartierspriphriques des villes. Ces populations et ces quartiers seront ilsle sont dailleurs djau cur des transformations sociales (affais-

    sement de lencadrement communautaire, essor de lindividualisationet de nouvelles formes de communautarisations ) et des enjeuxpolitiques (en raison de leur nombre surtout et de leur capacit revendiquer et parfois se rvolter). Aussi, nous parat-il important de

    Alain Antil est chercheur, responsable du programme Afrique subsaharienne de lIfri.1 Cf. Alain Antil & Sylvain Touati : Crise alimentaire, meutes de la faim et enjeuxagricoles en Afrique subsaharienne, note de consultance pour le CAP, anne 2008,33 p.

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    comprendre comment ces populations de no-urbains2 se socialisent,se solidarisent, se mobilisent ou sont mobilises et comment cesprocessus sinsrent dans la redfinition du champ politique local.

    Au Sngal, le vote de ces populations, qui se combina

    dailleurs au vote des jeunes ns en ville, lors des lections de 2000 alargement contribu la dfaite dAbdou Diouf et la victoiredAbdoulaye Wade. Nanmoins, il faut videmment avoir conscienceque cette analyse du cas sngalais npuise pas le sujet et surtoutpas la trs grande pluralit de situations nationales au sud duSahara.

    Cest pourquoi, aprs avoir dress un rapide tableau dmo-graphique de lavenirdu continent, nous nous arrterons en dtail surlexemple sngalais. Nous tenterons de reprer les dynamiques etles nouvelles formes de mobilisations et/ou les nouveauxvecteurs de solidarit qui socialisent les individus dans les quartiers

    ainsi que leurs capacits transformer les mobilisations sociales enmobilisations lectorales. Ensuite, nous dvelopperons rapidementdeux contre-exemples qui montrent que lvolution sngalaise, sielle suggre des questions gnralisables tout le continent, offredes rponses ou une trajectoire qui lui sont propres. Nous dresseronsdans un dernier temps, conclusif, un certain nombre de constats quipeuvent tre prcieux pour dcrypter les volutions actuelles etfutures des pays au sud du Sahara.

    2 Notons que la catgorie no-urbains fait dbat chez les spcialistes de la ville,qui trouvent en fait ce terme trop flou (jusqu quand est-on encore nourbain ?) etsoulignent que la question de la relgation et de la contestation sociale urbaineconcerne davantage les catgories durbains pauvres que les seuls no-urbains.Nanmoins, nous utiliserons ce terme dans ce texte qui na pas dambitionheuristique ou thorique. De plus, nous dsirons surtout pointer le phnomne delexode rural massif en cours et de limpact politique de cet exode rural, ce termenous parat donc adquat, mme si le concept pose problme dans le champscientifique.

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    Une urbanisation rapidedu continent,

    avec de forts contrastes nationaux

    Lurbanisation la croise

    des transformations des socitsLurbanisation rapide du continent africain procde dune srie defacteurs dordres diffrents : - dmographiques (explosion dmogra-phique, crot naturel de la population urbaine, exode rural importantentranant une volution rapide du rapport ruraux/urbains) ; - cono-miques (opportunits demplois plus importantes en ville, systmesagraires qui peinent absorber des gnrations de ruraux plusnombreuses et nourrir des units familiales plus grandes, do undpart des zones rurales pour des stratgies individuelles de russiteet/ou de survie mais galement des stratgies familiales de

    diversification des types dactivits et de revenus) ; - sociologiques(attrait de la ville et de la modernit, amnits plus grandes,stratgies ducatives des mnages) ; - conjoncturelles (conflits,scheresses, cataclysmes divers).

    Lurbanisation est donc au croisement de plusieurs phno-mnes dordres diffrents et plus larges. Lurbanisation est dabord comprendre dans une mobilit humaine prise au sens le plus large.Ainsi, larrive en ville de no-urbains peut tre une dlocalisationtemporaire (migrations saisonnires ou sjour de plusieurs annespour constituer un pcule pour le mariage ou dmarrer une nouvelleactivit rurale). Il peut galement sagir dune tape dans un parcoursmigratoire international. Enfin larrive en ville peut tre, videmment,synonyme dinstallation dfinitive.

    Lurbanisation est ensuite resituer dans la question plusvaste de la transformation des conomies du continent o les acti-vits urbaines deviennent les nouveaux piliers de croissance (cons-truction, services, TIC3).

    3Technologies de linformation et de la communication.

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    Il convient dailleurs dvoquer ici un autre concept, auxdimensions la fois dmographique, conomique et de mobilit, pourcomprendre lun des enjeux majeurs du continent africain. Ceconcept est celui de peuplement4. Il est normal, si lon considreun pays ou un continent sur le temps long, que la mobilit humainesajuste aux transformations de lconomie. Que serait-il en effetarriv aux pays europens si la mobilit humaine navait pasaccompagn lindustrialisation et les redploiements successifs lisaux autres rvolutions technologiques ? Cette mobilit, dans les paysoccidentaux, ntait pas uniquement nationale mais aussi transnatio-nale et intercontinentale. Le dveloppement de lAfrique provoqueradimmenses transformations de son peuplement , c'est--dire de larpartition/distribution des hommes.

    Lurbanisation dun pays est enfin resituer dans unensemble de transformations sociologiques beaucoup plus vastes(transformations des solidarits, de la cellule familiale, du sentiment

    dappartenance, du champ politique).Lurbanisation du continent est dj largement amorce

    puisque la population urbaine a t multiplie par 11 depuis 1950 5,passant de 21 232 millions. Malgr cette progression, le tauxdurbanisation de lAfrique reste infrieur celui des autrescontinents. Ce chiffre global masque pourtant dimportants cartsentre rgions au sud du Sahara6. Si lon regarde le tableau n 1,prsent en annexe, on saperoit que les pays prsentent des profilstrs contrasts, condamnant par avance tout discours qui seraitgnraliste. Si lon prend par exemple deux pays voisins comme leSngal et la Mauritanie, les profils sont tout fait loigns et les

    questions concernant les no-urbains, comme nous le verrons ci-dessous, ne peuvent alors tre abordes exactement de la mmemanire. Le Sngal, un des pays les plus prcocement urbaniss ducontinent, passe dun taux durbanisation de 30 % en 1950 un tauxde 49 % en 2005, alors que la Mauritanie passe de 2 % 64 %durant la mme priode.

    Lafflux de no-urbains

    Lexplosion urbaine devrait se poursuivre: selon lONU-Habitat, lapopulation va plus que doubler dici 2030. Il y aura quelque759 millions de rsidents urbains travers lAfrique dici 2030, contre373 millions en 2007. Environ 40 % de la population vit actuellement

    4 Cf. Jean-Marie Cour : Pour une meilleure gestion du peuplement et delamnagement du territoire en Afrique subsaharienne , in Serge Michalov : LaFrance et lAfrique. Vade-mecum pour un nouveau voyage, Karthala, 1993.5 Contre un coefficient de 4 pour la population totale et de 3 pour la population rurale.6En 2005, les taux durbanisation taient de 27% pour lAfrique de lEst, 38 % pourlAfrique centrale, 44% pour lAfrique de lOuest et 55% pour lAfrique australe.

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    dans des villes et plus de 50 % y vivront en 2025. Alors que lacroissance dmographique devrait tre de 2,1 % par an entre 2000 et2030, la population urbaine devrait augmenter de 3,3 %. Dici 2030, ily aura donc prs de 400 millions dAfricains de plus dans les villes,une part non ngligeable sera due lexode rural.

    Lafflux de ces populations est porteur de grandes promessesde dveloppement mais pose galement la question de la capacitdes villes absorber et accueillir ces habitants. Comment lesinfrastructures, les systmes dducation, de sant, les marchs dulogement et de lemploi peuvent-ils accueillir ces populations ? Laquestion est dautant plus importante quun certain nombre de paysau sud du Sahara prsentent une structure urbaine macrocphale7,cest--dire avec une grande ville, gnralement la capitale,beaucoup plus peuple que les autres, qui reoit lessentiel desinvestissements de ltat mais aussi lessentiel de lexode rural. Lesautres villes, caractrises par des marchs de lemploi beaucoup

    moins dynamiques et des offres de services publics trs insuffisantes,narrivent pas fixer des migrants intrieurs qui prfrent sinstallerdirectement dans la capitale.

    Souvent, lensemble de ces problmes socio-conomiques seretrouvent dans les quartiers priphriques, ces vastes pochesdhabitats prcaires8que lon retrouve dans toutes les villes ducontinent et qui accueillent lessentiel des no-urbains. Dans laplupart des pays subsahariens, un peu plus de 50 % de la populationurbaine vit dans un habitat prcaire. cet gard, seuls la Rpubliquesud-africaine et certains de ses voisins ont des taux infrieurs 40 %. Dans un grand nombre de mtropoles du continent, lhabitat

    prcaire est quasiment la norme. Addis-Abeba, cest seulement10 % de la population qui rside dans des conditions satisfaisantes.

    Larrive en ville procde la fois dun flux continu depersonnes refoules par les campagnes, de candidats lmigrationpour qui la capitale rgionale et/ou nationale est une premire tapedans un projet migratoire international9, mais aussi de vaguescorrespondant des accidents climatiques ou des crises violentes.Rseaux de villes diffrents, rythmes darrive en ville diffrents,

    7 Ceci est vrai pour la Mauritanie et pour le Sngal mais en revanche des payscomme la Cte dIvoire ou le Nigeria ont un maillage urbain beaucoup plus quilibr.8LONU-Habitat a une dfinition prcise du bidonville : Est dclar bidonville unehabitation ne satisfaisant pas au moins un des critres suivants : une constructiondurable, cest--dire btie dans un lieu appropri et offrant une protection correctecontre les conditions climatiques extrmes ;un espace habitable suffisant, savoirun maximum de trois personnes partageant la mme chambre ; laccs leaupotable en quantit suffisante et un prix abordable ; laccs des installationssanitaires adquates sous forme de toilettes prives ou publiques partages avec unnombre raisonnable de personnes ; la scurit doccupation pour prvenir touteexpulsion force . Cf. Dominique Mataillet : Alerte aux bidonvilles , JeuneAfrique, le 13 aot 2006.9 Il faut noter, ainsi que le souligne Jrme Lombard, quune majorit de candidats lmigration sont en fait des urbains.

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    politiques de retour la terre plus ou moins assumes, stocks demigrants ruraux plus ou moins importants, lurbanisation des paysafricains est ds lors trs contraste.

    La question de lexode rural et de lexistence de no-urbains

    de plus en plus nombreux, mme si ce terme commode nest pasais dfinir (pendant combien de temps peut-on tre considrcomme un no-urbain10 ?), est et sera de plus en plus centrale pourles gouvernements des tats subsahariens. De nombreux travaux etrapports ont dj abord les enjeux sociaux (quipement, infrastruc-tures, emplois, etc.), mais lafflux massif de no-urbains, en particulierdans les capitales, pose galement la question de leur intgration auchamp politique local. Comment mobilise-t-on cet lectorat qui asouvent, limage du Sngal, t la pointe des contestations lorsde ce que lon a trop rapidement appel les meutes de la faim ,un lectorat qui souffre parfois de la faim, de labsence de ltat dansles quartiers priphriques, et qui a une grande dfiance vis--vis des

    partis politiques et de leurs promesses ? Bien sr, ces analysespourraient tre tendues une plus vaste partie de la populationurbaine car les no-urbains se mlangent et font partie dune sorte de classe dangereuse urbaine, jeune et difficilement encadre par lepouvoir politique.

    10Serigne Mansour Tall, expert des questions urbaines au bureau de lONU-Habitat Dakar, rencontr en novembre 2009, souligne quil est difficile disoler les no-urbains des autres habitants de ce que lon appelle ONU-Habitat la banlieue oules quartiers non planifis . Vivent en effet en banlieue les enfants des anciensno-urbains, des jeunes qui sont ns dans ces quartiers, des gens qui ont trelgus dautres quartiers. Ce sont donc des populations mlanges et il est difficiledisoler les no-urbains parmi eux.

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    Approche du cas sngalais

    Larrive en ville et leffondrementdes structures dencadrement traditionnellesde lindividu

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    Comme nous lavons not un peu plus haut, le Sngal fait partie despays africains o lurbanisation est la plus ancienne et la plus impor-tante. Issa Sall12parle quant lui de diffrentes vagues darrives deruraux dans les villes. Durant la colonisation dj, de nombreusesfamilles ont quitt les espaces ruraux pour chapper lautorit deschefs de canton, et galement au travail forc. Les annes 1970voient larrive de rfugis conomiques pousss par la svrit de lascheresse. partir des annes 1980, le flux darrives en villesacclre, dautant plus que les stratgies de migrations internatio-nales des Sngalais ruraux passent souvent par Dakar. Abdou Dioufrend plus facile la migration vers linternational en supprimant le visade sortie. Issa Sall y voit dailleurs une stratgie dlibre du pouvoirsngalais dexportation de la main-duvre pour rpondre enpartie aux grandes difficults conomiques qui conduisent le pays se voir imposer un Plan dajustement structurel durant les dcennies1980 et 1990. Larrive Dakar de nombreux ruraux, pour sinstallerou pour migrer, nest dailleurs quun des aspects de la mobilithumaine sngalaise. Les gens du nord du pays vont, la mmepoque, sinstaller en nombre en Casamance, ce qui provoquera destensions avec les autochtones. Leffondrement de lconomie delarachide provoquera un dpart massif des paysans du bassinarachidier (centre du Sngal) vers le sud, vers Dakar mais aussi etsurtout vers Touba. Aujourdhui, la capitale des Mourides13 est

    11 Cf. Alain Marie : LAfrique des individus, 1997, red. 2008, Karthala, 442 p.12 Directeur de publication du journal Nouvel Horizon, rencontr Dakar ennovembre 2009.13 Une des principales confrries sngalaises comptant plusieurs millions de fidles. propos des confrries, Srigne Mansour Tall prcise : Les rseaux confrriquesne sont des rseaux que de second degr. Ils ne stablissent que sur le fondementdune sociabilit familiale, villageoise ou ethnique, objet dune premire rencontre.[] La confrrie est une forme de proximit qui se donne voir par le prnom,lhabillement, la manire de jurer, le chapelet. Il est de bon ton dtaler son

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    devenue le refuge de tout le bassin arachidier, certains de nosinterlocuteurs nous affirmant mme que les villages 100 kilomtres la ronde de la ville se vidaient alors que Touba connatrait actuel-lement une croissance dmographique de 10 % lan. La croissancede la population est de lordre de 2,5 % au Sngal et celle de lapopulation de Dakar serait de 3,9 %. Si on extrapole ces chiffres, oncomptera vraisemblablement 25 millions de Sngalais lhorizon2030 avec une capitale qui aura plus que doubl de taille14.

    Lencadrement social que lon trouve dans les espaces rurauxnest pas toujours transposable en ville. Il y a un double processus dedissmination des migrants issus de lexode rural. Une dissminationgographique dabord, car, Dakar, linstallation des familles ou desindividus dans un quartier ne se fait pas majoritairement selon desaffinits rgionales ou communautaires15. Ensuite, il faut soulignerlexplosion de la structure familiale au contact de la ville, unetendance forte la nuclarisation et lloignement du modle rural

    de concessions avec plusieurs gnrations, plusieurs mnages ouplusieurs copouses dun mme homme, vivant avec leurs prog-nitures respectives16. Certains interlocuteurs soulignent que lesfamilles des quartiers priphriques sont souvent plus grandes, maiscela est surtout d un rgime dmographique diffrent, les person-nes venant des campagnes ayant encore beaucoup denfants. Lescapacits de solidarit familiale sont limites, on nhberge que sesenfants ; les cousins doivent trouver leur propre hbergement ; etmme les fils ans doivent parfois trouver une chambre dans lequartier. La plupart des familles de banlieue nont plus les moyensdassurer les repas pour la totalit des membres. Ainsi, dansbeaucoup de familles, certains membres doivent se dbrouiller pour le petit-djeuner et le dner, seul le djeuner tant assur, cestce que lon appelle souvent Dakar le bop sa bop17, le chacun poursoi (Calvs et Marcoux : 2007).

    appartenance confrrique sans tre tax de sectaire, de rgionaliste ou dethniciste in Investir dans la ville africaine, Karthala, 2009.14Lvolution de la population de Dakar: 1875 : 1 500 hb, 1904 : 18 000 hb, 1931 :32 500 hb, 1945 : 80 000 hb, 1960 : 300 000 hb, 2000 : 2 200 000 hb, 2007 :2 525 000 hb. Le plan durbanisme 2025 prvoit 5millions dhabitants cet horizon,cf. DAKAR HORIZON 2025 : Un plan durbanisme pour 5millions dhabitants , inLe Soleil, Dakar, 29 septembre 2006.15Bien sr, il ne faut pas conclure lindiffrenciation totale des quartiers de Dakar,

    la prsence de ressortissants de la confrrie mouride est, par exemple,particulirement marque dans certains quartiers, on parle ainsi de ToubaOuakam ou de Touba Sandaga pour souligner la prsence des ressortissantsmourides (Touba tant le nom de la ville sainte du mouridisme), des membres de laconfrrie Layne prsents en grand nombre Yoff, ou encore des Serer, plusconcentrs dans certains quartiers.16 Sur la recomposition de la famille en ville, cf. Mamadou Ndongo Dim : Remiseen cause, reconfiguration ou recomposition ? Des solidarits familiales lpreuvede la prcarit Dakar , in Socits africaines en mutation : entre individualismeet communautarisme , Sociologie et socit, Montral, volume 39, numro 2,automne 2007.17 Littralement le tte sa tte en wolof.

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    Nouvelles solidaritset nouveaux rseaux de mobilisation

    Ce processus va de pair avec une tendance observe depuis desannes, savoir que la pauvret est de plus en plus urbaine, commelont montr les crises alimentaires qui ont marqu la fin de lanne2007 et le premier semestre 2008. Aussi, les jeunes gens au sein desquartiers non planifis , priphriques, sont les principalesvictimes de cette dlicate transition urbaine. Ces constatationsconcernent en particulier les jeunes hommes, qui peinent sinsrerdans lconomie formelle. Marqus par le sous-emploi, ils ne peuventds lors se marier et former un foyer. Ils sont vendeurs ambulants, ilsconnaissent les problmes de transport (cot important pour serendre dans les quartiers centraux, embouteillages). Ces conditionscrent de factoles lments dune solidarit ne dune communaut

    de destin, dge, de classe. De nombreuses communauts/ethnies enAfrique sont structures par des associations de classes dges, defemmes, etc. Ces associations sont gnralement une faon pour les cadets sociaux dobtenir une place au sein dune structurevillageoise grontocratique et assez verticale.

    Les quartiers priphriques de Dakar sont maills de cesassociations de jeunes, la plupart du temps non communautaires etplutt bties sur la proximit gographique. Il sagit dune commu-naut de destins de relgus, un groupe qui favorise une constructionsociale face un effondrement des structures dencadrement delindividu. Lide dune masse de jeunes se regroupant par associa-

    tions de quartiers et par ge ne rend bien sr pas compte de len-semble des sociabilits et des vecteurs potentiels de mobilisation.Les organisations cultuelles, certaines solidarits de mtiers, ou en-core les syndicats sont galement prsents.

    Nanmoins, Abdou Salam Fall18, qui a ralis de nombreuxtravaux sur les transformations de la socit Dakar, affirme quentreles annes 1990 et aujourdhui, il y a eu une volution importante.Dans les annes 1990, les jeunes vivaient la crise mais les anssupportaient la crise19 , dix annes plus tard les solidarits verticalesse sont effondres, lexception notable des projets de migrationpour lesquels la famille est le lieu privilgi o lon cotise pour lecandidat la migration. La plupart de ces jeunes des quartiers pri-phriques, qui sont frapps 72 % par le sous-emploi20 et sont

    18Sociologue, spcialiste de la ville lInstitut Fondamental dAfrique noire (IFAN) deDakar, rencontr Dakar en novembre 2009.19Cette expression est dAbdou Salam Fall.20La notion de chmage dans un contexte africain na pas grand sens, on luiprfrera le sous-emploi qui recouvre des aspects dirrgularit de lactivit, denombre dheures travailles infrieur la volont des individus, dobligation detravailler dans une situation informelle et de rmunrations insuffisantes pour assurerune certaine autonomie lindividu.

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    92 % dans linformel, se retrouvent dans des solidarits horizontaleset se regroupent autour de nouvelles figures charismatiques ou deslieux associatifs comme de jeunes marabouts, des groupes ou deschanteurs de rap et de hip hop, des leaders associatifs (associationsde jeunes de tel quartier, de femmes de tel quartier), mais aussi desmdiateurs professionnels qui se sont spcialiss dans le dvelop-pement la base, notamment dans le cadre dONG. Ces jeunes sontalors mobiliss autourde diffrents types dactivits comme leschantiers, la danse, la lutte, le football, etc. Autour de ces figurescharismatiques et ces rseaux de sociabilits, les habitants desquartiers priphriques, et en particulier les jeunes, essayent de btirune nouvelle citoyennet dans laquelle ils intgrent et revendiquentleur statut de relgus.

    Parmi ces nouveaux rseaux de sociabilits propres la ville,certains marabouts sont devenus des figures de premier plan. Assezsouvent cites par nos interlocuteurs, ces figures mergentes se

    singularisent par leur grande capacit mobiliser. Nous prendronslexemple de deux marabouts de premier plan sur la scne dakaroiseet mme nationale, Cheikh Bthio Thioune et Cheikh Modou KaraMback Noreyni. Tous deux appartiennent la confrrie mouridemais le culte de la personnalit dont ils font lobjet, leur clbrit etleur capacit de mobilisation sont sans commune mesure avec leurrang au sein de la hirarchie interne du clerg mouride.

    Cheikh Bthio Thioune nest pas un descendant21 dufondateur du mouridisme, il a mme une origine sociale trs modeste.Rsidant Dakar, il est rvr par ses talibs (ses fidles), lesthiantacounes, comme un pre et une vritable image de la lumire

    divine (certains de ses fidles pensent mme que lon est sr dallerau paradis quand on la vu), plus que par une science religieuseparticulire (Havard : 2006). Ils font acte dallgeance (Jeblu) pourentrer dans la communaut. Les thiantacounes tirent leur nom descrmonies (Thiant) organises rgulirement Dakar qui sont lafois un banquet, un moment de recueillement et de chants sacrs, unlieu o se scellent les mariages entre fidles mais aussi un lieu trsfestif (voire licencieux, selon les dtracteurs de Cheikh Bthio), avecdes chants et des danses. Cest un lieu o Cheikh Bthio Thiounemontre sa richesse et sa prodigalit (il fait tuer plusieurs bufs,parfois plus dune vingtaine, chaque semaine pour nourrir sesouailles). Il revendique plusieurs millions de fidles, ce qui est

    fortement contest par les autres tendances de la confrrie. Il comptevraisemblablement plusieurs dizaines de milliers de fidles, qui sontrecruts pour une large part dans la jeunesse urbanise, et enparticulier chez les jeunes urbains dclasss (Havard : 2006) depremire deuxime ou troisime gnration. Cette communautnouvelle, assez dconnecte des ralits rurales, dans laquelle on

    21 Les descendants de Cheikh Amadou Bamba Mback sont appels familirementles Mback Mback.

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    trouve aussi danciens toxicomanes et des voyous repentis, estconsidre comme une quasi-secte par certains analystes. CheikhBthio Thioune, par son audience importante Dakar et sur le restedu territoire sngalais, sait attirer les financements et se vante depouvoir peser sur les scrutins lectoraux. Il avait ainsi appel voterA. Wade lors des lections de 2000.

    Cheikh Modou Kara MBack Noreyni est quant lui un petit-neveu du fondateur de la confrrie. Lui aussi aurait su attirer sur sonnom un nombre important de talibs, environ 500 000 au sein duMouvement mondial pour lunicit de Dieu22 (Audrain : 2004). Ilrecrute lui aussi dans la jeunesse urbaine la plus modeste et la plusdsuvre. Cheikh Modou Kara se distingue par sa capacit organiser des marches de ses baay-darou(talibs) en diffrentesoccasions. Ces marches sont la fois des dmonstrations de force etdordre. Certains de ses talibs ont mme t organiss en une sortede milice arme, les commandos de la paix , qui paradent souvent

    en treillis et qui sont lis la socit de scurit Kara scurit cre par le matre. Ces nervis ont t rcemment mis en cause lorsde lattaque, en septembre dernier, des locaux du journal Walfadjri23.En dcembre 1999, lors dune grande runion de ses talibs dans legrand stade de la capitale sngalaise (Audrain : 2004), il avaitappel ses ouailles voter pour les prsidentielles de lannesuivante pour Abdou Diouf et il stait fait copieusement siffler. Lerefus par ses talibs de son ndigl24 tmoigne de la difficult de plusen plus grande du religieux peser sur le politique. Comme nouslont affirm la plupart de nos interlocuteurs, les structuresdencadrement religieuses de la socit nont plus les capacits de faire voter pour . Le phnomne est bien sr beaucoup plusprgnant dans les villes. Ainsi, Mohamed Guye25souligne que lon avu lors des dernires consultations lectorales, Touba, la capitalemouride, un lectorat qui ne suivait plus les ndigllectoraux duleader de la confrrie. En 2004, Cheikh Modou Kara a voulutransformer son aura religieuse en capital politique, en crant sapropre formation politique, le Parti de la vrit pour le dveloppement(PVD), qui ne compte actuellement aucun lu. Comme le noteJrme Lombard26, la forte capacit des deux marabouts mobiliserpermet de canaliser la violence de jeunes urbains qui se mfient de laparole politique.

    22Cest le nombre que revendique cette organisation.23 Cf. Agression contre le groupe de Walfadjri : Modou Kara lintouchable , inLobservateur, Dakar, 28 septembre 2009.24 Ordre-conseil du marabout son talib qui peut concerner tous les aspects de lavie, y compris le vote.25 Directeur du journal Le Quotidien, rencontr Dakar en novembre 2009.26Chercheur lIRD Paris, rencontr Dakar en novembre 2009.

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    Le difficile encadrement politique des no-urbains sngalais par les partis politiques

    Les deux marabouts mondains que nous venons dvoquerbrivement symbolisent la fois lmergence de nouveaux cadres desolidarits27 et de mobilisations des no-urbains, mais galement leurincapacit traduire ces mobilisations en pouvoir de prescriptionlectorale. propos de ces marabouts mondains , Madior Fall28nous expliquait pourquoi, selon lui, les marabouts ntaient plus aussibons vendeurs de clientle aux partis politiques. Pour lui, il y adsormais tout simplement trop de monde sur le march29 de lavente de clientle lectorale, ils ne sont plus les seuls oprateurs .Les tentatives de cration de partis politiques par les marabouts,comme le PVD de Cheikh Modou Kara, le FAP30dAhmed KhalifaNiass ou le RP31de Srigne Mamoune Niass, montrent dailleurs la

    volont des marabouts daccder aux postes lectifs plutt que de secantonner dans le rle de courtiers en btail lectoral .

    Pour Mohamed Guye, le champ politique et la comptitionlectorale sont marqus par plusieurs caractristiques dont lintensitest particulirement forte dans les quartiers priphriques o viventles no-urbains, en particulier leffondrement des instances denca-drement lectoral et lmergence du choix individuel lors des votes. Ilnest pas rare en effet de trouver des votes diffrents au sein de lamme unit familiale, ce qui rend inefficaces les stratgies utilisespar les partis politiques dapproche de cet lectorat via les anssociaux . Il y a une relle difficult des partis politiques intgrer

    dans leurs instances des personnes issues des quartiers nonplanifis32. Cette difficult tmoigne de lincapacit des partis comprendre ces zones, leurs dynamiques sociales, en particulier laconstruction dune nouvelle citoyennet dans ces quartiers, qui secaractrise la fois par une prise en main de leur destin33 par leshabitants, par une demande forte de biens et services publics, mais

    27Ils sont certes issus dune confrrie, qui nest pas un lment nouveau de lasocit sngalaise, mais leur capacit de mobilisation, sans commune mesure avecleur aura dans la hirarchie mouride, certaines pratiques juges htrodoxes et leurcapacit de mobilisation dans les espaces urbains en font un type dac teurs assezdiffrent des marabouts traditionnels.28 Directeur de publication du journal Sud Quotidien, rencontr Dakar en novembre

    2009.29Lexpression est de Madior Fall.30 Front des alliances patriotiques.31 Rassemblement pour le peuple.32 Jrme Lombard nous signale que cette difficult se rencontre galement dansdes quartiers de nouveaux riches.33 Dans les annes 1990, le mouvement set/setal, qui voyait les jeunes nettoyer leurquartier mais aussi lassainir moralement en tentant de lutter contre la corruption,procdait dj de cette redfinition de la citoyennet. Cf. Mamadou Diouf : Fresques murales et critures de lhistoire : le set/setal Dakar , Politiqueafricaine, n 46, 1992, pp. 41-54. Nous remercions Jrme Lombard de nous avoirsignal lexistence de ce mouvement et cette rfrence.

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    aussi par une grande dfiance vis--vis des partis politiques. Ladifficult procde galement dune marchandisation de la viepolitique34, avec le besoin pour les partis davoir un trsor deguerre important en raison de la ncessit croissante de distribuerde largent avant chaque lection, ce qui implique lvidence des capacits daccumulation fortes. videmment, le parti duprsident nest pas en reste, avec des prlvements consi-drables raliss notamment sur les contrats de travaux publics35.

    Au total, nous affirme Srigne Mansour Tall, la question desno-urbains et des quartiers priphriques est essentielle pour lergime et pour le pays. Toutes les manifestations importantes partentdes banlieues, les marchands ambulants, notamment, sont, nous dit-il, devenus des agitateurs sociaux professionnels, trs ractifs etcontestataires. Ces zones sont devenues galement dimportantsrservoirs de voix et il sera de plus en plus crucial de les sduire pourremporter les lections. Ltat essaye parfois de rpondre un peu la

    demande sociale, comme avec les rcentes promesses dun planemploi spcifique pour les jeunes des quartiers priphriques oulopration Zro nid-de-poule dans les banlieues36 . Les partis poli-tiques peinent sinstaller et avoir un impact37 car, contrairementaux zones rurales qui ont des structures sociales plus stables et dontles big men qui peuvent mobiliser leurs clientles pour le vote sontconnus, les quartiers priphriques sont un laboratoire de change-ment social o de nombreux acteurs se retrouvent en concurrencesur le march du clientlisme lectoral.

    Comme nous le voyons, de ces quelques pages danalysesressortent davantage de questions que de rponses. Populations

    difficiles encadrer politiquement, les no-urbains sont tout de mmemobiliss par un grand nombre dacteurs et dorganisations, de toutesles tailles (de lassociation de jeunes de quartiers jusquaux mara-bouts mondains ). Les no-urbains, comme les urbains dans leurensemble, sont au cur des marchs de linfluence, de la mobili-sation de la canalisation des revendications et de la violence. Cesmarchs sont en formation, avec une pluralit dacteurs et unegrande comptition. Dautres exemples nationaux nous permettrontde mieux comprendre les processus analyss jusqualors sur le seulSngal.

    34 Sur cette question, cf. notamment Richard Bangas : Marchandisation du vote,citoyennet et consolidation dmocratique au Bnin , in Politique Africainen 69,Karthala, 1998.35 Ce fait nous a t certifi par un certain nombre danalystes reconnus de la scnepolitique sngalaise.36 Les rues des quartiers priphriques sont souvent dans un tat mdiocre, enparticulier dans les zones inondables.37 Bien sr, il faudrait faire une analyse plus fine o lon verrait apparatre,notamment lors des lections locales, un certains nombre de leaders dopinion dansces zones : personnes vnrables habitant dans ces quartiers depuis longtemps,personnes issues de ces quartiers ayant russi conomiquement, etc. Mais lesscrutins nationaux sont de nature diffrente.

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    Dautres exemples :Mauritanie, Nigeria

    Nouakchott, un processus de retribalisationdu politique facilit par la sgrgation urbaine

    En Mauritanie, le processus durbanisation senclenche de manireplus tardive, il est dailleurs concomitant dun mouvement rapide etmassif de sdentarisation. Le recensement de la population maurita-nienne opr en 1977 laissait apparatre un pays encore majoritaire-ment nomade. Rfugis conomiques des terribles scheresses, lesno-urbains dbarquent en masse Nouakchott durant les dcennies1980, 1990 puis 2000. Cre en 1956, simple bourgade de quelquesmilliers dmes lindpendance, Nouakchott a aujourdhui probable-ment dpass le million dhabitants et reprsenterait plus dun tiersde la population nationale. La capitale mauritanienne a absorb lesdeux tiers des no-urbains. Comme au Sngal, le rseau des villes

    mauritaniennes est en effet marqu par une macrocphalie pousse.La progression a t si fulgurante que les diffrents plans durbani-sation, censs canaliser la croissance de la ville, taient dj obso-ltes au moment o ils devenaient officiels. Dversoir de rfugisclimatiques, la ville relativement mixte de la fin des annes 1970 etdu dbut des annes 1980 devient de plus en plus sgrgative mesure quelle crot dmographiquement.

    Au fur et mesure que cette ville grandit, les quartierssemblent acqurir une cohsion communautaire de plus en pluspousse. Les premiers quartiers comme le Ksar ou la Capitale ,taient des lieux o se ctoyaient les premiers fonctionnaires ainsi

    que les commerants. Les Maures

    38

    et les Ngro-africains

    39

    vivaientdans les mmes quartiers. Puis, mesure que la ville sest tendueen reproduisant la carte gographique du pays, certains quartiers ontaccueilli les gens en fonction de leur rgion dorigine : les 5e et 6e se

    38 Terme qui regroupe la partie de la population mauritanienne de culture arabe. Onutilise localement plutt le terme beydan(personnes dorigine arabo-berbre) etharatine(populations dorigine africaine mais de culture arabe qui regroupe en faitles anciennes classes serviles des beydan).39 Terme qui regroupe les populations africaines, c'est--dire essentiellement :Haapular, Soninket trs secondairement des Bambaraet des Wolof.

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    sont peupls de Ngro-africains venus de la valle du fleuveSngal, Teyarett a t peupl majoritairement par les gens du Nord,Toujounine par les gens de lEst. Mais les annes 1980 et surtout1990 ont connu une accentuation de la communautarisation, notam-ment en raison des volutions politiques. Les nouveaux quartierstaient de plus en plus uniformes, Riadh tant par exemple peuplquasi exclusivement de Haratine dplacs des quartiers centraux, etlon assiste dans les quartiers les plus anciens une rgression dumtissage urbain. la suite des conflits ethniques de 1989 (Choplin :2009), les Maures quittent les 5e et 6e, qui sont devenus des quartierspresque exclusivement ngro-africains (Halpulaar, Sonink), aux-quels sajoutent de nombreux ressortissants des pays voisins (Sn-galais, Maliens). Un journaliste40nous expliquait quil avait vcudans le 6e, mais que les annes passant, ce quartier lui ressemblaitde moins en moins, que ses amis (essentiellement des Beydan)taient tous partis et quil souhaitait rejoindre un quartier o il pourrait

    retrouver un environnement familier. Lorsquil dcida de vendre samaison, seuls des Sonink se prsentrent comme acheteurspotentiels. Cette partie du 6e est maintenant quasi exclusivementhabite par des personnes de cette ethnie.

    La communautarisation ne conduit pas seulement dresserun tableau de quartiers dominante maure ou ngro-africaine mais,beaucoup plus prcisment, des dominations des Maures de lEst,des Haratine, des Sonink, des Haalpular, etc. Dans certainsquartiers, de vritables lots tribaux mergent. Ainsi dans le quartierappel Le Carrefour, dans larrondissement dArafat, il est dsormaispossible dindividualiser des lots tribaux dune dizaine de maisons41.Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette tendance lourde. Dabord,les vagues de plus en plus nombreuses de rfugis conomiques enprovenance de lintrieur du pays qui rejoignent leur famille, lorsquilsen ont la possibilit, et stablissent dans un environnement prochedes leurs pour bnficier de leur solidarit. Ensuite, le turn-overdes proprits est important, ce phnomne de fluidit du marchimmobilier et foncier offre la possibilit de se rapprocher des sienslorsque lon na pas pu le faire dans un premier temps. Enfin,lattribution de parcelles par des circuits semi-officiels (Choplin :2009) a permis des politiciens, de hauts fonctionnaires et quelquesgros hommes daffaires de faire main basse sur des quartiers entiersdont ils ont pu faire profiter les leurs. La construction dhabitats

    sociaux par la SOCOGIM42

    a largement profit aux communautsdes directeurs successifs de cet organisme.

    Ce processus de regroupement spontan puis de communau-tarisation, concomitant lextension de la ville, sexplique donc par

    40 Entretien ralis en 2001 avec Mohamed Fall Ould Oumere, directeur delhebdomadaire La Tribune.41Entretien avec Yahya Ould El Bara, anthropologue, enseignant lUniversit deNouakchott, juillet 2002.42 Socit de construction et de gestion immobilire de la Mauritanie.

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    plusieurs facteurs et notamment par lexistence dun march foncierdynamique avec une rotation importante de la proprit foncire ainsique le rle de certains entrepreneurs dans la distribution des par-celles. Mais ce processus sinsre galement dans une volution dela socit mauritanienne. La scheresse, la crise conomique chro-nique et le plan dajustement structurel des annes 1980 ont consi-drablement affaibli les capacits de ltat organiser la socit. Laredistribution clientliste de biens ou de cash , illgitimementaccumuls, a ractiv les solidarits ethniques et tribales qui sesubstituent ltat et le phagocytent. Louverture la concurrencedmocratique, au dbut des annes 1990, a galement contribu accentuer cette retribalisation43 mais aussi et surtout la monte dediscours ethnicistes et raciaux, qui sest manifeste en ville par uneacclration de la communautarisation. Ainsi, la diffrence delexemple sngalais, Nouakchott, les attaches communautairespremires, mme si elles se transforment et se temprent au contact

    de la ville, sont encore des cadres oprants et prescripteurs lors deslections.

    En Mauritanie, ce communautarisme se double dun lien plusfort de ces communauts avec les rgions dorigine. Armelle Choplinsouligne que certaines consignes de vote Nouakchott sont prisesdirectement dans la rgion dorigine alors quen revanche, pour le cassngalais, ces liens, qui peuvent exister, sont plus diffus. JrmeLombard note que de nombreux Dakarois sont en ralit dcon-nects des ralits rurales et prend comme exemple de jeunesDakarois issus de la communaut Serer quil a tudis et qui se sont wolofiss cest--dire quils sexpriment dabord en wolof avant lalangue de leur communaut.

    Au Nigeria, un march du clientlisme politiqueurbain rgul par largent et la violence

    Le Nigeria se distingue par un certain nombre de caractristiquesstructurelles qui lloignent du cas sngalais : une conomie rava-ge par la maldiction du ptrole, qui reprsente plus de 90 % desrecettes dexportation du pays et qui attise une comptition malsaineau sein de la classe politico-conomique du pays ainsi quun dlais-

    sement de nombreux autres secteurs productifs du pays. En effet,lappareil industriel, loin de stre toff, a rgress depuis les annes1970. Le pays est devenu (ptrole mis part) une conomie dimpor-tation. Ainsi, dans un pays qui fait partie des plus gros exportateursde ptrole au sud du Sahara, on continue importer la quasi-totalit

    43 Cf. Alain Antil : Le Chef, la famille et ltat. Mauritanie, quand dmocratisationrime avec tribalisation , in Politique Africainen 72. Dcembre 1998. Karthala.Paris. pp. 185 -193.

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    de lessence. La focalisation de la classe politico-affairiste autour dela rente ptrolire et la non-gouvernance qui en dcoule ont conduit une disparition de ltat dans la vie des Nigrians. Malgr toutes lesaides et les promesses dinvestissements dans le secteur, la produc-tion dlectricit a stagn durant les deux mandats du prsidentOlesegun Obasanjo. Enfin, le Nigeria est marqu par une violence,politique ou criminelle, beaucoup plus importante que dans les autrespays de la sous-rgion, et a fortioriquau Sngal. conomie derente ravage par la maldiction du ptrole, tat absent, importantdegr de violence, ces lments font du Nigeria un pays quil nestpas facile de comparer au Sngal mais qui, de par sa trajectoirehistorique, nous offre quelques lments de comprhension de lamanire dont on encadre politiquement et lectoralement les no-urbains.

    Nous avons vu qu Dakar, un march du clientlisme, de lamobilisation et de la canalisation de la violence tait en

    construction/redfinition. Au Nigeria, depuis les annes 1990, sestdvelopp un phnomne de parrainage politique un peu partoutdans le pays : le godfatherism. Les godfathers (parrains)44 peuventtre danciens hommes politiques, des businessmenou dauthen-tiques gangsters. Ils offrent leur protection un homme politiquepour quil puisse tre lu, cest--dire la fois des fonds pour lacampagne lectorale mais galement une capacit connatre et matriser le terroir lectoral de la circonscription vise. Cecontrle territorial peut sexercer de plusieurs manires : - achat devoix ; - trucage des lections ; - envoi de nervis pour dissuader lesventuels opposants leur poulain daller voter, etc. Cette expertiseterritoriale , faite dun savant mlange de connaissance pralable duterrain, de capacit acheter une clientle et dissuader lesopposants, est offerte au godson(filleul). Cest en fait un investis-sement lucratif car, une fois le godson lu, il remboursera trslargement son parrain, sous forme dune confortable rente mensuelleet/ou de juteux contrats publics si le parrain est un homme daffaires.Dans ce processus, un contrle fin du terrain implique davoir recours tous les acteurs qui peuvent matriser llectorat localement oudavoir recours dautres types dacteurs, extrmement violents,comme les gangs ou les cult societies45pour briser les rsistances etintimider les populations et rseaux clientlaires pralablementinstalls.

    Bien sr, lexemple nigrian nest en aucun cas un avant-gotde ce qui va se gnraliser en Afrique subsaharienne en matire decontrle du vote, en particulier des no-urbains, mais cest tout de

    44 Cf. I. C. Okoye, Political Godfatherism, Electoral Politics and Governance inNigeria Paper presented at the annual meeting of the Midwest Political ScienceAssociation, Palmer House Hotel, Chicago, 4 dcembre 2007.45 lorigine, dsigne des syndicats tudiants. Ces groupes ont ensuite bascul dansla violence, le racket et le banditisme.

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    mme une voie qui peut tre emprunte dans des socitsprsentant les quelques caractristiques voques au dbut de cettesection.

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    Conclusion

    Le contrle des no-urbains et leur intgration au jeu politique sontdevenus une question centrale pour la stabilit des rgimes politiquesau sud du Sahara. En premier lieu, cest des quartiers priphriqueso ils rsident que partent un certain nombre de revendicationssociales, voire de manifestations de violence, comme on a pu leconstater lors de ce que lon a nomm meutes de la faim (2007-2008). Les tudiants ou les syndicats nont plus le monopole de

    lagitation sociale. En second lieu, les no-urbains reprsentent desmasses de votants de plus en plus importantes.

    Larrive de plusieurs centaines de millions de no-urbainsdans les villes africaines dans les prochaines dcennies donnera cette question de plus en plus dacuit. Il ne suffira plus aux rgimesde jouer la campagne contre les villes pour esprer lemporter,car les urbains seront bientt plus nombreux que les ruraux.

    Au Sngal, les no-urbains dakarois subissent un effon-drement des structures traditionnelles dencadrement de lindividu(communaut, famille) pour des raisons la fois gographiques(dissmination des originaires dun mme village dans diffrents

    quartiers) et socio-conomiques (cot de la vie en ville qui rduit lessolidarits familiales, souvent resserres autour de la famillenuclaire), et exprimentent et construisent de nouveaux cadres desociabilits, de solidarits, voire de mobilisations. Nanmoins, lesacteurs qui mnent ces nouveaux cadres (leaders associatifs, mara-bouts mondains) peinent transmuter, la plupart du temps, leurcapacit de mobilisation en prescription lectorale.

    Les partis politiques peinent mobiliser dans ces quartiers carils tentent de sensibiliser la population, trs jeune, en passant par lescanaux qui sont opratoires ailleurs (par les ans sociaux et lesmarabouts). Or le vote dans ces zones est surtout individuel, et les

    jeunes no-urbains tentent de construire une nouvelle citoyennet quiest souvent en rupture avec le monde politique. Bien sr, les partispolitiques comblent leur dficit de prise avec la ralit de cesquartiers par une dbauche de distribution dargent chaque scrutinlectoral, ce qui implique des possibilits daccumulation de plus enplus fortes.

    Le contre-exemple de la Mauritanie, qui a connu un processusdurbanisation beaucoup moins ancien que celui du Sngal, qui taitdj lun des pays les plus urbaniss du continent en 1950, nouspermet dobserver une volution tout fait diffrente. Au lieu de la

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    grande mixit communautaire que lon retrouve dans les quartierspriphriques de Dakar (o vivent une majorit de no-urbains), lasgrgation urbaine Nouakchott sest acclre depuis les annes1980, les structures dencadrement social traditionnelles sont doncencore beaucoup plus opratoires, et fonctionnent encore, dans unecertaine mesure, dans lencadrement du vote.

    Lexemple nigrian montre un march politique urbain plusavanc et plus structur quau Sngal, avec une forte prsence delargent et la violence via le parrainage (godfatherism).

    Les cas abords, le Sngal et ses contrepoints nigrian etmauritanien, constituent en fait des scnarios dvolutions possiblesdencadrement politique des no-urbains pour lensemble des paysafricains.

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    Annexe

    Tableau n 1 : Classement des pays selon les taux durbanisation en 1950 et 2005

    Sources : ONU, cit in Benot Ferry : LAfrique face ses dfis dmographiques,2007, Karthala, p. 44