1.Migrations,Violencetgeosémo

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CAPITULO 9. FRONTIÈRES, VIOLENCES ET GÉOGRAPHIES ÉMOTIONNELLES. 9.1. Intro 9.2. Linamar Campos-Flores Géographies émotionnelles de la migration circulaire des travailleurs agricoles saisonniers Latino-Américains. 9.3. Isabel Berganza La traversée de frontière à frontière: la population haïtienne et colombienne en transit par Pérou 9.4. Liliana Kremer Femmes des frontières et identités subalternes. Femmes boliviennes –migrantes autochtones et paysannes- qui habitent sur la frontière. 9. 5. Conclusion INTRO Traverser des frontières géographiques devient de plus en plus un acte qui peut être banalisé en raison du nombre des personnes qui le font chaque jour. Cependant, un grand pourcentage de ces individus est obligé à planifier leur vie autour des aller-retour répétitifs en traversant ou en arrivant à territoires hostiles, ou autour des allées qui risquent de n'avoir pas de retour dans leur quête d’un meilleur avenir pour les siens. 1 | Page

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CAPITULO 9. FRONTIRES, VIOLENCES ET GOGRAPHIES MOTIONNELLES.

9.1. Intro

9.2. Linamar Campos-Flores

Gographies motionnelles de la migration circulaire des travailleurs agricoles saisonniers Latino-Amricains.

9.3. Isabel Berganza

La traverse de frontire frontire: la population hatienne et colombienne en transit par Prou

9.4. Liliana Kremer

Femmes des frontires et identits subalternes. Femmes boliviennes migrantes autochtones et paysannes- qui habitent sur la frontire.

9.5. Conclusion

INTRO

Traverser des frontires gographiques devient de plus en plus un acte qui peut tre banalis en raison du nombre des personnes qui le font chaque jour. Cependant, un grand pourcentage de ces individus est oblig planifier leur vie autour des aller-retour rptitifs en traversant ou en arrivant territoires hostiles, ou autour des alles qui risquent de n'avoir pas de retour dans leur qute dun meilleur avenir pour les siens.

Dans ce chapitre nous rendons compte de divers angles et regards qui proposent une lecture multifacettes sur les diffrents types de violence auxquels est expos le sujet migrant dont Acosta et Mummert parlent dans la premire section de cet ouvrage. Certes, le fait de compter sur des rseaux familiaux, amicaux ou communautaires peut devenir un facteur qui modifiera le rapport que ces migrants tabliront tout au long de leurs parcours. Cependant, d'aprs les thmes et les cas que nous exposons dans cette partie de notre ouvrage, ce fait ne les librera pas d'endurer des violences qui couvrent tout le spectre: physique, psychologique, symbolique, conomique, institutionnelle.

Tel que Davidson et al. remarquent motions matter (2005:1). Nous commenons ce chapitre justement en abordant le thme des LABOUR MIGRATIONS ds la sphre motionnelle

2. Gographies motionnelles de la migration circulaire des travailleurs agricoles saisonniers latino-amricains.

Venus chaque anne en qute de (se) construire un meilleur avenir ainsi que pour leurs enfants, les travailleurs agricoles saisonniers latino-amricains sont soumis des expriences trs peu tudies ds la perspective motionnelle.

Certes, les sciences sociales en gnral sont en processus de modifier la sparation cartsienne "rationnel/motionnel" qui a mise de ct le deuxime composant en le considrant anti-scientifique. Rappelons-nous que nous avons d attendre jusqu' 1956 lorsque le sociologue Erving Goffman publia son texte sur le rle de la gne dans les organisations sociales, texte o il reconnat les motions en tant qu'un facteur de la vie sociale.

L'mergence d'un champ de la connaissance largement connue comme gographies motionnelles a justement comme but d'insister sur l'importance des motions et des affects dans les interactions et les relations spatiales de toutes populations l'tude. prsent, des gographes comme Geraldine Pratt, Rachel Pain, Joyce Davidson, Sarah Wright et Maurit Aure abordent le thme ds plusieurs perspectives et renforcent l'ide de la ncessit d'laboration d'une thorie cohrente fonde sur les motions.

2.1 Le composant motionnel comme angle d'tude des circulations migratoires

C'est dans cette qute que notre thse de doctorat s'inscrit en proposant l'incorporation de l'angle motionnel dans l'tude des interactions spatiales de populations migrantes temporaires, notamment les travailleurs agricoles saisonniers au Qubec et leurs familles. Nous construisons donc un projet de recherche qui a comme objectifs principaux de discerner, d'analyser et de comprendre la complexit des expriences que subissent les travailleurs eux-mmes, ainsi qu' l'intrieur de la dynamique familiale et dans le tissu sociale de leurs communauts d'origine.

Notre point de dpart est justement fond sur le fait que le capitalisme avec toute sa trame structurelle a un intrt particulier dtourner tout ce qui est reli aux motions, mais en mme temps fait une utilisation disons pervers de ce que l'motivit peut produire. Sarah Wright (2012) critique le concept de dveloppement qui justifie une classification qui dcrit la classe ouvrire, dans notre cas les travailleurs agricoles trangers "peu qualifis", en tant infantile, non rationnelle et motionnelle avec l'intrt de faire valider l'ide que ceux l'intgrent ne peuvent pas rflchir, penser et tre autonomes. Par consquent, ils ont besoin de ceux qui sont rationaux et adultes pour les guider, les conseiller, les gouverner.

2.2 Des violences structurelles et institutionnalises

Dans cet ordre d'ide, il est facile de constater qu'autant au Qubec qu'ailleurs au Canada, les producteurs agricoles qui emploient des travailleurs agricoles venus d'ailleurs font une infantilisation rcurrente de ceux-ci. Ainsi, on va retenir leurs documents d'identification (le passeport) ou d'accs aux services (la carte d'assurance sant) en argumentant "ils peuvent les perdre" ou, tel qu'un producteur l'le d'Orlans confie "Cest comme des enfants. Il faut les emmener lpicerie, la banque, chercher leur carte dassurance maladie; il faut les emmener lhpital sils sont malades" (Belanger et Candiz, 2013:55).

Cette infantilisation, que nous qualifions de violences (motionnelle, psychologique, symbolique), est aussi pratique par les fonctionnaires gouvernementaux et, dans le cas des guatmaltques, par les responsables des agences de recrutement. Ils vont insister auprs des travailleurs de ne pas avoir de comportements inadquats ou indsirables en faisant la remarque qu'ils (les travailleurs) reprsentent leur pays[footnoteRef:1] ou, pire encore, les feront signer un document o ils s'engagent ne pas faire connaissance avec des syndicalistes et ne pas avoir des rencontres sexuelles![footnoteRef:2] [1: Tel que l'on peut voir dans le film El Contrato de Mink Sook Lee produit en 2003.] [2: D'aprs l'information partage par les dfenseurs de leurs droits.]

Lorsque nous pensons ces travailleurs traversant des frontires gographiques de plusieurs pays pour finalement arriver au Canada, nous oublions trs facilement qu'il y a des frontires qui ne seront jamais traverses, parce qu'ils sont majoritairement monolingues ou dans le cas des personnes venues du Guatemala des bilingues fonctionnels qui parlent leur langue maternelle autochtone et l'espagnol, mais pas le franais ou l'anglais. On leurs fait donc violence, car ils sont soumis au silence, l'incapacit de pouvoir communiquer librement leurs penses, leurs motions, leurs besoins, leurs plaintes. Ceux qui ont eu la possibilit d'apprendre un franais ou un anglais fonctionnel deviendront les contrematres et, malheureusement, le plus souvent, les oppresseurs de leurs propres camarades de travail et concitoyens. Cet ici que les arguments de Jonathan Heaney (2011) sur l'impossibilit de sparer les motions du pouvoir deviennent pertinents.

Sur cette mme longueur d'onde, nous pouvons situer les politiques entreprises par les organismes financiers internationaux qui, avec les ajustements structuraux, l'application de recettes promouvant l'ouverture des marchs et la dlocalisation d'emplois provoquent aussi des violences qui se traduisent en un besoin urgent d'accepter des emplois prcaires qui en apparence sont plus avantageux que ceux offerts au pays. Ces actions forcent donc les paysans et les plus dmunis sortir de leurs communauts d'origine pour aller chercher des sources d'emploi dans le pays industrialiss dans la qute d'un meilleur avenir pour leurs enfants paradoxalement, ils doivent quitter leur foyer, s'loigner de la famille et maintenir l'autorit paternelle, les liens affectifs et la communication travers des appels tlphoniques ou par l'internet. Tel qu'Arlie Hochschild (2002) affirme, ils sacrifient les enfants avec la conviction qu'ils se sacrifient pour eux.

2.3 Des consquences mconnues et peu tudies

Voici quelques-unes des violences exerces par les politiques nolibrales inscrites dans le processus de globalisation qui heurtent la cohsion familiale ainsi que le tissu sociale d'un angle pas encore tudi notre connaissance. Nous ne pouvons pas accder des tudes qui nous permettraient de savoir si les aller-retour rcurrents et prolongs (10-20 ans) sur des longues priodes (6-8 mois) par exemple, provoquent des sparations et divorces au sein de la population ouvrire migrante vers le Qubec et le Canada. Nous ignorons aussi si l'intrieur de ces familles le taux de dlinquance juvnile est plus haut ou si l'absence du pre n'a pas des consquences importantes. Nanmoins, nous pouvons assurer qu' partir des tmoignages des travailleurs rencontrs, qu'il y a des cas de dviance chez les ados dont les pres ne savent pas comment grer, car la distance gographique les empche d'appliquer et de suivre les correctifs considrs efficaces. En mme temps, ces pres ne se sentent pas avec l'autorit d'agir parce que, quelque part, ils prouvent un sentiment de culpabilit d leur absence.

La contribution des arguments de la philosophe Karen McLaren (2014:95) l'gard de l'importance du toucher et, particulirement, d'tre touch nous apportent une question essentielle: pourrions-nous exister sans le toucher? Plus prcisment elle questionne: Could there still be a world for me? Could there still be a me? Nous pouvons alors nous demander ce qui se passe avec ces tres humains venus travailler au Qubec et au Canada pendant des longues priodes sans toucher et sans tre touchs. Nous ne parlons pas ici des rapports sexuels occasionnels qui ont probablement lieu. Nous parlons des changes affectueux avec leur pouse, leurs enfants, leur mre, leurs proches, leurs amis. Ce sont des affects du quotidien que l'on leur arrache. La circularit rcurrente et prolonge de leur migration pour raisons du travail, cr par le processus globalisant, marchandise aussi les personnes qui traversent des frontires gographiques pour se rendre au boulot puis les transforme en ressources exploiter. Voici une autre forme de violence laquelle la population migrante productrice de notre nourriture doit subir sans aucune possibilit de s'exprimer, de protester, d'offrir son avis. Et si quelqu'un ose le faire risque d'tre bannie du programme et renvoy chez lui.

L'espace de vie[footnoteRef:3] des travailleurs tel que dfini par Gildas Simon (2006:13) est violent de plusieurs autres faons. Les termes du contrat de travail sign par le travailleur l'empcheront d'avoir une mobilit respectant leurs besoins et leurs droits et liberts. En effet, les travailleurs agricoles saisonniers trangers verront leur mobilit restreinte parce qu'ils sont obligs de rsider chez l'employeur qui aura le droit de dterminer l'emplacement de leur demeure, parfois l'intrieur des fermes et par consquent faisant part de la proprit priv du producteur agricole. Il y a d'autres cas que nous sont connus o les travailleurs sont trs loigns des villages ou des voies d'accs primaires. De plus, nous avons pris connaissance des cas o, si les travailleurs se plaignent ou sortent sans le consentement ou l'autorisation! du patron, ils seront envoys des proprits l o l'accs ou la sortie est possible seulement en auto et avec une connaissance minimale des lieux. En d'autres mots, les travailleurs sont confins l'isolement parce qu'ils auront agi inadquatement. [3: Y compris comme celui-ci tendu entre lespace dorigine et lespace dimplantation, espace souvent discontinu physiquement mais uni affectivement et symboliquement par ou dans une sorte de tension permanente entre ici et l-bas]

Les violences ne s'arrtent pas l. chaque saison les employeurs ont le droit de demander la prsence de travailleurs spcifiques. On doit comprendre que la formation et l'exprience qu'un employ acquiert pendant son sjour dans une ferme implique du temps investi et qui dit temps dit argent. Si le travailleur rpond aux attentes de l'employeur, il va tre nomin, voire inscrit dans une liste o son nom va tre enregistr comme candidat prfrentiel tre rembauch. Cet acte qui a, certes, des bienfaits d'un ct, car on offre au travailleur la scurit d'avoir un emploi l'anne suivante, devient aussi un acte de contrle et de soumission. Le travailleur vitera de poser des actes qui risqueraient de dranger son patron mme au dtriment de sa sant (cachera son mal-tre, une maladie, rapportera une chirurgie), sa scurit (ne demandera pas l'quipement pour raliser des tches dangereuses ou polluantes, ne notifiera pas un accident). On leurs fait violence, car dans la plus part des cas, les employeurs viteront tout prix de notifier un accident et par consquent empcheront que le travailleur recevra l'indemnisation de la compagnie d'assurance. Tout au contraire, ils chercheront renvoyer l'employ chez lui. Le travailleur en question sera doublement puni: il retournera avec un problme de sant, probablement handicap et, de plus, sera expuls du programme!

De surcrot, nous tmoignons d'une autre forme de violations institutionnalises de leurs droits fondamentaux. En plus de tous les actes vcus et endurs par ces travailleurs dont nous avons parl brivement, ils vivent avec une pe de Damocls sur leurs ttes: leur patron ainsi que le consulat de leur pays s'adjugent le droit de rapatriement. Certes, si son comportement ou sa conduite est qualifie d'inacceptable ou qu'il ne respecte pas les conditions du contrat de travail (les arguments offerts par le patron ou par les fonctionnaires du consulat n'ont pas ncessairement de repres clairs ce qui augmente la possibilit d'abus et de surutilisation), le travailleur sans aucun recours sera mis dans un avion dans les plus brefs dlais (24-48 heures).

Il va de soi, le travailleur n'est pas en mesure de se dfendre. Tel qui est not ci haut, il ne connait pas ses droits, il ne parle aucune des langues officielles, il n'a pas accs un traducteur, par peur ce compagnons de travail ne peuvent pas lui apporter support. S'il est chanceux et qu'un intervenant ou un activiste syndical connat sa situation, il pourra rester au pays afin de dfendre son cas. Toutefois, pendant la dure de son sjour hors programme, la famille est dprotge. Il n'y a pas de salaire donc il ne peut pas continuer envoyer les transferts attendus. S'il reste au pays, il risque de rien recevoir aprs des semaines d'attente et, lorsqu'il reoit une compensation celle-ci peut tre insuffisante pour couvrir les dpenses encourues par sa famille.

Ainsi, cet homme qui est venu travailler pour amliorer son avenir et celui de ses enfants et parfois de la famille largie, qui s'est endett pour payer les cots relis l'inscription au programme (examens et certificat mdical, voyages, passeport, coyotage[footnoteRef:4]) rentrera dans son pays avec beaucoup plus de dettes. Frquemment, sa rputation sera endommage pour ne pas avoir honor ses engagements ce qui stigmatisera toute la famille avec des consquences telles que l'isolement social. Pouvons-nous envisager des violences plus subtilement exerces et mieux caches aux yeux d'autrui? [4: Il est fort probable qu'il a t prsent aux fonctionnaires responsables du programme, ou dans le cas des guatmaltques, aux agents de recrutement en payant une somme d'argent souvent trs leve ]

Tout au long de ces pages nous avons essay d'identifier et de comprendre plus clairement les gographies motionnelles qui traversent les espaces de vie des travailleurs agricoles trangers temporaires issus de l'Amrique Latine considrs en mme temps indispensables et jetables. Dans ce chapitre, notre brve analyse s'est centre sur ce que nous qualifions des violences faites aux travailleurs, avec le but de nourrir la discussion et l'tude de cette problmatique de l'angle motionnel. Tel qui est soulev, nous ne comptons pas encore avec des donnes qui nous permettraient de thoriser sur les impacts sur la dynamique familiale et sur le tissu communautaire et social dans leurs pays d'origine. Nous ne pouvons donc pas mettre des conclusions.

Nous croyons que le champ de la gographie qui tudie la rcursive relation entre les motions et le lieu et l'espace [footnoteRef:5] et qui explore le rle transcendantal que joue le composant motionnel, notamment ce en lien avec les subjectivits et la migration, a un long chemin parcourir. De plus en plus, gographes, sociologues, anthropologues et philosophes concident et sont rassembls au tour de l'ide que les disciplines diverses de la science sociale sont appels construire une thorie solide sur les motions et les (trans)migrations. Notre tude s'intresse nourrir le dbat sur le sujet et combler le vide existant sur l'tude de l'motivit vcue dans l'espace quotidien de ces travailleurs, de leurs familles et des communauts qu'ils habitent, un vide que nous envisageons combler avec notre recherche. [5: D'aprs la dfinition du dictionnaire de gographie, voir rfrence bibliographique.]

EST-CE QUE JE DOIS INTRODUIRE CE QUI SUIT?

9.3 El viaje de frontera a frontera, personas haitianas y colombianas en trnsito por Per

Per es un pas que posee fronteras con cinco pases. Al norte limita con Ecuador, al este con Colombia, Brasil y Bolivia y, finalmente, al sur con Chile. El amplio nmero de pases con los que hace frontera produce que tenga un dinmico proceso migratorio y que se haya constituido como un pas de trnsito de un pas a otro. Adems, segn una definicin establecida por la Organizacin Internacional de las Migraciones, las fronteras se refieren a la proporcin de territorio que se encuentra vinculada con los lmites de dos o ms unidades territoriales de diferentes Estados. En este territorio, se desarrollan procesos humanos con implicancias econmicas, sociales, culturales y ambientales para los pases fronterizos (OIM 2012: 35). Esta visin ms global de las fronteras, obliga a ir ms all de la lnea fronteriza, de lo referido a la divisin de dos o ms estados y a adentrarse en los procesos humanos que se viven en las zonas fronterizas. Sin embargo, a pesar de este dinamismo existente, en Per no se han realizado muchas investigaciones en relacin a la dinmica migratoria existente en las fronteras.

Actualmente existen dos procesos migratorios que estn afectando a las zonas fronterizas del pas y que suponen para las personas que los viven un grado de violencia, tanto en la partida como en el trnsito hacia su lugar de destino. Uno de estos procesos migratorios se refiere a las personas haitianas que se dirigen hacia Brasil, el otro es el de aquellas procedentes de Colombia que desean llegar a Chile. En ambos casos, los procesos comienzan en un pas con situaciones de mucha dificultad, Colombia por la violencia vinculada a la guerrilla y a los paramilitares que provocan una gran cantidad de desplazamientos internos y migraciones internacionales; y Hait, por la situacin en la que qued tras el terremoto y las siguientes catstrofes que vivi el pas (clera, huracanes, etc.).

9.3.1 El trnsito fronterizo de las personas haitianas

Respecto a las personas procedentes de Hait hay que destacar que los flujos migratorios de los nacionales de este pas hacia otros estados de Latinoamrica han ido en aumento en los ltimos aos, especialmente despus del terremoto sucedido el 12 de enero de 2010. Tras este suceso, el pas qued en una situacin humanitaria que se fue agravando con otros desastres que vinieron despus, tales como la epidemia del clera y los huracanes. Es por esta situacin que las personas se vieron en la necesidad de migrar para poder seguir viviendo. Algunos lo hicieron como migrantes econmicos, otros como refugiados.

Sin embargo, los diversos pases de Latinoamrica han tenido una ambigedad respecto a cmo posicionarse frente a esta migracin, debido a que han considerado que las personas haitianas no pueden ser tratadas como refugiadas. Esto basndose en una lectura literal de la definicin de la Convencin de Ginebra, lo que les lleva a afirmar que no huyen de su pas porque tienen temores bien fundados de persecucin por razones de raza, religin, nacionalidad, pertenencia a un grupo social determinado o persecuciones polticas, sino debido a la miseria en la que estaba su pas (Louidor 2011). Por ello han optado, mayoritariamente, por entregar a las personas inmigrantes haitianas visas humanitarias en lugar de concederles el estatuto de refugiados. Un ejemplo de esta ambigedad, sucedi en Brasil. Este pas durante el ao 2010, ao del terremoto, otorg el protocolo de refugiado a 475 haitianos. Estos protocolos permiten una estada legal en dicho pas hasta la decisin final sobre la solicitud de refugio. Sin embargo, posteriormente el Gobierno brasileo suspendi la concesin de estos protocolos de refugiados para las personas haitianas, basando esta decisin en la definicin de refugiados de la Convencin de Ginebra y en su deseo de combatir el trfico de personas que sucede en sus fronteras, especialmente las de la Amazona. Pas posteriormente a realizar una poltica de entrega de visas laborales a travs de su Consulado en la ciudad de Puerto Prncipe (Metzner 2014).

Para realizar estos viajes se ha constatado que existen redes de trfico de personas que funcionan. Estas redes comienzan su labor en diferentes lugares de Hait, donde reclutan a ciudadanos y ciudadanas haitianas con la promesa de trabajo y/o estudio en otros pases de Amrica Latina, Estados Unidos y Europa. Estas redes viajan a Cuba y Repblica Dominicana, pases de trnsito hacia Ecuador (Louidor 2011). As estas redes estn conformadas por los denominados pasadores o coyotes que se encargan de facilitar el trnsito de los migrantes desde su lugar de origen hasta el pas de destino. Por lo tanto, son los encargados de brindar toda la estructura operativa para que el viaje puede llevarse a cabo, lo que incluye desde billetes, hoteles, hasta arreglos con la polica (Nieto 2014). Muchas de las personas que finalmente optan por utilizar las redes de coyotes para llegar a su destino, en su pas intentaron conseguir la visa para poder ingresar a Brasil. Sin embargo, encontraron en el camino diversas dificultades para concluir dicho trmite, muchos documentos, elevado costo, etc. Por ello, finalmente decidieron utilizar los servicios de las redes de trfico de personas.

Como se mencionaba antes, debido a que Ecuador no solicita visa de turista a las personas procedentes de Hait, ste suele ser su primer destino, sin embargo, no es su objetivo final sino que desean llegar a Brasil, para lo cual tienen que atravesar Per. A Ecuador llegan muchas veces en avin, para posteriormente continuar su viaje bajando a Huaquillas, donde se sita la frontera con Per. Es por ello que esta frontera se va configurando como el mayor puerto de salida de la poblacin haitiana del pas (Bernal Carrera 2014). Adems, tambin hay que tener en cuenta, que muchas de las personas no inscriben su paso por la frontera debido a que se trata de una frontera porosa (Berganza y Purizaga 2011) y, por lo tanto, el nmero de personas que transitan por ella es, probablemente, mayor de lo que las estadsticas muestran.

A pesar de que, desde enero del ao 2012, Per exige visa de turismo a las personas nacionales de Hait que quieren ingresar al pas, la porosidad de la frontera norte es utilizada por las redes de trfico de personas para introducir a los migrantes haitianos al pas, incluso, en ocasiones, utilizando sellos falsos en los pasaportes (Koechlin 2014). As lo corroboran las mltiples noticias aparecidas en la prensa peruana que informa sobre detenciones de personas haitianas. Segn informacin periodstica, la polica haba detenido a 580 haitianos, 305 en Tumbes y 275 en Sullana. Estas redes de coyotes ofrecen a las personas llevarlas hasta Madre de Dios o Iquitos para, posteriormente, cruzar a Brasil por el precio de $200 dlares americanos. Sin embargo, en ocasiones, les abandonan nada ms ingresar a Per (El Comercio, 18 de julio del 2014).

Una vez pasada la frontera, las personas haitianas que no son interceptadas por la polica, continan su viaje y se dirigen va terrestre hacia Lima, capital del pas, para posteriormente dirigirse a Arequipa o Cusco. Su deseo final es llegar a Puerto Maldonado y poder pasar de ah a Brasil.

Anteriormente las ciudades a la que se dirigan en la Regin de Madre de Dios eran Iapari e Iberia, prximas al puesto fronterizo de Brasil en Assis. Es por ello que durante los aos 2011 y 2012 se dieron diversas crisis humanitarias causadas por el elevado nmero de haitianos que se encontraban en la ciudad de Iapari sin poder ingresar a Brasil. Los primeros meses del ao 2011 el gobierno brasileo cerr sus fronteras a la poblacin haitiana y provoc que unas 150 personas quedasen varadas en Iapari durante casi tres meses, viviendo de la solidaridad de la poblacin. Posteriormente en el ao 2012 se vuelve a producir una crisis humanitaria debida nuevamente al cierre de las fronteras brasileas. En esta ocasin casi 300 haitianos se encontraron en dicha ciudad sin poder entrar a Brasil y sin poder ni querer legalizarse en Per. Respecto a lo sucedido en aquel momento el alcalde de Iapari declaraba que El amontonamiento de este grupo humano comenz a crear problemas sociales aqu. Imagnate, nosotros somos apenas 2 mil habitantes, entonces estamos hablando de un incremento de ms del 15% de la poblacin. Tuvimos problemas de colapso del sistema de agua y desage. Otro tema grave fue el de los alimentos. Los haitianos no tenan dinero y haba que tratar de alimentar a esta poblacin (Nieto, 2014). Adems, en el mes de febrero de dicho ao, se produjeron unas inundaciones en Iapari, que provocaron una situacin de emergencia ya que se inund el 80% de la ciudad.

Una tercera situacin de emergencia se produjo en agosto del ao 2012, cuando haba unas 100 personas haitianas en Iapari y el gobierno brasileo amenaz con denunciar al gobierno peruano frente a la Corte Interamericana de Derechos Humanos, por no brindar atencin a dicha poblacin (Nieto 2014).

Tras estas crisis humanitarias, la poblacin haitiana decidi variar ligeramente su destino y permanecer en la ciudad de Puerto Maldonado, ciudad ms grande que Iapari, hasta poder ser transportada por las redes de trfico de personas hasta Brasil. Por los estudios existentes en la materia, las personas llegan ya con contactos asociados a redes de trfico, bien porque poseen nmeros telefnicos o porque tienen fotografas de los rostros de los coyotes que trabajan en la Terminal Terrestre Interocenica de Puerto Maldonado.

Este viaje de Puerto Maldonado hasta Brasil se realiza a travs de taxistas o coyotes peruanos, que trasladan a las personas nacionales de Hait a travs de la carretera Interocenica hasta la mitad del puente sobre el ro Acre, donde se encuentra el lmite internacional donde son recogidos por taxistas brasileos, con quienes ya se ha coordinado previamente, y son llevados hasta el puesto fronterizo de Brasil en Assis, que se sita a pocos metros del puente (Vsquez, Busse e Izaguirre 2014).

Las personas haitianas que logran llegar a Brasil, su destino deseado, afirman que lo ms difcil de su viaje es el trnsito por Per, debido a que desde el momento en que cruzan la frontera con Ecuador se encuentran en situacin administrativa irregular por no haber adquirido la visa de turismo necesaria para transitar por dicho pas. Esta situacion es utilizada por malos elementos de la polica nacional del Per que las personas migrantes se van encontrando en su camino hacia Brasil y que abusan de la fragilidad que conlleva la irregularidad, aprovechando para conseguir beneficios econmicos personales (Nieto 2014).

9.3.2 Colombianos atravesando fronteras

Por otro lado, el segundo fenmeno migratorio que se vive en las fronteras peruanas, es el de las personas colombianas que intentan llegar a Chile. Estas personas realizan el viaje va la ciudad de Tacna. Las zonas fronterizas, tanto de Chile como de Per, poseen una situacin econmica mejor que la de las otras regiones del pas debido a que son un foco de desarrollo basado sobre todo en el comercio y la minera. Es por ello, que son lugares de atraccin para personas que buscan posibilidades de trabajo. Igualmente, Chile, por su crecimiento econmico y los diversos cambios sociales experimentados en las ltimas dcadas, ha provocado que se genere una demanda de trabajo en diferentes sectores para personas migrantes, especialmente para las mujeres en el espacio domstico y del cuidado de las personas dependientes, ancianas o nios y nias, y para los hombres la construccin y la agricultura (Berganza y Cerna 2011). Por este motivo, la ciudad de Tacna posee como factor de atraccin su proximidad a Chile. Una gran cantidad de personas migra para residir aqu y as estar cerca de la frontera y poder viajar semanalmente a Arica en Chile. Otro grupo utiliza Tacna como cuidad de paso, para seguir su viaje hacia el sur. Adems, la existencia de Zona franca -tanto en Iquique (Chile) como en Tacna (Per)- contribuye al crecimiento del comercio en la zona.

En esta regin existen dos controles fronterizos. El primero, el de Santa Rosa (Per)/ Chacalluta (Chile), lugar donde realmente se cruza de un estado a otro y, un segundo, el control de Cuya, el cual cumple la funcin de controlar nuevamente a aquellas personas que viajan ms al sur que Arica. Ya el primer control supone un filtro infranqueable, incluso para personas colombianas que desean pedir refugio, ya que en muchas ocasiones no les aceptan ni presentar la solicitud a dicha condicin (Berganza 2014). Es por ello que en la ciudad de Tacna se producen dos fenmenos relacionados con estas dificultades de pasar la frontera. Por un lado el trfico de personas. En esta frontera tambin se reporta la existencia de coyotes que por el pago de unos 150 a 300 dlares americanos facilitan el paso de la frontera por lugares no habilitados para ello. Estas redes controlan los terminales y lugares de reunin de las personas migrantes, espacios que utilizan para captar a sus usuarios. Para ello, prometen un paso seguro a Chile, que muchas veces se realiza por las vas del tren o por pasos no vigilados (Martnez 2012). En otras ocasiones la ruta utilizada por los coyotes es va Bolivia, debido a que los pasos fronterizos de este pas son ms abiertos y menos controlados (Berganza 2014).

En Chile, la presencia de colombianos ha aumentado mucho en los ltimos aos. Segn datos del Censo 2012, en diez aos casi se duplic la poblacin de esta nacionalidad residente en Chile, al pasar de 184.464 personas en 2002 a 339.536 en 2012. Esto a pesar de que las personas colombianas muchas veces son vctimas de discriminacin o racismo en Chile (Berganza y Cerna 2011). As mismo, la dificultad de pasar a Chile tambin ha creado el fenmeno de aquellas personas colombianas que no logran llegar a Chile y se quedan varadas en Tacna sin recursos. Esto genera una necesidad de atencin a sus necesidades primarias, tales como alojamiento y alimentacin, que resultan difcilmente cubiertas.

Los dos movimientos migratorios que actualmente estn afectando a las fronteras tienen varios puntos en comn. Por un lado, tanto en Hait como en Colombia existen situaciones violentas, ya sea por violencia fsica o por una situacin catica del pas, que provocan que sus ciudadanos y ciudadanas se vean forzadas a migrar. Sin embargo, pese a estas situaciones, en los dos procesos los pases se resisten a admitirles como solicitantes de refugio, lo que genera una situacin de mayor vulnerabilidad y menores posibilidades de xito en su proyecto migratorio.

Estas dificultades para llegar a los pases a los que se dirigen provocan que se vean en la necesidad de recurrir a las redes de coyotes que les permiten realizar el viaje que tanto ansan, aunque tambin les ponen en riesgo de ser estafados o incluso a llegar a cometer algn delito, como el uso de documentos o sellos falsos. Adicionalmente, frente a esta vulnerabilidad, existen malos elementos de la polica que intentan aprovecharse de ella para sacar provecho econmico, especialmente en el caso de las personas haitianas.

Estos fenmenos son ms visibles en las zonas fronterizas, donde se produce el choque entre la regulacin de dos o ms Estados respecto a polticas migratorias, dos maneras de controlar las redes de trfico de personas o el paso por zonas no habilitadas para ello, tambin dos o ms posiciones sobre la situacin de las personas colombianas y haitianas. Y todo esto, no siempre est coordinado entre los Estados involucrados. Estas diferencias, como se aprecia en los dos procesos migratorios expuestos, provocan que los trayectos migratorios se vean truncados en esos espacios de frontera, provocando situaciones crticas respecto al futuro de los migrantes que quedan varados, sin poder avanzar hacia su destino, pero sin poder (o querer) regresar ya que en el camino han arriesgado su dinero y el de su familia, se han endeudado y, en ocasiones, incluso han puesto en peligro su vida o su libertad.

A pesar de esta situacin, que ya se vive desde hace varios aos en las fronteras de Per, no se han tomado las medidas necesarias ni adecuadas para que los procesos migratorios de estas personas sean ms seguros y no se vean truncados. Ms bien se ha tendido a cerrarles las fronteras, generando as un mayor riesgo. Sera necesario un compromiso de los estados vinculados a estos procesos para poder establecer una solucin conjunta real a estas situaciones.

9.4. Mujeres de las fronteras e identidades subalternas. Mujeres bolivianas -migrantes indgenas y campesinas- que viven en la frontera.

Las migraciones internas de mujeres campesinas e indgenas hacia zonas fronterizas con la Argentina son un fenmeno significativo del cual nos ocuparemos en este apartado. Nos detendremos en la situacin de las mujeres que viven en la frontera, para narrar algunas situaciones y amenazas que ellas viven a nivel cotidiano.

Nos detenemos en Yacuiba, ciudad de frontera en esta regin del Chaco, que limita con la provincia de Salta, Argentina. En este lugar, la frontera es una dimensin constitutiva de la identidad en las mujeres que se establecen all y est atravesado por contrastes. Son espacios de vida para algunos y lmites para otros. Lugares con vida propia en el que se negocian relaciones de poder, de dominacin, de resistencia y se resignifican identidades. Sin embargo, ms all de lneas trazadas, las fronteras geogrficas son espacios fsicos en los que se desplazan, conviven y se encuentran personas. Algunas estn despobladas y otras muy concurridas; en todos los casos, es lo que est al frente.

En su origen, la frontera es lo que regula el movimiento del vecino o se vuelve un recurso al cuando hay inters en cruzarla (Benedetti) En espaol, el sustantivo frontera deriva del adjetivo frontero que significa puesto y colocado en frente. Esto supone la existencia de otros, como el caso de los indios fronteros que durante la Colonia, eran aquellos que estaban enfrente y listos para el ataque (Zanolli 2000)

9.4.1. Servicios cotidianos en la frontera Yacuiba-Salvador Mazza

Comenzamos describiendo ciertos aspectos de la vida cotidiana en el cruce y elementos que describen los vnculos entre las comunidades guaranes de un lado y otro de la frontera.

En estos conglomerados fronterizas, la casi totalidad de las necesidades cotidianas se satisfacen con lo que ofrece el mercado local. Los intercambios de mercadera son de mayor o menor intensidad, en uno u otro sentido segn el tipo de cambio y a quin beneficia, lo que vara segn las polticas econmicas en los dos pases. A lo largo del tiempo, la actividad comercial consolido el proceso de urbanizacin de la frontera, en la que se desarrollan circuitos que aprovechan las disparidades cambiarias y las diferentes posibilidades que ofrecen los controles estatales.

Histricamente, el arriero o mulero boliviano, era indgena y transportaba lanas; el argentino, que era criollo llevaba vacas y mulas. Ambos eran vitales para transportar coca, chicha y suelas. Ahora, este intercambio fue reemplazado por el comercio hormiga basado en el pequeo contrabando, en su mayora es realizado por mujeres.

Hay empresas que apuntan a colocar productos argentinos en el mercado boliviano y lo hacen a camin abierto, llevando la carga hasta la frontera y desde all se traslada a traccin a sangre humana, para luego subirla en otros camiones. As, aparece la figura del bagallero, pasero o mula. Todas estas formas de nombrarlos hacen referencia a personas involucradas en el movimiento fronterizo local de bienes. Existe el trabajo del bagallero legal e ilegal y en ambos participan hombres y mujeres. Los que cruzan el puente internacional estn sindicalizados y cobran aproximadamente 2 u$s por bulto. Otros cruzan por los circuitos ilegales pero no clandestinos puesto que todos los conocen y muchos los que lo usan. Otra prctica cotidiana es introducir hojas de coca en Argentina, lo que agudiza imgenes estigmatizadas sobre la ilegalidad y el contrabando. Son prcticas informales que bordean la ilegalidad, que ataen a nios y adolescentes sin ningn tipo de proteccin, a quienes conocen en todos los puestos de frontera y que se aprovechan de su extrema vulnerabilidad. Es as como a diario, la gendarmera sustrae bolsitas de coca de uso personal, control y represin que contrasta con la magnitud que alcanza el narcotrfico.

Para m, el perdn y la compasin siempre estn vinculados: cmo responsabilizar a las personas por haber actuado mal y sin embargo, al mismo tiempo, permanecer en contacto con su humanidad lo suficiente como para creer en su capacidad de ser transformado?(bel hooks)

9.4.2. Efectos de frontera (1): comunidades guaranes de ambos lados de la frontera

Para los guaranes, la frontera entre Bolivia y Argentina no es un obstculo fsico para atravesarla. Estas comunidades habitan de un lado u otro de la frontera, compartiendo procedencias tnicas, una lengua e historias de subalternidad frente a sus respectivos estados y sociedades nacionales. Viven en zonas de un intenso trfico humano y comercial lo que produce nuevas prcticas polticas y discursivas. Estn en constante contacto con los del otro lado, vinculndose a travs del matrimonio, la economa informal, el mercado, el consumo, los deportes y la religin. Para los guaranes la frontera no son puestos de migracin sino lugares de negociacin, en donde se refuerzan cambios econmicos, sociales y polticos a los cuales la gente se adapta con mucha habilidad.

En el caso de Bolivia, no necesitan recurrir a imgenes folklricas de su identidad para negociar o expresar sus necesidades, utilizando discursos con repercusin pblica pero en Argentina, las comunidades no tienen ese nivel organizativo. Aqu, en muchas comunidades se da un fenmeno de auto-desvalorizacin de la identidad tnica indgena. El asentamiento de criollos, prcticas discriminatorias, la dependencia laboral, la presin de las escuelas son algunos factores que conducen a una asimilacin cultural. Es el caso de muchos jvenes que no quieren ser identificados como indgenas y se niegan a hablar su lengua materna, aduciendo que no la conocen. En todos los casos, la identidad es expresa de un modo multiforme y situacional: los guaranes en Argentina, sabindose minora y con poco apoyo de otras organizaciones, muestran lo "tradicionalista" de su identidad cuando la necesidad lo indica. Guaranes bolivianos ven a sus vecinos argentinos vivir materialmente mejor, pero a costa de haber perdido la lengua, el territorio y el "teko" guaran (su modo de ser). Ellos tienen un rol decisivo en la construccin de la identidad guaran argentina ya que representan en su imaginario la "autntica" identidad. Guaranes en Argentina, captan programas transmitidos desde Bolivia, muchos de los cuales abordan aspectos polticos y culturales; los escuchan con nostalgia recordando se rntara rta, nuestra familia que quedo all, nuestro lugar en Bolivia; lo que les confirman que del otro lado de la frontera hay una cultura viva que no enmascara la identidad, sino que la reivindica y la fortalece (Hirsch 1997 y 2004).

9.4.3. Efectos de frontera (2): Exclusin, rechazo y violencia

A continuacin, hacemos referencia a problemas y amenazas que enfrentan las mujeres en estas fronteras. Hablamos del rechazo a las diferencias, de exclusin, racismo, violencia asociado a sus cuerpos, institucionalizacin del crimen y corrupcin ligada al narcotrfico y a la trata de personas. Esta frontera es un espacio de contacto entre dos sistemas legales y varios ilegales: lo que es permitido de un lado no lo es del otro; a lo que se agrega una falta de controles y de sistemas de seguridad bsicos. Este entorno facilita modalidades culturalmente instaladas tales como, el cruce de la frontera por parte de mujeres embarazadas para tener sus hijos en Argentina, hasta un conjunto de situaciones graves y de gran violencia que estn modificando la fisonoma del lugar: hablamos del creciente trfico de personas - nios, nias y mujeres jvenes- y la impunidad con la que trasladan bienes ilegalmente, siendo la expansin del narcotrfico la situacin ms emblemtica y grave.

9.4.4. Mujeres cruzan hacia Argentina para que sus hijos nazcan all.

A partir de entrevistas realizadas pudimos conocer como muchas mujeres van a tener sus hijos en Argentina para que puedan tener la nacionalidad por derecho de nacimiento (en Argentina rige el iussolis); otros, que viven en ciudades salteas van a comprar remedios y utilizar servicios a Yacuiba. Es una forma de acceder al sistema de salud argentino, a una cobertura estatal gratuita, mejor infraestructura y especialidades mdicas y a futuro, lograr la nacionalidad argentina para sus hijos. Cruzan por el puente aunque muchas mujeres eligen cruzar por el ro o el cementerio para evitar maltratos de parte de gendarmes y otros empleados (Benedetti y Salizzi 2011). Si bien se puede cruzar por el puente, muchas lo hacen por senderos alternativos o por el cauce del ro para evitar maltratos de parte de gendarmes y otros empleados (Caggiano 2007). En Argentina buscan disuadir estas prcticas obligando a pagar un arancel por las prestaciones, pidiendo el DNI y constancia de controles prenatales (Sala 2002) lo que no es acompaado por acciones de promocin y preventivas entre las mujeres migrantes (Benedetti y Parodi 2008). Estas prcticas, aun no siendo ilegales, estn muy estigmatizadas lo que conlleva su criminalizacin. En Argentina, se extiende un sentimiento xenofbico y estigmatizante hacia estas mujeres porque, dicen, se aprovechan de nuestra cobertura social, abusan de estas posibilidades, usando un sistema que perjudica a la poblacin local.

9.4.5. La trata de nias, nios y mujeres

Bolivia y Argentina han sido identificadas como pases de origen, trnsito y destino de todas las formas de trata de personas. Las modalidades abarcan casos de secuestros de nias, nios y adolescentes para transformarlos en esclavos, privados de cualquier derecho, convirtindolos en simple mercadera con las que negocian y generan grandes ganancias.

Peridicamente, los medios de prensa local y nacional, denuncian decenas de vctimas mortales de un novedoso sicariato, el crecimiento del nmero de personas implicadas en negocios ilegales, la popularizacin de drogas peligrosas entre sectores desprotegidos como marco de una progresiva juarizacin de ese territorio. Entre los delitos crecientes, la trata de personas es la menos mencionada en Argentina y sin embargo, ha sido denunciada hasta en la ONU. Desde la sancin de la Ley de Trata de Personas en el ao 2008, la Justicia argentina solo dict 73 sentencias; segn este informe, en todo el 2013 hubo cinco condenas por trata en Salta. A fines de ese ao, la Oficina de Naciones Unidas contra la Droga y el Delito seal que Yacuiba y Bermejo eran los puntos culminantes de una red de trata de personas que opera captando principalmente a campesinos bolivianos con promesas de progreso en la Argentina.

Indican los informes que los menores son trasladados a localidades fronterizas del lado argentino, ya que all solo se necesitan dos testigos -junto a un adulto que dice ser el tutor del menor- para que el juez acredite el lazo con el nio; y con esto, ya pueden ser trasladados. Se descubri que en la mayora de los casos era el propio juez y los mismos testigos que conseguan las autorizaciones de salida. Se calcula que anualmente unos 10 mil nios entran de esta manera a la Argentina, informa el Programa Esclavitud Cero creado por Bolivia. La Defensora de Potos explica que nia/os y adolescentes se venden ni bien cruza la frontera a 5.300 $ arg y que se pueden comprar nios y nias por 5 u$s en promedio; sospechando que son unos 15.000 menores los que pasan por ao irregularmente la frontera por las localidades bolivianas de Bermejo, Yacuiba y Villazn, aunque existen muchos otros lugares de cruce sin registro alguno. La trata de personas tiene como vctimas a nios, adolescentes y mujeres implicadas en situaciones de explotacin sexual y-o trabajos forzados. Son pocas y precarias las acciones de prevencin y represin en la frontera, y fuertes sospechas de complicidad en ambos lados de la frontera- con las mafias organizadas, lo que implica el fracaso de todo intento por combatir estas redes.

9.4.6. Trfico ilegal y criminalizado de bienes

Cada maana, muy temprano, mujeres que viven en Yacuiba toman un colectivo hacia Argentina llevando algunos pocos productos de contrabando. Trasladar coca es la imagen de la ilegalidad y el contrabando. Tambin cada da, Gendarmera Nacional, se ocupa de secuestrar esas bolsitas de coca. Se puede apreciar como estos operativos no tiene relacin con la amenazante y creciente actividad del narcotrfico en la zona.

Hoy Yacuiba es considerada una de las zonas rojas de Bolivia. Dicen que barrios como frica, Barrio Nuevo, La Ripiera y La Grampa estn en manos de mafias. Los ajustes de cuentas son comunes y la inseguridad es enorme. Muchos jvenes de ambos sexos que se dedican a vender y a pasar droga acaban en manos de los sicarios; los ajustes de cuentas son cosa de todos los das, pareciera que solo se aplica la ley del ms duro.

Recogiendo informacin de la prensa local, las autoridades que actan en la zona, reconocen que se secuestra el 10% de las drogas que se trafica.

Salvador Mazza (Salta, Arg) es la puerta de entrada para gran parte de la cocana que se consumen en Argentina y exporta hacia otros pases. Los crmenes cada vez ms frecuentes y violentos, la instalacin de carteles narcos colombianos y mexicanos, el retiro de la polica confirman la amplitud del fenmeno. Al Barrio Sector 5, en Salvador Mazza, se accede desde Bolivia por un puente colgante de madera sobre una cuesta pronunciada de tierra y al que los vecinos tratan de evitar. Linda con el temido barrio frica de Pocitos. All la droga cruza de patio a patio, de mano en mano. En ambos lados, muchas casas dan a la quebrada con sus propios senderos para cruzar, en donde nunca se localizan gendarmes. Lugares en donde no hay casas y el monte es ms tupido, hay pasadizos y escondites por donde se pasan drogas todos los das y a toda hora.

A un pasador, le paganentre 200 y 300 $arg (25 u$s) por cada kgde cocana que entra a Argentina. Para cruzarla, se usan distintos mtodos que varan segn la cantidad: entre 1 y 2 kg, se usa a las vagineras (mujeres que se introducen un profilctico con cocana en la vagina); a los encapsulados (los que la tragan y la llevan en el estmago) y a gente que se la adhiere con bolsas a distintas partes del cuerpo. Hasta 50 kg. Se cargan mochilas para atravesar los montes a pie, en burro o en moto. Para ms de 50 kg. se usan los asientos de los autos. Cuando se trata de ms de 100, se ocultan en camionetas con doble fondo y para ms de 300 kg, lo transportan en camiones entre maderas, carbn o muebles. El resto en avionetas.

El narcotrfico necesita controlar el territorio para desarrollar sus actividades. En la disputa por conquistarlo comete crmenes que buscan amedrentar, atemorizar y eliminar alotro-enemigo all en donde la presencia estatal y la legalidad estn disminuidas. Cada crimen es un mensaje en una guerra por el control del territorio y hacia la poblacin. Ese mensaje dice:el poder somos nosotros.

Entretanto, la violencia, el abandono, la marginalidad, el desamparo, la soledad, el ultraje, la vulnerabilidad, la desproteccin de las mujeres que viven, circulan, cruzan y trabajan en las fronteras no se ve.

Qu hacemos para que lo que no se ve, se vea?

Sicontribuimos a crear yreforzarorganizaciones de mujeres quesirvan parasuperar el aislamiento, la soledad, el miedo y la fragmentacin;sisostenemosel ejercicio y la defensa de sus derechos;siactivamos voces,sipromovemos escenarios, ideas, oportunidades, lazosser posiblecuidar, cuidarsey ser cuidadas, presionar, denunciar yenfrentar. Y esto har visible y efectivo otro mensaje que surgir de los mrgenes de esas fronteras: otro poder es posible.

Por eso, es bueno tener en cuenta lo que dice bel hooks: cuando se nos cae el miedo, podemos acercarnos a la gente, podemos acercarnos a la tierra, podemos acercarnos a todas las criaturas que nos rodean.

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