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RAPPORT PAYS
Infrastructure du Niger : Une perspective continentale
Carolina Domínguez-Torres et Vivien Foster
MAI 2011
ii
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iii
À propos de l’AICD et de ses rapports pays
Cette étude fait partie du Diagnostic des infrastructures nationales en Afrique (AICD), un projet dont
l’ambition est de développer la connaissance de l’infrastructure physique africaine dans le monde.
L’AICD constitue une base qui servira de référence pour mesurer les futures améliorations de
l’infrastructure, et assurer ainsi un suivi des résultats de l’aide internationale. Elle offrira également une
base empirique solide à la détermination des priorités d’investissement et à la conception des réformes
des politiques dans le secteur des infrastructures en Afrique.
L’AICD est le fruit d’un effort sans précédent de collecte de données économiques et techniques
détaillées sur les secteurs infrastructurels africains. Le projet a produit une série de rapports originaux sur
les dépenses publiques, les besoins de dépenses et les performances de chacun des principaux secteurs
infrastructurels, à savoir l’énergie, les technologies de l’information et de la télécommunication,
l’irrigation, les transports ainsi que l’eau et assainissement. L’ouvrage Infrastructures africaines : une
transformation impérative, publié par la Banque mondiale et l’Agence française de développement en
novembre 2009, fait la synthèse des constats les plus significatifs de ces rapports.
Le propos principal des rapports pays de l’AICD est de comparer les performances des secteurs et de
quantifier les principaux écarts de financement et d’efficacité existant au niveau du pays. Ces rapports
sont particulièrement intéressants pour les décideurs politiques nationaux et les partenaires au
développement actifs dans les pays concernés.
L’AICD a été préparé à la demande du Consortium pour les infrastructures en Afrique (ICA) suite au
Sommet 2005 du G-8 (Groupe des huit) de Gleneagles en Écosse. Ce sommet avait souligné l’importance
d’accélérer le financement international des infrastructures pour soutenir le développement de l’Afrique.
La première phase de l’AICD s’est concentrée sur 24 pays représentant ensemble 85 % du produit
intérieur brut, de la population et des flux de l’aide aux infrastructures en Afrique subsaharienne. Il s’agit
de l’Afrique du Sud, du Bénin, du Burkina Faso, du Cameroun, du Cap-Vert, de la Côte d’Ivoire, de
l’Éthiopie, du Ghana, du Kenya, du Lesotho, de Madagascar, du Malawi, du Mozambique, de la Namibie,
du Niger, du Nigeria, de l’Ouganda, de la République démocratique du Congo, du Rwanda, du Sénégal,
du Soudan, de la Tanzanie, du Tchad et de la Zambie. Une deuxième phase du projet se propose d’étendre
la couverture de façon à inclure autant d’autres pays africains que possible.
En cohérence avec la genèse du projet, le propos principal de l’AICD est de couvrir les 48 pays du sud du
Sahara qui sont confrontés aux défis d’infrastructure les plus sévères. Certains volets de l’étude portent
également sur les pays d’Afrique du Nord de façon à fournir au lecteur un contexte de référence plus
iv
large. À défaut d’indication contraire, dans ce rapport, le terme « Afrique » est utilisé en tant
qu’abréviation pour « Afrique subsaharienne ».
La Banque mondiale a réalisé l’AICD sous la supervision d’un comité de pilotage où sont représentés
l’Union africaine, le Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), les
communautés économiques régionales africaines, la Banque africaine de développement (BAD), la
Development Bank of Southern Africa (DBSA) et les principaux bailleurs de fonds du secteur des
infrastructures.
Le financement de l’AICD provient d’un fonds fiduciaire multidonateurs dont les principaux
contributeurs sont le Département pour le développement international du Royaume-Uni (DfID), le
Private Public Infrastructure Advisory Fund (PPIAF), l’Agence française de développement (AFD), la
Commission européenne et la KfW Entwicklungsbank de la République fédérale d’Allemagne. Un groupe
de représentants éminents du monde politique et universitaire de l’Afrique et d’ailleurs ont procédé à
l’examen par les pairs des principaux produits de l’étude afin d’en garantir la qualité technique. Le
Programme de politiques de transport en Afrique subsaharienne (SSATP) et le Programme
d’alimentation en eau et assainissement (WSP) ont apporté leur assistance technique à la collecte des
données et à l’analyse de leurs secteurs respectifs.
Les rapports AICD ainsi que les données qui les sous-tendent sont disponibles sur le site interactif
http://www.infrastructure.africa.org qui permet à ses utilisateurs de télécharger des rapports de
données sur mesure et de procéder à diverses simulations. Beaucoup des produits de l’AICD seront
repris dans la Série Documents de travail consacrés à la recherche sur les politiques de la Banque
mondiale.
Les demandes relatives à la disponibilité des données doivent être adressées aux éditeurs, à la Banque
mondiale, Washington, DC.
v
Table des matières
Synopsis .......................................................................................................................................................................................... 1
La perspective continentale ........................................................................................................................................................... 2
Pourquoi l’infrastructure a-t-elle de l’importance ? .................................................................................................................... 3
L’état des infrastructures au Niger ............................................................................................................................................... 4
Transport ..................................................................................................................................................................................... 9 Routes .................................................................................................................................................................................. 14 Chemins de fer ...................................................................................................................................................................... 17 Transport aérien .................................................................................................................................................................... 19
Ressources en eau.................................................................................................................................................................... 21 Irrigation ................................................................................................................................................................................ 22 Alimentation en eau et assainissement ................................................................................................................................. 24
Énergie ......................................................................................................................................... Error! Bookmark not defined. Technologies de l’information et de la communication ............................................................................................................... 33
........................................................................................................................................................................................................ 36
Financement des infrastructures du Niger ................................................................................................................................. 37
Que peut-on faire de plus dans les limites des ressources existantes ? ..................................................................................... 40 Écart de financement annuel ..................................................................................................................................................... 44 Que peut-on faire d’autre ? ........................................................................................................................................................ 44
Références bibliographiques ....................................................................................................................................................... 47
Général ..................................................................................................................................................................................... 47 Croissance ................................................................................................................................................................................ 48 Financement ............................................................................................................................................................................. 48 Technologie de l’information et de la communication ................................................................................................................. 48 Irrigation .................................................................................................................................................................................... 48 Énergie ...................................................................................................................................................................................... 49 Transport ................................................................................................................................................................................... 50 Alimentation en eau et assainissement ...................................................................................................................................... 50
Liste des figures
Figure 1. Contribution de l’infrastructure à la croissance économique : comparaison du Niger avec d’autres pays subsahariens .............................................................................................................................................................................. 3
Figure 2. Les déficiences de l’infrastructure freinent la productivité des entreprises ........................................................................ 4 Figure 3. La population, les zones les plus pauvres et les ressources minières du Niger sont concentrées dans le sud ................ 6 Figure 4. Les réseaux d’infrastructure du Niger correspondent à la densité de la population et aux concentrations des
ressources naturelles.................................................................................................................................................................. 8 Figure 5. L’indice de performance logistique du Niger est supérieur à celui d’autres pays enclavés d’Afrique de l’Ouest ............ 10 Figure 6. Part des différents facteurs déterminant le coût et la durée des importations transitant par les différentes voies
d’accès à l’Afrique de l’Ouest ................................................................................................................................................... 12 Figure 7. Taxe sur le carburant optimale et existante dans une série de pays de l’Afrique subsaharienne ................................... 16 Figure 8. Dépenses pour l’entretien et la réhabilitation des routes : comparaison du Niger avec plusieurs autres nations
subsahariennes ........................................................................................................................................................................ 16 Figure 9. Évolution des sièges et des paires de villes au Niger...................................................................................................... 20 Figure 10. Secteur de l’irrigation au Niger ..........................................................................................................................................
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Figure 11. Potentiel d’irrigation, projets à petite échelle ................................................................................................................. 24 Figure 12. Coûts cachés ................................................................................................................................................................. 27 Figure 13. Expansion des bornes-fontaines et des latrines améliorées au Niger ........................................................................... 28 Figure 14. Au Niger, les tarifs sont élevés par rapport à ceux d’autres pays à production thermique, mais modérés au sein de
la large fourchette observée en Afrique. ................................................................................................................................... 29 Figure 15. Les coûts cachés de NIGELEC ont diminué au fil du temps ......................................................................................... 29 Figure 16. Le coût de la production d’énergie au Niger est d’un niveau moyen ............................................................................. 31 Figure 17. L’écart de marché efficient au Niger est le plus élevé de la région ............................................................................... 34 Figure 18. Le marché de l’Internet au Niger accuse un retard par rapport aux autres pays de la CEDEAO .................................. 36 Figure 19. Besoins financiers pour le développement des infrastructures au Niger dans le contexte régional .............................. 38 Figure 20. Les dépenses actuelles consacrées par le Niger aux infrastructures sont relativement faibles .................................... 39 Figure 21. Répartition des dépenses d’investissement dans les infrastructures, comparée aux pays de référence ...................... 40 Figure 23. Au Niger, la consommation des services infrastructurels varie selon le quintile de revenu .......................................... 42 Figure 24. Subventions de l’eau bénéficiant aux pauvres .............................................................................................................. 43 Figure 25. Accessibilité financière au Niger par rapport aux pays à faible revenu ......................................................................... 43 Figure 26. Fardeau de l’inefficacité des services publics de l’eau et de l’électricité au Niger ......................................................... 44 Figure 27. Niger n’a attiré qu’une participation relativement faible du secteur privé ...................................................................... 45
Liste des tableaux
Tableau 1. Les réalisations et défis dans les secteurs de l’infrastructure au Niger .......................................................................... 9
Tableau 2. Commerce transfrontalier dans les pays d’Afrique de l’Ouest ...................................................................................... 11
Tableau 3. Indicateurs liés aux ports de l’Afrique de l’Ouest .......................................................................................................... 13
Tableau 4. Le commerce international du Niger ............................................................................................................................. 13
Tableau 5. État des routes le long des principaux corridors de transit de la CEDEAO qui traversent le Niger .............................. 14
Tableau 6. Indicateurs routiers du Niger ......................................................................................................................................... 15
Tableau 7. Indicateurs du secteur des chemins de fer pour l’OCBN et d’autres compagnies ferroviaires ..................................... 18
Tableau 8. Comparaison des indicateurs de transport aérien pour le Niger et une sélection d’autres pays .................................. 20
Tableau 9. Potentiel d’irrigation du Niger ........................................................................................................................................ 23
Tableau 10. Comparaison des indicateurs d’eau et assainissement .............................................................................................. 25
Tableau 11. Évolution des indicateurs opérationnels associés à la SPEN, Niger .......................................................................... 26
Tableau 12. Indicateurs de l’énergie comparés à ceux de groupes de pays sélectionnés ............................................................. 30
Tableau 13. Le prix élevé du carburant fait grimper les coûts de la production locale d’électricité. ............................................... 31
Table 14. Comparaison des indicateurs TIC ................................................................................................................................... 34
Tableau 15. Pénétration de la téléphonie mobile dans les pays de l’Afrique de l’Ouest ................................................................ 36
Tableau 16. Objectifs illustratifs des investissements dans l’infrastructure du Niger ..................................................................... 37
Tableau 17. Besoins indicatifs pour le financement des infrastructures au Niger, de 2006 à 2015 ............................................... 37
Tableau 18. Flux financiers destinés aux infrastructures nigériennes ............................................................................................ 39
Tableau 19. Gains potentiels grâce à une meilleure efficacité opérationnelle au Niger ................................................................. 41
Tableau 20. Écarts de financement par secteur ............................................................................................................................. 44
Tableau 21. Économies grâce à l’innovation .................................................................................................................................. 46
Remerciements
Ce document a largement bénéficié de la contribution des spécialistes sectoriels de l’équipe de l’AICD, et
plus spécialement d’Heinrich Bofinger pour le transport aérien, Rupa Ranganathan pour l’énergie,
Michael Minges pour les TIC, Nataliya Pushak pour la dépense publique, et Alvaro Federico Barra pour
l’analyse spatiale.
Synopsis
Entre 2000 et 2005, la contribution nette de l’infrastructure à l’amélioration de la croissance par habitant
du Niger n’a été que de 0,3 point de pourcentage, l’une des plus faibles de l’Afrique subsaharienne. Une
augmentation du stock des infrastructures du pays jusqu’au niveau de celui des pays à revenu
intermédiaire (PRI) de la région permettrait de faire gagner 4,5 points à la croissance annuelle,
principalement grâce à l’amélioration de l’état du réseau routier.
Le Niger a réalisé des progrès considérables dans certains domaines de ses infrastructures.
D’importantes réformes libéralisant les secteurs de l’alimentation en eau et des technologies de
l’information et de la communication (TIC) ont dynamisé les performances. Les réformes du secteur des
eaux urbaines sont notamment parmi les plus prometteuses du continent. L’augmentation de la
concurrence sur le marché des TIC a contribué au développement rapide des services de téléphonie
mobile. NIGELEC, le service public national de l’électricité, a amélioré ses performances. L’état des
tronçons nigériens des corridors régionaux est relativement bon ou acceptable. La connectivité aérienne
s’est améliorée.
En ce qui concerne l’avenir, les infrastructures du pays sont confrontées à un certain nombre de défis
importants. Les services d’infrastructure restent chers et peu fiables, ce qui freine la compétitivité de
l’économie. Le défi le plus urgent pour le Niger concerne probablement le secteur de l’alimentation en
eau et assainissement. Le Niger est le pays où le recours à la défécation en plein air est le plus faible du
continent, avec 82 % de la population. Quelque 90 % de la population rurale dépend de puits et forages,
mais très peu d’entre eux sont protégés. Dans le secteur énergétique, le pays est également confronté à des
défis importants : 8 % seulement de la population nationale est raccordée à l’électricité, quatre fois moins
que dans les pays à faible revenu (PFR) comparables. La distribution de l’électricité est inefficace et peu
fiable, et limite la capacité commerciale des entreprises. Dans le secteur des transports, le pays doit
améliorer la qualité de son réseau et augmenter le financement de la réhabilitation et de l’entretien. Le
développement des marchés d’Internet et de la téléphonie mobile, ainsi que la mise en place d’un réseau à
grande vitesse en fibre optique sont les principaux défis dans le secteur des TIC. Le Niger dépend
fortement des corridors régionaux pour assurer le transport efficace des marchandises et des personnes,
mais les pays voisins n’accordent pas la priorité à l’entretien de leurs tronçons des corridors régionaux.
Pour accroître l’efficacité du transport des marchandises, tant à partir qu’en direction du Niger, le pays
doit améliorer l’état général de ses corridors routiers ainsi que le fonctionnement du port de Cotonou.
Pour faire face à ces défis, le Niger devra dépenser 747 millions de dollars EU par an de manière
continue au cours des dix prochaines années. Presque deux tiers de la dépense nécessaire (529 millions de
dollars EU) concernent l’investissement, et le tiers restant l’exploitation et l’entretien. Plus d’un tiers des
besoins de dépense totaux concerne les secteurs de l’eau et de l’assainissement, suivi par le secteur
énergétique. L’effort du Niger, équivalent à 22,4 % de son produit intérieur brut (PIB), est plus élevé que
la moyenne de l’Afrique subsaharienne (14,5 %).
2
Le Niger dépense déjà environ 225 millions de dollars EU par an pour son infrastructure, soit
l’équivalent de 7 % de son PIB. La majeure partie de cette somme est consacrée à l’investissement (174
millions de dollars EU), les dépenses de l’État représentant environ la moitié des flux totaux. Différents
acteurs, pour la plupart des agences de développement étrangères, financent le reste. Le secteur de
l’alimentation en eau et assainissement bénéficie de la plus grosse part de la dépense, soit 66 millions de
dollars EU par an.
L’enveloppe actuelle de la dépense pourrait être augmentée si l’efficacité était améliorée. Par
exemple, le Niger pourrait économiser 62 millions de dollars EU chaque année en augmentant ses tarifs
au niveau de recouvrement des coûts, en alignant les inefficacités opérationnelles sur les références
raisonnables des pays en développement, et en exécutant la totalité de son budget d’infrastructure.
En additionnant les dépenses actuelle et nécessaire, et en déduisant les économies potentielles liées
aux gains d’efficacité, il reste néanmoins un important écart de financement de 460 millions de dollars
EU par an. C’est dans le secteur de l’alimentation en eau et assainissement que l’on trouve de loin la plus
grande part de cet écart.
Le Niger a la capacité de combler cet écart de financement en exploitant des sources de financement
alternatives ou en adoptant des technologies à moindre coût. Il existe une marge très importante pour la
participation du secteur privé dans les secteurs de l’infrastructure du Niger, en particulier celui des TIC.
Par ailleurs, l’adoption de technologies alternatives à moindre coût dans les secteurs de l’alimentation en
eau, de l’énergie et des routes réduirait l’écart de financement de presque la moitié (219 millions de
dollars EU).
La perspective continentale
Les Diagnostics des infrastructures nationales en Afrique (AICD) ont recueilli et analysé des données
exhaustives sur les infrastructures de plus de 40 pays subsahariens, dont le Niger. Les résultats ont été
présentés dans des rapports consacrés aux différents secteurs des infrastructures (TIC, irrigation, énergie,
transport, eau et assainissement) et aux différents domaines des politiques (les besoins d’investissement,
les coûts budgétaires et les performances sectorielles).
Ce rapport présente les principales conclusions de l’AICD pour le Niger, et permet de comparer la
situation des infrastructures du pays à celle de ses pairs africains. Le Niger étant un pays pauvre mais
stable, sa situation sera comparée à deux groupes de référence africains : les pays à faible revenu (PFR) et
les pays à revenu intermédiaire (PRI). Des comparaisons détaillées seront également effectuées avec ses
voisins immédiats d’Afrique de l’Ouest.
Plusieurs problèmes méthodologiques doivent être gardés à l’esprit. Tout d'abord, les données ayant
été collectées dans plusieurs pays, un décalage dans le temps est inévitable. L’AICD couvre la période de
2001 à 2006. La plupart des données techniques présentées concernent l’année 2006 (l’année disponible
la plus récente), tandis que pour les données financières, une moyenne a généralement été établie sur la
période disponible afin de compenser l’effet des fluctuations à court terme. Ensuite, il a fallu normaliser
les indicateurs utilisés pour les comparaisons entre les pays, afin d’assurer la cohérence des analyses.
3
Certains des indicateurs présentés ici peuvent donc être légèrement différents de ceux qui sont
habituellement utilisés dans les rapports et examinés dans les pays.
Pourquoi l’infrastructure a-t-elle de l’importance ?
La croissance économique du Niger est inférieure au niveau souhaité pour réduire la pauvreté. Entre
2001 et 2009, elle a atteint 4,8 % par an, moins que la croissance annuelle de l’Afrique subsaharienne
(6,2 %). Les performances économiques du Niger sont inférieures à la barre des 7 % nécessaires pour
avoir un impact significatif sur la réduction de la pauvreté.
Le mauvais état de l’infrastructure nigérienne n’a guère contribué à la croissance économique. Entre
2000 et 2005, la contribution totale des infrastructures routières, électriques et des télécommunications à
la croissance par habitant du Niger n’a été que de 0,3 point de pourcentage, l’un des taux les plus faibles
du continent. Avec le Tchad, le Niger est actuellement l’un des pays où le développement de
l’infrastructure est le plus faible de la région. Contrairement à ce qui se passe ailleurs, la contribution du
secteur des TIC est relativement faible : 0,69 point de pourcentage ajouté au taux de croissance par
habitant. En fait, le mauvais état du réseau routier a fait reculer la croissance par habitant de 0,56 point de
pourcentage. La contribution de l’infrastructure nigérienne a été également parmi les plus faibles de
l’Afrique de l’Ouest, devançant uniquement la Guinée-Bissau et la Sierra Leone, dans une région où la
plus forte contribution de l’infrastructure a eu lieu au Bénin (1,6 point de pourcentage) (Figure 1a).
Figure 1. Contribution de l’infrastructure à la croissance économique : comparaison du Niger avec d’autres pays subsahariens
a. Contribution de l’infrastructure à la croissance économique annuelle par habitant dans une sélection de pays africains, en points de pourcentage, 2001–05
b. Contribution potentielle de l’infrastructure à la croissance économique annuelle par habitant dans une sélection de pays africains, en points de pourcentage
Source : Calderón, 2009.
L’infrastructure médiocre du Niger est un frein au commerce. Les données des enquêtes auprès des
entreprises indiquent que les contraintes d’infrastructure sont responsables d’environ 35 % du retard de
productivité des sociétés nigériennes, le reste étant dû à la mauvaise gouvernance, à la bureaucratie et aux
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Routes Électricité Telecom
4
difficultés de financement (Figure 2). Au Niger, la perception par les entreprises de l’infrastructure
comme un goulot d’étranglement pour la croissance est parmi les plus élevées d’Afrique de l’Ouest. Le
dédouanement est la contrainte d’infrastructure la plus sévère pour les entreprises nigériennes, les
déficiences énergétiques occupant la deuxième place (Figure 2b). Le Niger est classé 172e sur 181
économies en ce qui concerne la facilité de faire des affaires.
Dans les années à venir, le Niger pourrait enregistrer une croissance de maximum 4,5 points de
pourcentage par habitant (atteignant ainsi le niveau des PRI d’Afrique subsaharienne) grâce au
développement et à l’amélioration de son infrastructure, en particulier du secteur routier (Figure 1b).1
L’amélioration de l’état des routes revêtues et non revêtues faciliterait et augmenterait les échanges à
l’intérieur du pays, ce qui ferait gagner 1,71 point de pourcentage à la croissance économique. L’énergie
pourrait faire gagner environ 1,51 point de pourcentage à la croissance par habitant si la capacité de
production et les taux d’accès nationaux (actuellement parmi les plus faibles de la région) étaient
améliorés. Les TIC contribueraient également de manière importante aux perspectives économiques (1,31
point de pourcentage), à condition que les marchés de la téléphonie mobile et d’Internet continuent à se
développer.
Figure 2. Les déficiences de l’infrastructure freinent la productivité des entreprises
a. Degré de perception par les entreprises de l’infrastructure comme un obstacle à la croissance (%)
b. Degré de perception par les entreprises de l’infrastructure comme un obstacle à la croissance, par sous-secteur (%)
Source : Escribano et autres, 2010.
L’état des infrastructures au Niger
Les caractéristiques et les modèles de répartition démographique du Niger rendent le développement
de l’infrastructure difficile. Le pays est vaste, avec une superficie d’environ 1 267 000 kilomètres carrés,
mais seul un tiers de celle-ci, situé au sud-est, est arable. La population, de 15,3 millions d’habitants, est
concentrée dans la bande arable (Figure 3a). Le fort taux de fécondité (7 naissances par femme) et la
croissance rapide de la population (3,4 % par an), qui sont parmi les plus élevés d’Afrique subsaharienne,
1 Les pays les plus proches de Maurice, dont l’infrastructure est la meilleure de la région, présentent l’écart
d’infrastructure le plus faible et ont par conséquent des gains de croissance plus réduits.
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Mali
Électricité Dédouannement Transport TIC Eau
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sapent les gains générés par la croissance du PIB et sont un défi pour l’entretien et l’expansion de
l’infrastructure.
Le Niger possède des ressources en eau très limitées ; le fleuve Niger est la seule source d’eau
permanente du pays. Les modèles pluviométriques sont également très variables, et presque 90 % du
territoire reçoit annuellement moins de 350 millimètres de pluie, ce qui provoque régulièrement des
sécheresses (Banque mondiale, 2008a). Ceci a un impact significatif sur l’économie, étant donné que
45 % du PIB du Niger provient du secteur agricole, qui est principalement pluvial.
Le Niger reste l’un des pays les plus pauvres du monde, bien qu’il possède d’importantes ressources
naturelles. Pour l’indice de développement humain (IDH)2, le pays est classé dernier sur 182 pays. En
2008, avec un revenu annuel par habitant de 300 dollars EU (contre une moyenne de 500 dollars EU en
Afrique subsaharienne), 60 % de la population nigérienne vivaient au-dessous du seuil de pauvreté de 1
dollar EU par jour. C’est dans les zones rurales, où vivent 85 % de la population, que l’incidence de la
pauvreté est la plus forte. Dans les régions de Tillaberi et Dosso, plus de 70 % de la population vivent en-
dessous du seuil de pauvreté (Figure 3b). Si les ressources en minéraux précieux du pays (uranium,3 or,
pétrole dans le nord, fer, et phosphates) étaient exploitées, elles pourraient permettre d’améliorer les
moyens de subsistance et de réduire la pauvreté (Figure 3c).
Au Niger, l’incidence de la pauvreté est associée à la faible densité de l’infrastructure des transports,
de l’énergie et des TIC. Les routes, l’énergie, l’approvisionnement en eau, l’assainissement, et les réseaux
nationaux des TIC sont concentrés dans les zones urbaines, en particulier aux alentours de Niamey, les
zones rurales manquant, elles, gravement d’infrastructures (Figures 4a, 4b, et 4c). Les niveaux de trafic
les plus élevés sont enregistrés autour de Niamey, et en est de même pour la densité des lignes de
transport d’énergie (Figures 4a et 4b). Les signaux mobiles sont présents au sud et dans certaines zones
centrales où se trouvent les sites miniers (Figures 4c et 4d). La difficulté relativement importante de
l’obtention d’un raccordement à l’électricité et à l’eau contribue à la faible densité du réseau. Le délai
moyen d’obtention d’une connexion au Niger est plus long que la moyenne de l’Afrique subsaharienne.
Le Niger est très dépendant de son infrastructure de transport, en particulier pour le secteur agricole.
Son infrastructure de transport comprend un réseau routier de 16 945 kilomètres, dont 80 % sont classés.
Le réseau classé se compose d’environ 6 055 kilomètres de routes principales (routes inter-États et
nationales) et 7 500 kilomètres de routes rurales. Le pays possède un aéroport international à Niamey et
un aéroport secondaire à Agadez.
À cause de l’enclavement du pays, l’infrastructure régionale de transport est essentielle pour les
échanges transfrontaliers du Niger. Quatre corridors principaux sont utilisés pour atteindre les ports
(Cadre intégré amélioré 2008) : le corridor Cotonou-Niamey est utilisé pour importer du pétrole et une
grande partie des marchandises générales. Il s’agit de la route privilégiée du Niger car elle est la plus
courte à l’ouest du pays, ne comprend qu’un passage de frontière et est entièrement située dans la zone du
2 L’IDH fournit une mesure composite de trois dimensions du développement humain : vivre longtemps et en bonne santé
(dimension mesurée par l’espérance de vie), recevoir une instruction (dimension mesurée par le taux d’alphabétisation des
adultes et le taux brut de scolarisation), et avoir un niveau de vie décent (dimension mesurée par la parité du pouvoir d’achat
[PPP] et les revenus). 3 Le Niger est le troisième producteur d’uranium du monde ; la quasi-totalité de sa production est exportée vers la France et le
Japon (OCDE, 2007).
6
franc CFA. Le corridor Lomé-Niamey, plus long de 200 kilomètres que le corridor Cotonou-Niamey,
comprend deux passages de frontière au lieu d’un. Le corridor de Tema (Ghana) et Takoradi (Ghana) a
été énormément emprunté suite à la crise en Côte d’Ivoire. Le corridor nigérian, qui part de Lagos,
conduit à l’est du Niger. Le Niger possède également un tronçon du corridor interrégional Nouakchott-
Ndjamena.
Figure 3. La population, les zones les plus pauvres et les ressources minières du Niger sont concentrées dans le sud
a. Population b. Pauvreté
c. Topographie d. Ressources naturelles
Source : Atlas interactif des infrastructures de l’AICD pour le Niger (www.infrastructureafrica.org).
8
Figure 4. Les réseaux d’infrastructure du Niger correspondent à la densité de la population et aux concentrations des ressources naturelles
a. Routes, chemins de fer et aéroports b. Énergie
c. TIC d. Ressources en eau
Source : Atlas interactif des infrastructures de l’AICD pour le Niger (www.infrastructureafrica.org).
9
Ce rapport commence par examiner les principaux réalisations et défis observés dans chacun des
grands secteurs de l’infrastructure du Niger, et les principales conclusions sont résumées dans le Tableau
1. Il s’intéresse ensuite au problème du financement des besoins d’infrastructure non satisfaits au Niger.
Tableau 1. Les réalisations et défis dans les secteurs de l’infrastructure au Niger
Réalisations Défis
Transports Relativement bien classé pour l’Indice de performance logistique (LPI), par rapport aux pays enclavés de la région.
Réduction des coûts et de la durée des échanges transfrontaliers.
Réalisation de l’intégration régionale afin d’améliorer la qualité des corridors dans les pays voisins ainsi que la productivité du port de Cotonou.
Routes Les tronçons nigériens des corridors régionaux sont en bon état.
Amélioration de l’état du réseau routier (revêtu et non
revêtu).
Financement de l’entretien des réseaux routiers à faibles
densité et trafic.
Chemins de fer Augmentation du trafic et de la productivité.
Transport aérien La connectivité et le trafic ont augmenté.
La flotte aérienne a été rénovée.
Développement du marché du transport aérien.
Amélioration des conditions de sécurité.
Irrigation Accroissement de la superficie irriguée.
Eau et assainissement
Le recours aux eaux de surface a été réduit.
Les performances opérationnelles et financières ainsi que la qualité du service du secteur urbain des eaux ont été améliorées.
Accès à l’assainissement extrêmement faible et augmentation du recours à la défécation en plein air.
Recours élevé à des puits et forages non protégés dans les zones rurales.
Énergie Les performances opérationnelles et financières de NIGELEC ont augmenté.
Les tarifs facturés aux usagers sont au niveau de recouvrement des coûts.
Développement de la capacité de production.
Accroissement du volume, de la fiabilité et de la qualité de la distribution d’électricité.
Forte dépendance vis-à-vis des importations d’énergie à partir du Nigeria.
Technologies de l’information et de la communication (TIC)
Le secteur a été libéralisé et le marché de la téléphonie mobile s’est rapidement développé.
Développement de l’accès aux services des TIC, en particulier à Internet.
Source : Élaboré par l’auteur sur la base des conclusions de ce rapport.
Transport
Le secteur du transport joue un rôle stratégique au Niger étant donné l’enclavement du pays. Bien que
pour l’indice de performance logistique (IPL), les opérateurs classent le Niger au-dessus de la moyenne
des pays d’Afrique subsaharienne, le commerce vers et à partir du Niger est néanmoins handicapé par les
coûts élevés et la lenteur des déplacements. L’efficacité du transport des marchandises vers et à partir du
Niger dépend également de l’état des infrastructures dans les pays voisins.
10
Figure 5. L’indice de performance logistique du Niger est supérieur à celui d’autres pays enclavés d’Afrique de l’Ouest
Source : Banque mondiale 2010. Note : L’indice de performance logistique est basé sur une enquête mondiale auprès des opérateurs sur le terrain (les transitaires et transporteurs express internationaux) qui ont fourni leurs commentaires sur la « facilité » logistique des pays dans lesquels ils opèrent et avec lesquels ils ont des relations commerciales. Ces opérateurs combinent une connaissance approfondie des pays dans lesquels ils opèrent avec des évaluations qualitatives éclairées d’autres pays avec lesquels ils ont des relations commerciales, ainsi qu’avec leur expérience de l’environnement logistique mondial. ASS = Afrique subsaharienne.
La capacité du Niger à transporter efficacement les marchandises et à connecter les fabricants et
consommateurs avec les marchés internationaux est supérieure à la moyenne régionale. Lorsque leur
impression sur la « facilité » logistique du Niger leur a été demandée, les opérateurs (transitaires et
transporteurs express internationaux) ont attribué une note de 2,54 à son IPL, un score supérieur à la
moyenne de 2,42 de l’Afrique de l’Ouest (Figure 5). Le Sénégal, le Bénin, la Guinée, le Tchad et le Togo,
tous des pays côtiers, ont reçu une meilleure note. L’IPL du Niger est cependant supérieur à celui du Mali
et du Burkina, malgré qu’il soit plus éloigné de la côte que ces pays. En regardant de plus près les
composantes de l’IPL au Niger, les scores les plus faibles ont été attribués à i) l’efficacité du processus de
dédouanement (vitesse, simplicité et prévisibilité des formalités) des agences de contrôle aux frontières, et
à ii) la qualité des infrastructures liées au transport et au commerce (par exemple, les ports, les voies
ferrées, les routes, les technologies de l’information).
Les coûts et la durée des échanges transfrontaliers du Niger sont parmi les plus élevés de la région en
dépit de l’efficacité relativement élevée du transport des marchandises à travers les frontières. Le coût
d’exportation à partir du Niger et d’importation vers le Niger est le plus élevé des pays d’Afrique de
l’Ouest et dépasse de plus de 70 % la moyenne de l’Afrique subsaharienne (Tableau 2). Environ 40 % des
entreprises ont identifié le transport au Niger comme une contrainte majeure pour les affaires, un
pourcentage supérieur à la moyenne des pays à faible revenu (32 %) et des pays à revenu intermédiaire
(18 %).4 Le temps nécessaire à l’accomplissement de toutes les procédures nécessaires pour exporter des
marchandises à partir du Niger est de 59 jours, contre 34 jours en moyenne pour l’Afrique de l’Ouest. Il
faut 64 jours pour importer des marchandises au Niger, ce qui est au-dessus de la moyenne régionale de
39 jours.
4 Enquêtes auprès des entreprises dans 32 pays d’Afrique subsaharienne – Banque mondiale, Société financière
internationale (SFI).
0
0.5
1
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3
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11
Les coûts élevés des échanges commerciaux à partir et en direction du Niger sont déterminés par ceux
des inefficacités du port de Cotonou. Ces derniers constituent la majeure partie (55 %) du coût
d’importation des marchandises utilisant le corridor Cotonou-Niamey (la quote-part la plus élevée de
toutes les voies d’accès à l’Afrique de l’Ouest), et le transport terrestre représente 35 % de ce coût. Les
frais portuaires et les coûts du transport terrestre représentent chacun environ 40 % du coût de transport
des importations vers le Niger via le corridor Lomé-Niamey (Figure 6a). Les frais de manutention dans
les ports de Cotonou et Lomé sont parmi les plus élevés de l’Afrique de l’Ouest (Tableau 3) : les services
y coûtent deux fois plus que les autres ports mondiaux.
Tableau 2. Commerce transfrontalier dans les pays d’Afrique de l’Ouest
Pays C/E Documents
d’exportation (nombre)
Délai d’exportation
(jours)
Coût d’exportation (en dollars EU par conteneur)
Documents d’importation
(nombre)
Délai d’importation
(jours)
Coût d’importation (en dollars EU par conteneur)
Burkina Faso E 11 41 2 262 11 49 3 830
Mali E 7 32 2 075 10 37 2 955
Niger E 8 59 3 545 10 64 3 545
Afrique de l’Ouest E 9 44 2 627 10 50 3 443
Afrique de l’Ouest C 7 24 1 263 8 28 1 514
Afrique subsaharienne 8 34 1 942 9 39 2 365
Source : Banque mondiale, Doing Business 2011. Note : C = côtier; E = enclavé. Documents d’exportation (importation) : nombre total de documents requis pour chaque exportation (importation) de marchandises. Les documents requis pour le dédouanement par les administrations publiques, les autorités douanières, portuaires et des terminaux à conteneurs, les agences de contrôle technique et sanitaire, et les banques sont pris en compte Délai d’exportation (importation) : Temps nécessaire pour accomplir toutes les procédures requises pour l’exportation (importation) de marchandises. Si une procédure peut être accélérée moyennant un coût additionnel, la procédure la plus rapide est choisie Coût d’exportation (importation) : Coût lié à toutes les procédures requises pour l’exportation (importation) de marchandises. Ce coût comprend les coûts pour les documents, les frais administratifs de dédouanement et de contrôle technique, les honoraires des agents en douane, les frais de manipulation dans les terminaux et le transport intérieur.
12
Figure 6. Part des différents facteurs déterminant le coût et la durée des importations transitant par les différentes voies d’accès à l’Afrique de l’Ouest
a. Coût b. Durée
Source : Base de données sur les ports de l’AICD ; Teravaninthorn et Raballand, 2009 Note : Les données relatives aux ports sont basées sur des indicateurs de 2006-2007.
La lenteur des déplacements des importations et exportations nigériennes est elle aussi liée aux
inefficacités des opérations portuaires. La capacité du port de Cotonou étant exploitée à plus de 200 %,
les retards qui y sont accumulés contribuent à plus de 70 % au délai d’importation des marchandises via le
corridor Cotonou-Niamey. Le coût de ces retards est estimé à environ 180 dollars par conteneur ; la durée
d’attente moyenne avant accostage est de 48 heures, la plus élevée de tous les ports de l’Afrique de
l’Ouest. Les pratiques modèles mondiales donnent une heure pour le temps de cycle des camions, alors
que celui-ci atteint six heures dans le port de Cotonou (Tableau 3). Les délais d’importation des
marchandises via le corridor Lomé-Niamey sont en majeure partie déterminés par les retards accumulés
dans le port de Lomé et les exigences administratives. Ce port est l’un des plus fréquentés de l’Afrique de
l’Ouest et il traite environ 460 000 EVP5 par an. La productivité des grues à Lomé est de 23 tonnes par
heure, nettement plus qu’ailleurs, mais encore loin de la référence internationale. La norme internationale
pour le temps d’immobilisation à quai des conteneurs est de 7 jours ou moins, tandis qu’il est de 13 jours
dans le port de Lomé (Tableau 3).
La longueur des procédures réglementaires liées au dédouanement et aux contrôles techniques allonge
encore la durée totale des échanges commerciaux transfrontaliers. Les procédures administratives
représentent environ 23 % de la durée totale du déplacement des importations via le corridor Cotonou-
Niamey et 35 % via le corridor Lomé-Niamey (Figure 6b). Le processus administratif nigérien est
particulièrement lourd : des formalités inutiles et souvent redondantes allongent significativement le
temps de dédouanement. Cela contribue à une immobilisation coûteuse des marchandises et des moyens
de transport (Cadre intégré renforcé 2008).
5 Équivalent vingt pieds.
0
10
20
30
40
50
60
70
80
90
100
Par
t (%
)
Douanes Administration Transport Port
0
10
20
30
40
50
60
70
80
90
100
Par
t (%
)
Douanes Administration Transport Port
13
Tableau 3. Indicateurs liés aux ports de l’Afrique de l’Ouest
Port Unité
Lomé, Togo
Cotonou, Bénin
Dakar, Sénégal
Abidjan, Côte d’Ivoire
Tema, Ghana
Apapa, Nigéria
Harcourt, Nigeria
Total des cargaisons en conteneurs traitées
EVP, annuel 460 000 158 201 331 191 500 119 420 000 336 308 7 900
Temps de séjour conteneurs Jours 13 12 7 12 25 42 30
Temps de rotation des camions Heures 4 6 5 2,5 8 6 24
Temps d’attente avant accostage des cargos classiques
Heures 48 24 2,9 9,6 36 38,4
Temps d’escale des cargos classiques
Heures 48 60 2,2 48 40,8 45,6
Productivité des grues Conteneurs par heure
— — — 18 13 12 —
Productivité des grues Tonnes par heure 23 15 — 16 14 9 8
Frais de manutention des cargaisons en conteneurs
$ par EVP 220 180 160 260 168 155 —
Frais de manutention des marchandises diverses
$ par tonne 9 9 15 14 10 8 8
Frais de manutention des cargaisons sèches en vrac
$ par tonne 5 5 5 5 3
Existence d’un accès routier adéquat
0 = non ; 1 = oui 0 0 0 0 0 0
Modèle propriétaire utilisé 0 = non ; 1 = oui 1 0 0 1 1 1 1
Source : Base de données sur les ports de l’AICD (www.infrastructureafrica.org/aicd/tools/data) ; données de 2006. Note : EVP = équivalent vingt pieds — = Non disponible.
Tableau 4. Le commerce international du Niger
Produit Valeur (en milliards de francs CFA)
Volume (en tonnes)
Importations 503,3
Produits pétroliers 83,3
Riz et produits associés 157 630 000
Biens de consommation 99,9 138 750
Biens intermédiaires et d’équipement 163,1
Exportations 263,5
Uranium 78,5 3 400
Bétail 29,1 40 152
Niébés 11,4 23 940
Oignons 33,8 83 248
Autres exportations 110,7
Source : Banque mondiale, 2008c.
La mise en œuvre inadéquate ou plus simplement l’absence d’application de certaines règles et
procédures acceptées par les différents États membres de la Communauté économique des États de
l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), afin
de promouvoir l’efficacité et la concurrence au sein des entreprises de transport, augmentent les coûts des
échanges à partir et en direction du Niger. L’abolition du mécanisme du tour de rôle, une étape
14
importante vers la facilitation du commerce, n’a pas été efficacement appliquée par le Niger. Les flux
commerciaux ne sont pas équilibrés : le volume total des importations représente 20 fois celui des
exportations (Tableau 4). Le Niger doit de toute urgence mettre en œuvre des politiques de facilitation du
transport afin d’éliminer les nombreux obstacles logistiques et autres qui entravent le développement
économique du pays (Banque mondiale 2008c).
Routes
Réalisations
L’état des tronçons nigériens des corridors régionaux est généralement supérieur à leur état global. La
partie nigérienne du corridor Lomé-Niamey est entièrement revêtue et en bon état sur quasiment toute sa
longueur, alors que seuls 52 % de la partie togolaise sont dans un état bon ou acceptable. Sur le corridor
Cotonou-Niamey, la totalité du tronçon nigérien est dans un état bon ou acceptable, contre seulement
40 % pour la portion béninoise ; 70 % de la portion nigérienne du corridor Nouakchott-Ndjamena est dans
un état bon ou acceptable, contre seulement 38 % de la portion sénégalaise (Tableau 5). De toute
évidence, les pays côtiers ne manifestent pas un grand intérêt pour l’entretien de leurs corridors routiers
intérieurs, étant donné que leurs économies sont généralement concentrées le long des côtes, transformant
ainsi de fait leurs tronçons d’arrière pays en biens publics régionaux. L’état relativement mauvais des
corridors dans les pays côtiers porte préjudice au Niger et appelle à un renforcement de la coordination et
de la collaboration régionales.
Tableau 5. État des routes le long des principaux corridors de transit de la CEDEAO qui traversent le Niger
Pourcentage dans un état Pourcentage revêtu
Pourcentage de la densité du trafic
Corridors Bon Acceptable Mauvais <300 300-1 000 >1 000
Point d’accès à la mer
Lomé-Niamey 50,2 30,1 19,8 100,0 0,0 82,6 17,4
Togo 51,7 0,0 48,3 100,0 0,0 37,2 62,8
Burkina Faso 35,4 38,9 25,8 100,0 0,0 77,3 22,7
Niger 99,0 1,0 0,0 100,0 0,0 100,0 0,0
Cotonou-Niamey 49,5 7,9 42,6 98,5 1,5 26,4 70,0
Bénin 38,1 2,2 59,7 97,8 2,2 15,8 81,5
Niger 77,7 22,3 0,0 100,0 0,0 52,8 41,4
Corridors intrarégionaux
Nouakchott-Ndjamena 63,4 21,1 10,2 97,3 9,9 46,2 43,4
Mauritanie 50,6 23,8 25,6 100,0 0,0 21,5 78,5
Sénégal 10,9 26,5 62,6 28,6 0,0 100,0 0,0
Mali 62,9 31,3 0,0 94,2 5,8 75,8 16,4
Burkina Faso 70,7 29,3 0,0 100,0 6,2 37,6 56,3
Niger 66,4 4,4 29,1 99,1 3,8 46,8 48,5
Nigeria — — — 100,0 0,0 0,0 100,0
Cameroun 84,8 15,2 0,0 100,0 31,0 56,5 12,5
Source : Rapport AICD 2010 de la CEDEAO.
Note : CEDEAO = Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest
— = Non disponible.
15
Défis
Si un tiers du réseau routier nigérien est en mauvais état, la majeure partie des deux tiers restants est dans
un état plus acceptable que bon. Sans un entretien périodique et de routine, une part importante du réseau
principal pourrait se dégrader rapidement. Même si 58 % du réseau non revêtu – principalement rural –
est dans un état bon ou acceptable, supérieur à la moyenne des pays à faible revenu (Tableau 6), le réseau
rural est dans un état fragile.
Une des principales raisons de l’état mauvais à acceptable du réseau routier est la surcharge des
camions. Pour compenser le nombre mensuel limité des voyages (généralement un seul), les camionneurs
cherchent à maximiser la charge. Certains camions dépassent les 70 tonnes, alors que le maximum
autorisé pour les camions à six essieux n’est que de 51 tonnes (Cadre intégré renforcé 2008). Cette
pratique contribue à la détérioration du réseau routier et augmente les coûts de réhabilitation.
La couverture du réseau routier est un défi important, compte tenu de la grande taille et de la densité
relativement faible de la population du Niger. La densité routière totale sur les terres arables est d’environ
un dixième de celle des PFR (13 kilomètres contre 132 kilomètres pour 1 000 kilomètres carrés – Tableau
6). Il y a seulement 1,2 kilomètre de routes pour 1 000 habitants, soit un tiers de la moyenne de l’Afrique
subsaharienne. La densité du réseau rural est encore plus faible, avec 0,6 kilomètre pour 1 000 habitants,
l’une des plus faibles du continent.
Tableau 6. Indicateurs routiers du Niger
Indicateur Unité Pays à faible
revenu Niger
Pays à revenu
intermédiaire
Densité totale du réseau routier [1] km/1 000 km2 de terres 132 13 318
Densité du réseau routier classé km/1 000 km2 de terres 88 11 278
Accessibilité rurale SIG % de la population rurale dans un rayon de 2 kilomètres d’une route praticable en toutes saisons
25 15 31
Accessibilité rurale selon les enquêtes auprès des ménages
% de la population rurale dans un rayon de 2 kilomètres d’une route praticable en toutes saisons
34 37 63
État du réseau revêtu classé % dans un état bon ou acceptable 72 67 86
État du réseau non revêtu classé % dans un état bon ou acceptable 53 58 65
Trafic sur le réseau revêtu classé DJMA 1 131 387 2 451
Trafic sur le réseau non revêtu classé DJMA 57 31 107
Niveau de qualité excessif sur le réseau primaire
% du réseau primaire revêtu avec un DJMA égal ou inférieur à 300
30 53 18
Niveau de qualité insuffisant sur le réseau primaire
% du réseau primaire non pavé avec un DJMA égal ou supérieur à 300
13 23 20
Source : Base de données AICD du secteur routier. Note : [1] Comprend le réseau classé et non classé. SIG = Système d’information géographique ; DJMA = trafic journalier annuel moyen.
Les niveaux de trafic sont extrêmement faibles et il est donc difficile de justifier des travaux de génie
routier lourds. Avec 387 véhicules par jour, le trafic sur le réseau revêtu classé n’atteint qu’un tiers de la
moyenne de 1 131 véhicules des PFR et un huitième de la moyenne de 2 451 véhicules des PRI. Le
volume du trafic sur le réseau non revêtu nigérien est également faible : 31 véhicules par jour en
moyenne, contre 57 véhicules pour les PFR comparables. Le Niger n’a pas été sensible à cette réalité :
16
environ 53 % de son réseau primaire présente un niveau de qualité excessif, en étant revêtu alors que les
niveaux de trafic sont inférieurs à 300 véhicules par jour (Tableau 6).
La dissémination de la population sur une vaste étendue géographique, combinée avec l’exigence
d’une connectivité routière internationale, constitue un défi pour le financement des routes. La taxe de 6
centimes par litre sur le diesel et le super se situe dans la moyenne de l’Afrique subsaharienne, mais elle
est nettement inférieure aux 26 centimes par litre nécessaires pour couvrir les coûts d’entretien des routes
exigés par l’usure et la détérioration du réseau par les usagers, et elle ne couvre en fait que 34 % de
l’entretien de routine (Figure 7). La taxe sur le carburant optimale pour la maintenance routière estimée
pour le Niger serait l’une des plus élevées du continent après l’Éthiopie et le Tchad, et reflète les
caractéristiques géographiques du pays.
Figure 7. Taxe sur le carburant optimale et existante dans une série de pays de l’Afrique subsaharienne
Source : Gwillliam et autres, 2008.
Figure 8. Dépenses pour l’entretien et la réhabilitation des routes : comparaison du Niger avec plusieurs autres nations subsahariennes
Source : Gwillliam et autres, 2009.
Note : L’analyse de l’adéquation des dépenses d’entretien des routes ne peut être effectuée que pour le réseau primaire relevant de la compétence fédérale.
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Existante Optimale pour la maintenance
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-60%
-40%
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Nigeria Niger Sénégal Côted'Ivoire
Libéria Ghana Bénin
Dép
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enta
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des
n
orm
es
Maintenance Réhabilitation
17
Au Niger, les actuelles dépenses en capital sont largement inférieures aux niveaux nécessaires pour
compenser le retard de réhabilitation et maintenir le réseau existant. En tenant compte de la répartition
actuelle de l’état du réseau, si on envisage de compenser le retard actuel de réhabilitation dans un délai de
cinq ans et de maintenir le réseau, il est possible de formuler des estimations détaillées des besoins de
réhabilitation et de maintenance pour le réseau routier du Niger. Les niveaux actuels des dépenses
d’investissement au Niger ne sont pas suffisant pour résoudre le problème de la réhabilitation : ils sont
inférieurs de 65 % à la norme de réhabilitation, un des plus grands écarts dans les pays d’Afrique de
l’Ouest.
Les dépenses d’entretien sont inférieures d’environ 70 % aux niveaux requis pour assurer un entretien
adéquat du réseau routier du Niger (Figure 8). Paradoxalement, le financement de l’entretien des routes a
diminué après la mise en place de la CAFER6, le fonds routier créé en novembre 1999. Un manque de
réalisme dans la programmation de l’entretien des routes a conduit à un sur-engagement des ressources de
la CAFER. Le manque de ressources et l’accumulation d’arriérés considérables au cours des dernières
années ont été deux obstacles majeurs à un entretien adéquat du réseau routier et au développement d’un
véritable sous-secteur des travaux privés-publics (Banque mondiale 2008c). Des fonds supplémentaires
seront nécessaires, malgré l’instauration de redevances routières pour les usagers, en particulier pour les
réseaux secondaire et tertiaire. Le réseau primaire absorbe en effet 89 % des ressources du fonds routier.
L’objectif est d’augmenter les redevances des usagers et d’éliminer progressivement les transferts directs
de trésorerie ou le financement externe. Mais il pourrait être particulièrement difficile de recouvrer
intégralement les coûts, à 26 centimes le litre, compte tenu du prix déjà élevé du carburant.
Chemins de fer
Réalisations
Des efforts ont été réalisés pour améliorer le fonctionnement et la capacité du système ferroviaire de
l’OCBN7, détenu conjointement par le Bénin et le Niger, et pour injecter des capitaux frais dans un
système en manque d’investissement. En février 2010, une concession a été accordée à une société privée
à travers un processus concurrentiel. Mais comme l’OCBN est une co-entreprise Niger-Bénin, le Bénin
exige l’accord et la participation du Niger pour tout accord de concession – et jusqu’à présent, le Niger
n’a pas accepté de s’engager.
6 Caisse autonome de financement de l’entretien routier. 7 Organisation commune Bénin-Niger.
18
Tableau 7. Indicateurs du secteur des chemins de fer pour l’OCBN et d’autres compagnies ferroviaires
Dernière année disponible
Indicateur Unité
OCBN SITARAIL GRC TRANSRAIL NRC
Bénin
Niger
Burkina Faso
Côte d’Ivoire Ghana
Mali
Sénégal Nigeria
Société en concession 1 = avec concession, 0 = sans concession
1 1 1 1 1
Densité du réseau km/km2 5,1 2,2 4 5,4 3,8
Densité du réseau km/million d’habitants 66 39 40 77 23
Productivité du travail 1 000 unités de trafic par employé 40 481 84 26 37
Productivité des convois 1 000 passagers-km par convoi 900 862 416 737
Productivité des locomotives Unités de trafic par locomotive 3 35 7 40 13
Productivité des wagons 1 000 tkmn par wagon 74 1 020 458 804 59
Unité de trafic – fret Million tkmn 24 670 224 409 77
Unité de trafic – passagers Millions tkmn 18 25 64 113 174
Rendement moyen du fret Cents EU/tkmn, moyenne 2000-05 5,8 5,5 4,4 3,3
Rendement moyen des passagers
Cents EU/pkm, moyenne 2000-05 2 3,3 2,4 2,2
Source : Base de données AICD sur les chemins de fer Note : tkmn = tonnes-kilomètres nettes
Défis
La création de l’OCBN a augmenté le coût du transport terrestre au Niger. Le Bénin et le Niger exploitent
conjointement la ligne ferroviaire Cotonou-Parakou et coordonnent le transport routier complémentaire
entre Parakou (au Bénin) et Niamey (au Niger). À Cotonou, les chargements sont en règle générale
expédiés par le train, mais si l’OCBN ne peut les accepter dans un délai raisonnable par manque de
capacité, une alternative spéciale est offerte par les camions approuvés par l’OCBN. Cette situation se
produit souvent parce que le train ne peut transporter que 150 000 à 200 000 tonnes par an en provenance
de Cotonou, étant donné que la capacité théorique de 600 000 tonnes par an est dépassée. Le chemin de
fer va jusqu’à Parakou (voir Encadré 1) et les marchandises et conteneurs sont ensuite transférés sur des
camions approuvés par l’OCBN sur base d’un système de rotation.
En règle générale, deux tiers des cargaisons sont réparties dans des camions en provenance du Niger et un
tiers en provenance du Bénin. Le tarif est fixé pour la totalité du parcours (Cotonou à Niamey), mais en
réalité, les transporteurs nigériens vendent souvent leurs « droits de conduite » à leurs homologues
béninois et les tarifs sont négociables. Les transporteurs tentent ensuite de recouvrer leurs coûts et de
compenser la faiblesse des tarifs en surchargeant leurs camions, ce qui est un problème majeur pour
l’entretien des routes au Niger. Une autre option pour l’importateur est de mentionner comme destination
le Bénin et d’obtenir ensuite une déclaration de réexportation, ou de payer des droits « non officiels » à la
frontière (Cadre intégré renforcé 2008).
19
Encadré 1. Étendre ou non la ligne ferroviaire jusqu’au Niger ?
L’intention de l’OCBN a toujours été d’étendre la ligne de chemin de fer jusqu’à Niamey. Même si le choix du transport routier comporte des avantages, il est difficile de gérer correctement le secteur du camionnage et de le moderniser avec des véhicules rentables et fiables.
Toutefois, un trafic d’un ou même de deux millions de tonnes justifie-t-il l’investissement nécessaire pour la ligne ferroviaire de Parakou-Niamey ? D’autres chemins de fer africains ont un modèle de trafic similaire et sont exploités assez efficacement sous concession. Depuis environ 10 ans, Africarail (Geftarail Engineering Group), un groupe privé, défend un projet d’extension et se dit capable de mobiliser l’intérêt d’autres continents. Se fondant sur différentes études, il estime le coût de l’infrastructure du projet de 645 kilomètres de long à environ 65 milliards de francs CFA, avec un pont routier/ferroviaire sur le fleuve Niger. D’autres soulignent au contraire que de nouveaux chemins de fer n’ont pas été construits en Afrique depuis longtemps et que ceux qui ont été mis en concession n’ont pas nécessité la construction de nouvelles lignes.
Source : Cadre intégré renforcé, 2008.
Stimuler le trafic fret et passagers sur les voies de l’OCBN est un défi important pour le Bénin, où les
niveaux de trafic sont parmi les plus bas de la région. En moyenne, seulement 24 millions de tonnes-
kilomètres nettes et 18 millions de passagers-kilomètres ont été enregistrés entre 2001 et 2005 – ce qui
place les chemins de fer béninois derrière tous les autres chemins de fer de l’Afrique de l’Ouest (Tableau
7). La situation s’est encore détériorée et le transport passagers a été interrompu en 2007.
L’OCBN doit également améliorer sa productivité qui est inférieure à celle de la plupart des chemins
de fer d’Afrique de l’Ouest. Avec 40 000 unités de trafic par employé, la productivité de la main d’œuvre
de l’OCBN est comparable à celle de NRC, mais inférieure à celle de SITARAIL et de GRC
(respectivement de 481 000 et 84 000 unités de trafic par employé). En moyenne, les locomotives de
l’OCBN ont transporté 3 millions d’unités de trafic, le chiffre le plus bas de toutes les concessions de la
région. De même, avec 74 000 tonnes-kilomètres nettes par wagon, la productivité des wagons ne
représentait qu’une petite partie de celle de SITARAIL, de GRC et de TRANSRAIL. Seule la
productivité des trains, à 900 000 kilomètres par convoi, était comparativement élevée (Tableau 7).
Les tarifs du fret de l’OCBN sont les plus élevés de la région, avec une moyenne de 5,8 cents EU par
tonne-kilomètre. Seul SITARAIL a des tarifs du fret comparables. Par contre, les tarifs passagers, à 2
cents EU par passager-kilomètre, sont les plus bas de la région (Tableau 7).
Transport aérien
Réalisations
Comme dans beaucoup des pays voisins, la libéralisation régionale du marché du transport aérien en vertu
de la Décision de Yamoussoukro a permis à ce dernier de résister à la tendance mondiale à la récession.
Les chiffres préliminaires pour le Niger indiquent que la capacité a significativement augmenté entre
2007 et 2009, compensant ainsi le déclin enregistré entre 2001 et 2007. La capacité totale a augmenté de
215 703 sièges en 2001 pour atteindre un total estimé de 315 861 sièges en 2009 (Figure 9).
20
Figure 9. Évolution des sièges et des paires de villes au Niger
a. Sièges b. Paires de villes
Source : Bofinger, 2009. Extrait de la base de données pays de l’AICD (www.infrastructureafrica.org/aicd/tools/data). Note : D’après les informations rapportées aux systèmes de réservation internationaux
La flotte desservant le Niger a été rénovée. Environ 95 % de la capacité en sièges est neuve, en
grande partie grâce à la nature internationale des services. Quatre compagnies aériennes – Air France,
Royal Air Maroc, Afriqiyah Airways et Air Sénégal International – absorbaient plus de 80 % du trafic
régulier en 2007. En 2009, avec une part de marché de 14 %, Air Sénégal International a arrêté ses
activités.
Tableau 8. Comparaison des indicateurs de transport aérien pour le Niger et une sélection d’autres pays
Pays Niger Mali Tchad Nigeria Burkina Faso
République centrafricaine
Trafic (2007)
Sièges trafic intérieur (sièges par an) so so so 9 304 568 20 245 so
Sièges internationaux au sein de l’Afrique (sièges par an) 128 414 564 455 109 074 1 373 745 244 721 20 661
Sièges intercontinentaux (sièges par an) 41 717 165 776 88 608 2 437 702 147 095 23 842
Sièges disponibles par habitant 0,012 0,061 0,018 0,089 0,027 0,010
Indice de Herfindahl-Hirschmann – transport aérien (%) 18,97 11,75 36,35 71,4 22,89 50,26
Qualité
Pourcentage de sièges-kilomètres dans les avions récents 94,3 95,6 99,5 71,4 93,4 100
Pourcentage de sièges-kilomètres dans les avions moyens ou petits
44,9 51,8 93,6 27,6 46,7 23,5
Pourcentage des transporteurs passant les audits IATA/IOSA
0 0 0 28,6 0 0
Situation de l’audit FAA/IASA Pas d’audit
Pas d’audit
Pas d’audit
Pas d’audit Pas d’audit
Pas d’audit
Source : Bofinger, 2009. Extrait de la base de donnés pays de l’AICD (www.infrastructureafrica.org/aicd/tools/data). so = sans objet. - Note : L’indice Herfindahl-Hirschmann (IHH) est une mesure communément acceptée de la concentration du marché. Il est calculé en faisant la somme des carrés de la part de marché de chaque firme opérant sur le marché. Un IHH de 100 indique que le marché est un monopole. Plus l’IHH est bas, plus le pouvoir de marché exercé par une société/un agent unique est dilué. Toutes les données de 2007 sont basées sur les estimations et calculs des sièges programmés annoncés, publiés par le Dusiio SRS Analyzer. Elles couvrent 98 % du trafic mondial, mais une partie du trafic africain n’est pas prise en compte dans ces données. FAA = Administration fédérale de l’aviation américaine ; IASA = Évaluation de la sécurité de l’aviation internationale ; IATA = Association du transport aérien international ; IOSA = Audit de sécurité opérationnelle de l’IATA.
-
50,000
100,000
150,000
200,000
250,000
300,000
350,000
400,000
450,000
2001 2004 2007 2009 (Est)
No
mb
re d
e si
èges
Total International Intercontinental
0
2
4
6
8
10
12
14
16
18
20
2001 2004 2007 2009 (Est)
Pai
res
de
ville
s
Total International Intercontinental
21
Défis
Le marché nigérien du transport aérien est étroit, mais a une infrastructure relativement développée.
Ses volumes de trafic international et intercontinental sont parmi les plus bas de l’Afrique de l’Ouest. Le
nombre de sièges disponibles par habitant (0,12) est le deuxième plus faible de la région, après la
République centrafricaine (Tableau 8). Le sous-développement du secteur du transport aérien est un reflet
du faible niveau de l’activité économique nationale, du coût élevé du transport aérien par rapport au
pouvoir d’achat de la population et du coût du kérosène. Le Niger a trois aéroports internationaux à
Niamey, Agadez et Zinder, et trois aéroports nationaux à Maradi, Tahoua et Diffa. Les B747 ne peuvent
atterrir qu’à l’aéroport de Niamey, mais Agadez peut accueillir les Airbus 320. Les autres aéroports sont
construits selon les normes B737/200. Il existe aussi des pistes d’atterrissage en latérite qui sont utilisées
par l’aviation légère. Les six aéroports sont tous équipés d’installations de contrôle du trafic aérien,
notamment d’une tour de contrôle. Ces infrastructures doivent être réhabilitées pour maintenir un niveau
de sécurité conforme à la catégorie de l’aérodrome, mais le financement fait cruellement défaut (Cadre
intégré renforcé 2008).
La qualité du contrôle de la sécurité au Niger est inférieure à celle de certains de ses voisins et, sauf
pour l’adoption des lois exigées par l’aviation civile, la mise en œuvre des normes mondiales de
l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) et des pratiques recommandées se situe au-
dessous des moyennes mondiales. En général, cependant, l’adoption des lois de l’aviation civile donne
une indication des efforts déployés dans le pays pour relever les normes de sécurité globale et améliorer le
système de contrôle.
Ressources en eau
Le Niger est mal doté en eau par rapport aux pays situés dans des zones climatiques semblables, et il
dépend largement de ses voisins. Le Niger, un fleuve transnational qui traverse le sud-ouest du pays sur
environ 550 kilomètres, est le seul cours d’eau fournissant de l’eau en permanence au pays, et son débit a
diminué au fil du temps. Le Niger appartient à deux bassins internationaux : l’IrhazerLullemeden et le
Tchad. Les ressources en eau renouvelables par habitant sont estimées à environ 2 710 mètres cubes par
an (y compris les flux transfrontaliers), nettement moins que les 7 000 mètres cubes de la moyenne de
l’Afrique subsaharienne. La pluviosité varie entre 100 et 800 millimètres par an (avec une moyenne
annuelle de 151 millimètres), et près de 90 % du territoire reçoit moins de 350 millimètres.
Plusieurs facteurs exercent une forte pression sur les ressources en eau. Les besoins de la production
agricole représentent 95 % de la demande totale en eau. La demande à des fins domestiques et
industrielles – respectivement 4 et 1 % de la consommation totale d’eau - a augmenté au fil du temps. La
demande en eau urbaine devrait croître de 30 % au cours de la prochaine décennie (Banque mondiale
2009a).
Compte tenu du large éventail des utilisations concurrentes (agriculture, consommation domestique,
et industrie), il est essentiel d’avoir une base clairement définie pour l’attribution des droits d’usage de
l’eau entre les secteurs afin de maximiser l’impact sur le développement. Au-delà de l’investissement
dans l’entretien des barrages, la poursuite du développement de projets d’irrigation à petite échelle devrait
22
énormément contribuer à réduire la pauvreté rurale et à améliorer la résilience des moyens de subsistance
ruraux face aux sécheresses permanentes.
Irrigation
Le secteur agricole est au cœur de l’économie nigérienne. En 2008, l’agriculture représentait environ
45 % du PIB national et occupait environ 87 % de la population active (contre 59 % en Afrique
subsaharienne). Le secteur agricole du Niger a connu une croissance annuelle moyenne de 6 %, deux fois
celle de l’Afrique subsaharienne. Mais celle-ci n’a pas suffi pour faire du Niger un exportateur net. Le
Niger importe environ 50 % de sa consommation de céréales des pays voisins (Nigeria, Mali, Burkina
Faso, Ghana et Bénin). Le millet, la céréale la plus résistante à la sécheresse, représente près des deux
tiers de la production agricole totale. En dépit de sa contribution au PIB, la valeur ajoutée de l’agriculture
par travailleur du Niger (157 dollars EU par an), était nettement inférieure à la moyenne de l’Afrique
subsaharienne (575 dollars EU). La faible productivité s’explique par le caractère aléatoire des
précipitations, la persistance des sécheresses et la mauvaise qualité des sols, ainsi que la petite échelle de
la production (85 % de la production agricole totale est destiné à l’autoconsommation).
Les terres arables nigériennes sont estimées à 16,5 millions d’hectares, soit 13 % du territoire
national. Ce faible pourcentage s’explique par le fait que le désert occupe près des deux tiers de la partie
nord du pays. En 2004, 4,5 millions d’hectares, soit 27 % des terres arables, étaient consacrés à
l’agriculture (surtout pluviale) et principalement aux cultures du sorgho, du niébé et du manioc.
Les systèmes d’irrigation pourraient contribuer à tirer parti du potentiel agricole du Niger, qui jusqu’à
présent n’a été que partiellement exploité dans le cadre d’une agriculture pluviale. Le potentiel
d’irrigation du Niger est largement sous-développé. En 2004, 73 663 hectares étaient aménagés pour
l’irrigation et 12 000 autres hectares étaient exploités avec d’autres formes de gestion de l’eau.
L’investissement public a essentiellement été injecté dans les systèmes d’irrigation à petite échelle. La
superficie irriguée et la zone de gestion de l’eau représentaient à elles deux, 1,9 % du total de la superficie
cultivée, soit moins que la moyenne (3,5 %) des pays de l’Afrique subsaharienne. Entre 1973 et 2003, la
superficie irriguée a augmenté de 4,8 % par an, un taux de croissance supérieur aux 2,3 % de l’Afrique
subsaharienne. Même si les terres irriguées représentent une part négligeable de la superficie cultivée
totale, elles n’en représentent pas moins 30 % à la valeur totale de la production agricole. On estime
également que l’agriculture irriguée, principalement le riz, représente 14 % du PIB agricole.
La superficie irriguée actuelle pourrait être étendue avec un bon rendement économique. Les
simulations indiquent que, avec un seuil de taux de rendement interne (TRI)8 de 6 %, il serait
économiquement viable d’aménager pour l’irrigation 192 151 hectares supplémentaires, dont 35 %
pourraient être aménagés sur base de projets à grande échelle. Si le seuil de TRI est porté à 12 %, la
superficie économiquement viable pour l’irrigation est ramenée à 117 553 hectares rien pour les projets à
petite échelle uniquement, étant donné que les projets à grande échelle ne devraient pas avoir un TRI
supérieur à 12%. L’investissement requis pour réaliser cette expansion s’élèverait à 607 millions de
8 Les taux de rendement interne (TRI) pour l’irrigation sont calculés sur la base de diverses valeurs pour le coût de l’eau
(irrigation basée sur les barrages), trois niveaux alternatifs d’investissement dans l’irrigation, et des trajectoires en deux temps
pour les dépenses d’investissement. Pour l’irrigation à petite échelle, les zones rentables sont identifiées par pixel; pour
l’irrigation à grande échelle, les TRI sont calculés pour chaque barrage.
23
dollars EU (Tableau 9). La région ayant le plus fort potentiel d’irrigation se trouve dans le sud-ouest du
pays, dans la vallée du fleuve Niger, près de la frontière avec le Burkina Faso (Figure 10b).
Figure 10. Secteur de l’irrigation au Niger
a. Superficie d’irrigation existante b. Potentiel (scénario de base)
Source: Carte de la superficie irriguée actuelle : Atlas interactif de l’AICD pour le Niger (www.infrastructureafrica.org). Carte relatif au potentiel d’irrigation : You, 2008. Note: Le scénario de référence a été calculé sur la base suivante :
- coûts d'investissement : 3 000 dollars EU/hectare ;
- entretien du canal et distribution d’eau : 1 cent EU/mètre cube ;
- dépenses annuelles de fonctionnement et de maintenance des exploitations agricoles : 30 dollars EU/ hectare ; et
- un taux d'actualisation de 12 %. TRI = taux de rendement interne
Tableau 9. Potentiel d’irrigation du Niger
Coupure (%)
Grande échelle Petite échelle Total
Investissement TRI Augmentation de superficie
Investissement TRI Augmentation de superficie
Investissement TRI Augmentation de superficie
Millions de dollars EU
% Hectare Millions de dollars EU
% Hectare Millions de dollars EU
% Hectare
0 130 9,3 66 569 658 40,0 127 357 788 29,5 193 926
6 130 9,3 66 569 649 45,0 125 582 779 32,6 192 151
12 0 0,0 0 607 51,0 117 553 607 51,0 117 553
24 0 0,0 0 530 65,0 102 660 530 65,0 102 660
Source : D’après You et autres (2009). Note : L’eau d’irrigation peut être collectée de deux manières : à travers de grands systèmes basés sur des barrages ou de petits projets basés sur la collecte des écoulements dus aux précipitations. Les coûts d’investissement dans le développement de l’irrigation à grande échelle ne tiennent compte que de l’infrastructure spécifiquement dédiée à l’irrigation, telle que les canaux de distribution et la mise en place des systèmes au niveau des exploitations agricoles. Le potentiel de l’irrigation à petite échelle est évalué non seulement sur la base des conditions agro-écologiques, mais aussi en termes d’accès au marché, étant donné que l’irrigation n’est habituellement viable que si les rendements accrus peuvent être aisément commercialisés. Le coût unitaire est de 3 000 dollars EU/hectare pour les projets à grande échelle et de 2 000 dollars EU/hectare pour les projets à petite échelle. TRI = taux de rendement interne
24
Comparé à ses pairs de la région, le Niger a l’un des plus grands potentiels d’irrigation à petite
échelle et un taux de rendement attrayant (Figure 11), si l’on utilise un seuil de TRI de 12%.
Figure 11. Potentiel d’irrigation, projets à petite échelle
Source : D’après You et autres (2009). Note : Basé sur des estimations de seuils de 12 %, auxquels l’augmentation de superficie estimée pour les pays d’Afrique australe non repris dans la figure, est nulle. L’eau d’irrigation peut être collectée de deux manières : à travers de grands systèmes basés sur des barrages ou de petits projets basés sur la collecte des écoulements dus aux précipitations. Les coûts d’investissement dans le développement de l’irrigation à grande échelle ne tiennent compte que de l’infrastructure spécifiquement dédiée à l’irrigation, telle que les canaux de distribution et la mise en place des systèmes au niveau des exploitations agricoles. Le potentiel de l’irrigation à petite échelle est évalué non seulement sur la base des conditions agro-écologiques, mais aussi en termes d’accès au marché, étant donné que l’irrigation n’est habituellement viable que si les rendements accrus peuvent être aisément commercialisés.
Alimentation en eau et assainissement
Réalisations
Dans un contexte de forte croissance démographique, le Niger a enregistré des progrès notables dans la
réduction de sa dépendance aux eaux de surface, notamment en milieu urbain. Le pourcentage de la
population dépendant des eaux de surface est passé de 9,8 % en 1998 à 1,8 % en 2006, un niveau
nettement inférieur à la moyenne des pays à faible revenu et même des pays à revenu intermédiaire
(Tableau 10). En dépit d’une forte croissance démographique (3,4 % par an entre 1998 et 2006), près de
0,3 % de la population s’est détournée des eaux de surface, et 1,1 % de la population urbaine se tourne,
chaque année, vers d’autres systèmes d’alimentation en eau (Figure 13).
Le Niger a réussi à faire progresser sa population sur l’échelle de l’alimentation en eau grâce à un
recours extensif à des technologies à faible coût, telles que les bornes-fontaines, les puits et les forages.
L’accès aux bornes-fontaines est passé de 12,5 % en 1998 à 16 % en 2006 (Tableau 10), ce qui implique
qu’au niveau national, 2,1 % de la population a acquis un accès à ce mode d’approvisionnement en eau
(Figure 13). Le nombre des puits et forages a augmenté de 73 % à 76,4 % de la population entre 1998 et
2006. Le taux d’accès aux puits et forages au Niger, est deux fois plus élevé que celui des autres pays à
faible revenu. Mais seuls 20 % de ces puits sont considérées comme sans risques.
0
200
400
600
800
1000
1200
1400
1600
1800
0
10
20
30
40
50
60
70
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Au
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Augmentation de superficie (en milliers d'hectares) Taux de rendement interne (%)
25
Tableau 10. Comparaison des indicateurs d’eau et assainissement
Unité Pays à faible revenu Niger Pays à revenu intermédiaire
Milieu des années 2000 1998 2006 Milieu des années 2000
Accès à l’eau courante % de la population 10,5 4,4 5,8 52,1
Accès aux bornes-fontaines % de la population 16,2 12,5 16,0 18,9
Accès aux puits/forages % de la population 38,3 73,0 76,4 6,0
Accès aux eaux de surface % de la population 37,4 9,8 1,8 13,0
Accès aux toilettes à chasse % de la population 4,9 0,8 1,0 40,8
Accès aux latrines améliorées % de la population 9,9 8,1 12,4 1,4
Accès aux latrines traditionnelles % de la population 50,1 8,1 5,1 30,4
Défécation en plein air % de la population 40,3 82,9 81,5 14,3
2001 2005 2007
Consommation domestique de l’eau litre/habitant/jour 50,7 37 41 44 154
Collecte des recettes % des ventes 92,7 80 88 90 100,0
Pertes de distribution % de la production 34,3 22 19 17 26,8
Recouvrement des coûts [1] % des coûts totaux 56,0 41 57 67 80,6
Recouvrement des coûts d’exploitation % des coûts d’exploitation 65 161 113 130 145
Coût de la main d’œuvre Raccordements par employé 159 116 171 182 369
Coûts cachés totaux % des recettes 163 88 75 59 140
Niger Ressources en eau rares Autre régions en développement Cents de dollar EU par mètre cube 2005 2006
Tarif résidentiel 34 34 60 3–60
Tarif non résidentiel 76 80 120
Source : Enquêtes démographiques et de santé, et base de données AICD sur les services des eaux et d’assainissement (www.infrastructureafrica.org/aicd/tools/data).
Note : Chiffres sur l’accès tirés des enquêtes démographiques et de santé de 1998 et 2006. [1] Le recouvrement des coûts est estimé sur la base de l’hypothèse d’un coût d’investissement de 40 cents de dollar EU/mètres cubes.
— = Non disponible.
En 1999, les pouvoirs publics ont entrepris une ambitieuse réforme du secteur urbain de l’eau afin
d’améliorer la performance opérationnelle et financière du secteur grâce à une réduction des coûts
d’exploitation, à l’introduction de la gestion commerciale par le secteur privé, à la réalisation de
l’autonomie financière, et à l’expansion de l’accès. Quatre grands acteurs ont été impliqués dans ce
nouveau cadre institutionnel : 1) les pouvoirs publics qui ont été chargés de définir la politique sectorielle,
de gérer les ressources en eau, et d’élaborer la politique tarifaire ; 2) l’Autorité de régulation
multisectorielle (ARM), responsable de l’élaboration d’un cadre réglementaire et du suivi des services des
eaux en milieu urbain ainsi que des dispositifs contractuels entre les parties prenantes ; 3) la Société du
patrimoine des eaux du Niger (SPEN), responsable des investissements ; et 4) la Société d’exploitation
des eaux du Niger (SEEN), un opérateur privé sélectionné par appel d’offres concurrentiel, chargé de la
prestation des services. En mars 2001, la SPEN et les pouvoirs publics ont accordé à la SEEN, une
concession décennale basée sur les performances pour l’exploitation des systèmes d’alimentation en eau
de 51 centres urbains, couvrant 72 % de la population.
26
La réforme de l’eau en milieu urbain a entraîné une augmentation significative de l’accès à l’eau
courante et aux bornes-fontaines, ainsi que des améliorations non seulement des performances
opérationnelles et financières du secteur mais aussi de la qualité des services. En 1998, le taux d’accès de
la population à l’eau courante et aux bornes-fontaines en zones urbaines était respectivement de 27 % et
37 %. La société nationale des eaux (SNE) était en sureffectif et sa situation financière était compromise
par des politiques de recouvrement des coûts inadéquates et par l’accumulation des arriérés des clients
publics (estimé à environ 12 millions de dollars EU en 2000, soit l’équivalent de 125 % de ses recettes).
Le manque d’investissement a entraîné un retard important, avec pour conséquence, de fréquentes
pénuries d’eau. En 2006, l’accès à l’eau courante et aux bornes-fontaines a été respectivement étendu à
35 % et 56% de la population. Au cours des 10 années suivant la concession, les pertes systèmes ont
progressivement diminué, passant de 22 % en 2001 à 16 % en 2010, un résultat inférieur non seulement à
la moyenne des autres pays à faible revenu, mais aussi à la norme internationale de 20 % déterminée pour
les services publics performants. Le taux de collecte des recettes est passé de 80 % de l’ensemble des
factures à 97 % au cours de ces années, soit à peu près le taux moyen des autres pays à faible revenu
(Tableaux 6 et 7). Les raccordements par employé ont grimpé de 116 à 184. Jusqu’en 2006, des
ajustements tarifaires ont été régulièrement réalisés et ont permis de compenser l’augmentation du coût
unitaire total de la production de 58 cents de dollar EU en 2001 à 82 cents de dollar EU en 2009 (Tableau
11).9 La continuité de l’alimentation en eau est passée de 18 à 24 heures entre 2001 et 2009.
Tableau 11. Évolution des indicateurs opérationnels associés à la SPEN, Niger
Année Eau fournie
Pertes système Collecte des recettes
Coût total moyen
Tarif réel moyen
Coûts cachés totaux Coûts cachés totaux
(million m3/an) (%) (%) (dollars EU/m3) (dollars EU/m3) (millions de dollars EU/an) (% des recettes)
2001 32 22 80 0,58 0,27 8 88
2002 35 17 89 0,57 0,30 9 91
2003 36 17 94 0,80 0,36 14 121
2004 39 17 92 0,80 0,41 14 95
2005 42 19 88 0,82 0,47 14 75
2006 43 17 97 0,82 0,50 12 63
2007 47 17 90 0,82 0,55 13 59
2008 49 15 92 0,82 0,55 13 49
2009 52 16 97 0,82 0,55 13 50
Source : D’après Briceño-Garmendia, Smits et Foster (2009).
Note : SPEN = Société du patrimoine des eaux du Niger.
Les améliorations des performances opérationnelles et financières de la SPEN ont entraîné une
réduction des coûts cachés. Alors qu’en 2001 les coûts cachés représentaient 88 % des recettes de la
SPEN, en 2009, ils ne représentaient que quelque 50 % des recettes, un niveau comparable à celui des
autres services publics de la région (Figure 12b). En 2003, les coûts cachés ont atteint le niveau le plus
9 Depuis janvier 2006, les tarifs publiés pour l’eau n’ont pas été ajustés (voir les tarifs résidentiels en vigueur pour
10 mètres cubes et les tarifs non résidentiels pour 100 mètres cubes dans le Tableau 10). Mais en raison de
changements dans la composition de la facturation totale et la consommation totale des clients résidentiels et non
résidentiels, le tarif moyen en vigueur par mètre cube a enregistré une hausse, passant de 50 cents de dollar EU en
2006 à 55 cents de dollar EU en 2007 (voir Tableau 11).
27
élevé de la période 2001-2009 en raison d’une augmentation importante des coûts totaux moyens,
combinée à un tarif réel moyen relativement faible (Tableau 11).
Figure 12. Coûts cachés
Pourcentage des recettes
a. Évolution des coûts cachés dans le secteur de l’eau au Niger
b. Coûts cachés de certains services des eaux en Afrique de l’Ouest
Source : D’après Baneerjee et autres (2008b) et Briceño-Garmendia, Smits et Foster (2009).
Défis
La fréquence de la défécation en plein air au Niger est probablement la pire en Afrique subsaharienne et
s’est accrue au fil du temps. En 2006, 82 % de la population pratiquait la défécation en plein air au Niger,
deux fois plus que la moyenne des pays à faible revenu (Tableau 10). De plus, entre 1998 et 2006, près de
2,3 % de la population nationale y sont retournés chaque année. La situation était encore pire en milieu
rural, avec environ 2,7 %. La lenteur des progrès dans l’amélioration des latrines n’a pas suffi à
compenser le taux de croissance annuelle de la population nationale, estimée à 3,4 % (Figure 13b).
Les progrès de l’alimentation en eau en milieu rural sont insuffisants. Même si en 2006, 90 % de
l’eau en milieu rural étaient fournis par des puits et forages, seuls 22 % provenaient de puits ou forages
protégés. Étant donné qu’environ 30 % des installations d’eau en milieu rural ne fonctionnent pas
correctement, essentiellement à cause du manque de réhabilitation et d’entretien, l’accès effectif à l’eau
potable à partir des puits et forages a été encore réduit.
L’équilibre financier du secteur de l’alimentation en eau est en jeu si les ajustements tarifaires ne
prennent pas effet sous peu et si les arriérés de l’État continuent de croître. En janvier 2006, l’État a gelé
les tarifs de l’eau dans le cadre de sa politique de réduction de la pauvreté, et depuis, ils sont restés à 34
cents de dollar EU par mètre cube pour les clients résidentiels et de 80 cents de dollar EU par mètre cube
pour les clients non résidentiels (Tableau 10). Même si la SPEN a réussi à couvrir ses coûts
d’exploitation, les tarifs ne sont pas suffisants pour couvrir ses coûts d’investissement. En 2007, les
recettes ne couvraient que 67 % des coûts totaux (Tableau 10). Jusqu’en 2006, les clients publics étaient à
jour dans leurs paiements, mais depuis lors, les arriérés ont augmenté, atteignant plus de 2 millions de
dollars EU en 2009.
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Sous-tarification
Pertes
28
Figure 13. Expansion des bornes-fontaines et des latrines améliorées au Niger
Population y ayant accédé chaque année entre 1998-2006
a. Eau b. Assainissement
Source : Programme commun de surveillance 2010 de l’OMS, à partir des enquêtes démographique et de santé de 1988 et 2006.
Énergie
Réalisations
Les performances de NIGELEC10
, la compagnie d’électricité du Niger, se sont nettement améliorées après
la mise en place d’un programme de restructuration interne en 2006. Les pertes système qui représentaient
27 % de la production d’électricité en 2005 sont tombées à 17 % en 2009, moins que la moyenne
observée dans les compagnies des pays à revenu faible ou intermédiaire de l’Afrique subsaharienne. Ces
pertes dépassent cependant encore les 10 % des bonnes pratiques internationales. Le taux de
recouvrement des factures de 96 % de NIGELEC, dépasse celui des autres pays africains à revenu faible
ou intermédiaire, et il a augmenté depuis que l’État paye ses factures.
Le recouvrement des coûts accompagne les améliorations des performances de NIGELEC. À 0,17
dollar EU par kilowattheure (kWh), les consommateurs du Niger payent leur électricité environ 0,07
dollar EU de plus que la moyenne des pays africains où l'électricité provient de ressources thermiques.
Avec ce niveau tarifaire, les recettes de NIGELEC ont suffi pour récupérer les coûts de production en
2009. Ainsi, avec un recouvrement des coûts de 100 %, NIGELEC est plus performante que les
compagnies d’autres pays à revenu faible ou intermédiaire (Tableau 12).
10 Société nigérienne d’électricité.
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Puits/forages Eaux de surface
Croissance annualisée
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National Urbain Rural
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né
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%)
Toilettes à chasse d'eau Latrines améliorées
Latrines traditionnelles Défécation en plein air
Croissance annualisée
29
Les améliorations des performances de NIGELEC ont entraîné une diminution graduelle des coûts
cachés. La charge des coûts cachés, en pourcentage des recettes, est tombée de 21 % en 2007 à 10 % en
2009 (Figure 15a). Du fait de l’augmentation des coûts d’exploitation, due en grande mesure à la hausse
des prix du pétrole, en 2008, NIGELEC n’a pas réussi à recouvrer ses coûts et a subi des pertes équivalant
à environ 4 % des recettes. Par rapport aux coûts cachés des compagnies d’électricité de l’Afrique de
l’Ouest, ceux de NIGELEC sont modestes (Figure 15b).
Figure 14. Au Niger, les tarifs sont élevés par rapport à ceux d’autres pays à production thermique, mais modérés au sein de la large fourchette observée en Afrique.
Source : Briceño-Garmendia et Shkaratan (2010) ; estimations de l’AICD.
Note : Les estimations des tarifs réels moyens sont fondées sur les prix payés par les clients résidentiels et non résidentiels, pondérés par leur part de
la consommation totale.
RDC = République démocratique du Congo ; RCA = République centrafricaine.
Figure 15. Les coûts cachés de NIGELEC ont diminué au fil du temps Pourcentage des recettes a. Coûts cachés de NIGELEC b. Coûts cachés des compagnies d’Afrique de l’Ouest
Source : Tiré de Briceño-Garmendia, Smits et Foster (2009).
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Inefficacité de la collecte des recettes Sous-tarification Pertes
30
Tableau 12. Indicateurs de l’énergie comparés à ceux de groupes de pays sélectionnés
Niger
Pays à faible revenu non fragiles
Pays à revenu intermédiaire
Accès (national) % de la population 8 33 50
Accès (urbain) % de la population 41 86 101
Accès (capitale) % de la population 53 81 81
Accès (rural) % de la population 0 12 32
Capacité de production installée MW par million d’habitants 105 651 36 971
Production installée MW par million d’habitants 8 20 799
Capacité de production opérationnelle MW 92 917 35 917
Entreprises qui considèrent l’électricité comme une contrainte pour leurs activités
% des entreprises 41 52 31
Entreprises ayant leur propre groupe électrogène
% des entreprises 20 41 18
Coupures de courant Jours/an 5 10 6
Coupures de courant % des ventes 5,6* 6 2
Taux de collecte des recettes % de la facturation 96 92 91
Pertes système % du total généré 17 24 20
Recouvrement des coûts % du total des coûts 100 89 85
Recette unitaire Centimes de dollar EU par kWh
19 14 13
Total coûts cachés % de la recette 10 69 0
Centimes de dollar EU Niger (2006)
À prédominance thermique
Autres régions en développement
Tarif électrique réel Résidentiel à 100 kWh 18,17 10,27
5,0–10,0 Tarif électrique réel Commercial à 100 kWh 15,75 11,73
Tarif électrique réel Industriel à 50 000 kWh 18,17 11,39
Source : Chiffres de 2005 pour les pays fragiles et non fragiles, calculés à l’aide de la base de données sur l'électricité de l'AICD (www.infrastructureafrica.org/aicd/tools/data), qui contient les données sur les ménages. Pour la RCA, l’accès national est celui de 2008 (Banque mondiale 2010a) ; les coupures de courant sont de celles de 2005 (Rosnes et Vennemo 2009) ; le taux d’encaissement correspond à 2010 (Banque mondiale 2010b) ; le ratio coût-recouvrement, les pertes système et la recette unitaire sont de 2009 (NIGELEC 2009). Note : kWh = kilowattheure ; MW = mégawatts.
Défis
Malgré un taux de recouvrement des coûts actuellement élevé, la situation financière de NIGELEC est
menacée par les hausses potentielles du coût de l’énergie au Nigeria, étant donné que le Niger dépend
fortement de ce dernier pour son électricité. Aux termes d’un accord passé entre le Niger et le Nigeria en
1977, la compagnie publique d’électricité nigériane fournit à NIGELEC 90 % des besoins énergétiques du
Niger, au tarif préférentiel de 0,03 dollar EU le kilowattheure (Banque mondiale, 2007b) ; et le Nigeria
offre au Niger une subvention de 0,05 dollar EU par unité d’énergie importée. En 2009 le Nigeria a
subventionné des importations d’énergie pour un montant estimé à 26,5 millions de dollars EU (soit
environ 3 % de ses recettes). À long terme, au cas où le Nigeria augmenterait ses tarifs de l’électricité
jusqu’à un niveau lui permettant de recouvrer ses coûts (0,08 dollar EU par kilowattheure), le
recouvrement des coûts par NIGELEC serait menacé car les tarifs actuels ne le permettraient plus. Les
31
coûts cachés atteindraient alors 40 % des recettes du Niger – quatre fois leur valeur de 2009 – et
NIGELEC se retrouverait avec une perte additionnelle de 26,5 millions de dollars EU par an due à la
sous-tarification.
Figure 16. Le coût de la production d’énergie au Niger est d’un niveau moyen
Source : Briceño-Garmendia et Shkaratan (2010) ; estimations de l’AICD.
À cause du coût actuel élevé de la production thermique nationale, NIGELEC pourrait ne pas être
capable de faire face à une éventuelle hausse des prix de l’électricité nigériane. Le coût de production du
kilowattheure de NIGELEC est parmi les plus élevés d’Afrique de l’Ouest (Figure 16) : en moyenne,
atteint 0,16 dollar EU par kilowattheure, dont 0,06 dollar EU seulement est attribuable à la production en
tant que telle (NIGELEC 2009). Le coût de production comprend le coût de l’énergie importée du Nigeria
(environ 87 % de toute l’énergie produite, à 0,03 dollar EU le kilowattheure), de celle produite à partir de
carburant (environ 8 % du total produit, au coût astronomique de 0,30 dollar EU le kilowattheure), et de
celle fournie dans le pays par SONICHAR (environ 4,3 % du total produit, à 0,12 dollar EU le
kilowattheure). Les autres coûts ne correspondant pas directement à la production, correspondant à 0,10
dollar EU, sont imputables aux dépenses de main d’œuvre et aux nouveaux investissements dans le
transport du courant, entre autres.
Tableau 13. Le prix élevé du carburant fait grimper les coûts de la production locale d’électricité.
Pays Coûts de la production
d’électricité (dollars EU/kWh)
Prix du carburant (cents de dollar EU/litre)
2004 2006 2008
Burkina Faso 0,39 94 112 133
Mali 0,39 90 104 110
Niger 0,16 94 111 97
Nigeria 0,15 45 66 113
Ghana 0,12 43 84 90
Côte d’Ivoire 0,11 95 106 120
Source : GTZ, 2009. Note : kWh = kilowattheure.
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Coûts d'investissement Coûts d'exploitation
32
Les coûts de l’énergie thermique produite dans le pays sont liés au prix du diésel. Comme dit plus
haut, cette électricité est particulièrement chère : 0,30 dollar EU le kilowattheure. Entre 2004 et 2008, les
prix du diésel au Niger étaient élevés par rapport à certains des pays voisins, allant de 0,94 à 1,11 dollar
EU le litre (Tableau 13). L’absence de ressources pétrolières contraint le Niger à importer un transporté
par la route. Ce transport est particulièrement coûteux, comme tous les déplacements empruntant les
corridors de l’Afrique de l’Ouest (les coûts, dépassent 0,11 dollars EU par tonne-kilomètre, sont parmi les
plus élevés du monde).
La forte dépendance du Niger vis-à-vis des importations à partir du Nigeria est due à ses
infrastructures énergétiques limitées, en particulier sa capacité de production. La capacité installée du
Niger, de 105 mégawatts, essentiellement thermique, n’équivaut qu’au dixième de la capacité des PFR
comparables. Par million d’habitants, elle n’est que de 8 mégawatts, nettement moins que la moyenne des
PFR (Tableau 12) et une des plus faibles du continent. Le Niger pourrait envisager de développer ses
propres sources d'énergie nationales, notamment hydroélectriques. Le barrage de Kandadji, le premier
projet hydroélectrique du Niger, qui est sur le point d’être construit, augmentera la production nationale et
pourrait même fournir un excédent d’énergie aux pays voisins d’Afrique de l’Ouest.
L’insuffisance des infrastructures énergétiques se traduit par de fréquentes pénuries d’électricité, qui
restreignent la capacité des entreprises à mener leurs activités. En 2009, le Niger a connu 21 coupures de
courant par mois, contre une moyenne de 11 dans les pays subsahariens, même si la durée moyenne de
ces pannes a été inférieure à celle des autres régions du continent (environ 2 heures par panne, contre 6
heures en Afrique subsaharienne). Plus de 41 % des entreprises du Niger ont déclaré que la pénurie
d’électricité entravait gravement leurs activités. Les hôtels ont été encore plus touchés : 70 % d’entre eux
rapportent que l’électricité est une sérieuse contrainte (Banque mondiale 2006 ; Banque mondiale 2009e).
Les entreprises du Niger tirent 20 % de leur électricité de leurs propres générateurs, contre 25 % en
Afrique subsaharienne. Près de 6 % du chiffre d'affaires annuel des entreprises est perdu à cause des
pannes électriques ; la situation n’est donc pas meilleure que dans d’autres PFR d’Afrique (Banque
mondiale 2006). Au Niger, il faut en moyenne 4 mois11
pour qu’une entreprise obtienne un raccordement
électrique permanent, et le coût de cette opération équivaut en moyenne à 43 fois le revenu par habitant
(Banque mondiale 2010a).
En particulier, la croissance future de l’industrie minière est menacée par l’insuffisance des
infrastructures énergétiques. L’industrie minière est la source de plus de la moitié des recettes des
exportations du Niger, et son avenir est lié de manière critique à la disponibilité d’une distribution
électrique adaptée à ses besoins. Les dernières années ont vu un accroissement rapide de la demande
d'uranium sur le marché mondial, notamment pour appuyer l'essor de la production d’électricité de la
Chine (EIU 2010). Depuis 1981 SONICHAR12 extrait du charbon destiné à la production et à la
distribution d’électricité aux villes d’Arlit et d’Akouta, et pour les mines d’uranium de SOMAIR et de
COMINAK. À la fin de 2006, l’estimation des réserves restantes de SONICHAR (4 933 043 tonnes) ne
suffisait pas pour produire l’électricité nécessaire au fonctionnement de l’industrie minière, en croissance
soutenue dans la région (Banque mondiale 2010b). De nouvelles réserves de charbon pouvant servir à la
11
Getting Electricity Database 2010. Le nombre de jours nécessaires pour obtenir un raccordement permanent
correspond au délai moyen que la compagnie d’électricité et les experts indiquent comme nécessaire dans la pratique
(et non au délai légal) pour l’exécution complète de la procédure. 12
Société nigérienne du charbon.
33
production d’électricité ont été découvertes récemment. La croissance de l’industrie minière dépend d’une
expansion de la production d’électricité capable de soutenir l’activité des industries extractives.
Vu l’insuffisance des infrastructures énergétiques nigériennes, les taux d’accès à l’électricité sont bas,
en particulier en zone rurale. En 2005, seuls 8 % de la population totale du pays avaient accès à
l’électricité, soit un quart du taux observé dans les pays pairs comparables. Environ 41 % de la population
nigérienne urbaine est raccordée, contre 86 % dans les PFR. Pratiquement personne n’a l’électricité dans
les zones rurales du Niger, alors que 12 % des habitants des campagnes l’ont dans les pays pairs (Tableau
12). Aucun investissement significatif n’ayant été réalisé dans le secteur au cours de la période 2000-
2005, les besoins d’investissement de NIGELEC demeurent substantiels (Banque mondiale 2007b).
Le faible accès à l’électricité a un impact négatif sur la durabilité environnementale au Niger.
Combinée à l’accès limité à l’électricité, la croissance démographique accélérée, de 3,4 % par an, a
encore augmenté la dépendance vis-à-vis des sources d’énergie traditionnelles pour la consommation des
ménages. La dépendance vis-à-vis des combustibles traditionnels exerce une pression indue sur le bois à
brûler et, donc, sur les ressources forestières, induisant une surexploitation de la couverture forestière
naturelle. Chaque année, seulement 5 000 hectares sont reboisés alors que 100 000 hectares de forêts sont
rasés (Banque africaine de Développement 2005). La combustion domestique de biomasse augmente
aussi les émissions de carbone.
Technologies de l’information et de la communication
Réalisations
Le Niger a réalisé un certain nombre de réformes visant à encourager la compétition dans le secteur
des TIC. La libéralisation du marché de la téléphonie mobile a permis d’octroyer des licences à trois
nouveaux opérateurs, respectivement en 2001, 2004, et 2008. La SONITEL,13
la société de téléphonie fixe
en place, a été privatisée en 2001. En 2007, l’État a également accordé une licence de service globale à
France Télécom, lui permettant de fournir toutes les sortes de services TIC (par exemple : la téléphonie
fixe, la téléphonie mobile, et Internet). ARM, l’un des rares organes de réglementation multisectorielle en
Afrique14
, a été créé pour superviser le secteur des télécommunications.
Le pays a connu une forte extension de la couverture et de l’accès à la téléphonie mobile. Alors que le
signal du réseau mondial de téléphonie mobile (GSM – Global system for mobile communications) était
presqu’inexistant en 2000, il couvrait environ 50 % de la population en 2008 (un taux cependant toujours
inférieur à la moyenne de 63 % des pays comparables). La percée de la téléphonie mobile s’est accrue,
passant de moins de 1 pour 100 habitants en 2000 à 12,8 pour 100 habitants en 2008 – soit la moitié de la
moyenne des pays à faible revenu (PFR), et un dixième de la moyenne des pays à revenu intermédiaire
(PRI). L’impact de la percée accrue de la téléphonie mobile commence à se faire sentir sur le
développement économique et social du pays, notamment en ce qui concerne la réduction de la pauvreté
(Aker 2008). Une étude sur le secteur des céréales au Niger a observé que l’introduction de la téléphonie
mobile a réduit l’asymétrie des prix, diminué les frais de recherche de la contrepartie, amélioré l’efficacité
du transport du grain, et contribué à la réduction de la pauvreté.
13 Société nigérienne des télécommunications. La privatisation de la SONITEL a eu lieu en décembre 2001; 51 % des actions ont
été attribués à un consortium sino-libyen, l’État nigérien restant propriétaire à 49 %. 14 ARM est également responsable pour le transport, l’énergie et l’approvisionnement en eau.
34
Table 14. Comparaison des indicateurs TIC
Pays à faible revenu Niger Pays à revenu intermédiaire
Indicateur Unité 2008 2000 2005 2008 2008
Couverture GSM % de la population captant le signal
63 —* 22 46 96
Téléphonie mobile Abonnés/100 habitants 24 0,02* 2,4 12,8 95
Large bande internationale Bits/habitant 24,8 0,04 2,4 7 209,3
Internet Utilisateurs/100 habitants 3,5 0,04 0,3 0,7 7,0
Téléphonie fixe Abonnés/100 habitants 0,8 0,2 0,2 0,4 9,2
Prix du forfait mobile Dollars EU par mois 11,0 17,0 16,8 12,8 9,2
Prix du forfait fixe Dollars EU par mois 10,4 10,8 12,4 11,8 11,4
Prix de la large bande fixe Dollars EU par mois 287 — 131 52 57
Prix d’un appel aux États-Unis Dollars EU par minute 0,7 0,6 0,7 0,5 0,6
Prix d’un appel entre pays africains Dollars EU par minute 0,9 — 0,4 0,7 1,1
Source: Adapté d’ARM, Zain, des rapports d’Orange, et d’ICT At-a-Glance de la Banque mondiale. Note : Converti en dollars EU sur base du taux de change moyen annuel (chiffres de 2010 utilisant les taux de change de 2009). Les chiffres relatifs à la pénétration sont tirés des données démographiques de l’Institut national de la statistique. * Le premier réseau numérique GSM inauguré en 2001. Avant cette date, le réseau mobile était analogique. GSM = système mondial de téléphonie mobile. — = Non disponible.
Défis
Le Niger est toujours confronté à d’énormes défis en ce qui concerne l’extension de l’accès aux TIC.
Parmi les obstacles à surmonter, on peut citer : la faiblesse des revenus, les prix relativement élevés, le
manque d’électricité,15
et un vaste territoire enclavé. Le Niger a néanmoins la possibilité de développer ce
secteur, avec un opérateur en place partiellement privé, un deuxième opérateur national, et un marché de
la téléphonie mobile concurrentiel.
15 Environ 10 % seulement des ménages ont accès à l’électricité.
Figure 17. L’écart de marché efficient au Niger est le plus élevé de la région
Source : Mayer et autres (2009) avec les chiffres de couverture GSM à partir de 2005. Note : L’accès actuel représente le pourcentage de la population couverte par la téléphonie vocale à partir du troisième trimestre 2006. L’écart de marché efficient représente le pourcentage de la population pour laquelle les services de téléphonie vocale sont commercialement viables étant donné les marchés efficients et concurrentiel. L’écart de couverture représente le pourcentage de la population pour laquelle les services ne sont pas viables sans subventions.
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Accès existant Écart de marché efficient Écart de couverture
35
Avec un revenu par habitant de 300 dollars EU en 2008, le Niger est le sixième pays le plus pauvre du
monde.16
Bien que le marché de la téléphonie mobile soit concurrentiel, les prix n’ont pas chuté aussi
nettement que prévu, et près de la moitié des communautés rurales n’ont toujours pas accès aux services
des télécommunications (Adamou 2009). Les prix de la téléphonie fixe et mobile ainsi que d’Internet sont
tous supérieurs à la moyenne régionale (Tableau 1). Les estimations suggèrent que, pour arriver à une
couverture universelle de la téléphonie mobile, environ 14 % de la population devraient bénéficier de
subventions (Figure 17). L’amélioration de la gestion du fonds du service universel devrait efficacement
combler l’écart de couverture dans les zones rurales qui sont peu susceptibles d’être couvertes par les
services commerciaux.
Au niveau régional, le Niger a le plus faible taux de pénétration de la téléphonie mobile de tous les
pays membres de la CEDEAO, bien que la Guinée-Bissau, le Libéria et la Sierra Leone aient tous des
revenus par habitant inférieurs au sien (Tableau 15).
La pénétration d’Internet est faible, avec à peine plus de 1 % de la population. Toutefois, certains
indices montrent que ce marché commence à se développer, en particulier la récente augmentation des
connexions internationales (Figure 18a) et des offres de services sans fil à haut débit, et la réduction des
prix de détail d’Internet. La pénétration et l’accès à Internet du Niger accusent toujours un retard par
rapport à la plupart de ses pairs de la CEDEAO (Figure 18b). Le prix d’un abonnement ADSL17
fixe avait
baissé de plus de la moitié (en monnaie locale) en 2008. L’opérateur en place offre un service sans fil de
type CDMA18
avec une option d’accès illimité à Internet, pour environ 30 dollars EU par mois. France
Télécom offre également un accès Internet WiMAX19
à travers sa filiale Orange.
La mise en place d’un réseau national haut débit en fibre optique reste un défi pour le Niger. La
connexion au réseau fédérateur intérieur dans la partie occidentale du pays est partiellement desservie la
fibre optique, mais la plus grande partie du Niger est reliée par des connexions hertziennes ou satellites.
En dépit de son enclavement, le Niger a accès à un câble sous-marin international via le Bénin et le
Burkina Faso. Actuellement, la connexion est limitée au câble Atlantique Sud 3 (SAT-3), mais sera
étendue au cours des prochaines années, à mesure que des câbles supplémentaires seront posés le long de
la côte ouest de l’Afrique. SONITEL, la société en place qui contrôle le réseau national d’interconnexion
en fibre optique constitue un goulot d’étranglement potentiel. Il importe d’assurer un accès ouvert, soit en
veillant à ce que les prix de gros de l’accès soient concurrentiels, soit en encourageant d’autres opérateurs
à construire leurs propres réseaux en fibre optique. Les organes de réglementation doivent faire en sorte
que le prix de gros de l’accès au réseau d’interconnexion en fibres optiques soit compétitif.
16 Basé sur le revenu national brut (RNB) par habitant, selon la méthode Atlas. Données issues des indicateurs du développement
dans le monde de la Banque mondiale (http://data.worldbank.org/indicator/NY.GNP.PCAP.CD). 17 Asymmetric digital subscriber line (ligne numérique à paires asymétriques). 18 Code division multiple access (accès multiple par répartition en code). 19 Worldwide interoperability for microwave access (normes pour les connexions à haut-débit par voie hertzienne).
36
Tableau 15. Pénétration de la téléphonie mobile dans les pays de l’Afrique de l’Ouest
Nombre d’abonnés pour 100 personnes
Pays 2005 2006 2007 2008 2009
Croissance annuelle moyenne (%)
Bénin 8,4 12,8 23,1 44,7 46,7 54
Burkina Faso 5,3 6,9 11,7 17,9 25,3 48
Côte d’Ivoire 12,3 20,2 36,6 45,4 54,4 45
Cap-Vert 17,2 22,5 31,0 55,6 68,1 41
Ghana 11,5 22,6 32,4 51,4 63,0 53
Gambie 15,4 25,9 33,4 51,3 59,6 40
Guinée-Bissau 6,3 9,0 19,2 23,9 29,5 47
Libéria 3,2 11,9 15,0 19,0 26,3 70
Mali 7,6 12,6 20,5 27,0 32,3 43
Mauritanie 22,9 34,8 48,3 62,7 75,0 35
Niger 2,4 4,1 6,7 11,6 18,4 67
Nigéria 12,7 23,1 27,8 42,6 48,1 40
Sénégal 16,3 27,3 36,8 43,1 53,8 35
Sierra Leone 4,6 5,0 13,2 16,2 20,0 44
Togo 8,6 13,7 22,4 27,7 48
Moyenne simple 10,3 16,8 25,2 36,0 44,3 44
Source : AICD.
Figure 18. Le marché de l’Internet au Niger accuse un retard par rapport aux autres pays de la CEDEAO
a. Tendances des services Internet, Niger b. Services Internet, CEDEAO, 2008
0
1
2
3
4
5
6
7
8
0.0
0.1
0.2
0.3
0.4
0.5
0.6
0.7
0.8
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
Hau
t d
ébit
Inte
rnet
inte
rnat
ion
al
Uti
lisat
eurs
In
tern
et
Utilisateurs Internet (pour 100 personnes)
Haut débit Internet international (bits par seconde parpersonne)
0
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100
150
200
250
300
350
0
2
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6
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14
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Nig
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Cap
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Nig
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Hau
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Inte
rnet
inte
rnat
ion
al
Uti
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eurs
In
tern
et
Utilisateurs Internet (pour 100 personnes)
Haut débit Internet international (bits par seconde par personne)
37
Financement des infrastructures du Niger
Pour répondre à ses besoins d’infrastructure les plus pressants et rattraper son retard sur les pays en
développement des autres régions du monde, le Niger doit développer ses actifs infrastructurels dans les
domaines clés (Tableau 16). Les objectifs décrits dans le Tableau 16 sont donnés à titre purement indicatif
mais ils représentent tout de même un niveau d’aspiration qui n’est pas déraisonnable. Élaborés d’une
manière normalisée pour l’ensemble des pays africains, ils permettent une comparaison entre pays de
l’accessibilité financière de la réalisation des objectifs, qui peuvent être modifiés ou repoussés, si
nécessaire, afin d’atteindre un équilibre budgétaire.
Tableau 16. Objectifs illustratifs des investissements dans l’infrastructure du Niger
Objectif économique Objectif social
TIC Installer une liaison en fibre optique avec les capitales voisines et le câble sous-marin.
Offrir un accès universel au signal GSM et des installations publiques à haut débit.
Irrigation Développer des projets d’irrigation à petite échelle, économiquement viables, sur 117 553 hectares supplémentaires.
n.d.
Électricité Mettre en place des interconnecteurs de 206 mégawatts (scénario sans échanges commerciaux)
Faire passer le taux d’électrification national à 20 % (100 % en milieu urbain et 1 % en milieu rural)
Transport Assurer une bonne connectivité régionale (nationale) par des routes revêtues à 2 voies (ou 1 voie) de bonne qualité.
Permettre l’accès par route rurale à 37 % des terres agricoles à haute valeur, avec accès à une route urbaine dans un rayon de 500 mètres.
AEA n.d. Réaliser les objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), ainsi que les travaux de réhabilitation en retard.
Source : Mayer et autres 2009 ; Rosnes et Vennemo 2009 ; Carruthers, Krishnamani et Murray 2009 ; You et autres 2009. Note : AEA = Alimentation en eau et assainissement ; TIC = Technologies de l’information et de la communication ; GSM = Global system for
mobile communications (réseau mondial de téléphonie mobile). n.d. = Non disponible.
Tableau 17. Besoins indicatifs pour le financement des infrastructures au Niger, de 2006 à 2015
Millions de dollars EU par an
Secteur Dépenses d’investissement Exploitation et entretien Besoins totaux
TIC 53 40 92
Irrigation 64 2 66
Électricité (hors commerce) 126 58 184
Transport 74 66 139
AEA 213 52 266
Total 529 218 747
Source : Mayer et autres, 2009 ; Rosnes et Vennemo, 2009 ; Carruthers, Krishnamani et Murray, 2009 ; You et autres, ACDI, 2009. Tiré des modèles disponibles sur www.infrastructureafrica.org/aicd/tools/models. Note : AEA = Alimentation en eau et assainissement ; TIC = Technologies de l’information et de la communication.
Le coût de la réalisation de ces objectifs infrastructurels illustratifs pour le Niger s’élèverait à 747
millions de dollars EU par an sur dix ans. Sur cette somme, 71 % devraient être consacrés aux dépenses
d’investissement. Avec une estimation de 266 millions de dollars EU par an, l’alimentation en eau et
l’assainissement sont les secteurs ayant les besoins de dépense les plus importants pour la réalisation des
objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), suivis par l’énergie avec 184 millions de dollars
38
EU par an. Les besoins du secteur des transports s’élèvent à quelque 139 millions de dollars EU par an.
Enfin, pour satisfaire la demande et les normes de qualité des secteurs des TIC et de l’irrigation, 92 et 66
millions de dollars seront respectivement nécessaires chaque année (Tableau 17).
Les besoins financiers du Niger se situent dans la moyenne des autres pays d’ASS comparables. À
22,4 % de son PIB, ils sont inférieurs à ceux de la Sierra Leone, de l’Éthiopie, du Zimbabwe, du Congo
ou du Liberia (Figure 19). Les dépenses d’investissement pourraient absorber environ 16 % du PIB, soit
un niveau semblable à celui que la Chine consacrait à ses infrastructures au milieu des années 2000.
Le Niger consacre déjà une somme non négligeable (225 millions de dollars EU par an) à ses besoins
infrastructurels (Tableau 18). Environ 77 % de cette somme sont alloués aux dépenses d’investissement et
le reste aux dépenses d’exploitation. Le premier secteur bénéficiaire des dépenses infrastructurelles est
l’eau et l’assainissement (30 %), suivi des transports (28 %), de l’électricité (25 %), des TIC (14 %) puis
de l’irrigation (5 %).
Figure 19. Besoins financiers pour le développement des infrastructures au Niger dans le contexte régional
Exprimé en pourcentage du PIB
Source : Foster et Briceño-Garmendia, 2009.
Note : PFR = Pays à faible revenu ; PRI = Pays à revenu intermédiaire ; CEDEAO = Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest ; ASS = Afrique subsaharienne ; PIB = Produit intérieur brut ; E&M = Exploitation & maintenance ; Capex = Dépenses en capital.
Les dépenses actuelles du Niger représentent environ 6,7 % de son PIB (Figure 20), soit moins que la
moyenne des pays non fragiles à faible revenu comparables. Par rapport à ce même groupe, le Niger
dépense moins dans l’électricité et les TIC.
0 10 20 30 40 50 60 70 80
Cap-VertAfrique du Sud
NigeriaCôte d'Ivoire
OugandaBénin
GhanaMali
KenyaNiger
Sierra LeoneÉthiopie
ZimbabweCongo, Rép.dém. du
Libéria
PRIRiches en ressources
CEDEAOPFR-non fragiles
PFR-fragiles
ASS
% du PIB Capex E&M
39
Source : Tiré de Foster et Briceño-Garmendia (2009).
Note : E&M = Exploitation et maintenance ; APD = Aide publique au développement ; PPI = Participation privée dans l’infrastructure ; CAPEX = Dépenses en capital ; OCDE = Organisation de coopération et de développement économiques ; AEA = Alimentation en eau et assainissement ; TIC = Technologies de l’information et de la communication.
Figure 20. Les dépenses actuelles consacrées par le Niger aux infrastructures sont relativement faibles
En pourcentage du PIB
Source : Tiré de Foster et Briceño-Garmendia (2009).
Note : PFR = Pays à faible revenu ; PRI = Pays à revenu intermédiaire ; CEDEAO = Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest ; ASS = Afrique subsaharienne ; PIB = Produit intérieur brut ; E&E = Exploitation & entretien ; DEPCAP =
Dépenses en capital.
Alors que les dépenses d’exploitation sont entièrement couvertes par les ressources budgétaires et les
paiements des utilisateurs des infrastructures, les dépenses en capital sont financées par diverses sources
(Figure 18). Environ 36 % du financement des investissements proviennent des États fédéraux ou national
et des entreprises publiques (EP). Le Niger dépend fortement de l’aide publique au développement
(APD), qui représente 30 % de l’ensemble de ses dépenses en capital. Le financement privé joue
également un rôle significatif dans le financement des investissements infrastructurels au Niger, dont il
représente environ 18 %. Les financiers non OCDE couvrent environ 16 % des dépenses en capital. Au
0 5 10 15 20
Congo, Rép.dém. duCôte d'Ivoire
NigeriaNiger
Afrique du SudOuganda
Sierra LeoneMali
BéninGhanaKenya
ÉthiopieCap-Vert
LibériaZimbabwe
Riches en ressourcesCEDEAO
PFRPRI-fragiles
PRI-non fragiles
ASS
% of PIB Capex E&M
Tableau 18. Flux financiers destinés aux infrastructures nigériennes
millions de dollars par an
E&M Dépenses en capital
Dépenses totales
Secteur public
Secteur public APD
Financements non-OCDE PPI
Total CAPEX
TIC 0 0 0 3 27 31 31
Irrigation 2 8 0 0 0 8 10
Électricité 30 11 0 14 0 25 56
Transport 8 16 30 9 0 54 62
AEA 11 28 23 1 4 56 66
Total 51 63 53 27 31 174 225
40
Niger, l’APD profite principalement aux secteurs des transports et de l’eau, contrairement au secteur de
l’électricité (Figure 21).
Figure 21. Répartition des dépenses d’investissement dans les infrastructures, comparée aux pays de référence
Investissements dans le secteur des infrastructures en pourcentage du PIB, par source.
Source : Tiré de Briceño-Garmendia, Smits et Foster (2009).
Note : Les investissements privés comprennent l’autofinancement par les ménages. Les financiers non OCDE comprennent la Chine, l’Inde et les pays arabes. APD = Aide publique au développement ; OCDE = Organisation de coopération et de développement économiques ; TIC = Technologies de l’information et de la communication ; PIB = Produit intérieur brut ; AEA = Alimentation en eau et assainissement ; PFR = Pays à faible revenu.
Que peut-on faire de plus dans les limites des ressources existantes ?
Il serait possible de récupérer annuellement environ 62 millions de dollars EU de ressources
supplémentaires en améliorant l’efficacité des services publics et en augmentant le taux d’exécution du
budget du Niger (Tableau 19).
Dans les secteurs des routes et de l’eau, les plus grands gains d’efficacité pourraient être réalisés en
améliorant les taux de recouvrement des taxes sur les carburants et les tarifs de consommation de l’eau
(32 millions de dollars EU). Si toutes les factures des services de l’eau et de l’électricité étaient dûment
recouvrées, ainsi que celles de l’agence routière, 12 millions de dollars EU supplémentaires pourraient
être récupérés chaque année. L’optimisation du volume des effectifs des services publics des eaux et de
l’électricité permettrait d’économiser 8 millions de dollars EU par an. De plus, chaque année, quelque 6
millions de dollars EU sont gaspillés dans les fortes pertes de la distribution électrique, qui pourraient être
évitées. Enfin, une meilleure exécution du budget d’investissement permettrait de trouver 4 millions de
dollars EU supplémentaires pour les besoins des transports et de l’irrigation. De tous les secteurs, c’est
celui des routes qui pourrait réaliser les plus grandes économies – jusqu'à 28 millions de dollars EU par
an – en s’attaquant à ses inefficacités. Les économies potentielles sont également élevées dans les secteurs
de l’eau et de l’électricité : de l’ordre de 17 et 16 millions de dollars EU respectivement.
Niger PFR-non fragiles
0.0
0.5
1.0
1.5
2.0
2.5
Po
urc
enta
ge
du
PIB
Public APD Non-OCDE Privé
41
Tableau 19. Gains potentiels grâce à une meilleure efficacité opérationnelle au Niger
Millions de dollars EU
TIC Irrigation Électricité Transport AEA Total
Sous-tarification — n.d. 0 20 12 32
Sureffectif n.d. — 6 — 1 8
Pertes — — 6 — 0 6
Sous-recouvrement des recettes — n.d. 3 6 3 12
Faible exécution du budget 0 1 0 2 0 4
Total 0 1 16 28 17 62
Source : Tiré de Foster et Briceño-Garmendia (2009). Note : AEA = Alimentation en eau et assainissement ; TIC = Technologies de l’information et de la communication.
— = Non applicable ; n.d. = Non disponible.
Dans le secteur de l’eau, le tarif moyen facturé par le service public nigérien SPEN s’élevait à 0,55
dollar EU par mètre cube en 2009, pour un taux de recouvrement estimé à 0,82 dollar EU par mètre cube.
Le fardeau macroéconomique qui résulte de cette sous-tarification des services de l’eau représente 0,23 %
du PIB, un niveau légèrement inférieur à celui des autres PFR non fragiles. Les tarifs actuellement
facturés par NIGELEC étant suffisant pour couvrir les coûts de production, par ailleurs fortement
subventionnés par l’État, il ne semble pas y avoir un problème de recouvrement des coûts dans le secteur
énergétique nigérien (Figure 22).
Figure 22. La sous-tarification de l’eau au Niger constitue un fardeau comparativement moins lourd
Fardeau financier de la sous-tarification en pourcentage du PIB
Source : Tiré de Briceño-Garmendia, Smits et Foster (2009). Note : PIB = Produit intérieur brut ; PFR = Pays à faible revenu.
L’accès aux services des eaux et de l’électricité étant inéquitable au Niger, la subvention des tarifs est
hautement régressive. Près de 100 % des personnes raccordées au réseau électrique ou à l’eau courante
appartiennent au quintile supérieur des revenus tandis que de tels raccordements demeurent hors de portée
des ménages les plus pauvres (Figure 23). Seul le quintile le plus riche a accès à l’eau courante, tandis que
la majorité des personnes composant les quintiles les plus pauvres dépendent toujours des puits et forages.
0.0
0.2
1.3
0.3
0.0
0.2
0.4
0.6
0.8
1.0
1.2
1.4
Énergie Eau
Po
urc
enta
ge
du
PIB
Niger PFR-non fragiles
42
Figure 23. Au Niger, la consommation des services infrastructurels varie selon le quintile de revenu
a. Mode d’alimentation en eau, par quintile de revenu b. Prévalence du raccordement au réseau électrique au sein de la population, par quintile de revenus
Source : Banerjee et autres, 2009.
Note : Q1 – premier quintile de budget des ménages, Q2 – second quintile, etc.
Cette distribution inéquitable de l’alimentation en eau et des raccordements au réseau électrique
garantit que toute subvention de ces tarifs sera extrêmement régressive (Figure 24). Avec une mesure de
l’incidence dans la répartition de 0,27, le Niger a l’un des systèmes les plus régressifs de l’Afrique
subsaharienne.
À quel point les factures des services publics seraient-elles chères si les tarifs appliqués reflétaient
véritablement les coûts des services ? Avec un tarif permettant le recouvrement des coûts de 0,16 dollars
EU par kilowattheure et sur la base d’une consommation mensuelle de subsistance de 50 kilowattheures
pour l’électricité et de 10 mètres cubes pour l’eau, les factures de ces services s’élèveraient
respectivement à 8 et 8,2 dollars EU par mois, soit 16,2 dollars EU pour les deux services. En tenant
compte de la répartition des budgets des ménages nigériens, des factures mensuelles d’eau et d’électricité
d’un tel montant ne seraient abordables que pour moins de 20 % de la population (Figure 25). Pour une
consommation de subsistance plus faible, 25 kilowattheures par mois pour l’électricité et 4 mètres cubes
pour l’eau (ce qui permet de satisfaire les besoins les plus essentiels), les factures seraient respectivement
de 4,0 et 3,3 dollars EU par mois et seraient à la portée de la moitié de la population.
0%
20%
40%
60%
80%
100%
120%
Q1 Q2 Q3 Q4 Q5
% d
e la
po
pu
lati
on
Eau courante Bornes-fontaines
Puits/forages Eaux de surface
0%
5%
10%
15%
20%
25%
30%
35%
40%
Q1 Q2 Q3 Q4 Q5
% d
e la
po
pu
lati
on
Énergie
43
Figure 24. Subventions de l’eau bénéficiant aux pauvres
Source : Banerjee et autres, 2008a. Note : Omega est une mesure de l’incidence dans la répartition, c’est-à-dire de la proportion des subventions bénéficiant aux pauvres en pourcentage de leur part dans la population. Plus la valeur d’oméga est élevée, meilleure est la performance de la répartition de la subvention. Les valeurs d’oméga inférieures à 1 indiquent une subvention régressive ; les valeurs supérieures à 1 une subvention progressive. RCA = République centrafricaine ; RDC = République démocratique du Congo.
Les inefficacités opérationnelles des services publics de l’eau et de l’électricité coûtent au Niger
20 millions de dollars EU par an, soit 0,64 % de son PIB. La valeur annuelle des inefficacités de la
collecte des recettes et des pertes dans le secteur de l’électricité (16 millions de dollars EU) est nettement
plus élevée que dans celui de l’eau (4 millions de dollars EU). Le fardeau des inefficacités du secteur
public est considérablement moindre au Niger que dans les pays de comparaison, aussi bien pour le
secteur de l’eau que de l’électricité (Figure 26).
Figure 25. Accessibilité financière au Niger par rapport aux pays à faible revenu
Source : Banerjee et autres, 2009. Note : PFR = Pays à faible revenu.
0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9
RwandaBurkina
Malawi LilongweUgandaGuinéeGhana
Malawi BlantyreBurundiCap-Vert
TchadNiger
Côte d'ivoireCameroun
Nigéria FCTRDCTogo
Nigéria KadunaCongoGabon
RCASénégal
Omega
0
20
40
60
80
100
2 4 6 8 10 12 14 16
Par
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5 %
de
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Facture mensuelle des services publics (dollars EU Niger
LIC
Le coût moyen de l’électricité est de 4 dollars EU/mois pour une consommation de subsistance de 25 kilowattheures ou de 8,2 dollars EU/mois pour 50 kilowattheures Le coût moyen de l’eau est de 3,28 dollars EU/mois pour une consommation de subsistance de 4 mètres cubes ou de 8,2 dollars EU/mois pour 10 mètres cubes
44
Figure 26. Fardeau de l’inefficacité des services publics de l’eau et de l’électricité au Niger
Factures non recouvrées et pertes non comptabilisées en pourcentage du PIB a. Secteur de l’électricité b. Secteur de l’eau
Source : Tiré de Briceño-Garmendia, Smits et Foster (2009).
Écart de financement annuel
L’écart de financement des infrastructures du Niger s’élève à 460 millions de dollars EU par an, soit
environ 14 % de son PIB, une fois toutes les inefficacités prises en compte. Cet écart est particulièrement
important dans les secteurs de l’électricité et de l’eau, mais aussi des TIC, de l’irrigation et des transports
(Tableau 20).
Tableau 20. Écarts de financement par secteur
Millions de dollars EU
TIC Irrigation Électricité Transport AEA Total
Besoins de dépense (92) (66) (184) (139) (266) (747)
Dépenses actuelles 31 10 56 62 66 225
Gains d’efficacité 0 1 16 28 17 62
Écart de financement (62) (54) (112) (50) (183) (460)
Source : Tiré de Foster et Briceño-Garmendia (2009).
Note : Le calcul de l’écart de financement ne tient pas compte des excédents potentiels de dépense des secteurs car on ne peut être certain que ces excédents seront réorientés vers d’autres secteurs infrastructurels. AEA = Approvisionnement en eau et assainissement ; TIC = Technologies de l’information et de la communication.
Que peut-on faire d’autre ?
L’écart de financement peut être comblé par la levée de financements supplémentaires, l’adoption de
technologies à moindre coût ou l’extension de l’horizon temporel.
Dans le cas du Niger, il semble possible et réaliste d’augmenter le flux des ressources provenant de
sources alternatives, telles que les acteurs privés. En effet, comparé à ses pairs africains, le Niger n’a pas
0.000
0.100
0.200
0.300
0.400
0.500
0.600
0.700
Niger PFR-non fragiles
Po
urc
enat
age
du
PIB
Inefficacité de la collecte des recettes Pertes
0.00
0.05
0.10
0.15
0.20
Niger PFR-non fragiles
Po
urc
enat
age
du
PIB
Inefficacité de la collecte des recettes Pertes
45
réussi à attirer un volume important de financement privé dans l’infrastructure (Figure 27). Au début des
années 2000, les engagements d’investissement privé au Niger ne représentaient que 0,8 % de son PIB ;
principalement dans le secteur des TIC. Certains pays, tels que la République démocratique du Congo, le
Liberia, le Nigeria, l’Ouganda, le Kenya et le Sénégal, ont réussi à attirer des investissements privés à
hauteur de 1,8 à 2,5 % de leur PIB. Par exemple, la croissance du marché des TIC offre de nombreuses
possibilités d’investissement aux entreprises privées du Niger. D’un autre côté, l’injection de financement
privé dans les secteurs infrastructurels nigériens risque d’être limitée par le faible pouvoir d’achat.
Figure 27. Niger n’a attiré qu’une participation relativement faible du secteur privé
Moyenne annuelle entre 2002 et 2007
Source : Calculs de l’AICD. Note : PIB = Produit intérieur brut ; TIC = Technologies de l’information et de la communication.
L’adoption de technologies à moindre coût pourrait substantiellement réduire le coût de la réalisation
des objectifs fixés, de même que l’écart de financement. Si le Niger pouvait développer stratégiquement
ses capacités en mettant en place des centrales hydroélectriques, il pourrait réduire le déficit de ressources
du secteur électrique et réduire les besoins de celui-ci de 184 à 176 millions de dollars EU par an. Comme
mentionné dans le chapitre sur l’énergie, le Niger pourrait réduire sa dépendance vis-à-vis des
importations d’énergie à partir du Nigeria en renforçant les capacités hydroélectriques de ses centrales de
Kandadji, Dyondyonga et Gambou I. Le coût de la réalisation des OMD relatifs à l’alimentation en eau et
assainissement pourrait être ramené de 266 à 203 millions de dollars EU par an en utilisant des
technologies à moindre coût, telles que des bornes-fontaines, forages, latrines améliorées. De même, le
coût d’une connectivité des transports répondant aux normes pourrait être réduit de 139 à 91 millions de
dollars EU par an en faisant appel à des technologies de revêtement des routes moins chères (telles que les
traitements de surface unique). Les économies totales réalisées grâce à ces mesures pourraient atteindre
219 millions de dollars EU, réduisant ainsi de près de la moitié l’écart de financement actuel – ce qui
souligne l’importance des choix technologiques (Tableau 21).
0
0.5
1
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2
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Gui
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Nam
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Po
urc
enta
ge
du
PIB
Eau Transport Énergie TIC
46
Enfin, si toutes les autres mesures échouent, il faudra peut-être envisager une extension de l’horizon
temporel afin de réaliser les objectifs infrastructurels sur un délai plus long que la période de 10 ans
considérée ici. Les simulations indiquent que, même si le Niger n’arrive pas à attirer des financements
supplémentaires, si au moins les inefficacités peuvent être résolues, les objectifs infrastructurels identifiés
pourraient être réalisés en 27 ans. Toutefois, si les inefficacités devaient perdurer, l’enveloppe budgétaire
actuelle ne suffirait pas à réaliser les objectifs infrastructurels à moyen terme.
Tableau 21. Économies grâce à l’innovation
millions de dollars EU
Avant
innovation Après
innovation Économies
Économies en % de l’écart de financement
du secteur
Économies en % de l’écart de
financement total
Expansion de la capacité de production électrique
184 76 108 96 23
AEA - Technologies moins chère 266 203 63 34 14
Routes - Traitement de surface moins cher 139 91 49 98 11
Total 589 370 219 48 48
Source : Calculs de l’auteur. Note : AEA = Approvisionnement en eau et assainissement
47
Références bibliographiques
Ce rapport pays s’appuie sur un large éventail de documents, bases de données, modèles et cartes qui
ont été produits dans le cadre du Diagnostic des infrastructures nationales en Afrique. Tout ce matériel
peut être déchargé à partir du site web du projet : www.infrastructureafrica.org. Pour les documents, allez
à la page http://www.infrastructureafrica.org/aicd/documents, pour les bases de données, allez à la page
http://www.infrastructureafrica.org/aicd/tools/data, pour les modèles, allez à la page
http://www.infrastructureafrica.org/aicd/tools/models et pour les cartes, allez à la page
http://www.infrastructureafrica.org/aicd/tools/maps. Les références des documents utilisés pour le présent
rapport pays sont fournies ci-dessous.
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