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Démotivation et apathie
Philippe ThomasLimoges, 30 janvier 2008
1 Le concept de motivation
2Motivation et lésion cérébrale
3Motivation et lobe frontal
4Dépression et démotivation
5La démotivation
1Le concept de motivation
Paul Diel
Deci
Bentham
Festinger
Milgram
Seligman
Définition de la motivation
La motivation est le goût et le sens du mouvement (Berthoz A. Le sens du mouvement. Ed. O. Jacob. Paris. 1997.)
La motivation est l’association d’un désir et d’un comportement en vue d’élaborer et de faire aboutir un projet. Elle fait référence à la conscience d’une dynamique psychologique et d’une liberté intérieure propre à considérer ce projet comme digne d’intérêt. La motivation continue toute la vie, participant donc à l’image cognitive de la personne, image de soi intuitive, bâtie sur des aspirations, des désirs.
Paul Diel
Motivation et désirDiel P
Pour Diel, l’objet stimule l’excitabilité. C’est la distance, ou l’obstacle entre l’objet et la satisfaction du besoin allumé par l’objet qui fait le désir.La motivation est la réaction en suspens, déterminante de l’activité futureMal élaboré pour sa satisfaction, le désir éclate en désirs secondaires, palliatifs, multiples, insatisfaisants. Le rangement des actes selon le désir primordial permet de réharmoniser les tensions internes« … la pensée, les réactions impulsives et l’action motivée, demeurent légalement et causalement liées, et cette liaison légale, cette causalité interne, est la motivation. »
La motivation selon DECI E.L.
MOTIVATION INTERNE MOTIVATION EXTERNE
objet « interne » :valeur, désir
objet « externe » :besoins à satisfaire, avoir quelque
choseêtre récompensé par quelqu’un
autodéterminée :c’est la personne elle même qui décide
détermination extrinsèque :la personne est influencée par un tiers,
présent ou absent
Motivation : chute d’eau
Démotivation barrage
Dynamique et fécondité réciproque du moi et du ça
Distance entre l’excitation et
l’objet de l’excitation
Pas de motivation sans distance
Pas de motivation sans élaboration de l’objet : j’ai droit à …
Pas d’élaboration complexe sans apprentissage : base de références et sensibilisation
Pas d’apprentissage sans motivation
Démotivation et refus de transgression
Interdit introjecté, douloureux
Processus d’élaboration
Démotivation = apprentissage par l’échec ou le désaveux
Démotivation = excès de raison et renoncement à l’école de l’expérience
Jeremy Bentham
Utilitarisme« La nature a placé l ’Homme sous l ’autorité de deux maîtres souverains: la douleur et le plaisir. Ce sont eux seuls qui indiquent ce que nous devons faire, et ce qui détermine ce que nous ferons. A leur trône sont attachées d’un côté la mesure du bien et du mal, de l’autre la chaîne des causes et des effets. Ils nous dirigent dans toutes nos actions, dans toutes nos paroles et dans toutes nos pensées… »
Auto-icône de Jeremy Bentham University College London
La routine peut-elle rendre apathique?
L’apathie renvoie à une indifférence ou insensibilité, qui se concrétise par une attitude passive (Marin)La prise de conscience du non sens d’actes ou autres faits répétitifs a pour effet de rendre apathiqueExcès de routine auto-imposée, misonéisme et hypofrontalité : porte ouverte vers la mélancolie de la personne âgéeLes sentiments qui l’habitent sont majoritairement négatifs et l’enferment encore plus par un processus destructeur, dans un état anhédonique et anormique
Vieillissement et démotivation
Perte de perspective d’avenir et relation au vécu désespérant de la mortPoids de l’autonomie psychologique:
Utilitarisme et relation à l’inutilitéIndifférence des autresSolitudeLassitude et fatigue
Contraintes à renoncer, physiques, financières, sociales…Non accueil et mauvaise élaboration de tristesse ou de honte, peur ou panique : développement de comportement contraphobiqueRapaport : coopération, réciprocité, pardon. Erikson : générativité
La dissonance cognitive selon Festinger
Un exemple de théorie de l ’engagement.La motivation est encore un mécanisme de réduction de tension entre représentation et volonté, de conscience d’un écart entre cognition et comportement. Selon l'école de Festinger, elle résulte d’un état de dissonance entre une croyance - affirmée ou occulte - et un comportement qui s'y oppose. Selon Festinger, quand une conviction et une conduite sont en conflit, l’une doit se conformer à l’autre nécessairement. Si la conduite l’emporte, c’est à la croyance de se modifier, si c’est la valeur qui prime, la conduite sera bridée.
L'expérience de Milgram
L'expérience de Milgram
Mise en scène d’une expérience par l’Université : tester l’amélioration de la mémoire par la douleur. Un sujet S est recruté par petites annonces contre de l’argent par un Département Universitaire.
Le docteur (E) convainc le sujet (S) d'infliger des chocs électriques à un autre sujet qui est en fait un acteur (A). De nombreux sujets continuent à infliger les chocs en dépit des plaintes de l'acteur.
C’est en fait le sujet S qui est la personne observée : dissonance entre son système de valeur et l’autorité sociale.
0102030405060708090
100
1 2 3 4 5
% de personnes ayantinfligé les chocsélectriques extrèmes
Dissonance entre autorité sociale et
éthique personnelleStanley Milgram
1: Sujet libre de choix2: Rébellion des pairs; deux maîtres s ’opposent aux ordres del’expérimentateur3: Proximité; le maître est à côté de l’élève4: Feed back uniquement vocal5: Un complice administre leschocs sur ordre du maître
Les pieds du Tétrapode Français : 4 principes interdépendants
PrécautionSimplificationTransparenceÉvaluation
Et une queue, la TraçabilitéJacques Miermont, Antoine Barriere, André Demailly, et Gérard Donnadieu Ruses de l'humain dans un monde rusé: identités, unité, complexité
La dissonance cognitive selon Festinger
Le comportement volontaire structure les croyances personnelles, en permettant une justification des actes posés et conditionne les futurs choix selon cette école Dans tous les cas, les modifications de croyance sont d’autant plus nettes que le comportement a été perçu comme librement décidé, ou qu’il est sous-tendu par une motivation intrinsèque. La motivation a donc une dimension interne comme source d’actes, mais elle est aussi une conséquence des engagements. Les théories de la motivation rejoignent ici celles de l’engagement.
L’impuissance apprise de Seligman
Martin Seligman.Learnt helplessness
Martin Seligman,
témoin de la détresse morale et physique de son père, décrit lui même sa ligne de conduite: « His desperation fuelled my vigor ».
Modèle de l’inutilité apprise (1)
InterrupteurDécharges électriques
Seligman & Maier, 1967)
Groupe 1: Chiens exposés à l’électricité, avec un interrupteur accessible après avoir sauté un obstacle Groupe 2 : Chiens exposés à l’électricité, sans possibilité d’interrompre le courant, dans des conditions expérimentales identiquesGroupe 3 : Chiens non exposés à l’électricité, même conditions expérimentales par ailleurs
J1: apprentissage
Modèle de l’inutilité apprise (2)
J2: rappel expérimental, avec un interrupteur
Modèle de l’inutilité apprise (3)
Groupe 1: Chiens exposés à l’électricité, utilisent très vite l’interrupteur après avoir sauté l’obstacle Groupe 2 : Chiens exposés à l’électricité, passifs apathiques, soumis. Ne bougent même pas si la cage est ouverteGroupe 3 : Chiens exposés à l’électricité se comportent comme les chiens du groupe 1, J1
Modèle de l’inutilité apprise (4)
Notes des auteurs
Groupe 2: apprentissage de l’inutilité à essayer de se sortir d’une situation déplaisanteExpériences ultérieures ont montrés que les individus de type groupe 2 :
apprenaient moins que les autres, qu’ils étaient moins résistants dans les expériences de survie,que le processus était réversible: antidépresseurs,
réapprentissagele stimulant positif donne des résultats comparables
Modèle de l’inutilité apprise (5)
Personne humaine. Handicap
30% des personnes ne développent pas d’apprentissage de l’inutilitéConditions dans lesquelles la personne devient réceptive :
tendance à la généralisation des évènements négatifstendance au vécu de permanence de la situationintériorisation des difficultés : « Je ne suis pas capable »,
mauvaise image de soiStratégies optimistes versus pessimistes
CopingAbramson, 1988; Seligman, 1990; Hiroto 1974
Modèle de l’inutilité apprise (6)
Échec des entreprises, facilité par des handicapsDévalorisation par les autres, puis auto dévalorisationDémotivation et désapprentissage Repli sur soi, désafférentation socialeInutilité apprise, désespoir appris, indignité apprise. Les 3 H : Learned helplessness, hopelessness, haplessness :
– Anxiété– Dépression– Suicide
2Motivation et lésion
cérébrale
Leucoaréïose
Damasio: Phinéas Gage
Dépression vasculaire
Démotivation et organicité : Leucoaréïose
Pas de lien avec la dépressionLien avec dysfonctionnement frontal
BREFEADEchelle d’apathie de Marin
Thomas P L’Encéphale 2005
Antonio Damasio
Motivation et conscience de soiMotivation et conscience de ce qui se passeLa représentation: conscience de l’avenir grâce à la mémoire du passé
Le cas surprenant de Phineas Gage (1)
Il était contremaître, âgé de 25 ans et travaillait à la construction de la voie ferrée dans le Vermont. Le trou dans la tête avait plus de 9 cm de diamètre : le médecin pouvait y passer son index ! Les semaines suivantes, une infection sévère se développa. Un mois après l ’accident, il était néanmoins toujours vivant !1868: « Récupération après la projection d ’une barre de fer à travers la tête », dans lequel sont exposés les modifications de sa personnalité: « Ce n’est plus Gage ».Il vécut 12 ans après son accident: aucune autopsie n’eut lieu. Il était devenu semblable à un enfant désagréable avec une manifestation d’émotions fortes en permanence.
Daniel Harlow : « Passage d’une barre de fer à travers le tête » « Récupération après la projection d’une barre de fer à travers la tête » 1888
Le cas surprenant de Phineas Gage (2)
• « Il est d’humeur changeante et insolent, se laissant parfois aller à la plus grosse grossièreté (ce qu’il ne faisait jamais auparavant), manifeste peu de considération pour ses camarades, ne supporte pas les contraintes et les conseils quand ils sont en conflit avec ses propres désirs…
• parfois particulièrement obstiné…• élaborant des plans pour des
opérations à venir, puis les abandonnant aussitôt pour d’autres qui lui semblent meilleurs »
Troubles de la motivation
chez Ph Gage
• Reconstitution par ordinateur du crâne de Phineas Gage avec l ’indication du trajet de la barre de fer qui l’a traversé
Dépression vasculaire
Elle associe : une faible idéation dépressivedes troubles neurologiques sous-corticauxune asthénieun ralentissement psychomoteur
IRM comme facteur diagnostique après 50 ans avec comme grandes données:
atteinte de l ’hémisphère G plutôt que Dt
atteinte antérieure plutôt que postérieure.
Baldwin RC., O ’Brien J., Vascular basis of late-onset depressive disorder, 2002, The British J of Psy, 180, 157-160.
Hypothèse classique« Dépression post-AVC »- Infarctus lacunaire- Localisation (frontale G. noyau caudé G.)
Hypothèse récente« Seuil Lésionnel »- Lésions silencieuses- Facteurs de risque vasculaire, leucoarrhéiose
- Rôle des facteurs sociaux
Robinson, 1984
Alexopoulos et al, Arch Gen Psychiatry, 1997
Troubles cognitifs et thymiques post AVC : deux dimensions
distinctes
DysphorieTristesseCulpabilitéPensées morbidesPerte d’appétit
DémotivationPerte d’intérêtRalentissement psychomoteurManque d’énergieLenteur d’idéationTroubles de la concentration
Janzing, 1999
Forsell, 1993
Naarding, 2003
Dimension motivationnelle de la dépression
Lorsque les troubles motivationnels sont présents, les troubles cognitifs sont plus fréquents que lorsqu’il n’y a qu’une dépression. Corrélation avec l’évolution démentielle (Naarding, 2003)
Corrélation avec les fluences verbales (Naarding, 2007)
Présence de lésions de la substance blanche en IRM (Nebes, 2001)
Atteinte frontale ou des circuits fronto-sous corticaux
Dépression Syndrome dyséxécutif Démence
3Motivation et lobe frontal
Neuro-anatomie et lobe frontal
Voies dopaminergiquesStructures de la mémoire et des émotionsAfférentations sensoriellesLobe frontal:Cingulaire: émotionnel
Orbito-frontal: comportemental (apathie)
Dorso-latéral: cognition, exécutif, complexité des taches, vitesse d’exécution (avec le cervelet)
Cortex préfrontal: les liens
CortexPréfrontal
Aires PrémotricesFrontales
Aires Associatives Pariétales Noyau
Dorsomédiandu Thalamus
Lobe Limbique
Aires Auditives Et Visuelles
NoyauCaudé
et Putamen
La multiplicité des connexions du lobe frontal explique que des signes de dysfonctionnement frontal soient observés dans des lésions situées à distance du lobe frontal.
1
2 3
thalamus
noyau caudé
pallidum
Cortex cingulaire intérieur
1 Cortex Frontal 2 Complexe amygdalien 3 Gyrus para-hippocampique
Circuit cortico-striato-pallido-thalamo-cortical
(Drevet, 1999)
Complexe amygdalien
Hippocampe
Gyrus para-hippocampique
ThalamusPallidum
Noyau caudé
Cortex cingulaire antérieur
Cortex frontal
Cinq circuits frontaux sous corticaux
MoteurOculomoteur Dorsolatéral, préfrontal Latéral, orbitofrontal Médiofrontal, cingulaire antérieur
Cummings, 1993
Circuits Fronto-sous-corticaux d’Alexander et Cummings (1993)
Thalamus
G pallidum
N Caudé
Circuit cingulaireantérieur
Cortex subgénual
Aires 24 et 32 de Brodman
Apathie
Démotiv ation
Circuit orbito-FrontalIrritabilité
Déinhibition
Dépression
Circuit dorsolatéral-Préfrontal
Sy ndrome dy séxécutif
Déf icits de programmation motrice
Les systèmes dopaminergiques
3
24
1
Aire tegmentale ventrale
Substance noire
Gyrus cingulaire
Striatum
Cortex entorhinal
HypophyseHypothalamus
Système limbiqueNucleus accubens
Cortex frontal
1) Système nigro-strié (Concerné dans la maladie de Parkinson) 2) Système méso-limbique (Emotionnel, motivation)3) Système méso-cortical (Exécutif)4) Système infundibulo-tubérien(Contrôle de la libération hormonale hypophysaire)
1
2
3
4
4Dépression et démotivation
Troubles du comportement et maladie d ’Alzheimer
010
2030
4050
607080
Apathie Agitation Anxiété Irritabilité
% de troubles
Début MA MA modérée MA sévère
Apathie 47% 80% 92%
Dépression 12% 45% 62%
Amélioration des troubles sous traitement anticholinestérasique
Mega MS Neurology 1996; 46: 130
Histogramme des scores EAD Cornell
EAD
Cornell
Thomas, 2003
Impulsivité
Sexualité
Appétit
Agressivité
Sommeil
Sérotonine
Tristesse
Anxiété
Douleurs physiques
Irritabilité
Troubles digestifs
Baldwin D, 2003
Ressler KJ, 2000
Noradrénaline et sérotonine dans la dépression
Motivation
Ralentissement
Énergie
Attention
NoradrénalineDopamine
Depression-Executive Dysfunction Syndrome of Late life
128 personne âgées (>60) avec dépression majeure53 avec syndrome exécutif, 75 sansSyndrome dysexécutif associé
Âge plus élevé (75,0 vs 70,3), moindre scolarisation (-2,05 ans)Altérations frontales: fluences verbales, dénominations visuelles, rétention visuelle de BentonDiscrets troubles cognitifsMoindre intérêt dans les activités et les engagementsAltération des IADL
Alexopoulos, 2002
IADL altérés parallèlement à la dépression (Alexopoulos 2002)
IADL
25
27
23
21
25 3530 40
HAM-D
Spectre du SDD
Outre dans la dépression gériatrique tardive, le SDD se voit aussi dans:
Vieillissement normal : hypofrontalitéParkinson, Huntington.Démence vasculaire, maladie à corps de Lewy.
Dans ce contexte, Alexopoulos accorde une place particulière dans la thérapeutique de cette dépression avec déficits exécutifs:
aux anticholinesthérasiques, aux agents dopaminergiques, notamment actifs sur le récepteur D 3 et enfin au Modafinil
Valeurs de la BREF en fonction du MMS selon que le malade est
dépressif ou non.
Hazif-Thomas, 2006
ConfusionDélire, hallucinations
Pseudo démence
Irritabilité,impulsivité, anxiété
( Sérotonine)Circuit orbito-frontal de CummingsDépression hostile
( Dopamine, noradrénaline)Circuit cingulaire antérieurde Cummings, Dépression à forme conative, DED
Somatisation, Rôle du groupe,de l'institution.
Seule la souffrance du corps a droit de cité
Hypochondrie, dépression masquée
MCI dyséxécutif, Parkinson Troubles
cognitifs
Démotivation
Dépression
Déficit en dopamine Déficit en sérotonine
Agressivité
Repli sur soi, retrait Intolérance à l'isolement
Émoussement affectif Perte de contrôle
Hypersomnie, inertie, retrait vis-à-vis des soins Troubles du sommeil
Anorexie Troubles du comportement alimentaire (sucré, boulimie)
Indifférence à soi, indifférence à autrui Douleurs
Perte de recherche de plaisir, anhédonie, désintérêt
Irritabilité
Manque de réactivité affective Sautes d'humeur
Ennui, vécu de monotonie Impatiences
Désintérêt. Pas de participation spontanée, désinvestissement
Démotivation, aboulie Anxiété
Troubles cognitifs Idées suicidaires
5La démotivation
Définition de la démotivation
La démotivation est un mécanisme de défense contre la pesanteur conjugale, familiale, institutionnelle, qu’elle consolide. C’est un refus d’aborder les crises incontournables, de lâcher prise devant des situations qu’il ne sera plus jamais possible de vivre: se réinvestir dans les réalités encore accessibles n’est plus acceptable.
Les troubles de la motivation
Regroupés sous des vocables variables : perte d’initiative, d’anergie, de démotivation, d’apathie, d’émoussement affectif, d’athymhormie, de symptômes négatifs…La démotivation est la perte de la motivation, l’apathie - du grec
Pathos : passion -, est la perte des sensations, des émotions, de l’intérêt face à l’environnement. L’apathie est une démotivation associée à un émoussement affectif(Marin R.S. Apathy: a neuropsychiatric syndrome. Journal of Neuro Psychiatry & ClinicalNeurosciences.1991; 3: 243-254)
L’apragmatisme est une attitude de passivité devant la réalité liée à l’impossibilité de se représenter l’action.
Rôle de l’environnement humain dans la démotivation et l’apathie
Abandon du patient à sa dépendance
Indifférence à l’échec Indifférence
affective
Incorporation dans sa mémoire
du désespoir appris
Désapprentissage et accroissement des
incapacités
Symptômes négatifs et déficits cognitifs
Troubles des conduites La schizophrénie:Désordre de type démentielencéphalopathie statique?
Les patients présentant le plus de symptômes négatifs semblent révéler les déficits cognitifs les plus importants .
Troubles schizophréniformes
Troubles de l’humeur
Troubles démentiels
10 20 30 40 50 60 70 80 90
Acédie et Evagre le Pontique
Etat d’irritabilité et d’insatisfaction permanente, de désintérêt d’autrui, de dégoût de vivre et de désinvestissement survenant chez des moines du désert. Problématique survenait sur le tard de la vie et ne s’accompagnait d’aucune marque de souffrance ou de compassion devant les difficultés d’autrui.
Evagre le Pontique
Evagre recommandait pour pallier à l’acédie:
- les soins du corps - l’inscription des actes des moines dans
des secteurs porteurs de sens.
Évaluation de la démotivation : EAD
Prend il/elle des initiatives dans sa vie quotidienne? Prend il/elle des décisions seul(e) sans que vous le fassiez pour lui/elle ? Cherche t’il/elle à s’occuper au lieu d’attendre que le temps passe tout seul ? S’occupe t’il/elle de sa personne(hygiène, habillements, alimentation) ?
Très souvent: 1 Souvent: 2 Parfois: 3 Jamais: 4 Normale< 10
D’après le NPI de Cummings, l’inventaire d’apathie de
Robert
Chaque catégorie est côté de 0 à 12, avec une partie accompagnant et une partie sujet; un sous-score de fréquence et de gravité comme dans le NPI.
Conséquences de la démotivation
Perte d’intérêt pour les activités de la vie quotidienne, majorant d’autant, le désapprentissage et à terme exposant aux risques de la régression. D’autres effets concernent
la baisse de la vigilance et des processus attentionnels, la diminution de la persévérance, la fatigue et le désengagement de l’individu pour s’occuper d’autrui ou de lui même,la charge mentale tolérée dans les tâches cognitives
Hypofrontalité
Démotivation et clinique
Généralités
La perte d’autoactivation
Démotivation et phobie d ’implication
Fear of further fallPanique, chute et solitude Démotivation : économie des attaques de panique dans la mesure où le repli sur soi et la régression qu'elle génère, annulent le stress et la panique face à l'imprévu Le sujet âgé démotivé fuit sa honte d’avoir peur et annule l'émotion paniquante pour se réfugier dans une dépendance comblante que nous avons appelée dépendance régressive
Exemples cliniques
La démotivation et l’apathie peuvent exister en elles-mêmes.Elles peuvent constituer cependant un trait
particulier associé à une autre maladie, psychiatrique ou somatique, à laquelle elles impriment leur marque. Maladies asthéniantes chroniquesDéshydratations et troubles ioniques
Causes familiales et psychosociales
Désafférentation sensorielleDémotivation est plus fréquente chez la femme que chez l’homme,
plus grande sensibilité à l’altération de l’image corporelle à la perte des rôles familiaux
Dépendance Régressive Aggravée
Dépendance Régressive Aggravée
Apathie, démotivation, mise à distance affective ou sensation d’exclusionDiscours banalisant, rempli de placages, de lieux communsPertes d’activités mais pas de ralentissement psychomoteurNon prise en compte à sa juste mesure des rythmes sociaux
d’autruiMémoire blanche : la personne ne croit pas que sa mémoire de
vie, sa biomnèse, doive trouver un sens.Perte du sens de la sénescence avec nostalgie de la jeunesseFréquence des tendances régressives. Les aidants s’enlisent
dans un maternage ou dans la disqualification morale et symbolique de la personne âgée
Perte d’AutoactivationPsychique ( Laplane 1981)
Mr M. prend des vacances bien méritées. Une baignade dans la piscine sera la bienvenue en ce jour de grande chaleur! Il plonge, effectue quelques brasses jusqu’au milieu du bassin. Soudain, il s’arrête de nager et coule à pic, Au fond de la piscine, il regarde autour de lui et constate, avec un certain détachement, qu’il est en train de se noyer. Pour se tirer de cette situation, il lui suffirait de se propulser, en deux ou trois battements et, pourtant, il ne le fait pas. Il n’éprouve aucun besoin de le faire. Du bord, sa fille le voit fond de l’eau et l’appelle. Ne le voyant pas réagir, elle se jette à l’eau, s’approche affolée et lui fait de grands signes. Devant ces stimulations, un déclic se produit: Monsieur M. se décide enfin à réagir et, en quelques mouvements, il est à la surface. Plus tard, il confiera à ses proches: « Je ne sais pas pourquoi je n’ai pas nagé ; je n’en avais pas envie »
PAPIRM de Monsieur M
Pour Mr M., l’examen a révélé la présence de deux tumeurs bénignes qui avaient envahi la région profonde des hémisphères cérébraux. La plus importante, à gauche, comprimait les noyaux gris (reliés à la fois au cortex et aux voies sensorielles et motrices du tronc cérébral et de la moelle.
Clinique de la PAP
Perte de toute initiative personnelleLaissés à eux-mêmes ils s’arrêtent d’agir et même de penser. Ces hommes et ces femmes pleins d’entrain avant leur maladie plongent brutalement dans un état d’apathie ou d’inactivité. Ils ne souffrent pas de leur inactivité. Ils ne manifestent plus aucun intérêt pour les activités qu’ils aimaient Ils ne tentent même de satisfaire leurs besoins vitaux…. Mourir de faim en présence de nourritureLe phénomène le plus caractéristique de cette pathologie est la réversibilité des symptômes en présence d’un tiers.
Perte de la capacité à s’auto activer
Les patients peuvent effectuer les activités les plus complexes avec efficacité. Ils subissent, par exemple, avec succès les épreuves des tests de mémoire et d’intelligence, à condition que l’examinateur fasse preuve de patience et ne cesse de les réactiver. Ils parlent peu, sauf quand on les interroge, et leurs propos sont alors tout à fait sensés. Cependant, l’activation n’est que temporaire, et dès qu’elle cesse, la personne replonge au bout de quelques instants dans le mutisme et l’apathie.
Conclusions
Traitements de la démotivation
CannabisStimulation cognitiveStimulants corticauxSismothérapie, SMT
Alcool Soins du corps
SédatifsAntidépresseurs mixtes Miansérine
Neuroleptiques classiques Nouveaux antipsychotiques
BenzodiazépinesTricycliques, IMAO
Traitement réduisant la motivation
Traitements stimulant la motivation
Conclusions
Démotivation: lien avec l’histoire de vieInterrelation entre le somatique et le psychismeVictoire du renoncement sur la viePlace pour le relationnel et le soin du corps à côté du traitement médicamenteux
Sortir de l’ennui, de la mortelle répétition…