UNIVERSITÉS PARIS V, PARIS VI, PARIS XI
ET PARIS XII
Année académique 2017-2018
Mémoire pour l’obtention du Diplôme Inter-Universitaire de Pédagogie Médicale
ÉVALUATION DE LA MISE EN PLACE DE
L’ÉPREUVE CLINIQUE DU CERTIFICAT DE
COMPÉTENCE CLINIQUE
Rédigé par Panagiotis Lainas
Service de Chirurgie Digestive Minimale Invasive Hôpital Antoine-Béclère, Clamart
Université Paris-Sud
Soutenance le 19 octobre 2018
1
RÉSUMÉ
L’obtention du Certificat de Compétence Clinique (CCC) est indispensable
pour valider le 2ème cycle des études médicales et passer les Épreuves Classantes
Nationales (ECN). Pour la première fois dans le cadre du CCC, les étudiants de la
faculté de Médecine de l’Université Paris-Sud ont été appelés à valider une épreuve
clinique, organisée au lit du patient. Le but de cette étude était d’évaluer la mise en
place de cette épreuve clinique du CCC auprès de ses principaux intervenants.
Deux questionnaires en ligne ont été envoyés par courriel à 172 étudiants de
DFASM3 et 85 médecins hospitalo-universitaires. Les questionnaires portaient sur la
préparation des intervenants, le stress que l’épreuve leur a généré, leur vécu, l'intérêt de
l'épreuve et leurs propositions pour améliorer les futures épreuves cliniques du CCC.
Sur 257 questionnaires envoyés, 78 répondants ont participé aux questionnaires
(30,3%), soit 46/172 des étudiants et 32/85 des enseignants (p=0.084). La majorité des
intervenants ont consacré moins de 24 heures à la préparation de l’épreuve. 87% des
étudiants ont réussi l’épreuve clinique du CCC mais seulement 63% ont gardé un bon
souvenir de celle-ci. Le niveau de stress moyen des étudiants a augmenté de façon
significative pendant l’épreuve clinique (p=0,035) ; 63% ont manifesté une
augmentation de leur stress pendant l’épreuve et 45,7% ont perdu partiellement ou
totalement leurs moyens. Tous les enseignants ont gardé un bon souvenir de l’épreuve,
qui les a conduits à un bon jugement des connaissances médicales et des aptitudes
cliniques des étudiants dans 78,1% et 87,5% des cas, respectivement. La majorité des
enseignants ont jugé l’épreuve assez stressante pour les étudiants et dix d’entre eux ont
dû prendre en charge un étudiant qui a manifesté des difficultés psychologiques.
Environ 90% des étudiants sondés ont considéré que la mise en place d’une évaluation
systématique des compétences cliniques était nécessaire à la fin de chaque stage
d’externat. Cette mise en place semblait nécessaire par tous les enseignants de façon
systématique, trois quarts d’entre eux ont proposant l’instauration d’une épreuve
clinique à la fin de chaque stage de l’externat.
Cette étude confirme la réussite de l’épreuve clinique du CCC réalisée pour la
première fois au sein de la faculté de Médecine de Paris-Sud. Elle met en évidence la
nécessité d’une évaluation systématique des compétences cliniques des externes
pendant le 2ème cycle des études médicales (à la fin de chaque stage de l’externat), afin
de mieux introduire les étudiants dans le milieu clinique et diminuer leur stress durant
les épreuves cliniques majeures.
2
Mots clés : pédagogie médicale - compétences cliniques - externes – DFASM3 –
Certificat de Compétence Clinique – épreuve clinique - Université Paris-Sud.
3
INTRODUCTION
L’acquisition des compétences générales des étudiants en médecine s’effectue
en France durant le deuxième cycle des études médicales.1 Ces compétences théoriques
et cliniques permettent aux étudiants d'exercer par la suite la fonction d’interne et de
poursuivre l’acquisition de compétences professionnelles nécessaires à leur
spécialisation. Cependant, depuis quelques années, on observe une baisse notable du
niveau clinique des internes en médecine.2 Afin de lutter contre cette baisse de niveau
et d’améliorer les compétences des futurs internes, plusieurs stratégies ont été
développées au sein des facultés de médecine. Une d’entre elles a été la mise en place
d’un certificat de compétence clinique organisé au cours des deux derniers semestres
de formation médicale. Ce certificat est destiné à vérifier les compétences acquises par
les étudiants et leur capacité à synthétiser les connaissances acquises.
Le Certificat de Compétence Clinique (CCC) a été instauré par l’arrêté du 23
avril 2013 qui stipule que « les connaissances mobilisées pour cette épreuve sont issues
de l’ensemble du programme du 1er et du 2ème cycle des études médicales ».3
L’obtention de ce certificat, dernière épreuve du 2ème cycle, est indispensable pour
valider ce cycle et passer les Épreuves Classantes Nationales (ECN). Le but
docimologique du CCC est de détecter les étudiants qui n’ont clairement pas acquis les
compétences génériques du DFGSM et du DFASM. Il s’agit des étudiants les plus
faibles qui seront à l’évidence incapables de prendre en charge un patient à la fin de
leur parcours universitaire et au début de leur internat. Le CCC reste indépendant des
unités d’enseignements du DFASM et sa non-validation entraine l’interdiction de
passer les ECN et, de facto, le redoublement de l’étudiant. Enfin, comme pour tout
examen facultaire, une deuxième session est organisée pour les étudiants échouant à la
première.
A la faculté de Médecine de Paris-Sud, le CCC était organisé initialement sous
la forme d’une seule épreuve orale. Durant l’année universitaire 2017-2018 et pour la
première fois, les étudiants DFASM3 de notre faculté ont été appelés à passer deux
épreuves afin de valider le CCC : i) une épreuve « clinique », organisée au lit du patient
sur une situation réelle, durant laquelle des médecins universitaires organisés en
jurys ont évalué les connaissances pratiques et les gestes cliniques des étudiants ; ii)
une épreuve « orale », semblable à celle des années précédentes, au cours de laquelle
4
les étudiants ont été évalués par un jury pluridisciplinaire à partir d’un cas clinique
théorique. Chacune des épreuves comptait pour la moitié de la note finale.
L’objectif principal de cette étude était d’évaluer la mise en place de l’épreuve
clinique (examen pratique) du CCC réalisée pour la première fois à la faculté de
Médecine de l’Université Paris-Sud durant l’année universitaire 2017-2018. Cette
évaluation a été réalisée auprès des principaux intervenants (étudiants et enseignants)
en utilisant des questionnaires adaptés portant sur leur préparation, le stress généré par
l’épreuve, leur vécu, l'intérêt de l'épreuve et leurs propositions d’améliorations pour les
futures épreuves du CCC.
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MATERIEL ET METHODES
Description de l’épreuve clinique du CCC
L’épreuve clinique du CCC pour les étudiants de DFASM3 de la faculté de
Médecine de Paris-Sud au cours de l’année universitaire 2017-2018 a eu lieu le 1er
décembre 2017. Les étudiants ont été affectés à leur jury par tirage au sort. Ils ont été
convoqués sur les différents sites de l’université Paris-Sud (Antoine Béclère, Bicêtre,
Paul Brousse et Percy) et le service dans lequel ils passaient l’épreuve leur a été
communiqué le matin même. A noter que les étudiants passant l’épreuve dans un
service de pédiatrie ou de psychiatrie avaient tous déjà effectué un stage hospitalier
dans un service de ces spécialités. Les jurys étaient composés de deux enseignants. Leur
composition a été déterminée à l’avance et validée par les responsables de l’épreuve.
Chaque jury a examiné 2 (pour les services à 2 jurys) ou 3 (pour les services à un jury)
étudiants. Les patients ont été sélectionnés avant l’épreuve et, après le recueil d’un
consentement informel du patient par l’un des membres du jury, chaque étudiant a été
examiné sur un patient diffèrent.
Pour chaque étudiant, l’épreuve s’est déroulée en deux temps. La première
partie ayant une durée de 20 minutes s’est déroulée auprès du patient (chambre ou
bureau de consultation). Durant cette première partie, les deux membres du jury
observaient l’étudiant examiner le patient (interrogatoire et examen physique). Le jury
choisissait à l’avance les éléments incontournables de l’interrogatoire et de l’examen
clinique et remplissait une grille de notation prédéfinie. L’examen pouvait être
interrompu avant que l’étudiant ne le mène à son terme si le jury estimait s’être fait une
idée suffisante du niveau de l’étudiant. Les membres du jury pouvaient demander à
l’étudiant de rechercher des signes particuliers, même si le cas n’appelait pas cette
recherche (palpation d’une aire ganglionnaire, mesure de la taille du foie, auscultation
vasculaire...). La deuxième partie de l’examen s’est déroulée en réunion avec le jury
(en dehors de la chambre ou du bureau de consultation), pendant 20 minutes. Durant
cette deuxième partie, la discussion du dossier commençait par la présentation d’une
synthèse du cas par l’étudiant et se poursuivait par une formulation des hypothèses
diagnostiques, une demande fictive d’examens complémentaires et l’interprétation de
certains d’entre eux. Le jury pouvait choisir les éléments sur lesquels il allait interroger
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l’étudiant afin de pouvoir attribuer une note pour tous les items de la grille prédéfinie.
A la fin de l’épreuve, le résultat final n’était pas transmis à l’étudiant.
Population
Deux questionnaires anonymes en ligne réalisés à l’aide du logiciel
SurveyMonkey® ont été envoyés par courriel le 15 septembre 2018 à 172 étudiants de
DFASM3 et 85 médecins hospitalo-universitaires (PU-PH, MCU-PH, CCA-AHU, PH,
PHC, Praticiens Attachés) de la faculté de Médecine de Paris-Sud. Les deux
questionnaires ont été envoyés aux étudiants et aux enseignants par l’intermédiaire
d’une liste d’adresses courriel obtenue par le Service des Etudes et de la Vie Etudiant
de la faculté de Médecine de Paris-Sud. Les questionnaires « étudiants » et
« enseignants » comprenaient 23 et 22 questions, respectivement (Annexes 1 et 2). Il
s’agissait des questions à réponses ouvertes ou fermées portant sur les caractéristiques
démographiques de la population sondée, la préparation des intervenants, le stress que
l’épreuve leur a généré, leur vécu, ce qu'ils pensaient de l'intérêt de l'épreuve et leurs
propositions pour améliorer et assurer la réussite des futures épreuves cliniques du
CCC. Les questionnaires sont restés accessibles en ligne pendant 2 semaines.
Analyse statistique
Le recueil des données pour l’analyse finale a été réalisé à l’aide du logiciel
SurveyMonkey®. Les résultats sont exprimés pour les variables quantitatives en
moyennes ± écart-type et comparées, si besoin, par le test des rangs signés de Wilcoxon.
Les variables nominales sont exprimées en pourcentages et ont été comparées, si
besoin, par le test exact de Fisher. Une valeur de p < 0,05 a été considérée comme
significative. L’analyse statistique a été réalisée à l’aide du logiciel GraphPad Prism®
(version 6.0).
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RESULTATS
Caractéristiques démographiques des sondés
Les réponses ont été collectées le 1er octobre 2018. Sur 257 questionnaires
envoyés, 78 répondants ont participé jusqu’au bout aux questionnaires, soit un taux de
réponse de 30,3% au total (46/172 soit 26,7% des étudiants, et 32/85 soit 37,6% des
enseignants ; p = 0.084). La durée moyenne pour compléter le questionnaire des
étudiants a été de 5 minutes et de 3 minutes pour celui des enseignants.
Dans le groupe « étudiants », 65,2% d’individus étaient des femmes. La
répartition par classe d’âge a montré que la moitié des sondés avaient 23-24 ans, alors
que 6,5% avaient moins de 23 ans, 26,1% 25-26 ans et 17,4% plus de 26 ans, données
qui correspondent à la répartition générale des étudiants en DFASM3.
Dans le groupe « enseignants », on notait moins des femmes (37,5% vs. 62,5%
d’hommes). La répartition par classe d’âge a montré que 71,9% des sondés qui ont
répondu au questionnaire avaient entre 30-40 ans, 9,4% entre 40-50 ans et 18,7% entre
50-60 ans. En ce qui concerne la répartition des répondants par grade, 12,5% étaient
des PU-PH, 21,9% des MCU-PH, 50% des CCA-AHU et 15,6% des PH ou PHC ou
Praticiens Attachés.
Les données concernant les caractéristiques démographiques des sondés sont
synthétisées dans le Tableau 1.
Evaluation de la préparation de l’épreuve clinique du CCC
Les données concernant la préparation de l’épreuve clinique du CCC par les
intervenants sont synthétisées dans le Tableau 2. La très grande majorité des étudiants
et des enseignants étaient bien ou très bien informés de la procédure exacte de l’épreuve
clinique du CCC (87% et 93,2%, respectivement). La majorité des étudiants et des
enseignants ont consacré moins de 24 heures (45,7% vs 53,1%, respectivement) ou 1-
3 jours (21,7% vs 37,5%, respectivement) à la préparation de l’épreuve, alors que peu
d’entre eux ont consacré plus de 3 jours. La majorité des étudiants (67,4%) ont préparé
l’épreuve seuls, 30,4% avec d’autres étudiants, 21,7% avec des enseignants, 13% en
utilisant des jeux de rôle et 19,6% en réalisant des épreuves blanches sur des patients.
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Environ deux tiers des étudiants ont considéré suffisante la préparation qu’ils ont
effectuée pour l’épreuve clinique du CCC. Les résultats ont été mitigés en ce qui
concerne l’utilité des évaluations finales des stages hospitaliers pendant l’externat pour
la réussite à l’épreuve clinique du CCC : 13% des étudiants ont jugé ces évaluations
très utiles, 26,1% utiles, 32,6% peu utiles et 28,3% pas du tout utiles. En ce qui concerne
les enseignants, la grande majorité ont préparé l’épreuve avec d’autres collègues
(90,6%), 6,25% avec des étudiants plus jeunes que ceux de DFASM3, 6,25% en
utilisant des jeux de rôle et 12,5% en travaillant quelques heures seuls. Ils ont choisi la
majorité des patients-cibles le jour ou la veille de l’épreuve (21,9% et 62,5% des cas,
respectivement), sans difficulté pour trouver des patients souhaitant participer à
l’épreuve (96,9% des enseignants) ou dont la pathologie médicale relevait du niveau
des DFASM3 (93,8% des enseignants).
Evaluation du déroulement de l’épreuve clinique du CCC
Etudiants (Tableau 3)
Alors que la majorité des étudiants sondés (87%) ont réussi l’épreuve clinique
du CCC, seulement 63% ont gardé un bon souvenir de celle-ci. Ceci est probablement
lié au caractère stressant de l’épreuve. Le niveau de stress moyen, exprimé sur une
échelle de 0 (absence de stress) à 10 (stress maximal), a augmenté de façon significative
pendant l’épreuve clinique (6,2 ± 2,1 avant l’épreuve vs 6,9 ± 2,3 durant l’épreuve ; p
= 0,035). Les symptômes et signes accompagnant ce stress avant et pendant l’épreuve
ont été les suivants : tachycardie, dyspnée, palpitations, sueurs, anxiété invalidante,
panique, tremblements, pleurs, perte de moyens, confusion, maux de ventre, diarrhée,
blushing, troubles du sommeil, troubles de la concentration, désorganisation des
démarches diagnostiques et oublis. En effet, malgré le fait qu’environ 90% des
étudiants affirment avoir été mis en confiance par le jury pendant l’épreuve, 29
étudiants (63%) ont manifesté une augmentation de leur stress pendant l’épreuve,
45,7% d’entre eux ayant perdu partiellement ou totalement leurs moyens. Inversement,
11 étudiants (23,9%) ont manifesté une diminution de leur stress pendant l’épreuve.
L’augmentation du stress pendant l’épreuve était liée au cadre de l’examen (32,6%), à
la difficulté du dossier (23,9%), au patient qui ne parlait pas bien français (13%), à la
sévérité des examinateurs (13%), à la non coopération du patient (6,5%) ou à d’autres
facteurs additionnels (45,7%). La diminution du stress pendant l’épreuve était liée à la
coopération du patient (69,6%), au comportement des examinateurs (69,6%), aux
9
connaissances théoriques de l’étudiant (56,5%), au cadre de l’examen (34,8%) et à
d’autres facteurs (10,9%).
La majorité d’étudiants ont eu l’impression d’être bons (43,5%) ou moyens
(43,5%) après la fin de l’épreuve ; dans 41,3% des cas l’impression des étudiants
concordait à celle des examinateurs, alors que dans 23,9% des cas cette impression était
fausse. Dans 60,9% des cas, les examinateurs ont expliqué les points forts et les
faiblesses de la prise en charge de chaque étudiant. Seulement 80,4% des étudiants ont
considéré le jugement des examinateurs comme correct, alors que 15,2% ont jugé que
les examinateurs ont été sévères envers eux.
Enseignants (Tableau 4)
Tous les enseignants ont gardé un bon souvenir de l’épreuve clinique du CCC.
Environ un tiers d’entre eux ont eu l’impression que les étudiants étaient très satisfaits
par l’épreuve. Le jugement des aptitudes cliniques des étudiants évaluées par chaque
enseignant a été homogène dans 15,6% des cas et hétérogène dans 84,4% des cas. En
effet, 59,4% des enseignants ont examiné au moins un étudiant qui a été excellent,
78,1% qui a été bon, 75% qui a été moyen et 46,7% qui a été mauvais. La majorité des
enseignants (43,7%) n’ont pas pu juger s’ils ont été bons ou mauvais examinateurs,
alors que 6,2% ont considéré être excellents, 37,5% bons et 12,5% moyens. L’épreuve
clinique du CCC a conduit à un bon jugement des connaissances médicales et des
aptitudes cliniques des étudiants pour 78,1% et 87,5% des enseignants, respectivement.
Cependant, la grande majorité des enseignants (93,8%) ont jugé l’épreuve orale du CCC
comme étant moyennement ou très stressante pour les étudiants. En plus, dix
enseignants ont dû prendre en charge un étudiant qui a manifesté des difficultés
psychologiques en cours de l’épreuve, exprimées dans la majorité des cas par pleurs et
angoisse, anxiété invalidante et perte des moyens pendant l’examen clinique, stress
intense empêchant l’étudiant de mobiliser ses connaissances théoriques et cliniques.
Dans la moitié des cas, une pause temporaire de l’épreuve et l’intervention des
enseignants ont permis aux étudiants de retrouver leurs moyens et compléter l’examen
clinique et la synthèse final.
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Evaluation idéale des compétences cliniques des externes de médecine selon les
sondés (Tableau 5)
La majorité des étudiants sondés ont considérés que la mise en place d’une
évaluation systématique des compétences cliniques des externes semblait nécessaire,
seulement 10,9% d’entre eux la jugeant peu utile. Plus de 90% d’étudiants sondés ont
jugé nécessaire la réalisation des épreuves pratiques de ce type à la fin de chaque stage
de l’externat. Les propositions des étudiants pour l’amélioration de l’épreuve clinique
étaient en lien avec : i) la préparation des étudiants : réaliser des épreuves cliniques dès
le début de l’externat, préparation sur des dossiers similaires que ceux de l’ECN,
entrainement régulier pendant les stages afin de diminuer le stress des étudiants ; ii) le
déroulement de la procédure : homogénéisation des épreuves car inégalité de la
difficulté des cas cliniques, harmonisation des conditions de l’examen selon les services
et les examinateurs, ne pas réaliser l’examen dans un stage non effectué par l’étudiant,
mieux informer les membres des jurys avant l’épreuve clinique.
La mise en place d’une évaluation systématique des compétences cliniques des
externes semblait nécessaire pour tous les enseignants, étant indispensable pour 40.6%
d’entre eux. Trois quarts d’entre eux ont proposé l’instauration d’une épreuve
d’évaluation des compétences cliniques à la fin de chaque stage de l’externat, alors que
21,9% la jugeaient nécessaire à la fin de chaque année universitaire. Seulement 1
enseignant (3,1%) était d’accord avec la réalisation d’une seule épreuve clinique
pendant le CCC. Les propositions d’amélioration de l’épreuve par les enseignants
étaient en lien avec le déroulement de la procédure (connaître en avance le nombre
d’étudiants devant passer l’épreuve par service) et la préparation des étudiants
(utilisation d’outils de simulation médicale, réaliser des épreuves cliniques dans chaque
stage d’externat afin de diminuer le stress durant l’épreuve finale).
11
DISCUSSION
Cette étude met en évidence un intérêt fort des différents acteurs de la formation
médicale à mettre en place de façon systématique une évaluation des compétences
cliniques des externes et futurs internes. Les résultats soulignent la réussite de cette
première épreuve clinique du CCC, avec une acceptation du projet par la très grande
majorité des étudiants et par tous les enseignants. Cette première épreuve clinique du
CCC a pu détecter les étudiants n’ayant pas le niveau clinique pour franchir le cap des
ECN. L’épreuve a aussi permis aux enseignants d’évaluer correctement les aptitudes
cliniques et les connaissances médicales des étudiants ainsi que de mettre en confiance
les étudiants d’un bon niveau général mais qui n’avaient jamais été confrontés à une
évaluation de ce type. L’existence d’une ou plusieurs évaluations cliniques au cours du
cursus médical universitaire pourrait être un moteur stimulant l’apprentissage,
permettrait de valider les capacités cliniques des futurs internes et de leur conférer une
accréditation du savoir-faire médical. La principale limite de nos résultats, comme pour
toutes les études du même type, est que seul l’avis des répondeurs a pu être pris en
compte. Le taux de participation dans les deux groupes était faible, mais l’effectif final
obtenu était suffisant pour la réalisation des analyses statistiques. Une deuxième limite
de notre étude est que les résultats reflètent l’impact d’une seule année, dont une seule
épreuve, réduisant ainsi le nombre des différentes propositions d’amélioration ou de
modification de l’épreuve.
La préparation des enseignants et des étudiants avant l’épreuve clinique du CCC
semble avoir été correctement réalisée. Cependant, il faut noter que la majorité des
étudiants ont réalisé cette préparation seuls, révélant ainsi un point de future
amélioration et la nécessité d’un accompagnement plus proche avant le CCC. Il faudra
aussi noter l’importance du bon choix des patients-cibles, car environ 20% des étudiants
indiquent avoir été mis en grande difficulté par des patients non coopératifs ou qui ne
parlait pas bien français. Le bon choix des patients-cibles par les enseignants est
primordial pour le bon déroulement d’une épreuve clinique et doit être réalisé au moins
24 heures avant l’épreuve, en informant rigoureusement le patient du déroulement de
l’épreuve et des mots-clés à employer pendant l’interrogatoire par l’étudiant.
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Malgré le fait que la grande majorité des étudiants gardent un bon souvenir de
cette épreuve, il faut noter qu’un obstacle majeur au bon déroulement de la procédure
a été l’anxiété des étudiants, exprimée dans certains cas de façon dramatique (perte
complète des moyens, panique, tachycardie, dyspnée, etc.). En effet, dans la population
sondée, le stress des étudiants a augmenté de façon significative pendant l’épreuve (p
= 0.035). Ce stress a été ressenti par les examinateurs, qui ont fait leur mieux afin
d’aider les étudiants à le vaincre. Ces efforts des enseignants sont visibles sur les
réponses des étudiants sondés, qui affirment à 90% avoir été mis en confiance par le
jury pendant l’épreuve. Cependant, 63% des étudiants ont manifesté une augmentation
de leur stress pendant l’épreuve, 45% ont perdu partiellement ou totalement leurs
moyens et seulement 24% d’entre eux ont manifesté une diminution de leur stress
pendant l’épreuve. L’augmentation du stress pendant l’épreuve a été le problème
majeur de cette première épreuve clinique du CCC dans notre université. Selon les
réponses des principaux acteurs de l’épreuve, l’augmentation du stress a été
principalement due à la difficulté du dossier et au cadre de l’examen, et fortement liée
au manque de préparation clinique des étudiants. En effet, il a été souligné par la
majorité des étudiants et enseignants qu’il est nécessaire de réaliser des épreuves
cliniques similaires à la fin de chaque stage de l’externat, afin de mieux introduire les
étudiants dans le milieu clinique et diminuer leur stress durant les épreuves cliniques
majeures. Ces propositions sont en concordance avec les récentes modifications en vue
pour le 2ème cycle des études médicales en France, optant pour la fin des ECN après
2021 et leur remplacement par trois grandes étapes : une épreuve nationale de contrôle
des connaissances en cinquième année (comparable au concours actuel), puis une
évaluation des compétences cliniques et relationnelles au travers de la simulation en
santé en fin de sixième année, et enfin une troisième étape d’analyse du parcours
universitaire et du projet professionnel de l'étudiant, valorisant notamment les stages
effectués, la mobilité internationale et les doubles cursus.4,5 Les résultats de cette étude
confirment le souhait grandissant des étudiants vers un changement des modalités de
leur évaluation, avec une nécessité d’une évaluation de leurs aptitudes cliniques et
connaissances médicales en continu.
Enfin, en ce qui concerne l’intérêt du l’épreuve clinique du CCC dans le format
actuel des études médicales du 2ème cycle, tous les enseignants considèrent qu’elle est
indispensable alors que la grande majorité des étudiants la jugent très utile ou
13
indispensable. Les quelques améliorations proposées portaient principalement sur
l’homogénéisation des épreuves, l’harmonisation des conditions de l’examen,
l’utilisation d’outils de simulation médicale, etc. Il faut cependant noter que la grande
majorité des sondés ont exprimé le souhait que des épreuves pratiques de ce type soient
réalisées à la fin de chaque stage d’externat, soulignant ainsi encore une fois la demande
d’une évaluation clinique en continu durant le 2ème cycle des études médicales.
CONCLUSIONS
Cette étude confirme la réussite de l’épreuve clinique du CCC réalisée pour la
première fois au sein de la faculté de Médecine de Paris-Sud, avec une acceptation du
projet par les étudiants et les enseignants. Nos résultats mettent en évidence la nécessité
d’une évaluation systématique des compétences cliniques des externes pendant le 2ème
cycle des études médicales. Plutôt qu’une modalité unique pendant le CCC, cette
évaluation clinique pourrait être réalisée à la fin de chaque stage de l’externat, afin de
mieux introduire les étudiants dans le milieu clinique et diminuer leur stress durant les
épreuves cliniques majeures.
14
REFERENCES
1. Segouin C, Jouquan J, Hodges B, Brechat PH, David S, Maillard D, Schlemmer B,
Bertrand D. Country report: medical education in France. Med Educ 2007; 41(3):
295-301.
2.https://www.huffingtonpost.fr/guy-vallancien/alerte-aux-internes-en-medecine-
incompetents_b_8979110.html
3. Arrêté du 8 avril 2013 relatif au régime des études en vue du premier et du deuxième
cycle des études médicales. JORF n°0095 du 23 avril 2013, page 7097, texte n° 30.
https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000027343762
&categorieLien=id
4.https://www.lemonde.fr/campus/article/2018/07/05/etudes-de-sante-fin-des-
epreuves-classantes-nationales-pour-les-futurs-medecins_5326636_4401467.html
5. https://www.letudiant.fr/etudes/medecine-sante/etudes-de-medecine-ecn-mort-vive-
l-ecn.html
15
TABLEAUX
Tableau 1. Caractéristiques démographiques des sondés.
Étudiants (n = 46)
Age
< 23 ans 3 (6,5%)
23-24 ans 23 (50%)
25-26 ans 12 (26,1%)
> 26 ans 8 (17,4%)
Sexe
Femmes / Hommes 30 / 16
Enseignants (n = 32)
Age
30-40 ans 23 (71,9%)
41-50 ans 3 (9,4%)
51-60 ans 6 (18,7%)
Sexe
Femmes / Hommes 12 / 20
Fonction
PU-PH 4 (12,5%)
MCU-PH 7 (21,9%)
CCA-AHU 16 (50%)
PH / PHC / Patt 5 (15,6%)
16
Tableau 2. Avis des sondés sur la préparation de l’épreuve clinique du Certificat de Compétence Clinique.
Étudiants (n = 46)
Temps de préparation
< 24 heures 21 (45,7%)
1 à 3 jours 10 (21,7%)
3-5 jours 6 (13%)
5-7 jours 4 (8,7%)
> 7 jours 5 (10,9%)
Moyens de préparation
seul(e) 31 (67,4%)
avec d’autres étudiants 14 (30,4%)
avec des enseignants 10 (21,7%)
en utilisant des jeux de rôle 6 (13%)
en réalisant des épreuves blanches sur patients 9 (19,6%)
autre 2 (4,3%)
Préparation avant l’épreuve
suffisante / non suffisante 31 (67,4%) / 15 (32,6%)
Intérêt des évaluations des stages d’externat
aucun 13 (28,3%)
peu utiles 15 (32,6%)
utiles 12 (26,1%)
très utiles 6 (13%)
Enseignants (n = 32)
Temps de préparation
< 24 heures 17 (53,1%)
1 à 3 jours 12 (37,5%)
3-5 jours 2 (6,2%)
5-7 jours 0
> 7 jours 1 (3,1%)
17
Moyens de préparation
seul(e) 4 (12,5%)
avec d’autres collègues 29 (90,6%)
avec des étudiants plus jeunes que ceux de DFASM3 2 (6,2%)
en utilisant des jeux de rôle 2 (6,2%)
autre 0
Choix des patients-cibles
Le jour de l’épreuve 7 (21,9%)
La veille de l’épreuve 20 (62,5%)
2 jours avant l’épreuve 3 (9,4%)
> 2 jours avant l’épreuve 2 (6,2%)
18
Tableau 3. Avis des étudiants sondés sur le déroulement de l’épreuve clinique du Certificat de Compétence Clinique (n = 46).
Epreuve réussie par l’étudiant
oui / non 40 (87%) / 6 (13%)
Bon souvenir de l’épreuve
oui / non 29 (63%) / 17 (37%)
Stress
Avant vs après l’épreuve (moyenne ± écart-type / 10) 6,2 ± 2,1 vs 6,9 ± 2,3
(p = 0.035)
Augmentation du stress pendant l’épreuve
patient non coopératif ou impoli 3 (6.5%)
patient ne parlant pas bien français 6 (13%)
difficulté du dossier 11 (23,9%)
sévérité des examinateurs 6 (13%)
cadre de l’examen 15 (32,6%)
autre 21 (45,7%)
Diminution du stress pendant l’épreuve 11 (23.9%)
patient coopératif 32 (69,6%)
connaissances théoriques 26 (56,5%)
comportement des examinateurs 32 (69,6%)
cadre de l’examen 16 (34,8%)
autre 5 (10,9%)
Perte des moyens liée à l’augmentation du stress 11 (23.9%)
totalement 4 (8,7%)
partiellement 17 (37%)
Mis en confiance par le jury de l’épreuve 11 (23.9%)
oui 41 (89,1%)
non 5 (10,9%)
Impression du résultat de l’épreuve selon l’étudiant
excellent 0
19
bon 20 (43,5%)
moyen 20 (43,5%)
mauvais 1 (2,1%)
três mauvais 4 (8,7%)
je ne sais pas 1 (2,1%)
Concordance avec examinateurs à la fin de l’épreuve 11 (23.9%)
oui 19 (41,3%)
non 11 (23,9%)
je ne sais pas 16 (34,8%)
Considération du jugement des examinateurs
correct 37 (80,4%)
faux 3 (6,5%)
sévère 7 (15,2%)
Explications des points forts et faiblesses de la prise en charge à la fin de l’épreuve
oui 28 (60,9%)
non 18 (39,1%)
20
Tableau 4. Avis des enseignants sondés sur le déroulement de l’épreuve clinique du Certificat de Compétence Clinique (n = 32).
Bon souvenir de l’épreuve
oui / non 32 (100%) / 0
Jugement de l’épreuve selon le stress des étudiants
pas stressante du tout 0
peu stressante 2 (6,2%)
moyennement stressante 12 (37,5%)
très stressante 18 (56,3%)
Prise en charge d’étudiant ayant des difficultés psychologiques au cours de l’épreuve
oui 10 (31,2%)
non 22 (68,8%)
Satisfaction des étudiants
très satisfaits 12 (37,5%)
moyennement satisfaits 20 (62,5%)
peu satisfaits 11 (23.9%)
0
Jugement des aptitudes cliniques des étudiants de chaque centre d’examens
homogène 5 (15,6%)
hétérogène 27 (84,4%)
Bon jugement des aptitudes cliniques des étudiants
oui 28 (87,5%)
non 4 (12,5%)
Bon jugement des connaissances médicales des étudiants
oui 25 (78,1%)
non 7 (21,9%)
Niveau des étudiants
excellent 19 (59,4%)
bon 25 (78,1%)
moyen 11 (23.9%)
24 (75%)
21
mauvais 15 (46,7%)
Impression du niveau de l’examinateur
excellent 2 (6,2%)
bon 12 (37,5%)
moyen 11 (23.9%)
4 (12,5%)
mauvais 0
je ne sais pas 14 (43,8%)
22
Tableau 5. Avis des sondés sur l’intérêt de l’épreuve clinique du Certificat de Compétence Clinique.
Étudiants (n = 46)
Intérêt de l’épreuve clinique
indispensable 6 (13%)
três utile 16 (34,8%)
utile 19 (41,3%)
peu utile 5 (10,9%)
Moment de la réalisation de l’épreuve clinique
à la fin de chaque stage 43 (93,5%)
à la fin de chaque année universitaire 1 (2,1%)
une fois durant le Certificat de Compétence Clinique 1 (2,1%)
autre 1 (2,1%)
Enseignants (n = 32)
Intérêt de l’épreuve clinique
indispensable 13 (40,6%)
três utile 12 (37,5%)
utile 7 (21,9%)
Moment de la réalisation de l’épreuve clinique
à la fin de chaque stage 24 (75%)
à la fin de chaque année universitaire 7 (21,9%)
une fois durant le Certificat de Compétence Clinique 1 (3,1%)
23
Annexe 1. Questionnaire « étudiants » pour l’évaluation de l’épreuve clinique du
Certificat de Compétence Clinique (23 questions).
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Annexe 2. Questionnaire « enseignants » pour l’évaluation de l’épreuve clinique du
Certificat de Compétence Clinique (22 questions).
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