Les représentations sociales selon MOSCOVICI
Jenny FANFARD-JACQUENS Lyndsay MELGIRE MOORE
Odile LUDOP Sloane POLEON
Introduction
I/ La genèse
II/ Un père fondateur
III/ Une pensée, un courant Conclusion
IntroductionDans le cadre de l’UEO 9 b Enseigner: former pourquoi et pourquoi faire, de la licence 3 sciences de l’éducation, le groupe composé de Jenny, Lyndsay, Odile et Sloane va vous présenter un exposé sur le thème : des représentations sociales selon MOSCOVICI.
Dans un premier temps, nous vous parlerons de la genèse de ce concept puis dans un second temps, du père fondateur et enfin nous aborderons une partie intitulée une pensée, un courant dans laquelle, nous mettrons en exergue les fonctions des représentations ainsi que leur rôle.
I / La genèse
La représentation sociale est un concept transversal et interdisciplinaire, situé à
l’interface du psychologique et du social, ce qui rend sa définition complexe. De
nombreux scientifiques, tel que Denise Jodelet psychosociologue, s’accordent
pour définir la représentation comme « une forme de connaissance, socialement
élaborée et partagée, ayant une visée pratique et concourant à la construction
d’une réalité commune à un ensemble social. »
2) La naissance d’un concept
L’étude des représentations débute avec des sociologues et anthropologues de renom au XIXe siècle. Les représentations sociales sont nées du concept sociologique de représentations collectives énoncé par Emile Durkheim (sociologue Français) en 1898. Il était considéré comme l'un des fondateurs de la sociologie moderne. Il distingue les représentations collectives des représentations individuelles. Pour ce dernier, la conscience individuelle n’a pas beaucoup de poids et n’existe qu’à travers la conscience collective qui s’impose aux individus d’une génération à une autre et se concrétise matériellement par des règles de fonctionnement juridiques, économiques, morales, religieuses, etc.
Puis, c’est avec le psychologue Serge MOSCOVICI que s’élabore véritablement la
théorie des représentations « sociales » à travers son étude princeps sur la
psychanalyse en 1961. Pour MOSCOVICI, à l’inverse de DURKEIM, la
représentation a une genèse à la fois individuelle et sociale.
Moscovici s’inscrit dans la continuité d’auteurs comme Freud, Piaget ou Durkheim,
dont il s’est inspiré pour formaliser le concept de représentation sociale.
II/ Un père fondateur
1) Sa biographie: Un psychologue social visionnaire
Serge Moscovici (de son nom de naissance Srul Herş Moscovici), né le 14 juin 1925 à Brăila (Roumanie) et mort le 15 novembre 2014, est un psychologue social, historien des sciences français d'origine roumaine et l'un des principaux théoriciens de l'écologie politique.
Ancien directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales de Paris, il fut l'un des fondateurs de la psychologie sociale Européenne. À partir de 1950, il obtint une « bourse de réfugié » pour poursuivre ses études à la Sorbonne et fit, en 1961 sa thèse, sous la direction de Daniel Lagache, sur la représentation sociale de la psychanalyse.
2) Les représentations sociales selon MOSCOVICI
Pour MOSCOVICI, c’est : “une manière d’interpréter le monde et de penser notre réalité quotidienne, une forme de connaissance sociale que la personne se construit plus ou moins consciemment à partir de ce qu’elle est, de ce qu’elle a été, de ce qu’elle projette et qui guide son comportement. Selon MOSCOVICI, une représentation sociale comporte trois dimensions :
L’attitude, l'information et le champ de représentation :
- L’attitude, qu’il décrit comme un positionnement, une orientation générale,
positive ou négative par rapport à l'objet de la représentation.
- L’information qui est exposée pour sa part comme l’ensemble et l’organisation des
connaissances sur l’objet de la représentation. Ces mêmes informations varieront en
fonction de leur nombre, de leur variété, de leur précision et de leur caractère
stéréotypé.
- Le champ de représentation sociale qui comprend le contenu même de la
représentation arrimant des dimensions affectives et cognitives de manière
structurée..
Par ailleurs il dit que la représentation sociale se structure à travers deux processus que sont l’objectivation et l’ancrage. Ces deux processus sont au cœur de ce qu’il appelle : ” l’approche socio génétique”. • Pour une meilleure compréhension, nous vous apportons quelques éléments de
définitions : • L'Objectivation est un phénomène qui permet de s’approprier et d’intégrer les
connaissances relatives à un objet.
Elle peut s’opérer en trois phases : -Une déconstruction sélective à travers laquelle l’individu opère un tri parmi les éléments relatifs à l’objet. Il y a appropriation.
-Une schématisation structurante : les éléments retenus sont reconstruits, réorganisés dans une sorte de schéma imagé et cohérent. Se forme alors un noyau figuratif qui voit certains éléments prendre une place plus importante que d’autres.
-Une naturalisation : les éléments du noyau se matérialisent de façon évidente et deviennent des éléments objectifs.
L’ancrage est le phénomène qui consiste à enraciner socialement la représentation et
son objet en les incorporant dans le système de valeurs du sujet.
Il comporte plusieurs aspects :
-Le sens : L’objet représenté est investi d’une signification par le sujet et le groupe concerné par la représentation dont il fait partie. Ce processus traduit l’insertion sociale de l’individu.
-L’utilité : Les éléments de la représentation expriment non seulement des rapports sociaux, mais contribuent aussi à la création de ses rapports. De ce point de vue, l’ancrage donne aux éléments de la représentation une valeur de médiation entre l’individu et le monde qui l’entoure. -L’enracinement : la représentation prend place au sein d’un système de pensée.
Ce processus " d'objectivation" permet de passer de la théorie scientifique à ce que Moscovici appelle
" un modèle figuratif ou noyau figuratif". C'est à dire une schématisation de la théorie
psychanalytique s'appuyant sur une sélection de quelques éléments (inconscient, fantasmes) triés
sélectionnés et dissociés de leur contexte original afin d'être intégrés au système de normes et de
valeurs du groupe. C'est ce noyau qui va fournir le cadre d'interprétation et catégoriser les nouvelles
informations qui parviendront au groupe, dirigeant ainsi la conduite et donnant sens aux événements.
Le noyau central est l'élément le plus stable de la représentation. Autour de ce noyau s'organisent les éléments périphériques. Même si le noyau central est le fondement de la représentation, les éléments périphériques tiennent une place importante dans la représentation. " Ils comprennent des informations retenues, sélectionnées et interprétées, des jugements formulés à propos de l'objet et de son environnement, des stéréotypes et des croyances … Ils constituent l'interface entre le noyau central et la situation concrète dans laquelle s'élabore ou fonctionne la représentation.
III / Une pensée, un courant
1) Les fonctions des représentations sociales
Les représentations sociales ont quatre fonctions essentielles :
Une fonction de savoir :
Elles constituent une grille de lecture de l’environnement physique et social pour les individus. Les représentations sociales permettent d’assimiler de l’information en l’intégrant à un cadre existant et en cohérence avec les valeurs partagées par le groupe auquel ces individus appartiennent.
-Elles facilitent : -La communication -Et le partage de l’information intra-groupe.
Une fonction identitaire
Elles aident à définir et à sauvegarder l’identité, la cohésion de l’individu ou du
groupe et à garder une image positive de son groupe d’appartenance.
Une fonction d’orientation
Elles permettent aux individus d’orienter leurs comportements et leurs pratiques,
notamment face à l’étrangeté ou à la nouveauté. Elles déterminent a priori les
conduites à tenir et jouent à ce titre un rôle prescriptif (qui constitue un
commandement un ordre), car elles définissent ce qui est licite et tolérable de faire et
de dire dans un contexte social déterminé.
Une fonction justificatrice Elles permettent aux individus d’expliquer et justifier leurs actions futures (rationalisation) ou passée (a posteriori) pour
cautionner et préserver leur vision du monde.
Cette approche de MOSCOVICI met l'accent sur le contenu (valeurs, notions, pratiques) et les fonctions d'une représentation
sociale qui s’articule autour de la stabilisation du cadre de vie, l’instrument d’orientation et l’élaboration de réponses.
2) Le rôle d’une représentation sociale
Le concept de représentation sociale permet de mieux comprendre les individus et les groupes en analysant la façon dont ils se représentent eux-mêmes, les autres et le monde. Elles jouent donc un rôle fondamental dans la dynamique des relations sociales et dans les pratiques. Pas de représentations sociales sans pensée, mais pas de pensée sans représentations sociales. Ce sont donc des pièces maîtresses...
Selon Denise JODELET, Psychosociologue, directrice d'études, École des Hautes Études en Sciences sociales (EHESS) « l'étude des représentations sociales à un intérêt fondamental pour les sciences humaine ». « Située à l'interface du psychologique et du social, elle présente une valeur heuristique pour toutes les sciences humaines. Chacune de ces sciences apporte un éclairage spécifique sur ce concept complexe. Tous les aspects des représentations sociales doivent être pris en compte : psychologiques, sociaux, cognitifs, communicationnels. Il n’est ni possible, ni même souhaitable pour l’instant, estime Denise JODELET, de chercher à établir un modèle unitaire des phénomènes représentatifs. Il paraît préférable que chaque discipline contribue à approfondir la connaissance de ce concept afin d’enrichir une recherche d’intérêt commun ».
Conclusion
Le concept de représentation sociale est si riche et si complexe qu’il n’est pas toujours évident de le définir. En somme, nous retiendrons à l’issu de cet exposé qu’elles sont donc un processus permettant d’interpréter la réalité pour mieux l’intégrer et que celui-ci trouve son origine dans les interactions des individus avec leur environnement aussi bien social que physique. Actuellement, le concept de représentation sociale a largement dépassé le cadre de la psychologie sociale. À la suite de Moscovici, de nombreux chercheurs se sont intéressés aux représentations sociales tels que : des psychosociologues comme Chombart de Lauwe (1971), Farr (1977, 1984, 1987), Jodelet (1984) et Herzlich (1972), « des anthropologues tels que Laplantine (1978, 1987), des sociologues comme Bourdieu (1982), des historiens, Ariès (1962) et Duby (1978)» (SERPSY). Cette diversité met donc en exergue, un élargissement du champ d’investigation de l’étude des représentations.
Top Related