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Bioterrorisme:When you have eliminated the impossible, whatever remains, however
improbable, is probably trueS. Holmes
Version: 21-10-01
Dr S. Alfandari
Maladies Infectieuses
CH Tourcoing & CHRU Lille
Bioterrorisme
• Utilisation ou menace d'emploi de virus, bactéries, champignons ou toxines de micro-organismes visant à entraîner une maladie ou le décès d'humains, animaux ou plantes.
• Accords internationaux – 1925 Protocole de Genève– 1972 Convention sur les armes biologiques
• La menace est elle réelle ? – Canular versus vrai évènement
Mythe ou réalité• USA
– 1984: Oregon, Salmonelle (751 blessés, secte religieuse) – 1991: Minnesota, ricine (canular)– 1995: Arkansas, ricine (canular)– 1995: Ohio, Peste (lettre piégée)– 1997: Washington DC, “Anthrax” (canular)– 1998: Nevada , Anthrax souche non-létale – Depuis 1998: Multiples canulars “Anthrax”– Octobre 2001: Charbon inhalé Floride + lettres piégées
• Monde– 1993/1994: Attaques chimiques sur Kurdes Irakiens– 1995: Tokyo, attaque au gaz Sarin: 12 morts, 1038 blessés– 2001: Lyon, Interpol: alerte anthrax
Principaux agents du bioterrorisme
• Charbon (anthrax)
• Variole
• Peste
• Tularémie
• Fièvres hémorragiques africaines
• Botulisme
Anthrax (charbon)• Maladie animale ubiquitaire• 3 formes d'anthrax humain:
– Cutané• Rare: 20 cas/an en France• Plaies et coupures
– Gastro-intestinal• Exceptionnelle• Viande ou lait contaminés
– Inhalation• Historiquement: laine contaminée• Actuellement, exceptionnelle et donc suspecte « à priori »
– cf Floride
Anthrax par inhalation: points clés• Accessibilité :
– Facile avec des connaissances minimales en bactériologie
• Méthode de diffusion : – aérosol
• Potentiel épidémique : – quasi nul
• Taux d’attaque (infectés/exposés) : – 25 à 50 %
• Incubation : – 2 j (1 à 6 j ; voire 43 j)
Anthrax comme arme biologique• Crédibilité de la menace :
– Militarisation industrielle en URSS (années 70-80)• Rumeurs de souches résistantes à pénicilline/cyclines
– Accident en enceinte confinée en 1979• 79 infectés• 68 morts
• Stabilité d’un aérosol: – Inconnue (Max. probable: 24 h)– Faible risque d’aérosolisation secondaire– Survie des spores à l’air: plusieurs dizaines d’années
• Dose infectante:– Élevée (> 2500 spores)
JAMA 1999; 18:1735-63.
Anthrax: diagnostic• Clinique: non spécifique
– Durée de la maladie = 3-5 jours– Fièvre, malaise, asthénie– Amélioration pendant 1-2 jours– Décès en < 24h par détresse respiratoire +/ hémorragie
méningée
• Radiologie (quasi pathognomonique)– Élargissement du médiastin– Pleurésie bilatérale– Pas d'infiltrats pulmonaires
Anthrax: impact• Mortalité
• Sans traitement: 95%• Mortalité si traitement débuté après le début des symptômes : 80%
(mécanisme toxinique)• Mortalité estimée en cas d’attentat bioterroriste si pas de préparation
spécifique : 20 à 50 % des infectés
• Estimations– 50 Kg de spores sur une métropole de 5 millions
• 250 000 infectés et 100 000 morts
• Exercice US grandeur nature (1999). Inglesby. EID 99
– Diffusion d'aérosol pendant 1 match (74 000 personnes) – 16000 infectés + 4000 résidents– 4000 DC et 250 000 personnes reçoivent des antibiotiques
Anthrax: traitement• Molécules utilisables
– Première intention:fluoroquinolones• 2ème intention: cyclines• 3 ème intention: amoxicilline• alternatives si ruptures de stocks (données in vitro)
Clindamycine – macrolides – phénicolés - aminosides - vancomycine
• Traitement curatif : – Fluoroquinolones IV: poso standard – Préventif : Fluoroquinolones PO pdt 60 j
• Vaccin: – France: vétérinaire– USA :stock et capacité de production limitée
Anthrax: posologie des molécules
Groupe Biotox de l'affsaps
• Ciflox: (y compris enfant et grossesse)– IV: 400 mg/12h
– PO: 500 mg/12h
• Oflocet– PO: 400 mg/12h
• Tavanic– PO: 500 mg/24h
• Alternatives chez souches sensibles– Doxycycline: 100 mg/12h
– Amoxicilline: 1 g/8h
Anthrax: EID, 2001;7:1-18.
• 10 cas, âge moyen 56 ans (43-73),• Période d’incubation, connue chez 6: 4 jours,• Fièvre:10/10; toux: 9/10; dyspnée: 8/10; nausées ou
vomissements: 9/10.• 10/10 RP pathologiques:
– 7/10 infiltrats– 8/10 épanchements pleuraux– 7/10 élargissement du médiastin.
• 7/8 TDM pulmonaires: adénopathies.• 60% de survivants• Aux USA, au XX siècle: 18 cas rapportés.
Anthrax: USA 2001(oct, nov 2001)
• 10 formes pulmonaires et 12 cutanés
• CMI de la souche:– Ciprofloxacine < 0.06 mg/l– Doxycycline < 0,03– Clindamycine < 0.5– Rifampicine < 0.5– Imipenème < 0.12– Péni G, amoxic < 0.06– Ceftriaxone = 16
La virus de la varioleet
le bioterrorisme.
Docteur André Boibieux
Maladies infectieuses et tropicales
Hôpital de la Croix-Rousse.([email protected])
Introduction
• A causé 300 millions de morts au 20ème siècle• Dernier cas observé: 1977• Éradication proclamée par OMS: 1980• Fin de la vaccination obligatoire en France: 1984• Souches conservées dans 2 laboratoires: USA et
Russie– Il peut exister des stocks non déclarés– Après l'éclatement de l'URSS, on a perdu la trace de
plusieurs spécialistes soviétiques
Le virus
• Groupe des orthovirus, famille des Poxviridae,
• 3 autres virus transmissibles à l ’homme:– le virus de la vaccine,– le cowpox,– le monkeypox.
• 3 techniques pour différencier ces 4 virus : – milieux de cultures spécifiques*,– ME, PCR* et RLFP* (plus rapides),– à partir du liquide de vésicule, pustule et croûte.
Clinique
• Pénétration du virus : oropharynx et muqueuses respiratoires,
• Période d ’incubation : 14 jours (7-17),• Phase d ’invasion (pré-éruptive)
– durée de 2 à 3 jours– fièvre élevée,– malaise, prostration, céphalées,– douleurs dorsales,– malade est couché à son domicile.
Clinique : phase d ’état.• Éruption maculo papuleuse (J0) :
• Muqueuse bucco-pharyngée,• Visage et avant bras ,• Evolution centrifuge en une seule poussée vers le tronc et les
MI.
• Elle devient vésiculeuse (J3) puis pustuleuse (J7) :• Tous les éléments sont d’âge identique,• La paume des mains est atteinte.
• L’éruption devient croûteuse (J10-14).• Evolution : 30% de décès.
Les formes cliniques (10% des cas)
• Variole mineure ou alastrim: – éruption plus clairsemée,– 1 % de mortalité.
• Variole atténuée : avec immunité résiduelle,
• Variole hémorragique :– toujours mortelle,– surtout les femmes enceintes.
• Variole maligne, moins constamment mortelle
• Varicelle, purpura fulminans et LA.
Variole: points clés
• Accessibilité : Difficile (terrorisme d’état ou financé par un état)
• Méthode de diffusion : – largage dans l ’air d ’un aérosol,– durée de vie de quelques heures à 2 jours,
• Dose infectante : quelques virus.• Potentiel épidémique :
– 5 cas secondaires pour 1 cas index (population de densité moyenne, non vaccinée).
• Mortalité: – 30% et proche de 0% si 3 vaccins et dernier < 20 ans.
Variole: points clés
• Transmissibilité :– rareté des formes asymptomatiques,– qu ’à la phase d ’état (maximum de J0 à J7),– malade couché depuis la phase d ’invasion,– transmission par les gouttelettes ou le contact direct
avec des objets contaminés,– récupérer tous les sujets contacts, – isolements respiratoire et cutané du patient,– la vaccination des sujets contacts .
Variole: points clés
• En France :– Bio-défense civile : 10 à 20 pour 1 cas index,– les personnes de plus de 40 ans, 3 vaccins ont une
protection complète, la proportion est inconnue.
• Fondamental :– faire un diagnostic précoce,– 1 cas de variole : c ’est du bio terrorisme– isoler le patient– rechercher et vacciner en urgence.
Variole: traitements• Vaccin:
– Évite le décès si donné dans les 3-4 j – Complications : 317 décès et 89 séquelles post-encéphalitiques
(357), 13500 inoculations accidentelles, 5000 vaccines généralisées, 1000 eczémas vaccinaux, 400 vaccines progressives.
• Cidofovir*, ribavirine, vidarabine– Efficace in vitro sur monkeypox *,– La méthisazone partiellement efficace dans la vaccine
progressive.
• Protection de personnel (de soins et de laboratoire) : vaccination et isolement.
Avis du CSHP de France du 5/11/2001
• « Il n ’y a pas lieu de vacciner l ’ensemble des personnels de santé et des personnels de secours ni l ’ensemble de la population française ».
• « Elaborer dès à présent une stratégie de vaccination si le virus circulait à nouveau »– équipes hospitalières dédiées,– intervenants de première ligne,– sujets contacts et personnes exposées.
Avis du CSHP de France du 5/11/2001
• Situation avec menace terroriste précise et identifiée : vaccination des équipes hospitalières dédiées à évaluer.
• Un ou plusieurs cas dans un autre pays que la France : vaccination des équipes hospitalières dédiées , vaccination des personnels de première ligne à évaluer.
• Un seul cas en France.
• Exposition à dissémination confirmée. Région.
Avis du CSHP de France du 16/11/2001
• Définition de la mission des équipes dédiées.• Répartition de ces équipes.• Composition et disponibilité de ces équipes.• Modalité de constitution des équipes:
– volontariat– personnel ayant eu 2 vaccins et sans CI (sérologies et tests de
prolifération lymphocytaire).
• Les intervenants de première ligne.• Organisations de le vaccination.
Réunion du 8/01/2002
• Vaccin :– 5 millions de doses disponibles,– efficacité testée aux USA,– pulpe vaccinale ( 3 à 30 millions de doses),– stockage dans les 7 régions,– formation de médecins vaccinateurs (centres de
vaccinations amariles).
Réunion du 8/01/2002
• Equipe ou service dédié :– information des personnels,– implication de médecine du travail,– état des lieux des personnes vaccinées,– problème du volontariat,– maladies infectieuses, pédiatrie et réanimation– tous les personnels (radio, labo, dépôt).
Réunion du 8/01/2002
• Equipement des services avec chambres à pression négative,
• laboratoire P3 pour la manipulation du virus de la variole,
• adaptation fonctionnelle des services de maladies infectieuses à leur mission,
• problème des questions transfrontalières en cas d ’admission de personnes étrangères.
Conclusions• Repérer, isoler et vacciner rapidement (disposition
des vaccins en 6 heures sur tout le territoire).
• Préparation nécessaire: pas sur un cas mais plusieurs cas.
• 30 % de mortalité et contamination importante des personnels de santé, il y a 20 ans.
• Antiviraux efficaces!
• Tout serait mieux si le vaccin était bien toléré.
Peste (Yersinia pestis)
• Maladie Historique– 20-30 millions de morts en Europe au 14ème siècle
• Maladie endémique– Asie– Afrique– Amérique (y compris USA)
• 3 formes– bubonique– Septicémique– pulmonaire
Peste: points clés• Accessibilité :
– Facile avec des connaissances minimales en bactériologie
• Méthode de diffusion : – aérosol
• Potentiel épidémique : – très élevé (1 source contamine 10 à 20 contacts)
• Incubation : – quelques heures à quelques jours.
Peste comme arme biologique• Crédibilité de la menace :
– Militarisation industrielle en URSS (années 70-80)• Résistance naturelle décrite (cyclines, quinolones)
• Rumeurs de souches multirésistantes
• Stabilité d’un aérosol: – 1 h
– Diffusion jusqu’à 10 Km
• Dose infectante:– Inconnue
JAMA 2000 ; 283 : 2281-90
Peste: diagnostic
• Clinique non spécifique– fièvre, malaise, dyspnée et toux – Syndromes gastro-intestinaux– Hémoptysies plus tardives
• Radio– Infiltrats généralement systématisés
Peste: impact• Impact prévisible
– La libération de 10 Kg d'aérosol sur la CUDL pourrait entraîner:• 30 000 cas dont 7000 morts
– Mortalité sans traitement : 100%– Mortalité si traitement après > 24h de signes cliniques : 100%– Mortalité si traitement précoce: 20%
• Exercice US grandeur nature (Mai 2000)– Attentat pendant une représentation théâtrale– A J3:
• 3700 cas
• 950 morts
EID 2000; 6:653-3
Peste: traitements
• Molécules utilisables– Première intention:fluoroquinolones
• 2ème intention: cyclines
• Alternatives: aminosides – phénicolés - bactrim
• Traitement curatif : – Fluoroquinolones IV: poso standard
• préventif : Fluoroquinolones PO pdt 7-10 j
• Vaccin moyennement efficace (USA)
Peste: posologie des moléculesGroupe Biotox de l'affsaps
• Ciflox:– IV: 400 mg/12h– PO: 500 mg/12h
• Oflocet– PO: 400 mg/12h
• Tavanic– PO: 500 mg/24h
• Doxycycline– 100 mg /12h
• Gentaline– 5 mg/Kg/j monodose
Peste: prise en charge• Victimes (fièvre/toux)
– Hospitalisation– Isolement– Traitement IV
• Sujets contact (contact < 2 m)– Domicile– Hôpital– Traitement oral
• Protection du personnel– Masques
Tularémie (Francisella tularensis)
• Accessibilité : – Difficile: milieux et conditions de culture
• Méthode de diffusion : – Aérosol– Dose infectante: 15-50 microorganismes
• Potentiel épidémique : – faible
• Incubation : – 4 j (1 à 14)
Tularémie• Clinique
– Pleuro-pneumopathie fébrile
• Impact prévisible– Mortalité sans traitement : 35%– Mortalité si traitement : 2%
• Traitement – curatif 14 j:
• France: 1ère intention: fluoroquinolones• USA: 1ère intention: aminosides• Autres possibilités: cyclines et phénicolés
– préventif : fluoroquinolones ou cyclines PO pdt 14 j– Vaccin atténué peu efficace (USA)
Ebola et autres fièvres hémorragiques • Accessibilité :
– Difficile et coûteux
• Méthode de diffusion : – aérosol possible expérimentalement
• Potentiel épidémique : – faible à élevé selon virus en cause
• Incubation : – 2 à 21 j
• Mortalité maximale – (ebola): 80%
• Traitement– Aucun (sauf Congo-Crimée & Lassa: ribavirine)
Botulisme• Action uniquement toxinique
– Toxine thermolabile– Inactivée par le chlore
• Dose infectante: 0.001 g/kg (DL50)– Incubation: 18 - 36 heurses– Diplopie, mydriase, sécheresse buccale– Paralysie descendante bilatérale progressive– Détresse respiratoire et DC 5-25%
• Impact prévisible:– 1 Kg de toxine dilué dans 1000 000 L d'eau tue 50% des
personnes buvant 10 ml !
Quand suspecter du bioterrorisme
• 1 cas de variole (et un seul !)
• Cas groupés inhabituels– Pleuropneumopathie chez des sujets jeunes– Pleurésie bilatérale avec élargissement
médiastinal• D Diff: hémopathies
• Plusieurs décès par pneumonie chez des sujets jeunes
AFFSAPS
• Groupe BIOTOX: Fiches thérapeutiques– Traitement avant identification de l’agent– Charbon– Peste– Tularémie– Botulisme– Variole– Fièvres hémorragiques
http://afssaps.sante.fr/htm/10/indbio.htm
Quelques sites utiles:• Fiches thérapeutique de l’AFFSAPS:
– http://afssaps.sante.fr/htm/10/indbio.htm
• Emerging Infectious Diseases: N° spécial BT– http://www.cdc.gov/ncidod/eid/vol5no4/contents.htm
• Johns Hopkins Center for Biodefense– http://www.hopkins-biodefense.org/
• Bioterrorism Preparedness and Response Program, National Center for Infectious Diseases, Centers for Disease Control and Prevention– http://www.bt.cdc.gov/
• Guine technique de l’OMS (version provisoire)– http://www.who.int/emc/pdfs/BIOWEAPONS_FULL_TEXT2.pdf
Conclusion
• L'utilisation d'un agent biologique à visée terroriste est un évènement– De faible probabilité– Mais avec des conséquences potentiellement
dramatiques.
• Soyez prêts.