Vaillant - La Preface de l'Evangeliaire Vieux-slave

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 André Vaillant La préface de l 'Évangéliaire vieux-slave In: Revue des études slaves, Tome 24, fascicule 1-4, 1948. pp. 5-20. Citer ce document / Cite this document : Vaillant André. La préface de l'Évangéliaire vieux-slave. In: Revue des études slaves, Tome 24, fascicule 1-4, 1948. pp. 5-20. doi : 10.3406/slave.1948.1465 http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/slave_0080-2557_1948_num_24_1_1465

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André Vaillant

La préface de l'Évangéliaire vieux-slaveIn: Revue des études slaves, Tome 24, fascicule 1-4, 1948. pp. 5-20.

Citer ce document / Cite this document :

Vaillant André. La préface de l'Évangéliaire vieux-slave. In: Revue des études slaves, Tome 24, fascicule 1-4, 1948. pp. 5-20.

doi : 10.3406/slave.1948.1465

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LA PRÉFACE

UÉVANGÉLIAIRE VIEUX-SLAVE,

PAB

ANDRÉ VAILLANT.

On a conservé, en très mauvais état, un feuillet d'un textecurieux , qu'on appelle le Feuillet macédonien ou de Hil'ferding. Ila été édité par Sreznevskij en 18 63 et 1868, puis par Iľinskij :

Македонскій листокъ, Спб., i ^об dans les Памятники старо-славянскаго языка de l'Académie des Sciences de Russie,tome I , fasc. 5 . C'est le débris d'un manuscrit ancien , mais postérieur au vieux slave, du xii6 siècle vraisemblablement; les graphies

comme кьрхь l. 4, ^ьк-ъзда 1. 8V, les formes de irt personne dupluriel de l'aoriste comme elixlml 1. 1 б , indiquent une rédactionmoyen-bulgare : cf., dans le Psautier de Rologne, елъниахъмъ . . .

бидихъмъ Ps. XLVII, 9, о\сслъ1шахл\' Ps. XLIII, 2 , etc.Une particularité de ce texte est qu'il présente un passage com

mun avec la préface de la traduction de Jean Damascène par Jeanl'Exarque ^\ Le fait a été reconnu aussitôt par Sreznevskij , mais leprestige de Jean l'Exarque est si grand depuis sa révélation parKalajdovič, la date de son œuvre, o,i5 environ, est si reculée, queni Sreznevskij, ni Jagié, ni les commentateurs postérieurs n'ont

hésité a déclarer que l'auteur du Feuillet macédonien l'avait utilisé.Une étude attentive du -texte montre que c'est une erreur : c'estJean l'Exarque qui l'a copié, et nous avons affaire à un documentdes tout premiers temps de la littérature vieux-slave.

Il n'est pas commode à déchiffrer : le feuillet de parchemin estdéchiré et froissé, il n'y a pas une ligne que l'on lise en entier, et

С Reproduite par Jagié, Рассуждения южнославянской и русской старины оцерковно-славянском языке, dans les Исследования по русскому языку, I,pp. Зэо-ЗаД.

Revue des Etudes slaves, t. XXIV, 10,48, fasc. i-à.

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6 ANDRE VAILLANT.

de certaines il ne reste plus que quelques lettres plus ou moinssûres. Mais il y a des passages suffisamment clairs par eux-mêmes,

et d'autres se laissent rétablir, soit parce qu'ils représentent descitations, soit parce qu'ils figurent chez Jean l'Exarque sous uneforme tantôt identique, tantôt un peu différente. Pour le reste, onne peut qu'essayer de deviner le texte d'après les débris de phrasesou de mois qu'ont pu lire Sreznevskij et Ii'inskij. Leur lecturen'est pas toujours sure, et ils l'indiquent eux-mêmes, mais nousdevons l'admettre là où nous n'avons pas des raisons solides de lamodifier. Les photographies qui accompagnent l'édition d'H'inskijne sont d'aucun secours : déjà Ii'inskij, sur le manuscrit, ne pouvait plus distinguer quelques lettres que Sreznevskij avait recon

nues. Pour la reconstitution du texte, nous ne pouvons pas nousfier complètement aux indications d'il'inskij relatives à l'étenduedes lacunes : en fin de ligne en particulier, il marque une lettremanquante là où nous sommes certains, comme nous allons levoir, qu'il en manque trois ou quatre. Mais nous sommes guidéspar le nombre des lettres à la ligne, de До à kk , d'après les lignesdont le rétablissement est sur.

Les cinq premières lignes se présentent dans un état presquedésespéré. On y reconnaît quelques mots, mais sans apercevoirclairement la suite des idées. Nous pouvons imaginer, mais c'estconjectural :

2 (запок)і>ди за то слть (члов*ко)л\ь гір*(даны д)жє аИіШьдиБше бєз крилоу вьзле(т-ЬТИ ПОМ)€ЇК€(1) И КЬрХЬ(2) NdLU€A ПЬЛТИ БКЗИДЄ XL

5 СКАТОК СЄ Є\[<МГЄЛИ№.

C) Jľmskij (Л£)?КЄ ou (Л\)Ж£. — W Adverbe? Mais le \ieux slave ne paraitconnaître que BpbXOVf, avec ou sans mouvement.

. . .Des commandements ont été pour cela transmis (aux hommes?) . . .en les observant (ils peuvent?) voler sans ailes. . . depuis que(?) le Christs'est élevé au-dessus (?) de notre chair. . . (en nous remettant?) ce saintÉvangile.

Comme on voit aussitôt après qu'il s'agit de l'interprétation del'Evangile en des langues étrangères, le texte doit viser la prescriptionu Christ, Marc, XVI, i5 : «Annoncez l'Evangile à toute lacréation», qui précède immédiatement l'Ascension et qui a étésuivie eu don des langues, et les instructions de saint Paul, I Cor.,

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LA PREFACE DE L'ÉVANGELIAIRE VIEUX-SLAVE. 7

XIV, dont deux versets sont cités plus loin. Les Evangiles sont deslivres inspirés, leurs Iraducteurs les interprètent «sans les ailes»

de l'inspiration , mais ils y sont autorisés.On lit ensuite plus clairement, grâce en partie à une citationde Cyrille d'Alexandrie :

5 и єжє ел/л, по^ДОЖИЛИ) М/ЬЖИ СЫШ<ШИ1€. dUJT€ И NÉIipdBOB-fcp(ЬНО u)dKd3dHHI€ CL НИМИ ТО ОБЛЧЄ ДОБр* С/ЪТЬ

(І) ICCTL И€ OTŁMCTdTH aKd3dNH1i HXL

ктри)лЬ dACIdUApblCKL €\f ЛОГИК) ПОО ^no\f(2). N€ ВЬС€ €ЛИК0 ГЛаГОЛЛт)к ЗЬЛОБИрЬМИИ ОТЬБИГДТИ »€С

Л-ЬПО И ОТЬМеТЛТИ. MŁNOr)o (б)о(3) ИСПОБ-ЬДЙЛТЬ.и Л\Ы )

í1' Lire (Т'ЬЛ\)Ж£ ? — í2' Cyrille d'Alexandrie, Lettre au prêtre Euloge (Migne,LXXVII, col. 2з5) : От* oý návrat óffa Xéyovcriv oi аірєтіхоі (pevyeiv xaí тіароитеїсгваі£ртј ' voÀXà yàp ôfwXoyovaiv av клі -fjpeU ецоХоуойцєр. — '3) 11 inskij ОБ(О).

Et l'interprétation que des hommes. . . on t (donnée), même si l'enseignement n'(est) pas orthodoxe avec eux, pourtant ils ont bien (interprété,et ainsi?) il ne faut pas rejeter leur interprétation, (comme le dit) Cyrilled'Alexandrie au prêtre Euloge : «Tout ce que disent les hérétiques n'estpas à fuir et à rejeter, car ils confessent beaucoup de ce que nous-mêmes

confessons ».

Ce passage est curieux : l'auteur ne se contente pas de justifierles traductions de l'Evangile, faites par des hommes qui ne sontpas portés par «les ailes» de l'inspiration, mais il déclare quemême les traductions des hérétiques ne sont pas à rejeter. Il réponddonc à une objection possible : ne sont-ce pas surtout les chrétiensséparés de l'Eglise orthodoxe qui usent de ces traductions? Laphrase de Cyrille d'Alexandrie, qui est souvent citée (Fabricius,dans Migne, LXVIII, col. 71), vise expressément les Nestoriens,

et ils utilisaient la version syriaque de YHarmonie des Evangiles(Diatessaron) de l'hérétique Tatien; ce qu i n'a pas empêché l'œuvrede Tatien d'être estimée chez les orthodoxes, et même traduite enallemand au ix e siècle.

Dans la suite, après quelques lignes mutilées et de restitutionconjecturale, on en lit plusieurs presque sans lacunes, et d'autresqu i se laissent compléter assez sûrement :

1 2 (-ькоже) глаголахь молл. да почита(аи ) и ти?а лшкк Бксьта ак<шни

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ANDRE TAILLANT.

1 5Ч не поносить мьн'Ь неоуч^ноуоуллоу и.............. іесть сло)во неистовоіе положено єлико

'бо могохьмь. ........ под)кБисахьлль са да быхьмь исто^воні) (1) положили . .... . (є)тангєлии Болійте са прилржити2) да аште и

2 0

а 5

ca кьде оврАштеть приложенонич)то (3) то да разоулмяеть. muta, и (4) акожє по ноужди тоіес)ть сьтБорило(5) а нє дьрзости/f» ни ам-ьникли.. нє бони)ктожє толь дьрзь ксть и завыль ex акожє дьрзноути) прилагати или оуиллати слово. . . и (л\ш)т(б)си іесть) TOMov оучитель(. нь словеса не) лин(ь) тил\и (7) ся»

) глаголы полаган(а) 8) истові.ил\и. не бо catl hli на потрибл) глаголи ти и словеса, нь разоут »его да тили, ижде са

съло\г)чи грьчьски и слоб-ьньсш стройна т«л\жде глагольлм. слово) положихьмь. ижде ли или дьльжаїе елово Bi ; или) norovfBA разоулм». то разоулла ca не отьпоуш

(талштє ин'ьліь) глагольмь положихьмь іе .

(l) Jľinskij .(БО), d'après Sreznevskij, mais il lit plutôt Ж (c'est-à-dire OKI). —(2 > ll'inskij .(И). , très douteux , précédé peut-être de 3 ou p : on attend (ЧТО).да. — P) ll'inskij .КТО. — í*) Faute du manuscrit pour ЧЬТАИ (Diels Altkirchetť-»lavuche Grammatik, II, p. 56). — <5' Correctement JO (CA I€C)TL СЬТВОриЛО,mais sans doute faute du manuscrit pour ТО КСТЬ СЬТВОрєНО. — fe ) ll'inskij(И). . .e\f, ou (ИЖ€)eVf : il s'agit de Moïse, ce qui précède se référant à Deutér.,

IV , з (et XII, із, XIII, і) ov irpocrOfoere itpàs то рѓјра б ѓуш èvréÀXofiaf v(tľv,,>íatovk афеХеїтг dit' avTOv. — <7> ll'inskij.... (ОГО) . (ЛЪН). (Т*)Л\И. — W ll'inskijпола(гань).

(Comme) je l'ai dit, je prie que le lecteur,. . . (considérant) aussi lesinterprétations de tous ces hommes, (ne me fasse pas grief, à moi quisuis) ignorant et grossier, si. . . le (terme) exact n'a pas été rendu. (Gar)autant que (nous l'avons pu . . .) nous nous sommes efforcés de mettre le(terme) exact, craignant d'ajouter (quelque chose. . .) à l'Evangile; el si(quelque chose), si peu que ce soit, se trouve ajouté quelque part, que lelecteur sache que cela a été fait par nécessité et non par témérité ou parhardiesse. Car personne n'est assez téméraire et ne s'est oublié au point

d'oser ajouter ou enlever un mot. ..

el c'est (Moïse) qui nous l'enseigne.(Mais les paroles n'ont pas) été paresseusement rendues par les mots eux-mêmes (аіітоГб rots poliam) exactement; car nous n'avons pas besoin desmots eux-mêmes et des paroles, mais du sens de (l'Evangilë)j Et c'estpourquoi, là où cela s'est rencontré (être) d'accord en grec et en slave,nous avons rendu (l'expression) par le même mot; mais là où l'expression(était) plus longue (ou) faisait perdre le sens, alors, sans lâcher le sens,nous l'avons rendue par (un autre) mot.

A parlirde la ligne 39 du recto, et jusqu'à la ligne 22 du verso,nous trouvons le passage qui est commun au Feuillet macédonien

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LA PREFACE DE ĽEVANGEL1AIRE VIEUX-SLAVE. 9

et à Jean l'Exarque, et la comparaison des deux textes permet unerestitution de celui du Feuillet, qui est fortement mutilé; restitution sûre pour la suite des idées, plus douleuse dans le détail,

parce que les deux textes diffèrent sensiblement, pour une raisonque nous verrons.

НЄ БО

Зо (nu ca) можетк присио полагати єлиникь лзьїкк ellv np-b(Adrd№Mb. И БкСЁКОМОу A3klK0Vf прилагаКЛЛОу СЪЛО\[

4d(l€Tk CA (1).) И Ml.NOrd(lllbAM ИЖЄ ГЛаГОЛк БкMNOMk АЗЫди KpdCkNk (2) ТО EL Дро\ґз(іїЛ\к НЄCkl(3). И ИЖЄ Бк ДроуЗ^МЬ ГкрДк. ТО Бк (иЫОЛ\к N€ СЫ (4). ИЖ€

5 БЬ ИНОЛ\Ь HVdEkNk ТО Бк ДрО\[31;(д\1. N6 CLI <5>. И ЄЖЄ ИЛ\А МЛЖкС

КО ТО Бк ИНО\[Л\Ь(б) АЗкіуЬ Ж£ИкСКо(. »ЬКОЖЄ гркЧкСКкІ Л\Лжьско или потамос астирь л слоБ^^ыкскк! жеикско. pKd ^kS^Ad (7). И ndKkl ТО ГркЧкСКкІ ( ЖЄИЬСМил\Ена и слосимьск^і л\<ъжьска (s) и ndKki глаго

і о лємк елйыксккі ndNTd та(тта . л сл<жиNkCKkl БкСЄ СЄ Прид(єHLl'9) И ndKkl ndNTd Td (єфМИ CAMNkCKkl. d СЛОБЪЫкСШБкСЬ (10) АЗкІЦИ (11) М€ БО (і€СТк ЛЦ* БкСкД€ СкМОТриТИ СЛИЫкСKd íl2) TAdrOAd Nk pd30v(<Wd NO\f?KAd БЛЮСТИ. ПрИДбТк

i5 бо Apovfrongn л№Жкско (или грьчьсш d caoľuiilckij при

деть женьско Ad п(р>ьложк)ше (л\/Т>жкскол\к имеыеллк.же лежитк гркч(кс)ккі (13) на бєлик(л исказл придетк прилоЖЄНИЮ ЛМЛО ЖЄ СИЦ*Хк ГЛаГОЛЬ OBptTdieTk СА o(Bd4e)(14)слтк. Ađ л\ы Ароутоиди оставьте истобок pd3o\fA\k (15) ....

2 0 ПОЛОЖИХкЛЛк ТкЖАЄ(1б) МОГЛШТк. NCBONk pd30\fA\kHd (17) (pdA)и np^AdľdieMk 18) CKd3dNHd (d Ne т)кч(ил(19) глаго)лк pdAH ИСТОКкШХк (20)).

(') J. Ех. и бсикол\о\с газыкохе бъ иыъ npeAdrd€A\oy тожеW Sans doute (ИЖе ГЛаГОЛЬ OBpUTdtëTk CA). . . KpdCkNk; J. Ex . NCEONb ИЖЄГ(лаГО)ЛЪ

БЪИЫОМк гаЗЫуЬ KpdCkHÏ». — t3' Sans doute ТО Бк ДроуЗ^ЛАк

ОБр-bTdieTk CA Н€) СЫ; J. El. ТО БЪ Др^31іЛ\к NCKpdCbNb. — (*) J. Ex. ИЖЄбъ иыомк страшкнъ, то бъ дроузъмк ыестрашкиъ. — <5' J. Ex . иже бъИНОЛ\Ь ЧкСТкНЪ, ТО БЪ ДроуЗ-ЬЛАк NÊHkCTbNL. — («) Faute pour ИИОЛХк, ougraphie moyen-bulgare, avec transfert au locatif du flottement -OXfMOlf : -OMO\Çdu datif. — W J. Ex. АКОЖЄ СЄ ГркЧкСШИ EdTpdXOC И П0Т4Л\0СЪ, СЛО-БНИкСШ ЖаЕа И ptKd. — W J. Ex . И ГШЫ TdAdCd, HMCpd, dMdTOAHгрьчьскыи жеиьскага имєиа, л CAOBtNkCKbi л\оужьскал- море д(ь)мьБЪСТОКЪ. — W Sans correspondant chez Jean ľExarque depuis пантаTd(YTd). — W Pour БкСИ. — (") J. Ex . И íldKbl T(AdrO)A€Mb еЛИНкСКЪ! •HdHbTd Td-еЗНИ, d СЛОБ-ВИкСКЪ! • БСИ ИЗЫдИ. — (») Complété d'après Jean

SUVI8. і a

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10 ANDRÉ VAILLANT.

l'Exarque, et de même la suite. — (|3> llinskij ГрЦЧШ) ou -4(b)CKLI. —í'4) Ou OBdHE Nb , d'après J. Ex. — <15> J. Ex. OCTdBAkUJE ИСТОБОЕ СЛО(БО),pd30\(4Wb ИСТОБЫИ (Т0ЖДНЇ МОГОУфк ПОЛОЖИХОМЪ), mais le mot qui

manque ne devait pas avoir plus de quatre lettres:

lire ИСТЫ ? —(1(1>

PourТ0ЖДЕ, et d'ailleurs le к ne se lit pas sûrement, d'après llinskij. — W> Sansdoute faute du manuscrit pour pd30\(ïl\d J. Ex . : il ne paraît pas possible qu'onait affaire à un adjectif se rapportant à CKd3dNHd qui suit. — (u) Sreznevskijlip(eAd)rdł€A\L, mais €Ad était complètement illisible pour ll'inskij. — (19> llinskij(CK)d3dHH(d). . . (ПИ)...; lire peut-être íip^AdrdtoWl. (€VfdNľ£ALCKd)Kd3dNH(-b). — (») J. Ex . HEBONb pd30yW\d pdAM ПрЪЛДГДКЛЛЪ КЪИИГЫ СИЛ,d NE ТЪЧЬЮ Г(ЛДГ0)ЛЪ ИСТОБЫИХЪ рдДкЛЫ; le début de la ligne 22 ressemble à

, d'après ll'inskij.

Car la langue grecque traduite en une autre ne peut pas toujours êtrerendue semblabiement, et cela arrive pour toute langue que l'on traduit. Et

souvent le mot qui (se trouve) beau dans une langue (se trouve) ne l'êtrepas dans l'autre, et celui qui dans l'une est redoutable ne l'est pas dans uneautre, celui qui dans l'une est capital ne l'est pas dans l'autre. Et le nom quiest masculin est féminin dans une autre langue, comme en grec irorafiós,áavjp sont des masculins, et en slave P'bKd, ^B^Ad des féminins; et inversement en grec. . . sont des féminins et en slave. . . des masculins. Et d'autrepart nous disons en grec iravra таОта. . . , et en slave BkCE CE приДЕ. . . ,et encore тгагта rà édvrj en grec, et en slave BLCH ШЫЦИ. И n'est pas possible en effet de toujours tenir compte du mot grec, mais il faut garder lesens ; car parfois un mot se présentera mascnlin en grec, et il se présenteraféminin en slave, et en le traduisant par un masculin, comme il se trouve engrec, il viendra au grand détriment de la traduction. On rencontre peu de

mots de celte sorte, pourtant il y en a; et nous, parfois, nous avons laissé le(mot) exact pour mettre le sens (propre?) qui a la même valeur. Et en effetc'est pour le sens que nous traduisons (les instructions de l'Évangile?) , (etnon pas) seulement (pour l'exactitude des mots).

Dans les dernières lignes du Feuillet, on reconnaît une citationde saint Paul, puis une citation de Denys l'Aréopagite qui seretrouve chez Jean l'Exarque immédiatement avant le passage quenous venons devoir, et dont Jagié (op. cit., p. 32 9, note A7) aidentifié et reproduit le texte grec.

(и TOMOVf Nkl) O\f4HTL (вЕЛи)кЫИ(л)ь(1) (. Бьсита Eda nd4£ а)зшь(2) пмголљ nl бь (рхоштл паті, (словеа'35 ovfMOMb с)ко(илль) глаголати (4) A(d и

q 5 NdOYM* ИЛИ (5) NCCUtiALI СЛОБЕа (a3UKI.)a\L (6). И ()оучЕииіа великі, по и^тин-ь'81 глдголеті. pcKLi (9). іесть)БО ПЛОДД NE HMd(1°) dKO/KE Л\(ЬНЛ И КрИБО (11) ЕЖ Е NE ^pd30VA\0Vf. Nk ПМГ0л(0Л\к BLNHM)dTH (12)(. И CE NUCTlyсбои; иже хоштеті. Божкс(твьнаи) разо^луьти. hl иже ^

З Q ÇU Ndn.1 BbNHAVdH-Tk И ТА. . .ДОЖИ ДО CAO\fX(oVC NE МИИО^ШТа) (13)

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LA PRÉFACE DE I/EVANGELIAIRE VIEUX-SLAVE. H

í1) Ilïnskij TL, mais c'est sûrement la finale de dilOCTOAL ou deI Côr. , XIV, 18-19 *зЬ»твй» vft'Zv fiâXXov yXéaaais ХаХш' dXXà èv èxxXmeia вѓХеоttévre Xóyo'js тф vot (iov ХаХтјааи, lva млі âXXovs халтц^аоѕ , fl (xvpíovs Xóyovs êvуХеаащ. — P) Faute, ou mauvaise leciure. pour A3 LIKU . instr. plur. — P) llinskijF1ATL (€)... — (*) llinskij (СЛОВО ПрОГЛДјГОЛЛТИ. — P) Calquant If. pourИ£ЖЄ(ЛИ) des traductions vieux-slavt-s de i'Epitre. — P) . . (A Л\Ь) Srezn,:\skij,mais H'inskij conteste le A. — í7 ) llinskij И П(Ь) . . — P' Très douteux, et lemanuscrit doit avoir été mal lu : on attend БСЛИШИ ЛИО(ИУСИИ). — P) J. Ex .СИЦе БО И ДИОЫИСИИ С(БА)ТЫИ Г(лаГ0)Л€Тк, peKblH;Di>nysľAréopagite,IIepJOelav ovofidrav, IV, 1 1 : Ecu (ièv y kp àXoyov, &s otpau, xaî cxcubv rà ft)) tí) Svvifiet■rov oxóitov Tspoaéystv, àXXà rats Xé&atv xaî toùto ovx San tù'v та вєїа voeïv èBeXov-Tdjv ïSiov, àXXà та» $xp')t ytXoùs єіаЗг%оцгг>сі)р xat tovtovs &xpt tûv âreov àSict-ëdrovs. — (10) Pour ИЛ\Ы, faute ou mauvaise lecture. — iu> J. Ex. ЕСТЬNCnAOAkNO, A\LNK), ИК0ЖЄ И КрИБО. — С2' llinskij Nt. rAdrOvA). . (O)BpdiTM);J. Ex. ижє ne сил* [и] pd3oifAvov кънилмти мъ r(Adro)Abmb. — («) J. Ex .И СИИ Adffi€ И ДО СЛО\ГХО1Г Н€ MHMIOraiUd ; ТА est altéré ou mal lu, pour TL Iou ТЫА, et l'on peut supposer И Т(ЫА Ж£).

(Kt c'est ce que nous) apprend le grand (apôtre) : «Je parle les langues(plus que vous tous) ; mais dans l'Église j'aime mieux dire cinq mots avecmon esprit, pour en instruire aussi d'autres, que des inimités de mots avecma langue». Et le disciple (de Paul), grand en vérité (ом plutôt le grandDenys), (ledit en déclarant : «C'est) en effet 1 une chose) qui n'a pas defruit, selon moi. (et fausse, de ne pas être attentif à la valeur) du sens, maisaux mots; (et cela n'est pas) le propre de qui veut comprendre les chosesdivines, (mais de qui) est allentif à des sons nus, à ce s (sons) (qui nepénètrent que) jusqu'aux oreilles ».

Nous reconstituons donc la plus grande partie du texte duFeuillet macédonien, et toute la suite des idées. Nous pouvons main

tenant le comparer avec le lexte parallèle de Jean ľExanjue, etreconnaître lequel des deux est antérieur à l'autre, celui qu i aservi de modèle et celui qui n'est qu'une copie.

Le Feuillet macédonien est le fragment d'une préface à une Ira-duction en slave des Evangiles. Il s'adresse aux lecleurs, pourlégitimer le principe de la traduction, et pour excuser ses infidélités névitables. L'auleur invoque les traductions antéiieures à la

sienne, y compris les traductions héréliques, et il doit s'agir particulièrement de la traduction syriaque des Nestoriens. Il avaittraité largement le sujet, puisqu'il renvoie, 1. 1 2, à ce qu'il avaitdil antérieurement, et qu'il n'a pu citer le cas spécial et peurecommandable des traductions non orlhodoxes que tout à la find'un développement sur l'utilité des traductions. Il connaissaitdonc bien l'histoire des traductions de l'Evangile grec en diverseslangues. Pour sa traduction en slave, il déclare l'avoir vouluescrupuleusement littérale, par respect pour le texte sacré, mais

1 A.

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12 ANDRÉ VAILLANT.

n'avoir pas pu toujours rendre le grec mot pour mot. Il s'en excusesur son ignorance, selon la formule d'humilité traditionnelle, et,

plus sérieusement , sur la différence entre les deux langues. Il aété parfois obligé de rendre un mot par plusieurs, ou de changerle mot qui donnait un autre sens en slave : 1. 27-28 , ижд€ ли илидьльжак сло(бо eu или) погоувА разоут. Il note que des motscorrespondants peuvent ne pas avoir la même valeur eu deuxlangues : tel mot est beau (ou convenable) dans l'une, et laid(inconvenant) dans l'autre; tel est redoutable (ou altier, ou simplement imposant, sérieux, <ro€ap6s), et dans l'autre langue nel'est pas; tel est capital (xeÇxxkoiïos) , exprimant une notion essentielle et riche de sens, et ce n'est dans l'autre langue qu'un mot

banal. D'autre part, à des masculins peuvent répondre des féminins, et inversement, et il se présente encore d'autres différencesgrammaticales. Mais c'est le sens qui importe et qu'il faut toujoursrespecter, et non les mots : saint Paul et Denys l'Aréopagitetémoignent que ce n'est pas aux mots qu'il faut faire attention.

On peut s'étonner que l'auteur insiste sur la nécessité de rendreparfois des masculins du grec par des féminins en slave : lesdifférences de genre, entre les mots grecs et leurs équivalentsslaves, apparaissent courantes, et ordinairement sans intérêt.Mais il ne parle que de celles qui sont gênantes pour un traduc

teure l'Évangile , et c'est pourquoi il ajoute que le cas est rare :1. 1 8V, мало же сиц-ёхь глаголь оврнтаіеті» са . Ce sont des difficultésde traduction qu'il a réellement rencontrées : les exemples qu'ilen donne sont pris à l'Évangile. Il cite les masculins потаџбѕ etâcTTtfp, rendus en slave par des féminins. Il s'agit pour le premiermot de Mat., VII, 26 (27) xa) $Wov ol тготаро) xcà ënvevarav olavsiioi xaï irpoo-énetrav tr j oixi'a êxei'vrj, dans la traduction slave ипридл риш и бъзеънша с-ћтри и иападљ на хралмиљ тљ : cesrivières et ces vents qui se jettent sur la maison bâtie sur le rocou sur le sable désignent les démons qui assaillent les hommes ,

et l'on pourrait reprocher au traducteur d'avoir trahi le sensallégorique eu introduisant un féminin a la place du masculin.Pour le second mot, c'est Mat., II, 9 xcà îSov б âovifp, bv slSov èvrf t àvaroly, Trpoîiysv avrovs, en slave и ce ѕкизда, ьъже кид-ьша наБъстоун, идваше пръдъ нил\и : l'étoile est un ange, et il auraitdonc mieux valu ne pas interpréter Je mot par un féminin. L'auteur ajoute des exemples inverses de féminins grecs auxquelsrépondent des misculins en slave; les mots sont tombés dans leFeuillet macédonien, mais on les rétablit d'après Jean l'Exarque, en

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LA PRÉFACE DE L'BVANGELIAIRE VIEUX-SLAVE. 13

laissant de côté son premier exemple, Qctkaacra : море, qui n'estpas heureux : 8-о/ и паш то грьчьсш (имєрд лнатолн жсыьска)имена и CAOB-bNLCK^u лшкьска alnł вьстокь). Peut-être sont-ce desmots sans importance et pris au hasard dans le môme passageMat., II [èv чџѓрмѕ v. i), pour montrer seulement que les différences de genre entre grec et slave apparaissent dans les deuxsens; mais peut-être le traducteur, qu i était évidemment un Grec,concevait-il si bien le «jour», vpépa, et ľ« orient», àvatoKri,comme des féminins qu'il était gêné d'avoir à les rendre en slavepar des masculins; et dans un cas comme Luc, I, 78 èv oh ѓпе-ахѓуалб -пџЅѕ âvarolr) ѓ£ výovs, en slave бъ иихъже посътилъ геетънасъ бъстокъ съ выше, il pouvait sentir la substitution de genre

comme une inexactitude, si pour lu i ľ« orient» était la Sagesse,

Il fait de même observer qu'au pluriel grec navra. та(ута. . .)répond le singulier slave blc€ ce прид(е), ou придать). Ceci doitviser Mat., XXIII, 36 v'Çst таита ndvta êir) Ttjv ysvsàv ravrtiv, etTon peut alors supposer, pour compléter la lacune de la ligne t ov,панта Td(vTd и|єі mlnotklno) « toutes ces choses viendront, aupluriel [тѕкцОитмаѕ) »; et en effet l'expression « toutes ces choses»désigne le meurtre des prophètes, etc., puis la vengeance divine,de façon plus précise que «tout ceci» du slave; mais on notera

que les manuscrits vieux-slaves de l'Évangile présentent ici lepluriel du grec : придать кье-ь си на родъ сь. Quant au dernierexemple, le grec navra та ëôvrj rendu en slave par blch ьазыци, ilse réfère sûrement à Mat., XXV, З2 xaï awa^ôvcrovrai ерпроо-вегaurou Ttdvra та ë6vt]f xa) àtyoptcrsi aÛTOvs an' âWtj'Xav, en slave ИСЪБерАТЪ СА ПрОДЪ NMMk BĹCH Ь&ЗЫуИ, И рДЗЛ/ЪЧИТЪ Ь% Дро\|ТЪ ОТЪдронта : le texte grec indique clairement que avrovs désigne lesbons et les mauvais serviteurs de la parabole des talents qu i précède, la traduction latine et congregabuntur . . . omnes gentes, etseparabit eos n'est pas davantage ambiguë, tandis que ia dans la

traduction slave peut être rapporté au masculin бьси іазьіци, enintroduisant l'idée hérétique, et exactement contraire à l'esprit dela prédication évangélique, d'une séparation des peuples en bonset mauvais.

On observe que ces exemples de difficultés de traduction nesont pas seulement pris à l'Évangile, mais plus précisément auxleçons de l'Évangile qu i composent l'Évangéliaire, le premierlivre traduit en slave : Mat., II, 9, XXIII, 36, XXV, З2, etmoins nettement Mat., VII, з5, qu'on retrouve dans le Tetra-

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ІД ANDRÉ VAILLANT.

évangile, Luc, VI, 48. Pour Luc, I, 78, ce verset manque dansi'Évangéliaire et sa leçon Luc, í, і-эб, 57-68, 76, 8o (Nativitéde Jean-Bapliste, 2 4 juin), mais rien n'indique qu'il soit plusparticulièrement visé que Mat., II à propos du désaccord degenre enlre dvaroXtf et къстокъ, et, s'il faut supposer une interprétation allégorique de cfoaroX)/, elle s'inspire plus encore deZacharie, III , 8 èyv луш tov SovXóv (tov AvaToXrfv.

Les autres observations de l'auteur trouvent également, maisplus largement, leur application dans l'Evangile vieux-slave. Lespériphrases obligées ne sont pas rares, ainsi pour иЅрго-ткбѕ rendupar ямы кодиыъш трлдъ Luc, XIV, 2, que l'Index de Luc, pourse rapprocher du grec, remplace secondairement par le composé

artificiel БОдиютрлдоБИТъ. Pour les cas où une traduction littéraleest impossible et fausserait le sens, nous citerons, par exemple,dans I'Evangéliaire Luc, XX, Д7 oStoi Xinf/ovrai тгеркт<т6тѕрогxpípca, interprété en slave par сии прииш»тъ осужден иге Больше,comme en lalin par hi accipient damnationem majorem : le slaveлихъ «en excédent, excessif», qu i répond au grec -nepto-o-ós,convenait mal ici; ce qui n'empêche que l'on trouve лишє осл-ждсиик Mat., XXIII, i4 (lal. amplius. . . judicium), Marc, XII,До (lat. prolixim judicium), mais en dehors du Lectionnaire,dans la traduction postérieure du Télraévangile. Des différences

slylisliques entre les mois convenables ou nobles en grec, inconvenants ou vulgaires en slave, nous ne pouvons pas juger sûrement : il nous manque le sens de la langue vivante à l'époque dela traduction des Evangiles. Mais nous devinons que itbpvn avaiten slave quelque correspondant direct qui a été soigneusementévité et remplacé par le composé plus décent лювод-ьииа, queнепраздьна eu regard du grec iyxvosesl un euphémisme naïf pourun tenue comme връждд qu i devait se dire grossièrement desiemmes et des b tes; et закиу/ьти « envier » ne signifiait que « voirde travers », NeiidEHAtTH « haïr » que « ne pas pouvoir voir », très

familièrement, ďs observations consignent l'expérience d'un traducteur, et il faut ajouter d'un premier traducteur, qu i tire dela langue vulgaire des mois qu'aucun usage littéraire n'a encoreanoblis : car dès le moment où здеидъти, ненавид-ьти sont entrésdans la langue écrite, immédiatement l«iur origine a été oubliéeet ils ont pris les sens et les emplois des mots grecs dont ilstenaient la place; la langue d'Eglise, en les adoptant, a rendudignes et môme solennels des termes de basse extraction. 11 enest de même pour les mots appelés à exprimer des notions reli-

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LA PREFACE DE L'ÉVANGELIAIRE VIEUX-SLAVE. 15

gieuses essentielles : AOVfXb «souffle», слово «parole» ont puparaître au début peu qualifiés pour désigner les personnes de laTrinité, l'Esprit, le Verbe; mais dès qu'ils ont été posés et admiscomme équivalents de Шеща. et Хбуоѕ, ils sont devenus toutcomme les mots grecs des mots « capitaux ».

Ainsi le texte du Feuillet macédonien est entièrement logique etplein de sens, et très intéressant par ce qu'il nous apprend surla traduction slave de lEvangile. On n'en dira pas autant dutexte de Jean l'Exarque. Il est naturel qu'un traducteur de JeanDamascène déclare s'être appliqué à rendre exactement sonoriginal, et s'excuse de n'avoir pas toujours pu le faire : plus que

tout vocabulaire, celui de la théologie exige la précision, et desdifficultés graves peuvent naître de l'emploi de termes inadéquats;on sait que le petit désaccord entre гхпоргьеавси et procedere acontribué à obscurcir et envenimer les discussions sur la processionu Saint-Esprit. Mais quelle importance peut avoir, dans latraduction de Damascène, la question des genres masculin etféminin? Les problèmes qui se posent au traducteur sont autres :

constitution d'un vocabulaire technique, création de mots nouveaux et de calques pour rendre les notions que le slave ne savaitpas exprimer, assouplissement de la syntaxe et acceptation de

tours non slaves pour suivre l'enchaînement savant des mots et desphrases en grec. Ce sont là les difficultés qu'a réellement rencontrées ean l'Exarque dont il ne parle absolument pas , et qu'il amal surmontées : sa traduction n'est pas des meilleures. Pour lagêne qui peut résulter de la différence des genres entre le grecet le slave, elle n'est pas imaginaire, mais elle ne méritait pasd'être mise au premier plan comme le fait maladroitement Jeanl'Exarque. Son prédécesseur, l'évêque Constantin, dans sa traduction des Discours contre les Ariens de saint Athanase, a étéeffectivement embarrassé par le genre neutre de слово au sens du

masculin Aéyos « Verbe » , et il traite en partie ce neutre commemasculin, en lui donnant un génitif-accusatif словесе; il rend »?

eixtov par le masculin овразъ, mais quand (I, chap. xx) ľ« imagede Dieu », le Fils, est désignée par Prov., VIII, Зо êywtfiiïiv ђ-про-o-é%aips, pour garder le féminin # — к неиже du texte biblique,il doit recourir au féminin икохена qui signifie proprement «portrait, icône». Des cas de cette sorte sont rares et n'ont rien degrave.

D'ailleurs les exemples cités de différences de genre dans le

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1 6 ANDRŹ VAILLANT.

Feuillet macédonien trouvent leur justification dans l'Evangile, etJean l'Exarque ne fait que les reproduire en les modifiant malencontreusement. Alléguer, comme masculin répondant à un féminingrec, мор€, neutre, en regard de вакаито-а, est une étourderieque Jagié, grammairien sérieux, ne manque pas de relever [op.cit., p. 3s5). Et l'exemple ftchpayps : шва n'a sûrement rien àvoir avec l'exposé de la foi chez Jean Damascène, et ne représentequ'une remarque d'un lecteur slave des grammairiens grecs :

Denys de Thrace ajoute aux trois genres le xoiv6v, comme à, яfanos, qui est masculin et féminin , et Yênixoivov , comme v xe^'~$w, о а&тбѕ, qu i se disent des mâles et des femelles sans distinction e genre; et l'on sait combien le yévos èitUoivov tend à se

confondre avec un genre réel dans la conscience des sujets parlants, et qu'il faut faire un effort pour se représenter l'hirondelleautrement que femelle, et pour ne pas faire du crapaud le mâlede la grenouille. Un Slave pouvait être frappé du fait que la grenouille n'était pas de même sexe en grec et en slave; mais cen'est qu'une curiosité, tandis que la divergence de аа-тг/р et deѕвизда avait une importance dans la traduction de l'Évangile.

Il est donc sûr que c'est Jean l'Exarque qui imite, et peu judicieusement, l'auteur du Feuillet macédonien. Cet auteur antérieurà Jean l'Exarque, esprit logique, lui, et homme savant qui

connaît l'histoire des traductions des Evangiles et qui cite Cyrilled'Alexandrie et Denys l'Aréopagite , c'est le traducteur de l'Evangilelave : c'est Constantin-Cyrille. Le pauvre Feuillet macédonien,abominablement mutilé, représente un document de prix^ : ilnous conserve une partie de la préface de Constantin à son Evan-géliaire. Nous en avons sans doute un écho au chapitre xvi de laVie de Constantin : les Vies de Constantin et de Méthode ontutilisé des documents qui remontaient aux deux apôtres desSlaves. Dans sa longue réponse aux partisans de ľ «hérésie destrois langues», Constantin invoque, non seulement les versets

I Cor., XIV, 18-19 comme dans sa préface, mais presque tout lechapitre xiv de l'épître; et il cite Marc, XVI, 16-17, *ex*eauquel, nous l'avons vu, il devait être fait allusion dans les premières lignes du Feuillet macédonien. L'énumération des peupleschrétiens qui possèdent des langues sacrées, Arméniens,Perses, etc., doit répondre à celle des traductions en diverseslangues des Evangiles, orthodoxes et hérétiques, qui se trouvaitsûrement dans le développement qui nous manque. Selon toutesvraisemblances, cette préface n'a pas été seulement pensée, mais

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LA PRÉFACE DE L'ÉVANGELIAIRE VIEUX-SLAYE. 17

aussi écrite en grec : elle n'était pas destinée aux Slaves de Moraviemais à des lettrés de culture grecque qui s'intéressaient aux

Slaves et à leur évangélisation. Elle a été bientôt traduite enslave, en une traduction littérale assez gauche et embarrasséed'héllénismes, et c'est le texte slave qu'utilise Jean l'Exarque :

bien qu'il modifie volontairement son original, il s'accorde trop bienavec lu i pour qu'il y ait doute sur ce point. Comparons parexemple, dans la citation de Denys l'Aréopagite, 1. 2 8-2 9 (и ce

И-ЬСТЬ) СБОК ИЖ€ ХОШТСТЬ BOTKLc(TBLHďb) pd30\f(<\VfcTM) et J. Ex. И С€мъсть СБОЙ (и)же в(о)ж(ь)стБЬнага хотгать разоулюти, en regardde ха) тойто ovx ŠaTi twv та. déta, voeív edekóvTCův ïStov, et entenant compte du fait que les deux textes slaves nous sont trans

mis ar des manuscrits fautifs , et que les singuliers хоштєті, . . .BLNHMdKTb, du Feuillet macédonien peuvent être remaniés depluriels.

Dans sa préface, Jean l'Exarque nomme tout d'abord Constantin,'inventeur des lettres slaves et le traducteur d'un recueil deleçons de l'Évangile et des Ëpîtres : и отъ єб<шг€лии и ап(о)с(то)лаприлагай изворъ. Il mentionne ensuite Méthode, qui auraittraduit a tous les 60 livres canoniques», mais il ne parle del'œuvre de Méthode que par ouï-dire (гакоже слышаатеь), c'est-à-dire qu'il ne fait que reproduire l'indication invraisemblable

fournie par la Vie de Méthode, chap. xv(1). Puisque les livrescanoniques étaient traduits, il se propose de s'attaquer aux«commentaires des docteurs (de l'Eglise)» : d'après les termesqu'il emploie, оучительскага сышагшга готова пръложити, il avaittout prêt, c'est-à-dire copié en grec, un recueil de textes, et lepremier qu'il en traduit est un traité de Jean Damascène. Pourexpliquer qu'après avoir beaucoup hésité il a entrepris cettetâche, sur les instances du moine Doks, afin de ne pas se soustraire à son devoir et malgré la conscience qu'il a de son insuffisance, il reproduit en entier la parabole des talents, Mat., XXV,1Д-З0 : c'est une longue citation, un peu libre, de l'Evangéliairede Constantin. Puis il s'excuse des infidélités de sa traduction,

О II doit s'agir du lectionnaire , avec les péricopes de toute l'Écriture sainte,dont les missels glagolitiques croates nous conservent les leçons. U est curieuxque Jean l'Exarque écrivant en Bulgarie , soit renseigné de façon si imprécisesur l'œuvre de Méthode : elle servait en Pannonie (Moravie et Croatie), et c'estune de s preuves du développement parallèle à ľépoque du vieux slave de deuxslavons, le moravo-pannonien et le bulgaro-macédonien , qui communiquaiententre eux mais étaient distincts, comme plus tard le slavon bulgare et le slavoneusse.

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18 ANDRÉ VAILLANT.

et alors il utilise la préface de Constantin en ľadaptant, en remplaçant par exemple Пр(н)л<1Г<Н€ЛІІ. (eVfdNreALCKd) Kd3dNM(iî) L 2 1*par пр-ьлагакмъ къиигы сил, et en la modifiant quelque peu.

Pour comprendre et juger la préface de Jean l'Exarque, ilnous faut un peu oublier l'image traditionnelle de ce haut prélatde l'Eglise bulgare, le vénérable vieillard dont Gosmas, vers 972»faisait le symbole toujours vivant de la grandeur de la Bulgarie (1),l'écrivain que Kalajdovič a révélé à l'admiration des slavistesmodernes (2). La traduction de Damascène est sa première œuvre,écrite avant 91 5, et Jean n'est pas encore exarque, il n'est pasencore prêtre. Le moine Doks, pour l'encourager à écrire, luidit : «Pour un prêtre (попови), quelle autre œuvre y a-t-il que

l'enseignement? Et puisque tu as pris cette carrière, c'est cetteœuvre que toi aussi tu dois faire». Ceci indique clairement queJean est entré dans les ordres, pour devenir prêtre, mais qu'iln'est pas encore question de lui donner le titre de презвутсръ (3).Il est jeune, et il est même permis de dire, quand il cite мореcomme exemple de masculin, que c'est un jeune étourdi. Il sortde l'école grecque, il a ses livres d'étude, les copies qu'il a prisesdes auteurs classiques, Jean Damascène, saint Basile. Il est pleinde zèle, et il veut continuer l'œuvre des apôtres des Slavps.Comme son prédécesseur — qu'il ne nomme pas — Constantin

le prêtre, puis évêque, il se réclame de Constantin le Philosophe,et il met son premier ouvrage sous son patronage : il place sonnom, et un bref éloge de son œuvre, au début même de sa proface. Mais il a appris à ľécole l'art d'écrire, le principe hérité del'ancienne sophistique de procéder par allusions transparentes,sans désigner directement les choses : la plus grande partie de sapréface est faite d'emprunts à Constantin, mais il le cite sans lenommer, et en le modifiant volontairement. Il paraît récrire laparabole des talents, mais en suivant de si près le texte deConstantin qu'on voit bien qu'il veut le suggérer : s'il n'avait pas

eu cette intention, il n'aurait pas appuyé d'une lourde citation deplus d'une page le thème extrêmement banal du talent qu'il fautfaire fructifier. Ses lecteurs reconnaissaient sans peine ses

M H.-C. Puech et A. Vaillant, Le traité contre les Bogomiles de Cosmos lePrêtre, pp . 20-2З.

W Voir l'article de G. A. Il'inskij dans la Revue des Etudes slaves, IV (19 au),pp. 199-207.

W Pour le titre de ПОПЪ , que d'ailleurs Doks n'attribue pas expressément àJean, il peut désigner un diacre ou un sous-diacre, cf. F. Dvornik, Les légendesde Constantin et de Méthode, p. 66.

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LA PRÉFACE DE L'ÉVANGELIAIRE VIEUX-SLAVE. 19

emprunts à l'Evangéliaire et à sa préface, et devaient admirer soningéniosité à les déguiser tout juste assez pour leur donner le

plaisir de les découvrir, et à invoquer l'autorité de Constantinsans prononcer son nom.

Ainsi Jean l'Exarque avait en mains un exemplaire de l'Evangéliaire de Constantin, отъ єблнгєлж. . . изорръ, pourvu de sapréface. Cette préface, trop savante, n'avait pas de raison d'êtredans les exemplaires destinés à l'usage courant de l'Eglise slave,et elle a généralement disparu : il n'y avait plus à légitimer latraduction de l'Évangile en langue slave, et le débat sur les«trois langues» était oublié. On y trouve des renseignements

précieux sur l'œuvre d» ( traducteur de Constantin, sur saméthode de traduction littérale mais non mécanique, sur lesdifficultés auxquelles il s'est heurté, sur ses scrupules dechrélienet de ihéologien, sur son érudition. Il n'était pas douteux qu'ilavait traduit sur le grec; mais il se confirme qu'il tenait comptedes traductions en d'autres langues. Il n'a évidemment pas utilisé les traductions en arménien, en goti<|ue, en sogdien, etc.,chez les nombreux peuples chr tiens qu'énumère le chapitre xvide sa Vie : il savait qu'elles existaient, il avait pu, commebibliothécaire du Patriarcat, en manier la collection, mais il ne

lisait pas ces langues. Il faut en dire autant des traductionssyriaques : s'il est sûr qu'il avait appris l'hébreu, ce que sa Vieraconie de sa connaissance du samaritain et du syriaque relèvede la légende hag-ographique (1). Mais il a mis à profit la Vulgate laline : elle l'aidait à résoudre ces dilïieultés de traductionqu'il signale; sous cette forme et dans ces limites, des empruntsà la traduction de saint Jérôme se reconnaissent dans l'Evangilevieux-slave, comme dans le Psautier (2).

Sur la langue de Constantin, sa préface nous fournit unedonnée : il n'admet pas comme slave le tour grec du pluriel

neutre des pronoms employés absolument, et il se déclare obligéde, traduire тга'ута таыта (fêsi) par кьсе ce (придетъ). Celte règlen'a pas été observée par ses continuateurs, et c'est sûrementpourquoi Jean l'Exarque supprime l'exemple qu'il en donne :

nous trouvons dans les manuscrits de l'Evangile вьсь си dans lepassage qu'il doit viser, Mat., XXIII, 36, et ailleurs un flotte-

W Revue des Etudes slaves, XV , pp . 76-77.(*) Revue des Études slaves, XXIII, pp. 170-171.

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20 ANDRÉ VAILLANT.

ment du singulier et du pluriel. Ainsi la traduction initiale deConstantin a été remaniée (1), et certains des héllénismes de

l'Evangile vieux-slave ne lui sontpas

imputables (2). Nous^ avonssignalé aussi la divergence entre осљждсник Больше de l'Evangé-liaire, qui répond au latin damnationem majorem, et лишеослждсник du Tétraé van gile, qui calque le grec тгєрісгсгбтєрорxpífia.

Dans la citation de I Cor., XÍV, 19, la traduction или несь-в^ды слокесь de # (xvptovs \6yovs est indépendante des deux traductions vieux-slaves des Epîtres, неже(ли) тъл\л слокссъ, bienque ce verset figure dans les leçons de ľApostolaire traduit parConstantin selon le témoignage de la Vie de Méthode et de Jean

l'Exarque. On n'en peut pas tirer de conclusion : le texte slavede la préface ne doit pas remonter à Constantin, nous l'avonsvu, et les citations des Epîtres sont ordinairement plus libresque celles de l'Evangile ou du Psautier.

Versailles, décembre

M Chrabr nous renseigne de même sur le remaniement de ľ alphabet deConstantin : ДШ Е ЛИ КТО рСЧЄТк ИКО NUCTL О\[СТрОИЛЪ ДОВр-Ь ГШЄЖЄ CAПОСТраИ/ЪТЬ И СЦЈЕ «ou si quelqu'un di t qu'il n'a pas bien arrangé (les lettres,ПИШЕМ), puisqu'on en refait encore l'arrangement. . . ».

(*) Ce n'est pas dans l'Evangile de Nikolja , comme représentant de la traditionoccidentale, qu'il faut chercher le texte primitif : ce manuscrit n'apporte qu'untexte ^tardif, et plus fortement révisé sur le grec que celui de l'Assemanianus oude i'Evangéliaire d'Ostromir.