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ARTICLE ORIGINAL Utilisation des médicaments chez les personnes de 60 ans et plus en France : un état des lieux à partir des données de l’Assurance Maladie Medication use in adults aged 60 years and older in France: a population-level study using national health insurance data Lucas MORIN 1 , Marie-Laure LAROCHE 2, 3 RÉSUMÉ Contexte : Peu de données récentes décrivent avec pré- cision la consommation de médicaments par les person- nes de 60 ans et plus en France. Objectifs : Dresser un état des lieux des médicaments prescrits aux personnes de 60 ans et plus en 2014, en proposant à la fois des mesures de prévalence de la consommation des médicaments les plus fréquents et une analyse de la dépense de santé induite par cette consommation. Méthodes : Cette étude descriptive nationale repose sur l’analyse des données Open Medic. Elle porte sur l’uti- lisation des médicaments délivrés en pharmacie de ville et remboursés au titre de l’Assurance Maladie en France entre le 1 er janvier et le 31 décembre 2014. Nous avons inclus l’ensemble des bénéficiaires de 60 ans ou plus ayant reçu au moins un médicament au cours de l’année. Résultats : Au total, en 2014, 18,9 millions de person- nes de 60 ans et plus ont consommé 1,2 milliard de boî- tes de médicaments remboursés, soit une moyenne de 63,5 boîtes par consommant et par an. Les classes de médicaments prescrites au plus grand nombre sont les antalgiques (52 % des bénéficiaires), suivis des médica- ments pour les troubles de l’acidité (34,8 %), des anti- biotiques (33,8 %), des médicaments agissant sur le sys- tème rénine-angiotensine (31,3 %), des vaccins (29,9 %) ABSTRACT Background: Little is known about the actual use of me- dications in people aged 60 years and older in France. Objectives: To provide an overview of the use of medi- cations in older people in 2014, presenting both the pre- valence of the most frequently prescribed medicines and the level of pharmaceutical spending in older adults. Methods: A nationwide, population-level study with health insurance data (Open Medic dataset), examining all medications delivered in community pharmacies and reimbursed by the national health insurance between 1 January and 31 December, 2014. We included all be- neficiaries aged 60 years or older who received at least one medication over the course of the year. Results: Overall, 18,9 millions people aged 6 60 years used 1,2 billion medication packages, i.e. an annual ave- rage of 63.5 packages per person. The most commonly prescribed medications are analgesics (52% of beneficia- ries), drugs for acid related disorders (34.8%), antibiotics (33.8%), drugs acting on the renin-angiotensin system (31.3%), vaccines (29.9%) and lipid-lowering agents (28.9%). Medications dispensed to older adults account for 13.4 billion euros, including 11.1 billion euro cove- red by the national health insurance. Drugs used in dia- betes prompt the highest expenditures (e941M), follo- wed by lipid-modifying agents ( e848M, including e683M for statins), drugs acting on the renin-angio- 1 Aging Research Center, Karolinska Institutet, Stockholm, Suède. 2 Centre de Pharmacovigilance et de Pharmaco-épidémiologie, CHU de Limoges, 87000 Limoges, France. 3 Université de Limoges, Faculté de Médecine, 87000 Limoges, France. Article reçu le 13/02/2016 et accepté le 31/05/2016 Auteur correspondant : Monsieur Lucas Morin, Aging Research Center, Karolinska Institutet Gävlegatan 16, 113 30 Stockholm, Suède. Courriel : [email protected] 335 © La Revue de Gériatrie, Tome 41, N o 6 JUIN 2016

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ARTICLE ORIGINAL

Utilisation des médicaments chez les personnesde 60 ans et plus en France : un état des lieuxà partir des données de l’Assurance Maladie

Medication use in adults aged 60 years and older in France:a population-level study using national health insurance data

Lucas MORIN1, Marie-Laure LAROCHE2, 3

RÉSUMÉ

Contexte : Peu de données récentes décrivent avec pré-cision la consommation de médicaments par les person-nes de 60 ans et plus en France.Objectifs : Dresser un état des lieux des médicamentsprescrits aux personnes de 60 ans et plus en 2014, enproposant à la fois des mesures de prévalence de laconsommation des médicaments les plus fréquents etune analyse de la dépense de santé induite par cetteconsommation.Méthodes : Cette étude descriptive nationale repose surl’analyse des données Open Medic. Elle porte sur l’uti-lisation des médicaments délivrés en pharmacie de villeet remboursés au titre de l’Assurance Maladie en Franceentre le 1er janvier et le 31 décembre 2014. Nous avonsinclus l’ensemble des bénéficiaires de 60 ans ou plusayant reçu au moins un médicament au cours del’année.Résultats : Au total, en 2014, 18,9 millions de person-nes de 60 ans et plus ont consommé 1,2 milliard de boî-tes de médicaments remboursés, soit une moyenne de63,5 boîtes par consommant et par an. Les classes demédicaments prescrites au plus grand nombre sont lesantalgiques (52 % des bénéficiaires), suivis des médica-ments pour les troubles de l’acidité (34,8 %), des anti-biotiques (33,8 %), des médicaments agissant sur le sys-tème rénine-angiotensine (31,3 %), des vaccins (29,9 %)

ABSTRACT

Background: Little is known about the actual use of me-dications in people aged 60 years and older in France.Objectives: To provide an overview of the use of medi-cations in older people in 2014, presenting both the pre-valence of the most frequently prescribed medicines andthe level of pharmaceutical spending in older adults.Methods: A nationwide, population-level study withhealth insurance data (Open Medic dataset), examiningall medications delivered in community pharmacies andreimbursed by the national health insurance between1 January and 31 December, 2014. We included all be-neficiaries aged 60 years or older who received at leastone medication over the course of the year.Results: Overall, 18,9 millions people aged 6 60 yearsused 1,2 billion medication packages, i.e. an annual ave-rage of 63.5 packages per person. The most commonlyprescribed medications are analgesics (52% of beneficia-ries), drugs for acid related disorders (34.8%), antibiotics(33.8%), drugs acting on the renin-angiotensin system(31.3%), vaccines (29.9%) and lipid-lowering agents(28.9%). Medications dispensed to older adults accountfor 13.4 billion euros, including 11.1 billion euro cove-red by the national health insurance. Drugs used in dia-betes prompt the highest expenditures (e941M), follo-wed by lipid-modifying agents (e848M, includinge683M for statins), drugs acting on the renin-angio-

1 Aging Research Center, Karolinska Institutet, Stockholm, Suède.2 Centre de Pharmacovigilance et de Pharmaco-épidémiologie, CHU de Limoges,

87000 Limoges, France.3 Université de Limoges, Faculté de Médecine, 87000 Limoges, France.

Article reçu le 13/02/2016 et accepté le 31/05/2016

Auteur correspondant : Monsieur Lucas Morin, Aging Research Center, KarolinskaInstitutet Gävlegatan 16, 113 30 Stockholm, Suède.Courriel : [email protected]

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et des hypolipémiants (28,9 %). Les médicaments déli-vrés chez les 60 ans et plus représentent un montant to-tal de 13,4 milliards d’euros, dont 11,1 milliards d’eurosremboursés par les différents régimes d’assurance mala-die. Les médicaments du diabète occupent la premièreplace en termes de dépenses avec un total de 941 Me,suivis par les agents modifiant les lipides (848 Me, dont683 Me consacrés aux statines), les médicaments agis-sant sur le système rénine-angiotensine (794 Me) et lesantithrombotiques (715 Me). Les médicaments inno-vants particulièrement coûteux engendrent des dépensesimportantes pour un nombre réduit de personnes.Conclusion : Notre étude confirme que les sujets de60 ans et plus consomment une quantité considérable demédicaments. Cette réalité est sans doute l’une desconséquences les plus visibles de la concentration desmaladies chroniques et de la polypathologie dans les clas-ses d’âge les plus élevées.

Mots clés : Personnes âgées - Médicament -Assurance-Maladie - Pharmaco-épidémiologie

tensin system (e794M) and antithrombotic agents(e715M). Innovative drugs are exceptionally expensiveand induce considerable pharmaceutical spending.Conclusion: People aged 6 60 years use a considerableamount of medications. This drug consumption is one ofthe most striking consequences of the prevalence of chro-nic diseases and multimorbidity in old age.

Rev Geriatr 2016 ; 41 (6) : 335-49.

Keywords: Older adults - Medication - Healthinsurance - Pharmacoepidemiology

INTRODUCTION

ContexteLes personnes âgées représentent une part toujours plusimportante de la population française : alors que seule 3,8 %de la population était âgée de 75 ans ou plus en 1950, cetteproportion est passée à 9,3 % en 2015(1). Plus encore, lesprojections de l’Institut National de la Statistique et des Étu-des Économiques (INSEE) annoncent une augmentation de10,4 millions du nombre de personnes de 60 ans ou plusd’ici à 2060 : un tiers de la population française aura alorsplus de 60 ans(2).Ce vieillissement démographique est d’abord lié à une aug-mentation de l’espérance de vie en bonne santé. Mais ils’accompagne aussi, inévitablement, d’une hausse du nom-bre de personnes vivant avec des incapacités liées à l’étatde santé(3). En effet, si l’espérance de vie à 65 ans est au-jourd’hui de 23 ans en moyenne pour les femmes, environla moitié de cette espérance de vie est marquée par unedétérioration de l’état de santé entendu au sens large(4).En cause notamment, le poids croissant des maladies chroni-ques(5, 6). L’enquête sur la santé et la protection sociale (ESPS)menée en 2012 permet de prendre la mesure du problème :parmi les personnes de 65 ans et plus, 9,4 % déclarent souf-frir d’une maladie respiratoire obstructive chronique, 30 %d’hypertension artérielle, 35 % d’arthrose, et 16 % de dia-bète. Au total, 62 % d’entre-elles se déclarent atteintes d’aumoins une maladie chronique, et 18,3 % se déclarent en

« mauvais » ou « très mauvais » état de santé(7). D’autres mesu-res plus objectives pointent vers des constats similaires. Ainsi,alors que les personnes âgées de 65 ans et plus représententprès de 20 % de la population totale, elles comptent pour62 % des hospitalisations liées à une maladie cardiovascu-laire(8). La prévalence du diabète augmente également rapide-ment avec l’âge, passant chez les hommes de 9,4 % entre 55et 59 ans à 19,7 % entre 75 et 79 ans (prévalence totale6 75 ans, hommes et femmes confondus : 14,8 %)(9). Mal-gré les limites méthodologiques que l’on connaît, le dispositifdes affections de longue durée (ALD) permet lui aussi dedresser un état des lieux a minima du poids des maladieschroniques dans la population. Au total, en 2013,475 000 personnes âgées de 75 ans et plus étaient en ALDpour insuffisance cardiaque (8 %), 640 000 pour diabète(11 %), 267 000 pour maladie d’Alzheimer ou apparentée(4,5 %), 66 000 pour maladie de Parkinson (1,1 %),655 000 pour cancer (11,1 %) et 119 000 pour affectionpsychiatrique de longue durée (2 %)(10). Une étude menée àpartir de l’enquête SHARE avait révélé que 33 % des person-nes de 50 ans et plus présentaient des symptômes dépressifscliniquement significatifs sur l’échelle EURO-D(11).Il faut ajouter à cette prévalence des différences maladieschroniques prises de manière isolée un second phénomène :celui de la polypathologie, c’est-à-dire de la co-occurrenced’au moins deux maladies chroniques chez une même per-sonne au cours d’une même période(12, 13). Parmi l’ensembledes personnes âgées (6 75 ans) bénéficiaires du régime

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général de la sécurité sociale, 67 % ont au moins deux af-fections chroniques, 41 % en ont au moins trois, et 21,5 %en ont au moins quatre. La polypathologie concerne ainsi90 % des personnes âgées souffrant d’une maladie cardio-vasculaire, 76 % des personnes âgées diabétiques, 92 % despersonnes âgées atteintes de cancer, et 88,5 % des person-nes âgées souffrant d’une maladie psychiatrique(14). La litté-rature met d’ailleurs en évidence un effet de « grappe » im-portant entre les maladies chroniques(15).

Polymédication et médicaments inappropriésLa polymédication, c’est-à-dire l’utilisation concomitante deplusieurs médicaments (6 3, 6 5 ou 6 10, selon les étu-des(16)), est sans doute la conséquence la plus visible de cetteconcentration des maladies chroniques chez les personnesâgées(17). En France, deux études récentes méritent d’êtrementionnées. La première montre qu’au cours d’une pé-riode de 3 mois (dernier semestre 2011), 86 % et 25 % des98 052 personnes âgées de 65 ans ou plus incluses dansl’étude se sont vu prescrire respectivement 6 4 et6 12 médicaments différents(18). La seconde, plus détaillée,porte sur un échantillon représentatif de 43 619 personnesâgées de 75 ans ou plus en 2013 et compare deux typesd’indicateurs : la polymédication « cumulative » (moyenneannuelle du nombre de médicaments différents délivrés cha-que trimestre) et la polymédication « continue » (nombre demédicaments différents délivrés au moins trois fois dans l’an-née)(19). Elle met en évidence une prévalence de la polymé-dication au seuil de 10 médicaments comprise entre 33 %(indicateur « continu ») et 44 % (indicateur « cumulatif ») dela population. Or, une telle polymédication des personnesâgées augmente considérablement le risque d’être exposé àdes médicaments potentiellement inappropriés(20) et d’êtrevictime d’évènements indésirables graves(21, 22).

Le poids des dépenses de médicamentsdans le budget de la santéAvec une dépense de 33,9 milliards d’euros en 2014 (soit13,2 % de l’ensemble de la dépense courante de santé), laFrance se place parmi les pays européens qui consacrent lasomme par habitant la plus importante pour les médica-ments : 468 euros par personne en moyenne, contre373 euros en Suède, 299 euros aux Pays-Bas et 510 eurosen Allemagne. Si environ 30 % de cette somme est laissée àla charge des patients et des organismes complémentaires, lemontant des dépenses de médicaments remboursées parl’Assurance Maladie s’élève à 23,4 milliards d’euros en2014, dont 20 milliards pour les médicaments délivrés enpharmacie d’officine(23). À travers la consommation de médi-cament qu’il suscite, le vieillissement accéléré de la popula-tion impacte donc directement le budget du système de santé.

Objectif : dresser l’état des lieux des médicamentsprescrits chez les sujets de 60 ans et plusTrès peu de données permettent de décrire avec précisionla consommation de médicaments au-delà de l’âge de60 ans. Le dernier état des lieux réalisé à l’échelle natio-nale date de l’an 2000(24), les publications parues depuisse focalisant sur une problématique (ex : polymédication),sur une classe de médicaments (ex : benzodiazépines) ousur une sous-population spécifique (ex : patients diabéti-ques). À tel point qu’il est devenu difficile de connaître lenombre total de personnes âgées sous antidépresseurs enFrance, ou de savoir quelle proportion consomme desantiépileptiques. Difficile également de savoir quel impactles personnes âgées ont dans la dépense de médicamentremboursée par l’Assurance Maladie chaque année. L’ob-jectif de cette étude est donc de dresser un état des lieuxprécis des médicaments prescrits aux personnes de 60 anset plus en 2014, en proposant à la fois des mesures deprévalence de la consommation des médicaments les plusfréquents et une analyse de la dépense de santé induitepar cette consommation.

MÉTHODES

Source des donnéesCette étude repose sur l’analyse des données Open Medic2014(25). Open Medic est composé d’un ensemble de basesde données extraites du Système National Inter-Régimes del’Assurance Maladie (SNIIRAM), portant sur l’utilisation desmédicaments délivrés en pharmacie de ville et remboursésau titre de l’Assurance Maladie en France (Métropole etOutre-Mer), tous régimes confondus, entre le 1er janvier etle 31 décembre 2014.Ces bases de données renseignent sur le nombre de per-sonnes ayant été remboursées au moins une fois au coursde l’année pour chaque classe de médicament (« consom-mants »), sur le sexe et l’âge de ces consommants, sur lenombre total de boîtes délivrées, sur la base de rembourse-ment totale de ces médicaments et sur les montants effec-tivement remboursés par l’Assurance Maladie.

Population de l’étudeLa base Open Medic recense au total 69,2 millions de bé-néficiaires de l’Assurance Maladie ayant été remboursés aumoins une fois pour un médicament au cours de l’année2014. Parmi ceux-ci, nous avons inclus l’ensemble des bé-néficiaires âgés de 60 ans ou plus, constituant ainsi une po-pulation d’étude de 18,9 millions de consommants, dont11,83 millions de femmes (62,7 %) et 7,03 millions d’hom-mes (37,3 %).

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Du fait de la nature même des données analysées, seuls lesmédicaments remboursables et effectivement délivrés sontpris en considération : les médicaments consommés en l’ab-sence d’une prescription médicale (automédication) sontdonc exclus du périmètre de cette étude, de même que lesmédicaments prescrits non délivrés. Sont également exclusles médicaments délivrés par les pharmacies à usage inté-rieur (PUI) des établissements de santé et des établissementsd’hébergement pour personnes âgées dépendantes(EHPAD).

Classification des médicamentsNous avons utilisé la nomenclature Anatomique, Thérapeu-tique et Chimique (ATC), qui organise les médicaments demanière hiérarchique en cinq niveaux : le premier niveauindique l’organe ou le système biologique concerné, ledeuxième niveau indique le sous-groupe thérapeutiqueprincipal, le troisième niveau indique le sous-groupe phar-macologique, le quatrième niveau indique le sous-groupechimique et enfin le cinquième niveau indique la substancechimique. Le paracétamol (N02BE01) est ainsi classé dansles médicaments du système nerveux (N), dans le sous-groupe thérapeutique principal des analgésiques (N02),dans le sous-groupe pharmacologique des « autres analgé-siques et antipyrétiques » (N02B), et enfin dans le sous-groupe chimique des anilides (N02BE). Chaque moléculedispose d’un code ATC unique, et les molécules associées(exemple : « paracétamol en association avec des psycho-leptiques ») disposent d’un code ATC spécifique. L’intérêtprincipal de cette classification réside dans son caractèrepyramidal : l’ensemble des médicaments d’une mêmeclasse pharmacologique sont classés sous une même ra-cine, rendant les mesures de prévalence ou les comparai-sons plus aisées d’une base de données à l’autre ou d’unpays à l’autre.

Analyses statistiquesCompte tenu des données disponibles, cette étude eststrictement descriptive. Les résultats sont présentés sous laforme d’effectifs et de pourcentages. Le nombre deconsommants pour chaque classe de médicaments a étérapporté aux effectifs totaux de la population protégée de60 ans et plus ayant consommé au moins un médicamentremboursé au cours de l’année. Les montants des dépen-ses de santé associés sont exprimés en euros courants.Pour garantir la confidentialité des informations et pourrespecter le secret statistique, les services de l’AssuranceMaladie ont mis à disposition des données agrégées (àl’échelle des classes ATC) en supprimant les effectifs lors-que le seuil de 10 bénéficiaires n’était pas respecté. Celaconcerne environ 0,30 % des boîtes délivrées au cours del’année 2014.

RÉSULTATS

Consommation globale de médicamentsAu total, en 2014, 1,24 milliard de boîtes de médicamentsremboursés ont été délivrées à 18,9 millions de personnesde 60 ans ou plus. En dehors des médicaments homéopa-thiques, des vaccins, des solutions de perfusion, des produitsà usage diagnostique et des antiseptiques et désinfectants,le nombre total de boîtes de médicaments délivrées s’élèveà 1,2 milliard, soit une moyenne de 63,5 boîtes parconsommant et par an. Les bénéficiaires de 60 ans et plus,qui représentent 27 % de l’ensemble des bénéficiaires, ontconsommé 53,1 % de l’ensemble des boîtes de médica-ments remboursées au cours de l’année.Le tableau 1 présente le nombre et la proportion de person-nes ayant consommé au moins un médicament des différen-tes classes anatomiques. Les médicaments du système ner-veux sont de loin les plus fréquents avec 18,86 millions deconsommants uniques au cours de l’année, soit près de99,5 % de l’ensemble des bénéficiaires de cette classe d’âge.Les médicaments du système digestif, les médicaments car-diovasculaires et les anti-infectieux à usage systémique sontégalement utilisés par une majorité de personnes âgées. Onobserve une différence importante entre hommes et femmesdans la consommation de médicaments du système cardio-vasculaire (61,2 % vs 46,3 %), de médicaments du systèmegénito-urinaire (20,3 % vs 11,6 %) et de médicaments dusang et des organes hématopoïétiques (39,6 % vs 24,3 %).

Médicaments les plus prescrits chez les personnesde 60 ans et plus en 2014Comme le montre le tableau 2, les classes de médicamentsprescrites au plus grand nombre de sujets de 60 ans et plussont les antalgiques (52 % des bénéficiaires), suivis des médica-ments pour les troubles de l’acidité (34,8 %), des antibiotiques(33,8 %), des médicaments agissant sur le système rénine-angiotensine (31,3 %), des vaccins (29,9 %) et des agents mo-difiants les lipides (28,9 %). Une analyse par sous-groupepharmaco-thérapeutique fait apparaître des classes demédica-ments plus précises : le paracétamol (47 %), les inhibiteurs dela pompe à protons (20 %), les inhibiteurs de l’HMG-CoAréductase (25 %), la vitamine D (22 %), et les antiagrégantsplaquettaires (19 %) sont les 5 classes les plus fréquentes.D’autres classes de médicaments sont également consom-mées par un nombre important de personnes de 60 ans etplus : c’est notamment le cas des anti-inflammatoires non-stéroïdiens (26,8 %), des antidépresseurs (11,8 % des béné-ficiaires), des médicaments du diabète (11,5 %), des médi-caments pour les syndromes obstructifs des voies aériennes(11,4 %), des médicaments urologiques (9,1 %), des médi-caments de la thyroïde (8,9 %), des antigoutteux (5,8 %) ouencore des antiépileptiques (4,9 %).

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Tableau 1 : Fréquence de l’utilisation des médicaments par groupe anatomique chez les personnes âgées de 60 ans etplus en France en 2014.Table 1: Frequency of medication use by anatomical main group.

Classification ATCHommes Femmes Total

n (%) n (%) n (%)

A. Système digestif et métabolisme 4 458 805 (62,5 %) 6 590 744 (55,7 %) 11 049 902 (58,3 %)

B. Sang et organes hématopoïétiques 2 823 443 (39,6 %) 2 872 968 (24,3 %) 5 696 632 (30,0 %)

C. Système cardio-vasculaire 4 364 681 (61,2 %) 5 479 682 (46,3 %) 9 845 341 (51,9 %)

D. Dermatologie 2 726 814 (38,3 %) 3 767 509 (31,8 %) 6 494 390 (34,3 %)

G. Système génito-urinaire 1 443 736 (20,3 %) 1 374 673 (11,6 %) 2 818 443 (14,9 %)

H. Hormones systémiques 1 502 402 (21,1 %) 2 959 230 (25,0 %) 4 461 721 (23,5 %)

J. Anti-infectieux à usage systémique 4 004 004 (56,2 %) 5 344 842 (45,2 %) 9 349 303 (49,3 %)

L. Antinéoplasiques et immunomodulants 255 035 (3,6 %) 324 110 (2,7 %) 579 238 (3,1 %)

M. Système musculo-squelettique 3 086 415 (43,3 %) 4 492 501 (38,0 %) 7 579 040 (40,0 %)

N. Système nerveux 7 024 899 (98,5 %) 11 830 580 (100 %) 18 856 208 (99,5 %)

P. Antiparasitaires, insecticides et répulsifs 166 476 (2,3 %) 253 033 (2,1 %) 419 566 (2,2 %)

R. Système respiratoire 2 592 366 (36,4 %) 3 496 853 (29,6 %) 6 089 242 (32,1 %)

S. Organes sensoriels 1 782 423 (25 %) 2 882 854 (24,4 %) 4 665 304 (24,6 %)

V. Divers 845 646 (11,9 %) 875 117 (7,4 %) 1 720 844 (9,1 %)

Tableau 2 : Liste des 25 sous-groupes thérapeutiques les plus utilisés par les personnes âgées de 60 ans et plus en Franceen 2014 (classés par nombre de consommants).Table 2: List of the 25 most commonly prescribed therapeutic subgroups in older people in France in 2014 (ordered by numberof users).

Rang, sous-groupe thérapeutique (code ATC)

Nombrede consommants

Nombrede boîtes

n (%) Millions

1 Analgésiques (N02) 9 866 846 (52,0 %) 307,1Opioïdes (N02A) 3 114 265 (16,4 %) 51,7Autres analgésiques et antipyrétiques (N02B) 9 225 619 (48,7 %) 254,5

2 Médicaments pour les troubles de l’acidité (A02) 6 595 867 (34,8 %) 55,3Inhibiteurs de la pompe à protons (A02BC) 5 980 664 (31,5 %) 44,3

3 Antibactériens a usage systémique (J01) 6 406 874 (33,8 %) 36,2

4 Médicaments du système rénine-angiotensine (C09) 5 935 060 (31,3 %) 52,2

5 Vaccins (J07) 5 662 209 (29,9 %) 7,0

6 Agents modifiant les lipides (C10) 5 475 601 (28,9 %) 43,6

7 Antiinflammatoires et antirhumatismaux (M01) 5 072 803 (26,8 %) 29,4Antiinflammatoires non stéroïdiens (M01A) 5 072 494 (26,8 %) 29,4

8 Anti-thrombotiques (B01) 5 004 722 (26,4 %) 58,6Antivitamines K (B01AA) 992 982 (5,2 %) 11,0Groupe de l’héparine (B01AB) 768 652 (4,1 %) 5,6Inhibiteurs de l’agrégation plaquettaire (B01AC) 3 575 917 (18,9 %) 38,4Inhibiteurs directs de la thrombine (B01AE) 108 550 (0,6 %) 1,1Inhibiteurs du facteur Xa (B01AF) 250 569 (1,3 %) 2,0

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Tableau 2 : Liste des 25 sous-groupes thérapeutiques les plus utilisés par les personnes âgées de 60 ans et plus en Franceen 2014 (classés par nombre de consommants) (suite).Table 2: List of the 25 most commonly prescribed therapeutic subgroups in older people in France in 2014 (ordered by numberof users) (continued).

9 Psycholeptiques (N05) 4 672 545 (24,6 %) 66,7Antipsychotiques (N05A) 508 253 (2,7 %) 35,1Anxiolytiques (N05B) 3 488 042 (18,4 %) 25,3Hypnotiques et sédatifs (N05C) 1 953 969 (10,3 %) 35,1

10 Vitamines (A11) 4 323 385 (22,8 %) 18,8Vitamine D (A11CC) 4 265 330 (22,5 %) 17,9

11 Médicaments ophtalmologiques (S01) 4 281 186 (22,6 %) 44,9Antiglaucomateux et myotiques (S01E) 1 368 534 (7,2 %) 17,1

12 Bêtabloquants (C07) 3 699 547 (19,5 %) 36,9

13 Topiques pour douleurs articulaires ou musculaires (M02) 3 472 344 (18,3 %) 12,8

14 Corticoïdes à usage systémique (H02) 3 162 428 (16,7 %) 13,5

15 Antiseptiques et désinfectants (D08) 3 124 213 (16,5 %) 6,8

16 Laxatifs (A06) 2 876 864 (15,2 %) 28,7

17 Médicaments pour les troubles fonctionnels gastro-intestinaux (A03) 2 836 884 (15,0 %) 25,5

18 Antihistaminiques à usage systémique (R06) 2 718 543 (14,3 %) 13,3

19 Préparations nasales (R01) 2 705 497 (14,3 %) 7,3

20 Diurétiques (C03) 2 447 647 (12,9 %) 26,3

21 Inhibiteurs calciques (C08) 2 435 035 (12,8 %) 20,9

22 Médicaments du rhume et de la toux (R05) 2 422 293 (12,8 %) 6,0

23 Psychoanaleptiques (N06) 2 357 468 (12,4 %) 31,7Antidépresseurs (N06A) 2 232 593 (11,8 %) 28,9Médicaments de la démence (N06D) 239 370 (1,3 %) 2,6

24 Corticoïdes, préparations dermatologiques (D07) 2 314 990 (12,2 %) 8,4

25 Médicaments du diabète (A10) 2 174 387 (11,5 %) 45,0Insulines et analogues (A10A) 527 285 (2,8 %) 6,5Antidiabétiques oraux (A10B) 1 978 178 (10,4 %) 38,5

* En % des consommants de 6 60 ans (nombre total de consommants : 18,9 millions).Les sous-groupes pharmacologiques en italiques sont indiqués à titre d’exemple et ne constituent pas une liste exhaustive. Lecture : parmi les 9,87 millions de personnesâgées de 60 ans et plus qui ont consommé au moins un antalgique au cours de l’année, 3,11 millions ont consommé au moins un médicament opioïde.

Consommation de médicaments du systèmecardiovasculaireLes personnes de 60 ans et plus représentent 68,3 % del’ensemble des personnes ayant consommé des médica-ments cardiovasculaires et 80,5 % des boîtes de médica-ments délivrées au cours de l’année. Les statines, les médi-caments agissant sur le système rénine-angiotensine et lesbêtabloquants sont les plus fréquents. Par ailleurs, près de13 % des personnes de cette classe d’âge ont reçu des diu-rétiques, 19,5 % ont reçu des bêtabloquants, et 12,8 % ontété traitées avec des inhibiteurs calciques. Au total, 63,6 %des boîtes de médicaments cardiovasculaires délivrées sont

des génériques ou quasi-génériques, 21,4 % sont des médi-caments princeps sans équivalent générique, et 15 % sontdes médicaments princeps pour lesquels il existe un équiva-lent générique (Tableau 3).

Consommation de médicaments du systèmenerveuxLes antidépresseursAu total, 640 026 hommes et 1,6 millions de femmes de60 ans et plus (soit respectivement 9,0 % et 13,5 % de l’en-semble des bénéficiaires du même sexe) ont consommé desantidépresseurs en 2014. 60,5 % d’entre eux ont reçu des

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Tableau 3 : Consommation de médicaments du système cardiovasculaire chez les personnes âgées de 60 ans et plus enFrance en 2014.Table 3: Use of cardiovascular medications in older people in France in 2014.

Classe (code ATC)

Nombrede consommants

Nombrede boîtes

Montantsremboursés

Effectifs (%a) Millions Millions e

Médicaments en cardiologie (C01) 1 544 712 (8,1 %) 17,1 186,9

Glucosides cardiotoniques (digoxine) 218 430 (1,2 %) 2,1 5,3

Antiarythmiques, classe I et III 747 718 (3,9 %) 7,7 81,2

Stimulants cardiaques, glucosides cardiotoniques exclus 39 208 (0,2 %) 0,3 7,1

Vasodilatateurs en cardiologie 621 180 (3,3 %) 6,2 51,0

Autres 90 692 (0,5 %) 0,9 42,4

Antihypertenseurs (C02) 551 233 (2,9 %) 8,0 77,9

Adrénolytiques à action centrale 323 452 (1,7 %) 3,5 33,3

Adrénolytiques à action périphérique 256 504 (1,4 %) 4,4 44,4

Médicaments agissant sur le muscle lisse artériolaire 860 (0,005 %) 0,01 0,1

Antihypertenseurs et diurétiques en association 2 112 (0,01 %) 0,03 0,1

Diurétiques (C04) 2 447 647 (12,9 %) 26,3 129,0

Diurétiques thiazidiques 208 989 (1,1 %) 1,2 3,5

Sulfamides diurétiques 272 286 (1,4 %) 2,2 16,7

Diurétiques de l’anse 1 502 895 (7,9 %) 16,6 56,2

Diurétiques épargneurs potassiques 469 559 (2,5 %) 3,7 41,5

Diurétiques et épargneurs potassiques en association 357 346 (1,9 %) 2,6 11,1

Vasodilatateurs périphériques (C04) 122 683 (0,6 %) 1,8 7,6

Vasculoprotecteurs (C05) 576 (0,001 %) 0,0 0,0

Bêtabloquants (C07) 3 699 547 (19,5 %) 36,9 240,0

Bêtabloquants 3 369 234 (17,8 %) 33,8 205,2

Associations bêtabloquants et thiazidiques 304 031 (1,6 %) 2,3 19,8

Associations bêtabloquants et autres diurétiques 1 746 (0,01 %) 0,02 0,1

Associations bêtabloquants, thiazidiques et autres diurétiques 3 949 (0,02 %) 0,04 0,2

Associations bêtabloquants et autres antihypertenseurs 81 572 (0,4 %) 0,76 14,8

Inhibiteurs calciques (C08) 2 435 035 (12,8 %) 20,9 208,9

Inhibiteurs calciques sélectifs à effets vasculaires 2 036 565 (10,7 %) 16,3 164,6

Inhibiteurs calciques sélectifs à effets cardiaques directs 431 158 (2,3 %) 4,6 44,2

Associations inhibiteurs calciques/diurétiques 2 472 (0,01 %) 0,0 0,0

Médicaments du système rénine-angiotensine (C09) 5 935 060 (31,3 %) 52,2 794,1

Inhibiteurs de l’enzyme de conversion (IEC)

Non associés 1 782 889 (9,4 %) 15,5 166,4

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Tableau 3 : Consommation de médicaments du système cardiovasculaire chez les personnes âgées de 60 ans et plus enFrance en 2014 (suite).Table 3: Use of cardiovascular medications in older people in France in 2014 (continued).

Associations IEC/diurétiques 599 228 (3,2 %) 4,8 57,4

Associations IEC/inhibiteurs calciques 329 743 (1,7 %) 2,4 65,1

Antagonistes de l’angiotensine II (« sartans »)

Non associés 1 949 918 (10,3 %) 14,6 217,2

Association sartans/diurétiques 1 527 506 (8,1 %) 11,5 202,5

Association sartans/inhibiteurs calciques 355 940 (1,9 %) 2,7 75,5

Autres 65 265 (0,3 %) 0,7 9,9

Agents modifiant les lipides (C10) 5 475 601 (28,9 %) 43,6 847,8

Inhibiteurs de l’HMG-CoA réductase (« statines »)

Non associés 4 405 924 (23,2 %) 32,8 544,2

En association avec d’autres agents modifiant les lipides 262 446 (1,4 %) 2,0 131,3

En association avec d’autres médicaments 82 261 (0,4 %) 0,3 7,4

Fibrates 733 877 (3,9 %) 5,2 37,6a Nombre de consommants au cours de l’année pour 100 bénéficiaires de 60 ans ou plus.

inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS),15,6 % ont reçu des antidépresseurs tricycliques, et 35 %ont reçu d’autres types de médicaments antidépresseurs(Tableau 4). Parmi les 1,3 millions de patients âgés traitéspar ISRS, les deux molécules les plus fréquentes sont l’es-citalopram (41,7 %) et la paroxétine (29,9 %). Parmi les350 000 patients traités avec des antidépresseurs

tricycliques, 70,2 % ont reçu de l’amitriptyline et 20,9 %ont reçu de la clomipramine. L’utilisation des antidépres-seurs par cette classe d’âge représente une dépense an-nuelle remboursée par l’assurance maladie de 213,5 mil-lions d’euros : 113,8 millions d’euros pour les ISRS,11,8 millions d’euros pour les antidépresseurs tricycliqueset 87,9 millions d’euros pour les autres antidépresseurs.

Tableau 4 : Médicaments prescrits aux personnes âgées de 60 ans et plus traitées par antidépresseurs en France en2014.Table 4: Frequency of different antidepressant medications in older people in France in 2014.

Hommes Femmes Total

n %* n %* n %*

Inhibiteurs non sélectifs de la recapture de la monoamine 97 955 15,3 % 249 976 15,7 % 347 942 15,6 %

Inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine 377 890 59,0 % 973 620 61,1 % 1 351 522 60,5 %

Inhibiteurs de la monoamine oxydase, non sélectifs 191 0,03 % 258 0,02 % 449 0,02 %

Inhibiteurs de la monamine oxydase type A 1 623 0,3 % 3 724 0,2 % 5 347 0,2 %

Autres antidépresseurs 231 544 36,2 % 555 903 34,9 % 787 468 35,3 %

Miansérine 75 550 11,8 % 175 738 11,0 % 251,288 11,3 %

Mirtazapine 39 970 6,2 % 88 707 5,6 % 128 677 5,8 %

Venlafaxine 74 637 11,7 % 195 944 12,3 % 270 602 12,1 %

Duloxétine 36 370 5,7 % 85 927 5,4 % 122 297 5,5 %

Autres 23 318 3,6 % 57 704 3,6 % 81 022 3,6 %

Total antidépresseurs 640 026 100 % 1 592 526 100 % 2 232 593 100 %* Pourcentage des personnes traitées par antidépresseurs. Le total excède 100 % car certaines personnes ont consommé plusieurs classes d’antidépresseurs au cours del’année.

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Les benzodiazépinesLes personnes de 60 ans et plus ont consommé 55,8 millionsde boîtes de médicaments dérivés de la benzodiazépine ousubstances apparentées (soit une moyenne de 2,9 boîtes parpersonne, tous bénéficiaires et tous types de benzodiazépinesconfondus). Le tableau 5présente le nombrede consommantset les quantités consommées par classe médicamenteuse et parmolécule. Les benzodiazépines à visée anxiolytique sont les

plus utilisées : 15,7 % de cette classe d’âge y ont été exposés aumoins une fois au cours de l’année, avec un nombre moyen de10,2 boîtes par consommant. Le bromazépam et l’alprazolamsont les deux molécules les plus largement prescrites. 10,3 %des personnes âgées ont reçu des hypnotiques et sédatifs déri-vés ou apparentés à la benzodiazépine (3,9 % ont reçu duzopiclone et 5,7 % du zolpidem). L’utilisation du clonazépam(antiépileptique) reste beaucoup plus limitée.

Tableau 5 : Utilisation des benzodiazépines chez les personnes âgées de 60 ans et plus en France en 2014.Table 5: Use of benzodiazepines in older people in France in 2014.

Nombrede consommants Nombre de boîtes

n (%a) n Moyenne/consommant ‰b

Antiépileptiques (N03) 60 430 (0,3 %) 364 539 6,0 19,2

Clonazépam 60 430 (0,3 %) 364 539 6,0 19,2

Anxiolytiques (N05B) 2 974 699 (15,7 %) 30 452 519 10,2 1 606,2

Diazépam* 115 291 (0,6 %) 665 326 5,8 35,1

Oxazépam 465 142 (2,5 %) 5 935 620 12,8 313,1

Clorazépate potassique* 87 912 (0,5 %) 1 354 117 15,4 71,4

Lorazépam 455 968 (2,4 %) 5 833 677 12,8 307,7

Bromazépam* 968 249 (5,1 %) 5 202 198 5,4 274,4

Clobazam* 60 261 (0,3 %) 649 361 10,8 34,3

Prazépam* 264 944 (1,4 %) 1 857 523 7,0 98,0

Alprazolam 841 708 (4,4 %) 8 125 609 9,7 428,6

Nordazépam* 26 480 (0,1 %) 199 758 7,5 10,5

Loflazépate d’éthyle* 25 499 (0,1 %) 188 167 7,4 9,9

Clotiazépam 63 846 (0,3 %) 441 163 6,9 23,3

Hypnotiques et sédatifs (N05C) 1 953 969 (10,3 %) 25 307 532 13,0 1 334,8

Dérivés de la benzodiazépine 314 512 (1,7 %) 4 353 058 13,8 229,6

Nitrazépam* 18 638 (0,1 %) 212 080 11,4 11,2

Flunitrazépam* 242 (0 %) 1 002 4,1 0,1

Estazolam 20 695 (0,1 %) 248 073 12,0 13,1

Lormétazépam 196 654 (1 %) 2 920 974 14,9 154,1

Témazépam 581 (0 %) 4 324 7,4 0,2

Loprazolam 90 254 (0,5 %) 966 481 10,7 51,0

Substances apparentées à la benzodiazépine 1 712 084 (9 %) 20 954 474 12,2 1 105,2

Zopiclone 741 615 (3,9 %) 8 870 912 12,0 467,9

Zolpidem 1 072 208 (5,7 %) 12 083 562 11,3 637,3a Nombre de consommants au cours de l’année pour 100 bénéficiaires de 60 ans ou plus ; b Nombre de boîtes vendues au cours de l’année pour 1 000 bénéficiaires de60 ans ou plus ; * Benzodiazépines à longue demi-vie (6 20 heures).

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Les médicaments anti-démentiels239 370 personnes ont reçu des médicaments spécifiquesde la démence, soit 1,3 % de l’ensemble des personnes de60 ans et plus (Tableau 6). Parmi celles-ci, 68,4 % ont reçudes médicaments anticholinestérasiques (rivastigmine, doné-pézil et, dans une moindre mesure, galantamine), et 43,6 %ont reçu de la mémantine. 28 847 (12,1 % des personnestraitées) ont reçu des médicaments appartenant à chacunede ces deux classes au cours de l’année. Si 81,1 % des boîtesde donépézil, 68,8 % des boîtes de galantamine et 73 % desboîtes de mémantine sont délivrées sous leur forme généri-que, ce n’est le cas que de 9,9 % des boîtes de rivastigminepuisqu’il n’existait en 2014 aucune option générique pourla voie transdermique, qui représente 81 % des ventesde cette molécule. Cette différence explique au moins enpartie l’écart de coût par patient : de 321 euros par an enmoyenne pour le donépézil, le montant remboursé parl’Assurance Maladie passe à 542 euros pour les patientsrecevant de la rivastigmine (pour un nombre de boîtesconsommées équivalent).

Analyse macroéconomiqueLes médicaments délivrés en pharmacie de ville aux person-nes de 60 ans et plus représentent un montant total de13,4 milliards d’euros, dont 11,1 milliard d’euros rembour-sés par les différents régimes d’assurance maladie : enmoyenne, la dépense annuelle de médicament sous pres-cription médicale s’établit à 706 euros par personne, dont585 euros pris en charge par l’assurance maladie.Le 7 présente la liste des 25 classes (sous-groupes théra-peutiques ou pharmacologiques) de médicaments les pluscoûteuses pour l’Assurance Maladie pour cette classe d’âge.

Un premier axe d’analyse de la dépense consiste à observerla répartition des montants remboursés par type de médi-cament. Les médicaments du diabète occupent la premièreplace en termes de dépenses avec un total de 941 Me rem-boursés aux bénéficiaires de 60 ans et plus en 2014, dont330 Me pour les insulines et analogues et 610 Me pour lesantidiabétiques oraux. Les agents modifiant les lipides(848 Me, dont 683 Me consacrés aux statines) sont audeuxième rang, suivis des médicaments agissant sur le sys-tème rénine-angiotensine (794 Me, dont 495 Me pour lessartans et 289 Me pour les inhibiteurs de l’enzyme deconversion), des antithrombotiques (715 Me), des médica-ments pour les maladies obstructives des voies respiratoires(560 Me), des thérapeutiques endocrines (484 Me), desmédicaments contre la néovascularisation oculaire (463 mil-lions d’euros), des inhibiteurs de la protéine kinase(456 Me), des antalgiques non-opioïdes (386 millions d’eu-ros), et des inhibiteurs de la pompe à protons (342 millionsd’euros). Ces 10 classes de médicaments représentent autotal un montant remboursé par l’assurance maladie de5,9 milliards d’euros, soit 54 % de la dépense totale pourl’ensemble des bénéficiaires de 60 ans et plus.Un second axe d’analyse consiste à estimer la part des dé-penses de médicaments remboursées aux sujets de 60 anset plus parmi l’ensemble des dépenses tous âges confondus.Car, si 55,5 % de la dépense totale de médicaments rem-boursée par l’assurance maladie est induite par les prescrip-tions aux personnes de 60 ans et plus (soit 11,1 milliardsd’euros sur les 20 milliards remboursés au total), cette pro-portion varie considérablement selon les classes de médica-ments. Si les consommants de 60 ans et plus représententainsi 90,6 % des dépenses de médicaments utilisés dans

Tableau 6 : Utilisation des médicaments de la démence chez les personnes âgées de 60 ans et plus en France en 2014.Table 6: Use of anti-dementia medications in older adults in France in 2014.

Nombrede consommants

Part des différentesmolécules

Nombrede boîtes

Montantsremboursés

n (%a) %b n Millions euros

Anticholinestérasiques (N06DA) 163 805 (0,9 %) 68,4 % 1 639 494 73 208 620

Donépézil 53 427 (0,3 %) 22,3 % 539 067 17 187 995

Rivastigmine 81 394 (0,4 %) 34,0 % 748 945 44 123 044

Galantamine 32 803 (0,2 %) 13,7 % 351 482 11 897 581

Autres médicaments de la démence (N06DX) 104 412 (0,6 %) 43,6 % 952 071 35 974 325

Mémantine 104 364 (0,6 %) 43,6 % 952 015 35 973 946

Ginkgo biloba 51 (0 %) 0,0 % 56 380

Total 239 370 (1,3 %) 100,0 % 2 591 565 109 182 945a Nombre de consommants au cours de l’année pour 1 000 bénéficiaires de 60 ans ou plus ; b lecture : parmi les personnes âgées ayant reçu au moins un médicament dela démence en 2014, 68,4 % ont reçu des anticholinestérasiques et 43,6 % ont reçu de la mémantine. Le total excède 100 % car certaines personnes âgées ont reçu à lafois des anticholinestérasiques et de la mémantine au cours de l’année.

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l’hypertrophie bénigne de la prostate, ils ne représententque 17,3 % des dépenses d’antiviraux à action directe,

26,3 % des dépenses d’immunosuppresseurs et 53,1 % desdépenses d’opioïdes (Tableau 7).

Tableau 7 : Analyse des montants remboursés pour les 25 classes thérapeutiques les plus coûteuses en 2014.Table 7: Pharmaceutical spending reimbursed by the national health insurance for the 25 most costly medications in 2014.

#Désignation de la classe thérapeutique

(code ATC)

Montantsremboursésa

Coûtmoyen par

consommant

Part de la dépensetotale de médicaments

remboursée auxpersonnes 6 60 ansb

Part de la dépensepour cette classede médicaments,

tous âges confondusc

Millions Euros Euros % %

1 Médicaments du diabète (A10) 941,0 432,8 8,5 % 68,1 %

2 Agents modifiant les lipides (C10) 847,8 154,8 7,7 % 76,0 %

3 Médicaments agissant sur le systèmerénine-angiotensine (C09)

794,1 133,8 7,2 % 77,0 %

4 Antithrombotiques (B01) 715,5 143,0 6,5 % 75,4 %

5 Médicaments pour les syndromes obstructifsdes voies aériennes (R03)

560,3 258,9 5,1 % 54,0 %

6 Thérapeutique endocrine (L02) 484,9 1 827,8 4,4 % 87,0 %

7 Médicaments contre les troublesoculo-vasculaires (S01L)

462,7 3 671,0 4,2 % 93,8 %

8 Inhibiteurs de tyrosine kinase (L01XE) 456,1 19 642,2 4,1 % 64,0 %

9 Antalgiques non-opioïdes (incl. Acidesalicylique et anilides) N02B

386,1 41,8 3,5 % 57,2 %

10 Inhibiteurs de la pompe à protons (A02BC) 342,5 57,3 3,1 % 65,5 %

11 Immunosuppresseurs (L04) 327,8 2 438,5 3,0 % 26,3 %

12 Préparations antianémiques : érythropoïétineet darbépoétine alfa (B03)

263,3 2 578,9 2,4 % 85,0 %

13 Antalgiques opioïdes (N02A) 224,5 72,1 2,0 % 53,1 %

14 Immunostimulants (L03) 215,7 3 162,9 1,9 % 38,5 %

15 Antidépresseurs (N06A) 213,5 95,6 1,9 % 47,0 %

16 Inhibiteurs calciques (C08) 208,9 85,8 1,9 % 82,8 %

17 Bêtabloquants (C07) 205,2 60,9 1,8 % 78,4 %

18 Antiépileptiques (N03) 194,8 208,3 1,8 % 42,8 %

10 Antiviraux à action directe (J05A) 183,9 515,8 1,7 % 17,3 %

20 Antiglaucomateux et myotiques (S01E) 171,8 125,6 1,5 % 81,9 %

21 Diphosphonates et autres médicamentsde la minéralisation osseuse (M05)

153,7 233,3 1,4 % 82,5 %

22 Antiparkinsoniens (N04) 140,0 426,3 1,3 % 84,0 %

23 Médicaments de la démence (N06D) 109,2 456,1 1,0 % 99,1 %

24 Antipsychotiques (N05A) 104,8 206,3 0,9 % 20,1 %

25 Médicaments utilisés dans l’hypertrophiebénigne de la prostate (G04C)

99,2 73,8 0,9 % 90,6 %

a Total des dépenses remboursées par l’Assurance Maladie aux bénéficiaires de 60 ans et plus ; b Lecture : les médicaments du diabète ont représenté 8,5 % de l’ensembledes dépenses de médicaments remboursées aux personnes de 6 60 ans en 2014 ; c Lecture : les personnes de 6 60 ans ont représenté 68,1 % de l’ensemble des dépensesremboursées pour les médicaments du diabète en 2014.

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DISCUSSION

Principaux résultatsEn 2014, 18,9 millions de personnes de 6 60 ans ontconsommé 1,2 milliard de boîtes de médicaments rembour-sés, soit une moyenne de 63,5 boîtes par consommant etpar an. Les classes de médicaments prescrites au plus grandnombre sont les antalgiques, suivis des médicaments pourles troubles de l’acidité, des antibiotiques, des médicamentsagissant sur le système rénine-angiotensine, des vaccins etdes statines. 240 000 ont reçu des médicaments de la dé-mence en 2014, pour une population atteinte de démenceestimée à 900 000 personnes, soit environ un quart despersonnes malades. Les médicaments délivrés en pharma-cie de ville aux personnes de 60 ans et plus représentent unmontant total de 13,4 milliards d’euros, dont 11,1 milliardd’euros remboursés par les différents régimes d’assurancemaladie (soit 585 euros par personne en moyenne).

Comparaison avec les données de la littératureLes comparaisons avec l’étude menée en France en 2000par Auvray et al.(24) ne sont pas aisées : la consommationmédicamenteuse y était mesurée sur une base mensuelle, etnon annuelle. Certaines tendances sont toutefois similaires :les médicaments cardiovasculaires concernaient 51 % desbénéficiaires, contre 52 % dans notre étude. De même, lesantalgiques non-opioïdes (au premier rang desquels le pa-racétamol et l’aspirine) restent en tête des médicaments lesplus consommés. En revanche, l’utilisation des antidiabéti-ques semble avoir considérablement augmenté (6 % en2000, contre 11,5 % en 2014), notamment du fait de ladisponibilité des antidiabétiques oraux(26). L’étude conduiteà partir de l’échantillon généraliste des bénéficiaires en

2013(19) apporte davantage d’éléments de comparaison, etpermet d’observer l’effet de l’âge sur la prévalence des dif-férentes classes de médicaments. Ainsi, parmi les personnesde 75 ans et plus, 78,5 % ont reçu des analgésiques au coursde l’année (contre 52 % des personnes de 6 60 ans dansnotre étude), 55,6 % ont reçu des médicaments agissant surle système rénine-angiotensine (vs 31,3 %), 48 % ont reçudes hypolipémiants (vs 29 %) et 53,4 % ont reçu des anti-thrombotique (vs 26,4 %). Ces résultats vont dans le sensd’un accroissement de l’utilisation des médicaments avecl’âge. En revanche, les classes thérapeutiques les plus fré-quentes semblent rester identiques selon que la populationétudiée soit âgée de 6 60 ans ou de 6 75 ans.Nos résultats peuvent également être comparés à d’autrespays, comme le montre le tableau 8. Aux États-Unis, laNational Health and Nutrition Examination Survey(27)

permet de connaître la consommation de médicaments aucours du mois précédent dans un échantillon représentatifde personnes de 65 ans ou plus(28). En Grande-Bretagne, laHealth Survey for England est une vaste enquête transver-sale conduite chaque année depuis 1994 auprès d’un échan-tillon représentatif de la population(29). Le millésime 2013comporte un chapitre entièrement consacré à la consom-mation médicamenteuse des participants au cours de la se-maine précédente. Enfin, en Suède, l’existence d’un registrenational des médicaments retraçant l’ensemble des prescrip-tions délivrées en pharmacie de ville permet de connaîtreavec précision la fréquence de l’utilisation des différentesclasses médicamenteuses(30, 31). La comparaison des résul-tats permet à la fois de mettre en évidence des différencesimportantes (en particulier en ce qui concerne les statineset les antidépresseurs), mais aussi certaines similarités (anti-diabétiques notamment).

Tableau 8 : Comparaison de la consommation médicamenteuse en pharmacie de ville chez les personnes âgées enFrance, aux États-Unis, en Angleterre et en Suède : l’exemple de cinq classes thérapeutiques.Table 8: Comparison of medication use in older people in France, the United States, England and Sweden: the example of fivespecific therapeutic specialties.

France,2014

Angleterre,2013(29)

Suède,2014(31)

États-Unis,2009-2012(28)

6 60 ans 6 65 ans 6 60 ans 6 65 ans

Agents modifiant les lipides 28,9 % 42,9 % 29,1 % 42,8 %

Antithrombotiques 26,4 % 24,6 % 34,6 % 16,0 %

Inhibiteurs de la pompe à protons 31,5 % 23,6 % 21,0 % 23,8 %

Antidépresseurs 11,8 % 9,8 % 14,9 % 18,7 %

Antidiabétiques 11,5 % 11,2 % 11,9 % 16,7 %

* Les résultats ne sont pas standardisés par âge, et peuvent donc refléter une différence dans la structure par âge et/ou par sexe des pays concernés.

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Qualité des prescriptionsLes données présentées dans cette étude offrent un aperçuglobal de la consommation de médicaments par les person-nes de 60 ans et plus. Elles donnent également à voir uncertain nombre d’indicateurs permettant d’évaluer la qualitédes prescriptions. Ainsi, 85 % des patients sous antiagré-gants plaquettaires étaient traités par aspirine à faible do-sage, conformément à l’objectif fixé par l’Assurance Mala-die(32). En revanche, 1,6 million de personnes de 60 ans etplus ont reçu des benzodiazépines à demi-vie longue(6 20 heures) en 2014. Parmi les personnes traitées pardes benzodiazépines à visée anxiolytique, seules 49 % ontreçu des benzodiazépines à demi-vie courte. Ces résultats,qui s’inscrivent à contre-courant des recommandations dela Haute Autorité de Santé(33), viennent donc en renfort duconstat déjà fait par l’Agence Nationale de Sécurité du Mé-dicament (ANSM) fin 2013(34).

Une dépense de santé difficilement soutenableLa dépense de médicaments des personnes de 60 ans etplus (13,4 milliards d’euros dont 11,1 milliards d’euros rem-boursés par les différents régimes d’Assurance Maladie) ap-paraît difficilement soutenable à long-terme. Certains médi-caments au prix unitaire très faible représentent desmontants de remboursement colossaux du fait des volumesconsommés : c’est notamment le cas des antalgiques, desanxiolytiques ou encore des inhibiteurs de la pompe à pro-tons. D’autres médicaments ont un prix unitaire modérémais une consommation importante : les insulines, les mé-dicaments de la démence, les statines ou encore les anti-thrombotiques en sont de bons exemples. Or, ces deux ca-tégories de médicaments vont entraîner une augmentationmécanique des dépenses de santé du simple fait de l’aug-mentation du nombre de personnes âgées. Une troisièmecatégorie de médicaments représente un enjeu économiqueau moins aussi important mais pour une raison différente :les médicaments innovants particulièrement coûteux. Lesnouveaux antidiabétiques oraux (ex : incrétino-mimétiques),les antiviraux à action directe, les thérapies ciblées orales(imatinib, vemurafenib, etc.), les inhibiteurs du TNF-α (ada-limumab) ou encore les thérapies endocrines (abiratérone)restent prescrits à un nombre limité de patients mais engen-drent une explosion des dépenses du fait de leur prix sanscommune mesure avec les médicaments de la générationprécédente. Cette réalité pose, à moyen terme, la questionde l’accès à l’innovation thérapeutique dans un système desanté qui ne pourra pas faire face à la fois à l’augmentationinévitable du nombre de personnes âgées malades et à l’ar-rivée sur le marché de nouveaux médicaments dont les prixmenacent l’équilibre économique de nos systèmes d’assu-rance maladie(35). L’utilisation des médicaments génériquesvise à répondre à cette problématique de maîtrise des

dépenses : de ce point de vue, le taux de non-substitutionde 15 % observé pour les médicaments du système cardio-vasculaire est plutôt positif.

Limites méthodologiquesCette étude est, à notre connaissance, la première conduiteen population totale en France pour explorer la consom-mation de médicaments des personnes de 60 ans et plus.Elle repose sur des données robustes, et a l’avantage decouvrir l’ensemble du territoire national, pour un total de18,9 millions de bénéficiaires. Elle présente toutefois troisgrandes limites méthodologiques. La première tient à la na-ture des données disponibles : les bases Open Medic necontiennent que des informations agrégées, empêchanttoute analyse statistique à l’échelle des individus (pour exa-miner les facteurs associés à l’utilisation de certains médi-caments ou pour étudier certaines associations médicamen-teuses, par exemple). Par ailleurs, s’agissant de donnéesrelatives aux médicaments délivrés en pharmacie de ville etremboursés au titre de l’Assurance Maladie, la consomma-tion médicamenteuse intra-hospitalière et au sein des EH-PAD disposant d’une pharmacie à usage intérieur n’est pasincluse dans notre étude. L’automédication n’est, elle nonplus, pas prise en compte. La deuxième limite tient au pé-rimètre de la population étudiée : le caractère agrégé desdonnées nous a conduit à considérer l’ensemble des per-sonnes de 6 60 ans de manière uniforme, alors qu’il auraitété pertinent de différencier les bénéficiaires âgés de 60 à74 ans de ceux âgés de 75 ans et plus, voire plus car lalittérature montre des différences importantes dans l’utilisa-tion des médicaments après 75 ans. Les prochains millési-mes de la base Open Medic permettront peut-être de ré-pondre à cette attente. Enfin, la troisième limite réside dansl’absence de données relatives aux doses délivrées, aux in-dications cliniques et à la durée des traitements : sans cesinformations, une analyse plus qualitative des prescriptionsmédicamenteuses reste impossible. Or, seule une étude àpartir des données individuelles de l’Assurance Maladie per-mettrait, grâce aux croisements de données, de répondre àcette attente.

CONCLUSION

L’importante consommation de médicaments des person-nes de 60 ans et plus est sans doute l’une des conséquencesles plus visibles de la concentration des maladies chroniquesdans les classes d’âge les plus élevées. En effet, avec un totalde 1,2 milliard de boîtes de médicaments délivrées en 2014,les personnes de 60 ans et plus consomment une moyennede 63,5 boîtes par personne et par an, pour un montant de13,4 milliards d’euros dont 11,1 milliard d’euros

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remboursés par les différents régimes d’Assurance Maladie.Toutefois, si les données présentées dans cette étude offrentun aperçu inédit de la consommation de médicaments parles personnes de 60 ans et plus en France et permettent deconnaître avec précision la fréquence d’utilisation des diffé-rentes classes de médicaments, de nombreuses questionsrestent sans réponse. Quelles variations régionales observe-t-on dans l’utilisation des médicaments potentiellementinappropriés ?(36) Quels sont les effets à moyen et long-termede l’arrêt des médicaments de la démence chez les

personnes atteintes de démences sévère ?(37) Quel est l’im-pact de la polymédication sur la survie globale à partir d’uncertain âge ?(38) Quel est l’impact de l’entrée en institutionsur l’évolution de la consommation médicamenteuse ?(39)

Autant d’interrogations qui méritent des études pharmaco-épidémiologiques de grande ampleur, associant caractéris-tiques individuelles, données de prescription, de consomma-tion de soins, et de morbi-mortalité. ■

Liens d’intérêts : les auteurs n’ont déclaré aucun lien d’intérêt concernantcet article.

RemerciementsLes données Open Medic ont été constituées à partir du SNIIRAM et mise à disposition par les services de l’Assurance Maladie.Ces données sont disponibles à l’adresse suivante : http://open-data-assurance-maladie.ameli.fr/medicaments/index.php

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