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UCLInstitut d’administration et de gestionUniversité catholique de Louvain
RESEARCH REPORT
Academic Year 2004-2005
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FACTEURS INFLUENCANT LA CROISSANCE DE L’EMPLOI DES PME
WALLONNES
Jean-luc GUYOT, Frank JANSSEN et Olivier LOHEST
Résumé
Les entreprises en croissance et, a fortiori, les entreprises à forte et à très forte croissance, constituant une exception, mais contribuant plus que proportionnellement à la création d’emploi, il est essentiel de mieux cerner le phénomène de croissance. Celui-ci a déjà donné lieu à de nombreux travaux empiriques manquant toutefois d’ancrage théorique et se limitant à l’analyse de l’impact d’un nombre limité de types de variables. Après avoir choisi le modèle théorique qui sera utilisé pour analyser causalement la croissance, nous tenterons d’identifier les différents types de variables ayant donné lieu aux résultats les plus significatifs et de les tester simultanément. Ces variables feront l’objet d’une étude empirique sur un échantillon de plus de 500 primo-créateurs wallons. Plutôt que de formaliser la croissance des entreprises au travers d’une équation linéaire, comme c’est le cas de la plupart des travaux en sciences de gestion, sans distinguer les entreprises en décroissance de celles en stabilité, en croissance, en forte ou en très forte croissance, le modèle empirique utilisé est de type Tobit, permettant de tenir compte du fait que certaines entreprises ont connu une décroissance, une stagnation ou une croissance inférieure à des seuils de forte ou de très forte. L’originalité de cette communication repose donc sur son ancrage théorique, la diversité des types de variables étudiées, ses données et le traitement statistique choisi.Nos résultats montrent que quatre variables relatives à l’entrepreneur, trois variables concernant la firme et la seule variable choisie ayant trait à la stratégie, influencent significativement la croissance. Par contre, l’environnement ne semble pas avoir d’impact. Nos résultats démontrent que la croissance ne peut être appréhendée que dans une perspective multidimensionnelle et plaident pour l’adoption d’un modèle théorique complet intégrant des variables explicatives de types divers. En outre, elle ne peut être étudiée que dans ses déclinaisons, sous forme de croissance positive, de croissance forte ou très forte. Mots-clés Primo-créateur ; croissance ; emploi Auteurs Jean-Luc GUYOT est attaché scientifique à l’Institut wallon de l'évaluation, de la prospective et de la statistique (IWEPS) et professeur invité à l’UCL Frank JANSSEN est Professeur d’entrepreneuriat à l’IAG-Louvain School of Management et titulaire de la Chaire Brederode en développement de l’esprit d’entreprise. Pour plus d’informations, voir http://www.poge.ucl.ac.be/janssen/ et http://www.uclouvain.be/chaire-brederode.html Olivier LOHEST est attaché scientifique à l’Institut wallon de l'évaluation, de la prospective et de la statistique (IWEPS)
Introduction
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Dès 1987, Birch constatait que la majeure partie des emplois est créée par une infime partie
des entreprises, les entreprises en croissance. Dans une étude portant sur l’ensemble de ce qui
était, à l’époque, encore appelé la Communauté Economique Européenne, Storey et Johnson
(1987) observent qu’en 12 ans, moins de 10% des entreprises créées au début de la période
croissent au-delà de 20 travailleurs et que moins d’1% de celles-ci dépassent une taille de 100
salariés. Dans le même sens, une étude de l’OCDE (1999) démontre que, parmi les P.M.E.
ayant entre 20 et 5001 employés en début de période, les entreprises dont l’emploi a doublé
durant les dernières années ne représentent qu’entre 2% et 10% des firmes pérennes, mais ont
généré entre 48%2 et 88 %3 des nouveaux emplois créés par ce type de firmes en France, en
Italie, aux Pays-Bas, en Espagne et au Québec. Plusieurs études, tant européennes
qu’américaines, confirment ce phénomène (O’Farrel, 1984 ; Dunkelberg et Cooper, 1982 ;
McMullan et Vesper, 1987 ; Gallagher et Miller, 1991 ; Julien, 2000). Les entreprises à forte
croissance sont donc relativement marginales (Deakins, 1996). Dans ce contexte, il est
essentiel de développer une meilleure compréhension du phénomène de croissance des
entreprises.
La croissance a été mesurée sur base d’une multitude de critères. Les deux indicateurs les plus
largement utilisés pour appréhender la croissance sont l’emploi et les ventes (Janssen, 2005).
Dans le cadre de cette communication, nous avons choisi d’étudier la croissance de l’emploi.
Outre le fait qu’elle soit une mesure de la croissance économique (Kirchoff, 1991), pour
l’entrepreneur, elle peut constituer un indicateur de son succès et, pour la société dans son
ensemble, elle est une mesure de la contribution économique de la firme au bien-être commun
(Dunkelberg et Cooper, 1982). C’est pourquoi ce critère a été utilisé par de nombreux
économistes et sociologues, bien qu’au sein des entreprises elles-mêmes, il semblerait que le
succès soit plus mesuré en termes de croissance des ventes (Hughes, 1998 ; Donckels, 1990)
et que ce dernier critère ait été privilégié par les chercheurs en sciences de gestion
(Weinzimmer, 1993). Selon Child (1973), l’emploi est un critère adéquat pour mesurer la
taille d’une organisation car ce sont avant tout des humains qui sont « organisés ». Enfin, dans
la mesure où le dirigeant attendra en principe que la demande se stabilise avant de recruter du
personnel, l’emploi est théoriquement une mesure moins volatile de la croissance que le
1Entre 10 et 500 pour le Québec 2Italie 3 Espagne
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critère des ventes (Delmar, 1997). Dans certains pays européens, comme la Belgique, la
stabilité de ce critère est accrue par les rigidités présentes sur le marché du travail liées à une
législation sociale contraignante.
Le phénomène de croissance a déjà fait couler énormément d’encre. Néanmoins, la plupart
des travaux qui lui sont consacrés manquent cruellement d’ancrage théorique. C’est pourquoi
la première section de cette communication sera consacrée au développement du modèle
théorique qui sera utilisé pour analyser causalement la croissance. Outre ce manque de
références théoriques, de nombreux travaux empiriques se limitent à l’analyse de l’impact
d’un nombre limité de types de variables . Nous tenterons donc ensuite d’identifier les
différents types de variables ayant donné lieu aux résultats les plus significatifs et de les tester
simultanément. Ces variables feront l’objet d’une étude empirique sur un échantillon de plus
de 500 primo-créateurs wallons. Plutôt que de formaliser la croissance des entreprises au
travers d’une équation linéaire, comme c’est le cas de la plupart des travaux en gestion, sans
distinguer les entreprises en décroissance de celles en stabilité, en croissance, en forte ou en
très forte croissance, le modèle empirique utilisé sera de type Tobit. Ce dernier permet de
tenir compte du fait que certaines entreprises ont connu une décroissance, une stagnation ou
une croissance inférieure à des seuils de forte ou de très forte croissance que nous fixerons
pour notre analyse. L’originalité de cette communication repose donc sur son ancrage
théorique, la diversité des variables étudiées, ses données et le traitement statistique choisi.
1. Modèle théorique de la croissance
L’analyse des déterminants de la croissance des PME a donné lieu à de nombreuses études
empiriques. Toutefois, la grande majorité de ces recherches s’est contentée d’étudier l’impact
d’un nombre limité de variables. Plusieurs auteurs (Grinyer et al., 1988 ; Miller et Friesen,
1984) estiment pourtant qu’il est nécessaire de tester simultanément l’impact d’un grand
nombre de variables afin d’aboutir à une image plus complète et réaliste du phénomène de
croissance.
En outre, l’ancrage théorique de la plupart des travaux empiriques est souvent relativement
faible ou incomplet. Deux approches théoriques concurrentes visant à expliquer les causes de
la croissance se sont développées au sein de la recherche en sciences de gestion
(Weinzimmer, 1993). La première, que l’on peut appeler le modèle « externe », étudie
4
l’influence de l’environnement sur les organisations. La seconde perspective, à savoir le
modèle « interne », s’attache principalement à étudier les caractéristiques internes de la firme
ainsi que la manière dont une organisation s’adapte à son environnement et tente de modeler
ce dernier. La croissance étant un phénomène complexe et multidimensionnel, il va de soi
qu’une approche de type purement externe ou interne est nécessairement réductrice. C’est
pourquoi quelques auteurs ont développé des modèles théoriques dont le point commun est
d’avoir proposé une approche intégrative regroupant des variables, tant « internes »
qu’ « externes » (Davidsson, 1991; Herron et Robinson, 1993; Weinzimmer, 1993; Storey,
1994). Le modèle de Janssen (2002) synthétise et complète ces modèles. Il est composé de
quatre groupes de variables susceptibles d’influencer la croissance d’une entreprise : les
déterminants liés au(x) dirigeant(s), les déterminants liés aux caractéristiques de l’entreprise,
les déterminants stratégiques et les déterminants environnementaux4.
Figure 1 : modèle causal de la croissance d’une entreprise
Source : Janssen (2002)
4 Notons que modèle complet inclut les influences des interactions entre chacun de ces groupes sur la croissance. Nous ne développerons pas dans le cadre de cette communication.
Déterminants liés au(x)
dirigeant(s)
Déterminants liés à
l’entreprise
Déterminants stratégiques
Déterminants environnemen-
taux
CROISSANCE
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Au niveau empirique, de très nombreuses études se sont intéressées à l’impact des
caractéristiques du dirigeant sur la croissance (Janssen, 2006). La stratégie mise en œuvre par
ce dernier a également suscité l’intérêt de nombreux chercheurs. L’environnement, par contre,
a fait l’objet de moins de recherches spécifiques, même s’il est repris dans tous les modèles
théoriques, à l’exception du modèle de Storey (1994). Or, il va de soi qu’une entreprise
n’opère pas dans le vide. Enfin, les caractéristiques relatives à la firme n’ont quasiment pas
été étudiées de manière spécifique par les chercheurs en sciences de gestion. Pourtant, de
nombreuses études économiques se sont, par exemple, penchées sur l’impact de la taille et de
l’âge de l’entreprise sur sa croissance.
2. Les déterminants de la croissance
Nous allons tenter d’identifier les principaux déterminants de la croissance des entreprises
appartenant à chacun des groupes du modèle théorique. L’analyse se concentrera
principalement sur les variables qui apparaissent comme étant les plus discriminantes dans la
littérature.
2.1. Déterminants liés au(x) dirigeants :
Le niveau d’éducation.
D’un point de vue théorique, il est légitime de penser qu’il existe un lien positif entre les
performances d’une entreprise et le niveau des études du créateur d’entreprise (Cooper et al.,
1994; Cressy, 1996; Taylor, 1999). L’argumentation sous-jacente à cette théorie repose sur
l’hypothèse centrale que l’éducation améliore les compétences et les aptitudes des individus
(Montgomery et al., 2005). L’éducation facilite aussi l’accès à la connaissance, au capital, de
même qu’elle facilite le recrutement de personnel qualifié (Sine et al., 2004). De nombreuses
études empiriques constatent effectivement que le niveau d’éducation du dirigeant a un
impact positif sur la croissance (Almus, 2002; Woywode and Lessat, 2001; Julien, 2000 ;
Hall, 1995 ; Westhead, 1995 ; Storey et al., 1989 ; Dunkelberg et Cooper, 1982). Le fait que
le dirigeant soit détenteur d’un diplôme d’études supérieures, voire de diplômes
complémentaires, semble stimuler la croissance de son entreprise. Deux études ne constatent
toutefois pas de lien significatif entre ces variables (Janssen, 2006; Brush et Chaganti, 1998).
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Lien familial/personnel avec un entrepreneur.
Curieusement, l’impact de l’historique familial sur la croissance n’a retenu l’attention que de
peu de chercheurs. Pourtant, l’hypothèse de l’influence d’un héritage intergénérationnel sur
l’entrepreneuriat est loin d’être neuve. Elle était déjà mentionnée au début des années septante
dans le rapport Bolton (1971). Certaines études constatent que plus de 50% des entrepreneurs
ont un parent entrepreneur lui-même (Gasse, 1987). En ce qui concerne la croissance, on
pourrait supposer qu’un dirigeant issu d’une famille comptant un ou plusieurs propriétaires-
dirigeants bénéficiera de l’expérience de ceux-ci et pourra compter sur un financement
familial. En conséquence, on peut émettre l’hypothèse que cette variable influencera
positivement la croissance (Storey, 1994). Julien (2000) observe effectivement un lien positif
entre une origine familiale entrepreneuriale et la croissance. A l’inverse, la famille pourrait
freiner la croissance de manière à ne pas perdre le contrôle de l’entreprise ou à éviter une prise
de risques trop importante (Gibb et Davies, 1990). Une étude belge (Janssen, 2006) n’observe
pas de lien significatif.
Connaissance du secteur d’activité.
L’expertise sectorielle peut également revêtir une certaine importance. Il est en effet plausible
de penser qu’une expérience antérieure dans le même secteur permet d’acquérir une
connaissance spécifique des produits, des procédés de fabrication, des technologies, des
réseaux de distribution et des contraintes liées à ce secteur d’activité. Divers travaux
empiriques constatent que la connaissance du secteur a un impact positif sur la croissance
(Montgomery et al., 2005 ; Taylor, 1999 ; Siegel et al., 1993). Des études comparatives entre
des sociétés de haute technologie à forte croissance et des sociétés du même secteur ayant
quitté le marché ou connu une croissance plus lente montrent aussi que les premières sont
plus susceptibles d’utiliser la même technologie et de desservir les mêmes marchés que les
entreprises dont sont issus les créateurs (Feeser et Willard, 1990 ; Feeser et Willard, 1989 ;
Cooper et Bruno, 1977). De même, Dunkelberg et Cooper (1982) constatent que le fait de
produire le même produit ou de fournir le même service que durant l’emploi précédent a une
influence positive sur la croissance. Plusieurs autres recherches concluent toutefois à une
absence de lien entre l’expérience sectorielle et la croissance (Janssen, 2006; Gundry and
Welsch, 2001; Brush et Changati, 1998 ; Kalleberg et Leicht, 1991).
Activité antérieure comme indépendant complémentaire.
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Certains auteurs se sont interrogés sur l’impact du fait que le dirigeant ait déjà une expérience
antérieure de création d’entreprise ou d’indépendant. A l’exception d’une étude (Dahlqvist et
al., 1999) qui observent une influence positive de cette variable sur la croissance, la plupart ne
détectent aucun impact significatif (Janssen, 2006 ; Brush et Changati, 1998 ; Siegel et al.,
1993 ; Kalleberg et Leicht, 1991). Par ailleurs, le fait que, lors du lancement de son activité, le
dirigeant exerce d’autres activités professionnelles et ne se consacre pas uniquement à la
nouvelle entreprise pourrait influencer positivement sa croissance ultérieure. S’il exerce
parallèlement un emploi salarié, il n’est pas uniquement tributaire des revenus générés par son
entreprise ou son activité d’indépendant pour subvenir à ses besoins et à ceux de sa famille.
Selon Storey (1994c), un tel dirigeant a eu la possibilité d’évaluer ses qualités
entrepreneuriales de manière peu risquée. Cette formule peut donc être considérée comme une
forme d’apprentissage. Cette hypothèse est confirmée empiriquement par Janssen (2006).
Taille de l’organisme dans lequel travaillait antérieurement le créateur
La taille de l’entreprise dans laquelle était exercé l’emploi précédent peut également avoir un
impact sur la croissance. Le fait d’avoir travaillé au sein d’une entreprise d’une certaine taille
a pu permettre au dirigeant de se familiariser avec des techniques de gestion propices à la
croissance. Westhead et Birley (1995) observent une relation positive entre le fait que le
dirigeant ait précédemment travaillé dans une grande entreprise et la croissance. Une autre
étude (Gudgin et al., 1979) constate que les anciens employés qui décident de fonder leur
propre société ont tendance à créer des entreprises dont la taille est similaire à celle de la
firme où ils travaillaient auparavant. Plusieurs auteurs relèvent que les fondateurs de sociétés
de haute technologie à forte croissance sont fréquemment issus de grandes entreprises, voire
de sociétés cotées (Feeser et Willard, 1989 ; Cooper et Bruno, 1977). La recherche de
Dunkelberg et Cooper (1982), par contre, constate que la taille de l’entreprise dans laquelle le
dirigeant était précédemment employé ne semble pas exercer d’influence sur la croissance, si
ce n’est si le dirigeant travaillait dans une entreprise de moins de 100 personnes, auquel cas
l’influence sur la croissance est négative. Ces résultats sont confirmés par Janssen (2006).
Le nombre de créateurs.
Selon Vesper (1990), la présence d’une équipe de dirigeants signifie une quantité de travail
plus importante, ainsi qu’une plus grande variété et un plus grand équilibre d’aptitudes et de
ressources, susceptibles de déboucher sur des synergies. Chaque dirigeant apportera sa propre
expertise. Cela permet également de partager les risques. De plus, Vesper souligne que, dans
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ce cas, l’entreprise peut se permettre de croître de manière plus importante qu’une entreprise
dirigée par une seule personne avant de devoir faire appel à des managers extérieurs. En outre,
le fait que le fondateur initial ait rassemblé une équipe autour de lui constitue un signal de sa
capacité à attirer et à gérer d’autres personnes, tandis qu’une incapacité ou une réticence à
constituer une équipe pourrait, aux yeux d’investisseurs potentiels, être symptomatique d’une
absence des qualités managériales requises pour croître. Enfin, Vesper estime que le
recrutement des membres de l’équipe dirigeante peut mener à une première évaluation de
l’idée à la base de la création de l’entreprise et de son potentiel de succès. A l’inverse, la
présence de plusieurs dirigeants risque également de ralentir le processus décisionnel (Feeser
et Willard, 1990). Plusieurs études montrent que les entreprises créées et possédées par
plusieurs personnes sont plus enclines à croître que les entreprises n’ayant qu’un seul
propriétaire (Siegel et al., 1993 ; Weinzimmer, 1993 ; Feeser et Willard, 1990 ; Dunkelberg et
al., 1987 ; Woo et al., 1989). Par ailleurs, il semblerait également que les entreprises de haute
technologie à forte croissance aient généralement été fondées par plusieurs personnes (Cooper
et Bruno, 1977). Certaines études concluent toutefois à une absence de lien entre le nombre de
créateurs et la croissance (Janssen, 2006 ; Almus 2002).
L’âge
Certains auteurs soulignent le fait qu’un individu plus âgé dispose en général de ressources
financières plus importantes et de réseaux d’affaires plus développés, ce qui réduit la
probabilité d’être confronté à des contraintes de liquidités contrairement à des individus
jeunes (Peters et al., 1999). A l’opposé, Davidsson (1991) considère que le jeune créateur doit
faire face à plus de contraintes familiales (charges de famille, emprunt hypothécaire), ce qui
va l’inciter à d’avantage poursuivre des objectifs de croissance qu’un individu plus âgé.
Hambrick et Mason (1984) soulignent par ailleurs que l’âge est généralement associé à un
comportement plus conservateur supposé exercer un impact négatif sur les performances de
l’entreprise pour trois raisons. Premièrement, un dirigeant plus âgé est en principe moins
enclin à adopter un comportement novateur ou à adhérer à une idée nouvelle. Deuxièmement,
un tel dirigeant serait plus attaché à un certain statu quo organisationnel. Enfin, des objectifs
de sécurité salariale et professionnelle engendrent un comportement plus prudent. Plusieurs
études (Woywode et Lessat, 2001; Delmar, 1997 ; Weinzimmer, 1993 ; Dunkelberg et
Cooper, 1982) observent effectivement un impact négatif de l’âge du dirigeant ou de l’âge
moyen de l’équipe de dirigeants sur la croissance. Une étude récente (Janssen, 2006)
n’observe toutefois pas de lien significatif.
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Le sexe
Il est plausible de penser que les femmes sont habituellement plus centrées sur la famille et
moins disposées à poursuivre des objectifs liés à l’expansion de l’entreprise. Riding et Swift
(1990) soulignent que les institutions financières ont plus souvent tendance à imposer des
conditions plus strictes en ce qui concerne les garanties de prêts si le chef d’entreprise est une
femme, limitant de ce fait le potentiel de croissance de ces entreprises. Les études empiriques
sur le lien entre les variables démographiques et la croissance aboutissent toutefois à des
résultats contradictoires. Dahlqvist et al. (1999) et Janssen (2006) observent un lien négatif
entre le fait que l’entrepreneur soit de sexe féminin et la croissance, tandis que Delmar
n’observe aucun lien significatif entre ces variables (Delmar, 1999).
La nationalité
Une étude menée par Dahlqvist et al. (1999) sur les entreprises nouvellement créées en Suède
observe un lien négatif entre le fait que l’entrepreneur soit une personne immigrée et la
croissance. Ces personnes semblent également se heurter à des barrières sociales inhibant la
croissance. Une étude belge observe, par contre, un lien positif entre ces variables. L’on sait
que l’entrepreneuriat constitue un facteur d’intégration sociale. Ces derniers résultats laissent
donc à penser que la croissance peut agir comme accélérateur de cette intégration.
2.2. Déterminants relatifs à l’entreprise
La taille
Parmi les caractéristiques de l’entreprise ayant un impact sur la croissance, la taille est celle
qui a le plus retenu l’attention des chercheurs, en particulier des économistes, en raison de son
importance pour la détermination de politiques économiques nationales mieux adaptées. De
nombreux chercheurs ont tenté de tester la véracité de la loi de Gibrat (1931), selon laquelle le
taux de croissance des entreprises est indépendant de leur taille. Une grande partie de ces
études infirme cette loi et conclut à une relation négative entre la taille d’une entreprise et sa
croissance (Becchetti et Lovato, 2002 ; Janssen, 2002 ; Delmar, 1997 ; Manigart, 1996 ;
Cooper et al., 1989 ; Kirchhoff, 1989 ; Hall, 1987 ; Evans, 1987 ; Kumar, 1985 ; Dunkelberg
et Cooper, 1982 ; Mansfield, 1962). Plus rarement, certaines études observent un lien positif
entre taille et croissance (Wijewardena et Tibbits, 1999 ; Westhead, 1995 ; Kalleberg et
Leicht, 1991 ; Singh et Whittington, 1975). D’autres analyses empiriques tendent toutefois à
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confirmer la loi de Gibrat et observent une absence de lien entre la taille et la croissance
(Audretsch, Klomp, Santarelli et Thurik, 2004 ; Delmar, 1999 ; Wiklund, 1999 ; Samuels,
1965 ; Hymer et Pashigan, 1962 ; Simon et Bonini, 1958 ; Hart et Prais, 1956). Evans (1987)
relativise les conclusions de certaines de ces études (Hymer et Pashigan, 19625 ; Simon et
Bonini, 19586 ; Hart et Prais, 19567 ) sur la base du fait qu’elles sont réalisées à partir
d’échantillons composés uniquement des plus grandes entreprises d’une économie. Dans une
étude portant sur un échantillon de près de 20.000 P.M.E. manufacturières américaines, Evans
(1987) remet en cause la loi de Gibrat car il constate une relation inverse entre, d’une part, la
taille et l’âge d’une entreprise et, d’autre part, la croissance mesurée en termes d’emplois.
Dans une autre étude portant sur un échantillon intégrant des grandes entreprises, cet auteur
(1987b) constate que la croissance d’une entreprise diminue à un taux décroissant par rapport
à sa taille. Il confirme donc l’existence d’une relation inverse entre la taille et la croissance
pour les P.M.E. Toutefois, dans cette étude, la loi de Gibrat semble se confirmer pour les
entreprises de plus grande taille. Hall (1987) aboutit à une conclusion identique sur la base
d’un échantillon d’entreprises manufacturières cotées. Sur la base d’un échantillon de 2.000
entreprises cotées britanniques, Kumar (1985) constate toutefois que la relation entre taille et
croissance est également négative pour ces dernières, alors qu’elles doivent en principe déjà
avoir atteint une taille relativement importante pour être admises à la cotation.
L’âge
Comme l’ont montré Evans (1987b) et Hall (1987), les études mentionnées ci-dessus portent
sur des populations d’entreprises de tailles très différentes. Les contradictions pourraient
également résulter de différences en termes d’âge au sein des populations étudiées. En effet,
les études qui se sont penchées sur le lien entre l’âge des entreprises et leur croissance font
apparaître quasi unanimement un lien négatif (Harabi, 2003; Heshmati, 2001; Julien, 2000 ;
Steil et Wolf, 1999; Wiklund, 1999 ; Wijewardena et Tibbits, 1999 ; Harhoff et al., 1998;
Westhead, 1995 ; Dunne et al., 1989 ; Evans, 1987 et 1987b ; Dunkelberg et Cooper, 1982)8.
Les entreprises jeunes sont donc plus susceptibles de croître de manière significative que les
entreprises plus âgées. Cela suggère l’existence d’une relation négative entre l’âge de la firme
et sa croissance, en raison des rendements décroissants de l’apprentissage au cours du temps.
5Cette étude porte sur les 1.000 plus grandes entreprises manufacturières américaines. 6Cette étude porte sur les 500 plus grandes entreprises manufacturières américaines. 7Cette étude porte sur des entreprises cotées sur le London Stock Exchange. 8A quelques exceptions près, telles que l’étude de Janssen (2006) et de Kalleberg et Leicht (1991).
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Ainsi, selon Jovanovic (1982), la probabilité de bénéficier de gains d’efficacité diminue avec
l’âge de la firme.
Le montant des ressources financières mobilisées à la création
Depuis Adam Smith, de nombreux économistes suggèrent que l’existence de contraintes de
liquidités, de même qu’un accès limité au financement, limitent la croissance des entreprises
(Verbeeren, 2000 ; Holtz-Eakin et al. 1994 ; Storey, 1994a,b ; Ennew and Binks, 1993 ;
Boeker, 1988). Dans cette optique, le fait de disposer de ressources financières suffisantes est
crucial pour une entreprise car celle-ci a besoin de capital pour démarrer, pour survivre et
pour croitre. Cette hypothèse est vérifiée par plusieurs études qui constatent un lien positif
entre l’importance de ces ressources et la croissance (Raposo et Silva, 1999 ; Cooper et al.,
1994). Deux études belges concluent toutefois à une absence de lien (Janssen, 2002;
Manigart, 1996).
La nature des ressources financières
Lentz et Laband (1990), Norton (1991), Lindh et Ohlsson (1996), Magnac et Robin (1996) et
Cressy (1996) considèrent que la source du financement est aussi importante que l’accès à ce
financement pour la croissance de l’entreprise. Westhead et Birley (1995) observent que
l’utilisation de fonds personnels, familiaux et amicaux au moment de la création de
l’entreprise influence négativement la croissance. Inversement, certaines recherches
constatent que la probabilité de croissance des entreprises ayant ouvert leur capital ou qui ne
sont pas fermées à cette éventualité est plus importante que celle des entreprises dont le
dirigeant souhaite à tout prix conserver son indépendance (Cambridge small business research
center, 1992 ; Storey et al., 1989)9. Toutefois, d’autres études montrent qu’il n’y aurait pas de
lien entre la type de sources de financement et la croissance (Raposo et Silva, 1999 ;
Manigart, 1996 ; Storey, 1994c). Le fait que l’entreprise se finance sous forme d’endettement
ou sous forme de fonds propres n’influencerait pas sa croissance.
9 Une étude constate cependant que l’ouverture du capital n’exerce pas d’impact sur la croissance (Dunkelberg et Cooper, 1982).
12
2.3. Déterminant relatif à la stratégie
La stratégie de l’entreprise en termes de choix et d’étendue des marchés peut avoir un impact
significatif sur la croissance. Toutefois, seuls certains facteurs relatifs à la diversification
géographique semblent exercer un impact significatif sur la croissance lorsqu’on les étudie
indépendamment d’autres types de déterminants (Janssen, 2002). Plusieurs études font
apparaître qu’une entreprise exportatrice est plus susceptible de croître qu’une autre
(Wijewardena et Tibbits, 1999 ; Julien et al., 1997 ; Storey et al., 1989). Feeser et Willard
(1990) constatent également que les entreprises à forte croissance retirent plus de revenus de
l’étranger que les entreprises à faible croissance.
2.4. Déterminant relatif à l’environnement
Par l’intermédiaire de cette variable nous contrôlons pour le secteur d’activité de l’entreprise.
La générosité de l’environnement et, en particulier le taux de croissance sectoriel est, de loin,
la variable environnementale dont l’influence sur la croissance a été la plus étudiée par les
travaux empiriques (Janssen, 2003). En principe, une croissance de l’industrie permet aux
entreprises existantes de ne pas nécessairement être déforcées par la prise de parts de marché
par de nouveaux entrants et diminue, de ce fait, la probabilité d’une riposte de la part des
premières (Porter, 1980). Un marché en croissance offre en principe plus d’opportunités aux
entreprises, et, notamment, aux nouveaux entrants car, par définition, la demande y est en
croissance (Eisenhardt et Schoonhoven, 1990). Weinzimmer (1993) constate l’existence d’une
relation positive entre la générosité de l’environnement et la croissance. Selon cet auteur, cela
tendrait à démontrer que la croissance d’une entreprise pourrait simplement provenir du fait
qu’elle appartienne à un secteur « généreux ». Un tel environnement permettrait aux
entreprises de croître sans devoir acquérir des ressources ou des parts de marché au détriment
de concurrents. Des différentiels de croissance selon le secteur reflètent en partie les
différences de rendements, de technologie ou de concurrence qui existent entre les secteurs. A
l’inverse, plusieurs auteurs observent toutefois que le taux de croissance sectoriel n’influence
pas la croissance des entreprises, à tout le moins des P.M.E. (Janssen, 2004 ; Wijewardena et
Tibbits, 1999 ; Kalleberg et Leicht, 1991 ; Acs et Audretsch, 1990). D’autres études
constatent des différences sectorielles importantes en termes de taux de croissance des
entreprises (Brush et Changati, 1998 ; Storey, 1994b ; Siegel et al., 1993 ; Eisenhardt et
Schoonhoven, 1990 ; Dunkelberg et Cooper, 1982). Les secteurs de moyenne ou de haute
13
technologie auraient un pourcentage de P.M.E. en croissance plus important que les autres
(Philips et Kirchoff, 1989). Dunkelberg et Cooper (1982) observent le même phénomène pour
les secteurs du transport, de la construction et de la vente en gros. Inversement, Dahlqvist et
al. (1999) constatent que le fait qu’une entreprise appartienne aux secteurs de la vente au
détail ou des services aux particuliers exerce un impact négatif sur la croissance. Des études
portant sur la Suède et sur l’Ecosse concluent toutefois à une absence de lien entre
l’appartenance sectorielle et la croissance (Delmar, 1999 ; Wiklund, 1999 ; Gallagher et
Miller, 1991). De même, Julien et al. (1997) constatent qu’il n’y a pas de lien entre la
proportion d’entreprises en croissance et la proportion d’entreprises en forte croissance au sein
d’un secteur10. De ce fait , ils estiment donc qu’il n’y a pas d’effet d’entraînement évident
entre les entreprises d’un même secteur.
3. Données et méthodologie
3. 1. Les données
L’ensemble des informations utilisées dans le cadre de cette analyse s’appuie sur une enquête
récente menée sur l’ensemble de la région wallonne dans le but de cerner les caractéristiques
des primo-créateurs.
L’accès aux sources de données permettant de cerner cette population n’est pas aisé. De fait,
en Wallonie, les systèmes administratifs et statistiques actuels prennent le plus souvent,
comme unités d’observation, les entreprises en tant qu’entité juridique ou les employeurs,
faisant abstraction de l’individu. Dans ce contexte, il n’existe pas, à notre connaissance, de
répertoire des créateurs d’entreprise, et encore moins des « nouveaux » entrepreneurs ou
créateurs. L’identification de ceux-ci n’est donc pas sans poser problème et, pour pouvoir
cerner cette population, force est d’user de voies détournées.
Compte tenu de ces contraintes, nous avons, dans le cadre de ce programme de travail,
procédé en trois temps pour pouvoir identifier les caractéristiques des primo-créateurs. Dans
un premier temps, nous nous sommes basés sur les données relatives aux entreprises pour
isoler celles créées durant la période du 1er juin 1998 au 31 mai 2000. Dans un deuxième
temps, nous avons contacté ces 12.748 entreprises, de manière exhaustive, afin d’identifier
leur(s) créateur(s) et de savoir s’il(s) avai(en)t une expérience antérieure de création. Cette
10Ces dernières sont définies par ces auteurs comme les 5 % des entreprises ayant connu la plus forte croissance, tous secteurs confondus.
14
enquête d’identification a été réalisée entre octobre et novembre 2001. Dans un troisième
temps, sur la base des résultats fournis par celle-ci, une enquête (postale) socio-économique
exhaustive a été menée lors des mois de septembre et octobre 2004 auprès des 3520 primo-
créateurs identifiés. Parmi ceux-ci, 538 nous on retourné un questionnaire valide.
3. 2. Le modèle
Tenant compte de l’ensemble des variables identifiées par la théorie, notre modèle général
peut s’écrire comme:
∑ ∑ ∑ ∑ +++++=∆ ijipinimjlij EVSFXY εαλγβα ....0 (1)
où ijY∆ mesure le taux de croissance de l’emploi de l’entreprise i (créée par le primo-
créateur j ) entre le temps t (2004) et la date de création 0t11. jX . est le vecteur des variables
explicatives liées aux caractéristiques du créateur j , .iF est le vecteur des variables
explicatives liées aux caractéristiques de la firme i , .iS est le vecteur des variables
explicatives liées à la stratégie de la firme i et .iEV est le vecteur des variables explicatives
liées à l’environnement de la firme i .
3. 3. La mesure des variables
La valeur de la variable dépendante a été recueillie au départ de notre enquête. Le choix d’un
indice approprié de mesure de la croissance a donné lieu à de nombreuses discussions
théoriques (Wooden et Hawke; 2000; OCDE, 1998; Birch, 1986). Aucun indice n’étant neutre
(Julien et al., 1998), nous avons opté pour une mesure simple, à savoir la variation relative
« (Et - Et0) / Et0) », celle-ci étant l’indice le plus fréquemment utilisé dans les études sur les
déterminants de la croissance (Delmar, 1997), où Et mesure le nombre d’emplois en 2004 et
Et0 comptabilise le nombre d’emplois au moment de la création de l’entreprise.
Afin d’évaluer l’effet du niveau d’éducation du créateur sur la croissance des entreprises, trois
variables dichotomiques sont incluses dans notre modèle. Elles mesurent le plus haut diplôme
11 L’ensemble des entreprises analysées ont été créées entre le 01/06/1998 et le 31/05/2000.
15
obtenu par le créateur au moment de la création. Par l’intermédiaire de ces variables
dichotomiques, 3 niveaux d’éducation sont distingués: 1) sans diplôme ou disposant au plus
d’un diplôme d’études secondaires inférieures, 2) diplôme d’études secondaires supérieures,
3) diplôme universitaire, post-universitaire ou doctorat.
Pour capter l’effet de la connaissance du secteur, nous incluons dans notre modèle une
variable dichotomique prenant la valeur 1 si le fondateur bénéfice d’une expérience antérieure
dans le secteur. Pour les liens avec un entrepreneur, nous avons créé une variable dummy
prenant la valeur 1 si le créateur connaît personnellement (parents, oncles, amis) un chef
d’entreprise. Pour tenir compte de l’impact éventuel sur la croissance de la présence d’une
équipe de dirigeants, nous avons inclus dans le modèle une variable dummy égale à 1 si plus
d’une personne est impliquée dans la création de l’entreprise.
L’âge du créateur est mesuré sur la base du nombre d’années depuis la naissance du créateur.
En ce qui concerne le genre du créateur, nous introduisons dans le modèle une variable
dichotomique qui prend la valeur 1 si le créateur est un homme. Pour capter un lien éventuel
entre croissance et le fait qu’une personne soit immigrée, nous avons construit une variable
dummy qui prend la valeur 1 si le créateur est né à l’étranger.
Quant à l’influence du parcours professionnel antérieur du créateur, il est étudié au travers
d’une variable dummy égale à un si le créateur exerçait avant la création une activité en tant
qu’indépendant complémentaire. Parallèlement, notre modèle tient également compte de la
taille de l’entreprise (en nombres de personnes) dans laquelle le créateur travaillait
antérieurement.
L’âge de l’entreprise est mesuré sur la base du nombre d’années depuis la date de création et
l’année 2004 (date de l’enquête). La taille de l’entreprise est mesurée en nombre de
travailleurs à la date de création. En ce qui concerne la nature des ressources financières,
différentes variables dichotomiques ont été élaborées : une variable dummy si le créateur a
principalement financé son projet par l’intermédiaire d’un emprunt bancaire, une variable
dummy si le créateur a financé son entreprise sur fonds propres en second rang. Parallèlement,
nous incluons dans le modèle une variable dummy égale à 1 si le créateur considère que le
capital dont il disposait au moment de la création était insuffisant.
16
En ce qui concerne la variable stratégique, plusieurs variables dummy ont été construites pour
contrôler l’étendue des marchés (local, national ou extra-belge ).
Enfin, concernant la variable d’environnement, la générosité de l’environnement est capté par
une variable qui mesure le taux de croissance sectoriel moyen (auquel appartient l’entreprise)
de la valeur ajoutée à prix constants au cours de la période 1998-2002.12
3.4. Caractéristiques de la distribution de la croissance des entreprises
En préambule à l’estimation du modèle, cette courte section discute brièvement les
spécificités de la distribution de la croissance des entreprises.
A la lecture des statistiques descriptives reprises dans le tableau 1, on remarque une très forte
variabilité dans la distribution de la croissance. Le taux de croissance moyen atteint en effet
près de 90%13 pour un écart type de 300%. On constate également des écarts très importants
entre le taux de croissance minimum et le taux de croissance maximum.
Tableau 1: Statistiques descriptives relatives à la croissance des entreprises (mesurée en
nombre d’emplois)
Moyenne Ecart type Min Max Pourcentage d’entreprises ayant une croissance nulle
92% 303% -90 % 4200% 53%
Le graphique 1, illustre très clairement ces constats. En effet, il démontre à la fois une forte
densité de la distribution autour de zéro mais également une étendue relativement importante
dans la distribution à droite de 0%. Mais ce qui est particulièrement intéressant à la lecture de
ce graphique et, qui n’apparaît pas à la lecture des statistiques descriptives traditionnelles,
c’est l’existence d’une distribution multimodale de la croissance. Un tel résultat suggère
l’existence de clubs de croissance au sein de l’échantillon des primo-créateurs.
12 Banque Nationale de Belgique 13 Ce taux doit être en partie relativisé dans la mesure où près de 40% des entreprises ne comptaient qu’une personne au moment de la création.
17
Graphique 1 : Densité de distribution du taux de croissance (noyau gaussien)
0.0
05.0
1.0
15Den
sité
0 1000 2000 3000 4000Taux de croissance
3.5. Le traitement des données
Le principal enjeu est ici déterminer les facteurs qui influencent la croissances des entreprises
créées par des primo-créateurs, en distinguant les déterminants liés aux caractéristiques des
créateurs, aux caractéristiques de la firme, à la stratégie et à l’environnement.
Traditionnellement, la majorité des études empiriques en gestion ont pour habitude de
formaliser la croissance des entreprises au travers d’une équation linéaire sans distinguer lors
de l’estimation, les entreprises en décroissance, celles en stabilité ou en croissance (positive).
On peut néanmoins s’interroger sur la portée de ces résultats dans la mesure où il est probable
que les déterminants de la croissance (pris au sens large) varieront selon que l’entreprise se
caractérise par une croissance nulle, une croissance positive ou une forte croissance. Notons à
cet égard que les études récentes de l’OCDE se concentrent sur les entreprises à forte
croissance14.
D’un point de vue technique, différentes approches économétriques peuvent être utilisées
pour tenir compte du fait que certaines entreprises sont en décroissance, en stabilité ou en 14 Voir le numéro spécial de la RIPME consacré aux entreprises à forte croissance (Revue Internationale PME, 2001)
18
croissance forte. Dans la mesure où, à la suite de ces études récentes, nous centrons notre
analyse sur les entreprises à forte et à très forte croissance dans le cadre de cette présentation,
le modèle empirique privilégié sera un modèle de type Tobit (de type I), censuré à gauche
(trois seuils seront distingués) pour tenir compte du fait que certaines entreprises ont connu
une décroissance, une stagnation ou une croissance inférieure au seuil que nous fixons pour
notre analyse. Ce type de modélisation repose plus spécifiquement sur les modèles à variable
latente où le processus de censure agit simplement comme une contrainte sur l’information
disponible. La variable latente dépendante *ijY∆ n’est pas toujours observable : on ne
l’observe que si sa valeur est supérieure à un certain seuil de croissance. Le modèle Tobit15
s’écrit de la façon suivante :
⎪⎩
⎪⎨⎧
<++=∆
>++=∆
cAXAXfY
cAXifAXY
ijijijijij
ijijijijij
εε
εε
if i 0
*
*
(2)
où ijijAX ε+ représente les variables de l’équation 1.
Nous distinguons trois seuils. Un seuil à 0%, qui vise à mesurer l’impact des nos différentes
variables explicative sur l’ensemble des entreprises qui présentent une croissance positive,
tout en contrôlant pour le fait que de nombreuses entreprises sont en stagnation (près de
53%). Un deuxième seuil a été fixé à 50% afin de capter les entreprises plus dynamiques. Un
troisième seuil a été fixé à 100%.
4. Résultats et discussion
Le tableau 2 fournit une synthèse des résultats (coefficients) de l’estimation de l’équation (1)
au moyen d’un modèle Tobit (de type I).
15 L’intérêt du modèle Tobit est qu’il permet de tenir compte simultanément de la probabilité d’avoir une observation censurée tout en tenant compte de la distribution des observations non censurées.
19
Tableau 2 : Estimation Tobit – variable dépendante = taux de croissance de l’emploi
Modèle 1 : Croissance >0
Modèle 2: Croissance >50%
Modèle 3: Croissance >100%
1. Déterminants liés au(x) Créateurs 1.1. Education dont : Diplôme prim. ou sec inférieur
Ref Ref. Ref.
Diplôme Secondaire supérieur
-1.269 -1.713 -3.017
1.226 1.519 2.197 Diplôme Universitaire
-2.168* -2.753* -4.179**
1.170 1.449 2.047 1.2. Lien familial/personnel avec un entrepreneur
-0.554 -0.696 0.102
0.601 0.785 1.085 1.3. Connaissance du secteur
0.922 1.094 0.478
0.745 0.967 1.416 1.4.Indépendant Complém.
1.209 1.531 0.128
0.824 0.999 1.539 1.5. Taille de la firme antérieure
0.846*** 1.133*** 2.248***
0.294 0.380 0.611 1.6. Créateurs multiples
0.044 -0.459 -0.801
0.737 0.896 1.296 1.7. L’âge -0.960** -0.130*** -0.192*** 0.037 0.048 0.065 1.8. Le genre 1.385 1.275 3.505* 0.860 1.088 1.888 1.9. Immigrant -0.815 -1.630* -2.997* 0.714 1.017 1.582
2. Déterminants relatifs à l’entreprise 2.1. La taille -.105 -0.332* -0.611* 0.118 0.199 0.325 2.2. L’âge 0.255 0.380 0.654 0.318 0.433 0.668 2.3. Ressources financières
0.675** 0.756*** 1.011**
0.273 0.324 0.442 2.4. Ressources financières dont
Emprunt bancaire en 1er rang
0.432 0.683 0.719
0.754 0.973 1.490
20
Fonds propres en 2ème rang
-1.721** -2.227** -3.639**
0.708 0.963 1.509 Capital Insuffisant 0.146 0.068 0.602
0.819 1.021 1.456 3. Déterminant relatif à la stratégie
3.1. Marché international
4.227** 5.681** 5.675*
2.142 2.640 3.185 3.2. Marché local 2.943** 3.233* 2.682 1.470 1.826 2.441 3.3. Marché national 1.290 2.100 1.005 1.515 1.926 2.694 3.4. Marché frontalier 4.111 5.075 6.095 2.993 3.650 4.490
4. Déterminant relatif à l’environnement Croissance du secteur 0.180 -0.100 -0.945 0.440 0.566 0.832
Nbre d’observations 386 386 386 Nbre de données non censurées
148 113 77
BIC -1028 -1210 -1445 Les valeurs en italiques reprennent les erreurs standards robustes. *p < .10; ** p < .05; *** p < .01.
Trois modèles ont été testés. Le modèle (1) analyse les déterminants de la croissance dans le
cadre d’une censure à gauche fixée à zéro pourcent de croissance. Le modèle (2) s’intéresse à
l’analyse des déterminants dans le cadre des entreprises à forte croissance, la censure est fixée
à 50%. Finalement le modèle (3) se concentre sur les entreprises qui ont connu une croissance
supérieure à 100%. Tous les modèles contrôlent pour l’âge et la taille de l’entreprise. Pour
chacun des 3 modèles, la croissance de l’entreprise peut être théoriquement expliquée par
neuf variables liées au(x) caractéristique(s) du créateur (niveau d’éducation, âge, genre,
nationalité, entourage familial, …), six variables liées au(x) caractéristique(s) de la firme
(taille, âge, ressources financières), une variable liée à la stratégie (étendue du marché) et une
variable liée à l’environnement (la générosité du secteur d’appartenance). Parmi les variables
significatives, toutes ont le signe attendu , à l’exception du diplôme.
D'après les résultats des modèles (1) à (3), on constate que le fait de disposer d’un diplôme
supérieur universitaire ou post-universitaire a un impact significatif et négatif sur la
21
croissance des entreprises, peu importe le seuil de croissance utilisé. Si ce résultat va à
l’encontre de plusieurs études empiriques qui constatent effectivement que le niveau
d’éducation du dirigeant a un impact positif sur la croissance (Almus, 2002; Woywode and
Lessat, 2001; Julien, 2000 ; Hall, 1995 ; Westhead, 1995 ; Storey et al., 1989), il peut
néanmoins aisément s’expliquer. En effet, si l’on postule que l’aversion au risque croît avec le
niveau d’éducation, comme le suggèrent certains travaux (Guyot et al., 2006), Il est cohérent
de trouver une relation négative entre le niveau d’éducation et la croissance dans la mesure
où, par définition, la croissance d’une entreprise suppose une prise de risque plus importante
de la part du créateur.
La taille de l’entreprise dans laquelle travaillait antérieurement le créateur est également
positivement corrélée avec l’intensité de la croissance de la firme. Westhead et Birley (1995)
aboutissent à la même conclusion. Le fait d’avoir travaillé au sein d’une entreprise d’une
certaine taille semble donc avoir pu permettre au dirigeant de se familiariser avec des
techniques de gestion propices à la croissance. Par ailleurs, Gudgin et al. (1979) soulignent
que les créateurs ont tendance à créer des entreprises dont la taille est similaire à celle de la
firme où ils travaillaient auparavant.
Pour l’ensemble des traitements effectués, l’âge du créateur apparaît comme très nettement
significatif au seuil statistique de 1% avec un signe négatif. Au plus un individu est âgé, au
plus son entreprise aura une probabilité élevée de poursuivre une croissance faible. Ce résultat
confirme les travaux de Hambrick et Mason (1984) qui soulignent que l’âge est supposé
exercer un impact négatif sur les performances de l’entreprise en raison notamment d’un
comportement plus conservateur et plus attentiste chez les individus plus âgés. Il confirme
également les résultats empiriques de Woywode and Lessat (2001), Delmar (1997),
Weinzimmer (1993) et Dunkelberg et Cooper (1982).
En ce qui concerne le sexe, les résultats des modèles (1) et (2) semblent suggérer que cette
variable n’a pas d’impact significatif sur la croissance de l’entreprise, ce qui confirme les
résultats obtenus par Delmar (1999) qui n’observe aucun lien significatif entre la croissance et
le genre du créateur. Par contre, le modèle (3) qui analyse les déterminants des entreprises à
très forte croissance (croissance supérieure à 100% de l’emploi) montre qu’il existerait une
relation positive et significative au seuil statistique de 10% entre le fait qu’un individu soit de
sexe masculin et la croissance de l’entreprise. Ce résultat traduit le fait qu’il existerait une
22
distribution différente des créateurs selon le sexe et selon les seuils de croissance des
entreprises. Nous aurions ainsi une distribution relativement homogène entre les hommes et
les femmes pour les entreprises à faible ou à forte croissance, mais une surreprésentation des
hommes au sein de la population des entreprises à très forte croissance.
Le fait qu’un individu soit né à l’étranger a un impact négatif et significatif au seuil de 10%
sur la croissance de l’entreprise. Ces résultats sont valables uniquement pour les modèles (2)
et (3). Ils confirment ainsi ceux de Dahlqvist et al. (1999) qui observent un lien négatif entre
le fait que l’entrepreneur soit une personne immigrée et la croissance de son entreprise,
confirmant ainsi l’hypothèse selon laquelle un entrepreneur immigré doit faire davantage face
à des barrières sociales qui limitent la croissance de l’entreprise. Ce dernier argument est
doublement confirmé dans la mesure où la variable nationalité n’est pas significative pour les
entreprises à faible croissance, mais significative pour les entreprises à forte et très forte
croissance.
Par contre, les variables relatives au lien personnel avec un entrepreneur, à la connaissance du
secteur, à une activité antérieure en tant qu’indépendant complémentaire ou au nombre de
créateurs n’ont pas d’impact significatif sur la croissance de l’entreprise. L’absence
d’influence des liens personnels signifie que si l’héritage intergénérationnel peut avoir un
impact sur la décision de création, il n’en a pas nécessairement sur la croissance (Janssen,
2006). La crainte d’une perte de contrôle ou une aversion au risque constituent certainement
des facteurs inhibiteurs. Par ailleurs, l’absence d’impact de l’expérience sectorielle confirme
les résultats de Janssen (2006), Gundry et Welsch (2001), Brush et Chaganti (1998), ainsi que
ceux de Kalleberg and Leicht (1991). Notre résultat relatif à une expérience antérieure en tant
qu’indépendant complémentaire confirme également la plupart des conclusions empiriques
(Janssen, 2006 ; Brush et Changati, 1998 ; Siegel et al., 1993 ; Kalleberg et Leicht, 1991).
Enfin, l’absence d’influence de la présence d’une équipe de créateurs confirme les résultats de
Janssen (2006) et d’Almus (2002). Le fait que la firme soit dirigée par une équipe de
dirigeants n’offre pas suffisamment d’avantages susceptibles de stimuler la croissance et/ou
ces avantages sont contrebalancés par des désavantages relatifs à des inconsistances
décisionnelles ou des conflits. De surcroît, une hétérogénéité au sein de l’équipe peut avoir un
impact négatif sur l’efficacité du groupe (Ensley et al., 1998).
23
Au niveau des déterminants liés aux caractéristiques de la firme, les résultats indiquent un
dynamisme plus important chez les entreprises de petite taille pour le modèle (2) et le modèle
(3), ce qui confirme les travaux de Becchetti et Lovato (2002), Janssen (2002), Delmar (1997)
Manigart (1996), Cooper et al. (1989), Kirchhoff (1989), Hall (1987), Evans (1987), Kumar
(1985), Dunkelberg et Cooper (1982) et Mansfield (1962) qui infirment la loi de Gibrat et
concluent à l’existence d’une relation négative entre la taille d’une entreprise et sa croissance.
Par contre, l’âge de l’entreprise ne semble pas avoir d’impact significatif sur la croissance
pour chacun des 3 modèles étudiés. Ce résultat va à l’encontre des plusieurs études qui se sont
penchées sur le lien entre l’âge des entreprises et leur croissance et qui concluent à l’existence
d’un impact négatif (Harabi, 2003; Heshmati, 2001; Julien, 2000 ; Steil et Wolf, 1999;
Wiklund, 1999 ; Wijewardena et Tibbits, 1999 ; Harhoff et al., 1998; Westhead, 1995 ; Dunne
et al., 1989 ; Evans, 1987 et 1987b ; Dunkelberg et Cooper, 1982). Cette divergence dans les
résultats peut s’expliquer par le fait que notre échantillon est constitué uniquement de jeunes
entreprises, toutes les entreprises analysées ayant été créées entre 1998 et 2002.
En ce qui concerne les ressources financières mobilisées, les résultats estimés tendent à
confirmer l’hypothèse selon laquelle le fait de disposer de ressources financières suffisantes
est crucial pour une entreprise. Ils confirment les travaux de Raposo et Silva (1999) et de
Cooper et al. (1994) qui constatent un lien positif entre l’importance des ressources
financières et la croissance de l’entreprise. Par contre, la seule composante liée à la nature des
ressources financières dont l’impact sur la croissance est significatif est le fait d’avoir recours
en complément à des fonds propres pour financer la création de son entreprise. Cette variable
a un impact négatif sur la croissance. Ce résultat pourrait signifier que les fonds propres
doivent intervenir en premier rang pour accroître les chances de croissance. A l’inverse, le fait
de disposer d’un capital insuffisant au moment de la création n’a pas d’impact significatif sur
la croissance de l’entreprise. Ce résultat surprenant pourrait trouver son origine dans le fait
que la question relative à cet élément appelait une réponse subjective de la part du dirigeant.
L’on peut supposer que les dirigeants d’entreprise en croissance ont, a posteriori et
subjectivement, estimé que ces fonds étaient insuffisants, bien que cela n’ait pas
nécessairement été le cas.
Au niveau de la stratégie de la firme en termes de choix et d’étendue des marchés, les
résultats indiquent une croissance significativement plus importante pour les entreprises dont
le marché principal est international. Sur la base de ces résultats, les entreprises exportatrices
24
seront donc plus susceptibles de croître que les autres entreprises, ce qui confirme les résultats
obtenus par Wijewardena et Tibbits (1999), Julien et al. (1997) et Storey et al. (1989). Pour
les entreprises ayant connu une croissance positive ou forte, le fait de se limiter à un marché
local semble également stimuler la croissance, ce qui n’est pas le cas pour les entreprises à
très forte croissance. En termes d’étendues des marchés, ce sont donc les deux stratégies
extrêmes, locale ou internationale, qui exercent le plus d’influence sur la croissance.
Enfin, l’influence de l’environnement, à tout le moins de sa générosité, sur la croissance de
l’entreprise n’est pas statistiquement significative. Les différentiels de croissance sectoriels
ou le fait d’appartenir à un secteur « généreux » ne semblent pas avoir d’impact significatif
sur la croissance, ce qui confirme les résultats de Janssen (2004), Wijewardena et Tibbits,
(1999), Kalleberg et Leicht (1991) et Acs et Audretsch (1990) qui concluent que le taux de
croissance sectoriel n’influence pas la croissance des entreprises. Une fois de plus, les
approches purement externes de la croissance sont remises en cause.
Conclusions
Au départ d’un modèle causal intégrant l’ensemble des déterminants potentiels de la
croissance des firmes, nous avons identifié une série de facteurs dont l’impact sur la
croissance de l’emploi a précédemment été étudié par la littérature empirique, mais rarement
simultanément, alors que la croissance est une phénomène multidimensionnel intégrant des
influences liées au(x) dirigeant(s), à l’entreprise, à sa stratégie et à l’environnement. Nous
avons testé sur un échantillon de plus de 500 primo-créateurs wallons un modèle
économétrique de type Tobit permettant de prendre en compte le fait que certaines entreprises
aient connu une décroissance, une stagnation ou une croissance faible, tandis que d’autres ont
poursuivi une forte, voire une très forte croissance, que nous avons fixées à 50 et à 100%.
Nos résultats montent que quatre variables sur neuf relatives à l’entrepreneur influencent
significativement la croissance. Le fait que celui-ci ait obtenu un diplôme universitaire ou
post-universitaire a un impact négatif sur la croissance des entreprises, peu importe le seuil de
croissance utilisé, ce qui semble confirmer que l’aversion au risque croît avec le niveau
d’éducation. La taille de l’entreprise dans laquelle travaillait antérieurement le créateur est
également positivement corrélée avec l’intensité de la croissance de la firme et semble avoir
25
pu permettre au dirigeant de se familiariser avec des techniques de gestion propices à la
croissance. Par ailleurs, nos résultats démontrent que l’âge du créateur exerce un impact
négatif sur la croissance, probablement en raison notamment d’un comportement plus
conservateur et plus attentiste chez les individus plus âgés. Nos résultats traduisent également
le fait qu’il existerait une distribution différente des créateurs selon le sexe et selon les seuils
de croissance des entreprises. Tandis que la distribution entre les hommes et les femmes pour
les entreprises à faible ou à forte croissance est homogène, les hommes sont majoritaires au
sein des entreprises à très forte croissance. Le fait qu’un individu soit né à l’étranger a un
impact négatif sur la croissance de l’entreprise, mais uniquement pour les entreprises à forte
et très forte croissance. Les variables relatives au lien personnel avec un entrepreneur, à la
connaissance du secteur, à une activité antérieure en tant qu’indépendant complémentaire ou
au nombre de créateurs n’ont pas d’impact significatif sur la croissance de l’entreprise.
En ce qui concerne les caractéristiques de la firme, nos résultats infirment la loi de Gibrat et
montrent une croissance plus importante parmi les entreprises de petite taille, mais infirment
l’existence d’une relation entre l’âge de l’entreprise et sa croissance. Ce dernier résultat
pourrait s’expliquer par le fait que notre échantillon est constitué uniquement de jeunes
entreprises. Au niveau des ressources financières mobilisées par la firme, nous montrons que
le fait de disposer de ressources financières suffisantes est déterminant pour la croissance
d’une entreprise et suggérons que les fonds propres devraient intervenir en premier rang pour
accroître les chances de croissance.
Au niveau de la stratégie, nos résultats indiquent une croissance significativement plus
importante pour les entreprises dont le marché principal est international, tandis que les
entreprises ayant connu une croissance positive ou forte semblent pouvoir se limiter à un
marché local. Les deux stratégies extrêmes, locale ou internationale, exercent le plus
d’influence sur la croissance.
Finalement, l’influence de l’environnement, à tout le moins le fait d’appartenir à un secteur
en croissance, ne semble pas avoir d’impact significatif sur la croissance et confirme en cela
les résultats d’études antérieures relativisant les approches purement externes de la
croissance.
26
Ces résultats démontrent que la croissance ne peut être appréhendée que dans une perspective
multidimensionnelle et plaident pour l’adoption d’un modèle théorique complet intégrant des
variables explicatives de types divers. Ils illustrent également le fait que la croissance peut
difficilement être appréhendée au travers d’une équation linéaire sans distinguer les
entreprises en décroissance, en stabilité, en croissance simplement positive des entreprises en
forte ou en très forte croissance. Dans ce cadre, les modèles de type Tobit constituent une
solution originale et adéquate à cette problématique.
Nos résultats sont toutefois limités par le fait que nous n’étudions pas l’influence des
interactions entre variables sur la croissance, en particulier entre facteurs internes et
externes. L’analyse des cohérences entre déterminants potentiels compléterait utilement la
présente étude.
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