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Urbanism Tlemcen and the notion of “Islamic city”: Between reference texts and effective model • A. Kasmi, M. Aiche, N. Ouissi 3 TLEMCEN AND THE NOTION OF “ISLAMIC CITY”: BETWEEN REFERENCE TEXTS AND EFFECTIVE MODEL Amine M. KASMI Lecturer, Ph.D Student, Department of Architecture, University of Tlemcen (Algeria), e-mail: [email protected] Messaoud AICHE Associate Professor, Ph.D, Faculty of Architecture and Urbanism, University of Constantine 3 (Algeria), e-mail: [email protected] Nabil OUISSI Assistant Professor, Ph.D, Department of Architecture, University of Tlemcen (Algeria), e-mail: [email protected] Abstract. On the question of the archetypal model of the Islamic city, several oriental researchers and orientalists tried to give some answers, each considering on his part on a specific aspect to the originality of these cities. Some even expressed great skepticism toward the concept of “Islamic city” as an urban ideal of the Muslim world. The purpose of this study is to confront various visions having a theoretical interest on this issue in order to trace the characteristics of the case study. As such, the medina of Tlemcen, capital of central Maghreb for nearly three centuries, is a privileged analysis field to study the type organization of Arab-Muslim cities. Thus, the hypothesis put forth is that this Medina had, in medieval and Ottoman period, a spatial configuration fully aligned with the model of “Islamic cities”; corroborating the idea of the existing common features shared by the historic cities of the Islamic world. Key words: "Islamic city", functional centrality, urban morphology, Islamic housing. 1. Introduction: La "ville islamique", un mythe orientaliste ou une réalité dévoyée ? Les médinas, noyaux historiques des villes arabes, représentent la majeure partie du patrimoine bâti musulman. Et bien que le terme "médina" vienne de l’arabe el-Madina, c’est-à-dire la ville, la sémantique de ce mot n’est pas sans ambigüité. L’usage hasardeux et sans discernement d’une terminologie, liée à ces villes traditionnelles, a incité certains chercheurs de renom à mettre en cause l’existence d’un "modèle" urbain commun à toutes ces villes (voir Hourani, 1970; Abu-Lughod, 1987; Panerai, 1989). Ils s’appuient essentiellement sur la grande diversité ethnique et culturelle du monde musulman et l’immensité de son étendue géographique pour contester les

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TLEMCEN AND THE NOTION OF “ISLAMIC CITY”:BETWEEN REFERENCE TEXTS AND EFFECTIVE MODEL

Amine M. KASMILecturer, Ph.D Student, Department of Architecture, University of Tlemcen

(Algeria), e-mail: [email protected]

Messaoud AICHEAssociate Professor, Ph.D, Faculty of Architecture and Urbanism,

University of Constantine 3 (Algeria), e-mail: [email protected]

Nabil OUISSIAssistant Professor, Ph.D, Department of Architecture, University of

Tlemcen (Algeria), e-mail: [email protected]

Abstract. On the question of the archetypal model of the Islamic city,several oriental researchers and orientalists tried to give some answers,each considering on his part on a specific aspect to the originality of thesecities. Some even expressed great skepticism toward the concept of “Islamiccity” as an urban ideal of the Muslim world. The purpose of this study is toconfront various visions having a theoretical interest on this issue in orderto trace the characteristics of the case study. As such, the medina ofTlemcen, capital of central Maghreb for nearly three centuries, is aprivileged analysis field to study the type organization of Arab-Muslimcities. Thus, the hypothesis put forth is that this Medina had, in medievaland Ottoman period, a spatial configuration fully aligned with the model of“Islamic cities”; corroborating the idea of the existing common featuresshared by the historic cities of the Islamic world.

Key words: "Islamic city", functional centrality, urban morphology, Islamichousing.

1. Introduction: La "ville islamique", unmythe orientaliste ou une réalité

dévoyée ?Les médinas, noyaux historiques desvilles arabes, représentent la majeurepartie du patrimoine bâti musulman. Etbien que le terme "médina" vienne del’arabe el-Madina, c’est-à-dire la ville, lasémantique de ce mot n’est pas sansambigüité. L’usage hasardeux et sans

discernement d’une terminologie, liée àces villes traditionnelles, a incité certainschercheurs de renom à mettre en causel’existence d’un "modèle" urbain communà toutes ces villes (voir Hourani, 1970;Abu-Lughod, 1987; Panerai, 1989). Ilss’appuient essentiellement sur la grandediversité ethnique et culturelle du mondemusulman et l’immensité de son étenduegéographique pour contester les

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fondements de l’expression "villeislamique", considérant ainsi que sonarchétype n’est qu’une conceptionidéaliste qu’avaient les premiersorientalistes. Face à cela, d’autrespenseurs s’accordent à prendre appui surcette notion pour expliquer le grandnombre de mécanismes communs auxcités arabo-musulmanes médiévales (voirMarçais, 1957; Berque, 1969; Mortada,2003). Ce désaccord s'explique parl'absence de leadership dans ce domaine,laissant place à une multituded'interprétations quant à la substantialitéde la notion de "ville islamique" (Hakim,1999 ; Aldous, 2013). Ce travail s'attachedonc à confronter divers travaux, enréférenciant les plus pertinents, enfrançais et en anglais, que ce soit dansune logique de construction, dedéconstruction, ou encore deréhabilitation de cette notion.

D’autre part, la médina de Tlemcen, richepar son passé médiéval, a été capitale duMaghreb central durant près de troissiècles. Ceci fait d’elle l’une des médinasmédiévales les plus authentiques duMaghreb. Son état avant lestransformations françaises présente uncas effectif pertinent pour étudierl’organisation des villes arabo-musulmanes.

Ainsi, c’est en termes des particularitésde l’espace urbain musulman que noussoulevons des interrogations sur laconformité de la médina de Tlemcen aumodèle de la "ville islamique" despremiers orientalistes. Ainsi, après avoirexplicité un cadre théorique de référencecombinant des chercheurs de disciplinesdiverses, l’exploitation de documentsgraphiques, photographiques et écritsdatant d’avant les alignements coloniauxpermet de mettre en parallèle ces travaux

et les multiples caractéristiques urbainesmusulmanes de cette cité.

2. Les fonctions urbaines de la médina :un modèle d’urbanisation

On peut discerner les principesfédérateurs d’une médina à travers sestrois ordres urbains qui sont représentéspar : la spiritualité religieuse au centre (lagrande mosquée) ; tout autour, l’espacede négoce (le souk) ; adjacent à ces deuxderniers, le siège de l’autorité constituesouvent une entité autonome. Sur cesdispositions fonctionnelles, nous pouvonsdire que la médina de Tlemcen vérifieparfaitement l’organisation fonctionnelled’une ville islamique. Ceci est aisémentidentifiable par la triple centralité quis’exprime à travers la contiguïté du Ksarel-Bali (palais gouvernemental), Jamaa el-Kebir (la grande mosquée) et la Kissariya(le souk). Toutefois, le texte descriptif desdeux auteurs anglais Lawless et Blake(1976) reste incomplet. Ils réduisent lesspécificités musulmanes de la médina deTlemcen à deux paramètres seulement : lepremier est le complexe urbain central,qui comprenait la grande mosquée et lebazar ; le deuxième étant la muraille de laville. Ceci peut s’expliquer, à notre avis,par l’influence qu’a pu avoir Roger LeTourneau (1957) sur les deux auteurs etqui estime que la présence du palais dusouverain n’est pas toujours constantedans la variante maghrébine. De notrepart, nous nous efforcerons de compléterces lacunes tout le long de ce travail.

De façon plus générale, la médina en tantqu’organisation citadine est un ensembleintégré très complexe. Elle est par saforme et sa structure socio-fonctionnellela résultante d’un système urbains’appuyant sur un ordre tri-polaire :religieux, économique et politique. Cetriptyque, tissé structurellement avec les

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quartiers résidentiels, constitue le centrevivant de la cité.

2.1. La fonction religieuse et sa prépondéranceÀ partir du moment où la civilisation desdynasties musulmanes était totalementconditionnée par l’Islam dans tous lesaspects de la vie, la religion devient unedoctrine productrice d’un ordre urbain(Raymond, 1994; Stewarta, 2001; Benet,1963). La grande mosquée (appelée aussimosquée du vendredi ou mosquéecathédrale) en tant que haut lieu de cultemusulman illustre bien la prégnance del’Islam sur la ville. Non seulement elleconstitue le centre vital de la cité, le cœuret « cerveau de la société urbaine »(Golvin 1960), mais elle est également lecentre fondamental de l’organisation dela ville. Pour ainsi dire, elle en génère letracé : « La mosquée crée la citémusulmane », affirme Georges Marçais(1957). À Tlemcen, le Jamaa el-Kebir étaità l’origine de l’éclosion de Tagrart (lamédina actuelle), bien qu’il ait connuplusieurs extensions/additions avantd’acquérir sa forme finale.

2.2. La fonction économique et son originalitéLe noyau économique central (le souk)avoisine constamment la grandemosquée. Cette contiguïté évacue unecharge morale, dans le sens où sousl’ombre de la mosquée les transactionsdeviennent plus honnêtes. Par le rôle decette structure au sein de la ville, LouisMassignon (1963) va au sens contraire del’idée que la mosquée crée la cité musulmanelorsqu’il explique que la médina est bâtieessentiellement sur l’idée du marché. Lessouks étaient à la fois centre deproduction et de mise en vente, ilscomprenaient aussi bien des boutiquesqui bordaient les rues que des bâtimentsspécialisés qu’on nomme au Maghrebfondouks (caravansérails). Sur lasingularité de cette centralité

commerciale, Eugen Wirth (1982) estimeque : « Le sûq est l’une des grandesperformances culturelles du Moyen-Âgeislamique ; des centres de commercesemblables n’existent ni dans l’AncienOrient, ni dans l’Antiquité classique, nidans le Moyen-Âge européen ».

La spécialisation des marchés d’après lesproduits vendus ou fabriqués est un autretrait caractéristique des villesmusulmanes (Behrens-Abouseif, 2000).En dépit du fait que c’est un fait constant,la spécialisation des quartiers ne se faitpas partout de la même manière, elle estliée à l’importance de la ville et safonction : les plus grandes villes sontcelles où la spécialisation des quartiers estpoussée le plus loin (Le Tourneau, 1957).À Tlemcen, les diverses professionsétaient également groupées par corps demétiers. Tel que nous le signale au débutdu XVIe siècle Léon l’Africain « Tous lesmarchands et artisans sont séparés endiverses places et rues, comme nousavons dit de la cité de Fez » ; il expliqueque dans cette dernière, les différentsmétiers et les diverses espèces d’objets devente se divisent par classes dans desrues séparées ; en sorte qu’elles ne soientoccupées que par des gens d’une mêmeprofession ou d’un même commerce. Aulendemain de la colonisation de la villede Tlemcen, l’abbé Bergès fait remarquerà juste titre que non seulement chaqueprofession est localisée dans une rueséparée, mais en plus, plusieurs ruesportent encore les noms de métiers qui yétaient professés (Bargès, 1853). Nouspouvons citer à cet égard les deux cas lesplus emblématiques qui sont Triq el-Achabine (devenue Rue de la Sikkak) etDerb el-Hadjamine.

2.3. La fonction politico-militaire et sa mobilitéLa fonction politique se confondait avecla fonction militaire et défensive,

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spécialement, dans les premières villes-camps. On reconnait cette dernière àtravers les rues à coudes successifs.Largement utilisées dans lesconstructions militaires, elles présentaientdes avantages défensifs. Il sembletoutefois que leurs emplois se soientgénéralisés dans les quartiers civils. Nouspensons que ce dispositif permettait auxhabitants de se retrancher en périoded’insurrection ou d’instabilité politique.

Dans divers cas, la fonction politico-militaire est génératrice d’un quartier,souvent bien individualisé, tel que lagarde califale khorassanienne à Baghdadou le centre gouvernemental duMéchouar à Tlemcen. À ce propos, lepalais du souverain ou du gouverneur setrouve dans une position, souvent,attenante ou proche du noyau économico-religieux (Wirth, 1982). Il convientcependant de noter que les servicescentraux du pouvoir sont les fonctionsurbaines les plus mobiles de l’histoire desvilles islamiques. Étroitement dépendantsd’une volonté politique, ils changèrentsouvent de lieu selon les époques et lesdynasties, s’installant tantôt au cœur de lacité près de la grande mosquée, tantôtdans une citadelle jouxtant la ville, afin dese mettre à l’écart des insurrectionspopulaires. L’évolution de la ville deTlemcen vérifie parfaitement les deux cas(voir supra) en sachant que c’est à la suited’un soulèvement populaire que le sultanAbou’l-Abbès ordonna qu’on fît entourerle Méchouar d’une haute et forte muraille.

D’autre part, les villes musulmanesmédiévales se trouvaient, à l’instar de cessemblables chrétiennes, constammentincluses dans des enceintes. Cesfortifications étaient édifiées dans ledouble but d’assurer la sécurité, maisaussi l’unité de la collectivité ; ceci parfoisà des distances relativement importantes

des limites de l’agglomération habitéepour permettre les cultures à l’intérieurdes murailles, ainsi que pour garantir desréserves foncières aux nouvellesconstructions (Pickvance, 1988). Au IXe etXe siècle, les deux explorateurs el-Yâqoûbi et Ibn Hawqal font référence à lamuraille de la ville d’Agadir (Berceau deTlemcen) et même ne parlent que decelle-ci. Georges Marçais explique cecipar le fait que cette muraille était sansdoute un des traits les plus notables dupaysage urbain (Marçais, 1950). Ceci n’estpas invraisemblable en soi lorsqu’on saitque les habitants d’Agadir appelaientleur cité Medinet-el-Djidâr (la ville de lamuraille).

2.4. La fonction résidentielle et sa sacralitéD’autre part, les villes musulmanesmédiévales se trouvaient, à l’instar de cessemblables chrétiennes, constammentincluses dans.

L’espace central contrastesingulièrement avec celui des quartiersde résidence. On enregistre alors uneséparation rigoureuse entre les quartiersrésidentiels et non-résidentiels. En seréférant aux dires d’André Raymond(1994) c’est « le trait fondamental de lastructure de la ville arabe traditionnelle». La Houma au Maghreb, la Hara auCaire et à Damas, ou encore la Mahalla àAlep, la dénomination change selon lesrégions. Toutefois, la configuration restela même : c’est un ensembled’habitations homogènes à fonctionrésidentielle. Ces quartiers sontparsemés de "services publics", lieux desociabilité par excellence, tels que lesmosquées de quartier, les hammams, lesfours banals, les zaouïas et les médersas(Redman, 1983). Les activitéséconomiques n’apparaissent pas quesous la forme de petits marchés locauxnon spécialisés (les souikas).

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Fig. 1. Plan de la ville de 1844 (Nous pouvons lire : Quartier hadar, Quartier Turque, Quartier Juif, Quartiercoulouglis). Source : Archives de la Municipalité de Tlemcen.

Socialement, l’assemblage des résidencesn’obéit pas à un mode ségrégatif délibéré: les palais voisinent les maisonsmodestes procurant, ainsi, unecomplexité sociologique à ces entitésrésidentielles. Ainsi, dans ce soucid’égalité sociale, les maisons nedépassaient presque jamais deux niveauxau risque de tomber dans l’ostentation.En effet, on évita, par scrupule religieux,de donner aux maisons une grandeélévation, transgressant par conséquentles bornes de la modération (Benevolo,1975; Ibn Khaldun, 1958). Face à cela, onpeut trouver des séparationscommunautaires d’ordre ethnique tellesque les quartiers juifs des médinasmarocaines (Mellahs) ou le faubourgchrétien de Judayda à Alep. À Tlemcen,cette particularité prend une étenduesaisissante durant la période ottomane.On assiste à un extrême marquage spatial

selon les origines des habitants. Lamédina était divisée entre : lesTurcs/Kouloughlis occupant les quartiersenvironnant le Méchouar (Militaires) ; lesMaures étaient maîtres des secteursmarchands avec les juifs. Nous pouvonsremarquer que le quartier juif se plaçaiten position tampon entre les deuxpopulations rivales (voir Fig. 1, ci-dessus). Une rivalité qui a dégénéré endispute armée à plus d’une occasion.Mais avant l’arrivée des ottomans, ilexistait aussi un quartier chrétien(Hamma, 2016) destiné aux marchandsvenant des royaumes italiens et espagnolset même aussi des villes méridionales deFrance. Cette petite cité marchande,dénommée Al-Kissariya, était entouréed’une muraille crénelée et contenait deuxéglises pour le libre exercice cultuel deshôtes chrétiens (Bargès, 1859; voir aussiGuidetti, 2013 pour une discussion plus

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profonde sur la cohabitation des édificesreligieux chrétiens et musulmans auMoyen-Âge).

3. La hiérarchie dans la morphologieurbaine

La société musulmane au Moyen-Âge estune réalité « construite dans l’espace etsignifiée par l’espace » (Berardi, 1982).Cette spécificité socio-spatiale se traduitpar un filtre graduel franchissantdifférents seuils d’intimité. La frontièrepublic/privé se reconnait par un passageprogressif à travers l’espace semi-publicpuis l’espace semi-privé. Le tout aboutitalors à un système de distributioncohérent : de la rue principale à la ruesecondaire, de la rue secondaire àl’impasse, de l’impasse à la maison. Cetensemble de cheminement non-géométrique, irrigue les quartiers et lesrelie au reste de la ville.

L’organisation physique du tissu de lamédina de Tlemcen est elle aussihiérarchisée par un filtre protégeantl’intimité de la vie familiale. En outre, onpeut reconnaitre les marques les plusoriginales de l’urbanisme islamique àtravers une hiérarchie, qui marque uneprogressivité du passage du domainepublic vers le domaine privé (Germeraad,1993). Elle se matérialise par la largeur duparcours, par sa forme (rectiligne ousinueuse) et par sa position relative dansla hiérarchie morphologique.

Par ailleurs, nous partageons le point devue de Jehel et Racinet (1996) qui seloneux «…l’emprise du privé dans le mondemusulman est telle que la rue n’est jamaisperçue comme espace public relevantd’un intérêt collectif. Elle n’est qu’unsystème de communication entre lesquartiers privés, se réduisant le plussouvent à des impasses reliant un groupede maisons et fermées la nuit ». Tout à

fait caractéristique de ce point de vue estla notion de finâ, la partie de la rueattenante à la maison est considéréecomme l’extension de l’espace privé etsur lequel les juristes musulmansreconnaissaient certains droits auxpropriétaires (Raymond, 1984; voir aussiNooraddin, 1998).

Fig. 2. La hiérarchie des parcours dans un quartierde Tlemcen. Source : Figure établie par les auteurssur la base d’un extrait du plan de la ville de 1845.

Morphologiquement, les quartiersrésidentiels des médinas médiévales sedistinguent par une organisationarborescente : la voirie primaire sert detige pour desservir les voiries secondaireset par la suite les impasses (voir Fig. 2, ci-dessus). Il n’y a qu’une seule façon d’allerd’un lieu à l’autre dans la ville ; on nepeut passer d’un quartier à un autreuniquement si on reprend lecheminement à partir de la rueprincipale. De cette manière, chaquequartier est indépendant ne participantnullement à l’organisation de la ville.Cette imperméabilité des quartiersrésidentiels leur confère un caractèreréfractaire aux incursions étrangères

Voie corridor principale (Triq)

Voie de desserte secondaire (Derb)

Voie d’accès tertiaire (Driyeb)

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bannissant toute circulation de transit.Par sa discontinuité, elle diminueégalement la superficie consacrée auxrues par conséquent augmente la densitéde l’espace construite.

Il est vrai que les impasses n’existent nidans les villes de l’antiquité classique nidans les villes du Moyen-Âge européen ;mais dans la ville sumérienne d’Ur, lesquartiers résidentiels datant de l’époquede Larsa se distinguaient par des ruesétroites et sinueuses, entremêléesd’impasses. C’est probablement à causede ce cas mésopotamien qu’Eugen Wirth(1982) pense qu’« on ne peut pas qualifierl’impasse d’élément essentiel des villesislamiques ».

Par opposition aux rues tortueuses et auximpasses des quartiers d’habitation, lesrues marchandes du souk dessinent desvoies continues relativement larges etrectilignes. Ceci est aussi vrai pour lesvoies reliant le centre aux portes de villequi parfois constituent en elles-mêmesdes avenues marchandes. Tel quel’explique Leonardo Benevolo (1975), lesboutiques ne sont jamais regroupées surune place, mais alignées le long d’une ouplusieurs rues, couvertes ou découvertes,elles forment ce qu’on appelle en persanle bazar.

Dans l’un des premiers plans de la ville(levée établie au lendemain del’occupation française, voir Fig. 1), nouspouvons constater que le plan général estcommandé par le centre et les portes de lamuraille, c’est-à-dire par les principalesvoies de circulation qui relient le centre tri-polaire aux principales portes de la ville. Àla différence des rues labyrinthiques desquartiers d’habitation, ces artères sont plusou moins droites et relativement largespour permettre le passage desmarchandises et des montures, à partir de

desquelles bifurquent des ruelles et desimpasses donnant accès aux diversquartiers de la ville.

Il convient également de noter que sur lalargeur des rues, le hadith prophétique,souvent évoqué, de l’Imam Muslimconstitue un texte fondateur sur cettequestion ; nous citons : « Si vous êtes endésaccord à propos de la largeur d’unerue, faites-la de sept coudées.» (Raymond,1994). Une grande partie des ruesprincipales de la médina de Tlemcenmesurait entre 3 et 4 mètres (i.e. plus aumoins sept coudées). Ceci n’est pas le casdes impasses qui dépassaient rarement les1,5 mètre. Nous citons en l’occurrencel’exemple de la grande artère de la villedécrite par Georges Marçais : la premièreartère, bien que son l’alignement soit sansrigueur, relie diagonalement la ported’Abou-Koura à la place centrale ou setrouve la grande mosquée ; la deuxièmeest le prolongement de la petite rue desOrfèvres reliant aussi la même place à laporte de Fès (Marçais, 1950). RichardLawless et Gerald Blake (1976)soupçonnent l’existence d’une deuxièmevoie qui conduisait du centre vers Bab elDjiad et Bab El Qarmadine. Ces itinérairesreprésentaient les artères les plusimportantes de la ville, elles formaientdeux diagonales qui vont de porte à porteet qui se croisent dans le centre tri-polaire.Ce qui n’est pas sans rappeler ladescription d’Abou Abd Allah Al-Tenessyquand il écrivait que Tagrart au temps desalmohades avait quatre portes principales.Cela dit, il ne serait pas raisonnable desupposer que ce plan ait eu le même tracédepuis sa fondation jusqu’à la vielle de lacolonisation française.

4. Typologie d’un habitat : la maison àpatio

Le modèle de l’habitat à cour centraleadopté par les musulmans est assez

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répandu autour de la Méditerranée. Il fitson apparition en Mésopotamie, ensuite,il se généralise au cours de la périodehellénistique, puis avec la dominationromaine. À cette époque-là, ilcorrespondait foncièrement à des besoinsfonctionnels. Cependant, la cour centraleméditerranéenne s’est modifiée aucontact du paysage et des valeurs socio-culturelles musulmanes (Hakim, 2008).L’influence de la civilisation musulmane,par la fermeture de la cour sur elle-même,le caractère serré de la trame urbaine,mais plus spécialement par lasoustraction de toute visibilité de l’espaceintérieur ; cette dernière est unespécificité musulmane dont on ne trouvepas d’équivalent dans le reste des villesméditerranéennes. De surcroît,l’introduction progressive de nouveauxéléments architectoniques, tels que lesarcs outrepassés, les mosaïques et autres,a métamorphosé le vocabulaireesthétique antique.

Ainsi, le mode d’occupation du sol estdevenu l’expression d’un enclosdomestique. Il préserve le domaine privépar le contrôle des trois ouvertures : lacour centrale, la porte d’entrée, la fenêtre(Hakim, 2008). Cette dernière ne peut niêtre au rez-de-chaussée, ni donnant sur larue, encore moins sur le voisin ; la ported’entrée s’accommode aux principeshérités du Maghreb comme l’accèsdisposé en chicane, de cette manière, ellebrise la vue vers le cœur de la maisondepuis l’espace extérieur.

Les descriptions des maisonstlemceniennes s’accordent parfaitementavec les explications développées plushaut, nous citons parmi les plusreprésentatives : « la maison arabe deforme carrée ou rectangulaire estextérieurement très simple. Les murs sontblanchis à la chaux. On ne voit pas de

fenêtres donnant sur le dehors ; s’il y en ade très rares, ce sont de simples lucarnespercées le plus haut possible, pour éviterque les regards indiscrets des passantsvinssent fouiller l’intérieur » (Bel, 1923 ;voir aussi Piesse, 1862). Nous ajoutons àcela qu’à l’arrivée des Français, lesmaisons de Tlemcen n’avaientgénéralement qu’un rez-de-chaussée, ony entre par une porte spacieuse ; unvestibule coudé muni de deux bancsprécède la cour (Bargès et De Tassy,1841). Ces bancs qu’on retrouve dans lesbab ed-dar (portes d’entrée) sont appelésDekkana. Ils étaient destinés à tous ceuxqui ne sont pas de la maison et qui sedevaient d’attendre dans le vestibule.

5. Le paysage urbain de la médina : uneperception frontale

Dans les villes musulmanes, il arrive quequelques maisons enjambant la voies’accolent à celles qui leur font face etcréent ainsi de véritables rues couvertes.Communément appelé squifa à Tlemcen,le sabbât, qui est par définition un passagecouvert, permet d’augmenter la surface àl’étage d’une maison et de fournir despassages frais et ombragés à travers lesrues de la médina. Il avait également unefonction défensive, dans la mesure où ilpouvait être barricadé, créant ainsi desobstacles infranchissables. Autre organeconstructif enjambant la rue est l’arcd’entretoisement. Ces arcs étaientdestinés à maintenir un écartementconstant des supports muraux et àconsolider leur assemblage.

Ceci nous conduit à souligner que laperception du paysage d’une médina estfrontale : tout d’abord, parce que lesparois latérales sont pratiquementaveugles et la largeur des rues ne permetpas d’avoir assez de recul pour lescontempler ; mais aussi par l’existenced’événements visuels faisant face au

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visiteur (sabbâts ou arcs d’entretoisement)et diaphragmant la vue.

Fig. 3 et 4. En haut, Une rue comportant une squifaà Tlemcen ; en bas, Un pan-coupé se terminant en

trompe ornée à Tlemcen. Source : auteurs.

De plus, à l’inverse des rues desvilles modernes où la rigueur desalignements fait que le regard s’échappedroit devant soi avec des perspectivesouvertes vers le lointain, les ruellestortueuses de la médina de Tlemcen sedécouvrent à travers des perspectivesvolontairement brisées pour bloquer lesregards et étouffer les échos. Plus encore,les bifurcations en Y produisent des jeuxd’angulation perçus frontalement. À

Tlemcen, les pans-coupés s’observent trèsfréquemment dans ces angles, donnantlieu à des motifs d’ornementation sur lapartie supérieure. Ceci confère aupaysage urbain un effet pittoresque etfacilite sa lisibilité par des repères visuelsforts (voir Fig. 3 et 4).

6. ConclusionL’espace de la médina de Tlemcen, àl’instar de la majorité des villesislamiques du Moyen-Âge, est caractérisépar une centralisation des principauxétablissements religieux et économiques.Il est également divisé en secteursspécialisés, de telle manière que lesquartiers compacts des zonesrésidentielles se distinguent nettementd’un secteur économique,morphologiquement beaucoup moinsdense. Mais à travers le caractère défensifde la conception musulmane médiévale :l’enceinte, les rues coudées et les passagessous voutes tiennent une place depremier plan. À cela on pourrait ajouterque la ville islamique intègre en généralla majeure partie des caractéristiques desvilles médiévales européenne, entreautres, de par l’expression de son enclos,« tout espace de la ville est plutôt unenclos, tout l’espace de la ville est lui-même un enclos » (Berardi, 1982). Cecidit, dans le cas des villes musulmanes,cette fermeture est poussée au paroxysmepour des raisons climatiques, militaires etle souci constant de la protection de la vieprivée.

Si toutes les médinas contiennent unnombre imposant et très variable demosquées, une seule occupe une placeprépondérante et centrale (la grandemosquée). À Tlemcen, on retrouve cetteforme de hiérarchie fonctionnelleégalement pour les souks et les médersas.Il existait diverses médersas dans lesquartiers résidentiels, mais une seule se

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situait au centre, il s’agissait de lamédersa Tâchfiniya, un grand collègedestiné aux hautes études ; il en est demême pour les souks, la Kissariya quireprésentait le grand et luxueux marchéétait complétée par de petits marchés(souikas), des marchés secondaires qu’onretrouvait dans les quartiers résidentielset dans les faubourgs. En ce sens, nouspouvons dire que les médinas incarnentune dynamique exceptionnelle de lacentralité : un lieu de concentration et deconvergence des fonctions urbainesindispensable à la vie d’un musulman.

D’autre part, les villes islamiques en tantqu’établissements humains suggèrentune croissance additive. Cela ne veut pasdire pour autant qu’elle soit le fruit duhasard, mais plutôt d’une conceptionvolontariste (Radoine, 2011), sestructurant par des voies non-géométrique reliant diverses destinations:la mosquée et la maison en étant les plussignifiantes. À Tlemcen, seuls lescheminements reliant le centre auxdifférentes portes qui sont des artèresvéritablement publiques, relativementrectilignes et assez larges pour permettrepassage des charriots. Les voiesdistribuant les quartiers n’admettent pasce système de déplacement qui est propreaux voies marchandes. Elles sont de leurscôtés semi-publiques, c’est-à-dire dontl’accès est soumis à des restrictions.

À l’issue de ce qui a été évoqué, nouspouvons dire que la médina de Tlemcencomporte incontestablement un trèsgrand nombre de similitudes avec lemodèle de la "ville islamique" développépar les historiens du début du XIXesiècle ; plus particulièrement, avec lesvilles qui géographiquement se localisentautour de la Méditerranée et dont lapériodisation de leurs fondationsremonte à l’époque médiévale. Ce qui est

d’autant plus incontestable, étantentendu que les grandes Foutouhat ontfavorisé la généralisation des mêmesidées sur l’ensemble du califat. En moinsd’un siècle après l’éclosion de cettereligion, plusieurs nouvelles villes prirentnaissance reprenant le même modèle,celui de Médine (voir Lapidus, 1973).Première cité de l’Islam, cette cité servaitde référence car elle était toute aussi laville où le Prophète a vécu et où il amodelé les espaces et les lieux,conformément à un système de penséeislamique qui intervient non seulementdans chaque aspect la vie du croyant,mais aussi dans la vie communautaire etcollective.

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Received: 7 May 2016 • Revised: 18 June 2016 • Accepted: 20 June 2016

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