Réfracteur Sky-Watcher ESPRIT 100 ED

SPECIFICATIONS Diamètre optique 100mm

Longueur focale 550mm (F/D=5.5)

Optique Triplet (air spaced) verre central F-PL 53

Porte oculaire Crayford 3pouces rotatif sur 360° démultiplié 1/10

Pare buée Rétractable

Longueur du tube 605mm (450mm pare buée rétracté)

Back-focus photo 63mm

Poids du tube seul 6.1 Kg

Accessoires livrés

Colliers, renvoi coudé, chercheur coudé avec support, oculaire, correcteur de champ et bagues adaptatrices, bague T2 Canon, mallette

Prix de vente 2150€ (avec accessoires)

Fig.1

INSTRUMENTS ET TECHNIQUES TEST

MARC KHATCHADOURIAN Marc.khatchadourian@orange.fr

La gamme de lunettes apochromatique dénommée « ESPRIT » représente le haut de gamme chez Sky-Watcher depuis déjà quelques années. Proposées à des tarifs très attractifs, elles veulent bousculer le marché des apochromatiques dominé par les grandes marques. Le modèle 100mm avec sa focale courte se positionne dans la catégorie des lunettes « rapides » très prisée par les astro-photographes férus de grands champs. Dans cette catégorie la liste de réfracteurs est relativement restreinte où l’on trouve des modèles réputés ; La FQS 106 de Takahashi, la NP 101 de Televue, et d’autres plus confidentiels et néanmoins excellents tels que la TEC 110 FL éclipse, les TS APO100 et 102, la 95FL traveler companion de Baader, la FLT 98 de Williams Optics sans oublier l’élusive Vixen VSD 100. Sur le marché de l’occasion, la FSQ 106 et la NP 101 se trouvent assez fréquemment et même si d’autres modèles dont la production a été arrêtée et qui restent très difficiles à se procurer existent: Pentax 105, Takahashi FCT 100, Stowaway 92 et Traveler105 d’Astro-physics, les tarifs restent élevés.

L’esprit 100ED se positionne donc en outsider avec en plus un ensemble complet directement utilisable aussi bien pour l’observation visuelle que pour la photographie. Malette en aluminium renforcée d’excellente facture, deux colliers de serrage, une platine type Losmandy, un renvoi coudé 50.8mm, un oculaire 20mm, un chercheur coudé 9x50mm doté d’un réglage dioptrique (sans éclairage), un correcteur de champ dédié avec les bagues d’adaptation et une bague T2 type Canon, le tout pour un tarif de 2150 euros.

NB : Sky-Watcher a récemment enlevé au catalogue le précédent modèle 100ED Esprit qui était un quintuplé, proposé également à un tarif extrêmement compétitif de 2650 euros. Les raisons du retrait restent obscures, seules quelques rumeurs parlent d’alignement imparfait provoquant des images non piquées, et là-dessus Sky-Watcher reste extrêmement discret.

Fig.4

Le porte oculaire est esthétiquement très réussi. Mécaniquement, tout est réuni pour qu’il puisse remplir son rôle. Diamètre de trois pouces (76mm), réglage fin démultiplié (1/10), réglette graduée, blocage de la mise au point calqué sur le système utilisé par Takahashi, course de 85mm, rotation à 360° avec blocage et enfin un support de chercheur. Le coulant 50.8mm possède un insert en laiton et deux vis de blocage qui permettent de bloquer efficacement tous les accessoires sans les abimer. La dureté du réglage de la mise au point (réglé en usine) est adaptée pour le visuel mais n’est pas suffisante pour la photographie, il faut durcir l’ensemble afin que le poids ne fasse reculer le fourreau lors des poses près du zénith. Des vis sont prévues à cet effet et après réglage avec l’ensemble photographique utilisé (STL11000M) cela n’a posé aucun problème.

Le tube optique en aluminium possède un pare buée rétractable très long offrant une protection très efficace contre le dépôt de rosée sur l’optique (coulissement de 155 mm). Le bouchon de type « couvercle » est en aluminium anodisé noir. Le triplet de type « air space » composé d’une lentille centrale en verre Ohara FPL-53 et deux lentilles en verres Schott est monté sur un barillet réglable. Cette Formule optique éprouvée sur des réfracteurs d’autres marques délivre habituellement de très bonnes images, nous ne devrions donc ne pas être déçus. Le test optique nous permettra de vérifier cela. Revenons au pare buée, une fois rentré le tube a une longueur totale de seulement 45cm. Deux vis permettent de le maintenir en position. Le coulissement reste rugueux bien que l’on desserre au maximum les vis, il faut veiller à le déployer et à le rentrer lentement car des particules peuvent se loger entre ce dernier et le tube occasionnant des rayures (ce problème a été remonté à Unterlinden ) pour action chez Sky-Watcher. Les colliers de serrage sont bien dessinés mais le grip dont ils sont revêtus est trop adhérent et vient faire ventouse avec le tube, rien de dramatique mais attention lorsque l’on ouvre les colliers car le tube, malgré son poids, reste en place et si par mégarde on oublie de refermer les colliers, celui ci pourrait tomber au sol.

Fig.2

Fig.3

La démultiplication est précise et le vernier bien utile pour retrouver les repères de la mise au point avec l’APN où la CCD. La rotation du porte oculaire est assurée par une bague à cabestan 1 (Fig.3) de fort diamètre permettant de positionner angulairement l’ensemble complet pour le cadrage souhaité. Nous vérifierons que la rotation et le blocage n’aient pas d’incidence sur la mise au point. Coté sortie, une bague filetée 2 permet également d’orienter l’imageur en vissant où dévissant l’ensemble 3. Idéal pour positionner l’imageur dans l’alignement du microfocuser.

Sur la version précédente les différents tests menés par plusieurs magazines indiquaient que le porte oculaire était un des points faibles sur la gamme « Esprit ». Sur ce modèle, le système est calqué sur de grandes marques, notamment Takahashi. Le guidage est désormais assuré par un ensemble mécanique situé sur le dessus du corps 4 où sont montés quatre roulements guidés par une réglette en acier 5 (Fig.6 où le capot protecteur a été enlevé). Ce système évite le basculement de l’ensemble et assure l’orthogonalité avec le capteur de l’APN où de la CCD. La réduction du jeu entre le corps extérieur et le fourreau se fait par quatre vis latérales disposées à 90°. Exit également la vis moletée de blocage de la mise au point avantageusement remplacée par un levier 6 très efficace (Fig.3). Lorsque ce levier est complètement rabattu contre le corps du porte oculaire, sa préhension restant difficile autant le laisser dans la position visible sur la Fig.3

Fig.6

Le correcteur dédié A, d’une dimension extérieure de 75mm, est équipé d’un doublet dont le cercle de dégagement de la lentille fait 52mm. Prévu pour offrir un champ plan de 40mm il couvre pratiquement le 24x36mmm (diagonale =43mm). Il vient se visser sur le porte oculaire à l’aide de la bague adaptatrice B livrée en série. Coté sortie, une deuxième bague C (également livrée en série), filetée au pas M42, permet le montage des bagues T2 pour les APN et les CCD qui en sont pourvues. Dans la configuration où l’APN est monté le porte oculaire est sorti de 61mm (Fig.7). Le tirage (back focus) de 63mm est prévu pour monter un APN et permet une certaine latitude pour adapter un bon nombre d’imageurs CCD par la réalisation de bagues sur mesure. En revanche avec 63mm, si l’on souhaite intercaler un diviseur optique où une roue à filtre extérieure, il faudra faire attention à leur épaisseur. Pour ce test, j’ai utilisé deux configurations, un APN Canon 60Da et une STL11000M pour laquelle j’ai fais réaliser une bague (en gris sur la Fig.7).

Fig.7

INSTRUMENTS ET TECHNIQUES TEST

Mise au point sur Véga non loin du zénith (Fig.8). Malgré le poids de la configuration photographique, l’obtention de la MAP (mise au point) dans les deux sens s’obtient sans problème. La démultiplication est assez douce mais légèrement « élastique ». C’est un peu déconcertant au début car cela donne l’impression de ne pas tourner la molette lorsque l’on affine la MAP. Au niveau du cadrage, la rotation du porte oculaire et le blocage n’ont pas d’influence sur la MAP. A noter tout de même un fonctionnement « rugueux » dû à la qualté de l’usinage du cabestan et de la partie réceptrice fixée sur le corps de la lunette. La FWHM, enregistrée lors de la nuit de test est de 3.59’’ce qui est excellent (rappel : focale de 550mm). A titre de comparaison, la FSQ 106 N donne des résultats équivalents. La finesse des aigrettes est superbe (fils d’inox de 1.5mm de diamètre positionnés devant l’objectif) et les étoiles sont très piquées. Bref, cette 100 ED donne un avant goût de ses capacités et vous invite à passer rapidement à la photographie

Fig.8

Test photographique Matériel utilisé : Monture AP 1600, CCD SBIG STL 11000M, Logiciels : MaximDl, CCD Inspector, DSS, pixinsight

Collimation et Planéité du champ Le relevé (Fig.10) sous CCD Inspector montre la collimation et la planéité du champ du réfracteur équipé du correcteur. La courbure n’excède pas les 14.3% !

CHROMATISME Sur le tableau (Fig.9) ci contre le chromatisme est très bien corrigé avec une taille d’étoiles très homogène. Le rouge est un petit peu plus élevé que le vert et le bleu mais lorsque l’on converti la taille d’étoile en microns cela reste insignifiant et sera invisible sur les photos. NB : avec ses pixels de 9µ la STL ne donne pas l’échantillonnage souhaité.

Fig.12

Fig.9 FWHM Pixels Taille pixel capteur STL Taille étoile en microns

LUMINANCE 3.58 1.06

9µ

9.5

ROUGE 3.75 1.12 10.1

BLEU 3.60 1.07 9.6

VERT 3.55 1.05 9.5

Fig.10

La Fig.12 montre la nébuleuse North America (NGC 7000) où les quatre extrémités ont été fortement zoomées (x 280). On retrouve les caractéristiques relevées sous CCD Inspector. Le bord de l’image en haut à droite correspond bien au coin supérieur de couleur verte visible sur la Fig.10, où l’on voit des étoiles légèrement ovales dont l’origine pourrait venir du défaut de parallélisme de 0.04mm de l’empilage des différents accessoires (ce qui est évidemment primordial sur des focales aussi courtes). Quoi qu’il en soit ce triplet, complété du correcteur dédié, donne d’excellents résultats et montre que Sky-Watcher propose une vraie alternative aux ténors de la catégorie Le porte oculaire, bien trop souvent le talon d’achille de la majeur partie des réfracteurs situés dans cette gamme de prix, n’est ici plus un frein sur le choix de l’imageur et cela devrait combler les amateurs exigeants et ceux qui ont déjà leur caméra CCD.

Conclusions Sacrée évolution que nous propose Sky-Watcher avec cette lunette qui, manifestement, n’a rien à envier aux réfracteurs de la concurrence. Avec un tarif très agressif et une réelle qualité optique elle vient bousculer la hiérarchie du matériel haut de gamme. Lors du test la température était très stable et il ne m’a pas été possible de juger des variations de MAP. Habituellement le matériel testé dans cette catégorie de prix a toujours un point faible et de ce fait ne donne pas entière satisfaction à l’utilisateur. Pour ce réfracteur, il est difficile de trouver un défaut à la vue des résultats photographiques. Le porte oculaire permettra de monter la majorité des APN où CCD. Si vous êtes à la recherche d’un tube optique complet dédié à la photographie du ciel profond à un tarif imbattable, n’hésitez pas !

_ Qualité optique _ Prix _ Finition générale _ Porte oculaire résistant aux lourdes charges _ Correcteur très bon sur le 24x36mm _ Accessoires fournis en série (visuel et photo) _ Malette de transport haut de gamme

_ Le Coulissement du pare buée peut rayer le tube _ Revêtement des colliers de fixation trop Adhérent

Remerciements à UNTERLINDEN pour le prêt du matériel

NGC 7000: LRVB : 5*5mn, Ha : 3*10 minutes, binning: 1*1