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Supplément au n° 721 de du 2 juin 2012 documentation AVEC LES CONTRIBUTIONS DE : Dominique Chabant, Danielle Courtoux, Élodie Cutrona, Carine Gigout, Claire Gutknecht, Jean-Pierre Hennuyer, Bénédicte de la Houplière (SNETAP-FSU), Jeanne Lebastard, Vassilia Margaria, Virginie Pays, Claire Richet COORDINATION : Vassilia Margaria, Virginie Pays, Véronique Ponvert REMERCIEMENTS POUR LEUR RELECTURE ATTENTIVE : les membres du collectif national et les collectifs académiques de Montpellier, Reims et Toulouse, sans oublier les secteurs du SNES (emploi, CPE, contenus, intercatégoriel, politique scolaire) Observatoire national des programmes et des pratiques • Supplément à L’US n o 721 du 2 juin 2012 1 Éditorial Ê tre professeur documentaliste aujourd’hui, c’est exercer un métier militant, comme l’affirme le titre de cette publication et ce, plus que jamais, à l’heure où nos autorités de tutelle tentent de modifier le cœur de ce métier. Face à ces attaques répétées, il est indispensable de faire le point sur cette profession, née, ne l’oublions pas, des luttes menées par le SNES, qui a su mobiliser pour imposer la circulaire de missions puis le CAPES de Documentation. Le SNES réaffirme, dans un contexte d’évolution des pratiques professionnelles des enseignants documentalistes, qu’il n’acceptera pas que leurs missions pédagogiques soient niées. Car à l’ère du numérique, au prétexte d’une modernisation des CDI et des missions des personnels qui y exercent, l’Institution veut redessiner un nouveau profil du professeur documentaliste, fort contestable et plus conforme aux réformes en cours, bien éloigné de leur statut d’enseignant. Politique documentaire, protocole d’inspection, PACIFI, Learning Center ou 3C, les différents textes initiés par l’Inspection générale montrent bien la cohérence des projets ministériels qui visent à transformer l’enseignant-documentaliste en gestionnaire de réseau, conseiller TICE, formateur des équipes, animateur... Cette publication analyse la situation des professeurs documentalistes au regard de cette actualité. Elle met également en relief les obstacles auxquels ils se heurtent mais aussi leurs réussites, et trace des perspectives d’avenir en précisant les revendications du SNES sur le métier. Nous espérons qu’elle sera l’occasion de mieux faire connaître la profession d’enseignant documentaliste et de susciter des débats autour de l’éducation des élèves à l’information-documentation. Le SNES se bat quotidiennement dans les établissements, les académies et au niveau national pour défendre les professeurs documentalistes et promouvoir leurs missions. Ne restez pas isolé(e), rejoignez-nous et agissez avec le SNES pour une conception du service public d’éducation au service de la réussite de tous les élèves ! Sandrine Charrier, secrétaire nationale, responsable du secteur contenus Roland Hubert, cosecrétaire général

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Supplément au n° 721 de du 2 juin 2012

documentation

AVEC LES CONTRIBUTIONS DE :Dominique Chabant,

Danielle Courtoux,Élodie Cutrona, Carine Gigout,

Claire Gutknecht,Jean-Pierre Hennuyer,

Bénédicte de la Houplière(SNETAP-FSU),

Jeanne Lebastard, Vassilia Margaria,

Virginie Pays, Claire Richet

COORDINATION :Vassilia Margaria,

Virginie Pays, Véronique Ponvert

REMERCIEMENTS POURLEUR RELECTURE ATTENTIVE :

les membres du collectifnational et les collectifs

académiques de Montpellier,Reims et Toulouse,

sans oublier les secteursdu SNES (emploi, CPE,

contenus, intercatégoriel,politique scolaire)

Observatoire national des programmes et des pratiques • Supplément à L’US no 721 du 2 juin 2012 1

ÉditorialÊtre professeur documentaliste aujourd’hui, c’est exercer un métier militant,

comme l’affirme le titre de cette publication et ce, plus que jamais, à

l’heure où nos autorités de tutelle tentent de modifier le cœur de ce métier.

Face à ces attaques répétées, il est indispensable de faire le point sur cette

profession, née, ne l’oublions pas, des luttes menées par le SNES, qui a su

mobiliser pour imposer la circulaire de missions puis le CAPES de

Documentation.

Le SNES réaffirme, dans un contexte d’évolution des pratiques professionnelles

des enseignants documentalistes, qu’il n’acceptera pas que leurs missions

pédagogiques soient niées. Car à l’ère du numérique, au prétexte d’une

modernisation des CDI et des missions des personnels qui y exercent,

l’Institution veut redessiner un nouveau profil du professeur documentaliste,

fort contestable et plus conforme aux réformes en cours, bien éloigné de leur

statut d’enseignant.

Politique documentaire, protocole d’inspection, PACIFI, Learning Center ou 3C,

les différents textes initiés par l’Inspection générale montrent bien la cohérence

des projets ministériels qui visent à transformer l’enseignant-documentaliste en

gestionnaire de réseau, conseiller TICE, formateur des équipes, animateur...

Cette publication analyse la situation des professeurs documentalistes au

regard de cette actualité. Elle met également en relief les obstacles auxquels

ils se heurtent mais aussi leurs réussites, et trace des perspectives d’avenir en

précisant les revendications du SNES sur le métier.

Nous espérons qu’elle sera l’occasion de mieux faire connaître la profession

d’enseignant documentaliste et de susciter des débats autour de l’éducation des

élèves à l’information-documentation. Le SNES se bat quotidiennement dans

les établissements, les académies et au niveau national pour défendre les

professeurs documentalistes et promouvoir leurs missions. Ne restez pas

isolé(e), rejoignez-nous et agissez avec le SNES pour une conception du

service public d’éducation au service de la réussite de tous les élèves ! ■

Sandrine Charrier, secrétaire nationale, responsable du secteur contenus

Roland Hubert, cosecrétaire général

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2 Observatoire national des programmes et des pratiques • Supplément à L’US no 721 du 2 juin 2012

INTRODUCTION .................................................................................. 3

Professeur documentaliste,itinéraire d’un métier militant : des ajointsd’enseignement-documentalistes-bibliothécaires... aux professeurs documentalistes ................................................ 6

PROFESSEUR DOCUMENTALISTE, UN MÉTIER EXIGEANT .................................................................... 7

1. La double mission du professeur documentaliste : pédagogue ou gestionnaire ?1.1. Enseigner l’information-documentation :

le cœur du métier de professeur documentaliste ..... 7

1.2. La gestion .................................................................................... 8

2. Contentieux statutaires : des certifiés de seconde zone ?2.1. L’inspection spécifique :

un dialogue de sourds entre les enseignantsdocumentalistes et l’Institution....................................... 11

2.2. Un CAPES mais pas d’agrégation.................................... 13

2.3. Une nécessaire révision du calcul du temps de service .............................................................. 15

2.4. Une inégalité persistante : indemnités et rémunération pour les travaux complémentaires ............................... 15

3. L’état chiffré de la documentation : vers une discipline en voie de disparition ? 3.1. Postes aux CAPES depuis 1989 :

un recrutement en dents de scie.................................... 19

3.2. Combien de certifiés en documentation dans les collèges et lycées de France ?......................... 20

3.3. Des prévisions alarmantes pour les années à venir ...................................................... 20

3.4. Des conséquences désastreuses dans les académies en terme de postes et d’emplois .............................................................................. 21

FONCTIONNEMENT DES CDI .................................................. 23

1. La trop longue histoire de la précarité des personnels d’aide-documentaliste dans les CDI1.1. Des aides-éducateurs

aux assistants d’éducation .............................................. 23

1.2. Quelles tâches pour les aides-documentalistes ? ... 24

1.3. Pérenniser le statut des aides-documentalistes ... 25

2. Des moyens budgétaires largement insuffisants2.1. Quelques repères pour comprendre

le budget de l’établissement ........................................... 25

2.2. Une inégalité criante des crédits de fonctionnement du CDI selon les établissements ................................................... 26

2.3. Une asymétrie entre les charges de fonctionnement d’un CDI et le montant des crédits CDI ........................................................................ 28

2.4. Le sous-équipement informatique des CDI ............. 29

2.5. Quelles réactions face à un budget insuffisant ? ................................................. 29

3. L’accueil des usagers : concilier qualité et quantité, une gageure ?3.1. Une notion centrale : l’accueil...

que signifie-t-elle pour les uns et les autres ? ....... 30

3.2. État des lieux : que se passe-t-il réellement sur le terrain ? ................................................. 31

3.3. Le CDI : un dispositif pédagogique à préserver ..... 32

4. La politique documentaire : concept d’avenir ou impasse pour la documentation scolaire ?4.1. Les objectifs de l’Institution :

faire du documentaliste le « manager » de la politique documentaire d’établissement ..... 34

4.2. Bilan de la mise en œuvre de la politique documentaire dans les établissements scolaires .. 35

4.3. Pour des projets documentaires au service de la réussite des élèves .................................................... 36

DONNER AUX ÉLÈVES UNE CULTURE INFORMATIONNELLE ................................. 37

1. La culture informationnelle dans les programmes scolaires1.1. Apprentissages documentaires

et disciplines scolaires ........................................................ 37

1.2. Les dispositifs pédagogiques ......................................... 40

2. État des lieux de la formation des élèves au collège et au lycée2.1. En collège .................................................................................. 43

2.2. En lycée ..................................................................................... 44

2.3. Sortir du « bricolage » pédagogique .......................... 46

3. Quelles perspectives pour l’éducationà l’information-documentation ?3.1. De la méthodologie documentaire à un

enseignement de l’information-documentation : l’apport de la Recherche .................................................... 47

3.2. L’affirmation de la didactique documentaire : cheval de bataille du SNES ............................................... 48

3.3. Professeur documentaliste : c’est un métier ! .................................................................... 50

Bibliographie .................................................................................... 51

ANNEXE

PARTIE 3

PARTIE 2

PARTIE 1

SOMMAIRESOMMAIRE

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INTRODUCTIONINTRODUCTION

Des collègues professeurs docu-mentalistes s’investissent quoti-

diennement pour mener à bien leursmissions : former les élèves à larecherche documentaire et gérer unCDI. Ils participent aux dispositifsreposant sur une démarche derecherche documentaire (TPE, ECJS,IDD...). Ils nouent des collaborationsavec des enseignants de différentesdisciplines, enrichissent leurs pratiquespédagogiques et leurs domaines d’in-terventions – de la simple initiation

aux méthodes de recherche, à uneformation plus large à la culture del’information. Parallèlement, la recherche avance :sans refaire dans cette introductionl’historique de la didactique de l’in-formation, citons l’Équipe de rechercheen technologie éducative (ERTE) qui,depuis 2006, tente de mettre en évi-dence les savoirs qui sous-tendent lespratiques documentaires afin d’abou-tir à des recommandations qui favori-seraient l’acquisition des compétences

en information et documentation, de lamaternelle à l’Université ; et, plusrécemment, les travaux de synthèsedu GRCDI (Groupe de recherche sur laculture et la didactique de l’informa-tion) publié en octobre 2010. La dis-cipline a donc évolué, s’ancrant dansle champ des sciences de l’informationet de la documentat ion, ce quiexplique sans doute qu’aujourd’hui latrès grande majorité des collègues serevendique comme « enseignant docu-mentaliste » ou « professeur-documen-taliste », appellations illustrant les deuxaspects de leur métier : enseignementet gestion.

Quel regard de l’Institution sur le métier de professeurdocumentaliste ?Mais quid du regard de l’Institution surcette profession et l’implication descollègues sur le terrain ? Un désintérêtévident, voire du mépris; qui se traduitpar la difficulté à réactualiser la cir-culaire de missions : abandons suc-cessifs des projets de refonte de lacirculaire de missions – qui dated’avant la création du CAPES – en2002, 2005. En janvier 2011, c’est l’ac-tion du SNES qui a permis de déjouer,à son tour, la tentative de remodelernotre métier par une nouvelle propo-

1989. Le CAPES de « Sciences et techniques documentaires » est créé par la loi d’orientation de Lionel Jospin.Courriers au ministère, audiences, déclaration avec l’association professionnelle (la FADBEN), grève nationale :l’action du SNES a été déterminante. Jusqu’alors, les documentalistes étaient des enseignants (PEGC, adjointsd’enseignement ou certifiés) recrutés uniquement sur la base de leur motivation et de critères géographiques.Les CDI (Centre de documentation et d’information) accueillaient également les professeurs en difficulté etqui souhaitaient une reconversion. Ce concours officialise donc le statut d’enseignant des documentalisteset fonde le recrutement sur une réelle qualification.

Que s’est-il passé depuis,en vingt ans d’existence du CAPES

de documentation ?

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4 Observatoire national des programmes et des pratiques • Supplément à L’US no 721 du 2 juin 2012

INTRODUCTIONINTRODUCTION

sition de circulaire en décalage avecles attentes des professeurs docu-mentalistes. La chute des recrutements dès 2006,jusqu’à faire de la documentation la dis-cipline la plus touchée par la baisse despostes aux CAPES, le non-remplace-ment de deux professeurs documenta-listes sur trois depuis la rentrée 2008,l’augmentation du nombre de postesvacants, le recours par les rectorats à despratiques inadmissibles pour pallier lapénurie de personnel qualifié (recrute-ment de personnel précaire, souventsans aucun accompagnement ; affecta-tion des personnels en difficulté pro-fessionnelle dans les CDI ; pressions surles TZR d’autres disciplines pour qu’ilsacceptent des affectations enDocumentation ; incitation des person-nels à se reconvertir vers la documen-tation, souvent sans réelle formation etsans aucune transparence sur le suivi despersonnels qui ne réussissent pas leCAPES interne et n’obtiennent pas nonplus le changement de discipline) sontautant de signes qui montrent le peud’intérêt pour notre discipline ! Et depuis2010, les stagiaires en documentationsont également affectés sur des postes à

temps plein. Sans formation aucune eten bloquant le mouvement des titu-laires, ces affectations essayent de mas-quer la pénurie du recrutement. C’estdonc une véritable régression, plus devingt ans en arrière !

La culture informationnelle, un enjeu pour l’école du XXIe siècleLa nécessité de donner aux élèves uneculture informationnelle devient,

chaque jour, de plus en plus pres-sante. On a tendance à croire troprapidement que parce qu’ils sont nésavec Internet, les élèves « digitalnatives » maîtrisent parfaitement cetoutil. Mais s’ils naviguent sur leurssites préférés, s’ils chattent en ligneavec leurs amis, s’ils jouent en réseau,ce n’est pas pour autant qu’ils maîtri-sent la recherche d’informations enligne, qu’ils ont le recul nécessairepour traiter les informations trouvées.Dans le supérieur, des logiciels sontdéveloppés pour repérer le plagiat desétudiants. Ces jeunes n’auraient-ils pasdû apprendre en amont pourquoi ilfaut éviter le copier-coller ? Et com-ment citer ses sources ? L’Unesco dansson rapport de 2008 sur l’Introductionà la maîtrise de l’information parle dela formation à l’information commed’une « survie » pour le XXIe siècle. Ilserait temps de se saisir véritablementde cet enjeu.

Une publication pour mieuxconnaître la situation desprofesseurs documentalistesLa présente publication dresse toutd’abord un état des lieux du métier deprofesseur documentaliste aujour-d’hui : ses missions, les contentieuxstatutaires et l’état chiffré du recrute-ment. Dans un deuxième temps, elles’intéresse à divers aspects du fonc-tionnement des CDI : les personnelsd’aide-documentaliste existants, lesmoyens budgétaires à disposition, l’ac-cueil des élèves et la notion de poli-tique documentaire. Enfin, la dernièrepartie est consacrée à la dimensionpédagogique du métier : commentdonner aux élèves une culture infor-mationnelle ? Elle s’ouvre par un pas-sage en revue de la culture informa-t ionnelle dans les programmesscolaires avant de dresser un pano-rama des pratiques dans les collèges etlycées et d’envisager les perspectivespour une éducation à l’information-documentation de tous les élèves.

Le secteur Contenus du SNESregroupe les différents groupes

disciplinaires et s’intéresseaux contenus d’enseignement

et aux pratiques pédagogiques.

Le groupe Documentation• En ont été membres :

Jean-Louis Charbonnier,Danielle Courtoux, Jean-Pierre Hennuyer,

Patrick Laîné, Dominique Chabant.

• Aujourd’hui :Vassilia Margaria,

Claire Richet et Virginie Pays.

Les résultats détaillés de ces deux enquêtes sont publiés sur :

www.snes.edu/observ/spip/spip.php?article3666

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Le SNES veut – par cette publication –apporter des éléments utiles pour saisirla situation et les enjeux de la professiond’enseignant documentaliste et surtoutfournir des motifs d’espoir et de lutte àune profession qui en manque cruelle-ment aujourd’hui. Elle repose sur uneétude qui ne prétend pas à l’exhaustivitémais qui se veut au plus près des réalitésdu terrain. Et surtout, elle permet de déve-lopper nos différentes propositions quivisent à donner aux professeurs docu-mentalistes toute la place qui devrait leurrevenir pour œuvrer à la réussite desélèves. Car il s’agit bien de savoir si l’onveut donner les moyens à tous les élèves des’intégrer de façon éclairée dans la sociétéde l’information du XXIe siècle.

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Les analyses et les propositions présentées dans ce documents’appuient sur deux enquêtes menées en 2007 : une largeconsultation lancée dès janvier portant sur les revendicationspédagogiques et une seconde, démarrée en novembre et quiportait, elle, davantage sur les aspects catégoriels de la profes-sion. Les deux questionnaires ont été envoyés à tous nos adhé-rents, ainsi que dans l’ensemble des établissements du seconddegré. À l’arrivée, 926 questionnaires remplis essentiellementpar des femmes (dans plus de 80 % des cas), plutôt jeunes(environ 40 % ont entre 26 et 40 ans et environ 35 % entre 40ans et 55 ans), majoritairement syndiqués au SNES (pour 62,5% des enquêtés). Cet échantillon représente donc une partnon négligeable des enseignants documentalistes puisqu’oncomptait 8 874 certifiés en documentation sur des postes dedocumentation en 2007 (chiffres DEPP, direction de l’Évalua-tion, de la Prospective et de la Performance).À ces consultations, se sont ajoutées les rencontres avec lescollègues à l’occasion des nombreux stages académiquesmenés au cours des années 2007-2008 et 2008-2009, lesquelsont été l’occasion de débattre et d’affiner les résultats de nosdeux enquêtes nationales. Plus de 300 collègues ont ainsi eul’occasion de s’exprimer à Aix-Marseille, Amiens, Bordeaux,Caen, Dijon, Grenoble, Lille, Lyon, Montpellier, Nancy-Metz,Nice, région parisienne, Reims, Rennes, Toulouse. Sans oublierles témoignages recueillis sur la liste de diffusion des ensei-gnants documentalistes du SNES (« SNESdoc », anciennement« ossantre ») et les nombreux courriers papiers et électro-

niques que le groupe reçoit régulièrement. Les données chif-frées concernant les postes et l’emploi dans la discipline ontquant à elles été fournies par les services du ministère (laDEPP) ou des rectorats, via le travail de recueil mené annuel-lement par les secteurs emplois des sections académiques duSNES (S3) et de la section nationale (S4). Le groupe Documen-tation a également multiplié les contacts avec les chercheurs,formateurs IUFM, etc., afin de suivre au mieux les évolutionsde la recherche dans le domaine de l’information-documen-tation : participation au congrès de la FADBEN (Lyon, mars2008) et au colloque de l’ERTE « Curriculum documentaire etculture informationnelle » (Lille, octobre 2008) ; organisationde stages syndicaux nationaux avec des intervenants exté-rieurs (Ivana Ballarini, Pascal Duplessis, Éric Delamotte, MurielFrisch...). Enfin, notre étude s’appuie sur une bibliographiedense : textes et rapports officiels, articles parus dans desrevues professionnelles (Intercdi, Médiadoc, etc.), sites spécia-lisés (Docs pour Docs, Savoirs CDI, Educnet, CLEMI, etc.),rubriques « Documentation » des sites des CRDP et des servicesacadémiques. La rédaction de cette publication a été dirigée par le groupeDocumentation du SNES. Au sein du secteur Contenus, il suitles problématiques de la documentation scolaire ainsi que lasituation de la profession d’enseignant documentaliste. Sesmembres ont toujours été des professeurs documentalistes enposte, bénéficiant de décharges consacrées à leur activitésyndicale.

INTRODUCTIONINTRODUCTION

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Professeur documentaliste, itinéraire d’un métier militantProfesseur documentaliste, itinéraire d’un métier militant

6 Observatoire national des programmes et des pratiques • Supplément à L’US no 721 du 2 juin 2012

1952 : une circulaire relative au rôlede la documentation dans l’enseignementLes enseignants sont invités à utiliser les documentscomme supports à leur cours. La documentationfait son entrée dans le second degré.

1977 : une circulaire définissant les fonctions du « documentaliste bibliothécaire »Le documentaliste bibliothécaire exerce une actionpédagogique directe auprès des élèves pour leurenseigner les méthodes de recherche du documentet du travail sur document, soit, individuellementou en petits groupes, à l’occasion des travauxqu’ils viennent faire au CDI (préparation d’expo-sés, travail autonome...) soit, en groupe classe,dans le cadre horaire d’une discipline, en colla-boration avec le professeur.

1986 : circulaire de missions du « documentalistebibliothécaire » (toujours en vigueur)Le documentaliste-bibliothécaire assure, dans lecentre dont il a la responsabilité, une initiation etune formation des élèves à la recherche docu-mentaire (...) l’action du documentaliste-biblio-thécaire est toujours étroitement liée à l’activitépédagogique de l’établissement.

1989 : création du CAPES dans le cadre de la loi d’orientation de Lionel JospinLa création du CAPES de documentation officialisele statut d’enseignant des documentalistes exer-çant dans les CDI des établissements scolaires. Lespersonnels en fonction (adjoints d’enseignements,maîtres auxiliaires, PEGC attachés au CDI) ont dèslors été invités à passer le concours interne afin d’in-tégrer le corps des certifiés.

1997 : « Réseaux et multimédia dansl’éducation », rapport de M. Gérard, sénateurProposition n° 3 : l’école doit donner à l’élève lescompétences et les savoirs qui lui permettent derechercher les informations dont il a besoin, de véri-fier les sources, de différencier les niveaux de langue,de les sélectionner et de les exploiter. Ces savoirs doi-vent prendre corps dans le cadre d’un enseignementmodulaire confié aux équipes d’enseignants docu-mentalistes avec le concours des enseignants des dis-ciplines et être validés en fin de Troisième.

2002 : projet d’une nouvelle circulaire de missions (abandonné)Le SNES se montre très critique envers un projetdont le volet pédagogique est en régression parrapport à la circulaire de 1986.

2003 : assises nationales pour l’Éducation à l’informationDes enseignants et formateurs, des chercheurs,des professionnels de la documentation et des

bibliothèques, ont engagé un débat public pour lamise en œuvre effective de la formation à l’infor-mation dans l’ensemble du système éducatif, de lamaternelle à l’Université.

2004 : « Les Politiques documentaires desétablissements », rapport de M. Durpaire,inspection générale Établissement et Vie scolaireL’Inspection fait porter la priorité sur le rôle mana-gérial du « documentaliste » qui deviendrait, dèslors, conseiller du chef d’établissement avec un rôlepédagogique minimisé.

2005 : Bis repetita, un second projet de circulaire de missions abandonnéUn groupe de travail piloté par M. Durpaire aremis des propositions pour une nouvelle circulairede missions. Mais celle-ci ne verra jamais le jour.

2006 : une équipe de recherche surle curriculum en Information-DocumentationLe cadre choisi lors des Assises de 2003 a débouchésur la création d’une ERTE (équipe de recherchetechnologique en éducation) sur le thème de l’édu-cation à l’information. Ce travail de recherche etdéveloppement démarre en décembre 2006 à l’uni-versité de Lille III. Il associe des chercheurs et despraticiens dans un processus de recherche et actionen partant de l’analyse de diverses situations.L’équipe se fixe comme objectif de définir les élé-ments d’une culture informationnelle nécessaire àtous les citoyens et d’aboutir à des recommandationspour l’élaboration d’un programme d’apprentis-sages documentaires de la maternelle à l’universitésous la forme d’un curriculum.

2007 : « Le protocole d’inspection desenseignants documentalistes » de l’Inspectiongénérale Établissement et Vie scolaireEn l’absence d’une nouvelle circulaire de missions,ce protocole précise les futures orientations dumétier souhaitées par l’Institution. Empilant les impé-ratifs de tous genres, le fil conducteur n’apparaît qu’àtravers la structure du texte. Il s’ouvre désormais surla politique documentaire – et non plus sur la for-mation des élèves, à l’inverse de la circulaire de 86.

2007 : « L’éducation aux médias », rapport deMme Becchetti-Bizot et M. Brunet, Inspectiongénérale de l’Éducation nationale (IGEN)« Le CDI est le lieu où l’information et les médiaspeuvent être le plus facilement accessibles à l’en-semble des membres de la communauté scolaire.Mais si l’on ne veut pas en rester au niveau anec-dotique, il faut qu’une telle mission soit cadrée demanière précise et un tant soit peu contraignante.Ce point n’est pas acquis et signifie éventuellement :d’inscrire l’éducation aux médias en tant que telle

dans les missions des documentalistes (en amen-dant la circulaire de 1986) et de demander qu’unepart signifiante du temps attribué aux dispositifstransversaux soit consacrée à ce travail. »

2008 : « Impact des nouveaux médias surla jeunesse », rapport M. Assouline, sénateurLe rapport préconise de renforcer le rôle des pro-fesseurs documentalistes : revalorisation de la pro-fession, ce qui passe par une nouvelle circulaire quiprenne en compte clairement l’éducation auxmédias. Instaurer un module de 10 heures annuellesen Quatrième et en Seconde, qui serait pris encharge par les enseignants documentalistes avec lapossibilité d’une collaboration professeur docu-mentaliste-professeur d’une autre discipline.

2010 : groupe de travail sur les missions des professeurs documentalistesGrâce aux actions répétées du SNES, courriers,audience, journée d’action nationale du 31 mars2009, un groupe de travail a été mis en place parla DGESCO sur les missions des professeurs docu-mentalistes. Après trois réunions au printemps2010, un projet de texte très insatisfaisant a ététransmis aux syndicats le 18 janvier 2011. Le SNESa dénoncé immédiatement l’escamotage de notrerôle pédagogique (en deçà de la circulaire de 86)ainsi qu’un insidieux glissement vers un rôle deconseiller de chef d’établissement et de responsabledu numérique au sein de l’établissement. La multiplicité et la nature des tâches dénaturaientnotre métier et minoraient notre rôle auprès desélèves, ce qui compromettait l’avenir de notre sta-tut d’enseignant. Ce projet inacceptable ne répon-dait en rien aux attentes des professeurs docu-mentalistes. Face à l’ampleur de la mobilisation dela profession impulsée par le SNES, la DGESCOsemble à ce jour avoir renoncé à ce texte.

2011 : publication des « Repères pourla mise en œuvre du Parcours de formation à la culture de l’Information »En octobre, a été publié sur le site Eduscol undocument pour la mise en place d’un Parcoursde formation à l’initiative de M. Durpaire, IG-EVS. Pour la première fois, les contenus info-documentaires sont l’objet d’une publicationinstitutionnelle. Mais le SNES refuse de reconnaître la légitimité dece document qui, tel un catalogue de capacités etattitudes du socle commun, fait fi des travaux endidactique de l’information et reste bien éloigné desréflexions sur la culture informationnelle et le cur-riculum documentaire en question dans laprofession.

Des adjoints d’enseignement-documentalistes-bibliothécaires... aux professeurs documentalistes

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Le professeur documentaliste est-il ensei-gnant ou documentaliste ? Les résultatsde l’enquête initiée par le SNES en 2007montrent que les enseignants docu-mentalistes assument cette lourde maisriche double fonction. Et très peu sou-haiteraient devoir choisir entre l’une oul’autre. Le débat sur l’appellation quiqualifie le mieux la profession est tran-ché : la très grande majorité des docu-mentalistes des collèges et lycées optentpour « enseignant documentaliste » ou« professeur documentaliste » (source :enquête « Enseignants documentalistes.Revendications pédagogiques », SNES,2007(1)). Pourtant, si cette idée d’unefonction pédagogique jumelée à celle degestionnaire est partagée par les pro-fesseurs documentalistes, elle peut êtredéroutante pour les collègues des autresdisciplines, l’administration, les élèvessans oublier les parents d’élèves.Toujours d’après l’enquête du SNES, lamajorité des enseignants documentalistesdéclare que les activités pédagogiquesoccupent une grande part de leur tempsde travail. Une très petite minorité (10 %d’entre eux) affirme pourtant ne consacreraucune heure à des séquences de forma-tion des élèves. Quelles en sont les rai-sons ? Est-ce une volonté de la part de cescollègues de ne pas exercer l’aspect péda-gogique de leurs missions ? Ou l’explica-tion serait-elle plutôt à chercher du côtédes lacunes de leur formation profes-sionnelle ? Des conflits avec l’administra-tion qui auraient découragé toute initiativepédagogique ? De l’insuffisance de postes

1.1. Enseigner l’information-documentation : le cœur du métier de professeurdocumentaliste

de professeurs documentalistes implan-tés dans les établissements ? Ou encore, del’absence d’un cadre institutionnel clairpour ces activités pédagogiques ?Le professeur documentaliste est unpédagogue car il a en charge la forma-tion des élèves à la recherche docu-mentaire. Fonction d’autant plus impor-tante qu’elle est citée en première placedans leur circulaire de mission, toujoursd’actualité après les différentes tenta-tives de réactualisation. Et même si lesmodalités de cette formation restentfloues, des objectifs pédagogiques sontdéfinis, et la collaboration avec les ensei-gnants de discipline est conseillée.Toutefois, le professeur documentaliste estconfronté à un certain nombre de pro-blèmes dans l’exercice de son rôle péda-gogique. Tout d’abord, l’insuffisance derecommandations officielles. Même si ce« vide » peut sembler laisser une plusgrande liberté pédagogique aux profes-seurs documentalistes, il est, paradoxale-

ment, un frein à la reconnaissance deleur rôle et à l’exercice de leurs missions.Le second problème constaté est l’ab-sence d’un horaire dédié à l’éducationà l’information-documentation. Ainsi, laformation se résume pour de nombreuxélèves à une initiation en Sixième eten Seconde au premier trimestre à larecherche documentaire, assez souventsur des heures accordées par quelquesprofesseurs. Ces séances sont le pluspetit dénominateur commun à tous lesCDI, car elles sont partout pratiquées, àquelques exceptions près. Ce qui estplus rare et plus difficile à mettre enplace, c’est une action pédagogique quis’inscrive dans la durée, proposant ainsiaux élèves une progression construite etpensée qui vise à leur faire acquérirdes compétences précises, identifiéeset évaluables.

1. La double mission du professeur documentaliste :pédagogue et gestionnaire ?

La circulaire de 1986 qui définit les missions du professeur documentaliste affichesans ambiguïté la double mission de celui-ci, à savoir la formation des élèves et la gestion

d’un centre de ressources documentaires. Cette double fonction est assumée par la majoritédes professeurs documentalistes. Même si au quotidien, il est difficile de jongler avec

les deux fonctions de gestionnaire et d’enseignant, elles confèrent au métier toute sa richesse.

(1) En ligne sur www.snes.edu/observ/spip/IMG/pdf_enquete_pedago_2007.pdf

PARTIE 1. Professeur documentaliste, un métier exigeantPARTIE 1. Professeur documentaliste, un métier exigeant

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8 Observatoire national des programmes et des pratiques • Supplément à L’US no 721 du 2 juin 2012

PARTIE 1. Professeur documentaliste, un métier exigeantPARTIE 1. Professeur documentaliste, un métier exigeant

Enfin, il est possible de recenser d’autres« freins » à la mise en place d’actionspédagogiques :• difficulté à nouer des collaborationspour mener des séquences inscritesdans la durée : elle est due au pro-blème de reconnaissance auprès descollègues des autres disciplines, auxdifficultés inhérentes au travail enéquipe et à l’absence de temps pour laconcertation ;• difficulté à pouvoir se consacrer plei-nement à la mise en œuvre des séancespédagogiques, le documentaliste étanttrop souvent perçu comme un « super-surveillant », le CDI servant trop souventde soupape de sécurité pour une per-manence surchargée ;• calcul du temps de service : la prépa-ration et l’évaluation des séquencespédagogiques ne sont pas décomptéesdu temps de travail des enseignantsdocumentalistes, alors que chaque heured’enseignement doit compter pour deuxheures de service (article 3 du décret80-28 du 10 janvier 1980).

Ces dernières années, l’Inspection géné-rale Établissement et Vie scolaire – qui aen charge la documentation scolaire –tend à remettre progressivement encause le volet pédagogique des missionsdes enseignants documentalistes. Le« Protocole d’inspection des enseignants

documentalistes » (février 2007) déve-loppe quelques orientations chères àl’Inspection : l’aspect gestionnaire prendle pas sur l’enseignement avec notam-ment la survalorisation de la politiquedocumentaire qui transformerait lesdocumentalistes en « conseillers du chefd’établissement» ou « experts en com-munication ». Le rôle pédagogique estréduit au minimum. Quant aux séancespédagogiques, le silence du protocolesur ce sujet est significatif. Les professeursdocumentalistes n’auraient plus qu’à« contribuer » à la formation des élèves eny participant « de manière directe ouindirecte ». Il est appelé à « coopéreravec les enseignants disciplinaires » enélaborant à leur intention des outils péda-gogiques visant à faire acquérir auxélèves les compétences nécessaires.En l’absence d’une nouvelle circulaire demissions, ce protocole tente de tracer lesfutures orientations du métier avec les-quelles le SNES est en total désaccord.C’est cette critique que le syndicat porteinlassablement à l’Inspection générale

Établissement et Vie scolaire, se faisantle porte-parole d’une profession pourlaquelle une des premières revendica-tions à satisfaire pour revaloriser leurmétier est la création d’une inspectionspécifique, à même de défendre et depromouvoir leur discipline.

Le professeur documentaliste est certesun enseignant mais il est également legestionnaire d’un centre de ressourcesdocumentaires. Loin d’être appréhen-dée par l’ensemble de la communautééducative, cette fonction de documen-taliste est souvent réduite au prêt desdocuments et au rangement deslivres sur les étagères. En quoi consisteréellement le rôle de documentalistedans un établissement scolaire et com-ment est-il assumé au quotidien ?La frontière entre le rôle de pédagogue etcelui de documentaliste est étroite. D’unepart, parce que, au quotidien, le profes-seur documentaliste ne dispose d’aucuncréneau horaire pour accomplir ses tâchesde gestion et qu’il doit donc jongler avecses différentes fonctions tout au long dela journée, avec plus ou moins d’aisance.D’autre part, l’exercice des missions degestionnaire d’un système d’information(politique d’achat, indexation des docu-ments acquis...) est étroitement lié auxactions pédagogiques menées par leprofesseur documentaliste.La fonction de « responsable du centrede ressources documentaires multi-média »(2) se décline en deux temps : lestâches de gestion quotidiennes etquelque temps forts, comme les tâchesde fin d’année scolaire, avec pour objec-tif le « bon fonctionnement du centre deressources documentaires qu’il met à ladisposition des utilisateurs »(3).

1.2. La gestion

(2) Circulaire de missions des personnelsexerçant dans les CDI, 13 mars 1986(3) Idem

Les prescriptions nationales de la circulaire de missions de 86 (cf. paragraphe 1. Le documentaliste-bibliothécaire assure, dans le centre dont il a la responsabilité, une initiation et une formationdes élèves à la recherche documentaire) vous paraissent-elles suffisantes pour structurer etlégitimer la formation des élèves ?

Réponses Effectifs %

Oui 106 16,93

Non 507 81,7

Ne sait pas 13 13,2

Total 626 100

Notre profession est toujours régie par une circulaire de missions datant de 86. Plusieursprojets n’ont pas abouti. Faut-il exiger une nouvelle circulaire ainsi que des instructionspédagogiques officielles ?

Réponses Effectifs %

Oui 174 69,60

Non 76 30,40

Total 250 100

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Ces tableaux sont issus des enquêtes nationales réalisées par le SNES

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Observatoire national des programmes et des pratiques • Supplément à L’US no 721 du 2 juin 2012 9

Le quotidien du documentalisteLe professeur documentaliste a en charge« la responsabilité du fonds documen-taire, de son enrichissement, de son orga-nisation, de son classement et de sonexploitation en faisant appel aux normeset aux techniques répertoriées de docu-mentation, qu’il s’agisse de livres, dedocuments, de photographies, de diapo-sitives, de films ou de bandes sonores »(4).Les principales tâches que les profes-seurs documentalistes sont amenés àaccomplir au quotidien sont liées à lachaîne documentaire :

Aux diverses tâches précédemmentcitées, il faut ajouter le dépouillementdes revues qui peut représenter unesomme de travail plus ou moins impor-tante selon le nombre d’abonnementsdont dispose le CDI. Mais égalementl’entretien de la base documentaire, l’unedes tâches les plus importantes, car elleest le support des actions pédagogiqueset le reflet de la bonne gestion du CDI.Le temps consacré à cette opérationn’est pas quantifiable car cela dépendd’une part de l’état de la base (succes-sion de personnels non formés au CDI,fonds jamais ou faiblement informati-sés...), du bon fonctionnement de l’ou-

La collecte des documents

• Analyse des besoins et définition des critèresd’acquisition en collaboration avec l’équipeéducative, selon le public et les spécificités del’établissement, les différents projets, etc.

• Gestion des commandes : recherche et sélec-tion des références, gestion du budget.

• Acquisition : pointage et suivi de la commande.

Le traitement des documents

• Catalogage et indexation des documents : saisieinformatisée des ouvrages dans le logiciel docu-mentaire (résumé, attribution d’une cote, etc.).

• Équipement matériel : estampillage, couver-ture des documents...

La diffusion des documents

• Promotion des nouveautés par des exposi-tions, l’édition de catalogues…

L’évaluation du fonds

• Statistique, récolement (= inventaire)...

til informatique et du temps dont dis-pose le professeur documentaliste. Parailleurs, ces dernières années, le travaildu documentaliste s’est alourdi avecl’importance prise par les ressourcesnumériques. En effet, la multiplication del’information sur le Net nécessite un tra-vail de veille documentaire important, desélection, de vérification et de commu-nication. Enfin, les récentes incitationsinstitutionnelles pour mettre en œuvreune politique documentaire d’établisse-ment dont le professeur documentalisteserait la cheville ouvrière ont encoreaggravé cette situation.Lorsque le documentaliste est seul dansun établissement de taille importante, cetravail de gestion, incontournable,devient très fastidieux. Il est aussi vraique le travail de gestion est plus difficileà organiser dans un collège où le CDIest très fréquenté et les élèves moinsautonomes qu’en lycée. Parallèlement àl’augmentation de la charge de travail degestion et à la réduction des personnelsdans les CDI, quelques initiatives ont étéprises pour pallier ces problèmes,notamment la mutualisation de noticesde bases de données documentaires.Celles-ci peuvent être à l’initiative deprofesseurs documentalistes ou d’orga-nismes (ex. : les « mémofiches » et

« mémodocnets » proposées par leCRDP de Poitiers et payantes) et per-mettent d’alléger partiellement certainestâches de gestion. Mais le coût de cer-tains produits reste prohibitif pour lespetits établissements qui disposent debudgets serrés.En fin d’année scolaire, la charge de tra-vail du professeur documentaliste s’ac-croît particulièrement avec la multipli-cation de tâches spécifiques à réaliser :• édition des statistiques de prêt etde fréquentation demandées par l’ins-pection ;• bilan des actions pédagogiquesmenées au cours de l’année, à présen-ter en Conseil d’Administration ;• rencontres avec l’équipe éducativepour les projets de la rentrée suivante ;• retours des prêts – non sans problème –tant pour récupérer les documents auprèsdes élèves que des enseignants ;• inventaire du fonds documentaire. Ils’agit de pointer les documents du CDIafin de mettre à jour le cahier d’inven-taire, pièce comptable obligatoire. C’estégalement souvent l’occasion de pro-céder au désherbage, opération quiconsiste à retirer du fonds tout docu-

(4) Circulaire de missions des personnelsexerçant dans les CDI, 13 mars 1986

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PARTIE 1. Professeur documentaliste, un métier exigeantPARTIE 1. Professeur documentaliste, un métier exigeant

ment abîmé ou obsolète. Cette opéra-tion de « nettoyage » peut se faire aussitout au long de l’année, régulièrementou à l’occasion de l’arrivée dans unnouvel établissement, du changementde mobilier, de restructuration du CDI...Cependant, l’inventaire de fin d’annéeest le moment propice à ce type detâche ;• nettoyage de la base documentaire,pour mettre en adéquation la base avecle fonds recensé.Mais il est extrêmement difficile demener à bien toutes ces tâches de find’année dans la durée impartie à celles-ci car l’action du documentaliste est sou-vent entravée par toute une série dedifficultés.

Les difficultés rencontrées et les dérivesDans la majorité des cas, il n’y a qu’un seulcertifié en documentation dans le CDI etce quels que soient le type et la taille del’établissement. Ces dernières années, laprofession a fortement été touchée par lasuppression des postes et il n’est pas rarede voir un seul professeur documenta-liste pour une cité scolaire ou un lycée deplus de 1 000 élèves. La conséquence enest une forte dégradation des conditionsde travail des professeurs documenta-listes. Pour certains d’entre eux, la seulesolution est donc de fixer des prioritésparmi les multiples tâches qui leur incom-bent, en fonction des contraintes qui leursont propres. Du fait du rôle de « sur-veillant du CDI » qui est parfois imposé parl’administration et par la forte fréquentationdu CDI, il n’est pas rare que certaines

tâches de gestion nécessitant une grandeattention soient reportées, sine die.Ainsi, l’absence d’un créneau horairedédié à des tâches de gestion courante– pratique pourtant répandue dans lalecture publique – ainsi que de person-nels qualifiés pour aider les documen-talistes dans ces tâches explique quenombre de professeurs documentalistessoient submergés.Enfin, aux difficultés énoncées jusqu’icis’ajoutent quelques dérives, régulière-ment constatées : • la gestion des manuels scolaires, dévo-reuse de temps et d’énergie en début eten fin d’année scolaire retombe mal-heureusement trop souvent sur le seulprofesseur documentaliste alors que lestextes précisent pourtant clairement qu’ils’agit d’une tâche partagée entre les dif-férents personnels de l’établissement(5) ;• la maintenance du parc et du réseauinformatique empiète parfois sur lestâches qui incombent déjà au profes-seur documentaliste alors que cette res-ponsabilité ne peut être imposée carbasée sur le volontariat, avec compen-sation (décharge horaire ou rémunéra-tion supplémentaire) ;• la convocation des enseignants docu-mentalistes pour la surveillance des exa-mens prouve la méconnaissance des spé-

cificités de leurs tâches de gestion. Certescette mission incombe à tout enseignantmais l’administration semble ne recon-naître le statut d’enseignant aux certifiésdocumentalistes que lorsqu’elle y trouveson compte (voir la partie sur les « conten-tieux statutaires »). Grâce aux interventionsdes représentants syndicaux sur le ter-rain, cette pratique reste, pour l’instant,relativement circonscrite.Pour que les professeurs documenta-listes puissent exercer pleinement leurmission, à la fois pédagogique et ges-tionnaire, certaines conditions semblentaujourd’hui incontournables :• la définition d’un ratio de professeursdocumentalistes par nombre d’élèvespour atteindre un nombre de certifiés endocumentation suffisant selon l’effectifde l’établissement ;• la création d’un corps de secrétairede CDI, avec un système de recrute-ment et de rémunération décent, afind’apporter une aide efficace au profes-seur documentaliste (Lille, 1999) ;• des instructions officielles qui préci-seraient et conforteraient leur rôle péda-gogique.

(5) Voir à ce sujet la rubrique du site duSNES « M comme... Manuels scolaires » :www.snes.edu/spip.php?rubrique574

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PARTIE 1. Professeur documentaliste, un métier exigeantPARTIE 1. Professeur documentaliste, un métier exigeant

L’enquête initiée par le SNES en octobre2007, et dont les résultats ont été publiésen février 2008(1) dans une US spéciale,montre que 61,69 % des enseignantsdocumentalistes ayant répondu souhai-tent la création d’une inspection spéci-fique. Cette revendication arrive endeuxième position dans les mesuressouhaitées pour revaloriser le métier.C’est le signe incontestable que la pro-fession aujourd’hui ne se reconnaît pasdans l’Inspection Vie scolaire et qu’elleest en désaccord profond avec les posi-tions de cette dernière.La demande, légitime, de voir se créer uncorps d’inspection spécifique est régu-lièrement évoquée dans les publicationsprofessionnelles(2) (Intercdi, Revue desBBF) depuis la création du CAPES en1989. En 2005, François Daveau(3) dansson article consacré au Rapport del’Inspection générale déclarait déjà ausujet de la création d’une inspection spé-cifique que « la plupart des documenta-listes semblent favorables à cette solu-tion ». Cette demande figure égalementparmi les revendications de l’associationprofessionnelle, la FADBEN. En 2008, àl’occasion de la publication du Rapportsur l’impact des nouveaux médias surla jeunesse(4), le sénateur Assouline, encharge de ce dossier, a été alerté par lebiais de messages postés sur son forum,de la difficile reconnaissance du métierpar l’institution. Ont été évoqués les dif-férents contentieux statutaires qui restentà régler pour faire des professeurs docu-mentalistes des certifiés à part entière.L’institution, sourde dans un premiertemps, affirme aujourd’hui sans détours

2.1. L’inspection spécifique : un dialogue de sourds entre les enseignantsdocumentalistes et l’Institution

son opposition à la création d’une ins-pection spécifique. À la lecture descomptes rendus des audiences à l’IGVSou à la DGESCO accordées au SNESdepuis 1990, on s’aperçoit que lesréponses à la question de la créationd’une inspection sont inexistantes(audience à l’IGVS, 1994), parfois éva-sives (audience à l’IGVS, 1996, audienceà la DGESCO, 2008). Ce silence estmême justifié par la nécessité d’uneréflexion au préalable sur la créationd’une agrégation (1996, audience àl’IGVS). Mais dorénavant, l’obligationd’une agrégation ne doit plus être unpréalable à la création d’une inspectionspécifique étant donné que le recrute-ment des inspecteurs a été ouvert auxcertifiés avec le décret du 26/10/09 quia modifié la partie du concours surtitre : « (...) dans la limite de 5 % desnominations prononcées l’année précé-dente à l’issue des concours, peuvent êtrenommés, par la voie d’un concours surtitres, inspecteurs d’académie-inspecteurspédagogiques régionaux les candidatstitulaires d’une licence et justifiant de

huit années d’expérience professionnelledans les domaines soit de l’éducation,de l’enseignement ou de la formation,soit dans ceux de l’inspection, de l’ex-pertise ou de l’audit » (décret n° 2009-1302 du 26 octobre 2009).À la demande d’une inspection spéci-fique, l’IGVS se contente de rappelerque le métier d’IPR-EVS est en construc-tion (audience IGVS, 2001) avant dejustifier officiellement son opposition àl’inspection spécifique par le biais duRapport sur les politiques documen-taires des établissements scolaires en2004. Si à la lecture des premières pages

2. Contentieux statutaires :des certifiés de seconde zone ?Le nombre important de messages liés au statut de certifié sur les listes professionnelles des enseignants

documentalistes témoigne de la réalité du métier et du malaise qui, loin de disparaître, s’accentueannée après année, plus de 20 ans après la création du CAPES qui a fait des enseignants documentalistes

des certifiés. Ce malaise coïncide avec les situations recensées par le SNES. C’est au quotidien queles certifiés en Documentation ont à se battre pour faire reconnaître leur rôle d’enseignant et leur statut.

(1) www.snes.edu/spip.php?article13910 ethttp://www.snes.edu/observ/spip/IMG/pdf_8_p._documentaliste.pdf(2) Enseignant documentaliste, un métier enquestion, « Dossiers métiers et formations »,BBF, 1995, Paris, T. 40 n° 6.(3) Rapport Durpaire : l’avis du comité derédaction d’Intercdi, par F. Daveau, Intercdin° 193, janvier-février 2005.(4) http://blogs.senat.fr/mediasjeunesse/index.php?/archives/11-Vive-les-nouveaux-medias.html#comments

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PARTIE 1. Professeur documentaliste, un métier exigeantPARTIE 1. Professeur documentaliste, un métier exigeant

de ce document, les professeursdocumentalistes ne peuvent que seréjouir de l’évocation, par le rapporteur,M. Durpaire, IGEVS, du constat qui estfait de l’inquiétude « des documenta-listes, désireux d’être mieux reconnus »,quelques pages plus loin l’une desréponses apportées a de quoi sur-prendre : « La question, souvent posée, dela création d’un corps d’inspection spé-cifique à la documentation, à l’instarde ce qui existe pour les autres disci-plines, appelle de notre part des réserves.Il nous paraît, en effet, préférable de pri-vilégier une vision globale de la docu-mentation au service des apprentissagesde l’élève, de l’éducation à la citoyenneté,incluant des capacités d’expertise éle-vées dans le domaine spécifique dessciences de l’information et de la com-munication » (5). Ainsi, pour M. Durpaire,la reconnaissance de la mission ensei-gnante et la valorisation du métier nesont aucunement liées à la question del’inspection spécifique. Comment dèslors justifier l’apparition du « Protocoled’inspection des professeurs documen-talistes » en 2007, élaboré sans aucuneconcertation avec les représentants desassociations professionnelles ni des syn-dicats, si ce n’est pour contourner laquestion d’une inspection spécifique etpermettre d’apaiser pour un temps, lemalaise qui se répand dans la profes-sion ? Mais loin de rassurer les ensei-gnants documentalistes, ce protocoleinterroge. Quel est son statut par rapportaux initiatives académiques ? Et surtoutque présage le profil professionnel quise dégage, plus proche de celui d’unconseiller du chef d’établissement qued’un enseignant ? Comment alors nepas partager l’opinion de F. Daveau ausujet de l’inspection générale : « [elle]s’est faite une idée depuis une quinzained’années des CDI et du rôle de leurs res-ponsables au sein du système éducatif[éloignée] de la relation pédagogiquedirecte avec les élèves, élément pivot denotre profession »(6). Afin de mieux comprendre l’intérêt de lacréation d’une inspection spécifique, ilest nécessaire de lister les différentspoints qui éloignent les professeursdocumentalistes de l’inspection EVS dont

ils relèvent actuellement. Tout d’abord,le terme de « documentation » n’apparaîtpas dans le libellé « établissement et viescolaire » (sic !). Ensuite, les IPR-EVSn’ont jamais exercé le métier d’ensei-gnant documentaliste d’où la plupartdu temps une connaissance superficielledu métier. Notons que les professeurs detechnologie rencontrent le même pro-blème puisqu’ils sont inspectés par desinspecteurs de STI (Sciences et techno-logies industrielles). Il n’est donc pasrare que les professeurs documentalistesse sentent incompris face à un inspec-teur principalement soucieux de l’am-plitude d’ouverture du CDI, de la quan-tité d’élèves accueillis, etc., etc. Cetteméconnaissance voire cette attitude demépris pour le métier ne peut générerque de la colère, du désarroi et de la las-situde avec le risque que l’inspectionse transforme en conflit et non enconseil. Bien des IPR-EVS ne sont pas enmesure de répondre aux attentes desenseignants documentalistes sur desquestions professionnelles précises,d’être attentifs aux préoccupations d’uneprofession qui ne cesse d’évoluer ni depromouvoir un métier que bien sou-vent ils (re)-découvrent.Rappelons également que les IPR-EVSont la responsabilité des chefs d’établis-sement et des CPE en plus des ensei-gnants documentalistes. Inspecter les pro-fesseurs documentalistes est donc souventloin d’être parmi leurs priorités qui vont

généralement à l’inspection des princi-paux et proviseurs et au règlement desproblèmes qui se posent dans les éta-blissements en terme de vie scolaire. Uneenquête du SNES de 2005 place la docu-mentation en tête des disciplines ayant leplus de retard d’inspection : en moyenne,9,7 années s’écoulent entre deux inspec-tions. Lors de la réunion des coordinateursdes groupes de travail de l’académie deLyon, à la rentrée 2008, l’IPR-EVS, nou-vellement nommé, a annoncé que 80enseignants documentalistes n’auraientpas été inspectés depuis au minimumhuit ans... Un exemple parmi tant d’autres !On peut ajouter également que le fait departager le même inspecteur que sonchef d’établissement est souvent incon-fortable lorsqu’il y a un différend à régleravec ce dernier. Citons, pour exemple, lecas de la gestion des manuels scolaires.Seules trois académies ont produit une cir-culaire définissant le rôle de chacun endébut et fin d’année sur ce sujet. Il y a peude chances donc que l’IPR prenne posi-tion en faveur du documentaliste face auchef d’établissement sur cette question.L’article de François Daveau dansIntercdi n° 203 de septembre 2006(7)

détaille avec précision le rôle, les mis-sions et la formation des inspecteursEVS. Et si cet article permet de mieuxcerner les attentes de notre inspection, ilsouligne également son inadaptation àprendre en charge les enseignants docu-mentalistes. Ceux-ci sont formés « sur letas ». L’attention qu’ils portent à la pro-fession est le fruit de leur volonté per-sonnelle de s’intéresser à la documenta-tion. Il n’est donc pas étonnant deconstater des disparités selon les acadé-mies. Avec peu ou pas de recomman-dations officielles, chacune s’est dotée deson propre protocole d’inspection. Unecompilation des différentes circulairesacadémiques en vigueur à la rentrée

(5) Rapport sur les politiques documen-taires dans les établissements scolaires, 2004,J.-L. Durpaire.(6) Aller de l’avant. Les IPR et l’inspection,F. Daveau, Intercdi n° 203, septembre-octobre 2006.(7) www.intercdi-cedis.org/spip/intercdiarticle.php3?id_article=1157

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Observatoire national des programmes et des pratiques • Supplément à L’US no 721 du 2 juin 2012 13

PARTIE 1. Professeur documentaliste, un métier exigeantPARTIE 1. Professeur documentaliste, un métier exigeant

2011 est disponible sur le site du SNES(8).La lecture des messages issus des listesprofessionnelles permet de prendre lamesure des disparités dans les modalitésd’inspection. Il n’est pas rare de voir desenseignants documentalistes, inquiets,interrogeant les collègues sur les docu-ments à produire et sur le déroulementde l’inspection, parce qu’il ou elle achangé d’académie ou bien parce quel’IPR-EVS n’est plus le même. Pour illus-trer l’écart qui existe actuellement dansles représentations qu’ont les IPR-EVSdu métier de professeur documentaliste,il suffit de lire l’intervention de M. Warzee,inspecteur général de l’Éducation natio-nale EVS, en 2008(9) (synthèse consul-table sur le site du SNES) dans laquelleles professeurs documentalistes sont dési-gnés uniquement sous le terme de« documentaliste » et où leur rôle de for-mation des élèves est réduit au mini-mum. À mettre en parallèle avec celle deChristian Philippe, IA-IPR-EVS de l’aca-démie de Bordeaux « Enseigner en tantque documentaliste » publié en mars2008 sur le site SavoirsCDI(10). Dans cetarticle, M. Philippe recense les diffé-rentes situations où le documentalisteenseigne. Ainsi il s’interroge, non passur le fait de savoir si le documentalisteest un enseignant, ce qui pour lui n’estplus à démontrer, mais sur la manièredont celui-ci enseigne. Et c’est mêmeavec un certain optimisme qu’il conclut

son intervention : « Il est parfois dit quenotre métier est un métier en péril, fon-gible et désespéré dans la gourmandisedocumentaire programmée des autresdisciplines. [...] Ce temps de deuil n’est pasencore advenu, loin s’en faut [...] Et notretâche est imposante pour [...] imposer l’É-ducation à l’information dans les pra-tiques pédagogiques actives ». Même fonc-tion, même responsabilités et pourtantune conception de la profession quidivise les inspecteurs eux-mêmes ! Pourl’un le professeur documentaliste est àrapprocher d’un documentaliste techni-cien alors que pour l’autre, ce rôle d’en-seignant, évident, est à définir par desmesures concrètes.Fort de ces constats, le SNES ne peutque demander la création d’une ins-pection spécifique. Elle permettrait lareconnaissance et la promotion du voletpédagogique de la fonction d’enseignantdocumentaliste(11) par l’institution à tousles niveaux (ministère, rectorat) maiségalement au sein de l’établissement.L’inspection, même si elle génère desinquiétudes, est une condition de lareconnaissance de la qualité profes-sionnelle et des spécificités d’un métier– condition nécessaire mais pas forcé-ment suffisante dans l’état actuel du sys-tème éducatif. Par ailleurs, une inspec-tion spécifique serait également unegarantie contre les dérives et les « bri-colages » académiques, toujours plus

nombreux qui menacent la profession.Une inspection qui n’aurait en chargeque les enseignants documentalistespourrait alors s’y consacrer pleinement,et par la même occasion être un inter-locuteur réel dans le cas de conflits avecle chef d’établissement, régler les pro-blèmes de retard et d’écart qui subsistentdans les notations garantissant ainsi auxenseignants documentalistes un dérou-lement de carrière auquel ils peuventlégitimement prétendre.

Autre contentieux, même attitude del’institution. Il s’agit de celui sur la créa-tion de l’agrégation. Après la création duCAPES en 1989, il était logique d’espé-rer la création d’une agrégation. YvonRobert, signataire de la circulaire demissions de 1986, a pris position sur cesujet dans le discours inaugural du4e congrès de la FADBEN (1996) : « Iln’est pas admissible à mes yeux que cer-tains personnels des établissements secon-daires, enseignants comme vous etcomme quelques autres, ne puissent pasavoir cette reconnaissance. J’espère bien,comme vous l’imaginez, retrouverquelques responsabilités dans l’Éducationnationale et croyez bien que je m’em-ploierai sur ce sujet » (12). L’institution,comme sur la question de l’inspection,persiste à ne pas répondre lors desaudiences consacrées à cette question(audience à l’IGVS en 1994, audience auministère en 1992(13)). Et même si celle-ci, est d’accord pour souligner le carac-tère légitime de cette demande(audience du SNES à l’IGVS en 2001),elle n’y est pas favorable : « L’Inspectiongénérale ne conteste pas la légitimité de

2.2. Un CAPES mais pas d’agrégation

(8) www.snes.edu/-Circulaires-academiques-.html(9) www.snes.edu/spip.php?article6766(10) http://savoirscdi.cndp.fr/metier/Metier/Philippe.htm(11) Survie ? Sursis ? Intercdi n° 215, septembre-octobre 2008.(12) Mediadoc Fadben, mars 2008.(13) Compte rendu en ligne sur le site du SNESà l’adresse : www.snes.edu/1994-audience-a-l-inspection.html

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PARTIE 1. Professeur documentaliste, un métier exigeantPARTIE 1. Professeur documentaliste, un métier exigeant

cette demande pour la promotion despersonnels mais elle n’est pas favorableà une agrégation qui se rapprocheraitd’une logique disciplinaire que les pra-tiques d’information documentation onttendance à dépasser ». Le ministère del’Éducation dans la réponse à la questionde J.-P. Delevoye(14) au sujet du recrute-ment des documentalistes et de la ques-tion de l’agrégation et de l’inspectionspécifique (publiée dans le JO Sénat du23/10/97) précise que la documenta-tion n’est pas la seule discipline concer-née et qu’un CAPES ne débouche pas for-cément sur une agrégation, en citant lecas du secteur technologique et de cer-taines langues. Argument fallacieux s’il enest ! Malheureusement, aujourd’hui cer-taines disciplines (la technologie au col-lège...), dont la documentation, sont tou-jours exclues de cette agrégation.Quels sont donc les obstacles qui empê-chent la création d’une agrégation ?Certes, il n’existe pas de programme nide cadre horaire précis, ni même d’obli-gation à prendre des classes en respon-sabilité. Il n’existe pas de programmes nide cadre horaire précis, pas de classe enresponsabilité. Mais, si la documenta-tion n’est pas une discipline selon leclassique schéma, ni une « disciplinenoble » comme l’explique Céline DuarteCholat dans son texte « De la profes-sionnalisation des documentalistes versune discipline d’enseignement ? (15)», son

importance au sein des établissementsscolaires n’est plus à prouver. Il suffitjuste qu’elle trouve sa place ainsi quedes modalités propres. Depuis quelquesannées, des travaux d’enseignants-cher-cheurs et de la FADBEN ont permis dedéfinir des savoirs et des compétencesque les élèves devraient maîtriser aucollège et au lycée et de construireune didactique en information-docu-mentation pour donner à tous lesélèves une culture informationnelle(16)

aujourd’hui indispensable. Il seraitdonc possible concrètement de confieraux professeurs documentalistes unenseignement en collaboration avecdes professeurs de discipline et ce, demanière officielle avec une inscriptionvisible de l’information-documentationdans les programmes.Autre argument, longtemps avancé :l’absence d’une réflexion au niveau uni-versitaire dans les domaines de l’infor-mation, de la documentation et de lacommunication. Un préalable néces-saire puisque « l’agrégation repose surun socle commun de connaissances dif-férent de celles exigées pour un CAPESavec un autre niveau de réflexion »(Odile Riondet, 2005(17)). Il suffit pourtantd’être attentif aux nombreux travauxde recherche qui sont régulièrementpubliés concernant l’information-docu-mentation par des chercheurs ensciences de l’Information ainsi qu’à lacréation de l’Équipe de recherche entechnologie éducative (ERTÉ) « Cultureinformationnelle et curriculum docu-mentaire »(18) en 2006. Dans ces condi-tions, pour Céline Duarte-Cholat,docteur à l’INRP, il est possible aujour-d’hui d’envisager une agrégation car ilexiste une maîtrise des Sciences del’Infor-mation, de la Communication etde la Documentation (SICD) en uni-versité(1 9 ) (2002). Pour FrançoiseChapron, un corpus de savoirs reliésau champ de l’information, de la docu-mentation et de la communication aété identifié(20). Suite à la rénovation desépreuves du CAPES, en 2000, Y.-F. LeCoadic a proposé une réflexion sur ladéfinition et le contenu des épreuvesd’une agrégation de documentationavec des propositions concrètes(21).

Enfin, les réticences de certains docu-mentalistes sur ce sujet, par peur qu’unehiérarchie dans le temps de présence etdans la répartition des tâches ne se créeau sein du CDI entre certifié et agrégé, apeut-être freiné la réflexion à ce sujet.Cette appréhension semble aujourd’huidisparaître puisque le souhait d’une agré-gation apparaît en cinquième positiondes mesures à prendre pour revaloriserle métier avec 45,08 % d’opinions favo-rables (enquête du SNES, octobre 2007),en réponse aux attaques contre notremission pédagogique et surtout commesuite logique au CAPES(22). Vingt ans après la création du CAPES(pour mémoire, l’Inspection générale avaitémis un avis défavorable sur celui-ci etMichel Poupelin [IGEN Établissement etVie scolaire], lui-même, y était formel-lement opposé), toutes les conditionssemblent réunies pour que l’agrégationdemandée soit créée. En effet, bien desobstacles soulevés par l’institution hierne semblent guère encore d’actualité. Depuis juin 2011, un groupe de travailréunissant le SNES-FSU, le SNESUP-FSU et le SNETAP-FSU se rencontrerégulièrement sur cette question del’agrégation. Parmi les objectifs de cegroupe, interpeller les politiques etl’institution sur la nécessité d’une agré-gation en Sciences de l’information etde la communication – InformationDocumentation. Agrégation qui per-mettrait, outre des perspectives de car-

(14) Question écrite 02200 de J.-P. Delevoye,publié dans le JO Sénat du 23/10/97(15) http://savoirscdi.cndp.fr/metier/metier/DuarteCholat/cduarte.htm#Signet2-2(16) Une fonction pédagogique en construc-tion, F. Chapron, Intercdi n° 215, septembre2008(17) http://docsdocs.free.fr/spip.php?article69&var_recherche=agregation(18) http://geriico.recherche.univ-lille3.fr/erte_information(19) http://savoirscdi.cndp.fr/metier/metier/DuarteCholat/cduarte.htm#Signet2-2(20) http://savoirscdi.cndp.fr/metier/metier/chapron/chapron.htm(21) http://savoirscdi.cndp.fr/metier/Metier/Lecoadic/le_coadic.htm(22) www.snes.edu/observ/spip/IMG/pdf_8_p._documentaliste.pdf

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PARTIE 1. Professeur documentaliste, un métier exigeantPARTIE 1. Professeur documentaliste, un métier exigeant

rière, de faire reconnaître l’importanced’un enseignement d’Information-Documentation.

Si la création de l’inspection spécifiqueet de l’agrégation a toujours été refu-sée, c’est parce que l’institution refuse devaloriser le versant pédagogique de laprofession. C’est dans la même logiquequ’aucune réflexion n’a jamais été enga-gée sur le calcul du service. Il est régi parle décret sur le statut d’adjoint d’ensei-gnement, et non par celui des certifiés.Le service des enseignants documenta-listes est de 36 heures (décret 80-28 du10/01/1980(23) et circulaire 79-314 du1/10/1979(24)) avec un abattement de 1/6réservé aux tâches extérieures. Ce quicorrespondait à la réalité dans les années80 pour les personnels exerçant en CDIest aujourd’hui totalement dépassé. Lapart consacrée à la formation des élèvesprend une place de plus en plus impor-tante avec ce que cela suppose, commepour tout enseignant, de préparation deséances et d’évaluation. Les 6 heurespour « tâches extérieures » sont aujour-d’hui insuffisantes. L’implication du docu-mentaliste dans son rôle d’enseignant,bien que réelle, n’est toujours pas recon-nue. L’enquête menée par le SNES en2007(25) et à laquelle avaient réponduprès de 300 collègues, syndiqués et non

2.3. Une nécessaire révision du calcul du temps de service

syndiqués, montre que le décalage esttrès net entre la charge officielle et lacharge effective de travail. Ainsi, 100 %des moins de 25 ans estiment travaillerplus que les 36 heures réglementaires.86,64 % des sondés sont plutôt d’ac-cord ou d’accord pour réfléchir à uneévolution des services permettantd’intégrer pleinement la formation desélèves à l’information-documentation.Et cette revendication est d’autant plusforte que les documentalistes sontjeunes : cela traduit aussi l’évolutionde leur recrutement.Le SNES demande régulièrement, à l’oc-casion des audiences et des courriersadressés à l’IGEVS, une révision du cal-cul du temps de service qui permetteaux professeurs documentalistes d’avoirdu temps pour rencontrer les collèguesde discipline, préparer et évaluer lesséances, assurer le suivi des élèves. Bienentendu, les conditions de réalisationd’une révision du calcul du servicedépendent de la politique de recrute-ment, les CDI devant être pourvus enpostes de titulaires pour ne pas prendrele risque de les voir fonctionner avec dupersonnel non qualifié et de voir sedégrader les conditions de travail desenseignants documentalistes en poste.Depuis une dizaine d’années le SNESréfléchit à des propositions alternatives.La première adoptée au congrès de Lille(1999) consistait à coefficienter le servicedes certifiés (18 heures) par 1,5 pour

tenir compte des tâches de gestionen temps réel (1 heure = 1 heure) etdes tâches de formation (1 heure =2 heures), ce qui aboutissait à un servicede 27 heures. Au congrès de Toulousede 2003, cette proposition est abaissée à26 heures pour s’aligner sur la revendi-cation du SNES d’une diminution duservice des certifiés à 17 heures. Mais audernier congrès du SNES cette proposi-tion d’un forfait de 26 heures a été réin-terrogée à la lumière du nouveau man-dat demandant l’instauration d’unenseignement de l’information-docu-mentation avec un horaire attitré : « Pourle service des certifiés en documenta-tion, le SNES revendique actuellementun forfait de 26 heures prenant encompte leur double fonction, gestion-naire et pédagogique. Si un horairevenait à être attribué à l’enseignement del’information-documentation en collègeet lycée, il faudrait réfléchir à un nou-veau calcul de service dans lequel lesheures d’enseignement compteraientpour deux heures » (Perpignan, 2009).L’instauration d’un enseignement offi-ciel de l’information-documentation esten effet indissociable de la révision ducalcul des certifiés documentalistes, souspeine d’asphyxie des collègues. Laréflexion sur ce sujet est donc plus quejamais urgente.

Une injustice doit cesser concernantles professeurs documentalistes dontles travaux supplémentaires éventuelsne peuvent être rémunérés en HSA ou

2.4. Une inégalité persistante : indemnités et rémunération pour les travaux complémentaires

(23) Décret 80-28 du 10 janvier 1980,« Exercice de fonctions de documentation etd’information par certains personnels relevantdu ministre de l’Éducation nationale »(24) Circulaire 79-314 du 1er octobre 1979,« Exercice de fonctions de documentation etd’information par certains personnels ensei-gnants du ministère de l’Éducation ».(25) En ligne sur www.snes.edu/observ/spip/IMG/pdf_enquete_metier.pdf

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PARTIE 1. Professeur documentaliste, un métier exigeantPARTIE 1. Professeur documentaliste, un métier exigeant

HSE au taux normal et qui ne perçoi-vent pas l’ISOE.Les professeurs documentalistes per-çoivent une indemnité de sujétions par-ticulières(26) dont le montant est moitiémoindre de celui de l’ISOE perçu parleurs collègues enseignants. La partfixe(27) est « liée à l’exercice effectif defonctions enseignantes, au suivi indivi-duel et à l’orientation des élèves, à laparticipation des conseils de classe » et lapart modulable comportant « la prépa-ration à l’orientation des élèves, en liai-son avec les CO-Psy et les parentsd’élèves ». L’ISOE avait été créé en 1989à la suite de mouvements de grève dansl’Éducation nationale sur la revalorisa-tion. Les CPE, CO-Psy et documenta-listes avaient été à l’époque exclus decette mesure. Les protestations du SNESavaient alors permis la création de cetteindemnité forfaitaire, maigre compen-sation pour l’investissement des pro-fesseurs documentalistes qui n’est donctoujours pas reconnu à sa juste valeur :« J’ai moi aussi noté les élèves de Sixième,et rempli les bulletins, je n’ai rien à redireà ça, ça fait partie du rôle du professeur,et ce n’est pas pour moi une corvée ».Pourquoi dans ce cas, n’est-il pas pos-sible alors de percevoir l’ISOE ? « Parcontre, les professeurs des autres disci-plines sont payés en plus pour lesconseils... eh oui... Mais nous les docs on

ne peut pas faire d’heures sup, ou alorsà nos frais... Désolée, mais je n’acceptepas de bosser gratuitement, alors quemes semblables sont payés... Et les moisne sont pas toujours faciles à finir chezmoi, alors c’est non. Et puis il n’y a pasde raison, c’est une question de prin-cipe... À travail égal, salaire égal...(28) ».Les raisons avancées sont toujours lesmêmes : les enseignants documentalistesn’enseignent pas (sic !). Pourtant, nesont-ils pas à certains moments de leurservice en présentiel, dans le sens où ilsont une classe en responsabilité ? Et lesprofesseurs documentalistes sont bienconcernés par le suivi et l’orientationdes élèves dans les faits, conformémentà ce qui est déjà mentionné en 1986dans la circulaire de missions(29). Car oùse trouve le kiosque Onisep, si ce n’estau CDI ? Qui se charge de mettre à jourla documentation sur l’orientation ? Et quis’occupe de former les élèves à l’utilisa-tion des différents outils d’information surl’orientation ? Et qui s’occupe de former les élèves àl’utilisation des différents outils sur l’orien-tation ? Comme tout enseignant, le pro-fesseur documentaliste participe, avecsa spécificité, à l’Education à l’orientation.Il ne s’agit pas de remplacer lesconseillers d’orientation-psychologues oude prendre en charge de nouvelles mis-sions mais d’être rémunéré pour les

tâches effectuées dans ce cadre. C’estpourquoi le SNES revendique que l’in-demnité forfaitaire que perçoivent lesdocumentalistes certifiés soit portée aumême taux que l’ISOE.Toujours en faire plus pour toujoursmoins de reconnaissance : c’est le propredes enseignants documentalistes partici-pant à l’accompagnement éducatif etplus généralement, effectuant des heuressupplémentaires. Le débat sur cette ques-tion est déjà ancien : entre ceux qui nesouhaitent pas accepter une surcharge detravail et ceux qui souhaiteraient unerémunération de leur investissement dansles projets menés au même titre queleurs collègues enseignants.La lecture régulière des messagespubliés sur les listes de diffusion pro-fessionnelles montre combien les ensei-gnants documentalistes sont impliquésdans nombre de projets : « Je suis res-ponsable d’une classe lecture/écrituredepuis une dizaine d’années danslaquelle j’enseigne au minimum 1 heurepar semaine (heure à l’emploi du tempsdes élèves), j’organise les sorties, les ate-liers, les rencontres avec intervenantsextérieurs et une classe de découverted’une semaine que je planifie et quej’encadre de A à Z. Pour cette classec’est moi qui remplis le dossier dedemande de classe à PAC (Projet artis-tique et culturel). Je suis aussi prési-dente du FSE (Foyer Socio-Éducatif) etj’organise les clubs du midi. J’anime unclub de loisirs créatifs, une fois parsemaine. Je remplis le dossier d’activitéspéri-éducatives où je déclare les profes-seurs qui animent ces clubs, ceux-ci

(26) Décret n° 91-467 du 14/05/1991 insti-tuant une indemnité de sujétions particu-lières en faveur des personnels exerçantdes fonctions de documentation ou d’infor-mation dans un lycée, un lycée profession-nel ou un collège(27) Décret n° 93-55 du 15 janvier 1993Indemnité de suivi et d’orientation des élèvesen faveur des personnels enseignants dusecond degré(28) Message du 19 juin 2006 issu de la listeCDI-doc(29) Circulaire n° 86-123 du 13 mars 1986,« Missions des personnels exerçant dans lescentres de documentation et d’information ».

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PARTIE 1. Professeur documentaliste, un métier exigeantPARTIE 1. Professeur documentaliste, un métier exigeant

pouvant percevoir des heures. Et pourtout ce travail supplémentaire on medit que je n’ai droit à rien parce que jesuis documentaliste ! Je croyais qu’entant que certifiée, je faisais partie ducorps enseignant ! Décidément c’estcomme pour l’ISOE nous sommes desprofs à demi-tarif » (30).Ou bien plus récemment, concernantla semaine de la Presse, un messagediffusé le 6 janvier 2009 sur la liste e-doc :« Depuis le début du CLEMI (Centre deliaison de l’enseignement et des médiasd’information), alors même que noussommes, par exemple pour la semaine dela Presse, les principaux acteurs de cetteaction, nous en sommes également lesprincipaux exclus via les HSE ou HSA.Dès qu’un dispositif est mis en place(B2i, TPE, etc.) nous sommes évidem-ment cités (en tant que CDI) mais jamaisintégrés en reconnaissance ou rémuné-ration. C’est très simple, vous pouvezfaire toutes les activités pédagogiquesque vous voulez, mais “gratuitement”. Etle problème n’est pas celui des heuressup ou d’être payé au même taux (poursauver un dispositif d’accompagne-ment...) mais bien d’être reconnus etpayés en “tant qu’enseignant”, autre-ment dit en HSA ou HSE » (31).Il ne se passe pas une semaine sansqu’un ou une collègue ne pose la ques-tion de la rémunération de tel ou tel pro-jet dans lequel il s’est investi, avec tou-jours pour seule et unique réponse :« Mon chef d’établissement vient dem’avertir que la doc n’a pas droit auxHSE, qu’en est-il d’un texte officiel ? » oubien « Mon chef d’établissement a appeléle rectorat pour savoir si je pouvais béné-ficier des HSE et la réponse est non ».La difficulté vient du fait que les profes-seurs documentalistes sont classés dans lacatégorie « surveillance » aux côtés des« AE » (Adjoint d’Enseignement), catégo-rie pour laquelle le taux d’une HSE est de12,71 euros de l’heure. Il est vrai qu’avantla création du CAPES, les documenta-listes étaient majoritairement des AE. Maissi la catégorie des AE tend aujourd’hui àdisparaître, les certifiés de documentation,recrutés depuis 1990, ne sont pas toujoursintégrés dans la catégorie de bénéficiaires« Professeur certifié et assimilé », ce qui les

en exclut de fait. Or une HSE pour uncertifié équivaut à 37,18 euros...(32)

Comment l’administration justifie-t-ellecette inégalité de traitement ? « Cela sejustifie par le fait que le mode de calculdes indemnités pour heures supplémen-taires d’enseignement est étroitement liéaux obligations réglementaires de ser-vice des personnels enseignants. Dansces conditions, étant donné que les pro-fesseurs documentalistes sont soumis àdes obligations de service différentesfixées par le décret n° 80-28 du 10 jan-vier 1980 relatif à l’exercice des fonctionsde documentation et d’information parcertains personnels relevant du ministèrede l’Éducation nationale, ils ne peuventbénéficier des indemnités réglementéespar le décret du 6 octobre 1950 (33) ».Quelques arrangements financierssont éventuellement proposés, selon lescas : heures péri-éducatives à un tauxde 23,15 euros(34) (décret 90-807 du11/09/1990), vacations (environ 15 euros)ou bien une rémunération en tant qu’in-tervenant extérieur, ce que n’hésitent pasà proposer certains chefs d’établissementdans le cadre notamment de projets finan-cés par les départements ou les régions !On est donc bien loin du compte !Dernier avatar en date, la rémunérationde l’accompagnement éducatif. Il nes’agit pas ici de revenir sur les raisons etles modalités, contestables, de ce nou-veau dispositif et de la manière dont ilimplique les documentalistes en détour-nant le CDI de sa fonction première

mais de souligner la différence de trai-tement financier entre un certifié enDocumentation et un certifié d’une autrediscipline, pour une participation équi-valente à ce dispositif. Ce point a déjàsoulevé l’indignation des enseignantsdocumentalistes lorsque la mesure a étéannoncée. Une circulaire adressée auxrecteurs en octobre 2007 précise eneffet : « les heures de travail consacréespar ces personnels (personnels d’éduca-tion, de documentation, d’orientation,MI-SE et personnels administratifs), au-delà de leurs obligations réglementairesde service, aux différentes activités s’ins-crivant dans le cadre de l’accompa-gnement éducatif hors temps scolairesont rémunérées par le paiement desvacations réglementées par le décretn° 96-80 du 30 janvier 1996 (codeindemnitaire 510). Montant de la vaca-tion = 15,86 euros par heure ».La réaction du SNES n’a pas tardé : enjuillet 2008 Frédérique Rolet, cosecrétairegénérale du SNES, reçoit un courrier duministre s’engageant à régler ce conten-tieux. Mais la polémique s’amplifie à larentrée 2008 avec la parution de la lettreFlash indiquant dans les mesures pourla revalorisation du métier : « un tauxidentique des heures supplémentaireseffectives (HSE) pour les certifiés, les CPEet les documentalistes » alors qu’aucundécret n’est publié pour rendre effectivecette mesure. Dans un courrier du16 décembre, le SNES demande la publi-cation immédiate du décret de la mesureannoncée concernant les HSE(35). LaFadben, quant à elle a initié dès octobreune campagne de sensibilisation et d’in-formation à l’attention des députés et

(30) www.snes.edu/spip.php?article6786« Paroles d’e-docs 2007-2008 »(31) Message publié sur la liste e-doc le6 janvier 2009(32) « Le Point sur les salaires », suppl. aun° 685 de L’US du 17 octobre 2009(33) Réponse à la question écrite n° 17040sur la rémunération des documentalistes deCDI publiée au JO du 22/04/08(34) BO n° 19 du 8 mai 2008 : descriptif etmontant des indemnités. L’indemnité pouractivité péri-éducative(35) www.education.gouv.fr/lettre_informa-tion/lettre_flash/lettre_flash_70.htm

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PARTIE 1. Professeur documentaliste, un métier exigeantPARTIE 1. Professeur documentaliste, un métier exigeant

sénateurs. Au 1er janvier, trois sénateurset treize députés ont déposé des ques-tions écrites à l’attention du ministre del’Éducation nationale(36) mais la rému-nération des enseignants documenta-listes engagés dans l’accompagnementéducatif est toujours de 15 euros.Quelques semaines plus tard, commel’avait annoncé le ministère dans uneaudience accordée au SNES le 13 jan-vier(37), le décret relatif à la rémunérationdes heures supplémentaires dans lecadre de l’accompagnement éducatif estpublié au Journal Officiel du 23 jan-vier(38). Pourtant, ce qui aurait pu être unebonne nouvelle, tant attendue, n’est enréalité qu’un pis-aller : si le montant aété réévalué (les enseignants documen-talistes pouvant désormais être rému-nérés 30 euros de l’heure dans le cadrede l’accompagnement éducatif), lecompte n’y est pas puisque l’inégalitésubsiste, le taux n’étant toujours pasidentique à celui d’une HSE de certifié.Le taux reste inférieur. De plus, aucunedéfiscalisation n’est possible(39). Quant àla question de l’application rétroactive,celle-ci ne semble pas prévue... En plusde réaffirmer l’inégalité de traitemententre les certifiés documentalistes et lesautres certifiés, cette mesure donne unargument aux chefs d’établissement pourinciter fortement les enseignants docu-mentalistes à prendre part à l’accompa-gnement éducatif, entérinant le trans-fert d’une partie de nos missions horstemps scolaire et ne règle en rien leproblème des heures supplémentaireseffectuées par les collègues dans d’autrescadres (projets divers, classe à PAC...).

Plus de vingt ans après la création du CAPES, lesrevendications catégoriellessont toujours d’actualitéDepuis la création du CAPES, le statut decertifié des enseignants documentalistesn’est toujours pas reconnu à partentière : absence d’inspection spéci-fique, refus d’une agrégation, de l’attri-bution de l’ISOE, problèmes persistantspour la rémunération des heures sup-plémentaires. Le SNES, lors de sescongrès nationaux a multiplié lesmotions dans lesquels il demande :

• la création d’une inspection spécifique :« Le SNES revendique, pour les CPE et lesdocumentalistes, des inspections spéci-fiques » (Lille, 1999, Toulouse, 2003,Clermont-Ferrand, 2007). « Notre revendi-cation de création d’inspections spéci-fiques qualifiées dans les disciplines (docu-mentation, technologie, éducation) doitenfin être satisfaite, l’écart entre l’inspec-tion vie scolaire et le haut niveau de qua-lification exigé par le master, la rendantplus urgente encore ». (Perpignan, 2009) ;• la revalorisation du métier avec la créa-tion de l’agrégation : « La création desagrégations dans toutes les disciplines etspécialités (documentation, technologie,hôtellerie tourisme, éducation...) » (Lille,1999, Clermont-Ferrand, 2007) ;• la modification du calcul de notre ser-vice pour une prise en compte de notrerôle pédagogique : « Le SNES demandeque le service des enseignants documen-talistes soit rattaché au décret de 1950 etcalculé à partir du service des certifiéscoefficienté par 1,5 pour tenir compte destâches de gestion en temps réel(1 heure = 1 heure) et des tâches de for-mation (1 heure = 2 heures), soit27 heures » (Lille, 1999). « (...) Pour lesenseignants documentalistes le mandatde 27 heures (18 heures × 1,5) ne tenantpas compte du mandat d’étape de17 heures pour les certifiés, nous proposonsun service de 26 heures hebdomadaire(17 heures × 1,5) pour leur permettre dedégager le temps nécessaire à leur travailpédagogique (préparations, évaluations,

concertations) (Toulouse 2003, Clermont-Ferrand, 2007). « Pour le service des certi-fiés en documentation, le SNES reven-dique actuellement un forfait de 26 heuresprenant en compte leur double fonction,gestionnaire et pédagogique. Si un horairevenait à être attribué à l’enseignement del’information-documentation en collègeet lycée, il faudrait réfléchir à un nouveaucalcul de service dans lequel les heuresd’enseignement compteraient pour deuxheures » (Perpignan, 2009) ;• l’accès à l’ISOE et aux HSE : « En outre,une injustice doit cesser concernant lesprofesseurs documentalistes dont les tra-vaux supplémentaires éventuels ne peu-vent être rémunérés en HSA ou HSE autaux normal et qui ne perçoivent pasl’ISOE. [...] (Toulouse, 2003) ». « Le congrèsrappelle son exigence de voir porter lesindemnités versées aux CPE, documen-talistes et CO-Psy au niveau de la part fixede l’ISOE et leurs HS au niveau de celles

(36) www.snes.edu/spip.php?article16223(37) La réponse au député Guérini a finale-ment été publiée au Journal Officiel du 17 sep-tembre 2009. Rien de nouveau ni de surpre-nant dans cette réponse : les professeursdocumentalistes ne peuvent percevoir de HSEau même titre que les autres enseignants maisun effort a été fait pour porter cette rémuné-ration à 30 euros afin de reconnaître leur« investissement ». À lire sur www.senat.fr/questions/base/2009/qSEQ090709368.html(38) www.snes.edu/spip.php?article16308(39) www.legifrance.gouv.fr/affichJO.do?idJO=JORFCONT000020137813

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Observatoire national des programmes et des pratiques • Supplément à L’US no 721 du 2 juin 2012 19

PARTIE 1. Professeur documentaliste, un métier exigeantPARTIE 1. Professeur documentaliste, un métier exigeant

Le CAPES de documentation a été créé en1989, permettant enfin aux enseignants

3.1. Postes aux CAPESdepuis 1989 : un recrutementen dents de scie

documentalistes d’obtenir un vrai statut etde fonder le recrutement sur une réellequalification. Les documentalistes étaientjusque-là recrutés sur la base de leur« motivation » et de critères géographiques ;étaient également affectés dans les CDI lesprofesseurs en difficultés professionnelles

ou personnelles. Depuis 1990, le nombrede postes mis au concours a été trèsvariable selon les années. Les premières années (1991-93), leministère a recruté massivement afin defaire face aux besoins mais a, par lasuite, enclenché une baisse du nombrede postes. Cette baisse soudaine traduitune absence de prévision démogra-phique et le refus de s’engager sur untaux d’encadrement en enseignantsdocumentalistes qualifiés dans les éta-blissements scolaires. Le faible nombrede postes mis aux concours a persistéplusieurs années creusant ainsi le défi-cit en personnels et obligeant le minis-tère à créer des listes complémentairesde 2000 à 2002 (fait qui est resté excep-tionnel cependant pour le recrutementen documentation).À partir de 2002, on constate une aug-mentation des postes aux concours quise maintient jusqu’en 2005 (soit plus de400 postes par an). Cette hausse serait-elle due à une prise de conscience de la

3. L’état chiffré de la documentation :vers une discipline en voie de disparition ?

L’arithmétique impitoyable du non-remplacement de deux professeurs documentalistes sur troisest en marche. Cette politique a des conséquences désastreuses sur le terrain, les rectorats pratiquant

d’intolérables « bricolages administratifs » pour gérer la pénurie. Une véritable régression, plus de vingt ansen arrière, alors que la création du CAPES de Documentation en 1989 pouvait laisser espérer la reconnaissance

d’une réelle qualification pour les professeurs documentalistes de l’enseignement secondaire.

CAPES interne Nombre

Année CAPES 3e concours CAPES Examen total deexterne du CAPES réservé professionnel candidats

admis

1990 110 330 440

1991 389 515 904

1992 560 556 1 116

1993 569 476 1 045

1994 250 200 450

1995 200 97 23 320

1996 130 55 25 210

1997 100 50 22 28 200

1998 100 50 20 50 220

1999 120 60 65 245

2000 160 (+ 20) 50 56 286

2001 178 (+ 61) 42 40 321

2002 240 (+ 61) 48 (+ 14) 89 (110) 45 (+ 10) 507

2003 240 52 86 (215) 20 29 427

2004 233 52 84 18 20 407

2005 285 80 52 18 20 455

2006 180 (+ 1) 50 20 251

2007 180 50 18 248

2008 135 42 15 192

2009 135 42 15 192

2010 135 42 15 192

2011 145 46 15 206

2012 157 50 15 222

En noir : nombre de postes et candidats admis. En rouge : liste complémentaire. En vert : nombre de postes mis au concours)

spécialisé

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20 Observatoire national des programmes et des pratiques • Supplément à L’US no 721 du 2 juin 2012

PARTIE 1. Professeur documentaliste, un métier exigeantPARTIE 1. Professeur documentaliste, un métier exigeant

nécessité de pourvoir les CDI de pro-fesseurs documentalistes qualifiés ?Pourtant, dès 2006, le recrutement s’af-faiblit considérablement jusqu’à atteindrele chiffre de 192 en 2008 et 2009. Or lesbesoins estimés, du fait de nombreuxdéparts à la retraite prévus, sont beau-coup plus importants et le recrutement,dès lors, insuffisant.

Quel est le nombre exact de profes-seurs documentalistes en France, aussibien dans l’enseignement public queprivé ? Une enquête menée par laDirection de la programmation et dudéveloppement (DPD) datée de février1999 estimait le nombre total de docu-mentalistes à 8 380. À cette époque envi-ron 200 collèges étaient privés de posted’enseignant documentaliste ainsi qu’unedizaine de lycées professionnels et sur-tout plus des 3/4 des lycées fonction-naient avec un seul poste. Quelquesmois plus tard, le ministère annonçait lechiffre de 9 024 postes, en comptabili-sant cette fois les personnels « ratta-

3.2. Combien de certifiés en documentation dans lescollèges et lycées de France ?

chés » en CDI. En 1999, il était doncimpossible d’obtenir un état de lieuxofficiel concernant le nombre de pro-fesseurs documentalistes en fonction.Et dix ans plus tard, c’est toujours lecas. En 2006, l’Onisep établissait lenombre d’enseignants documentalistes à9 730 dans une de ses publications(Parcours n° 43, consacrée au « Livre età la Bande Dessinée »). Les chiffres lesplus récents de la DEPP (2011) : 8 837certifiés en Documentation en postepour 11 295 établissements du secon-daire soit en moyenne moins d’un postede certifié en Documentation par éta-blissement.

Au-delà du nombre exact de profes-seurs documentalistes exerçant aujour-d’hui, il est important de connaître lesbesoins pour les années à venir. En

3.3. Des prévisions alarmantespour les années à venir

décembre 2002 la DPD, prévoyait desbesoins variant selon les années de343 postes (2004) jusqu’à 530 (2007) :En mai 2004, l’estimation réalisée par laDEPP fait état d’un besoin de 501 postesannuels pour la période 2005-2009 et de470 postes annuels pour la période2005-2012. La DEPP a même revu leschiffres à la hausse en 2008 : 531 postesen 2008, 490 en 2009.Le nombre de postes aux concours(222 en 2012) apparaît alors dérisoire.Soulignons également que le nombrede stagiaires in fine est moins élevé quele nombre de postes ouverts et ce, pourdiverses raisons – réussite à d’autresconcours, démissions : en 2008, 240 sta-giaires seulement pour 250 lauréats auconcours.Lorsque l’on pousse la comparaison deces estimations avec les chiffres desrecrutements aux CAPES, que ce soit en2007 ou en 2008, plus d’un poste surdeux n’a pas été remplacé. La situationest encore plus critique à la rentrée 2009avec deux postes sur trois non rempla-cés. On constate donc une constantediminution du renouvellement des postesdepuis 2005 alors que le taux d’enca-drement était déjà très insuffisant.Ce déficit des recrutements va accen-tuer de façon dramatique le phéno-mène des postes restés vacants à l’issuedes mouvements intra. Les rectoratsaffectent sur ces postes des personnelsen reconversion « forcée », des person-nels d’autres disciplines en surnombre,des documentalistes contractuels voiredes personnels avec un statut encoreplus précaire (personnes en contratsd’avenir, « CAE », par exemple) et biensûr sans formation digne de ce nom, niréel accompagnement. La multiplica-tion de ces « bricolages administratifs »pour pourvoir les postes en CDI est letémoin, une fois de plus, que la spéci-ficité du métier d’enseignant docu-mentaliste est méconnue voire, plussûrement, niée.

Comparaison entre le recrutement et les besoins

Année 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011

Nombre de postes 408 376 343 406 484 530 506 496 455 399

nécessaires

En 2007 et 2008, plus d’un poste sur deux n’a pas été remplacé. Une proportion qui atteintdeux sur trois à la rentrée 2009. Pourtant le taux d’encadrement est déjà nettement insuffisant :en moyenne 1,1 certifié en documentation par CDI.

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Observatoire national des programmes et des pratiques • Supplément à L’US no 721 du 2 juin 2012 21

PARTIE 1. Professeur documentaliste, un métier exigeantPARTIE 1. Professeur documentaliste, un métier exigeant

La baisse des recrutements se traduitdans les académies par des consé-quences désastreuses.On constate tout d’abord une multiplica-tion des postes vacants. D’après les infor-mations recueillies par le SNES, au moins200 postes sont restés vacants à la rentrée2007, soit trois fois plus qu’en 2005. À larentrée 2008, les postes restés vacantsont atteint le chiffre de 352. Certainesacadémies sont particulièrement touchées.C’est le cas de l’académie de Lille avec91 postes restés vacants après le mouve-ment intra de juin 2008, de l’académie deVersailles (48 postes vacants), de cellede Nancy-Metz (22) ou encore de celled’Amiens (15). Et à la rentrée 2009, lespostes vacants ont augmenté de 30 % cequi fait un total de près de 500 postes.Presque toutes les académies sont concer-nées par ce phénomène même si desdifférences importantes sont constatées.De plus, nous assistons à la suppressionde postes dans les « gros établisse-ments » qui bénéficiaient souvent d’unsecond, voire d’un troisième poste.Quelques exemples à la rentrée 2009 :neuf suppressions dans l’académie de

3.4 Des conséquencesdésastreuses dans les académies en terme de postes et d’emplois

Grenoble, deux dans les académies deLille et Lyon.En outre certains nouveaux établisse-ments ont ouvert sans que soit créé deposte de professeur documentaliste. Ce futle cas dans l’académie de Nice à la rentrée2008, et dans l’académie de Lyon en 2009.Il ne faut pas oublier non plus lemanque criant de remplaçants(Titulaires sur zone de remplacement,TZR) en documentation dans de nom-breuses académies. En septembre 2008,il n’y avait aucun TZR en documentationdans les académies de Dijon et deReims, seulement un dans l’académie deCorse, six dans l’académie de Rennespour 328 postes, six également à Lillepour 550 postes. Ces chiffres ne per-mettent pas d’assurer les remplacementsde courte ou moyenne durée des pro-fesseurs documentalistes, dus auxcongés maternités ou autres congésmaladies, par exemple.Enfin, les rectorats ont recours très régu-lièrement à des pratiques inadmissibles,assimilables à des « bricolages adminis-tratifs » pour pallier la pénurie de per-sonnel qualifié.Des pressions sont exercées sur les TZRd’autres disciplines – parfois très éloi-gnées de la documentation telle l’édu-cation physique et sportive – non volon-taires, pour qu’ils acceptent desaffectations en Documentation.

Des enseignants de diverses disciplinessont incités à se reconvertir vers laDocumentation sans respect du volon-tariat ni réelle formation. Dans cer-taines académies les plans de formationsont tout simplement inexistants(Besançon, Limoges, Paris, parexemple) ; ailleurs ils sont très som-maires (Versailles avec seulement60 heures de formation en premièreannée puis 30 heures en deuxième outroisième année), parfois plus structu-rés (comme à Nantes avec 250 heuressur deux ans et la désignation d’untuteur). Mais dans tous les cas, iln’existe aucune transparence sur lesuivi des personnels sortis de ces dis-positifs sans avoir réussi le CAPESinterne ni obtenu de changement dediscipline prononcé par l’Inspectiongénérale. Combien continuent à « fairefonction » de documentaliste alors qu’ilsn’ont plus d’espoir d’être titularisésdans la discipline ?De façon quasi systématique, les per-sonnels en difficulté – souvent à la suitede problèmes de santé, congé de longuemaladie ou de longue durée, personnedéclarée « inapte à l’enseignementdevant élève » par un comité médical –sont inscrits dans un dispositif deréadaptation ou de reconversion versla Documentation, l’administration consi-dérant que la nomination dans un CDId’un enseignant en difficulté profes-sionnelle ne posera aucun problème.Dernier avatar du système : laDocumentation est utilisée dans le cadrede la fameuse « seconde carrière » miseen avant dans la réforme des retraites de2003 pour pallier les difficultés desenseignants causées par un départ enretraite plus tardif (après 60 ans). Lesaffectations de ces collègues en CDIsont souvent prononcées sans aucunaccompagnement. En fait de « secondecarrière », la fonction de ces collègues selimitera donc à ouvrir la porte du CDIjusqu’à leur mise en retraite.Le SNES n’a cessé d’agir pour dénoncerces pratiques. Ainsi, dans l’académiede Lille, depuis 2006, le rectorat affectemassivement des TZR non volontairesen documentation. Le SNES a soutenules collègues qui ont assigné leur admi- ➜

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22 Observatoire national des programmes et des pratiques • Supplément à L’US no 721 du 2 juin 2012

PARTIE 1. Professeur documentaliste, un métier exigeantPARTIE 1. Professeur documentaliste, un métier exigeant

nistration en justice. Et le 9 janvier 2008,le tribunal administratif a condamnél’administration à verser 1 000 euros dedommages et intérêts à une TZR certi-fiée de lettres modernes. Ce jugementétait accompagné de l’annulation del’arrêté affectant cette collègue hors desa discipline, en documentation(1). Malgré tout, ces différentes pratiquescontinuent à se développer dans denombreuses académies. À la rentrée2008, le nombre des enseignants docu-mentalistes faisant fonction était de 115à Lille, 33 à Versailles, 24 à Rennes, 19à Poitiers et à Montpellier ou encore 14à Nantes et Reims.Les enquêtes, menées chaque annéepar le SNES en septembre dans les dif-férentes académies, font le constat de lamultiplication de ces situations problé-matiques et de la dégradation par consé-quent de leurs conditions de travail. Lestémoignages de certains collègues per-mettent également de cerner plus pré-cisément l’étendue de ces problèmes.Ainsi, Karine, de l’académie de Lille, faitpart en octobre 2007 de la difficulté desa situation, conséquence directe dumanque de recrutement : « Je suis pro-fesseur documentaliste en collège. À mi-

temps cette année, j’ai appris le jour de larentrée qu’aucun prof-doc n’avait éténommé en complément. En revanche,un collègue de langues, à qui on n’aattribué que 9 heures de cours dans unlycée distant d’environ 50 km, a éténommé. Son PV d’installation mention-nait 18 heures au CDI (soit 9 heures decours + 18 heures au CDI !). Il a dûsigner ce PV, a appris ensuite que sesheures d’enseignement dans sa disciplinelui avaient été tout simplement suppri-mées alors que son emploi du temps luiavait été remis, qu’il avait démarré sescours avec ses étudiants en classe prépa !Il effectue donc la totalité de son horaireau CDI, sans indemnités de déplacement,sur un poste de prof-doc pour lequel il n’aaucune formation... Et il est titulaired’un doctorat ! » (Paroles d’e-doc 2007-2008, Karine, Lille ; « Y a-t-il un pilotedans l’avion de la gestion des ressourceshumaines », 4 octobre 2007).Autre académie, mêmes difficultés. Voicile récit d’une collègue de l’académie deGrenoble en novembre 2008 : « Un col-lège, un lycée de la Seconde à laTerminale, une SEP (petit LP). Nousavons été jusqu’à trois documentalistes,puis deux et l’année dernière un poste aété supprimé. Je me retrouve seule. Hiervisite du nouvel inspecteur d’académie.Réunion avec l’équipe de direction,quelques collègues et moi. J’ai revendiquéla création d’un autre poste, mademande a été jugée d’emblée irrece-vable par ce Monsieur et voici ses argu-ments affichés haut et fort : ce qui comptec’est que le CDI soit ouvert, les lycéensdoivent être en autonomie et je n’ai qu’àm’occuper uniquement des collégiens !Même pas question des TPE, d’une éven-tuelle participation des documentalistes...La cité scolaire est en restructuration, j’aidéjà fait un déménagement et je vais enrefaire un autre pour rejoindre les locauxneufs. Les lycéens ont une salle d’étudespourrie, à côté d’une salle télé avec beau-coup de bruit. Le CDI (pas très grandactuellement) est le seul lieu un peuagréable pour eux, ils viennent beaucoup.Les choix entre accueillir collégiens oulycéens se font toujours au détriment desuns ou des autres, ce n’est pas toujoursfacile à gérer seule et voilà la considéra-

tion que l’on a de nos supérieurs ! C’estdu vécu. Je suis en “fin de parcours”, j’aiconnu de très bonnes choses ; j’aime cemétier mais je trouve la fin difficile ! »(Paroles d’e-doc 2007-2008, C., Grenoble,« La négation totale d’un quelconquerôle pédagogique », 27 novembre 2008).Si les difficultés sont grandes pour lesenseignants-documentalistes titulairesen exercice, elles le sont également pourles personnels en reconversion qui nereçoivent pas les formations nécessaires.C’est l’expérience qu’a vécue une col-lègue, en délégation fonctionnelle, del’académie de Versailles : « Je me suisretrouvée en responsabilité sans aucuneformation, si ce n’est une “aide à la prisede fonction” fin mars. On nous a faitmiroiter un changement de discipline.À ma connaissance aucune personnen’obtient ce changement dans l’acadé-mie. C’est pour cela qu’il y a des per-sonnes qui sont pendant sept, huit ans endélégation. Seuls des maîtres auxiliairesou des professeurs des écoles ont pu êtreintégrés. J’ai fini par obtenir le CAPESinterne mais cette année je n’ai aucuneformation à l’IUFM. J’ai appris il y aquelques jours seulement que j’avais unetutrice » (Stage syndical interacadémiqueIle-de-France, 9 septembre 2008).Les différents témoignages et enquêtesdu SNES mettent en avant la nécessitéd’augmenter les postes d’enseignantsdocumentalistes aux concours afin demettre en place un taux d’encadrementdans les Centres de Documentation etd’Information de deux postes minimumpar établissement. Depuis le congrès deLille (1999) le SNES porte le mandatd’un poste de professeur documenta-liste pour douze classes. Ce taux d’en-cadrement a été calculé de façon à ceque les documentalistes puissent remplirpleinement leurs missions pédagogiquesauprès des élèves. La formation à lamaîtrise de l’information est un droitpour les élèves. Mais il restera virtuel tantque ne seront pas recrutés suffisammentde professeurs documentalistes titulairesd’un CAPES. ●

(1) Sur le site du SNES de Lille : « Une victoirepour les TZR et le SNES » : www.lille.snes.edu/spip.php?article1380©

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Observatoire national des programmes et des pratiques • Supplément à L’US no 721 du 2 juin 2012 23

PARTIE 2. Fonctionnement des CDIPARTIE 2. Fonctionnement des CDI

Dès 1999 au congrès de Lille, comptetenu des diverses missions qui incom-bent au professeur documentaliste à lafois enseignant et gestionnaire d’uncentre de ressources, le SNES a reven-diqué un taux d’encadrement d’un docu-mentaliste par tranche de douze classesainsi que la création d’un corps de secré-taires de CDI afin d’alléger le travail degestion des enseignants documenta-listes : « le SNES demande (...) la créationd’un corps de secrétariat de CDI pourl’aide à la gestion matérielle du fondsdocumentaire, afin de permettre auxdocumentalistes de recentrer leurs acti-vités sur les tâches pédagogiques. Cespersonnels ne devront en aucun cas sevoir confier l’ouverture des CDI, quiimplique une responsabilité pédagogiqueet de gestion pour laquelle ils ne serontpas qualifiés » (Lille, 1999).Dans la foulée de ce congrès, le SNESa amorcé la réflexion avec un autresyndicat de sa fédération, le SNASUB-FSU (Syndicat national de l’administra-tion scolaire universitaire et des biblio-thèques) sur un éventuel statut pour cespersonnels, existant ou nouveau. Undébouché aurait pu être proposé auxemploi-jeunes, dont certains avaienttravaillé plusieurs années en CDI sansavoir le niveau universitaire pour pas-ser le CAPES documentation. Mais larevendication du SNES demandant lacréation de nouveaux métiers n’a tou-jours pas eu de suite.En 2002, le ministère choisit en effetd’ouvrir, par redéploiement, des

1.1. Des aides-éducateurs aux assistants d’éducation

concours aux aides-éducateurs titulairesd’un bac + 2 et d’une ancienneté dequatre ans. Cette décision est une trèsmauvaise réponse au vrai problème dudevenir des emplois-jeunes. Sous cou-vert d’une mesure « sociale », le ministèreabaisse le niveau de recrutement desenseignants. Cette décision a été unleurre pour des milliers d’aides-éduca-teurs, eu égard au faible nombre depostes offert (au maximum 10 % del’ensemble des concours) et à la diffi-

culté des concours, pour lesquels ilsn’étaient pas préparés. La désillusion aété cruelle (voir tableau ci-dessous).À la suite de plusieurs rencontres avecla FADBEN, le SNES a cosigné avec l’as-sociation professionnelle et un certainnombre de syndicats un courrier auministère : « Tout en maintenant nosexigences quant au nombre de postesd’enseignants documentalistes offertsaux différents concours, nous avonsréfléchi à la possibilité d’obtenir une

1. La trop longue histoire de la précaritédes personnels d’aide-documentaliste dans les CDIDès 1974, le rapport de l’inspecteur général Tallon mentionnait la nécessité « d’étoffer le personnel,

non seulement en dotant les établissements d’un nombre de documentalistes bibliothécaires proportionnelà leurs effectifs, mais aussi et peut-être surtout en les faisant seconder [...] ». Mais ce besoin d’aide a étécomblé uniquement par le recours à du personnel précaire. Des TUC (Travaux d’utilité collective) aux

CAE (Contrat d’accompagnement dans l’emploi), en passant par les aide-éducateurs et autres contrats CES(Contrat emploi solidarité) tous ont montré l’impérieuse nécessité d’un personnel non enseignant dans les

CDI, pour seconder les professeurs documentalistes en les déchargeant de certaines tâches matérielles.

Année Nombre de postes ouverts au CAPES Nombre de reçusde Documentation 3e voie

2002 110 89

2003 215 86

2004 96 84

2005 80 52

En 2006 et 2007, le nombre de postes ouverts est tombé à vingt puis à quinze en 2008 et 2009

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24 Observatoire national des programmes et des pratiques • Supplément à L’US no 721 du 2 juin 2012

PARTIE 2. Fonctionnement des CDIPARTIE 2. Fonctionnement des CDI

aide technique au CDI. Celle-ci pour-rait prendre la forme de personnelsrecrutés dans le cadre d’un concoursexistant qui pourrait comprendre parexemple une option spécifique. Ceci per-mettrait d’éviter le recours à du person-nel précaire » (février 2005).Une délégation unitaire a été reçue parla DESCO le 30 mai de la même année.C’est une fin de non-recevoir qui lui aété opposée. Le commentaire publiédans L’US est sans détour : « trouvezdes solutions locales du côté des assis-tants d’éducation, la décentralisationmise en place renvoie sans doute cettehypothétique création à la responsabilitédes collectivités locales » (1).Depuis 2003 a été ouvert le recrutement« d’assistants d’éducation » lesquels peu-vent exercer, parmi les nombreusesmissions qui peuvent leur être confiées,un « appui aux documentalistes ». Ladéfinition insuffisante et ambiguë decette fonction a dans certains cas,abouti à des dérives. Pour masquerl’insuffisance des postes de certifiésdocumentalistes, on a voulu leur faireouvrir et fonctionner les CDI en l’ab-sence du professeur documentaliste.Le SNES, en totale opposition avec cettedémarche, a soutenu les collègues quiétaient en désaccord avec leur chefd’établissement sur cette question par lebiais de ses sections syndicales d’éta-blissement et académiques.

En 2007, lors des enquêtes menées par leSNES, il apparaît qu’un CDI sur deux enmoyenne ne bénéficie plus d’aucune aide,alors que les besoins sur le terrain sontréels. Rien d’étonnant dans ces condi-tions que la création d’un corps de secré-taire de CDI arrive en troisième positiondes revendications pour améliorer lemétier, toujours selon la même enquête.Le collectif national des enseignantsdocumentalistes du SNES réfléchit

1.2. Quelles tâches pour les aides-documentalistes ?

Tâches matérielles

• Équipement des livres (couverture, étiquetage)

• Entretien de la documentation (réparation des livres, périodiques...)

• Photocopies des documents CDI

• Manutention de séries de livres (pour les professeurs ou les élèves)

Travaux de tenue du fonds documentaire

• Rangement quotidien des livres, documentaires et de fiction, des spécimens, périodiques, dossiers documentaires, documentation sur les professions (ONISEP, CIDJ)

• Archivage des périodiques

• Inventaires

Travaux de secrétariat

• Maîtrise d’un traitement de texte (courrier, productions du CDI...)

• Tri du courrier (périodiques, éditeurs, informations culturelles...)et classement après traitement par les documentalistes

• Saisie de notices à partir de bordereaux

• Mise à jour des fichiers éditeurs(à remplir une fois par an pour l’envoi des spécimens aux professeurs)

Maîtrise technique du prêt

• Des ressources du CDI et dans certains établissements,des ressources collectives (séries d’œuvres...)

Connaissance de base des outils audiovisuels, informatiques et bureautiques, surveillance du fonds documentaire

• Mise à disposition des documents aux utilisateurs et vérification de leur retour

Qualités relationnelles compatibles avec un public de jeunes en autonomie relative

(1) L’US n° 620, 8/06/2005, Courtoux Danielle,Hennuyer Jean-Pierre. « Documentalistes :bonjour l’ambiance », p. 8.

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PARTIE 2. Fonctionnement des CDIPARTIE 2. Fonctionnement des CDI

personnels, au statut précaire, sans réfé-rentiel de tâches, se trouvent parfoisen responsabilité d’élèves. Il faut doncen finir avec ces pratiques néfastes pources personnes auxquelles l’on n’offreaucune perspective d’avenir, commepour les enseignants documentalistesqui ont besoin d’adjoints techniques à laqualification reconnue, respectés dansleur mission et stables dans leur poste.Revendication du SNES depuis 1999, lacréation d’un corps de secrétariat deCDI a évolué légèrement en 2003, aucongrès de Toulouse, pour surmonterles obstacles liés à la création d’un nou-veau corps. Le SNES demande désor-mais l’implantation de postes de secré-taires administratifs dans les CDI : « nepourrait-on créer, dans les CDI, despostes de secrétaire administratif commeil en existe déjà à l’administration et àl’intendance des établissements ? Cemandat est à discuter avec le SNASUB etla FSU. Il aurait l’avantage d’éviter lacréation d’un nouveau corps et de pro-poser aux personnels précaires (AE, CES)occupant ces fonctions d’accéder à des

emplois statutaires. Une réflexion estmenée en ce sens dans la FSU »(Toulouse, 2003).Aujourd’hui, il s’agit d’affiner cetterevendication validée par la professiondans deux enquêtes. Faut-il revoir leprofil proposé ? Le niveau de recrute-ment ? Quel statut envisager précisé-ment ? Quelle stratégie adopter pourobtenir l’implantation de ces postes ? Cequi est sûr, c’est que le besoin existeplus que jamais, que des personnessont toujours employées d’une façonprécaire et qu’à moins de renoncer àleurs tâches pédagogiques, les profes-seurs documentalistes ne pourront pastout assurer. Une politique ambitieused’emploi public s’impose !

depuis longtemps aux tâches qui pour-raient être confiées à ce type de per-sonnel. Un document de travail éla-boré il y a une dizaine d’années etconsultable sur le site du SNES en lis-tait un certain nombre.

Les personnels précaires, quel que soitleur statut (CUI-CES...) sont en majoritéaffectés dans les services de vie sco-laire et administratifs. Mais quand ils tra-vaillent dans les CDI, leur affectationest bien trop souvent synonyme de sub-stitution aux personnels en place, leurprésence permettant « d’arrondir » leshoraires d’ouverture du lieu.Le SNES est régulièrement intervenucontre ces pratiques auprès de l’ins-pection EVS, au niveau national et dansles académies(2). Il s’est toujours heurtéà des arguments fallacieux : « ce n’est pasune véritable ouverture », « c’est unaccueil minimum ». Reste le fait que des

1.3. Pérenniser le statut des aides-documentalistes

(2) Les services du ministère de l’Emploi ontété sollicités plusieurs fois par des militants duSNES au sujet du service des personnes encontrat CES. Les réponses envoyées ne lais-sent pas place au doute : ces salariés nepeuvent faire fonctionner seuls un service(ex. : le CDI). À lire sur www.snes.edu/docs/documents/ces.pdf

2. Des moyens budgétaires largement insuffisantsPour que le CDI d’un établissement scolaire fonctionne de manière satisfaisante, il est important que celui-ci

soit doté de moyens en personnels mais aussi de moyens financiers. Les budgets des CDIdoivent être en adéquation avec les besoins définis au préalable par le professeur documentaliste,

en liaison avec les équipes pédagogiques intéressées. Quelle est la situation des CDI aujourd’huien ce qui concerne les moyens budgétaires ? Sont-ils satisfaisants ?

Le budget du CDI faisant partie du bud-get de l’établissement, il est important des’arrêter quelques instants sur le fonc-tionnement de celui-ci. Les différentesressources financières d’un établissementscolaire proviennent principalement descollectivités territoriales (département,région) et des taxes d’apprentissage pourle professionnel, le technique et lesSEGPA et de quelques ressourcespropres (location de salles, objets confec-tionnés...). L’État garde à sa charge cer-

2.1. Quelques repères pour comprendre le budgetde l’établissement

taines dépenses liées à la gratuité ou àdes engagements de l’État (manuels sco-laires en collège, carnets de correspon-dance, reproduction d’œuvres protégées,TICE…) et les dépenses du programme« Vie de l’élève » (aides, bourses, fondssociaux...). Le budget est préparé par legestionnaire au cours du mois denovembre, pour l’année civile suivante,sous la responsabilité du chef d’établis-sement. Il est voté en conseil d’admi-nistration pour une durée d’un an.L’ordonnateur du budget est le chefd’établissement, le gestionnaire estchargé d’exécuter le budget. Ce sont lesprincipaux interlocuteurs de l’enseignantdocumentaliste pour le budget.©

C.M

artin

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PARTIE 2. Fonctionnement des CDIPARTIE 2. Fonctionnement des CDI

C’est le chef d’établissement avec l’aidedu gestionnaire qui propose la réparti-tion des différents crédits alloués en res-pectant les principales missions : fonc-tionnement pédagogique, vie de l’élève,fonctionnement général...La mise en œuvre de la LOLF n’a pasmodifié le plan comptable (divisé enchapitres et comptes), elle présentecertains crédits de manière globalisée,ce qui implique des votes préalables duCA sur leur répartition. En ce quiconcerne les crédits CDI(1), ils sont ins-crits essentiellement au chapitre A (A1 :dépenses pédagogiques générales, par-fois A2 : activités éducatives et péda-gogiques, régime spécial), le chapitre Dpour le matériel (fournitures, petitsmatériels, équipement), parfois la ligneJ3 pour les différents projets pédago-giques sans oublier les crédits dédiésaux TICE(2). La grande majorité desenseignants documentalistes disposede crédits CDI. Pourtant dans certainsétablissements, le professeur docu-mentaliste est confronté à l’absence debudget dédié au CDI : « la documen-taliste qui était avant moi sur le postem’a signalé en juin qu’il n’existait pasde ligne budgétaire pour le CDI (3) » oubien à la suppression de celui-ci quandil existait : « J’ai fait une proposition debudget pour l’année 2008 mais elle aété refusée par ma principale au titre dela LOLF et de la suppression des crédits

2.2. Une inégalité criante descrédits de fonctionnement duCDI selon les établissements

selon les disciplines » (4) (sic !). Proposspécieux et sans fondement régle-mentaire !Mais la question qui préoccupe la pro-fession concerne plus souvent le calculdu montant du budget alloué au CDI. Iln’existe pas de textes officiels qui fixe-raient une somme minimum par élèveou par type d’établissement. Dans sondiscours d’ouverture, Jean-LouisDurpaire, IGEN, lors de la réunion desInterlocuteurs académiques(5) en janvier2008 évoque « le budget global consacréaux acquisitions en CDI » soit une

moyenne de « 5 euros par élève en col-lège et de 8 à 10 euros en lycée ». Ceschiffres ont été obtenus à partir d’en-quêtes auprès de quelques établisse-ments scolaires.Ainsi, en l’absence de recommanda-tions officielles, c’est le chef d’établis-sement qui détermine le montant de laligne budgétaire du CDI. Bien entendu,le professeur documentaliste est l’inter-locuteur privilégié sur cette question :l’élaboration de celui-ci devrait se fairesystématiquement en concertation. Or,ce n’est pas toujours le cas. Des pro-

Exemple de budget CDI pour le collègeSynthèse d’informations recueillies par le groupe Documentation du SNES et

de témoignages parus sur les listes professionnelles CDI-doc et E-doc en 2007-2008

Département Effectifs Budget total Répartition Somme/élève

86 385 3 000 Livres : 1 600 7,80

Abonnements : 700

Abonnement en ligne : 400

Fournitures : 300

94 (en ZEP) 380 920 Livres : 470 2,40

Abonnement : 450

73 400 5 000 Livres : 3 000 12,50

Abonnements : 2 000

60 470 2 000 Livres : 1 000 4,25

Abonnements : 1 000

22 500 1 650 3,30

35 520 3 200 Livres : 1 300 6,15

Abonnements : 1 100

Divers : 500

Documentation autres : 300

50 550 Livres : 1 900 6,10

Ouvrages électroniques : 200

Abonnements : 1 260

07 575 1 500 Ouvrages et fournitures : 954 2,60

Abonnements : 546

75 (ZEP) 630 4 750 Livres : 3 000 7,50

Abonnements : 1 500

Orientation : 250

77 700 1 920 Livres : 590 2,75

Abonnements : 1 330

93 (en ZEP) 800 1 500 1,80

Exemple de budget CDI pour un lycéeDépartement Effectif Budget total Somme/élève

33 470 4 800 10,20

Exemple de budget CDI pour un lycée professionnelDépartement Effectif Budget total Somme/élève

67 420 2 000 4,75

(1) http://eprofsdocs.crdp-aix-marseille.fr/Depouillement-du-questionnaire-sur.html ;www.crdp.ac-grenoble.fr/doc/activpeda/politiquedoc/ress_doc_etablissement.htm ;www.snes.edu/spip.php?article6086(2) http://crdp.ac-bordeaux.fr/documenta-listes/formation_documentaire/realites_localesBUD.asp(3) Message issu de la liste CDI-doc le31 juillet 2007(4) Message issu de la liste CDI-doc le13 décembre 2007(5) www.educnet.education.fr/cdi/anim/interlocuteurs/reunions/reunion-2008/intervention-jl

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PARTIE 2. Fonctionnement des CDIPARTIE 2. Fonctionnement des CDI

fesseurs documentalistes sont informésdes crédits CDI peu de temps avant leconseil d’administration voire seulementaprès. Bien trop tard donc, pour inter-venir sur celui-ci. Témoin de cette situa-tion, les nombreux messages sur leslistes de discussion professionnelles surce sujet au cours du premier trimestrede l’année scolaire, période d’élabora-tion du budget. Parmi les demandesles plus fréquentes, la préoccupationde connaître la somme par élève dontdisposent les collègues en fonction del’effectif de l’établissement : « Pouvez-vous me communiquer quel est votrebudget (grosso modo) pour le CDIsachant que je travaille dans un col-lège de 500 élèves et que nous ne sommespas en zone prioritaire... Quels créditspour les livres ? Quels crédits pour lesabonnements...(6) ».Les disparités sont nombreuses entreles budgets des CDI. Le tableau ci-des-sous, non exhaustif, présente quelquesdonnées qui permettent de se faire uneidée des inégalités entre les créditsalloués pour le fonctionnement du CDI,en fonction des types d’établissements etégalement entre les académies et dépar-tements.Ainsi, même si pour certains établisse-ments, la moyenne évoquée par Jean-Louis Durpaire se vérifie, c’est loin d’êtrele cas pour de nombreux établissements.

Dans l’académie de Lille, la moyennepar élève pour un collège est de4 euros : « j’ai été inspectée au mois denovembre et l’IPR, dans son rapport, anoté que le budget du CDI (il s’agit d’uncollège) était inférieur à la moyenneacadémique (dans le Nord Pas-de-Calais, il précise qu’on compte 4 eurospar élève) (7) ». De plus, les collèges dontl’effectif des élèves est important sem-blent proportionnellement moins biendotés. Une enquête sur les moyens bud-gétaires des CDI du Limousin a mis enévidence que les petits collèges (< ou =à 300 élèves) ont une moyenne plusélevée que les gros collèges (> à 300)(8) !Cet effort réalisé par certains établisse-ments aux faibles effectifs est indispen-sable mais non généralisé. Enfin, lesétablissements dits difficiles, loin d’être

épargnés par les difficultés budgétaires,sont également concernés : « notre situa-tion : un budget de 1 500 euros(et encore, au début ce devait être1 100 euros, ce qui semblait déjà êtreune faveur au regard du discours dugestionnaire...) pour un collège de 800élèves classé « ambition réussite », ZEP,zone violence et tutti quanti (on a toutconnu, PEP4, APV...). Bien sûr, ce bud-get comprend tout, abonnements, livrescédéroms, fournitures...Heureusementqu’en tant que collège ambition réus-site, on était censé avoir des moyens etdes avantages en plus ! »(9).En 1994, dans son ouvrage Clés Pour leCDI, Jacqueline Bayard-Pierlot(11) annon-çait un budget moyen pour les collègesde 10 000 francs environ, pour les lycéespolyvalents de 30 000 à 60 000 francs etpour les lycées professionnels ou tech-niques de 40 000 francs. En 2005, l’en-quête réalisée dans l’académie d’Aix-Marseille fait état d’un budget moyenpour les collèges de 3 801 euros, de10 150 pour les lycées professionnels etde 7 403 euros pour les lycées. Ceschiffres pourraient être l’indicateur d’unehausse du budget CDI en dix ans. Mais le

Nice Limoges Versailles

Collège 5 8,56 4,80

Lycée 6 8,08 9

Lycée professionnel > 6 9,63 9

Tableau réalisé à partir des synthèses des questionnaires académiques, Nice (2006), Versailles (2007),Limoges (2007)(10). Les moyennes ainsi calculées ne permettent pas de mettre en évidence lesétablissements dont le budget est inférieur à la moyenne ni les écarts qui peuvent exister entreles établissements. Et d’autre part, il ne faut pas oublier que certains CDI ne disposent pas de budgetparticulier. Il n’est donc pas évident d’avoir des informations sur ceux-ci.

Budget (en euros) moyen par élève réalisé à partirdu nombre d’établissements ayant répondu à l’enquête

(6) Message issu de la liste CDI-doc du5 décembre 2007(7) Message issu de la liste CDI-doc du 7 avril2008(8) www.ac-limoges.fr/doc/spip.php?article270(9) Message issu de la liste CDI-doc du28 novembre 2007(10) www.ac-limoges.fr/doc/spip.php?article270(11) Bayard-Pierlot Jacqueline, Birglin Marie-José, Clés pour le CDI, Paris, Hachette Édu-cation, 1994.

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PARTIE 2. Fonctionnement des CDIPARTIE 2. Fonctionnement des CDI

nombre limité de réponses (trente)impose une certaine prudence dans l’ana-lyse. Et surtout, depuis le milieu desannées 90, les charges de fonctionne-ment des CDI n’ont cessé d’augmenter.

Quelles sont les charges d’un CDI ?Quelles dépenses doivent être imputéesau budget CDI ? Les crédits du chapitreA devraient permettre d’acquérir lesouvrages (albums, bandes dessinées,romans, documentaires) et les abonne-ments propres au CDI qui relèvent del’activité éducative et pédagogique.Pourtant, bien souvent, le budget du CDIdoit supporter d’autres charges : la docu-mentation liée à l’orientation, l’achat dulogiciel de gestion documentaire (ex. :BCDI), voire la documentation adminis-trative, les outils multimédias et autresfournitures diverses. Il est donc bien évi-dent que face à ces nombreusesdépenses, le budget du CDI se révèlesouvent insuffisant. L’étude de la répar-tition des crédits CDI montre que la partréservée aux abonnements est très impor-tante. Face à cette situation, certains docu-mentalistes négocient pour que les abon-nements demandés par les enseignants,par exemple, soient financés par les cré-dits de leur discipline. Dans l’académied’Aix-Marseille, sur les trente établisse-ments ayant répondu à l’enquête, dix-neuf financent les abonnements sur descrédits d’enseignements disciplinaires.Par ailleurs, certains établissements béné-ficient d’une ligne budgétaire dédiée àl’orientation mais elle n’est pas automa-tique : « Malheureusement, dans moncollège-lycée, il n’y a pas de ligne orien-tation malgré mes demandes répétées.Dans mon ancien collège, je l’avais obte-nue : 250 euros par an (pour l’achat dedocs ONISEP(12)) ». Les ressources numé-riques, quant à elles, peuvent être finan-cées par les crédits TICE(13) ou par DBMsur les fonds de réserve. Cet effort estindispensable afin que les crédits du CDIservent à l’acquisition d’ouvrages.

2.3. Une asymétrie entre lescharges de fonctionnementd’un CDI et le montant des crédits CDI

Trois éléments pèsent assez lourdementsur les crédits du CDI : les fournitures, lelogiciel BCDI et la documentation ONI-SEP. Les petites fournitures (scotch, sty-los, feutres, trombones...) devraient-ellesêtre décomptées du budget CDI ? Un cer-tain nombre de documentalistes voienten effet une partie de leur budget grevéepar l’acquisition des petites fournituresalors que certaines peuvent relever duchapitre D : « autres charges générales ».Quant au logiciel documentaire, le pas-sage aux formules avec abonnementrenouvelable annuellement (ce qui est lecas de BCDI, logiciel documentaire uti-lisé massivement dans les CDI du secon-daire, depuis 2005) a suscité de vivesinquiétudes. La question étant : « lerenouvellement à BCDI est-il pris sur lebudget CDI ou sur une autre ligne bud-gétaire ? ». Le prix de l’abonnement est eneffet élevé pour un établissement quidispose d’un petit budget. Ajouter l’abon-nement à BCDI aux charges du CDIl’ampute de manière non négligeable.À cette situation, deux alternatives sontpossibles : la négociation pour que celui-ci soit financé par une autre ligne bud-gétaire (TICE notamment) ou bien sepasser de cet abonnement en se conten-tant des versions antérieures du logicielou en adoptant un autre outil tel quePMB. Ce logiciel libre présente en effetl’avantage d’être téléchargé gratuitement.

Mais sa maintenance et la formation àl’outil fournies par la société PMB-Services sont payantes. Quant à la docu-mentation ONISEP, incontournable, elledevient également à son tour un gouffrefinancier avec le passage au kiosque.Cette dépense restant à la charge des éta-blissements – sauf pour les quelquesrares parmi eux qui ont eu la chanced’être retenus pour « expérimenter » lekiosque.Aux nombreuses charges déjà évoquées,il faut ajouter que le prix des romansjeunesse a augmenté, que les remisesaccordées sur le prix des livres par leslibraires ont diminué suite à la loi sur ledroit de prêt du 18 juin 2003(14) (elles sontaujourd’hui plafonnées à 9%) et ne sontpas compensées par une hausse du bud-get. Ainsi, le nombre d’ouvrages achetésbaisse alors de manière significative.Afin de conclure sur le problème dubudget CDI, il est important de signalerle cas des CDI « neufs » de nouveaux éta-blissements ou de ceux qui ont été réno-vés mais dont l’état du fonds nécessite-

(12) Message issu de la liste CDI-doc du5 décembre 2008(13) Message issu de la liste CDI-doc du11 octobre 2006(14) http://savoirscdi.cndp.fr/culturepro/actualisation/questionsjuridiques/sofia/sofia.htm et www.snes.edu/spip.php?article6093

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PARTIE 2. Fonctionnement des CDIPARTIE 2. Fonctionnement des CDI

rait un effort budgétaire conséquent :« j’arrive dans un CDI tout neuf maisqui, malheureusement, a été laissé àl’abandon depuis plusieurs années (...) jeme retrouve avec un budget négatif, c’est-à-dire que j’ai encore moins que moins.Les murs et le plafond sont neufs, le mobi-lier aussi mais le fonds documentaire estincroyablement pauvre, vétuste et sur-tout périmé (15) ». Encore une fois, la situa-tion décrite n’est pas exceptionnelle. Au-delà du budget attribué chaque annéepour le fonctionnement du CDI, il estimpératif de prendre en considération lasituation particulière de chaque CDI.

Il faut en premier lieu distinguer lesdépenses d’équipements qui sont ponc-tuelles et les dépenses de fonctionne-ment. Si les dépenses de fonctionne-ment sont déterminées et contrôlées parle chef d’établissement, les attributionsd’équipements relèvent des collectivi-tés territoriales (département, région).Et même si des améliorations sontconstatées pour l’équipement des CDIen matériels informatiques (imprimantes,scanner, postes informatiques) et enmobilier, elles ne sont pas généralisées.Les synthèses de différentes enquêtesacadémiques(16) pointent du doigt unnombre de postes informatiques toutjuste suffisant : en moyenne six pour uncollège, onze pour un lycée, huit pourun LP. Et le parc informatique des CDIest souvent vieillissant. Quant à sa main-tenance, elle laisse bien souvent à dési-rer : les postes du CDI ne sont pas sys-tématiquement reliés au réseau, lelogiciel documentaire n’est pas forcé-ment accessible à partir de tous lespostes, l’absence ou le mauvais fonc-tionnement de matériels périphériques(imprimantes, scanner, vidéoprojecteurs)est pénalisante pour les documentalistescomme les élèves. Sans oublier le faitque tous les CDI n’ont pas de fondsdocumentaires informatisés : c’étaitencore le cas de 53 % des établisse-ments dans l’académie de Versailles en2007.

2.4. Le sous-équipementinformatique des CDI

Face à une hiérarchie qui semble par-fois, voire trop souvent, insensible àcette question, de quelles ressourcesfinancières peuvent bénéficier les pro-fesseurs documentalistes pour exercerson métier ?

La répartition du budget relève, biensouvent, de la négociation et des rela-tions entretenues avec la direction ainsique de la manière dont le CDI et lerôle du professeur documentaliste sontperçus par le chef d’établissement. Tousn’accordant pas la même priorité aubudget du CDI : « le budget est une ques-tion récurrente dans mon établissementqui souffre depuis quelques années d’unmalaise ambiant dû à l’herméticité de lagestionnaire (...) malgré les demandesfréquentes, la gestionnaire se bloquedans son mutisme (17) ». Comment faireface à ces comportements d’hermétisme,d’absence d’informations ou de refusde considérer le rôle que doit jouer leprofesseur documentaliste dans l’élabo-ration du budget ? Il est nécessaire d’agiravec les élus au CA pour être informé etpeser sur les décisions. Mieux encore,être élu au conseil d’administration offrel’intérêt d’avoir accès aux informations

2.5. Quelles réactionsface à un budget insuffisant ?

sur le budget, de connaître l’état desfonds de réserve, d’alerter les différentsélus (parents...) sur le faible montantconsacré au budget du CDI. Dans tousles cas, il faut s’armer de patience etd’arguments.Il y a plusieurs possibilités pour faireface à un budget dont le montant estjugé insuffisant. En premier lieu, il estnécessaire de réagir dans les délais pré-vus dans le fonctionnement des établis-sements : ne pas attendre que le conseild’administration ait entériné la répartitiondu budget.• Préparer dès septembre-octobre la listedes besoins (avec le coût, si possible).• S’informer début novembre du mon-tant de la subvention de la collectivitélocale et de la somme minimale parélève indiquée pour le chapitre A,variable selon les voies de formation.• Connaître la date du CA sur le budget(au plus tard début décembre) pourdemander le projet de budget au moinsdix jours avant.• Intervenir avec les autres élus au CAauprès du chef d’établissement, en fonc-tion des besoins.Pour cela, il est important de réunir lemaximum d’arguments avant de ren-contrer le chef d’établissement (état dufonds : ouvrages obsolètes, statistiquesdes emprunts, projet du CDI...) et éven-tuellement, des informations sur les bud-gets CDI des établissements voisins. Cesconseils ne garantissent pas, pour autant,que le montant d’un budget jugé insuf-fisant soit réévalué !On peut aussi clarifier le rôle du CDI etdemander que certaines dépenses soientprises en charge par les crédits des dis-ciplines. Le Foyer socio-éducatif (FSE)peut mettre à disposition au CDI desouvrages plus ludiques (bandes dessi-nées, mangas...) en conformité avec sesdécisions prises par son bureau. Pourl’essentiel de l’équipement, il faut pré-voir une demande d’aide aux collecti-vités territoriales pour des projets spé-

(15) Message issu de la liste CDI-doc du26 septembre 2007(16) Nice, Versailles, Créteil(17) Message issu de la liste CDI-doc du20 décembre 2007

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PARTIE 2. Fonctionnement des CDIPARTIE 2. Fonctionnement des CDI

cifiques, sans oublier de demander uneDécision budgétaire modificative (DBM)pour des achats importants (matériels,série de dictionnaires) en cas debesoin : « ... ainsi j’ai pu faire acheterpour 800 euros de documentaires scien-tifiques, un tourniquet, une signalé-

tique, le kiosque Onisep, un meuble àpériodique et je ne compte pas m’arrêterlà. Je le dis à tous, c’est très intéressantd’être au CA ! (18) ». Attention aux délaispour une DBM sur les fonds de réserve :le compte financier doit avoir été voté(c’est-à-dire fin avril) et les comptes de

l’année en cours ne doivent pas êtreclos (fin novembre) : ce qui laisse peude temps...Il est nécessaire qu’il y ait une prise deconscience générale pour assurer unbudget décent à tous les CDI. Car com-ment mettre en œuvre des actions d’in-citation à la lecture avec pour uniquefonds l’intégralité des titres de la« Bibliothèque rose » ? Comment œuvrerà l’éducation aux médias avec seule-ment deux abonnements aux titres depresse ? Ou comment former les élèvesà la maîtrise des technologies de l’in-formation et de la communication alorsque le CDI ne possède pas de res-sources numériques ? La question descrédits est donc bien incontournable, sil’on souhaite que tous les élèves puis-sent fréquenter, dans le cadre de leurscolarité, un centre de documentationdigne de ce nom et que les professeursdocumentalistes puissent pleinementassurer leurs missions.

(18) Message issu de la liste CDI-doc du12 octobre 2006

Pour les élèves de collège et leursparents : le CDI s’apparente à un endroitcalme où les élèves peuvent se rendrepour lire des BD, discuter, surfer surinternet, faire leurs devoirs et ponctuel-lement, finir un travail de recherchedocumentaire, de préférence, sans l’aidede la « dame du CDI ».« Les élèves préfèrent lire des bandes des-sinées (26 %), utiliser l’ENT (20,40 %), liredes livres (18,40 %). Ces occupations sont

3.1. Une notion centrale :l’accueil... Que signifie-t-ellepour les uns et les autres ?

suivies de près par les suivantes : discuteravec ses amis (14,40 %), utiliser Gibii(B2i) (9,20 %), pour travailler (6,00 %) etenfin pour lire des revues et journaux(5,60 %) » (témoignage-enquête deC. Gutknecht, enseignante documentalistedans l’académie d’Alsace).N’attendent-ils pas plutôt l’ouvertured’un foyer ou d’un cybercafé ? L’adulteresponsable des lieux est souvent perçucomme un bibliothécaire, au mieux...Le regard des élèves dépend en faitavant tout de la qualité du travail péda-gogique mené en amont.Pour les lycéens : des fortes similitudesexistent avec celles énoncées à l’instant

pour les collèges. Le CDI est considéréessentiellement comme une salle de tra-vail mieux équipée que les autres.Pour certains personnels de direction etmême certains IPR : le CDI représente unformidable modérateur de flux d’élèvesquand les autres lieux d’accueil sont eux-mêmes souvent saturés ou inexistants.« Tous les vendredis après-midi, lorsque lesélèves de classe préparatoire attendentde passer leurs colles, le CDI fait office dehall de gare et pour un seul chef dequai ! » (témoignage de Carine ensei-gnante documentaliste TZR à Strasbourg)Le maître mot est : amplitude horairemaximale ! Tous les moyens sont bons :

3. L’accueil des usagers :concilier qualité et quantité, une gageure ?

Les horaires d’ouverture du CDI en collège et lycée seraient « insuffisants » s’accordent à dire élèves,parents, mais aussi, administration. Les personnels enseignant dans les CDI, s’ils partagent ce point de vue,

refusent d’en porter la responsabilité et veulent privilégier la qualité de l’encadrement des élèves dontils ont la charge pédagogique. L’ouverture des CDI est un vrai faux problème qui en cache d’autres.

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Observatoire national des programmes et des pratiques • Supplément à L’US no 721 du 2 juin 2012 31

PARTIE 2. Fonctionnement des CDIPARTIE 2. Fonctionnement des CDI

En collège, encourager les personnels deces centres à accueillir des élèves quin’ont pas cours, même durant uneséance pédagogique, recourir à des per-sonnels de surveillance pour ouvrir leCDI en cas d’absence de l’enseignantdocumentaliste. On assiste à d’autresexcès comme y envoyer les élèves col-lés, punis, renvoyés de cours...En lycée, ignorer les compétences del’enseignant documentaliste : on pré-fère le considérer comme un bibliothé-caire universitaire, voire un gestion-naire de matériel multimédia ; gommersa mission pédagogique au profit del’amplitude horaire, et tant pis s’il estseul à gérer plus de 50 élèves-étudiants« autonomes »...Pour beaucoup d’enseignants d’autresdisciplines : par ignorance et/ou parhabitude, l’enseignant documentalisteest parfois utilisé comme un prestatairede service, plutôt que considéré commeprofesseur à part entière. On attend delui qu’il gère les séries de lettres, qu’ildistribue les manuels scolaires auxélèves, qu’il sache réparer certains maté-riels, qu’il soit capable de faire fonc-tionner n’importe quel outil multimédia,qu’il réponde présent pour des séancesde travail de dernière minute au CDI...À qui la faute ? Au système de formationinitiale et continue minimisant les mis-sions pédagogiques de l’enseignantdocumentaliste ? Aux textes officiels quifont trop souvent l’impasse sur la déno-mination « enseignant documentaliste »ou « professeur documentaliste », niantl’existence même de ce personnel ?Dans ces textes, l’enseignant docu-mentaliste est souvent assimilé au CDIcomme si un lieu pouvait agir par lui-même... Il importe donc de clarifier lesattentes des équipes pédagogiques et deconstruire, avec elles, les « bonnes pra-tiques » pédagogiques. Ainsi, chaqueprofesseur pourrait être amené à deve-nir un partenaire de l’enseignant docu-mentaliste qui construirait, en collabo-ration avec lui, des séquencespédagogiques réfléchies.« Le discours de l’administration se veutpragmatique... Le CDI étant ouvert toutela semaine, il est plus pratique pour tousles usagers, entendre par là les autres

professeurs, de transférer la gestion dumatériel multimédia aux documenta-listes. N’est-ce pas là une marque deconfiance ? Quant aux collègues “usa-gers”, ils ont des pratiques et ne se posentpas la question de savoir si oui ou non lagestion de ce matériel revient aux docu-mentalistes. » Témoignage d’une ensei-gnante documentaliste exerçant enlycée (67).L’accueil vu par les enseignants docu-mentalistes : du personnel qualifié ennombre suffisant semble être un pointde départ incontournable. Que l’ensei-gnant documentaliste organise la fré-quentation du CDI, un second pointindiscutable : il ne lui incombe pas depallier les manques de personnels desurveillance ou d’une mauvaise orga-nisation des emplois du temps... ; prio-rité aux séances pédagogiques. Lesdocumentalistes revendiquent de pra-tiquer un accueil raisonné des élèves,lesquels devraient se présenter au CDIavec des objectifs documentaires oude lecture, en adéquation avec la voca-tion du lieu. En ce sens, il est nécessairede respecter le travail intellectuel enamont de toute séance pédagogique. Ilest aussi nécessaire de créer uneambiance de travail confortable en(re)pensant le lieu CDI : l’accueildépend de l’environnement mis à dis-position des usagers. A contrario, il

incombe aux documentalistes de toutmettre en œuvre pour assurer unaccueil de qualité : disponibilité, accom-pagnement ponctuel, conseils...« Notre travail n’est pas valorisé parcequ’on attend de nous avant tout uneréponse Vie scolaire et une sacro-sainteouverture mais sans moyens supplé-mentaires » (Claire, enseignante docu-mentaliste dans l’académie de Nantes).

En collège30 heures de service hebdomadairessoit un seul poste dans la quasi-totalitédes collèges ne permet pas, bienentendu, de couvrir l’amplitude horairedes établissements.Le CDI, « occupé » par une séancepédagogique avec un groupe, apparaîtcomme « fermé » puisque l’accueil desélèves de la permanence n’est pas pos-sible à ce moment-là. Pour certainsélèves, cette impression de CDI « tou-jours fermé » est renforcée quand unejournée de stage ou de maladie vients’ajouter à ce manque de moyenshumains. Lors d’absences de profes-seurs, le CDI est également et réguliè-rement « pris en otage » pour désen-

3.2. État des lieux : que se passe-t-il réellementsur le terrain ?

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PARTIE 2. Fonctionnement des CDIPARTIE 2. Fonctionnement des CDI

gorger les permanences bondées fautede personnels suffisants et disponiblesen vie scolaire.Autre problème récurrent : l’accueil desélèves durant la pause méridienne. Eneffet, le manque de personnels de VieScolaire accentue l’engorgement desCDI lorsque par période de froid ou demauvais temps, l’espace CDI est le seullieu susceptible d’accueillir les demi-pensionnaires. Or, si la Vie Scolaire étaiten mesure de proposer des lieux diffé-rents répondant aux attentes des élèves(lieux de travail, de détente ou d’activi-tés diverses...) chaque midi, les ensei-gnants documentalistes pourraient seconsacrer à un accueil centré sur leconseil en lecture et l’accompagnementdes recherches info-documentaires.Faute de quoi, certains midis, les CDIfont figure de fourmilières et les ensei-gnants documentalistes se transformentmomentanément en « Reine fourmi ».

En lycéeMême s’il existe des similitudes avec lecollège, la problématique de l’accueildes élèves diffère puisqu’il existe encoreparfois un deuxième poste – voire untroisième en cité scolaire, mais pourcombien de temps encore ? Autre avan-tage du lycée sur le collège : l’existenceparfois de lieux autogérés par les élèves(salles de permanence, salles informa-tiques ou maison des lycéens) qui per-mettent de répondre aux besoins desélèves lesquels, à défaut de ce type desalles, se replient sur le CDI.Cependant, si généralement, l’ampli-tude horaire des CDI de lycée est plusen adéquation avec les horaires d’ou-verture des établissements, les exigencesdes chefs d’établissement pour uneouverture maximale grèvent largementle travail en équipe qui nécessite parmoments la présence simultanée desenseignants documentalistes. Même siles lycéens sont des élèves plus auto-nomes et souvent plus « disciplinés » queles collégiens, la disponibilité de l’en-seignant documentaliste est souventinsuffisante lors d’accueil de classes enséquences pédagogiques. L’exempledes séances de TPE au CDI et de l’en-gorgement du lieu pendant ces heures

en est une criante illustration. Un seulenseignant documentaliste ne peutencadrer un groupe tout en mettant àdisposition des outils et des documents,en réglant les problèmes informatiquesinévitables et en effectuant les photo-copies des documents trouvés. Il fautpar ailleurs continuer à assurer l’accueildes autres usagers, y compris pour leprêt ou l’aide individualisée. D’où cetteimpression de débordement et de non-efficacité que peuvent ressentir de nom-breux collègues.« Les réunions avec les collègues CPE nedonnent pas grand-chose sur le terrain,ils approuvent toujours nos propositionsmais quand le personnel de surveillancemanque, ils ne peuvent pas toujoursouvrir l’étude […], c’est parfois ingé-rable. » (Témoignage d’une enseignantedocumentaliste exerçant en lycée)Ce témoignage est révélateur d’un sen-timent couramment répandu chez desprofesseurs documentalistes qui seretrouvent souvent isolés et démunisdans ce genre de situation complexe. Laquestion de l’accueil des élèves relèvede la vie scolaire au sens large et doitêtre considérée dans son ensemble. Elledoit être posée au sein de la commu-nauté éducative et être envisagée enamont dans une approche constructiveet créative. Dans ce sens, la réflexionavec les CPE est incontournable mais nesaurait être suffisante sur cette dimension

de l’accueil et de la vie de l’élève endehors de cours. L’organisation péda-gogique des cours a aussi de fortes inci-dences sur cette question des flux.

Depuis la parution de La Politique docu-mentaire d’établissement de Jean-LouisDurpaire, le terme « d’usagers » empruntéau monde des bibliothèques publiques afait son apparition dans les établissementsscolaires et la quantité de ces « usagers »fréquentant les CDI attire l’attention desIPR-Vie scolaire et des chefs d’établisse-ment. Les statistiques de fréquentationdes CDI sont d’ailleurs de plus en plus fré-quemment demandées lors de l’inspectiondes enseignants documentalistes.L’ouverture optimale des CDI, vœu sansconteste légitime, est aujourd’hui quasi-ment la seule exigence retenue par l’ad-ministration scolaire au détriment de laqualité de l’encadrement. Le seul enjeu,avoué ou non, est bien l’ouverture de la« boutique » CDI non seulement sur l’in-tégralité des heures d’ouverture des éta-blissements mais aussi sur les heures péri-scolaires pour l’accompagnement éducatif.Peu importe qui a la charge du lieu, dumoment que l’on affiche la satisfactionapparente des besoins des usagers. Lanotion de rentabilité des CDI et de leurs

3.3. Le CDI : un dispositifpédagogique à préserver

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PARTIE 2. Fonctionnement des CDIPARTIE 2. Fonctionnement des CDI

capacités d’accueil prend dès lors le passur celle d’encadrement pédagogique.Si l’on ne peut que partager la nécessitéd’un accès de tous les élèves à une cul-ture informationnelle, cela ne peut sefaire ni à n’importe quel prix ni n’im-porte comment. Quelles propositionsface à ce constat critique pour que leCDI soit véritablement « Espace d’infor-mation, espace de formation » (1) ?• On ne peut faire l’économie d’un per-sonnel qualifié suffisant dans les CDI(un professeur documentaliste pourdouze classes) pour permettre non seu-lement l’accès aux ressources docu-mentaires mais une véritable formationà l’information documentation, laquelledoit être effectuée par un personnelqualifié, dans tous les établissementsscolaires et pour tous les élèves.• Le problème des représentations queles uns (enseignants, CPE, personnelsde direction) ont des professeurs docu-mentalistes, liés à la méconnaissance deleurs missions, doit être réglé à la racine,dans le cadre de la formation initiale.• L’élaboration d’outils comme leschartes d’utilisation et les plannings d’ac-tivités du CDI peuvent améliorer le fonc-tionnement au quotidien. Les chartesdéfinissent le rôle des lieux et des per-sonnels qui y sont affectés, précisentles horaires d’ouverture ainsi que lesmodalités d’accueil (nombre contrôléet/ou limité d’élèves au CDI...).

• Il faut créer les occasions de dialogueentre les personnels en demandant l’or-ganisation de réunions de concertationdans l’établissement. Mais attention, dia-loguer ne signifie pas confondre les mis-sions des différents corps. Chacun doitgarder sa spécificité professionnelle.• Une bonne gestion des espaces deressources et de vie scolaire n’est pos-sible qu’en partant des besoins desélèves. Il devrait donc aller de soi queles emplois du temps tiennent comptedes remarques des CPE et des ensei-gnants documentalistes (par exemple,que les élèves n’aient pas des heures de

libre dans leur EDT, tous en mêmetemps). L’organisation des EDT doit don-ner lieu à un véritable échange entrel’équipe de vie scolaire, celle du CDI etla direction, dans le cadre de réunionsde concertation.• L’accès aux ressources passe aussi parune amélioration de l’aménagement deslocaux : le CDI n’appartient pas au pro-fesseur documentaliste, pas plus quetoutes les ressources doivent êtreconcentrées en un seul lieu. On peut parexemple mettre à disposition des usuelsdans la salle de permanence, des abon-nements à des revues ludiques dans lefoyer. L’homogénéisation des espacesest nécessaire : le CDI ne doit pas êtrele seul lieu d’accueil chaleureux, la salled’étude doit être correctement aménagéepour pouvoir remplir ses fonctions, unfoyer devrait être systématiquement créé,des salles informatiques disponiblespour des travaux de bureautique, lesdémarches administratives en ligne...Les collectivités territoriales ont là unrôle important à jouer.• L’ensemble des enseignants doit êtreconvié à cette réflexion. C’est l’objet desvolets « politique documentaire » desprojets d’établissements. La notion depolitique documentaire trouve là toutson sens.

Quel avenir pour les CDI dans les établissements scolaires ?L’inspection générale avance aujourd’hui le modèle de learning center

Jusque-là appliqué aux bibliothèques universitaires – où il est loin de faire l’unanimité – ce conceptest transposé par notre IG aux CDI du secondaire. L’Inspection générale Vie scolaire et Établissementet la DGESCO ont organisé conjointement un colloque à l’ESEN au mois de mars 2011, sur l’avenir desCDI et le rapprochement vers le modèle du learning center. Coïncidence ou pas : les professeurs docu-mentalistes de nombreuses académies ont eu la surprise de voir apparaître cette problématique dansle Plan de formation académique (PAF) pour l’année 2011-2012.Si la profession est interrogée par la présence croissante des supports numérique et par les nouveauxbesoins des élèves, le learning center ne permettra en rien de répondre à ces enjeux. Les professeursdocumentalistes revendiquent la priorité de leurs missions pédagogiques dans des CDI qui sont déjàdes lieux de formation. Que le ministère leur donne les moyens matériels et humains de fonction-ner ! Au mieux, nos autorités de tutelle se cachent derrière ce concept poudre aux yeux pour éviterles sujets qui fâchent (moyens de fonctionnement des CDI, recrutement et missions des professeursdocumentalistes). Au pire, c’est la première pierre vers une transformation de nos missions et de nosstatuts avec un allongement du temps de service, pour permettre une ouverture maximale à un publicplus « autonome » organisant lui-même son apprentissage à l’aide des supports numériques. Et onpeut craindre la dérive vers une économie de certifiés en documentation... Les learning centerscacheraient-ils des arrière-pensées d’ouverture des centres avec d’autres personnels ?

(1) C’est le titre du numéro 3 d’octobre 2009de la revue éditée par la Fadben : Médiadoc.©

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34 Observatoire national des programmes et des pratiques • Supplément à L’US no 721 du 2 juin 2012

PARTIE 2. Fonctionnement des CDIPARTIE 2. Fonctionnement des CDI

Un rapport de l’IGEVS sur « Les poli-tiques documentaires des établissementsscolaires » est paru en 2004(2). Le SNESavait émis un jugement critique sur cerapport dans un article de la revueInterCDI (n° 192, novembre-décembre2004) : « Doivent-ils [les documenta-listes des établissements scolaires] pourautant, comme le préconise le rapportde l’Inspection générale, être les arti-sans de la politique documentaire detout l’établissement (le chef d’établisse-ment en étant le maître d’œuvre) ; c’estsans doute à mettre en débat y com-pris avec nos collègues des autres disci-plines. Notons que cette fonction équi-vaudrait à celle des chefs de travaux etnécessiterait de toute façon une trèsforte revalorisation (agrégation) ».Les circulaires académiques des IPR EVSont depuis centré le métier de professeur

4.1. Les objectifs de l’Institution : faire dudocumentaliste le « manager »de la politique documentaired’établissement

documentaliste autour de ce concept.De nombreuses académies(3) ont mis enplace des groupes de travail et les cir-culaires académiques se sont multipliéessur le sujet, certains IPR considérantmême la politique documentaire commeun critère d’évaluation lors des inspec-tions. Pourtant, une étude des différentescirculaires montre une disparité dans lesobjectifs et les priorités. À quelquesexceptions près, la formation des élèvesconstitue le point faible de ces textesalors qu’une large part est consacrée à lagestion. La politique documentaire qui sedessine ainsi est donc avant tout unepolitique d’acquisition et d’organisationdes ressources documentaires. Les prio-rités sont souvent celles d’établir « l’étatdes lieux des ressources humaines et

matérielles de l’établissement » et d’or-ganiser « l’ouverture maximale des CDI ».On ne peut par ailleurs que s’inquiéterd’un glissement très net vers la fonctionmanagériale, le professeur documenta-liste devenant chef d’un service docu-mentaire avec pour mission d’encadrer etde gérer les différents personnels qui ysont affectés. Notons tout de même, quedans la majorité des établissements, il enest d’ailleurs le seul membre !

(1) Calenge Bertrand. Conduire une poli-tique documentaire. Éditions du Cercle de laLibrairie, 1999.(2) À télécharger sur ftp://trf.education.gouv.fr/pub/edutel/syst/igen/rapports/politiques_documentaires.pdf(3) www.snes.edu/-Circulaires-academiques-.html

4. La politique documentaire : concept d’avenir ouimpasse pour la documentation scolaire ?

L’évolution des technologies, leur « démocratisation» et l’explosion informationnelleont bouleversé la société, pénétré l’univers scolaire. L’institution, confrontée au phénomène, a dû engager

la réflexion. Elle a ainsi repris la notion de politique documentaire qui était en usage dans la lecturepublique(1) pour l’appliquer aux collèges et aux lycées. Plus large que celle de projet de CDI, elle englobe

tous les usages de l’information-documentation de l’établissement scolaire.Si le bien-fondé d’une politique documentaire d’établissement n’est pas à remettre en cause,

ses objectifs, ses acteurs et les conditions de sa mise en œuvre interrogent la profession.©

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PARTIE 2. Fonctionnement des CDIPARTIE 2. Fonctionnement des CDI

Face à la prolifération de ces circulairesacadémiques, l’Inspection générale aproduit un « Protocole d’inspection desenseignants documentalistes » en février2007 avec pour objectif d’uniformiserles différentes pratiques d’inspection.Ce protocole s’ouvre sur la politiquedocumentaire – et non plus sur la for-mation des élèves, ce qui est pourtant lecas dans la circulaire de missions de1986. Le documentaliste est chargé du« conseil » et même du « pilotage » decette politique, d’après le texte.Dans la foulée du rapport de l’IGEVS de2004, les épreuves du CAPES 2007 ontété modifiées. La lecture de la note decommentaire du jury du CAPES permetde se rendre compte que la définition dela notion de « politique documentaire »apportée par l’Inspection n’est pas cen-trée sur la formation des élèves. Il s’agitbien pourtant d’un concours pour recru-ter de futurs enseignants ! La question est donc bien de savoirquelle conception du métier de profes-seur documentaliste voudrait imposerl’inspection à travers son concept depolitique documentaire. Une politiquedocumentaire d’établissement ne devrait-elle pas avoir d’autres objectifs que ceuxdéveloppés par l’Inspection EVS ?

En 2005, une note de la Direction del’évaluation et de la prospective (DEP)sur « Les politiques documentaires encollège »(4) pointait déjà les difficultésrencontrées : « Les entraves à la mise enplace d’un projet documentaire rési-dent d’abord dans les caractéristiquesprovenant des acteurs d’un établisse-ment, en l’occurrence surtout des ensei-gnants : l’insuffisance de la concerta-tion ou de la collaboration avec eux, laréticence que certains manifesteraient,par exemple face à l’usage de l’outilinformatique, l’instabilité des équipesen place ou encore le manque de suivides actions documentaires qui ont étédéfinies à un moment donné. Des obs-

4.2. Bilan de la mise en œuvre de la politiquedocumentaire dans les établissements scolaires

tacles composites liés aux aspects phy-siques ou de gestion des ressourcesdocumentaires mettent crûment enlumière les freins matériels, financiersou humains, mais aussi des problèmestechniques, de maintenance ou d’ob-solescence du matériel. Ces freins maté-riels sont reconnus et soulignés par leschefs d’établissement ».En 2006, la question de la politiquedocumentaire de l’établissement a étémentionnée dans la circulaire de rentrée(BO n° 13 du 31/03/06) : « Le projetd’établissement précise par ailleurs lesactivités scolaires ou périscolaires et défi-nit à ce titre la politique de l’établisse-ment en matière d’accueil et d’informa-tion des parents, d’orientation, depolitique documentaire, d’ouverture surl’environnement économique, culturel

et social, d’ouverture européenne et inter-nationale, d’éducation à la santé et à lacitoyenneté ». Toutefois, cette problé-matique a mystérieusement disparu descirculaires de rentrée suivantes.La politique documentaire qui peut êtredéfinie dans le projet d’établissementdoit respecter la réglementation, leschoix et les garanties des collèguesconcernés, en mettant au centre la for-mation et le service aux élèves. Si pourle SNES, les professeurs documentalistesne refusent pas de mettre à dispositionde l’établissement leurs compétencesdans le domaine de la gestion et del’utilisation des ressources pédagogiques,ils ne veulent pas pour autant devenirles uniques responsables de la politiquedocumentaire de l’établissement.La mise en œuvre d’une véritable poli-tique documentaire nécessite desmoyens humains, et matériels suffisants,elle suppose également une formationspécifique des collègues de disciplinetrop souvent repliés sur leur champ dis-ciplinaire. Elle doit être un travail col-lectif. Elle suppose une augmentation etune rénovation de l’offre de formationcontinue. Elle exige du temps pour sonélaboration, sa mise en œuvre, son éva-luation et ne peut se concevoir sans un

(4) À télécharger sur ftp://trf.education.gouv.fr/pub/edutel/dpd/noteeval/ne2005/eva0502.pdf

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36 Observatoire national des programmes et des pratiques • Supplément à L’US no 721 du 2 juin 2012

PARTIE 2. Fonctionnement des CDIPARTIE 2. Fonctionnement des CDI

minimum de deux professeurs docu-mentalistes par établissement. Il est vrai,qu’à raison d’un poste par CDI, on a dumal à imaginer qu’un(e) documentaliste« manager » puisse en plus être profes-seur ! À moins de déléguer ses compé-tences pédagogiques aux professeursde discipline, comme le suggère le rap-port de l’IGEVS de 2004...Il est donc nécessaire de débattre duprojet documentaire dans des instancesofficielles de l’établissement : le CA, lesconseils d’enseignement peuvent êtredes lieux privilégiés pour le faire. Lesbilans d’activités et les projets rédigéspar les documentalistes ne servent pasà grand-chose, s’ils ne sont pas pré-sentés pour informer la communautééducative, y compris les parents.D’après les témoignages recueillis lorsdes différents stages syndicaux organi-sés par le SNES(5), l’intérêt d’officialiserle projet documentaire est d’expliciterles fonctions du CDI et le rôle du pro-fesseur documentaliste, de pouvoir ins-taurer une réflexion collective sur larationalisation des ressources et la for-mation des élèves.Le conseil pédagogique, inscrit dans laloi Fillon et repris dans le Code del’éducation (art. L.421-5) est parfois uti-lisé par les collègues pour aborder lesquestions de politique documentaire. Leprofesseur documentaliste est amenéà y siéger puisque ce conseil se com-

pose, entre autre, d’« au moins un pro-fesseur par champ disciplinaire ». Maisla mise en place de ces conseils esttrès variable d’un établissement àl’autre, existant de manière plus oumoins formelle et selon des modalitésdifférentes. Certains proviseurs ou prin-cipaux essaient d’en faire une instancede décision pour imposer des choix. LeSNES continue à s’opposer à touteatteinte à la liberté pédagogique descollègues et à toute tentative de

contournement des instances régle-mentaires, en particulier du CA. Leconseil pédagogique ne doit pas impo-ser de pratiques sans l’accord des inté-ressés, ni intervenir sur des questionsen rapport avec les conditions de ser-vice et d’emploi des personnels.

La profession a de son côté engagé dès2003, une réflexion sur ce concept.Deux numéros de Mediadoc, la revuede l’association professionnelle desenseignants documentalistes (la FAD-BEN) portent sur ce sujet : « Politiquedocumentaire : un concept, des enjeux »(septembre 2003) et « Politique docu-mentaire : réflexions et outils » (mars2004). La Fadben a aussi soutenu laparution de l’ouvrage Politique docu-mentaire et établissement scolaire (édi-tions ADBS, 2007). La politique docu-mentaire y est envisagée comme « uneconstruction collective au service de laformation des élèves ».Pour le SNES aussi, l’objectif prioritaired’une politique documentaire d’établis-sement est la formation des élèves quisont des apprenants avant d’être desusagers. Ce volet formation doit doncêtre au cœur de la réflexion du projetdocumentaire. Elle doit par ailleurs pro-poser des solutions aux problèmesmatériels et pédagogiques rencontréspour la mise en œuvre de cette forma-tion. Le CDI n’est pas uniquement unlieu culturel dans l’établissement, c’estun espace structuré et organisé à desfins pédagogiques. De même, le pro-fesseur documentaliste, s’il est effecti-vement gestionnaire d’un centre de res-sources, a avant tout un rôlepédagogique : c’est d’abord un ensei-gnant, c’est-à-dire qu’il exerce un métierdont l’essence est de mettre les élèvesen situation d’apprentissage.

4.3. Pour des projets documentaires au service de la réussite des élèves

(5) Voir la partie « Informations acadé-miques » de la rubrique « Documentation » dusite du SNES. En ligne sur www.snes.edu/spip.php?rubrique444

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Observatoire national des programmes et des pratiques • Supplément à L’US no 721 du 2 juin 2012 37

PARTIE 3. Donner aux élèves une culture informationnellePARTIE 3. Donner aux élèves une culture informationnelle

Malgré l’absence d’Instructions Officiellesen « Information-Documentation », lesprogrammes de certaines disciplines sco-laires mentionnent des activités derecherche documentaire auxquelles lesprofesseurs documentalistes sont sou-vent associés. On consultera à cet effetl’ouvrage rédigé par une équipe duGroupe académique de Professeurs docu-mentalistes de l’académie de Toulouse,Culture de l’information et disciplinesd’enseignement (SCEREN, CRDP Midi-Pyrénées, 2006, réédité en 2011). C’est enprenant appui sur ces recommandationsque les professeurs documentalistes ten-tent de mettre en œuvre leur missionpédagogique auprès des élèves.Sans dresser une liste exhaustive detoutes les parties des différents pro-grammes sollicitant la recherche d’in-formation ou les compétences des pro-fesseurs documentalistes, les exemplesci-dessous semblent significatifs.

Au collègeLa première matière à laquelle on pense« naturellement » au niveau du collègeest le Français. Les séances d’initiationà la recherche documentaire tradition-nellement mises en œuvre en Sixièmecomportent très souvent un travail surl’utilisation des dictionnaires, des ency-

1.1. Apprentissages documentaires et disciplinesscolaires

clopédies, ce qui permet de reprendrecertaines notions du programme. Lalecture d’ouvrages documentaires dansun objectif de recherche d’informationy est clairement mentionnée : « ... toutesces pratiques sont réalisées en collabo-ration avec le documentaliste, autantque faire se peut »(1). L’incitation à l’uti-lisation de la littérature pour la jeu-nesse est appréciée des professeursdocumentalistes qui interviennent sou-vent dans ce cadre auprès des élèves.On constate malheureusement unerégression dans les nouveaux pro-grammes de collège entrant en vigueur

à la rentrée 2009, dans lesquels il n’estfait qu’une vague allusion à une colla-boration possible avec le professeurdocumentaliste : « Le professeur faitaussi découvrir et étudier des textesdocumentaires et des textes de presse.Dans la mesure du possible il associe leprofesseur documentaliste à sadémarche ». On peut difficilement faire ➜

1. La culture informationnelle dansles programmes scolaires

Les différents programmes ainsi que les dispositifs pédagogiques actuels font une part importante aux activitésdocumentaires et à la culture informationnelle. La recherche documentaire est ainsi très présente dans lesprogrammes, notamment du collège : initiation au langage de l’information en français, maîtrise des TIC dans lesdiverses disciplines, formation à la sélection et à l’analyse de l’information en éducation civique... Une importanceque l’on retrouve dans les divers dispositifs institutionnels. Ainsi, parmi les cinq domaines de compétencesdéfinis dans le B2i, est fait référence à l’attitude critique face à l’information, à la nécessité de connaître les loissur la propriété intellectuelle, et celle pour les élèves de « Chercher, se documenter au moyen d’un produitmultimédia (cédérom, dévédérom, site internet, base de données de la BCD ou du CDI) ». En lycée, la recherchedocumentaire constitue la première étape des TPE : la recherche et l’exploitation des documents permettent dedéfinir une problématique et d’orienter le travail des élèves. L’outil privilégié de l’ECJS, le débat argumenté, seconduit presque toujours à partir d’une recherche documentaire qui permet aux élèves d’étayer leur argumentation.

(1) Organisation des enseignements dansles classes de Sixième de collège. Arrêté du29 mai 1996 (BO n° 25 du 20 juin 1996)modifié par l’arrêté du 14 janvier 2002(BO n° 8 du 21 février 2002).

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PARTIE 3. Donner aux élèves une culture informationnellePARTIE 3. Donner aux élèves une culture informationnelle

moins incitatif ! Bien entendu, les nou-veaux programmes évoquent égale-ment la possibilité de travaux interdis-ciplinaires, l’utilisation du dictionnaire,du lexique..., mais sans mentionnerclairement de collaboration avec le pro-fesseur documentaliste. On peut éga-lement déplorer l’absence de mentionde son rôle dans l’incitation à la lecture,et tout particulièrement à la littératurepour la jeunesse.En histoire-géographie et éducationcivique(2), la recherche documentaireautonome en liaison avec le profes-seur documentaliste apparaît enSixième, Cinquième et Quatrième parl’intermédiaire des TICE. En Troisième,c’est le travail autonome qui est misen avant. Dans les nouveaux pro-grammes de Sixième (2009), il s’agitde « développer sa capacité de jugementet son esprit critique, être capable derechercher l’information, prendre desinitiatives [...] Pour les faire acquérir,l’enseignant varie les démarches péda-gogiques : par exemple l’utilisation duCDI, le travail de groupe... ». On noteraavec intérêt l’allusion au lieu, mais pasau professeur responsable de ce lieu...Là encore, on constate une régressiondans la référence ou plutôt l’absence deréférence au rôle pédagogique du pro-fesseur documentaliste.

En Technologie, la pratique des activi-tés documentaires est préconisée enSixième(3) mais sans que le cadre ensoit forcément le CDI : « Si le lieu pri-vilégié dédié à ces activités est le Centrede documentation et d’information(CDI), les salles équipées d’ordinateursconnectés à la toile ou reliés à un centrede ressources documentaires permet-tent également de mener à bien ce typed’activité dans le cadre normal desenseignements ». La collaboration avecles enseignants documentalistes n’entretoujours pas dans le cadre normal desenseignements. En Cinquième etQuatrième(4), les élèves doivent aborderles notions d’arborescence, de réper-toire et de mot-clé, « notamment dansle cadre du CDI ». Dans les nouveauxprogrammes de technologie (2009)(5), denombreuses notions concernent la maî-trise de l’information : « Recherche d’in-formations sur la toile » en Sixième,« Moteur de recherche, mot-clé, opéra-teurs de recherche » et « Identifier sessources » en Cinquième mais sans cohé-rence ni progression pédagogique,comme cela a été dénoncé par le SNES.Et l’on peut légitimement se deman-der ce qui, dans les concours de recru-tement des professeurs de technolo-gie, les prépare à assumer cetteformation.

En sciences de la vie et de la Terre(6),les activités suivantes sont citées : s’in-former, communiquer, maîtriser lesTICE en Sixième ; en Cinquième etQuatrième, faire de la recherche docu-mentaire et d’informations. En Troi-sième, existe désormais une préconi-sation de collaboration dans la partieintitulée « Responsabilité humaine enmatière de santé et d’environnement » :« Cette partie sera l’occasion d’un croi-sement des disciplines, d’un travail aucentre de documentation et d’informa-tion avec le professeur documentalisteet, dans la mesure du possible, d’unecollaboration avec des partenaires exté-rieurs ». On peut souligner ici la men-tion explicite à la collaboration entreprofesseur documentaliste et profes-seur de SVT. Ces préconisations ontdonné lieu dans certaines académiesà des journées organisées conjointe-ment par les inspections de SVT et lesinspections EVS pour impulser lescollaborations entre professeurs docu-mentalistes et professeurs de SVT.Même les nouveaux programmes demathématiques(7) intègrent la place desTIC : « la recherche de documents enligne permet, comme dans d’autresmatières et en collaboration avec lesprofesseurs documentalistes, de s’inter-roger sur les critères de classement demoteurs utilisés, sur la validité dessources, d’effectuer une sélection desdonnées pertinentes ».

(2) Cycle d’adaptation : classe de Sixième.Arrêté du 29 mai 1996 (BO n° 25 du 20 juin1996), modifié par l’arrêté du 14 janvier 2002(BO n° 8 du 21 février 2002). Cycle centraldes collèges, arrêté du 10 janvier 1997 (BOhors série n° 1 du 13 février 1997). Accom-pagnement des programmes histoire-géo-graphie Cinquième-Quatrième. Organisationdes enseignements du cycle d’orientationdu collège (classe de Troisième). Arrêté du26 décembre 1996 (BO n° 5 du 30 janvier1997). Arrêté du 2 juillet 2004 (BO n° 28 du15 juillet 2004).(3) BO n° 3 du 20 janvier 2005(4) Arrêté du 10 janvier 1997. JO du 21 janvier1997 (BO hors série n° 1 du 13 février 1997)(5) BO spécial n° 6 du 28 août 2008(6) BO hors série n° 5 du 25 août 2005(7) BO spécial n° 6 du 28 août 2008

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PARTIE 3. Donner aux élèves une culture informationnellePARTIE 3. Donner aux élèves une culture informationnelle

d’informations ». En BEP, « rendrecapable de s’informer, trier, classer,émettre des hypothèses, exercer uneréflexion critique... ». En bac profes-sionnel, « constituer ou exploiter unedocumentation en critiquant les sourcesd’information ».Les programmes de « Vie sociale et pro-fessionnelle », quant à eux se prêteraientégalement bien à une collaboration, enCAP une partie du programme s’intitulemême « S’informer ». Par contre, aucuneréférence n’est faite à l’existence desenseignants documentalistes...Ainsi, dans les programmes du lycéeprofessionnel, la collaboration avec leprofesseur documentaliste est donc citéeexplicitement à de nombreuses reprises.Un bémol toutefois : malgré la généra-lisation de la réforme de l’enseignementprofessionnel, essentiellement à traversla mise en place du bac professionnel entrois ans, aucun nouveau programmen’est paru jusqu’à présent. Néanmoins,il est à craindre que notre rôle pédago-gique ne soit réduit dans la mesure oùon demande à nos collègues de disci-pline de faire en trois ans ce qu’ils fai-saient en quatre ans.

Au lycée technologiqueLes AI (Activités interdisciplinaires) quiconstituent un pendant des TPE dans la

série technologique de ST2S font la partbelle à la recherche d’information etsont organisées selon un contingentd’heures annuelles.En STG, les élèves passent une épreuvepratique orale au baccalauréat quiconsiste à présenter une étude de cas enrecourant aux technologies de l’infor-mation et de la communication ? Afin deles préparer à cette épreuve, les élèvesde Première STG sont initiés à larecherche documentaire et doivent éla-borer un dossier (premier entraînement).En Terminale, pour élaborer leur dossieren vue de l’épreuve, ils effectuent unenouvelle recherche à l’occasion delaquelle les techniques sont revues trèsrapidement.

Au lycée généralLe programme de lettres(8), en Seconde,prévoit un « travail coordonné du pro-fesseur de français et du professeur docu-mentaliste en fonction du projet péda-gogique de la classe ». Le CDI est le lieuprivilégié de ce travail. Les professeursde lettres sont incités à y utiliser dic-tionnaires et encyclopédies, presse etbases de données. En classe de Secondeet Première, une annexe aux pro-grammes de 2001 détaille la partie sui-vante : « Documentation et liaison avecle CDI. Usage des technologies nou-velles ». Là encore, on note qu’« unesollicitation permanente mais inorgani-sée de travaux de recherche au CDI estsouvent peu efficace ». L’institution recon-naît donc les difficultés d’organisationauxquelles sont confrontés les ensei-gnants documentalistes mais ne met enplace aucun moyen pour y remédier.En sciences économiques et sociales, leBO du 24/09/1992 rappelle clairementque la discipline est une grande consom-matrice d’informations et cite : « La pra-tique des sources documentaires présen-tant la réalité économique et socialeconstitue la base des activités des élèves etdemeurera fondamentale dans les classesde la voie ES comme elle l’était en sec-tion B. Cette pratique reposera notam-ment sur des recherches personnelles oude groupe, suscitées par le professeur au ➜

Au lycée professionnelEn ce qui concerne le lycée profession-nel, les programmes de plusieurs disci-plines nécessitent la collaboration desprofesseurs documentalistes.Les accompagnements des programmesde français comportent une grandepartie consacrée à la recherche docu-mentaire : « Fédérer des notions inter-disciplinaires : le professeur de fran-çais s’engage dans une collaborationétroite avec le documentaliste, voire unautre enseignant, et construit un dis-positif pédagogique cohérent danslequel chaque enseignant aura un rôleà jouer et chaque élève saura se repé-rer ». Là encore l’expression « voire unautre enseignant » limite la portée deces instructions en ce qui concernel’intervention des professeurs docu-mentalistes.Il est en de même pour les programmesd’histoire-géographie en CAP, les élèvesdoivent « apprendre à rechercher et àtraiter des informations en utilisant desressources documentaires diverses, fai-sant appel, entre autres, aux TICE » (...)« vérification de la pertinence des infor-mations et de leurs sources... », utilisa-tion des TICE « au CDI où l’enseignantd’histoire et de géographie s’appuie surles compétences du professeur docu-mentaliste pour la recherche guidée

(8) BO n° 41 du 7 novembre 2002© C

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CDI, à partir de la presse et autres médias,en ménageant une indispensableréflexion à l’égard de leur pertinence ».Mais si la recherche d’informations estessentielle, l’apport du professeur docu-mentaliste ne l’est pas particulièrementpuisqu’il n’est jamais cité : « on s’appuierasur le Centre de documentation etd’Information (CDI) et sur l’Internet... » (9).Erreur de jeunesse (le texte officiel datantde 1992, soit deux ans seulement aprèsl’ouverture de la première session duCAPES de Documentation), méconnais-sance ou complexe de supériorité del’Inspection de SES de l’époque qui faitl’impasse sur les possibles collaborationsavec le professeur documentaliste ?Sans doute un peu des deux...Le programme de Seconde en histoire-géographie avec notamment les ques-tions liées au développement durabletels que l’eau dans le monde, les risquesnaturels, devrait également être uneopportunité à la recherche d’informa-tions au CDI.Malgré ces incitations dans les pro-grammes de certaines disciplines, lescollaborations avec les enseignants deces différentes matières restent très aléa-toires, se nouant en fonction des rela-tions interpersonnelles, du charisme del’enseignant documentaliste, de la dis-ponibilité et de l’envie de nos collèguesdes autres disciplines.

Si les occasions de faire acquérir auxélèves des compétences documentairesne manquent pas à l’intérieur des dis-ciplines, c’est le plus souvent dans lesdispositifs transversaux, interdiscipli-naires et dans les « éducation à... »(santé, environnement...) que le pro-fesseur documentaliste trouve sa place.Mais ces dispositifs sont souvent éphé-mères, modifiés ou supprimés aussi vitequ’ils ont été instaurés. Ce problèmede pérennité n’est pas un gage de miseen place d’apprentissages documen-taires cohérents.

IDD, TPE, PPCPLes itinéraires de découverte en collège,permettaient, entre autres, l’appropria-tion par les élèves des méthodes derecherche documentaire. Ils ont été pourbeaucoup de professeurs documenta-listes l’occasion de se faire enfin recon-naître par leurs collègues d’autres disci-plines comme des enseignants à partentière. Mais on ne peut que constateraujourd’hui leur quasi-disparition.En lycée, la recherche documentaireconstitue la première étape des TPE : larecherche et l’exploitation des docu-ments permettent de définir une pro-blématique mais aussi d’orienter le travail

1.2. Les dispositifs pédagogiques

des élèves. Mais si les TPE restent tou-jours obligatoires en Première, ils pre-naient tout leur sens quand ils se pour-suivaient en Terminale, l’année depremière permettant une mise en placede la démarche interdisciplinaire avecdroit à l’erreur, qui ne se concluait paspar une immédiate évaluation pour lebaccalauréat comme c’est le cas aujour-d’hui. Ils ont révélé la nécessité d’une for-mation à la recherche documentaire enSeconde. En effet, quand celle-ci n’a pasété faite, il est nécessaire de mettre enplace une formation quasi individuelle enPremière d’où une sensation d’essouf-flement du professeur documentalistequi s’épuise à courir après tous les élèvesde ce niveau. Le PPCP (Projet pluridis-ciplinaire à caractère professionnel),organisé en lycée professionnel, estcomme le TPE ou l’IDD, un projet pourlequel plusieurs matières sont sollicitées.Mais celui-ci revêt un caractère profes-sionnel. Dès la mise en œuvre de cedispositif, les professeurs documenta-listes s’y sont investis, et ce, même enl’absence de consignes officielles.

ECJSToute une partie du programme d’ECJS(10)

concerne la recherche documentaire et lamaîtrise de l’information. Il est d’ailleurstrès intéressant d’y voir apparaître ceconstat : « A l’arrivée en classe de Seconde,les compétences documentaires (ouinformationnelles) acquises s’avèrent trèsinégales (...). Les élèves ont-ils bénéficié,au cours de leur cursus antérieur, d’uneinitiation programmée à la recherchedocumentaire à travers des modules d’in-formation mis en place par le documen-taliste ? (...) ». On touche bien là au cœurdu problème de la reconnaissance de ladiscipline « Information-Documentation » :tant qu’il n’existera pas un horaire attri-bué, par classe, consacré aux activitésinfo-documentaires, il sera impossible degarantir aux élèves une égalité de for-mation sur le territoire.Les 16 heures annuelles avec des dédou-blements systématiques (en lycée géné-

(9) BO hors série n° 6 du 29 août 2002(10) BO hors série n° 3 du 30 août 2001,volume 8

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PARTIE 3. Donner aux élèves une culture informationnellePARTIE 3. Donner aux élèves une culture informationnelle

ral et technologique), sont majoritaire-ment prises en charge par les profes-seurs d’histoire-géographie. Les profes-seurs documentalistes sont souventsollicités lors des premières séquences derecherche au CDI ou en salle informa-tique. L’ECJS est globalement apprécié parles professeurs documentalistes commeoccasion de mise en situation réelle derecherches info-documentaires. D’autresestiment que les séquences d’ECJS enSeconde constituent une préparation auxTPE de Première.Les nouveaux textes citent la possibilité detravailler en collaboration avec le « pro-fesseur documentaliste ». Mais cette inci-tation reste aléatoire et hypothétique. Letravail au CDI n’est plus obligatoire. Alorsque l’on aurait pu espérer une recon-naissance du rôle du professeur docu-mentaliste en tant qu’expert des ques-tions info-documentaires au sein du lycée,les dernières instructions constituent unrecul sur le plan de l’implication des pro-fesseurs documentalistes dans l’ECJS.En CAP ou en BEP, le rôle du professeurdocumentaliste est clairement affirmédans le cadre de l’ECJS : « La recherchedocumentaire… implique la présence duprofesseur documentaliste dans l’équipepédagogique, véritable partenaire desautres professeurs dans la conduite de larecherche documentaire des élèves ». Ouencore : « Ce travail documentaireimplique la présence du professeur docu-mentaliste dans l’équipe pédagogique,non pas comme un simple prestataire de

service recevant les classes au Centre dedocumentation et d’Information maiscomme un véritable collaborateur assis-tant les professeurs dans la conduite de larecherche documentaire de leurs élèves ».On constate sur le terrain que les pro-fesseurs documentalistes affectés en lycéeprofessionnel ont une activité pédago-gique riche et intense. Mais la disparitionde l’ECJS dans les nouveaux programmesde l’enseignement professionnel remeten cause ce fragile équilibre.

Le B2iParmi les cinq domaines de compétencesdéfinis dans le nouveau référentiel duB2i (publié en décembre 2011, dispo-nible sur le site Eduscol à l’adresse :http://eduscol.education.fr/cid46073/b2i.html), on trouve la nécessité pour lesélèves « d’adopter une attitude respon-sable, de consulter des bases de donnéesdocumentaires en mode simple, d’identi-fier, trier et évaluer des ressources » ainsique « de chercher et sélectionner l’infor-mation ». La maîtrise des techniquesusuelles de l’information et de la com-munication est d’ailleurs l’une des septcompétences définies dans le socle com-mun de connaissances et de compé-tences (loi d’orientation et de programmepour l’avenir de l’école en 2005). On y faitréférence à l’attitude critique face à l’in-formation, à la nécessité de connaître leslois sur la propriété intellectuelle, à lamaîtrise des compétences citées dans leB2i (« Savoir s’informer et se documen-

ter »). Mais les compétences informa-tionnelles sont éparpillées dans diffé-rents piliers : « maîtrise de la langue fran-çaise, compétences sociales et civiques,initiative et autonomie et, bien sûr maî-trise des TUIC ». De plus, aucune indi-cation n’est donnée quant à la façon deconstruire des compétences aussi com-plexes telles que par exemple la capacitéà adopter « une attitude critique vis-à-visde l’information disponible ». Enfin, leproblème majeur reste qu’aucun créneauhoraire n’est prévu pour que les profes-seurs documentalistes forment les élèveset valident leurs compétences.

La Semaine de la presseet l’éducation aux médiasLe CLEMI a mis à jour sa lecture des pro-grammes scolaires sous l’angle de l’édu-cation aux médias : www.clemi.org/fr/l-eam-dans-les-programmes. Il a pour mis-sion d’apprendre aux élèves une pra-tique citoyenne des médias en établissantdes partenariats constants entre ensei-gnants et professionnels de l’informa-tion. Il a mis en ligne en juillet 2009 undocument très complet proposant une« Lecture des programmes scolaires sousl’angle de l’éducation aux médias » (11)

pour les premier et second degré. Lerôle spécifique du professeur documen-taliste n’y est pas mis en avant puisqu’ils’agit, justement, d’une lecture des pro-grammes scolaires. Pourtant, la plupartdes documentalistes inscrivent leur éta-blissement à « La semaine de la presse etdes médias dans l’école », manifestationorganisée par le CLEMI et qui a lieuchaque année en mars depuis 21 ans.Avec les professeurs de lettres et d’his-toire-géographie principalement, ils orga-nisent dans le cadre de cette manifesta-tion de nombreuses actions : mise enplace de kiosques, de concours, deséances pédagogiques destinées à faireporter aux élèves un regard neuf et cri-tique sur les informations dont ils dis-posent. Comme le rappelle la note d’in-formation de la DEPP parue ennovembre 2008 sur « L’éducation auxmédias dans le second degré » : « la col- ➜

(11) En ligne sur www.clemi.org/formation/outils/prog-off.pdf©

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PARTIE 3. Donner aux élèves une culture informationnellePARTIE 3. Donner aux élèves une culture informationnelle

laboration très rapprochée entre les ensei-gnants et le documentaliste est une don-née essentielle de l’éducation aux médias: environ huit enseignants sur dix confir-ment l’implication soutenue de ce dernierlors de la mise en place des activitésd’éducation aux médias, et plus de lamoitié déclarent intervenir avec un col-lègue documentaliste lorsqu’ils éduquentaux médias » (12).Les professeurs documentalistes sontdonc des partenaires privilégiés del’éducation aux médias, ce que n’ad’ailleurs pas manqué de souligner lesénateur David Assouline dans son rap-port (2008) que nous évoquerons plusbas. Ce « rôle spécifique des professeursdocumentalistes dans la mise en placed’une éducation aux médias tout aulong de l’année, au sein des centres dedocumentation et d’information (CDI) »avait déjà été identifié par une étude duCLEMI menée en 2004-2006(13).

Le CESC : Comité d’éducationà la santé et à la citoyennetéCe comité a pour mission de contribuerà l’éducation à la citoyenneté, l’éduca-tion à la santé et à la sexualité et de pré-vention des conduites addictives. Cesactions font intervenir très souvent desrecherches documentaires sur la sexua-lité, les drogues, etc. Les professeursdocumentalistes s’investissent fréquem-ment dans ses activités. Ils mettent éga-lement souvent à disposition le CDIcomme un espace de discussion etd’échange dans le prolongement desrecherches effectuées par les élèves.

La découverte professionnelleen TroisièmeL’option découverte professionnelle facul-tative de trois heures hebdomadaires encollège est normalement prise encharge « par une équipe pédagogique plu-ridisciplinaire à laquelle peuvent se joindred’autres membres de l’équipe éducative(professeur documentaliste [...]) » (14) et lesactivités de recherche documentaire surles métiers et les formations y sont nom-breuses. Elle ne touche cependant qu’uneinfime partie des élèves de Troisième,tout comme l’option découverte profes-sionnelle 6 heures.

L’accompagnement éducatifEnfin, l’accompagnement éducatif aucollège qui dans les textes peut concer-ner les activités de recherche docu-mentaire, ne concerne qu’un nombretrès limité d’élèves. De plus, ces activi-tés resteront inopérantes si elles ne sontpas intégrées dans une progression desapprentissages info-documentaires,reliées à des contenus disciplinaires.C’est aussi le cas pour l’utilisation desTICE préconisée dans le cadre de l’ac-compagnement éducatif. La recherchedocumentaire risque, avec la générali-sation de l’accompagnement éducatifdepuis la rentrée 2008, d’être totalementreléguée hors temps scolaire.

L’accompagnement personnaliséDispositif issu de la réforme du lycée, l’ac-compagnement personnalisé a été mis enplace pour tous les élèves de Seconde àla rentrée 2010, et aux élèves de Premièreà la rentrée 2011. Sans aucune surprise,cet énième dispositif se révèle être unvéritable fourre-tout mêlant : méthodo-logie, aide à l’orientation et projets divers,et le tout, sans aucun cadrage national !La participation du professeur docu-mentaliste se fait, à l’instar des professeursde disciplines, sur la base du volontariat.Pourtant, un premier bilan réalisé aucours de l’année 2010-2011, montre quedans la majorité des établissements laparticipation du professeur documenta-liste est imposée par le proviseur quisouhaite ainsi masquer le « grand videpédagogique » qu’est ce dispositif ainsi

que la difficile prise en charge par lesenseignants de discipline de ce dernier !Véritable mascarade dans nombre delycées, l’accompagnement personnaliséalourdit les tâches quotidiennes du pro-fesseur documentaliste sans lui permettretoutefois de former tous les élèves à l’in-formation-documentation.En conclusion, malgré ces multiples réfé-rences institutionnelles, force est deconstater que les notions et compétencesmises en œuvre dans l’éducation à l’in-formation ne sont toujours pas explicitéesdans des instructions officielles. Éduca-tion à l’information, éducation auxmédias, apprentissages informatiques seconfondent sans que leurs champs res-pectifs soient clairement spécifiés.L’éducation à l’information, comme lesautres éducations à (l’orientation, audéveloppement durable...) est toujoursconçue dans sa dimension transversale etjamais en tant qu’enseignement spéci-fique. De fait, elle est trop souventréduite à sa dimension technique,comme le montre le B2i de manière fla-grante, aucune indication n’est donnéequant à la façon de construire des com-pétences aussi complexes que la capacitéà adopter « une attitude critique vis-à-visde l’information disponible ».

(12) En ligne sur http://media.education.gouv.fr/file/2008/71/9/NI0831_38719.pdf(13) En ligne sur www.clemi.org/fr/dans-les-classes/experimentations/programme-2004-2006(14) BO n° 11 du 17 mars 2005

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PARTIE 3. Donner aux élèves une culture informationnellePARTIE 3. Donner aux élèves une culture informationnelle

Les situations sont très variées et onremarque que les collègues saisissentles occasions et les dispositifs existantspour assurer la formation des élèves à lamaîtrise de l’information.En Sixième, elle est menée de façonquasi systématique, les enseignants docu-mentalistes pouvant s’appuyer sur lespréconisations de leur circulaire de mis-sions (1986) : « A l’intention des nou-veaux élèves et en liaison avec les pro-fesseurs, les personnels d’éducation, leschefs de travaux, les assistants, il organiseun cycle d’initiation à l’utilisation des res-sources du centre ». Mais les taux horairesconsacrés à cette « initiation » sont extrê-mement variables selon les situationslocales. Dans l’académie d’Amiens, lescollègues déclarent assurer ces heures deformation dans le cadre de l’Aide au tra-vail personnel (ATP) le plus souvent,mais aussi en dédoublement avec leshoraires de français, de SVT, sur le tempsd’« ateliers lecture ». Le temps consacrédépend des établissements : de 2 heuresd’initiation en début d’année à 1heure/quinzaine en groupe toute l’année.Dans l’académie de Reims, mêmeconstat : la formation aux élèves deSixième peut durer dans certains castoute l’année et dans d’autres quelquesséances seulement. Elle fait partie del’emploi du temps ou est « prise » sur l’ho-raire des autres disciplines. Dans un col-

2.1. En collège

lège de Haute-Marne, une ligne derecherche documentaire apparaît dans lesbulletins scolaires et entre en comptepour le calcul de la moyenne. Mais sansindemnité, la plupart des collègues refu-sent de participer aux conseils de classemême si certains le font de façon mili-tante, considérant que cela est importantpour faire reconnaître leur rôle pédago-gique. Dans l’académie de Nancy-Metz,une collègue consacre jusqu’à 20 heurespar semaine pour les classes de Sixième,pour d’autres, le nombre d’heures varieentre 30 à 42 heures par an. Les heuresfigurent à l’emploi du temps des élèvesen étant prises sur les heures libres oules heures de groupes en français.Cependant, certains collègues ont vu ces

heures réservées aux activités docu-mentaires supprimées, selon le bon vou-loir du chef d’établissement. Dans l’aca-démie de Créteil, plusieurs collèges ontégalement fait le choix d’inscrire cesheures de formation à l’emploi du tempsdes Sixièmes. Le plus souvent, elles sedéroulent en demi-groupes, la classeétant partagée avec un enseignant delettres. Elles varient de 5 heures/élèvesur un trimestre à 1 heure tous les quinzejours pendant toute l’année scolaire.Cette formation est évaluée par quelques

(1) Voir la page « Informations académiques :stages et leurs comptes rendus... » dans larubrique « Documentation » du site du SNES :www.snes.edu/spip.php?rubrique444

2. État des lieux de la formation des élèvesau collège et au lycée

Questionner son sujet, définir une problématique, chercher des documents, s’approprier, analyser et restituerl’information... La formation info-documentaire développe l’esprit critique ainsi que l’autonomie des élèves.Mais comment est mise en œuvre cette formation ? D’après l’enquête menée par le SNES, moins de 10 % des ensei-gnants documentalistes déclarent ne consacrer aucun temps à des séquences de formation des élèves. Plus de58 % des enseignants documentalistes consacrent entre 1 à 6 heures hebdomadaires à des séquences de forma-tion des élèves, seuls. Près de 19 % entre 7 à 12 heures, près de 14 % plus de 12 heures. Ils sont plus de 66 % à estimerentre 1 à 6 heures par semaine le temps de formation des élèves, mais cette fois en collaboration avec des ensei-gnants d’autres disciplines. Près de 14 % estiment consacrer entre 7 à 12 heures à la formation des élèves en colla-boration et plus de 10 % évaluent ce temps à plus de 12 heures. Les informations recueillies lors de stages syndi-caux menés en 2008, dans les académies d’Amiens, Nancy-Metz, Reims et la région parisienne permettentd’affiner cette estimation(1).

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collègues : c’est le cas pour trois d’entreeux sur les six interrogés. Deux ontchoisi d’intégrer une note dans lamoyenne de la discipline partenaire, etle troisième de créer une rubrique « CDI »sur le bulletin scolaire. Dans l’académiede Versailles, quelques collègues ontégalement réussi à faire inscrire 1 heurehebdomadaire (ou 1 heure tous lesquinze jours) dans l’emploi du tempsdes élèves comme heure d’initiation à larecherche documentaire. Dans ces col-lèges, les élèves ont une note sur le bul-letin et les professeurs-documentalistesparticipent aux conseils de classe desSixièmes. Mais ces pratiques sont loind’être répandues dans l’ensemble descollèges de l’académie, alors même quel’inspection Établissement et vie scolaire(EVS) de Versailles a impulsé depuis2002 un « portfolio des compétencesdocumentaires » (2).Pour les autres niveaux du collège, lespratiques sont encore plus aléatoires.Dans l’académie d’Amiens, les collèguess’appuient sur les IDD là où ils subsistentencore, des dédoublements en Sciences,des projets de classe ponctuels. Dansl’académie de Nancy-Metz les collèguesdéclarent également former les élèvesde Cinquième et de Quatrième dans lecadre des IDD. Pour les élèves deTroisième, ce sont les heures de décou-verte professionnelle (DP3, DP6) quisont utilisées par certains pour former lesélèves à la recherche documentaire.Quelques collègues participent à la vali-dation des items du B2i qui concernentla maîtrise de l’information (« créer,produire, traiter, exploiter des données ;s’informer, se documenter ; communi-quer, échanger »). Même constat dansl’académie de Créteil : quand la forma-tion est organisée pour les niveaux autresque celui de Sixième, elle s’appuie enCinquième sur les IDD, en Troisièmesur la DP3 ou le B2i et sur des projets

ponctuels sur une ou plusieurs classes.Ces projets prennent parfois une plusgrande envergure : ainsi dans un collègeZEP de l’académie, sont organisées desséquences de formation à la recherchedocumentaires pour toutes les classesde Cinquième et de Troisième, par demi-groupes, sur un semestre, en collabora-tion avec un professeur d’histoire-géo-graphie. Incluses dans le projetd’établissement, ces séquences ont puêtre mises en œuvre en utilisant la margedisponible dans la dotation horaire glo-bale de l’établissement.Aide au travail personnel (ATP),Itinéraires de découverte (IDD), dédou-blements officieux, heure de vie declasse, Brevet informatique et internet(B2i), découverte professionnelle(DP 6 heures ou DP 3 heures), projetsdivers, et dernièrement l’accompagne-ment éducatif : autant de dispositifs, quis’ils ne sont pas exempts de critiques surle fond, sont utilisés par les professeursdocumentalistes pour tenter d’organiserla formation des élèves, en l’absenced’horaires réglementaires. Ainsi, au col-lège, en l’absence de textes, les ensei-gnants documentalistes sont amenés àfaire preuve d’imagination et de pugna-cité pour dispenser leur enseignementen « bricolant » un parcours pour lesélèves. La situation au lycée n’est pasforcément plus propice à une forma-tion systématique de tous les élèves àl’information-documentation.

Les classes de Seconde bénéficient leplus généralement d’heures « d’initiation »à la recherche documentaire, conformé-ment aux préconisations de la circulairede missions des documentalistes (1986).Lors du stage organisé par le SNES dansl’académie d’Amiens, la majorité des col-lègues a déclaré organiser 2 heures « d’ini-tiation » en début d’année pour les élèvesde ce niveau. À Reims a été soulignée ladifficulté à systématiser la formation auxélèves de Seconde. Dans un lycée, elleexiste mais seulement dans trois classesqui ont suivi trois séances d’information-documentation : 1 heure sur le ques-tionnement du sujet de recherche + 1heure sur l’utilisation du logiciel docu-mentaire (BCDI) et l’élaboration d’unebibliographie + 1 heure sur l’utilisationd’Internet. Même constat pour un ensei-gnant documentaliste de Nancy-Metz : ilconsacre 1 heure/semaine à quatreclasses de Seconde dans le cadre del’ECJS, mais seulement 6 heures par anpour six autres Secondes et aucune heurepour les deux dernières classes. Danscette académie, les collègues déclarentmettre en place la formation des élèvesde Seconde sur leurs heures libres decours ou bien en ECJS, en français ou enhistoire-géographie.Autre écueil : le niveau des élèves est trèshétérogène ; « BCDI (le logiciel docu-

2.2. En lycée

(2) « Inscrit dans la politique documentaireacadémique, le Portfolio des compétencesdocumentaires est un outil d’aide à laconduite des apprentissages documentairesdes élèves de la Sixième à la Terminale » :www.documentation.ac-versailles.fr/spip.php?article8

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PARTIE 3. Donner aux élèves une culture informationnellePARTIE 3. Donner aux élèves une culture informationnelle

mentaire) : connais pas ! » disent cer-tains élèves, comme s’ils n’avaient jamaisreçu de formation au collège. Les col-lègues de lycée ne peuvent que consta-ter les carences d’une formation dispen-sée de façon très variable au collège, enfonction des possibilités locales. Enfin, sila présentation du CDI en début d’annéeest utile, les enseignants documentalistesde lycée voudraient qu’elle soit complé-tée en cours d’année par « des piqûres derappel ». Dans certains lycées en effet,seule 1 heure peut être consacrée auxSecondes. Une collègue de l’académie deReims reconnaît qu’elle n’est pas satisfaitede cette situation et que les enseignants,surtout en ECJS, seraient prêts à passer 3heures au CDI. Mais comment faire dansson lycée avec deux documentalistespour un établissement sur deux sites oudans tel autre lycée de la même acadé-mie, depuis que le second poste a étésupprimé ? Certains collègues arrivent àutiliser les heures de modules pour orga-niser une progression des apprentissagesinfo-documentaires sur la classe deSeconde mais là encore, tout dépenddes contraintes locales (nombre de postesde professeurs documentalistes, motiva-tion des équipes enseignantes, fonction-nement de la vie scolaire, bonne volontédu chef d’établissement...).Les collègues interviennent ensuite àdes degrés divers en classe de Première,dans le cadre des TPE ou de l’ECJS.

À Reims, une collègue consacre 1 heuredans le cadre des TPE au rappel de ladémarche de recherche documentaireen insistant plus particulièrement sur labibliographie. Puis elle fait du cas parcas, groupe d’élèves par grouped’élèves. Un autre collègue de la mêmeacadémie qui voit les élèves en début deTPE pour leur présenter des fiches outilsde méthodologie, constate : « tout çan’est que du saupoudrage, on colmate lesbrèches ». Des collaborations existentaussi avec les nouveaux programmesde STG et de ST2S.Enfin, rares sont les enseignants docu-mentalistes qui parviennent à travailleravec les classes de Terminale. Ainsi lescollègues de lycée présents lors du stageSNES organisé dans l’académie deVersailles déclarent consacrer 6 heureshebdomadaires en moyenne à la péda-gogie mais uniquement pour les classesde Seconde et de Première.En ce qui concerne l’évaluation, làencore, les situations sont très diverses :parfois pas d’évaluation réelle, parfoisune évaluation formative par le degréd’autonomie atteint par les élèves etleur capacité de réinvestissement, la co-évaluation dans le cadre de projets avecles collègues en prenant en compte lesapprentissages documentaires à desdegrés divers (prise en compte dans lamoyenne de la matière concernée). Lanotation sur le bulletin scolaire par le

biais d’une ligne « Information recherchedocumentaire » est plus rare qu’en col-lège même si elle existe par endroits, demême que la participation des ensei-gnants documentalistes aux conseils declasse. La validation d’items du B2i estaussi plus rare qu’en collège. Lors dustage SNES organisé à Reims, onapprend que certains chefs d’établisse-ments refusent d’entendre parler du B2ilycée. Dans les lycées où il est mis enplace, les collègues constatent que lavalidation est une activité chronophage.Ainsi cette collègue d’un lycée rémoischargée d’évaluer l’item 4 qui concernela recherche documentaire y passe beau-coup de temps car tous les élèves sontconcernés. Enfin, les procédures d’éva-luation des travaux de TPE sont aléa-toires car n’incluant pas toujours l’en-seignant documentaliste.L’ECJS et les Travaux personnels encadrés(TPE), sont les seuls créneaux officielsvalorisant la démarche documentaire,d’ailleurs remis en cause par la suppres-sion des TPE en Terminale. En pratique,leur mise en œuvre est très hétéroclite:créneaux horaires variables, regroupe-ment sur les mêmes plages horaires (cequi joue sur l’implication des professeursdocumentalistes), procédures d’évalua-tion aléatoires car n’incluant pas toujoursl’enseignant documentaliste... Si le bilandes TPE est mitigé, ces derniers révèlentcependant la nécessité d’une réflexion sur

Le cas de l’ECJSUne enquête lancée par le groupeDocumentation sur sa liste de dif-fusion a permis en mai 2009 derecueillir 23 réponses sur le bilande ce dispositif :• l’ECJS est souvent pratiquée enSeconde et Première, beaucoupplus rarement en Terminale ;• les professeurs d’histoire-géogra-phie arrivent largement en tête, etplus loin derrière, ceux de SES suivisde ceux de lettres, de philosophie,etc. Souvent pour boucler les ser-vices, ce qui pose des problèmes demotivation de la part des équipespour le déroulement de l’ECJS ;• des pratiques très variables d’unétablissement à l’autre et à l’inté-

rieur même d’un établissement. Lescauses sont multiples : du côté desenseignants de la discipline, lesquestions de formation, d’habitudede travail en équipe, de relationnelentrent en jeu. Du côté des docu-mentalistes, des problèmes depostes et d’organisation matérielle(chevauchement des classes avecles TPE, manque de ressourcesdocumentaires...). Certains col-lègues interviennent sur toutes lesétapes de l’ECJS, évaluation com-prise, d’autres sont uniquementprestataires de service ou prati-quent de l’aide individualiséeauprès des élèves. Parmi les inter-ventions pédagogiques les plus

courantes : questionnement dusujet et problématique, découvertedes ressources documentaires, uti-lisation du logiciel documentaire,découverte de la presse, recherchesur Internet, bibliographie... ;• souvent l’ECJS ne va pas jusqu’àl’organisation de débats (manquede formation ?). Les professeurs-documentalistes semblent beau-coup apprécier l’ECJS, un des rarescréneaux leur permettant d’exer-cer leur mission pédagogique. Maisglobalement, ils notent un désin-vestissement des équipes confron-tées à la dégradation des conditionsde travail et à la dévalorisation despédagogies actives.

« L’ECJS est l’une des matières privi-légiée pour la conduite de recherchesdocumentaires, le travail au CDI encollaboration avec le professeur-documentaliste. »« Grâce à L’ECJS, je forme plus d’élèvesde Seconde à la recherche documen-taire de façon pratique. Avant, je fai-sais une initiation à chaque classe,mais sans un but précis. »« Je pense même qu’il serait sou-haitable que cet enseignementdevienne hebdomadaire, du moinsen Seconde. Ce créneau horaire pour-rait alors permettre une véritableéducation aux médias. La forma-tion à l’esprit critique est en effetfondamentale pour cette générationdu copier/coller. »

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PARTIE 3. Donner aux élèves une culture informationnellePARTIE 3. Donner aux élèves une culture informationnelle

les attentes en matière de recherchedocumentaire et d’une formation dès laSeconde. Cette formation est en effetrarement systématisée, souvent effectuéeen ECJS, heures de modules ou parfoismême durant l’heure de vie de classe.

De telles pratiques aussi aléatoires voireinformelles ne peuvent donc plus per-durer. Les initiatives pédagogiquesmenées par les collègues, pour fécondeset enrichissantes qu’elles soient, restenttrop disparates et fragmentaires pourassurer une réelle formation de tousles élèves. En dehors d’un cadre spéci-fique pour les activités documentaires,non seulement sur le plan théoriquemais aussi sur le plan pratique, les col-laborations avec les enseignants de dis-ciplines restent fragiles et ponctuelles,reposant trop souvent sur la bonnevolonté des uns et des autres, une situa-tion encore aggravée par la constantediminution des postes d’enseignants etla dégradation des conditions de tra-vail qui en résulte.

2.3. Sortir du « bricolage »pédagogique

Pourtant, la défense du rôle pédagogiquedes enseignants documentalistes reste aucœur des revendications des collègues. LeSNES a lancé en 2007 et 2008, deuxenquêtes qui ont reçu près de 900réponses. Elle révèle que près de 60 %des enseignants documentalistes reven-diquent un horaire spécifique de« recherche documentaire » (56 % pour lecollège et le lycée, 12,5 % uniquementpour le collège et 1,5 % uniquementpour le lycée). 70 % des collègues récla-ment la mise en place d’une nouvelle cir-

culaire de mission avec des instructionsofficielles pour la formation en informa-tion-documentation. Or le dernier projetde circulaire de missions (daté du 18janvier 2011) ainsi que le PACIFI(Parcours de formation à la culture del’information) fait l’impasse sur notre rôlepédagogique et ne répond pas auxattentes de la profession. Au collègecomme au lycée, l’Institution doit seposer la question du cadre horaire adé-quat pour permettre de former tous lesélèves à l’information-documentation.

Le cas de l’enseignement agricoleDans les lycées agricoles, les élèves bénéficient d’une formation documen-taire en s’appuyant sur les programmes officiels.Les documentalistes de l’Enseignement agricole professionnel (EAP) sontreconnus professeurs depuis la création du CAPES. Les professeurs docu-mentalistes de l’EA considèrent qu’ils n’ont qu’une « casquette », celle de lapédagogie autour de laquelle s’organise l’ensemble des tâches. Leur réfé-rentiel professionnel a vu le jour en 1997, partagé en quatre axes de travail.Contrairement à leurs collègues de l’Éducation nationale, les professeursdocumentalistes de l’EAP ont des heures de face à face inscrites aux réfé-rentiels de formation des élèves, du BEP (pour ceux encore existants) au BTS,pour 30 heures à chaque fois. Cela suppose donc un temps de présence auCDI diminué, 1 heure de cours comptant pour 2 heures de CDI, 2 h 30 en BTS(préparation, correction). Si le professeur documentaliste exerce dans unétablissement proposant plusieurs classes de BEP et de BTS par exemple, lesheures de cours peuvent atteindre un nombre important et le travail sur lesautres axes fortement réduit de fait. Or les cours dispensés s’appuient surle caractère pédagogique des autres axes.L’ensemble de la profession a alors réagi, mettant en avant les besoinsgrandissant de l’information communication, l’arrivée des nouvelles tech-nologies, l’évolution permanente du métier. Était-ce l’âge d’or ?... certainsétablissements ont bénéficié de deux postes équivalent temps plein au cdi,au prorata du nombre d’apprenants, et certains mêmes trois, comme àPau ou à Bordeaux. Des postes de catégorie B, «Tepeta documentation »,autrement dit secrétaire de documentation, ont été créés et leurs missions

sont précisées dans une circulaire de 2004 (DGER/SDACE/C 2004-2004 du5 mai 2004) : ils contribuent à l’organisation et la gestion du fonds docu-mentaire, participent à l’animation du CDI et l’accueil des élèves, à la trans-mission et la diffusion de l’information auprès de la communauté éducative,aident les élèves dans leurs recherches documentaires, peuvent ponctuel-lement effectuer le remplacement des professeurs documentalistes.Le programme de révision générale des politiques publiques, dans la conti-nuité des choix politiques en place depuis 2002, a totalement changé cesdonnes, s’appuyant sans doute sur une démographie en baisse : plus deconcours en documentation de 2005 à 2009, mutations d’office (dans l’in-térêt du service !) des troisièmes postes... le non-recrutement va jusqu’àorganiser la reconversion d’enseignants de disciplines vers les CDI.Un autre point sensible est la mise en place du bac professionnel en trois ans.La suppression d’une année dans le cursus BEP/baccalauréat professionnel vade pair avec une compression du référentiel de formation. De fait, le profes-seur documentaliste n’intervient plus officiellement en Seconde pro. Certainsse voient attribuer quelques heures de « soutien » ou dans les «enseigne-ments laissées à l’initiative de l’établissement » en accord avec l’équipe péda-gogique. 28 heures sont prévues en classe de première du baccalauréatprofessionnel rénové : la formation pédagogique dans le cadre de la forma-tion continue ayant « explosé », l’École nationale de formation agronomiquede Toulouse (ENFA) met en place des Groupes d’animation pédagogiques(GAP) pour faire face à la demande des professeurs documentalistes inquiets.www.snes.edu/-L-Enseignement-Agricole-.html

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PARTIE 3. Donner aux élèves une culture informationnellePARTIE 3. Donner aux élèves une culture informationnelle

Parallèlement à l’investissement desprofesseurs documentalistes sur le ter-rain de leur établissement scolaire lesrecherches théoriques et les expéri-mentations pratiques ont permis delarges avancées dans la didactisationdes savoirs info-documentaires.Dès l’entrée dans la société de l’infor-mation et l’apparition des technologiesde l’information et de la communica-tion, depuis les années 1980, laréflexion autour de l’éducation à l’in-formation s’est développée. En 1983,Brigitte Chevallier codifie les différentesétapes de la méthodologie documen-taire. Des référentiels professionnelsvoient le jour, en particulier celui de laFADBEN en 1997. Ces outils, toujoursutilisés, ont permis aux collègues demettre en place de multiples projetspédagogiques. Le travail sur des conte-nus spécifiques et des savoirs info-

3.1. De la méthodologiedocumentaire à unenseignement de l’information-documentation : l’apport de la Recherche

documentaires clairement cernés com-mence alors à mûrir.Pour intéressants qu’ils soient, cesoutils, souvent centrés sur des appren-tissages purement instrumentaux, nepermettent qu’une approche restreintede l’éducation à l’information. Peu àpeu, l’idée qu’il faut analyser et clarifierles savoirs et les notions à l’œuvre dans

les apprentissages documentaires s’im-pose. En 2003, Jean-Louis Charbonnierdéveloppe l’idée de curriculum, « unensemble cohérent de contenus et desituations d’apprentissage mis en œuvredans une progression déterminée »(Charbonnier, 2003). En clair, commenttransposer les savoirs info-documen-taires en objets d’apprentissage ? ➜

3. Quelles perspectives pourl’éducation à l’information-documentation ?

La formation des élèves à la maîtrise de l’information fait depuis toujours partie des missions officielles et reven-diquées par les professeurs documentalistes. On peut d’ailleurs noter que l’évolution du nom du métiertend à réaffirmer cet attachement à la nature essentiellement pédagogique de la fonction. De « bibliothécaire »à « documentaliste », en passant par « documentaliste-bibliothécaire » et en arrivant à « professeur docu-mentaliste » ou « enseignant documentaliste », c’est bien la formation des élèves qui est placée au cœur dela profession. Le premier texte officiel mentionnant clairement cette attribution pédagogique date du17 février 1977, il s’agit d’une circulaire inspirée du rapport Tallon sur les CDI rédigé en 1974 qui s’intitule « Fonc-tions des responsables de centres de documentations et d’information des établissements du second degré ». Ily est mentionné dès le début que « la fonction est d’ordre essentiellement pédagogique » et qu’il « exerce uneaction directe auprès des élèves pour leur enseigner les méthodes de recherche sur document et de travail sur docu-ments ». Le 13 mars 1986, paraît la circulaire de missions « des personnels exerçant dans les centres de docu-mentation et d’information ». Encore d’actualité malgré des tentatives infructueuses de réactualisation, ce texteresserre ces missions autour de quatre axes, le premier étant l’initiation et la formation des élèves à larecherche documentaire. Il indique que « le documentaliste-bibliothécaire doit assurer l’initiation et la forma-tion des élèves à la recherche documentaire ». Cette initiation, précisément décrite, doit permettre aux élèvesde se repérer dans le CDI mais aussi de connaître les principales étapes de la recherche documentaire. La circu-laire présente le documentaliste comme un membre à part entière de l’équipe pédagogique.

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L’étendue du curriculum se veut plusvaste que celle du programme d’en-seignement qu’il inclut. Aux contenus àenseigner et à leur progression parniveaux s’ajoutent des situations d’ap-prentissage, des méthodes pédago-giques, des activités, des moyens etdes modalités d’évaluation. DanielHameline, chercheur en Éducation, leprésente comme un « plan d’actionpédagogique ». Pour Pascal Duplessis,chercheur en didactique de l’informa-tion intervenant à l’IUFM des pays de laLoire, il « reflète une vision globale desphénomènes éducatifs, articulant lesquestions et les expériences de l’ensei-gnement à celles de l’apprentissage »Pascal Duplessis et Alexandre Serresont poursuivi dans cette voie lors du7e congrès de la FADBEN (Nice, 2005).Cette réflexion a trouvé son aboutisse-ment en 2006 avec la mise en placed’une ERTE sur le thème « Culture infor-mationnelle et curriculum documen-taire ». Cette équipe de recherche tra-vaille sur l’élaboration d’un curriculumbasé sur des connaissances et des com-pétences info-documentaires spéci-fiques permettant enfin de rationaliserles apprentissages documentaires. CetteERTE a présenté le premier bilan de sestravaux lors du colloque « L’éducation

à la culture informationnelle » qui s’esttenue en octobre 2008 à Lille (1).

Lors des différents congrès qui ont eulieu depuis 1999, le SNES s’est attachéà défendre le métier de professeurdocumentaliste : amélioration des sta-tuts mais aussi et surtout, reconnais-sance de son rôle pédagogique.Dès le congrès de Lille, en 1999, leSNES, conscient des enjeux liés à lasociété de l’information, dénonçait unevision très restrictive de l’action péda-gogique du professeur documentaliste.Il déplore le manque d’heures dédiéesà l’enseignement de l’information docu-mentation et l’absence d’incitation dansles programmes disciplinaires. Enconséquence, il demande que l’onconfie aux enseignants documentalistesl’identification des savoirs documen-taires ainsi que la mise en place d’ac-tivités de recherche en concertationavec les enseignants d’autres disci-plines ainsi qu’une participation activedes professeurs documentalistes àl’évaluation de ces travaux : « Il revientdonc aux enseignants que sont lesdocumentalistes :

3.2. L’affirmation dela didactique documentaire :cheval de bataille du SNES

• d’identifier les savoirs en informa-tion-documentation à enseigner toutau long de la scolarité ;• de se concerter avec les enseignantsdes disciplines pour organiser des tra-vaux de recherche ;• de mettre en évidence, dans ces tra-vaux, par des activités appropriées, lesapprentissages documentaires mis enœuvre ;• d’évaluer ou de co-évaluer les acquis.Actuellement, faute d’horaires et d’éva-luation prévus pour ces apprentissages,faute d’une véritable incitation des pro-grammes disciplinaires, et surtout fauted’enseignants documentalistes ennombre suffisant, cette formation estsacrifiée » (Lille, 1999).L’apparition des TPE a été un révélateurpuissant, à la fois des lacunes des élèvesdans le domaine info-documentaire etdu rôle essentiel des enseignants docu-mentalistes. En 2001, à Strasbourg, lesrevendications pédagogiques du SNESse transforment : il s’agit désormaisd’obtenir des instructions officielles pourl’enseignement de l’information docu-mentation et la mise en œuvre de dis-positifs dédiés à la recherche docu-mentaire : « La mise à l’épreuve dessavoirs scolaires qu’a constitué, aprèsles TIPE, le lancement des TPE, des tra-

(1) http://archivesic.ccsd.cnrs.fr/ERTE

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vaux croisés, de l’ECJS a révélé au grandjour certaines insuffisances dans ledomaine des apprentissages relatifs auxprocessus d’information documenta-tion, facteurs de développement de l’au-tonomie, de l’esprit critique et d’accès àla connaissance. Il importe donc qu’unenseignement de l’information docu-mentation en lien avec les disciplinessoit institutionnalisé par des instruc-tions officielles, car la recherche docu-mentaire est à la fois outil et contenu.(...) Développer l’autonomie de l’élève,par exemple en s’appuyant sur larecherche documentaire, conçue commeun véritable travail suppose la mise enplace de nouveaux dispositifs ou le ren-forcement de ceux existant, notammentpar le développement du travail engroupe (...) » (Strasbourg, 2001).En 2003, à Toulouse, en écho auxrecherches menées dans le domainede la didactisation de l’informationdocumentation, apparaît la notion decurriculum avec l’identification desavoirs et savoir-faire précis.« Quels que soient les dispositifs choisis(séquences dans une ou plusieurs dis-ciplines), l’information documentationdoit donc bénéficier d’un horaire spé-cifique et d’un curriculum de savoirs etsavoir-faire identifiés afin que les pro-fesseurs documentalistes puissent mettreen œuvre des apprentissages cohérentset progressifs en collaboration avec lesprofesseurs des autres disciplines »(Toulouse, 2003).Cette revendication se précise lors desCongrès suivants : « La formationdocumentaire qui consiste à apprendreaux élèves à chercher, évaluer et exploi-ter l’information, compétences néces-saires à la formation intellectuelle etcitoyenne, est aujourd’hui indispen-sable. Cet enseignement doit s’appuyersur un véritable curriculum en infor-mation-documentation qui assure uneprogression des apprentissages tout aulong de la scolarité avec une évaluationdes savoirs et des compétences enmatière d’information-documentation» (Clermont-Ferrand, 2007).Le dernier congrès du SNES demanded’ailleurs la création d’un groupe detravail ministériel sur cette question :

« La formation à l’information-docu-mentation de tous les élèves de collège etde lycée suppose des instructions péda-gogiques officielles ; un groupe detravail ministériel doit se saisir de cettequestion en y associant la profession etles organisations syndicales »(Perpignan, 2009).Les récents congrès du SNES ont éga-lement abordé la question des condi-tions nécessaires à la mise en œuvrede cet enseignement en collège : « Or,comment concevoir un tel enseigne-ment sans horaire intégré à l’emploi dutemps des élèves, ni cadre pédagogique? Le SNES revendique la mise en placed’un curriculum en information-docu-mentation, prescrivant « un ensemblecohérent de contenus et de situationsd’apprentissages [selon] une progressiondéterminée » pour tous les niveaux declasse du collège. L’enseignant docu-mentaliste assurerait cet enseignementen partenariat avec les enseignants dedisciplines choisies en abondant l’ho-raire de ces disciplines » (Clermont-Ferrand, 2007).« L’horaire professeur doit être supé-rieur à l’horaire élève pour (...) incluredes activités info-documentaires obli-gatoires tout au long du cursus desélèves et menées conjointement avecles enseignants documentalistes (...) »(Perpignan, 2009).

En lycée, les TPE ont également mon-tré l’importance de la formation docu-mentaire. En 2007, apparaît la préoc-cupation d’une formation spécifiqueen classe de Seconde : « Par ailleurs leconfinement du travail interdiscipli-naire aux TPE de première dans la voiegénérale sur une demi-année n’est passatisfaisant. La nécessité de développerles compétences documentaires dès laSeconde peut être la base d’uneréflexion plus approfondie sur lesprogrammes et les pratiques des ensei-gnements de Seconde générale et tech-nologique et en particulier des ensei-gnements de détermination. Uneréflexion globale doit associer les pro-fesseurs des disciplines aux professeursdocumentalistes pour proposer auxélèves des contenus permettant de ➜

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« Avec la circulaire de missions de 86, l’institu-tion a confié des fonctions gestionnaires et édu-catives au professeur documentaliste. Le pre-mier mandat, relevant des techniquesdocumentaires, est survalorisé par l’institution.L’autre, sous-tendu par des contenus discipli-naires issus du domaine universitaire, resteimprécis voire contesté. Peut-on, veut-on, doit-on assumer notre CAPES ? Si oui, cela impliquede poursuivre la réflexion sur plusieurs ques-tions : Quelle matrice disciplinaire choisir ? Quelcurriculum élaborer ? Quelle didactique mettreen œuvre ? » (Pascal Duplessis, 2008)

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PARTIE 3. Donner aux élèves une culture informationnellePARTIE 3. Donner aux élèves une culture informationnelle

rechercher, trier, classer, hiérarchiserl’information, de construire des savoirsappuyés sur des sources fiables etdiverses. Cet enseignement pourraitprendre la forme d’un travail docu-mentaire obligatoire pour tous les élèvesdans une discipline du tronc communou dans un enseignement de détermi-nation » (Clermont-Ferrand, 2007).En 2009, le SNES demande qu’unenseignement obligatoire d’informa-tion-documentation en lycée adossé àune discipline et pris en charge parun professeur volontaire et le profes-seur documentaliste soit mis en place :« Un enseignement obligatoire d’infor-mation-documentation (mandat deClermont) doit être envisagé. Il seraadossé à une discipline et pris encharge par un professeur volontaire decette discipline et le professeur docu-mentaliste » (Perpignan, 2009).

Même si les expériences pédagogiqueset les réflexions des chercheurs sontune richesse pour le métier, le tempsest maintenant à une professionnalisa-tion des pratiques pédagogiques desprofesseurs documentalistes dans l’in-térêt de la réussite des élèves.C’est pourquoi le SNES a déjà alerté àde nombreuses reprises le ministèresur la nécessité d’instaurer un ensei-gnement formalisé de l’informationdocumentation, par l’intermédiaire d’uncurriculum. Mais l’Institution reste pourl’instant sourde à cette revendicationlégitime.Pourtant, tous les rapports relatifs à laculture informationnelle de ces der-nières années ont mis en évidence lanécessité d’une véritable formation desélèves avec des contenus clairementidentifiés.Le rapport « Multimédia et réseaux dansl’éducation : un présent pour l’avenir »présenté en mai 1997 par Alain Gérard(2)

faisait déjà un certain nombre de pro-positions pour l’intégration des tech-nologies de l’information et de la com-munication dans l’éducation en insistant

3.3. Professeur documentaliste :c’est un métier !

sur « les compétences et les savoirs quilui [l’élève] permettent de rechercher lesinformations dont il a besoin... », unenseignement dispensé à la fois parles professeurs documentalistes et lesprofesseurs d’autres disciplines.Plus récemment, le rapport del’Inspection générale « Éducation auxmédias : enjeux, état des lieux, pers-pectives » publié en 2007(3) a insisté luiaussi sur la formalisation à la fois desconcepts nécessaires à la maîtrise deces nouveaux supports et sur l’ensei-gnement de ces concepts. Dans leurconclusion, les auteurs préconisentainsi de définir clairement ce qu’estl’éducation aux médias et de lui attri-buer un temps spécifique. S’ils nejugent pas utile d’en faire une disci-pline spécifique, ils insistent cepen-dant sur la nécessité d’élaborer unréférentiel de compétences de l’écoleau lycée.« Le rapport sur la maîtrise de l’infor-mation » rédigé par Forest WoodyHorton Jr à la demande de l’UNESCO etparu en 2008(4) définit ce que l’onappelle la maîtrise de l’information, sesenjeux et ses problématiques. L’auteurconsidère la maîtrise de l’informationcomme l’une des « maîtrises pour lasurvie » au XXIe siècle. Il fait une dis-tinction très nette entre la maîtrise del’information qui consiste à rechercheret utiliser l’information, la maîtrise del’informatique centrée sur le matériel,les logiciels et les applications et enfinla maîtrise des médias qui permet de

comprendre et d’interpréter les conte-nus. On le voit, la focalisation excessivesur la maîtrise informatique ne peutsuffire à assurer la formation intellec-tuelle. À ce titre, l’auteur préconise unengagement fort des politiques éduca-tives par le biais notamment de l’éla-boration de réels programmes d’ensei-gnement.Le rapport de M. David Assouline« Les nouveaux médias : des jeuneslibérés ou abandonnés ? » (octobre2008) analyse les pratiques numériquesdes jeunes et montre la nécessité d’unevéritable éducation aux médias. Il pro-pose pour cela, de renforcer le rôledes professeurs documentalistes, demettre en place un module spécifiqued’enseignement en Quatrième et enSeconde et enfin de recentrer le B2i surl’usage des nouveaux médias.Les enquêtes menées par le SNES onten effet montré qu’une grande majoritésouhaite que ces instructions officiellesprennent la forme d’un curriculum deformation, défini nationalement, de laSixième à la Terminale. Ces travaux etrecommandations répondent donc lar-gement aux attentes des collègues quisouhaitent un engagement fort del’Institution pour que l’éducation à l’in-formation soit autre chose qu’unecoquille vide.

Le SNES se bat quotidiennement dans les établissements,les académies et au niveau national pour défendre les professeurs documentalistes

et promouvoir la documentation scolaire.

Dans les académies, les membres des collectifs académiques organisent des stages,demandent régulièrement des audiences, etc. Pour connaître les actions académiques :

www.snes.edu/-Informations-academiques-stages-et-.html

Le groupe Documentation du SNES, c’est aussi une liste de diffusion « SNES-Doc »,réservée aux syndiqués, et un site à l’adresse www.snes.edu/-Documentation-.html

Pour nous rejoindre, vous pouvez nous nous envoyer un courrier électroniqueà [email protected] ou nous téléphoner au 01 40 63 29 32 le jeudi.

Agissez avec le SNES !

(2) http://hal.archives-ouvertes.fr/docs/00/03/08/36/PDF/b87p064.pdf(3) www.snes.edu/spip.php?article13920(4) www.snes.edu/spip.php?article14974

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Observatoire national des programmes et des pratiques • Supplément à L’US no 721 du 2 juin 2012 51

ANNEXE.ANNEXE.

BibliographieLes données présentées dans ce document sont issues de deux enquêtes

menées par le SNES en 2007 et publiées en 2008. Elles sont consultables à l’adresse www.snes.edu/Deux-enquetes-sur-la-profession.html

• Circulaire de missions des professeurs documentalistes du13 mars 1986 : www.cndp.fr/savoirscdi/metier/le-professeur-documentaliste-textes-reglementaires/acces-chronologique-aux-textes-reglementaires/1980-1989/circulaire-n-86-123-du-13-mars-1986.html

• Exercice de fonctions de documentation et d’information parcertains personnels enseignants du ministère de l’Éducation.Circulaire 79-314 du 1er octobre 1979 : www.cndp.fr/savoirscdi/metier/le-professeur-documentaliste-textes-reglementaires/acces-chronologique-aux-textes-reglementaires/1970-1979/circulaire-n-79-314-du-1er-octobre-1979.html

• Exercice de fonctions de documentation et d’information parcertains personnels relevant du ministre de l’Éducation natio-nale. Décret 80-28 du 10 janvier 1980 : www.cndp.fr/savoirscdi/metier/le-professeur-documentaliste-textes-reglementaires/acces-chronologique-aux-textes-reglementaires/1980-1989/decret-n-80-28-du-10-janvier-1980-modifie-par-le-decret-n-89-728-du-11-octobre-1989.html

• Indemnité de suivi et d’orientation des élèves en faveur despersonnels enseignants du second degré. Décret n° 93-55 du15 janvier 1993 : www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=LEGITEXT000006080874&dateTexte=20100527

• L’indemnité pour activité péri-éducative. Descriptif etmontant des indemnités. BO n° 42 du 6 novembre 2008 :http://media.education.gouv.fr/file/42/24/1/tableau_taux_indemnites_38241.pdf

Textes officiels pour la profession • Indemnité de sujétions particulières en faveur des person-nels exerçant des fonctions de documentation ou d’informa-tion dans un lycée, un lycée professionnel ou un collège.Décret n° 91-467 du 14/05/1991 : www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000161384&dateTexte=20080702&fastPos=1&fastReqId=1992878618&oldAction=rechTexte

• Décret n° 2009-81 du 21 janvier 2009 relatif à la rémuné-ration de certains services accomplis par diverses catégoriesde personnels de l’Éducation nationale : www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do;jsessionid=E69D00AB1A71610F288FFDE9437B2732.tpdjo13v_2?cidTexte=JORFTEXT000020138311&dateTexte=&oldAction=rechJO&categorieLien=id

• Enseignant documentaliste, un métier en question, France,Vernotte. « Dossiers métiers et formations », BBF, 1995, Paris,T. 40 n° 6 : http://bbf.enssib.fr/consulter/bbf-1995-06-0072-012

• Rapport Durpaire : l’avis du comité de rédaction d’InterCDI,F. Daveau, Intercdi n° 193, janvier-février 2005 : www.intercdi-cedis.org/spip/intercdiarticle.php3?id_article=388

• Aller de l’avant. Les IPR et l’inspection, F. Daveau, Intercdin° 203, septembre-octobre 2006 : www.intercdi-cedis.org/spip/intercdiarticle.php3?id_article=1157

• Survie ? Sursis ? Groupe Documentation du SNES. Intercdin° 215, septembre-octobre 2008

• Enseigner en tant que documentaliste, Christian Philippe,SavoirsCDI, 2008 : www.cndp.fr/savoirscdi/metier/reflexion-regards-pluriels-sur-le-metier-de-documentaliste-de-cdi/regards-institutionnels/enseigner-en-tant-que-documentaliste.html

• Regard d’un IGEVS sur notre métier. SNES, 2008 :www.snes.edu/Regard-d-un-IGEVS-sur-notre-metier.html

• De la professionnalisation des documentalistes vers unediscipline d’enseignement ? Céline Duarte-Cholat. SavoirsCDI,2002 : www.cndp.fr/savoirscdi/metier/reflexion-regards-pluriels-sur-le-metier-de-documentaliste-de-cdi/les-travaux-de-recherche/de-la-professionnalisation-des-documentalistes-vers-une-discipline-denseignement.html

• Une fonction pédagogique toujours en construction, F. Chapron,Intercdi n° 215, septembre-octobre 2008 : www.intercdi-cedis.org/spip/intercdiarticle.php3?id_article=1403

Contentieux statutaires : inspection spécifique,agrégation, rémunération...

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52 Observatoire national des programmes et des pratiques • Supplément à L’US no 721 du 2 juin 2012

ANNEXE.ANNEXE.

• Enseignant documentaliste, un métier à la croisée deschemins : entretien avec Françoise Chapron. SavoirsCDI,2001 : www.cndp.fr/savoirscdi/metier/reflexion-regards-pluriels-sur-le-metier-de-documentaliste-de-cdi/regards-professionnels/entretien-avec-francoise-chapron.html

• Faut-il s’intéresser aux sciences de l’information ? Odile Riondet,Docspourdocs, 2005 : http://docsdocs.free.fr/spip.php?article68

• L’information, discipline scolaire. Entretien avec Yves leCoadic. SavoirsCDI, 2002 : www.cndp.fr/savoirscdi/metier/reflexion-regards-pluriels-sur-le-metier-de-documentaliste-de-cdi/regards-professionnels/linformation-discipline-scolaire-entretien-avec-yves-le-coadic.html

• Professeur documentaliste. Mémoires de luttes, raisons decombattre. Mediadoc (FADBEN), mars 2008 : www.fadben.asso.fr/IMG/pdf/Mediadoc_Mars-2008-2.pdf

• Comptes rendus d’audience au ministère de l’Éducation natio-nale et à la DGESCO consultables à l’adresse www.snes.edu/-Courriers-et-audiences-au-.html

• Clés Pour le CDI, Bayard-Pierlot Jacqueline, Birglin Marie-José, Paris, Hachette Éducation, 1994.

• Discours de Jean-Louis Durpaire (IGEVS) lors de la Réuniondes interlocuteurs académiques en janvier 2008 : www.educnet.education.fr/cdi/anim/interlocuteurs/reunions/reunion-2008/intervention-jl

• CDI et déclaration d’achats à la Sofia, Philippe Gauvin,SavoirsCDI, 2008 : www.cndp.fr/savoirscdi/societe-de-linformation/cadre-reglementaire/questions-juridiques/cdi-et-declaration-dachat-de-livres-a-la-sofia.html

• Espace d’information, espace de formation, Médiadoc(FADBEN) n° 3, octobre 2009 : www.fadben.asso.fr/Espace-d-information-espace-de.html

• Les politiques documentaires des établissements scolaires, minis-tère de l’Éducation nationale, 2004 : ftp://trf.education. gouv.fr/pub/edutel/syst/igen/rapports/politiques_documentaires. pdf

• Les politiques documentaires en collège, note de la Directionde l’évaluation et de la prospective (DEP), 2005 : ftp://trf.education.gouv.fr/pub/edutel/dpd/noteeval/ne2005/eva0502.pdf

• Politique documentaire : un concept, des enjeux. Mediadoc(FADBEN), septembre 2003.

• Politique documentaire : réflexions et outils. Mediadoc(FADBEN), mars 2004.

• Protocole d’inspection des professeurs documentalistes, IGEN-EVS, février 2007 : www.pedagogie.ac-nantes.fr/html/peda/doc/informations/inspection/Protocole_inspection.pdf#KLINK

Fonctionnement des CDI

• Loi d’orientation et de programme pour l’avenir de l’école,2005 : www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORF-TEXT000000259787&dateTexte=

• L’éducation aux médias dans le second degré. DEPP, 2008 :http://media.education.gouv.fr/file/2008/71/9/NI0831_38719.pdf

• Multimédia et réseaux dans l’éducation : un présent pourl’avenir. Alain Gérard, 1997 : http://hal.archives-ouvertes.fr/docs/00/03/08/36/PDF/b87p064.pdf

• Éducation aux médias : enjeux, état des lieux, perspectives.IGEN-IGAENR, 2007 : www.snes.edu/observ/spip/IMG/pdf_rapport_inspection_generale.pdf

• Les nouveaux médias : des jeunes libérés ou abandonnés ?David Assouline, 2008 : www.senat.fr/rap/r08-046/r08-0461.pdf

• Introduction à la maîtrise de l’Information. Forest WoodyHorton, Jr. Unesco, 2008 : www.snes.edu/IMG/pdf/rapport_unesco.pdf

• Culture de l’information et discipline d’enseignement.SCEREN-CRDP Midi-Pyrénées, 2011

• Lecture des programmes scolaires sous l’angle de l’éducationaux médias. CLEMI : www.clemi.org/formation/outils/prog-off.pdf

• Travaux de l’ERTE : « Culture informationnelle et curriculumdocumentaire » disponible à l’adresse : http://geriico.recherche.univ-lille3.fr/erte_information

• Culture informationnelle et didactique de l’information.Synthèse des travaux du groupe de recherche 2007-2010,septembre 2010 : http://culturedel.info/grcdi/?p=242

• Les Trois couronnes : analyse critique du PACIFI (mis à journovembre 2011) : http://docsdocs.free.fr/spip.php?breve551

• Comptes rendus du colloque du CDI au Learning center.ESEN, mars 2011 : www.esen.education.fr/fr/les-forma-tions/formation-continue/ressources/10nden0032

• Du CDI au Learning center. Compte rendu du séminairede l’ESEN, 23-25 mars 2011, Olivia Boneu : http://cdi.ac-montpellier.fr/ file/CR_seminaire_Esen.pdf

• Learning center et CDI. Docspourdocs (mis à jour décembre2011) : http://docsdocs.free.fr/spip.php?breve572

•Vive le Learning center. SNES, décembre 2011 : www.snes.edu/Vive-le-learning-center.html

• Circulaires académiques et témoignages à l’adressewww.snes.edu/2011-Circulaires-academiques.html

• Le blog de Pascal Duplessis : http://lestroiscouronnes.esmeree.fr

Quel avenir pour la profession ?

Donner une culture informationnelle