Splendor Films · Author: Louise k Created Date: 7/26/2017 1:27:53 PM

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« Un film culte, d’une grande maîtrise des techniques visuelles et des effets spéciaux » Les Inrockuptibles « Chef-d’œuvre » GQ Magazine « Culte » Le Monde « Toujours aussi percutant » L’Officiel des Spectacles « Une passionnante vision paranoïaque et critique du monde postmoderne » Critikat « L’iconoclasme sale gosse et rock’n’roll de Fight Club reste le manifeste de Fincher le plus éclatant. » DVD Classik « Génial » Allociné « Provocateur, culte, un film coup de poing » Le Bleu du Miroir « Une réalisation virtuose, incroyablement visionnaire» Ciné Chronicle ACTUELLEMENT AU CINÉMA FIGHT CLUB de David Fincher

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« Un film culte, d’une grande maîtrise des techniques visuelles et des effets spéciaux »

Les Inrockuptibles

« Chef-d’œuvre » GQ Magazine

« Culte » Le Monde

« Toujours aussi percutant » L’Officiel des Spectacles

« Une passionnante vision paranoïaque et critique du monde postmoderne »

Critikat

« L’iconoclasme sale gosse et rock’n’roll de Fight Club reste le manifeste de Fincher le plus éclatant. »

DVD Classik

« Génial » Allociné

« Provocateur, culte, un film coup de poing » Le Bleu du Miroir

« Une réalisation virtuose, incroyablement visionnaire» Ciné Chronicle

ACTUELLEMENT AU CINÉMA

FIGHT CLUB de David Fincher

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18 ans plus tard, “Fight Club”: film dégueulasse ou brillant

objet pop ? Par Ludovic Béot (le 22 juillet 2017)

Mercredi 26 juillet, “Fight Club” ressort en salles. Objet culte pour certain, oeuvre à l’idéologie

douteuse pour d’autres, le film de David Fincher est quoiqu’il en soit devenu omniprésent dans la

pop culture. Retour en arrière 18 ans plus tôt.

De ses dix films, Fight Club est sans aucun doute l’oeuvre de David Fincher dont la réputation fut à sa

sortie la plus sulfureuse, voire mal aimée (nous ne comptons pas Alien 3 tant l’on ne peut pas le considé-

rer comme réalisé à 100% par les mains du cinéaste). Pourtant près de 20 ans plus tard, Fight Club a pa-

radoxalement acquis le statut de film culte auprès du public et est devenu l’une des œuvres les plus ap-

préciées de la filmographie du cinéaste américain. Mais comment Fight Club, globalement mal reçu par la

critique à sa sortie – jugé même de “dégueulasse” et d'”anarcho-nauséabond” par Les Cahiers du ciné-

maet Libération – est-il devenu avec les années cet objet adulé de la pop culture ?

Un film fin de siècle.

Adapté du roman éponyme de Chuck Palahniuk, Fight Club dresse le portrait de la fin d’un siècle qui ago-

nise par le biais d’un narrateur désabusé (Edward Norton) : cadre moyen, célibataire, qui souffre d’insom-

nie. Ce personnage houellebecquien version US qui semble tout droit jaillir d’Extension du domaine de la

lutte décide – car son appartement sponsorisé Ikéa ne lui procure plus aucune satisfaction – de rejoindre

diverses thérapies de cancéreux afin de relativiser sur son existence. En parallèle, il fait la connaissance

de Tyler Durden (Brad Pitt), un anarchiste et séduisant vendeur de savons qui va l’entraîner dans une spi-

rale de violence extrême et irréversible.

Si Fight Club s’est distingué à son époque et qu’il plait encore aujourd’hui, c’est d’abord parce que c’est

un des premiers blockbusters à revendiquer une critique frontale de la société de consommation issue

des 70’s et de la pensée de Jean Baudrillard (concept de la consommation de masse et l’individu devenu

objet) sans avoir recours à différentes métaphores. Ici la critique sociale est prononcée ouverte-

ment dans le discours et les aphorismes de Tyler :

“Les choses que l’on possède, finissent par nous posséder.”, “Vous n’êtes pas votre travail,

vous n’êtes pas votre compte en banque, vous n’êtes pas votre voiture, vous n’êtes pas votre

portefeuille, ni votre putain de treillis, vous êtes la merde de ce monde prête à servir à tout.”

La violence devient alors pour le narrateur un moyen d’exister et de s’extirper de cette aliénation. Cela

s’opère d’abord par des combats clandestins dans une cave puis par le Projet Chaos qui vise à saboter

et détruire les symboles du capitalisme (message anti-consumériste dont la série Mr. Robot puisera

son influence).

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A la critique sociale, s’ajoute donc une idéologie subversive et libertaire infusant le film jusqu’à son dernier

plan (un pénis inséré en image subliminale) qui aura un succès phénoménal chez les jeunes ados.

Quelque part entre une citation de Nietzsche et de Descartes, les dialogues philosophico-punks du film

nourrissent encore aujourd’hui abondamment les comptes Facebook, Instagram et les disserts de ly-

céens.

Une maîtrise technique et narrative totale.

Fincher a toujours été à la pointe de la technologie. Enfant de la pub et du vidéo-clip, ses films sont tous

traversés d’une grande maîtrise des techniques visuelles et des effets spéciaux en post-production. En

1995, épaulé du chef-op Darius Khondji il révolutionne les codes esthétiques du film policier

dans Se7en. Avec cette image verdâtre et poisseuse, il fait passer le polar dans une phase plus contem-

poraine. Dès la scène d’ouverture de Fight Club, le cinéaste continue d’explorer cette esthétique glauque

en y ajoutant des procédés techniques (3D, compositing) qui permet à sa caméra de s’affranchir des

règles de la physique et de traverser avec une fluidité remarquable les murs et les corps.

Mais non content de cela, Fight Club souhaite aussi bousculer les codes dans sa manière de raconter son

histoire. D’abord par l’hégémonie totale de son narrateur. Omniprésent, celui-ci peut tel un écrivain qui ra-

ture ces phrases, décider de rembobiner la pellicule et raconter un détail qu’il avait omis quelques scènes

plus tôt. Ce qui fait de Fight Club une oeuvre construit entièrement sur la subjectivité de son narrateur.

C’est d’ailleurs grâce à ce point de vue unique que le film réalise une des pirouettes scénaristiques les

plus célèbres du cinéma.

(Attention SPOILER) Car oui, le spectateur apprend dans le dernier quart du film que le narrateur et Tyler

Durden sont en fait la même personne. Tyler n’étant en réalité qu’une vision schizophrénique, un double

fantasmé que le personnage se projette mentalement. Après Se7en et The Game eux-mêmes construits

sur une révélation bouleversant la compréhension du récit, Fincher confirme sa maîtrise du twist final et

en établit presque un genre à part entière tandis qu’un petit nouveau qui en en fera sa marque de fabrique

vient le concurrencer la même année avec Sixième Sens.

18 ans plus tard.

Près de 20 ans plus tard, Fight Club apparaît aujourd’hui comme un film de deuil pour Fincher (celui de

son passé dans la pub qu’il semble dès lors rejeter) et de transition vers un cinéma plus mature. S’en sui-

vra une autre phase, une filmographie moins tape à l’œil que l’on jugera plus aboutie: les impression-

nants Zodiac et The Social Network en tête. Car si Fight Club avait quelque chose de novateur et de cho-

quant à son époque et reste culte de nos jours, lui qui se voulait être l’Orange mécanique ou le Salò de la

fin du siècle se révèle aujourd’hui une oeuvre à l’idéologie certes douteuse et antipathique mais finale-

ment bien inoffensive. La satire sociale clamée pendant tout le film par le révolutionnaire Tyler se dégon-

flent en effet lorsque le film prend l’excuse de la schizophrénie pour se dédouaner de ses excès et se

clore sur une impasse. A cela s’ajoute la voix-off assommante d’Edward Norton et une esthétique qui, si

elle se veut novatrice, souffre grandement de la comparaison avec ses compères de

1999 : Magnolia, Eyes Wide Shut, Matrix ou Sixième Sens, encore lui.

Et si malgré son ambition politique et quelques coups de baguette virtuoses de son réalisateur, Fight

Club avait simplement veilli ? Ou bien serait-ce nous…

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« Fight Club », le film aux mille placements de produits

Sorti en 1997, « Fight Club » est jalonné de références à des griffes phares des années

1990. Le but, selon le réalisateur David Fincher : dénoncer l’emprise des marques… Le

film devenu culte ressort le 26 juillet.

Par Clément Ghys (le 26/07/2017))

En 1999, David Fincher adapte à l’écran Fight Club, le roman de Chuck Palahniuk, paru trois ans plus tôt.

Le cinéaste vient de signer deux films qui mettent en scène la noirceur de l’Amérique : la déconnexion de

la haute société dans The Game, et celle des bas-fonds dans Seven, qui raconte la traque d’un tueur en

série. Avec le roman de Palahniuk, il s’attaque à la société de consommation, aux marques qui, grâce à

leurs stratégies mondialisées, sont devenues des totems culturels comme les autres. Fight Club est le

récit d’une amitié violente entre deux hommes, un narrateur anonyme (Edward Norton) et un représen-

tant en savon (Brad Pitt). La trajectoire de ce duo est truffée de références à des griffes.

Brad Pitt déteste la New Beetle

Ainsi de l’appartement du narrateur qui se transforme en catalogue Ikea, avec des inserts à l’écran qui

reprennent la typographie et les noms des modèles du fabricant de meubles suédois. Mais les marques

sont aussi présentes de manière plus subtile. Fincher révélera que, dans chacune des scènes du film, on

peut deviner un gobelet de café Starbucks, sur le modèle des livres pour enfants Où est Charlie ?. Au

cours des années suivantes, les fans du film repéreront chaque occurrence et les publieront sur les fo-

rums, alors en pleine explosion.

Cette envie de s’en prendre à la société de consommation trouve une illustration très littérale dans une

scène où Norton et Pitt explosent toutes les voitures d’un parking à coups de battes de base-ball. Ils

s’acharnent en particulier sur une New Beetle. Lancée en 1998 par le constructeur allemand Volkswagen,

la voiture est une version modernisée de la fameuse Coccinelle. Comme l’expliquera Norton dans un bo-

nus DVD, lui et Brad Pitt s’étaient rendu compte, juste avant le tournage, qu’ils détestaient tous les deux

les New Beetle, et avaient demandé à ce qu’un modèle soit présent sur le décor. Ils estimaient que la

Coccinelle, utilisée autrefois par les hippies, avait été pervertie. Et que la New Beetle exprimait la récupé-

ration de la contre-culture des années 1960 par le néo-libéralisme décomplexé des années 1990. Ironi-

quement, à la sortie du film, aucune enseigne ne s’est plainte publiquement. C’est qu’en vou-

lant dénoncer l’emprise des marques, Fincher avait disséminé des logos tout au long de son film, sa cri-

tique acide s’était transformée en placement de produits.

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PUISSANCES DE SIMULACRE par Juliette Goffart (le 25/07/2017)

Film culte ou maudit, clip ou pub pour certains, Fight Club de David Fincher avait reçu un accueil extrê-

mement mitigé à sa sortie en 1999. Cette histoire de fascination pour un club de combat clandestin ultra-

violent et son leader charismatique Tyler Durden (Brad Pitt) avait en effet de quoi désarçonner. Au regard

du reste de la filmographie du cinéaste virtuose, force est de constater la belle cohérence qui unit Fight

Club, Alien 3, Se7en et ses films ultérieurs comme Panic Room, Zodiac, The Social Network et Gone

Girl : tous nous plongent dans une passionnante vision paranoïaque et critique du monde postmoderne,

qui, soudainement, se voit gagné par le virtuel dans un grisant jeu d’énigmes.

Malaise dans la civilisation

Avec ses riffs survoltés de guitare électrique et son montage sous adrénaline, Fight Club adopte à pre-

mière vue l’esthétique en vogue des nineties à la manière de Danny Boyle ou Spike Jonze. Mais ici l’ap-

parence rock’n roll du film trouve pleinement son sens : à la manière d’un guitar hero à la fin d’un concert

de heavy metal, il s’agit bien de « tout casser » dans un grand geste libérateur et jouissif, de procéder à

une destruction en règle des valeurs de la société contemporaine en passant par leur satire corrosive,

teintée de cynisme et d’humour noir. À travers le quotidien d’un agent d’assurance insomniaque aux

cernes verdâtres et au teint blafard (Edward Norton – nous ne connaîtrons jamais le nom du person-

nage), le cinéaste procède en effet à la caricature incisive d’un quotidien envahi par le matérialisme et la

consommation : bienvenue sur la « planète Starbucks » où le temps s’écoule à coups d’allers-retours à la

photocopieuses, de rêves d’achat de meubles Ikea, comble de l’accomplissement personnel. Le réel

n’est plus qu’un espace de fantasmes et de désirs futiles où tout s’enchaîne trop vite au rythme des mis-

sions et des déplacements. Ce qui frappe justement dans Fight Club, c’est l’impressionnante rapidité de

la narration et de la mise en scène : après un générique en images de synthèse traversant un système

nerveux comme une montagne russe, le récit bouleverse la continuité de l’espace-temps accompagné

par le débit nerveux de la voix off du personnage principal, circule à travers des flash-backs et des es-

paces innombrables avec l’impressionnante fluidité de travellings recréés souvent numériquement. Fight

Club dépeint immédiatement le sentiment d’une « virtualisation » du monde où le personnage semble ne

plus avoir de prise. Son générique est donc programmatique – dans Fight Club, on ne sortira jamais tout

à fait de l’esprit du narrateur, le réel ne cessant de fuir entre nos doigts. Ce sentiment de

« déréalisation » se voit renforcé par l’usage alors novateur de Fincher de la postproduction : la pellicule

35 mm est ici numérisée, retravaillée numériquement pour élargir les possibilités d’étalonnage et des ef-

fets spéciaux. Ainsi l’emploi de surimpressions accélérées pour montrer l’ameublement progressif de

l’appartement du narrateur prend un sens existentiel : les meubles Ikea y apparaissent comme autant de

spectres magiques sans vraie consistance, comme la vie tristement matérialiste du narrateur.

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« Ainsi parlait Tyler Durden »

Le vaste tourbillon iconoclaste du film s’incarne plus que jamais dans le personnage de Tyler Durden. Avec

son blouson de cuir rouge et ses lunettes criardes, seules tâches vives parmi les couleurs désaturées et

ternes de ce monde morose, le mystérieux inconnu qui embarque le narrateur dans la création du Fight

club est à lui seul un chef d’œuvre de désinhibition jusque dans sa dégaine, un véritable « animal antiso-

cial » à la violence et à la sexualité débridée (proportionnellement inverse à celle du narrateur). Les

maximes et actions de Tyler ne manquent pas non plus d’humour polémique et de provocation, redoublant

le regard acéré du narrateur sur le monde qui l’entoure. Tel les serial killers de Se7en et du Zodiac, le lea-

der du fight club agit en effet comme un perturbateur du système social : il inverse toutes les valeurs, à

coup de publicités incitant à polluer, de plaquettes sur la mort violente qui attend ses passagers d’avion en

cas de crash, ou encore d’images porno subliminales insérées dans des projections de films familiaux.

Le film entier est alors au diapason du personnage de Tyler et de son fight club, s’opposant à toute repré-

sentation hypocrite et lénifiante de la réalité : tout est fait pour en proposer une approche dérangeante, cul-

tivant sciemment le sordide et les détails les plus écœurants. Une cancéreuse explique dans un cercle de

parole qu’elle aimerait bien coucher une dernière fois, la maison de Tyler Durden est un « shitty hole » où

la caméra s’attarde en gros plan sur les eaux sales et la crasse environnante, les combats clandestins sont

filmés de très près à hauteur du sol, parfois dans une contre-plongée fascinée ou dans de longs ralentis,

pour montrer les muscles enfiévrés de sueur, un menton qui se déboîte, un œil qui se tuméfie, une flaque

de sang noir laissée par une gerbe de sang. La mise en scène s’attarde ainsi clairement sur la brutalité et

le dégoût, mais aussi l’ivresse du combat et de l’émulation collective, pour mieux nous plonger dans le cer-

veau malade du narrateur et en épouser le cynisme désenchanté, l’attrait malsain pour la souffrance et la

destruction. C’est peut-être aussi cela qui gêne un peu dans Fight Club : de trop longs moments accordés

à la tentation de l’autodestruction, comme dans un poème rock d’adolescent mal dans sa peau adepte d’un

nihilisme mi punk, mi nietzschéen (pour le philosophe allemand Friedrich Nietzsche, le « nihilisme » est jus-

tement la passion du néant, le « vouloir rien »). Tyler Durden est aussi un fantasme nietzschéen assumé :

celui du célèbre « surhomme » et de sa « volonté de puissance », créateur ses propres principes, symp-

tôme de l’épuisement et des frustrations du narrateur.

Jeu d’énigmes

Les cercles de parole et le fight club fréquentés par le narrateur ont en effet un point commun : ce sont tous

des mondes parallèles fondés sur le besoin de pallier aux frustrations du monde réel. Comme dans The

Social Network, Zodiac et même Gone Girl, il s’agit ici d’inventer un double de la réalité, une fiction qui

donne du sens à un quotidien insupportable, et de s’y enfermer. Pour le personnage de Mark Zuckerberg

dans The Social Network, ce sera l’invention à plein temps de Facebook, pour l’enquêteur du Zodiac, ce

sera l’impossibilité de lâcher l’enquête au point de se couper de la vie. Pour le narrateur de Fight

Club comme pour tous ces personnages, la traversée fascinée du nouveau monde de Tyler Durden s’appa-

rentera à un irrésistible jeu d’énigme, une quête de sens presque cabalistique. La nature fantasmatique du

personnage de Tyler (double schizophrénique du narrateur lui permettant d’assumer ses penchants les

plus autodestructeurs) et l’évolution du Fight Club se dévoilent en effet à travers un récit troué d’ellipses et

une série de signes mystérieux. Marla, la jeune femme qui dérange et fascine le narrateur, finira comme

par magie dans le bras de Tyler.

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La brutale transformation du club de combat en groupuscule terroriste, adepte du sacrifice de l’individu

au service d’une idéologie anarchiste et anticapitaliste (le but de Tyler est de faire exploser des sociétés

de crédit), sera aussi très peu expliquée. Avant même que Tyler Durden rencontre le narrateur, sa pré-

sence se matérialise par bribes inquiétantes, d’une image subliminale à l’autre, avant de croiser le nar-

rateur dans un couloir d’aéroport. La composition même du plan se prête au jeu de pistes : alors que le

narrateur est présent sur une moitié de l’image, Tyler rôde sur l’autre moitié à l’arrière-plan, comme un

double maléfique et pulsionnel. Ainsi l’univers paranoïaque et claustrophobique du Fight Club, où même

les extérieurs sont envahis par une obscurité étouffante et mystérieuse (Fincher avait demandé expres-

sément au chef opérateur de minimiser les éclairages artificiels), s’avère le délire chatoyant et labyrin-

thique d’un homme brisé en deux par le monde d’aujourd’hui. Fight Club, au fond, est donc avant tout

une méditation à la fois ludique et glaçante sur les pouvoirs de la fiction et du virtuel : tout y est en effet

« simulacre » – une illusion puissante et terriblement séduisante, capable de se substituer littéralement

au monde.

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La fin des années 90 et donc de siècle aura vu le cinéma américain poser à travers plusieurs films une

vaste interrogation sur la place de l’individu dans la société. Cela passe par une portée philosophique

entre inspiration SF littéraire et effets spectaculaires dans Dark City d’Alex Proyas (1998). The Truman

Show de Peter Weir (1998) est une fable plus directement rattachée à l’imagerie americana classique

dont elle dénonce l’idéalisme publicitaire. Ces deux films dressent leurs héros contre l’artificialité d’un en-

vironnement qui les assujetti, tout comme le fera Matrix des Watchowski (1999). Ce dernier et Fight

Club sortis à quelques mois d’écarts partagent pourtant un ancrage plus contemporain dans cet esprit

« fin de siècle », la prison de leurs personnages étant rattachée à une aseptisation perceptible de la so-

ciété. Ce mal-être existentiel en reste certes à l’argument SF dans Matrix mais tout concourt à relier le

malaise à une réalité aliénante et un certain esprit punk : Neo (Keanu Reeves) se libère autant des

chaînes de la Matrice que de sa médiocre condition d’employé de bureau, d’une urbanité anonyme et des

agents de la Matrice au look interchangeable de cols blanc. Fight Club se nourrit d’une même volonté

anarchiste mais inscrit le doute dans la transcendance de son héros, loin de la facilité de « l’élu »

de Matrix - qui sera cependant remise en cause dans les deux suites.

Au départ Fight Club est un brûlot littéraire paru en 1996 et le premier roman de Chuck Palahniuk. La

Fox en acquiert les droits par l’intermédiaire de la productrice Laura Ziskin qui en quête d’un réalisateur

majeur pour l’adaptation, essuiera les refus de Peter Jackson, Bryan Singer ou encore Danny Boyle pour-

tant loin d’être installés dans l’industrie hollywoodienne. David Fincher est quant à lui fan du roman dont il

avait cherché à acquérir les droits mais reste encore échaudé par sa traumatisante expérience au sein de

la Fox pour Alien 3(1993). Après avoir été rassuré par Laura Ziskin, David Fincher se lance dans l’écri-

ture du scénario avec Jim Uhls et aura comme premier choix fort de réinstaller la narration en voix-off.

Celle-ci contient toute la dimension ironique et humoristique d’un récit qui serait sinistre s’il en était dé-

pourvu. Eliminée car considérée comme désuète à l’époque, cette voix-off apportera un côté à la fois lu-

dique dans ses apartés et retour en arrière mais aussi plus ouvertement construit que le livre tout en en

respectant l’esprit. Le film est pour Fincher l’occasion de revisiter ironiquement sa prime carrière de réali-

sateur de publicité. L’existence morne du narrateur (Edward Norton) se révèle par son absence de nom,

sa profession d’agent d’assurance et la neutralité des environnements qu’il traverse : bureau anonyme,

halls d’aéroport interchangeables et appartement décoré aux dernières tendances. Ce cocon de médiocri-

té est lucidement observé par la voix-off et illustré avec inventivité par Fincher avec notamment ce fameux

moment où Norton traverse son appartement prenant les contours d’un catalogue Ikea. Le mal-être du

personnage s’exprime alors de manière physiologique et implicitement psychanalytique, avec une insom-

nie chronique et un état de zombie perpétuel qui laisse apparaître en image subliminale la silhouette de

Tyler Durden (Brad Pitt) très tôt dans le récit.

David Fincher rêvait avec Fight Club de signer un coming of age tordu façon Le Lauréat mais pour la

génération des trentenaires. On pourrait également faire un parallèle avec Mosquito Coast de Peter Weir

(1986).

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Dans ce film Harrison Ford incarnait un inventeur ne trouvant plus sa place dans un monde contempo-

rain où toutes les découvertes majeures avaient été accomplies et qui allait se perdre dans une jungle,

victime de sa folie démiurgique. Fight Club part d’une même réflexion mais pour les trentenaires de

cette fin de XXe siècle. Le narcissisme de cette génération (et qu’approfondira Fincher à travers les ré-

seaux sociaux de The Social Network (2010)) et le contexte socio-économique d’alors fait naître leur

frustration de façon différente. Plutôt que les innovations inondant l’esprit d’un Harrison Ford et dont le

monde ne veut pas, ce qui manque aux héros de Fight Club, ce sont les sensations fortes. Toutes les

révolutions et rébellions semblent avoir été réalisées, leur génération de famille monoparentale élevés

par des femmes les ont empêchés de s’accomplir et devenir de « vrais » hommes ». Tout en dénonçant

la vraie soumission de chacun à cette société du consumériste, Fight Club y cède sur de nombreux

points. Le charismatique Tyler Durden apparaît aussi puéril que réellement habité par sa cause, son

propos cinglant n’étant jamais loin de ces slogans publicitaires qu’il abhorre tel le célèbre « La première

règle du Fight Club est : il est interdit de parler du Fight Club ». Le Fight Club de mouvement marginal

devient à sa manière une franchise nationale et identifiable (la dernière partie où de ville en ville le nar-

rateur repère d’instinct ceux abritant un Fight Club) par ses codes. Brad Pitt au sommet de sa photogé-

nie (que Fincher questionnera autrement dans Benjamin Button (2008)) incarne ainsi un idéal trop

parfait de danger et de style, une icône de t-shirt dont les atours nous préparent finalement déjà au

twist final. Ces éléments ajoutés à la schizophrénie entre masculinisme extrême et la promiscuité crypto

gay de Pitt/Norton sèment donc le chaud et le froid. L’hilarant et inventif sens de la provocation

(l’introduction de Tyler Durden et ses activités) prend un tour de plus en plus menaçant, l’abêtissement

et l’extrémisme des « space monkeys » prenant peu à peu le pas. Le clinquant et le quelconque s’en-

trecroisent constamment dans les décors choisis, dans la gamme chromatique de la photo de Jeff

Cronenweth. La banalité des espaces de bureau clinique parait alors aussi étudiée que l’incroyable et

poisseux décor de la maison de Tyler Durden. Le chaos et la norme obéissent à une même facticité cal-

culée qui rend les deux voies tout aussi vaines.

L’accusation de fascisme qu’a parfois pu essuyer le film à sa sortie s’écroule donc au vu de ces nom-

breuses contradictions volontaires. David Fincher filme au contraire une comédie noire où ce qui

semble être dénoncé est repris sous un emballage arty et crade, où les rebelles reproduisent ce à quoi

ils s’opposent en reprenant les mêmes codes - la lobotomie du job alimentaire ayant laissée place à

celle de la cause creuse. Il faut cependant admettre que c’est un vernis qui se dévoile au fil des revi-

sions (l’adrénaline punk étant la sensation initiale jubilatoire) et à l’aune de la filmographie entière de

Fincher où règne une même ironie. L’outil communautaire virtuel de The Social Network naît d’un cha-

grin d’amour et brise ainsi une amitié réelle, L’outil de protection ultime devient un tombeau dans Panic

Room (2002) et l’enfer se dissimule sous le cocon bourgeois et pavillonnaire de Gone Girl (2014).

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Dès lors sous le supposé « message » et l’avalanche d’effets virtuoses (la scène d’introduction partant

du méandre du cerveau au réel et annonce la caméra virevoltante de Panic Room, la stupéfiante sé-

quence d’accident routier) c’est le drame humain qui finit par captiver dans Fight Club. Edward Norton

incarne ainsi parfaitement cette apathie urbaine désespérée (déjà au cœur de Seven (1996) et avec

une solution toute aussi extrême pour son serial-killer) puis cette galvanisation artificielle qui dissimule

une profonde dépression. Le personnage apparaît de plus en plus chétif et souffreteux tandis que l’aco-

lyte Durden devient le dominant de plus en plus glamour et érotisé. C’est encore plus flagrant pour Mar-

la Singer (Helena Bonham Carter), élément féminin gratuitement provocateur - notamment une scène

de sexe comme on n’en avait jamais vue - dans un premier temps puis vraie victime du film à la lumière

du retournement final.

Fight Club est un film bien de son temps par les peurs et les doutes qu’il incarne, mais finalement aus-

si visionnaire. Le monde-supermarché à grande échelle peuplé de marques et la solitude ont depuis été

décuplés par les réseaux sociaux. Certaines images seraient impossibles à reproduire tel quel aujour-

d’hui (l’effondrement de buildings final se restreint aujourd’hui à l’abstraction des films de super-héros)

et le recrutement des membres du Fight Club (ainsi que le vide moral et existentiel qu’il vient combler)

rappellera une triste actualité contemporaine. La critique à de rares exception près ne sera pas sensible

à la vision de Fincher et la jeunesse fera un triomphe au film - échec aux Etats-Unis mais succès relatif

dans le monde dont 1 millions d’entrée France, mais par contre carton historique en dvd – et l’érigera

au rang culte ans doute pour de mauvaises raisons dans un premier temps – le fameux syndrome

du Scarface de Brian De Palma (1984). Loin des polémiques désormais, Fight Club demeure un objet

inclassable et aussi schizophrène que son personnage principal. Fincher revisitera cette illusion d’un

monde idéal avec certes plus d’élégance et de finesse dans The Social Network ou Gone Girl, mais

l’iconoclasme sale gosse et rock’n’roll de Fight Club reste son manifeste le plus éclatant.

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Fight Club : saviez-vous comment le générique de ce film

culte a été créé ?

Par Olivier Pallaruelo (le 26/07/2017)

Fight Club, le film culte de David Fincher, ressort en salle ce mercredi. Le film débute d'ailleurs avec un

fantastique générique d'ouverture, qui donne le ton du film. Mais saviez-vous comment il a été créé ?

La première règle du Fight Club est qu'on ne parle pas du Fight Club. En revanche, aucune raison de se

priver d'évoquer le fantastique générique du film, comme souvent (toujours) chez David Fincher. C'est

d'ailleurs à ce dernier qu'on le doit, brillamment épaulé dans sa réalisation par les effets spéciaux créés

par le tandem Kevin Tod Haug et P. Scott Makela, de Digital Domain. Ou comment littéralement plonger

dans les méandres du cortex du personnage principal, pour terminer sur un revolver Smith & Wes-

son que le protagoniste pointe dans sa bouche.

"Le film aurait pu commencer par ce bruit fait par le chien du pistolet avant d'enchaîner sur Edward Nor-

ton, mais j'ai eu cette idée de commencer par ces impulsions électriques entre deux synapses pour

montrer les signaux de panique et de peur s'emparant du cerveau du personnage d'Edward" explique

Fincher. "Puis on revient en arrière en changeant d'échelle, jusqu'à sortir carrément de sa tête. On a pro-

bablement dépensé 750 à 800.000 $ pour réaliser cette séquence".

Pour mener à bien son travail, l'équipe s'était adjointe les conseils scientifiques et médicaux de Kathryn

Jones, illustratrice médicale, qui les aidèrent à conceptualiser l'intérieur du cerveau, mais aussi des con-

seils avisés du Dr. Mark Ellisman, professeur de neuroscience et de bio-ingénierie.

Le résultat est là, génial, à découvrir ou revoir ci-dessous…

https://www.youtube.com/watch?v=Ze9-wg9k7AU

Page 14: Splendor Films · Author: Louise k Created Date: 7/26/2017 1:27:53 PM

FILM COUP DE POING

Célébrer aujourd’hui Fight Club comme l’un des films cultes des années 1990, c’est ne prendre aucun

risque. Pourtant, lors de sa sortie, en 1999, prendre son parti était bien moins consensuel. Euphémisme.

Lorsqu’il débarque sur les grands écrans, le quatrième long-métrage de David Fincher sent le soufre.

Parce qu’il est question d’un club clandestin dans lequel des hommes tentent de recouvrer leur virilité

défaillante à coups de poings, certains critiques ont vu dans l’adaptation du roman de Chuck Palahniuk

un film fasciste. Une accusation qui témoigne bien de l’incompréhension d’une partie du public face à

une intrigue ouvrant à diverses interprétations et mille hypothèses.

Fight Club ne repose pas sur le culte de la force et tourne plutôt en ridicule les velléités masculinistes.

« L’instinct animal et l’esprit dominateur qui ont fondé nos sociétés sont aujourd’hui parfaitement nui-

sibles. Pour que l’espèce humaine perdure, il faut plutôt à l’homme des qualités féminines », déclarait

ainsi David Fincher dans les pages de L’Express à l’époque.

« Ça s’passe à Manhattan dans un coeur. Il sent monter une vague des profondeurs. Pourtant j’ai des

amis sans bye-bye. Du soleil, un amour, un travail. » Palahniuk ? Non : Souchon dans sa chanson Ultra

moderne solitude. Mais le point de départ de Fight Club est le même : une forme de mal-être occidental,

de profonde déprime, de perte de repères. Le roman, comme le film, passe cela à la moulinette cynique

et l’arrose au vitriol. Ils dézinguent la société de consommation et castre l’obsession de la masculinité

prétendument enfuie. Au figuré, comme au propre, avec ce personnage secondaire qui, à force de se

gaver de testostérone s’est mis à sécréter trop d’oestrogènes. Une ironie qui se répand tout au long d’un

film qui, s’il fallait le situer sur un plan idéologique, se trouverait plutôt du côté de l’anarchisme (quoique

les avis divergent sur ce point).

Indéniablement provocateur, Fight Club a été un échec commercial à sa sortie aux Etats-Unis. Il s’est

rattrapé à l’international (1 million d’entrées en France) et a conquis ses galons cultes avec ses éditions

en DVD. Le revoir dix-huit ans plus tard dans les salles obscures permet de se faire une idée de l’upper-

cut qu’il a pu représenter à sa sortie, quand voir des gratte-ciel exploser relevait encore du domaine de

la fiction.

Par Fabian Randanne

Page 15: Splendor Films · Author: Louise k Created Date: 7/26/2017 1:27:53 PM

FIGHT CLUB de David Fincher par Thierry Carteret (le 24/07/2017) ♥♥♥♥♥

L’éditeur Splendor films ressort Fight Club le 26 juillet prochain. Véritable bombe cinématographique

des années 1990 signé David Fincher dont c’était le quatrième long métrage après Alien

3, Se7en et The Game. Le réalisateur issu de l’école de la pub et du clip, très prometteur, avait encore

des choses à prouver. Fight Club est son manifeste de cinéaste, avant d’acquérir la réputation de film

culte, lui ouvrant encore plus grand les portes des studios américains. David Fincher adapte ici l’univers

trash et percutant de l’écrira in américain Chuck Palahniuk. On est invité à suivre le récit initiatique d’un

jeune trentenaire solitaire, en pleine misère morale et affective, victime comme tant d’autres d’une socié-

té individualiste et matérialiste. Le culte pour les marques est la religion de cette fin de XXe siècle. Un

monde pré-apocalyptique sur le point de basculer dans le chaos. Le narrateur nommé Jack est l’antihé-

ros anonyme et ordinaire (excellent Edward Norton). L’intrigue fragmentée en forme de narration racon-

tée par Jack/ Norton en voix off, baigne le récit dans une ambiance dépressive et nocturne. Une nuit

éternelle dans lequel se perd le protagoniste, au quotidien sombre et répétitif, aliéné à un travail bureau-

cratique tout droit sorti d’un roman de Kafka. Jack trouve un semblant de réconfort et d’humanité en

s’infiltrant comme un voleur dans les cercles de soutien en tout genre. Jack y rencontre son alter ego

féminin, Marla Singer (Helena Bonham Carter, parfaite), rebelle, sexy et accro aux addictions de toutes

sortes. Jack développe avec elle une relation d’amour/haine, qui le conduit vers la route de Tyler Durden

(Brad Pitt, dans l’un de ses meilleurs rôles), gourou charismatique et anticonformiste qui est tout son

contraire. Tyler lui ouvre les yeux sur le monde qui l’entoure en lui expliquant qu’il n’est qu’un produit et

une victime lobotomisée, conditionné à consommer. Tyler entraîne son « disciple » dans une doulou-

reuse descente aux enfers qui prend la forme de combats clandestins, le fight club. Lieu défini par son

créateur Tyler Durden comme celui de tous les exutoires pour ses membres de plus en plus nombreux,

composés de marginaux et de laissés-pour-compte d’un système capitaliste inhumain qui les a

« émasculé » dans leur identité. Peu à peu, Jack réalise que Tyler cache une face beaucoup plus

sombre derrière son projet d’émancipation, en montant des actions terroristes de plus en plus dange-

reuses. In fine, Tyler se révèle beaucoup plus proche de lui qu’il le pensait.

Mais le film de Fincher avant tout une œuvre incroyablement visionnaire, autant dans son style que dans

ses thématiques profondément modernes. On est alors en 1999, et le monde n’a pas encore connu les

terribles bouleversements à venir. Fight Club est empreint d’un mélange d’énergie et de noirceur inouïe,

soutenu par la sublime photographie clair-obscur de Jeff Cronenweth que le cinéaste retrouvera

pour The Social Network, Millenium et Gone Girl.

Page 16: Splendor Films · Author: Louise k Created Date: 7/26/2017 1:27:53 PM

La réalisation virtuose épouse le rythme effréné du roman éponyme paru en 1996. À sa sortie en

1999, ce brûlot anti-capitaliste, politiquement incorrect et à l’humour noir se heurte à la controverse à

cause d’un discours en apparence réac qui lui vaut une interdiction aux moins de 16 ans. Sans doute

trop en avance, Fight Club, malgré une critique divisée, s’avère un échec public aux États-Unis. Ce

qui n’est pas le cas pour l’international où les autres pays lui ont réserve un meilleur accueil, à l’image

de la France.

Ce thriller psychologique se veut avant tout une farce féroce et distanciée sur la société et ses tra-

vers. Un conte moderne en quelque sorte, qui dévide un rythme, des répliques mythiques, une suc-

cession séquences proprement saisissantes : de son générique de début, avec l’exploration fulgu-

rante des connexions neuronales d’un cerveau en images de synthèse, à sa conclusion en forme de

twist final hallucinant. Un objet filmique fascinant sur le plan de la forme également, soutenu par

l’inoubliable partition électro de The Dust Brothers. Le génial Fincher a su s’entourer d’excellents

techniciens comme le non moins génial maquilleur FX Rob Bottin (Robocop, The Thing) ou le mon-

teur James Haywood (The Game, Panic Room). Réussite totale sur le plan artistique, narratif et

technique, ce désormais classique nous laisse, plus de quinze ans après sa réalisation, toujours au-

tant choqué et groggy par le mariage parfait entre le fond et la forme. Cet uppercut cinématogra-

phique est à (re)voir en salles toutes affaires cessantes.