Soleo 24

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$JHQFH GH OD PRELOLWp LQWHUQDWLRQDOH HW HXURSpHQQH 2e 2f.fr Plus d'Europe & d'international Martinique Shanghai Politique territoriale de mobilité ALAIN ROUSSET Entretien exclusif LUC FERRY Illettrisme "YOUTH ON THE MOVE" L'événement ANDROULLA VASSILIOU L'événement /HVSULW PRELOLWp Entretien exclusif llettrisme 6R 6HSWHPEUH 1 0DJD]LQH GH O$JHQFH (XURSH(GXFDWLRQ)RUPDWLRQ )UDQFH /HVSULW PRELOLWp 6HSWHPEUH 1 0DJD]LQH GH O$JHQFH (XURSH(GXFDWLRQ)RUPDWLRQ )UDQFH OHR

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Soleo 24, le magazine de l'agence Europe-Education-Formation France

Transcript of Soleo 24

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1Soleo

2e2f.fr

Plus d'Europe & d'internationalMartiniqueShanghai

Politique territoriale de mobilitéALAIN ROUSSET

Entretien exclusif

LUC FERRY

Illettrisme

"YOUTH ON THE MOVE"L'événement

ANDROULLA VASSILIOU

L'événement

Entretien exclusifllettrisme

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Édito Jean BERTSCH Directeur général Agence Europe-Education-Formation-France

L’essentiel • Youth on the move : renforcer l’aide aux jeunes européens. Androulla VASSILIOU

Entretien • En exclusivité pour Soleo : L’inquiétante progression de l’illettrisme. Luc FERRY

Rendez-vous 2010 • La mobilité questionnée : retour sur le congrès de Bordeaux La lettre et l’esprit. Marie-Pierre CHALIMBAUD

Point de vue • Erasmus : le palmarès des universités françaises • Erasmus Mundus. Résultats de l’appel à propositions 2010

Langues • Quelle politique linguistique dans les cursus Erasmus Mundus ? Jean ETOURNEAU

Zoom • La mobilité internationale : un levier contre les décrochages et l’exclusion. Patrice DELÈGUE • Une future élite apprend à désapprendre. Hugues DERYCKE en collaboration avec Laurent BIBARD • La compétence clé : Apprendre à apprendre. Jean-Pierre FAMOSE

Plus d’Europe et d’internationalMartinique : • La Martinique et la mobilité des jeunes. Sébastien THIERRY

Shanghai : • Shanghai universelle. Jean BERTSCH • 2e forum d’éducation et de formation tout au long de la vie 22-23 juillet • L’appel de Shanghai : témoignages de jeunes expatriés

Territoires • Vers un Erasmus des élus locaux. Fabrice LACHENMAIER

Partenaires • Une véritable politique territoriale de mobilité. Alain ROUSSET

Brèves d’agence • Nouvel organigramme de l’Agence 2e2f

Prochaine parution : Soleo n°25 21 Décembre 2010

Sommaire

08

12

10

04

03

16

18

Ecrivez à Soleo ! [email protected]

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3Soleo

Éditon°24 - septembre 2010

C ’est la rentrée et bien sûr Soleo

souhaite qu’elle soit pour vous

fructueuse et porteuse de mobilité.

Jamais les conditions n’ont été

aussi optimales pour un séjour en mobilité,

que ce soit une mobilité pour les étudiants,

les apprentis, les scolaires, les enseignants ou

d’autres encore. L’idée de mobilité transnatio-

nale est aujourd’hui encouragée, propulsée,

confortée, valorisée à tous les niveaux.

D’un autre coté, jamais l’Europe n’a été aussi

proche, aussi attractive, aussi ouverte à la mo-

bilité. La Commission européenne encourage

tous ses ressortissants à intégrer l’idée de mo-

bilité dans leurs parcours pour la formation

tout au long de la vie. Du 14 au 16 octobre,

l’ensemble des agences européennes entou-

rant des milliers de jeunes seront présents

à Bordeaux pour une grande manifestation

autour de la mobilité, en présence de nom-

breuses personnalités dont la Commissaire

européenne Androulla Vassiliou.

Cette opération Youth on the Move s’inscrit

comme précurseur des nouveaux programmes

européens pour l’horizon 2014 ; elle est ac-

compagnée par l’agence nationale française ;

par défi nition, elle est ouverte à tous, dans une

ambiance qui se veut amicale, chaleureuse et

festive.

Mais la mobilité peut aussi s’organiser au-

delà des frontières continentales. À partir de

ou vers les territoires et départements d’outre-

mer par exemple. La zone d’infl uence de l’Eu-

rope peut en effet largement s’exercer dans ces

recoins du monde qui sont aux antipodes de

Bruxelles. Elle peut aussi se concevoir encore

plus loin et l’exemple de ces jeunes « wes-

tern » en mobilité à Shanghai, dans le nouvel

Eldorado chinois, que nous présentons dans ce

numéro de Soleo, en est une illustration.

Plus que jamais il faut donc penser mobilité

et élaborer votre propre projet de formation

transnationale. La culture de la mobilité est en

train d’offrir des perspectives immenses aux

jeunes. On part dans un autre pays, on constate

les différences avec les autres et ainsi on com-

prend mieux ses spécifi cités à soi.

Nous sommes là pour vous aider à faire abou-

tir votre projet. L’Europe, la mobilité sont

vraiment des idées fortes. Bonne rentrée.

Jean BERTSCHDirecteur général Agence Europe-Education-Formation-France

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ophi

e Pa

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k

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4Soleo

En prélude à sa venue à Bordeaux le 14 octobre 2010, Androulla Vassiliou, Commissaire européenne à l’éducation, la culture, le multilinguisme et la jeunesse, s’exprime en avant-première sur la stratégie Youth on the move.

YOUTH ON THE MOVERENFORCER L’AIDE

AUX JEUNES EUROPÉENS

L’es

sen

tiel

Comment l’idée de Youth on the move a-t-elle vu le jour ?

Youth on the move est l’une des initiatives phares proposées

en début d’année par la Commission européenne dans sa

stratégie « Europe 2020 ». Elle répond aux défi s en matière

d’éducation, de formation et d’emploi auxquels sont

confrontés les jeunes aujourd’hui. Les jeunes sont l’avenir

de l’Europe et sont au cœur de notre mission : se relever

de la crise et réaliser une croissance intelligente, durable et

inclusive au cours de la décennie à venir.

En quelques mots, Youth on the move consiste en 28

mesures-clé visant à aider les jeunes à acquérir les

connaissances, les compétences et l’expérience dont ils

ont besoin pour réussir sur le marché du travail. Si nous

voulons stimuler le potentiel de tous nos jeunes, il est d’une

importance capitale qu’ils aient tous accès à une éducation,

une formation et une expérience pratique de grande qualité.

La mobilité s’intensifi e parmi les jeunes Européens. Le nombre d’étudiants bénéfi ciant d’une aide Erasmus a par exemple augmenté de près de 9 % selon les derniers chiffres. Pourquoi, alors, l’Europe a-t-elle besoin d’une nouvelle initiative de mobilité ?

Le succès des programmes de bourse de l’Union

européenne permettant aux jeunes d’étudier ou de se

former à l’étranger est indéniable. Erasmus a enregistré

une croissance particulièrement forte, tandis que Leonardo

da Vinci (bourses pour la formation professionnelle),

Comenius (écoles) et Marie Curie (chercheurs) attirent

également des nombres record de postulants.

J’insiste sur le fait que nos bourses de mobilité ne sont

pas réservées exclusivement aux étudiants mais qu’elles

s’adressent aussi aux jeunes travailleurs, aux apprentis

et aux volontaires. Elles sont, pour eux, des occasions

d’acquérir des connaissances et des compétences utiles à

leurs perspectives d’emploi.

Youth on the move vise à contribuer au succès de cette

stratégie – nous voulons que tous les jeunes aient la

possibilité d’étudier ou de se former à l’étranger d’ici à 2020

– et, plus important, à faire en sorte que l’aide européenne

Androulla Vassiliou

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5Soleo

à la mobilité s’inscrive dans une stratégie en faveur des

jeunes, élargie et cohérente. Nous acceptons que l’UE et

les États membres doivent faire davantage pour aider les

jeunes à combler l’écart entre éducation et formation afi n

de faciliter l’accession à leur premier emploi à plein temps.

Quels sont les pays les plus actifs en matière de mobilité des jeunes ?

Les jeunes de l’ensemble des États membres sont impliqués

dans nos programmes, mais on note d’importantes

différences concernant le nombre de participants par

programme et par pays. Dans le cas d’Erasmus – sans

doute le programme de mobilité européen le plus connu –

les pays qui envoient actuellement le plus d’étudiants dans

d’autres pays sont la France, l’Allemagne et l’Espagne,

tandis que l’Espagne se classe premier pays d’accueil,

suivi par la France et l’Allemagne. Les connaissances

linguistiques infl uencent bien sûr le choix du pays par les

étudiants. La participation aux programmes de mobilité

est proportionnellement plus faible dans les nouveaux

États membres que dans les anciens. Cependant, cela m’a

beaucoup réconfortée de constater dans nos dernières

statistiques (sur l’année universitaire 2008/2009) que

le nombre d’étudiants Erasmus ait augmenté de façon

quasiment systématique (on comptait 31 pays participants

– l’ensemble des États membres, plus l’Islande, le

Liechtenstein, la Norvège et la Turquie).

La mobilité des jeunes améliore-t-elle les perspectives d’emploi ?

Oui. Une étude indépendante

montre qu’une période d’études

ou de formation à l’étranger

permet aux jeunes d’acquérir des

compétences et une expérience

très prisées par les employeurs.

Selon une étude sur la valeur

professionnelle d’Erasmus, plus

de 40 % des employeurs

considèrent que les diplômés

bénéfi ciant d’une expérience

internationale sont susceptibles

d’accepter des emplois à haute

responsabilité et 54 % des

anciens étudiants Erasmus

estiment qu’Erasmus les a aidés

à décrocher leur premier emploi.

Une étude similaire sur l’impact

du programme d’enseignement professionnel Leonardo

da Vinci a montré que 58 % des chômeurs ont obtenu un

emploi à la suite de leur formation à l’étranger et que 34 %

ont obtenu des postes avec un niveau de responsabilité plus

élevé.

L’UE va-t-elle à l’avenir étendre ses programmes de mobilité existants ?

Youth on the move est la première stratégie européenne à

englober à la fois éducation et emploi. Elle associe l’aide

à la mobilité à d’autres actions dans les domaines de

l’éducation, de la formation, de la jeunesse et de l’emploi.

Les programmes européens actuels de fi nancement de la

mobilité sont compatibles avec les objectifs de Youth on the move et se poursuivront jusqu’à la fi n 2013. Nous

commençons déjà à préparer les programmes qui

leur succéderont à compter de 2014. Je crois que ceci

contribuera encore plus effi cacement aux objectifs de Youth on the move.

Y a-t-il contradiction entre Youth on the move et l’engagement de l’UE en faveur de l’éducation et de la formation tout au long de la vie ?

En 2009, les États membres ont adopté un cadre

stratégique sur dix ans en faveur de la coopération dans

le domaine de l’éducation et de la formation (« Éducation

et formation 2020 »), mettant l’accent sur l’éducation et

la formation tout au long de la vie. Youth on the move est

L’essen

tiel

YOUTH ON THE MOVEUne initiative de l’Union européenne

GRAND RASSEMBLEMENT DE BORDEAUX14 - 16 octobre 2010

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6Soleo

L’es

sen

tiel

une composante de la stratégie

européenne élargie en matière

d’éducation et de formation

tout au long de la vie. Certaines

des actions imaginées par Youth on the move, par exemple une

meilleure reconnaissance des

compétences acquises en dehors

de l’enseignement formel,

bénéfi cieront aux personnes de

tous âges.

L’initiative Youth on the move peut-elle aider à lutter contre le problème de décrochage scolaire

précoce et garantir à un plus grand nombre de jeunes l’accès à des études supérieures ?

Oui, je crois qu’elle peut aider,

ne serait-ce qu’en favorisant

une prise de conscience accrue

de l’étendue du problème.

Actuellement, trop de jeunes

abandonnent l’école de façon

précoce, et trop peu accèdent

à l’enseignement supérieur, ce

qui compromet la future base

de compétences de l’Europe.

Youth on the move contribuera à

réaliser les objectifs phares de la

stratégie Europe 2020, à ramener

la part d’abandon scolaire précoce

de 15 % à 10 %, ou moins, et à

porter la part de jeunes ayant

bénéfi cié de l’enseignement

supérieur ou équivalent, de 31 %

à au moins 40 % d’ici à 2020.

Les États membres ont adopté

avec la Commission des objectifs

nationaux afi n de contribuer à ces

objectifs communs.

Nous avons l’intention de créer

un Conseil des recommandations

pour aider les États membres

à faire face au problème du

décrochage scolaire précoce.

Il est clair que nous ne pourrons

persuader les jeunes de leur intérêt

à rester plus longtemps à l’école

que si nous rendons l’éducation

et la formation plus attractives.

La Commission encouragera et

soutiendra ainsi toutes les mesures

visant à améliorer la qualité de

nos écoles, de l’enseignement et

de la formation professionnels.

L’année prochaine, nous

lancerons ainsi d’ici à la fi n de

l’année un nouveau programme

de modernisation de nos

universités.

Je pense que nous devrions

encourager un plus grand

nombre d’universités à inscrire

une « fenêtre mobilité » dans

leurs programmes pour rendre

les cursus plus attrayants pour

les jeunes.

À qui reviendra la responsabilité de poursuivre cette initiative ?

Les actions envisagées dans

le cadre de Youth on the move impliquent aussi bien l’UE que

ses États membres. Bien que la

responsabilité des choix politiques

et des décisions de fi nancement

en matière d’éducation et de

formation soit principalement

du ressort des États membres,

l’UE joue un rôle subsidiaire

important, conformément aux

responsabilités qui nous ont été

assignées par le Traité européen.

L’UE peut notamment aider à

identifi er des solutions pertinentes

aux problèmes rencontrés au

niveau national et régional –

par exemple en partageant les

expériences quant à l’effi cacité

ou l’ineffi cacité de telle ou telle

politique, et en apportant un

soutien fi nancier par le biais de

ses programmes de fi nancement.

Comment les gouvernements peuvent-ils permettre aux jeunes d’étudier et de se former plus facilement à l’étranger et faire en sorte qu’ils soient plus nombreux à tirer profi t des aides à la mobilité de l’UE ?

Parmi les mesures-clé que

nous avons annoncées dans

le cadre de Youth on the move

fi gure notamment une nouvelle

Vues de Budapest

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7Soleo

L’essen

tiel

recommandation aux États membres

concernant les moyens de supprimer les

obstacles juridiques et techniques empêchant

d’étudier et de se former à l’étranger. Il

est capital de supprimer ces obstacles

si nous voulons faciliter la mobilité et

inciter davantage de personnes à étudier

et à se former à l’étranger. La Commission

européenne effectuera un suivi des avancées

réalisées en matière de suppression de ces

obstacles dans chacun des États membres à

l’aide d’un nouveau « tableau de bord de la

mobilité », qui sera publié tous les deux ans.

Au niveau européen, nous ferons également

notre maximum pour garantir que les

programmes de fi nancement européens soient

aussi clairs et simples d’utilisation que possible.

Cette priorité guide notre travail préparatoire pour la

nouvelle génération des programmes post-2014. J’ai

lancé une consultation publique sur l’avenir de nos

programmes de mobilité, le 15 septembre1, et j’invite

toutes les parties intéressées à nous faire part de

leurs commentaires et de leurs réactions afi n de nous

permettre d’entreprendre les améliorations nécessaires.

Comment comptez-vous vous assurer que les jeunes comprennent en quoi consiste Youth on the move ?

La Commission a déjà lancé une campagne

d’information européenne qui s’adresse aux jeunes en

particulier. Nous avons un site Internet dédié à Youth on the move (http://europa.eu/youthonthemove) qui

offre un point d’accès unique à l’information sur les

possibilités d’aide de l’UE. J’ai récemment participé

sur Internet à un débat en direct avec des jeunes de

toute l’Europe à propos de Youth on the move, et la

Commission organise, à Budapest et à Bordeaux, des

événements de sensibilisation à cette initiative. Nous

présenterons des exemples de projets de mobilité

réussis et entendrons le témoignage de jeunes ayant

bénéfi cié d’aides à la mobilité. Je devrais également

prochainement rencontrer les ministres de l’Éducation

et les personnes chargées de projets d’éducation sur le

terrain.

Des associations françaises et d’autres pays de l’UE

seront représentés à Bordeaux. L’événement est

organisé en étroite coopération avec les autorités

nationales et régionales françaises, l’Agence 2e2f et

d’autres organisations. J’aimerais profi ter de l’occasion

pour remercier l’Agence 2e2f de son excellente

contribution à la sensibilisation à Youth on the move.

La campagne d’information se poursuivra en 2011

dans d’autres pays européens ■

Vues de Bordeaux

http://europa.eu/youthonthemove

(1) http://ec.europa.eu/commission_2010-2014/vassiliou/events/debate_fr.htm

Page 8: Soleo 24

8Soleo

R appelons les faits, désormais

indiscutables, tels qu’ils ressortent d’une analyse

des tests menés par l’armée lors des « Journées

d’appel de préparation à la défense »1 (JAPD)

auprès des jeunes de 18 ans. Ils font apparaître

quatre grandes catégories de lecteurs : d’abord

ceux qui, tout simplement… ne savent pas lire ! Ils

représentent 5% d’une classe d’âge. Ensuite viennent

ceux qui ânonnent et ne déchiffrent qu’au prix de

nombreuses erreurs : entre 6,5 et 7%. Ce sont donc

déjà environ 100 000 jeunes français sur 800 000

qui ne savent pas du tout ou pratiquement pas lire

à la sortie de leur scolarité obligatoire ! Après, on

trouve les lecteurs médiocres, ceux qui déchiffrent

sans erreur, mais avec tant de peine que le sens du

texte qui leur est soumis leur échappe : 10%. Restent

enfin les lecteurs fiables, mais lents : 15 %. S’ils ne

pratiquent pas régulièrement la lecture, ils auront de

plus en plus de difficultés. Il est clair qu’ils sont de

toute façon exclus de la lecture « par plaisir ». Ils

ne liront probablement jamais un roman en entier au

cours de leur vie.

Au total, ce sont donc plus de 35% de nos enfants qui, à des degrés divers, peinent à lire vers l’âge de 18 ans. Ajoutons un dernier chiffre : 80% des élèves qui

ratent l’apprentissage de la lecture au cours préparatoire ne

rattrapent jamais leur retard. En clair, ce sont les mêmes

qu’on retrouve aux JAPD, preuve que l’école ne les a pas

repêchés. Croit-on sérieusement que ce soit en supprimant

des heures de cours au primaire dans le but d’économiser

des postes qu’on parviendra à enrayer le déclin ? On me

permettra d’en douter. Alors que faire ? D’abord cesser de

traquer des fausses pistes : quoiqu’on en dise, ce n’est pas

la méthode globale (elle a disparu depuis belle lurette au

profi t de méthodes mixtes), pas même la télévision, encore

moins le manque de moyens qui sont en cause, mais le

mouvement général de la société depuis quarante ans. Avec

la « rénovation pédagogique » des années soixante-dix,

qui insiste sur la créativité, la spontanéité et les méthodes

actives, on a oublié que l’éducation était avant tout la

transmission d’un patrimoine. Les règles de grammaire et

celles de la politesse ne s’inventent pas, elles se respectent

et, en la matière, la spontanéité et l’innovation payent

rarement.

Malgré ces évidences, on a voulu, dans les années 70, en fi nir à tout prix avec l’idée selon laquelle éduquer, enseigner, c’était d’abord, au moins en grande partie, de la part des adultes responsables de l’enfance, transmettre un héritage de savoirs et de savoir-faire. On a pensé que, grâce aux méthodes actives, les enfants

allaient pouvoir tout découvrir et reconstruire par eux-

mêmes, qu’ils ne maîtriseraient vraiment que ce qu’ils

auraient « fabriqué », pour ne pas dire « inventé ». Disons

le tout net, c’était une erreur, erreur qui anime encore

aujourd’hui nombre de dispositifs populaires comme la

« main à la pâte ». On s’est convaincu qu’il fallait coûte

que coûte appuyer l’enseignement sur l’auto-construction

Ent

reti

en

Par Luc FERRY

L’INQUIETANTE« PROGRESSION »

L’ILLETTRISMEDE

En exclusivité pour Soleo

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des savoirs : auto-dictées, textes d’invention,

travail sur les documents, rédaction par les élèves

des règlements intérieurs, construction de petits

objets ludiques, etc. Bref, on a élevé la « pédagogie

de l’éveil » au rang d’un principe suprême. En

parallèle, on a pris soin de discréditer tout ce

qui ressemblait de près ou de loin à un « cours

magistral » en même temps que tous les exercices

traditionnels jugés trop « classiques » - la dictée, la

rédaction, le « par cœur »... Les manuels scolaires

se sont mis alors à insister sur les documents plus

que sur les cours, sur les constructions en étoile,

imitant la logique des « hypertextes », plus que sur

les raisonnements linéaires, jugés trop « scolaires ».

L’apprentissage du Français, notamment, a recouru

en masse à des « exercices à trous », exigeant

de l’enfant qu’il complète des pointillés – ce

qui simplifi e les choses aux professeurs, occupe

facilement les élèves parce que c’est plus ludique,

mais s’avère à peu de chose près inutile, car

trop mécanique pour être réellement instructif.

S’agissant de l’apprentissage de la langue, ce fut un

désastre parce que, tout simplement, aucun d’entre

nous n’a inventé sa langue maternelle. Et ce fait, en

apparence trivial, mérite singulièrement réfl exion.

En effet, notre langue est à 100% un patrimoine.

Les règles de grammaire, comme d’ailleurs celles

de la politesse sont à 100% le fruit d’un héritage,

d’une tradition. Leur assimilation suppose une

attitude de respect et d’humilité, pas celle de

l’enfant roi qu’on tente de persuader qu’il va tout

inventer et reconstruire par lui-même. En matière

de grammaire et de civilité, la « créativité »,

« l’imagination » et la « spontanéité » si chères à

la rénovation pédagogique portent un nom : cela

s’appelle les fautes d’orthographe et l’impolitesse.

Nul hasard, en ce sens, si notre système éducatif

se trouve en diffi culté principalement sur ces deux

points.

Il faut revenir au bon sens, et dans la situation actuelle, un remède de cheval s’impose. Faisons

enfi n de la lutte contre l’illettrisme une cause

nationale. Ne laissons plus sortir du CE1 un

élève qui ne sait pas lire. Pour parvenir à tenir cet

objectif, il est urgent de remettre systématiquement

en œuvre les dédoublements de cours préparatoire

que j’avais commencé d’installer en 2004 et qui ont

été malheureusement supprimés aussitôt après mon

départ. Avec des groupes de 10 ou 12 élèves, les

maîtres peuvent pratiquer la remédiation en même

temps que le diagnostic, ce qui est impossible

en classes pleines. Ces dédoublements peuvent

se faire à moyen constant : avec l’aide de ces

« emplois jeunes » qu’on a remis à tour de bras et

qui seraient là plus utiles que partout ailleurs. Ils

peuvent prendre en charge une moitié de la classe

pour des tâches de répétiteurs sous le contrôle des

maîtres. D’autres mesures – d’abord et avant tout

« l’école des parents » – doivent bien entendu venir

en appui. Bref, on sait exactement ce qu’il faut

faire. Qu’attend-on pour se mettre au travail ? ■

(1) Cf. l’enquête de l’amiral Béreau, in « Combattre l’illettrisme », Odile Jacob, 2009.

Entre

tien

Luc FERRYMembre du Comité consultatif national d'Éthique Ancien Ministre de la Jeunesse, de l’Éducation nationale, et de la Recherche

Luc FERRY

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2010GRANDSRENDEZ-VOUS

LES

Conférence de valorisation« La mobilité internationale : un levier contre les décrochages et l’exclusion »

18, 19 novembre 2010Paris, Espace Marceau

C’est Luc Ferry qui viendra

conclure cette conférence réu-

nissant, des représentants de

projets gérés par l’Agence 2e2f

et différents acteurs de l’éduca-

tion et de la formation tout au

long de la vie.

Au cours de ces deux journées

les participants travailleront en

8 sessions pour s’interroger,

notamment, sur la question des

rythmes scolaires, de l’indi-

vidualisation des parcours, de

l’adaptation des systèmes et des

approches pédagogiques.

Cette conférence s’inscrit dans

le cadre de l’année européenne

2010 de « lutte contre la pau-

vreté et l’exclusion sociale ».

Contact : [email protected]

Conférence Experts de Bologne Partenariats internationaux de formation

mai 2011Lille

Les partenariats internatio-

naux de formation sont au

programme de la première

réunion de rentrée des experts

de Bologne. Un pré-comité de

pilotage s’est constitué le 9 sep-

tembre dernier à Paris, en vue

de la conférence nationale pré-

vue à Lille en mai 2011.

Ces partenariats visent à mettre

en œuvre des diplômes, doubles

ou conjoints, à délocaliser des

formations, à créer des coopé-

rations en matière de formation

et à développer toutes formes

de mobilités, Erasmus ou hors

Erasmus.

L’équipe des experts de Bologne

participe en France aux stra-

tégies de développement du

processus de Bologne avec

les autorités et les acteurs de

l’enseignement supérieur et

conseillent les établissements

sur les différents aspects du

processus défi nis lors des

conférences ministérielles.

Contact :[email protected]

La programmation de l’événe-

ment Youth on the Move à Bor-

deaux, les 14, 15, et 16 octobre,

annoncée dans notre précédent

numéro, se précise. En effet,

la Commissaire européenne,

Androulla Vassiliou, sera pré-

sente lors de l’inauguration qui

s’inscrira au cœur de l’événe-

ment, en présence des jeunes au

CAPC, musée d’Art Contem-

porain de Bordeaux, à partir de

14h00 le jeudi après-midi.

Le concept se fonde sur une

variété d’espaces participatifs

dont les jeunes seront les prin-

cipaux protagonistes. Youth on the Move établit un véri-

table dialogue entre et avec les

jeunes sur les avantages réels

de la mobilité. L’événement

sera avant tout un grand espace

de rencontres et d’activités en

continu pendant 2 jours, autour

de 4 thèmes choisis par la Com-

mission européenne dans une

ambiance informelle et créa-

tive : l’Éducation, la Citoyenne-

té-Engagement Solidaire, l’Em-

ploi-Formation professionnelle

et la Culture-Art. Des ateliers,

des conférences et des événe-

ments animés par tous les parte-

naires locaux accompagneront

ces thèmes. Cette ambiance

festive sera couronnée par un

concert gratuit, ouvert à tous, à

la Rock School Barbey.

Une manifestation semblable se

déroulera à Budapest (Hongrie)

les 8 et 9 octobre 2010.

Informations : http://www.paueducation.com/youthonthemove/Bordeaux/

« Youth on the Move »

14, 15, 16 octobre 2010Bordeaux

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11Soleo

Rendez-v

ou

sPrès de 450 participants ont ap-

porté leur contribution à la réfl exion collective

organisée par l’Agence à l’occasion du congrès

« Mobilité internationale : la lettre et l’esprit »

des 28 et 29 juin 2010 à Bordeaux. La mobilité

questionnée : comment la penser et la dévelop-

per ? Praticiens, bénéfi ciaires, experts ou néo-

phytes, nous savons tous qu’il ne sert à rien de

sauter sur sa chaise comme un cabri en disant

la mobilité ! la mobilité ! la mobilité ! Il est in-

dispensable qu’elle ait un sens, qu’elle s’inscrive

en tant qu’outil dans une stratégie, politique ou

individuelle, de formation, de développement de

compétences, d’insertion professionnelle ou so-

ciale. La mobilité prend alors toute sa mesure et

libère sa plus-value singulière. C’est d’abord ce

sens à donner impérativement et systématique-

ment, qui a été considéré par les congressistes,

porté par les messages politiques forts du nou-

veau Délégué interministériel à l’Orientation et

à l’Insertion professionnelle, Jean-Robert Pitte,

des ministres Valérie Pécresse et Luc Chatel, du

Secrétaire d’État à l’Emploi, Laurent Wauquiez.

Cette philosophie de la mobilité utile, au sens noble du

terme, a été rappelée par Hélène Clark, Directrice du pro-

gramme Éducation et Formation Tout au Long de la Vie

à la Commission européenne et Jean Bertsch, Directeur

de l’Agence : la mobilité au service de l’éducation, de la

formation, de l’emploi et de la citoyenneté active, qui sont

eux-mêmes autant de facteurs essentiels à la « croissance

intelligente » voulue par la Stratégie Europe 2020, en ré-

ponse à la crise économique et aux diffi cultés sociales.

Il n’y a ni fi n en soi ni valeur absolue à une expérience de

mobilité internationale, quand bien même elle est à chaque

fois génératrice d’une expérience humaine indiscutable. Ce

sont donc ici les questions de l’identifi cation et de la mesure

des impacts de la mobilité qui se posent. Des études et re-

cherches ont été recensées et présentées par leurs auteurs du-

rant le congrès. Mais, en la matière, un immense effort reste

à produire avant de pouvoir modéliser la mobilité, mesurer

et faire partager ses impacts - étapes essentielles pour un

ancrage massif et pérenne de la mobilité internationale

dans les politiques de

formation et d’emploi.

Le pari d’un congrès

attractif et stimulant

est réussi, ce pari

d’une mobilité ques-

tionnée, d’une réfl exion en profondeur sur la plus-value

de la mobilité internationale est lancé. Il se poursuit, sur

le site Internet de l’Agence qui rend accessible à tous les

contributions et témoignages apportés lors du congrès

et, sous une autre forme, par une publication. À paraître

en 2011 ! ■

© S

ophi

e Pa

wla

k

La mobilité questionnée :comment la penser

Marie-Pierre CHALIMBAUD

Directrice du Département Développement et Dissémination Agence Europe-Education-Formation-France

et la développer ?Retour sur le congrès de Bordeaux (juin 2010)

Jean-Robert Pitte, Membre de l’Institut, ancien Président de l’université Paris-Sorbonne

Vue sur la Garonne depuis l’hôtel Mercure

Jean-Louis Nembrini, Recteur de l’académie de Bordeaux pour l’allocution de clôture de la Ministre Valérie Pécresse

Ouverture du congrès par Jean Bertsch, Directeur de l’Agence 2e2f

Séance pleinière d’ouverture

Le « staff » d’organisation, Agence 2e2f

Page 12: Soleo 24

12Soleo

Poin

t de v

ue

Se basant sur le chiffre d’exportation des universités

françaises, les universités de Nantes, avec 534 étudiants partis

en 08-09, celle de Strasbourg avec 495 départs, celle de Lille 1

avec 375, celle de Dijon, avec 344 départs et de Rennes 1,

avec 340 séjours Erasmus, se classent dans cet ordre aux 5

premières places du classement national.

Mais, on s’en aperçoit, la situation de chacune de ces univer-

sités est loin d’être comparable, notamment si l’on observe

la taille de leur population : ce palmarès, s’appuyant unique-

ment sur les données brutes des départs en mobilité, est donc

assez peu parlant. Certes, la fréquence des départs fournit un

premier cliché de la dynamique internationale. Mais, par dé-

fi nition, une université de grande taille a mathématiquement

plus de chances d’envoyer des étudiants qu’une université plus

petite.

Ainsi, l’observation de la fréquence des migrations étudiantes

rapportée à la taille des universités livre un second indicateur,

plus fi n, et beaucoup plus signifi catif de la dynamique de la

mobilité d’une institution. Ce mode de calcul est d’ailleurs ce-

lui qui est appliqué par de nombreux pays européens.

Sur cette base, l’Agence 2e2f a procédé à l’élaboration du pre-

mier classement Erasmus des universités françaises, pondéré

selon la taille des universités (cf. Le Figaro du 12 Juillet 2010

et cf. page 15).

Classement des départs par rapport à la population totale de l’université :

Quelques commentaires sur le classement : L’université de Savoie est en 1e position et se trouve dans la

tête du classement depuis 6 ans. Son score s’améliore régu-

lièrement. Le score de Grenoble 3 est sensiblement le même

depuis 6 ans.

Universités frontalières, effet régional…Les 4 universités lauréates sont toutes frontalières (Savoie,

Grenoble, Lille 1, Pau) et Avignon n’en est pas loin ! On peut

légitimement penser qu’une partie du succès de leur politique

tient aux échanges qu’elles entretiennent avec des pays rive-

rains.

L’université de Savoie et Grenoble 3 appartiennent au même

PRES1. Mais Grenoble 1 et Grenoble 2 n’ont pas de résultats

probants (42e et 46e), donc, « l’effet régional » d’une politique

commune (aide de la Région, du PRES) ne peut guère être

invoqué.

Le cas des « parisiennes » :Paris 9 - Dauphine est constamment présente dans le

peloton de tête mais 11e cette année avec un fl échisse-

ment de l’indice qui passe de 2,36 à 1,56.

Les deux premières universités au classement de

Shanghai, Paris 6 et Paris 11, sont faibles en Eras-

mus sortants : 75e pour Paris 6, 70e pour Paris 11.

Globalement, les « parisiennes » sont faibles :

sur 17 universités, 13 ont un ratio inférieur à

1% : les universités parisiennes apparaissent,

en revanche, bien plus comme des universités

d’accueil d’étudiants étrangers que de jeunes

français partant à l’étranger (attractivité de la

France, des universités françaises).

Taille des universités : Toutes régions confondues, les grosses universi-

tés font proportionnellement à leur taille moins

partir en Erasmus que les universités moyennes.

La France est devenue leader européen de la mobilité transnationale des étudiants qui s’expatrient, pour un semestre ou une année universitaire, vers l’un des 30 autres pays européens participant au programme ERASMUS. Lors de la conférence de presse du 1er juin, la ministre de l’Enseignement supérieur, Valérie Pécresse, s’est attachée à présenter les premiers enseignements de ces résultats. L’Agence 2e2f poursuit aujourd’hui l’analyse.

ERASMUS :le palmarès des universités françaises

Classement des dépparts ppar rappporp t à la pop pulp ation totale de l université :

Nombre d’étudiants Université Départs

Erasmus Ratio

1 10983 Savoie 290 2,64%

2 5724 Grenoble 3 134 2,34%

3 17671 Lille 1 375 2,12%

4 10858 Pau et Pays de l’Adour 221 2,04%

5 6252 Avignon 116 1,86%

Page 13: Soleo 24

13Soleo

Point de v

ue

Un quart des candidatures de master Erasmus Mundus coordonnées par des établissements français lors du dernier appel à propositions ont été sélectionnées par la Commission européenne. Grâce à ces bons résultats, la France maintient la place prédominante qu’elle occupe de-puis le lancement du programme en 2004, puisqu’à la rentrée universitaire 2011 nos établissements coordonneront toujours le plus grand nombre de cursus de master Erasmus Mundus proposés à l’échelle eu-ropéenne (soit 32 cursus sur 123), devant l’Espagne (14), la Belgique (13), l’Alle-magne et les Pays-Bas (11 chacun).

Au niveau doctorat, la Commission euro-péenne a sélectionné 9 nouveaux pro-grammes. Deux tiers d’entre eux (6) impliquent au moins un établissement français. Cette nouvelle sélection porte l’offre doctorale Erasmus Mundus pro-posée à la rentrée 2011/2012 à un total de 22 programmes, dont plus de la moitié (14) impliquent des établissements fran-çais, 5 à titre de coordinateurs.

Année universitaire 2011/2012 : la France reste le pays qui coordonne le plus de cursus de master sur les 123 proposés

05101520253035

AT BE DE DK ES FI FR HU IT LT LV NL NO PT SE UK

Erasmus Mundus Résultats de l’appel à propositions 2010

Sur les 5 plus grosses universités fran-

çaises supérieures à 30 000 étudiants) :

- Nantes : 33 666 étudiants/

534 Erasmus/1,59%

- Strasbourg : 41 150 /495 /1,20%

- Lyon 1 : 33 267/217/0,65%

- Paris 1 : 36 807/249/0,48%

- Paris 5 : 31 106/146/0,47%

Cela plaide pour l’hypothèse selon

laquelle faire partir un étudiant en

Erasmus est proportionnellement plus

diffi cile pour les grosses universités.

Sur les 30 plus grosses supérieures à

20 000 étudiants, on observe qu’au-

cune n’atteint le chiffre de 2%, chiffre

du trio de tête du palmarès.

Par contre, dans les 5 premières,

sauf Lille 1, avec 17 600 étudiants,

toutes les autres sont des universités

moyennes, de taille inférieure ou égale

à 10 000 étudiants.

Tout semble se passer comme si élabo-

rer une politique de relations interna-

tionales, entreprise de longue haleine

et transversale à plusieurs présidents,

est chose plus aisée, peut-être aussi

plus indispensable pour rayonner face

à la grosse université de référence de

leur région pour les universités de taille

moyenne.

Effet du temps : Taux de progression : 3 universités pro-

gressent de manière constante depuis

6 ans : Lille 1, Nantes et Tours.

Évolution favorable des

départs en Erasmus : La

moyenne de l’indice, toutes

universités confondues, pro-

gresse de 14%.

Taux de progression par uni-

versité : Les taux de progres-

sion les plus spectaculaires

sont :

- Bretagne Sud : +372%

en 6 ans : 6e université

française en 08-09

- Corse : +113% entre

ces deux bornes

- Antilles-Guyane : +150%

Observons malgré tout

que ces progressions specta-

culaires sont repérables

sur des valeurs absolues

de départ quasi nulles

ou des effectifs plus

faibles.

Des constantes sont

identifi ées : l’université

de Dijon, au premier quartile, est 23e

au classement et maintient stable, à un

niveau moyen, son indice sur plusieurs

années (de 1,24 à 1,28%). En milieu

de tableau, l’université de Limoges est

stable autour de 0,9 à 1%. Au troisième

quartile, Lyon 1 est stable autour de

0,6%. En bas de classement, Clermont-

Ferrand 1 témoigne, elle, d’une chute

constante de 0,5% à 0,12%, soit -71%.

Diffi cultés :En fi n de classement, les universités

ultramarines témoignent des diffi cultés

qu’elles rencontrent à pouvoir intégrer

des programmes européens, la situa-

tion géographique jouant contre elles.

Il serait sans doute nécessaire qu’elles

puissent bénéfi cier de mesures déro-

gatoires.

Comparaison avec d’autres pays : L’indice des meilleures universi-

tés françaises est parfaite-

ment comparable avec les

meilleures universités des

autres pays européens. Deu-

xième au classement derrière

la France, l’Allemagne affi che

des indices très voisins (Source

DAAD, Erasmus Annual Re-

port, 2009) à partir des chiffres

des Länder qui ont en charge

l’élaboration de politiques

coordonnées des RI. En tête

vient le Land de Brême avec 2,15%.

Une augmentation générale de la mo-

bilité Erasmus vers l’étranger est donc

incontestable. Ces chiffres ne concer-

nent que les universités, hors BTS,

hors grandes écoles et écoles associées

qui constituent des contingents très

substantiels de la mobilité étudiante.

En attendant de se livrer prochaine-

ment à l’établissement du même clas-

sement sur les grandes écoles… et en

attendant le classement 2009-2010

au printemps prochain, Soleo ana-

lysera la situation de quelques uni-

versités françaises particulièrement

caractéristiques d’une politique inter-

nationale dynamique ■

(1) PRES : Pôles de Recherche et d’En-seignement Supérieur

Source : Agence 2e2f.

Année universitaire 2011/201214 des 22 programmes conjoints de doctorat

Erasmus Mundus impliquent des établissements français

36%

64%

Année universitaire 2011/2012La France reste le pays qui coordonne le plus

de cursus de master sur les 123 proposés

Page 14: Soleo 24

14Soleo

Page 15: Soleo 24

15Soleo

POSITION UNIVERSITÉPOURCENTAGE2008-20091

1 Savoie 2,64%

2 Grenoble 3 2,34%

3 Lille 1 2,12%

4 Pau et Pays de l’Adour 2,04%

5 Avignon 1,86%

6 Bretagne Sud 1,76%

7 Nancy 2 1,75%

8 Rennes 2 1,69%

9 Le Havre 1,62%

10 Nantes 1,59%

11 Paris 9 - Dauphine 1,56%

12 Tours 1,53%

13 Valenciennes 1,47%

14 Bordeaux 3 1,45%

15 Rennes 1 1,44%

16 Lille 3 1,42%

17 Aix Marseille 1 1,40%

18 Lyon 3 1,37%

19 Angers 1,37%

20 La Rochelle 1,34%

UNIVERSITÉSCLASSEMENT DES

FRANÇAISES

UN PROGRAMME INTENSIF ERASMUS POUR APPRENDRE AUTREMENTLES LANGUES EN EUROPE

Le Programme Intensif Erasmus Euro-Forma se propose de donner une

formation aux méthodologies et aux

supports innovants dans le domaine de

l’intercompréhension des langues et

plus particulièrement des langues

romanes. Il s’adresse à un public

d’étudiants spécialisés en intercom-

préhension et plurilinguisme et/ou aux

futurs enseignants comme à un public

d’étudiants de disciplines variées

souhaitant intégrer l’intercompré-

hension à leur formation. Le pro-

gramme, basé à Toulouse, accueille

11 universités d’Europe pendant deux

semaines pour former quarante étu-

diants de master, échanger leurs

pratiques, développer leurs métho-

dologies.

La suite du classement des universités françaises sur www.2e2f.fr(1) Ratio entre le nombre de départs en Erasmus et la taille de l’université, en nombre d’étudiants

DANS LE PROGRAMMEERASMUS

Page 16: Soleo 24

16Soleo

Quelle politique linguistiquedans les cursus

Erasmus

La diversité linguistique qui fait partie du

quotidien de l’Union européenne avec 23 langues offi -

cielles s’accroît énormément dès lors que les programmes

s’étendent aux pays tiers avec Erasmus Mundus. L’ap-

prentissage des langues est un facteur d’intégration majeur

qui permet de se déplacer aisément et de trouver un emploi

dans d’autres pays que le sien. Sur le marché du travail,

une telle mobilité contribue à créer de nouveaux emplois

et à stimuler la croissance. S’intégrer, c’est communiquer

pour partager des mêmes valeurs et des mêmes objectifs

et gérer les différences culturelles de manière positive. Les

programmes Erasmus Mundus sont de vrais laboratoires

expérimentaux pour mettre en œuvre une réelle politique

linguistique. Notre expérience de deux programmes en

Science des Matériaux concernant un Master, FAME

(www.fame-master.com) et une Ecole Doctorale Interna-

tionale IDS-FunMat (www.idsfunmat.u-bordeaux1.fr) qui,

annuellement, accueillent en moyenne des étudiants d’une

quinzaine de nationalités (Europe + Pays Tiers), montre

la prééminence de l’anglais comme lingua franca émer-

gente. Comment pourrait-il en être autrement dès lors

qu’une mobilité européenne est obligatoire pour nos étu-

diants ? Une enquête menée auprès d’une promotion de

nos étudiants (33), révèle que 50 % d’entre eux ont appris

une langue locale (25 %), voire deux (10 %) lorsque leur

séjour dans un même pays est au moins d’une année, le

français suivi de l’allemand dans le cas de nos réseaux de

mobilité ; 25 % des étudiants possèdent déjà une langue

locale en arrivant en Master. Aucun problème n’a été noté

quant à l’accès à des cours de langues locales.

En conclusion, il apparaît que beaucoup plus d’étudiants

apprendraient des langues locales, qu’ils soient européens

ou de pays tiers, si dès le départ de leur formation, les

cours étaient dispensés de manière intensive (au moins

1 mois) et suivis de cours interactifs hebdomadaires. Ils se

sentiraient ainsi plus concernés par la vie locale à travers

des manifestations culturelles, ce qui, en dehors du travail,

leur permettrait de se mêler aux gens du pays et non pas de

rester en « cluster » dont le seul lien, en dehors d’affi nités

humaines, serait la langue anglaise ■

À lire : “English-Taught Programmes in European Higher Edu-cation”. The picture in 2007 de Bernd Wächte et Friedhelm Maiworm. Contact : Lemmens Medien GmbH (Publisher) [email protected]/www.lemmens.de

Jean ETOURNEAUProfesseur ÉmériteUniversité Bordeaux 1

Lan

gu

es

Mundus ?

Page 17: Soleo 24

17Soleo

Hôtel*** 96 chambresRestaurant Bar à vins « Le 20 »Centre de Congrès Espace panoramique de réceptionAmphithéâtre10 salles de réunion

18 parvis des Chartrons - 33080 Bordeaux cedexTél. : 05 56 01 79 79 - Fax : 05 56 01 79 00

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Mercure Bordeaux Cité Mondiale

Centre de CongrèsCentre-ville - Bords de Garonne

Page 18: Soleo 24

18Soleo

Zoo

m

En conclusion du congrès de juin, le directeur de

l’agence invitait les participants à ne pas voir positivement les choses qu’au travers du prisme de la mobilité …/… (Celle-ci) possède simplement des vertus contributrices.

Dans son « éloge de la mobilité », il souligne par ailleurs

qu’il convient de « l’étudier dans ses mécanismes internes

et du point de vue des dividendes qu’on peut en tirer »,

en particulier les compétences attitudinales, comportemen-tales et professionnelles (Bertsch, 2010)2.

Nous devons reconnaître que la mobilité internationale

n’est pas l’unique processus pour acquérir ces compé-

tences, et qu’elle n’est pas en soi une garantie de succès.

Ainsi, dans une session du même congrès, en réaction au

témoignage d’un ancien Erasmus qui indiquait que d’autres

étudiants en mobilité n’avaient pas véritablement profi té de

leur séjour, un représentant du monde de l’entreprise atten-

dait moins le constat d’une expérience internationale que

le « sens donné par l’individu à cette expérience ». Au-delà

du vécu, l’apprentissage doit être consolidé. Il ne suffi t pas

d’être les observateurs d’acquisitions empiriques, pour po-

sitives qu’elles soient. Aussi le congrès de juin a esquissé

un système de principes rationnels de construction de com-

pétences transversales, afi n que les mobilités offrent des

situations d’apprentissage à part entière.

Dans le cas des publics ayant le moins d’opportunités,

inscrire une mobilité dans un parcours de formation semble

moins naturel que dans les cursus ordinaires, ce travail de

structuration y est de fait d’autant plus nécessaire. Les

situations d’apprentissages liées à la mobilité doivent être

préparées pour ces publics (choix des paramètres qui per-

mettent une construction de compétences et de leur prise

de conscience), et explicitement analysées avec eux (iden-

tifi cation, formulation et mémorisation des acquis en vue

d’une lisibilité accrue de leur qualifi cation et de leur par-

cours professionnel).

Tout en partant des exemples spécifi ques de chaque pro-

jet européen, lors de la conférence de valorisation de

novembre, nous conserverons un point de vue général pour

étudier à quelles conditions la mobilité internationale parti-

Dans la continuité du congrès des 28 et 29 juin derniers « La mobilité internationale : la lettre et l’esprit », la conférence des 18 et 19 novembre prochains concernera plus particulièrement les structures qui travaillent avec les publics ayant le moins d’opportunités, publics définis par le Conseil européen1 comme des personnes qui, pour des raisons d’ordre culturel, social, physique, mental, économique ou géographique, ont le plus de difficultés à participer aux pro-grammes d’action qui les concernent, tant au niveau communautaire qu’aux niveaux national, régional et local.

un levier contreles décrochages et l'exclusion

La « mobilité internationale » :

Les enjeux de la conférence de valorisation des 18 et 19 novembre 2010 - Espace Marceau, Paris 8e

Page 19: Soleo 24

19Soleo

Zo

omcipe à une meilleure inclusion dans l’éducation et la forma-

tion. Dans l’enseignement scolaire, la politique d’éducation

inclusive repose sur une approche globale qui vaut pour

l’enseignement supérieur, la formation professionnelle et

l’éducation des adultes. « S’il est délicat pour l’équipe éducative d’identifi er la raison exacte pour laquelle leurs élèves ont besoin de plus d’attention que les autres, il est clair pour tous que la différence de chacun ne doit pas être problématisée individuellement mais contextualisée dans la dynamique d’un groupe hétérogène, aux capacités d’ap-prentissage variées et aux sensibilités différentes. L’éduca-tion inclusive représente pour ces enseignants confrontés à la diversité, l’évidence d’une approche globale à travers une prise en charge centrée sur le rythme, la perception, la sociabilité de chacun » (Samuel, 2010)3.

Par la rencontre entre porteurs de projets européens,

acteurs locaux et responsables à l’agence des diffé-

rents programmes, la conférence de novembre devra être

l’occasion de vivre l’esprit mobilité, à partir d’un ques-

tionnement transversal, au cours des sessions et lors des

interventions en séance plénière. Il s’agira d’analyser en

quoi, et à quelles conditions, le travail entre Européens,

qu’il s’effectue à distance ou au cours des mobilités, peut

améliorer :

- l’adaptation des rythmes et des moments forts d’une for-

mation, facteur décisif pour éviter les décrochages pendant

le cursus ;

- la prise en compte, dans les formations, des spécifi cités

des facteurs d’exclusion (comme les différentes formes de

handicap), et l’utilisation de modalités originales de for-

mation (créativité, expression non verbale, théâtre) pour

travailler l’ensemble des compétences clés et redonner

confi ance en soi ;

- la lutte, en fi n de cursus, contre la stigmatisation du public

concerné par l’amélioration de sa qualifi cation pour une

meilleure orientation et pour son insertion professionnelle.

Souhaitons que nous retrouvions ainsi, au-delà des diffé-

rences entre ces publics, le « mouvement du cœur de l’ar-chitecte qui noue comme une racine la diversité des maté-riaux et qui exige pour être un, durable et puissant, cette diversité même » (Saint-Exupéry, Citadelle) ■

(1) Décision n°1031/2000/CE du Parlement et du Conseil euro-péens du 13 avril 2001 : Voir l'annexe, action 2

(2) BERTSCH, Jean (2010). Éloge de la mobilité. Madrid : revue Hispanogallia (sous presse).

(3) SAMUEL, Alexia (2010), Appréhender la différence : Éduca-tion inclusive et projets européens Comenius, étude accessible sur le site wwww.2e2f.fr

Patrice DELÈGUE

Responsable du Pôle Formation professionnelle et Adultes Département Développement et Dissémination

Agence Europe-Education-Formation-France

à quelles conditionsIl est nécessaire « d’étudier

la mobilité internationale participeà une meilleure inclusion

dans l’éducation et la formation ».

Page 20: Soleo 24

20Soleo

Zoo

m

Les Experiential learnings se multiplient, en particulier aux États-Unis, où le dispositif pédagogique consiste à immerger des étudiants dans des univers professionnels très différents de ceux qu’ils rejoindront, pour qu’ils s’interrogent sur leur capacité à rencontrer d’autres réalités et d’autres enjeux. Pour les étudiants et les formateurs, ce travail sur le terrain est pédagogiquement décisif.

L’« expérience terrain » des étudiants de l’ESSEC MBA1

UNE FUTURE ÉLITE« APPREND À DÉSAPPRENDRE »

En France, l’ESSEC a inscrit « l’expérience

terrain » à la charnière des classes préparatoires pour

les étudiants qui se préparent à entrer dans la pédagogie

interactive et très autonome du MBA. L’ESSEC dénomme

cette première année : Période Initiale. Cette ouverture

fondamentale s’exprime éminemment au travers de

l’objectif « apprendre à apprendre » - non seulement

apprendre des expertises, des techniques, des théories et

des compétences ou des comportements, mais apprendre

à désapprendre quand cela est utile, et réapprendre en

conséquence. Une telle capacité est de mise dans le contexte

contemporain de la crise.

Apprendre à désapprendre, l’expression nécessite quelques

éclairages. Nous vivons une mutation de civilisation qui se

caractérise par « une crise généralisée de transmission de

valeurs ». Pour nos étudiants, il y a lieu de désapprendre

certains préjugés et réapprendre la mixité sociale. Car

la massifi cation des études n’a pas fait progresser la

diversité sociale dans les grandes écoles, même si les

processus d’accès et de fi nancement des études ont élargi

les possibilités d’accueil. Les managers de demain devront

faire face à des défi s nouveaux, à la fois technologiques

et économiques, mais aussi sociaux et culturels. Tel est

le challenge d’une évolution de civilisation qui assume

positivement la « complexité ». Les défi s de l’intégration,

de l’immigration ou de la scolarisation en grandes cités

demanderont, pour être relevés, des capacités inédites

d’imagination et de management. C’est cet humanisme

pratique que nous cherchons alors à mettre en œuvre.

Pour les 362 étudiants de Période Initiale de cette année,

l’École a mis en place une capacité de plus de 500 stages.

Trois catégories d’expériences terrain ont été proposées

pour cette première fois, avec plusieurs choix possibles, en

stages ouvriers, stages en milieu social ou milieu éducatif.

Une mobilité culturelle qui produit un sursaut, une fi ertéOuvriers sur des chaînes de production, en hôtellerie –

restauration, en grande distribution, sur le Programme

Armée Seconde Chance, chez Emmaüs, ATD-Quart

Monde, le secours populaire, ou en ZEP… Il ressort

du journal de bord des étudiants certaines conclusions

intéressantes : découverte de la pénibilité, de la lassitude

des tâches répétitives, diffi culté à tenir les horaires des

organisations d’accueil, rudesse des déplacements en hiver

et des durées de transport… Mais aussi en cours de stage :

un choc, une rencontre, un événement, parfois des erreurs

assumées, bref, un apprentissage qui produit un sursaut et

une fi erté.

Le succès est le même du côté des organisations. 90%

d’entre elles se lancent de nouveau dans le pari de réussir

l’année prochaine.

Une opération de mobilité culturelle, sociale et éducative à

continuer, confi rmer, transformer, et approfondir ! ■

(1) ESSEC / MBA : Master of Business Administration de l’École Supérieure des Sciences Économiques et Commerciales

Hugues DERYCKEResponsable du projet « expérience terrain »Direction des études cycle Bachelor ESSEC Grande École

En collaboration avec Laurent BIBARD, professeur ESSEC

Page 21: Soleo 24

21Soleo

Zo

om« APPRENDRE À APPRENDRE » :

UNE COMPÉTENCE CLÉ INCONTOURNABLE

Après les compétences sociales et civiques présentées dans Soleo 23, nous nous penchons sur une autre compétence clé : « apprendre à apprendre ». Elle a été identifiée et définie, dans la recommandation du Parlement européen de décembre 2006 sur les compétences clés pour l’apprentissage tout au long de la vie, comme l’une des huit compétences clés.

La compétence clé « apprendre à apprendre » est l’une

des habiletés les plus fondamentales pour réussir dans la société

de la connaissance. Du fait des changements rapides dans le

domaine du travail, dus aux changements technologiques, les

citoyens doivent apprendre à apprendre afi n de pouvoir maintenir

leur participation continue dans l’emploi et la société civile ou

risquer l’exclusion sociale. Cette compétence clé est devenue

une priorité politique dans le contexte européen de l’éducation du

fait des liens supposés entre son développement, l’apprentissage

tout au long de la vie, l’économie

de la connaissance et la cohésion

sociale.

Utiliser les nouvelles technologies Pour acquérir toutes les autres

compétences, les apprenants

doivent, dès leur plus jeune âge,

« apprendre à apprendre » en

réfl échissant de manière critique

à leurs objectifs, en gérant leur

apprentissage avec autodiscipline,

en travaillant à la fois de façon

autonome et en équipe, en

cherchant des informations et de

l’aide lorsque cela est nécessaire,

et en utilisant toutes les possibilités offertes par les nouvelles

technologies.

En France, cette compétence ne fi gure pas à l’intérieur des

sept compétences clés que propose le socle de compétences

(2006). Un certain nombre de connaissances, de capacités

et d’attitudes qui font partie de la défi nition européenne

« d’apprendre à apprendre » sont référées à l’intérieur d’autres

compétences, notamment au niveau de la septième compétence

« autonomie et esprit d’initiative ».

L’habileté à persévérer dans l’apprentissage Dans tous les cas, apprendre à apprendre requiert d’un individu

qu’il connaisse et comprenne ses stratégies d’apprentissage

préférées, les forces et les faiblesses de ses habiletés et

qualifi cations, et soit capable de rechercher les opportunités

d’éducation et d’entraînement et les supports de guidage

disponibles. Ceci requiert une gestion effi cace de son propre

apprentissage, de confi gurations de carrières et de travail, et,

en particulier, l’habileté à persévérer dans l’apprentissage, à se

concentrer pendant des périodes étendues et à réfl échir de manière

critique sur les intentions et les buts de l’apprentissage. Les

individus doivent être capables d’allouer du temps pour apprendre

de manière autonome avec autodiscipline, mais aussi de travailler

de manière collaborative, de tirer des bénéfi ces d’un groupe

hétérogène, et de partager ce qu’ils ont appris.

Le Center for Research on Education and Lifelong Learning

(CRELL) a été créé à l’intérieur de la Commission européenne.

Ce réseau de recherche, basé en Italie, a tenté de la décrire et de

la défi nir.

La compétence « apprendre à apprendre » inclut la capacité à

organiser et réguler son propre

apprentissage, individuellement

et en groupe, à gérer de manière

effi cace son propre temps, à

résoudre des problèmes, à acqué-

rir, traiter, évaluer et assimiler de

nouvelles connaissances, et les

appliquer dans une variété de

contextes.

Cette défi nition insiste sur la

capacité à autoréguler son propre

apprentissage. Elle rejoint par

là les théories actuelles de

l’apprentissage autorégulé et la

métacognition.

Et la mobilité dans tout ça ? De par les confrontations, les échanges, les rencontres qu’elle

suscite, on peut légitimement penser que la mobilité transnationale

contient un ensemble de situations extrêmement favorables au

développement de la compétence apprendre à apprendre.

A contrario, on peut aussi s’interroger sur le sens alternatif,

à savoir, sur les prédispositions à réussir un séjour en mobilité

qu’offrirait la possession d’une compétence apprendre à apprendre,

déjà particulièrement ancrée chez un jeune. Nous ne nous risquons

pas à privilégier un sens plutôt que l’autre. Vraisemblablement

d’ailleurs, c’est autour d’un équilibre entre ces deux hypothèses

qu’il faut rechercher des réponses ■

Jean-Pierre FAMOSEProfesseur émérite Université de Pau et des Pays de l’Adour

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L’Histoire joue indéniablement un rôle dans

l’existence d’un sentiment d’appartenance à un

même espace. Si la défi nition des contours de cet

espace est pour certains identitaire et politique, « la

Caraïbe » correspond avant tout à un périmètre géographique

regroupé autour de la Mer du même nom. C’est une notion

de proximité territoriale (toute relative d’ailleurs : plusieurs

milliers de kilomètres en séparent les extrémités) qui semble

primer dans l’existence de ce sentiment d’appartenance.

De la même façon, un Français ou un Letton défi nira son

appartenance à l’espace européen d’abord pour des raisons

géographiques.

Pourtant, comme en Europe, cette unité perçue recèle une

grande diversité. L’espace Caraïbe conjugue les extrêmes :

pauvreté et richesse, grands espaces et micro-états, territoires

non indépendants et pays souverains, spécialisation et

diversifi cation des économies. Comme sur le continent

européen, les traits culturels et les habitudes de vie d’une île

à l’autre sont contrastés. Les jeunes effectuant un séjour en

mobilité dans un pays de la Caraïbe connaissent comme tout

autre un choc culturel qui les amène à déployer des trésors

d’adaptation et d’ouverture d’esprit.

Et puis, comme partout et pour tous, le sentiment d’appartenance

est le fruit d’un syncrétisme plus ou moins complexe. Dans

le cas de la Martinique, des liens forts l’unissent ainsi avec

la métropole, et, par extension, avec l’Europe continent qui

devient dès lors aussi une destination naturelle. Ajoutons enfi n

« l’appel du Grand Ouest » qui constitue un tropisme fort pour

les jeunes Martiniquais, nombreux à partir étudier aux États-

Unis et au Canada où les formations jouissent d’une bonne

réputation.

Destinations diversifi ées et équitablement réparties : il

n’apparaît donc pas que le sentiment d’appartenance réel ou

perçu à un même espace caribéen joue un rôle prévalent dans le

choix des destinations de mobilité. Quels autres déterminants

entrent alors en jeu ?

Parmi ces facteurs sans nul doute nombreux, les fi nancements

disponibles semblent peser lourd. Pour les destinations vers

l’Europe, les établissements martiniquais s’appuient ainsi sur

le programme EFTLV2 où leur participation a crû régulièrement

depuis 10 ans. Aujourd’hui, des lycées pionniers comme les

LGT Joseph Gaillard ou Bellevue, progressivement rejoints

Quels sont les déterminants du choix des destinations des jeunes Martiniquais dans les séjours d’étude ou de stage à l’étranger ?

La Martinique est un territoire toujours plus actif en matière de mobilité internationale. L’an dernier, 60 jeunes issus de formation BTS ou DCG1 ont ainsi bénéficié d’un stage dans un pays européen et ils devraient être 80 cette année. Mais le même nombre de jeunes a effectué une mobilité dans l’espace Caraïbe : Grenade, Barbade, Bahamas, Dominique, etc. Ces îles qui font rêver plus d’un européen relèvent pour

les Martiniquais d’une destination naturelle.

une spécifi cité dans les destinations

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Martinique et mobilité des jeunes

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par d’autres établissements, sont devenus des utilisateurs

avertis du programme Erasmus. Quant aux échanges avec la

Caraïbe, ils s’inscrivent majoritairement dans le cadre d’un

programme Interreg IV (fi nancé via le FEDER) et répondent

principalement à la volonté de l’exécutif régional de mieux

s’insérer dans le tissu caraïbe.

Le classement Erasmus des universités3, qui montre les

universités des DOM-TOM dans le bas du tableau (bien que

dans une moindre mesure pour l’Université

de la Réunion) exprime en creux cette fois

l’importance du niveau de fi nancement :

pour des territoires aussi éloignés du

continent européen, un fi nancement

insuffi sant se révèle un frein puissant à toute

velléité de mobilité.

Dès lors, la source de fi nancement, par ses

caractéristiques et ses conditions d’accès,

constitue bien un des principaux déterminants de

la destination. En ce sens, le cas de la Martinique ne

diffère pas vraiment de celui de la métropole où la

forme que prennent les projets (destination, mais aussi

durée, type de mobilité, etc.) est déterminée d’abord

et en grande partie par les modes de fi nancement de

ces projets.

Au fi nal, ce cas illustre parfaitement le caractère ‘gagnant-

gagnant’ des programmes européens : instrument d’une

politique volontariste d’un côté avec un effet incitatif, même

s’il est parfois insuffi sant, pour développer des coopérations

privilégiées par-delà les frontières – y compris les DOM-

TOM. Opportunités d’élargir son horizon et développer ses

projets de l’autre. Et ça fonctionne : l’appétence pour la

mobilité ne cesse de croître pour le plus grand bénéfi ce des

jeunes qui développent ainsi une large palette de compétences

professionnelles et personnelles ■

(1) Diplôme de Comptabilité et Gestion, un diplôme d‘État de niveau Licence

(2) Éducation et Formation tout au long de la vie(3) Cf. article p.12 dans le présent Soleo

Grande Anse, Martinique

Sébastien THIERRY

Directeur adjointAgence Europe-Education-Formation-France

La bibliothèque Schœlcher

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■ Shanghai

La dame de Shanghai d’Orson Welles ou Tintin et le

Lotus bleu ne se rencontrent plus guère à Shanghai.

Aujourd’hui, Shanghai apparaît sous les feux de rampe

comme une des plus grandes capitales économiques

au monde, symbole de la démesure, de l’audace, de la

créativité et de la réussite scientifi que, nouvelle vitrine

high-tech de l’Asie, voire du monde.

Les lueurs de Shanghai, qui sait aussi développer un

art de vivre particulièrement remarquable, attirent les

étudiants formés dans toutes les universités chinoises et

bien sûr tous ceux qui, venus d’Europe ou d’Amérique,

ont choisi de se diriger vers ce nouvel Eldorado où tout est

possible, de s’y tester, d’y chercher une voie possible de

professionnalisation.

Tramway monorail, train ultrarapide, architecture,

activité biotechnologique, développement médical et

pharmacologique de pointe, informatique, électronique,

équipementerie automobile, avionique, véhicules du futur,

rares sont les secteurs de haute technologie qui n’y ont pas

développé encore leurs centres de recherches. Pas étonnant

dès lors que ce soit ici que le fameux classement de

Shanghai des universités mondiales ait été conçu et évalue

annuellement la qualité des publications et des brevets des

universités.

Shanghai apparaît, aux yeux de l’occidental, comme

une formidable ruche en pleine expansion et en activité

permanente. Mais ce qui frappe le plus peut-être, c’est la

formidable jeunesse que l’on y croise, portée par le slogan

de « Tout est possible ». Les français se sont donné le mot

d’ailleurs, pour s’y retrouver et tenter leur chance. Ils sont

plus de 15 000 dans ce cas.

On reste ébahis devant les défi s, devant l’audace exprimée,

devant l’incroyable architecture, le mode de vie qui

conjugue le futur et la tradition.

Les Shanghaïens ne prétendent-ils pas que leur ville sera la

capitale du monde en 2020 ? ■

SHANGHAIuniverselle

Jean BERTSCHDirecteur généralAgence Europe-Education-Formation-France

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Shanghai

Le 2e forum mondial de

l’Éducation et la Formation tout au

long de la vie s’est tenu à Shanghai,

en Chine, les 22 et 23 juillet 2010, au

sein même du Pavillon français lors de

l’Exposition universelle. L’occasion

de découvrir cette fantastique vitrine

de tous les pays du monde. Il était

organisé par le Comité Mondial pour

l’Éducation et la Formation tout au

long de la vie (CMEF), créé en 2005

et présidé depuis sa création par Yves

Attou.

La problématique centrale que pose

le CMEF interroge le lien à tisser

entre toutes les séquences éducatives,

de formation et d’apprentissage. Le

CMEF postule que dans la société de

la connaissance que nous vivons, tout

est occasion d’apprendre. Pour lui, il

est indispensable de développer des

réseaux et de travailler en partenariat,

de rassembler largement, sans

exclusive et de développer un réseau

mondial des acteurs de l’éducation,

dans chaque continent, dans chaque

pays, dans le monde entier. Le CMEF

se propose de les fédérer.

Soucieux de poursuivre la collabo-

ration entamée il y a deux ans avec

l’UNESCO, lors du 1e forum de

Paris en 2008, le CMEF a souhaité

prolonger le partenariat créé lors de

la conférence de Belem au Brésil

en 2009. Le thème de l’exposition

universelle de Shanghai en 2010

« Better City, Better Life » imposait

presque naturellement le choix de

ce site pour le 2e séminaire, d’autant

qu’un séminaire préparatoire en mai

avait déjà eu lieu à Shanghai.

L’agence 2e2f, partenaire historique

du CMEF, déjà associée lors du forum

de Paris de 2008, au cours duquel

Sonia Dubourg-Lavroff, directrice

de l’agence d’alors, avait présenté

une communication, s’est donc

naturellement mobilisée à la fois

pour soutenir la nouvelle initiative du

CMEF et témoigner du point de vue

de l’agence française quant au rôle

capital que pouvait jouer la mobilité

dans l’éducation et la formation tout

au long de la vie.

Jean Bertsch, le directeur de l’agence,

s’est donc rendu à Shanghai du 20

au 26 juillet au sein de la délégation

française de 44 membres. Intégré

au forum au sein de la session 2

« Apprentissages tout au long de la

vie : quels réseaux ? » avec Anthony

Elvey, Denys Lamontagne (Québec),

Catherine Othaburu (Fédération

Européenne des écoles), il s’est

évertué, lors de sa conférence intitulée

« La mobilité transnationale : de

l’usage des réseaux », s’appuyant en

cela sur l’exemple du réseau partenarial

habituel de l’agence en faveur de la

mobilité transnationale, à décrypter

les mécanismes de constitution des

réseaux et à plaider pour la création

de méta-réseaux thématiques ou

institutionnels, permettant en cela

de conférer davantage de poids et de

résonance aux dits réseaux.

Un séminaire d’une grande densité,

particulièrement riche d’enseigne-

ments et de rencontres internationales

dans une ville en perpétuel mouvement

et un environnement exceptionnel.

Un ouvrage retracera les grandes

lignes de ce forum mondial en 2011.

Le 3e forum, quant à lui, est déjà

programmé. Il se déroulera en octobre

2012, à Marrakech au Maroc ■

2e FORUM D’ÉDUCATION ET DE FORMATIONTOUT AU LONG DE LA VIE

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26Soleo

« Après un bac général, un diplôme en

communication visuelle/design graphique, un Brevet

d’État d’escalade et 5 ans d’expériences professionnelles

à Paris, dans divers ateliers graphiques, s’expatrier n’a pas

fait partie d’une stratégie de carrière. C’est plutôt le jeu des

rencontres, la curiosité et l’envie d’essayer de nouveaux

modes de travail dans une autre culture qui m’ont amené

à Shanghai.

Ces expériences forgent un état d’esprit d’ouverture, plus

souple et réactif.

Après 2 années à Shanghai, mon projet de monter un

studio de communication visuelle/design graphique (NO

BODY « visual communication designers ») a vu le jour

tout naturellement et s’est imposé comme une évidence. Le

dynamisme, l’énergie de la ville n’y étaient pas étrangers.

J’ai tout d’abord travaillé avec des clients occidentaux, à

cause de la langue et de la culture, mais aujourd’hui le

studio compte autant de clients locaux qu’étrangers et

occidentaux.

J’ai vraiment l’impression, depuis 3 ans, d’avoir déjà vécu

plusieurs vies : en tant que nouvel arrivant d’abord, comme

simple salarié ensuite, comme manager d’un département

de communication au sein d’une société de design global,

comme entrepreneur aujourd’hui et, en continu, comme

spectateur curieux et enthousiasmé par les gens, les choses,

les lieux vers lesquels je suis allé ou qui sont venus à ma

rencontre.

Le mot que je choisirais pour faire la synthèse est

« expérimentations » (au pluriel défi nitivement). » ■

Pierre-Julien DESCOINSCommunication visuelle/Design graphique Shanghai

Ils ont entre 25 et 30 ans, diplômés en design, commerce international, tourisme et hôtellerie, ils rêvaient d’Asie.

Ils ont posé leurs valises à Shanghai, « une ville mutante où les expériences se succèdent à un rythme effréné. » L’expression est de Pierre-Julien Descoins, spectateur

curieux, enthousiasmé par les gens.

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Témoignages de trois jeunes "expats" français

L'appel Shanghaide

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Après un parcours scolaire un peu atypique Benoît

Doche termine ses études par un Master 2 en Management et Commerce International à Bordeaux. Il avait au préalable étudié un an en Angleterre et fait des stages en Espagne.

« J’ai toujours voulu évoluer à l’international

pour acquérir de l’expérience, de la maturité et

surtout vivre dans un cadre différent.

Après mon diplôme, j’ai passé 6 mois à chercher

un emploi, sans succès, non seulement parce

qu’en 2008 le contexte économique n’était pas

favorable pour un jeune diplômé, mais aussi

parce que je n’avais aucune envie de rester en

France.

Sur les conseils d’un ami je suis donc parti à

l’aventure à Shanghai. J’ai réussi à décrocher un

premier emploi de commercial dans une société

française, puis au bout de 6 mois, j’ai changé

de travail pour évoluer et être mieux rémunéré.

Je suis en Chine depuis un an et demi et n’ai

vraiment aucune raison d’en repartir. La vie à

Shanghai est la vie rêvée pour tout jeune, car

tout est possible (travail, appartement spacieux,

fête bien entendu, facilité de vie, différence

de culture enrichissante, rencontres avec des

gens du monde entier…). La vie y est très

agréable au quotidien, la culture est captivante

et le mandarin, une langue compliquée mais

passionnante.

Bien évidemment, la Chine est le centre du

monde en termes de commerce, de production,

d’entreprises et ce pays est en plein essor ; et ce

n’est pas terminé.

Je conseille à tous ceux qui sont attirés par

l’international d’y venir faire un tour. Mais

attention ! Shanghai est à la mode et de plus en

plus de jeunes viennent tenter leur chance, donc

les opportunités y sont plus rares qu’avant, moins

bien rémunérées ; cependant les choses bougent

bien plus vite qu’en France en particulier. » ■

Après un diplôme Bac+2 en Angleterre en hôtellerie-management et fraîchement diplô-mée d’un DEESTH* (Formasup Bordeaux), elle décide de repartir à l’étranger. La tentation étant trop grande.« Quand on y a vécu, la question que

l’on se pose sans arrêt est : dans quel

pays je vais bien pouvoir m’installer ?

Le milieu touristique et hôtelier n’y

est pas pour rien car il est primordial,

pour nous, jeunes actifs, de construire

notre CV à partir de différentes

expériences à l’étranger.

Très attirée par l’Asie, je me suis

lancée un nouveau défi . Pourquoi pas

la conquête de la Chine ? Un pays

en plein boum économique qui a

tellement de choses à offrir !

2 semaines après mes examens,

j’atterrissais au petit matin à

l’aéroport international de Pudong

à Shanghai et m’inscrivais dans une

école de langue pour apprendre le

chinois tous les jours pendant un an.

Partir ainsi à l’aventure, dans un pays

dont on ne parle pas la langue, peut

paraître insensé. Mais en réalité, mon

choix était mûrement réfl échi et je

ne regrette en rien mon expatriation.

Shanghai est une ville captivante,

pleine de surprises (tant par son

histoire, que par son ascension au

rang de première ville économique

de Chine et d’Asie). 24 heures ne

suffi sent pas pour apprécier tout ce

que la ville peut offrir. Quand j’aurai

terminé mon année de chinois, j’es-

père pouvoir mettre à profi t mes

connaissances dans l’hôtellerie et

l’industrie du voyage au sein d’une

société chinoise ou étrangère.

J’encourage quiconque souhaitant

voyager et découvrir de nouvelles

cultures, langues et coutumes, à

partir sans hésiter. Le monde nous

appartient ! » ■

*Diplôme Européen d’Études Supérieu-res en Tourisme et Hôtellerie

Florie Hut« Le monde nous appartient »,

Florie HUTHôtellerie et industrie du voyage Shanghai

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Benoît Doche« Shanghai est à la mode et les opportunités plus rares qu'avant »,

Benoît DOCHECommerce international Shanghai

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I nterrogé début 2010 par l’eurodéputé Sophie

Briard-Auconie sur l’état d’avancement de ce projet

bénéfi ciant d’une ligne de crédit dès 2009, le commissaire

à la politique régionale, Johannes Hahn, a répondu qu’une

étude de faisabilité confi ée à un cabinet privé était en

cours avant le lancement éventuel d’un projet pilote. Les

conclusions de l’étude ne sont pas encore publiques mais

déjà le commissaire répond à l’eurodéputée, d’une part,

qu’il existe un intérêt des élus pour des dispositifs de mobilité à condition d’éviter des procédures administratives qui brideraient l’accès à de tels dispositifs et, d’autre part,

qu’aucun crédit n’était disponible en 2010. Il prévient que sur la base des résultats complets de l’étude, la Commission évaluera s’il n’est pas plus approprié d’envisager la mise en place de telles actions dans le cadre des activités ou programmes qui seront mis en place après 2013 dans le cadre de la future Politique de Cohésion. Dans un rapport

publié le 12 mai 2010 sur la bonne utilisation par la France des fonds structurels européens, Sophie Briard-Auconie

a réitéré la nécessité de prévoir la création d’un Erasmus

des élus.

La mobilité des élus locaux D’ores et déjà, des initiatives de mobilité des élus

locaux existent dans le cadre du programme Leonardo :

l’association Idées Nouvelles Europe en direction de

l’Espagne a accompagné 27 maires et conseillers issus des

régions Provence-Alpes-Côte d’Azur et Poitou-Charentes,

ou encore l’organisme espagnol Progesti@ en direction

de la France qui s’est déplacé avec une délégation de

20 élus de la région de Castilla Leon.

A défaut d’ouvrir prochainement un

programme spécifi que Erasmus

des élus, l’Association des

Maires de France et moi-même

avons rencontré à Bordeaux,

Jean Bertsch, directeur de

l’Agence Europe-Education-Forma-

tion France, afi n de réfl échir à un

éventuel prolongement, dans le cadre

de Leonardo, du projet de mobilité

« Élus d’Europe » en y intégrant une dimension nationale et

un partenariat transnational développé avec un plus grand

nombre de pays. La discussion a également mis en évidence

les enjeux d’une démarche de formation à l’Europe pour des

élus, prescripteurs de la cause européenne et l’importance

d’un échange de bonnes pratiques dans la gouvernance

des collectivités locales. Les participants ont notamment

exprimé leur souhait que les pouvoirs publics français

s’intéressent au projet Erasmus des élus, en accompagnant

par exemple son expérimentation puis sa mise en place,

l’Agence pouvant être un acteur de premier plan dans la

gestion éventuelle du futur programme ■

Contact : Idées Nouvelles Europewww.ideesnouvelles.eu16 route de Saint-Auban F-06910 Le Mas Tél. : +33 (0)4 93 60 40 55

En 2008, le Parlement européen a adopté à une large majorité le rapport du député Jean-Marie Beaupuy appelant à la création d’un « ERASMUS des élus locaux et régionaux » permettant l’échange d’expériences et de bonnes pratiques entre élus européens.

Fabrice LACHENMAIERMaire du Mas Alpes-Maritimes

des élus locauxVers un Erasmus

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Parten

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sLES RÉGIONS SONT PASSÉES

D’UNE « MOBILITÉ DE

CUEILLETTE » À

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : en 2009,

les Régions ont consacré près de 95 millions d’euros à la

mobilité européenne et internationale des jeunes. Plus de

100 000 jeunes (mobilité sortante et entrante) ont ainsi

bénéfi cié d’aide de la part des Régions pour leur mobilité

internationale.

En corollaire des politiques en faveur de l’éducation,

de la formation et de l’emploi, les Régions investissent

volontairement le champ de la mobilité. Certes, cette

politique ne fi gure pas au cœur de leurs compétences, mais

la mobilité est un tel outil au service de

la formation professionnelle ainsi qu’un

vecteur de dynamisme de l’emploi

régional que les Régions en deviennent

les moteurs.

À l’heure de la mondialisation et de

l’accroissement des échanges écono-

miques, culturels, intellectuels, la mobilité s’impose

comme un enjeu stratégique. Conscientes de l’importance

de l’enjeu, les Régions soutiennent cette mobilité tout au

long de la vie. Pour ce faire, elles offrent une palette de

dispositifs d’aides.

Si on note une prépondérance des aides à la mobilité

étudiante, les politiques régionales de mobilité internationale

s’adressent à des publics plus larges : lycéens, apprentis,

demandeurs d’emploi et diplômés récents, quels que soient

le niveau de formation et le secteur d’activité. C’est aussi

cela l’égalité des chances.

Les soutiens régionaux favorisent la réalisation de tout type

de séjour : séjours linguistiques, séjours d’études, stages

professionnels mais aussi volontariat. Certaines Régions

ont ainsi mis en place des dispositifs à destination des jeunes

pour des périodes longues, sous statut de « Volontaires »

(Volontaires du Progrès, Service Volontaire Européen,

volontaires pour la coopération).

Les politiques régionales en faveur de la mobilité visent à la

fois l’insertion professionnelle, l’ouverture sur le monde et

l’apprentissage des langues dont on sait qu’il reste encore

une lacune de notre système éducatif. Elles s’inscrivent

dans leur politique d’aménagement du territoire : les

Régions sont passées d’une « mobilité de cueillette » à une

véritable politique territoriale de mobilité, de renforcement

de l’attractivité du territoire à laquelle l’ensemble des

acteurs et bénéfi ciaires contribue. Elles s’articulent avec

d’autres politiques régionales (politiques culturelles et

développement économique). Surtout, elles répondent aux

objectifs fi xés par l’Union européenne : nombre de Régions

présentent tous ces dispositifs d’ouverture intellectuelle et

culturelle comme un appui à la construction d’une identité

européenne et un renforcement de l’engagement solidaire

de leur jeunesse. Enfi n, les personnes en mobilité, devenues

« ambassadeurs» de leurs Régions d’origine, participent

au rayonnement de ces dernières dans le monde. Tout

en renforçant la présence française à l’étranger, elles

véhiculent ainsi l’image de leurs Régions en promouvant

notamment leurs patrimoines culturels et naturels. C’est

dire l’importance et les enjeux que représente la mobilité

des jeunes ■

Les régions présentent les dispositifs d’ouverture intellectuelle et culturelle comme un appui à la construction d’une identité européenne et un renforcement de l’engagement solidaire des jeunes

DE MOBILITÉ

UNE VÉRITABLE POLITIQUE TERRITORIALE

Président de la Région AquitainePrésident de l’Association des Régions de France

Par Alain ROUSSET

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FRANCE

BordeauxAgence 2e2f et certification ISO 9001

❚ L’Agence Europe-Education-Formation-France a passé avec succès son 2e audit de surveillance pour la certifi cation ISO 9001. Cet audit s’est déroulé les 6 et 7 juillet der-niers et n’a révélé aucune non-conformité. Le certifi cat ISO 9001 a une durée de 3 ans et devra être entièrement renouvelé en avril prochain. Les services de l’agence se prépa-rent d’ores et déjà à cette échéance.

Brèves

d’agence…

INTERNATIONAL

MéditerranéeOffi ce méditerranéen de la Jeunesse

❚ 17 pays bordant la Méditerranée (dont la France), travaillent ensemble à la création de l’Offi ce méditerranéen de la Jeunesse dont l’un des objectifs serait la mise en place de « bourses d’excellence de mobilité » de niveau master et doctorat, pour un montant en France de 20 millions d’euros sur 3 ans, avec un parrainage de réseaux d’entreprises. Les responsables ministériels des pays intéressés se sont réunis à Tanger en mars, puis au Monténégro en juin 2010, pour « se compter ». Un dernier regroupement devrait avoir lieu à la rentrée à Chypre avant la conférence de lancement à Paris en décembre.L’Agence 2e2f a été associée aux travaux et fi gure dans le Comité d’orientation du projet, associant au niveau français le ministère de l’Immigration, le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, le ministère de la Jeunesse, Campus France, la CPU, le CNOUS, etc.

INTERNATIONAL

BudapestYouth on the move

❚ L’événement Youh on the move, à Bordeaux, des 14, 15 et 16 octobre, sera précédé d’une manifestation du même type à Budapest, les 8 et 9 octobre, à laquelle se rendra la direction de l’agence.

INTERNATIONAL

WebYouth on the move - Androulla Vassiliou

❚ Le 17 septembre 2010, la Commissaire européenne à l’Éducation, Mme Androulla Vassiliou, a tenu un chat à propos de Youth on the move : promotion de la mobilité, développement des compétences, perspectives d’insertion professionnelle. La Commissaire a répondu en direct au nombreux public qui s’est connecté sur le web pour débattre avec elle. De leur côté, Jean Bertsch et Sébastien Thierry participent aux travaux de réfl exion de la Commission européenne sur le devenir des programmes pour la période 2014-2020. Les prochains travaux se dérouleront à Bruxelles le 1er octobre.

FRANCE

NantesConférence European Association for International Education

❚ Emmanuelle Gardan, responsable de la cellule « Incubation et perspective » et Nicolas Jean, nouveau responsable du pôle Enseignement supérieur au sein du Département « Développement et Dissémination » de l’Agence 2e2f, partici-peront le 16 novembre, à Nantes, à la conférence de l’European Association for International Education.

L’AGENCE EN MISSION

L’agence participera au(x) :

❚ Séminaire européen Comenius and E-twinning Schools partnerships Experience Sharing, à Prague, les 30 septembre et 1er octobre ;

❚ Journées de la coopération universitaire France-Russie à Moscou, du 06 au 10 octobre ;

❚ Congrès annuel « L’Europe : territoires d’Éducation (ANDEV) » à Tours, du 13 au 15 octobre ;

❚ Séminaire « New Skills Networks » à Antwerp (Belgique), le 08 novembre ;

❚ Séminaire de l’Association européenne des enseignants d’Aquitaine à Arcachon, du 4 au 8 octobre ;

❚ Séminaire national de la DGESCO sur le thème du « Développement de la responsabilité lycéenne », ministère de l’Éducation nationale à Paris, le 07 octobre.

INTERNATIONAL

PolynésieProgramme Comenius et Label européen des langues

❚ M. Moana Greig, ministre de l’Éducation de Polynésie, sera reçu le 29 septembre à l’Agence 2e2f pour déposer les projets de la Polynésie française sur les programmes Comenius et Label européen des langues.

FRANCE

Agence 2e2fNouvel organigramme

❚ Conseillée et accompagnée par le cabinet Ernst and Young, l’Agence 2e2f s’est restructurée à la rentrée 2010, notamment autour de 2 départements, Développement et Dissémination d’une part, et Gestion et Ingenierie de Projets d’autre part, destinés à conduire les actions de valorisation et de promotion de la mobilité internationale pour le premier, le suivi et la gestion des projets européens pour le second. L’organigramme complet actualisé peut être consulté sur le site de l’agence.

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Agence 2e2f Nouvel organigramme

partiel au

01.09.2010

Yana LANGLOISDirectrice du

Service GénéralRessources humaines, Informatique, Budget,

Achats, Accueil/logistique

Renaud PICARDDirecteur du Service

Financier et Comptable(Agent comptable)

Marie-Pierre CHALIMBAUDDirectrice du Département

Sandrine DICKELResponsable du Pôle

Enseignement scolaire

Patrice DELÈGUEResponsable du Pôle

Formation professionnelle et Adultes

Nicolas JEANResponsable du Pôle

Enseignement supérieurAdjoint à la directrice

Département Développement et Dissémination

Christelle CASTELAINDirectrice du Département

Département Gestion et Ingénierie de projets

Valérie HOUVERTResponsable du Pôle

Erasmus

Adrien LE LEONResponsable du Pôle

Comenius et GrundtvigAdjoint à la directrice

Catherine GIRARDATResponsable du Pôle

Leonardo da Vinci

Service Général

Service Financier et Comptable

Véronique PIOTDirectrice de cabinet

Sébastien THIERRYDirecteur adjoint

Jean BERTSCHDirecteur général

Cellule Qualité Audits internesCellule Incubation et Prospective

Europass - Euroguidance - Label européen des Langues - Visites d’études

Directeur de la publication : Jean Bertsch

Rédactrice en chef : Dominique Ardiller

Création, maquette, iconographie : Géraldine Brassart

Presse : Lydie Lagouarde

Ont collaboré à ce numéro :Jean BertschLaurent BibardMarie-Pierre ChalimbaudPatrice DelègueHugues DeryckePierre-Julien DescoinsBenoît DocheJean EtourneauJean-Pierre FamoseLuc FerryEmmanuelle Gardan

Florence HutFabrice LachenmaierAlain RoussetSébastien Thierry Androulla Vassiliou

Crédits photo : Pierre Chiquelin MJENRJackie DierenAlban GilbertGoogle ImagesShutterstock Images

Sophie Pawlak pour l’Agence 2e2f

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Soleo

Paul-Marie DESCOINSResponsable du Pôle Communication et Média

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