Soleo 23 - juin 2010

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Soleo - le magazine de l'agence Europe-Education-Formation-France Numéro 23 - juin 2010

Transcript of Soleo 23 - juin 2010

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EspagneRussie

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Point de vue

LAURENTWAUQUIEZ

Nouveau métier"Référent mobilité"

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3 L’Édito

L’entretien

Rendez-vousL’essentiel

Point de vue

Zoom

Orientation-Métiers

Plus d’Europe & d’international

Partenaires

Les lecteurs s’expriment

Brèves d’agence

Jean Bertsch, directeur de l’Agence Europe-Education-Forma-tion-France

« Les programmes européens sont une porte ouverte à l’ini-tiative… »Luc Chatel, Ministre de l’Éducation nationale, Porte-parole du gouvernement

« Parmi les compétences-clé : les compétences sociales et civiques, d’autonomie et d’initiative ». Isabelle Cubières

Le référent mobilité : de l’âge de pierre à l’ère de la professionna-lisation. Sébastien Thierry

Espagne. Présidence espagnole, politiques éducatives et universités. Dominique BodinAvancée du processus de Bologne en Espagne. Maria Josée CarionRussie. « Année France-Russie » : pour une coopération univer-sitaire renforcée entre nos deux pays. Rencontre avec Jean de Gliniasty, ambassadeur de France en Fédération de RussieBelgique : L’approche par les compétences du système éducatif belge. Dominique Simonet, Ministre de l’enseignement obligatoire. Communauté française de BelgiqueÉtudier en Europe : Débrouille et efficacité. Témoignage de Sandra Gaborit, ex-étudiante Erasmus

Les DAREIC, des relais académiques pour la mobilité internatio-nale. Elisabeth HeitzAcadémie de Nice et Agence 2e2f : signature d’une charte pour les mobilités transnationales. Herminia DaedenFormation à l’international des cadres de l’éducation. Corinne Bronn

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« Créer un Erasmus de l’alternance pour les apprentis est un enjeu majeur pour nos politiques publiques », par Laurent Wauquiez, Secrétaire d’Etat à l’Emploi auprès de la Ministre de l’Economie, de l’Industrie et de l’Emploi

Reconnaissance des compétences acquises en mobilitéReconnaître les compétences transversales. Eric Cattelain Frédéric LagarrigueComprendre les ECVET. Estelle DupratArticulation entre ECVET et ECTS : le projet Be-Twin par la CCIP de Paris. Marie Azuelos. Lilian Cadet Expérimenter les ECVET en Rhônes-Alpes

Georges Viala, président de l’Alliance Française de Bordeaux ré-pond à Tristan Klein du Centre d’analyse stratégique

Prochaine parution de Soleo n° 24 : le 21 septembre 2010

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ÉditoN°23-Juin 2010

ans le dernier numéro du maga-zine Soleo (n°22, mars 2010), Valérie Pécresse, Ministre de l’Enseignement supérieur et de

la Recherche, fixait le cap du développement de la mobilité pour tous les étudiants : 20% en 2020. Dans le numéro 23, ce sont les deux autres Ministres de tutelle qui expriment leurs projets de développement dans les secteurs dont ils ont la charge : les apprentis pour Laurent Wauquiez et les scolaires pour Luc Chatel.

Simultanément, Valérie Pécresse vient de confirmer la conclusion de son article précé-dent en me confiant, le 1er juin dernier, une mission de réflexion sur les guichets uniques de la mobilité.Parallèlement, les chiffres de la mobilité du programme-phare Erasmus viennent de tom-ber : 28283 étudiants en France sont partis en mobilité, soit une progression de près de 10% en un an. Et la France prend, de surcroît, le leadership européen de la mobilité étu-

diante, devant l’Allemagne et l’Espagne. La France est par ailleurs la deuxième destination la plus prisée pour l’accueil de la mobilité des étudiants étrangers, après l’Espagne.

Incontestablement, « l’esprit mobilité » gagne du terrain. N’est-ce pas Michel Tournier, Prix Goncourt en 1970 pour le Roi des Aulnes, qui rappelait :

Un conseil : si vous avez un enfant, donnez-lui une seconde patrie. Envoyez le plus souvent possible au même endroit. Il doit avoir un pied en Angleterre, au Portugal, aux États-Unis, en Italie, qu’il y creuse son trou, qu’il y ait des amitiés, en tout cas des souvenirs. (Entretien, l’Express du 19 mai 2010).

Belle prophétie pour la mobilité !

Professeur Jean Bertsch, Directeur national de l’agence Europe-Education-Formation-France

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D

Jean Bertsch,

directeur national de l’agence Europe-

Eucation-Formation- France

Valérie Pecresse, Ministre de

l’Enseignement supérieur et de la Recherche

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Luc CHATEL,Ministre de l’Éducation nationale, Porte-parole du gouvernement

Monsieur le Ministre, quel regard portez-vous sur les programmes européens de mobilité pour l’enseignement scolaire ?Le Président de la République a rappelé en début d’année, lors de ses vœux au monde de l’éduca-tion et de la recherche, que nous avions le devoir d’être innovants dans la lutte contre l’échec sco-laire et les décrochages. Dans ce contexte, les programmes européens dont est chargée l’agence Europe-Education-Formation-France me sem-blent une porte ouverte à des initiatives pour tous les acteurs de l’éducation. J’ai ainsi demandé aux recteurs d’académie d’inciter vivement tous leurs établissements à établir des projets de partena-riats éducatifs et culturels.

2010 est aussi l’année de la mise en place de deux réformes essentielles, celle du lycée et celle de la formation des enseignants. La coopération entre Européens, les activités qui permettent leurs rencontres, sont des atouts importants pour

leur réussite. L’accroissement de la mobilité des enseignants et des chefs d’établissement constitue une autre clé de succès. C’est le meilleur moyen d’observer et de se confronter à des pratiques éducatives étrangères et de compléter leur formation.

En 2010, pour la première fois, le programme Comenius va permettre à des élèves d’effectuer plusieurs mois de leur scolarité à l’étranger, Comment jugez-vous cette évolution ?Je me réjouis que l’expérience acquise depuis des années dans les programmes franco-allemands distingue la France parmi les premiers pays qui s’engagent dans cette expérience. J’ai pour objectif que chaque élève arrivant au baccalauréat ait pu se rendre au moins une fois dans un établissement à l’étranger. J’accorderai donc une attention particulière aux résultats de cette nouvelle action.

es programmes européens sont une porte ouverte à l’initiative pour tous les acteurs de l’éducation en particulier pour lutter contre le décrochage scolaire. Ils viennent en soutien à deux réformes essentielles mises en place

en 2010, celle du lycée et celle de la formation des enseignants. Le Ministre réaffirme ici l’importance d’une mobilité transnationale accrue pour les enseignants et les élèves, du développement des usages numériques à l’école, de l’apprentissage de plusieurs langues et du rôle précieux joué par l’Agence nationale pour rendre les programmes européens lisibles auprès du plus grand nombre.

Ent

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Les programmes européens sont une porte ouverte à l’initiative

Que pensez-vous de la coopération européenne dans le champ de l’éducation ?Les ministres en charge de l’éducation se réunissent régulièrement au sein du Conseil européen. La France a joué un rôle de premier plan, à l’occasion de la Présidence de l’Union Européenne, en plaçant la question de l’orientation au cœur des enjeux partagés par les différents pays. Comme pour les compétences-clés et l’apprentissage tout au long de la vie, je pense que le niveau européen peut s’avérer très efficace pour progresser en matière d’orientation, un domaine qui est pour moi essentiel. S’ils sont bien menés, les chantiers partagés entre les États membres doivent conduire à des références claires qui facilitent les échanges entre enseignants et élèves.

Qu’attendez-vous des actions européennes dans les écoles et les établissements du

second degré ?Je suis très attaché au développement des usages numériques à l’école. Je souhaite que ce soit l’occasion pour les enseignants de réfléchir à la meilleure utilisation qu’ils peuvent en faire. Je tiens à souligner la participation active de la France, au côté de la Commission européenne, dans le programme eTwinning, opération de jumelage électronique entre établissements scolaires européens des premier et second degrés.

Au lycée, les partenariats entre les établisse-ments européens comme la mobilité accrue des élèves doivent participer à la réussite de la ré-forme mise en place progressivement à partir de 2010. L’objectif, qu’après la terminale, une part importante des élèves soit bilingue, voire trilingue, ne doit plus être une utopie réservée à d’autres pays, comme d’ailleurs celui de la res-ponsabilisation des lycéens, si important pour l’apprentissage de la vie citoyenne. Ces priori-tés s’inscrivent d’ailleurs très bien dans les ob-jectifs européens assignés au programme d’édu-cation et de formation tout au long de la vie (EFTLV), confié pour la France à l’agence Eu-rope-Education-Formation-France. Je souhaite qu’elles soient prises en considération dans la sélection des projets auxquels participent les ly-cées français.

Qu’attendez-vous tout particulièrement de l’agence ?L’ensemble des moyens mis à disposition pour les programmes d’action européens et pour la mobilité des élèves est à faire mieux connaître. L’agence doit mettre en œuvre tous les moyens de communication possibles pour les rendre plus visibles, plus accessibles et en montrer la plus-value.

Elle doit valoriser la mobilité, toutes les formes de mobilité ; elle doit promouvoir « l’esprit mobilité » : si je ne me trompe, c’est d’ailleurs le slogan de l’agence pour 2010. C’est en effet dès le lycée, et pourquoi pas dès le collège, qu’il faut développer l’attrait pour cette forme originale d’apprentissage qu’est la confrontation avec des jeunes d’autres langues, d’autres cultures.

L’agence joue pour moi un rôle extrêmement précieux : il est donc déterminant qu’elle poursuive ses efforts pour être chaque jour mieux connue. Je souhaite qu’elle s’emploie à rester un vecteur essentiel de ce bel idéal européen que notre jeunesse cultive toujours avec passion n

Propos recueillis par Patrice Delègue, responsable programme Comenius, Agence Europe-Education-Formation-France.

Entretien

Luc Chatel, Ministre de l’Education

nationale, Porte-parole du gouvernement.

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Ren

dez-

vous

2010Grandsrendez-vous

Congrès « Mobilité internationale : la lettre et l’esprit »

28-29 juinBordeaux

Cité Mondiale

Congrès organisé par l’Agence Europe-Education-Formation France, sous le parrainage de Luc Chatel, Ministre de l’Éducation nationale, Valérie Pecresse, Ministre de l’Ensei-gnement supérieur et de la Re-cherche, et Laurent Wauquiez, Secrétaire d’État à l’Emploi.

Pourquoi veut-on faire de la mo-bilité internationale « la règle et non plus l’exception » ? Quelles sont les plus-values constatées ou supposées d’une expérience de mobilité ? Quel est l’impact mesurable sur les parcours éducatifs et professionnels, sur l’acquisition de compétences-clés et sur le développement de la personne ?Le congrès s’adresse à tous les professionnels prescripteurs de la formation et de l’éducation qui envisagent la mobilité internationale comme une réponse à un besoin de formation, d’orientation et d’insertion et ont besoin d’en mesurer la plus-value.

En savoir plus : www.2e2f.fr

Conférence de valorisation« Prévention du décrochage, de l’illettrisme et de la mauvaise orientation : l’apport de la mobilité européenne »

18-19 novembre 2010Paris

C’est Luc Ferry qui viendra conclure cette conférence réu-nissant sur cette thématique, des représentants de projets gérés par l’Agence 2e2f et dif-férents acteurs de l’éducation et de la formation tout au long de la vie.Au cours de ces deux journées les participants travailleront en 8 sessions pour s’interroger, notamment, sur la question des rythmes scolaires, de l’indi-vidualisation des parcours, de l’adaptation des systèmes et des approches pédagogiques.

Cette conférence s’inscrit dans le cadre de l’année européenne 2010 de « lutte contre la pau-vreté et l’exclusion sociale ».

En savoir plus : [email protected]

À Shanghai Forum mondial de l’éducation et de la formation tout au long de la vie

22 et 23 juillet 2010

L’Agence nationale est par-tenaire de ce rendez-vous in-ternational sous la présidence d’honneur d’Edgard Morin qui se tiendra dans le cadre de l’ex-position universelle de Shan-ghai.Cet événement s’adresse à tous les acteurs et décideurs de chaque pays directement en charge de l’éducation et de la formation tout au long de la vie.Jean Bertsch, directeur de l’agence participera comme conférencier à une session du forum intitulée « Apprentis-sages tout au long de la vie : quels réseaux ? »

En savoir plus :[email protected]

www.wcfel.org

« Youth on the Move » : Des milliers de jeunes européens à Bordeaux

14, 15, 16 octobre 2010Bordeaux

Dans le cadre de l’initiative « Jeunesse en Action », la Commission européenne, par la voix de son Président José Manuel Barroso, lance une vaste campagne de promotion de la mobilité, destinée au grand public, en organisant une manifestation de 2 jours et demi dans deux pays européens-pilote, la Hongrie et la France. Cet événement devrait attirer, à Bordeaux, 10 000 jeunes dans une ambiance festive. L’Agence Europe-Education-Formation France est chargée de coordonner les relations entre les partenaires institutionnels, associatifs, éducatifs et économiques de la région Aquitaine. Une campagne de même type se déroulera à Budapest (Hongrie) les 6, 7, 8 octobre. En 2011, la campagne Youth on the Move devrait être généralisée à l’ensemble des 27 pays de l’Union européenne.

Contact pour l’événement :[email protected]

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Les compétences sociales et civiques, d’autonomie et d’initiative sont reconnues dans le socle commun des connaissances et des compétences indispensables à maîtriser pour réussir une scolarité. Ces compétences se construisent aussi par une expérience de mobilité qui offre un contexte à ces acquisitions.

Le point de vue d’Isabelle Cubières, Présidente de l’Association Européenne des Enseignants d’Aquitaine (AEDEA).

école connaît dans cette 1ère décennie du XXIe siècle une profonde mutation. Elle accompagne et prépare l’évolution de nos sociétés qui demandent à leurs membres,

dans tous les domaines, que ce soit le travail, les loisirs ou la vie familiale, une maîtrise toujours plus grande de leur environnement.D’une école qui sélectionnait et orientait sur la base du mé-rite, émerge une école qui doit qualifier tous les élèves qui lui sont confiés.

Cette évolution n’est pas hexagonale ; en effet, le Conseil européen a défini des priorités communes aux systèmes d’éducation et de formation afin de faire de l’Europe l’économie de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique du monde, capable d’une croissance économique durable accompagnée d’une amélioration quantitative et qualitative de l’emploi et d’une plus grande cohésion sociale ainsi que de promouvoir les valeurs humanistes communes à nos sociétés.

La loi d’orientation d’avril 2005 définit le socle commun de connaissances et de compétences. Ce socle est « constitué d’un ensemble de connaissances et de compétences qu’il est indispensable de maîtriser pour accomplir avec succès sa scolarité, poursuivre sa formation, construire son avenir personnel et professionnel et réussir sa vie en société ».

Les compétences 5 et 6 du socle commun de connaissances et de compétences affirment le rôle de l’école dans la construction du futur citoyen

Le socle commun s’organise autour de sept compétences ; les compétences 1, 2, 3 et 5 se réfèrent explicitement ou implicitement à des enseignements disciplinaires : maîtrise de la langue française (compétence 1), pratique d’une lan-gue vivante étrangère (compétence 2), principaux éléments de mathématiques et culture scientifique et technologique (compétence 3), culture humaniste (compétence 5). La maîtrise des techniques usuelles de l’information et de la communication (compétence 4) est acquise dans le cadre d’activités relevant de différents champs disciplinaires. Elle correspond au B2i collège, Brevet informatique et internet.Les compétences sociales et civiques (compétence 6) et l’autonomie et l’initiative affirment le rôle de l’école dans la construction du futur citoyen ; celle-ci accompagne et pro-longe le travail éducatif de la famille.Ces compétences transversales débordent du champ scolaire traditionnel français, tant au plan de leur acquisition qu’à celui de leur évaluation.Les compétences sociales et civiques s’organisent autour de deux axes : connaître les principes fondamentaux de la vie civique et sociale et avoir un comportement responsable.L’acquisition de ces compétences vise à former des citoyens capables de faire société dans leur pays, dans l’U.E., de res-

L’es

sent

iel

La pire servitude, disait Condorcet dans son

rapport sur l’Instructionpublique, celle qui permet

toutes les autres,est l’ignorance

Union européenne

L’

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L’essentiel

pecter et de protéger les autres et soi-même.La compétence 7, autonomie et initiative, se construit sur la découverte des métiers et des formations et sur la ca-pacité à mobiliser ses ressources intellectuelles. Éveiller la curiosité, encourager le dynamisme, se donner les ou-tils pour choisir et décider : l’élève d’aujourd’hui doit de-venir un citoyen actif, lucide, capable de s’adapter à un environnement mouvant.

La mobilité favorise la connaissance de son propre potentiel, l’autoévaluation, l’autonomie

Dès lors, l’éducateur peut interroger les compétences dites transversales et les mettre en œuvre dans le contexte particulier de la mobilité, souhaitée par la Commission européenne et fortement encouragée par notre système éducatif et les systèmes éducatifs européens.En effet, la mobilité des collé-giens et des lycéens est à la fois un vecteur d’apprentissage de ces compétences, dans le temps de leur formation, de la construction de leur vie professionnelle et de leur apprentissage de la citoyen-neté européenne et une mise en situation contextualisée de ces mêmes compétences.Poursuivre une partie de ses études dans un autre pays européen ouvre une fenêtre sur un autre système d’éducation et de formation, crée la distance nécessaire pour appré-hender l’altérité, tout en appro-fondissant la connaissance de sa propre culture. Dès lors, au travers même des différences, les valeurs communes apparaissent plus nettement ; faire société prend son sens quels que soient les codes qui permettent d’y accéder.

Dans le cadre d’une expérience de mobilité en Europe, ne peut-on développer l’esprit critique, comprendre et accepter les différences, mieux connaître les institutions nationales et européennes, gérer un budget, découvrir,

ne serait-ce qu’empiriquement, quelques notions écono-miques ? En fait, acquérir et valider la compétence 6.Cette immersion dans un autre contexte n’est-elle pas favorable à la connaissance de son propre potentiel, à son autoévaluation, à son autonomie, au développement de la confiance en soi et à la compréhension de la nécessaire maîtrise de la communication verbale et non verbale ? C’est-à-dire l’acquisition et la validation de la compétence 7.Nos sociétés européennes voient se transformer lentement mais régulièrement les modes éducatifs qu’elles valorisent (débat sur l’autorité, par exemple). L’École doit donc ajuster régulièrement, tant ses méthodes pédagogiques que ses objectifs, à l’idéal sociétal qu’elle cherche à atteindre.La stabilité et la cohérence de nos sociétés dépendent de leur capacité à faciliter le changement social n

Le saviez-vous ?L’agence nationale initie le projet DATAGrâce aux programmes européens, l’agence a financé en 2009 plus de 3000 projets de coopération et permis à plus 82.000 étudiants, apprentis, demandeurs d’emploi, élèves, enseignants, formateurs, etc. d’effectuer un séjour en Europe, de quelques jours à plusieurs mois. Ces données d’apparence si évidente sont pourtant difficiles à collecter et interpréter. L’agence a donc lancé une démarche interne pour produire une information statistique régulière : elle répond au nom de code « projet DATA ». À partir de l’automne 2011, l’agence publiera régulièrement des notes d’analyse et de synthèse concernant l’activité des programmes et de leurs différents publics.

3 000

82 000

projets de coopération

étudiants, apprentis, demandeurs d’emploi, élèves, enseignants, formateurs, etc.

Isabelle Cubières Présidente de l’Association Européenne des Enseignants d’Aquitaine (AEDEA)

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Projets de mobilité des apprentis

Projets déposés

Projets acceptés

Nombre de bourses demandées

Nombre de bourses accordées

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Montant moyen par de la bourse par apprenti

2005 2006 2007 2008 2009

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2157 semainesMoyenne = 3,4 semaines/apprenti

754 636 €

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4755 semainesMoyenne = 3,7 semaines/apprenti

1 359 752 € 1069 €

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6287 semainesMoyenne = 2,9 semaines/apprenti

2 876 467 €

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5340 semainesMoyenne = 2,9 semaines/apprenti

3 025 890 €

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3 805 516 €

1539 €

La subvention Leonardo da Vinci pour l’apprentissage

a quintuplé entre 2005 et 2009 passant de

754 000 euros à 3,8 millions. Le nombre de projets déposés et en

particulier le volume de mobilités « apprentis » sont

en augmentation sensible depuis 2005.

Le nombre de boursesaccordées a été multiplié

par 4 en cinq années et suit la forte montée en

puissance de la demande concernant ce public.

« Créer un Erasmus de l’alternance pour les apprentis est un enjeu majeur pour nos politiques publiques »

es chiffres parlent d’eux-mêmes : alors que 4 % des étudiants ont déjà profité des opportunités d’échanges à l’étranger, c’est le cas pour seulement 1 % des apprentis.

Or, pour un apprenti, comme pour un étudiant, partir étudier dans un pays européen, c’est s’ouvrir à une autre culture, apprendre à s’adapter, découvrir d’autres techniques, diversifier son expérience, et donc augmenter ses chances d’attirer l’attention d’un employeur et de s’insérer dans l’entreprise. C’est essentiel lorsque l’on sait que l’alternance est le meilleur passeport pour l’emploi, avec 70 % des apprentis qui trouvent un emploi durable à l’issue de leur formation.

La mobilité européenne des jeunes en alternance est donc un enjeu majeur pour nos politiques publiques, comme le défend au quotidien l’Agence Europe- Education-Formation-France. Allier alternance et mobilité, ce n’est pas une option, mais un impératif : les apprentis doivent avoir les mêmes chances de

partir à l’étranger que les étudiants.

La mobilité pour tous était un objectif phare de la Présidence française de l’Union européenne. L’investissement constant de la France a conduit la Commission européenne à s’emparer du sujet, et en premier lieu à simplifier les démarches pour les apprentis qui souhaitent partir étudier quelques mois à l’étranger. L’étape suivante est claire : créer un Erasmus de l’alternance.

En parallèle avec son action au niveau européen, la France active différents leviers pour donner aux apprentis toute leur place dans les flux internationaux.

La mise en place d’un modèle de convention « mobilité de l’apprenti » permet de mieux encadrer et de sécuriser le parcours des apprentis qui sont mis à la disposition d’une entreprise établie dans un pays membre.

L

Par Laurent WauquiezSecrétaire d’État à l’Emploi auprès de la ministre de l’Économie,de l’Industrie et de l’Emploi

« 1 jeune sur 5 en alternance en 2015 » :aparticipez au débat sur www.ateliers-apprentissage.emploi.gouv.fr

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Point de vue

Projets de mobilité des apprentis

Projets déposés

Projets acceptés

Nombre de bourses demandées

Nombre de bourses accordées

Nombre de semaines

Budget Leonardo accordé

Montant moyen par de la bourse par apprenti

2005 2006 2007 2008 2009

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1185

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2157 semainesMoyenne = 3,4 semaines/apprenti

754 636 €

1211 €

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4755 semainesMoyenne = 3,7 semaines/apprenti

1 359 752 € 1069 €

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6287 semainesMoyenne = 2,9 semaines/apprenti

2 876 467 €

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5340 semainesMoyenne = 2,9 semaines/apprenti

3 025 890 €

1656 €

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6600

2473

3 805 516 €

1539 €

Laurent WauquiezSecrétaire d’État à l’Emploi auprès de la Ministre de l’Économie,

de l’Industrie et de l’Emploi

Depuis 2005, les subventions dédiées aux contrats d’apprentissage et de professionnali-sation au sein du programme Leonardo ont été multipliées par 5, pour atteindre un montant an-nuel de 3,8 millions d’euros. Malgré cette avan-cée considérable, le programme « l’éducation et la formation tout au long de la vie » n’est pas capable de répondre à l’afflux des candidatures. C’est pourquoi le ministère en charge de l’Em-ploi incite les conseils régionaux à compléter financièrement les actions conduites par l’État, à travers des contrats d’objectifs et de moyens.

Par ailleurs, le programme d’échange franco-allemand en formation professionnelle, géré par un Secrétariat franco-allemand permet de financer des échanges de jeunes apprentis et personnes en contrat de professionnalisation, et financé à hauteur de 850 000 euros par le minis-tère de l’emploi.

Les progrès réalisés sont considérables, mais il nous reste un chemin important à parcourir. Les ateliers de l’apprentissage et de l’alternance que j’ai lancés début 2010 dans l’objectif de faire franchir un palier supplémentaire à notre poli-tique en faveur de l’alternance ont clairement identifié le sujet de la mobilité européenne et du statut des jeunes travailleurs comme un axe prioritaire.

Donner aux apprentis les mêmes droits qu’aux étudiants, c’est prouver que l’alternance n’est pas une voie secondaire, mais bien un choix d’études assumé, qui permet de financer ses études tout en acquérant des qualifications cru-ciales pour s’insérer sur le marché de l’emploi. Aider les apprentis à pouvoir bénéficier comme les autres d’une expérience à l’étranger, c’est contribuer à relancer l’ascenseur social pour les classes moyennes et agir concrètement en faveur de l’égalité des chances au sein de nos entreprises n

Donner aux apprentis les mêmes droits qu’aux étudiants, c’est prouver que l’alternance n’est

pas une voie secondaire, mais bien un choix

d’études assumé

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Zoo

mReconnaissance des compétences acquises en mobilité

quoi sert la mobilité internationale ? Pourquoi veut-on en faire la règle et non l’exception ? Que sait-on de l’impact et de sa plus-value sur le développement de la personne ? Nombreuses sont les interrogations sur lesquelles des

intervenants de haut niveau, français et européens apporteront leur éclairage sur les grandes thématiques de la mobilité : enjeux, contextes (européen, national, régional et sectoriel) durant 2 jours à Bordeaux, les 28 et 29 juin.Le Congrès « Mobilité internationale : La Lettre et L’Esprit » sous le haut patronage de Luc Chatel, Ministre de l’Éducation nationale et Porte-parole du gouvernement, de Valérie Pécresse, Ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche et de Laurent Wauquiez, Secrétaire d’État à l’Emploi, accueillera 350 participants qui auront la possibilité de participer aux sessions thématiques, d’assister aux interventions en plate-forme centrale, d’échanger, de visionner en projection continue des vidéos. Cet événement sera également l’occasion de fêter les 10 ans de l’Agence-Europe-Education Formation France.

Au cours d’une mobilité internationale, quelles sont les compétences plus particulièrement travaillées ? En premier lieu, celles liées à la discipline ou à la filière professionnelle de l’apprenant qui, avec la prise de distance qu’offre une mobilité, donne plus de signification à ses acquis. Mais qu’en est-il des compétences transversales acquises lors de mobilités et de partenariats européens et qui sont plus difficilement mesurables ? Deux universitaires ayant mené des travaux sur ces compétences, reviennent sur l’utilité de les valoriser dans leur enseignement.

A

Des experts en parleront au congrès initié par l’agence à BordeauxReconnaître les compétences transversalesDes explications sur les systèmes ECVET de la formation professionnelle et ECTS de l’enseignement supérieurExpérimentation ECVET en Rhône-Alpes

Reconnaître les compétences transversales et les inscrire dans les programmes d’études

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Eric Cattelain, Maître de Conférences associé à l’Université Bordeaux 3 – Services et Réseaux de Communication - Expert en langues et cultures :

« Dans les cours que nous dispensons, nous mettons l’accent sur les enjeux de la diversité et sur l’approche du dialogue interculturel en contexte, en proposant trois axes : un axe dit des « fondamentaux de l’interculturalité » en relation avec les stéréotypes, l’ethnocentrisme, les préjugés, le multilinguisme, etc. ; un axe « territoires », faisant écho à l’extrême variation des représentations urbaines ou rurales, locales, régionales, nationales, internationales ; enfin un axe des « dimensions culturelles ». Nous y intégrons bien sûr la dimension langagière, dynamisée par la diversité linguistique et culturelle européenne. Toutes ces composantes sont au cœur d’un processus pédagogique susceptible d’accompagner les étudiants dans la découverte de la complexité interculturelle et de la manière de la penser et la vivre complètement ».

Frédéric Lagarrigue, professeur agrégé en Arts Appliqués, Université Toulouse-Le-Mirail :

« Nous avons construit un projet d’échanges européens, design en réseaux, avec l’intuition qu’ils favoriseraient le développement de la créativité de nos étudiants en design. Sa mise en œuvre et l’étude d’impact réalisée pour l’Agence nationale* ont confirmé que les compétences liées à l’imagination, les compétences collaboratives, celles de distanciation et d’adaptabilité et enfin de communication s’acquièrent mieux par la coopération et la mobilité européennes. Si la mobilité dans la formation des artistes n’est pas nouvelle (les jeunes peintres et sculpteurs du 17° siècle partaient pour Rome copier les marbres antiques, et plus proches de nous, les voyages de la période romantique), la spécificité des projets européens est liée à la coopération entre institutions. Les étudiants partent chercher une formation différente, mais équivalente à leur formation initiale. Parallèlement, les institutions s’enrichissent des différences au sein du partenariat. Ainsi en France, nous avons pour habitude de faire travailler les étudiants individuellement et de considérer la création comme émanant de l’individu. La plus-value des projets européens se joue dans le dépassement de ce paradigme par un travail collectif. L’acte créatif, comme l’œuvre porteuse, sont enrichis de ces références culturelles multiples ».

DES COMPÉTENCES RECONNUES ET VALORISÉES LORS DE L’INSERTION PROFESSIONNELLE DES ÉTUDIANTS.

E. Cattelain : « Toutes les dimensions que nous avons citées, font

aujourd’hui l’objet d’une validation importante de la part des acteurs économiques et sociaux. Sans les reprendre intégralement, on comprendra aisément que la capacité à dépasser les stéréotypes, à animer une équipe multiculturelle, l’aptitude à conduire un projet ou à créer des outils adaptés, sont hautement recherchées en matière de communication ». F. Lagarrigue : « Ce qui nous apparaît important aujourd’hui, c’est que les expériences de mobilité et de coopération européennes permettent de s’insérer dans un travail d’équipe pour mettre en œuvre des synergies multi-partenariales. Les étudiants peuvent aborder les différentes situations de travail avec beaucoup plus de souplesse, rendre effectifs les mécanismes de résolution de problèmes. Enfin, les compétences liées à la communication leur permettent de prétendre à certaines fonctions tournées vers l’international » n

* Résultats de l’étude d’impact menée en 2009 au cours de l’année européenne de la créativité et de l’innovation sur le développement des compétences liées à la créativité des personnes dans les programmes européens d’éducation et de formation tout au long de la vie (EFTLV 2007-2013), par Fréderic Lagarrigue et Séverine Rouillan : http://www.2e2f.fr/docs/Agence/synthese-30nov09.pdf

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Quel rôle jouent les ECVET dans les enjeux de lareconnaissance des compétences ?

Cet instrument, encore peu connu, sera applicable en Europe à partir de 2012Chaque année, un cinquième à un quart des travailleurs européens change de travail ; les mutations qui interviennent dans le contenu des tâches s’accélèrent, la période de vie active s’allonge. Face à ces mutations, des arguments de poids plaident en faveur d’un soutien aux politiques du marché de l’emploi facilitant les transitions. Les Européens doivent être en mesure d’accéder à l’éducation et à la formation tout au long de leur vie professionnelle afin de mettre à niveau leurs compétences ou d’en acquérir de nouvelles.L’Union européenne a mis au point, dans cette perspective, un certain nombre d’instruments parmi lesquels le système européen de transfert de crédits pour l’enseignement et la formation professionnels (ECVET). En cours d’élaboration, ce système est destiné au transfert, à l’accumulation et à la reconnaissance des acquis de la formation et de l’éducation en Europe, y compris en dehors du système formel de formation. Et c’est un véritable défi en matière de reconnaissance.

L’objectif est de développer un vocabulaire commun au niveau de l’Europe pour la capitalisation et la reconnaissance des acquis de l’apprentissage.Le système ECVET ne cherche pas à remplacer les systèmes nationaux mais à faciliter la perméabilité entre ces systèmes. Il cherche à développer un vocabulaire commun pour améliorer la transparence, le transfert et la reconnaissance des résultats d’apprentissage, en facilitant ainsi le renforcement d’une confiance mutuelle entre les acteurs de la formation et des certifications professionnelles en Europe.

Les apprenants ayant passé une période de formation dans un autre pays européen auront la possibilité de faire reconnaître/certifier celle-ci dans leur pays d’origine, comme faisant partie intégrante de leur formation. Le système ECVET permet de documenter, attester, transférer et capitaliser des acquis d’apprentissage ayant fait l’objet d’une évaluation, obtenus dans des contextes divers et variés. L’apprenant peut donc obtenir une certification de multiples manières, à différentes étapes de la vie et à différents stades du parcours professionnel ou du parcours d’éducation et de formation, tout au long de la vie.

ECVET (Système de crédits d’apprentissage pour l’enseignement etla formation professionnels)ECTS (Système de crédits européens capitalisables et transférables)

ECVE

T& ECTS

Deux systèmesde reconnaissance des acquis

n novembre 2006, la Commission européenne lance une vaste consultation sur la mise en place d’un système de crédits d’apprentissage pour l’enseignement et la

formation professionnels (ECVET). La Chambre de commerce et d’industrie de Paris (CCIP) répond à cette consultation en attirant l’attention sur l’importance de réfléchir aux liens entre ce nouveau système de crédits et le système ECTS, déjà mis en place dans l’enseignement supérieur. En effet, la CCIP, qui délivre des formations professionnelles au niveau supérieur (BTS, Licence et Master professionnels), sera confrontée à la coexistence de deux systèmes différents. Cette prise de position originale retient l’attention de la Commission européenne.

En juin 2009, la recommandation adoptée par le Parlement européen et le Conseil rappelle le triple objectif du système ECVET : favoriser la mobilité en Europe des apprenants et des travailleurs, développer l’éducation et la formation tout au long de la vie et améliorer la transparence et la comparabilité des systèmes nationaux d’enseignement et de formation professionnels. Concrètement, il permettra de valider et de reconnaître les acquis d’apprentissage capitalisés par un individu, lors d’un séjour à l’étranger notamment.

Afin de favoriser la mise en place progressive du

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Estelle Duprat Programme Leonardo da VinciAgence Europe-Education- Formation-France

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Pour tester la faisabilité d’ECVET, la CCIP de Paris et treize partenaires européens s’unissent dans un projet pilote unique en Europe, le projet Be-Twin.Projet ambitieux qui prévoit de mettre en place une méthodologie articulant deux systèmes de reconnaissance des acquis issus d’une période d’étude ou de formation en Europe : les ECTS de l’enseignement supérieur d’un côté, et les ECVET de la formation professionnelle de l’autre.Explications.

Pour comprendre l’articulation entre ECVET et ECTS, le projet BE-Twin

système à l’horizon 2012, la Commission décide de financer plusieurs projets pilotes dont l’objectif est de tester la faisabilité d’ECVET. L’une des dix propositions sélectionnées, « Be-TWIN, Testing a joint ECVET - ECTS Implementation », a été soumise par la CCIP et ses 13 partenaires européens représentant le monde de l’enseignement supérieur et professionnel. Be-TWIN, lancé en mars 2009 pour une durée de 3 ans, incarne une volonté commune d’expérimenter ECVET et de réfléchir à ses liens et à sa compatibilité avec le système ECTS.

Pour répondre à cet ambitieux challenge, Be-TWIN prévoit tout d’abord de mettre en place une méthodologie articulant les deux systèmes de crédits. La principale difficulté de l’articulation entre ECTS et ECVET réside dans le fait qu’ils fonctionnent sur deux bases méthodologiques différentes. Le premier attribue des crédits au parcours de formation et à ses contenus (cours, activités pédagogiques, mémoires, stages) selon la charge de travail de l’étudiant pour atteindre les résultats attendus. Le second, basé sur l’approche par compétences, affecte des crédits aux acquis de l’apprentissage, sans prendre en compte la manière dont ceux-ci ont été acquis, ni le temps investi. Malgré ces différences, ECTS et ECVET poursuivent les mêmes objectifs d’accumulation et de transfert de crédits, de mobilité et de transparence entre les systèmes nationaux au sein de l’espace européen de l’éducation.

L’innovation de Be-TWIN est ainsi de mettre en relation les deux systèmes en croisant les activités de formation avec les acquis de l’apprentissage. Cette matrice devrait permettre de présenter l’offre de formation de manière plus transparente et lisible. À terme, c’est le moyen de faciliter la reconnaissance des acquis d’apprentissage et la mobilité, qu’elle soit géographique ou verticale. Le fruit de ces travaux, menés à bien depuis un an et demi, sera publié sous la forme d’un guide méthodologique* en juin 2010.

Parallèlement, le projet permet de tester cette méthodo-logie à travers des schémas de mobilité au sein de trois formations existantes. Cette mise en pratique a commencé fin 2009 et se poursuivra jusqu’en 2011 n

* Ce guide méthodologique sera consultable sur le site du projet Be-Twin : www.betwin.eu.com

Marie Azuelos Chef de projets européensDirection des relations internationales de l’enseignementChambre de commerce et d’industrie de Paris

Lilian Cadet Responsable Europe et InternationalDirection des relations internationales de l’enseignementChambre de commerce et d’industrie de Paris

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mEn Rhône-Alpes, la Région et le rectorat de Grenoble

s’associent pour expérimenter les ECVET

Depuis mars 2009, la Direction de l’apprentissage du Conseil régional Rhône-Alpes et le Rectorat de Grenoble sont partenaires du projet européen OPIR (« outils pratiques interrégionaux pour ECVET »). Réunissant des partenaires belges, italiens, roumains, espagnols ainsi que la FREREF*, ce projet de deux ans vise à développer une reconnaissance officielle de la mobilité internationale dans les cursus d’origine pour deux formations en apprentissage : coiffeur et automaticien. Encore expérimental, ce processus a déjà donné lieu à un néologisme : l’ecvétisation.« Ecvétiser », dans le cas d’OPIR, ne consiste pas à créer des certifications communes mais à en assurer la transparence. Les certifications seront donc, en tout ou en partie, organisées en unités communes au consortium. Ceci implique de préciser les acquis d’apprentissage et les standards d’évaluation spécifiques à chaque unité. Un long travail pour lequel les partenaires se sont investis tout au long de la première année du projet.

> Plus d’info sur OPIR : www.freref.eu

*Fondation des Régions Européennes pour la Recherche en Education et en Formation ProfessionnelleEC

VETS

& ECTS

Soleo, abonnez-vous !> Sur internet à l’adresse suivante :www.2e2f.fr/publications.php > par voie postale à l’adresse suivante :

Agence Europe-Education-Formation-FranceSoleo magazine25, quai des Chartrons33080 Bordeaux Cedex

CivilitéNomPrénomFonctionNom de l’organismeAdresse CPVilleAdresse email

Des mobilités expérimentales dès le mois septembre 2010

La seconde année sera consacrée à des mobilités-test : le projet prévoit en effet d’organiser dès septembre prochain des échanges de jeunes apprentis. Ces jeunes figureront ainsi parmi les tous premiers détenteurs de crédits ECVET en Europe et bénéficieront d’une reconnaissance de leur stage dans leur certification – à l’image du système « ECTS » à l’œuvre dans l’enseignement supérieur.Pour le Conseil régional et le rectorat, OPIR est un moyen d’investir un domaine promis à un important développement à l’échelle européenne. Mais surtout, ECVET devient un moyen innovant de promouvoir l’image des filières en apprentissage.

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Le « Référent mobilité » :de l’âge de pierre à l’èrede la professionnalisation

ubert Vignal est enseignant en techniques forestières au lycée agricole de Brioude-Sau-gues en Haute-Loire. Il s’est intéressé depuis quelques années aux échanges internationaux

des jeunes et possède déjà une petite expérience en la ma-tière. C’est à la suite d’une réunion d’information à Cler-mont-Ferrand en 2007 où il intervenait pour en témoigner qu’il a été contacté par la Région Auvergne pour devenir référent mobilité.

Le Conseil Régional Auvergne, lors des assises territoriales organisées en 2006, a en effet souhaité ouvrir le territoire et ses habitants à l’international. Les freins identifiés dans le montage de projets de mobilité européenne sont connus : principalement le manque d’accompagnement dans la re-cherche de financement, le montage de projets, la question de l’accompagnement des élèves. En partant du modèle de « référent handicap » déjà opérant en Auvergne, le Conseil régional a conçu le Schéma régional de la mobilité interna-tionale et imaginé la fonction de « référent mobilité ». Pour Sophie Ari, chargée de mission mobilité internationale au Conseil régional et qui anime le schéma, le référent mo-bilité agit comme un intermédiaire entre les établissements, les élèves et les partenaires extérieurs, il coordonne les pro-jets et « met en musique la mobilité » en s’appuyant sur ses collègues. Il donne un « visage à la mobilité ».La Région Auvergne a passé un véritable engagement réciproque avec les établissements qui s’est traduit concrètement par la signature d’une charte de partenariat par laquelle ils s’engagent à nommer un référent et lui donner les moyens de fonctionner : notamment du temps laissé disponible pour assurer cette fonction au sein de l’établissement, mais aussi pour participer aux sessions de formation organisées par le Conseil régional (8 jours sur l’année 2008-2009). Pour Hubert Vignal et plusieurs de ses collègues référents, les 30 heures de formation en anglais auront aussi été d’un précieux secours à l’usage.

Ce modèle du référent, c’est-à-dire d’une personne qui a en charge d’incarner et d’animer la mobilité internationale au plus près du terrain, n’est pas propre à l’Auvergne. Parmi d’autres, le Conseil National des Missions Locales (CNML) ou encore l’Assemblée Permanente des Chambres des Mé-tiers et de l’Artisanat (APCM) travaillent à la mise en place de dispositifs similaires.

« Référent mobilité » ou « référent Europe », le « métier » a maintenant ses formations Dans le réseau des chambres des métiers et de l’artisanat, on parle de « référent Europe » – une notion a priori plus large que la mobilité. La mobilité est effectivement vue comme un élément de la coopération européenne en matière de dé-veloppement de l’apprentissage. Elle est importante pour les

apprentis qui en bénéficient, mais aussi pour les formateurs et les CFA.Selon le directeur adjoint de la Formation et de l’Emploi de l’APCM, Philippe Per-fetti, le référent Europe n’est pas qu’une affaire de convic-tion : il y a un réel besoin de professionnalisation. Un constat que partage Karine Guillet, chargée de mission au CNML. Le CNML dis-pose d’ailleurs déjà d’une formation à son catalogue, qui participe de la profes-sionnalisation des conseillers de missions locales.Philippe Perfetti souligne aussi l’impor-tance d’un accompagnement et d’une animation des référents Europe. La for-mation des référents s’effectue par le biais du Centre de formation des CMA** avec un module de 2 jours au catalogue. Une réunion annuelle permet une mise à jour des connaissances sur les financements disponibles et une mutualisation des expériences.

« Les jeunes sont très demandeurs car la mobilité est per-çue comme un vrai plus dans un processus d’embauche »La mobilité internationale se développe. Comme le souligne Karine Guillet, les jeunes sont très demandeurs car la mobilité est perçue comme un vrai plus dans un processus d’embauche. En fait, « le problème est de gérer la frustration des jeunes », les missions locales devant faire avec une pénurie des financements. Ainsi, le conseiller peut parfois s’autocensurer sur la prescription de périodes de mobilité car le risque que le financement ne soit pas disponible est réel.Hubert Vignal a d’ailleurs intégré cet aspect de sa nouvelle fonction : en plus de la conception, du montage et de la ges-tion des projets, le Référent mobilité est censé mener une action de sensibilisation en direction des élèves. Mais dans ce cas, il s’agit plutôt de freiner les ardeurs tant la demande est forte ! n

* ACFCI : Assemblée des Chambres Françaises de Commerce et d’Industrie** Chambre des Métiers et de l’Artisanat

Conseils régionaux, mis-sions locales, chambres de métiers et de l’artisanat, établissements scolaires travaillent ensemble pour donner les moyens de fonc-tionner à ces hommes et à ces femmes qui accompa-gnent les projets de mobilité : temps dédié, temps de for-mation, cours de langues… Une vraie reconnaissance qui donne légitimité et crédibilité à cette nouvelle fonction.Tour d’horizon au départ de la Région Auvergne qui fait figure de précurseur.

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Sébastien ThierryDirecteur adjointAgence Europe-Education-Formation- France

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Espagne

Présidence espagnole, politiques éducativeset universités

z Le point de vue de Dominique Bodin, profesor Catedràtico internacional de la Universidad Politécnica de Madrid (INEF),Experto del Consejo de Europa y de las naciones unidas,Professeur à l’Université de Rennes 2.

a présidence européenne espagnole a clairement affiché sa volonté de faire des politiques éducatives,

au sens large du terme, un axe fort de sa présidence tournante. Le 25 janvier 2010, le Ministre espagnol de l’Édu-cation, Ángel Gabilondo, rappelait de-vant le Comité de la culture, de l’édu-cation et de la jeunesse du Parlement européen, que « la meilleure politique sociale est l’éducation […] »1 et constituerait une des lignes forces de la présidence espagnole des six pro-chains mois. Au-delà des politiques éducatives, la modernisation des uni-versités et l’internationalisation de l’enseignement supérieur, constituent une ligne directrice qui vise à mettre en œuvre les politiques définies dans le processus de Bologne2. Pour le ministre espagnol de l’éducation la convergence exige l’harmonie des

politiques universitaires : plus d’au-tonomie pour les universités ; des systèmes d’évaluation exigeants ; une croissance et une diversification des sources de financement universi-taire, une gestion universitaire plus transparente ; plus de mobilité des étudiants et des professeurs ; une plus grande égalité du système et une ou-verture des universités à la société3.

Un discours qui s’inscritdans une volonté politiqueLes déclarations de la présidence espagnole s’inscrivent dans une réelle volonté politique. Il s’agit d’abord d’un positionnement idéologique et politique qui vise à faciliter, à travers l’accès et l’éducation de tous, la cohésion sociale. Ce discours ne peut qu’être reçu favorablement à l’échelon européen. La plupart des pays insistant sur l’éducation

pour faciliter l’intégration sociale, l’insertion professionnelle, voire comme l’a rappelé récemment Luc Chatel, Ministre de l’Education nationale, lors des États Généraux de la Sécurité à l’École, l’un des axes pour lutter ou prévenir la violence à l’école4.Ensuite, parce que ces déclarations prolongent la politique intérieure es-pagnole de relance de l’économie. La formation supérieure et les universités sont en effet intégrées comme un élé-ment essentiel du changement écono-mique. La recherche, l’innovation par la recherche, l’internationalisation des équipes la mobilité des enseignants et des étudiants constituant un des axes structurant d’une politique de déve-loppement économique durable5.Encore, parce qu’elles coïncident pleinement avec les objectifs définis dans la Loi Organique des Universi-

L

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tés6 introduisant, du moins au plan légal, dès 2001, de nouvelles bases d’organi-sation, de gouvernance, de construction des filières, etc. qui s’intègrent dans le processus de Bologne.Enfin, parce que l’Europe constitue un levier fondamental de programmation des politiques universitaires en Espagne. Il ne faut pas oublier la partition des res-ponsabilités entre Gouvernement central, qui rédige les grandes lignes forces, et Communautés autonomes (régions) qui assurent l’essentiel du financement mais organisent et régulent concrètement le système universitaire sur leur territoire.Une politique européenne forte en la ma-tière ne peut donc qu’aider, d’une part, l’état espagnol en interne et, d’autre part, insuffler une nouvelle énergie à l’éche-lon européen.

Un discours qui s’inscritdans les actesSi les universités espagnoles connaissent d’importantes restrictions budgétaires, résultat de la crise économique, les po-litiques du Gouvernement central, des Communautés autonomes et des Univer-sités, se poursuivent très fortement tout à la fois :w dans la (re)structuration du système (L/M/D), la « licenciatura » passant de 5 à 3 ans progressivement, la distribution des ECTS, etc.,w dans une volonté de structuration des équipes de recherches et d’évaluation des systèmes d’enseignements par l’ANECA (Agencia Nacional de Evaluación de la Calidad y Acreditación)7,w mais surtout dans une volonté affichée et répétée à tous les niveaux de l’insti-tution de favoriser l’internationalisation des diplômes, des étudiants et des cher-cheurs.Ce dernier point passe par la construc-tion de masters internationaux (Masters Européens/Mundus) avec des universités possédant des équipes de recherches re-connues, de développement des thèses européennes et des thèses en cotutelles mais surtout par la mise en œuvre de fi-nancements très importants pour la mo-bilité internationale des chercheurs et des étudiants.De l’intérieur, l’enseignant « expatrié » que je suis à l’Université Politecnica de Madrid, ne peut qu’être admiratif devant les moyens déployés par le Gouvernement central, les Communautés et les Universités pour construire l’Espagne de demain, rêvant d’une pareille volonté et stratégie politique en France. Les mots d’ordre sont simples « Queremos ». « No

hay problemas solamente soluciones8 ». Il ne faut pas croire cependant que cette volonté ressemble à de la précipitation. L’internationalisation est réfléchie, choisie, évaluée pour aller vers davantage de cohérence et de performance. Mais comme cette volonté existe à tous les étages décisionnels, tout semble tellement plus facile ! n

Dominique Bodin.

1 - http://www.eutrio.es/fr/eventos_noticias/no-ticias/noticia026.html2 - http://europa.eu/legislation_summaries/education_training_youth/general_framework/c11088_fr.htm3 - Ibid.4 - http://les-etats-generaux-de-la-securite-a-l-ecole.education.gouv.fr5 - http://www.educacion.es/portada.html6 - http://noticias.juridicas.com/base_datos/Ad-min/lo6-2001.html7 - Équivalent de l’AERES en France http://www.aneca.es8 - Nous le voulons. Il n’y a pas de problème, il n’y a que des solutions

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Le processus de Bologne en Espagne

Licence en 4 ans, master en 1 ou 2 ans

Le 12 mars 2010, Monsieur Ángel Gabilondo, Ministre de l’Éducation, présentait devant le Conseil des Ministres espagnol son rapport « Convergence des enseignements universitaires en Espagne relevant de l’Espace Européen de l’Éducation Supérieure (EEES), année universitaire 2010-2011 ». Ce rapport passe en revue les principales mesures et réformes mises en route dans le contexte de la construction de cet Espace, tout en fournissant une analyse poussée des résultats et surtout des enjeux à venir.

La mise en œuvre du processus commencé il y a vingt ans par les 29 pays européens signataires des accords de Bologne, a connu une importante accélération en Espagne depuis 2005, mais c’est surtout à partir de 2007 que la

nouvelle architecture des études universitaires est mise en place par la Loi Organique du 12 avril

2007. Le nombre d’étudiants inscrits à un cursus de licence est passé de 18.000 en 2008-2009 à 161.000 en 2009-2010. C’est ainsi que 50% des étudiants ayant commencé leurs études universitaires cette année l’ont fait dans des formations relevant du nouveau système,

l’objectif pour l’année 2010-2011 étant l’inté-gration dans le système Bologne de tous les étu-diants qui entament leurs études en première année.

1.109 diplômes de « grado » (équivalent à

la licence en 4 ans) et 2.097 masters

(1 à 2 ans), s’inscrivent

actuellement dans le nouveau système. Ils font partie des formations qui doivent obligatoirement être examinées et évaluées par l’ANECA (Agencia Nacional de la Evaluación y la Acreditación), organisme chargé d’évaluer la pertinence et la qualité des cursus et les plans de formation proposés par les universités, ainsi que d’en garantir l’adéquation avec l’EEES (équivalent à l’AERES en France).

Suivre les progrès réalisés dans le cadre de Bologne, évaluer, réajuster, garantir le respect de l’équité sociale en matière de bourses d’études

Si le processus de Bologne prévoit une architecture com-mune des diplômes, il laisse une liberté dans sa mise en place. En Espagne, le premier niveau correspond au « gra-do » en 4 ans (équivalent à 240 ects), alors qu’en France le premier correspond à la licence en 3 ans (180 ects). L’Espagne a opté pour la première possibilité dans la plu-part des formations, pour des raisons relatives à l’adap-tation de la durée moyenne des études, notamment dans le cas de pratiques professionnelles en alternance. De la même façon, la structure de grado en quatre ans est censée faciliter l’insertion dans le monde du travail à travers une « visibilité » accrue du diplôme obtenu.En complément à la mise en place de tous ces dispositifs, une commission de suivi formée par des représentants du Ministère de l’Éducation et des syndicats, des étudiants, des experts universitaires et des Recteurs, a été créée en 2008 dans le but d’informer des progrès de la mise en œuvre du système Bologne, mais aussi d’apporter des suggestions et des idées ou de rapporter des inquiétudes émanant de la communauté éducative. C’est ainsi qu’ont été proposées des actions et des mesures visant à garantir, entre autres, le respect de l’équité sociale (nécessité d’un système important de bourses et d’aides aux études), l’en-couragement à la mobilité internationale (20% au moins de séjours à l’étranger souhaités pour 2020), ainsi que l’impulsion d’une rénovation méthodologique qui situe l’étudiant au centre du processus d’apprentissage n

z L’ensemble des étudiants espagnols intégreront désormais le processus de Bologne dès leur première année d’études.Alors que prend fin la Présidence espagnole de l’Union européenne, Maria Josée Carion, Conseillère technique à l’office d’éducation de l’Ambassade d’Espagne à Paris fait un bilan de la restructuration du système d’enseignement supérieur espagnol qui diffère sensiblement de celui de la France.

L’Espagne préside l’Union européenne :

janvier ajuin 2010

Maria Josée CarionConseillère technique à l’office d’éducation de l’Ambassade d’Espagne à Paris

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Russie

L’année France-Russie 2010 lance de nouveaux projets pour une coopération universitaire renforcée entre nos deux pays

Plus d’E

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Rencontre avec Jean de Gliniasty,

ambassadeur de France en

Fédération de Russie

epuis 2009 et en vue de l’année F r a n c e - R u s s i e 2010, l’ambassade

a engagé une politique de coopéra-tion ciblée sur quatre filières définies en concertation avec nos partenaires russes : tourisme-hôtellerie-restaura-tion, ingénierie de l’environnement et développement durable, sciences politiques, économie et gestion, agri-culture. Ces priorités correspondent à l’agenda de modernisation du pays établi par les pouvoirs publics russes, et il est important que la France prenne toute sa place dans ce processus de modernisation de la Russie. Quatre rencontres entre universités russes et françaises sur ces thèmes ont au total rassemblé plus de 60 établissements

français et plus de 200 établissements russes, et ont permis la signature de plus de 50 nouveaux accords-cadre de coopération et la création d’une di-zaine de cursus à double diplôme.De telles rencontres universitaires au-ront également lieu en France. Elles s’inscrivent dans un contexte de rap-prochement des normes de l’ensei-gnement entre la Fédération de Russie et l’Union européenne. Enfin, la se-maine de la coopération universitaire franco-russe qui se tiendra à Moscou du 7 au 10 octobre marquera le point d’orgue de l’année France-Russie dans le domaine de la coopération universitaire et permettra d’établir un premier bilan des projets nés de toutes ces rencontres entre universités fran-çaises et russes, mais aussi d’établir

un plan d’action pour l’avenir. »

La mobilité étudiante, un des axes stratégiques à venir« Les années à venir vont surtout permettre le suivi des projets lancés au cours de l’année France-Russie. Les axes stratégiques sont ceux que j’ai cités plus haut, avec une atten-tion particulière qui sera accordée au renforcement de l’adéquation des for-mations intégrées franco-russes aux besoins des professionnels, et à l’en-couragement de la mobilité étudiante (développement de nouvelles pistes de financement des bourses d’étude des étudiants russes en France, avec une implication accrue des entreprises notamment). Priorité sera aussi don-née au renforcement de la place de

«D

Avec la signature récente de plus de 50 nouveaux accords-cadre de coopération et la création d’une dizaine de cursus à double diplôme, la coopération universitaire franco-russe est en plein devenir. Il faut ajouter à cette coopération bilatérale le rapprochement de la Russie aux normes de l’Union européenne avec son adhésion au système LMD de l’enseignement supérieur et son implication dans des projets Tempus.La France est en effet le deuxième pays européen le plus représenté dans les projets Tempus acceptés en Russie en 2009, après l’Allemagne.

A mi-parcours de cette année croisée, Jean de Gliniasty, ambassadeur de France en Fédération de Russie a accepté de s’exprimer sur les avancées de la coopération universitaire entre nos deux pays :

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L’approche par les compétences du système éducatif belge

la France dans les programmes eu-ropéens de coopération universitaire conduits en Russie ».

Les apports des programmes Tempus et Erasmus Mundus « La France est le deuxième pays euro-péen le plus représenté dans les projets Tempus acceptés en Russie en 2009 (après l’Allemagne), puisqu’elle est présente dans 7 projets sur les 14 vali-dés par la Commission Européenne en octobre dernier. Ceci prouve l’intérêt des universités françaises pour le déve-loppement de ces programmes, intérêt

qui s’est manifesté lors des rencontres universitaires franco-russes conduites en 2009 et 2010, où les exemples de programmes Tempus et Erasmus Mun-dus impliquant les établissements fran-çais et russes ont été présentés. Notre coopération bilatérale a pour objec-tif d’obtenir un « effet de levier » en positionnant les universités françaises sur des projets européens dont la capa-cité de financement et l’étendue contri-buent à la pérennité de la coopération entre nos deux pays. À l’heure où l’Union européenne et la Russie enta-ment un dialogue sur la modernisation

de leurs économies, de leurs systèmes d’enseignement et de leurs sociétés, notre coopération bilatérale doit per-mettre un meilleur positionnement des universités françaises sur les pro-grammes multilatéraux européens » n

Propos recueillis par Hélène Pinaud

w Présentation AnnéeFrance-Russie : www.culturesfrance.com

L’Agence nationale Europe-Education-Formation-France est le point national de contact et d’information pour les programmes Tempus et Erasmus Mundus : www.2e2f.fr

Belgique

a Communauté française de Belgique se pose depuis plusieurs années la question de l’effica-cité et de l’équité de son système éducatif, no-tamment sur la base des indicateurs internatio-

naux disponibles (PISA). Le contexte belge est marqué par la liberté de méthodes pédagogiques reconnue aux établis-sements, eux-mêmes dépendant de plusieurs types de pou-

voirs organisateurs (Etat, Provinces, Communes, Enseigne-ment libre subventionné etc.) regroupés en réseaux. Cette autonomie relative est porteuse de responsabilisation des pouvoirs organisateurs mais suscite également la concur-rence et le manque de coordination entre établissements. Il en résulte notamment, en termes de résultats et de certi-fication, un effet établissement trop important. De plus, la

L

Hélène Pinaud Programme TempusAgence Europe-Education-Formation- France

z Le système éducatif en Belgique francophone s’est progressivement converti à « l’approche par les compétences » depuis la fin des années 1990. Marie-Dominique Simonet, Ministre de l’enseignement obligatoire de la Communauté française de Belgique évoque cette transformation du système – qui est avant tout un changement de culture pour les enseignants.

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tradition belge ne va pas dans le sens de l’instauration d’un baccalauréat à la française bien qu’un tout nouveau test d’enseignement secondaire supérieur introduise dans le système des élé-ments de certification externe.Pour améliorer l’efficacité et l’équité du système scolaire, le décret « Mis-sions de l’école » introduisait en 1997, pour la première fois, le recours obli-gatoire pour tous les établissements à des référentiels légaux balisant le par-cours scolaire à 8, 12, 14 et 18 ans. Ces référentiels, votés par le Parlement, ont été rédigés en termes de compétences et de savoirs. Ils ont été traduits en programmes de cours, mis en œuvre dès 2001.

Bon nombre d’enseignants, s’ils partagent les objectifs poursuivis par les réformes initiées, estiment que ces ré-formes ont pu manquer de clarté, être mal expliquées ou même donner l’impression qu’elles étaient, au final, né-gatives pour certains élèves. Ils dénoncent également la difficulté de mettre concrètement en œuvre la pédagogie différenciée, les socles de compétences ou les nouveaux programmes de cours. Ils évoquent le manque de lisibilité des référentiels et l’absence de supports pédagogiques per-formants.Il est donc particulièrement intéressant de prendre connais-sance du rapport que l’Inspection de l’enseignement se-condaire obligatoire vient de rendre public. Ce rapport pointe quatre constats qui doivent contribuer à un meilleur pilotage du système éducatif :

1. Le monde enseignant est ouvert, soucieux de progres-

ser, cherchant des solutions aux défis pédagogiques que lui ont lancés les responsables politiques.

2. L’inspection constate l’efficacité de l’action des conseillers pédago-giques qui deviennent, à côté de la formation continuée, un outil essen-tiel d’amélioration de notre système d’enseignement.

3. L’inspection met en évidence des faiblesses structurelles de notre enseignement, imputables à deux sources d’incohérence : des référentiels imprécis en termes de savoirs rendant les programmes des réseaux peu compatibles, une continuité des apprentissages aléatoire tout au long du cursus scolaire.

4. Le millier de rapports établis dans le but d’évaluer le ni-veau des études montrent que, si notre enseignement com-mence à évoluer, il est encore largement caractérisé par une pédagogie de transmission des savoirs. Toutefois, l’appro-priation par les professeurs d’une pédagogie visant non seulement la maîtrise de savoirs, mais aussi la construc-tion de compétences s’opère progressivement : 37 % des professeurs peuvent être considérés comme s’appropriant cette pédagogie.

Le rapport contient donc à la fois des éléments positifs qui doivent nous aider à conduire une politique faite à la fois de continuité par rapport aux objectifs du décret « Missions de l’école », de soutien des enseignants (particulièrement les nouveaux arrivés) et de correction des éventuelles erreurs commises n

Plus d’E

urope« Les référentiels légaux balisant le parcours scolaire

ont été rédigés en termes de compétences

et de savoirs »

Panorama de la ville de Namur, Belgique Marie-Dominique SimonetMinistre de l’enseignement obligatoireCommunauté française de Belgique

24Soleo

andra Gaborit est, depuis août 2009, salariée d’une entreprise de logiciels à Stuttgart et a vécu les deux versants du pro-

gramme Erasmus : Erasmus études, à la Albert-Ludwigs-Universität Freiburg (Allemagne) pour sa deuxième année de Master d’allemand puis, Erasmus stage, au service des Relations Internationales de la ville de Leeds (Royaume-Uni), dans le cadre de son Master 2, Média-tion culturelle et communication inter-national.

Témoignage.

À Fribourg d’octobre 2007 à juillet 2008

« Financièrement, j’avais ma bourse Erasmus de 140 euros et une bourse de 150 euros accordée par Aquimob, (Aquitaine Mobilité), plus quelques économies venant des jobs que j’avais décrochés quatre mois avant mon départ, notamment au service des Relations Internationales de Bordeaux 3. J’ai payé mon inscription à Bordeaux 3 plus une taxe sociale de 65 euros par semestre à Fribourg. Mes parents payaient mon loyer.

Pour le logement, n’ayant pu obtenir une chambre en cité universitaire, j’ai cherché une solution depuis la France. Pour le premier semestre, grâce à des amis sur place (d’anciens étudiants Erasmus de Fribourg qui avaient étu-dié à Bordeaux 3) et via Internet pour le deuxième semestre. Les Allemands ont des sites Internet très pratiques pour rechercher une colocation. En moyenne, il faut compter entre 300 et 400 euros de loyer mensuel.

À Leeds, de mars à juillet 2009

Pour vivre, là encore j’avais travaillé deux mois avant mon départ, puis, j’ai bénéficié de la bourse Erasmus stage de 350 euros mensuels et d’un emprunt étudiant que j’ai pris pour payer moi-même mon loyer.À Leeds où je travaillais comme assis-tante de projets internationaux à l’Inter-national Office – Leeds City Council, mes collègues m’avaient trouvé une colocation de 460 livres par mois, soit environ 510 euros.La vie est plus chère au Royaume-Uni qu’en France, c’était d’autant plus com-pliqué que je n’étais pas payée du tout et que la bourse Erasmus Stage ne cou-vrait pas le prix du loyer. Les frais de transports (bus) m’ont tout de même été remboursés (248 livres soit pas loin de 300 euros), ce qui n’est pas négligeable.

Conclusion !

Mes différents séjours Erasmus à l’étranger ont effectivement beaucoup influencé mes futurs employeurs. Je parle aujourd’hui couramment trois langues (français, anglais et allemand plus des bases de suédois). Dans l’emploi que j’occupe aujourd’hui à Stuttgart, je suis capable de m’adapter à mes clients étrangers car je connais leur culture » n

Étudiants Erasmus

Étudier en Europe.Débrouille et efficacité !

z Faire face aux dépenses de gîte et de couvert durant un séjour Erasmus en Europe ? Comment font les étudiants ? La plupart arrivent à s’en sortir grâce à des montages financiers cumulant leur bourse Erasmus et différentes autres sources de revenus.

Plu

s d’

Eur

ope

S

Sandra Gaborit Ex-étudiante Erasmus,travaille aujourd’hui à Stuttgart

25Soleo

Étudiants Erasmus

Étudier en Europe.Débrouille et efficacité !

Erasmus Franceen quelques chiffres...

2008/2009 une année d’exception, avec + 9 % de mobilité étudiante Erasmus

et la 1ère place dans le classement européen pour la France !

2009/2010 2010/20112008/2009Nombre d'établissements d'enseignement supérieur titulaires d'une charte universitaire Erasmus 780

+ 15,25%

899 971

+ 8%

Pourcentage d'augmentation par rapport à l'année précédente

w Charte universitaire Erasmus

w Demandes de financement

Pour des mobilités d’étudesEn 2009, l’agence a retenu 436 candidatures à des financements de mobilités d’études pour l’année universitaire 2009/2010. 65 % des établissements d’enseignement supérieur retenus étaient des établissements publics.Parmi ces 436 établissements, 24.31 % étaient des écoles d’ingénieur, 21.33 % des écoles d’art et 19.27 % des universités.

Pour des mobilités de stageEn 2009, l’agence a retenu 570 demandes de financement pour des mobilités de stage, dont 37 % étaient faites par des établissements d’enseignement supérieur privés.Parmi les 570 établissements retenus pour un financement de leurs mobilités de stage, 236 étaient des lycées-BTS (41.40 %), 15.08 % des écoles d’ingénieurs, 13.68 % des universités,10.88 % des écoles de commerce, et 8.95 % des écoles d’art.

Mobilitéétudiante

22 553 23 560

2008/2009Types d'actions 2007/2008Pourcentage d'augmentation

Mobilité d'études

Mobilité de stage

TOTAL

3 389

25 942 28 283

4 723

+ 4,46%

+ 39,36%

+ 9,02%

26Soleo

Part

enai

res

Par une circulaire parue le 26 novembre 2009, le ministre Luc Chatel institue deux mesures complémentaires aux DAREIC.D’abord, l’implantation au sein de chaque établissement secondaire d’un enseignant référent pour l’action européenne et internationale (E.R.A.E.I.). Il permettra de relayer au plus près l’action des DAREIC. Point de contact au quotidien des enseignants et des élèves désireux de s’investir dans un projet éducatif européen ou international, il jouera un rôle d’impulsion et d’animation, recueillera et facilitera tout projet de mobilité ou de partenariat.Pour une meilleure collaboration entre les académies et les collectivités locales, le ministre préconise la création d’un Conseil de la coopération européenne et internationale (C.C.E.I.). Ce conseil aura pour ambition d’assurer une meilleure coordination en matière d’action éducative européenne et internationale entre tous les acteurs. La priorité du C.C.E.I. sera le soutien à la mobilité internationale des jeunes et des personnels d’enseignement et d’encadrement.

Les relais académiques pour la mobilité internationale dans les 30 académies

epuis la fin des années 1990, chacune des trente académies dispose des services d’un DAREIC. Les DAREIC (délégués académiques aux relations européennes, internationales et à la coopération), conseillers techniques des Recteurs, ont pour

mission d’accompagner les actions éducatives de l’enseignement scolaire conduites en partenariat avec des pays étrangers. A ce titre, ils exercent leur activité à la croisée d’ogives des politiques d’ouverture déployées par les Recteurs, conformément aux directives exprimées par le Ministère de l’Education nationale (à travers sa Direction des relations européennes et internationales et à la coopération), en partenariat avec les services éducatifs des postes diplomatiques français, l’Office franco-allemand pour la Jeunesse et le Secrétariat franco-allemand, les collectivités territoriales conduisant des projets de coopération décentralisés.

Partenaires de l’agence 2e2fFédérés en une association dynamique, l’ADARIC, regroupant plus des deux tiers de leur effectif, les DAREIC accompagnent les projets européens dans le cadre des programmes d’action communautaires dévolus à l’éducation et à la formation tout au long de la vie. En contact direct avec les établissements scolaires du premier et du second degré, ils guident les équipes éducatives dans la constitution, parfois complexe, des projets COMENIUS, LEONARDO et ERASMUS. Ce dernier programme ne concerne l’enseignement scolaire post-baccalauréat qu’à travers les sections de techniciens supérieurs et les classes préparatoires aux grandes écoles, spécifiques au système éducatif français. Le Professeur Jean Bertsch, Directeur de l’agence nationale 2e2f, a reçu en février 2010 les représentants de cette association, dans le dessein de l’impliquer dans des groupes de travail, permettant de cibler et d’ajuster ses actions dans les académies, au plus près du terrain.

Au cœur d’une politique d’ouvertureProches accompagnateurs des responsables sectoriels de l’Agence Europe- Education-Formation-France, les DAREIC sont également désignés pour mettre en œuvre les grandes lignes de la politique éducative nationale dans sa déclinaison immédiate : la réforme du lycée, pour apporter une illustration, propose que chaque établissement noue au moins un partenariat avec un établissement étranger. La mobilité des élèves et des enseignants, l’utilisation des TICE et l’apprentissage des langues vivantes étrangères constituent quelques-unes des priorités affirmées depuis plusieurs années. Par ailleurs le socle commun des connaissances et des compétences, disposition majeure de la loi d’orientation et de programme pour l’avenir de l’École (avril 2005) prend appui - est-il besoin de le rappeler ? - sur la proposition de recommandations du Parlement européen et du Conseil de l’Union européenne en matière de compétences-clés pour l’éducation et l’apprentissage tout au long de la vie. Toutes ces raisons permettent de considérer l’ADARIC comme un interlocuteur constructif dans un dialogue dont les différents acteurs, agissant pour l’ouverture européenne, ne sauraient jamais faire l’économie n

D

> Pour en savoir plus : http://www.education.gouv.fr/cid49724/menc0913416c.html

Des enseignantsréférents pour la mobilité internationaledans chaque établissement scolaire

Elisabeth HeitzDAREIC de l’académie

de Strasbourg, Présidente de

l’ADARIC

27Soleo

PartenairesLe rectorat de Nice et l’Agence 2e2fsignent « une charte pour lesmobilités transnationales »

De quoi s’agit-il ?Cette démarche novatrice engage les divers acteurs dans un processus modélisant autour d’un objectif commun : la mobilité physique accrue en Europe des acteurs éducatifs de l’académie.

Témoignage d’Herminia Daeden, Déléguée Acadé-mique aux Relations Européennes et Internationales et à la Coopération (sur la photo de signature). « La signature de la Charte pour les mobilités européennes est un événement empreint d’une certaine solennité, marquant à la fois l’aboutissement d’un travail de terrain, impulsé et suivi par la DAREIC, les deux inspections académiques, en liaison avec l’Agence 2e2f. C’est un point de départ. Je suis d’autant plus heureuse que Nice est la première académie à réunir autour de ce document l’ensemble des partenaires signataires.La charte fixe un cadre bien précis pour les multiples actions de mobilité à venir, destiné à faciliter la

mise en œuvre au sein des écoles, collèges et lycées des Alpes-Maritimes et du Var. Ce cadre permettra une meilleure évaluation des résultats des actions de mobilité européenne, notamment pour ceux qui sont au cœur de nos préoccupations : les élèves.

La DAREIC a joué un rôle moteur dans l’élaboration de la Charte qui implique plusieurs entités, qui sont toutes parties prenantes de la démarche ainsi initiée.Le projet académique quadriennal 2010-2014 fixe son quatrième objectif (défi 4) sur l’ouverture culturelle et internationale et encourage le développement dans chaque établissement d’une véritable stratégie européenne et internationale que les deux Inspections académiques sont invitées à faciliter et à valoriser. Par ailleurs, des inspecteurs ont apporté leur contribution à l’élaboration de la Charte et sont très impliqués dans l’accompagnement des projets des établissements.La DAREIC assure ainsi un rôle nécessaire de facilitation, de liaison et de fédération dans la mise en œuvre comme dans le suivi des actions visées par la Charte » n

La cérémonie s’est tenue le 7 mai dernier, Journée de l’Europe, au collège Marie Curie de la Seyne-sur-Mer, en présence de Jean Bertsch, directeur de l’Agence 2e2f.

Jean Bertsch, au centre, ratifiant la Convention avec les deux inspecteurs d’académie des Alpes-Maritimes et du Var

28Soleo

Part

enai

res

ouverture européenne et internationale a toujours fait partie des missions et de l’expertise de l’ESEN qui propose des modules de formation pour les cadres de l’éducation et

met en place des actions de formation des cadres éducatifs étrangers depuis de nombreuses années. En 2009, la Direction de l’Encadrement a souhaité que cet objectif devienne l’un des cinq objectifs stratégiques de l’École. Désormais, les inspecteurs et les personnels de direction inscrivent l’exercice de leurs missions dans une perspective internationale. La mobilité professionnelle à l’étranger est une modalité obligatoire de la nouvelle formation statutaire des cadres. Elle permet, en effet, cet impérieux échange de réflexions et de pratiques qui bénéficie, à la fois, de la grande similarité des questions posées aux systèmes éducatifs et de la diversité des réponses apportées. Citons par exemple l’amélioration de la qualité de l’enseignement, le développement des compétences-clés, l’évaluation des acquis des élèves, la formation et le recrutement des enseignants, la gouvernance des établissements scolaires.

Un module de formation comprenant une immersion de 2 semaines à l’étrangerDepuis 2009, le module « international » de l’ESEN poursuit les objectifs de bien connaître les enjeux et modalités de la politique de coopération de l’Union européenne en matière d’éducation :w Favoriser un bon usage des comparaisons internationales

par une meilleure compréhension des enjeux et des méthodologies de la recherche ;w Améliorer le pilotage par les cadres des initiatives et projets internationaux dans les établissements scolaires et les académies en tant que vecteurs d’apprentissage pour les élèves ;w Connaître les contours de la présence française en matière d’éducation dans le monde.

Outre un séminaire consacré aux questions internationales en éducation, le module prévoit une période d’immersion dans un pays étranger d’une durée de deux semaines à réaliser dans les premières années d’exercice. Les thèmes d’étude sont proposés ou validés par les recteurs en lien avec le projet de l’académie d’affectation. Ils portent sur une approche disciplinaire (contenus et modalités pédagogiques dans une discipline) ou une approche systémique (gouvernance, gestion des ressources humaines, valeurs et finalités des systèmes, évaluation et qualité, Tice etc.).La compréhension des enjeux des différents systèmes éducatifs est de nature à accroître l’expertise des cadres éducatifs français et à la rendre plus disponible au-delà de nos frontières. Les dispositifs de formation de l’ESEN répondent aux directives ministérielles de développement des actions internationales, en complémentarité avec les actions de partenariat œuvrant dans le domaine de l’éducation et de l’enseignement supérieur. Dans ce cadre, l’Agence Europe-Education-Formation-France et l’ESEN ont la volonté de développer des relations et des projets de coopération renforcés n

Corinne Bronn Chargée de mission aux relations internationalesÉcole Supérieure de l’Education Nationale

Les 20 000 cadres de l’éducation se forment à l’international

à l’Ecole Supérieure de l’Education nationale (ESEN)

L’

Formation d’adaptation à l’emploi et formation tout au long de la vie des 20 000 personnels d’encadrement, intermédiaire et supérieur, de ses deux ministères de tutelle, éducation nationale et ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche, soit 14 000 personnels de direction des lycées et collèges, 3000 inspecteurs des premier et second degré, 3000 cadres administratifs. L’ESEN assure le pilotage et la mise en œuvre de cette mission, en étroite collaboration avec les académies

Mission de l’ESEN

29Soleo

Le courrier des lecteurs de Soleo,une nouvelle rubrique pour recueillir vos

réactions et [email protected]

Les lecteurs s’expriment

Georges VIALA*, président de l’Alliance Française de Bordeaux Aquitaine répond à l’article de Tristan Klein** sur « les métiers en 2020 »(Soleo 22)Le débat est ouvert.

Le programme « Europe 2020 » présenté le 3 mars 2010 par la Commission européenne récemment élue affirme que la croissance de l’Europe pour les dix prochaines années sera :

w intelligente en favorisant le développement d’une économie fondée sur la connaissance et l’innovation.w durable en promouvant une économie plus efficace dans l’utilisation des ressources, plus verte et plus compétitive.w inclusive en encourageant une économie à fort taux d’emploi favorisant la cohésion sociale et territoriale.

Si l’on tente de traduire cette nouvelle stratégie économique en termes de métiers vers lesquels les jeunes européens devraient être orientés, on peut en déduire la typologie suivante :

des métiers au service de la connaissance et de l’innovation dans les domaines suivants : les matériaux innovants (exemples : les composites, les nanomatériaux), les usages

innovants d’internet associant des outils intelligents, l’intelligence économique, l’intelligence artificielle, la domotique, les nouvelles énergies, les automatismes, l’économie créative.

des métiers au service d’un développement durable dans les domaines suivants : le climat, l’environnement, la biodiversité, la sécurité alimentaire, les risques chimiques, la pollution des sols, la pollution des eaux, la construction de bâtiments basse consommation, les systèmes photovoltaïques, etc.

des métiers au service de l’inclusion sociale dans les domaines suivants : la santé mentale, l’aide aux communautés en difficulté, l’insertion professionnelle, l’économie sociale qui englobe les coopératives, les mutualités, les associations à but non lucratif, les fondations.

Au travers de cette typologie, nous voyons bien que de formidables gisements d’emplois peuvent être proposés aux jeunes européens sous réserve que le système éducatif en tienne compte et s’adapte à cette nouvelle donne en proposant des formations correspondantes. D’ores et déjà, beaucoup de ces formations sont proposées à travers l’Europe, le programme « Jeunesse en mouvement » devant contribuer à une meilleure connaissance de celles-ci.

Cette vision de l’Europe à l’horizon de 2020 est incontestablement de

nature à redonner confiance à ses citoyens inquiets et parmi eux, aux plus jeunes. Néanmoins, ce volontarisme politique semble se heurter à l’analyse de certains experts, à en juger par les propos de Tristan Klein * rapportés dans le numéro 22 de Soleo qui considère que dans les cinq ou dix prochaines années « … les métiers les plus dynamiques en termes de création d’emplois se situeront dans le champ du secteur médical, médico-social (infirmières, aides-soignantes, assistantes maternelles) et de l’aide à domicile, du secteur du transport et de la logistique, du secteur administratif »

Même si Tristan Klein précise que « les métiers de demain seront pour partie les métiers d’aujourd’hui, parce que les dynamiques à l’œuvre sont assez lentes, dans la mesure où elles reposent sur les tendances démographiques », on peut espérer que les générations futures démentent ces prédictions, faute de quoi il est à craindre que les objectifs fixés par la Commission européenne ne puissent être atteints !

Georges VIALA

SoleoSoleo, nouvelle formule !

> Par email à l’adresse suivante : [email protected]

> par voie postale à l’adresse suivante : Agence Europe-Education-Formation-France Soleo magazine 25, quai des Chartrons 33080 Bordeaux Cedex

Ecrivez à la rédaction,faites-nous part de vos remarqueset de vos suggestions :

* Après avoir dirigé l’Ecole de Management de Bordeaux pendant 17 ans (1987-2004), Georges VIALA, préside aussi la Banque Alimentaire de Bordeaux et de la Gironde et un « think tank » (l’Institut des Deux Rives)** Chef de projet « Prospective des métiers et des qualifications » au Centre d’analyse stratégique en charge d’une enquête sur « Les métiers en 2020 »

30Soleo

Brèvesd’agence...

L’AGENCE EN MISSION

À ParisÀ la Direction Généralede l’Enseignement Scolaire(DEGESCO)

z Jean Bertsch, directeur de l’Agence Eu-rope-Education-Formation-France a partici-pé à la conférence d’ouverture du séminaire national organisé par la DEGESCO, le 6 mai à Paris : Les échanges internationaux et l’apprentissage des langues vivantes au ly-cée. L’occasion de rappeler que si la culture de la mobilité est loin d’être partagée dans les dispositifs d’éducation et de formation, l’Agence 2e2f, a, parmi ses missions, de la rendre incontournable à toutes les étapes des parcours de professionnalisation et de mesu-rer le véritable impact de cette mobilité.

À Nice...z Les 6 et 7 mai, l’académie de Nice a ac-cueilli le Professeur Jean Bertsch, et Patrice Delègue, responsable du programme Come-nius. Un projet d’études a vu le jour sur les compétences en jeu dans la mobilité interna-tionale des cadres (inspecteurs et chefs d’éta-blissement), pour faire suite à la signature de la Charte des mobilités en Europe (voir dans ce numéro l’article page 27).Site de l’académie de Nice : www.ac-nice.fr

En Martinique...

z Sébastien Thierry, directeur adjoint de l’Agence nationale, s’est rendu à Fort-de-France pour présenter aux élus régionaux les différentes actions du programme EFTLV, parmi lesquelles Comenius Regio, particu-lièrement destiné aux collectivités territo-riales. Deux nouvelles chartes Erasmus ont été signées en présence d’Elisabeth Landy, présidente de la Commission enseigne-ment supérieur, innovation et recherche et de Christine Delphin, enseignante au lycée Joseph-Gaillard, référent mobilité auprès du rectorat. Les Antilles qui participent depuis de nombreuses années aux différents pro-grammes européens ont triplé en 3 ans les effectifs d’étudiants en BTS bénéficiant de stages Erasmus en entreprises européennes.

SÉMINAIRES

À l’Universitéde Poitiers

z Quelles stratégies pour une internationa-lisation des Universités ? Conférence organisée par la CPU, le Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche et l’Université de Poitiers.

Destinée aux responsables des relations in-ternationales des universités et de PRES, les 27 et 28 mai derniers, la conférence a notamment présenté les résultats de l’étude sur l’employabilité des étudiants Erasmus (Étude en ligne sur http://ec.europa.eu/educa-tion/erasmus/doc/publ/evalcareersum fr.pdf)Marie-Pierre Chalimbaud, responsable du service Europass-Euroguidance à l’Agence nationale 2e2f est intervenue sur la mise en place d’outils facilitant la reconnaissance des parcours de formation, au cours de l’ate-lier, Mobilité et insertion professionnelle, expériences et études européenne.

À RENNES

z Jean Bertsch s’est rendu à Rennes, le 9 juin, à l’invitation du Recteur Alain Mios-sec. L’occasion d’un échange fructueux avec le recteur d’une académie particulièrement dynamique en matière de relations interna-tionales, suivi d’une présentation des enjeux de la mobilité européenne aux IPR, IDEN et chefs d’établissement. Une convention-cadre devrait être signée prochainement.

z Les diplômés Erasmus Mundus venus du monde entier analysent les nouveaux mécanismes de la communication

C’était à Bordeaux, les 29 et 30 mars derniers

Les mécanismes et les concepts de la communication tels que nous les connaissions sont remis en cause par les progrès tech-nologiques, la démultiplication des échanges, l’émergence de nouveaux enjeux mondiaux. C’était la problématique choisie en 2010 par l’association des diplômés Erasmus Mundus (EMA) pour sa conférence annuelle qui s’est tenue à Bordeaux. Venus

du monde entier, économistes, géographes, biologistes ou politologues ont chacun apporté leur expertise, en posant un regard novateur sur le sujet.L’association des diplômés Erasmus Mundus regroupe les diplômés et les étudiants (4000 à ce jour) venus de tous les pays suivre en Europe un cursus d’excellence bénéficiant du label Erasmus Mundus, dans des secteurs de forte innovation.

En savoir plus : http://www.em-a.eu

À POITIERS

ESEN

z La dimension européenne et internatio-nale dans les missions des personnels d’en-cadrement

Formation du 12 au 16 avril derniers destinée aux inspecteurs stagiaires, organisée en deux temps avec une partie séminaire sur le thème «dimension et mobilités internationales », et une partie stage professionnel de deux semaines minimum dans un pays européen ou un pays étranger avec qui la France a des accords bilatéraux.Au cours d’une séance plénière, Jean Bertsch, directeur national est intervenu sur le rôle et les missions de l’Agence Europe-Education-Formation France.

31Soleo

SoleoDirecteur de la publication : Jean Bertsch.

Rédactrice en chef : Dominique Ardiller.

Comité de rédaction : Patrice Delègue, Rachel Duigou, Emmanuelle Gardan, Marie-Geneviève Picart. Véronique Piot. Sébastien Thierry.

Maquette : Julia Robisco.

Presse : Lydie Lagouarde.

Ont participé à ce numéro : Marie Azuelos. Dominique Bodin. Corinne Bronn. Lilian Cadet. Maria Josée Carion. Eric Cattelain. Isabelle Cubières. Herminia Daeden. Estelle Duprat. Pierre Escudé. Sandra Gaborit. Jean de Gliniasty. Elisabeth Heitz. Frédéric Lagarrigue. Dominique Simonet. Georges Viala.

Crédit photo : Shutterstock Images.

Diffusion gratuite. Édité avec le soutien financier de la Commission européenne. Le contenu de cette publication et l’usage qui pourrait en être fait n’engagent pas la responsabilité de la Commission européenne.

Impression : LAPLANTE, 33700 MERIGNAC - ISSN 1634 - 443X

z Odile Quintin, ancienne directrice géné-rale « Éducation et Culture » à la Commis-sion européenne, vient d’être nommée par Luc Chatel, membre de la Commission na-tionale sur les rythmes scolaires, commission présidée par Christian Forestier, administra-teur général du Conservatoire national des arts et métiers (CNAM), partenaire régulier de l’Agence nationale.

z Depuis le 1er mai 2010, Jan Truszczynski remplace Odile Quintin à la Direction Géné-rale Éducation et Culture de la Commission européenne. Agé de 59 ans et de nationalité polonaise, Jan Truszczynski a d’abord été premier sous-secrétaire d’État, puis secré-taire d’État au ministère polonais des affaires étrangères, de 2001 à 2005.En cette qualité, il fut le négociateur prin-cipal de la Pologne durant ses négociations d’adhésion à l’Union européenne. De 1996 à 2001, Jan Truszczynski a été ambassadeur de Pologne auprès de l’Union européenne, à Bruxelles. C’est en janvier 2007 qu’il rejoint la Commission européenne comme directeur général adjoint de la DG Élargissement, où lui avaient été confiées la stratégie d’élargis-sement et la communication.

Brèvesd’agence...

z Recueil de nouvelles « Un mur… Des murs… »

Préfacé par Jean Bertsch, directeur de l’Agence Europe-Education-Formation-France

Dans le cadre du concours organisé pour la Commémoration du 20ème anniversaire de la Chute du Mur de Berlin, l’Association Européenne De l’Éducation France (AEDE) a sollicité les établissements scolaires qui ont massivement répondu, envoyant plus de 1200 nouvelles. Un comité de lecture a sélectionné 59 d’entre elles où les élèves proposent leurs visions du mur, de l’enfermement, de l’exclusion.Le lancement officiel de la publication «Un mur... Des murs...» a eu lieu le mercredi 2 juin 2010 au siège parisien de la Représentation française de la Commission européenne.

- Commande à adresser avec un chèque de 10 euros à l’ordre de l’AEDE-France : Maison de l’Europe, 10 Place du Parlement de Bretagne, 35000 Rennes- Autres Publications AEDE France www.aede-france.org (publications)

NOMINATIONS

PUBLICATION

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Le Haut Représentant de la Commission européenne, Renaud Soufflot de Magny et Jean Bertsch lors de la cérémonie