Sculpture parc royal Marly - louvre.fr · effet été séquestré à la Révolution et les...
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MÉDIA DOSSIERS DU LOUVRE « EXPOSER UNE ŒUVRE AU MUSÉE » 2
LE PARC DE MARLY : RÉSIDENCE BUCOLIQUE DE LOUIS XIV
© RMN (Château de Versailles)
Le château de Marly a été construit sous la direction de l’architecte Jules Hardouin-Mansart dans un vallon boisé dominant la Seine. Voulu par Louis XIV pour recevoir ses intimes et goûter aux plaisirs champêtres, la demeure se composait d’un pavillon royal, au centre de la composition et de deux files de pavillons se faisant face de part et d’autre d’une ample perspective animée par des bassins. Les bosquets, souvent transformés au gré des caprices du roi, les bassins qui apportent miroitement, fraicheur, animation et bruissements, les allées, les bois et les charmilles formaient un cadre bucolique. À partir de 1695, le parc fut peuplé de groupes et de statues de plomb, de marbre et de bronze, dont le Louvre est en partie l’héritier. On y voyait à la fois des statues antiques ou modernes des collections royales et des œuvres spécialement conçues pour l’espace du jardin, formant des contrepoints à son architecture et donnant un sens allégorique à l’espace royal.
Louis XV enfant se promenant en
calèche, Martin Pierre Denis
MÉDIA DOSSIERS DU LOUVRE « EXPOSER UNE ŒUVRE AU MUSÉE » 3
LE TRANSFERT AU JARDIN DES TUILERIES DES GRANDS MARBRES DU PARC DE MARLY
© RMN Château de Versailles / J. Popovitch A la mort de Louis XIV, le jeune roi Louis XV fut installé par le régent à Paris, au château des Tuileries. Le jardin, conçu par André Le Nôtre, était resté vide de sculptures. On transporta donc de Marly à Paris tout un ensemble de grands marbres : les groupes de fleuves qui ornaient le bassin des Nappes ; le groupe des chevaux ailés de Coysevox, qui dominaient l’Abreuvoir, un ensemble de six sculptures de Coysevox et de Nicolas Coustou, qui ornaient le fer à cheval, et même des grandes copies d’antiques qui venaient d’arriver de Rome, le Nil et le Tibre. Sur cette vue de la visite officielle de l’ambassadeur du Grand Turc (1721), on reconnait le bassin occidental du jardin des Tuileries orné de statues provenant de Marly. On remarque en particulier la figure du cheval ailé de Mercure, placé sur un pylône de l’entrée, qui faisait pendant à la figure de la Renommée, ainsi que les groupes de fleuves.
Entrée de
l'ambassadeur
Mehemet Effendi
dans le jardin des
Tuileries par le
pont tournant, le
21 mars 1721
Charles Parrocel,
1731
MÉDIA DOSSIERS DU LOUVRE « EXPOSER UNE ŒUVRE AU MUSÉE » 4
LA COUR MARLY DANS L’AILE RICHELIEU DU LOUVRE : UNE SCÉNOGRAPHIE DE 1993
© 2011 Musée du Louvre / A. Mongodin Par la suite, d’autres statues furent transférées au jardin des Tuileries. Le parc royal de Marly avait en effet été séquestré à la Révolution et les sculptures saisies et dispersées. Beaucoup arrivèrent à Paris, en particulier au jardin des Tuileries, « jardin national », qui dépendait du château des Tuileries, siège des assemblés révolutionnaires et plus tard des consuls. En 1794, les « chevaux de Marly » de Guillaume Coustou qui avaient remplacé sur l’Abreuvoir Mercure et la Renommée de Coysevox, furent exposés sur de hauts pylônes à l’entrée des Champs-Élysées. Afin de protéger ces œuvres des attaques du climat parisien (pluies, gels, érosion du vent), des poussières, des fientes d’oiseau, et du vandalisme, le musée du Louvre commença dès 1870 à mettre à l’abri les sculptures de Marly.
Cette politique se poursuivit après la guerre et dans les années 1970 ; elle devint systématique à la faveur du projet du « Grand Louvre ». Alors que déjà, une salle consacrée à la sculpture du parc de Marly était ouverte en 1972 dans le département des Sculptures nouvellement aménagé dans l’aile de Flore, le transfert du département des Sculptures dans l’aile Richelieu en 1993 assura à tout cet ensemble une visibilité extraordinaire. Le projet de l’architecte Ieoh Ming Pei, et de Michel Macary s’inscrivait dans l’esthétique qui a présidé à la réalisation de la pyramide. La cour de l’ancien ministère des Finances fut couverte d’une verrière qui assure un éclairage naturel. La scénographie, par palier, permet de disposer les œuvres selon les hauteurs pour lesquelles elles avaient été conçues. La pierre blonde de Bourgogne revêt les sols et les parois alors que les statues sont placées sur des socles de pierre blanche de Charentes. Quelques arbres évoquent un lieu boisé.
Vue générale de la cour Marly au
musée du Louvre
MÉDIA DOSSIERS DU LOUVRE « EXPOSER UNE ŒUVRE AU MUSÉE » 5
L’ABREUVOIR DU PARC DE MARLY SOUS LOUIS XIV
© RMN Château de Versailles / G. Blot
L’Abreuvoir de Marly se situe en bas de la perspective, à l’extérieur du parc royal, vers la ville. Il est toujours bien conservé aujourd’hui, à la différence du château, des pavillons et des fontaines qui ont été détruits. Sur la balustrade supérieure, regardant vers le château, se dressaient les deux groupes complémentaires de Mercure et de la Renommée par Antoine Coysevox. Après leur départ pour les Tuileries, ils avaient été remplacés par les chevaux de Marly de Guillaume Ier Coustou, lesquels prirent aussi le chemin de Paris sous la Révolution. A la faveur des travaux du Grand Louvre, des moulages des chevaux de Marly ont pris place à Marly, en 1985, dans leur position d’origine.
Vue du Grand Abreuvoir du
château de Marly, Perelle (famille
des) Estampe du recueil édité
sous le règne de Louis XIV
MÉDIA DOSSIERS DU LOUVRE « EXPOSER UNE ŒUVRE AU MUSÉE » 6
LE REMPLACEMENT DES ORIGINAUX PAR DES MOULAGES AU JARDIN DES TUILERIES
À l’entrée du jardin des Tuileries, vers la place de la Concorde, le groupe de Mercure et de la Renommée a été remplacé en 1986 par des copies en résine et poudre de marbre. Le moulage a suivi la restauration
La Renommée à cheval sur
Pégase d’Antoine Coysevox dans
la cour Marly
© 2011 Musée du Louvre / A. Mongodin
MÉDIA DOSSIERS DU LOUVRE « EXPOSER UNE ŒUVRE AU MUSÉE » 7
LA RENOMMÉE DU ROI : UNE IDÉE EN DEUX GROUPES
© 2011 Musée du Louvre / A. Mongodin
Mercure et la Renommée, chacun chevauchant Pégase, le cheval ailé de la Poésie, symbolisent la Renommée du Roi. La Renommée proclame la gloire militaire et Mercure les bienfaits de la Paix. Des trophées d’armes soutiennent leur cheval cabré. Sur celui de Mercure, on distingue sur le bouclier une illustration de la Succession d’Espagne : la figure allégorique de l’Espagne apporte au jeune duc d’Anjou, petit-fils de Louis XIV, la couronne avec laquelle il règnera sous le nom de Philippe V.
Les œuvres ont été sculptées chacune dans un seul bloc de marbre venu de Carrare en1700. Le sculpteur a inscrit sur le marbre qu’il avait réalisé ce tour de force technique en deux ans. Les deux œuvres ont été posées sur l’Abreuvoir en 1702, puis aux Tuileries en 1719. La disposition au Louvre permet d’avoir une vision d’en bas, conforme à la manière dont on présentait la sculpture au XVIIe siècle.
La Renommée du Roi
Mercure à cheval sur Pégase
(moulage) d’Antoine Coysevox
à l’entrée du jardin des
Tuileries
MÉDIA DOSSIERS DU LOUVRE « EXPOSER UNE ŒUVRE AU MUSÉE » 8
LES CHEVAUX DE MARLY DE GUILLAUME COUSTOU : UNE ICÔNE DE L’AVENUE DES CHAMPS-ÉLYSÉES
© 2011 Musée du Louvre / A. Mongodin
À l’initiative du peintre David, l’implantation des chevaux de Marly à l’entrée des Champs-Élysées, encore déserts en 1794, va donner au lieu un symbole triomphal avant que l’avenue devienne l’espace des grandes manifestations patriotiques. Les socles sobres et élégants sont dus à Delannoy. Les moulages remplacent désormais les originaux exposés au Louvre.
Cheval retenu par un
palefrenier de Guillaume
Ier Coustou, sur les
Champs-Élysées
MÉDIA DOSSIERS DU LOUVRE « EXPOSER UNE ŒUVRE AU MUSÉE » 9
LES CHEVAUX DE MARLY DANS LA COUR MARLY
© 2011 Musée du Louvre / A. Mongodin
Les chevaux de Marly ont été commandés à Guillaume Ier Coustou en 1739 et posés à l’Abreuvoir de Marly en 1745. Ils figurent simplement des chevaux cabrés retenus par des palefreniers. Ceux-ci sont nus. Leurs visages et leurs attributs (en particulier un chapeau à plume posé sur le sol) laisse penser qu’ils évoquent l’Europe et l’Amérique, les continents où s’étendait le pouvoir de la Couronne. À la différence des chevaux de Coysevox, ils expriment la force sauvage de la nature difficilement domptée par l‘homme. Le grand élan de l’animal dresse sa robuste force face à l’homme arc-bouté. Le naturalisme évident – Coustou dessina d’après nature – s’oppose au langage allégorique des groupes de Coysevox. De même la disposition qui varie selon la manière dont on les observe, diffère des chevaux de Coysevox conçus selon les deux faces principales. Dans la cour Marly du Louvre, les quatre grands marbres dialoguent de façon à montrer la complémentarité de chaque groupe deux à deux et de comparer leur esthétique.
Cheval retenu par un
palefrenier de Guillaume
Ier Coustou, dans la cour
Marly
MÉDIA DOSSIERS DU LOUVRE « EXPOSER UNE ŒUVRE AU MUSÉE » 10
LA PERSPECTIVE DE L’AXE CENTRAL DU PARC DE MARLY
© RMN (Château de Versailles)
La grande perspective du parc de Marly montre au premier plan le bassin des Grandes Nappes, du nom de la cascade qui descend par paliers – les nappes - vers un vaste bassin triangulaire aux angles arrondis. On remarquera que la symétrie est évidente dans le sens de la perspective, mais seulement dans cette direction, afin de donner du dynamisme à la composition. Aux angles supérieurs du bassin des Nappes, achevé en mai 1699, étaient disposés quatre groupes de fleuves en marbre, commandés en 1699 : la Seine et la Marne, la Loire et le Loiret, et des nymphes fluviales. Les deux premiers groupes ont été portés aux Tuileries, et sont exposées désormais dans la cour Marly. En revanche des groupes de rivières ont disparu.
Vue du Château et du
parc de Marly, École
française, XVIIIe
siècle. Estampe
coloriée
MÉDIA DOSSIERS DU LOUVRE « EXPOSER UNE ŒUVRE AU MUSÉE » 11
LE DÉCOR DU FER À CHEVAL AU JARDIN DES TUILERIES
© 2011 Musée du Louvre / A. Mongodin
Au jardin des Tuileries, la Seine et la Marne de Nicolas Coustou et la Loire et le Loiret de Corneille Van Clève ont été disposés en 1719 sur des socles assez bas près du bassin occidental, au pied du fer à cheval conçu par André Lenôtre. De plan presque carré, les marbres étaient à Marly déjà en position relativement basse afin de se refléter dans l’eau des bassins, alors qu’aux Tuileries, l’espace est sablé. Les originaux ont été remplacés par des copies en 1993.
La Seine et la Marne de
Nicolas Coustou et La Loire
et le Loiret de Corneille Van
Clève (moulages) au jardin
des Tuileries
MÉDIA DOSSIERS DU LOUVRE « EXPOSER UNE ŒUVRE AU MUSÉE » 12
LES MARBRES DU BASSIN DES NAPPES DANS LA COUR MARLY
© 2011 Musée du Louvre / A. Mongodin
Dans la cour Marly du Louvre, les groupes de Coustou et de Van Clève ont retrouvé une position relativement basse et sont visibles de près comme à l’origine. On peut les admirer sous toutes les faces, car les sculpteurs ont cherché à multiplier les points de vue, tant par la position des personnages allégoriques que par la présence de petits génies enfantins tenant des poissons ou jouant avec un cygne. On aperçoit à l’arrière-plan de grands vases de marbre qui ornaient à Marly les escaliers du même bassin des Nappes. Ils avaient été aussi commandés en 1699 à plusieurs sculpteurs dont Nicolas Coustou.
La Seine et la Marne de
Nicolas Coustou. La Loire et
le Loiret de Corneille Van
Clève dans la cour Marly
MÉDIA DOSSIERS DU LOUVRE « EXPOSER UNE ŒUVRE AU MUSÉE » 13
LA PERSPECTIVE DE LA RIVIÈRE DE MARLY
© Archives nationales
La Rivière de Marly, réalisée en 1704, était une longue cascade dévalant de la colline vers un bassin situé au revers du pavillon central. Cette perspective était animée par quatre statues : en haut, deux statues assises assez hautes, la Seine et la Marne, en bas, deux statues plus basses, Neptune et Amphitrite. Ainsi la figuration des grands fleuves du royaume étaient en amont des divinités marines de l’Océan. Coysevox reçut la commande des quatre sculptures en 1698, mais les exécuta entre 1703 et 1708. Dès 1728, la cascade fut remplacée par un simple gazon, mais les statues demeurèrent jusqu’à la Révolution.
La Rivière, aquarelle, vers 1713,
extrait d’un album « Ancien
Marly »
MÉDIA DOSSIERS DU LOUVRE « EXPOSER UNE ŒUVRE AU MUSÉE » 14
L’EXIL À BREST DES STATUES DE LA RIVIÈRE DE MARLY
© Collection des Archives de Brest
Saisies sous la Révolution, les statues de la Loire, d’Amphitrite et de Neptune furent affectées en 1801 au port de Brest, place forte de la Marine nationale. Placées sur des fontaines, elles furent abritées pendant la guerre, ce qui leur permit d’échapper aux bombardements dont souffrit la ville. Elles furent ensuite affectées au Louvre en 1966.
Amphitrite d’Antoine Coysevox
sur une fontaine à Brest
Carte postale ancienne
MÉDIA DOSSIERS DU LOUVRE « EXPOSER UNE ŒUVRE AU MUSÉE » 15
LES STATUES DE LA RIVIÈRE DE MARLY AU LOUVRE
© 2011 Musée du Louvre / A. Mongodin
Les quatre statues de la Rivière sont désormais réunies : les trois statues venues des fontaines de Brest et la Seine qui avait été placée au parc du château de Saint-Cloud et était rentrée au Louvre en 1872, après l’incendie du château.
La disposition permet d’évoquer la cascade, avec au premier plan les figures de la partie inférieure, posées sur des socles bas, telles qu’elles l’étaient au bord du bassin, et à l’arrière-plan, les figures du haut de la Rivière sur des socles plus élevés. La composition en hauteur des figures du fond et au contraire ramassée des figures du premier plan s’accordaient à leur emplacement, éloigné pour les unes ou proche pour les autres par rapport à un spectateur situé dans l’axe, près du pavillon royal.
Amphitrite, Neptune, la Marne et
la Seine d’Antoine Coysevox
dans la cour Marly
MÉDIA DOSSIERS DU LOUVRE « EXPOSER UNE ŒUVRE AU MUSÉE » 16
LA CASCADE RUSTIQUE DE MARLY
© Archives nationales
La cascade rustique ou cascade champêtre avait été aménagée dès 1700 dans le bosquet du Levant. Mais en 1706, le roi la fit transformer en un grand escalier d’eau, entrecoupé de paliers. Sur les bords, se dressaient en alternance six statues de marbre blanc et huit vases de plomb. Pan de Robert Le Lorrain, Vertumne de Slodtz, formaient une première paire de divinités champêtres masculines ; L’Air de Bertrand s’opposait à l’Eau de Thierry, pour symboliser les Éléments ; Flore de Frémin et Pomone de Barois, évoquaient les fleurs et les fruits auxquels président ces divinités. La cascade fut conservée jusqu’à la Révolution.
La Cascade rustique, aquarelle,
vers 1713, extrait d’un album
« Ancien Marly »
MÉDIA DOSSIERS DU LOUVRE « EXPOSER UNE ŒUVRE AU MUSÉE » 17
LES STATUES DE LA CASCADE CHAMPÊTRE DANS LA COUR MARLY
© 2011 Musée du Louvre / A. Mongodin
Les statues de la cascade rustique, exécutées en 1709, furent dispersées à la Révolution. Pan et l’Eau ont disparu. Vertumne est conservé à l’assemblée nationale. En revanche, l’Air, Pomone et Flore furent déposées au château de la Malmaison, résidence de Joséphine de Beauharnais, afin de décorer la façade. Quand le domaine fut vendu en 1877, les statues gagnèrent le Louvre, mais seule Flore fut présentée. Son allure dansante, le drapé léger, le sourire charmeur de la figure de René Frémin symbolisait en effet parfaitement le mouvement du style du début du XVIIIe siècle, qualifié souvent d’art « rocaille ». Les deux autres marbres allèrent orner le jardin du ministère des Affaires étrangères, où elles subirent les atteintes des intempéries jusqu’à 1993. On a réuni sur la terrasse intermédiaire de la cour Marly les trois statues provenant de la cascade champêtre, en mettant en exergue la Flore de Frémin...
Flore de René Frémin,
l’Air de Philippe Bertrand
et Pomone de François
Barois dans la cour
Marly
MÉDIA DOSSIERS DU LOUVRE « EXPOSER UNE ŒUVRE AU MUSÉE » 18
LA FONTAINE DE LA NYMPHE EN 1713
© Archives nationales Le roi avait commandé une figure de Nymphe des eaux –parfois dite Aréthuse – au sculpteur Claude Poirier. Une première composition, en plomb, fut d’abord placée en 1705 au centre d’un bassin rectangulaire dans une « salle verte » ; elle fut en 1710-1713 remplacée par la version en marbre, qui ne rejoignit jamais le bassin d’origine. Car elle fut mise en place en 1713 sur une fontaine nouvelle, formant un bosquet. Figure d’axe de la fontaine de la Nymphe au plan délicatement chantourné, elle fut juchée sur un rocher de plomb doré. Elle était accompagnée de figures d’oiseaux aussi en plomb et colorés. Il faut imaginer le bassin revêtu de carreaux de couleur, le bruissement de l’eau et le cadre de feuillages.
Une autre fontaine placée symétriquement par rapport au pavillon royal, mettait en exergue une statue d’Amphitrite. La composition des deux figures se répondait, comme la forme complexe du dessin des deux bosquets.
Fontaine de la Nymphe, vers
1713, extrait d’un album
« Ancien Marly »
MÉDIA DOSSIERS DU LOUVRE « EXPOSER UNE ŒUVRE AU MUSÉE » 19
LA NYMPHE DE CLAUDE POIRIER
© 2011 Musée du Louvre / A. Mongodin
Les fontaines de la Nymphe et d’Amphitrite furent remblayées après la mort de Louis XIV et les statues partirent en réserve. Sur l’ordre du marquis de Marigny, directeur des Bâtiments du Roi, les deux figures partirent décorer la cascade du château de Bellevue, résidence de sa sœur, la marquise de Pompadour, maitresse en titre du roi Louis XV. Elles y demeurèrent jusqu’à la Révolution. On retrouva la trace de la Nymphe, disposée sur un bassin du parc du château de Courances (Seine-et-Marne) depuis la fin du XIXe siècle. Classée Trésor national, la Nymphe a rejoint le Louvre en 2005, grâce à la loi sur le mécénat et à la générosité d’AGF ; alors qu’Amphitrite avait été acquise en 1974 en vente publique.
Nymphe de Claude
Poirier et Amphitrite de
Jacques Prou dans la
cour Marly
MÉDIA DOSSIERS DU LOUVRE « EXPOSER UNE ŒUVRE AU MUSÉE » 20
LES « COUREURS » DE MARLY DANS LES « SALLES VERTES »
© Archives nationales
De part et d’autre du pavillon royal, quatre « salles des bois » ou « salles vertes » se composaient d’un bassin central très allongé, cerné de charmilles encadrant des marronniers. Comme le roi y fit mettre des carpes, on les dénomma aussi « bassin des Carpes ». Ils furent d’abord ornés d’iles en plomb coloré portant soit les figures de la Nymphe, ou d’Amphitrite, soit des groupes d’enfants. En 1713, le roi commanda un décor plus homogène, illustrant des épisodes des Métamorphoses d’Ovide. Sur chaque bassin, on mit au centre sur un haut socle décoré une figure en marbre dans l’attitude de la course. Deux couples de « coureurs » semblaient courir en parallèle de chaque côté du pavillon du roi.
Le premier couple retraçait l’histoire d’Atalante et d’Hippomène. Atalante était la copie d’une antique célèbre des collections Mazarin, qui avait été à Marly, dont on avait commandé le marbre au sculpteur Lepautre. Guillaume Ier Coustou lui donna en pendant la statue du jeune Hippomène. L’histoire racontait comment Hippomène avait retardé la course d’Atalante en lançant des pommes d’or que lui avait données Vénus.
L’autre couple était formé par la nymphe Daphné échappant aux désirs d’Apollon et obtenant des dieux de se transformer en laurier.
Fontaine de Daphné, aquarelle,
vers 1713, extrait d’un album
« Ancien Marly »
MÉDIA DOSSIERS DU LOUVRE « EXPOSER UNE ŒUVRE AU MUSÉE » 21
LES COUREURS DANS LA COUR MARLY
© 2011 Musée du Louvre / A. Mongodin
Les bassins des coureurs avaient été achevés en 1713, mais dès 1716, ils étaient remplacés par du gazon, moins coûteux à entretenir. Les statues sont ensuite conservées en magasin puis prélevées par le directeur des Bâtiments du Roi, le duc d’Antin, pour son château de Petit-Bourg, en 1728-1738, et enfin remis dans les bosquets jusqu’à la Révolution.
Les quatre coureurs de Marly sont transportés en 1797 au jardin des Tuileries dont ils décoraient deux parterres, dits les « exèdres ». Abrités au Louvre en 1940, pendant la guerre, ils n’avaient pu être exposés avant 1993 en raison de leur fragilité. Dans la cour Marly, les couples de statues sont placés sur la terrasse supérieure, en parallèle, évoquant lointainement la disposition des salles vertes de Marly. Les figures se regardent comme cela avait été conçu par les sculpteurs, les frères Guillaume Ier et Nicolas Coustou. Daphné jette un regard effrayé et désolé vers Apollon qui s’élance vers sa proie.
Apollon et Daphné de Nicolas et
Guillaume Coustou dans la cour
Marly
MÉDIA DOSSIERS DU LOUVRE « EXPOSER UNE ŒUVRE AU MUSÉE » 22
LA FONTAINE DE DIANE
© Archives nationales
Le parc de Marly abritait de nombreuses divinités de la Nature, Diane et Bacchus, mais aussi Hercule, Mercure et Vénus, ainsi que tout un cortège champêtre de Nymphes, des bois, des eaux ou de la chasse. La figure de Diane est la première à avoir été commandée pour Marly. Œuvre du sculpteur Anselme Flamen en 1695, elle fut placée sur une fontaine dans une niche de charmilles. Son piédestal était un rocher de plomb doré d’où coulait l’eau. Au-dessus d’elle, se dressait la ramure d’un arbre taillé en parasol complexe formant une architecture de feuillage (et de charpente métallique).
Fontaine de Diane, aquarelle,
vers 1713, extrait d’un album
« Ancien Marly »
MÉDIA DOSSIERS DU LOUVRE « EXPOSER UNE ŒUVRE AU MUSÉE » 23
DIANE ET SES COMPAGNES
© 2011 Musée du Louvre / A. Mongodin
Après la mise en place de la statue de Diane, les Bâtiments du Roi entreprirent de faire sculpter pour le parc de Marly une série de figures des compagnes de Diane, les nymphes qui l’accompagnaient dans sa chasse. Quelques-unes prirent effectivement place dans le parc, d’autres furent achevées après la mort de Louis XIV et gagnèrent d’autres lieux. Le Louvre réunit sur la terrasse intermédiaire de la cour Marly Diane et trois de ses compagnes, celles d’Anselme Flamen, de René Frémin et de Simon Mazière, alors qu’au rez-de-chaussée a pris place la compagne de Diane de Poultier.
Ce regroupement ne doit rien à la présence au jardin des Tuileries de sculptures provenant de Marly, mais d’une politique d’acquisition récente : la compagne de Frémin avait été envoyée au parc de Versailles sous la Révolution et est entrée au Louvre en 1884 ; la Compagne de Flamen avait été disposés sur la façade de la Malmaison en 1800 et transmise au Louvre en 1877, mais déposée au château de Versailles en échange de celle de Flamen de 1884 à 1997 ; la compagne de Mazière a été acquise en 1950 et déposée aux Archives nationales de 1951 à 1993. Enfin la Compagne de Poultier a été déposée par la direction du Patrimoine en 2005, alors qu’elle avait été affectée à la ville de Bolbec en 1795.
La réunion dans le même espace permet d’apprécier une grande commande royale au moment où l’art se fait plus dynamique, léger et gracieux, par les artistes de la dernière génération du règne de Louis XIV qui annoncent le style de la Régence.
Diane d’Anselme Flamen et ses
compagnes dans la cour Marly