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Research Collection
Doctoral Thesis
Sur les déterminants récurrents et les singularités d'unefonction donnée par son développement de Taylor
Author(s): Edrei, Albert
Publication Date: 1939
Permanent Link: https://doi.org/10.3929/ethz-a-000104602
Rights / License: In Copyright - Non-Commercial Use Permitted
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ETH Library
SUR LES
DÉTERMINANTS RÉCURRENTS
ET LES SINGULARITÉS DUNE
FONCTION DONNÉE PAR SON
DÉVELOPPEMENT DE TAYLOR
THÈSE PRÉSENTÉE À L'ÉCOLE POLY*
TECHNIQUE FÉDÉRALE, ZURICH, POUR
L'OBTENTION DU GRADE DE DOCTEUR
ES SCIENCES MATHÉMATIQUES
PAR
ALBERT EDREI
RAPPORTEUR: M. LE PROF. G. POLYA
CORAPPORTEUR : M. LE PROF. M. PLANCHEREL
F. NOORDHOFF N.V. - GRONINGEN*BATAVIA
COMPOSITIO MATHEMATICA 7 (1939)
Sur les déterminants récurrents et les singularitésd'une fonction donnée par son développement
de Taylor
par
Albert Edrei
Zurich
TABLE DES MATIÈRES.
Introduction 1
Chap. I: Propriétés générales des déterminants récurrents; l'invariance-
limite 11
Chap. II: Sur les fonctions uniformes qui n'ont que des pôles et un
nombre fini de singularités essentielles 17
Chap. III: Les fractions continues du type de Grommer 31
rP q>{x)Chap. IV: Sur les fonctions du type /(z) = I — dx 44
J 2 — X
a
Chap. V: Les séries de la forme S 57
INTRODUCTION.
1. Nature des problèmes traités. Soit
une série entière, convergente pour quelque valeur finie de la
variable z. Considérons la fonction analytique /(z), définie par
le prolongement de l'élément (1). Supposons tout d'abord cette
fonction uniforme dans tout son domaine d'existence; dans ce
cas, l'ensemble E de ses points singuliers est parfaitement défini
et l'on sait que E est fermé et borné et que son complémentaireCE est connexe. Ces propriétés sont les seules dont E jouisse,en général.
Sur les déterminants récurrents d'une fonction. 2
Posons
(2) AP =
ak+n~l ak+n • • • ak+2n~2
et désignons par r(E), le diamètre transfini*) de l'ensemble E;M. Pôlya 2) a démontré l'inégalité
(3) ïïm" |^|,m)|"2 ^r(E).m—> ot>
On peut se proposer, connaissant certaines propriétés de la
suite
(4) a0, a1,..., aH, . . .,
de déduire certaines propriétés de l'ensemble E; c'est là un
aspect très général du célèbre problème de M. Hadamard. Le
résultat de M. Pôlya en fixe un aspect plus particulier: celui
auquel ce travail est consacré. Voici comment j'énoncerai ce
problème partiel: l'ensemble E étant caractérisé par un nombre,retrouver ce nombre dans les propriétés-limites de certaines
suites de déterminants formés avec les termes de (4).Nous n'avons envisagé, jusqu'à maintenant, que le cas où f(z)
est uniforme dans tout son domaine d'existence; l'inégalité (3)est d'une portée plus vaste et embrasse le cas des fonctions
multiformes. Pour présenter le résultat général de M. Pôlya,introduisons d'abord une
Définition. Nous dirons qu'un ensemble E*, de points du plande la variable complexe, jouit de la propriété (ty), par rapport
àf(z): s'il est fermé et borné, si son complémentaire CE* est connexe
et si la branche de f(z), coïncidant avec (1), pour des \z\ suffisam¬ment grands, est uniforme et holomorphe dans CE*.
Considérons la borne inférieure t des diamètres transfinis de tous
les ensembles jouissant de la propriété ($), par rapport à f(z);M. Pôlya a démontré l'inégalité
(5) ÏÏm \A{«> |»2 ^t.
J) La notion de diamètre transfini a été introduite par M. Fekete; elle est en
relation étroite avec d'autres notions importantes, par exemple, la notion de
capacité de la théorie des potentiels. Pour les définitions, voir: M. Fekete, tJber
die Verteilung der Wurzeln bei gewissen algebraischen Gleichungen mit ganz-
zahligen Koeffizienten [Math. Zeitschr. 17 (1923), 228—249].
a) G. Pôlya, t)ber gewisse notwendige Determinantenkriterien fur die Fort-
setzbarkeit einer Potenzreihe [Math. Annalen 99 (1928), 687—706].
3 Albert Edrei.
Si f(z) est uniforme dans tout son domaine d'existence, les
inégalités (3) et (5) sont équivalentes [il suffit d'observer que
r(E) est une fonction monotone de l'ensemble E, c'est à dire
que l'inclusion ECE* entraîne l'inégalité t(E) ^x(E*j\.M. Polya a tiré de (5) un grand nombre de conséquences
remarquables; en particulier, par application de cette inégalité,il a établi son théorème, aujourd'hui classique, sur les séries de
Taylor à coefficients entiers. Grâce à (5), il est également parvenu
à certaines conditions, nécessaires pour qu'une série soit pro-
longeable au delà de son cercle de convergence.
La -richesse du domaine d'application de (5) montre la portéede cette relation et me semble justifier l'étude de certaines des
questions qu'elle soulève. La plus importante, à mon sens, se
rattache à la possibilité de remplacer l'inégalité (5) par l'égalité 3)
(6) ïïm | ^ |"2 = r.
n—>co
Voici les circonstances qui incitent à supposer la validité
générale de cette relation:
Pour certaines fonctions, M. Polya est parvenu à calculer les
deux membres de (5). Ses exemples, très différents les uns des
autres, satisfont cependant tous à la relation (6). M. Pôlya a en
outre démontré que les deux membres de (5) varient de la même
manière 4) quand, dans f(z), on pratique la substitution
z | czm + b (c =£ 0; m 2g 1, entier);
on peut ainsi multiplier à l'infini les cas où l'égalité (6) est satis¬
faite.
M. Wilson, pour une classe particulière de fonctions, a préciséd'une façon intéressante l'inégalité de M. Pôlya: il a démontré 5) quesi/(z) est uniforme dans tout son domaine d'existence, et n'admet
pour singularités que des pôles et une seule singularité essentielle
3) M. Pôlya, à la page 689 du travail précédemment cité, pose non pas cette
question, mais une autre, de nature très voisine. Il demande si les conditions
qu'il a établies, nécessaires à la prolongeabilité de (1), sont également des condi¬
tions suffisantes. A la fin du § 32, nous répondrons à sa question.
*) Dans cet ordre d'idées, j'ai également obtenu un résultat; on le trouvera
dans une Note des Comptes rendus 203 (1936), 1488—1491. Les propositionsénoncées dans cette Note, et que je reprendrai dans le chapitre I de ce travail,
semblent fortifier l'hypothèse de la validité générale de (6).
*) R. Wilson, An extension of the Hadamard-Pôlya determinantal criteria
for uniform functions [Proceedings London Math. Soc. (2) 39 (1935), 363—371].
Sur les déterminants récurrents d'une fonction. 4
(qui peut être un point d'accumulation de pôles), d'ordre fini q,
on a
(7) Im \A^\nHoSn^e e.
Dans tous les exemples traités par M. Wilson, le cas d'égalité
1
(8) ïm | 4"> rlog m= e S
n—ï-x
s'est trouvé réalisé; aussi cet auteur a-t-il été naturellement
conduit à se demander si la relation (8) n'est pas générale.Mon cher maître, M. Pôlya, me suggéra l'idée de m'occuper
des problèmes posés par (6) et (8); c'est à son amicale instigation,à ses précieux conseils et à l'intérêt constant qu'il m'a témoigné,
que je dois d'avoir quelque peu élucidé ces questions. J'ajouterai
que, dans les deux derniers chapitres de ce travail, la contri¬
bution de M. Polya est plus importante que la mienne propre.
Qu'il me soit permis de lui présenter ici l'expression de ma pro¬
fonde gratitude.
2. Enoncé des principaux résultats. 6) Considérons l'élé¬
ment (1) et les deux suites de déterminants
(9) ,4<l>, A$\ . . .,4W
. . .,
(10) A, Af, . . ., A, . . ..
Supposons les termes de ces deux suites tous différents de zéro ')et observons que, dans ce cas, la connaissance de (9) et (10)est équivalente à la connaissance de (1) [§16, Proposition 3].Toutes les propriétés de f(z) doivent alors se manifester aussi
bien dans ces deux suites que dans la suite (4). Les résultats
de MM. Pôlya et Wilson suggèrent même une idée précise concer¬
nant la comparaison des indications données par (4) et (9):
Désignons par 0(n) une fonction positive, assujettie aux deux
conditions
(11) &(n)^n\
(12) lim&(n)
6) Quelques-uns des théorèmes suivants ont déjà été énoncés, sans démonstra
tion, dans une Note des Comptes rendus 207 (1938), 560—562.
') Nous ne ferons cette hypothèse restrictive dans aucun des énoncés suivants.
5 Albert Edrei.
et comparons1 n
A0 = ÏÏE | AP \0{n) et l0 = lïiH | aw I*'"'.«—> oo ti—> oo
Ce travail fera ressortir un certain parallélisme entre les
indications données par A$ et X$. On sait que, pour les 1$, les
choix les plus intéressants 8) de 0(n) sont: &(n) = n2 (Théorèmede Cauchy-Hadamard) et 0(n) — n2logn (Théorème sur la
détermination de l'ordre d'une fonction entière par les coeffi¬
cients de son développement de Taylor); An* et An*\0gn sont
également les plus intéressants des Aq,.On sait, que les modules des termes de la suite (4), et par
conséquent les A<p, sont dominés par l'influence des singularitéssituées sur le cercle de convergence de (1); nous verrons par
contre que les A{0n) et par conséquent les Aq,, échappent certaine¬
ment à cette influence particulière [§ 4, Propriété I]. Cette pro¬
priété, essentielle à mon sens, et qui à elle seule me semble jus¬tifier une étude approfondie des A&, se manifeste dans les énon¬
cés par une symétrie dans la contribution de chaque singularitéde f(z) [inégalité de M. Polya; Théorème III].Dans le premier chapitre de ce travail, nous établirons certaines
propriétés d'invariance des A$. Observons les deux membres de
(5) et de (7), il est aisé de voir que le second membre de chacune
de ces inégalités exprime des propriétés-limites de la suite des
coefficients de (1), c'est-à-dire qu'on ne saurait, en ajoutant un
polynôme en — à la série (1), ni altérer t, ni modifier l'ordre
d'une singularité essentielle de/(z). En est-il bien ainsi du premiermembre de (5) ou (7)? Pour In 2: v + 2, le coefficient av apparaîtdans un grand nombre de termes du développement de A{0n\ la
8) La classification des fonctions entières d'ordre nul, conduit à la considération
n2log nde fonctions 0(n) telles que lim = 0. Dans une étude de ce genre, le choix
m^oo <P(»)de la fonction <P est délimité par la remarque générale suivante: Soient
1° als a2, . . ., a„, . . . une suite à termes positifs ou nuls,
0{n)2° 0(n) et W(n), deux fonctions positives de n telles que: lim = 0.
1 1 1
Si 0 < lïîn a*(m) < + oo on conclut: îîm a.^n) = 1. Si lim a^'' = 0, on peutn n n
c
»—>-<» n—>-oo m—> oo
1
seulement affirmer que: lim a' ES 1. Ce n'est que dans ce dernier cas qu'il
n—>x
y a intérêt à introduire ï'(n).
Sur les déterminants récurrents d'une fonction. 6
chose n'est donc nullement évidente. Nous démontrerons
d'abord le
Théorème I. Considérons la série
+ <*>
(13) S an z-"-1 — g(z) (ap # 0; p entier positif, négatif ou nul)
convergente pour quelque valeur finie de la variable z. Posons
0 = av-\ = ap-2 =' ' • = av-n = • •
•,
et
î
Si la fonction positive &(n) est assujettie aux conditions (11)et (12), tous les rk sont égaux (k = 0, ± 1, ± 2, ...).De ce théorème résulte immédiatement, non seulement l'in¬
variance des A@ „vis-à-vis des transformations qui consistent à
ajouter à la série un polynôme quelconque 9)", mais une invariance
plus générale que nous formulons sous forme de
Théorème II. Considérons la série (13) et la série
X(z) + Y(z)g(z) n=qnLes fonctions V(z), W(z), X(z) et Y(z) désignent quatre poly¬
nômes tels que
(14) VY - XW # 0
et
(15) X + Yg =É 0.
Si la fonction positive 0(n) est assujettie aux conditions (11)et (12), et si par C^ nous désignons le déterminant obtenu en
substituant, dans A^\ les cv aux av, on a
_JL_ i
ïïïn" | C<"> f{n) = ïmT | A fM .
Le deuxième chapitre de ce travail constitue une contribution à
l'éclaircissement du problème suivant: On sait, d'une fonction f(z),qu'elle est uniforme et qu'elle n'admet pour singularités que des
') Ce sont les propres termes de M. Hadamard, qui avait jugé souhaitable que
l'on trouvât des expressions présentant ce caractère d'invariance. Voir: J. Hada¬
mard, La série de Taylor et son prolongement analytique [Paris, 1901], p. 100.
7 Albert Edrei.
pôles (en nombre fini ou infini) et un nombre fini de singularitésessentielles (isolées ou points d'accumulation de pôles) d'ordres
finis. Quelles affirmations peut-on faire alors sur les coefficientsde son développement de TaylorlNous énonçons notre résultat sous forme de
Théorème III. Soit (1) un élément de fonction uniforme dans
tout son domaine d'existence. Nous supposerons f(z) uniquement
pourvue de pôles et d'un nombre fini s de singularités essentielles
d'ordres finis (s 2: 1). Soient <xv a2, . . ., ag les affiœes des singu¬larités essentielles, et soient qv q2, . . ., qs leurs ordres respectifs.Sous ces hypothèses, on a
(16) lïm I 4n) \nHoën ^ eGi+e>+-+e»
n-
Pour s = 1, l'inégalité (16) se réduit à l'inégalité (7), de
M. Wilson. Toutefois les difficultés nouvelles, résultant de la
présence simultanée de plusieurs singularités essentielles de f(z),me paraissent interdire l'emploi des méthodes de démonstration
de M. Wilson. Nous verrons plus loin [Exemples relatifs au
Théorème III], que l'inégalité (16) est, dans un sens que nous
préciserons, „la meilleure possible".Dans le chapitre III, nous cherchons à tirer parti, pour l'éclair¬
cissement de notre sujet, de la théorie si riche des fractions con¬
tinues. On sait que l'on peut, d'une manière purement algébrique,faire correspondre à toute fraction continue 10) du type
(17) LJ LJ_ . . .
IL_l_ . . .
\z — h \z~h \z—h
une série entière du type (1). Il est naturel, pour nous, d'analyserde près cette correspondance car les déterminants A^ et A^
10 ) Dans tout ce travail, nous nous servirons, pour les fractions continues, de
la notation commode introduite par M. Pringsheim: nous écrirons
au lieu de
a, «., a„\
M>1 *2 \f>n
«1
a
b2+-
K-> + 4=
Sur les déterminants récurrents d'une fonction. 8
y jouent un rôle essentiel11). Nous parviendrons, en recherchant
la nature analytique des fonctions représentées par certaines
fractions continues du type (17), non seulement à mettre les
égalités (6) et (8) en défaut, mais encore à prouver que même
la connaissance complète de la suite (9) ne permet pas d'affirma¬
tions ayant la forme d'égalités relatives aux singularités de f(z)Nous énonçons notre résultat sous forme de
Théorème IV. Il existe des suites
a(D a(2) (n)
de nombres tous différents de zéro, telles que
x
lTm |aW|re21ogTC=0,
jouissant en outre de la propriété suivante:
Si par ©, nous désignons Vensemble de toutes les séries
z^
z*^ ^
a-+i+
telles que
A^ = ^ (n= l, 2, . . ., y, . . .),
il y a dans ©
1°. des séries partout divergentes,2°. des éléments de fonctions uniformes ayant un domaine de
méromorphie arbitraire,
3°. des éléments de fonctions ayant une seule singularité essen¬
tielle, d'affixe et d'ordre arbitraires.
Nous recherchons également, au chapitre III, dans quellesconditions une fraction continue du type (17) représente une
fonction uniforme, n'ayant que des pôles (en nombre fini ou
infini) et une seule singularité essentielle d'ordre donné. Voici
notre résultat
Théorème V. Soit <x un nombre complexe quelconque; si
—
1 ^— _I
ÏÏnT |Z„-a|Iogw5S ïïm" | A»*»"1 • • •&sB_1^r'logB = finT \knf°Sn = e <>
OÙ 0 ^ Q < + 00,
la fraction continue (17), représente une fonction uniforme, n'ad¬
mettant pour singularités que des pôles (en nombre fini ou infini)
") Voir, au § 15, les formules (3,7) et (3,13).
9 Albert Edrei.
et une seule singularité essentielle, dont Vaffixe est «. et Vordre
exactement égal à q.
Si (1) désigne le développement en série de cette fonction, on a
1
_i_
L'égalité (8) n'est pas vraie, en général; le Théorème V montre
cependant qu'elle est satisfaite pour une classe étendue de
fonctions.
En tenant compte des formules (3,7) et (3,13), on peut énoncer
le Théorème V sans l'aide des fractions continues; on obtiendra
ainsi un premier exemple de proposition qui, supposant certaines
propriétés de (9) et (10), permet une affirmation ayant la forme
d'une égalité relative aux singularités de f(z).Les résultats du chapitre IV sont résumés par le
Théorème VI. Considérons la fonction
(P cp(x)
z-<i8,
Mrfg-.*a
Nous supposerons la fonction réelle <p{x):1°. continue dans Vintervalle (a, /?);2°. pouvant changer de signe, un nombre fini de fois, dans cet
intervalle;3°. pouvant s'annuler sur un nombre fini d'intervalles et, en
outre, en un nombre fini de points isolés.
De Vintervalle fermé (a, /?), supprimons les points intérieurs
aux intervalles sur lesquels <p(x) = 0; désignons par E l'ensemble
fermé ainsi obtenu et par r son diamètre transfini.Dans ces conditions on a
j_
Ce théorème fournit l'exemple d'une classe étendue de fonctions
satisfaisant à l'égalité (6).Dans le cinquième et dernier chapitre de ce travail, nous
étudions les déterminants récurrents des fonctions représentablessous forme de séries de fractions simples:
(19) /(*) = Sv=
Cette étude nous conduira au
Tv
Sur les déterminants récurrents d'une fonction. 10
Théorème VII. Soit E, un ensemble fermé et borné de pointsdu plan de la variable complexe. Soit r son diamètre transfini,CE son complémentaire,que nous supposerons connexe.
Soit 6 un nombre réel, tel que
0 ^ d ^ 1.
Sous ces hypothèses, il existe une série (1), représentant une
fonction uniforme, holomorphe dans CE, admettant exactement CE
pour domaine d'existence et telle que
(20) lim | A[n) \n = 0t.n—>=o
L'inégalité (5) est donc, dans un sens qui ressort clairement
de notre énoncé, la „meilleure possible". On peut obtenir un résultat
analogue, relatif à l'inégalité (16); pour plus de simplicité, nous
nous contenterons de prouver par des exemples de caractère
général, que, quels que soient les ordres qv q2, . . ., qs apparais¬sant dans l'énoncé du Théorème III, l'inégalité (16) ne peut être
améliorée:
00
Exemples relatifs au Théorème III. Soit S cn une
série convergente, à termes tous positifs; posons
n=l
/(*; e) - S^n
iK= l
z -— n Q
f(«;;0)00
- s«n
71=1 S — n~
(21) f(z;e)=î—^— (Q>0),
(22)
Soient Qlt g2, . . ., qs, s nombres non négatifs, et soit (1) le dévelop¬
pement de la fonction
(23) £ f(z-2j; Qi).3=1
Cette fonction ne possède que des pôles et les s singularités essen¬
tielles d'affixes 2, 4, . . .,2s et d'ordres respectivement égaux à
Qv Qv • • • Qs-
1Pour cn = — (w=l> 2, . . ., v, . . .), on a
(24) lim [A^]n*l0Sn = eei+e.+ -+e..
11 Albert Edrei.
Pour cn = —- (n=\, 2,. . ., v, . . .), on a
1
(25) lim [A^]n'logn = 0.
3. Résumé des résultats de notre analyse. Tous les
théorèmes que nous venons d'énoncer peuvent se grouper autour
de la question générale suivante: connaissant les deux suites de
déterminants (9) et (10), que peut-on dire des singularités de la
fonction définie par Vélément (1)?
Voici, très brièvement formulées, les réponses que ce travail
apporte:1°. Si les termes des suites (9) et (10) sont tous différents
de zéro, la connaissance complète de ces deux suites est équiva¬lente à la connaissance de l'élément (1) [§ 16, Proposition 3].
2°. La connaissance de certaines propriétés-limites de la suite
(9) permet des affirmations ayant la forme d'inégalités relatives
aux singularités de f(z) [Inégalité (5); Théorème III].3°. Les propriétés-limites correspondantes, formées avec les
termes de (10), n'ajoutent aucun nouvel élément d'information
[Théorème I],4°. Même la connaissance complète de (9) ne permet pas
d'affirmations ayant la forme d'égalités relatives aux singularitésde f{z) [Théorème IV].
5°. Si l'on veut obtenir des affirmations ayant la forme
légalités relatives aux singularités de f(z), on doit
a) ou bien joindre à la connaissance de propriétés-limites,relativement simples, de (9), la connaissance de propriétés plus
complexes de (10), en particulier celle des rapports entre (9) et
(10) [Théorème V et annotation n)].
b) ou bien, supposant connues des propriétés-limites simplesde (9), restreindre suffisamment la classe des fonctions con¬
sidérées [Théorème VI].6°. Les inégalités énoncées précédemment sont, en général,
les meilleures possibles [Théorème VII; Exemples relatifs au
Théorème III].
CHAPITRE I
Propriétés générales des déterminants récurrents;
l'invariance-limite.
4. Propriétés algébriques des déterminants récurrents.
Considérons quelques transformations simples de la série (1) et
Sur les déterminants récurrents d'une fonction. 12
indiquons les transformations correspondantes subies par lesA^KDans nos formules, les symboles B]^\ C£\ D^\ ..., désigneront
les déterminants obtenus en remplaçant, dans A^\ les a par
des b, c, d, . . ..
I. Soit /? un nombre complexe quelconque. Si
+ ••• + :—^ + -',==/(z)
désigne le développement de centre fi, de f(z), on a
(M) BJB) = <>•
II. Si
z z2 zn+1
oit y désigne un nombre complexe, différent de zéro, on a
(1,2) C<»> = y-»M<»>.
III. tft
> ~2
'
l -,«4-1'
Z
'
Z2
'
Z-+1 Z—jî —/(z)'
où |8 désigne un nombre complexe quelconque, on a
(1,3) I>i1> = l; I>iB+1) = A[n) (n^l).
IV. Considérons la série (13) d posons
n=-(p+2)ëlz'
on a alors,
(m) £<_»£« =(-iri^2 (»^d-
V. Si
z
~
z2
~ ~
z»*1^ ^v '
où m désigne un entier, au moins égal à un, on a.
fff£B) = 0, si n#0 (modm);(1'5)
[Hp* = ± {A}"1 (v = l, 2, 3, . . .).
13 Albert Edrei.
Les propriétés I, II et V ont été démontrées par M. Polya 12);III est une conséquence immédiate de la théorie des fractions
continues du type (17); il en est d'ailleurs de même de I. Nous
démontrerons I et III au § 17. Dans l'annotation 18), nous donne¬
rons une seconde démonstration de I. Voici maintenant, comment
on peut déduire IV de III:
z z'apz + ap+1 + ^ + "-f + • • • = g(z) z»+\
g(z)z^z + -?—
— + ^ +
,6) \- • • - -\ \- • • • =.'
z z2'
Z-+1 g(z)z
En vertu de III,
(1,7) /0 = /tt) = l; jln+V = t±f.AMt (n^l),
et de (1,6)
!^zp+i + h. zp+2 _| = +f enz~n-1 = —.
a» aP n—(J.+2) ^Z)
Finalement.
(\ a\ r(n+l) _fl»+lr(ii+l) .
(1,4) s'obtient par combinaison de (1,7) et (1,8).
5. Démonstration du Théorème I. Nous établirons tout
d'abord une inégalité que nous formulons sous forme de
Lemme 1. Soit (13) une série convergente pour \ z \ > R.
Posons
0 = ap-i = aP-2 =• • • = ap_v = • • •;
M == max | g(z) | (e > 0).\z\=R+e
On a alors
(1,9) \A^\^n\Mn(R+e)kn(R+e)n\
quel que soit Ventier k (positif, négatif ou nul).Par (v1} v2, .. ,,vn) nous désignons une permutation quelconque
12 ) G. Pôlya, Beitrag zur Verallgemeinerung des Verzerrungssatzes auf mehr-
fach zusammenhângende Gebiete [Sitzungsberichte Akad. Berlin 1929, 55—62].
Sur les déterminants récurrents d'une fonction. 14
des nombres (1, 2, . . ., n); le terme général du développement de
Akn) est alors
i ak-i+l+V1 ak-2 +2+v2• • • ak-2 +n+ vn'
De l'inégalité
I o, i ^ M(i?+er+i,
il résulte que le module de ce terme général est au plus égal à
kn,Mn(R+e)Kn(R+e)n .
c.q.f.d.
Le Théorème I est obtenu par combinaison des deux propriétéssuivantes des rk:
(ât) II existe un nombre P, indépendant de k, tel que
rk^P (k=0, ±1, ±2, . . .).
(23) i^ViVi (k=0, ±1, ±2,. . .).
La chaîne d'inégalités (35) permet d'affirmer que les xk sont:
ou tous nuls ou tous différents de zéro. Dans le premier cas,
tout se trouve démontré. Dans le second cas, mettons (93) sous
la forme
(MO) log tk ^ .
Considérons (dans le plan de la variable complexe) la lignepolygonale de sommets k + i log rk. La propriété (91) exprime
que cette ligne est bornée supérieurement. De (1,10), il résulte
qu'elle est convexe, et que sa convexité est tournée vers le bas.
Les deux propriétés ne sont compatibles que si la ligne polygonalese réduit à une droite, parallèle à l'axe réel. Tous les rk sont
alors égaux.Démonstration de (31). Mettons l'inégalité (1,9) sous la
forme
1 n2 riog n + log M+klog (R+e) ~1 n2
| A{n) |<P(n) ^ e0^l n J e0^log{R+E>'
gardons k fixe, tenons compte de l'hypothèse (11), et passons
à la limite n-> + oo. Il vient:
rfc ^ P = max [1, R+e].
15 Albert Edrei.
Démonstration de (85). Posons
rk + ô = Tk > 0 (ô>0).
La formule connue
( Ain)\2 Ain) A M A(n+1) Ain-1)
fournit, pour n suffisamment grand, l'inégalité
(1,11) | a? i2 < t£ï t?{? + Tfir1» Tf+rx)0(n+l) 0{n-l)
t +p
fcrr :/—r
Nous poserons encore
y4>(n) T&(n) \-ij_\t ^(n> T ^(m) fJ
fc-iJfc+i L1 ~r 1/ fc-i
Jft+i J
&{n+l) 0{n-l)
(1,12) i+«. = r3ir"1r^r"1.De cette définition de sn et de l'hypothèse (12), on déduit
(1,13) limen = 0.
n—> co
Reprenons (1,11) et (1,12); il vient
Kn) |2<« 7f^[l +(l+|£n|)^>] ^ 22ft> Iftïîl+ H)*'-»,2 1
|4<,»)|*'-'^2*,->rlt.1rw(i+|e)l|).
Gardons <5 fixe et passons à la limite n —>- + oo. En tenant
compte de (11) et (1,13),
*u = -* fc-i ^fc+i-
Nous obtiendrons (93) par le passage à la limite (5->0.
6. Les corollaires du Théorème I; démonstration du
Théorème IL Posons
î
EE | A\*{n) = A0(k)n—>oo
nous venons de voir que ylçp(A;) est indépendant de k. Nous allons
maintenant effectuer certaines opération sur la série (13); ces
opérations transformeront (13) en une série
+ »
S un 2_n_1 (q entier quelconque).
Sur les déterminants récurrents d'une fonction. 16
Si ces opérations sont telles que
1 1
ïhn"| U^fin) = ïïrn" | AM f{n\
nous dirons simplement: qu'elles n'altèrent pas A$.On n'altère pas Aq>1°. En ajoutant à (13) une expression de la forme
—t i* ' ' H—zr-
Z Z2 Zm
En effet, cette opération ne laisse aucune trace sur A^.2°. En ajoutant à (13) une expression de la forme
(U4) ^+_A_2+...+ 0~
z-p (z-pf (z-P)m
Far une translation, nous amènerons (13) à la forme
(1,15) "S 6n(»-/î)-B-1.n = p
La présence de puissances non négatives de 2 et z — /?, dans
(13) et (1,15), n'altère visiblement pas les déterminants A^ et
Bpn); la relation (1,1) subsiste donc également pour des séries
du type (13), où p < 0: dans tous les cas, A<j> n'est pas altéré
par une translation. En vertu de 1°, on n'altère pas A$en ajoutant
(1,14) à (1,15). Grâce à (1,1), on reviendra à une série procédantsuivant les puissances de z.
3°. En ajoutant à (13) une fonction rationnelle quelconque.Toute fonction rationnelle peut se mettre sous la forme
*.(*) + Pr (é-p) +P^) + --' + P°{^j) •
où P0(t), P^t), . . ., Ps(t) sont des polynômes en t. Il suffira
d'appliquer 2°, s fois.
4°. En multipliant (13) par une constante c^O.
Cette multiplication fait passer de A^ à cnA{0n). Il suffit de
tenir compte de l'hypothèse (11).5°. En multipliant (13) par z.
Cette opération fait passer de A^n) à A^; elle ne saurait donc
altérer Aq.6°. En multipliant (13) par (z—/?).Nous franchissons, entre 5° et 6°, le même pas qu'entre 1° et 2°.
17 Albert Edrei.
7°. En multipliant (13) par un polynôme quelconque (non
identiquement nul).Il suffit d'appliquer 4° et 6°, un certain nombre de fois.
8°. En divisant (13) par un polynôme quelconque P(z) (nonidentiquement nul).
On applique 7°, à ^.9°. En multipliant (13) par une fonction rationnelle quelconque
(non identiquement nulle).On combine 7° et 8°.
10°. En passant de la fonction g(z) à la fonction —.
On met (1,4) sous la forme
I r-(«+D \®{n+l)_
!I A(n) |#(n) &(n+l)
I ^-(p+2) I—
2w+ l I /1P + 2 I
I n |<P(»+DI P I
On passe à la limite n -> oo, en tenant compte, à nouveau, de
(11) et (12). On applique ensuite le Théorème I. Toutes ces
propositions sont résumées par le Théorème II. Si Y(z) = 0, le
Théorème II est contenu dans 3° et 9°. Dans le cas Y(z) =£ 0,
V+Wgon mettra — sous la forme
X+Yg
W (VY— XW)Y~1
y x + Yg.
On tiendra compte de (14) et (15) et on appliquera 3°, 9°
et 10°.
CHAPITRE II.
Sur les fonctions uniformes qui n'ont que des pôles et
un nombre fini de singularités essentielles.
7. Remarques préliminaires. Soit (1) un élément de
fonction analytique, convergent pour | z | > R. Nous supposerons
f(z), uniforme dans tout son domaine d'existence, et uniquement
pourvue des singularités suivantes:
1°. de pôles2°. de s singularités non polaires, d'affixes ax, oc2, . . ., as
Ces singularités non polaires sont donc, soit des points d'ac¬
cumulation de pôles, soit des singularités essentielles isolées. D'un
Sur les déterminants récurrents d'une fonction. 18
théorème de WeierstraB, on déduit la possibilité de mettre f(z)sous la forme
ou A(0» A(t)> • • •> /s(0 désignent des fonctions méromorphes.Nous allons étudier les propriétés asymptotiques des A^ dans
le cas où les fonctions f^t), f2{t), . . ., fs(t) sont d'ordres finis, 13)égaux respectivement à çlt ç>2> • • •> Qs- Remarquons que les
nombres g ne dépendent pas de la décomposition particulièrede f(z), en produit: dans toute autre décomposition
l'ordre de gj(t) sera égal à q}. Nous dirons, avec M. Maillet14),
que la fonction quasi méromorphe f(z) est d'ordres g1} g2> • • •> Qs-
Indiquons deux propriétés des fonctions quasi méromorphesdont nous ferons usage:
1°. Soient V(z), W(z), X(z) et Y(z), quatre polynômes tels
que VY-XW^èO. Les fonctions /(a) et g(z) = Ç~^j ont
alors les mêmes singularités essentielles, pourvues des mêmes
ordres 15).2°. Du théorème de M. Picard, on déduit immédiatement la
possibilité de trouver un nombre /S, tel que toutes les singularités
essentielles de la fonction quasi méromorphe -^ -a soient des
points d'accumulation de pôles. On peut même affirmer qu'il y
a au plus 2s valeurs de /S pour lesquelles ce fait ne se produit pas16).En ce qui concerne les propriétés-limites des A^\ il résulte
du Théorème II, que la fonction-est équivalente à la
fonction f(z). Nous pouvons donc, sans restreindre la généralité,
13) Pour la définition de l'ordre d'une fonction méromorphe, voir: E. Borel,
Leçons sur les fonctions méromorphes [Paris, 1903], 61 et 62; H. Nevanlinna,
Le théorème de Picard-Borel et la théorie des fonctions méromorphes [Paris,
1929], 30.
14 ) E. Maillet, Sur les fonctions entières et quasi entières [Journal de math.,
(5) 8 (1902), 329—386].16 ) On démontrerait cette proposition en suivant une méthode analogue à
celle donnée à la page 62 du livre cité de E. Borel.
") Il serait intéressant de savoir si, pour s > 1, il peut effectivement y avoir
2s „valeurs exceptionnelles".
19 Albert Edrei.
supposer que les s singularités essentielles de f(z) sont toutes des
points d'accumulation de pôles.Soit 6y un cercle de centre a3- et de rayon A. Nous prendrons
A suffisamment petit pour que les cercles (S1( ©2, . . ., (£g soient
extérieurs les uns aux autres. Désignons les pôles de f(z), situés
à l'intérieur de g}., par
ziv zj2> • • •> zjh • • •'
les pôles multiples sont répétés autant de fois que l'indique leur
degré de multiplicité.Posons
Z* = Xj + 'h;nous supposerons la suite des z^ ordonnée de manière que
\tn\<L\ti2\^...<\tjl\<L.-:
Soit IIj(t), le produit canonique admettant les zéros
tji, tj2> • • •> tft, ....
Nous pouvons mettre f(z) sous la forme
^ M^) h-L~)/M = *(*)
<-h) "^ <~)'où R(z) désigne une fonction rationnelle; h^i), h2(t), . . ., hs(t)désignent des fonctions entières d'ordres respectivement égauxà Q\, {?'2> • • -, q's; nt(t), /7a(<), . . ., IJa(t) désignent des produitscanoniques d'ordres respectivement égaux à q'Î, q'2', . . ., g's'. Par
définition de l'ordre,
Qj = max {q], q'!} (/=1, 2,. . ., s).
Nous allons maintenant démontrer le Théorème III. En vertu
des remarques précédentes et du Théorème II, il nous suffira
d'établir l'inégalité (16) pour une fonction de la forme
U_J_) hl_L\ Af(_J_)
(2,1) f(z){Z-«J [Z~J ls-J
*ty <-±j n^)où chaque produit canonique est composé d'une infinité de
facteurs. Nous obtiendrons le résultat annoncé par l'estimation
d'une certaine intégrale multiple représentant A^\
Sur les déterminants récurrents d'une fonction. 20
8. Expression de A^ par une intégrale multiple;structure de la démonstration. Soit Pun contour d'intégrationformé par le système des s circonférences de (5^, (£2, . . ., (£s.Considérons le déterminant
.4,w) = —I J7(C)C'-1+/C-W I ;
(2W) '
j, >i, fc = l, 2, ...,n
en ajoutant, à chaque ligne de ce déterminant, une combinaison
linéaire des lignes précédentes, on pourra le mettre sous
la forme
A^ = ^-\ f/(C)P,(0dC, J7(C)P,(C)CrfC,..., {fflPt(Ç)Ç«-idC(2m) f p p
où
Px(0 = 1; P,(Ç) s C'-1 + • • • pour Z ^ 2,
les Z — 1 racines de Pj(£) étant absolument quelconques. En
modifiant la notation de la variable d'intégration et des contours
d'intégration:
A^=-^\jf(Cl)Pl(Ci)dcJf(Cl)Pi(Ci):ldCl,...,jf(Cl)Pl(ClKr1dCl
Nous supposerons P, formé par les circonférences de s cercles
Ê1(i), (S2(J), • • •! ©s(')- Ces cercles seront respectivement intérieurs
à Ej, ©2, . . ., ©s, et tels que /(C)P,(f ) soit holomorphe en tout
point C ^ oo> situé dans le domaine extérieur aux (£(Z) ou sur
la circonférence d'un de ceux-ci; l = 1, 2, . . ., A, . . ..Sous ces
hypothèses, le terme général du développement de (2jn)n^4{,n>sera:
± j m)p1(c1)cï^1 • J7(c2)p2(c2)^ca • • • J/(ç„)p„(fn)^-dCnP, A p,
=J J... jmmb) -/(ca)p2(c2) •••/(cjpn(cj{±^c2fc—^"K1dc2- • •#„.
-rtr2 r„
En sommant tous ces termes, nous obtiendrons la formule
(2,2) ^^»=7^;JJ...J/(C1)P1(e1)-/(C2)P2(C2)-/(CJP„(C„)F(C1,C2,...,CJ^1dC2...d^
On a posé
21 Albert Edrei.
(2,3) V(tv C2, • • ., Cn)
>t, d . • C1
!£. f! • • C1
u. £2„ • - C1
Voici maintenant la marche générale de notre démonstration:
Nous concentrerons, dans un lemme (Lemme 2), tout ce dont
nous aurons besoin de la notion ,,d'ordre d'une fonction méro-
morphe". Puis, nous rangerons les pôles de f(z) dans une suite
unique; l'influence des différentes singularités essentielles sera
dosée par la fréquence d'apparition des pôles voisins d'un même
point-limite (Lemme 3). Nous choisirons les contours d'intégra¬tion (Lemme 4) et nous estimerons sur ces contours: la fonction
f(z), multipliée par une fonction rationnelle convenable (Lemme 5),et le déterminant de Vandermonde (Lemmes 6 et 7).
9. Sur l'ordre d'une fonction méromorphe. Désignons
par E(u, p) le facteur primaire de genre p et considérons le
produit canonique
(2.4) n(t) = ÛE(-^-,p),où nous supposerons
o<\h\£\h\^---^\h\<---'
Lemme 2. Soient
h(t) une fonction entière d'ordre q';
IJ(t) le produit canonique (2, 4), d'ordre q";
ç>(0), <p(l ),..., <p{l), • une suite de nombres entiers, non
bornés, tels que:
(2.5) <p(l-l) < l,
(2,6)la
iœu-i) I > 4r, = 4— dès que l~2toi et q>(l—l) ^ 1,
où a—
q + s, q = max (q', q"); A et e désignent des nombres
positifs et o) une certaine borne finie.Posons encore
Sur les déterminants récurrents d'une fonction. 22
¥l(f) s (1-1) (1-1)...(l-^) pour ^»d9(/-l)^l.
Sous ces hypothèses, il existe un nombre positif B, tel que
fS eBl dès que l ^.œ et <p(l—l) ïï 1.max
i'Iîïr,l>>
Nous établirons ce lemme en nous appuyant sur les estimations
classiques de la théorie des fonctions entières; on pourrait égale¬ment le déduire de la théorie des fonctions méromorphes de
M. R. Nevanlinna17). Nous supposerons constamment l ^ o>
et <p(l—l) ^ 1.
L'holomorphie de t^tt^MO, pour \t\ ^rt, résulte de l'hypo¬
thèse (2,6). Faisons \t\ —rl dans
(2,7) log*(')
27(0%{t) ^\og\h{t)\+ S 1 +1 -f
1
•+7+ 00
+ sA=ç>tf-i)+i
log 1 £ (}, P)Dans la suite de la démonstration, les majuscules C, D, G, H,
I, J, K désigneront des nombres positifs, indépendants de L
Estimons le second terme du second membre de (2,7)
<p(l-D Aâç>U-i)
2{ }=£{}+£{ },
|^|S4r, l<AlS4r,
t \v
Crf S 1^1-1.
De a — p > 0, de (2,6) et de la convergence de S —ô>A=i l'ai
tire
on
(2,8)
De l'hypothèse (2,5), il résulte
(2,9)
+ <*> i
2 { }^Crf(4rir*S—= Z)Z.
l<AlS4r, A= l I fAl
S { }^Gl.
On sait que
| log \E(u, p)\\ ^ 2 | m \p+1 dès que | u \ <-£•
17 ) Voir18) le livre cité de R. Nevanlinna.
23 Albert Edrei.
On en déduit
(2,10) +fA=<ptf-i)+i
iog\E(~ p) ^2 S
g" est l'exposant de convergence de la suite
'l> Ï2> • • •> u» • • ••
Si q" < p + 1, on choisira un nombre positif ô, inférieur à e
et tel que q" + à < p + 1.
De (2,6), on tire alors
p+i
(2,H) 2 Sl«il>4r,l'A
3> + l i e"+t
= 2rf+1^|>4r,l'il l'A
e"+iî
^ 2rf+1(4ri)e"+â"P"1 SA-i \h
,Q"+Ô
Si g" = p + 1, on sait que Sl<;.
e"+<5
ffrf"+ô
=/ l"ë+S"
converge, d'où
II.
(2,12) 2 S ^ 2rf'
S — Jls+e<Jl.
Enfin, il existe une constante K, telle que l'on ait constamment
(2,13) log | h(t) | < Kl pour \t\ =r,.
Nous obtiendrons le résultat annoncé, par combinaison des
relations (2,7), (2,13), (2,8), (2,9), (2,10) et (2,11) ou (2,12).
10. Distribution des pôles de f(z), dans une suite unique.Considérons le tableau
(Z)
ZU> Z12'
%L> ^22>
2iA>
Z2A'
(*l)
zsV 2s2> • • •» ZsA> • • • (zs>-
Ordonnons les éléments de (Z) dans une suite unique
zi> 22 » • • •' ZA' ' " ' (3 /
en imposant les deux conditions suivantes
I. La suite (z*) est formée des mêmes éléments que le tableau
(Z); chaque élément de (Z) apparaît une, et une seule, fois dans (z*).II. L'ordre des termes de chacune des suites du tableau (Z) est
conservé dans la suite (z*). En d'autres termes, si
Zjk = Zfc*, Zji = Z[* et te <C l»
on a k* < l*.
Sur les déterminants récurrents d'une fonction. 24
Désignons par <Pj(l), le nombre d'éléments de (z3) apparaissant
parmi les l premiers éléments de (z*). Il résulte de nos définitions
<PiV) + <P*V) + + <ps(l) = L
Posons
°i = Qj + e> e > ° (/=!> 2, . . ., s).
Nous admettrons sans démonstration le
Lemme 3. On peut choisir la suite (s*) de manière que
hm =— =——— — (7=1, 2, ..., s).;_>.oo
' ffi + ffa + • • + ffs
11. Choix des contours d'intégration; étude de /(z) sur
ces contours. Nous définirons au préalable quelques fonctions,
importantes dans la suite de notre démonstration: les polynômes
(2.14) P^z) =. 1; P,(z) =. (*_**)(*_**). . . (z-zf.J pour l ^ 2;
(2.15) &(*)=!; ÇJ(2)^(«-«1)^-1>(«_aï)^'-1> •. .(z-^1^pour J ^ 2;
(2.16) «P„(0 = 1 Pour «^(7-1) = 0;
?Py|(t) = (l--î-)(l--i) ...(l-_L_) pour ç>,(l-l)=l
(/=1, 2, . . ., s);
et les fonction rationnelles
*M-fâ. ia..
On a
2?,(2) = n?pil (-!-),et en vertu de (2,1)
(2,17) f(z)R,(z) = À ';,•' ?„ (-M'=1 ^l~)
Les * séries
S (7=1,2,...,*)
sont convergentes, à termes positifs et décroissants. On sait que,
25 Albert Edrei.
dans ces conditions,
lim A —0/
(7 = 1, 2, . . ., s).
Posons
1 . f ffj <t2-—min{
, , . . ..
2 Iffj + CTaH Ha, CTi+OaH +a,
Pour des Z suffisamment grands,
1 ^yl<Vi(l-l),
1
<7i+ff»H ha,;}= y>0.
Vj(l-1)t*
a, *Oj
^y— (7=1,2,...,*).4CT>
'i.'Pjd-l)
Il existe donc un nombre x, positif et entier, tel que
2_
(2,18) 9i(l-l)^l et |* |>4— dès quel^x
(7=1, 2, ..., s).
Soient
(2,19)
f <£*(*), <5*(Z),. . ., <£,*(*),les cercles dont les centres sont respectivement
et les rayons
4 4 4
l°2
et soit A*> le système des * circonférences de Ë*(Z), ©*(Z), • • •>®*W«
Choisissons les contours d'intégration de (2,2); nous prendrons
(2,20) r, = r* pour l= m; A = A A-i = ^
Ce choix est possible en vertu du
Lemme 4. QweZ gw sozi rentier l, la fonction f(z)Rl(z) est
holomorphe dans le domaine non borné, limité par la frontière A>ainsi que sur cette frontière.Pour le voir, il suffit de confronter les définitions (2,16), (2,17)
et (2,20) et les inégalités (2,18).Passons maintenant à l'estimation de f(z)Rt(z) sur Tv De
(2,17), nous tirons, pour l l2i x
Sur les déterminants récurrents d'une fonction. 26
log\f(z)Rl(z)\ = S log3=1
< S max,
3=1 18-^1= —
r>
= S max | log3=1 — l
log
*ï(—)
J\z— a,/
*ï(—)
•'\2 — a.,/
%(t)
En vertu de (2,18), nous sommes dans les conditions d'appli¬cation du Lerame 2.
Il existe donc s nombres positifs Bv B2, . . ., Bs, tels que
max {log |/(*)/?,(«) |} ^ (^+52+ • • • +Bs)l dès que l ^ *.
a sur J",
Lemme 5. Il existe un nombre positif L, tel que
max \f(z)Rl(z) | <ï eu dès gue Z 2; x.
a sur T^j
12. Estimation de F(Çj, Ç2,..., Çn) sur les contours
d'intégration. Cette estimation fait l'objet du Lemme 7; nous
établirons au préalable une inégalité que nous formulons sous
forme de
Lemme 6. Soient
nx, n2, . . ., n„ fi nombres entiers,
Yi, 72) • • •> Vu, P nombres positifs,
satisfaisant aux conditions
I. nv ^ 2 (v=l, 2, . . ., (t);
IL nj_ + n2 + \-nft = n.
Sous ces hypothèses
ni log nt n2 log n2
yi 7i+ + >.
"yi+y2H i-jv(log« — log/*).
La fonction réelle r/ = «Vlog x tourne sa convexité vers le
bas, dès que x > Ve. D'une propriété connue des fonctions
convexes, il résulte, en vertu de I,
27 Sur les déterminants récurrents d'une fonction.
», + »»,+ ... +»/.l/i /"i + "»H hn^,\ n. Vog n1+n!îv'lognlH +n^VIo8n/
et de l'hypothèse II
»1 log »! »2 lOg Jlj
raVlog n — log /* < -=— V^ H -=— Vy2 +Vyi vn
En appliquant l'inégalité de Cauchy, il vient
n2(log n—log/<) <L- /l
«,. log »„~],
+ ...+^i_AjiJ(yi+y2+...+7/<).Lemme 7. Considérons une répartition des variables Ç, sur
les contours d'intégration r, telle que:
Ci sur rc (1=1, 2, . . ., n),
quelconque par ailleurs. Pour n ->- + oo, on a
n2 log n
| V(Çlt C» . . ., Cn)\ ^ e°(B,,e »<"x+«',+-+«'.).
Désignons par f^, Cjz, • -, Cjnj les n^ variables voisines de oc^
(2,2i) | v(cv t2,..., cj | = n |£A-f„|0<A<»>Sm
«(«-!)s
=g m* n| v(çn, c,2,..., c, ) |
i=i
où M = max {l, max | ^ — £„ |}.A,»>
Mettons C^ sous la forme
SjA = «* + fytf
nous pouvons supposer
d'où
(2,22) | vu» cj2,..., ttj i ^ 12^ r11 ai,,, p-2... 12Viinj \n<-n>.
On sait que
| ^ I ^ ^ Pour ^=1> 2> • • •> »—!; I % I = —r Pour A ^ *•
Albert Edrei. 28
L'inégalité (2,22) devient
/1»j-i2"r*2 • • -nnrni)a'
Pour w -> + oo,
(2.23) | V(Cn, C,-2, • • -, bn,) | ^ e°(»2'V +-*-.
W)a>
En combinant (2,21) et (2,23), nous obtenons
(2.24) | V(tlt U, -, U | ^ c0'"2» Û (1^2 • • • ny»*)ff'(»yîf "'•
3 = 1
Soient «,-,»•,..., n,- ceux des nombres «• supérieurs à 1.
On a manifestement
n,- + n,- + • • • + m,- > n — s.
Mettons (2,24) sous la forme
| V(ZV f8,..., fB) | <S e°<»2> fi (1*. 2* • • • <- )"<- (n,,!)_5£ ;
j)=i
en tenant compte des inégalités
— <— et 1*22 • • -nn <n1 + 2 + •••+»,w! n"
il vient
/*
fn,
(n-
+1)
n) ] un)
7>, <V v-i|ffy„
n
(n, (n*+1)
n? 1 » n2
\og\V(Ç1,Ç2,...,U\^0(n>)+ï \±-± Jr hog„ +s -^,
f n2 log n.-
log | V(CV C2, . . ., fJ | ^ 0(n2) - S3"
v=i 2a^
En appliquant le Lemme 6,
(n—s) [log(n—s) —log/x]log I V(Çlt Ç2, . . ., CJ| ^ 0(«2)
log | V(CVC2, . . ., f.) ^ 0(n2) -n2 log n
2{oi+o»+ \-o.)
29 Albert Edrei.
13. Démonstration du Théorème III. Mettons la formule
(2,2) sous la forme
n ç,(oLl=l
F(&, C...,£„)#id£8 •••#„.
Soit N la longueur du plus grand des contours d'intégration,de (2,25) on tire
>|^{nmax|/(C)i?,(C)|(2jr) U=lfsur.T(
n -1
n max 10,0 | max | 7(CX, C2, . . ., CJ |.2=1 £ sur r. J
Appliquons le Lemme 5 à l'estimation de max |/(C)i?j(C)|, et
£surr,
le Lemme 7 à l'estimation de max | V(ÇV C2> . . ., f„)|; il vient
m2 log n
n max 10,(01•/=* £sur.T,
(2,26) |i4jft' | ^e0(M2)e «ff1+ff,+ -+^
Pour l ^ x, C; est sur JP,*, donc sur l'un des cercles ©*(/),Ë*(?), . . ., ©*(/); soit K* (?) le cercle sur lequel le maximum
de | Qi(C) | est atteint. L'expression | Ç/(C) | contient le facteur
<pmi(i—i)
I *.iPm.C—!) j'Pm.i1—'1), aml
I C-
«m, 1' = -4 ' *
Le degré de Ç;(C) est égal à (l—1); il existe donc un nombre
positif S, indépendant de l, tel que
(2,27) max|Q,(Ç)| ^S"!fsurPj
On a posé
?v(z-i)„
"»", _ 5«-i i *ax+aï+---+a,
l
c'est-à-dire
'
°i + <y2 + \~ aspour l ^ x,
(ï-1) ï -1
Z
K+CT2+ h<7s)
Sous cette dernière forme, on voit que, en vertu du Lemme 3,
lim 0=1.
Sur les déterminants récurrents d'une fonction. 30
Posons encore
61 = 02 = • • • = ft^ = 0;
en combinant (2,26) et (2,27), et en prenant les logarithmes
log | 4*> | <£ 0(»«)nU°gn
2((r1+<r2+... +or.)
0! 1 log 1 + 02 2 log 2 + .. . + 0„ « log n 1 log 1 + 2 log 2 + • •. + » log n
1 log 1 + 2 log 2 + •. • + n log n d + cr2 + • • • + a,
Divisons les deux membres par n2 log n et passons à la limite
n -* + oo, il vient
lim iog\A(Qn) |w2Iog n <Oi + 02 + +Os
Un second passage à la limite, e—^0, nous donnera l'inégalité(16).
14. Sur des simplifications notables de la démonstration
dans certains cas particuliers. Notre démonstration se
simplifie considérablement dans deux cas particuliers importants.Ie. Si f(z) ne possède qu'une seule singularité essentielle. (Cas
des fonctions méromorphes.) Les Lemmes 3, 5 et 6 deviennent
sans objet. Dans le Lemme 2, on prendra <p(l) = l; énoncés et
démonstrations des Lemmes 4 et 7 se simplifient considérablement.
2°. S'il existe une valeur /?, finie ou infinie, telle que Véquationf(z) — (5 n'ait qu'un nombre limité de racines.
En vertu du Théorème II, on pourra remplacer (2,1) par
(2,28) M = h(^)h(~)---K(^).Il sera commode de remplacer la formule (2,2) par la formule 18)
(2,29) 4»)=_1-1 f J ... jf(Ç1)f(t;2)...f(Çn)VZ(Ç1,Ç2,...,Çn)d?;1dÇ2...dÇn
r* étant défini par (2,19) [4=1], Les Lemmes 2, 3 et 4 de¬
viennent sans objet. Au lieu du Lemme 5 on utilisera directement
la notion d'ordre d'une fonction entière. Les Lemmes 6 et 7 sont
à remplacer par d'autres, beaucoup plus simples à démontrer.
18 ) Observons, en passant, que l'on a
V&, f„..., o = V&-P, c2—p,..., :n-p),
quel que soit le nombre /?. La propriété I du § 4 est une simple conséquence de
cette remarque.
31 Albert Edrei.
CHAPITRE III.
Les fractions continues du type de Grommer.
15. Fraction continue et série entière associée. Con¬
sidérons la fraction continue (17), où les ln sont des nombres
complexes quelconques, et les kn des nombres complexes, tous
différents de zéro, quelconques par ailleurs. Nous appelerons ce
type de fractions continues: le type de Grommer 19). Définissons
deux suites de polynômes par les formules de récurrence
(3.1) P0(z)^0; P^z)^; P„(z)= (z-UP^^-MV^*)
(n^2);
(3.2) Q0(z)si; &(*)sz-li; Qn(z) = (z-ln)Qn^(z)-knQn_2(z)
(n^2).Ces formules nous permettent de poser
Pn(Z) = fclZ»-l + Pm2*»-2 +--- + Pnn (» ^ 1),
Qn(z) = s» + qnlz«-i + + qnn (n^l).
De (3,1) et (3,2), on tire aussi les formules
(3.3) QnPn+l - PnQn+l = K K ' ' ' K+1 (fl ^ 0),
(3.4) fïtî_
£==
kJhlll^}=d_m
+ ^±1 + . . . tn>0).
On sait que la nième réduite de (17) peut se mettre sous la forme
Considérons la série
/Q C\ V J a"+1' 2n__l_
0"+1' 2n+1 l «0,
«1. . «n
,
(3>6) ^o|-^r+ ~^s~f
=
T + "?+ h^+'"'
nous dirons avec M. Perron 20), que cette série est associée à la
fraction continue (17). Nous ne nous préoccuperons pas tout
d'abord de la convergence ou de la divergence de (3,6): quelques-uns des théorèmes que nous énoncerons sont de nature purementformelle. De (3,4) et (3,6), on tire la
Propriété fondamentale. Pour tout n ^ 1, le développement
19) On trouvera, au § 23, la justification de cette désignation.20 ) Au sujet des notions et des méthodes utilisées dans ce chapitre, on consul¬
tera: O. Perron, Die Lehre von den Kettenbriichen, 2. Aufl. [Leipzig, 1929],
Kap. VII et VIII. Voir, tout particulièrement, les p. 324—326.
Sur les déterminants récurrents d'une fonction. 32
(3,5), de la nième réduite de (17), coïncide avec la série associée,
jusqu'au terme en -^j, ce terme non compris.
En faisant usage de cette propriété fondamentale, en identifiant
des coefficients et en résolvant des systèmes d'équations linéaires,on obtiendra
(3,7) A;1 = 41» = a0; 4<»+« = k,k2 • • kn+1A (n^l),
d'où l'on conclut que: pour la série associée à une fraction con¬
tinue du type de Grommer, les déterminants de la suite (9) sont
tous différents de zéro. On peut alors écrire
(3,8) <?»(*) =A(n)^0
ûo ax . «n-l a„
«1 a2 . • «n an+l
a„_i an . û2ti-2 a2n-l
1 z . z"-1 Z"
De (3,2), on tire
(3.9) qn =- h; qnl = gn_ui - ln
et, en posant ç00 = 1,
(3.10) qnn = ln qn-l,n-l "V» Çn-2,n-2
En posant
(3,11) A- 7 . j(»).
a0 Oj
ai a„ -*n-l "n+1
u2n—3 "2n-l
on peut écrire (3,9) sous la forme
(3,12) hrW
fW
r(») (n-1)
,<") , (—1)
(n^2).
(ne 2);
(n^2).
Si tous les termes de la suite (10) sont différents de zéro (ce
qui, pour les séries associées aux fractions continues de Grommer,
n'est pas nécessairement le cas), on peut mettre la formule (3,10)sous la forme
(3,13)
.W7 — '
• /AU/A?
,A?/A*
w/,wA^A
+iW
(n^3).
33 Albert Edrei.
(3,14)
16. Sur les séries entières ayant des déterminants
récurrents prescrits. Soient
(n \nt(1> a(2> aSn)
K^o) ao > ao > • • •' ao ' • • •
\&q) a0 , a0 , . . ., <x0 , . . .
\ai/ *i ' î ' • • •' î > • • •
trois suites de termes complexes. Nous supposerons la suite (Ôq),absolument quelconque; les suites (ocq) et (ax) auront tous leurs
termes différents de zéro et seront quelconques par ailleurs.
Par de simples combinaisons des formules précédentes, on
obtiendra quelques propriétés des séries entières. Nous les énon¬
cerons sous forme de
Proposition 1. L'ensemble des séries, pour lesquelles
«W = A (n=l, 2, . . ., v, . . .),
est identique à Vensemble des séries associées à la fraction continue
| z—lx | z~h | z~h | 2 — h
la suite des ln étant absolument quelconque.
Proposition 2. Il existe une et une seule série telle que Von ait
simultanément
âin) = ^ J(n=l, 2, ..., v, ...)
Cette série est associée à la fraction continue (3,14) et la suite
des ln se calcule par les formules (3,12).
Proposition 3. Il existe une et une seule série telle que Von ait
simultanément
„(n) A{n) 1
*..*;«} <"=1-2 -••»•
Cette série 21) est associée à la fraction continue (3,14) et la sui¬
te des ln se calcule par les formules (3,13).Dans le paragraphe suivant, nous démontrerons les relations
(1,1) et (1,3). Le reste du chapitre est consacré à la question
21 ) En vertu du Théorème I, et en reprenant ses notations, on peut affirmer
que cette série n'est nulle part convergente, si
l 1
lim | œo I r lim «i
Sur les déterminants récurrents d'une fonction. 34
suivante: dans les circonstances fixées par la Proposition 1, que
peut-on affirmer de la nature analytique des fonctions représentées
par les séries associées à (3,14)?
17. Sur la substitution z\z—P; démonstration de la
relation (1,3). Ecrivons la fraction continue (17), sous la forme
"-1 "-2 | "-n I(3,15)
\t-Vi-P) | <—«*-/») \t—(lK—p)
où l'on a posé t = z — /?, fi désignant un nombre complexe
quelconque. Soit
JL + J- _|_jn+l
"T
la série associée à (3,15); on s'assure aisément que cette série
n'est autre que le développement de centre /? de la série (3,6).
Appliquons les formules (3,7) à (17) et (3,15), il vient
A" =k1 = B? Ai(-H-1)
0 ' An)k-Jt^ •h
B'o(<H-l)
re+1
B,(»)
(n^l).
Si tous les A^ sont différents de zéro, ces formules sont équi¬valentes à la relation (1,1). En observant que A^ = B1^ est
une égalité algébrique, il est facile de se débarasser de l'hypothèserestrictive A^ ^ 0 (n=l, 2, . . ., v, . . .). Notre méthode de
démonstration donne d'ailleurs un peu plus que les relations
(1,1); elle prouverait aussi bien l'identité
b„ 6„_i
^2n-2 "2n+l
(2-/J)-1 <« —#"
Passons maintenant à la démonstration de (1,3). En vertu
d'une remarque déjà faite pour (1,1), il suffit de démontrer la
relation dans le cas A^ ^ 0 (»= 1, 2, . . ., v, . . .).Considérons la série (3,6), associée à (17), puis le dévelop¬
pement formel
«0 ax . «n-l a„
Ol a2 . • an °>i+i
a«-i an . a2n-2 a2n-l
1 z .z"-1 2"
h bx ...
h 62 ...
b„-i 6. ...
1 (*-/?)••
^ L 2'
22 2"+!' J
<*! ^11
On s'assure aisément que cette dernière série est associée à
h \z—l. \z— L
35 Albert Edrei.
Des formules (3,7), on tire les relations
D = 1; &» =k1 = A?; -^ = kjc% -kn+1 = -^ (n^l),
équivalentes à (1,3).
18. Considérations générales, introduisant les Théo¬
rèmes IV et V. Considérons la fraction continue (17) et la
suite des réduites
£L II £n01
'
<?*'"•' <?n
Si l'on se propose d'élucider les questions relatives à la conver¬
gence de cette suite, on est naturellement amené à rechercher
les points-limites des racines de la suite
(3.16) &(*), Qt{z), . . ., Qn(z), . . ..
Examinons la définition (3,2) de Qn(z). Si \kn\ est très petit,le polynôme Qn{z) différera assez peu du polynôme (z—ln)Qn-i(z)'>si tous les | kn | sont très petits, le polynôme
(z-h)(*-h) ' • • (*-*»)
constituera donc une assez bonne approximation de Qn(z). Dans
le Lemme 8, nous donnerons une forme précise à cette idée.
Nous rechercherons ensuite, dans quelles conditions les ln donnent
également des approximations des pôles de la fonction représen¬tée par la série associée à (17); la Proposition 4 résume nos
résultats dans ce sens. En choisissant convenablement les ln,nous obtiendrons l'affirmation 2° du Théorème IV; l'affirmation
1° est déjà contenue dans l'annotation 21), relative à la Propo¬sition 3. Avant de pouvoir démontrer 3°, nous devrons rechercher
des classes de fractions continues représentant des fonctions
méromorphes d'ordre fini (Proposition 6). La Proposition 6,
rapprochée du Théorème III, nous donnera le Théorème V; elle
nous permettra également de compléter la démonstration du
Théorème IV.
19. Sur les racines de Qn(z) et la convergence de (17).Considérons une suite de cercles, extérieurs les uns aux autres
(3.17) <&» ©2, ...,<£„,.. .,
dont les centres sont respectivement
Sur les déterminants récurrents d'une fonction. 36
(3.18) l^, l2, . . ., ln, . . .,
et les rayons
(3.19) rl5 r2, . . ., rn,
Lemme 8. Si la suite
(3.20) | kx |, | k2 |, . . ., | kn |, . . .
est assujettie aux deux conditions
(3.21) 0 < V\ kn | ^ —^- (£>0; n=l, 2, ...,v, . . .)
(3.22) l^l^l^l^-.-^l^l^...,
fe polynôme Qn{z) a une racine à Vintérieur de chacun des cercles
©!, <£„ . . ., (£B (n= l, 2, ..., r, . . .)•Considérons le domaine défini par les w inégalités
| z — ^i | ^rv | z — Z2 | ^ r2, . . ., | z — ln | ^ rB,
et évaluons, dans ce domaine, les polynômes Qv{z) (v^n). Des
relations (3,2), on tire
\QV\ ^ \z-lv\ IQ^I - \kv\ \QV_%\ ^rv\Qv_,\ - \kv\ |Ç,_2| (v^2).
De l'hypothèse (3,21), il résulte
(3.23) \z-lv\ \Q,_X\ - \kv\ |Ç,_2| > (2+e) V\k~v\ \QVJ - \kv\ \QVJ
^ [(l+e)V\K\ + ~ V\K\] \QV_X\ - \kv\ |Ç„_2|
= ^\Q^\ + ^+^N{\Qv-,\-^\Q^\}-En vertu de l'hypothèse (3,22)
l&l-r^Wil^(i+*WK\{\Q^-T~\Qv-*\} (^«)-
De ces inégalités, pour v = 2, 3, . . ., n, on tire
\Qn\ -^Wii ^ (i+«rvi*A---Awi{ifti-^}.Finalement
(3.24) \Qn\^\Qn\ -^^l^-xl è (l+8)nV|fclfc1...«!n|>0,
car, en vertu de (3,21) et (3,22), on a
37 Albert Edrei.
M>l -TT7^"ITT^ (2+£)VN-^ Xi-HOVm
Nous venons de démontrer que toutes les racines de Qn(z)sont à l'intérieur des cercles $v E2, . . ., ©»• Nous avons suivi
une méthode équivalente, quant au fond, à celle 22) par laquelleM. Pringsheim obtient des conditions suffisantes pour la conver¬
gence d'une fraction continue numérique. Nous allons mainte¬
nant, par induction complète, démontrer qu'il n'y a qu'uneracine de Qn(z) dans chacun des cercles ©x, Ë2, . . ., ©„. Observons
que Q^z) a manifestement une seule racine dans fëj et supposons
que Çm-i(z) ait juste une racine dans chacun des cercles
©p e2, . . ., ©„_!• Le polynôme (z—ln) Qn^(z) aura alors justeune racine dans chacun des cercles Kj, ©2, • • •> ®»-i> ®«> Par
application du théorème de Rouché, nous allons vérifier cette
propriété pour Qn(z).Il suffit de s'assurer que, sur les circonférences de ©x, fë2, . . ., ©n,
on a
l* — *n| I 0n-l| > |&n| l Ç«-2 |-
En tenant compte de (3,21) et (3,24), il vient
Mn[ |<?»-l| ~\K\ |Çn-.| ^(2+«) V^| (|Ç»-l|-~7 |<2n-2|)><>c.q.f.d.
Lemme 9. Dans Ze domaine S)n, défini par les inégalités
\z — lv\^rv (v—n, n+1, . . ., n+m, . . .),
et sous les hypothèses du Lemme 8, la fraction continue
Kn | "n+1 | "->i+m |
| z '« | z 'n+1 [ z 'n+m
est convergente. Sa valeur fn{z) satisfait à Vinégalité
1 + e
Il suffit évidemment de démontrer la proposition pour n = 1.
Grâce aux relations (3,4), tout revient à prouver la convergence
de la série
-fil Kf Ka K-t lia • • • /t_-
3,25) Uz) = — + -JL±- H 1- — - H
dans le domaine 2)r De (3,24) et (3,25), nous tirons
22) Cette méthode est exposée à la p. 255 du traité cité de O. Perron.
Sur les déterminants récurrents d'une fonction. 38
|/l(2) I < y^lhl+
^Itl}+ . . . +
Vlfc"'+ . .
., pour z dans 3^;
et de (3,22)
i ^1 *i
1 +£ !
(l + e)
Observons que la convergence de (3,25) est uniforme dans 2^;donc, dans chaque domaine connexe, intérieur à ®ls la somme
fiiz), de la série (3,25), est une fonction holomorphe de z.
20. Enoncé et démonstration de la Proposition 4. Con¬
sidérons la suite de cercles (3,17); nous supposerons tous ces
cercles contenus dans le domaine \z\ sS R. Cette hypothèse
implique, puisque les cercles sont extérieurs les uns aux autres,
la convergence de £r^, et aussi, par conséquent,
(3,26) limr„ = 0.
n —>oo
Proposition 4. Soit 3) un domaine ouvert et connexe, con¬
tenant le point oo et ne contenant aucun point-limite de la suite
(3,18). Sous les hypothèses du Lemme 8, et en supposant tous les
cercles Êm, contenus dans le cercle \z\ < R, la série associée à la
fraction continue (17) est convergente pour \z\ > R. Elle re¬
présente un élément de fonction analytique f(z), méromorphe dans
le domaine %. Si Von remplace Vhypothèse (3,21) par Vhypothèse
(3,27) V|fcn|<^ (n=l,2,...,v,...),
on peut même affirmer que f(z) possède un seul pâle simple dans
chacun des cercles ©m.En vertu du Lemme 9, la fraction continue (17) converge
pour | z | > R; soit/(z) sa valeur. La série associée à (17) converge
également dans ce domaine, et sa somme vaut/(z) (Théorème de
WeierstraC). Soit 5), un domaine fermé, intérieur à ®, et ad¬
mettant le point oo pour point intérieur. En vertu du Lemme 9
et de (3,26), il est possible de trouver un indice N, tel que pour
n^N, fn(z) soit holomorphe dans 3). Pour \z\ > R,
(3 28Ï f( ) = —^—!-
—^J-
fcn-i |^
P_i(8)—P_»(a)/.(«)
Cette expression nous donne le prolongement analytique de
39 Albert Edrei.
f(z), dans le domaine ® (à supposer que ® soit un domaine plusvaste que le domaine de convergence de la série (3,6)).
Il est bien visible que f(z) est méromorphe dans le domaine S;
la première partie de la Proposition 4 se trouve donc démontrée.
Les racines de l'équation
(3.29) &,_!(«) - ÇB_,(2)/n(a) = 0
sont les seuls pôles possibles de f(z), dans ®. Toutes ces racines
sont effectivement des pôles. En effet, dans le cas contraire, il
y aurait une racine z* de (3,29), qui serait aussi racine de l'équation
(3.30) P^z) - Pn-2(z)fn(z) = 0.
Ceci impliquerait
Pn-l(Z*) P„-2(Z*)
Ç_l(**)Ç-l(«*)o,
relation incompatible avec (3,3). La démonstration de la Propo¬sition 4 s'achève par l'application du théorème de Rouché, à
l'équation (3,29). En vertu de (3,27),
(3,31) VlkJ <2 + 1
(n=l, 2, . . ., m, . . .).
Nous poserons e = 1, dans les Lemmes 8 et 9. De (3,31) et
du Lemme 8, on déduit que Qn(z) a un zéro simple, dans chacun
T
des cercles de centre lv et de rayon —— (v=l, 2, . . ., n).
Sur les circonférences des cercles (£, on a
ji{|«-/,l —r}<ie.(*)l <jn||«-j;|+-S-Jdonc aussi
Ç-i(«)(3,32)
&»-.(*)>i
m-2 \Z K\~o
n—2
v=l 2-^vl +>V
\"—l I—- >23«-2
Du Lemme 9 et des hypothèses (3,22) et (3,27), on tire
|/„| ^4 V|/bn|^4 V|^_xi<2 r„
3 i --» — 3 i --T.-H-
g 2-3"-1
En reprenant (3,32), il vient finalement
I <?-i(s)
3"(n^2).
Ç«-t(«)
9
>v !/»(*) I^l/»(»)|
Sur les déterminants récurrents d'une fonction. 40
Notre Proposition 4 se trouve ainsi complètement démontrée.
L'affirmation 2° du Théorème IV en est un simple corollaire:
il suffit de choisir convenablement la suite des ln. Voici comment
on procédera:On fixera, une fois pour toutes, la suite des rn. Il sera suffisant,
et commode, de supposer la convergence de 2 rn. Puis on fixera
la suite des kn, en faisant les hypothèses (3,22) et (3,27). Nous
allons maintenant montrer qu'il est possible de choisir les centres
ln, des cercles ©, de manière que
I. les © soient tous situés dans le domaine de méromorphieprescrit pour f(z);
II. les (£ soient extérieurs les uns aux autres;
III. l'ensemble $ des points-frontière du domaine de méro¬
morphie prescrit pour f(z) soit identique à l'ensemble des pointsd'accumulation des ln.En vertu de la Proposition 4, si ces trois conditions sont
réalisées, l'ensemble % est aussi identique à l'ensemble des pointsd'accumulation des pôles que l'on trouvera dans chacun des ©.
Comme l'a montré M. Besse, ceci ne permet pas encore d'affirmer
l'impossibilité de prolonger f(z) au delà de la frontière g: il sera
encore nécessaire de prendre certaines précautions 23) dans le
choix des ln. Il semble, au premier abord, que la réalisation de la
condition II soulève l'objection suivante: la suite des rn ayantété fixée, une fois pour toutes, ne se pourrait-il pas que la décrois¬
sance de cette suite fût trop lente pour assurer une liberté suffi¬
sante dans le choix des ln"! Non, comme il est facile de s'en rendre
compte en effectuant le choix des ln en deux opérations distinctes:
on fera un premier choix, -provisoire, de tous les ln, puis on modi¬
fiera convenablement une suite partielle
(3,33) lni, ln%, . . ., ln., . . .
de termes de la suite provisoire.
Supposons d'abord, que le domaine de méromorphie imposé à
f(z) se compose de tout le plan complexe, à l'exception d'un
point d'affixe fini: a. On tracera, par exemple, une droite issue
23) M. Besse a remarqué l'insuffisance de la plupart des constructions de fonc¬
tions ayant un domaine d'existence (ou de méromorphie) prescrit. Comme il l'a
montré, les constructions considérées jusqu'à maintenant comme rigoureuses sont
faciles à corriger dès que l'on a compris l'objection qu'il leur fait. Voir: J. Besse,
Sur le domaine d'existence d'une fonction analytique [Commentarii Math. Helvet.
10 (1938), 302—305].
41 Albert Edrei.
de a et l'on disposera les ln sur cette droite, de manière que a
soit leur seul point d'accumulation. Ceci est possible en vertu de
la convergence de £rB.Dans ce cas particulier, ce choix des ln sera le choix définitif.
Si le domaine de méromorphie, imposé à f(z), est plus com¬
plexe, ou prendra pour a un point-frontière convenable de ce
domaine. La construction précédente nous livrera le choix
provisoire des ln. Le choix définitif sera obtenu en disposantconvenablement, dans le domaine de méromorphie, les termes
de la suite partielle (3,33). Ici, nous ne serons pas gênés par
une décroissance trop lente de la suite
puisque nous avons toute liberté dans le choix des indices »f.
21. Fractions continues et fonctions méromorphes. De
très légères modifications des méthodes du § 19 ou l'applicationdirecte des conditions de convergence de M. Pringsheim per¬
mettent de prouver la
Proposition 5. Soit (17) une fraction continue, telle que
I. lim | kn | = 0,n—> oo
IL \ln\^R< + co (n=l, 2, . . ., v, . . .),
III. la suite (3,18) a exactement s points d'accumulation
Sous ces hypothèses, la série (3,6), convergente pour \ z\ > R,
est un élément de fonction quasi méromorphe, admettant au pluss singularités essentielles dont les affixes ne peuvent être que
al> a2î • • •» *«•
Nous établirons maintenant des théorèmes relatifs à l'ordre;
nous nous bornerons au cas s = 1 (cas des fonctions méromorphes).Par une translation éventuelle, nous amènerons la singularitéessentielle à l'origine.
Proposition 6. Sous les deux hypothèses
(3.34) ÏÏm \kn\2logn = e e' (o^e'< + oo),n—>°o
et
î i_
(3.35) Km" | ln |10^ = e e" (0^o"< + ao),
la fraction continue (17) représente une fonction méromorphe de
z-1, d'ordre au plus égal à q = max{g', q").
Sur les déterminants récurrents d'une fonction. 42
Considérons le domaine ©m, défini par les inégalités
(3.36) \z\ > \lv\ +2V\kv\ +2VIV1-1I (v=n, n+1, . . .).
Sa frontière rn est une circonférence de rayon Rn. De nos
deux hypothèses (3,34) et (3,35), on tire, pour tout nombre
positif ô,
i_
(3.37) Rn < 5 n e+ô, dès que n > K{ô).
En reprenant les méthodes et les notations du § 19 (ou en
appliquant les critères de convergence de M. Pringsheim), on
verrait que/m(z) est holomorphe dans ®n, et que dans ce domaine
(3.38) \fn{z)\^A,
où A désigne une certaine borne finie, indépendante de n.
Par l'inégalité de Jensen, nous évaluerons le nombre de pôlesde la fonction
(3.39) f{z) = P^z£^,dans %n (nous effectuerons, plus loin, le détail de cette opération).En faisant, dans (3,39), n = 2, on verra que ce nombre de pôlesest aussi le nombre de racines, dans %n, de l'équation
(3.40) *-/a(z)=*i.
Le premier membre de (3,40) est une fonction méromorphe
de —; soient2
Zi(*i)> z2(Ji)> • • •> Zv(*i)> • • •
toutes les racines de l'équation (3,40). Nous considérons ces
racines comme des fonctions du second membre et nous démon¬
trerons la convergence de
(3.41) £ | *,(*,) r^ (>?>0).
Le nombre q ne dépend que des propriétés-limites des kn et
des ln; donc, ne dépend certainement pas de Zx: la série (3,41)est convergente, quel que soit le nombre lv Faisons prendre à
lx trois valeurs distinctes; d'un théorème de M. R. Nevanlinna 24)
il résulte que l'ordre de la fonction méromorphe fJ—j n'excède
4) Voir, par exemple, les énoncés de la p. 72 du traité cité de R. Nevanlinna.
43 Albert Edrei.
pas q. En faisant, dans (3,39), n = 2, on verra que l'ordre de
/(—) n'excède pas q.
Voici maintenant comment on appliquera l'inégalité de Jensen.
Dans la formule (3,39), divisons numérateur et dénominateur
par z71-1. Les nouveaux numérateur et dénominateur sont des
fonctions holomorphes pour
i_
(3,42) | z | ^ bn e+<5, dès que n ^K(ô);î
ceci en vertu de (3,37). Désignons par M{5n e+<5), le module
maximum de l'expression
l_
dans le domaine (3,42); et soit 9<i(l5n e+ô), le nombre de pôlesi_
de f(z) (ou de zéros de (3,43)) dans le domaine | z\ ^ 15n s+s.
Observons que la fonction (3,43) vaut 1 au point à l'infini, et
utilisons l'inégalité de Jensen sous la forme 2S)
i_ i_
(3.44) 9l(15n e+ô) ^— logM(5n e+<5).
Les zéros des polynômes de la suite (3,16) sont bornés dans
leur ensemble. Il existe donc une constante B, telle que
(3.45) | <?„(*)| <Bn pour | z \ < 1.
En estimant le second membre de (3,44), on tiendra comptede (3,38) et (3,45) et on obtiendra
i_ i_
«B(15n e+ô) ^~^ logM{5n e+ô) = 0 (nlogn).
Nous n'insisterons pas sur la façon classique dont on déduit,de ces dernières relations, la convergence de (3,41).
22. Achèvement de la démonstration du Théorème IV
et démonstration du Théorème V. Pour démontrer l'affir¬
mation 3°, du Théorème IV, on choisira convenablement les lnet les r„.
25) Pour cette forme de l'inégalité de Jensen, voir, par exemple: E. C. Titch-
marsh, The Theory of Functions [Oxford, 1932], 171.
Sur les déterminants récurrents d'une fonction. 44
En prenant, par exemple,log n
(3.46) ln = e e (e>0); rn = e~n\
la série associée à (17) aura une seule singularité essentielle,d'ordre q. En effet: l'exposant de convergence des pôles de la
fonction méromorphe /(—1 sera égal à q (en vertu de la Propo¬
sition 4) et en combinant cette remarque et la Proposition 6,
on verra que l'ordre de /(—) est exactement égal à o. Pour obtenir
une fonction d'ordre nul, on remplacera (3,46) par
(3.47) ln = e-nl0*n; rn = e~»\
Observons que dans (3,46), aussi bien que dans (3,47), on a
rn = e~n2 et que ce choix des rn fait converger la série S rn.
On peut donc, comme le veut l'énoncé du Théorème IV, affirmer
simultanément 2° et 3°. Remarquons enfin, que l'affirmation 1°
est toujours possible, tout à fait indépendamment du choix des
rn. Le Théorème IV se trouve ainsi complètement démontré et
nous passons à la démonstration du Théorème V. De propriétésconnues des suites on tire l'inégalité
î î
Rm | ft» k^1 • kl_, kl flog »
^ ïïïn" \kn |2log ".
Si la suite des | kn | n'est pas trop irrégulière, on a même
î i
Km" \KK-x--kl_1knfl0gn= iS \K\2loën.
Dans ce dernier cas, on peut faire des affirmations précises sur
l'ordre de la singularité essentielle de la fonction représentée
par (17): on obtiendra le Théorème V en utilisant les formules
(3,7) et en combinant l'inégalité (7) et la Proposition 6.
CHAPITRE IV
Sur les fonctions du type : f(z) =' dx.
J Z" X
a
23. Intégrales de Stieltjes et déterminants récurrents.
Dans les premiers paragraphes [§ 23, 24 et 25] de ce chapitre,nous étudierons des éléments de fonctions représentables sous la
forme
çP dif(x)(4,1) /(*) = /
45 Albert Edrei.
L'intégrale du second membre est une intégrale de Stieltjes;la fonction réelle y(x) est une fonction monotone, non décrois¬
sante et bornée; les limites d'intégration sont des nombres réels,
finis; la représentation (4,1) est valable pour tous les z non situés
sur l'intervalle réel (a, /?).Les relations, entre le développement (1) de (4,1) et les frac¬
tions continues du type (17), sont fort connues depuis que Grom-
mer a généralisé 26) les belles recherches de Stieltjes, relatives au
„problème des moments". Pour l'intelligence de chapitre, il nous
suffira de rappeler une très petite partie des résultats de Grommer;
nous nous contenterons d'énoncer la proposition suivante:
Soit (1), une série entière à coefficients réels, convergente pour
\Z\>R-Pour qu'il existe une fonction réelle ip{x), définie dans Vintervalle
réel ( — R, R), non décroissante et bornée, effectivement croissante
en une infinité de points et telle que
(4.2) an=\ xndf(x) (n = 0,l,...,v,...),-R
il faut et il suffit que
(4.3) 4"> >0 (n = l, 2, ..., v, ...)•
De l'existence d'une représentation de f(z), du type (4,1), on
déduit [en vertu de (3,7), (3,12), (4,2) et (4,3)] la possibilitéd'associer, au développement de f{z), une fraction continue du
type (17) où: tous les kn sont positifs et tous les ln réels 27).
Considérons, dans ce cas particulier de Stieltjes-Grommer, la
suite de polynômes (3,16), définis par (3,8). Remplaçons z par
x, dans cette formule; multiplions en les deux membres par
xm dip(x) (m entier, non négatif),
et intégrons entre les limites — R et + R.
En tenant compte de (4,2), il vient
, + K
(4.4) I xm Qn(x) dyj(x) = 0 {m<n);-R
+ R /«+D
(4.5) f a» Qn(x) dy>(x) = -^- (n^l).-R
u) J. Gkommeb, Ganze transzendente Funktionen mit lauter reellen Null-
stellen [Journal f. r. u. angew. Math. 144 (1914), 114—165].
") Nous appelerons le cas particulier de (17), ainsi défini: cas de Stieltjes-
Grommer.
Sur les déterminants récurrents d'une fonction. 46
On peut aussi exprimer (4,4) et (4,5), sous forme de relations
d'orthogonalité :
(4.6) j+ Qm(x)Qn(x)dy,(x)=0 (m#«);-R
(4,7-) j+RQl(x)df(x)=^- (n^l).-R
A«
Par des méthodes classiques, on peut déduire, de ces dernières
relations, une importante propriété des polynômes Qn(x).Soit Un(x), un polynôme réel, de la forme
UJx) = aï" + • • ..
Il existe manifestement n nombres réels cv c2, . . ., cn, uni-
voquement déterminés, et tels que
(4.8) Un{x) = Qn{x) + Cl Qn_x(x) + • • • + cn_^ Qx{x) + cn.
De (4,6) et (4,7) on tire
(4.9) J £/*»#(*) = -^ + ^-^ + ...+4 ^>,
puis, par application de (4,3),
(4.10) | [/»#(*) ^ -^ =J &(*)<W*).-R ° -tf
Nous terminerons ce paragraphe, consacré aux généralités,
par l'énoncé d'un „principe de comparaison" dont nous aurons
besoin pour établir le principal résultat de ce chapitre.Considérons, d'une part, les quantités et expressions définies,
dans ce paragraphe, par y>(x) et, d'autre part, les quantités et
expressions correspondantes, définies par une seconde fonction
y>(x). En surlignant les symboles qui représentent ces dernières
expressions et quantités, nous les distinguerons des premières.
Proposition 7. Considérons les deux fonctions y>(x) et y>{x),non décroissantes et bornées, définies dans le même intervalle
(— R, R). Soient x1 et x2, les affixes de deux points distincts, situés
sur cet intervalle.
Si l'inégalité
(4,11) :> —
CC% «•j £% "?i
est valable pour tout couple (xv x2), elle entraîne les inégalités
. (m-i) t(»+i)Mi) > T(i). 21 >1L^ (n=l 2 v )
4
47 Albert Edrei.
La démonstration de cette proposition est immédiate. En effet,
l'inégalité (4,11) entraîne
f+RQl(x)dw(x) ^ j+RQl(cc)df(œ),-R -R
et, en appliquant (4,10) au second membre de cette inégalité,il vient
j+RQl(x)dw(x) ^ f+RQl(x)dy(x),~R ~R
c.q.f.d.
Nous aurons à utiliser ce principe de comparaison dans le cas
particulier où les fonctions f(x) et y>(x) admettent respectivementles dérivées <p(x) et q>(x), continues, sauf peut-être en un nombre
fini de points. La condition (4,11) sera remplacé par la condition
(p(x) ^ y(x),
réalisée en tout point de l'intervalle ( — R, R).
24. Une précision de l'inégalité de M. Pôlya, dans le
cas de Stieltjes-Grommer. Considérons y>(x) en un point |,
intérieur à l'intervalle réel ( — R, R): ou bien il existe un intervalle
ouvert I (de l'axe réel), contenant le point £ et tel que la fonction
y>(x) soit constante sur 7; ou bien, il n'existe pas de pareil inter¬
valle. Dans le premier cas nous dirons que f est un point de
constance de f(x); dans le second cas, un point de croissance 28).L'ensemble des points de constance de y>(x) est ouvert (sur l'inter¬
valle fermé (-R, R)) et l'ensemble E, des points de croissance,
est fermé. En outre, on vérifie aisément que Vensemble E jouitde la propriété (ty) (voir § 1), par rapport à f(z).
Cette dernière remarque nous amène naturellement à l'étude
des relations entre les propriétés limites des A{0n) et le diamètre
transfini t, de l'ensemble E.
Rappelons d'abord celles des définitions de M. Fekete, dont
nous aurons besoin. Soit Tn(x), le polynôme de Tchebyscheff,de degré n, relatif à l'ensemble E
Tn(x) = *"+....
Posons
(4,12) max | Tn(x) \ = mn;x sur E
28 ) Les modifications à apporter à ces définitions, pour le cas où { désigneraitl'un des points R ou — R, sont évidentes.
Sur les déterminants récurrents d'une fonction. 48
M. Fekete a démontré l'existence de lim m et c'est cette"n >
limite qu'il a appelé: le diamètre transfini de E. On sait que les
polynômes Tn(x) sont univoquement déterminés (si E contient
une infinité de points). De cette unicité découle nécessairement
la symétrie des racines 29), par rapport à l'axe réel et, par con¬
séquent, la réalité des coefficients de Tn(x). Nous pouvons donc
utiliser la relation (4,10) et, en combinant cette relation avec (4,2),obtenir
(4,13) ^-^J Tl(x)dV(x)^mlj dy,(x) = m%a0,A<> -R -R
puis,
~A[ry^m^fl»-.
En passant à la limite n -> oo, et en revenant aux définitions
de M. Fekete, il vient
(4,14) lim'A{rY
<T.
De l'inégalité (4,14), et de propriétés connues des suites à
termes positifs, il résulte
JL
(4,15) ÎÎH [A[n)]ni ^ t;
par contre, de (4,15) on ne peut déduire 30) (4,14).Au chapitre V, nous verrons qu'il est possible de choisir y(x)
de manière que le cas d'égalité ne soit point atteint dans (4,14)ni, par conséquent, dans (4,15).Pour que ce cas d'égalité soit atteint, il faut restreindre suffi¬
samment le choix de y(x). Avant de fixer notre attention sur ce
29) Par application de certaines propositions établies par M. Fejér, il serait
facile de démontrer que ces racines sont toutes réelles.
30 ) C'est là la raison pour laquelle nous disons que (4,14) constitue une précisionde (4, 15) (inégalité de la forme générale de M. Pôlya). Observons encore qu'il
serait très facile, en utilisant les formules (3, 7) et les méthodes du chapitre III,
de construire des séries du type (1), convergentes pour | z \ > R, associées à des
fractions continues du type de Stieltjes-Grommer, et telles que lim \Aq |n2 n'existen—><x>
pas. On ne peut donc songer à remplacer, ni dans (4, 15) ni dans (4, 14), lim par lim.
49 Albert Edrei
choix, nous établirons un ,,principe d'addition", applicable aux
fonctions admettant la représentation (4,1). Ce principe d'addition
jouera un rôle important dans la démonstration du Théorème VI.
25. Un principe d'addition. Posons
(4.16) max | Qn(x) | = Mn,x sur E
et soit Vn(x), un polynôme réel, de degré n, quelconque par
ailleurs. Qv{x) étant exactement de degré v, on peut manifeste¬
ment déterminer n nombres réels % vx, . . ., vn, tels que
(4.17) VJx) = va + v-, h • • • + v„ •.
De cette relation, on tire
(4.18) max | VJx) | ^ | v0 \ + \ vx \ + + \ vn \.x sur -E
On peut admettre que ce maximum de | Vn(x) | est atteint
en un certain point | de E, car E est fermé. En reprenant un
calcul déjà effectué (qui se base sur (4,6) et (4,7)), et en posant
[voir (4,7)]
(4.19) A = ~^-l+RQl^)df{x),Ao
-R
il vient
. + R
puis
V P„ Pi Vn1 -R
-(* + *; + ... + q(4* + 4* + ... + *£).En appliquant l'inégalité de Cauchy, au second membre de
cette relation, on obtient
^t/2,^,./^ (kl + kl + • • • + k\2
J" Vl(x)dW(œ)^— r 9 i J i
...i 2
et en tenant compte de (4,18)
Sur les déterminants récurrents d'une fonction. 50
(4,20) J V2n(x) dy>(œ) ^ —vm
M' M* M*— + ~ + 1
°
2'
2' '2
L'inégalité (4,20) est particulièrement intéressante dans le cas
où l'on peut effectivement calculer les quantités M et fi. Ce calcul
est très aisé pour ip(x) = x; dans ce cas particulier, des inégalitésdu type (4,20) ont été établies par F. Lukâcs 31).
Pour les estimations asymptotiques, que nous avons en vue,
il n'est pas nécessaire de connaître exactement les rapports —;
il nous suffira de savoir quen
(4.21) lim l/^ = l.
Définition. Nous dirons qu'une fonction de la forpie (4, 1)est du type régulier, si elle possède la propriété-limite (4,21) [voir
(4,16) et (4,19)].Entre les trois quantités mn, un et Mn, nous avons les relations
générales
(4.22) A^mla0.
et
(4.23) mn ^ Mn;
l'inégalité (4,22) est équivalente à (4,13); (4,23) résulte de la
définition même des polynômes de Tchebyscheff. Pour une fonc¬
tion du type régulier, on déduit de (4,22) et (4,23) les relations
j_
[^(»+i)-|2m2l i 2.
-%- = lim tf = lim ml = lim M£ = t.
Proposition 8. La somme d'un nombre fini de fonctions du
type régulier est une fonction du type régulier.Soient f^z), f2(z), . . ., fs(z), s fonctions du type régulier et soit
(4.24) /(») = fM + /,(*) + • • • + /.(a).
Considérons, pour chacune des fonctions fj(z), toutes les ex¬
pressions et quantités, définies, dans les paragraphes précédents,
pour f(z). Nous désignerons ces nouvelles expressions et quan-
31) F. Lukàcs, Verschârfung des ersten Mittelwertsatzes der Integralrechnung
fur rationale Polynôme [Math. Zeitschr. 2 (1918), 295—305].
51 Albert Edrei.
tités par les symboles correspondants relatifs à f(z), affectés
d'un premier indice / [par exemple: Mjn, Tin($in)].Posons
R = max (Rlt R2, . . ., R8).
Si Rj < R, nous étendrons la définition de fj(x) à tout l'inter¬
valle (—R, R), en posant
yijix) = ipj{R) pour x > R/,
et
y>j(x) = yiji — R) pour x < — Ry
Définissons ip(x) par la relation
ip(x) = ft(x) + f2(x) H h v,(«).
(4,24) peut alors se mettre sous la forme
dy>(x)
-R
Considérons maintenant
• + R s , + R,""
= ?J'
)=1 -R.3
Soit Çp le point où max | (?„(#)| est atteint. En appliquant,x sur Ej
aux termes du troisième membre de (4,25), la propriété générale
exprimée par (4,20), on obtient
(4,26) ^ S0»^
(4,25) M2n = J+*Ç»(*)dv(*) = S j+\(x)d%(œ).
2~T~
2|~T "~F
2
De nos définitions, on déduit que l'un au moins des nombres
est égal à M\. Soit
(4.27) <&(ç,h) = M«n.
De (4,16), (4,19), (4,26), et (4,27), nous tirons
m2 /Mî 0M2 ,
M! n\(4.28) ^^M^^2/^ +-^+...+-^ .
Sur les déterminants récurrents d'une fonction. 52
Chacune de nos fonctions fj(z) étant, par hypothèse, du type
régulier, on a
(4,29) lim (_M*=i (j = \, 2, ..., s),
et aussi, par conséquent,i_2m
En observant que, dans (4,30), l'indice / n'est susceptible de
prendre que l'une des valeurs 1, 2, . . ., s, on peut, en utilisant
(4,30), écrire
j_
(M* 0M»
1 M) n*2"
De cette relation, et de (4,28), nous tirons immédiatement
lMn\ n
lim (— = 1. c.q.f.d.m—»-<»
Nous allons maintenant appliquer notre Proposition 8 à la
fonction g(z), définie par
Considérons les polynômes de Legendre, relatifs à l'intervalle
(o^, Pj). De propriétés connues de ces polynômes, on tire
M)n_
2n + 1
d'où l'on déduit (4,29). On peut donc affirmer que
b<>I
&1! I
b"I / \
—
+ ^ + ---
+ ^r +••• = £(*)
est du type régulier. Observons que ce résultat fournit un moyen,
tout au moins théorique, de calculer le diamètre transfini d'un
ensemble formé d'un nombre fini d'intervalles fermés de l'axe
réel.
26. Propriété de continuité du diamètre transfini de
certains ensembles. Cette propriété sera utilisée dans la
démonstration du Théorème VI.
53 Albert Edrei.
Considérons s intervalles de l'axe réel, définis par les inégalités
oc, ^ x ^ p, (/=1, 2 s).
Nous supposerons
«i < & ^ «a < A ^ • • • ^ «S < as¬
soit E l'ensemble formé par les points des S intervalles que nous
venons de définir.
Outre l'ensemble E, nous considérerons deux autres ensembles
E(e) et E[ô], définis ci-dessous en I et II.
I. Soit s un nombre positif satisfaisant à l'inégalité
2e < min {(ft-oO, (/S2-<x2), . . ., (j8,—oc,)}.
Par Ij(s), nous désignerons l'ensemble des points de l'intervalle
fermé (<x.j-\-s, fo—e), et soit
E(e)=I1(e) + I2(e) + ---+I„(e).
II. Soit ô un nombre positif, inférieur à 1. Par Ij[ô]nous désignerons l'ensemble des points de l'intervalle fermé
((l-ô)a,, (l-d)ft) et soit
E[d)=I1[ô]+I,[d] + "-+I,[ô].
Les diamètres transfinis de E, E(e) et E[ô] seront désignésrespectivement par r(E), r{E(e)) et t(£[ô]). En vertu des défini¬
tions, on vérifie immédiatement
x(E[ô]) = (1-ô)t(E),
et nous nous proposons de démontrer que
(4.31) r(E(e))^(l-ô)r(E),
dès que
(4.32) 2e=
ô min {(ft-^), (&-<*,), . . ., (jS.-oc,)}.
Considérons le déterminant défini en (2,3), et soit
{x-y, x2, . . ., xn) le système de points de E[ô], tel que
| V(xlt x2, ...,xn)\= max | V(tlt £2, . . ., Cn) |.Êj.f, £„sur£[<5]
Nous voulons maintenant construire un système (£1( £2, . . ., |„)de points de is(e), tel que
(4.33) | V(gv |2, . . ., Sn) | ^ | Ffa, *„ . . ., *J|.
Sur les déterminants récurrents d'une fonction. 54
En vertu des définitions de M. Fekete, cette dernière inégalité,valable quel que soit n, entraîne l'inégalité (4,31).
Voici comment nous obtiendrons le système des points £,,.Nous considérerons chacun des segments Ij[ô] comme le supportde ceux des points xv qu'il contient. Nous ferons glisser ces
supports Ij[ô], le long de l'axe réel et nous supposerons que,
pendant ces translations, la position des xv, situés sur un même
segment, n'est pas altérée. Nous amènerons Ij[d] sur Ij(s)(j = l, 2, . .., s) de manière que les centres des intervalles
correspondants coïncident. Nous désignerons par f„ la nouvelle
position de œv (v=l, 2, . . ., n).Observons que, en vertu de (4,32), on a
(l-Wft-a,) £ (ft-a,) - 2e (/=1, 2, . . ., s),
d'où l'on déduit que tous les |„ sont points de E(e). Pour démon¬
trer l'inégalité (4,33), il suffira de considérer | F(|1; |2, . . ., |n)|comme le produit des valeurs absolues de toutes les différences
(£«•—£,>) et de s'assurer que l'on a constamment
I %n ~ £v I = I xp ~ xv \ •
(Le cas d'égalité n'a lieu que si f„ et Çv appartiennent à un même
intervalle Ij{e).)L'inégalité (4,31) se trouve ainsi démontrée; en la combinant
avec l'inégalité
r(E)^r(E(e)),et en passant à la limite e -> 0, il vient
lim r(E(e)) = r(E).£-»0
27. Démonstration du Théorème VI, dans un cas
particulier. Nous démontrerons d'abord le Théorème VI dans
le cas particulier où: l'hypothèse 2°, de son énoncé, est réalisée
sous la forme
2° restreinte. La fonction <p{x) n'est jamais négative dans
Vintervalle (a, /3).Notre démonstration, dans ce cas particulier sera obtenue par
combinaison du "principe de comparaison" et du „principed'addition", précédemment établis. Au § 28, nous établirons un
„principe des changements de signe" grâce auquel il nous sera
facile d'étendre la démonstration du Théorème VI, du cas par¬
ticulier au cas général.Considérons les points, de l'intervalle (a, /?), où <p{x) a un zéro
isolé et, en outre, les extrémités de tous les intervalles sur les-
55 Albert Edrei.
quels <p(x) = 0. Nous prendrons chacun de ces points pour centre
d'un intervalle ouvert de l'axe réel. Soient 0lt 02, . . ., Op ces
intervalles (en vertu de l'hypothèse 3e, p est un nombre fini);donnons à chacun d'eux la longueur positive 2e (par la suite nous
ferons s -> 0).Considérons l'ensemble
E(e) = E- (0x+02+ • • • +0P),
et désignons par y(x; e) sa fonction caractéristique, c'est-à-dire
la fonction valant 1 ou 0 suivant que x est, ou n'est pas, l'affixe
d'un point de E(e). Soit m(e) la valeur minimale prise par la
fonction continue <p(x), sur l'ensemble fermé E(s). Si nous dési¬
gnons par
les déterminants récurrents relatifs à la fonction
| m(e) —-— dx,J '
z — X
a
nous pouvons, en vertu du principe de comparaison, poser
A '"+1) J<n+1> (p\
car, en tout point de l'intervalle (a, /S), on a manifestement
<p(x) ^ m(e)y(x; e).
En utilisant le résultat obtenu, à la fin du § 25 (comme exemple
d'application de la Proposition 8), il vient
i
En appliquant, à cette relation, les résultats des § 24 et 26,
on obtient
f ,W 12»
lim Hw = T(£)'
et aussi, par conséquent,
lim {A}n' = x(E).
Sur les déterminants récurrents d'une fonction. 56
28. Principe des changements de signe; achèvement
de la démonstration du Théorème VI.
Proposition 9. Soit
a
où la fonction réelle x(x) est supposée à variation bornée. Soit
U(x), un polynôme réel, non identiquement nul, et soit
ia *a\b»
ibl
. _l6"
_l
f UWA t \
(4,34)—
+ -r +---
+ -^r +-- = ) — dX(ai).
a
On a alors
ïïïn" | A^ f = ÏÏ5Ï | B[n) f .
n—>ao n—>oo
Pour démontrer cette proposition, il suffit d'observer que la
série (4,34) représente une fonction de la forme
U(z)f(z)-V(z),
où V(z) est un polynôme, et que, par conséquent, on peut lui
appliquer le Théorème II. En effet,
tti wv a
fu(z)~U(x) fu(x)U(z)f(z)
= )z__x
dX{x) + ) ~dx(*)-a. a.
La première intégrale du second membre est un polynôme V(z).
c.q.f.d.
Voici comment s'achèvera la démonstration du Théorème VI.
I. On considérera une fonction q>(x) satisfaisant aux con¬
ditions, non restreintes, de l'énoncé du Théorème VI.
II. On construira un polynôme U(x), à racines toutes réelles,
telles que l'expression <p(x)U{x) ne soit jamais négative.III. Grâce à la Proposition 9, on ramènera l'évaluation de
lim | A^ \n2 à l'évaluation des limites formées avec les déter-
n—>x
minants récurrents de
Jz — x
a
Cette évaluation a déjà été effectuée au § 27.
57 Albert Edrei.
CHAPITRE V
00
r
Les séries de la forme S —-—.
29. Expression de A^n) par une somme multiple. Con¬
sidérons la série (19); nous supposerons les nombres complexes
sv bornés dans leur ensemble
\sv\^R (v = l,2, ...,p, ...)X
et les nombres complexes rv tels que 2 \rv\ converge. La série
(19) représente alors une fonction holomorphe pour | z | > R;
soit (1) son développement en série entière.
On a manifestement
00
(5.1) an = S V? (»=0, 1, . . ., m, . . .).v=l
A partir de ces expressions pour les coefficients an, on obtient
aisément la formule
(5.2) Aj^= S rvrv •••rv{sv sv ••sv)kVi(sv,sv,...,sv).o<v1<v2<...<v„
1 2 » i ^ « 12
Les résultats de ce chapitre sont des conséquences assez simplesde cette formule.
30. Esquisse de la démonstration du Théorème VII.
Soit E l'ensemble défini dans l'énoncé du Théorème VII et soit
une suite de points de E.
On sait qu'il est possible de trouver une suite
(5,4) slt s2, • • •, sn, . . .
de points de la frontière de E, telle que, si la suite (5,3) contient
tous les éléments de (5,4), la fonction représentée par une série
(19) est holomorphe dans CE et admet CE pour domaine
d'existence 32).L'ensemble E étant fixé, choisissons, à la manière de M. Besse,
la suite (5,4). Fixons en outre un nombre positif d, inférieur à 1.
3S) Cette proposition a été énoncée par M. Pringsheim, mais la démonstration
qu'il en a donnée comporte une importante lacune. M. Besse a remarqué la lacune
et a démontré la proposition en toute rigueur. Voir n).
Sur les déterminants récurrents d'une fonction. 58
Nous allons construire, par induction complète, une série (19)telle que les coefficients de son développement (1) satisfassent
à la relation (20).Considérons d'abord, deux suites de nombres non négatifs.1° Une suite d'entiers
(5.5) p0, p1; . . ., pn, . . .,
telle que
(5.6) 0 = p0 < px < • • • < pn < • • •.
2° Une suite de nombres positifs
(5.7) J?0> Vv • •> Vm • -,
telle que
(5.8) 1 = % > r\x > • • • > rjn >
Nous préciserons plus loin le choix de (5,5) et (5,7).Posons q = ô2; en vertu de nos hypothèses
(5.9) 0 < q < 1.
Posons encore
(5.10) rv = r)nqv pour pn < v ^ pn+1.
On peut s'assurer dès maintenant que, malgré l'arbitraire des
suites (5,3), (5,5) et (5,7) (seulement soumises aux hypothèses
(5,6) et (5,8)), on a
(5.11) ïïïn |^n)p ^ er-
En effet, posons
<5,12) Vn = max | V{Zl, z2, . . ., zn) |.zv z2,..., zn sur E
De (5,2) et de la définition de (5,3), on tire
I ALn) I < F2 Sr r - • -rI-^0 I = rn •" '
v, 'v, 'v-
0<v1<v2<- ••<»„
En vertu de (5,8), (5,9) et (5,10), on peut aussi écrire
{5,13) \A^\<,V\ 2 j'ig-,...^-.o<v1<v2<--'<vn
On calcule sans peine la somme multiple du second membre
de (5,13); il vient
59 Albert Edrei.
(5.14) S gWi • • • o*. = —? ql £_.v > / 11 i j
a\ ni i
a"
0<v1<vss<---<vn1
ï*
1x 1
En tenant compte de (5,9) et (5,14), on peut donc mettre
(5,13) sous la forme
m(m+l)
En élevant les deux membres à la puissance —, en passantn2
à la limite n -> oo, et en revenant aux définitions de M. Fekete,on obtient (5,11).Pour achever la démonstration du Théorème VII, dans le cas
0 < 6 < 1, il nous suffira de voir que les suites (5,3), (5,5) et
(5,7) peuvent être choisies de manière que
j_
(5.15) Km | A^ f" ^ 9t.n—> oo
Pour démontrer cette inégalité, nous utiliserons le Lemme 10,
énoncé et démontré au paragraphe suivant.
31. Un Lemme relatif à la définition du diamètre
transfini. Soient %, z2, . . ., zk k points distincts de E. Formons
le polynômewk(z) = (^-z1)(z~-z2) • • • (z-zk).
Considérons
max | Wk(z)\ = a>k,z sur£
ce maximum est atteint en un ou plusieurs points de E; soit
zk+1 un de ces points.Considérons ensuite
wk+i(*) = (»—%)(2—»a) • • ' («—»*)(«—2*+i).
et posons
max ] Wk+1(z) | = œk+1 = | Wk+1(zk+2) \.z sur E
Nous formerons ensuite Wk+2(z), puis Wk+3(z), . . . etc.; en
répétant indéfiniment cette opération, et en supposant E com¬
posé d'une infinité de points, nous obtiendrons une suite de
points distincts
(5.16) z±, z2, . . ., zk, zk+1, zk+i, . . ., zn, . . .
Sur les déterminants récurrents d'une fonction. 60
Lemme 10. Pour les éléments de la suite (5, 17), on a
(5,17) lim | F2(zl5 z2, . . ., zn) \n* = r.
n—> oo
Observons que
\V(Zl, z2, ..., zk)\ \Wk(zk+1)\ \Wk+1(zk+2)\ • '-\Wn^(zn)\ (n>k).
Soit Tj(z), le polynôme de Tchebyscheff, de degré /, relatif à
l'ensemble E, et soit
max | Tj(z) | = rrij.z sur E
Par définition même des polynômes Tj(z)
\Wi(zi+1)\=a>i^mi (j^k).
On a donc [voir (5,12)]
Vn ^ | V(zv z2, . . ., *B) | ^ | V(zx, z2, . . ., zk) | mkmk^ • • • mn_x.
On obtiendra (5,17) en élevant les deux membres de ces
2
inégalités à la puissance —, en passant à la limite n -» oo, et
en tenant compte des définitions de M. Fekete 33).
32. Achèvement de la démonstration du Théorème VIL
Nous allons préciser maintenant le choix des suites (5,5) et (5,7).
Supposons avoir déjà choisi
Po> Pu • •' Pn>
%> *?!> • • •' Vn'
de même que
Jn
Nous montrerons comment choisir pn+1, fjn+1 et sv (pn<v^=Pn+i)-En particulier, le premier pas de notre induction consistera,
connaissant p0 = 0 et rj0 = 1, à choisir pv % et sv s2, . . ., sp .
Voici le pas général:
33 ) Observons, en passant, qu'il est assez facile de démontrer que
lim w" = T.n
n—>-oo
61 Albert Edrei.
Nous prendrons pour sp +1le premier terme de (5,4) qui ne
se trouve pas parmi
s±, s2, • -, sp^.
Nous formerons le polynôme
Wp +i(*)=(*-*i)(*-*«) • • • (ssp )(s-sp +1)
et nous prendrons pour sv +2un des points de E pour lesquels
n
max | Wp +1(s) [ est atteint. Nous continuerons à appliquer cette
s sur £"
méthode (voir description exacte avant l'énoncé du Lemme 10)
pour choisir
sp +3» Sp +4> •••>*«•
En vertu du Lemme 10, et en observant que lim rf^ — 1,
nous sommes assurés de trouver un indice x, tel que
(5,18) | r?nV\Sl, s» ..., 8X) f > x (l-^j).Nous prendrons x = pn+1; il nous reste à choisir %+1.
Nous prendrons pour rjn+1 un nombre positif, inférieur à r\w
et tel que
(5 19}V»+lV*n+l
<1
P^\Vh , g )f(1—g) • • • (1 — qp-+i) 2 ' "+1
Donnons maintenant une estimation inférieure de |^4^»+i'|.Dans (5,2), faisons k=0, remplaçons n par p,l+1 et soustrayonsdu module du terme
r1r2---rPMV*(svs2,...,sPn+i)la somme des modules des autres termes du second membre.
En tenant compte de (5,10), (5,14) et de la définition de
V„ ,il vient
(5,20) | 4""«) | ^ ,£»« q 2 | 7(Sl, *a, ...,»„) |2n+1
? 2
F^
(1 — g) • • • (1— qPn+i) p»+i
En combinant (5,19) et (5,20), on obtient
Pn+l+Pn+l
| A{0P^] | ^ i-^-«?""S- | V(Sl, s2, . . .,* ) |2.
Sur les déterminants récurrents d'une fonction. 62
En élevant les deux membres à la puissance ,et en tenant
compte de (5,18), il vient
i _J_
\AtPnJ\*n« >ï QT(1_J_\V
\Ao I >_J_
1 \L n+1) T-
2Pn+1
Par le passage à la limite n -> oo, nous obtiendrons (5,15).La fonction que nous venons de construire n'est pas prolongeableau delà de CE, car la suite (5,3) contient la suite (5,4). Nous
avons ainsi démontré le Théorème VII, dans le cas 0 < 6 < 1.
Le cas 6 = 1 est obtenu en remplaçant (5,10) par
(5,21) rv = r]n— pour pn < v ^ pn+1.
Le cas 0 = 0 est particulièrement simple à traiter; en l'étudiant,il est facile de répondre à une question de M. Pôlya 34).
Soit R le rayon de convergence de l'élément (1). Si n-> oo, de
kmanière que le rapport — reste fini, il faut, pour que (1) soit pro¬
longeable au delà de son cercle de convergence, que
ÏÏm" \A^\lk+n~1)n <R.
Cette condition nécessaire, établie par M. Pôlya, est-elle
suffisante?
Non. En effet, posons
rn = — («=1, 2, . . ., m, . . .);2
quelle que soit la suite (5,3), de points de E, on a, en vertu de (5,2),
11 1
'- 2vl'
2*A^>\^ V\ Rkn
La somme multiple du second membre est facile à limiter
supérieurement; elle décroît tellement rapidement avec —, que,
si — reste fini, on a toujours
lim | 4»> l^-1»"^ o.
34) Voir l'annotation 1).
63 Albert Edrei.
33. Une précision du Théorème VII dans le cas de
Stieltjes-Grommer. Au lieu du Lemme 10, il sera commode
d'utiliser le
Lemme 11. Soit E un ensemble fermé, borné et infini, du
flan de la variable complexe. Soit
(5,22) Sj, s2, • • •> sn> • • •
une suite quelconque de points distincts de E.
J'affirme qu'il existe une suite (5,3) de points distincts de E,contenant tous les éléments de (5,22), jouissant en outre des pro¬
priétési_
^5,28) lim <al = t
n—><*>
et
(5,24) ïîm | V(slt s2, . . ., sn) \n" = r.
On a posé
Wn(s)= (s-s1)(s-s2) • • • (*—*„),
max | Wn(s) | = con.s sur E
La démonstration de ce Lemme est un peu longue, mais n'offre
aucune difficulté particulière; nous ne la donnerons pas ici.
Disons toutefois, qu'elle repose essentiellement sur la construc¬
tion utilisée dans le Lemme 10.
Le cas de Stieltjes-Grommer est caractérisé par la positivitédes r et la réalité des s et des points de E. Nous prendrons pour
(5,22) une suite de M. Besse, relative à l'ensemble E. Nous
déterminerons la suite (5,3), comme le veut le Lemme 11. Nous
poserons encore
rn = qn {q=d%
et nous démontrerons que, pour le développement (1) de la
série (19), on a
= 0T (O<0<1).(5,25) limn—><*>
'
..(n+l)-^0
Dans notre cas particulier, il résulte de (5,2) la double
inégalité
g q* q«qq* • ..<rV*(slt,v . . .,,*) <U<»> <£ ^~
•
j-jL-• •
'Yf-n
Sur les déterminants récurrents d'une fonction. 64
Par le passage à la limite habituel, et en tenant compte de
(5,24), il vient
j_
(5,26) IÎE | A{0n) |n' = 6r.
Observons l'équivalence de l'intégrale de Stieltjes (4,1) et de
(19). De cette équivalence on déduit l'existence d'une suite de
polynômes réels
&(*), Q2(s), . . ., Qn(s), . . .
tels que
oo . (n+l)
2 »V(?*(*,) = -V (n=l,2,3,...,m,...).
De même, si Un(x) désigne un polynôme réel, du type
Un(x) = xn + • •
-,
on aura constamment
S rvQl(sv)£ S rvUl(sv).v=l v=l
On aura, en particulier,
a (n+l) oo oo
-^ ^ S rvWl(sv) = S rvWl(sv).
De la définition des r et de œn
Aln+1) «»+i
-^p ^ ai [q^+qn+* + •]= <^ .
Elevons les deux membres de cette inégalité à la puissance
—, passons à la limite n—>co. En tenant compte de (5,23), il vient
lim
2jl
< Or.
Si l'égalité (5,25) n'était pas atteinte, nous serions en contra¬
diction avec (5,26).
34. Un lemme sur l'ordre de la singularité essentielle
de certaines séries du type (19). Ce paragraphe et le suivant
préparent la construction des exemples relatifs au Théorème III.
65 Albert Edrei.
Considérons les fonctions (21) et (22) et soit
g(*;e)=/(Tî<?) (e^°)-
Cette fonction méromorphe est d'ordre au moins égal à q,
puisque l'exposant de convergence de ses pôles est égal à q.
Dans ce paragraphe, nous montrerons que son ordre est effec¬
tivement q (simple conséquence du lemme suivant).Lemme 12. Soit
une suite de nombres complexes, telle que S | rn \ converge.n=l
Soit
*1» *2> • * "' *n> • • •
une suite de nombres réels, telle que
1°. lims„ = 0
71—^ 00
2°. la suite
T" » ~7~ > • • •>«
» " ' *
era'i m exposant de convergence égal à q.
Sous ces hypothèses, Vordre de la singularité essentielle de la
fonction représentée par (19) est égal à q.
Considérons la fonction méromorphe
g(») = S-j
2
Nous allons en calculer l'ordre en nous appuyant sur les défini¬
tions de M. Nevanlinna 35). Il est manifestement suffisant de
connaître la valeur moyenne
m(r, oo) = ^ J log | g(re*) \ d<p.
Pour q> ^ 0 et <p ^ n, on a
\g(re«P)\^ïv=l
g-i<P— S„
<
!6(r,ç»)*" ' ""
où l'on a posé
b(r, <p) — borne
) Voir les pages 12 et 30 du traité cité de R. Nevanlinna.
Sur les déterminants récurrents d'une fonction.
De la réalité des s, on tire
b(r, tp) ^| sin q> |
On a donc, pour | g(reiip) \, une estimation du .type
Ar
g{re*>)\ ^-sm <p |
Pour r -¥ oo, il vient
m(r, oo) ^ log r + 0(1).
Cette inégalité prouve que, dans la fonction caractéristique
T(r) = m(r, oo) + N(r, oo),
le terme N(r, oo), qui ne dépend que de la position des pôles de
g(z), est toujours prépondérant. c.q.f.d.
35. Limitation inférieure de certains déterminants de
Vandermonde. Considérons
i i
(5,27)1' 1
n (ke-je).lSj'<fcSra
(n!) e
ma a'
11 k i_i I_iQ (fce _ je) = j xe dce^k« (k-j),
Supposons d'abord 0 < — < 1 ; ona alors
ou encore
(5,28) ke -je ^_.&«?3
e k
En combinant (5,27) et (5,28), il vient
\ 1' 1'' "'
1n
— n—1 m(n—1)-g- n— l^j<kën
(ni) *q
Le second membre de cette inégalité est égal à
1 [H2«88 •••»»]<? (n!)"*1
tffl-
m (m—1)
g2 (n!)e
En tenant compte des inégalités
[l122S3---nnY
67 Albert Edrei.
et
, , ,n* log n n2
1 log 1 + 2 log 2 + f- n log n > —-
—,
il vient, après quelques calculs,
-.11 1
(5,29)A' 1
1» 26
m2log n
Le cas — 2; 1 est un peu plus simple à traiter; il suffit de
remplacer (5,28) par
(5,30)i i A
ks -je ^ (k-j)e.
Le reste du calcul est analogue à celui que nous venons d'es¬
quisser. On obtiendra à nouveau l'inégalité (5,29).Il est maintenant aisé de démontrer le
Lemme 13. Soit En, Vensemble formé par les ns points
_i _I _i _i
(5,31) 2/ + 1 <?', 2/ + 2 <\ 2/ + 3 *',..., 2/ + n <?';
g, > 0; (/=1, 2, . . ., s).Posons
(5,32) Vn = max |F(s1; s2, . . ., sn)|.«l.«î'"-8nSurEn
«Soms ce* hypothèses, on a, pour n —>• oo,
«2 log m
(5.33) F* ^ e0(re2> e ^+e2+•••+?,_
Soient %, n2, . . ., ns, s nombres entiers, positifs, tels que
(5.34) n1 + n2 + \-ns = n.
De (5,31) et (5,32), on tire
vil- -
-i
\e, $>,
et de (5,29),n^
[~nj log nt n\ log »ta n] log n,"|L
2g.+
2p,+">+
2g, J(5,35) F„^e0(n2)e L
2^i
'
*e*
*e>
On ne peut en général satisfaire, en nombres entiers positifs,à la fois à (5,34) et
(5 36)% log % «a log n2 nslogns
0i Qa
Sur les déterminants récurrents d'une fonction. 68
Toutefois, pour n très grand, on peut satisfaire „à peu près"ces dernières relations. Voici ce que nous entendons par là:
Quel que soit n, suffisamment grand, il est possible de trouver
un système de nombres rij entiers, positifs, tels que l'égalité(5,34) soit satisfaite, et telle que l'on ait:
n< log n. m, log n, „ „
(5,87) -î-p - -42-ï = 0 (log n) (/ =2, 8, . . ., s).
De (5,34) on tire
% log % + «2 log n2 + • • • + ns log ns < n log n.
En combinant cette inégalité avec (5,37), il vient
^——~(0i+02+ \-6s) <n\ogn + 0 (logn),Si
puis, en multipliant les deux membres par n(g1-\-Q2+ • • • +p8)-\
(«i+»«+ • • • +».) —;— <n
, . , TT + °(n loS »)•Pi Si T ft t • • • t ft
En appliquant à nouveau (5,37)
h + 1 < —r— : 1- 0(» log n).ei Pa e. Si + e> + • • • + e.
Le résultat annoncé est obtenu en combinant cette dernière
inégalité avec (5,35).
36. Exemples relatifs au Théorème III. Nous allons
maintenant démontrer la relation (24).Il est aisé de voir que, dans cette démonstration, on peut,
sans nuire à la généralité, se restreindre au cas où tous les Qjsont différents de zéro.
Représentons la fonction (23) sous la forme (19), c'est-à-dire
sous forme d'une somme unique de fractions du type ——.
Les déterminants récurrents du développement (1) de cette
fonction, sont donnés par la formule (5,2); faisons A; = 0 et
considérons le ou les termes du second membre de (5,2), conte¬
nant le facteur V\ [voir la définition (5,32)]. Tous les rv étant
positifs, on a
69 Albert Edrei.
En tenant compte de (5,33), on voit que
1 î
lim [4Wflog^e el+Qt+...+Q.m71—>as
En vertu du Lemme 12, nous pouvons appliquer le Théorème
III et obtenir
î î
ïïm" [4">fal0gn^e e,+e,+ -+e..m—><»
Les deux dernières relations écrites sont équivalentes à (24).La démonstration de (25) n'offre aucune difficulté; elle est en
tous points semblable à celle, donnée pour le cas 6 = 0, du
Théorème VII.
(Reçu le 18 janvier 1939.)
CURRICULUM VITAE.
Je naquis le 26 novembre 1914 à Alexandrie d'Egypte. Je
fis mes premières classes dans cette ville (en langue française).En 1925, je fus mis en pension à Lausanne où j'étudiai au Collège,
puis au Gymnase scientifiques. J'obtins en 1932 le grade de
bachelier es sciences. Je commençai alors des études d'ingénieurà l'Ecole Polytechnique Fédérale de Zurich. Au bout de peu de
temps, j'abandonnai ces études et m'inscrivis à la Section de
Mathématiques et de Physique de la même Ecole. J'y obtins
mon diplôme en été 1937. Pendant le semestre d'hiver 1937—1938
je fus assistant de géométrie, à l'Ecole Polytechnique Fédérale,chez M. le Prof. Kollros. Les mois d'avril, mai et juin de 1938
furent consacrés à la préparation et à la rédaction de cette thèse.
Depuis la fin de 1936, je n'ai cessé d'être en relations constantes
avec M. Pôlya. Nos contacts fréquents ont contribué, d'une
façon décisive, à ma formation mathématique. M. Polya, aprèsm'avoir suggéré l'idée de ce travail, n'a cessé, dans le cours de
mes recherches, de me témoigner de l'intérêt et de m'encouragerpar ses conseils. Qu'il me soit permis de lui présenter ici l'expres¬sion de ma profonde reconnaissance.
Zurich, le 8 juillet 1938. A. Edrei.