Revue internationale 226/227 › 3 › a1222f › a1222f00.pdf · 2007-08-17 · Organisation...

107
226/227 Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture Revue internationale des forêts et des industries forestières ISSN 0251-1053 Rédactrice: A. Perlis Comité consultatif de rédaction: F. Castañeda, R. Czudek, T. Hofer, D. Kneeland, A. Perlis, L. Russo, T. Vahanen, P. Vantomme, M.L. Wilkie Conseillers émérites: J. Ball, I.J. Bourke, C. Palmberg-Lerche Conseillers régionaux: C. Carneiro, P. Durst, P. Koné, K. Prins Unasylva paraît en anglais, français et espagnol. Les abonnements sont gratuits. Pour souscrire, s’adresser par courriel à unasylva@ fao.org. Les demandes d’abonnement venant d’institutions (bibliothèques, sociétés, organisations et universités, par exemple) sont de rendre la revue accessible à davantage de lecteurs. Tous les numéros d’Unasylva sont disponibles en ligne à titre gratuit à l’adresse suivante: www.fao.org/forestry/unasylva. Veuillez envoyer vos commentaires et questions à: [email protected] Vol. 58 2007/1-2 Table des matières Éditorial 2 J. Diouf La FAO – une organisation détentrice de savoirs pour le troisième millénaire 5 1940s: Les premiers pas d’Unasylva J.B. Orr Un monde—Une forêt (1947) 7 «Unasylva»... Pourquoi? (Éditorial) (1947) 9 1950s: Les connaissances en aide aux pays sous-développés G. Clauson Qu’est-ce que l’assistance technique? (1950) 10 Diffusion des connaissances (Éditorial) (1952) 13 1960s: L'évolution des rôles de la foresterie et la foi dans la technologie E. Glesinger Le rôle de la forêt dans le développement économique du monde (1960) 14 H. Beresford-Peirse L’évolution de la foresterie (1962) 19 J.N.R. Jeffers L’ordinateur électronique numérique en foresterie (1961) 24 F.F.P. Kollmann Promesses de la technique (1966) 27 La FAO et l’inventaire forestier russe 30 1970s: Les politiques telles que formulées K.F.S. King Politiques forestières et développement national (1974/75) 31 1980s: Ouverture de plus vastes horizons M.W. Hoskins La sylviculture communautaire et les femmes (1980) 36 Les femmes dans Unasylva avant 1980: où étaient-elles? 42 P. Bergman Une espèce polyvalente: la femme (1984) 43 Mantri + Lurah = Ma-Lu (1980) 44 La valeur économique d’un lion (1981) 45

Transcript of Revue internationale 226/227 › 3 › a1222f › a1222f00.pdf · 2007-08-17 · Organisation...

Page 1: Revue internationale 226/227 › 3 › a1222f › a1222f00.pdf · 2007-08-17 · Organisation 226/227 des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture Revue internationale des

226/227Organisationdes Nations Unies pour l'alimentationet l'agriculture

Revue internationaledes forêtset des industriesforestières

ISSN 0251-1053

Rédactrice: A. PerlisComité consultatif de rédaction:F. Castañeda, R. Czudek, T. Hofer, D. Kneeland, A. Perlis, L. Russo, T. Vahanen, P. Vantomme, M.L. WilkieConseillers émérites:J. Ball, I.J. Bourke, C. Palmberg-LercheConseillers régionaux:C. Carneiro, P. Durst, P. Koné, K. Prins

Unasylva paraît en anglais, français et espagnol. Les abonnements sont gratuits. Pour souscrire, s’adresser par courriel à [email protected].

Les demandes d’abonnement venant d’institutions (bibliothèques, sociétés, organisations et universités, par exemple) sont

de rendre la revue accessible à davantage de lecteurs.

Tous les numéros d’Unasylva sont disponibles en ligne à titre gratuit à l’adresse suivante: www.fao.org/forestry/unasylva.

Veuillez envoyer vos commentaires et questions à: [email protected]

Vol. 58

2007/1-2

Table des matièresÉditorial 2

J. DioufLa FAO – une organisation détentrice de savoirs pour le troisième millénaire 5

1940s: Les premiers pas d’UnasylvaJ.B. OrrUn monde—Une forêt (1947) 7

«Unasylva»... Pourquoi? (Éditorial) (1947) 9

1950s: Les connaissances en aide aux pays sous-développésG. ClausonQu’est-ce que l’assistance technique? (1950) 10

Diffusion des connaissances (Éditorial) (1952) 13

1960s: L'évolution des rôles de la foresterie et la foi dans la technologieE. GlesingerLe rôle de la forêt dans le développement économique du monde (1960) 14

H. Beresford-PeirseL’évolution de la foresterie (1962) 19

J.N.R. JeffersL’ordinateur électronique numérique en foresterie (1961) 24

F.F.P. KollmannPromesses de la technique (1966) 27 La FAO et l’inventaire forestier russe 30

1970s: Les politiques telles que formuléesK.F.S. KingPolitiques forestières et développement national (1974/75) 31

1980s: Ouverture de plus vastes horizonsM.W. HoskinsLa sylviculture communautaire et les femmes (1980) 36

Les femmes dans Unasylva avant 1980: où étaient-elles? 42

P. BergmanUne espèce polyvalente: la femme (1984) 43

Mantri + Lurah = Ma-Lu (1980) 44La valeur économique d’un lion (1981) 45

Page 2: Revue internationale 226/227 › 3 › a1222f › a1222f00.pdf · 2007-08-17 · Organisation 226/227 des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture Revue internationale des

Les informations ci-après peuvent être

et non commerciales sans autorisation préalable du détenteur des droits d’auteur à condition que la source des informations soit clairement indiquée. Ces informations ne peuvent toutefois pas être reproduites pour la revente ou d’autres

détenteur des droits d’auteur. Les demandes d’autorisation devront être adressées au Chef du Service de la gestion des publications, Division de l’information, FAO.

Les articles signés expriment les opinions de

celles de la FAO.Les appellations employées et la présentation

des données n’impliquent de la part de la FAO aucune prise de position quant au statut juridique ou au stade de développement des pays, territoires, villes ou zones, ou de leurs autorités, ni quant au tracé de leurs frontières ou limites.

Pour se procurer les publications de la FAO mentionnées dans Unasylva, s’adresser

l’intérieur de la couverture. La FAO prendra les commandes des pays où il n’y a pas de point de vente. Veuillez contacter le Groupe des ventes et de la commercialisation, Division dela communication, FAO, Viale delle Terme di Caracalla, 00153 Rome, Italie.Tél.: (+39) 06 57051; Télécopie: (+39) 06 5705 3360; Télex: 625852/625853/610181 FAO ICourriel: [email protected] Internet: www.fao.org

2

1990s: Aménagement durable et aspects sociaux des forêtsJ.S. MainiDéveloppement durable des forêts (1992) 46

D.D. GowLa foresterie, source de développement durable: La dimension sociale (1992) 50

P. D browskiInterdépendance du tourisme et de la protection de la nature (1994) 53

T. MarghescuPréserver les ressources forestières pendant la transition vers une économie de marché (1994) 55

T. Enters et J. HagmannSens unique ou double sens... Où est le bon sens? Le rôle du vulgarisateur: de messager à facilitateur (1996) 57

D. RichardsonInternet et le développement rural: Les possibilités dans le domaine de la foresterie (1997) 63

J. Anderson, J. Clément et L.V. Crowder

Concepts nouveaux issus du pluralisme (1998) 68

2000s: L’M.J. Spilsbury et D. Kaimowitz

K. WarnerForesterie et moyens d’existence durables (2000) 80

M.I. Abalos Romero88

La FAO et la foresterie 92

Le monde forestier 99

102

Page 3: Revue internationale 226/227 › 3 › a1222f › a1222f00.pdf · 2007-08-17 · Organisation 226/227 des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture Revue internationale des

ÉDITORIAL

3

Unasylva aura 60 ans en 2007. Avec ce double numéro spécial nous célébrons la riche histoire du périodique de la FAO qui a eu la vie la plus longue.

Unasylva a modifié son contenu, son format et sa présenta-tion au fil des ans, mais elle a toujours fourni une chronique vivante des questions et préoccupations intéressant le monde en matière de foresterie. Son objectif demeure inchangé: offrir les dernières nouvelles sur les sciences et les politiques forestières à une gamme étendue de lecteurs – décideurs, gestionnaires forestiers, techniciens, chercheurs, étudiants et enseignants. Les auteurs des plus de 1 000 articles publiés comprennent des présidents d’États, des chefs des services forestiers nationaux, des travailleurs œuvrant sur le terrain et des professeurs d’université.

La revue documente aussi l’histoire des activités de la FAO dans le domaine des forêts. Chaque Directeur général et chaque chef de la Division des forêts de la FAO, qui est devenue par la suite le Département des forêts, a contribué à Unasylva.Les résultats de centaines de projets de terrain de la FAO ont été confiés à ces pages.

Le nombre de numéros parus par an a fluctué entre trois et six, bien que, pendant la majeure partie de sa vie, Unasylvaait été publiée trimestriellement. Pendant des années, il s’est agi d’une publication payante. Mais à mesure qu’Internet a gagné en popularité, la FAO a rendu Unasylva disponible en ligne gratuitement, ce qui a entraîné la décision prise récem-ment de ne plus faire payer les copies papier. Depuis lors, les demandes pour Unasylva – notamment en provenance des pays en développement où l’accès à Internet est souvent problématique – se sont rapidement accrues.

Parallèlement à l’accroissement du nombre des adhérents, qui est passé de 48 pays – appartenant pour la plupart au monde industrialisé – à 190 (y compris une organisation membre, à savoir la Communauté européenne), les priorités ont changé et l’accent a porté moins sur la production et la technologie du bois (les anciens numéros avaient, par exemple, une rubrique intitulée «Chronique de l’équipement») que sur les concepts de durabilité et la prise de conscience du rôle social de la forêt. Les premières décennies insistaient sur l’assistance fournie à l’Europe au moment de sa reprise après la deuxième guerre mondiale. Les auteurs de l’époque provenaient dans une large mesure d’Europe et d’Amérique du Nord. Dans les années 1980, l’équilibre s’est modifié, les femmes entrant de manière croissante dans le domaine des forêts, et les contri-butions des pays en développement suscitant de plus en plus d’intérêt. Aujourd’hui, Unasylva célèbre la diversité et s’est

60 ans d’Unasylva – tissant les connaissances pour le développement

faite réellement mondiale; chaque numéro présente, dans la mesure du possible, des auteurs appartenant aux sexes masculin et féminin et provenant de tous les pays du monde et d’une grande variété d’institutions de recherche et universitaires, d’autres institutions des Nations Unies, d’organisations non gouvernementales et de la société civile.

Lors de la dix-huitième session du Comité des forêts de la FAO tenue en mars 2007, un slogan a été lancé pour la foresterie à la FAO: «Tissons nos connaissances

pour le développement». Ce slogan non seulement caracté-rise les objectifs de la FAO, mais souligne ce qu’Unasylvaaccomplit depuis 60 ans.

Pour ce numéro qui célèbre le soixantième anniversaire de la revue, nous avons décidé de réimprimer des articles ou extraits d’anciens numéros qui montrent comment les connaissances sont tissées pour la mise en valeur des forêts.

Les idées présentées ont fait l’objet d’une évolution au fil des décennies analysées ici. Mais ce qui surprend peut-être le plus, c’est la mesure dans laquelle des notions considérées comme le symbole de certaines décennies avaient déjà été examinées longtemps auparavant. Le concept de durabilité, codifié dans les années 1990, après la Conférence des Nations Unies sur l’environnement et le développement (CNUED), formait déjà la base des préoccupations dès les années 1940. La dimension humaine, mise fortement en évidence dans les années 1980 et 1990, était déjà considérée dans les premiers articles.

Ce numéro anniversaire commence par une introduction du Directeur général de la FAO, Jacques Diouf, comprenant des réflexions sur le rôle croissant de la FAO comme organisation détentrice de savoirs et sur les changements qu’il est en train d’introduire dans l’Organisation pour stimuler ce rôle – ainsi que des observations sur la contribution d’Unasylva.

Nous commençons notre tour d’horizon à travers le passé en réimprimant le premier article pris dans le premier numéro d’Unasylva (1947), écrit par Sir John Boyd Orr, alors Directeur général de la FAO, qui a introduit la notion d’un monde, une forêt. «Cette nouvelle revue», a-t-il dit, «s’efforcera de faire la lumière sur tous les problèmes de la forêt et des produits forestiers, de comparer les méthodes utilisées dans les diffé-rents pays, et de présenter les opinions et les suggestions des experts dans les domaines les plus variés».

Appartenant aux années 1950, un article sur «L’assistance technique» montre comment l’Organisation a cherché à met-tre ses connaissances au service des pays en développement. C’était une ère différente sous l’angle des politiques mondiales- mais un éditorial sur la «Diffusion du savoir» souligne que le principe qui sous-tend l’«organisation détentrice de savoirs» actuelle existait déjà il y a plus d’un demi-siècle.

Nous mettons en évidence deux thèmes des années 1960. L’un est la prise de conscience croissante du rôle de la fores-terie dans le développement économique mondial, avec beau-coup d’idées exprimées ici par Egon Glesinger (Chef des services forestiers de la FAO) et Sir Henry Beresford-Peirse, qui sont encore actuelles. L’autre est la foi grandissante dans la technologie comme moyen novateur de promouvoir le développement. Les articles sur «L’ordinateur numérique en

Page 4: Revue internationale 226/227 › 3 › a1222f › a1222f00.pdf · 2007-08-17 · Organisation 226/227 des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture Revue internationale des

4

foresterie» et «Les promesses de la technique» traduisent une période optimiste de l’histoire.

Au milieu des années 1970, un article de K.F.S. King, ancien ministre du développement du Guyana et, simultanément, sous-Directeur général du Département des forêts de la FAO, reflète l’intérêt croissant de l’Organisation pour le rôle des politiques forestières de soutien dans le développement national.

Les auteurs du sexe féminin n’apparaissent dans les pages d’Unasylva qu’en 1980 (voir l’encadré p. 42). Nous soulignons un article sur les femmes dans la foresterie communautaire écrit cette année-là. Au cours de la même décennie, Unasylvaa commencé à imprimer davantage d’articles en provenance des pays en développement, qui souvent offrent des expé-riences pratiques. Un article sur les techniques de gestion forestière rédigé par un gestionnaire forestier d’Indonésie en est un bon exemple.

Les années 1990 représentent une décennie pivot pour la foresterie, avec la naissance du concept de gestion forestière durable à la Conférence des Nations Unies sur l’environnement et le développement (CNUED) en 1992, et l’aube de l’arran-gement international sur les forêts – le Groupe intergouverne-mental sur les forêts (GIF) et le Forum intergouvernemental sur les forêts (FIF), qui a, par la suite, mené au Forum des Nations Unies sur les forêts (FNUF). Extraits d’un numéro publié tout juste avant la CNUED, nous présentons un article par Jag Maini, l’un des intervenants clés dans le dialogue international, sur la mise en valeur durable des forêts, et un article sur ses dimensions sociales.

Les changements politiques des années 1990 ont également créé de nouveaux besoins – comme le démontre un article sur la protection des ressources forestières pendant la période de transition vers une économie de marché. Les concepts concer-nant la manière de rendre efficace la vulgarisation forestière abandonnaient la méthode à sens unique de résolution des problèmes. Le monde forestier reconnaissait l’importance du pluralisme – l’existence inévitable de positions différentes, souvent conflictuelles, parmi de nombreux groupes intéressés à la gestion forestière. Internet devenait alors un nouvel outil pour diffuser l’information. Tous ces thèmes sont présentés dans ce numéro.

En 2000, l’intérêt de la FAO pour la sécurité alimentaire s’étend aux moyens de subsistance durables. L’article général tiré du numéro d’Unasylva intitulé «Forêts, sécurité alimentaire et moyens de subsistance durables» résume les idées principales concernant la dépendance des populations vis-à-vis des forêts pour leur alimentation, leurs emplois, leurs revenus ou leur subsistance, et les retombées sur la gestion forestière durable. Cela a préparé la voie à l’étude réalisée par la suite sur le rôle des forêts dans la réduction de la pauvreté dans le cadre des Objectifs de développement pour le millénaire.

article publié en 2000 examine la mesure dans laquelle des publi-

en exerçant un impact sur la sagesse conventionnelle. Nous estimons qu’Unasylvales expériences et les meilleures pratiques qui entrent ensuite dans le courant principal des connaissances acceptées.

Ce numéro anniversaire s’achève sur une histoire qui porte réellement sur le tissage des connaissances pour le dévelop-pement: un examen illustré d’un projet qui a contribué au développement du secteur de la vannerie à base d’osier au Chili visant à améliorer les moyens d’existence locaux.

L’un des moyens les plus directs qu’utilise Unasylvapour tisser les connaissances pour le développement est l’éducation: les enseignants et les formateurs l’utilisent

dans les salles de classe pour la recherche et le personnel de projet et les vulgarisateurs s’en servent sur le terrain. Si vous ne trouvez rien sur ce thème dans la librairie la plus proche de chez vous, veuillez nous en informer.

Page 5: Revue internationale 226/227 › 3 › a1222f › a1222f00.pdf · 2007-08-17 · Organisation 226/227 des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture Revue internationale des

Unasylva 226/227, Vol. 58, 20075

Depuis 1945, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture a représenté pour

ses membres une source de connaissances et d’informations visant à améliorer les pratiques agricoles, forestières et halieu-tiques et à assurer à tous des vivres et des moyens d’existence.

Renforcer le rôle de la FAO comme organi-sation détentrice de savoirs est l’un des objectifs clés de sa réforme en cours. Dans les années à venir, la création de moyens novateurs de partager les connaissances de manière efficace et rentable revêtira une importance croissante dans le travail de la FAO.

Il s’agit de concevoir de nouveaux méca-nismes de transfert des connaissances visant à résoudre des problèmes pratiques en fonction des attentes et des besoins des utilisateurs. Tirant parti des techniques de l’information et de la communication, qui font l’objet d’une évolution rapide, la FAO s’efforce notamment d’assurer la diffusion et la promotion des meilleures pratiques. Elle tirera progressivement parti des réseaux constitués par ses principaux partenaires mondiaux pour promouvoir le partage des connaissances et fournir l’orientation la plus adaptée aux différentes régions géographiques.

Les services interactifs de diffusion de l’information, tels que «Ask FAO» (voir

l’encadré) et les réseaux de connaissances thématiques, réunissent des spécialistes dans le but de résoudre des problèmes particuliers et d’échanger des expé-riences aux niveaux national et régional. L’accent porte notamment sur la création de capacités pour aider les pays, leurs décideurs, leurs spécialistes techniques et leurs institutions à renforcer leurs propres capacités et à tirer des avantages accrus du travail de la FAO.

Ces efforts sont soutenus par l’accent mis de façon croissante sur le renforcement de l’interdisciplinarité, le travail collégial avec les partenaires des Nations Unies, le resserrement des alliances avec la société civile et une coopération plus active entre les organisations des pays membres.

Unasylva contribue à tous ces objectifs. Elle diffuse à travers le monde les connaissan-ces d’auteurs provenant de tous les pays du globe: depuis les gouvernements nationaux et locaux jusqu’aux institutions des Nations Unies, aux projets de terrain, au secteur privé, aux organisations non gouvernementales (ONG), aux organisations de recherche et au monde universitaire. Elle présente des expériences directes vécues sur le terrain, fournissant des informations et des connais-sances pour étayer les réponses techniques et stratégiques de ses pays membres.

Comme outil pédagogique et de création de capacités, Unasylva a attiré l’estime de professeurs et d’enseignants à maints niveaux. C’est ainsi que des entretiens avec des spécialistes appartenant à des institutions d’enseignement supérieur et de recherche aux Philippines, entrepris dans le cadre de l’enquête d’auto-évaluation des informations forestières réalisée dans la région Asie-Pacifique en 2004, a montré que «Unasylva contient normalement une panoplie d’articles de bonne qualité et de haut niveau, est largement consultée et représente une bonne source de matériel pédagogique utile», et que ses comptes rendus de livres sont vivement appréciés. «Les articles permettent la mise à jour des

La promotion du partage des connaissances est l’un des domaines auxquels la FAO consacre le plus d’efforts – et Unasylva offre son importante contribution.

La FAO – une organisation détentrice de savoirspour le troisième millénaire

J. Diouf

Jacques Diouf est le Directeur général de la FAO.

Page 6: Revue internationale 226/227 › 3 › a1222f › a1222f00.pdf · 2007-08-17 · Organisation 226/227 des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture Revue internationale des

Unasylva 226/227, Vol. 58, 20076

connaissances au profit de nos étudiants et pour la réalisation de projets liés aux forêts et à l’environnement dont bénéficie la communauté», a écrit un participant à l’enquête en ligne menée par Unasylvasur ses lecteurs en 2004. Les lecteurs ont déclaré qu’ils consultent la revue pour leur travail, leurs études et leur recherche, et pour se renseigner et se mettre à jour.

Unasylva s’adresse aux responsables des politiques, aux fonctionnaires forestiers, au personnel de projet, aux vulgarisateurs, aux enseignants, aux étudiants et aux bibliothè-ques. La FAO a répondu récemment à une demande formulée par le bureau national du Corps des volontaires de la paix des États-Unis au Bénin qui souhaitait recevoir des exemplaires de la revue en anglais et en français. Elle sera distribuée aux volontai-res qui créent des clubs écologiques dans des institutions pédagogiques et œuvrent de concert avec des ONG dans des projets intéressant l’ensemble du pays.

Unasylva contribue au perfectionnement professionnel des forestiers grâce à la mul-titude des thèmes couverts, répondant aux questions avant même qu’elles ne soient posées et étendant les horizons de ses lec-teurs. Avant de lire le numéro d’Unasylvaparu récemment sur «Les forêts et la santé humaine», par exemple, combien de fores-

tiers et de décideurs avaient jamais pensé aux liens rapprochant le déboisement aux maladies infectieuses nouvellement apparues? Pourtant, ces liens plaident de façon convaincante en faveur de la gestion forestière responsable. D’autres numéros publiés récemment ont donné aux fores-tiers des informations sur les liens entre les forêts et les changements climatiques et sur ce que représente le Protocole de Kyoto pour la foresterie; ils ont démon-tré comment certains pays bénéficient de leurs programmes forestiers nationaux, fournissant des exemples pratiques qui peuvent être adaptés ailleurs.

Comme le démontre un éditorial de 1952, réimprimé dans ce numéro et intitulé «Diffusion des connaissances», la FAO a non seulement joué de tout temps un rôle important dans le partage des connaissan-ces, mais elle est aussi chargée d’aider ses lecteurs à identifier les informations les plus valables et utiles qui sont dis-ponibles. L’Organisation est orgueilleuse de représenter une source d’information fiable, neutre et globale. Unasylva en est le symbole. La richesse d’expériences de la FAO se manifeste dans la préparation et la présentation de la revue. Les arti-cles d’Unasylva sont choisis et révisés par les pairs, grâce à un conseil de fores-

Au début de 2006, la FAO a facilité l’accès à ses connaissances et ses informations en lançant un service d’information interactif fondé sur Internet pour assurer un accès direct aux connaissances aussi bien explicites qu’implicites de son personnel et de ses experts techniques œuvrant dans le monde.

-

-

-

ASK FAO

tiers spécialisés qui assure la fourniture d’informations scientifiques et techniques rationnelles et d’une qualité très élevée. Dans l’enquête sur les lecteurs de 2004, 97 pour cent de ces derniers ont jugé Unasylva précise et fiable.

Depuis que le premier Directeur général de la FAO a introduit le premier numéro en 1947, les outils de diffusion de l’infor-mation se sont considérablement déve-loppés – mais l’intérêt porté à Unasylvan’a jamais décliné. La revue est l’un des moyens dont se sert l’Organisation depuis 60 ans pour toucher toutes les régions du monde dans le but de promouvoir le partage des connaissances. Aujourd’hui, chaque numéro d’Unasylva publié jusqu’ici est dis-ponible en ligne gratuitement. Cependant, traduisant les besoins et les priorités des différents pays, institutions et individus, les demandes d’abonnement à la version papier continuent à abonder, notamment en provenance des pays en développement. La production a été interrompue à deux

à chaque fois la FAO a cédé à la demande générale de reprendre la publication de la revue. C’est le périodique de l’Organisation qui a eu la vie la plus longue – et la seule revue réellement mondiale de son genre en matière forestière.

Page 7: Revue internationale 226/227 › 3 › a1222f › a1222f00.pdf · 2007-08-17 · Organisation 226/227 des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture Revue internationale des

1940s

Unasylva 226/227, Vol. 58, 20077

Un monde Une forêtPar SIR JOHN BOYD ORR

L’HISTOIRE tout entière dit le lieu intime entre la forêt et les biens de ce monde.

«La gloire du Liban sera tienne,» écrivait le prophète Isaïe, «avec ses sapins, ses pins et ses buis.» Le Roi Salomon a chanté «la fontaine des jardins, le puits d’eaux vives et les ruisseaux du Liban». Et l’on trouve dans la Bible plus de cent références aux cèdres du Liban, et combien d’autres aux richesses de la terre qu’ils protégeaient!

Aujourd’hui ces forêts n’existent plus, et la terre autrefois fertile est un désert aride. On a dit l’étonnement et la surprise du Président Roosevelt survolant ces régions pour se rendre à Téhéran et constatant que ces rochers nus au-dessous de lui étaient tout ce qui restait des cèdres du Liban et de ce que la Bible avait appelé la terre du miel et du lait. L’impression reçue fut pro-fonde et peut-être une raison supplémentaire de l’insistance des États-Unis à inclure dans l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture une importante division forestière.

Au cours des récents mois, ma propre expérience m’a montré à quel point sont liés la forêt et le bien-être de l’homme. Lors de mes deux derniers voyages en Europe, j’ai vu ce que la guerre avait fait presque partout des maisons. Je fus bientôt convaincu qu’aussitôt après le grand problème de la nourriture, celui du logement est le plus vaste et le plus pressant pour les cités et les villes du continent et des îles Britanniques. Et pour résoudre ce problème, il faut du bois.

La récente conférence du bois de construction en Tchéco-slovaquie, avait pour but d’accélérer et de stimuler la grande tâche de la reconstruction, à laquelle il nous faut faire face. Je suis heureux que les délégués aient pu tomber d’accord sur des plans constructifs de coopération entre gouvernements pour alléger le déficit du bois d’œuvre sans perdre de vue les problèmes, à plus lointaine échéance, de la conservation et de la restauration des forêts.

Ces deux exemples—on en pourrait citer beaucoup d’autres—montrent la place que tient la forêt dans les travaux de la FAO. Dans la longue marche de la civilisation, l’homme s’est toujours tourné vers la forêt pour lui demander un grand nombre des biens qui lui étaient nécessaires. Dans la com-plexité de notre monde moderne, le bois est toujours le premier des matériaux de construction, constitue un combustible indispensable et fournit pratiquement tout le papier utilisé, sans compter nombre d’autres matériaux essentiels à l’industrie.

Les récentes découvertes concernant l’uti-lisation et le traitement du bois nous amè-nent peut-être au seuil d’une ère nouvelle. En outre, chacun reconnaît maintenant la forêt comme la gardienne du sol et de l’eau et la protectrice des terres agricoles sur le globe tout entier.

Malgré l’accent mis sur les disponibilités en bois, cette introduction au premier numéro d’Unasylva fait apparaître clairement que, dès le début, la FAO se rendait compte de l’importance du rôle mondial des forêts dans l’approvisionnement en biens et services, et reconnaissait que la conservation des forêts était essentielle à la réalisation des buts de l’Organisation, à savoir améliorer le niveau de vie des populations rurales.

______ ____________ ______

d’après Vol. 1, No. 1, 1947

Sir (plus tard Lord) John Boyd Orr(1880–1971), d’Écosse, Royaume-Uni, a été le premier Directeur général de la FAO (1945–1948). Il a gagné par la suite le Prix Nobel pour la paix en 1949.

Page 8: Revue internationale 226/227 › 3 › a1222f › a1222f00.pdf · 2007-08-17 · Organisation 226/227 des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture Revue internationale des

1940s

Unasylva 226/227, Vol. 58, 20078

AINSI la forêt et les produits forestiers font partie intégrante de l’œuvre de la FAO. Les buts fondamentaux de cette Organisation sont clairement exposés

au préambule de son Acte constitutif. Ils sont: premièrement, d’élever le niveau des régimes et du standard de vie de tous les peuples; deuxièmement, d’assurer une plus grande efficacité de la production et de la distribution de tous les produits agricoles et alimentaires; troisièmement, d’améliorer la condition des populations rurales; quatrièmement enfin, et comme résultat de ces trois grands efforts, de contribuer à l’expansion de l’économie mondiale. Dans aucun de ces champs d’activité la FAO ne peut atteindre au succès sans accorder aux forêts et à leurs problèmes une attentive considération.

Du point de vue des forêts et des produits forestiers, les quarante-huit États Mem-bres suivent une politique mondiale visant trois objectifs principaux: la conservation de toutes les forêts qui jouent un rôle de protection où d’utilité sociale; l’utilisation mesurée des sols forestiers en vue d’une production suffisante et continue de matière première; enfin la mise en œuvre de procédés de fabrication et d’utilisation plus efficaces des produits de la forêt en vue d’améliorer les standards de vie.

En matière de forêts, comme en matière d’agriculture, ce n’est pas la résolution par elle-même de problèmes techniques qui intéresse la FAO. Notre tâche dans ce domaine est une partie du vaste champ que l’Organisation a pour devoir de faire fructifier. La Mission de la FAO en Pologne, par exemple, examinera les ressources et les possibilités forestières de ce pays.

ENVISAGÉS sur une base mondiale, les problèmes de la forêt et des produits forestiers présentent une grave difficulté. D’un côté il s’agit de remédier aux

besoins urgents de l’heure actuelle, dus aux dégats et aux dévastations de la guerre. Mais au moment même où les besoins de bois se font le plus sentir pour la réparation des dommages de la guerre et pour la construction de millions de nouvelles maisons et d’autres bâtiments, la capacité des forêts normalement accessibles est devenue insuffisante pour faire face à ces besoins. Pendant les quelques années à venir, les coupes sur les forêts actuellement exploitables, ne peuvent être augmentées qu’avec la plus grande prudence, car il faut veiller à assurer dans toute la mesure possible leur future conservation et, pendant ce temps, de nouvelles surfaces forestières encore vierges doivent être ouvertes aux exploitations.

À long terme, il faudra satisfaire la demande toujours croissante de bois et de produits forestiers et cependant il faudra maintenir aussi la forêt en bonne condition de production continue. Le monde n’a déjà que trop fait l’expérience de la dévastation et de l’abus des forêts. Les larges zones déboisées des deux hémisphères suffisent à montrer quels maux physiques et sociaux en sont la conséquence inéluctable.

Mais à courte comme à longue échéance, la solution de ces problèmes nécessite un effort mondial. La tâche est trop grande pour un ou quelques hommes, pour une ou quelques nations. Déjà les événements d’Europe font sentir leurs effets sur les forêts de la Sibérie et sur celles des deux Amériques. Tout comme il apparaît que les peuples et les pays divers de notre anxieuse planète ne forment qu’un seul monde, ainsi il devient clair que toutes les forêts du monde ne sont en réalité qu’une seule forêt. Le rôle de la FAO dans la tâche à accomplir est de coordonner, de stimuler et de guider les efforts des institutions publiques et privées. À son tour elle ne sera que l’un des nombreux organismes coopérant à ce travail.

Le nom de ce nouveau périodique de la FAO est bien choisi: Unasylva—un monde, une forêt. Cette nouvelle revue s’efforcera de faire la lumière sur les problèmes de la forêt et des produits forestiers, de comparer les méthodes utilisées dans les différents pays et de présenter les opinions et les suggestions des experts dans les domaines les plus variés. J’espère et je crois fermement qu’elle sera, dans la bataille que livre le monde pour se libérer de la disette, une arme de bon acier.

Page 9: Revue internationale 226/227 › 3 › a1222f › a1222f00.pdf · 2007-08-17 · Organisation 226/227 des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture Revue internationale des

1940s

Unasylva 226/227, Vol. 58, 20079

«UNASYLVA»... Pourquoi?

Àla revue forestière internationale de la Division des forêts et des produits forestiers de la FAO, il fallait un titre.

Ce titre, pourquoi ne pas en faire aussi un programme? En ayant recours pour ce choix à une langue qui jadis formait un lieu universel de la pensée scientifique on a voulu marquer la conception de l’unité d’effort et de plan nécessaire si le «monde uni» doit considérer ses forêts comme «forêts unies» destinées à l’usage de l’humanité entière. Un programme s’impose, du reste, vu la rapide évolution de l’économie du globe et les circonstances mêmes que nous vivons.

La forêt fut d’abord l’immense réservoir où chacun puisait pour son propre compte et pour satisfaire ses besoins les plus immédiats: le feu, l’abri.

Puis les villages, les villes ont grandi, et ils ont dû chercher de plus en plus loin le bois qu’ils consommaient. Déjà la parcelle boisée n’était plus seulement la chose de son propriétaire. Celui qui en abusait privait la communauté d’un élément essentiel à sa vie, non seulement en tarissant une source de richesse, mais peut-être aussi en privant le sol agricole de son indispensable complément et de son nécessaire protecteur.

Les routes, les voies ferrées se sont développées. L’immédiate proximité des vastes forêts n’était plus nécessaire et le citadin moderne se détachait de la terre qui, cepen-dant, continuait à assurer sa vie. Mais, par le fait même, la responsabilité du forestier s’élargissait, s’étendait aux limites de la province, de la nation tout entière.

D’ailleurs, les peuples suivaient leurs destinées. Là où la population s’accumulait, les forêts disparaissaient par la force même des choses trop souvent aidée, il est vrai, par une coupable négligence. Nous voici à notre époque où tant de nations ne peuvent suffire à leurs besoins en bois alors que, cependant, les utilisations de celui-ci se développent sous des formes de plus en plus nombreuses et variées, indispensables à la civilisation. Et c’est de nation à nation, par-dessus les frontières, et par-delà les océans eux-mêmes, que le bois s’échange maintenant. C’est au monde, tout entier que le moindre propriétaire de forêts est comptable des biens qu’il détient.

Pour subvenir à ses besoins, l’Europe se tourne vers les pays les plus lointains, vers les vastes ressources de l’Amérique, vers les forêts encore vierges de l’Union soviétique, vers les richesses à peine entamées des pays équatoriaux.

Mais si tout arbre, si toute parcelle forestière intéresse aujourd’hui le monde tout entier, c’est au monde tout entier aussi qu’il appartient d’en prendre soin, ou du moins d’apporter aux États et aux propriétaires directement intéressés, l’aide qui leur est nécessaire dans cette tâche souvent difficile.

Car si la forêt doit maintenant être considérée richesse mondiale, soit comme source de bois, soit comme protectrice de la vie agricole du globe, le Monde doit la gérer comme le père de famille gère le capital qui lui est confié. Du moins, il doit aider de tout son pouvoir à cette saine gestion. La génération qui jouit de cet immense capital, doit le laisser intact, sinon amélioré, à la génération qui la suivra.

Cette aide peut revêtir bien des formes, et c’est par l’intermédiaire des organisa-tions internationales qu’elle sera apportée à chacun de ceux qui sont directement responsables de ces richesses.

La Division des forêts et des produits forestiers de la FAO espère faire de la revue qu’elle publie une pièce maîtresse de cette aide, un instrument de diffusion des informations et des connaissances de plus en plus complexes qu’exige la mise en valeur des massifs boisés.

Et c’est pourquoi, de son programme, elle a fait aussi le nom de sa revue.

Les attitudes ont changé, comme il ressort du langage

quelque peu paternel de l’éditorial de ce premier

numéro, et les ressources des forêts tropicales décrites

comme «des richesses peu exploitées» en 1947 l’ont

été si intensément dans les années suivantes que

leur surexploitation est désormais une préoccupation

internationale de premier plan.

d’après Vol. 1, No. 1, 1947

Page 10: Revue internationale 226/227 › 3 › a1222f › a1222f00.pdf · 2007-08-17 · Organisation 226/227 des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture Revue internationale des

1950s

Unasylva 226/227, Vol. 58, 200710

Qu’est-ce que l’assistance technique?par Sir GERARD CLAUSON, K.C.M.G., O.B.E

L’ASSISTANCE technique n’est pas un concept nou-veau; c’est une des choses les plus anciennes en ce monde. L’idée en vint probablement pour la première

fois à Ève, lorsque, inspirée par son sens développé de la

L’«Assistance technique» au sens où ces mots sont em-ployés dans la phrase: «Un programme élargi d’assistance technique pour les pays sous-évolués», est tout simplement une application d’une activité humaine primordiale, mais une application qui n’est pas aussi bien comprise qu’elle devrait l’être, même dans les pays peu développés auxquels est ouverte cette nouvelle perspective d’aide pour résoudre leurs problèmes.

De même qu’il n’y a rien de nouveau dans le concept d’as-sistance technique, il n’y a rien de nouveau non plus dans le concept d’assistance technique aux pays sous-évolués. La plupart des pays du monde ont recu, à un moment quel-conque de leur histoire, une assistance technique d’autres pays; et, durant des siècles, des individus ou des groupes appartenant aux pays les plus évolués sont délibérément

développement. Et, en vérité, depuis un bon nombre d’années les gouvernements aussi bien que les citoyens des pays les

plus avancés ont pris part à cette action. Mais jusqu’à ces derniers temps, il n’est jamais arrivé à aucun gouvernement que son obligation de donner une assistance technique s’étendit au delà des territoires dont, pour parler un langage moderne, il avait la responsabilité in-ternationale. Ce qui est nouveau dans le vaste programme lancé sous l’inspi-ration du Président Truman c’est que, pour la première fois dans l’histoire, la plupart des nations du monde ont pu-bliquement accepté l’obligation finan-cière de prendre part au programme collectif d’assistance technique aux pays peu développés, et

d’avoir le plus de chances possibles de succès.

On connaît trop bien, pour qu’il soit besoin de le rappe-ler ici, le cours qu’ont pris les événements, depuis que le

La mise en exploitation de vastes forêts tropicales exige une compétence spéciale

d’après Vol. 4, No. 4, 1950

Sir Gerard Clauson était Sous-Secrétaire d’État adjoint du Bureau colonial, Londres, Royaume-Uni – un département qui a disparu dans les années 60 après l’indépendance des colonies.

Les premières années de la FAO faisaient partie d’une autre ère en ce qui concerne les attitudes politiques et sociales; c’était en premier lieu par le biais de l’assistance technique aux pays «sous-développés» que la FAO a tissé les connaissances pour le développement. Les approches actuelles mettent davantage l’accent sur la coopération technique et la constitution de réseaux.

Page 11: Revue internationale 226/227 › 3 › a1222f › a1222f00.pdf · 2007-08-17 · Organisation 226/227 des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture Revue internationale des

1950s

Unasylva 226/227, Vol. 58, 200711

Président Truman avait inclus le «Point quatre» dans sa fameuse allocution inaugurale, mais il faudrait accorder une attention particulière à l’exposé des principes annexé à la résolution d’août 1949 du Conseil économique et social qui a, depuis, été approuvé par l’Assemblée des Nations Unies et la Conférence de l’assistance technique à Lake Success, car il régit l’exécution de ce programme.

Il faudrait disposer de plus de place qu’il n’est possible ici pour une discussion complète de ces principes; nous nous proposons simplement dans cet article de discuter leur application dans le domaine des forêts; mais il est impor-tant de faire une observation préliminaire. L’«Assistance

il ne vaut pas la peine de les indiquer, à moins qu’on ne connaisse à l’avance l’existence de certaines conditions qui rendront cette précision utile. Pour prendre une analogie simple, si l’automobile de quelqu’un est en panne, et que son propriétaire demande de l’aide pour la remettre en route, l’assistance technique, telle qu’elle a été approuvée par les principes de l’ECOSOC, consisterait à examiner l’automobile et à dire au propriétaire ce qui fonctionne mal et comment on pourrait y porter remède; cette assistance, cependant, n’irait pas jusqu’à faire à sa place le travail de réparation, ni à lui fournir les moyens dont on dispose pour y contri-buer. Il doit le faire lui-même, à ses propres frais, que ce soit avec son argent ou grâce à un emprunt, si quelqu’un veut bien lui en consentir un. Ainsi, il ne sert de rien, dans ce cas, d’accorder à quelqu’un une assistance technique, si l’intéressé est manifestement aussi désemparé que son automobile, et si l’on sait que personne ne lui prêtera de l’argent pour la réparer. En bref, l’assistance technique est une opération consistant à aider les pays peu développés à se secourir eux-mêmes. Elle n’est pas une opération de don ou de prêt d’un argent qui serait destiné à être dépensé pour un développement effectif.

De deux choses l’une: ou un pays peu développé a des forêts, ou il n’en a pas. S’il a des forêts, elles sont laissées à elles-mêmes ou bien elles sont plus ou moins exploitées. Si elles sont exploitées, elles sont exploitées convenablement

qui leur est nuisible. Si un pays n’a pas de forêts, ou bien le sol et les conditions physiques sont favorables à la forêt, ou

de l’assistance technique en matière forestière est celui qui n’a pas de forêts et qui sait qu’il n’y a aucun espoir d’en créer. Tous les autres pays peuvent recevoir une assistance technique; et même, sur le plateau opposé de la balance, un

visiter d’autres pays et étudier leur méthodes.

Les formes de l’assistance technique

La forme d’assistance technique qu’un pays donné deman-dera dépend naturellement des conditions dans lesquelles il se trouve en fait mais, d’une manière générale, elle fera partie de l’un des groupes suivants:

(1) Si un pays n’a pas de forêts, mais pense qu’on pourrait en créer ayant une valeur économique, il demande les servi-

dire s’il est propice au développement de la forêt. Ce serait manquer du sens des réalités que de suggérer qu’il s’agirait là d’une mission isolée. Examiner une région simplement d’un seul point de vue n’aurait pas de sens. Un inventaire complet des terres serait nécessaire, mené par une petite équipe d’experts spécialistes en agriculture, en foresterie

aspects et de donner un avis sur la meilleure utilisation qu’on pourrait en faire.

(2) Si la conclusion est que le reboisement est probablement le moyen le plus économique de mettre en valeur l’étendue considérée, le stade suivant serait de faire un projet pilote consistant à créer, à titre expérimental, une petite forêt en vue de déterminer si ce jugement est correct. Cela deman-derait les services de plusieurs experts pendant une période de quelques années pour conduire l’expérience.

(3) Si l’expérience est couronnée de succès, le stade suivant consisterait à créer les forêts en même temps qu’un service forestier et les formes d’assistance technique requises res-sembleraient beaucoup à celles que demanderait un pays qui aurait des forêts inexploitées.

Shorea robusta) dans des régions éloignées de l’Inde, où de meilleures routes et un outillage moderne pourraient accroître la production. Les voyages sont si lents

Page 12: Revue internationale 226/227 › 3 › a1222f › a1222f00.pdf · 2007-08-17 · Organisation 226/227 des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture Revue internationale des

1950s

Unasylva 226/227, Vol. 58, 200712

(4) Si un pays a des forêts inexploitées, il demandera d’abord les services d’une petite équipe composée disons d’un sylviculteur, d’un pédologue et d’un expert aménagiste,

ce qui peut n’être pas toujours le cas. Si le sol est très pauvre, il peut ne pas être possible de rétablir la culture lorsque le couvert forestier est supprimé et le seul résultat de l’exploitation serait un développement foudroyant de l’érosion du sol. Si néanmoins le verdict était favorable, la mission aurait comme tâche d’élaborer un plan d’exploita-tion rationnelle.

(5) Un tel plan ne serait pas exécuté tout de suite. La première mesure essentielle serait de créer un corps de techniciens des questions forestières et de gardes forestiers pour contrôler les travaux d’exploitation. Il y a longtemps qu’est passé le temps où l’on considérait comme sensé de donner une concession à des organismes privés à but lucratif sans contrôle convenable. La sylviculture est un travail de si longue haleine qu’il n’est pas raisonnable de s’attendre à ce qu’une entreprise dont le principal objet est d’obtenir

en aucun cas, ne pourront être exploités avant des dizaines d’années et qui n’atteindront réellement l’âge d’exploitation que dans des centaines d’années. En outre, même si, en principe, la forêt est exploitable, il peut être essentiel d’en laisser certaines parties inexploitées, par exemple dans les zones situées près des sources des cours d’eau, si l’on ne veut pas que l’économie agricole générale du pays en subisse les conséquences.

Par suite. il serait d’abord nécessaire, dans ce cas, de réunir un certain nombre d’experts étrangers engagés par contrats de durée moyenne ou longue, pour mettre en route le service forestier et pour former le personnel local. En même temps, il serait nécessaire de faciliter l’envoi à l’étranger du

forestier. L’importance des cadres nécessaires dépendra

des entreprises privées, soit d’assurer lui même ce travail

pour exercer le contrôle et un effectif correspondant de gardes forestiers. Dans le second cas, il serait nécessaire de disposer de toute une gamme de sylviculteurs, d’aména-gistes forestiers, de spécialistes en exploitation forestière et en transformation des produits et d’ouvriers spécialisés

en serait comparativement d’autant plus importante.

(6) Si un pays possède des forêts qui sont déjà exploitées, la nature et l’étendue de l’aide qu’il demandera dépendront de la mesure dans laquelle les exploitations sont déjà soumises à une direction. S’il y a déjà un service forestier ayant atteint son développement complet, le pays ne de-mandera probablement que des facilités pour envoyer les membres de ce service étudier les méthodes d’aménagement et d’exploitation dans les autres pays, des facilités pour

envoyer le personnel recruté pour ce service dans des éco-

représentants d’étudier la vente du bois exporté à l’étran-

d’exploitation et de transformation rendrait possible une augmentation des revenus du commerce extérieur. Par ailleurs, si l’exploitation des forêts n’est qu’imparfaitement dirigée ou n’est pas dirigée du tout, le pays demandera le même genre d’aide qu’un pays où les forêts restent jusqu’à présent inexploitées.

Cet article n’est pas, bien entendu, un exposé complet épuisant la question de l’application de l’assistance techni-que en ce qui concerne tous les aspects de la foresterie, pas plus qu’il n’a été écrit par un technicien compétent en ces questions. C’est simplement une esquisse du sujet, destinée à aider ceux qui sont responsables du gouvernement, de l’administration générale ou du service forestier des pays n’ayant pas atteint un état de développement normal à se faire une idée de la nature de l’assistance technique qu’ils pourraient demander à la FAO.

-maux rares et la plupart d’entre eux sont entièrement pris par les travaux dont ils sont responsables dans leur propre pays. On ne doit pas tenir pour acquis que, pour les obtenir

Page 13: Revue internationale 226/227 › 3 › a1222f › a1222f00.pdf · 2007-08-17 · Organisation 226/227 des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture Revue internationale des

1950s

Unasylva 226/227, Vol. 58, 200713

DIFFUSION DES CONNAISSANCES

LE principe essentiel de la tâche de la FAO en foresterie est d’aider les peuples de diverses régions à suivre les routes ardues de la conservation et de l’utilisation des forêts. Bien des moyens contribuent à atteindre ce

but: conférences, voyages d’études, discussions, contact avec des spécialistes de différentes disciplines — tous tendant à établir une collaboration directe entre les techniciens des pays intéressés. De telles mesures sont indispensables.

montrent que ce mode de consultation ne peut agir que lentement, étant donné le grand nombre de pays intéressés et le grand nombre de problèmes exigeant l’attention. Seule la documentation écrite peut combler cette lacune.

II est hors de doute que l’activité de la FAO et de plusieurs autres orga-nismes stimule l’intérêt porté aux forêts dans beaucoup de pays. Mais il est évident qu’un chef de service ou un directeur de recherches enthousiastes, ou un forestier zélé, ne peuvent pas encore trouver de réponse toute prête à cette question précise qui revient incessamment: «Où exactement pourrai-je trouver la documentation technique la plus importante parue à ce jour et qui peut contenir des idées fertiles applicables à mes propres projets ou à mon propre travail?».

Les bibliographies ordinaires énumèrent nécessairement à la fois les pu-blications de peu d’importance et celles qui présentent un réel intérêt, et les milliers de titres paraissant chaque année désorientent inévitablement le lecteur, à moins qu’il ne connaisse par avance les auteurs ou les publications ordinairement dignes d’intérêt.

Les admirables et consciencieux Forestry Abstracts, publiés par les pays membres du Commonwealth britannique, signalent les publications techni-ques qu’ils jugent importantes mais, comme la bibliographie publiée par le Ministère de l’agriculture des États-Unis, ils ne traitent que des publications récentes.

Ce n’est que dans un nombre trop restreint des nombreuses branches de la foresterie qu’ont été rédigés des comptes-rendus analytiques critiques complets, par des hommes possédant les diplômes, la maturité, le sérieux et l’esprit critique jugés indispensables. De telles études n’ont généralement qu’une portée nationale. Il en faudrait un nombre bien plus grand et de portée internationale. Les traités répondent en partie à ce besoin mais ne paraissent souvent que trop tardivement, particulièrement en ce qui concerne les éditions révisées et mises à jour. Il est d’une évidente nécessité que les auteurs traitant de questions techniques et les directeurs de recherches prennent conscience de l’utilité possible de leurs travaux pour les techniciens de bien d’autres pays.

Il est assez naturel que, en ce qui concerne les projets locaux, régionaux ou nationaux, les auteurs aient tendance à écrire pour un cercle restreint, et généralement, la «Revue des travaux antérieurs» ou la «Bibliographie choisie» tendent à se limiter avant tout à des rubriques particulières ou intéressant une institution ou un pays.

Cette politique de clocher pouvait se comprendre avant que les Nations Unies n’entreprennent la tâche symbolisée par le terme «Unasylva». A l’heure

maintenant la possibilité et, en fait, l’obligation de participer à la grande tâche de diffuser les connaissances et les idées parmi les techniciens de tous pays,

l’expérience acquise dans le monde entier. La discipline acceptée d’un travail scolaire implique la lecture d’une litté-

rature technique appropriée, et les techniciens et directeurs éminents n’ont généralement pas, dans la réalité, un esprit aussi étroit que l’étude du résumé de leurs premiers travaux pourrait le faire supposer. Quelques chercheurs et quelques institutions ont déjà subi cette transformation. Le problème est de faire de cette exception une règle générale.

d’après Vol. 6, No. 2, 1952

La diffusion des connaissances grâce au mot écrit a été l’une

des fonctions de base de la FAO dès le début. Cet éditorial

reconnaît aussi l’importance, par des hommes possédant les diplômes, la maturité, le

sérieux et l’esprit critique jugés indispensables.

Page 14: Revue internationale 226/227 › 3 › a1222f › a1222f00.pdf · 2007-08-17 · Organisation 226/227 des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture Revue internationale des

1960s

Unasylva 226/227, Vol. 58, 200714

Le rôle de la forêt dans le développement économique du monde

EGON GLESINGER

EN 1960, les forêts du monde entier produiront à peu près 1700 millions de mètres cubes de bois ronds. Ce volume, qui représente en poids environ

1350 millions de tonnes, peut être mis en parallèle avec la production mondiale des céréales, 800 millions de tonnes, ou de l’acier, 290 millions de tonnes.

La valeur des produits forestiers primaires avoisinera 35 milliards de dollars — soit le même ordre de grandeur que le revenu national de pays comme la France, l’Allemagne ou le Royaume-Uni, et environ le quart de la valeur estimée de la production alimentaire mondiale. Les industries forestières primaires emploieront quelque cinq millions d’individus, les industries de transformation à peu près autant; cinq à six millions seront occupés dans les exploitations et environ un million et demi pour la culture et l’entretien des forêts. Ainsi, la forêt et les industries forestières fourniront un emploi à 17 ou 18 millions d’individus, sans compter ce que des millions d’agriculteurs retireront de leurs petits bois, ou les collectivités de leurs forêts communales.

Il est certain que la forêt représente un élément important de l’économie mondiale. Il importe évidemment de savoir si cet élément tendra à devenir plus ou moins important dans l’avenir. Que devons-nous prévoir, à l’échéance de 20 ou 40 ans? Les forêts auront-elles encore un rôle essentiel à jouer dans le développement économique du monde?

Les dangers du développement de l’humanité

Tout au long de l’histoire, la surface forestière du globe n’a cessé de se réduire. Cette diminution a été plus rapide dans les cent dernières années que jamais auparavant. Certains soutenaient, voici encore quelques dizaines d’années, que ce phénomène était nécessairement lié au progrès social et économique. La forêt procurait aux premiers hommes la nourriture, le combustible et l’abri. Avec l’avènement de l’agriculture sédentaire et l’expansion démographique, des

surfaces énormes furent défrichées. Les premiers temps de l’ère industrielle amenèrent une nouvelle pression sur la forêt — demande, à nouveau sans mesure, en bois de construction et combustible — et les limites de la forêt reculèrent encore, à mesure que l’homme progressait et se multipliait.

Aujourd’hui, dans le monde, les forêts continuent à être détruites, consciemment ou non. Mais, en même temps, l’idée est de plus en plus largement admise que la diminution de la surface boisée peut avoir des conséquences de grande enver-gure car la forêt ne fournit pas que du bois, mais une foule d’autres «valeurs utiles à l’homme».

forêts sont essentielle-ment de deux sortes, d’une part le bois et de l’autre, les divers effets physiques et sociaux fréquemment appelés

Dans de nombreux cas les derniers dépassent en importance le poids représenté par les forêts comme producteurs de bois. En effet, sur une grande part de la surface du globe, les forêts et la végétation qui leur est associée forment le cou-vert protecteur qui re-tient au maximum l’eau des pluies, régularise les cours d’eau, contribue à prévenir les inondations et l’alluvionnement,

eau pour presque toutes les activités humaines — irrigation, consommation domestique, industrie, travaux hydroélectri-ques, pour n’en mentionner que quelques-unes. Les villes modernes et l’industrie nécessitent chaque jour une énorme quantité d’eau, mais on a rarement conscience de la grande part prise par les forêts dans le processus compliqué qui en assure l’approvisionnement régulier.

De plus, les forêts protègent le sol contre l’érosion et cons-tituent un abri pour les cultures dans les zones limitrophes. Elles jouent un rôle de barrières contre les glissements

d’après Vol. 14, No. 3, 1960

Bien que l’accent soit mis ici sur la production de bois, l’importance de conserver les forêts pour leurs services environnementaux et humains est clairement reconnue. De même que la difficulté de mesurer la valeur de ces services, qui a été estimée être la raison de la faible priorité attribuée aux forêts par les gouvernements, les économistes et les planificateurs – une doléance commune de nos jours.

Egon Glesinger, allemand, était le directeur de la Division des forêts et des produits forestiers (précurseur du Département des forêts actuel, établi en 1969) de 1959 à 1963. Ce discours a été prononcé lors du cinquième Congrès forestier mondial (Seattle, Etats-Unis, 1960) qui avait pour thème «Les utilisations multiples de la forêt».

Extrait de:

Page 15: Revue internationale 226/227 › 3 › a1222f › a1222f00.pdf · 2007-08-17 · Organisation 226/227 des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture Revue internationale des

1960s

Unasylva 226/227, Vol. 58, 200715

de terrain et les avalanches. Elles peuvent donner de la nourriture pour le bétail et sont l’habitat du gibier. Elles sont des lieux de récréation pour le public, et un milieu de détente et de convalescence — et contribuent également à la beauté du paysage.

admet en théorie le rôle indispensable de la forêt dans tous ses aspects, mais que gouvernements, économistes et planistes l’oublient par commodité et n’accordent aux investissements forestiers qu’une priorité très inférieure à ceux qu’ils méritent parce que les forestiers n’ont pas

de la forêt». Les études que nous avons faites dans le cadre du Projet de développement méditerranéen ont fourni de nombreuses et éclatantes illustrations des conséquences catastrophiques menaçant un grand nombre de pays par

pour la restauration et la conservation d’un couvert forestier propre à assurer un rôle de protection.

nombreux rôles de la forêt et admettre la notion d’«utilisation

égal des forêts entre toutes les utilisations possibles, ou toutes les utilisations réunies sur chaque hectare. Ce que nous voulons dire c’est que, en défendant nos ressources forestières contre les exigences concurrentes pour l’emploi des terres, nous devons mettre en balance toute utilisation exclusive avec une combinaison possible d’utilisations différentes, avec l’idée d’obtenir la meilleure combinaison dans une unité d’aménagement donnée. La forêt ne donnera pas nécessairement la production maximum pour chaque

-ment plus grand que celui qui découlerait d’une utilisation exclusive dans un but unique.

-lement un pays dans le monde où on ne puisse dénombrer de vastes surfaces qui devraient être couvertes de forêts et sont actuellement soit utilisées par l’agriculture ou le pâturage soit dénudées et improductives. En outre, avec le développement de la population mondiale et l’inévitable élévation des niveaux de vie, spécialement dans les pays sous-développés, les surfaces à réserver comme couvert forestier ou sur lesquelles des forêts productives doivent être reconstituées sont destinées à augmenter. C’est l’une des plus importantes tâches des forestiers, des économistes et des hommes d’État que de veiller à ce que le maintien ou l’installation de forêts dans les zones critiques aient leur place dans tout programme national de développement économique et social. Ce progrès doit marcher la main dans la main avec l’accroissement de la production alimentaire et être son complément.

Les tendances de la consommation du bois

Prenons maintenant le second aspect de notre propos sur le rôle futur de la forêt et étudions les tendances mondiales de la consommation et de la production du bois. Un des premiers faits qui s’imposent à l’esprit est que le progrès technique a régulièrement éliminé le bois d’emplois pour lesquels il

fut à un moment donné le seul matériau concevable. En Europe, la consommation de bois de feu par tête est tombée de 0,42 m³ en 1913 à 0,24 m³ en 1955, et cette tendance se poursuit, parce qu’elle est une expression du progrès. Avant la dernière guerre, pour un logement d’importance moyenne il fallait, en Europe, environ 15 m³ de bois. En 1950, 10,5 m³

entre 1940 et 1953, le volume de bois nécessaire pour un logement est tombé de 33 à moins de 25 m³.

place?La réponse est catégoriquement: non. Ceci n’est pas

seulement ma propre conviction, en tant qu’auteur d’un livre qui tend à démontrer que le bois et les forêts seront appelés à jouer un rôle de plus en plus grand. Elle s’appuie sur des preuves imposantes.

En premier lieu, en dépit du fait que d’autres matériaux se sont substitués au bois, la consommation de bois par tête a augmenté au cours de la dernière décennie dans presque toutes les régions du monde.

En second lieu, il existe une corrélation positive entre la consommation de bois et le revenu national. Cette corré-lation n’est pas très élevée, parce que la possibilité de se procurer du bois (soit par la production locale, soit par les importations) est également un facteur important.

De plus, les enquêtes de la FAO ont montré que, tandis que la consommation s’accroît de façon très sensible en même temps que le revenu lorsque ce dernier est à un niveau très faible, cet accroissement de la consommation devient progres-sivement moins marqué à mesure que le revenu s’élève.

Cependant, malgré cet aplatissement de la courbe, la corrélation entre les augmentations du revenu et de la consommation de bois d’industrie reste un fait de base d’une grande importance.

Nous ne devons naturellement pas en conclure que, lorsque les pays actuellement à bas revenu atteindront le niveau des pays plus avancés, ils auront nécessairement besoin de consommer autant de bois que, par exemple, le Japon, le Canada et les États-Unis aujourd’hui. Mais on peut dire, d’une manière générale, qu’aucun pays à bas revenu n’atteindra un niveau plus élevé en gardant une faible consommation de bois.

entre 1980 et 1990, le monde aura besoin d’au moins deux fois plus de bois d’industrie qu’il n’en consomme aujourd’hui. Nous pouvons aussi conclure que les connaissances présentes de la FAO permettent d’estimer que les besoins augmente-ront relativement vite dans les régions les moins avancées du monde, et que pour les pays à faible revenu, c’est-à-dire pour plus de la moitié de l’humanité, une augmentation substantielle de la consommation de bois sera un accom-pagnement essentiel et même une véritable condition du développement économique.

La faible augmentation de la production et ses raisons

A la lumière de ce que j’ai dit sur l’évolution de la consom-mation du bois, pouvons-nous nous contenter des progrès réalisés en foresterie au cours des dix dernières années?

Page 16: Revue internationale 226/227 › 3 › a1222f › a1222f00.pdf · 2007-08-17 · Organisation 226/227 des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture Revue internationale des

1960s

Unasylva 226/227, Vol. 58, 200716

Je ne pense malheureusement pas que ce soit possible. La production des forêts n’a suivi que de loin les progrès des revenus nationaux. Entre 1950 et 1957, le produit national global des pays industrialisés et des pays sous-développés s’est élevé de près de 30%, alors que la production des forêts du globe n’a pas augmenté de plus de 15%. Pour les seuls bois destinés à l’industrie, le tableau est un peu meilleur: aug-mentation de près de 30%, mais dont une partie provient de transferts de bois de feu aux bois de pâte et d’une diminution des déchets. Cependant, de tels transferts sont évidemment limités et dans beaucoup de pays la limite a été atteinte. De plus, il est fâcheux que, comme pour l’agriculture, les plus forts accroissements aient eu lieu surtout dans les pays déjà évolués et en U.R.S.S., et les plus faibles dans les pays sous-développés où l’on peut presque dire que la production est restée la même. Ce défaut est d’autant plus marquant que, du côté de la production, le développement des industries de la pâte et du papier est particulièrement brillant. Dans les vingt dernières années la capacité mondiale est passée de 25 à 60 millions de tonnes de papier. Cet accroissement a été nettement plus rapide que l’augmentation simultanée de la production industrielle mondiale, et a fait de la pâte et du papier une industrie qui, par sa valeur (15 milliards de dollars), ses dimensions et ses capitaux, s’aligne vrai-ment avec les industries traditionnellement puissantes du passé telles que celles du fer et de l’acier, des textiles et de l’huile. Cependant, en dépit de quelques progrès récents en Amérique latine et en Extrême-Orient, 90% de toute la pâte mondiale est encore produite en Europe et en Amérique du Nord. Et l’accroissement de la consommation de papier pour les besoins de l’instruction et pour l’emballage dans

-visionnements locaux et par l’impossibilité pour ces pays sous-développés de consacrer de substantielles allocations de devises étrangères aux importations de papier.

De nombreuses raisons expliquent cette évolution; elles sont toutes des plus décourageantes, puisqu’on pourrait normalement estimer que l’existence d’énormes réserves forestières inexploitées rendrait particulièrement facile une expansion de la production. La plupart de ces raisons sont bien connues, et je ne traiterai que de quelques aspects qui

de nos observations systématiques des évolutions similaires dans quelque 80 à 100 pays répartis dans le monde entier.

1.On ne peut passer sur le fait que les gouvernements, les législateurs et les administrateurs n’apprécient pas encore pleinement l’importance de la conservation et de la mise en valeur de la forêt: il en résulte que les investissements

et peu puissants politiquement et que les capitaux privés ne sont pas attirés, même là où la mise en valeur de la

à n’accorder au développement de la foresterie qu’une faible priorité, notre propre expérience à la FAO nous l’a malheureusement appris. Ils croient, en effet, que les arbres mettent toujours 100 ans à pousser et représentent un investissement à long terme et à faible intérêt. Ils ne

voient pas que les plantations à croissance rapide peuvent réduire le cycle de croissance à 10 ou 20 ans, spécialement pour fournir du bois à pâte et du bois de feu, et ils oublient que la mise en valeur forestière provient généralement des forêts naturelles qui, à l’opposé des récoltes agricoles, n’ont pas à être cultivées mais ont seulement besoin d’être rendues accessibles, d’être aménagées et coupées.

3.La pression des populations, souvent combinée à des raisons d’opportunité politique, est une autre raison im-portante pour qu’un ordre de priorité très bas soit accordé à la conservation et au maintien des forêts existantes ou à l’installation de nouveaux peuplements. L’impos-sibilité de donner une valeur chiffrée selon les critères

forêts contribue très nettement à cette situation. On peut

population mondiale de faire le lien entre la production de nourriture et la foresterie si ses dirigeants eux-mêmes et beaucoup de techniciens spécialisés ne comprennent pas ou sont incapables de démontrer cette relation. Ce fut l’un des principaux buts du Projet de développement méditerranéen de la FAO — qui était au départ un pro-gramme forestier — que de montrer à quel point il est erroné de bâtir des politiques économiques nationales et des programmes de développement uniquement sur des considérations à court terme et sur la nécessité d’assurer

parties du monde tient à ce que les gouvernements ont tendance à aller d’un extrême à l’autre — de l’absence d’un contrôle quelconque à une interdiction complète de toute sorte d’exploitation forestière et de développement industriel — , en croyant qu’une telle action est le meilleur moyen d’éviter la destruction de la forêt. Je n’ai pas besoin de dire que de telles mesures sont presque aussi mal inspirées que l’absence d’action. Je regarde comme une de nos plus importantes tâches d’éducation de faire comprendre la nécessité de combiner la conservation et les restrictions d’exploitation dans certaines zones, avec des coupes commerciales et une mise en valeur de la forêt dans les autres.

5.Cependant, c’est un fait que la plupart des forêts des pays sous-développés, où la production aurait dû augmenter, sont des forêts tropicales, souvent considérées comme d’ac-

d’assistance technique, par exemple dans l’Amazone, a néanmoins montré que ces forêts, généralement pauvres en espèces aujourd’hui commercialement intéressan-

habituellement. Mais leur développement doit souvent attendre une colonisation et une implantation agricole d’une désespérante lenteur, et il y a peu d’attraits pour les porteurs de capitaux au cours de cette évolution. Un tableau différent de ce qui peut se produire est offert par

et éloignées mais, bien sûr, composées de conifères. Leur rapide mise en valeur actuelle est peut-être comparable

Page 17: Revue internationale 226/227 › 3 › a1222f › a1222f00.pdf · 2007-08-17 · Organisation 226/227 des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture Revue internationale des

1960s

Unasylva 226/227, Vol. 58, 200717

à ce qui s’est passé en Amérique du Nord il y a un siècle. Aucun de ces cas, cependant, ne fournit une solution, et la nécessité demeure d’une démonstration à grande échelle de transformation de forêts tropicales en véritables centres d’exploitation et d’industries forestières.

6.Personnellement, j’estime que la plus grande de toutes

du monde les forestiers se sont habitués à organiser la production de la forêt presqu’exclusivement d’après leurs idées sur sa possibilité, et en ne pensant que peu ou pas aux besoins nationaux présents ou à venir. J’ai souvent

un indispensable élément de tout aménagement forestier et doive donc être largement développée chez les fores-tiers, il n’y a que peu de pays où la production forestière

économiques modernes. Alors que l’installation d’aciéries ou de toute autre industrie a toujours été déterminée en fonction de la demande des produits, les forestiers n’ont pas encore adopté cette étude préliminaire, et il y en a encore beaucoup qui se considèrent «seulement comme des conservateurs». Il ne fait pas de doute que l’une des principales tâches des forestiers est le maintien ou la reconstitution de la fertilité et de la productivité du sol, mais cela ne devrait pas conduire à un attachement si servile au principe du rendement soutenu (surtout sous les tropiques, où la production est souvent extrêmement lente) qu’il empêche l’adoption de plans d’aménagement conçus pour fournir en qualité et en quantité ce dont les industries et consommateurs ont besoin. Nous sommes ainsi conduits à conclure que, pour un certain

nombre de raisons bien connues, la production forestière, spécialement dans les régions sous-développées, ne progresse pas à la vitesse qui paraît désirable et même nécessaire. À moins que cette situation ne change et que la lente ex-pansion forestière ne progresse fortement, de nombreux pays sont destinés à faire l’expérience de trois sérieuses

bois de construction et autres produits forestiers agiront comme un vrai goulot d’étranglement dans l’accession à un meilleur niveau de vie et dans l’accroissement des revenus

les quantités de papier, de bois et d’autres produits qui devront être importées draineront sérieusement et de plus en plus les réserves en devises qui devraient être utilisées

produits forestiers conduira à augmenter la surexploitation et la destruction des forêts accessibles.

Signes d’espoir

-cultés insolubles, et certains des principaux obstacles qui ont retardé le progrès forestier commencent à être levés:

1. La plus importante évolution est peut-être la tendance générale en faveur des plantations d’espèces à croissance

rapide. Dans le domaine de la foresterie, ce progrès, s’il est poursuivi sur une assez grande échelle, sera com-parable au passage, en agriculture, de la cueillette des fruits sauvages à la culture. Il est ainsi possible d’ob-tenir une production à l’hectare 3, 5, 10 fois plus forte que celle des forêts naturelles. Cela amène beaucoup de gens à défendre l’idée du remplacement radical des forêts feuillues mélangées des régions tropicales par de nouvelles forêts, sujet qui fournit un thème permanent de discussions entre forestiers.

2. Les progrès des techniques modernes d’exploitation sont d’une importance comparable, surtout pour les pays évo-lués où le prix de la main-d’œuvre est élevé et où règne le plein emploi. Nous pouvons comparer la mécanisation des travaux forestiers et les autres améliorations des méthodes de travail à la révolution que l’introduction des tracteurs, moissonneuses et autres machines a apportée à l’agriculture au cours de la génération précédente. Dans les pays sous-développés, ces techniques peuvent changer fondamentalement la notion de forêts accessibles et aider à réduire les coûts presque prohibitifs que les méthodes d’exploitation primitives imposent aujourd’hui.

3. Le progrès technique fournit chaque jour de nouvelles

est une matière première de la plus grande souplesse. L’industrie forestière emploie toute son ingéniosité et sa hardiesse à tirer le meilleur parti de tout ce que le bois peut offrir. Mais on peut faire beaucoup plus, non seulement en inventant de nouveaux emplois pour le bois et en perfectionnant les techniques de fabrication, mais aussi dans «l’art de vendre», dans lequel j’ai sou-vent pensé que nous restions loin derrière les autres industries. La chimie du bois est encore dans l’enfance

de l’emploi de la lignine, qui constitue 30% environ du poids sec du bois. La capacité de production de la pâte et du papier se développe et les progrès s’accélèrent dans toutes les parties du monde.

élevés des gouvernements et des plans économiques auxquels j’ai fait allusion plus haut, certains hommes d’État et certaines administrations commencent à comprendre que la foresterie peut fournir une bonne base pour le développement économique et industriel. Le progrès est lent, en raison du manque d’expérience pour établir des plans, du manque de services techniques — bien qu’en ce qui concerne les services forestiers le tableau encore assez sombre se soit beaucoup amélioré depuis 10 ans — et du manque de capitaux, mais on perçoit déjà que le développement forestier, intégré avec le progrès industriel et agricole, viendra à être délibérément mis en œuvre comme une part essentielle des mesures destinées à promouvoir un développement économique indépendant et souvent comme une forme de travaux publics particulièrement utile et capable d’absorber une main-d’œuvre rurale inemployée ou sous-employée.

Page 18: Revue internationale 226/227 › 3 › a1222f › a1222f00.pdf · 2007-08-17 · Organisation 226/227 des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture Revue internationale des

1960s

Unasylva 226/227, Vol. 58, 200718

5. Les effets de cette évolution plus encourageante sont parvenus à un stade où ils peuvent être nettement déce-lés. L’exemple peut-être le plus important est fourni par l’Europe, où la première étude régionale des tendances pour le bois, publiée par la FAO en 1953, a révélé le danger

-sures immédiates pour accroître la production forestière. En dépit des doutes formulés alors, les forestiers ont été

de production de 1960 sont au niveau de nos prévisions les plus optimistes mais dans plusieurs pays des signes montrent qu’on peut espérer une progression ultérieure de la production. L’Europe, cependant, est une des régions où, de même qu’aux États-Unis et apparemment en Chine continentale, la surface des forêts est en progression.

-faits des réalisations pratiques à ce jour, nous sommes

forestières régionales, qui couvrent la totalité des pays membres de la FAO et constituent le mécanisme pour organiser une action concertée destinée à mener à bonne

Les tâches de l’avenir

J’ai essayé, au cours de cet exposé, d’aborder certains des problèmes auxquels nous avons à faire face. Ce que j’aimerais communiquer à ce distingué Congrès, c’est qu’il est urgent d’accroître très substantiellement et continuelle-ment le rythme auquel la production forestière mondiale se développe, et d’augmenter la surface des forêts restaurées ou maintenues dans leur rôle de protection. Ces objectifs peuvent et doivent être atteints, et je crois que ce Congrès pourrait rendre un important service en attirant l’attention sur les quatre principales tâches auxquelles les forestiers devraient consacrer leur attention au cours des prochaines années. Ce sont:

1. Des études systématiques pour mettre au point des mé-

forêt». Je crois qu’une telle estimation chiffrée fournirait aux forestiers un bon appui pour leurs demandes de crédits d’investissement face aux demandes des autres secteurs.

2. Des recherches et expérimentations sur les espèces à croissance rapide pour tous les climats, avec attention spéciale portée sur les plantations en zones tropicales

réserves constituées par les forêts tropicales.

3. L’extension progressive de l’industrie de la pâte et des autres industries forestières, en vue de créer dans les principales régions sous-développées des centres d’ex-ploitation et d’industries forestières correspondant aux richesses de leurs forêts et dans la perspective de leurs besoins croissants en produits forestiers.

4. L’adoption systématique de plans quantitatifs nationaux pour la production et la mise en valeur de la forêt en liaison avec les demandes prévues de produits forestiers. Cette étude deviendrait une base type pour les politiques forestières de chaque pays.

Pour conclure, je fais appel à vous, Mesdames et Messieurs, pour aider les nations du monde à tirer de leurs forêts des

à jouer dans une économie mondiale en expansion rapide, et le monde sera plus pauvre si ses forêts ne sont pas préparées pour satisfaire les demandes de papier, d’emballages, de matériaux de construction et des nombreuses autres choses que le bois peut fournir.

Ainsi, la forêt qui produit du bois et assure un abri rehaus-sera la beauté du monde, et l’existence de ceux qui vivent dans la forêt, en vivent, et traitent ses produits, pourra être plus heureuse et plus saine.

Page 19: Revue internationale 226/227 › 3 › a1222f › a1222f00.pdf · 2007-08-17 · Organisation 226/227 des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture Revue internationale des

1960s

Unasylva 226/227, Vol. 58, 200719

Avant d’exposer ce qu’on peut appeler l’évolution actuelle des idées en matière de foresterie, il n’est peut-être pas inutile de rappeler certaines vérités

premières. Tous les forestiers du monde, et en particulier

économique, s’intéressent, ou devraient s’intéresser, à deux questions fondamentales:

1.Comment faire face à l’augmentation des besoins en bois, sous toutes ses formes?

2.De quelle façon les forêts peuvent-elles remplir au mieux leur rôle de protection, de façon à sauvegarder les ressources de base: sol et eau?

Commençons donc par la production du bois. Les études sur l’évolution et les perspectives de la consommation, de la production et du commerce du bois, dont chacun sait qu’elles sont unes des fonctions importantes de la Division des forêts et des produits forestiers de la FAO, constituent aujourd’hui une documentation précieuse pour les services forestiers et les organismes qui tentent d’assurer pour l’avenir un approvisionnement adéquat en cette matière première essentielle qu’est le bois. Pour la première fois, les grandes régions du monde et les différents pays reçoivent des indications générales sur les tendances de la consommation future du bois, tendances qu’ils peuvent rapprocher de leurs ressources probables. On peut déjà constater, par exemple, que l’Amérique latine présente le paradoxe d’une région qui possède le quart des ressources forestières mondiales, tout en étant importatrice de bois et de produits dérivés. De même, en ce qui concerne l’Inde, qui a une forte densité de population en plein accroissement, et où la demande de produits ligneux est elle aussi en augmentation, l’étude intitulée Consommation, production et commerce du bois en

a fourni aux gouvernements la preuve évidente que, si l’on ne prend pas des mesures énergiques, le décalage entre la consommation et la production de bois s’accentuera au point de freiner, dans 15 ou 20 ans, le développement économique et social. Quant à l’Amérique du Nord, qui est actuellement une des grandes régions exportatrices, il semble que vers

l’an 2000 elle sera tout juste capable de satisfaire, avec ses propres ressources, ses industries du bois. Il semble bien que

des conclusions des études des tendances de la production et

des problèmes soulevés. En contrepartie, on estime généralement que les forêts du

monde, dont un grand nombre sont encore inaccessibles et inexploitées, peuvent fournir, avec un rendement soutenu,

l’accroissement des besoins, aussi loin que l’on puisse raison-nablement prévoir. Il est également probablement exact de dire que, jusqu’à une épo-que récente, les forestiers pensaient que les divers pays devraient s’efforcer de satisfaire leurs besoins croissants de bois en met-tant en exploitation de plus en plus nombreuses forêts naturelles, et en les aménageant pour aug-menter leur production sur la base du rendement soutenu, c’est-à-dire en suivant, grosso modo, les habitudes traditionnelles de la gestion forestière. N’ayons pas peur de le répéter, les forestiers sont généralement convaincus que presque tous les types de forêts, depuis les forêts tropicales à faible rendement, jusqu’aux forêts résineuses d’Europe aménagées de façon intensive, ont pour fonction essentielle la production du bois. Ils n’admettent que du bout des lèvres, peut-être avec moins de restrictions qu’autrefois, le concept des utilisations multiples (multipleuse), et concèdent tout juste que leurs forêts puissent, par exemple, être utilisées par les touristes, voire par les ani-maux sauvages. Même lorsqu’ils ont affaire à une forêt qui joue essentiellement un rôle de protection, ils cherchent, en général, à en retirer le maximum possible de bois sans toutefois mettre en danger sa fonction protectrice.

LES ESSENCES FORESTIÈRES À CROISSANCE RAPIDE

Deux facteurs, entre autres, semblent indiquer la nécessité,

de penser.

L’évolution de la foresterie

HENRY BERESFORD-PEIRSE

Courant d’opinion actuel

d’après Vol. 16, No. 4 (No. 67), 1962

Les problèmes fondamentaux auxquels se heurtent les forestiers restent fondamentaux encore aujourd’hui – de même que le rôle de la FAO dans la collecte et la diffusion des informations pour tenter d’y trouver une solution.

Sir Henry Beresford-Peirse a écrit cet article lorqu’il était Directeur adjoint de la Division des forêts et des produits forestiers de la FAO. L’auteur était Directeur général de la Commission des forêts de Grande-Bretagne quand l’article a été publié.

Page 20: Revue internationale 226/227 › 3 › a1222f › a1222f00.pdf · 2007-08-17 · Organisation 226/227 des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture Revue internationale des

1960s

Unasylva 226/227, Vol. 58, 200720

En premier lieu, il est de plus en plus évident que les dif-

inaccessibles ou de constitution complexe, peuvent rendre l’extraction du bois si onéreuse que son emploi ne peut être économique. On s’en aperçoit en établissant un bilan correct du coût de l’opération, tenant compte des investissements initialement massifs qui sont souvent nécessaires, et aussi des grosses dépenses d’entretien. Par conséquent, même si du point de vue de la production les ressources forestières conviennent parfaitement à la satisfaction des besoins mon-diaux, il semble qu’en fait tout se passe comme s’il fallait laisser de côté de vastes surfaces boisées en raison des frais élevés de premier investissement et d’entretien qui sont nécessaires pour les rendre exploitables.

Fort heureusement, un second facteur permet d’entrevoir des possibilités plus brillantes pour assurer, dans l’avenir, une production économique de matière ligneuse. S’il n’exis-tait pas, les forestiers devraient avouer que le bois doit être remplacé de plus en plus par d’autres matières premières, peut-être moins satisfaisantes.

Ce second et sympathique facteur illustre les vastes possi-bilités qui s’ouvrent, de compter de plus en plus sur les forêts

question des plantations. Comme on l’a constaté en 1961, à la deuxième Conférence mondiale de l’eucalyptus qui s’est tenue au Brésil, l’État de Sao Paulo tire presque tout son ap-provisionnement en bois des plantations d’eucalyptus faites il y a environ 70 ans, pour fournir un combustible aux chemins de fer. Il y a là 500 000 ha de plantations qui constituent une des premières, et des plus ambitieuses, introductions d’une espèce exotique sur une vaste échelle dans un but commer-cial. Dans la partie méridionale de l’Afrique, les plantations exotiques de pins ont permis, au cours des 20 ou 30 dernières années, le développement d’une industrie importante. Il y a, dans le monde entier, des exemples de réussites de créations

-vement récente que l’on a appliqué, en matière forestière, la génétique pour l’amélioration des arbres forestiers. Ceci nous ouvre un horizon nouveau et vaste. La plus grande partie, si ce n’est la totalité, des remarquables améliorations qui sont intervenues en agriculture, l’augmentation spectacu-

laquelle les agronomes envisagent le problème de l’alimenta-tion d’une population mondiale, en plein accroissement, tout cela est basé, en grande partie au moins, sur l’amélioration

que l’on peut obtenir des changements aussi spectaculaires en matière forestière. Déjà, par exemple, l’amélioration en matière de peupliers a permis aux forestiers d’obtenir des productions, inconcevables il y a quelques décennies, de bois de bonne valeur commerciale fourni par des sujets indemnes de maladies. Mais pour la plupart des autres espèces d’arbres, l’amélioration et la sélection, et les autres actions connexes, en sont encore au stade des recherches et des premières

production des plantations peut être 10 ou 20 fois celle de bien des forêts naturelles.

L’amélioration des arbres n’est d’ailleurs pas la seule arme nouvelle dont disposent les forestiers. Alors que l’emploi des engrais est une pratique courante en agriculture et en horticulture, leurs applications forestières sont relativement

nouvelles et on commence seulement à en concevoir les possibilités. Par l’emploi judicieux des engrais, on pourra augmenter sensiblement la vitesse de croissance des peuple-ments existants. On pourra accroître bien plus encore l’énorme production des plantations et on aura ainsi la possibilité de faire produire économiquement une récolte de bois à des terrains que l’on juge actuellement incapables de porter un boisement rentable. Avec l’emploi des engrais, viendront les techniques les plus avancées de culture et d’irrigation, comme en matière agricole.

Une autre nouveauté relative en matière forestière ouvre des possibilités presque illimitées: c’est la «culture agricole» des arbres. Il existe peut être une répugnance naturelle des agriculteurs à utiliser une bonne terre de culture pour y faire pousser quelque chose qui n’est généralement pas considéré comme une récolte agricole. Pourtant il n’est pas logique de

et d’en exclure le peuplier. Les considérations économiques ne devraient-elles pas être le principal critère pour décider quelle culture on fera, à supposer bien entendu que la sta-tion convienne à l’une et l’autre des plantes en cause? Dans le même ordre d’idées, pourquoi l’Europe, notamment avec l’expansion du Marché commun et compte tenu de son ap-

d’années, en denrées alimentaires, tant produites sur place que fournies par l’extérieur, n’éviterait-elle pas cette pénurie de bois qui semble sérieuse et inexorable, en utilisant des terres de culture, même de très bonne qualité sur une bien plus grande échelle, pour y récolter du bois? Est-ce que les considérations économiques, tempérées comme elles doivent toujours l’être par des considérations sociales, ne devraient

en ce qui concerne les cultures agricoles et forestières, plutôt que des idées préconçues concernant la distinction soi-disant «naturelle» entre terres convenant à l’agriculture et à la sylviculture?

Cet intérêt croissant pour les plantations, qui semble devoir être déterminant pour permettre de satisfaire écono-miquement les besoins en bois, n’implique pas, bien entendu, l’abandon des nombreuses forêts riches et productives qui existent dans le monde. Il n’implique pas non plus que l’on doive planter seulement les terrains qui, à l’heure actuelle, ne portent pas d’arbres. Dans de nombreux pays, une grande partie du travail de plantation, sinon sa totalité, devrait être réalisé sur des terrains qui sont en ce moment boisés, et ceci en dépit du fait que la plantation entraînera probablement une

On parle beaucoup d’arbres exotiques et on les utilise souvent aujourd’hui pour les plantations. Mais cela ne doit pas le moins du monde faire négliger les espèces indigènes de valeur, d’autant plus qu’une bonne sélection, des croisements et d’autres techniques sont souvent susceptibles d’augmenter sensiblement leur production. L’accent mis sur les plantations ne doit pas non plus entraîner l’abandon de la régénération naturelle. L’utilisation de l’une ou l’autre technique, ou leur combinaison, doit être commandée avant tout par des considérations économiques: on doit se demander ce qui

peu de chose pour détruire sa fertilité, surtout s’il s’agit d’un

Page 21: Revue internationale 226/227 › 3 › a1222f › a1222f00.pdf · 2007-08-17 · Organisation 226/227 des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture Revue internationale des

1960s

Unasylva 226/227, Vol. 58, 200721

sol tropical), et de rechercher une solution simple et pratique. Dans les pays forestiers très évolués, surtout en Europe, la gestion forestière et les techniques sylvicoles sont devenues extrêmement complexes. On connaît même des méthodes encore plus complexes utilisées dans les forêts tropicales. Même si elles se révèlent satisfaisantes à la longue, on peut

le personnel subalterne et la main-d’œuvre non spécialisée

bonnes, mais trop compliquées. La conséquence vraiment importante à attendre de l’uti-

lisation croissante et généralisée des plantations, à côté de l’augmentation considérable de la production par unité

-sation du sol, on peut réserver pour la production du bois une surface plus faible que lorsque chaque pays estimait dépendre surtout des forêts pour son développement. Dans certains pays, surtout dans ceux qui ont de vastes surfaces boisées, dont une grande partie est actuellement inutilisée et inaccessible, il en résultera que l’on pourra «abandonner» certaines forêts existantes — abandonner, bien entendu, pour la production du bois.

LE CONCEPT DES UTILISATIONS MULTIPLES

Ceci nous amène maintenant à examiner la seconde fonction des forêts dont nous avions parlé au début. «Abandonner»

abandonner pour la protection et pour les nombreuses autres utilités qu’on peut attendre des forêts. Lorsqu’on parle de la fonction de protection, il faut tout d’abord remarquer que les

est avant tout la production du bois, peuvent avoir en même temps une fonction de protection, en tant qu’abri, et pour la conservation du sol et de l’eau, particulièrement dans les bassins de réception. Elles peuvent avoir aussi des fonctions accessoires. Mais ce sont les forêts naturelles, qui ne sont pas réservées à la production de bois, qui constituent la source principale de protection. Elles peuvent maintenant jouer ce rôle sans qu’il soit amoindri par l’objectif favori de tous les forestiers, la production de bois. Il est sans importance que les arbres soient courbés et tordus, ou au contraire grands et droits, serrés ou disséminés, que les espèces soient en plus ou moins grand nombre, pourvu que les peuplements remplissent

protéger le sol et régulariser le régime des eaux. Il n’est pas besoin de poursuivre ici une discussion de vieille date: savoir s’il est préférable de faire pousser une forêt, de l’herbe, ou toute autre forme de végétation. N’importe quelle combinaison est acceptable si le but principal est atteint. Il y a aussi de vastes secteurs où la forêt naturelle a été détruite et où il faut reconstituer une couverture végétale protectrice. Le même raisonnement doit s’y appliquer, et le choix des espèces n’a

bois. Le rôle protecteur d’une couverture végétale quelconque -

table qu’elle a une valeur, parfois considérable, quand, par exemple, elle protège de coûteux réservoirs d’irrigation contre l’envasement ou les inondations.

Ce n’est pas parce qu’on n’a pas besoin de faire appel à ces forêts de protection pour produire du bois (sauf de façon accidentelle) qu’elles n’ont aucune fonction de production. Les forêts, les terrains embroussaillés, avec les parcours qui les bordent et les pénètrent, peuvent être aménagés en vue du pâturage des animaux domestiques aussi bien que des ani-maux sauvages. La production s’exprime alors en viande, en cuir et autres produits animaux, et en fourrage. Il est évident qu’il faudra contrôler soigneusement le pâturage, non pas pour protéger les arbres de la dent ou du frottement des animaux, mais seulement pour s’assurer que le rôle protecteur de la végétation est pleinement sauvegardé. Ces forêts de protec-tion et ces parcours peuvent être entrecoupés de pâturages aménagés de façon intensive, et consacrés essentiellement à la production animale et fourragère. Cette utilisation des forêts pour le pâturage a quelque chose de choquant pour bien des forestiers habitués à considérer presque toujours les animaux sauvages et domestiques comme des ennemis

au point peut-être d’accueillir des chèvres, sous contrôle évidemment, dans certaines forêts ou certaines brousses, si l’on veut pleinement utiliser les forêts et les maquis inutiles pour la production du bois, avec les parcours et les pâturages voisins.

Ces forêts de protection, ces parcours, en même temps qu’ils produisent de la viande, etc., et abritent des animaux sauvages, peuvent présenter, et ceci de plus en plus, des possibilités de récréation. Les ouvrir dans ce but pourrait alléger la pression qui s’exerce sur les forêts essentiellement consacrées à la production. Les activités récréatives entraî-nent inévitablement une augmentation des risques d’incendie, mais il faut en prendre son parti et, si la population d’un pays réclame des possibilités de distraction, elle est certainement disposée à payer ce qu’il faut pour assurer la protection contre le feu et d’autres gardiennages.

Le concept des «utilisations multiples» des forêts a été fa-cilement accepté par le cinquième Congrès forestier mondial

En effet, on risque de l’interpréter dans le sens: Un peu de tout dans chaque forêt. Le véritable sens conduirait plutôt à l’expression «rôles multiples». D’une part, on aurait des forêts consacrées particulièrement à la production du bois, surtout

sylvicoles destinés à accélérer au maximum la production, tant en quantité qu’en qualité, et toujours soumises dans leur traitement à des considérations économiques et sociales. D’autre part, il y aurait des forêts consacrées essentiellement à une fonction de protection, mais fournissant, autant que faire se peut, une production fourragère ou animale. Elles pourraient aussi, comme les parcours, être utilisées pour

sur une double fonction n’implique nullement la nécessité de faire rentrer dans l’une ou l’autre catégorie toutes les forêts de tous les pays, car aussi loin dans l’avenir qu’il est raisonnable de prévoir, il y aura de vastes zones forestières que l’on pourra laisser complètement de côté. Une des plus étendues serait la plus grande partie de la forêt amazo-nienne que l’on pourrait laisser croître, intacte, pour servir d’habitat aux animaux et aux tribus primitives, comme elle l’a été pendant des millénaires. Il existe ailleurs des forêts similaires mais moins étendues.

Page 22: Revue internationale 226/227 › 3 › a1222f › a1222f00.pdf · 2007-08-17 · Organisation 226/227 des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture Revue internationale des

1960s

Unasylva 226/227, Vol. 58, 200722

Si l’on admet cette façon de concevoir les deux fonctions distinctes des forêts, on doit changer l’orientation de beau-coup de façons de penser et d’agir des forestiers. En matière

terres qui en découle, il faudra établir un lien beaucoup plus serré avec la politique agricole, étant donné que les frontières entre cultures et forêts disparaîtront complètement dans bien des cas. Bien entendu, il y aura toujours de vastes secteurs consacrés à la production du bois où la culture n’a presque rien, ou même rien, à faire. Mais il y aura un secteur de plus en plus vaste, consacré à la culture des arbres forestiers et des parcelles de forêts intégrées dans les rotations de cultures, où la production de bois et de denrées alimentaires feront partie d’une entreprise agricole coordonnée — agricole étant pris ici dans le sens le plus large que la FAO puisse lui donner. Il y aura aussi de vastes zones de protection — forêts, parcours, pâturages — consacrées, en liaison avec leur fonction de protection, à l’obtention de produits d’origine animale, de fourrage, ainsi qu’à l’utilisation des loisirs et à la chasse. Il est alors virtuellement impossible qu’un pays élabore une politique forestière distincte de sa politique agricole. Il en résulte aussi que l’on doit veiller avec soin à ce qu’aucune loi forestière nouvelle ou existante ne perpétue cette scission qui doit disparaître.

LES PRINCIPES DE BASE NE SONT PAS MODIFIÉS

Il est intéressant d’examiner les Principes de politique forestière, approuvés par la Conférence de la FAO en 1951, à la lumière des idées les plus récentes en matière forestière. Il semble bien que l’évolution des idées ou des techniques, qui apparaît révolutionnaire à bien des égards, ne rend

avec clairvoyance après de longues discussions. -

tera peut-être à mettre au point un appareil administratif convenable. On pourrait prétendre que l’étroite coordination entre l’agriculture et la sylviculture devrait donner lieu à la constitution d’un service polyvalent. Il ne semble pas qu’une telle solution soit nécessaire ou désirable. Etant donné la

pour gérer les forêts, quelle que soit leur fonction, il faut maintenir des services forestiers spécialisés. De même, les forêts de production constituant essentiellement une industrie

Il est nécessaire de concevoir, pour elles, une administration de forme différente de celle d’un service agricole qui s’occupe surtout de vulgarisation et d’application des textes réglemen-taires. Là où le contrôle de l’utilisation des terres présente une importance fondamentale, c’est-à-dire dans les bassins de réception, surtout en zone montagneuse, il existe de nombreux arguments en faveur de l’organisation italienne qui consiste à réunir dans une seule main les questions forestières et l’ensemble de l’économie de la région considérée.

Cette fusion des activités forestières et agricoles, en parti--

blement les problèmes sociaux qui apparaissent si souvent comme un obstacle infranchissable à l’application d’une gestion convenable. Lorsqu’il faut créer ou reconstituer une couverture végétale adéquate dans un bassin de réception,

on commence le plus souvent par en exclure complètement

mode de vie des populations locales. Si, maintenant, on pose en principe que ces forêts et les terres voisines peuvent être aménagées de façon à supporter une charge raisonnable en bétail et en animaux sauvages, le changement ne sera pas si brusque et on pourra atteindre plus simplement le but recherché, en utilisant de façon coordonnée parcours et forêts de protection au lieu de les gérer séparément.

ENSEIGNEMENT ET RECHERCHE

Dans l’action de la FAO en faveur des pays en cours de déve-loppement, on donne à bon droit une toute première priorité à l’enseignement et à la formation professionnelle. Mais est-on certain que l’on donne vraiment de bons conseils techniques à ces pays? L’évolution des techniques et des conceptions doit

-blissements d’enseignement, à mesure qu’on les crée. Tandis

ou radicalement l’enseignement universitaire dans les plus vieux pays forestiers, il serait désastreux que les façons de penser éprouvées et de forte substance fussent transférées sans adaptation dans ces pays en cours de développement. Non seulement l’enseignement doit comprendre le dernier stade de la conception et de l’expérience acquise, mais encore il doit être ajusté aux conditions, surtout aux conditions sociales, qui existent dans les pays neufs. Dans les années qui viennent, l’objectif devrait être, et pour longtemps, quelque hérétique que cela paraisse, un enseignement pratique et simple plutôt

pas que l’on devrait abaisser le niveau des études, mais plutôt

besoins des pays en cours de développement. Ces pays peuvent

vieux pays forestiers, mais ils n’ont peut-être pas besoin de passer par la longue évolution de l’enseignement qui, s’étant produite surtout en Europe et en Amérique du Nord, convient essentiellement à ces régions

La recherche porte une lourde responsabilité. Lorsque

été obligés de le faire, les deux fonctions de la foresterie, on a pu penser que nous posions en prémisses que les techniques

exploiter des peuplements, combiner pâturages et forêts de protection, sont parfaitement connues. Or nous en sommes loin. Il existe un vaste champ de recherches nouvelles à réaliser tout en exploitant les veines plus classiques, qu’il faudrait soigneusement examiner et prospecter. Lorsqu’on fait pousser des arbres dans quelque but que ce soit, il est essentiel d’être sûr de conserver, ou si possible d’améliorer, la fertilité de la station, mais nous sommes loin d’en savoir assez long sur la façon d’y parvenir le mieux et au moindre prix. Les agriculteurs ont-ils raison lorsque, comme ils le font si souvent, ils condamnent la culture des arbres qu’ils accusent d’utiliser trop d’eau ou de diminuer la fertilité? Sont-ce au contraire les forestiers qui ont raison lorsqu’ils prétendent que dans bien des cas une récolte d’arbres peut rapporter davantage qu’une récolte agricole classique, tout en conservant ou améliorant la qualité de la station? Quelle

Page 23: Revue internationale 226/227 › 3 › a1222f › a1222f00.pdf · 2007-08-17 · Organisation 226/227 des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture Revue internationale des

1960s

Unasylva 226/227, Vol. 58, 200723

est l’importance du pâturage pouvant être toléré dans diffé-rents types de forêts tout en conservant un couvert végétal satisfaisant et en assurant une régénération convenable des graminées, des plantes herbacées et des arbres? Ces questions, et bien d’autres, nécessitent un gros travail de recherches et d’expériences. On aimerait savoir, en particulier, comment traiter les forêts tropicales de façon aussi simple et aussi peu coûteuse que possible pour améliorer leur productivité, tout en conservant le délicat équilibre de la fertilité de leur

plus important d’attaquer et de faire un choix, non pas nécessairement en suivant les sentiers battus, mais plutôt en pensant aux questions qui se posent à propos des deux fonctions principales des forêts telles qu’elles se présentent pour les pays en cours de développement.

Dans le domaine de la technologie du bois, un des problèmes qui se trouvent continuellement posés dans de nombreux pays du monde est de savoir comment utiliser les innombrables essences qui poussent dans les forêts naturelles, en particulier

fourniront, dans une proportion sans cesse croissante, le bois dont on a besoin, ce problème d’utilisation d’essences diverses ira en s’amenuisant plutôt qu’en s’aggravant. La structure très complexe des peuplements ne se reconstituera pas après exploitation: au contraire, on déterminera la composition de la forêt en vue d’obtenir la production maximum d’une catégorie de bois qui corresponde le mieux aux exigences de l’industrie. La sélection et l’obtention de nouvelles variétés pourront être dirigées de façon à obtenir des types d’arbres dont le bois conviendra de façon optimum pour toute une gamme d’industries et des peuplements qui fourniront des

rencontrées par les industries utilisatrices seront considéra-blement aplanies. On obtient maintenant des plantes cultivées susceptibles de fournir, grâce à des techniques sans cesse améliorées, des rendements de plus en plus élevés, dans diverses catégories de stations et pour diverses utilisations. Ces plantes constituent des populations d’une remarquable uniformité. La même méthode sera certainement utilisée de façon croissante pour les cultures forestières, notamment en ce qui concerne les pâtes et les papiers. Mais, tout en

matière première destinée à l’industrie, on ne doit pas oublier que l’un des besoins les plus urgents est encore constitué par le bois utilisé comme combustible, ou pour la construction d’habitations primitives, ou encore pour la satisfaction des besoins ruraux en général.

ÉCONOMIE FORESTIÈRE

met en relief une fois de plus le rôle extrêmement important que doit jouer l’application des sciences économiques aux questions forestières. Ainsi que pour la génétique, cette application est d’origine relativement récente, et même à

du développement des forêts et des industries dérivées. Pourtant ce sont les considérations économiques, le but de produire du bois à un coût aussi faible que possible, la

nécessité de faire cadrer le développement des forêts et de leurs industries avec l’ensemble de la croissance du pays, qui doivent permettre avant tout de déterminer le caractère de la sylviculture de plantation, des petits bois de ferme, et de l’exploitation forestière. Mais, alors même que le bas prix

-tité, sont des éléments essentiels, comme dans toute affaire commerciale, il importe de ne jamais perdre de vue l’aspect social de la foresterie. Il peut se faire que l’on doive négliger très largement les considérations économiques pour éviter de perturber le mode de vie des hommes et des femmes, des familles et des tribus dont les forêts et les territoires qui s’y rattachent constituent l’héritage. Au contraire, c’est seule-ment en faisant jouer à plein les connaissances techniques préexistantes, les croyances et même les préjugés des popu-lations locales que l’on peut obtenir l’amélioration effective de la productivité d’un territoire, même si on n’y parvient que par des méthodes qui paraissent lentes et coûteuses, à les mesurer à la toise de théories purement économiques.

LE RÔLE DE LA FAO

La tâche pour laquelle on a, à l’origine, créé la FAO, a été décrite dans Unis contre la faim comme le «rassemblement et la diffusion des informations, en utilisant toute une gamme de moyens — réunions internationales, publications, visites», et la «fourniture d’experts par les pays les plus développés, surtout aux pays moins développés». Telle était la base du programme normal de la FAO, maintenant considérablement

-lisations sur le terrain. Quelque considérables et importants que deviennent ces programmes sur le terrain — et le besoin

doit toujours rester la fondation sur laquelle on les bâtit et les étaie. Mais, en tout cas, en ce qui concerne les forêts et les produits que l’on en tire, si nous acceptons l’existence de cette évolution dans notre façon de penser et d’agir, la FAO devrait reconnaître qu’elle a une charge supplémentaire plus importante encore dont elle devrait tenir compte en pratique. Non seulement la FAO doit rassembler et diffuser des informations, des connaissances, des techniques, mais elle doit aussi jouer un rôle qu’aucune autre organisation

doit former et guider la pensée et l’action des pays les plus vieux pour s’adapter aux conditions toutes différentes qui règnent chez les plus jeunes, de façon à se mettre à la portée des aspirations de leurs populations et à leur permettre de

grands rôles de la foresterie, d’une part la fusion avec une agriculture intensive, d’autre part le pâturage extensif, la prise en considération complète des populations pour lesquel-

enseignement, cette recherche ont été entrepris, ne violent pas le moins du monde les principes de l’écologie prise dans son sens le plus large «l’étude des relations réciproques des organismes vivants — végétaux, animaux et hommes — avec leur milieu», qui devrait être le guide essentiel de tout le travail de la FAO.

Page 24: Revue internationale 226/227 › 3 › a1222f › a1222f00.pdf · 2007-08-17 · Organisation 226/227 des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture Revue internationale des

1960s

Unasylva 226/227, Vol. 58, 200724

L’ordinateur électronique numérique en foresterie

J.N.R. JEFFERS

DEPUIS le dernier Congrès de l’Union internationale des instituts de recherches forestières, le dévelop-pement de l’emploi des ordinateurs électroniques

constitue l’un des progrès remarquables accomplis dans la recherche et la gestion forestières. Il n’est donc pas exagéré de dire que ce progrès a complètement transformé les bases

fois dans l’histoire de l’homme, il est maintenant possible de s’attaquer à quelques-uns des problèmes qui sont à la base de nos connaissances fondamentales en foresterie, et nombre de nos techniques existantes sont devenues périmées du fait des moyens mathématiques plus puissants que la calculatrice permet d’utiliser.

Cet article se propose de donner une brève description des ordinateurs électroniques, de faire le point de leur application actuelle à la recherche forestière, et de donner quelques conseils pour qu’ils soient utilisés d’une manière plus effective avant le prochain congrès.

Les ordinateurs électroniques «numériques»

L’ordinateur électronique «numérique» est une machine pouvant emmagasiner des informations numériques et établir des développements mathématiques et logiques sur ces données, en obéissant à une suite d’instructions, elles aussi emmagasinées dans la machine. Le terme «numérique» indique que la manière dont la calculatrice emmagasine et transforme les informations est très voisine de celle que nous sommes habitués à utiliser pour manipuler les informations numériques qui se présentent comme un ensemble de chif-fres de 0 à 9. Elle diffère en cela de certains autres types d’ordinateurs, qui peuvent emmagasiner et transformer les informations numériques sous la forme de grandeurs physi-ques, par exemple potentiels ou résistances électriques.

La suite des instructions grâce auxquelles on commande l’ordinateur est appelée programme, et ces instructions sont rédigées spécialement pour chaque problème que la machine

est appelée à résoudre. En suivant de tels programmes, -

cement n’importe quelle opération mathématique ou suite logique. Le travail d’établissement de ces programmes peut être fortement réduit si l’on a soin de rendre généraux les procédés utilisés pour la solution de problèmes particuliers, de sorte que les programmes qui en résultent peuvent servir à de nombreuses applications différentes.

La vitesse à laquelle l’ordinateur peut obéir à la série d’ins-tructions dans le déroulement d’une opération déterminée et la sûreté des calculs, même à ces vitesses très élevées, constituent les avantages essentiels de l’emploi des ordi-nateurs électroniques par rapport aux autres genres de machines à calculer. Il y a cependant un avantage supplémen-taire, c’est qu’une fois le programme préparé pour une opération dé-terminée, l’ordinateur

faute, à la série d’instruc-tions, et peut réaliser n’importe quel nombre d’opérations semblables

-cialiste. De là sorte, un petit nombre de spécia-listes peut entreprendre un vaste programme de recherches, sans crainte qu’il puisse exister d’erreurs d’interprétation des instructions dans la transformation des informations.

Emploi des calculatrices par les instituts de recherches forestières

En mars 1960, le Président de l’Union internationale des instituts de recherches forestières effectua une enquête par correspondance sur l’utilisation actuelle par les organisa-tions de recherches forestières des ordinateurs électroniques «numériques». Les résultats de cette enquête montrèrent que l’emploi de ces ordinateurs devenait très répandu en Australie, au Canada, aux États-Unis, au Royaume-Uni, en Suède et en Suisse, et qu’il était moins développé au Japon, en Nouvelle-Zélande et aux Pays-Bas. Tous ces pays

d’après Vol. 15, No. 4, 1961

Un avenir était prévu pour les ordinateurs qui, à l’époque, étaient de grandes machines à peine introduites dans la recherche forestière. Mais la mesure dans laquelle ils deviendraient des outils quotidiens pour le gestionnaire forestier était évidemment encore au-delà de toute imagination.

John Jeffers a travaillé pour la Commission des forêts du Royaume-Uni où, dans les années 1950, il a mis au point des méthodes pour l’analyse statistique des essais forestiers. Ce rapport a été présenté à un Congrès de l’Union internationale des instituts de recherches forestières (IUFRO) à Vienne, Autriche en 1961.

Extrait de:

Page 25: Revue internationale 226/227 › 3 › a1222f › a1222f00.pdf · 2007-08-17 · Organisation 226/227 des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture Revue internationale des

1960s

Unasylva 226/227, Vol. 58, 200725

étaient donc en train d’acquérir une bonne expérience de l’utilisation des ordinateurs. Fait plutôt surprenant, nom-bre d’organisations déclarèrent catégoriquement n’être pas intéressées par l’application des ordinateurs électroniques aux problèmes de la recherche forestière, et quelques-unes confondirent manifestement les méthodes de calcul basées sur les cartes perforées et les machines électriques de bureau et celles basées sur les ordinateurs électroniques. Si l’on s’attendait que les organisations de recherches forestières des pays où ces machines électroniques étaient largement répandues seraient les plus averties de leurs possibilités et auraient le plus facilement accès aux ordinateurs, on ne s’attendait pas que tant d’organisations ignorent les avantages à retirer de l’emploi de ces machines.

Il faudrait peut-être insister sur un point: l’ordinateur est d’une importance capitale dans les pays qui ont peu de

-cialistes des tâches fastidieuses des calculs et des opérations courantes de l’information, et leur permet de consacrer leurs énergies à des sujets plus dignes d’intérêt.

Applications des ordinateurs électroniques à la foresterie

Dans les pays qui font un large usage des ordinateurs électroniques en recherche forestière les premières appli-cations de ces machines ont concerné tout naturellement l’accélération des calculs déjà entrepris par d’autres moyens.

nécessités par des dénombrements forestiers de grande ampleur, par l’établissement des tables de production et des tarifs de cubage, par l’analyse mathématique des pro-grammes d’expérimentation et d’enquêtes.

Dans toutes ces applications, on ne tire qu’un avantage réduit des propriétés fondamentales des ordinateurs, sauf pour la rapidité des calculs, et la manière de calculer ne diffère que peu de celle utilisée avec des moyens plus clas-siques. Ensùite, on s’aperçut, cependant, que l’utilisation la plus importante des ordinateurs résidait dans leur extension aux genres d’opérations jamais entreprises auparavant, non seulement parce qu’elles auraient demandé trop de temps, mais aussi parce qu’elles étaient trop complexes pour être réalisées avec les machines à calculer classiques. Citons comme exemples de ces opérations l’analyse avec plusieurs

la station sur le choix des essences et leur croissance, l’in-

sur son classement qualitatif, la taxonomie des végétaux et animaux importants en foresterie, et les relations entre les conditions climatiques et la production. Une autre application du même genre est l’établissement de modèles mathéma-tiques assimilables à des problèmes pratiques comme ceux des diverses techniques connues sous le nom de recherche opérationnelle, par exemple les méthodes de Monte-Carlo, la programmation linéaire, la théorie des queues (ou théorie

La phase actuellement la plus poussée de l’emploi de l’ordinateur électronique dans la recherche forestière se situe dans l’exploitation plus importante des procédés et principes de base de cette machine, dans la possibilité de

trier, emmagasiner et manipuler de façon rapide et nou-velle les informations, au lieu de simplement substituer ces procédés aux méthodes habituelles et peu rapides dans les théories échafaudées antérieurement. Ces progrès condui-ront sans aucun doute à des méthodes entièrement nouvelles de recherche forestière, exploitant à plein les techniques des ordinateurs et basées sur des systèmes complètement automatiques de transformation des données.

Bibliothèque internationale de programmes

Au fur et à mesure que les instituts de recherche forestière se mettront à utiliser les ordinateurs électroniques, la liste des programmes destinés à des opérations intéressant les forestiers s’accroîtra rapidement. Pour éviter de perdre du temps à recommencer un travail déjà réalisé, et pour donner le champ d’application le plus vaste possible au travail de toute organisation particulière, il sera désirable d’organiser des échanges portant sur les programmes de base rédigés.

-chines différentes utilisent dans leurs programmes des codes ou langages de types différents, et ensuite il n’existe souvent aucun langage commun même entre les machines fabriquées par le même producteur. Sur le plan international, le pro-blème est fortement aggravé par le fait que les rédacteurs des programmes ne s’expriment pas dans la même langue.

Aux États-Unis, on a réussi à utiliser avec une certaine gamme d’ordinateurs un langage commun, auquel peu-vent obéir de nombreuses machines, connu sous le nom de «Fortran»; ce langage commun à différentes machines peut

la communication des programmes entre pays américains. En Europe, on essaie de lancer un autre langage commun entre machines, celui d’«Algol». Il est trop tôt pour dire si ce langage aura ou non autant de succès que «Fortran» en a eu aux États-Unis, mais il pourra parfaitement rendre les programmes interchangeables dans une gamme étendue de machines futures, sinon de machines existant déjà.

mieux à faire pour éviter la répétition du même travail est de constituer un registre des programmes existants, et de le tenir à jour en y ajoutant les nouveaux programmes.

Outre la bibliothèque des programmes existants, il serait également souhaitable de maintenir un répertoire des orga-nismes et individus employant couramment les ordinateurs, et particulièrement de ceux qui n’utilisent pas à plein temps leur matériel, et qui pourraient s’organiser pour effectuer à titre onéreux des calculs pour d’autres organismes. Bien qu’il soit probablement toujours possible de faire effectuer ces opérations par des organisations non forestières ou par

qu’il y a de nombreux avantages à faire réaliser les opéra-tions forestières par des organisations intéressées par les questions forestières.

Progrès futurs

Entre le présent et le prochain Congrès, il y aura beaucoup de progrès dans le domaine des ordinateurs électroniques,

Page 26: Revue internationale 226/227 › 3 › a1222f › a1222f00.pdf · 2007-08-17 · Organisation 226/227 des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture Revue internationale des

1960s

Unasylva 226/227, Vol. 58, 200726

et dans leur application aux problèmes de la recherche et de la gestion forestières. L’utilisation par les instituts de recherches forestières des facilités dont disposent d’autres organisations est essentiellement une phase temporaire, et, dans très peu d’années, de nombreuses organisations de recherches forestières auront leurs propres calculatrices électroniques, et auront mis au point des méthodes perfec-tionnées de recherche, basées sur des manipulations des données et des techniques de calculs modernes. Personne ne peut remplacer les forestiers eux-mêmes, s’ils s’intéres-sent à ces procédés et s’ils apprennent à programmer les machines pour que se réalise le meilleur emploi possible

des possibilités passionnantes et presque illimitées que ces machines ont révélées. La programmation réelle est la

et leurs possibilités, et il importe que le plus grand nombre possible de forestiers se rendent compte de ce que sont ces possibilités. L’auteur de cet article croit que le forestier n’a jamais eu auparavant entre les mains un outil si puissant pour lui permettre de remplir pleinement sa tâche dans la grande œuvre de conservation et d’utilisation rationnelle des forêts du monde. Il serait beaucoup plus regrettable d’ignorer cet instrument que de mal l’utiliser.

Page 27: Revue internationale 226/227 › 3 › a1222f › a1222f00.pdf · 2007-08-17 · Organisation 226/227 des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture Revue internationale des

1960s

Unasylva 226/227, Vol. 58, 200727

Promesses de la techniqueF.F.P. KOLLMANN

L -ques de procédés et de moyens par lesquels l’homme accroît la valeur des matières premières dont il

dispose. Elle est le propre de l’homme car elle se fonde sur l’intelligence et le bon sens. Les sociétés que constituent les animaux les plus évolués ou les nids élaborés qu’ils construisent ne font intervenir que l’instinct et non l’intel-

l’aspect des matières premières — par exemple du bois par le sciage, le rabotage, le moulage, le toupillage, le tournage, le ponçage, ou du métal par le laminage, le forgeage, l’éti-rage — soit leur composition chimique, par exemple par la fermentation, la teinture ou le blanchiment. On distingue donc de ce point de vue une technologie mécanique et une technologie chimique.

aujourd’hui sur l’économie des pays industrialisés. Elle est certes pleine de promesses, mais il ne faut pas pour autant oublier qu’elle comporte aussi des risques. Pour la plupart des gens, le progrès des techniques améliore les conditions de travail: il élimine les tâches les plus malpropres et les plus serviles, il abrège la journée de l’ouvrier, il assure un

technique moderne est étroitement liée à l’automation. Aussi, certains redoutent-ils qu’en progressant elle ne conduise au chômage.

Commission de la technique, de l’automation et du progrès économique a déclaré dans son rapport au Président et au Congrès que la technique supprime des tâches, mais pas le travail.

Le progrès technique, dans toutes ses conséquences, im-plique une évolution constante, voire des transformations profondes. Ainsi, l’invention de la locomotive à vapeur est à l’origine des transports modernes: c’est Stephenson qui le premier a utilisé des rails lisses et construit la première locomotive à vapeur dans toutes ses parties essentielles. Or, celle-ci est de plus en plus remplacée par la locomotive électrique ou diesel. Il y a quelques années seulement,

caractérisé par les tubes électroniques; mais voici qu’avec la physique des états solides, les inventions de ce passé tout proche datent déjà du fait de l’avènement du transistor. Des métaux lourds comme l’acier et la fonte sont remplacés par l’aluminium, qui est à son tour supplanté par diverses matières plastiques.

Le remplacement du bois par d’autres matériaux va de soi, lui aussi, dans certains domaines. Les promesses que contient la technique s’opposent, semble-t-il, à ce que l’on continue de l’utiliser dans certaines formes de construction, dans les mines, comme traverses de chemin de fer, dans les constructions aéronautiques, pour ne citer que quelques exemples.

Le bois présente certains inconvénients. Il peut être attaqué et détruit par les champignons et les insectes, il est combustible, il a une stabilité dimensionnelle faible par rapport aux matériaux inorganiques. La technologie moderne a cependant trouvé des remèdes à ces défauts. Les traite-ments de préservation assurent aux parties en bois une longue durée, même dans des condi-tions défavorables, et les traitements chimi-ques ignifuges peuvent rendre à peu près in-combustibles le bois et les matériaux dérivés. Le bois massif — après séchage à température élevée et imprégnation avec des résines synthétiques — le contre-plaqué, les bois lamellés et les panneaux de particules ont une capacité d’absorption réduite et par conséquent une plus grande stabilité dimensionnelle.

Autrefois, la technologie était la science de la transfor-mation d’une matière première donnée: on y distinguait autant de branches qu’il y avait de matières premières; les promesses dont elle était grosse n’intéressaient qu’une seule branche à la fois: métallurgie, menuiserie, tissage, etc. Dans le monde moderne industrialisé, les techniques sont extrêmement différenciées mais interdépendantes.

Leur diversité est l’une des caractéristiques de l’économie industrielle moderne. Les analyses d’input-output sont à cet égard très instructives. Prenons la production et la distribution de n’importe quel produit industriel sur son marché ultime, le mobilier par exemple. Il y a trente ans, les éléments entrant dans le coût de fabrication étaient la

d’après No. 83, 1966

Les nouvelles technologies considérées du point de vue de l’industrie du bois: panneaux qui représentent aujourd’hui plus de la moitié de la production mondiale de sciages, ainsi que l’utilisation des déchets comme la sciure de bois.

F.F.P. Kollmann, de l’Université de Munich, Allemagne, était président de l’Académie internationale des sciences du bois lorsque cet article a été rédigé. Il a été présenté au sixième Congrès forestier mondial (Madrid, Espagne, 1966) dont le thème était «Le rôle de la foresterie dans le changement économique mondial».

Extrait de:

Page 28: Revue internationale 226/227 › 3 › a1222f › a1222f00.pdf · 2007-08-17 · Organisation 226/227 des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture Revue internationale des

1960s

Unasylva 226/227, Vol. 58, 200728

matière première, des éléments accessoires et quelques services. Depuis une vingtaine d’années, la part des frais afférents à ce qui n’est pas la matière première, ou facteurs de production «généraux», a augmenté considérablement.

Ces facteurs «généraux» de production sont l’une des caractéristiques des techniques actuelles. Ils impliquent une plus grande consommation d’énergie (due pour une part au développement de la mécanisation dans le travail de production), de meilleures communications, des embal-lages et un système commercial convenables, des bâtiments

services d’assurances, un matériel mécanographique, un travail d’information. Tout l’appareil industriel est devenu plus complexe, et les fonctions de coordination ont pris une importance qu’elles n’avaient jamais eue. Autrefois, c’est le type de matière première travaillée qui modelait chaque industrie et en marquait l’économie. Il y avait des industries essentiellement axées sur les métaux, la pierre, le

normale autrefois, de telle ou telle matière première, a fait,

utilisées dans chaque industrie. Le meuble n’est plus fabri-qué exclusivement avec du bois. Les métaux, les matières plastiques, le verre, les textiles et les colles entrent aussi dans sa fabrication. On constate même que la concurrence est entrée dans le domaine des propriétés et des qualités des matières premières.

L’utilisation des produits forestiers est essentielle pour la conservation des forêts. À l’ère atomique, et pour nos sociétés fortement industrialisées, les forêts sont une condition de la richesse et du confort. Elles normalisent le climat et les cours d’eau, elles empêchent l’érosion, elles offrent à l’homme des lieux de délassement et à la faune naturelle un asile. La technologie appliquée aux produits forestiers est à la fois très développée sous certains aspects et en retard sous d’autres.

La scierie, par exemple, utilise une technique vétuste. La scie multiple, dans laquelle le mouvement circulaire est transformé en mouvement linéaire, est une machine très primitive. La vitesse optimale pour le sciage du bois est d’environ 60 m/s, mais avec les scies multiples lourdes elle tombe à 6 m/s. Les scies multiples, avec moteur Otto à quatre temps ou même avec moteur diesel, ne répon-dent pas aux exigences de la technologie moderne. La puissance des scies multiples modernes a atteint à peu près son maximum et l’on ne peut guère espérer d’autres perfectionnements techniques, de sorte que le problème du rendement reste insoluble. Qu’il s’agisse de scies multiples, de scies à ruban ou à plus forte raison de scies circulaires, la lame avance dans le bois en laissant un trait de scie. Du bois est arraché par le passage de la lame: c’est la sciure. Le débitage d’une grume en bois d’œuvre se fait avec un rendement moyen de 70 pour cent avec une scie multiple et de 55 pour cent seulement avec une scie circulaire. La

plus ou moins désintégrées et inutilisables. Elle ne peut servir de matière première ni pour l’industrie papetière, ni

les innombrables utilisations proposées pour la sciure de

bois, aucune ne résout le problème sur une grande échelle. On continue donc à brûler la sciure, sans grand rendement. Dans ce cas, ce n’est pas de promesses, mais d’échec de la technologie qu’il faut parler.

Théoriquement, le problème pourrait être résolu de deux manières. La première consisterait à utiliser la sciure, et peut-être de nouveaux procédés chimiques permettront-ils dans un certain avenir de la transformer en produits vendables. On sait que la cellulose peut être transformée en sucre, mais le produit obtenu revient plus cher que le sucre de canne ou de betterave. Il en est notamment ainsi des protéines produites à partir des sucres de cellulose sous l’action de levures spéciales. D’autre part, la cellulose ne constitue que 50 pour cent environ de la matière du bois, qui contient 35 pour cent ou plus de lignine. L’utilisation de la lignine dans les grandes industries chimiques est un impératif urgent, mais jusqu’à présent on n’entrevoit pas de réponse rapide à ce problème.

La deuxième solution théorique de ce problème de la sciure

du sciage, ou plus exactement celle du découpage du bois. Il est impossible de réduire au-delà d’une certaine mesure la largeur du trait de scie, puisque n’importe quelle lame exige une largeur de passage minima, selon sa résistance et sa rigidité. Les scies circulaires trop minces ont tendance à vibrer, ce qui non seulement augmente la largeur du trait de scie, mais aussi donne des coupes moins unies qu’il faut ensuite corriger à la raboteuse. Au lieu de réduire le déchet, on l’augmente. Le tranchage et le déroulage éliminent com-plètement la sciure et les copeaux. Ces techniques sont à la base de la production économique des placages, du contre-plaqué et des panneaux lamellés. On peut aussi découper par tranchage des planches de bois plein minces, mais pas des grandes planches épaisses et des madriers. On a donc imaginé, pour le découpage du bois plein sans résidus, des solutions tout à fait nouvelles, qui ont été partiellement expérimentées. En U.R.S.S., puis au Royaume-Uni, on s’est

la longueur. Une autre formule utilise un jet d’eau à haute

été prometteurs. Une autre technique est l’application du laser au débitage du bois. Aux États-Unis, on a même discuté l’application de rayons électroniques à haut potentiel. On peut imaginer ce que pourrait être une usine entièrement automatique qui débiterait les grumes sans déchets et conformément aux normes de qualité les plus élevées.

Peut-être les industriels du sciage seront-ils un peu décon-certés devant ces possibilités techniques des temps modernes, mais la plupart des industries des produits forestiers sont encore loin d’avoir accompli les promesses de la technique.

À ce propos, on peut se demander ce que l’on entend au juste par les «promesses de la technique». Nous avons, en

et la manifestation du génie humain. Il se peut qu’un jour, qui n’est peut-être pas très lointain, les robots soient les détenteurs de la technologie. Mais, comme la plupart des ordinateurs, les robots ne sont que des esclaves mécaniques. Ce ne sont, et ce ne seront jamais que les esclaves de l’homme dont l’esprit, l’effort, la volonté, les desseins dirigent et commandent tous ces serviteurs de la technologie.

Page 29: Revue internationale 226/227 › 3 › a1222f › a1222f00.pdf · 2007-08-17 · Organisation 226/227 des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture Revue internationale des

1960s

Unasylva 226/227, Vol. 58, 200729

De ce point de vue, les promesses de la technique sont un acte de foi dans l’intelligence humaine. En d’autres termes, disons plus simplement que l’on ne saurait récolter ce qu’on n’a pas semé. Expliquons-nous par un exemple.

Comme le montrent des brevets, plusieurs inventeurs avaient eu déjà, vers le milieu du siècle dernier, l’idée de

-placer celles en bois massif, transformant ainsi les déchets de bois en matériaux en feuilles parfaitement utilisables et ayant même des caractéristiques meilleures. Mais on manquait, pour réaliser cette idée, des techniques néces-saires, c’est-à-dire de machines spéciales et de colles de résines synthétiques. La «promesse» n’était encore qu’un pressentiment, et l’homme porteur d’une idée géniale n’était pas encore venu. La promesse de la technologie est orien-tée vers le «progrès technique», qui est lui-même le critère d’appréciation de toute invention.

L’idée d’utiliser la sciure pour en faire des panneaux de

particules n’était pas loin, mais elle menait à une impasse. Ce que l’on attendait, était l’idée tout à fait originale de

bois ayant des propriétés géométriques bien déterminées, pour en composer des panneaux de particules. D’autres idées non moins hardies devaient ensuite se faire jour, pour que démarre l’industrie des panneaux de particules: il fallait trier ou classer les particules, puis les sécher (ces deux opérations se font maintenant simultanément dans les derniers modèles de séchoirs opérant par suspension). Il fallait inventer des mélangeurs continus qui assurent la répartition rapide et uniforme du liant (le plus souvent une résine à l’urée formaldéhyde ou au phénol formaldéhyde); il fallait créer des installations compliquées pour former le

avant le pressage. Le degré d’humidité des particules, plus élevé dans les couches extérieures que dans la couche cen-trale, assure les avantages suivants: surfaces plus unies,

par une meilleure transmission de la chaleur. Le développement constant de l’industrie des panneaux de

particules dans le monde est un exemple passionnant de l’élan que peuvent donner des techniques bien coordonnées. Là en-core, et plus particulièrement, on peut voir que les promesses

Les industries des panneaux et les industries connexes sont caractérisées par la convergence de techniques diverses et interdépendantes. Les usines de panneaux de particules sont liées aux usines de contre-plaqué. De plus en plus, les panneaux de particules sont plaqués ou revêtus de feuilles de matière plastique. Un des inventeurs de l’extrusion a combiné la production de son type de panneaux avec celle de maisons préfabriquées.

Ce tableau de l’interdépendance des techniques est ca-ractérisé aussi par la combinaison de matières premières diverses. Nous en avons déjà parlé à propos de la fabrication moderne du mobilier. Les constructions de type «sandwich» en donnent un exemple plus intéressant et plus frappant encore. Là, nous avons vraiment devant les yeux la promesse de la technique. Au cours de la deuxième guerre mondiale,

Havilland, a eu beaucoup de succès. Les ailes et le fuselage étaient construits selon le principe de la coque-sandwich. Une âme formée de plusieurs couches assez épaisses de bois de balsa était revêtue sur les deux faces de placages de sapin Douglas, dont la résistance à la traction est très élevée. Ces panneaux et coques du type sandwich sont na-turellement très légers, mais en même temps très rigides. Les revêtements, grâce à leur effet travaillant, leur donnent une résistance extraordinaire au gauchissement. Dans les constructions sandwich, on peut combiner les divers bois avec des feuilles de métal, de la matière plastique, du papier

nid d’abeille, etc. Ce type de construction a de très vastes possibilités d’application dans les constructions légères: tours de radar, planeurs pour vol à voile, caisses des wagons

Parmi les bois améliorés, on trouve d’autres produits intéressants, tels que le Compreg, bois imprégné, de forte densité, dont les propriétés mécaniques sont semblables à

La couverture d’Unasylva 89, 1968 affirme, "Non, vous ne

rêvez pas. Cette robe, dessinée par un fonctionnaire de la

Division des forêts et des industries forestières de la FAO,

est faite d’un papier – c’est-à-dire essentiellement de bois –

auquel on a ajouté une petite quantité de fibres artificielles

pour en accroître la résistance. Ce matériau est générale-

ment fabriqué sur des machines à papier ordinaires. La

production de tels vêtements va-t-elle ouvrir de nouveaux

marchés mondiaux à un produit dérivé du bois?" Cependant,

après l’enthousiasme du premier moment, la robe en papier

n’eut pas un grand succès.

À la mode de l’époque

Page 30: Revue internationale 226/227 › 3 › a1222f › a1222f00.pdf · 2007-08-17 · Organisation 226/227 des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture Revue internationale des

1960s

Unasylva 226/227, Vol. 58, 200730

celles des métaux légers, et le Staypak, matériau fabriqué par compression sans imprégnation. Dans son livre «The Coming Age of Wood» M. Egon Glesinger, ancien directeur de la Division des forêts et des produits forestiers de la FAO, écrivait en 1949: «En combinant les vertus naturelles propres au bois et les qualités réalisées sur commande avec les matières plastiques synthétiques, les bois améliorés se rapprochent au maximum du degré de dureté, de résistance, d’aptitude au moulage, d’élasticité et de résistance au feu, à la vermine et à la décomposition que l’on rêve pour le matériau idéal.»

tendent à l’intégration des industries forestières. Un organi-gramme idéal d’industries forestières intégrées montrerait un réseau d’usines et d’installations utilisant du bois de toutes les sortes et qualités, y compris les déchets d’exploita-tion forestière, pour en fabriquer des produits extrêmement utiles. Ce système d’intégration se caractérise aussi par la retransformation des résidus laissés par chaque fabri-cation, en vue de leur utilisation pour une autre. M. Egon Glesinger a établi des diagrammes d’intégration relatifs à la production du bois d’œuvre, des placages, des panneaux

de la pâte, de la rayonne, des matières plastiques, du sucre et de l’alcool de bois, de la lignine combustible.

En 1949, les panneaux de particules étaient à peine connus. À l’heure actuelle, cette fabrication occuperait une place prédominante dans le diagramme, tandis que la lignine est encore considérée pour l’avenir comme «la clé mystérieuse de la chimie du bois». Ce que promet l’inté-gration des industries forestières, c’est «une somme plus grande que ses parties».

Dans le domaine de la foresterie et de l’utilisation des

jour viendra où le bois ne sera plus qu’une matière première à transformer par des procédés mécaniques ou chimiques et cessera d’être utilisé comme combustible. Les forêts, qui produisent inlassablement une des meilleures matières pre-mières existant au monde sont le gage d’un brillant avenir pour l’humanité, à condition que le génie humain tienne les promesses de la technique. Mais ce brillant avenir et le progrès des techniques exigent pour se réaliser un réseau de techniques interdépendantes et d’industries intégrées.

L’avenir est de plus en plus à la coopération et à l’intégra-

promesses de la technologie

En 1965, Unasylva a décrit l’assistance technique que l’Union des

républiques socialistes soviétiques (URSS) — un fondateur de

la FAO mais qui n’est jamais devenu membre de l’Organisation

à part entière — fournissait à la FAO grâce à une formation en

matière d’inventaire forestier:

«En 1963, l’URSS, au titre de son programme d’assistance

technique, a coopéré avec la FAO et a organisé avec elle un

centre de formation en matière de préparation et d’exécution

des grands inventaires forestiers à l’aide de la photographie

aérienne et d’autres techniques analogues. Ce cours, d’une

durée de deux mois, a eu lieu à l’Institut de recherche forestière

de Leningrad et à Scotchi, sur la mer Noire. Vingt forestiers

provenant d’autant de pays en développement y ont pris part»

(extrait d’Unasylva, n° 77, 1965. «L’emploi de la photographie

aérienne dans les inventaires forestiers»).

Certains aspects sont restés inchangés : l’inventaire forestier

continue à revêtir un grand intérêt pour la foresterie russe. La Fédé-

ration de Russie est devenue membre de la FAO en avril 2006 et a

participé au Comité des forêts de la FAO (COFO) pour la première

fois en mars 2007. Au COFO, ce pays a sollicité l’assistance de la

FAO pour l’établissement d’un centre international de formation et

de développement destiné à la surveillance et à l’évaluation des

forêts, centre qui est considéré comme un important outil de mise

en œuvre pour l’Évaluation des ressources forestières mondiales

(FRA) de la FAO, les conventions internationales (sur la diversité

biologique et les changements climatiques, par exemple) et les

processus (tels ceux liés à l’application des lois forestières et à la

gouvernance). La FAO fournit à l’heure actuelle à la Fédération de

La FAO et l’inventaire forestier russe Russie une assistance en matière de forêts pour la mise au point

d’un inventaire forestier national.

Page 31: Revue internationale 226/227 › 3 › a1222f › a1222f00.pdf · 2007-08-17 · Organisation 226/227 des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture Revue internationale des

1970s

Unasylva 226/227, Vol. 58, 200731

Politiques forestières et développement national

Dans le passé, les politiques fores-tières ont souvent été formulées dans l’idée que les forêts constituaient le

-tion d’une politique forestière. En fait, les forêts ont parfois été considérées comme le seul facteur important.

C’est pourquoi il n’est pas étonnant qu’un examen des politiques forestières en vigueur révèle entre elles une ex-traordinaire et inquiétante similitude. Cette similitude existe, que les forêts du pays considéré appartiennent aux forêts tropicales humides sempervi-rentes, ou aux forêts résineuses de climat tempéré, que la nation soit technologiquement développée ou sous-développée à l’extrême, qu’elle soit bien boisée ou n’ait qu’un couvert forestier

le pays un chômage endémique marqué ou un niveau d’emploi relativement élevé, que la balance des paiements

ÉTABLISSEMENT D'UNE CARTE POUR PROSPECTION AÉRIENNE

il s’agit de bien cadrer

Les politiques forestières doivent être formulées rationnellement, comme partie intégrante des plans de développement nationaux. En affectant des terres à la forêt il faut tenir compte de l’aptitude de la sylviculture à améliorer les niveaux de vie. Les forestiers n’ont pas à redouter de passer au second rang si ces critères sont utilisés. En effet, forêts, sylviculture et industries forestières peu-vent, de par leur nature même, contribuer à résoudre de nombreux problèmes du sous-développement et, en même temps, supprimer bien des désagréments de l’industrialisation.

K.F.S. King

d’après No. 107, 1974/75

K.F.S. King était Sous-Directeur général du Département des forêts de la FAO de 1974 à 1978 et était auparavant Ministre du développement du Guyana. Cet article se fondait sur un rapport présenté à la dixième Conférence sur les forêts du Commonwealth.

Un article qui traduit la préoccupation croissante de la FAO concernant le rôle des politiques forestières de soutien au développement national – et qui reconnaît l’importance de tenir compte d’autres secteurs et de l’évolution des conditions, y compris les changements socioéconomiques, démographiques et technologiques.

Page 32: Revue internationale 226/227 › 3 › a1222f › a1222f00.pdf · 2007-08-17 · Organisation 226/227 des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture Revue internationale des

1970s

Unasylva 226/227, Vol. 58, 200732

que l’économie soit tributaire d’un ou deux types de produits ou qu’elle soit

Il n’est pas non plus surprenant que les gouvernements, tout en édictant ces politiques, auxquelles ils n’accordent qu’un intérêt symbolique, se mon-trent rarement enclins à les prendre au sérieux, et ne les appliquent pas souvent.

Nous voudrions montrer dans cet article que les politiques forestières ne doivent pas être formulées in vacuo;qu’elles doivent être partie intégrante du développement socio-économique de toute nation; qu’il ne faut pas penser seulement aux forêts et aux arbres, mais tenir compte, lorsqu’on essaie de les formuler, d’un ensemble de facteurs embrassant presque tous les domai-nes. De plus, et ce n’est pas le moins important, les politiques forestières ne peuvent pas être traitées comme si elles étaient immuables, à la manière des lois des Mèdes et des Perses, car elles dépendent des conceptions poli-tiques et économiques des nations et d’une gamme étendue de conditions socio-économiques toujours en évo-lution. Elles doivent être soumises à

à mesure qu’une nouvelle technologie

Ce ne sont pas seulement la stratégie du développement et la mise en œuvre qui doivent changer avec le temps; les circonstances peuvent exiger une modi-

On a déjà fait remarquer (King, 1972), que «l’accroissement rapide de la population du globe, les nouvelles préoccupations touchant le dévelop-pement économique et la croissance, les progrès rapides de la technologie et de la science, l’intérêt récent pour l’environnement, et l’émancipation de vastes territoires de la domination po-litique étrangère ne sont que quelques-uns des éléments qui ont contribué à rendre anachroniques beaucoup des dogmes sacrés du passé, et à rendre nécessaires des approches nouvelles à la solution des problèmes mondiaux.» Certains principes sacro-saints de po-litique forestière ont été sérieusement remis en question par Zivnuska (1966), King (1968), Nautiyal et Smith (1968) et Muthoo (1970). Il faut donc faire appel à des méthodologies nouvelles.

Cependant, avant de les examiner, il peut être opportun de rappeler les caractéristiques de la sylviculture, des

de disposer d’une somme d’informa-tions convenant à la formulation d’une politique forestière.

On ne peut certes pas décrire comme il le faudrait dans un article de ce genre, le domaine et l’étendue de l’art et de la science de la sylviculture. Il est cependant important d’esquisser quelques-unes de ses caractéristiques

services qu’ils fournissent, une valeur intrinsèque. En fait, on pourrait consi-dérer l’existence des arbres et des forêts comme un «manque à gagner» et un obs-tacle à d’autres types de développement économique et social. C’est la valeur attribuée par la société aux produits et aux services de la forêt qui est la raison d’être de l’activité forestière. Il s’ensuit donc que l’aménagement des ressources forestières ne peut être examiné de façon isolée; il doit être lié aux avantages qu’on en attend. Et, ce qui est encore plus important, on doit assurer, chaque fois que c’est possible, les stades ultérieurs de développe-ment qui garantiront l’utilisation de la matière première — arbre ou forêt — entretenue avec tant de soins.

Par exemple, si on doit exporter des grumes, il faut construire des routes allant aux ports d’exportation. Si elles sont destinées à la transformation, il faut prévoir et créer les installations indispensables. Si l’on veut aménager des forêts pour leur valeur récréative ou esthétique, il faut s’assurer que le

Westoby (1962) a décrit quelques autres caractéristiques, utiles pour la formulation des politiques forestières. Selon lui: — les forêts peuvent fournir des pro-

duits différant considérablement à la fois par leurs propriétés et par les usages auxquels ils peuvent être affectés;

— il est possible de choisir la forme sous laquelle on récolte la produc-tion de la forêt, et de faire varier le volume et le moment de la récolte dans des limites assez larges;

— il est possible de renouveler les res-sources forestières après les avoir utilisées;

— le délai entre la régénération et la récolte peut varier entre des pério-des courtes — trois ans environ — et des périodes de plus d’un siècle;

— les industries forestières vont des plus simples aux plus complexes, exigeant un apport plus ou moins grand de capital et de main-d’œuvre et différents niveaux de techni-cité;

— les industries forestières possèdent, en amont et en aval, des liaisons importantes;

— il n’est guère de pays, quels que soient son degré de développement

OUVRIERS FORESTIERS EN SOMALIE

il y a fort à faire

-ractère systémique des activités fores-tières et de souligner que, même si la sylviculture peut être décrite comme un système, celui-ci n’est pas et ne peut pas être considéré comme clos. La foresterie est liée, de façon inextricable à d’autres secteurs nationaux et internationaux, et on ne peut pas l’étudier valablement sans se référer à eux.

Les forestiers créent, entretiennent, sauvegardent ou régénèrent une forêt non parce que les arbres, individuelle-ment, ou les forêts, en tant qu’unités, possèdent, par eux-mêmes et sans qu’il soit tenu compte des produits et

Page 33: Revue internationale 226/227 › 3 › a1222f › a1222f00.pdf · 2007-08-17 · Organisation 226/227 des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture Revue internationale des

1970s

Unasylva 226/227, Vol. 58, 200733

économique et l’état de ses ressour-ces, dans lequel la sylviculture et les industries forestières ne puissent constituer des activités appro-priées.

Il y a d’autres qualités de la sylvi-culture et des industries forestières qui reçoivent rarement l’attention et l’importance qu’elles méritent dans la littérature de la profession. Les forêts et les industries forestières étant en gé-néral situées en zone rurale, la pratique de la sylviculture et des activités qui s’y rattachent freine souvent l’émigration des campagnes vers les villes. Elle favo-rise donc non seulement la réduction du chômage dans les zones urbaines, mais aussi une répartition plus équitable de l’activité économique dans une région ou un pays donnés. Un autre avantage — peut-être même plus important en ces temps de chômage sans cesse crois-sant — est qu’en général les activités forestières procurent plus d’occasions d’emplois par unité de capital investi que la plupart des autres secteurs de l’économie. En outre, le système d’agro-sylviculture (ou taungya, ou shamba), pratiqué par les forestiers dans de nombreuses parties du monde depuis plus d’un siècle, s’il est mené

offre des possibilités intéressantes de développer à la fois la sylviculture

demande croissante de produits ali-mentaires et d’un approvisionnement régulier en bois.

Outre ces avantages, les forêts rendent des services appréciables à la

et en régularisent le débit, réduisent l’érosion sur leur périmètre et sur les terrains adjacents, contribuent au maintien et à l’amélioration des sols, elles protègent les cultures et les ani-maux contre les effets néfastes du vent, elles procurent à la communauté des moyens de récréation, et assurent à la faune sauvage abri et nourriture. L’éco-système forestier absorbe la chaleur et le bruit, et agit comme modérateur du climat dans de nombreuses régions du

le secteur de la sylviculture et des in-dustries forestières donne les assises d’un système intégré de développement rural au sein duquel l’agriculture et la sylviculture peuvent progresser et atteindre leur potentiel maximal.

Ceux à qui il incombe de donner des avis pour l’élaboration des politiques forestières ont donc connaissance d’un ensemble de faits qui attestent que les forêts peuvent être utiles à l’humanité de différentes manières: elles peuvent jouer un rôle important dans la lutte contre le sous-développement écono-mique, et améliorer la qualité de la vie dans les domaines autres que matériels. Elles peuvent apporter des avantages aux pays développés, industrialisés, et souvent pollués, et aider les pays en développement à augmenter leur croissance économique, et à diminuer le chômage.

Cependant il n’est pas recommandé de faire de tous ces avantages que pro-cure la forêt les objectifs d’une politique forestière. Et cela pour deux raisons principales.

La première, c’est que beaucoup de ces avantages ne peuvent être pleinement réalisés que si certains inconvénients sont considérés comme tolérables. Par exemple, la maximisation de la produc-tion de bois de quelques forêts pourrait conduire à un appauvrissement de leur potentiel récréatif, à une augmentation de l’érosion et de l’envasement, et à

et régulateur des eaux. Il ne s’agit pas de contester qu’on puisse réussir, dans une certaine mesure, en adoptant des méthodes d’aménagement appropriées, à obtenir des avantages multiples. Si tout ce qu’on recherche est un certain avantage procuré par les diverses utili-sations, il peut même être possible, en utilisant l’analyse de la courbe d’indiffé-rence, et en appliquant la théorie de la production mixte, de calculer le dosage correct de gestion et autres facteurs pour obtenir le produit mixte souhaité (Gregory, 1955). Une autre approche, qui peut s’avérer utile à l’évaluation quantitative du degré de compatibi-lité entre elles d’un certain nombre d’utilisations, a été élaboré autour du concept de «fonctions antagonistes» multidimensionnelles (O’Brien et Roy,

souvent impossible de maximiser la production de plus d’un produit ou d’un service à la fois. Néanmoins, «l’usage multiple» permet de répondre à de nombreux besoins de la communauté grâce à un seul aménagement et à un seul cadre opérationnel et, dans de nombreuses situations, les avantages

que retire la communauté par rapport aux coûts sont plus aisément maximisés par cette méthode d’aménagement, que ce ne serait le cas si des utilisations

assignées comme buts à l’aménage-ment par différentes autorités. C’est une méthode d’aménagement qui peut

-ments intervenant dans les besoins de la communauté (Conseil forestier australien, 1974).

La deuxième raison, c’est que l’homme ne vit pas seulement de sylviculture. Les avantages qu’apportent la possession de forêts, la pratique de la sylviculture, la création et la gestion d’industries fo-restières, doivent être comparés à ceux qui pourraient découler d’autres formes d’activité économique. Le sous-secteur de la sylviculture doit être jugé dans le contexte de la vie socio-économique de la communauté tout entière. Il ne doit pas être examiné isolément.

Avant de formuler une politique forestière, il est souhaitable de rassem-bler les renseignements ci-après:

1. Données relatives aux facteurs

terres — climat, topographie, ca-ractéristiques des sols.

2. Données sur la population actuelle et sa répartition (géographique et par classes d’âge).

3. Données sur les effectifs de la main-d’œuvre et leur répartition.

4. Tendances de la croissance démo-graphique et de celle des effectifs de la main-d’oeuvre.

5 Revenu par habitant. 6. Tendances de la consommation des

divers produits de la terre. 7. Possibilités de production — su-

productivité (celle des forêts natu-

productivité des autres cultures, etc.

modes d’utilisation des terres. 9. Durée de maturation des autres

cultures (leur calendrier). 10. Capacité d’absorption de main-

d’œuvre des diverses activités

11. Possibilité, d’utiliser les produits -

sation.

Page 34: Revue internationale 226/227 › 3 › a1222f › a1222f00.pdf · 2007-08-17 · Organisation 226/227 des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture Revue internationale des

1970s

Unasylva 226/227, Vol. 58, 200734

12. Contribution possible des divers types d’utilisation des terres à l’équilibre des paiements.

13. Indices de liaison des différentes cultures.

Si cela est possible, il faudrait ef-fectuer une étude systématique des sols du pays pour lequel la politique forestière est en cours d’élaboration et dresser un plan d’utilisation des terres. Dans de nombreux pays la terre est une ressource rare, de même que le capital. C’est pourquoi il est souhaitable de voir le tableau d’ensemble, et de déterminer toutes les options possibles.

Cela ne veut pas dire qu’il faille attendre, pour formuler une politique forestière que le plan d’utilisation des terres soit établi. Si les renseignements nécessaires ne sont pas disponibles, et s’il apparaît qu’ils doivent se faire attendre, il faut élaborer la politique forestière sur la base des informations existantes. Cependant, sa complexité devrait être directement fonction de la quantité d’informations générales, non forestières, sur lesquelles elle est fondée. Une politique formulée sur la base de données relativement peu nom-breuses doit se réduire à une esquisse. Inversement, on doit pouvoir énoncer

l’on dispose de toutes les informations extra-forestières requises, puisque la sylviculture aura été située dans la perspective convenable et qu’on aura pu tenir compte des interrelations des divers modes d’utilisation des terres.

Après que les besoins, souvent anta-gonistes, en terres et autres ressources rares auront été examinés et conciliés, une attention plus approfondie devra être apportée au sous-secteur de la sylviculture elle-même. Les facteurs indiquant la proportion des ressources nationales à affecter à la sylviculture et aux industries forestières dépendent de l’approvisionnement et de la demande présents et futurs de produits et ser-vices procurés par les forêts; on consi-dérera donc les études ci-après comme indispensables à la formulation de la politique forestière et à l’intégration de cette dernière aux politiques économi-ques nationales (King, 1972). — Évaluation des ressources fores-

tières existantes, y compris les produits autres que le bois, ainsi que les services.

— Estimation des ressources forestiè-res potentielles, y compris les pro-duits autres que le bois et les services. — Estimation des rendements actuels et potentiels des forêts existantes et futures.

— Évaluation de la demande de pro-duits forestiers.

— Évaluation de la demande de ser-vices fournis par la forêt.

— Études de faisabilité en vue de l’établissement de divers types de forêts et d’industries forestières.

— Études économiques concernant l’emplacement des forêts et des industries forestières.

Ces études indiqueront quelle su-

consacrer à la sylviculture, et pendant combien de temps il conviendra d’y maintenir la production.

On dispose de méthodes assez poussées pour évaluer l’étendue des ressources forestières, estimer les rendements, évaluer la demande de produits forestiers, et procéder à des études de faisabilité en vue d’établir des forêts et des industries forestières. Cependant les méthodes permettant de prévoir la demande des divers types de services que peuvent procurer les forêts ne le sont pas autant, bien que

SCIE A RUBAN DANS UNE SCIERIE COOPÉRATIVE AU PARAGUAY

à faire sur place

rapidement.

Politique de protection

Lorsqu’on cherche à prévoir la de-mande de services de protection des forêts, on doit prendre tout particu-lièrement soin de lier la politique de protection avec les autres aspects de la politique globale de développement national. Outre les données sur la population, les tendances de la démo-graphie et les revenus actuels et futurs, on doit obtenir des renseignements sur les plans de développement du secteur

agricole, l’emplacement des projets agricoles actuels et projetés, ainsi que sur les besoins en eau présents et futurs de la communauté.

Il ne faut pas considérer qu’une

et d’autarcie en matière de bois et de produits dérivés du bois est toujours souhaitable. En fait, cette politique est

bonne, les besoins des autres secteurs de l’économie nationale risqueraient de la rendre inapplicable.

S’il n’y avait pas de communications entre les pays, si chacun d’eux était une

Page 35: Revue internationale 226/227 › 3 › a1222f › a1222f00.pdf · 2007-08-17 · Organisation 226/227 des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture Revue internationale des

1970s

Unasylva 226/227, Vol. 58, 200735

sylviculture est ainsi déterminée, non seulement par les besoins du secteur forestier, mais aussi par ceux de l’éco-nomie générale et par ses ressources. C’est pourquoi la proportion ou la

sylviculture, pas plus du reste qu’à un autre mode d’utilisation des terres, ne

conditions physiques et socio-économi-ques propres à chaque pays seront les facteurs déterminants dans l’allocation des ressources.

Références

AUSTRALIAN FORESTRY COUNCIL. Report of Panel 3. Multiple use of forest resources. Forestry and Wood-Based Industries Development Conference FORWOOD, Canberra.

GREGORY, G.R. An economic approach to multiple use. Forest Science,1.

KING, K.F.S. The formulation of forest policies in developing econo-mies. Rapport présenté à la neuvième Conférence forestière du Commonwealth britannique, New-Delhi.

KING, K.F.S. A plan of action for the next six years. A summary of the revised FAO study on Forest policy, law and administra-tion. Rapport présenté au septième Congrès forestier mondial, Buenos-Aires.

MUTHOO, M.K. Renewable natural resource planning for regional development with special refe-rence to Kashmir. Université d’Oxford (Thèse).

NAUTIYAL, J.C. et SMITH, J.H.G. Accelera-tion of economic development depends on harmonization of technical and economic objectives for forestry. Rap-port présenté à la neuvième Conférence forestière du Commonwealth britannique, New-Delhi.

O’BRIEN, W.T. et ROY, G.G. The multi-objective management of natural resources. Rapport présenté au quarante-troi-sième Congrès d’ANZAAS, Brisbane.

île toute entière repliée sur elle-même, si les ressources nationales étaient abondantes, et si aucune nation ne possédait des avantages relatifs par rapport aux autres pour la production

-sance serait peut-être une nécessité. Mais les ressources sont rares et, à cause des différences de climat, de sols, de technologie, etc., telle nation est privilégiée par rapport à telle autre. Il s’ensuit que, toutes choses étant égales par ailleurs, il est économiquement avantageux pour chaque pays de se spécialiser dans la production des mar-chandises et la fourniture des services pour lesquels il est le mieux équipé.

autres secteurs

Le problème de savoir quelle frac-tion du territoire national devrait être affectée à la sylviculture ne peut donc pas être considéré comme résolu simplement lorsqu’on a estiméla demande future, évalué les ren-dements physiques, et calculé, à

fait, il faudra concilier les besoins

terres, et les exigences en capital et en main-d’oeuvre d’autres secteurs de l’économie. Comme il est indiqué plus haut, le meilleur moyen d’arriver à ce résultat est d’analyser la rentabilité relative, les différents calendriers de production, la contribution à la balance des paiements, la capacité d’absorption de main-d’œuvre, et les possibilités ouvertes à l’industrialisation par les diverses utilisations des terres.

Les responsables de la politique forestière disposent maintenant de deux séries de données: d’une part, l’estimation des besoins totaux en bois et produits dérivés ainsi que des services procurés par la forêt, et l’éva-

y répondre; d’autre part, l’estimation du montant des ressources que l’écono-mie a les moyens d’affecter à la forêt, ou juge souhaitable de lui allouer. Si ces dernières données permettent la mise en application des premières, ils n’ont pas de problèmes; si tel n’est pas le cas, ils doivent ajuster leurs premières estimations, fondées sur

-tions et des contraintes de l’économie

WESTOBY, J.C. Les industries forestières dans la lutte contre le sous-développement économique. Unasylva, 16(4).

ZIVNUSKA, J.A. The integration of forest development plans. Rapport présenté au sixième Congrès forestier mondial, Madrid.

1968

1972

1970

1955

1974

1968

1966

1971

1962

Page 36: Revue internationale 226/227 › 3 › a1222f › a1222f00.pdf · 2007-08-17 · Organisation 226/227 des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture Revue internationale des

1980s

Unasylva 226/227, Vol. 58, 200736

La sylviculture communautaire et les femmes

M

J’ai compris pour la première fois l’intérêt que les femmes des pays en développement portent à la forêt en m’entretenant avec des femmes de la Haute-Volta. Je conduisais une série de séminaires dans ce pays et bien que la

jour elle fut le thème dominant d’un des débats les plus animés que nous ayons eus. Au nombre des femmes voltaïques qui participaient à ces conférences se trouvaient des assistantes sociales, des institutrices, des avocates, des méde-cins, et autres personnalités de diverses disciplines. Toutes avaient fait des études poussées, mais aucune n’avait une formation forestière ou agricole. Néanmoins, elles parlèrent avec beau-coup d’autorité et de compétence de la raréfaction des feuillages, noix et fruits qui entrent dans la confection de mets traditionnels indispensables à la nourriture familiale. Elles parlèrent de cette brousse sans valeur aux yeux des responsables du développement, défrichée pour planter des essences exotiques à croissance rapide. Pour elles, l’élimination de cette «brousse inutile» est une immense perte, même si aucun arbre considéré comme ayant de la valeur n’est abattu. C’était elle qui répondait pour l’essentiel aux besoins d’urgence, notamment des femmes rurales pauvres et de leurs familles, en fournissant des feuilles, des racines, des graines, des

écorces à usage alimentaire ou médi-cinal, et des matériaux d’artisanat. Elle constituait une source de combustible extrêmement importante pour la cuisine et le chauffage, ainsi que d’aliments pour les humains et les animaux en périodes de disette ou de sécheresse. Les plantations d’arbres exotiques à croissance rapide, disaient ces femmes, peuvent sans doute répondre plus rapidement que la brousse aux besoins de combustible et de bois de construction des villes, mais elles ne fournissent généralement pas de produits secondaires et sont même souvent inter-dites aux habitants qui avaient naguère libre accès à ces terrains. Il leur semblait que la population locale, et notamment les femmes, avaient perdu au change, au

la population urbaine a certes besoin de produits ligneux, mais il faudrait au moins s’efforcer davantage de réduire la perte subie par les familles rurales.

Ces femmes faisaient attention à des essences appréciées comme bois de feu, et à d’autres relations entre arbres, sol, eau et cultures. Elles avaient mani-festement une grande connaissance du rôle de l’arbre dans leur milieu parce qu’elles avaient appris dès leur enfance à en utiliser les ressources; elles s’in-quiétaient de la destruction du couvert végétal à l’échelle locale et nationale, qui entraîne un appauvrissement des sols et une baisse de la production forestière. Elles se sentaient frustrées car elles avaient l’impression que les besoins, les connaissances et les préoccupations des femmes, et par conséquent des familles, n’avaient pas été pris en considération dans l’élaboration des politiques et des programmes (SAED, 1978).

Depuis lors, j’ai posé des questions et j’ai appris beaucoup de choses sur les usages des arbres et de leurs produits. Je

me suis surtout documentée sur les fem-mes rurales des sociétés non industrielles, et j’ai découvert que leurs rapports avec l’environnement étaient semblables dans le monde entier. Il en ressortait une divi-sion du travail entre les sexes, la femme ayant pour rôle d’engendrer les enfants et de nourrir la famille.

De tout temps, les femmes ont assumé

que les hommes allaient chasser parfois fort loin, elles récoltaient des graines et des plantes près de leurs campements ou de leurs maisons. Presque partout, c’étaient elles qui allaient chercher l’eau et le bois, qui préparaient les céréales et les légumes, qui faisaient le feu et

la cuisine. Les gens vivaient aussi près que possible des sources d’eau et de bois. Dans les villages les femmes fai-saient aussi pousser des légumes et des fruits autour de leurs habitations. Elles pêchaient dans les mares et les rivières, ou élevaient du petit bétail qui paissait l’herbe et les buissons alentour. Elles aidaient à construire la maison, tressaient des nattes et des paniers, tissaient les vê-

des médicaments et des teintures, tout cela avec la végétation du lieu.

Dans bien des endroits, il en va tou-jours de même. Un soir, au cours d’une conversation, les femmes d’un village de Sierra Leone m’ont cité 30 matériaux ou objets qu’elles récoltaient ou fabri-quaient en puisant dans la brousse de leurs champs incultes ou dans les forêts avoisinantes. Les hommes partageaient certaines de ces activités, mais sans se

d’après No. 130, 1980

Marilyn W. Hoskins a écrit cet article lorsqu’elle travaillait comme sociologue à l’Institut polytechnique de l’université d’État de Virginie (États-Unis). Elle a ensuite été nommée chef du premier service de la FAO consacré à la foresterie communautaire, devenant un chef de file dans ce domaine. Cet article a été tiré d’un discours prononcé lors d’un séminaire FAO/Inde sur «Le rôle des femmes dans la foresterie communautaire et le développement rural», Dehra Dun, Inde, décembre 1980.

L’un des premiers articles d’Unasylva écrit par une femme, et le premier article complet qui traite de la contribution des femmes à la foresterie.

Page 37: Revue internationale 226/227 › 3 › a1222f › a1222f00.pdf · 2007-08-17 · Organisation 226/227 des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture Revue internationale des

1980s

Unasylva 226/227, Vol. 58, 200737

consacrer exclusivement, comme les femmes, à l’utilisation des ressources proches de la maison.

La végétation ne joue son double rôle économique et alimentaire que là où les ressources sont abondantes, ce qui est de plus en plus rare. L’extension des déserts et la dégradation des sols dans les zones semi-arides et humides font gravement baisser la capacité de charge de la terre, alors que s’accroît la demande de ses produits. Selon une publication récente de la Banque mondiale:

-de excède un milliard d’hectares, mais les cultures y empiètent si vite qu’elle risque de disparaître dans l’espace de 60 ans – si de profonds changements n’in-

actuelle, ou si l’on n’entreprend pas des programmes de reboisements intensifs pour compenser les pertes. Entre 1900

boisées des pays en développement a

et plus de 3 milliards d’hectares – 30

pour cent des sols cultivables du monde – sont actuellement soumis à la culture itinérante» (Banque mondiale, 1978).

Lorsqu’on confronte les statistiques sur la réduction de la couverture végétale à l’échelle mondiale avec les informa-tions concernant les besoins de produits forestiers, on a lieu de s’effrayer; mais plus encore lorsqu’on s’aperçoit que la consommation domestique de ces pro-duits est presque toujours sous-estimée. Cela est vrai même dans l’hypothèse communément admise que 90 pour cent du bois consommé chaque année dans les pays en développement servent de com-bustible. La majeure partie des produits fournis par les arbres et utilisés quoti-diennement par les ménagères rurales, y compris le combustible, ne viennent

comme forêt; la quantité totale de ces biens essentiels tirés des arbres est rare-ment mesurée. En eux-mêmes, tous les chiffres se rapportant à la consommation de bois de feu et au déboisement ne nous apprennent pas grand chose sur l’ampleur réelle des conséquences de cette régression du couvert végétal pour les femmes rurales.

Une habitante d’un petit village situé dans le «bassin de l’arachide» au Sénégal décrivait ainsi ce qui s’était passé lors-

rappelait que seulement quelques années auparavant elle pouvait en ramasser tout près du village. Puis on défricha de nou-veaux champs pour cultiver davantage d’arachides, et il y eut de moins en moins de bois. Il fallait désormais marcher pendant quatre heures pour trouver des branches mortes. Puis les distances et le temps passé à grappiller du bois de feu augmentèrent encore. Les femmes amenèramener davantage et ne faire le voyage que deux ou trois fois par semaine au lieu de tous les jours. Elles parvenaient ainsi à trouver le temps de s’occuper de leurs jardins, des enfants et des soins du ménage, en plus de la corvée de bois. Elles apprirent aussi à économiser le bois dans la cuisson des aliments, et à utiliser d’autres combustibles, y compris des chaumes. Parfois elles coupaient les branches d’arbres utiles, bien que sachant qu’elles avaient besoin de ces arbres, et que le bois vert ne donnait pas autant de chaleur que du bois sec. Elles utilisaient les bouses de vache, bien qu’il y eût peu de bétail dans la région et que le fumier fût utile pour fertiliser les jardins. La femme sénégalaise qui me racontait tout cela disait que dans certains villages voisins les hommes

PROGRAMME NATIONAL DE PLANTATION D ARBRES AU LESOTHO

sur le papier, les femmes sont absentes, mais elles sont présentes à l’œuvre

Page 38: Revue internationale 226/227 › 3 › a1222f › a1222f00.pdf · 2007-08-17 · Organisation 226/227 des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture Revue internationale des

1980s

Unasylva 226/227, Vol. 58, 200738

avaient des charrettes avec lesquelles ils allaient chercher du bois, mais ce n’était pas le cas dans son village. Dans d’autres villages encore, les femmes achetaient du bois à des vendeurs qui allaient le chercher au loin mais, en règle générale, ces occasions étaient rares, parce que ces vendeurs pouvaient gagner davantage en écoulant leur bois en ville. Cette femme et ses compagnes avaient, disaient elles, réduit les repas chauds de deux à un par jour. Puis elles étaient passées à un repas chaud tous les deux jours, servant à leurs familles de la farine de mil crue délayée dans de l’eau lorsqu’il n’y avait pas de combustible pour la faire cuire. La femme qui avait pris la parole pour le groupe avec lequel je m’entretenais conclut en disant: «Faute de bois pour faire la cuisine, on peut mourir de faim avec un grenier plein.»

Les changements qui interviennent dans les disponibilités en combustible se répercutent progressivement sur l’alimentation et la santé de toute la famille. On mange davantage d’aliments qui cuisent rapidement et d’aliments crus, et moins de légumes, parce que l’on a moins de temps pour cultiver les jardins et moins d’engrais. Et bien sûr, on a d’autant moins d’argent pour acheter des vivres que le prix du com-bustible augmente. Comme on le dit au Niger: «Cela coûte aussi cher de faire chauffer la marmite que de la remplir.» Et en effet, dans beaucoup d’endroits, le combustible représente la moitié ou plus du budget alimentaire et les prix ne cessent de monter.

Le temps passé au ramassage du combustible a également des effets sur d’autres aspects de la vie familiale.

pouvait plus fréquenter, parce qu’elle devait aider sa mère à aller chercher du bois au loin. Une étude a montré que les femmes décident parfois d’avoir plus d’enfants, sachant qu’il leur faudra beaucoup de bras pour se procurer du combustible. Une potière Lobi en Haute-Volta signalait que son mari avait quitté le pays en quête de travail, son métier de forgeron n’étant plus rentable en raison de la pénurie de combustible. Elle-même avait renoncé à fabriquer de grands pots, et elle se demandait combien de temps encore elle pourrait faire vivre sa famille avec son métier vu le mal qu’elle avait à trouver lé bois nécessaire pour

cuire ne fût-ce que les petits récipients. De nombreuses femmes des pays en développement dépendent du bois non seulement pour cuire la nourriture de la famille mais également pour se faire un revenu en préparant des aliments, comme les casse-croûte vendus sur les marchés. Beaucoup travaillent dans des industries artisanales qui utilisent du bois de feu, pour le fumage du poisson par exemple.

Cependant, la forêt n’intéresse pas les femmes et la vie familiale du seul point de vue du combustible. Une femme de la Haute-Volta me disait qu’elle ne pouvait plus préparer les remèdes dont sa mère lui avait enseigné la recette parce que les plantes dont on se servait

son village. Une femme Peul racontait qu’elle avait dû renoncer à élever de petits animaux pour nourrir sa famille et vendre les produits parce qu’il n’y avait plus de plantes fourragères à proximité du village. Dans une autre région, les femmes qui avaient l’habitude de pêcher dans un étang ne le pouvaient plus parce que les sédiments arrachés par l’érosion aux terres dénudées qui l’entouraient l’avaient comblé. Beaucoup de femmes se plaignent d’avoir des jardins potagers de plus en plus petits, et un sol de plus en plus pauvre, à cause de la disparition du couvert végétal autour de nombreux villages et collectivités rurales.

Au début des années 70, la FAO a attiré l’attention de la communauté internatio-nale sur la possibilité de faire participer les collectivités locales au choix et à la conduite de projets forestiers, et de les

série de consultations d’experts forestiers venus du monde entier, et une session du 8e Congrès forestier mondial à Djakarta était consacrée à ces questions. De cette masse de savoir et de conseils éclairés est né le mouvement pour «La forêt au service du développement des collec-

comme suit: «...toute situation dans laquelle des

populations locales sont étroitement associées à une activité forestière. Le terme embrasse toute une gamme de

cas depuis l’établissement de parcelles boisées dans les régions qui manquent de bois et d’autres produits forestiers pour les besoins locaux jusqu’aux activités de collectivités forestières en passant par l’arboriculture au niveau de la ferme

transformation de produits forestiers au niveau de la famille, de l’artisanat ou de la petite industrie. Sont exclues de ce terme les grandes entreprises forestières indus-trielles et toute autre forme de foresterie qui ne contribuent au développement des collectivités que par le truchement de l’emploi et des salaires, mais y sont comprises les activités des entreprises industrielles forestières et des services forestiers publics qui favorisent et faci-litent les activités forestières au niveau communautaire. Les activités englobées par le terme sont en principe compatibles avec tous les types de propriété foncière.

qu’une idée partielle du retentissement de la foresterie sur le développement rural, elle recouvre la plupart des effets que la forêt, ainsi que les biens et servi-ces qu’on en tire, exercent directement sur l’existence des populations rurales.» (FAO, 1978).

Les forestiers et les responsables du développement communautaire se sont rendus compte que des projets qui exclu-raient la participation de la collectivité locale risqueraient d’avoir peu d’effet sur certaines conditions économiques, sociales ou écologiques au sein de cette collectivité. Par exemple, dans plusieurs collectivités l’anacardier est jugé dange-reux, tandis que dans d’autres seules les jeunes femmes sont autorisées à semer, pour les uns l’émulation entre individus est vue d’un bon œil et pour les autres le succès individuel est considéré avec

facilement à l’observateur étranger à la collectivité, déterminent souvent le suc-cès ou l’échec d’un projet; c’est pourquoi il faut en tenir compte dans l’élaboration

associant les connaissances des popu-lations locales et le savoir technique

Depuis toujours, les services forestiers sont tenus à l’écart des questions de développement communautaire et se préoccupent essentiellement de protéger le milieu forestier contre les populations

convaincre des villageois qui ont peu

Page 39: Revue internationale 226/227 › 3 › a1222f › a1222f00.pdf · 2007-08-17 · Organisation 226/227 des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture Revue internationale des

1980s

Unasylva 226/227, Vol. 58, 200739

de terre et peu de temps d’investir leurs maigres ressources dans une plantation forestière à long terme. Mais il est deux

publics et des ruraux eux-mêmes qu’ils s’attachent aux préoccupations et be-soins des femmes dans les projets de développement des collectivités.

À lire les descriptions de projets, on voit mal quel rôle jouent effectivement les femmes dans l’élaboration et l’exé-cution des projets forestiers, ou jusqu’à

descriptions emploient généralement un terme neutre – «exploitant» ou «résident» – pour désigner les par-

descriptions, toutefois, mentionnent expressément la contribution des femmes. On peut sommairement di-viser ces projets en trois catégories: conservation, production forestière, et meilleure utilisation du bois, notam-ment dans les fourneaux.

Les projets de conservation présentent des problèmes particuliers. Il n’est pas

qui ont une orientation économique – pas plus d’ailleurs que pour les agriculteurs eux-mêmes – de voir l’intérêt qu’il y a à investir du temps, du travail et de la

De fait, les projets de conservation

aval. Ainsi, le reboisement des pentes

vivrières mais protéger les exploitations dans la vallée où l’envasement pose des problèmes.

Au Cap-Vert, où la sécheresse a dé-truit en grande partie la végétation et où la majorité des hommes ont émigré pour aller chercher du travail ailleurs, les femmes sont la cheville ouvrière de tous les travaux d’aménagement et de plantation des pentes, pour lesquels elles sont rémunérées. Au Honduras, les hommes se désintéressaient des projets de conservation, même contre paiement. Ils n’acceptèrent d’y participer qu’après que plusieurs groupes de femmes, qui avaient compris l’importance du projet, l’eurent commencé. Au Lesotho, les femmes reçoivent uniquement des ra-tions du Programme alimentaire mondial ONU/FAO lorsqu’elles travaillent à la

construction de routes, à des travaux de conservation des sols et au reboi-sement. Ces exemples, notamment les deux premiers, n’entrent pas dans le cadre du programme FDCL, mais ils démontrent que des femmes peuvent très bien accomplir des travaux pénibles de plantation et de construction de terrasses que les promoteurs des projets avaient au départ jugés impossibles pour elles. Les deux derniers exemples, par ailleurs, nous montrent des femmes prenant la tête du mouvement pour améliorer leur milieu.

Les plantations d’arbres exotiques à croissance rapide peuvent sans doute répondre plus facilement que la brousse aux besoins de combustible et de bois de construction des villes. Mais il semblait à ces femmes qu’elles avaient perdu au change au détriment des populations locales et de leurs familles et plus particulièrement des femmes qui dépendent de la brousse pour toute sorte de besoins de première nécessité, et en premier lieu pour le bois de feu.

Des exemples empruntés à la Chine au Salvador et au Honduras font apparaître un modèle différent de participation.

En Chine, en 1954, les femmes plan-tèrent un rideau-abri le long de la côte dans la province de Guangdong, où les hommes pêchent et les femmes cultivent la terre. Pendant plusieurs années consé-cutives elles avaient eu de mauvaises récoltes à la suite de tempêtes de sable. Des femmes membres du conseil com-munal entraînèrent les autres à former

des groupes de volontaires pour planter des arbres, de façon à protéger leurs récoltes (Huitième Congrès forestier mondial, 1978b).

Au Salvador, en 1971, le gouvernement acheta un domaine privé pour le céder aux 130 familles qui y travaillaient. Certaines des femmes formèrent des groupes de ménagères, d’autres adhérèrent à l’asso-ciation d’agriculteurs. Elles discutèrent de leurs rôles: maternité, préparation des repas, lessive, transport de l’eau et du bois – d’une manière générale, soins de la famille et du foyer. Ensuite, elles examinèrent les moyens d’améliorer leur existence et arrêtèrent un projet de conservation des sols et de reboisement. Elles organisèrent un groupe et plantèrent des légumes et des arbres fruitiers sur banquettes; elles reboisèrent également de petites surfaces pour produire du bois de feu et du bois d’œuvre.

Au Honduras, le gouvernement invita les agriculteurs à s’organiser pour reboi-ser une zone détruite par un ouragan. Il y eut une certaine surprise, mais pas d’objection, lorsqu’un groupe de femmes se présenta aussi pour travailler. Elles voulaient restaurer les terres de culture, avaient des outils légers et faciles à se pro-curer, et des horaires de travail souples

femmes reboisèrent 40 ha et effectuèrent d’autres travaux de conservation. Les fonctionnaires responsables constatèrent qu’elles avaient donné aux hommes le bon exemple (Wiff, 1979).

Le mouvement «Embrace a tree» («choyer les arbres») en Inde peut cer-tainement être considéré comme une action réussie de conservation entreprise par un groupe de femmes rurales, et il est célèbre dans le monde entier. Une autre action de conservation a été menée par un groupe de citadines au Kenya. Cette organisation féminine, voyant dans le dé-boisement un problème national majeur, entreprit de recueillir de l’argent auprès de populations pour planter des arbres commémoratifs. Ces fonds couvrent non seulement la plantation, mais l’entretien des arbres pendant cinq ans. L’idée est que, la plantation ayant valeur de monument, risque moins d’être coupée ou endommagée. Souvent des femmes de la campagne sont embauchées pour planter et entretenir les arbres, ce qui leur procure un supplément d’emploi et de revenu familial.

Deux autres exemples de projets de

Page 40: Revue internationale 226/227 › 3 › a1222f › a1222f00.pdf · 2007-08-17 · Organisation 226/227 des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture Revue internationale des

1980s

Unasylva 226/227, Vol. 58, 200740

conservation, pour lesquels les femmes ne furent pas consultées, sont révélateurs.

dunes du service forestier au Sénégal. Après que les forestiers eurent planté plusieurs rangées d’arbres, les responsa-bles du projet demandèrent aux villageois d’en planter eux-mêmes autour de leurs jardins potagers. Ceux-ci opposèrent un refus poli. Certains des fonctionnaires pensèrent que c’était par paresse ou par incompréhension de la protection qu’offriraient les arbres contre l’enva-hissement par le sable. Cependant, au cours d’une brève conversation avec les femmes de la localité, il apparut clairement que la relation entre sable et arbres ne leur échappait pas. Leur manque d’intérêt venait, entre autres, de ce qu’elles n’arrivaient pas à vendre les légumes qu’elles faisaient pousser et qu’en conséquence ces jardins n’avaient pour elles que peu de valeur. Leur point de vue était le suivant: pourquoi faire le travail du service forestier, si le

Et pourquoi planter des arbres sur notre terrain puisque nous avons le sentiment

stimulants tels qu’une amélioration des voies d’accès ou des infrastructures commerciales auraient pu les inciter à planter des arbres.

Les dirigeants, qui sont des hommes, ont tendance à ignorer les femmes ou à ne pas en tenir compte. Au Mali, un jeune forestier avait conçu le projet de construire des banquettes selon les courbes de niveau sur un terrain en pente

relevant du service forestier, puis d’y planter des arbres à trois mètres d’in-tervalle. Son idée était de conserver le sol pour l’agriculture au lieu de laisser l’érosion l’emporter vers l’aggloméra-tion en aval. D’après ce forestier, il en avait parlé avec les agriculteurs autori-sés à cultiver ces terres et ils s’étaient déclarés d’accord. Le descriptif du projet avait reçu première approbation. Toutefois, sur place, on constata que les pentes étaient déjà plantées et qu’elles ne montraient pas de signes de forte érosion. Elles avaient, en fait, déjà été aménagées en terrasses, avec des murets de pierres sèches. Les femmes racontèrent qu’elles avaient passé la saison sèche à ramasser du fumier et à le mélanger au sol. Puis elles avaient

l’érosion et guetté chaque pluie. Dés qu’elles voyaient des endroits où la terre commençait à glisser, elles les consolidaient avec des pierres. Etant donné que seuls les hommes étaient les titulaires des permis de culture, et que ces femmes faisaient du jardinage sur les terres de leurs maris, elles n’avaient jamais été consultées, ni n’avaient entendu parler du projet proposé. Pour exécuter ce dernier, il aurait fallu pas-ser à travers leurs murets de pierres et leurs potagers, et en un an ou deux les arbres auraient donné trop d’ombre pour qu’elles puissent continuer à cultiver. Le projet fut heureusement réorienté à temps, mais beaucoup d’autres ont eu

pour les paysannes.

La participation des femmes à des projets de reboisement de production soulève différents problèmes. En l’oc-currence, ce qui intéresse surtout les

leur répartition. Pourquoi planteraient- elles des arbres sur un terrain qui ne leur appartient pas si elles savent qu’elles n’en

que les femmes doivent être associées à tous les aspects de la mise en valeur des ressources. Leur participation peut varier, comme le montrent les exemples suivants. Au Cameroun, les femmes em-ployées dans des meuneries de maïs ont commenté le fait que le service forestier voulait établir des parcelles de reboise-

du projet et détruisaient les clôtures. Cependant, comme elles avaient besoin de bois de feu à proximité de leur village, elles aidèrent les forestiers à réparer les clôtures et à planter les arbres. Ainsi fut dissipée l’hostilité traditionnelle entre villageois et forestiers et les hommes se rallièrent au projet.

Au Sénégal, les femmes travaillent avec le service forestier pour produire des plants destinés à la vente. Certaines ont leur pépinière individuelle, d’autres font pousser les plants dans des parcelles

des activités collectives ou pour l’achat d’équipement. Un projet de développe-ment intégré à Lagbar (Sénégal) a été cité comme une des plus belles réussites de projets prévoyant la plantation d’arbres par des collectivités pastorales. Dans ce projet les femmes aussi bien que les hom-mes furent consultés sur leurs préférences en matière d’essences et choisirent des arbres donnant de l’ombre, du fourrage et un revenu monétaire. Les femmes assu-mèrent leur rôle traditionnel et arrosèrent les arbres que les hommes avaient plan-tés. Là où elles ne participaient pas, les arbres moururent par manque d’eau. Les auteurs du projet n’avaient pas compris l’importance de cette tradition locale en matière de division du travail.

Au Lesotho, les femmes plantent leurs propres parcelles de boisement, tandis qu’en Guinée elles ont demandé que ces plantations soient établies collectivement. En travaillant avec les hommes, elles avaient le sentiment que leur contribution serait appréciée. En

FOURS EN TERRE CUITE AU BÉNIN

ce sont d’ordinaire les hommes qui les conçoivent sans consulter les femmes

Page 41: Revue internationale 226/227 › 3 › a1222f › a1222f00.pdf · 2007-08-17 · Organisation 226/227 des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture Revue internationale des

1980s

Unasylva 226/227, Vol. 58, 200741

travaillant seules, elles craignaient que

dîner serait en retard et où elles paraî-traient soucieuses.

Certaines activités forestières secon-daires peuvent aussi intéresser les femmes. Un projet d’apiculture au Kenya n’avait pu emporter l’adhésion des femmes jusqu’au moment où un directeur de projet s’avisa qu’elles ne voulaient pas grimper aux arbres où se trouvaient les ruches. Dès que les ruches furent installées à leur portée, les femmes participèrent. En Chine les femmes ont, semble-t-il, un rôle important dans les petites industries du bois, et au Sénégal elles fabriquent également les pots utili-sés dans les pépinières forestières.

La Sierra Leone donne un exemple des problèmes qui surgissent lorsqu’on méconnaît le rôle des femmes dans la transformation des produits. Dans ce pays, on a fait installer par des hommes de grandes plantations collectives de palmier à huile et de caféier, sans penser que la récolte et la transformation des produits coïncideraient avec la moisson des cultures vivrières. Comme le gros de ces opérations ne pouvait être effectué que par les femmes, déjà trop occupées ailleurs à ce moment-là, une bonne partie de la production du projet fut perdue.

Une troisième catégorie de projets intéressent les femmes, à savoir ceux qui visent à introduire des fourneaux à

moitié la consommation de bois c’est évi-demment une voie qui vaut la peine d’être explorée. Pourtant, les changements à cet égard sont lents presque partout dans le monde, les promoteurs imputant fré-quemment la lenteur de cette évolution à l’attitude rétrograde ou conservatrice des femmes. Il a des exceptions, comme au Honduras, où des cuisinières à bois en argile à rendement élevé connaissent une grande vogue. Selon un chercheur, le succès de cet appareil tient à ce qu’on a appris à le fabriquer à des femmes qui à leur tour en initient d’autres. En outre, des crédits sont attribués par l’intermédiaire d’une coopérative qui consent des prêts pour l’achat du fourneau et de la cuisine remboursables à raison d’un montant

mensuel correspondant à la quantité de combustible économisée chaque mois (Elmendorf, 1980). Un projet de ce type proposé pour le Népal suggère d’envoyer des Népalaises en Inde pour apprendre à fabriquer des fourneaux, de sorte que, de retour chez elles, elles puissent en enseigner la technique à d’autres fem-mes. Au Niger, un nouveau programme du Church World Service se propose de faire adopter des fourneaux améliorés par des citadines recourant à une organisation féminine.

Mais peu importe qui introduit ces nouveaux fourneaux; s’ils ne sont pas adaptés aux conditions locales ils ne seront pas acceptés. Au Ghana, un projet de ce genre considéré comme une grande réussite au moment de son application fut jugé comme un échec 10 ans plus tard. Non seulement on n’avait pas fabriqué de nouveaux fourneaux, mais on ne se servait pas des premiers. On s’aperçut qu’ils n’avaient pas été conçus pour cuire les plats locaux et que parfois, au lieu d’utiliser moins de combustible, ils en consommaient plus que les modèles

Dans certaines régions de la Haute-Volta, le gouvernement incite les femmes à construire des fourneaux et le service féminin de vulgarisation est chargé de mettre en œuvre ce projet. Ces appareils étant présentés comme le «dernier cri» personne ne les conteste. Pourtant, j’ai une photo d’un de ces fourneaux, qui est paraît-il une merveille, mais qui sert de bûcher pour le foyer à trois pierres installé à côté. Un certain nombre d’or-ganisations d’aide bilatérale ou multi-latérale au développement sont prêtes à

combustible faisant appel à des fourneaux améliorés. Mais pour nous, les femmes, ce qui compte c’est que ces fourneaux

mais pratiques, faute de quoi ce serait de l’argent gaspillé. La recherche et le dé-veloppement dans ce domaine devraient veiller à associer les ménagères locales à la conception des fourneaux dans la région où on veut les introduire.

Dans nombre de pays les forestiers connaissent mal ou même ignorent totalement les objectifs et les méthodes

du développement communautaire. Ils ont du mal à se défaire de leur attitude technocratique et réglementaire pour passer à des activités épaulant les efforts des collectivités locales. En outre, les services forestiers, notamment dans les pays en développement, ne se voient attribuer qu’une faible priorité dans le budget de l’État, et n’ont généralement ni l’infrastructure ni le personnel nécessai-res pour lancer de nouveaux programmes de sylviculture sociale. Les projets dans ce domaine exigent de l’imagination, de la patience, des politiques souples et des fonctionnaires capables non seulement de gérer les ressources naturelles mais aussi de traiter avec autrui.

Comme j’en parlais avec un forestier de mes amis, celui-ci me dit: «En fait, les forestiers et les femmes ont beaucoup de choses en commun. Nous n’avons ni les

-tes, et l’on ne tient pas compte de nous

programmes de conservation.» Personne ne pourrait le contredire.

Les forestiers ont des compétences professionnelles et techniques, et les femmes ont une connaissance et une expérience réalistes des besoins de la collectivité locale. Pour que les projets de sylviculture communautaire abou-tissent, il faut que les uns et les autres s’apprécient mutuellement et travaillent ensemble.

BANQUE MONDIALE.Forestry sector policy paper.Banque mondiale, Washington, D.C.

ELMENDORF, MARY. The human dimension: energy survey methodology.National Academy of Science International Workshop.

FAO. Forestry for local community develop-ment. Rome.

FAO. Women of New China are an important force in forestry development. Sub-mitted to the 8th World Forestry Congress, Djakarta.

SAED. Social and economic development in Upper Volta: woman’s perspec-tive. AID, Ouagadougou, Upper Volta.

WIFF, M. 1979 La mujer en el desarrollo agroforestal en América Central.Submitted to an FAO/SIDA semi-nar, Oaxtepec, Mexico.

1980

1978a

1978b

1978

1978

1978

Page 42: Revue internationale 226/227 › 3 › a1222f › a1222f00.pdf · 2007-08-17 · Organisation 226/227 des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture Revue internationale des

Vol. 55, 200342

Unasylva 226/227, Vol. 58, 2007

Chaque numéro d’Unasylva ces dernières

années a présenté des femmes auteurs, et de

nombreux articles ont concerné les femmes

– dont dépend une grande partie des travaux

forestiers, notamment dans les pays en dével-

oppement. Le n° 146 d’Unasylva (1984) était

consacré aux femmes et à la sylviculture. Mais

peu de temps auparavant, la revue aurait bien

pu s’intituler «un seul monde – une seule

forêt – un seul sexe». Les femmes auteurs

n’apparaissaient dans les pages d’Unasylva

qu’en 1980.

Les femmes sont mentionnées dans 300 arti-

cles de la revue; mais seuls 40 ont été publiés

avant 1980. Le caractère des références aux

femmes dans ces 40 articles révèle l’attitude

adoptée alors à leur égard – et combien elle

a changé.

La moitié environ des références relatives

aux femmes étaient comprises dans la phrase

générique «les hommes et les femmes», ou

«les hommes, les femmes et les enfants».

C’était peut-être un signe précurseur du pro-

grès, puisque le terme «homme» était alors

largement utilisé, dès la première page du pre-

mier numéro d’Unasylva («Les forêts étaient

à l’origine une immense réserve de produits

que l’homme pouvait exploiter») et a continué

sur ce ton pendant des décennies.

Il n’y avait que de rares allusions au travail

accompli par les femmes. Quelques articles

mentionnent des organisations ou des asso-

ciations féminines. Deux légendes de photos

parlent du bois «transporté par une femme

forte» en Inde (n° 82, 1966) et de «femmes

arabes entretenant une pépinière expérimen-

tale en zone aride» (n° 119-120, 1978). Il est

surprenant de constater que seuls cinq articles

se rapportent, avant 1980, au travail qu’ac-

complissent les femmes en ramassant le bois

de feu ou les produits forestiers non ligneux

(un thème courant ces dernières années).

Dans un article sur les «Nouveaux modèles

de foyers à bois» (vol. 15, n° 3, 1961), les

femmes (probablement les utilisateurs habi-

tuels des fourneaux) sont mentionnées – mais

une fois seulement.

Un article note que le matériel utilisé dans

l’entretien mécanique est «physiologiquement

inadapté aux femmes» (n° 90, 1968).

D’autres articles mentionnent une princesse

anglaise, la femme d’un président et la femme

d’un représentant de la FAO à la retraite – ou

d’autres rôles apparentés à la foresterie. Le

vol. 10, n°4 (1956) décrit un brûlage dirigé

aux États-Unis où «98 hommes sont sur les

lignes de feu; 17 femmes préparent et ser-

vent le déjeuner et des rafraîchissements».

Un article dans le n° 115 (1977) donne des

conseils aux exposants éventuels d’une foire

commerciale: «Les femmes derrière un étal

peuvent être utiles, notamment si dans leur

pays d’origine le commerce est traditionnelle-

ment entre leurs mains. En outre elles repré-

sentent une attraction lorsqu’elles portent

leurs costumes nationaux».

Le n° 83 a noté qu’en 1966 la Division des

forêts n’avait qu’une seule femme forestière

qualifiée au siège (Mlle L. Larcher-Graça du

Les femmes dans Unasylva avant 1980:

La légende de cette photo de 1960 (vol. 14, n° 1) décrit le comité d’organisation du

cinquième Congrès forestier mondial comme étant «composé

d’hommes et de femmes représentant chaque étape

de la foresterie américaine». Cependant on observe qu’il est en fait formé de 35 hommes – et

d’une seule femme

Portugal). Pourtant une contribution au n° 108

(1975) a remarqué que dans l’une des plus

grandes usines de contreplaqué du monde,

en République de Corée, près de la moitié des

5 500 employés œuvrant dans la production

de panneaux étaient des jeunes femmes.

Cela ne laisse que quatre références aux

femmes professionnelles dans les comptes

rendus de livres, et deux articles parlant réel-

lement du rôle de la femme dans la sylvicul-

ture: une annonce du gagnant d’une bourse

d’étude en 1962 («Mme E.A. Artuz Philipps

de l’Institut de recherches sur les produits

forestiers, Laguna, Philippines, a reçu une

bourse d’étude André Mayer de la FAO pour

mener une recherche sur les liens entre les

caractéristiques des fibres et les propriétés

des panneaux de pâte tirés du bois de feuillus

aux Philippines. Elle travaillera à l’Université

de Yale (E.U.)»); et une brève nouvelle dans

le Monde forestier, n° 111 (1976), «Les fem-

mes travaillent dans les forêts thaïlandaises»

qui a demandé «Quel type de travail et de

conditions de travail ont les femmes dans la

foresterie tropicale?»

Page 43: Revue internationale 226/227 › 3 › a1222f › a1222f00.pdf · 2007-08-17 · Organisation 226/227 des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture Revue internationale des

1980s

Unasylva 226/227, Vol. 58, 200743

Une espèce polyvalente: la femme

Pia Bergman

Les forestiers, tout comme les méde-cins, préfèrent parler le latin et classent les milieux qui les entourent en fonction

-cielles ou profondes, de leur aptitude à

leurs multiples usages. En raison de la pénurie de bois de feu, les forestiers accordent aujourd’hui une attention particulière aux espèces qui poussent facilement dans des sols pauvres et qui survivent dans des environnements

récemment une espèce qui pourrait jouer un rôle clé dans les efforts visant

savoir la femme.La recherche appliquée montre que

cette espèce s’adapte exceptionnelle-ment bien à différents milieux et qu’elle s’établit aisément, exige peu de soins, est renouvelable lorsqu’elle est traitée correctement et s’avère extrêmement capable de stimuler le développement économique. En outre, elle est origi-naire de la plupart des pays du monde et n’a pas d’exigences écologiques particulières connues. Son rendement varie en fonction de la région et de la fertilité du sol mais, d’une manière gé-nérale, la femme doit être considérée

à faible fertilité souffrant de pénuries énergétiques.

Il semble que la plante soit connue localement depuis très longtemps, mais n’étant utilisée que pour des usages domestiques, sa réputation ne s’est pas largement répandue. Toutefois, les essais de laboratoire indiquent qu’il s’agit d’une espèce polyvalente d’une grande utilité dans plusieurs domaines,

notamment la foresterie. Ce fait a déjà été analysé à l’occasion de maints colloques. Pourtant la sous-utilisation actuelle de l’espèce, qui suscite de graves préoccupations, peut sans doute s’expliquer par des jalousies territoriales ou des désaccords entre experts.

On a tenté d’introduire la femme dans les services forestiers des pays en développement. La réaction a été jusqu’ici courtoise, mais quelque peu sceptique quant au motif de cette initia-

-tatif et que l’introduction d’un nouvel élément bouleverserait les systèmes traditionnels de gestion, exigerait un inventaire botanique et, plus tard, im-poserait l’établissement de pépinières spéciales pour cultiver des plantules de femmes. Une telle entreprise est estimée à la fois trop révolutionnaire et bien trop coûteuse.

On ne peut nier que des forestiers -

périence internationale, partagent ces craintes et appréhensions. En raison de sa structure génétique, la femme peut être à la fois agressive et à crois-sance rapide, et ne devrait dès lors être

de pénuries énergétique extrêmes, notamment lorsque les conditions cli-matiques et pédologiques y sont âpres. Dans des milieux plus hospitaliers, où n’existent pas de pénuries aiguës, ces plantes potentiellement envahissantes ne devraient être introduites qu’avec le maximum d’attention. Le risque qu’elles deviennent envahissantes est trop grand.

Néanmoins, les nations donatrices paraissent ignorer la réticence que manifestent certains milieux et, à l’heure actuelle, elles introduisent fréquem-ment la femme dans des propositions

systèmes énergétiques de rechange à faible coût.

Comme geste visant à compenser les forestiers traditionnels pour cette alliance peu commune, il a été suggéré d’utiliser le latin comme langue de com-munication au niveau du terrain.

d’après No. 146, 1984

En 1984, un numéro a été publié sur le

thème «Les femmes et la sylviculture». Cette contribution ironique

examine les défis que les femmes doivent relever

pour être acceptées dans ce domaine jadis dominé

par l’homme.

Pia Bergman a écrit cet article en tant que forestier travaillant pour le Centre international de développement rural à l’Université suédoise des sciences agricoles, Uppsala.

Page 44: Revue internationale 226/227 › 3 › a1222f › a1222f00.pdf · 2007-08-17 · Organisation 226/227 des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture Revue internationale des

1980s

Unasylva 226/227, Vol. 58, 200744

Sylviculture sociale

Mantri + Lurah = Ma-Lu

Comment une société forestière d’État, en Indonésie, a réussi à concilier forêt, agriculture et besoins des populations rurales

La principale mission de Perum Per-hutani, société forestière d’État est de mener des activités de boisement et de reboisement dans les meilleures condi-tions et dans les délais les plus courts possibles. En 1975 les terres incultes couvraient 90 031 ha, soit 14 pour cent de

sont maintenant entièrement reboisées. Le programme de boisement entrepris

par Perum Perhutani vise à améliorer la fertilité des sols, à relever le niveau social et économique de la population, et à restaurer les ressources en eau.

Les efforts de Perum Perhutani pour préserver le milieu vivant, notamment la végétation forestière, s’inscrivent dans une optique préventive dite de «prospé-rité». Elle consiste à entreprendre des projets visant à relever le niveau de vie des populations riveraines de la forêt,

-tique des cultures intercalaires, l’apicul-ture, l’établissement de plantations pour la production de bois de feu, la plantation d’herbe à éléphant (Pennisetum purpu-reum), la construction de petits barrages et l’adduction d’eau potable.

Ces projets qui relèvent de cette notion -

rement à assurer à eux seuls l’équilibre du milieu. Il faut aussi que la population

des programmes mis en œuvre par le Mantri ou garde forestier et le Lurahou chef de village. Comme ils sont censés travailler ensemble, leur action conjuguée constitue ce qu’on appelle le programme Ma-Lu (contraction de Mantri-Lurah).

Pourquoi avoir associé les Mantri et les Lurah aux activités propres à garantir la

qu’ils occupent une place importante dans le village, où ils peuvent commu-niquer directement avec les habitants et surveiller la forêt environnante.

PÉPINIÈRE D’ESSENCES FORESTIÈRES

À JAVA CENTRAL

région marquée par une érosionmassive et un resoisement intensif

d’après No. 130, 1980

En 1980, lorsque cet article a été écrit, Unasylva commençait aussi à publier davantage d’auteurs provenant de pays en développement – et plus d’articles documentant les pratiques locales de gestion forestière, présentées par les personnes qui les appliquaient.

Sofyan Hanafie a écrit cet article lorsqu’il était administrateur forestier, District de Telawa, pour la Perum Perhutani, l’entreprise forestière indonésienne opérant à Java.

Extrait de:

Le Mantri joue un rôle majeur sur le terrain; il traite les problèmes techniques en suivant directement les instructions de ses supérieurs. Le Lurah, outre son

morale sur les villageois. Dans le programme Ma-Lu, le Mantri

des riverains de la forêt. Sa maison doit servir de modèle et comporter une pé-pinière de plants forestiers et fruitiers. Il doit fournir des informations et des conseils pour les travaux agricoles, l’aménagement des pépinières, les activi-tés de développement. Il est secondé dans ses efforts par des activités d’information publique et d’éducation de masse, telles que des émissions radiodiffusées.

Outre ses avantages matériels, le pro-gramme Ma-Lu a aussi des avantages psychologiques, en ce sens qu’il instaure des relations personnelles entre agents de Perum Perhutani et animateurs de villages et leur inculque le sens de responsabilité mutuelle. Vu son succès, le programme Ma-Lu a été prolongé en 1979.

Nous pensons avoir conçu une méthode d’auto-assistance simple et

besoins et à notre culture.

Page 45: Revue internationale 226/227 › 3 › a1222f › a1222f00.pdf · 2007-08-17 · Organisation 226/227 des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture Revue internationale des

Vol. 55, 2003Vol. 54, 200345

Unasylva 226/227, Vol. 58, 2007

CE LION ADULTE EST D’UNE GRANDE VALEUR

La valeur économique

d’un lion

Dans le volume 33, n° 134, 1981, d’Unasylva,

l’économiste Philip Thresher a utilisé un

modèle informatisé pour estimer l’importance

des lions comme ressource touristique au

parc national d’Amboseli, Kenya.

En fonction du nombre de personnes qui ont

visité ce parc, les données démographiques

des lions y résidant, les devises dépensées

par les touristes, le temps qu’ils ont passé

à chercher et observer la faune sauvage et

la part imputable au lion (2,5 pour cent), il a

calculé que la valeur touristique d’un lion sur

une période de 15 ans (1977-1992) s’élevait

à 1 195 000 dollars EU.

Du fait qu’un lion devrait être observable

pendant au moins six à sept ans, un seul

sujet rapporterait environ 515 000 dollars

EU en devises. En tant que ressource pour

le tourisme d’observation, cette valeur était

supérieure à celle de la chasse au lion (8 500

dollars) ou à la valeur commerciale (basée

sur la valeur de la vente au détail d’une peau

de lion bien traitée, c’est-à-dire entre 960 et 1

325 dollars). La valeur présente d’un lion à cri-

nière pour chaque famille d’éleveurs résidant

dans le parc était donc proche de 90 dollars,

alors que pour un lion abattu légalement une

famille recevrait 10 dollars.

En outre Thresher a montré que la valeur

nationale présente d’un lion à crinière était

comparable à celle d’un troupeau d’environ

30 000 zébus, car un troupeau de telles dimen-

sions rapporterait 665 000 dollars environ en

15 ans, et le revenu pour l’économie nationale

s’élèverait à environ 180 pour cent de cette

somme, soit 1 197 000 dollars. Pour compren-

dre tout le sens de ces chiffres, il faut savoir

que les 6 000 Masai vivant dans l’écosystème

d’Amboseli subsistaient à l’époque avec un

troupeau de 50 000 bovins et 20 000 ovins

et caprins.

«Les conséquences immédiates qu’entraî-

nerait l’aménagement de la faune sauvage

en général et des lions en particulier dans

une zone comme l’écosystème d’Amboseli

sont impressionnantes. Plus de 2 000 per-

sonnes pourraient vivre du tourisme de vision

d’animaux sauvages rien qu’à Amboseli», a

conclu Thresher.

Page 46: Revue internationale 226/227 › 3 › a1222f › a1222f00.pdf · 2007-08-17 · Organisation 226/227 des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture Revue internationale des

Unasylva 226/227, Vol. 58, 2007

1990s

46

Développement durable des forêtsJ.S. Maini

Le présent article décrit brièvement le contexte dans lequel se déroulent les délibérations internationales sur la foresterie mondiale et propose un cadre conceptuel pour le développement durable des forêts. Le cadre et les objectifs proposés sont valables pour le développement durable de tous les types de forêts dans le monde, mais la mise en application pratique du développement forestier durable requiert la mise au point de techniques sylvicoles adaptées aux conditions écologiques et socio-économiques locales.

Les forêts sont les ressources naturel-les renouvelables les plus abondantes et diversifiées, car elles fournissent simultanément une grande variété de richesses et de services économiques, sociaux, environnementaux et culturels. La demande mondiale de ressources forestières augmente avec la croissance démographique, tandis que ces mêmes ressources s’appauvrissent du fait de leur surexploitation, du déboisement et d’une conversion permanente des terres forestières à d’autres usages dans maintes régions tropicales, ou du dépérissement de la forêt par les pollutions aériennes dans les régions tempérées.

Les forêts occupent une place à part dans l’ensemble des problèmes d’envi-ronnement mondiaux. Elles sont situées sur le territoire d’États souverains, mais leur rôle pour l’environnement trans-cende leurs frontières, et s’étend aux niveaux régional et mondial. Ainsi, la bonne ou la mauvaise gestion des forêts occupant les bassins versants de cours d’eau internationaux a des effets sur la conservation du sol et des eaux des pays voisins. De même, les pollutions aérien-nes d’un État peuvent être transportées au-delà de ses frontières et endommager les forêts d’autres pays. Le rôle des forêts dans les cycles écologiques mondiaux met en relief leur importance pour l’en-vironnement au-delà des frontières des pays où elles sont situées. À cet égard, les forêts sont considérées comme un bien commun de l’humanité au même titre que l’atmosphère et les océans.

La conservation et le développement durable de tous les types de forêts de notre planète sont devenus une priorité des politiques internationales, notamment à la veille de la Conférence des Nations Unies sur l’environnement et le déve-loppement (CNUED), qui se tiendra au Brésil en juin 1992. Les conventions sur la biodiversité et l’évolution du climat, en cours de négociation, accordent une

attention particulière au rôle des forêts. Certains groupes d’intérêt spéciaux se spécialisent dans une fonction particu-lière des forêts (réservoir de biodiver-sité, cycle du carbone, développement économique, subsistance, combustible, etc.), tandis que les responsables natio-

de concilier le rôle des forêts dans le développement socio-économique et la préservation de l’environnement au niveau national, avec les intérêts écolo-giques et socio-économiques de la com-

d’après No. 169, 1992

La Conférence des Nations Unies sur l’environnement et le développement (CNUED), tenue à Rio de Janeiro, Brésil, en 1992, a marqué la naissance du concept de gestion forestière durable et du dialogue international actuel sur les forêts. Cet article, écrit par l’un des principaux acteurs sur la scène internationale, introduit un numéro d’Unasylva sur le thème de la durabilité publié juste avant la CNUED.

Lorsque cet article a été publié, Jagmohan Maini était Sous-Ministre adjoint pour l’environnement forestier, Ottawa (Canada). Il est devenu par la suite le coordinateur du Groupe intergouvernemental sur les forêts (GIF) et ensuite du Forum intergouvernemental sur les forêts (FIF), et le premier directeur du Forum des Nations Unies sur les forêts (FNUF).

Extrait de:

munauté des nations. De nos jours, les considérations écologiques ne sont plus secondaires, mais font partie intégrante des politiques économiques et de la pla-nification (Ullsten, 1991).

Le développement forestier durable est également devenu un élément à prendre en considération dans le commerce inter-national des produits forestiers. De nom-breux consommateurs, individuellement et collectivement, préfèrent acheter des produits provenant de forêts aménagées dans le respect de la notion de dévelop-pement durable et transformés selon des procédés acceptables pour l’environne-

Page 47: Revue internationale 226/227 › 3 › a1222f › a1222f00.pdf · 2007-08-17 · Organisation 226/227 des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture Revue internationale des

1990s

Unasylva 226/227, Vol. 58, 200747

ment. Des consommateurs ont menacé de boycotter les produits du bois qui ne sont pas assez «écologiques» du point de vue des matières premières et des procédés de transformation.

Par contre, la plupart des forestiers s’occupent depuis toujours de questions locales, leur rôle étant de livrer le bois aux scieries. La communauté forestière nationale et internationale est assez mal préparée, du point de vue technique et politique, à affronter la mondialisation des problèmes liés à la forêt. C’est pour-quoi sa participation à ces délibérations et sa contribution à l’élaboration de l’or-dre du jour forestier international sont restées marginales. La foresterie, qui est une œuvre de longue haleine, bénéficie généralement d’un engagement politi-que moindre que la plupart des autres questions socio-économiques, souvent limitées au court terme. Cette attention des divers responsables internationaux envers les problèmes de la forêt est une occasion unique de servir les intérêts secteur forestier en lui fournissant un soutien politique et en pratiquant le déve-loppement forestier durable, et de tirer parti des multiples ressources de la forêt. Ces ressources englobent aussi bien la satisfaction des besoins socio-économi-ques des habitants, des collectivités et des industries de la forêt que la conser-vation des bienfaits écologiques.

Il importe de comprendre l’évolution de la forme et du fond des délibérations internationales sur les forêts, les change-ments de valeurs et leur incidence sur les pratiques forestières. Les communautés forestière et scientifique doivent défi-nir le développement forestier durable, formuler un cadre conceptuel et établir des critères et des solutions acceptables au plan international pour pratiquer le développement forestier durable en vue de satisfaire les besoins multiples de l’humanité.

Le terme «développement économique écologiquement durable», ou plus briè-vement «développement durable», a été popularisé dans le monde entier par le rapport de la Commission mondiale de l’environnement et du développement

(CMED), Notre avenir à tous. Ce rapport

«Le développement durable répondrait aux besoins du présent sans compromet-tre la capacité des générations futures de répondre aux leurs» (CMED, 1987). Le terme développement durable a conquis l’imagination du public ainsi que des hommes politiques aux niveaux local, national, régional et international, et il a fait couler beaucoup d’encre. Par contre, on ne s’est guère intéressé à la manière de mettre ce concept en pratique.

Le secteur forestier est sans doute mieux placé que tout autre pour pren-dre la tête d’un mouvement mondial de mise en pratique du développement durable. La communauté forestière est accoutumée au long terme; elle connaît assez bien la réaction des écosystèmes forestiers aux nuisances naturelles et humaines; elle est habituée au principe de rendement équilibré et, dans certains cas, elle a tenté de pratiquer l’utilisation multiple et intégrée des forêts.

Par rapport à de nombreux autres sec-teurs industriels, le secteur forestier peut assez facilement passer de la notion de rendement équilibré à celle de dévelop-pement durable en remplaçant l’aména-gement des forêts par l’aménagement de l’écosystème forestier.

Le rendement équilibré est un principe profondément ancré dans la collectivité forestière. Le rendement équilibré est-il

Oui, mais partiellement. En foresterie, le rendement équilibré consiste à assurer

annuel de bois nécessaire à la consomma-tion humaine, tandis que le développement durable des forêts est beaucoup plus vaste et englobe l’aménagement forestier inté-gré, le maintien de l’intégrité écologique de l’environnement forestier et la préser-

pas que toutes les forêts, partout, doivent être aménagées pour toutes leurs ressour-ces en même temps. En pratique, les forêts de certaines zones seront vouées à des usages prioritaires (production de bois industriel ou de bois de feu, protection des bassins versants, réserves écologiques, habitat de la faune sauvage, réservoirs de biodiversité, etc.), mais leurs avantages secondaires seront reconnus et conser-vés. Cette méthode permettrait d’exploiter

périodiquement et sélectivement les forêts de bassins versants, si cela ne compro-met pas leur objectif prioritaire qui est la conservation du sol et des eaux.

forestier durable est proposée pour tenir compte à la fois de la satisfaction des besoins présents et du devoir moral envers les générations futures (Maini, 1989):

Le développement durable des terres forestières et de leur valeur économique et écologique multiple consiste à maintenir indéfiniment, sans détérioration inacceptable, la capacité de production et de renou-vellement, ainsi que la diversité éco-logique et variétale des écosystèmes forestiers.

Le seuil acceptable de «détérioration» est déterminé par les choix et les décisions des individus, des institutions, des nations et de la communauté internationale; il dépend de notre conception des principes écologiques et des impératifs socio-éco-nomiques. Ce qui est acceptable dans une situation socio-économique et éco-logique déterminée peut être totalement inacceptable dans d’autres circonstances. Par conséquent, les choix et les compro-mis seront faits en fonction des risques encourus et du coût de l’inaction.

La formulation d’approches au déve-loppement durable des forêts nécessite une harmonisation des activités humai-nes et des aspects biologiques et phy-siques des écosystèmes forestiers. Les activités humaines et les écosystèmes forestiers, ainsi que leur interaction, sont un phénomène dynamique qui change avec le temps et l’endroit. La surveillance de ces systèmes et de leur interaction est donc cruciale pour le développement forestier durable et entraîne un certain nombre de considérations écologiques, socio-économiques, technologiques et politiques.

Du point de vue écologique, toutes les forêts se composent d’un assemblage d’essences diverses et d’un système vital capable de se renouveler. Comme tous les écosystèmes de longue date relative-ment adaptables, la plupart des forêts ne sont pas écologiquement fragiles. Elles sont capables de surmonter remarqua-blement toute une série de perturbations naturelles: aléas climatiques (périodes de pluies et de sécheresse extrêmes), ora-

Page 48: Revue internationale 226/227 › 3 › a1222f › a1222f00.pdf · 2007-08-17 · Organisation 226/227 des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture Revue internationale des

Unasylva 226/227, Vol. 58, 2007

1990s

48

ges, incendies, insectes et maladies. Ces perturbations font partie intégrante du dynamisme des écosystèmes forestiers et jouent un rôle essentiel dans leur santé, leur biodiversité, leur renouvellement et leur rajeunissement, ainsi que dans leur évolution progressive. La structure en mosaïque des forêts naturelles des régions tropicales (Lamb, 1990) et tem-pérées (Suffling, Lihou et Morand, 1988) reflète souvent des perturbations passées attribuées à des causes naturelles.

Bien entendu, nos préoccupations concernant le potentiel de développe-ment durable des forêts ne naissent pas des changements naturels intervenant avec le temps dans des forêts intactes, mais bien de l’incidence des activités humaines sur les ressources forestières. Dans le passé, les habitants des forêts du monde entier ont puisé dans les res-sources forestières pour assurer leur subsistance, avec des effets permanents limités sur ces ressources, mais l’ex-pansion du secteur agricole a entraîné une conversion permanente importante et toujours plus rapide des terres fores-tières à d’autres usages. La conversion permanente des terres forestières à un usage agricole, actuellement concentrée dans les régions en développement, est semblable à ce qu’ont connu, dans les siècles passés, les régions tempérées aujourd’hui industrialisées. Pour satis-faire les besoins d’une population en expansion constante, la plupart des pays en développement devront continuer à convertir une partie de leurs terres forestières à d’autres usages, notam-ment production agricole, habitations et infrastructures. L’essentiel est que cette conversion soit bien conçue et exécutée uniquement sur des terres ayant un poten-tiel d’utilisation non forestière durable. Toutefois, le présent article porte uni-quement sur le développement durable des terres destinées de façon permanente à la foresterie.

La communauté internationale est à pré-sent sensibilisée au problème de l’utili-sation durable des ressources naturelles et de la préservation de la qualité de l’environnement, pour les générations présentes et à venir. On assiste à la nais-sance d’une éthique de l’environnement

• Mieux utiliser les connaissances existantes pour pratiquer la gestion intégrée de l’écosystème forestier et établir un réseau international de zones de démonstration.

• Approfondir les recherches pour prévoir la réaction des écosystèmes forestiers aux perturbations dues à des causes naturelles et aux activités humaines; mieux reconnaître les signes avant coureurs et indicateurs des contraintes de l’environnement et de la dégradation des écosystèmes forestiers.

• Accélérer la mise en place de systèmes de surveillance nationaux et interna-tionaux fournissant en temps voulu

des forêts nationales et mondiales.

• Créer ou renforcer des réseaux nation-aux de réserves écologiques conten-ant des types forestiers uniques et

-diversité et la diversité écologique et de fournir une base de références permettant de déterminer les con-séquences des activités humaines sur l’environnement.

• Accroître la productivité des terres forestières dans certaines régions par un aménagement amélioré des forêts et des plantations forestières et par la réduction des pertes dues aux incendies,

laisser davantage de terres forestières disponibles pour d’autres usages sans

• Limiter les pertes lors des opérations d’exploitation forestière et de trans-formation des produits forestiers; amé-liorer l’utilisation du bois pour toute une série d’usages; encourager le recyclage,

Mesures à prendre pour promouvoir le développement forestier durable

le cas échéant, pour réduire la demande de matière première et «faire plus avec moins».

des produits forestiers à des niveaux acceptables pour l’environnement.

• Limiter les substances polluantes de l’industrie non forestière et des activités de consommation qui provoquent la dégradation des forêts par la réduction de la productivité, du renouvellement, de la biodiversité et de la diversité écologique.

• Consacrer davantage de ressources à la recherche systématique sur les

cer les prises de décision dans le sec-teur forestier, et mettre au point des

les différentes conceptions économiques, écologiques et politiques.

• Poursuivre les travaux de mise en place de cadres institutionnels et poli-tiques internationaux appropriés pour favoriser la coopération internationale dans le domaine du transfert de tech-

en vue de la conservation et du dévelop-pement durable dés forêts.

• Formuler des critères de développe-ment forestier durable pour renforcer les échanges internationaux de pro-duits forestiers provenant de forêts aménagées selon les pratiques du dével-oppement durable.

• Diffuser plus largement l’engagement, les politiques et les programmes des diverses parties prenantes du secteur forestier pour atteindre les objectifs du développement durable.

qui suggère d’utiliser sans abuser, de réduire les contraintes environnemen-tales, de recycler, et de faire plus avec moins. Le grand public, surtout dans les pays industrialisés, est très concerné par les pratiques forestières passées et

présentes dans de nombreuses régions du monde, en particulier par la dégradation des forêts et la déforestation dans les pays tropicaux, par leur dépérissement dans les pays industrialisés et par la dégra-dation de l’environnement découlant de

Page 49: Revue internationale 226/227 › 3 › a1222f › a1222f00.pdf · 2007-08-17 · Organisation 226/227 des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture Revue internationale des

1990s

Unasylva 226/227, Vol. 58, 200749

la transformation de certains produits forestiers. L’objectif du développement durable décrit plus haut peut être pour-suivi par plusieurs moyens spécifiques: recherche, législation, politiques fores-tières et environnementales, pratiques forestières et aménagement des forêts, ainsi que par une coopération interna-tionale pour la mise au point de critères de développement forestier durable, le transfert de technologies et l’assistance financière.

La pratique du développement fores-tier durable, par l’aménagement des écosystèmes forestiers en fonction de leurs multiples avantages et intérêts, sera relativement plus coûteuse à court terme que le simple aménagement forestier pour la production de bois. Cependant, si l’on néglige de mettre en pratique un aménagement forestier écologiquement viable, les coûts futurs risquent d’être prohibitifs. Comme il est de l’intérêt collectif, du point de vue économique et écologique, de pratiquer le dévelop-pement forestier durable aux niveaux national, régional et mondial, il faut mettre au point une politique internatio-nale et un cadre institutionnel appropriés pour promouvoir la coopération tech-nique et financière sur le plan mondial (Maini, 1991a). Il faut aussi formuler une série de principes directeurs pour la conservation et le développement dura-ble des forêts mondiales (Maini, 1991b; CNUED, 1991) et mettre au point des critères acceptés au niveau international concernant le développement forestier durable.

Des problèmes mondiaux comme l’iné-galité des ressources, la croissance démo-graphique, la faim, l’analphabétisme, les logements insalubres et la dégradation de l’environnement amènent à s’inquiéter de l’avenir de notre planète et de ses habitants. Le développement économi-que durable écologiquement viable est considéré comme une valeur civique essentielle qui permettra, tout en satis-faisant la demande actuelle, de laisser en héritage aux générations à venir un environnement sain et des ressources

besoins. Le développement forestier durable doit contribuer à résoudre une

partie des problèmes mondiaux évoqués plus haut, en fournissant de la nourriture,

-tages écologiques multiples.

Les produits de la forêt ne sont pas nocifs pour l’environnement; ils sont biodégradables et obtenus à partir de ressources renouvelables. La commu-nauté forestière mondiale doit faire face à deux enjeux majeurs: tout d’abord, compte tenu de la croissance démo-graphique et de l’expansion prévue de la demande de bois et de produits non ligneux, comment satisfaire la demande future sans dégrader la base de res-sources forestières et l’environnement forestier; deuxièmement, quels moyens techniques, financiers, institutionnels et politiques mobiliser pour promouvoir le développement durable de tous les types de forêts de la planète. La communauté forestière internationale doit s’occuper activement de définir l’agenda forestier national et international.

La gestion des forêts mondiales est une responsabilité à la fois nationale et internationale, servant les intérêts socio-économiques et écologiques collectifs. La communauté forestière accoutumée au long terme, qui possède les capacités techniques voulues et a fait preuve de l’engagement nécessaire en faveur du principe de production équilibrée, est très bien placée pour prendre la tête d’un mouvement national et international de mise en pratique du développement forestier durable. Cela nécessitera un engagement et une coopération de la communauté internationale, un cadre institutionnel et politique approprié et une évolution de l’aménagement fores-tier vers l’aménagement de l’écosystème forestier.

Bibliographie

1987. Notre avenir à tous. Oxford.

Oxford Univ. Press.

1991. Land resources: deforesta-

tion. A non-legally binding authoritative

statement of principles for a global consen-

sus on the management, conservation and

sustainable development of all types of

forests. Genève, Prep. Com. for UNCED.

(Unesco). 1990. Exploiting the tropi-

cal rain forest. In Man and the Biosphere

Series, vol. 3. Cornforth. Royaume-Uni,

The Parthenon Publishing Group.

1989. Sustainable development

and the Canadian forest sector. Discussion

paper presented to the Canadian Council of

Forestry Ministers on 6 October 1989 at

Niagara Falls. Ottawa. Forestry Canada.

1991a. Towards an international

instrument on forests. Paper prepared for

intergovernmental consultation, février

1991, Genève. Ottawa. Forestry Canada.

1991b. Guiding principles:

towards a global consens for the conser-

vation and sustainable develpoment of

all types of forests worldwide. Ottawa.

Forestry Canada.

1988. Control of landscape diversity by

catastrophic disturbance: a theory and a

forest. Environ. Manage., 2(1): 73-78.

1991. Keynote speech. In D.

Howlett & C. Sargent. eds. Proc. tech.

workshop to explore options for global

forestry management.

the National Environment Board. Ministry

of Science, Technology and Energy.

Page 50: Revue internationale 226/227 › 3 › a1222f › a1222f00.pdf · 2007-08-17 · Organisation 226/227 des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture Revue internationale des

Unasylva 226/227, Vol. 58, 2007

1990s

50

La foresterie, source de développement durable: La dimension sociale

D.D. Gow

«La conservation, tout compte fait, a un caractère éminemment social. Elle revient à trouver un équilibre entre les hommes et la nature et entre les générations. Et pour intéresser le monde en développement, elle doit répondre aux besoins des pauvres et des défavorisés qui, paradoxalement, sont les plus proches des richesses biologiques de la terre.»

(Wright, 1988) La question de la durabilité prend des

proportions cruciales devant le double défi de la dégradation de l’environne-ment et de l’appauvrissement rural. Dans la majeure partie du monde en dévelop-pement, la conservation pour la conser-vation autrement dit le fondamentalisme environnemental – est devenue un ana-chronisme. Il est de plus en plus reconnu et admis que, si la base de ressources naturelles doit être conservée, ce ne peut être que d’une manière productive, dont la population locale puisse tirer profit. Le respect des ressources naturelles doit s’accompagner d’un respect des besoins de l’homme.

La reconnaissance des liens entre l’en-vironnement, la pauvreté et la durabilité représente une étape importante dans la réflexion sur le développement. Si cette interconnection pose un formidable défi à ceux qui s’inquiètent de l’avenir de notre planète, elle permet pourtant des solutions multidisciplinaires inté-grées, dont la nécessité n’a pour ainsi dire jamais été reconnue jusqu’à présent que du bout des lèvres.

Si la notion de durabilité n’est plus contestée, son contenu demeure sujet à des interprétations diverses.

«Ce concept est appliqué de diffé-rentes façons aux besoins de l’hu-manité, aux niveaux de production et de consommation, et à l’oppor-tunité de conserver le capital natu-

rel. Il est difficile d’en donner une définition qui soit complète sans être tautologique et qui soit en même temps suffisamment précise.»

(Redclift et David, 1990)La réflexion sur le développement

durable s’appuie bien souvent sur la notion jugée fondamentale d’un lien direct entre la pauvreté et la dégradation de l’environnement; toutefois, la réalité est en fait beaucoup moins simple, car pauvreté et dégradation de l’environ-nement ont l’une et l’autre des racines profondes et diffuses. On peut raison-nablement avancer, par exemple, que

La foresterie est toute désignée pour apporter une contribution majeure à la solution des problèmes de la dégradation de l’environnement et de la pauvreté rurale, compte tenu des multiples rôles que peuvent jouer les arbres dans la fourniture de denrées alimentaires, la production de revenu et l’entretien de la base de données naturelles. La notion de durabilité implique à la fois la gestion des ressources et la qualité de la vie.

d’après No. 169, 1992

Cet article du numéro d’Unasylva sur la durabilité examine les préoccupations sociales qui prédominent aujourd’hui – la participation populaire à la gestion forestière, les droits de propriété assurés et l’importance des forêts pour les groupes les plus pauvres de la population.

David D. Gow travaillait à la Sous-Division des politiques et institutions forestières du Département des forêts de la FAO lorsque cet article a été rédigé et à l’Institut des ressources mondiales à Washington, DC, États-Unis lorsqu’il a été publié. Il est actuellement professeur des affaires internationales et de l’anthropologie et directeur du Programme international des études sur le développement à la Elliott School of International Affairs, George Washington University, Washington, DC.

Extrait de:

l’accès différentiel aux ressources et la richesse qui en résulte pour certains, sous forme de surconsommation, sont peut-être beaucoup plus directement liés à la dégradation de l’environnement au Nord comme au Sud que ne l’est la pauvreté en soi (Lele, 1991).

Pour dissiper cette confusion, on commencera par établir une distinction entre durabilité écologique et durabilité sociale. La notion de durabilité implique au minimum que la population locale ne dégrade pas sa base de ressources naturelles, du moins pas irrémédiable-ment, mais qu’elle l’entretienne, voire l’améliore. Par exemple, la définition

Page 51: Revue internationale 226/227 › 3 › a1222f › a1222f00.pdf · 2007-08-17 · Organisation 226/227 des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture Revue internationale des

1990s

Unasylva 226/227, Vol. 58, 200751

donnée par la Commission Brundtland (CMED, 1987) parle de maintien ou de renforcement de la productivité de la base de ressources à long terme, de façon à répondre aux besoins du pré-sent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs. Il convient de noter, toutefois, que cette définition suppose qu’il existe effectivement des limites. À cet égard, il, convient de dépasser la notion de rendement durable pour envisager la dynamique de la ressource en question, compte tenu notamment des conditions environnementales, des activités humai-nes et des interactions entre les différen-tes utilisations ou caractéristiques d’une même ressource (Lele, 1991).

Tout aussi important du point de vue de la durabilité sociale est le fait que le rapport de la Commission Brundtland considère le développement durable comme un objectif politique, qui serait

l’aboutissement des aspirations au déve-loppement. Cela suppose aussi une amé-lioration de la qualité de la vie humaine. Il se pourrait que la définition toute simple selon laquelle le développement durable consiste en une amélioration continue de la qualité de la vie soit la meilleure, puisqu’elle suggère un progrès culturel, autant que matériel, et un avenir toujours porteur d’espoir (Jolly, 1989).

La contribution du secteur forestier au développement durable se distingue des autres activités liées à la gestion des ressources naturelles par deux aspects (Miranda et al., 1990). Tout d’abord, la notion de foresterie a évolué, passant de la production de bois à la gestion d’un vaste et complexe écosystème répondant à des préoccupations de plus en plus nombreuses – fourniture d’un large éven-tail de produits forestiers, production de revenus, foresterie communautaire et amélioration locale de l’environ-nement. Il faut ajouter à cela l’intérêt croissant du public pour les questions

d’environnement à l’échelle planétaire et pour le rôle de la foresterie dans la recherche de solutions aux problèmes les plus graves.

La seconde caractéristique propre à la foresterie a trait au contrôle des res-sources. Le secteur forestier, en effet, n’est pas seulement géré par l’État ou par des particuliers, mais relève éga-lement des différentes formes de pro-priété collective. Il doit donc trouver un équilibre délicat entre protection et utilisation – notamment par les pauvres –de cette ressource. Il doit déterminer quelles zones boisées et quels aspects de la gestion des ressources forestières il

Développement durable

des populations rurales

propre destin à long terme

Il faut tenir compte, dans les activités de développement forestier, des intérêts et des besoins des collectivités qui

vivent dans les forêts

Le lien entre pauvreté et dégradation écologique est complexe: toutes deux ont des causes profondes et multiples

L’aménagementdurable des forêts exige un équilibre délicat entre la protection des ressources et la création d’occasions de les utiliser

FAO

FAO

G.T

OR

TO

LI

FAO

Page 52: Revue internationale 226/227 › 3 › a1222f › a1222f00.pdf · 2007-08-17 · Organisation 226/227 des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture Revue internationale des

Unasylva 226/227, Vol. 58, 2007

1990s

52

convient de confier à des groupes locaux et lesquels doivent rester sous le contrôle des autorités gouvernementales. Pour déterminer les droits de propriété, on se posera avant tout la question de savoir si l’institution forestière responsable est capable de promouvoir et de renforcer les droits acquis de la population locale sur la ressource forestière, tout en accep-tant l’idée d’une gestion conjointe, voire d’un contrôle local, de la ressource en question.

Bibliographie

1987. Notre avenir à tous. Oxford,

Royaume-Uni, Oxford Univ. Press.

1989. The Madagascar challenge:

human needs and fragile ecosystems.

In H.J. Leonard, ed. Environment and

the poor: development strategies for a

common agenda. Overseas Development

Council. New Brunswick, NJ, Transac-

tion Books.

1991. Sustainable development: a

critical review. World Dev., 19(6): 607-621.

,

1990. The design of forestry

institutions: lessons from unconventional

structures. Document établi pour la Banque

mondiale. Durham, NC, Institute of Policy

Sciences, Duke Univ.

1990. Sustainable

development and the rural poor. Document

établi pour la Division des ressources

humaines, des institutions et de la réforme

agraire. FAO, Rome.

La décision de limiter l’accès aux ressources forestières non ligneuses, par exemple alimenta et fourrage, pénalise souvent directement les femmes

1988. People-centered conserva-

tion: an introduction. Washington, D.C.,

World Wildlife Fund (WWF).

Page 53: Revue internationale 226/227 › 3 › a1222f › a1222f00.pdf · 2007-08-17 · Organisation 226/227 des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture Revue internationale des

1990s

Unasylva 226/227, Vol. 58, 200753

Interdépendance du tourisme et de la protection de la nature

P. D browski

entre tourisme écologique, conservation de l’environnement et développement durable

La conservation de la nature et le tourisme, au sens où nous les entendons aujourd’hui, remon-

tent à la première moitié du 19e siècle et se sont développés dans une large mesure en parallèle. Leur racine commune était l’idéologie romantique et son nouveau regard sur la nature sauvage, qui n’était plus considérée comme terrifiante et hostile. La nature est devenue une valeur en soi et la recherche du contact avec celle-ci une des causes du développe-ment du tourisme.

L’attitude de la société à l’égard des monuments historiques a évolué exac-tement de la même façon. La période romantique a été marquée par une recon-naissance de la valeur des vestiges du passé et par la création de nouveaux musées. La découverte des monuments a créé le besoin de les étudier, qui a apporté une seconde impulsion au déve-loppement du tourisme.

Il s’est produit aussi un effet en retour: les amateurs de tourisme trouvaient, au cours de leurs pérégrinations, des objets culturels et naturels intéressants. En rendant compte des atteintes qu’ils subissaient, ils devenaient souvent les premiers défenseurs de la nature et du patrimoine culturel.

Dans l’histoire de nombreux pays d’Eu-rope et d’Amérique du Nord, on trouve maints exemples d’initiatives de pro-tection du patrimoine naturel et culturel dans les organisations touristiques et auprès de leurs membres.

Cependant, ce n’est qu’à la fin du 19e

siècle que sont apparus les signes d’une progression rapide du tourisme consi-déré comme un secteur de l’économie capable de menacer le milieu naturel et la culture. En 1913, le professeur Jan Gwalbert Pawlikowski, juriste, alpi-niste et défenseur très actif de la nature, écrivit dans son ouvrage prophétique Culture et nature: «Certains, émus par

la beauté de la nature, ont voulu parta-ger leurs impressions avec d’autres; ils ont commencé à en faciliter l’accès en construisant des routes, des sentiers et des refuges. Un public docile a compris que la nature devait être belle, car l’es-prit de l’époque l’exigeait. ... L’homme moderne a besoin de confort; les refuges ont donc été remplacés par des hôtels, avec le soutien enthousiaste des restau-rateurs et des négociants en alcools. Le fait que l’amour de la nature contribue à la richesse nationale n’allait-il pas dans le sens d’un intérêt supérieur de la

de barrières et de panneaux indicateurs, transformé des chemins étroits en routes, et les ingénieurs ont accompli un miracle achevant le travail d’Erostrate; ils ont violé les montagnes en amenant le che-min de fer jusqu’à leurs sommets.»

La suite des événements a malheureu-

delà même des régions de montagne. Les décennies suivantes ont été dominées par les intérêts économiques et la consom-mation, qui ne se préoccupaient pas des dommages causés à l’environnement. Les

années 60, et on reconnaît que cette période marque le réveil de la conscience écolo-gique à l’échelon mondial. On s’est mis à chercher les moyens de concilier le progrès économique et la sécurité écologique. Le résultat théorique de cette démarche fut la Stratégie mondiale de conservation.

d’après No. 176, 1994

Lorsque cet article a été écrit, Piotr était vice-président de

l’Association du tourisme polonais, qui a fusionné plus tard avec la Polish Country Lovers’ Society pour devenir la Polish Tourist Country Lovers’ Society; il est maintenant président de sa Cracow Academic Section.

L’article souligne les défis liés à la réconciliation des impacts du tourisme et du développement sur la conservation, et introduit le thème de l’«écotourisme» dans les pages d’Unasylva.

Extrait de:

Page 54: Revue internationale 226/227 › 3 › a1222f › a1222f00.pdf · 2007-08-17 · Organisation 226/227 des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture Revue internationale des

Unasylva 226/227, Vol. 58, 2007

1990s

54

Sur le plan du tourisme, cette évolu-tion a été possible parce que, à côté du vaste secteur touristique commercial, il existait encore un fort courant du tourisme traditionnel, source d’émo-tions, de connaissances, de joies et de satisfaction résultant de contacts avec la nature, les monuments historiques et les populations appartenant à d’autres cultures – un tourisme pour lequel l’ef-fort physique n’est pas un mal mais une source de satisfaction, ce sentiment merveilleux que l’on ressent au sommet d’une montagne après de longues heures d’escalade. L’aventure touristique peut être vécue en solitaire ou partagée avec d’autres. Dans ce dernier cas, apparaît un aspect supplémentaire et humaniste du tourisme: la conscience d’une rela-tion étroite avec l’autre, d’une émotion commune profonde.

Ainsi, le tourisme écologique n’a rien de nouveau. C’est plutôt un retour aux sources et la redécouverte de valeurs qui ont été noyées sous le béton et assourdies par le bruit des voitures.

Les zones protégées sont également des régions qui attirent les touristes. On dis-tingue trois scénarios: • Des régions touristiques exploitées

de manière intensive ont été placées sous protection. C’est le cas typique de parcs nationaux de montagne.

• Une région devient un site intéres-sant après sa mise sous protection. Qui aurait pensé que de vastes marais ou tourbières puissent constituer des attractions avant que les naturalistes

• La protection a notamment pour but de sauvegarder le caractère touristique d’une région, la défendant par exemple d’une exploitation industrielle. C’est l’objectif de nombreuses zones de paysages protégés.

Dans tous ces cas, si le tourisme se développe à grande échelle, il se pro-duit tôt ou tard un conflit aigu entre les exigences de la protection et l’industrie touristique.

Les nombreux cas de destruction du milieu naturel et du patrimoine cultu-rel dus au développement dynamique du tourisme intensif amènent souvent

ceux qui sont liés professionnellement ou sentimentalement à la protection de la nature à adopter des attitudes restrictives ou même complètement négatives, allant parfois jusqu’à l’expulsion des touristes des zones protégées. Voilà pourquoi on accuse souvent les défenseurs de la nature d’être des extrémistes, de faire obstacle au progrès, de nuire au bien-être des communautés locales et de vouloir orga-niser des réserves pour l’usage exclusif des scientifiques ou des gens fortunés. Devant cette attitude hostile, certains promoteurs sont tentés de pratiquer la politique du «fait accompli», comme le déboisement rapide ou le développement touristique d’une zone avant la prise de mesures de conservation. Le résultat pourrait être un cauchemar pour les tou-ristes «écologiques» si toutes les régions intéressantes étaient transformées soit en vastes terrains de loisirs appelés «parcs», ou au contraire en réserves fermées au public.

Pour que le tourisme écologique consti-tue une solution, ou au moins un élément modérateur dans les conflits précités, il faut que toutes les parties concernées – notamment les associations de protec-tion de la nature, les collectivités loca-les et l’industrie touristique – fassent preuve de beaucoup de bonne volonté et échangent des informations exactes. Elles doivent connaître tous les enjeux du tourisme écologique et savoir quels sont ses avantages, ses inconvénients et ses limites.

Les défenseurs de la nature doivent comprendre qu’il est impossible et inop-portun de vouloir exclure le tourisme: impossible parce que la pression et les attentes sont trop grandes; inopportun parce que le tourisme bien compris est source de richesses pour la population et peut constituer la meilleure forme d’éducation à l’environnement.

Les autorités chargées de la protection de la nature doivent prendre en consi-dération les aspects touristiques dans l’aménagement d’une région. Il devient essentiel de fixer des normes pour un usage durable et d’estimer la capacité touristique d’une région. Le problème n’est pas simple puisqu’il exige des étu-

des environnementales, économiques et sociales très poussées. Il ne suffit pas d’estimer le seuil de tolérance de l’en-vironnement. Par définition, le tourisme écologique doit apporter à toutes les par-ties concernées les satisfactions qu’elles attendent, en évitant les effets domma-geables pour le milieu culturel.

Lorsque toutes ces restrictions fonda-mentales sont définies et que l’objectif de la conservation apparaît clairement, on peut élaborer une politique de ges-tion. Celle-ci ne doit pas avoir un carac-tère administratif mais s’appuyer sur la coopération de toutes les personnes concernées. Les collectivités locales et les touristes doivent être informés cor-rectement et de manière convaincante de toutes les restrictions nécessaires.

Page 55: Revue internationale 226/227 › 3 › a1222f › a1222f00.pdf · 2007-08-17 · Organisation 226/227 des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture Revue internationale des

1990s

Unasylva 226/227, Vol. 58, 200755

Préserver les ressources forestières pendant la transition vers une économie de marché

T. Marghescu

Les risques de surexploitation des ressources forestières dans les pays d’Europe centrale et orientale pendant le passage d’une économie centralisée à une économie de marché.

Les ressources forestières, outre leurs nombreuses fonctions, constituent une source de capital

économique, qui peut être illimitée si elle est bien gérée. Malheureusement, en période de crise économique centralisée, les ressources forestières sont souvent exploitées à un rythme qui dépasse leur capacité de renouvellement, ce qui est incompatible avec le principe de dura-bilité. Beaucoup de pays d’Europe cen-trale et orientale qui se sont engagés dans le processus de transition d’une économie dirigiste à une économie de marché se trouvent actuellement dans une situation très délicate en ce qui concerne leurs ressources forestières. L’aménagement de ces ressources et la gestion des industries forestières relevaient autrefois de la responsabi-lité directe de l’État, mais de profonds bouleversements sont en œuvre dans ces deux domaines.

Dans la plupart des pays en transition, l’industrie forestière est actuellement privatisée, afin d’en accroître l’effica-cité, la productivité, la capacité et la compétitivité. Il semble toutefois que cette privatisation soit souvent coupée de la foresterie. Le développement de la capacité des industries forestières accen-tuera la demande de matière première, et du fait de la récession économique, les gouvernements (qui restent les princi-paux propriétaires des forêts) pourraient être tentés de surexploiter les ressour-ces forestières afin d’obtenir les capi-taux si nécessaires à l’investissement. D’ailleurs, cette tendance se manifestait même avant l’amorce de la transition à l’économie de marché. Si l’on appliquait le calcul de la rentabilité aux consé-quences d’une surexploitation du capital (c’est-à-dire du bois) on constaterait sûrement que les coûts entraînés par la réhabilitation des ressources fores-tières sont plus élevés que ceux liés à

l’emprunt de capitaux pour réaliser les investissements nécessaires.

La demande en matière première des industries forestières est déterminée par la demande pour leurs produits, par leur capacité et par la disponibilité (et le prix) de cette matière première. Les gouvernements devraient «guider» les activités visant à renforcer les capacités de l’industrie forestière de leur pays, de manière à assurer la stabilité du sec-teur et donc à promouvoir la stabilité du marché de l’emploi et de l’ensemble de l’économie. Le développement isolé

d’après No. 179, 1994

Tamás Marghescu, hongrois, a écrit cet article en tant que consultant en matière de foresterie internationale.

En 1994, les pays d’Europe de l’Est avaient abandonné leurs économies centralement planifiées à la suite de la destruction du mur de Berlin en 1989, mais devaient encore s’adapter à l’économie de marché et restituer les propriétés aux propriétaires précédents – et faire face aux impacts sur les forêts.

de surcapacités dans l’industrie fores-tière pourrait entraîner une compétitivité destructrice, une utilisation non durable des ressources forestières nationales ou une dépendance trop grande à l’égard des importations.

Les gouvernements doivent également se rendre compte du fait que le secteur forestier lui-même nécessite des inves-tissements, surtout pendant la transition, de manière à élaborer un cadre adapté à l’aménagement durable des forêts. Mais les capitaux d’investissement sont rares. La privatisation des secteurs industriels y compris de la foresterie – autrefois

Page 56: Revue internationale 226/227 › 3 › a1222f › a1222f00.pdf · 2007-08-17 · Organisation 226/227 des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture Revue internationale des

Unasylva 226/227, Vol. 58, 2007

1990s

56

détenus et gérés par l’État, a entraîné une baisse des recettes qui permettaient de financer les administrations forestières. Ce déficit n’est que partiellement com-blé par les taxes qui grèvent l’industrie forestière et ses produits, et souvent les recettes ainsi obtenues ne sont pas redis-tribuées de façon appropriée au secteur forestier.

Le changement d’une rapidité sans précédent du mode de propriété des res-sources forestières dans certains pays en transition complique encore la situation. Principalement du fait des demandes de restitution des terres ou d’autres biens nationalisés par l’État, sous les régimes précédents, une multitude de petites par-celles de terres forestières sont actuelle-ment privatisées. Malheureusement, il n’existe pas de cadre permettant d’assu-rer l’aménagement durable de ces petites propriétés privées.

Le personnel des administrations fores-tières publiques est formé uniquement pour gérer les forêts publiques. Les cadres de politique générale ou juri-diques ne sont pas adaptés – ou seu-lement en partie – aux changements rapides qui touchent la propriété. Les nouveaux domaines forestiers ne béné-ficient d’aucun plan d’aménagement et les propriétaires, qui souhaitent tirer des profits immédiats de leur bien, peuvent être tentés de surexploiter les forêts. La possibilité de mettre en place des servi-ces de vulgarisation forestière dotés de personnel qualifié à même d’appuyer, de conseiller et de former les nouveaux propriétaires privés commence à peine à être examinée.

Pendant la transition, il faut mettre au point et appliquer des mesures spécia-les, afin d’atténuer les effets néfastes de l’absence ou de l’imperfection du cadre d’aménagement durable des forêts. Dans certains cas, la proclamation d’un «état d’urgence pour les forêts» par les plus hautes autorités politiques pour-rait même être justifiée. Une solution moins radicale consisterait à déclarer que l’existence d’un plan d’aménagement approuvé est une condition préalable à toute activité forestière, ce qui «gèlerait» provisoirement l’exploitation des forêts ne répondant pas à ce critère. Certains pays d’Europe du Nord exigent le dépôt d’une «caution» pour le reboisement ou

la régénération avant d’accorder l’auto-risation d’exploiter les forêts.

Le succès de ce type de mesures dépendra évidemment de l’efficacité et de l’ampleur de la surveillance et des contrôles. Tous les organismes publics concernés (administrations des forêts, organismes/institutions chargés de la protection de la nature et de l’application des lois, etc.), ainsi que les organisations non gouvernementales, devraient colla-borer étroitement en vue de rationaliser les efforts de conservation des forêts, de surmonter les pénuries de personnel et d’éviter les pertes d’énergie inutiles. Les gouvernements devraient offrir un ensemble d’incitations au secteur fores-tier privé dans le cadre d’un programme de régulation, comprenant si possible une aide à l’élaboration de plans d’aménage-ment forestier, la fourniture de conseils en la matière, un allègement des taxes à court terme, la fourniture gratuite de plants pour le reboisement, etc. Dans le même temps, les gouvernements doivent s’assurer que l’on n’applique pas de dou-bles mesures; l’aménagement des forêts domaniales doit servir d’exemple.

Les profonds changements d’ordre poli-tique, social et économique qui affectent les pays en transition d’Europe centrale et orientale ne doivent pas avoir une inci-dence néfaste permanente sur les fonc-tions multiples de la forêt. La foresterie et l’industrie forestière doivent s’adapter au nouveau contexte politique, social et économique; pour cela, on veillera à mettre en place un cadre approprié pour l’aménagement et l’utilisation durables des forêts (politiques, législation, plans d’aménagement, investissements, per-sonnel qualifié, etc.), avant de prendre des décisions de base. L’expansion de l’industrie forestière doit se faire en har-monie et en parallèle avec le dévelop-pement de la foresterie en général. Par ailleurs, il faudra parfois prendre des mesures spécifiques pour assurer la conservation et l’utilisation durable des ressources forestières pendant la phase de transition.

Il faudra aussi revoir l’utilisation des crédits budgétaires alloués par l’État, à la foresterie. Par exemple, le reboisement à grande échelle des terres marginales,

entrepris actuellement pour ajuster la production agricole à la demande du marché européen, pourrait passer au second plan, en faveur des efforts visant à conserver les ressources forestières existantes. Certaines administrations possèdent des biens immobiliers autres que les forêts; on pourrait envisager d’en vendre une partie pour mobiliser des capitaux d’investissement.

Enfin, comme il est admis toujours plus largement que l’aménagement durable des forêts a des bénéfices multiples (air pur, eau salubre, loisirs, conservation de la diversité biologique, protection de la base foncière pour la production agri-cole, etc.), il conviendrait d’accorder un rang de priorité plus élevé à la foresterie, et d’attribuer des crédits plus importants à ce secteur. Si nécessaire, les gouver-nements devraient également envisa-ger la possibilité de faire des emprunts pour financer le développement durable de la foresterie et des industries fores-tières; le remboursement des intérêts serait certainement moins élevé à longue échéance que les coûts entraînés par la réhabilitation ou le reboisement des ter-res forestières surexploitées ou utilisées de manière non rationnelle.

Page 57: Revue internationale 226/227 › 3 › a1222f › a1222f00.pdf · 2007-08-17 · Organisation 226/227 des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture Revue internationale des

1990s

Unasylva 226/227, Vol. 58, 200757

Sens unique ou double sens... Où est le bon sens? Le rôle du vulgarisateur: de messager à facilitateur

T. Enters et J. Hagmann

Cet article analyse les liens entre

de l’amélioration des pratiques d’aménagement durable des ressources naturelles, sur la base des expériences réalisées dans le nord de la Thaïlande et au Zimbabwe.

Cela faisait longtemps que les agriculteurs luttaient. Avec l’accroissement démographi-

que, la terre était devenue rare, et ils en étaient arrivés à raccourcir les périodes de jachère, n’ayant plus de terre fores-tière susceptible d’être convertie à l’agri-culture. Ils savaient très bien qu’ainsi les rendements de riz baisseraient. Ces dernières années, les rendements avaient en effet chuté de façon dramatique. Ne sachant que faire, les agriculteurs ont organisé une réunion de village et décidé de s’adresser au vulgarisateur agricole pour lui demander conseil. Après avoir écouté les villageois, auxquels il rendait souvent visite, le vulgarisateur a promis de prendre contact avec les chercheurs du groupe de vulgarisation agricole et de leur faire part de l’inquiétude des agriculteurs. En parlant avec les cher-cheurs, il a appris que l’on avait déjà commencé à étudier le problème de la baisse de productivité des cultures. Le rapport final de ces recherches était sur le point d’être publié, et les chercheurs étaient sûrs d’avoir mis au point les tech-

d’après No. 184, 1996

Thomas Enters travaillait auprès du Centre pour la recherche forestière internationale, Bogor, Indonésie, lorsque cet article a été publié et Jürgen Hagmann avait récemment terminé son mandat avec le projet AGRITEX/GTZ Conservation Tillage, Masvingo, Zimbabwe. Ils travaillent maintenant tous deux en tant que consultants.

La vulgarisation a de tout temps été un moyen clé de tisser les connaissances pour le développement. Mais dans les années 1990, les concepts de vulgarisation efficace abandonnaient le chemin à sens unique menant à des solutions découlant de la recherche pour se tourner vers la stimulation des débats visant à lier la recherche et la pratique.

Extrait de:

Les techniques de conservation des sols et des eaux ont donné

de bons résultats à Pha Charoen (Thaïlande)

niques appropriées pour introduire des pratiques agricoles durables. Avant le début de la nouvelle campagne agricole, le vulgarisateur a pu retourner au village

Page 58: Revue internationale 226/227 › 3 › a1222f › a1222f00.pdf · 2007-08-17 · Organisation 226/227 des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture Revue internationale des

Unasylva 226/227, Vol. 58, 2007

1990s

58

pour y apporter un ensemble de nouvelles techniques de conservation des sols et des eaux consistant en éléments d’agro-foresterie. Les agriculteurs, très recon-naissants, ont immédiatement appliqué les recommandations des chercheurs. Ils ont adopté avec enthousiasme la nou-velle technologie qui leur était offerte.

résultats ont été rapides et à l’efficacité des communications, les rendements de riz se sont stabilisés, et même accrus, en seulement trois ans.

Ainsi, ce qui représentait le plus grand problème pour les agriculteurs a pu être

-risation. En effet, la nouvelle technologie d’agroforesterie a fait d’une pierre deux coups: elle a contribué à stabiliser la productivité du sol et, en même temps, livré des avantages supplémentaires, tels que fourrage pour le bétail et bois de feu. Pour cette raison, elle a égale-ment été appréciée par le Département des forêts qui, depuis de nombreuses années, s’inquiétait du taux élevé de déboisement et de la dégradation des

excessives effectuées pour la récolte de bois de feu.

Ce qui semble être un conte de fée en est hélas bien un. Il se fonde sur la concep-tion conventionnelle du processus de recherche et sur l’idée que l’on se fait implicitement de l’adoption des résultats de la recherche par des “clients”, dans le cas présent les petits agriculteurs ou les cultivateurs itinérants. Selon cette façon de penser conventionnelle,lorsque les clients ont un problème, seuls les chercheurs procédant par méthode ana-lytique peuvent le résoudre. C’est à eux d’identifier et d’analyser les problèmes, et de mettre au point des solutions sus-ceptibles d’être directement transférées des stations expérimentales aux champs. Ainsi, ce sont les chercheurs qui indi-quent aux agriculteurs les meilleures solutions pour la communauté rurale et l’environnement. Le lien entre le cher-cheur et le client est le vulgarisateur, qui a pour rôle d’aider le client à mettre la nouvelle technologie en pratique et d’en soutenir l’adoption.

Ces dernières années, les techniques

de conservation des sols applicables aux terres agricoles ont reçu une attention notable parce qu’elles représentent un moyen d’accroître la production, et donc de réduire les pressions incitant à la conversion de nouvelles terres fores-tières. La recherche et la vulgarisation ont offert aux cultivateurs de nouvelles techniques agricoles qui leur ont été recommandées comme “durables” et qui présentent des avantages tant directs qu’indirects. Pourtant, les taux d’adop-tion ont été décevants. L’examen qui suit tente d’expliquer les raisons pour lesquelles, dans le domaine de la conser-vation des ressources, la vulgarisation a donné de moins bons résultats qu’on ne l’aurait espéré. On s’est surtout attaché à expliciter le rôle de la vulgarisation et le lien qui existe entre la recherche et la vulgarisation. La première partie de l’article se fonde sur les recherches effectuées dans le nord de la Thaïlande, et la seconde sur les expériences réalisées au Zimbabwe.

La documentation sur la dégradation des terres et la conservation des ressour-ces en Thaïlande contient de nombreux

avertissements sur les conséquences du déboisement: inondations, sécheresse, perte de fertilité du sol, modifications du climat, détérioration de la qualité de l’eau et sédimentation des réservoirs sont mentionnées dans pratiquement toutes les publications (Komkris, 1978; Henderson et Rouysungnern, 1984; Putjaroon et Pongboon, 1987; Som-batpanit et al., 1993; Hundloe, 1994). Pour limiter le déboisement, les activités de recherche sont axées sur l’étude de moyens qui permettraient aux agricul-teurs d’abandonner la culture itinérante, qui est «destructive» et entraîne le «gas-pillage». Stabiliser les systèmes d’utili-sation des terres devrait avoir à la fois des avantages directs, comme d’augmenter la productivité des terres, et des avan-tages indirects, comme de diminuer la sédimentation et les inondations. Cepen-dant, malgré la recherche, la vulgari-sation, les encouragements offerts aux agriculteurs et quelques succès limités, la durabilité des projets entrepris dans le nord de la Thaïlande est mise en doute (TDRI, 1994): les activités de conserva-tion des sols et des eaux du programme Thaïlande/Allemagne de mise en valeur des terres d’altitude (TG-HDP) en sont un exemple [Note: L’examen des activi-tés de conservation des sols et des eaux menées par le TG-HDP porte essentiel-lement sur les premières années de ce projet (1987-1990). Depuis, l’élément de conservation des sols et des eaux

Nombre de champs soumis à l’application de mesures de conservation des sols et des eaux par 85 ménages ruraux dans cinq villages de la province de Mae Hong Son (Thaïlande), entre 1987 et 1994

Page 59: Revue internationale 226/227 › 3 › a1222f › a1222f00.pdf · 2007-08-17 · Organisation 226/227 des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture Revue internationale des

1990s

Unasylva 226/227, Vol. 58, 200759

a été remplacé par une approche plus large, celle des systèmes d’exploitation agricole durable].

Dans le cadre du projet TG-HDP, des pratiques de conservation des sols et des eaux ont été mises au point et vulgarisées auprès des agriculteurs à partir de 1987, afin de tenter de faire régresser l’érosion à des niveaux acceptables pour permettre des cultures plus permanentes (Salzer, 1987). Ces pratiques consistaient à éta-blir des cultures le long des courbes de niveau en alternant une graminée (Brachiaria ruziensis), puis des bandes de cultures pérennes (haies de Leucaena et pois cajan) avec des cultures plantées parallèlement aux courbes de niveau. Pendant les quatre premières années de mise en œuvre du projet (durant lesquel-les des encouragements ont été offerts aux agriculteurs et aux vulgarisateurs), le nombre des cultivateurs qui ont adopté les techniques recommandées s’est accru à un rythme régulier; mais lorsque le programme d’encouragements a cessé en 1991, l’intérêt manifesté pour ces techniques a diminué de façon sou-daine et durable (voir figure). Parmi les agriculteurs interrogés par l’un des auteurs en 1990/91, puis de nouveau en 1994/95, beaucoup se sont déclarés déçus par les pratiques recommandées (Enters, 1995).

Lorsqu’on a demandé aux agriculteurs pourquoi ils avaient cessé d’appliquer les techniques qu’ils avaient d’abord adoptées, ils ont répondu que la grami-née qu’on les avait encouragé à plan-ter pour lutter contre l’érosion s’était rapidement propagée dans les champs, occasionnant un surcroît de travail à un moment de l’année où la main-d’œuvre manque déjà. Le désherbage est depuis longtemps considéré comme un élément déterminant des rendements agricoles dans les tropiques. Les techniques de conservation des sols et des eaux n’avaient pas du tout tenu compte de ce fait, et le problème du désherbage s’était donc aggravé. Il n’était alors pas surprenant que certains villageois se soient montrés mécontents ou inquiets au sujet de cette graminée. Un agriculteur a résumé la situation de façon tout à fait pertinente (Enters, 1992):

«Nous sommes devenus trop nom-breux, et le gouvernement ne nous

permet plus de couper des arbres pour avoir de nouveaux champs. La vie était beaucoup plus facile pour la génération précédente. Mais cette graminée ne résoudra certainement pas nos problèmes.»

L’accroissement démographique, la suppression de l’opium, la limitation des cultures itinérantes et l’ouverture des terres d’altitude à l’économie de plaine a créé de nouvelles nécessités, en particulier le besoin d’argent liquide. Pour cette raison, les villageois se sont plus intéressés aux activités susceptibles de leur rapporter des revenus qu’aux essais visant à améliorer la production de subsistance.

Selon les auteurs, si les résultats ont été décevants, c’est principalement parce que la recherche n’a pas vraiment porté sur les problèmes des agriculteurs. En outre, nous sommes de l’opinion que le processus de vulgarisation (qui fonc-tionne essentiellement dans un sens, du haut vers le bas) a aggravé la situation. On peut faire un certain nombre d’ob-servations à l’appui de cette opinion, qui s’appliquent à la situation thaïlandaise, mais valent aussi de façon générale:

• Les renseignements dont on dispose sur les incidences environnementales manquent souvent de clarté, et cer-taines relations présumées de cause à effet sont acceptées comme telles sans critique, même en l’absence de données scientifiques. Par exemple, il est fréquent de voir affirmer que “le raccourcissement des périodes de jachère, la baisse des rendements des cultures, l’augmentation des pénu-ries de riz, la pauvreté, l’érosion du sol et le déboisement ne pourront que s’accélérer si rien ne change, et entraîneront une catastrophe écologique et sociale dans le nord” (Hoey et al., 1987, cité par Hundloe,1994). Bien qu’elles aient une valeur scientifique limitée, de telles affir-mations sont des exhortations à in-tervenir, qui sont sans doute perçues comme telles par les chercheurs, les institutions donatrices et la commu-nauté internationale (Enters, 1994), mais peut-être pas par les bénéfi-ciaires qui ne se rendent pas compte qu’ils sont littéralement assis sur une bombe à retardement.

• Les bénéficiaires visés par la recher-che (dans le cas présent les agricul-teurs) sont souvent perçus comme constituant une partie du problème. On les considère comme conserva-teurs, réticents au changement et ignorants de la dégradation massive de leur environnement. De ce fait, on ne leur demande pas de contribuer à l’identification ou à l’analyse des problèmes, ni à la recherche de solu-tions. Cela est particulièrement vrai dans le cas de recherches quantita-tives rigoureuses. Ainsi, c’est plus l’offre (les chercheurs) qui déter-mine les travaux de recherche que la demande (les agriculteurs) (Nair, Enters et Payne, 1995).

• Les chercheurs connaissent souvent mal les conditions locales, les circons-tances, les possibilités et les con-traintes auxquelles les agriculteurs sont confrontés.

• On traite fréquemment les parcelles expérimentales correspondant aux “pratiques des agriculteurs” ou aux “pratiques traditionnelles” selon l’hypothèse inexacte que les utili-sateurs locaux des ressources ont des pratiques fixes et rigides, ce qui est encore plus erroné dans le contexte de la baisse de productivité.

Le seul rôle joué par les vulgarisateurs dans le cas décrit est celui de messagers à sens unique apportant les nouvelles tech-niques mises au point par les chercheurs aux villages cibles. Ainsi, les messages dont la valeur technique, du point de vue de nombreux agriculteurs, semblait discutable, n’ont circulé que dans un sens. En ce qui concerne les résultats, les périodes de jachère continuent à se raccourcir, et la conservation des sols et des eaux en tant que telle reste une faible priorité pour les agriculteurs.

La situation décrite dans l’exem-ple thaïlandais n’est pas unique. Les mêmes principes et les mêmes dilem-mes sous-tendent l’approche générale de la recherche et de la vulgarisation dans de nombreux autres pays. Beau-coup d’études de cas récentes mettent en lumière l’urgente nécessité de modifier le rôle et l’attitude des chercheurs et des vulgarisateurs (Clarke, 1994; Matose

Page 60: Revue internationale 226/227 › 3 › a1222f › a1222f00.pdf · 2007-08-17 · Organisation 226/227 des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture Revue internationale des

Unasylva 226/227, Vol. 58, 2007

1990s

60

et Mukamari, 1993; Hagmann, 1993; Murwira, 1994; Göricke, 1993). Ces dernières années, cependant, plusieurs nouvelles approches ont été inaugurées par des institutions tant gouvernemen-tales que non gouvernementales. Au Zimbabwe, par exemple, on a constaté que des activités pilotes menées dans le cadre de nouvelles approches basées sur la participation active des agriculteurs à la recherche et à la vulgarisation pou-vaient contribuer à réduire les obstacles qui empêchent d’appliquer les résultats de la recherche agricole et forestière, à augmenter les taux d’adoption des nouvelles techniques et, de ce fait, à améliorer l’aménagement des ressources naturelles et la sécurité alimentaire.

Par exemple, le projet sur les pratiques de labourage à des fins de conserva-tion est actuellement mis en œuvre par le Département des services agricoles, techniques et de vulgarisation du Zim-babwe (AGRITEX), avec un soutien de l’Office allemand de la coopération technique (GTZ). Ce projet a été lancé en 1988 en vue de mettre au point et à l’essai différents systèmes de labours à des fins de conservation. Au fur et à mesure du déroulement du projet, les agriculteurs ont pris une part prédo-minante à l’élaboration du programme de recherche, ce qui a eu pour résultat d’élargir la gamme d’activités envisa-gées afin d’englober, par exemple, les techniques agronomiques, biologiques et mécaniques de conservation des sols et des eaux, l’agroforesterie et divers autres

sujets que les agriculteurs considéraient comme pertinents. Ainsi, le projet, pré-cédemment axé sur la recherche, a vu son orientation considérablement modifiée en faveur de la vulgarisation.

Une approche de type participatif a été élaborée et mise à l’essai avec la collaboration des agriculteurs et des collectivités. Selon cette approche, les niveaux auxquels se prennent les déci-sions sont modifiés et les rôles des divers agents dans l’élaboration de la stratégie de conservation doivent être redéfinis. Le développement est compris dans un sens plus large et englobe le perfection-nement des techniques ainsi que des élé-ments socio-organisationnels. En outre, on n’applique des stratégies d’encoura-gement que lorsque c’est nécessaire, et elles ne sont pas considérées comme un élément faisant automatiquement partie de tout projet ou activité.

Le concept de participation à la mise au point et à la vulgarisation des innovations repose sur le dialogue, l’expérimentation par les cultivateurs et le renforcement des capacités des communautés rurales à s’organiser. La participation active des agriculteurs est la pierre angulaire de cette approche, qui ne doit pas être confondue avec la participation à des activités dont l’initiative vient de l’ex-térieur (comme c’est le cas pour les pro-jets de recherche dont l’initiative est

prise par des spécialistes). Cela signifie plutôt que les cultivateurs identifient eux-mêmes les problèmes et prennent ensuite l’initiative des activités. Ils peuvent demander le soutien d’autres agents compétents, et s’adresser eux-mêmes aux chercheurs, si nécessaire. Un des résultats, souvent sous-estimé, est de donner aux agriculteurs davan-tage confiance en eux-mêmes. Dans la majorité des cas, c’est indispensable pour qu’ils puissent innover davantage et se réorganiser afin de mieux assurer la conservation et la mise en valeur des ressources naturelles.

Stimuler l’expérimentation par les agriculteurs eux-mêmes s’est avéré utile pour associer les nouvelles techniques aux techniques traditionnelles appro-priées. Cela permet de mieux évaluer les possibilités et de concevoir différentes solutions applicables dans des contextes écologiques, économiques et sociocultu-rels spécifiques. En fin de compte, le but visé est de transformer une approche de la recherche et de la vulgarisation orientée vers la technologie en un système axé sur le produit et visant à permettre d’utiliser les ressources de façon durable.

La formation au rôle d’animateur et la promotion du dialogue et de la commu-nication, lors des réunions organisées dans les villages, se sont révélées très utiles pour améliorer la coopération entre tous ceux qui participent à la gestion des ressources naturelles et pour assurer la mise en commun des connaissances et la participation de tous les groupes, sans

Là où on ne pouvait pas faire pousser des bandes de graminées, on a planté des haies de Leucana et de pois cajan

T.E

NT

ER

S

Page 61: Revue internationale 226/227 › 3 › a1222f › a1222f00.pdf · 2007-08-17 · Organisation 226/227 des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture Revue internationale des

1990s

Unasylva 226/227, Vol. 58, 200761

-risation et au développement rural. Il ne faut pas non plus sous-estimer l’effet positif du renforcement des institutions locales et du rôle que joue la vulgari-sation entre les agriculteurs pour aider ceux-ci à avoir davantage confiance en eux-mêmes.

Le rôle traditionnel des vulgarisateurs était clair et bien défini. En tant que messagers, ils assuraient le lien entre la recherche et ses clients. Nombre d’entre eux considéraient qu’ils se trouvaient dans une situation semblable à celle d’un enseignant par rapport à ses élè-ves ou, pire, d’un enseignant par rapport à des enfants. Une approche de type participatif exige plus qu’un messager ou un enseignant. Le fait que le flux traditionnel des informations dans un seul sens explique à bien des égards les mauvais résultats des projets agricoles et forestiers ne fait plus de doute. Mais suffit-il de le remplacer par un système d’information à double sens, dans lequel les chercheurs constituent un deuxième groupe d’étudiants, auxquels les ensei-gnants – les vulgarisateurs – expliquent pourquoi les techniques qu’ils ont méti-culeusement mises au point ne présen-

Nous sommes d’avis que la clé pour trouver des solutions réelles (et non pas des réponses aux problèmes tels qu’ils sont perçus uniquement de l’extérieur) et pour mettre au point des innovations valables (par opposition à un ensemble de techniques standard) consiste en une approche de type participatif axée sur le renforcement des institutions locales, l’identification des besoins et l’établis-sement de priorités. Le rôle de messager ou d’enseignant n’est donc pas suffisant; pour mettre en route, soutenir et entrete-nir un processus de changement, il faut des facilitateurs.

Le nouveau rôle des vulgarisateurs ou facilitateurs est d’apporter aux agricul-teurs les connaissances fondamentales et les options technologiques nécessaires pour stimuler leurs discussions, et de les encourager à mettre en pratique, sur une base expérimentale, les nouvelles options et leurs propres idées. La vul-

garisation doit promouvoir les échan-ges entre agriculteurs au sujet de leurs expériences, ainsi qu’entre les cultiva-teurs et les autres agents concernés par la mise en valeur des ressources et le développement rural (par exemple, les chercheurs, les décideurs, etc.). Ainsi, les vulgarisateurs n’ont pas eux-mêmes le rôle de messagers, mais celui de faci-liter l’acheminement des messages. En renforçant les institutions locales, ils améliorent la communication entre les agents sociaux qui travaillent à l’inter-face du développement. Avec le temps, le rôle des facilitateurs sera redéfini et/ou repris progressivement par les dirigeants des collectivités.

Le nouveau rôle des vulgarisateurs est au contraire d’analyser les problèmes avec les agriculteurs et d’identifier les domaines qui nécessitent des recher-ches plus approfondies et le concours de techniciens spécialisés. Un programme de recherche est élaboré en fonction des problèmes des agriculteurs, en vue de trouver des solutions appropriées. Le plus important est sans doute de recon-naître que les agriculteurs, les vulga-risateurs et les chercheurs ont chacun leur propre domaine de compétence et doivent travailler ensemble, car c’est uniquement ainsi que l’on obtiendra une réponse optimale. Cette approche implique notamment qu’une proportion beaucoup plus grande des activités de recherche soit menée au niveau des exploitations et facilitée par la vulga-risation. Cela ne signifie pas qu’il n’y aura plus de place pour la recherche en tant que telle dans des conditions strictement contrôlées, mais plutôt que cette recherche doit être liée aux réalités concrètes et aux besoins.

Le fait de prendre de nouvelles direc-tions peut être profitable. Lorsque les agriculteurs participent activement à la recherche, les taux d’adoption des résultats augmentent; les agriculteurs ont même commencé à s’organiser et à définir des programmes et des objectifs de recherche. Ainsi, il y a des endroits au Zimbabwe où 80 pour cent des familles de cultivateurs mènent des activités de conservation des sols et des eaux sans recevoir aucun type d’encouragement, et

les agriculteurs se transmettent les uns aux autres la connaissance des nouvelles techniques sans qu’il y ait besoin d’un messager extérieur.

Ces faits montrent bien qu’il faut lier étroitement la recherche et la vulgarisa-tion, et faire en sorte que les bénéficiai-res deviennent des partenaires à égalité des activités de recherche, de diffusion et d’adoption des résultats. Cela néces-site une réorientation de la recherche elle-même et la définition d’un nouveau rôle pour les vulgarisateurs. Le proces-sus sera long et lent, et le soutien aux activités intensives de formation et de suivi sera nécessaire.

Les problèmes de conservation des res-sources, dans la plupart des cas, exigent plus que des technologies “supérieures” ou des pratiques «améliorées». Il faut donc un facilitateur capable d’apporter une aide à la fois sur le plan technique et pour les questions d’ordre directe-ment social. Il devra notamment aider à démanteler les structures hiérarchiques décourageantes; donner confiance en eux aux agriculteurs qui participent aux activités; et reconnaître et soutenir la vulgarisation entre agriculteurs.

Ainsi, la vulgarisation va au-delà de la simple communication d’une infor-mation. C’est une interaction constante avec les éléments de base que sont l’iden-tification et l’analyse des problèmes, la mise en commun des connaissances, la recherche de solutions, la diffusion des résultats et la mise en route d’ac-tivités.

Bibliographie

éd. 1994. Building on indigenous natural resource management: forestry practices in Zimbabwe’s communal lands.Harare, Zimbabwe, National Forestry Commission.

1992. Land degradation and resource conservation in the highlands of northern Thailand. The limits to econo-mic evaluations. Department of Forestry, Australian National University, Canberra. (Thèse de doctorat)

1994. Now you see it, now you

Page 62: Revue internationale 226/227 › 3 › a1222f › a1222f00.pdf · 2007-08-17 · Organisation 226/227 des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture Revue internationale des

Unasylva 226/227, Vol. 58, 2007

1990s

62

don’t: the effects of the ecocrisis theory on research. Document présenté à l’atelier IUFRO/FORSPA/CIFOR et FAO/RAPA sur les obstacles à l’application des résul-tats de la recherche forestière, 24-28 octo-bre 1994, Bangkok.

1995. The token line. Adoption and non-adoption of soil conservation practi-ces in the highlands of northern Thailand. Document présenté à l’atelier international sur la vulgarisation en matière de conser-vation des sols: concepts, stratégies, mise en œuvre et adoption. 4-11 juin, Chiang Mai, Thaïlande.

1993. An outline of experiences with community-level planning and deve-lopment in the framework of CARD Mas-vingo (Zimbabwe). Document d’informa-tion préparé pour la Conférence d’Arusha sur l’évaluation de nouvelles approches du développement rural. Programme CARD, Masvingo, Zimbabwe.

1993. Farmer participatory research in conservation tillage: approach, methods and experiences from an adaptive trial programme in Zimbabwe. In Pro-ceedings of the Fourth Annual Scientific Conference of the SADC Land and Water Management Programme. Gaborone, Botswana.

1984. Erosion and sedimentation in Thailand. Bangkok, Research Section, Watershed Management Division, Royal Forest Department.

1994. Conservation farming in northern Thailand. In D. James, éd. The application of economic techniques in envi-ronmental impact assessment, p. 143-181. Dordrecht, Pays-Bas, Kluwer Academic.

1978. Forestry aspects of land use in areas of swidden cultivation. In P. Kunstadter, E.C. Chapman et S. Sabhasri, éds. Farmers in the forest, p. 61-70. Hono-lulu, The University Press of Hawaii.

1993. Rural people’s knowledge and extension prac-tice: Trees, people and communities in Zimbabwe’s communal lands. In IIED Sustainable Agricultural Programme Research Series, 1(2), African Papers. Londres, IIED.

1994. Community-led initiati-ves. Appropriate Technol., 21(3).

1995. Rapport de l’atelier sur les obstacles à l’application des résultats de la recherche forestière. CIFOR Occasional Paper n° 5. Bogor, Indonésie, Center for International Forestry Research.

1987. Amount of runoff and soil losses from various land-use sampling plots in Sakol-nakorn Province, Thailand. In R.H. Swan-son, P.Y. Bernier et P.D. Woodard, éds. Forest hydrology and watershed mana-gement. Publication de l’AISH n° 167, p. 231-238.

1987. The TG-HDP approach towards sustainable agriculture and soil and water conservation in the hills of nor-thern Thailand. Document interne n° 80. Thai-German Highland Development Pro-gramme. Chiang Mai, Thaïlande.

-

1993. The role of soil conservation in agricultural sustainability on the sloping lands of Thailand. Document présenté à l’atelier international sur le développement agricole durable: concepts et mesures, qui a eu lieu à l’Asian Institute of Technology, Bangkok, 14-17 décembre.

1994. Assessment of sustainable highland agricultural systems. Natural Resources and Environment Program, Thailand Development Research Institute, Bangkok.

Page 63: Revue internationale 226/227 › 3 › a1222f › a1222f00.pdf · 2007-08-17 · Organisation 226/227 des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture Revue internationale des

Unasylva 226/227, Vol. 58, 2007

1990s

63

Internet et le développement rural: Les possibilités dans le domaine de la foresterie

D. Richardson

L’utilisation d’Internet s’est rapidement accrue dans les pays en développement, même

si cette expansion reste essentiellement un phénomène urbain. Les communautés rurales représentent «le dernier maillon de la conductivité», tant dans les pays en développement que dans les pays développés, en ce qui concerne l’accès aux services d’Internet et les connexions par télécommunication qui facilitent leur transmission. Les habitants des zones rurales sont généralement dans l’impossi-

ont accès leurs homologues des villes. Les initiatives d’Internet en matière de

développement rural doivent être abor-dées avec une certaine prudence. Il serait irréaliste de s’attendre à ce que les agri-culteurs moins privilégiés et les résidents des communautés rurales victimes de l’insécurité alimentaire inscrivent les ordinateurs et les services de télécom-munication numérique en tête de liste des articles dont ils ont besoin pour améliorer

Étude des possibilités d’utilisation d’Internet dans les domaines de la foresterie et du développement rural.

d’après No. 189, 1997

Don Richardson a écrit cet article en tant que professeur du Department of Rural Extension Studies à l’Université de Guelph, Canada.

Les utilisateurs d’Internet se sont accrus, passant de 40 à 100 millions à l’époque de cet article – il y a une décennie – pour atteindre environ 700 millions aujourd’hui. Avec la persistance du fossé numérique, le potentiel prévu il y a dix ans a-t-il été réalisé?

Les populations rurales et autochtones représentent

le «dernier maillon de la conductivité», tant dans les

pays en développement que dans les pays développés

Extrait de:

FAO

Page 64: Revue internationale 226/227 › 3 › a1222f › a1222f00.pdf · 2007-08-17 · Organisation 226/227 des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture Revue internationale des

Unasylva 226/227, Vol. 58, 2007

1990s

64

leurs conditions de vie. Il existe cepen-dant divers intermédiaires qui desservent ces populations qui, avec les petites et moyennes entreprises (PME) des zones rurales, pourraient tirer profit de ces technologies pour améliorer leur travail, développer la capacité de communica-tion, accroître les rendements et réduire les dépenses de télécommunication. Des organisations intermédiaires, comme les bureaux de vulgarisation locaux, les ONG rurales, les centres de santé, les bureaux-satellites des gouvernements et les organisations confessionnelles, peu-vent, avec les PME, offrir des avantages par divers moyens. Les stratégies visant à faciliter l’accès à Internet et son utilisa-tion pour promouvoir le développement rural nécessiteront la pleine participa-

Dans le cas d’activités de développement rural basées en fonction des circonstances locales, l’utilisation des applications d’Internet peut déboucher sur diverses réalisations:

• outils d’apprentissage, jeux éducatifs, réseaux de formation élaborés par les populations autochtones;

• réseaux interactifs d’information, de vulgarisation;

• réseaux d’information sur les marchés aux niveaux local, régional et national;

• programmes et réseaux d’enseignement à distance;

• réseaux pour l’action et la recherche participatives;

• réseaux interactifs de systèmes experts;

• réseaux de collecte et de diffusion des informations pour les systèmes d’alerte rapide;

• bases communes de données sur les programmes d’études et réseaux d’élaboration de programmes péda-gogiques;

• systèmes de mise en commun des recher-ches et de diffusion des informations;

• outils de formation; • réseaux de développement des petites et

moyennes entreprises et mécanismes de commercialisation;

• réseaux de médias ruraux (par exemple radios rurales, bulletins);

• réseaux de diffusion des connaissances des populations autochtones;

• réseaux d’action pour le suivi des mala-dies et des ravageurs (des végétaux et des animaux).

tion des organisations intermédiaires et des autres parties prenantes rurales. Cet article attire l’attention sur les pos-sibilités qu’offre Internet pour faciliter les initiatives de développement rural et, plus particulièrement, celles liées à la foresterie.

Aujourd’hui nous vivons réellement dans un village global, mais ce village se compose d’une minorité d’individus ayant accès à l’information et d’un grand nombre d’individus n’ayant pas accès à

sans précédent dérivant des transforma-tions de l’économie mondiale, des contex-tes politiques dynamiques, de la dégrada-tion de l’environnement et des pressions démographiques, et pour prendre les décisions qui s’imposent, il est indis-

pensable que toutes les couches sociales de la population – plus particulièrement les victimes de l’insécurité alimentaire et les organisations qui les soutiennent et les représentent – puissent accéder aux informations critiques et communiquer.L’amélioration des communications et l’accès à l’information sont directement liés au développement économique et social (Tallero et Gaudette, 1995).

Internet est un outil polyvalent, un moyen de communication qui est proba-blement le plus souple de tous ceux dont on dispose aujourd’hui. Il peut être inté-gré dans une vaste gamme d’initiatives axées sur des objectifs tels que la parti-cipation locale, la formation, l’éducation, la recherche (notamment la recherche participative), le soutien technique et le renforcement institutionnel. Ainsi, diver-ses initiatives peuvent trouver leur place dans les applications d’Internet, depuis la formation aux techniques d’exploi-tation forestière, jusqu’à la foresterie communautaire et l’élaboration de critè-res et d’indicateurs pour l’aménagement durable des forêts.

Aujourd’hui, Internet est un réseau au service de tous. Quiconque possède un équipement informatique de base et une ligne de téléphone peut se connecter au réseau, communiquer à travers lui, y stocker des informations et le consul-ter. A la différence de nombreux autres médias tels que la télévision et la radio, toute personne qui utilise cet outil peut produire des informations et échanger ses connaissances. On ignore le nombre exact d’utilisateurs d’Internet, mais les estimations varient entre 40 et 100 mil-lions de personnes.

Internet est un outil bon marché, puis-sant, décentralisé et au service de la société civile. Ce réseau a le pouvoir d’effacer les distances géographiques et sociales et d’aider les gens à trouver de nouveaux moyens pour faciliter la circu-lation des informations et du savoir. Au sein des organisations bureaucratiques, il permet de gommer les hiérarchies, de faciliter de nouveaux modes de com-munication et d’aider à mettre en place des activités irréalisables autrement (Negroponte, 1995).

Dans le cas d’activités de développement rural basées en fonction des circonstanceslocales, l’utilisation des applicationsd’Internet peut déboucher sur diversesréalisations:

• outils d’apprentissage, jeux éducatifs, réseaux de formation élaborés par les populations autochtones;

• réseaux interactifs d’information, de vulgarisation;

• réseaux d’information sur les marchés aux niveaux local, régionalet national;

• programmes et réseaux d’enseignementà distance;

• réseaux pour l’action et la recherche participatives;

• réseaux interactifs de systèmesexperts;

• réseaux de collecte et de diffusion desinformations pour les systèmes d’alerterapide;

• bases communes de données sur lesprogrammes d’études et réseauxd’élaboration de programmes péda-gogiques;

• systèmes de mise en commun des recher-ches et de diffusion des informations;

• outils de formation;• réseaux de développement des petites et

moyennes entreprises et mécanismes decommercialisation;

• réseaux de médias ruraux (par exempleradios rurales, bulletins);

• réseaux de diffusion des connaissancesdes populations autochtones;

• réseaux d’action pour le suivi des mala-dies et des ravageurs (des végétaux etdes animaux).

Gamme possible des activités et des réalisations des projets

Page 65: Revue internationale 226/227 › 3 › a1222f › a1222f00.pdf · 2007-08-17 · Organisation 226/227 des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture Revue internationale des

Unasylva 226/227, Vol. 58, 2007

1990s

65

L’utilisation d’Internet à l’appui du développement agricole et rural s’arti-cule autour de cinq grandes catégories d’applications: développement écono-mique des producteurs agricoles; déve-loppement communautaire; recherche/éducation; développement des PME; et réseaux des médias. Les sections suivan-tes explorent ces domaines en soulignant, le cas échéant, leur application effective ou potentielle à la foresterie.

Lorsque d’importantes organisations de petits producteurs canalisent ces connais-

-tégie pour que leurs membres puissent

meilleures installations d’entreposage, de liaisons de transport améliorées et participer à des négociations collectives avec les acheteurs. Internet est un outil qui peut faciliter la circulation de ces informations. Il permet de communi-quer et d’accéder aux informations au niveau mondial, pour un prix dérisoire. Les services locaux d’Internet peuvent être gérés facilement par des groupe-ments d’utilisateurs et des associations d’agriculteurs bien organisés. L’informa-tion et les analyses peuvent être ajustées aux besoins et aux réalités, en matière de communication et de connaissances, des populations locales, régionales et nationales. Associés à des systèmes d’in-formation sur les marchés nationaux et mondiaux, les systèmes locaux d’In-ternet, qui permettent de communiquer rapidement avec des acheteurs potentiels et des courtiers, deviennent de précieux

et la prise de décisions. Les centres d’information communau-

taires et les organisations d’agriculteurs peuvent aussi rassembler les informa-tions qui circulent sur Internet et les diffuser par l’intermédiaire de la radio ou de la presse locales et d’autres réseaux et outils locaux d’échange d’informa-

tions. Par exemple, les cours du jour et les nouvelles concernant l’agriculture peuvent être affichés dans les coopéra-tives, les magasins locaux, les centres de transport, les marchés agricoles et les points de rassemblement des col-lectivités. Il est possible de rédiger de simples bulletins avec les informations qui circulent sur Internet et de les distri-buer aux membres des organisations de paysans. Intégré avec d’autres moyens d’information, Internet peut être une source d’informations précieuse et un outil de recherche puissant.

Les services offerts par Internet sont également précieux s’ils sont exploi-tés par des organisations axées sur le développement rural qui se chargent de transmettre les communications locales, directement ou à titre d’intermédiaire. Tout en donnant des informations sur les marchés. ces services peuvent aussi être utilisés:

• pour mettre au point des services créatifs et des applications appro-priés aux conditions locales;

• pour donner des informations sur les stratégies de développement qui ont fait leurs preuves;

• pour favoriser des efforts d’organi-

nal, national et mondial (l’utilisation d’Internet comme outil de commu-nication mondial et d’organisation à Chipais. au Mexique. est un excellent exemple à cet égard);

• pour faciliter l’accès à une vaste gamme de ressources d’information, de formation, de recherche et en-seignement (notamment services d’enseignement à distance) qui ne sont généralement pas disponibles dans les zones rurales et reculées, par suite du prix élevé des documents imprimés et des livres;

• pour permettre aux jeunes ruraux d’apprendre l’informatique et d’accéder aux technologies et aux informations dont disposent leurs homologues urbains;

• pour permettre à des professionnels exerçant en milieu rural, tels que médecins, agents sanitaires. tech-niciens et ingénieurs d’accéder à des

informations techniques cruciales. et les encourager encore davantage à continuer à exercer leur profes-sion dans les communautés rurales éloignées;

• comme outils de commercialisation pour promouvoir le tourisme rural et vendre les produits des petites indus-tries secondaires et des entreprises familiales;

• pour permettre aux ONG locales d’être présentes dans le monde en-tier et d’entrer plus facilement en contact avec des donateurs et des

publication en ligne des ressources et des informations et à l’utilisation du courrier électronique; et

• pour sensibiliser les décideurs urbains aux réalités et aux besoins des populations rurales.

Les communautés de recherche natio-nales, régionales et internationales manifestent un intérêt croissant pour les stratégies «de recherche participative» (Chambers et Gujit, 1996; FAO, 1995a et 1995b). Ces stratégies mettent les agri-culteurs et les habitants des zones rurales au centre du processus de recherche et leur donnent la possibilité d’enrichir leur bagage de connaissances et de le partager entre eux, ainsi qu’avec des agents de terrain, des chercheurs et des décideurs. Pour les organisations s’occupant de recherche participative, en tant que chefs de file ou d’intermédiaires, l’utilisation d’Internet peut représenter une méthode rentable pour transcrire et mettre en com-mun les enseignements dégagés et les résultats des recherches.

Internet permet aussi de renforcer les liens entre les diverses organisations d’agriculteurs. leurs membres, les vul-garisateurs, les chercheurs et les déci-deurs.

Le prix du matériel d’enseignement imprimé dans les pays en développe-ment est généralement si élevé que les étudiants et les membres des facultés ont beaucoup de mal à acheter des livres et des journaux. En outre, il faut parfois si longtemps pour faire venir du maté-riel imprimé de l’étranger que certaines informations sont dépassées à leur arri-

Page 66: Revue internationale 226/227 › 3 › a1222f › a1222f00.pdf · 2007-08-17 · Organisation 226/227 des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture Revue internationale des

Unasylva 226/227, Vol. 58, 2007

1990s

66

vée. Or, toute information publiée en ligne, via Internet, est accessible pres-que instantanément et pour une fraction minime du prix d’achat des documents imprimés. Sur Internet, l’information est facilement accessible et les habitants des zones éloignées peuvent consulter rapidement les listes des documents conservés et étudier ceux qui les inté-ressent.

Des services d’enseignement électro-nique à distance sont déjà en fonction en Amérique du Nord, en Australie et en Europe (en particulier parmi les popula-tions des zones rurales), et comme l’ac-cès à Internet ne cesse de se développer dans les pays en développement, tout porte à croire que ce type de services suscitera une demande importante. Des partenariats d’enseignement à distance (mais aussi d’enseignement traditionnel) entre les universités du Nord et du Sud (comme ceux qui lient l’Université de Guelf à des universités du Cameroun et de l’Inde pour élaborer des programmes de formation à distance à l’intention des vulgarisateurs) se sont révélés avanta-geux pour les institutions concernées. Avec le concours des outils d’Internet, ces partenariats peuvent être renforcés et les ressources éducatives d’Internet peuvent être développées en coopéra-tion à travers les océans afin que des participants des nations en développe-ment puissent les utiliser. Bien entendu, ce processus peut aussi fonctionner en sens inverse, pour permettre aux étu-diants de la région Nord de parfaire leurs connaissances sur la situation, les défis, les possibilités et le développement des connaissances de la région Sud.

Globalement, Internet offre des possi-bilités notables pour renforcer les rela-tions d’apprentissage et de recherche entre les chercheurs, les universitaires et les étudiants où qu’ils se trouvent. La liste des applications potentielles est sans fin et des milliers de liaisons infor-melles de ce type se tissent chaque jour dans les groupes de discussion d’Inter-net. Des organismes de développement comme la FAO peuvent contribuer à leur donner un caractère officiel et à fournir des titres et des diplômes à ceux qui participent à des initiatives spécifiques d’enseignement électronique dispensées via Internet.

Des entreprises du secteur privé, gran-des et petites, passent par Internet pour atteindre de nouveaux marchés, pro-mouvoir des produits et des services au niveau mondial et accéder à des infor-mations critiques d’ordre financier et professionnel.

De nombreux pays en développement, comme la Malaisie (Conseil malaisien du bois) et le Ghana (Bureau pour le dévelop-pement des exportations de bois), uti-lisent Internet pour promouvoir leurs activités de production ligneuse.

Le secteur du tourisme a rapidement compris les avantages qu’il pouvait tirer d’Internet pour promouvoir des destinations, des tours et des program-mes de vacances. Les sites Web sont particulièrement intéressants pour l’«écotourisme», les réserves de chasse et les safaris en Afrique australe où le tou-risme rural est un secteur en expansion. Dans les zones rurales isolées, les opé-rateurs touristiques ont du mal à vendre leurs destinations par l’intermédiaire des médias traditionnels en raison des coûts de publication et de distribution élevés. Internet représente à présent pour eux un moyen très économique de faire connaî-tre par l’image leurs sites au monde entier et d’établir un dialogue interactif avec des touristes potentiels.

Dans les pays en développement, les médias ont aussi été au premier plan des applications d’Internet. Par exemple, en Zambie, les deux quotidiens nationaux publient chaque jour leur journal sur le Web (http://www.zamnet.zm), ce qui permet aux Zambiens expatriés de par le monde d’accéder aux nouvelles locales. Ces expatriés peuvent participer à des groupes de discussion électronique pour débattre de l’actualité du jour entre eux et avec leurs homologues vivant en Zambieconnectés à Internet. Un groupe de dis-cussion contacté par l’auteur a produit au moins 30 messages électroniques par jour! Dans pratiquement tous les pays en développement, il existe des groupes de discussion électronique similaires à l’intention des expatriés et des res-sortissants nationaux, qui représentent un moyen, relativement peu exploité, à

travers lequel des membres de la société civile peuvent exprimer leurs points de vue, leurs idées sur les politiques et les initiatives de développement.

En plus des applications qui viennent d’être citées dans les domaines des médias et de l’information, des organi-sations comme Inter Press Service (IPS) Third World News Agency (http://www.ips.org) utilisent aussi Internet pour publier des articles écrits par des auteurs locaux dans les pays en développement et les communiquer à des services

comme Associated Press. IPS peut aussi fournir, via Internet, des informations

accès aux nouvelles provenant de tout le continent. Cela est particulièrement intéressant pour des stations de radio rurales et d’autres éditeurs de journaux et de bulletins ruraux qui ne pourraient pas, sans cela, obtenir ces informations auprès d’autres sources. Des journalis-tes ruraux peuvent aussi passer par IPS pour faire connaître leurs articles aux niveaux régional, national et mondial. Des stratégies Internet de ce type pour les réseaux radiophoniques ruraux, pouvant aussi englober des transmissions audio-numériques, verront vraisemblablement le jour d’ici peu.

«La révolution de l’information offre à l’Afrique une formidable possi-bilité de faire un bond technologi-que dans le futur, et de clore avec des décennies de stagnation ou de déclin. L’Afrique doit saisir cette opportunité sans attendre. Si les pays africains ne parviennent pas à tirer profit de la révolution de l’infor-mation et à surfer sur cette grande vague de changements technologi-ques, elle risque de les écraser. Cela ne ferait probablement qu’accentuer leur marginalisation et leur retard économique.»

Internet ne représente pas la panacée pour le développement rural, mais il pro-cure de nouveaux moyens d’information et peut ouvrir de nouveaux canaux de communication pour les communautés rurales. Il offre des moyens de combler

Page 67: Revue internationale 226/227 › 3 › a1222f › a1222f00.pdf · 2007-08-17 · Organisation 226/227 des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture Revue internationale des

Unasylva 226/227, Vol. 58, 2007

1990s

67

le fossé entre les professionnels du déve-loppement et les populations rurales en créant une interaction et un dialogue, de nouvelles alliances, des réseaux interper-sonnels et des liaisons intersectorielles entre les organisations. Il peut créer des mécanismes qui favorisent la démarche ascendante et le partage du savoir local. Il présente plusieurs avantages: utilisa-tion plus rationnelle des ressources de développement, réduction des activités qui font double emploi, diminution des dépenses de communication et accès mondial à l’information et aux ressour-ces humaines.

Internet peut aider à donner aux popu-lations les moyens d’information et de communication dont elles ont besoin pour atteindre leurs buts et leurs objec-tifs de développement, mais il doit être adapté aux contextes humains et vu comme un outil de communication et non pas simplement comme une «tech-nique d’information» statique ou comme un média électronique à sens unique. À défaut, les outils d’Internet seront relégués au dépotoir des technologies de développement inappropriées ou abandonnées faute d’avoir réussi à en faire un outil de communication adapté et utile au niveau local. Si, par exemple, nous ne mettons pas à la disposition des populations qui vivent à l’intérieur ou à proximité des zones forestières (ainsi qu’à ceux qui décident des grandes orien-tations aux niveaux national et interna-tional) les données d’information (sous forme accessible) dérivées de systèmes d’évaluation des ressources forestières basés sur des techniques de pointe, nous

investissements dans les infrastructures et nous n’aidons pas les populations à prendre des décisions appropriées sur la base de ces informations précieuses. Bien entendu, Internet n’est pas le seul outil de communication que l’on puisse utiliser et la radio et la télévision offrent des possibi-lités identiques, sinon plus grandes, tout au moins pour l’instant. Nous devons éviter de contribuer à creuser le fossé entre les personnes informées (experts, univer-sitaires, chercheurs, décideurs, etc.) et celles qui n’ont pas accès à l’information (habituellement les bénéficiaires ultimes des travaux de développement) en créant des applications d’Internet uniquement

destinées à l’élite des chercheurs et des bureaucrates. Nous devons en particulier nous efforcer de trouver des moyens de rapprocher (aux sens social et géo-graphique du terme) les producteurs de connaissances, comme les chercheurs et les décideurs, des autres producteurs de savoir qui sont moins reconnus et qui sont les bénéficiaires ultimes de leurs programmes de développement.

Les premiers utilisateurs d’Internet dans les pays en développement ont prouvé qu’ils étaient capables de créer des servi-ces locaux d’excellente qualité et des sources de connaissances appropriées aux conditions locales. Cependant, sans un appui des organismes de développement, leurs efforts risquent de ne jamais pouvoir répondre aux besoins de ceux qui vivent dans des communautés rurales.

En vertu de son mandat, qui est de contribuer à améliorer les conditions de vie des populations rurales et de favoriser un développement durable de l’agriculture, la FAO a un rôle important et historique à jouer en garantissant que les avantages d’Internet et des technolo-gies d’information et de communication atteignent les parties prenantes rurales et agricoles. Plusieurs organisations de développement appuient actuellement l’expansion des services Internet gérés par les populations autochtones dans les pays en développement. Des pro-jets pilotes de la FAO, mis en œuvre en liaison avec des organisations rurales et agricoles locales, peuvent contribuer à garantir que les communautés rurales continuent à participer aux initiatives Internet régionales et nationales.

En adoptant une stratégie productive et en prenant des mesures pour mettre Internet à la portée des communautés agricoles et rurales des pays en dévelop-pement, on contribuera à donner aux populations rurales les moyens de faire face aux défis sans précèdent dérivant des transformations de l’économie mon-diale, des réformes des politiques, de la dégradation de l’environnement et des pressions démographiques. Pour relever ces défis et pour prendre les décisions qui s’imposent, il est indispensable que tou-tes les couches sociales de la population, et plus particulièrement les personnes victimes de l’insécurité alimentaire et les organisations qui les soutiennent et

les représentent puissent accéder aux informations critiques et communiquer. L’amélioration des communications et l’accès à l’information sont directement liés au développement social et écono-mique (Tallero et Gaudette, 1995).

Nous devons, sans attendre, interve-nir pour promouvoir le développement des systèmes de connaissances et de communication d’Internet dans les pays en développement. Aujourd’hui nous vivons réellement dans un village global, mais ce village se compose d’un groupe privilégié d’individus informés et d’un grand nombre d’individus qui n’ont pas accès à l’information. Avec les nouvelles technologies dont nous disposons, nous avons la possibilité de changer cet état de choses.

Bibliographie

1996. Increasing Inter-

net connectivity in sub-Saharan Africa.

Washington.

1996. “PRA

– five years later: Where are we now?”

World Wide Web publication of the Forest

Trees and People Network (http://trees

and people.irdc.slu.se/welcome.html) of

the International Development Research

Center (http://www.idrc.ca), l’Université

suédoise des sciences agricoles d’Uppsala

(Suède) (http://www.slu.se/) et l’Unité

de foresterie communautaire de la FAO

(http://www. fao.org/waicent/forestry.

htm).

1995a. Farmer-first approaches to

communication: a case study from the

Philippines. Rome.

1995b. Understanding farmers’ com-

munication networks: an experience in the

Philippines. Rome.

1995. Being digital. Hodder

& Stoughton, Londres.

1995. Harnessing

information for development: a proposal

for a World Bank group vision and stra-

tegy. Banque mondiale, Washington.

Page 68: Revue internationale 226/227 › 3 › a1222f › a1222f00.pdf · 2007-08-17 · Organisation 226/227 des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture Revue internationale des

Unasylva 226/227, Vol. 58, 2007

1990s

68

forestier – Concepts nouveaux issus du pluralismeJ. Anderson, J. Clément et L.V. Crowder

Regroupés à l’origine sous une unique autorité technique (tout en admettant parfois l’existence

de «partenaires»), le développement rural et forestier est en évolution vers des valeurs et des objectifs qui se révèlent «multiples, conditionnels, incompatibles et incommensurables» (Daniels et Walker, 1997) (voir exemples dans l’encadré).

Le pluralisme a des racines philosophiques et politiques solidement ancrées, même si

Utiliser le pluralisme pour mieux comprendre le dynamisme du développement rural et forestier durable.

-

-

-

-

d’après No. 194, 1998

Lorsque cet article a été publié, Jon Anderson était chargé de la vulgarisation forestière et Jean Clémentdirecteur de la Division des ressources forestières, Département des forêts de la FAO. Loy Van Crowder était fonctionnaire principal (communication pour le développement), Division de la vulgarisation, de la recherche et de la formation, Département du développement durable, FAO, Rome. Anderson travaille maintenant avec l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID). Clément est décédé en 2003 (voir Unasylva n° 213, p. 63). Crowder est encore membre du personnel de la FAO.

L’un des articles les plus cités d’Unasylva examine le terme, alors tout nouveau, de “pluralisme” qui reconnaît qu’en gestion forestière plusieurs groupes pourraient avoir un intérêt pour les forêts mais avec des points de vue conflictuels –encore que valables.

Page 69: Revue internationale 226/227 › 3 › a1222f › a1222f00.pdf · 2007-08-17 · Organisation 226/227 des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture Revue internationale des

1990s

Unasylva 226/227, Vol. 58, 200769

techniques et des méthodes appliquées à l’aménagement durable des forêts.

La foresterie et le développement rural sont de plus en plus caractérisés par différents types d’organisations et de groupements qui, bien que s’intéressant aux mêmes ressources, agissent souvent de manière autonome et ont des perceptions, valeurs, objectifs ainsi que des systèmes de connaissances différents, voire parfois divergents. En outre, ces groupes prétendent tous avoir un rôle légitime dans les processus décisionnels concernant la gestion des ressources naturelles. Ces différences semblent désarmer toutes les tentatives traditionnelles visant à dégager un consensus et un accord.

Le pluralisme est parfois considéré comme synonyme de diversité, ou encore de pluralité. L’existence de nombreuses organisations dans les activités de vulgarisation rurale ou forestière ne correspond pas forcément à une situation pluraliste car ces groupes peuvent en réalité ne pas être indépendants et autonomes.

Il peut s’avérer utile de considérer le pluralisme en opposition à deux autres doctrines apparemment opposées. L’une part du principe qu’il n’y a qu’un seul et unique système rationnel et acceptable de foresterie et de développement rural durables. C’est l’hypothèse qui se cache derrière «l’autorité experte», telle que le service forestier national, qui impose sa propre conception de gestion des ressources naturelles. L’autre postulat soutient que toutes les valeurs sont fondées sur les circonstances, qu’elles

construites par la société. Par conséquent, dans une situation donnée, une valeur ou un système de valeurs particulier peut avoir la priorité sur d’autres. Les deux doctrines sont critiquables en ce sens qu’elles n’offrent pas des cadres opérationnels ou analytiques entièrement satisfaisants; la première, parce qu’elle est trop dogmatique et ne peut aisément être adaptée à un vaste éventail d’opinions et de préférences; la seconde, parce qu’elle ne fournit aucun critère d’évaluation et risque, de ce fait, l’anarchie (Daniels et Walker, 1997). Le pluralisme, en revanche, reconnaît qu’il n’y a aucune solution technique absolue et unique au problème de la gestion des ressources

FAO

Participants à l’atelier FAO sur le pluralisme et la foresterie durable pour le développement rural, décembre 1997

FAO

le terme est assez récent (Clément, 1997). En tant que concept, le pluralisme recon-naît l’existence inéluctable de positions divergentes, souvent antagoniques, sur une question de fond allant de la politique à la gestion des écosystèmes (Rescher, 1993; Clément, 1997). Le pluralisme décrit des situations dans lesquelles des groupes distincts sont activement autonomes et indépendants, mais sou-vent interdépendants, avec leurs propres revendications et prises de position légi-

times et différentes sur des questions de fond déterminantes. Ces différences se fondent sur des valeurs, des perceptions, des objectifs et des connaissances dis-tincts. Le pluralisme désigne l’interaction dynamique entre les différentes idéolo-gies, organisations et intérêts. Si on l’applique de façon théorique à la for-esterie et au développement rural, le pluralisme peut aider à mieux appréhender certaines situations organisationnelles et à améliorer l’évaluation et l’utilisation des

Page 70: Revue internationale 226/227 › 3 › a1222f › a1222f00.pdf · 2007-08-17 · Organisation 226/227 des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture Revue internationale des

Unasylva 226/227, Vol. 58, 2007

1990s

70

naturelles et qu’il existe une multitude de valeurs et d’objectifs, mais qu’il faut tout de même une comptabilité. Il rejette également l’idée que les divergences d’opinion sont toujours et exclusivement le fruit de l’ignorance et d’intérêts particuliers.

compte du pluralisme dans le cadre de la foresterie et du développement rural durables. En premier lieu, de nouveaux groupes et de nouveaux organes de discus-sion sont nés ou font l’objet d’une meil-leure visibilité. Le monde entier prend davantage conscience du rôle des grands groupes s’occupant de développement durable, la Conférence des Nations Unies sur l’environnement et le développement (CNUED), qui s’est tenue en 1992, en étant probablement l’exemple le plus pat-ent et le plus récent, même si elle a davan-tage décrit des catégories d’acteurs plutôt que reconnu la dynamique des groupes autonomes et indépendants et l’évolution des processus décisionnels. Certains groupes exercent leur droit de préemption

– voire élaborent – des politiques inter-nationales et nationales et administrent des systèmes de ressources naturelles (par exemple les parcs) dans certains pays. Les Programmes forestiers nationaux et le Forum intergouvernemental sur les forêts sont des exemples de plates-formes déjà existantes ou naissantes impliquant de multiples parties intéressées à la gestion des ressources naturelles.

Un certain nombre de tendances politiques, sociales et économiques sont en train de renforcer l’avènement d’acteurs et de groupements autonomes et partant, de stimuler l’intérêt dans les démarches pluralistes et la connais-sance de l’aménagement des ressources naturelles.

Évolution des régimes de propriété de la forêt/base de ressources naturelles. Les ré-gimes de propriété forestière sont en pleinetransformation dans certaines régions notamment l’Europe centrale et orientale. la Communauté des états indépendants (CEI) et certaines parties de l’Asie, pas-sant d’un unique propriétaire (l’État, avec des objectifs relativement uniformes) à un véritable morcellement entre des centaines de milliers de petits propriétaires ayant des objectifs différents. En Europe centrale et orientale, il y a plus d’un million de nouveaux propriétaires de forêts depuis 1990 (FAO. 1997). Dans de nombreux cas ceux-ci s’organisent en groupements et associations indépendants.

Décentralisation. On note l’émergence d’un nombre croissant de pouvoirs locaux politiques et administratifs moins assujet-tis à l’autorité centrale. dont les résultats sont mitigés. Par exemple, en Bolivie

les municipalités jouent désormais un rôle décisionnel beaucoup plus important pour ce qui est de l’utilisation des ressources

qui a un effet direct sur l’aménagement durable des forêts (Kaimowitz, 1997). En Inde en revanche, la décentralisation semble avoir fait naître une rivalité entre les secteurs gouvernementaux (technique et administratif) se disputant l’autorité d’accorder «des forêts communautaires», créant un climat de confusion (voire de

Démocratisation et multipartisme. Le

à parti unique fait place à une multitude de partis politiques poursuivant des politiques et des objectifs divers – par-fois très concernés par les problèmes d’environnement.

Réduction et transfert des responsabili-tés. Les gouvernements du monde entier

diminuer leur part de responsabilités et à ne conserver le contrôle que sur les fonc-tions de base telles que l’élaboration des

l’application effective des lois et le suivi. D’où la délégation des autres fonctions aux organisations non gouvernementales aux organismes du secteur privé, etc.

Transitions démographiques. Du fait de l’urbanisation croissante dans le monde entier et du transfert des offres d’emplois des zones rurales vers le secteur urbain parallèle, on assiste à une évolution des

J.M. M

ICA

UD

/FAO

Chargement de bois d’œuvre industriel dans le

cadre d’un projet de la FAO au Pérou, visant à améliorer les moyens de subsistance

des populations locales

Page 71: Revue internationale 226/227 › 3 › a1222f › a1222f00.pdf · 2007-08-17 · Organisation 226/227 des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture Revue internationale des

1990s

Unasylva 226/227, Vol. 58, 200771

FIGURELes divers produits et services fournis par

entre les utilisateurs et les groupes d’intérêts

PRODUITS ANIMAUX

Autres animaux sauvages

Insectes

Produits dérivés des insectes

ParfumsEngrais

Poissons

InsectosNourriture

Mammifères

Oiseaux

Reptiles

InsectosInsectos

PRODUITS VÉGÉTAUX

Insectos

FONCTIONS DES SERVICES

Améliorationdes sols

Loisirs

Produits fibreux

Écotourisme

Parfums

Vins

Champignons

HorticultureMédicaments

Produits d’extraction

Paysages

Parcs etréserves

Emploi

Commerce desanimaux vivants

Pollinisation

Herbes

Autres plantessauvages

Protection des bassins versants

Pâturages

Protectiondes plantes

Nourriture

Feuillage

Patrimoine

Page 72: Revue internationale 226/227 › 3 › a1222f › a1222f00.pdf · 2007-08-17 · Organisation 226/227 des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture Revue internationale des

Unasylva 226/227, Vol. 58, 2007

1990s

72

perceptions des intérêts et des objectifs de gestion forestière.

Séparation des fonctions.pour une institution unique de gestion des ressources naturelles de faire concorder

entre les différentes fonctions (par ex-emple conservation et production, ou exé-cution et suivi), ainsi que les incohérences naissant du fait qu’une organisation est à la fois «juge» et «juré» a porté, dans certains cas, à la séparation des fonctions par réforme institutionnelle et au morcel-lement des organisations.

L’étude de l’éventuelle contribution du pluralisme à la gestion des ressources naturelles s’explique aussi par le mécon-tentement issu de l’état actuel des choses. La gestion exclusive d’«organismes uniques», qu’il s’agisse du gouvernement, du secteur privé, d’une ONG ou d’une communauté locale, s’est révélée souvent inadéquate:

• Le contrôle du gouvernement sur les ressources forestières, dans de nombreux cas, ne s’est pas traduit par un aménagement durable, commele montrent les forêts classées d’Afrique qui n’existent que sur le papier;

• Les domaines et concessions fores-tiers privés ont parfois été endom-magés ou mal gérés, sacrifiant la viabilité aux profits à court terme;

• Les ONG directement impliquées dans les systèmes de gestion des ressources naturelles, en particulier dans la gestion des parcs et des aires protégées, se sont retrouvées en con-flit à la fois avec les intérêts locaux divergents et les gouvernements.

Le transfert de la gestion forestière aux organisations de ruraux et aux communau-tés locales a souvent été entravé et n’a pas toujours été couronné de succès. «Même lorsque leur rôle est renforcé, les organisa-tions communautaires rencontrent encore

aux administrations locales et régionales, au manque d’outils technologiques et à la pénurie de capitaux et aux intérêts locaux ne se rapportant pas à la commu-nauté» (IRG, 1997). L’hétérogénéité des communautés et l’importance des liens entre les villages sont souvent négligées. La gestion par des groupements locaux

organisations ne peut, en soi, garantir un aménagement durable.

Les gouvernements (ou tout autre organe unique dominant) tentent souvent de faire participer d’autres groupes à la gestion des ressources naturelles et d’introduire des processus participatifs, en particulier face à la pression politique et sociale, aux mesures d’austérité, à la décentralisation et à la privatisation et, parfois, en reconnais-sant les échecs passés et les exemples de gestion participative réussie par d’autres organisations. Toutefois, le succès de certaines «approches participatives» a été limité et sporadique. Un exemple des États-Unis atteste l’échec de certains processus de participation/consultation du public:

«Les mécanismes de participation du public adoptés par le Service forestier

entre l’organisme et les électeurs...

forestier et les électeurs au sujet de la gestion des forêts nationales donne à penser que ces mécanismes publics ne

-ment de méthode plus radical – une nouvelle forme politique permettant à la gestion forestière de devenir véritable ment participative... L’échec de cette dé-marche est dû à l’adoption par le Service forestier d’une relation de “technocratie bénévole” avec les communautés locales, par laquelle il s’efforce d’administrer les forêts et le développement forestier en leur nom plutôt qu’en créant ensemble

(Henderson et Krahl, 1996).Certaines critiques d’exemples de Ges-

tion commune des forêts en Inde sug-gèrent que les organisations ou comités locaux ne sont souvent guère plus qu’un mandataire pour le Service forestier, c’est-à-dire qu’ils ne sont pas autonomes ni indépendants, et que le Service forestier continue à contrôler des aspects comme la distribution des avantages (Hildyard et al., 1997). Des contradictions naissent égale-ment lorsque les gouvernements essaient de créer ou de renforcer de nouveaux partenariats par le biais de la formation technique, comme pour la constitution de pépinières, ce qui se traduit encore

une fois par des mandataires servant à satisfaire les objectifs du gouvernement, et non pas par une responsabilisation ou un «nivellement du terrain».

Même lorsqu’il existe une véritable volonté de participation, une simple asso-ciation entre le gouvernement et les com-

assurer un aménagement des forêts et un développement rural durables. Il faut sou-vent un ensemble d’organisations, sans qu’aucun organisme ou groupe unique ne contrôle tous les aspects du régime de gestion des ressources naturelles. Par exemple, une analyse a indiqué la néces-sité d’au moins trois types d’organisations – services gouvernementaux, groupes et communautés locales et un intermédiaire, souvent une ONG – dans le processus de développement (Roling, 1988).

La logique du pluralisme, appliquée à la gestion des ressources naturelles, laisse penser que le consensus sur les questions de fond, telles que la gestion des ressources naturelles pour le développement rural, est hautement improbable ou, au mieux, partiel et temporaire. Certaines tentatives visant à dégager un consensus obtiennent l’effet opposé et renversent le processus de participation. Dans certains cas, les servi-ces forestiers gouvernementaux ont formé des comités forestiers de village qui ne sont ni indépendants ni autonomes, guère plus que des manifestations locales de l’État. Le «consensus» est obtenu par l’imposition de la manière de voir le service forestier comme une sorte d’«harmonie coercitive» (Hildyard et al., 1997).

D’autres manières de voir et d’aborder la participation semblent rechercher un consensus au travers d’outsiders, dont l’identité est absorbée par des structures et des priorités internes. Il apparaît un consensus du type «le groupe local a toujours raison». Les outsiders recher-chent le consensus en s’efforçant de de-venir des initiés.

Ces deux formes de consensus, et peut-être même le consensus d’une façon générale, devraient être considérées avec scepticisme. Toutefois, ce progrès peut être atteint sans consensus. Les vues, valeurs, perceptions et objectifs ont toutes les chances d’être différents et de le rester,

Page 73: Revue internationale 226/227 › 3 › a1222f › a1222f00.pdf · 2007-08-17 · Organisation 226/227 des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture Revue internationale des

1990s

Unasylva 226/227, Vol. 58, 200773

mais ce n’est pas une barrière insurmon-table à la communication, à la négociation

en place d’une comptabilité (Rescher, 1993). Des techniques de gestion dans un contexte pluraliste ont été mises au point en s’efforçant de respecter l’identité et les objectifs de chaque groupe, et en mettant moins l’accent sur le consensus.

Une approche pluraliste à une question complexe de gestion des ressources naturelles n’appliquerait pas de façon

jusqu’à ce qu’elle obtienne «la bonne réponse»; elle ne céderait pas non plus

revendications politiques en partant du principe que «tout ce que les groupes dé-cident va bien». Elle considérerait plutôt

une manière d’étendre l’éventail des pos-sibilités pour la gestion des ressources naturelles. Dans ce domaine, le milieu naturel a également des limites qui déter-minent ce qui est possible et ce qui ne l’est pas (Binkley, 1996). Toutefois, les notions de limites dépendent de quelles caracté-ristiques de l’environnement sont jugées importantes ou des modèles disciplinaires que l’on construit. Il est donc possible (et même fortement probable) que les idées

problèmes et des seuils de ressources qui constituent des obstacles.

D’autres concepts fondamentaux du pluralisme appliqué à la gestion des res-sources naturelles sont les suivants:

• Il n’existe aucune solution unique, absolue, universelle et permanente à un problème fondamental de res-sources naturelles. Pour toute parcelle donnée, il n’existe pas de scénario unique et absolu d’aménagement/d’utilisation des terres durable. Les «scénarios viables» sont innombra-bles, voire infinis. «S’il est vrai que les lois physiques mettent des limites à la construction sociale de la nature, elles ne nous astreignent pas à une seule perspective objectivement con-naissable. Il existe de nombreuses options d’aménagement compatibles avec les constatations scientifiques disponibles» (Binkley, 1996).

• La séparation des pouvoirs, et des systèmes d’équilibre des pouvoirs sont nécessaires afin d’éviter les incompétences et les abus de mo-nopole. Lorsque plusieurs organisa-tions autonomes et indépendantes sont concernées, les fautes et les erreurs commises par l’une d’entre elles sont plus faciles à déceler et à corriger. Le pluralisme accepte le «conflit modéré» ou le «désac-cord contenu» comme des facteurs non seulement inéluctables mais potentiellement utiles (Lee, 1993; Rescher, 1993). Le conflit naît de la pluralité des valeurs (qui peuvent être conflictuelles), de la multiplicité des parties (dont les volontés ne peu-vent être satisfaites toutes en même temps), et des frontières du monde naturel (qui fixe les limites à ce qui est réalisable). Les seuls moyens d’éliminer le conflit seraient de: i) soit confluer vers un credo social et un but politique uniques axés sur la nature, la consommation, la popula-tion et la durabilité; ii) soit trouver une quantité infinie de ressources naturelles pour effacer les limites du monde naturel. Comme aucune de ces deux solutions n’est réalisable, il faut dessiner un cadre opérationnel différent. L’enjeu consiste donc à travailler avec de multiples perspec-tives et possibilités, sans chercher à s’y dérober ni à céder à l’une d’entre elles (Vira, 1997).

• Nous sommes encore loin de l’équité entre les groupes en matière de pouvoir décisionnel, mais nous ne devons pas abandonner les efforts pour autant, ni abaisser notre échelle des valeurs.

• Les conflits sont inévitables et ne peuvent être résolus de façon per-manente. Au mieux, ils peuvent être temporairement maîtrisés. S’il est possible de résoudre des conflits spécifiques, les situations d’aménagement des ressources na-turelles et de développement rural sont souvent caractérisées par une interaction complexe entre des aspects sociaux, politiques, cul-turels, économiques et scientifiques, et les solutions devront être continuel-lement révisées pour s’adapter aux

dans une optique pluraliste est donc d’administrer les situations de conflits plutôt que de tenter de les résoudre. En effet, nombre de situations complexes impliquant les ressources naturelles peuvent être gérées de façon positive, afin que les conflits qui peuvent surgir à leur égard ne deviennent pas destruc-teurs, mais se transforment en un processus constructif (Vira, 1997). Toutefois, la gestion des conflits est une démarche partielle car elle traite les problèmes à mesure qu’ils se présentent et est essentiellement réactive. Il est difficile d’effectuer une planification des ressources naturelles et de mettre en place des systèmes d’aménagement en présence de conflits ouverts.

Une structure organisationnelle de plus en plus complexe avec des partenaires plus autonomes et interdépendants impli-que qu’il existe déjà un certain degré de pluralisme. Le pluralisme exprime une réalité à laquelle nous sommes de plus en plus confrontés aux niveaux local, national et international. Autrement dit, «le pluralisme peut être compliqué, mais il nous aide à nous rapprocher de la réalité du terrain» (Garces, communica-tion personnelle, 1997). Cela a de vastes répercussions en matière de politique, de gestion, de méthodes et de techni-ques de foresterie et de développement rural durables. La reconnaissance du pluralisme implique la conception de moyens d’y donner suite afin que diffé-rents groupes puissent collaborer et créer des cadres institutionnels dynamiques pour la foresterie durable.

La reconnaissance de l’existence du pluralisme n’est pas synonyme de promo-tion du pluralisme. On pourrait d’ailleurs se demander s’il est juste de le promou-voir. Dans nombre de cas, il semble que le pluralisme mérite d’être défendu dans le cadre du système de gestion des ressources naturelles. Il reste beaucoup à faire pour perfectionner et mettre en œuvre des méthodes actives de foreste-rie et de développement rural durables

Page 74: Revue internationale 226/227 › 3 › a1222f › a1222f00.pdf · 2007-08-17 · Organisation 226/227 des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture Revue internationale des

Unasylva 226/227, Vol. 58, 2007

1990s

74

dans des contextes pluralistes. Il importe d’améliorer ces méthodes car certaines tendances actuelles auront «vraisem-blablement des effets contradictoires sur la viabilité des ressources forestières: en offrant parfois aux communautés locales les outils nécessaires pour protéger leurs ressources ou, en d’autres occasions, en responsabilisant les groupes participant à des activités qui endommagent la forêt» (Kaimowitz, 1997).

Cet article a analysé le pluralisme, les raisons pour lesquelles il peut être impor-tant, les façons dont il peut servir à mieux comprendre la dynamique de la foresterie et du développement rural durables, et les outils pratiques existant particulièrement adaptés à affronter le nombre apparem-ment croissant de situations pluralistes. L’encadré présente un bref résumé de divers aspects importants du pluralisme dans le domaine de la foresterie et du développement rural durables.

Reconnaître activement le pluralisme

et son potentiel requiert prudence et circonspection – il serait peu prudent de promouvoir le pluralisme simplement pour le plaisir de le faire. Il faut effectuer une évaluation attentive des situations (dimensions tant humaines que biophy-

connaissance de la dynamique pluraliste et l’application d’instruments appropriés pourraient améliorer la situation et si, à longue échéance, un cadre pluraliste serait plus durable.

D’un point de vue institutionnel, la pro-motion du pluralisme dans le domaine de la foresterie et du développement rural ne peut passer uniquement par la décentrali-sation, la privatisation, la participation ou d’autres méthodes à l’ordre du jour en matière de développement. Les solutions requises sont d’une nature plus subtile et plus complexe. Il existe de nombreux ex-emples d’expériences réussies dont on peut s’inspirer – marchés ruraux de bois de feu, contrats de gestion des ressources, chartes territoriales, codes de conduite – en utilisant divers mécanismes organisationnels.

La question fondamentale qui se pose est de savoir si le pluralisme a une signi-

développement rural durables, et s’il peut offrir des outils et des méthodes pratiques à la foresterie et au développement rural durables.

Bibliographie

1997.

Patrimonial mediation and management sub-

sidiarity. Document préparé pour l’Atelier sur

le pluralisme et le développment rural et fores-

tier durable, FAO, Rome, décembre 1997

rural people’s organizations and sustainable

rural development. Document préparé pour

l’Atelier sur le pluralisme et le développment

rural et forestier durable, FAO, Rome,

décembre 1997.

1997. Forestry in the

environment of political transition – example of

Slovenia. Document préparé pour l’Atelier sur

le pluralisme et le développment rural et fores-

tier durable, FAO, Rome, décembre 1997.

1996. Forestry in a post-modern

world, Part II. Branch Lines (Bulletin de la

Faculté de foresterie de l’Université de Co-

lombie britannique, Vancouver, Canada).

1997. Political and institutional

aspects of pluralism in forestry. Document

préparé pour l’Atelier sur le pluralisme et

le développment rural et forestier durable,

FAO, Rome, décembre 1997.

1997. Rethinking

public participation in natural resource

management: concepts from pluralism

préparé pour l’Atelier sur le pluralisme et

le développment rural et forestier durable,

FAO, Rome, décembre 1997.

1997. Assessing local resilience

and getting roles right in collaborative for-

est management: some current issues and

a potential tool, with special reference to

sub-Saharan Africa. Document préparé pour

l’Atelier sur le pluralisme et le développment

rural et forestier durable, FAO, Rome,

décembre 1997.

1997. Issues and opportunities in the

evolution of private forestry and forestry

-

-

-

-

-

-

Page 75: Revue internationale 226/227 › 3 › a1222f › a1222f00.pdf · 2007-08-17 · Organisation 226/227 des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture Revue internationale des

1990s

Unasylva 226/227, Vol. 58, 200775

extension in several countries with econo-

mies in transition of Central and Eastern

Europe. Rome.

1996. Gestion

publique des terres forestières fédérales aux

États-Unis. Unasylva, 47(184): 55-61.

1997. Same platform: different

train; pluralism, participation and power.

Document préparé pour l’Atelier sur le plu-

ralisme et le développment rural et forestier

durable, FAO, Rome, décembre 1997.

1997. The community and beyond: whith-

Announcement of a colloquy sponsored by

the International Resources Group, Ltd.

1997. Forest management and

municipal government in lowland Bolivia.

CIFOR News, 14 (mars).

1993. Compass and gyroscope: inte-

grating science and politics for the environ-

ment. Island Press. Washington.

1997. Industries as partners

for sustainable forestry in India – issues and

options. Document préparé pour l’Atelier

sur le pluralisme et le développment rural

et forestier durable, FAO, Rome, décembre

1997.

1993. Pluralism: against the

demand for consensus. Clarendon Press,

Oxford, Royaume-Uni.

1988. Extension science: informa-

tion systems in agricultural development.

Cambridge, University Press, Cambridge,

Royaume-Uni.

1996. La forêt vue par

les villageois Malinké des alentours de Ba-

mako, au Mali. Unasylva, 47(186): 22-27.

1996. Changing forest man-

agement strategies in Sudan – a challenge

for forestry educational systems. CIP-Geg-

gevens Koninklijke Bibliotheek, la Haye.

1997. Analytical tools for assessing

institutional pluralism in forestry. Document

préparé pour l’Atelier sur le pluralisme et le

développment rural et forestier durable, FAO,

Rome, décembre 1997.

1997. Normative pluriformity in

forest management: professional and com-

munity perspectives. Document préparé pour

l’Atelier sur le pluralisme et le développment

rural et forestier durable, FAO, Rome,

décembre 1997.

1998. Forests

for Life Home page, <www.panda.org/

forests4life>

Page 76: Revue internationale 226/227 › 3 › a1222f › a1222f00.pdf · 2007-08-17 · Organisation 226/227 des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture Revue internationale des

Unasylva 226/227, Vol. 58, 2007

2000s

76

sur la sagesse conventionnelle et les politiques touchant aux forêts

M.J. Spilsbury et D. Kaimowitz

Une analyse fondée sur une étude d’experts forestiers laisse

indirectement le cours de la politique.

Les organismes de financement s’atten-dent à ce que les cher-cheurs en matière de politique montrent que leurs efforts ont un impact mesurable, ce qui pose un gros problème. On pensait que la recherche avait une influence sur les politiques et que certaines politiques étaient attribuables à des résultats de recherche particuliers. Toutefois, de nombreux analystes considèrent désor-mais le lien entre recherche et politique plus diffus: la recherche entraîne des modifications de la «sagesse convention-nelle» (la série de paradigmes dominants à un moment donné concernant les buts souhaités des politiques et les moyens de les atteindre) et des «axiomes de politique» (simplifiant les conceptions du problème à affronter et la méthode à adopter) qui, à leur tour, influencent les résultats des politiques.

Étant donné l’ensemble de facteurs qui ont un effet sur les décisions des responsables politiques, il serait naïf de surestimer le rôle de l’acquisition des connaissances dans ce processus.

De décembre 1997 à mars 1998, les auteurs ont mené une enquête, par cour-rier électronique, auprès des experts de politiques forestières, sur les publications

nationaux portant sur les politiques fores-tières. Ils ont reçu 162 réponses.

«Ne sais-tu pas, mon fils, le peu de

sagesse qui gouverne le monde?»

In Svensk plutarik,

La recherche a souvent des effets sur les politiques par des cheminements détour-

nés et indirects. Weiss (1977) soutient que les décideurs utilisent la recherche

penser aux enjeux et offrir de nouvelles perspectives, plutôt que pour résoudre des

recherche ne sont qu’une des nombreuses sources d’informations des décideurs.

d’après No. 203, 2000

et David Kaimowitz travaillaient tous deux au Centre pour la recherche forestière internationale (CIFOR) à Djakarta, Indonésie, lorsqu’ils ont écrit cet article.

nommé directeur général du CIFOR, un poste qu’il a maintenu jusqu’en 2006. Spilsbury travaille maintenant auprès du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE).

Cet article examine la mesure dans laquelle les fructueuses publications forestières «tissent les connaissances pour le développement» en forgeant la sagesse conventionnelle qui, à son tour, influence les politiques forestières nationales ou internationales. Unasylva le fait aussi en diffusant l’expérience et les bonnes pratiques qui entrent dans le courant principal du savoir accepté.

Extrait de:

Les responsables politiques utilisent la recherche non seulement comme apport décisionnel, mais aussi comme outil politique pour justifier de décisions prises sur des bases non scientifiques (Boehmer-Christiansen, 1995).

L’impact de la recherche étant abstrait et difficile à mesurer, une enquête a été menée pour étudier l’influence des publications, qui sont librement inter-prétées comme un reflet de la recherche.

Page 77: Revue internationale 226/227 › 3 › a1222f › a1222f00.pdf · 2007-08-17 · Organisation 226/227 des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture Revue internationale des

Unasylva 226/227, Vol. 58, 2007

2000s

77

L’enquête, qui a démarré en décembre 1997, cherchait à déterminer quelles publications ont été jugées influentes par les experts de politiques forestiè-res dans les débats internationaux et nationaux sur les politiques forestières. L’enquête a été envoyée aux experts de politiques forestières de la liste de distribution électronique POLEX gérée par le Centre pour la recherche fores-tière internationale (CIFOR). La liste POLEX est composée de personnalités influentes sur les questions de politique forestière. Les personnes interrogées devaient indiquer:

• trois articles, rapports ou documents -

ents pour les débats internationaux con-cernant les politiques liées aux forêts au cours des 20 dernières années;

• trois articles, rapports ou documents qu’ils jugeaient particulièrement in-fluents pour les débats nationaux (ou sur un débat national spécifique) concernant les politiques forestières au cours des 20 dernières années.

On a souligné l’influence des publica-tions sur les débats plutôt que leur rôle dans la réforme de politiques spécifi-ques, car il s’agissait d’identifier des publications qui avaient un impact sur la sagesse conventionnelle et les axiomes de politique au sens large.

Les publications les plus influentes étaient pour la plupart des ouvrages de semi-vulgarisation, des articles géné-raux de revues prestigieuses non spécia-lisées et des documents institutionnels. Le tableau à la page suivante indique les publications le plus souvent citées.

Les réponses montrent clairement que trois institutions ont dominé la scène des débats sur les politiques forestières au cours des 30 dernières années: la FAO, la Banque mondiale et l’Institut mondial pour les ressources. Un tiers environ de toutes les réponses mention-nait au moins un document de la FAO ou de la Banque mondiale. Un plus grand nombre encore (64 réponses) citaient au moins une publication de l’Institut mondial pour les ressources. Dans le cas de cet institut mondial, on a remarqué qu’un grand nombre de personnes (34) ont mentionné l’ouvrage de Repetto et Gillis de 1988 Public policy and the misuse of forest resources. En dehors de ce volume, 34 personnes (soit 21 pour cent) ont indiqué au moins une publication de l’Institut mondial pour les ressources.

Le rôle principal de la Banque mondiale et de la FAO dans la définition de la sagesse conventionnelle peut s’expli-

quer en partie par la masse critique de ressources intellectuelles que ces insti-tutions commandent et, en partie, par le fait qu’elles peuvent promouvoir leurs idées en finançant des initiatives sur la base de leurs perspectives.

Les résultats de l’enquête ont révélé une prépondérance embarrassante d’auteurs des États-Unis et d’Europe. Sur les 39 auteurs et coauteurs des documents cités par cinq personnes ou plus, aucun n’était originaire d’Afrique, d’Asie ou d’Amé-rique latine, même si la majorité des publications mentionnées concernaient essentiellement les forêts tropicales. Cela peut s’expliquer en partie par la faible représentation de ces continents parmi les individus échantillonnés, mais ne constitue probablement qu’un volet du tableau.

Les réponses à l’enquête ne montrent guère en quoi les documents cités ont eu une influence directe sur les politiques. Dans la plupart des cas, il est probable que les publications aient influé sur la sagesse conventionnelle générale et les axiomes dans les cercles de politique internationale et les milieux académi-ques et financiers, et que l’influence ait fini par se faire sentir au niveau des décideurs dans certains pays.

Néanmoins, au niveau national, de nombreuses personnes ont soutenu que les rapports de la Banque mondiale et des gouvernements et les Plans d’action forestiers tropicaux ont influé directe-ment sur les politiques, ce qui est logi-que car ces documents sont associés à des groupes qui s’occupent de faciliter les réformes de politiques. Ce ne sont probablement pas les documents en eux qui ont eu un impact, mais plutôt les processus qui ont porté aux documents ou qui ont suivi leur création, qui se sont traduits par des accords sur les mesures à prendre.

Les personnes interrogées ont égale-ment mentionné que certaines questions devenaient importantes à la suite de mouvements populaires, d’événements spécifiques ou des efforts de journal-istes. Dans ces cas-là, il semble parfois que la recherche «prenne le train en marche» pour obtenir des financements

25

20

15

10

5

0

Fréquence de citation

Ouvrages(travaux desynthèse)

Articles WRI Banque ONU Autres FAO

Type de document

Fréquence de citation par type de document (pour les documents cités trois fois ou plus)

Page 78: Revue internationale 226/227 › 3 › a1222f › a1222f00.pdf · 2007-08-17 · Organisation 226/227 des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture Revue internationale des

Unasylva 226/227, Vol. 58, 2007

2000s

78

et recevoir l’attention des responsables politiques.

À partir des résultats de l’enquête, on ne peut établir une distinction entre les questions et les débats qui prennent de

-cations et ceux qui l’acquièrent pour d’autres raisons, mais que les experts associent plus tard à une série donnée de publications.

De nombreuses réponses soulignaient que le fait qu’une publication était influente n’impliquait pas nécessai-rement qu’elle était exacte. Plusieurs personnes ont commenté que certains articles influents étaient beaucoup moins efficaces que d’autres sur le même thème. Les articles influents étaient apparem-ment mieux commercialisés, c’est-à-dire qu’ils trouvaient un large écho dans les médias, étaient bien exposés, étaient présentés par des personnages ou des mouvements publics, ou étaient associés à des institutions importantes ou à des processus de réforme de politique.

Quelques personnes ont même affirmé que les publications influentes diffu-saient des messages souvent incorrects ou trompeurs, soit en simplifiant à l’ex-trême les problèmes et en exagérant les périls et les opportunités pour atteindre un plus vaste public, ou en déformant les faits pour valider leurs propres pro-grammes. Les travaux qui sont critiqués ou sur lesquels on jette le discrédit par la suite peuvent néanmoins exercer une grande influence en soulevant des pro-blèmes, en réorientant le débat scien-

tifique et en déterminant des résultats de politique.

«Toute vérité nouvelle a pour destin,

d’ordinaire, de naître comme hérésie

et de finir comme superstition»

Origin of speciesDans Science and culture and

other essaysUne comparaison de la chronologie des publications influentes citées dans le sondage, comportant des événements clés et des tendances sociales mentionnés dans des récits de débats de politique forestière (Humphreys, 1996; Kolk, 1996; Shepherd et al., 1998) a montré des liens suggestifs dans l’évolution des axiomes de politiques liées aux forêts.

Par exemple, l’ouvrage de Eckholm The other energy crisis: firewood a fait connaître au monde la crise du combus-tible ligneux en 1975. La FAO l’a repris en 1978, avec sa carte de la situation du bois de feu dans les pays en développe-ment. En 1980, l’évaluation de la FAO du couvert forestier mondial a aidé à convaincre les donateurs, entre autres, de l’importance de la déforestation tro-picale et de la crise du combustible, qui est restée un thème dominant jusqu’à ce que plusieurs publications déterminantes de la fin des années 80 l’abolissent des débats internationaux.

Autre illustration: de la fin des années 70 au milieu des années 80, plusieurs travaux de Myers, dont The hambur-ger connection: how Central America’s forests became North America’s ham-burger (dans Ambio, 1981) et The pri-mary source (1984), ont fait ressortir la gravité de la crise des forêts tropicales et l’importance de la biodiversité. À la fin des années 80, une succession de publi-cations et d’activités sur la biodiversité, dont un ouvrage de l’Académie nationale des sciences des États-Unis (1988) dirigé par Wilson, a précédé la signature de la Convention sur la diversité biologique en 1992.

Au cours des 20 dernières années, les politiques et projets de nombreux pays – en particulier, les plus petits et les plus pauvres qui sont tributaires de l’aide étrangère – ont été témoins de change-ments similaires de la sagesse conven-tionnelle. La propagation des idées a entraîné et reflété les changements des priorités et des positions de la Banque mondiale, de la FAO et des principaux organismes d’aide bilatérale. Ces orga-nisations, à leur tour, ont fourni aux décideurs des pays en développement de nouvelles idées et incitations financières pour les accepter. En outre, un ensemble relativement restreint de consultants s’est rendu d’un pays à l’autre pour divulguer la sagesse conventionnelle du moment et concevoir et exécuter des projets sur cette base.

Dans la plupart des cas, il y a pro-bablement eu un décalage de plusieurs

Documents cités comme importants par au moins cinq personnes interviewées

Auteurs et années Document Nombre de citations

Repetto, R. et Gillis, M. (1988) Public policy and the misuse of forest resources. Cambridge University Press, New York 34

Peters, C.M., Gentry, A.H. et Mendelsohn, R.O. (1989) Valuation of an Amazonian rainforest. Nature, 339(29): 655-656 22

Poore, D., Burgess, P., Palmer, J., Rietbergen, S. et Synnott, T. (1989) No timber without trees: sustainability in the tropical forests. Earthscan Publications, Londres 22

Conférences des Nations Unies sur l’environnement et le développement (CNUED) (1992) Action 21: Programme d’ action pour le développement durable. ONU, New York 17

FAO (1985) Plan d’action forestier tropical (PAFT): a call for action. Rome 15

Commission mondiale sur l’environnement et le développement (Commission Brundtland) (1987) Notre avenir à tous. Oxford University Press, Oxford, Royaume-Uni 13

CNUED (1992) Déclaration de principes, non juridiquement contraignante mais faisant autorité, pour unconsensus mondial sur la gestion, la conservation et l’exploitation écologiquement viable de tous les types de forêts (les «Principes forestiers»), ONU, New York 11

Westoby, J. (1978, 1987) World Forestry Congress presentation, The purpose of forests (1978); The purpose of forests – follies of development. Blackwell, Oxford, Royaume-Uni (1987) 11

Page 79: Revue internationale 226/227 › 3 › a1222f › a1222f00.pdf · 2007-08-17 · Organisation 226/227 des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture Revue internationale des

Unasylva 226/227, Vol. 58, 2007

2000s

79

années entre le «lancement» de nouveaux axiomes de politique dans des événe-ments bien médiatisés ou des publica-tions importantes, et les retombées de ces idées sous forme de changements de sagesse conventionnelle, de politique et de financement.

Recenser les publications ayant eu une influence directe sur les politiques forestières par la seule force de leurs

Certaines publications ont été influen-tes, mais on ne peut généralement leur at-tribuer des politiques spécifiques. Il semble pourtant que la recherche ren-force la prise de conscience des acteurs politiques et infléchit la sagesse conven-tionnelle.

On a découvert que certains docu-ments ont eu une influence directe sur les politiques nationales; toutefois, ce ne sont probablement pas les documents en eux qui ont exercé cet impact, mais plutôt les processus qui ont accompagné leur création. La recherche qui cible – ou s’associe à – de grands processus politiques ou organisations puissantes a plus de chances d’avoir une influence et d’être reconnue.

De «bons» articles ne semblent pas une condition nécessaire ou suffisante pour avoir un impact. Certains documents ont été à la fois influents et erronés. Les travaux qui sont par la suite critiqués ou discrédités par leurs pairs scientifi-ques peuvent néanmoins se révéler très importants en soulevant des problèmes, en réorientant le débat scientifique et en déterminant de nouvelles orientations politiques.

La crédibilité est au moins aussi impor-tante pour l’impact de la recherche que le bien-fondé scientifique. La crédibilité semble être étroitement liée à la répu-tation et aux résultats des auteurs, au prestige des éditeurs et à l’influence des organisations qui parrainent la recherche et/ou soutiennent ses résultats. Malheu-reusement, le processus d’acquisition de crédibilité a donné à un nombre limité d’analystes du Nord et à quelques gran-des organisations un excès d’influence, qui pourrait réprimer les apports effica-ces des analystes et des institutions dans les pays en développement.

La recherche qui dit aux décideurs et aux groupes influents ce qu’ils veulent entendre a plus de chances d’avoir un impact que celle qui va contre-courant. On peut mettre en cause et démentir la sagesse conventionnelle et les axio-mes de politique, mais il est plus facile de le faire lorsque les vents politiques, sociaux, économiques et scientifiques soufflent dans la même direction.

Les chercheurs peuvent étendre leur influence non seulement en offrant de bonnes réponses aux bonnes questions, mais aussi en présentant ces messages aux bonnes personnes (les plus influen-tes) au bon moment et sous une forme adéquate. Les chercheurs et les institu-tions les plus influents seront ceux qui créeront des «coalitions» efficaces pour étayer leurs points de vue dans l’arène politique, et qui parviendront à associer leurs travaux à des initiatives bénéficiant de bons financements.

Les chercheurs et les institutions orien-tés sur l’impact doivent prêter atten-tion non seulement à la mise au point du «produit de recherche», mais aussi au «marché» dans lequel ce produit doit concourir. Les résultats de cette enquête font ressortir quelques aspects importants du marché de la recherche. Les chercheurs et les institutions sou-haitant étendre leur influence doivent constamment évaluer la demande pour les produits de la recherche et trouver des occasions de faire connaître davan-tage leurs travaux. Des enquêtes comme celle-ci ont un rôle important à jouer dans cette évaluation.

Bibliographie

1995. Britain

and the International Panel on Climate

global warming, Part I: integrated policy

analysis and the global dimension. Environ.

Pol., 4(1): 1-18.

1996. Forest politics: the

evolution of international cooperation.

Earthscan Publications, Londres.

1996. Forests in international

environmental politics: international

organisations, NGOs and the Brazilian

Amazon. International Books, Utrecht,

Pays-Bas.

1998. EU forestry

sourcebook. Overseas Development

Institute, Londres.

1977. Research for policy’s sake: the

enlightenment function of social research.

Policy Anal., 3: 531-545.

Page 80: Revue internationale 226/227 › 3 › a1222f › a1222f00.pdf · 2007-08-17 · Organisation 226/227 des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture Revue internationale des

Unasylva 226/227, Vol. 58, 2007

2000s

80

Foresterie et moyens d’existence durables1

K. Warner

Quel rôle peuvent jouer les forêts et la foresterie dans la réduction de la pauvreté?

L’adoption de l’Objectif interna-tional de développement consis-tant à réduire de moitié, d’ici à

l’an 2015, la pauvreté dans le monde a servi à réaffirmer les mandats des orga-nismes multilatéraux et bilatéraux et des institutions internationales. Tous s’accordent à reconnaître que cela se doit d’être le but premier de développement, et il est certes difficile de prétendre à une cause plus noble ou plus ambitieuse.

Pour ceux qui s’occupent de foreste-rie, la question soulevée est délicate: quel rôle peuvent jouer les forêts (et la foresterie) dans la réduction de la pauvreté2 -sager les forêts et leur utilisation sous une nouvelle perspective, dans laquelle

on mesure le succès non seulement à la quantité de produits forestiers récoltés, aux chiffres d’exportation ou aux recet-tes générées, mais aussi à la contribution des forêts à l’atténuation de la pauvreté. Il faut pour cela se pencher davantage sur la contribution totale des forêts – et des biens et services qu’elles offrent –aux moyens d’existence des pauvres, et élaborer ensuite des stratégies de

Les habitants de la forêt, comme ces

éthiopiennes portant des feuilles

d’eucalyptus,qui servent de

combustible, font largement appel aux

produits forestiers pour vivre

1Cet article s’inspire en grande partie de plusieurs articles récents sur ce thème: Shepherd, Arnold et Bass, 1999; Arnold et Byron, 1999; Arnold, 1998.

2 La section suivante s’inspire de Shepherd, Arnold et Bass, 1999.

FAO

/CFU

00407/R. FA

IDU

TTId’après No. 202, 2000

Katherine Warner était Forestier principal et coordinatrice du Groupe de foresterie communautaire du Département des forêts de la FAO lorsque cet article a été publié, et est actuellement avec l’Union mondiale pour la nature (UICN) au Viet Nam.

Création du concept de moyens d’existence, notamment en ce qui concerne les populations qui dépendent de la forêt pour leur nourriture, emploi, revenu et subsistance. Les conséquences pour la gestion forestière durable sont très importantes.

Page 81: Revue internationale 226/227 › 3 › a1222f › a1222f00.pdf · 2007-08-17 · Organisation 226/227 des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture Revue internationale des

Unasylva 226/227, Vol. 58, 2007

2000s

81

La production et la vente de produits

forestiers peuvent constituer une source

importante de revenus, comme dans

cette petite vannerie rurale au Malawi

FAO

/14730/T. FRISK

maintien ou de renforcement de cette contribution.

La pauvreté est communément définie en fonction de seuils de revenus ou de consommation, critères qui, bien que servant aux statistiques nationales et internationales, ne parviennent pas à saisir toute la complexité locale et la dynamique de la pauvreté, et ne tiennent pas compte des ressources actuelles et potentielles.

Un autre paramètre couramment employé pour mesurer la pauvreté est la sécurité alimentaire – ou plutôt son absence. On parle d’insécurité alimen-taire lorsque les êtres humains n’ont pas un accès suffisant à des quantités de nourriture adéquates et ne consom-ment donc pas les aliments nécessaires à une croissance et un développement normaux. Ce manque d’accès à la nour-riture peut être dû à des disponibilités ou à un pouvoir d’achat insuffisants, à la distribution ou l’utilisation inadéquate au niveau des ménages. On peut procéder à d’autres analyses pour établir quels facteurs sont à l’origine de l’insécurité alimentaire et quels facteurs influent sur la capacité des ménages d’y faire face.

Cependant, la pauvreté n’est pas seule-ment question de disponibilités de reve-nus et/ou de nourriture. On s’oriente désormais vers une intégration des carac-téristiques et des causes multidimension-nelles qui va au-delà de ces facteurs et qui concerne les moyens d’existence dura-bles. Les moyens d’existence englobent les capacités, les biens et les activités nécessaires pour vivre. Ils sont durables lorsqu’ils permettent de s’adapter aux difficultés et de faire face à l’adversité, et de conserver ou améliorer capacités et biens tant dans l’immédiat qu’à l’avenir, sans pour autant compromettre la base de ressources naturelles (Carney, 1998)3.

Les biens qui composent les moyens d’existence sont non seulement le capi-tal naturel, physique et financier, mais aussi le capital social et humain (parenté et réseaux, nutrition et santé). Il faut toute une série de biens pour obtenir des effets positifs sur les moyens d’exis-tence: aucune catégorie individuelle ne suffit pour obtenir les nombreux résultats recherchés. L’accès des pauvres à cha-cune de ces catégories de biens est plutôt limité. Ceux qui disposent de davantage de biens ont un plus grand choix et une plus grande capacité de gagner leur vie en réorientant leurs stratégies. La capacité de sortir de la pauvreté est fortement liée à l’accès à ces biens.

Lorsqu’il examine la contribution des forêts aux moyens d’existence durables, Arnold (1998) définit les forêts comme “toutes les ressources qui peuvent donner des produits forestiers. Elles compren-nent les terres boisées, les terrains brous-sailleux, les jachères sous brousse et les arbustes et les arbres à l’exploitation, ainsi que les forêts proprement dites”. La définition d’Arnold se fonde non pas sur le régime foncier ou le couvert arbo-ricole, mais sur le potentiel de production de produits forestiers. Par ailleurs, la contribution des forêts se mesure non seulement aux produits qu’elles fournis-sent, mais aussi aux services incorporels qu’elles offrent.

La forêt est un capital naturel impor-tant. Par le passé, les efforts de dévelop-pement ont été essentiellement axés sur le renforcement du capital naturel, sans veiller à son interaction avec d’autres

biens dans les moyens d’existence des populations, en particulier des pauvres. Cela a créé des lacunes dans la compré-hension de la contribution des produits forestiers aux moyens d’existence dura-bles (DFID, 1999).

Il est difficile d’évaluer la contribution totale des forêts et des arbres aux moyens d’existence. Une part importante des produits forestiers est consommée par ceux qui les récoltent, la quantité variant selon la saison, les conditions d’accès et les autres possibilités offertes. La plupart des informations disponibles sont de type descriptif, et se réfèrent souvent à des situations spécifiques (bien qu’Arnold [1998] cite quelques exceptions, par exemple Townson, 1995; Arnold et al., 1994). Rares sont les études qui quan-tifient la part des intrants du ménage, l’affectation de la main-d’œuvre, les revenus et les coûts attribuables aux activités concernant les produits fores-tiers. Si des études sur le combustible ligneux ou certains produits forestiers ont été conduites, les recensements et les enquêtes ne font généralement pas état d’informations sur l’utilisation ou les activités au niveau des ménages pour toute une gamme de produits forestiers (Byron et Arnold, 1999).

On peut néanmoins identifier les contri-butions générales des forêts aux moyens d’existence (Arnold, 1998).

Si les revenus seuls ne suffisent pas à constituer un critère de pauvreté, l’accroissement des revenus est un facteur qui influe manifestement sur la viabilité économique du ménage.

Les recettes dérivant des produits

3

cet article, il faut noter que plusieurs organismes tels que la CARE, le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), le Comité d’Oxford de secours contre la famine (Oxfam) et la FAO ont recours à des approches similaires.

Page 82: Revue internationale 226/227 › 3 › a1222f › a1222f00.pdf · 2007-08-17 · Organisation 226/227 des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture Revue internationale des

Unasylva 226/227, Vol. 58, 2007

2000s

82

forestiers sont un complément impor-tant d’autres revenus. Nombreux sont les ménages qui tirent des revenus de la vente de produits forestiers, souvent comme gain d’appoint lorsque la seule production agricole ne leur permet pas d’être autosuffisants toute l’année. Une grande partie des activités forestières rémunératrices sont saisonnières: cer-tains produits ne peuvent être cueillis qu’à certaines époques de l’année, la demande ou la disponibilité de main-d’œuvre peut varier en fonction des sai-sons, et les recettes tirées des produits forestiers peuvent contribuer à l’achat d’intrants agricoles ou de nourriture entre les récoltes. Les revenus des produits forestiers sont souvent utilisés pour obte-nir des intrants pour d’autres activités qui contribuent aux moyens d’existence: l’achat de semences, l’embauche de main-d’œuvre pour l’agriculture ou la création d’un fonds de roulement pour les activités commerciales (par exemple Leach et Fairhead, 1994, cité dans Byron et Arnold, 1999).

En l’absence d’autres possibilités d’emploi, les ruraux pauvres produi-sent, transforment, et vendent souvent les produits forestiers (fabrication de paillassons et de paniers et vente de bois de feu), généralement comme gain d’appoint.

La sécurité alimentaire est un élément fondamental des moyens d’existence. Les forêts fournissent une grande variété d’aliments qui viennent compléter ceux issus de l’agriculture, le bois de feu pour cuisiner et faire bouillir l’eau, et une vaste gamme de plantes médicinales tradition-nelles et autres produits d’hygiène. Il est probable que la majorité des ménages ruraux des pays en développement, et une grande partie des ménages urbains, dépen-dent des produits végétaux et animaux des forêts pour satisfaire une partie de leurs besoins de nutrition, de cuisine et/ou de santé (Byron et Arnold, 1999).

Lorsque le bois de feu est la seule source de combustible pour cuisiner,

il est vital pour la nutrition et la pré-vention des maladies, car la cuisson est indispensable pour rendre de nom-breux aliments digestibles, pour tuer des micro-organismes pathogènes et pour éliminer les parasites.

Les forêts contribuent également aux moyens d’existence en fournissant des matériaux de construction, des paniers, des structures de stockage, des outils agricoles, des embarcations et du maté-riel de chasse et de pêche. Ils fournissent des intrants pour les systèmes agricoles, comme le fourrage et le paillis, contri-buent aux cycles des éléments nutritifs des sols, aident à conserver la terre et l’eau et offrent un abri et de l’ombre pour les cultures et les animaux.

Les pauvres vivent souvent dans des conditions précaires, sans aucune pro-tection contre l’adversité. Les peuple-ments forestiers et arboricoles ont un rôle important à jouer comme réserve ou filet de sécurité, offrant une source de

FAO

/19903/G. G

REPIN

Dans la forêt de mangroves de Sundarabans, au Bangladesh, les embarcations construites

avec du bois de palétuvier local sont utilisées pour la

pêche et le transport des vivres et des

produits forestiers

Cuisiner sur un feu de bois au Panama – seule source de

combustible pour lacuisine – joue un rôle

essentiel pour la nutrition et la prévention des maladies

FAO

/18125/M. SISTIN

I

Page 83: Revue internationale 226/227 › 3 › a1222f › a1222f00.pdf · 2007-08-17 · Organisation 226/227 des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture Revue internationale des

Unasylva 226/227, Vol. 58, 2007

2000s

83

subsistance et de revenus en période de perte de récolte, de pénurie, de chômage ou d’autre urgence ou difficulté, ou pour répondre à des besoins exceptionnels. Les aliments issus de la forêt sont lar-gement utilisés pour aider à combler les lacunes des régimes alimentaires durant certaines saisons de l’année. Les aliments énergétiques, comme les raci-nes, tubercules, rhizomes et noix, sont particulièrement importants en cas de situation d’urgence (inondations, fami-nes, sécheresses et guerres).

L’utilisation durable des ressources natu-relles est déterminante pour des revenus durables. L’utilisation plus durable de ces ressources a un impact direct sur l’amélioration du capital naturel. Tous les êtres humains influent sur l’environ-nement, mais les pauvres tendent à être les plus vulnérables devant les effets de la dégradation de l’environnement (Watson et al., 1998).

La pauvreté qui empêcherait les gens d’investir dans l’environnement n’est qu’un mythe. De nombreuses expérien-ces montrent désormais qu’en présence de mesures d’incitation valables, même les catégories les plus pauvres peuvent mobiliser d’énormes ressources, en par-ticulier de la main-d’œuvre. Un autre mythe à détruire est que les pauvres n’ont pas les connaissances techniques nécessaires pour l’aménagement des ressources. On prend de plus en plus conscience que les groupes les plus pauvres disposent d’un bagage énorme de connaissances techniques que l’on appelle communément savoir indigène ou local (Ambler, 1999, cité dans DFID, 2000).

Outre les revenus et ce qu’ils permet-tent d’acheter, les forêts fournissent des biens non matériels qui contribuent aux moyens d’existence en renforçant le capital social et humain. La sensation de bien-être dépend de nombreux facteurs, y compris l’estime de soi, le sentiment de contrôle et d’inclusion, l’état de santé, l’accès aux services et le droit de vote. Les initiatives de foresterie, qui soutien-nent l’accès aux ressources, la prise

de décisions participatives et l’équité, aident à renforcer la sensation de bien-être, en particulier celui des pauvres.

On a récemment estimé qu’un quart des pauvres du monde dépend directement ou indirectement des forêts pour vivre (Banque mondiale, 2000). La nature de la dépendance est variable (Shepherd, Arnold et Bass, 1999), comme le mon-trent les exemples suivants.

Principale source de revenus. Les habi-tants des environnements forestiers pra-tiquant la chasse, la cueillette et l’agri-culture itinérante font largement appel aux produits forestiers, non seulement pour des questions de subsistance mais aussi pour les recettes qu’ils en tirent. Les revenus dérivant des forêts comprennent également ceux obtenus par la vente de cultures ou d’animaux pour lesquels les éléments nutritifs ou le fourrage de la forêt sont essentiels (Shepherd, Arnold et Bass, 1999).

Si certaines populations pratiquant la chasse et la cueillette ont conservé un mode de vie autonome et axé sur la sub-sistance (Grenand et Grenand, 1996, cité dans Byron et Arnold, 1999), la plupart ont de plus en plus affaire aux marchés et aux biens extérieurs. Toutefois, le niveau de dépendance de ces populations à l’égard de la forêt reste élevé, de même que l’importance culturelle qu’elle revêt pour elles.

Les agriculteurs itinérants qui prati-quent un système de jachère durable à long terme constituent le plus grand groupe dépendant de la forêt. Cepen-dant, l’empiétement des migrants sur la forêt, les concessions d’exploitation commerciale et la pression exercée par les gouvernements pour leur installa-tion forcent à une réorientation vers une jachère plus courte, une colonisation et une dépendance moins directe à l’égard des forêts.

Les éleveurs du Sahel africain, sou-vent sous-estimés dans cette catégorie, sont eux aussi dépendants des forêts, car leurs animaux – chameaux, bovins, moutons et chèvres – broutent les arbres

partie de l’année, en particulier durant

la saison sèche (Shepherd, Arnold et Bass, 1999).

Les communautés tirent des forêts ou des terres boisées les intrants qu’elles ne peuvent produire à l’exploitation ou qui sont plus facilement accessibles des ressources forestières. Les aliments issus de la forêt servent à ceux qui

avec leurs champs ou leurs potagers et ne peuvent se permettre d’acheter des vivres au marché. Le recours aux produits fores-

d’autres sources d’intrants et de revenus de subsistance augmentera vraisemblable-ment, comme on l’a fait remarquer plus haut, lorsque les rendements des récoltes sont médiocres et d’autres sources de reve-nus non disponibles.

Là où l’accès aux forêts a été relative-ment libre, les aliments issus de la forêt et les revenus tirés des produits forestiers sont particulièrement importants pour les catégories les plus pauvres d’une communauté. Bien que les plus riches, avec davantage de ressources à consa-crer à la cueillette et à la production de produits forestiers, en sont souvent les plus gros utilisateurs, les pauvres tirent généralement une plus grande part de leurs besoins totaux des activités et des produits forestiers.

La facilité d’accès et la proximité de marchés ruraux disséminés un peu par-tout permettent à de grands nombres de personnes de tirer des revenus des pro-duits forestiers. Les produits forestiers peuvent, par conséquent, être très impor-tants pour ceux qui ne peuvent dégager de recettes suffisantes de l’agriculture ou d’emplois salariés, et pour ceux qui n’ont pas d’autres possibilités.

En raison de l’accessibilité de la res-source, les femmes font plus souvent appel que les hommes aux produits fores-tiers et en tirent les revenus nécessaires pour nourrir et habiller leur famille, ainsi que le combustible pour cuisiner (Hop-kins, Scherr et Gruhn, 1994, cité dans Byron et Arnold, 1999). Dans les cultures où les femmes et les jeunes filles sont victimes de discrimination au sein du ménage pour la distribution de la nour-riture, la contribution des aliments tirés de la forêt peut se révéler très importante (Shepherd, Arnold et Bass, 1999).

Page 84: Revue internationale 226/227 › 3 › a1222f › a1222f00.pdf · 2007-08-17 · Organisation 226/227 des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture Revue internationale des

Unasylva 226/227, Vol. 58, 2007

2000s

84

Produits forestiers commerciaux. En général, la plupart des emplois dans le secteur forestier sont au sein de très peti-tes entreprises, souvent composées de quelques membres de la même famille, plutôt que dans le secteur officiel. Par exemple, une enquête réalisée au Zim-babwe a estimé qu’en 1991, 237 000 personnes étaient employées dans de petites entreprises de menuiserie, de sculpture, de transformation du bois de feu, des produits de la canne et de graminées, contre 16 000 personnes qui auraient été employées dans le secteur de la foresterie et des industries forestières (Arnold et al., 1994, cité dans Byron et Arnold, 1999).

Lorsque des industries forestières plus grandes et modernes se sont implantées, elles peuvent offrir des emplois sala-riés aux habitants qui peuvent ainsi être moins tributaires des produits forestiers et de l’agriculture itinérante, activités plus dures et moins rémunératrices. Toutefois, de nombreux emplois dans l’industrie forestière vont souvent à des étrangers en raison des compétences techniques requises. En outre, l’em-ploi dans le secteur de la coupe et de la transformation primaire peut être rela-tivement de courte durée. Il faut peser l’emploi temporaire et les revenus que ces industries fournissent et le boule-versement qu’elles pourraient causer aux systèmes de moyens d’existence présents dans les zones forestières. Par ailleurs, dans les communautés dépen-dant des industries forestières, la ferme-ture de l’industrie peut se traduire par une forte baisse des moyens d’existence locaux.

«Prenez soin des pauvres, et les riches

prendront soin d’eux-mêmes.»Shepherd, Arnold et Bass, 1999

Le recours à la forêt est dynamique: il évoluera probablement avec le temps, en fonction des contextes environnemen-taux, économiques, culturels et politi-ques. Certaines populations ou certains ménages tendront vraisemblablement à réduire leur utilisation actuelle des forêts ou des produits forestiers. D’autres continueront à avoir besoin des forêts.

D’autres encore en seront de plus en plus dépendants à l’avenir.

Ceux qui sont totalement tributaires des forêts le deviendront un peu moins; la forêt constituera de plus en plus un com-plément aux autres gagne-pain. Ceux qui dépendent actuellement des forêts parallèlement à l’agriculture, à l’élevage, au commerce et aux salaires continueront de le faire, bien que le niveau de dépen-dance, et la dépendance à l’égard de produits spécifiques évolueront proba-blement compte tenu de la disponibilité d’autres ressources et solutions.

Le recours et l’accès aux forêts ou terres boisées à proximité immédiate devrait se poursuivre, voire dans certains cas, augmenter lorsque les exploitations plus petites ou la baisse de la productivité agri-cole réduiront l’autosuffisance vivrière, parfois au point que les gens devront vendre les produits qu’ils cueillaient auparavant pour leur propre usage.

Ce sont les pauvres qui bénéficieront le plus de cette situation en continuant à avoir accès aux produits forestiers, mais ils devront faire face à un amenuisement des ressources (dû notamment à l’ac-croissement démographique ou aux res-trictions d’accès aux ressources), assorti d’une capacité réduite de les exploiter. Le modèle actuel d’activités liées aux produits forestiers pour les personnes incapables d’obtenir un revenu quel-conque ou suffisant de l’agriculture ou de l’emploi salarié devrait se maintenir. Parallèlement, les pressions accrues pour trouver un emploi et satisfaire les besoins de revenus devraient leur laisser moins de temps pour exploiter les possibilités

offertes par les produits forestiers à forte intensité de main-d’œuvre. Toutefois, les pauvres auront encore besoin de se trouver des ressources non agricoles pour compléter ce qu’ils produisent à la ferme. La forêt joue un rôle particulièrement important en tant que tampon amortissant les temps difficiles.

Les pauvres devraient avoir plus de mal que d’autres à tirer parti des occasions pouvant naître de la commercialisation croissante des produits forestiers. Sou-vent, lorsque les produits acquièrent un attrait commercial, les pauvres perdent l’accès aux ressources, car les produits passent sous le contrôle des plus puis-sants qui sont en mesure d’exploiter les nouveaux créneaux.

Il est courant que l’offre de certains produits forestiers se déplace de la forêt à l’exploitation. Ceux qui ont accès à la terre et à des ressources suffisantes pour la travailler font de plus en plus appel à l’arboriculture à la ferme (Arnold et Dewees, 1995, cité dans Byron et Arnold, 1999).

La plantation et l’entretien des arbres nécessitent une main-d’œuvre plus réduite par rapport à d’autres cultures. De ce fait, les cultures arboricoles sont souvent adoptées pour pallier la pénurie croissante de travailleurs agricoles. En conséquence, une main-d’œuvre plus efficace et l’amélioration d’autres fac-teurs pourraient inverser la tendance. Dans d’autres situations, les agricul-teurs pauvres favorisent l’arboriculture comme moyen peu coûteux d’accroître la productivité du site (par exemple, par le biais de jardins familiaux, de plantations d’ombrage et de rideaux-abris). Parfois, ces ressources peuvent être créées plutôt à partir de la forêt que de plantations, par exemple jardins d’arbres fruitiers et d’hévéas en Indonésie (Michon et de Foresta, 1995).

Toutefois, les arbres à la ferme ne peuvent fournir que certains produits et services que les gens obtenaient aupara-vant des forêts. En outre, la culture d’ar-bres à la ferme n’est pas une solution pour les ménages sans terres et d’autres familles pauvres. Ces groupes souffrent davantage de l’accès réduit aux produits forestiers.

4 Cette section s’inspire en grande partie de Arnold et Byron, 1999.

Page 85: Revue internationale 226/227 › 3 › a1222f › a1222f00.pdf · 2007-08-17 · Organisation 226/227 des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture Revue internationale des

Unasylva 226/227, Vol. 58, 2007

2000s

85

«Plus nous prenons conscience de

la capacité des forêts d’atténuer les

risques et de renforcer la sécurité, et de

leur rôle complémentaire à une vaste

gamme de moyens d’existence ruraux,

plus nous comprenons la nature fonda-

mentale de la dépendance des pauvres

à leur égard.»Shepherd, Arnold et Bass, 1999

L’enseignement à tirer de ce que nous appelons couramment la contribution des forêts aux moyens d’existence des pauvres est que si les forêts doivent jouer un rôle plus important à l’avenir, il faudra appuyer les interventions ou les démarches suivantes.

Là où les forêts continuent à être au cœur des systèmes de moyens d’existence, les populations locales sont – ou devraient être – les principales parties prenantes. Satisfaire leurs exigences sur une base durable devrait être le premier objec-tif de l’aménagement forestier, et cela devrait se traduire par des mécanismes de contrôle et d’exploitation (Peluso et Padoch, 1996). Une évaluation détaillée doit être préparée par, ou tout du moins avec, les personnes concernées, afin d’identifier la gamme complète de rela-tions entre les populations et les forêts qu’elles utilisent et/ou gèrent, les obsta-cles actuels à leurs moyens d’existence et les possibilités et le désir de changement (Byron et Arnold, 1999). Les expérien-ces de gestion forestière participative au Népal, en Gambie et en Inde, par exemple, montrent que cette approche est praticable et efficace.

Dans de nombreux cas, la recette qui s’impose est un cadre administratif et juridique qui légitimise la participation des groupes d’utilisateurs pauvres à la cogestion de la ressource et offre des mécanismes d’exploitation. Lorsque les moyens locaux de contrôle et de ges-tion sont faibles ou ont été compromis ou démantelés, une assistance externe sera vraisemblablement nécessaire pour renforcer et surveiller les mécanismes de partage et de gestion de la ressource.

Les interventions devraient veiller aux principes d’équité tant entre qu’au sein des groupes concernés, afin de renfor-cer le capital social et limiter au mini-mum les sources de conflits et les coûts de négociation pour les groupements d’usagers.

Là où les produits forestiers ont un rôle important de complément et de filet de sécurité à jouer, les utilisateurs ont besoin d’une sécurité d’accès aux res-sources (Byron et Arnold, 1999).

Là où les pratiques et les systèmes communaux d’aménagement forestier et de contrôle continuent à fonctionner, il faut des politiques qui reconnaissent ces droits locaux, et un cadre juridique et réglementaire pour les protéger (Byron et Arnold, 1999). Les régimes de pro-priété collective ne sont pas comparables à l’accès libre. Une ressource appartenant à une communauté bien gérée peut être considérée comme une propriété privée en partage, limitée aux membres d’un certain groupe d’usagers. Souvent, les facteurs qui causent le démantèlement d’un régime de propriété commune porte-raient également à la dégradation de la res-source si elle était administrée par l’État (Shepherd, Arnold et Bass, 1999).

Étant incapables de surveiller efficace-ment ce qui se passe dans les zones fores-tières, de nombreux gouvernements ont institué des politiques et des réglemen-tations forestières et environnementales visant à limiter plutôt qu’à encourager la production et la vente de produits forestiers. On peut citer les restrictions sur la récolte privée et le commerce des produits ligneux et l’obligation de vendre d’autres produits forestiers aux offices de commercialisation étatiques (par exemple, dans certaines régions de l’Inde). Si ces obstacles ne sont pas élimi-nés, les gens ne sont guère encouragés à se lancer dans l’aménagement durable des forêts (voir ci-dessus) (Dewees et Scherr, 1996, cité dans Arnold, 1998).

Là où les produits forestiers jouent un rôle important mais où leur approvision-nement de sources non forestières est plus

efficace, l’aménagement et les politiques forestières pourraient devoir s’orienter vers le soutien de l’agroforesterie. Si la principale forme d’intervention par le passé a été l’offre de dispositifs visant à encourager la plantation d’arbres, on a plus de chances d’accroître les revenus tirés de l’arboriculture en offrant aux producteurs un meilleur accès aux mar-chés. Il faut souvent accorder la priorité à la réforme des politiques et des pratiques qui créent les restrictions du marché et qui font chuter les cours des produits forestiers ou arboricoles.

Parmi ces obstacles figurent couram-ment le manque d’informations sur le marché, des systèmes d’échange peu performants pour les petits producteurs, la baisse des prix du bois de feu due aux subventions accordées aux autres combustibles et la concurrence avec l’offre subventionnée des forêts et des plantations de l’État. Il existe un danger qu’en entravant l’accès de l’agriculteur aux marchés des produits arboricoles, les gouvernements compromettent le passage d’une économie de subsistance à une économie de marché (Dewees et Scherr, 1996, cité dans Arnold, 1998).

Les enquêtes menées sur les petites entre-prises montrent systématiquement que les activités liées aux produits forestiers sont parmi les trois premières sources d’emploi dans le secteur rural indus-triel et commercial (Fisseha, 1987). Les ruraux pauvres, en particulier les paysans sans terre qui dépendent des ressources collectives, auront besoin d’une aide pour exploiter les possibilités offertes dans ces domaines. Les producteurs actuels et potentiels pourraient avoir besoin d’un meilleur accès au crédit, au savoir-faire, aux services de commer-cialisation, etc. Toutefois, les besoins et opportunités diffèrent en fonction du groupe cible. Les nouveaux venus attirés par les forces de l’offre – c’est-à-dire les gens en quête d’activités de subsistance –n’ont pas les mêmes besoins que ceux qui veulent exploiter les créneaux du marché (Arnold, 1998).

Certains produits ont des marchés vastes, diversifiés et stables, tandis que d’autres se heurtent à des marchés ou à une demande très instables, saisonniers

Page 86: Revue internationale 226/227 › 3 › a1222f › a1222f00.pdf · 2007-08-17 · Organisation 226/227 des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture Revue internationale des

Unasylva 226/227, Vol. 58, 2007

2000s

86

et soumis à de fortes fluctuations de prix. Certains produits destinés aux marchés industriels, comme la graine de babassu de l’Amazonie, doivent faire face à de grands changements dans les conditions requises par le marché et le passage à des sources domestiquées ou synthétiques (May et al., 1985, cité dans Byron et Arnold, 1999).

Il ne faut pas encourager le dévelop-pement des produits négligeant l’aména-gement forestier, qui se traduira par un appauvrissement de la matière première, comme dans le cas, par exemple, des paniers au Botswana (Terry, 1984, cité dans Arnold, 1998). Les moyens d’exis-tence durables dépendent d’une base de ressources gérée de façon durable. Il faut soutenir l’élaboration d’une esti-mation, d’un suivi et d’une évaluation des ressources forestières fondés sur la participation.

Les marchés intérieurs de produits forestiers peuvent offrir des débouchés plus stables de développement. La grande part des activités liées aux produits fores-tiers dans le secteur rural révèle la taille des marchés ruraux pour ces produits. Là où les infrastructures de transport sont médiocres, l’offre de ces produits fonctionne mieux à l’échelle locale (FAO, 1987). De nombreux produits, qui n’étaient pas vendus dans les zones rurales, comme le bois de feu et les fruits des forêts, sont de plus en plus commer-cialisés. L’essentiel de la croissance, toutefois, est généralement lié à l’accrois-sement de la demande urbaine.

Certains produits forestiers utilisés à l’intérieur du pays sont, toutefois, consi-

dérés inférieurs et font l’objet d’une consommation mineure à mesure que les revenus augmentent. Par exemple, les aliments issus des forêts peuvent être supplantés par les aliments achetés, et la concurrence des produits manufactu-rés peut s’intensifier à mesure que de meilleures infrastructures de transport ouvrent les zones rurales aux marchés externes.

Les ressources forestières peuvent contribuer à l’atteinte de moyens d’exis-tence durables et à la réduction de la pauvreté. Toutefois, il faut examiner les possibilités d’obtenir ces résultats avec réalisme. À court terme, il ne pourrait y avoir aucune alternative pour de nom-breux ruraux, que les activités tirées des produits forestiers offrant une faible rémunération. De nouvelles solutions, vraisemblablement externes à la fores-terie, doivent être conçues pour aider les gens à abandonner les activités fores-tières en déclin et les activités ne pou-vant offrir que des moyens d’existence marginaux et non durables. Fournir un soutien à ces activités en présence de meilleurs revenus ou de travaux moins durs pourrait entraver l’émergence de meilleurs systèmes. L’enjeu consistera à aider les populations à s’orienter vers des entreprises plus rémunératrices plutôt que de chercher à accroître leur producti-vité dans des activités forestières à faible potentiel. Toutefois, il faudra s’assurer que ces nouvelles activités offrent véri-tablement de meilleures perspectives de croissance.

«Parmi ceux qui abandonnent des

moyens d’existence marginaux et sta-

gnants, certains continueront à avoir

besoin de la forêt comme d’un tampon

pour amortir les périodes difficiles,

même en présence de meilleures solu-

tions et d’une hausse de leurs revenus.

Un enjeu important consistera probable-

ment à apprendre comment aménager les

forêts dans un double but de croissance

et de filet de sécurité.»

Byron et Arnold, 1999

Bibliographie

1999. Attacking poverty while

protecting the environment: towards win-

win policy options. Note technique de

référence. Programme des Nations Unies

pour le développement/Initiative de la

Commission européenne sur la pauvreté

et l’environnement.

1998. Forestry and sustai-

nable rural livelihoods. In D. Carney,

éd. Sustainable rural livelihoods: what

contribution can we make? Department for

International Development, Londres.

1995.

Tree management in farmer strategies:

responses to agricultural intensifica-

tion. Oxford University Press, Oxford,

Royaume-Uni. (publié également sous

le titre de Farms, trees and farmers:

1997. Earthscan Publications, Londres.)

FAO

/CFU

0001

36/R

. FA

IDU

TTI

Les marchés intérieurs de produits forestiers– ici, le marché de Ouagadougou (Burkina Faso) – peuvent offrir des possibilités relativementstables de développement

Page 87: Revue internationale 226/227 › 3 › a1222f › a1222f00.pdf · 2007-08-17 · Organisation 226/227 des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture Revue internationale des

Unasylva 226/227, Vol. 58, 2007

2000s

87

1994. Structure and

growth of small enterprises using forest

products in southern and eastern Africa.

OFI Occasional Paper No. 47. Oxford,

UK, Oxford Forestry Institute, et GEMINI

Working Paper No. 48. Growth and Equity

through Microenterprise Investments and

Institutions (GEMINI) Project, Bethesda,

Maryland, États-Unis.

2000. World Bank

Reviews Global Forest Strategy. Bulletin

no 2000/193/S. http://wbln0018.worldbank.

org/news/pressrelease.nsf

1999. What

World Development, 27(5): 789-805.

1998. Implementing the sustai-

nable livelihoods approach. In D. Carney,

éd. Sustainable rural livelihoods: what

contribution can we make? Department for

International Development, Londres.

1996. Policies

and markets for non-timber tree products.

EPTD Document de synthèse no 16. Institut

international de recherche sur les politiques

alimentaires, Washington.

1999. Sustainable guidance

sheets: framework. Londres.

Strategies for achieving the inter-

national development targets: environmen-

tal sustainability and eliminating poverty.

Consultation document. Department for

International Development, Londres.

1987. Petites entreprises forestières.

Étude FAO: Forêts no 79. Rome.

1987. Aspects fondamentaux des

petites entreprises rurales de traitement des

produits forestiers dans les pays en dévelop-

pement. In Petites entreprises forestières.

Étude FAO: Forêts no 79. Rome, FAO.

1996. Living

in abundance. The forest of the Wayampi

(Amerindians from French Guiana). In M.

Ruiz Pérez et J.E.M. Arnold, éds. Current

issues in non-timber forest products research,

p. 177-196. CIFOR-ODA, Bogor, Indonésie.

1994. Food security and the commons:

evidence from Niger. Draft report to USAID

Niger, IFPRI, Washington D.C.

1994. The forest

islands of Kissidougou: social dynamics

of environmental change in West Africa’s

forest-savannah mosaic. Rapport à ESCOR,

Overseas Development Administration

(ODA), Londres.

1985. Babaçu palm in the

agroforestry systems of Brazil’s Mid-North

region. Agroforestry Systems, 3: 275-295.

1995. The

Indonesian Agro-Forest Model: forest

resource management and biodiversity

conservation. In P. Halladay et D.A.

Gilmour, éds. Conserving biodiversity

outside protected areas: the role of tradi-

tional agro-ecosystems. Programme de

conservation de l’UICN, UICN, Gland,

Suisse.

1996. Changing

resource rights in managed forests of West

Kalimantan. In C.Padoch et N.L. Peluso,

éds. Borneo in transition: people, forests,

conservation and development. Oxford

University, Singapour.

1999. Forests and sustainable livelihoods.

Contribution au processus d’examen de

la foresterie par la Banque mondiale.

Document Internet: http://wbln0018.

worldbank.org/essd/forestpol-e.nsf/

MainView (sous «other relevant stakehol-

der documents»). (manuscrit)

1984. Botswanacraft and

Hambukushu basketry: the effects of a

major marketing operation on a group

of african people, their traditional craft,

and the natural resources. Rapport à la

Botswanacraft Marketing Company, Estha,

Botswana.

1995. Patterns of non-timber

forest products enterprise activity in the

forest zone of southern Ghana. Draft report

to the ODA Forestry Research Programme,

Londres.

1998. Protecting our planet, securing our

future – linkages among global environ-

mental issues and human needs. Nairobi,

Kenya et Programme des Nations Unies

pour l’environnement (PNUE), National

Aeronautics and Space Administration

(NASA), États-Unis et Banque mondiale,

Washington D.C.

Page 88: Revue internationale 226/227 › 3 › a1222f › a1222f00.pdf · 2007-08-17 · Organisation 226/227 des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture Revue internationale des

Unasylva 226/227, Vol. 58, 2007

2000s

88

Des chercheurs chiliens ont travaillé avec des osiériculteurs (Salix viminalis) et des fabricants d’articles en osier – meubles et objets d’artisanat – pour tenter de revitaliser ce secteur en déclin, en améliorant la qualité des produits et en développant les marchés.

C ’est dans la petite ville de Chim-barongo, à 200 km de Santiago, que l’on découvrit au début du

vingtième siècle que les pousses ou les tiges flexibles de Salix viminalis étaient tout à fait adaptées pour la fabrication d’articles d’artisanat. On a commencé à cultiver cette espèce et à former des artisans pour fabriquer des meubles, qui se vendaient dans la capitale et ailleurs dans le pays. Au Chili, les activités d’osiériculture et de vannerie sont res-tées concentrées dans la zone de Chim-barongo.

A Chimbarongo, à la fin des années 90, les cultures de S. viminalis occupaient 223 ha, divisés en 88 plantations, appar-tenant pour la plupart à de petits produc-teurs. Environ 1 200 ateliers produisaient une vaste gamme d’articles en osier, pour la plupart écoulés sur le marché local. Cependant, les producteurs et les inter-médiaires avaient commencé à exporter une grande quantité d’osier (800 tonnesde matière sèche par an, évaluées à 750 000 dollars EU), de sorte que les arti-

sans locaux manquaient de matière pre-mière pour fabriquer leurs produits.

En outre, d’autres matériaux comme le bois, le cuir et le plastique com-mençaient à remplacer l’osier dans la

Promotion du secteur de l’osier au ChiliM.I. Abalos Romero

Les procédés de fabrication des meubles en osier ont été

modernisés pour améliorer le design et la qualité; ici, un marché de meubles au bord d’une route, à Chimbarongo

J. SVEN

SSON

d’après No. 221, 2005

a écrit cet article comme chercheuse, chargée du projet «Développement intégré de la culture et l’industrie de l’osier» à l’Institut chilien de recherche forestière (INFOR-MINAGRI), Bureau centre-nord, Santiago (Chili).

Un article qui tisse littéralement les connaissances pour le développement; il narre les expériences faites en renforçant l’industrie de la vannerie à base d’osier pour stimuler le développement rural.

Extrait de:

fabrication de meubles, d’emballages et d’autres articles ménagers. Comme les articles en osier étaient de moins bonne qualité que les produits vendus sur de meilleurs marchés et avaient un aspect démodé, la demande a diminué, ce qui a engendré une crise du secteur de la vannerie à Chimbarongo, à l’issue

Page 89: Revue internationale 226/227 › 3 › a1222f › a1222f00.pdf · 2007-08-17 · Organisation 226/227 des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture Revue internationale des

Unasylva 226/227, Vol. 58, 2007

2000s

89

de laquelle 4 000 personnes qui tiraient leurs moyens d’existence du travail de l’osier se sont retrouvées avec à peine de quoi survivre.

Parallèlement, un processus inverse à celui observé à Chimbarongo se vérifie à l’échelon mondial, avec une vogue croissante des produits naturels et de l’artisanat, attestée par un commerce dynamique des produits en fibres natu-relles. Ainsi, des produits en rotin – une fibre végétale similaire pouvant servir à fabriquer le même genre d’articles –sont exportés en grande quantité d’Asie vers les marchés d’Europe, d’Amérique du Nord et même du Chili, où ils sont très demandés par les consommateurs aisés.

C’est pourquoi l’Institut chilien de recherche forestière (Instituto de Inves-tigación Forestal de Chile, INFOR), en collaboration avec des universités et d’autres institutions nationales et avec un appui financier du Fonds pour la pro-motion du développement scientifique et technologique (Fondo de Fomento al Desarrollo Científico y Tecnológico, FONDEF), a exécuté un projet, de 1997 à 2003, pour promouvoir le dévelop-pement du secteur de l’osier au Chili. L’accent a été mis sur l’amélioration de la qualité du produit, le développement du marché intérieur et l’accroissement des exportations de matières premières

Des boutures sont prélevées sur des rejets de souche de saules d’un an et repiquées entre juin et août

M. A

BA

LOS

Les tiges coupées sont ordinairement

immergées dans des réservoirs d’eau

jusqu’à ce qu’elles commencent à

faire des rejets au printemps; la tige est

ensuite décortiquée à la main avec un peloir

Les tiges d’osier sont coupées en automne et en hiver, quand les feuilles sont tombées

Champ de Salix viminalis d’un an

E. BEU

KER

M. A

BA

LOS

D. K

AJB

A

Page 90: Revue internationale 226/227 › 3 › a1222f › a1222f00.pdf · 2007-08-17 · Organisation 226/227 des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture Revue internationale des

Unasylva 226/227, Vol. 58, 2007

2000s

90

et de produits dérivés, en particulier de meubles. Le projet intéressait l’en-semble du secteur (production agricole, petit artisanat et fabrication industrielle d’articles en osier (voir figure).

Tous les vanniers de Chimbarongo étaient intimement persuadés qu’il fal-lait plusieurs années pour former un artisan et que seuls les hommes avaient le savoir-faire et la dextérité nécessai-res pour apprendre la vannerie. Cette croyance excluait d’office les femmes et empêchait toute possibilité de trans-fert de compétences à d’autres régions du pays.

Les artisans de Chimbarongo établis-saient leurs conditions de travail, ainsi que les prix, les délais de livraison, les heures de travail et les types de produits, sur la base de cette croyance solidement ancrée, ce qui empêchait de mettre en œuvre les projets proposés par des entre-prises venues s’installer à Chimbarongo, car elles étaient attirées par les propriétés exceptionnelles de l’osier blanc.

Un transfert de compétences était nécessaire pour stimuler la compétition et créer de nouvelles opportunités pour les populations rurales d’autres régions, où les rendements de la culture de l’osier blanc étaient favorables. Le projet a donc financé des stages dans les zones rurales où des essais d’osiériculture avaient été mis sur pied, et environ 120 personnes originaires de ces zones ont reçu une formation aux techniques de vannerie. La période d’apprentissage s’est avérée brève (deux ou trois mois); les artisans perfectionnaient leurs acquis en tra-vaillant, ce qui leur permettait d’amé-liorer la qualité de leur production.

La majorité des bénéficiaires de ces stages étaient des femmes qui, souhaitant contribuer au revenu familial et jouer un rôle plus actif dans la communauté, étaient très intéressées par cette forma-tion. Les résultats ont montré que les femmes étaient tout à fait capables de travailler l’osier et que cette activité était vue d’un bon œil, car elle leur permettait d’obtenir un revenu tout en s’occupant de leur maison et de leurs enfants. Le moment venu, les femmes osiéristes ont constitué des groupes, et des ateliers sur

Mise en botte des tiges, triées par longueur, diamètre et défauts

Les tiges sont séchées après l’écorçage

Les gros producteurs pèlent la tige avec une décortiqueuse électrique

M. A

BA

LOS

M. A

BA

LOS

M. A

BA

LOS

Page 91: Revue internationale 226/227 › 3 › a1222f › a1222f00.pdf · 2007-08-17 · Organisation 226/227 des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture Revue internationale des

Unasylva 226/227, Vol. 58, 2007

2000s

91

Les cours de formation au travail de l’osier ont surtout

été suivis par des femmes, qui avaient traditionnellement été exclues de ce type d’artisanat

M. A

BA

LOS

Les différentes étapes de la productiond’osier au Chili

Traitement des tiges

Gestion

Récolte

Cadre

Tressage

Finitions

Achat de la terre

Préparation des plants

Établissement

Pleine production

Traitement après récolte

Traitement avant fabrication

Fabrication de meubles

Commercialisation sur le marché international

Commercialisation sur le marché intérieur

Préparation du site

Plantation

Traitement après plantation

Ébullition (facultatif)

Écorçage

Tri

Bain anti-tache

Fendage

Extraction de la médulle

Coupe en largeurs uniformes

la production et la commercialisation des produits en osier ont été tenus à leur intention, avec l’appui du gouver-nement local.

A la fin des années 90, par suite de la stagnation du secteur de la vannerie à Chimbarongo, les articles fabriqués – principalement de vannerie – se ven-daient à très bas prix sur le marché inté-rieur, ce qui a donné à penser que l’osier était peu apprécié dans le pays.

Or une étude de marché effectuée par le projet parmi des catégories socio-économiques intermédiaires et élevées de Santiago, le plus grand centre de consommation du pays, a révélé que sur 300 ménages, près de la moitié avaient chez eux un meuble en osier. L’enquête a également révélé que 34 pour cent de ces ménages avaient des meubles en osier dans leur résidence secondaire à la campagne ou à la mer, et que dans ces maisons la proportion d’articles en osier était plus élevée. Malgré cela, les consommateurs n’étaient pas satisfaits de la qualité, du design qui manquait de fantaisie et des finitions qui lais-saient à désirer. Ils disaient qu’il suf-firait d’améliorer la qualité pour que la demande augmente, car ce type de meuble allait bien dans toutes les pièces de la maison et avec de nombreux styles de décoration.

Dans le même temps, des études de

marché effectuées en Europe et en Amérique centrale révélaient un inté-rêt considérable pour les articles en osier produits au Chili, en particulier les meubles. Toutefois, pour couvrir la demande, il fallait améliorer la qualité et produire en plus grande quantité afin de mieux répartir les coûts de transport élevés. Les enquêtes concluaient qu’il fallait attirer des capitaux et dévelop-per la production selon les règles de la gestion d’entreprises, tout en conservant son caractère artisanal.

C’est ainsi que le projet a entrepris d’améliorer les procédés de fabrication des articles en osier, en particulier des meubles. Il a préconisé l’emploi de vis au lieu des clous traditionnels, l’intro-duction de fer dans la structure et l’amé-lioration des jointures, de l’assemblage et des finitions. La modernisation du design a aussi été encouragée.

Des cours de formation et une assis-tance technique ont été assurés dans le domaine du contrôle de la qualité. Un voyage d’étude a été organisé à l’inten-tion d’un groupe d’artisans, pour leur donner l’occasion de visiter des centres de production de meubles en rotin en Asie ainsi que des magasins d’exposition et des foires commerciales importants en Europe et en Amérique centrale, afin qu’ils puissent observer par eux-mêmes les systèmes de production adoptés, la qualité des produits, de même que les tendances et designs actuels.

Pour améliorer l’aspect des meubles, le

projet a établi des liens de collaboration avec les écoles de design des principales universités du pays, qui organisaient des ateliers de vannerie, en établissant des partenariats entre spécialistes du design, artisans et entreprises du meuble, et en créant de nouvelles applications pour l’osier. Les designs ont ensuite été exposés à la première foire du meuble en osier.

À l’issue de ce processus d’apprentis-sage à l’intention d’experts techniques et d’artisans, l’Institut chilien de nor-malisation a formulé deux normes de qualité: la norme 2039 de 1998 sur le thème «L’osier, caractéristiques physi-ques et catégories de qualité de la matière première», qui établissait un système de classification et définissait les carac-téristiques physiques que devait avoir l’osier, en tant que matière première pour l’industrie du meuble et la vannerie, et la norme 2532 de l’an 2000 sur le thème «Règles et normes de qualité pour les meubles en osier».

L’expansion du secteur de l’osier est avantageuse sur le plan économique, social et environnemental. Les sept années d’activités du projet INFOR avec des artisans et des communautés rurales ont fait beaucoup pour relever ce secteur en crise et améliorer la connaissance de l’osiériculture et de la production d’articles en osier.

Page 92: Revue internationale 226/227 › 3 › a1222f › a1222f00.pdf · 2007-08-17 · Organisation 226/227 des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture Revue internationale des

LA FAO ET LA FORESTERIE

Unasylva 226/227, Vol. 58, 200792

Le Comité des forêts de la FAO – continue à s’accroîtreLa dix-huitième session du Comité des forêts (COFO), l’organe

subsidiaire le plus important en matière de forêts de la FAO, s’est

tenu au siège de la FAO à Rome, Italie, du 12 au 16 mars 2007.

Estimée un grand succès, la réunion a attiré près de 600 participants

provenant de gouvernements, organisations intergouvernementales

et organisations non gouvernementales.

Les sessions biennales di COFO réunissent les responsables

des services forestiers et d’autres fonctionnaires publics de haut

rechercher des solutions et de conseiller la FAO et d’autres quant

aux mesures appropriées à prendre. Le COFO fait rapport au Conseil

de la FAO. La participation au COFO est ouverte à tous les pays

membres de la FAO.

Mis à part les décisions relatives au programme de travail de la FAO,

les délégués ont abordé des questions de fond comme les forêts et

l’énergie, la protection des forêts, la gestion forestière durable à assise

communautaire et les progrès accomplis vers la gestion forestière

durable. La FAO a également présenté la Situation des forêts du

monde 2007 (voir la section Livres dans ce numéro), analysant les

progrès vers cette gestion.

Une vaste série d’événements auxiliaires, de sessions d’information

et de séminaires en cours de session ont enrichi la réunion, de nom-

breux partenaires y prenant part aux côtés de la FAO. Les sujets

analysés comprenaient les programmes forestiers nationaux et la

réduction de la pauvreté, la gestion des incendies, la santé des forêts,

le droit forestier, les petites et moyennes entreprises forestières,

la gestion des bassins versants, l’interface entre la foresterie et

l’agriculture et la réduction des émissions d’anhydride carbonique

dues à la déforestation.

sur le travail de la FAO et d’autres organisations forestières, une

la FAO, une présentation de photos concernant la forêt provenant

d’un concours international parrainé par la FAO (voir p.94) et une

exposition de livres rares sur la forêt remontant au dix-huitième siècle.

À la réception d’inauguration, un chœur d’enfants a interprété des

chansons sur les arbres et la forêt.

Dans son discours inaugural, le premier jour, le Directeur général

adjoint de la FAO, David Harcharik, a passé en revue les bonnes et les

ou croissante dans 57 pays, mais qu’elle s’est amenuisée dans 83

pays au cours des cinq premières années du millénaire. «Les change-

ments climatiques créent des conditions qui accroissent les menaces

Dans le sens des aiguilles d’une montre: Visiteurs à l’exposition du COFO dans l’atrium; livres rares concernant la foresterie exposés à la Bibliothèque David Lubin; concours de photos sur les forêts;

FAO

/G. N

APO

LITA

NO

Page 93: Revue internationale 226/227 › 3 › a1222f › a1222f00.pdf · 2007-08-17 · Organisation 226/227 des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture Revue internationale des

Unasylva 226/227, Vol. 58, 200793

à la santé des forêts dans de nombreux écosystèmes, notamment

les forêts boréales fragiles» a-t-il dit, «et des forces extérieures – y

compris la pauvreté et le sous-développement, la croissance démo-

les forêts qui dépasse la capacité des gestionnaires forestiers de la

pour réaliser la gestion forestière durable sont ceux qui souffrent des

Questions de fond du programme

Comme l’a noté Harcharik dans son discours d’ouverture, le bois a.

de tout temps, été la principale source d’énergie dans de nombreux

pays, mais on cherche maintenant des solutions de rechange basées

sur les biocombustibles qui remplaceront les combustibles fossiles de

manière beaucoup plus agressive que par le passé – ce qui appelle

l’attention sur les dimensions économiques et environnementales

de la dendroénergie. La session du COFO sur les forêts et l’énergie

a mis l’accent sur l’exigence de stratégies de bioénergie nationales

globales et intégrées et l’introduction de questions concernant la

dendroénergie dans les programmes forestiers nationaux ou les

autres stratégies forestières; sur le besoin d’une analyse des impacts

sociaux, économiques et environnementaux des changements dans

l’utilisation du bois pour la production d’énergie; et sur l’importance

d’un dialogue aux niveaux national et régional pour contribuer à

accroître les capacités institutionnelles et techniques liées à la

production et la consommation durables de bioénergie, y compris

la dendroénergie.

Harcharik a également noté que le moment était venu d’examiner

la protection des forêts, soulignant qu’il existe des preuves certaines

que la gravité croissante des incendies de forêts et des infestations

de ravageurs dans certains pays est liée au réchauffement de la

planète. «La santé de nombreuses forêts est plus que jamais mena-

cée par les insectes, les maladies et les incendies a-t-il déclaré. «La

mauvaise santé des forêts menace, à son tour, la biodiversité, ainsi

que de nombreux autres biens et services procurés par la forêt, et

représente une bonne raison pour que le COFO porte un nouveau

regard sur la protection des forêts, en considérant éventuelle-

ment l’adoption d’une approche plus intégrée, à plus long terme et

stratégique». La session sur la protection des forêts a souligné l’utilité

d’un échange d’informations et d’expériences sur les incendies de

forêts, les ravageurs et les espèces envahissantes par le biais de la

constitution de réseaux, la création de capacités et la coopération

internationale.

Une session sur la gestion forestière durable à assise commu-

nautaire, intitulée «Mettre les forêts au travail au niveau local» a mis

l’accent sur l’importance d’établir un droit forestier sûr, des procédures

juridiques transparentes et simples, des incitations visant la viabilité

économique, le développement des entreprises communautaires, la

Tissons nos connaissances pour le développement

Comme emblèmes du slogan «Tissons nos connaissances pour le développement», la FAO a distribué aux délégués du COFO des

par une coopérative villageoise en République démocratique populaire lao (photo à gauche) et des cordons pour les laissez-passer des réunions tissés à la main par les villageois du Guatemala et brillamment colorés grâce à des teintures naturelles tirées de plantes forestières (photo à droite). Un projet de la FAO a aidé ces petites entreprises villageoises à développer leurs activités et à commer-cialiser leurs produits, contribuant par là même aux moyens d’existence et promouvant une meilleure gestion des ressources. Les cordons tissés vivement colorés ont orné les tenues des délégués pendant toute la semaine et rappelé comment les connaissances et les compétences passées d’une génération à l’autre peuvent contribuer au développement de l’économie locale.

FAO

/S. G

RO

UW

ELS IISD/D

.BIR

CH

ALL

Page 94: Revue internationale 226/227 › 3 › a1222f › a1222f00.pdf · 2007-08-17 · Organisation 226/227 des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture Revue internationale des

Unasylva 226/227, Vol. 58, 200794

Feuilles d’automneCsaba Jekkel, Hongrie

(gagnant)

Près de Biala PodlaskaWojciech Gil, Pologne

Photos gagnantes

Page 95: Revue internationale 226/227 › 3 › a1222f › a1222f00.pdf · 2007-08-17 · Organisation 226/227 des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture Revue internationale des

Unasylva 226/227, Vol. 58, 200795

dans le DanubeCzimbal Gyula, Hongrie

Dans un désert arideAlireza Shahriar, République islamique d’Iran

Concours de photographie sur la forêt, COFO 2007

Page 96: Revue internationale 226/227 › 3 › a1222f › a1222f00.pdf · 2007-08-17 · Organisation 226/227 des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture Revue internationale des

Unasylva 226/227, Vol. 58, 200796

création de capacités dans les communautés locales et la prévention

que les droits de propriété et la propriété foncière communautaire

sont en retard par rapport à d’autres réformes dans la gouvernance

forestière.

La FAO a présenté des directives volontaires sur la gestion respon-

sable des plantations forestières et sur la gestion des incendies qui

avaient été mises au point par un processus multi-parties prenantes.

Le comité a accueilli avec satisfaction les directives et recommandé

que ses membres et les parties prenantes forestières les utilisent. Il a

également recommandé que ces directives soient maintenues comme

documents vivants, à mettre à jour et à améliorer en y incorporant les

informations provenant de leur mise en œuvre au niveau des pays.

Le comité a invité la FAO à renforcer l’application des directives sur

l’exploitation forestière à impact limité et à préparer de nouvelles

directives volontaires pour les zones forestières arides et semi-arides

et pour les arbres hors forêt, à l’aide d’un processus similaire.

D’autres recommandations concernaient la mise au point, la pro-

motion et l’utilisation d’outils de gestion pour combler le fossé entre

les politiques et les actions à tous les niveaux, en mettant l’accent

sur les approches intersectorielles et paysagistes; le soutien continu

aux programmes forestiers nationaux (y compris la collaboration

permanente avec le Mécanisme pour les programmes forestiers

nationaux); et la promotion constante de bonnes pratiques pour

améliorer l’application des lois dans le secteur forestier. Le COFO

a recommandé que la FAO, en collaboration avec la Convention-

cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCCC),

contribue à la création de capacités pour renforcer et appliquer les

mesures d’atténuation et d’adaptation des changements climatiques,

y compris la réduction des émissions issues de la déforestation. Le

comité a souligné le rôle de la FAO comme centre de connaissances

et de communication pour la foresterie, qui devrait mettre l’accent sur

l’information et l’analyse au service de la gestion forestière durable.

Le comité a également promu le renforcement ultérieur des com-

missions régionales des forêts.

Evènement spécial

par le Directeur général de la FAO, Jacques Diouf, à participer à un

événement spécial sur les changements climatiques au cours duquel

le Président du Nigéria, Olusegun Obasanjo a prononcé le discours

inaugural. Les intervenants ont noté que la déforestation représente 18

pour cent des émissions de gaz à effet de serre causant les change-

ments climatiques; ils ont observé les liens entre les forêts, l’évolution

du climat, la biodiversité et la gestion des bassins versants et examiné

les impacts du changement climatique sur l’agriculture et la foresterie,

y compris la migration des ravageurs et des maladies et les risques

accrus d’incendies de forêts. Le même après-midi, un forum sur les

forêts et l’énergie a examiné la bioénergie tirée du bois, notant que

la moitié de tous les arbres abattus sont brûlés et que de nouvelles

également noté que les industries forestières ont un rôle à jouer en

luttant contre les changements climatiques, grâce à la gestion forestière

durable, le recyclage et le remplacement du bois par des matériaux à

plus grande production d’énergie comme l’acier et le béton.

Participants satisfaits

L’Earth Negociations Bulletin (voir www.iisd.ca) a noté que la «dix-

huitième session du Comité des forêts de la FAO peut s’inscrire dans

les annales de l’histoire comme l’une des réunions portant sur les forêts

les plus réussies. Elle a été superbement organisée, disciplinée mais

fortement participative et accueillante, riche en informations et toujours

données … Certains participants de longue date ont décrit le COFO

18 comme la réunion au contenu sur les politiques forestières le plus

important depuis des années.» L’ENB a également loué l’échange

d’informations techniques de base, la liberté de contraintes politiques

et de controverses et l’intensité de l’information.

ftp://ftp.fao.org/docrep/fao/meeting/012/j9643f.pdf

Une alliance pour la lutte contre le incendies lancée à la conférence internationale sur les incendiesLe feu est un important outil en agriculture et pour l’entretien de

l’écosystème. Toutefois, les feux de friches, qui sont souvent dus à

la négligence ou aux incendies volontaires, détruisent des millions

d’hectares de forêts et de terres boisées, entraînant la perte de vies

humaines et animales et des dommages économiques considérables.

Les incendies sont de plus en plus souvent le résultat des change-

s’aggravent dans de nombreuses régions. Les politiques nationales

et internationales de gestion des incendies, mises au point par la

coopération avec toutes les parties prenantes, sont essentielles

pour la protection des paysages, des écosystèmes, des populations

et des propriétés.

a réuni des experts de la gestion technique des incendies et les

autorités intéressées aux politiques et aux pratiques nationales en

matière de gestion des feux de friches. La plus récente, la quatrième

Conférence internationale sur les incendies de forêts, s’est tenue

à Séville, Espagne, du 14 au 17 mai 2007 et a réuni plus de 1 500

participants. Elle a été organisée sous les auspices de la Stratégie

internationale de prévention des catastrophes naturelles (SIPC), la

FAO et la Commission européenne, et hébergée par le Gouvernement

d’Espagne et le gouvernement régional d’Andalousie.

La réunion a porté sur toute la gamme des activités de gestion des

incendies, y compris la surveillance, l’alerte rapide, la préparation,

la prévention, l’élimination et la restauration. Elle a examiné l’état

actuel de la sécurité-incendies, de la gestion des incendies et de la

formation en matière de gestion des incendies.

La FAO et ses partenaires ont présenté une mise à jour de la

gestion des incendies, en cours de mise au point à la demande de

Page 97: Revue internationale 226/227 › 3 › a1222f › a1222f00.pdf · 2007-08-17 · Organisation 226/227 des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture Revue internationale des

Unasylva 226/227, Vol. 58, 200797

la réunion ministérielle sur les forêts tenue à la FAO en 2005. La

stratégie, élaborée grâce à un processus participatif, comprend une

évaluation mondiale publiée récemment de la gestion des incendies

(voir la section Livres dans ce numéro); un examen de la coopéra-

tion internationale; et des directives volontaires de gestion des

incendies (disponibles sur internet: www.fao.org/docrep/009/j9255e/

j9255e00.htm).

Une alliance pour la lutte contre les incendies a été lancée lors de

la conférence pour promouvoir, mettre en œuvre et actualiser les

directives volontaires et pour renforcer la coopération internationale

en matière de gestion des incendies à tous les niveaux. Trente-cinq

partenaires – institutions nationales, universités et organisations

internationales – ont adhéré initialement à l’alliance.

La réunion a également formulé des recommandations pour pro-

mouvoir:

• le partage mondial des ressources pour soutenir les activités de

planification de la gestion des incendies des pays;

• la formulation de stratégies régionales de gestion des incendies;

• la recherche pour atténuer les conséquences des changements

climatiques, de l’utilisation des terres et du couvert végétal, et

socioéconomiques sur le régime des incendies de forêts;

• les réseaux mondiaux et régionaux de la SIPC sur les incendies

de forêts.

L’Afrique du Sud a offert d’héberger la prochaine conférence

envisagée pour 2011.

uni-freiburg.de/sevilla-2007/Conference-Statement-en.pdf

Deuxième étude prospective pour la région

Au cours de ces dernières années, un changement économique, social

altéré considérablement la façon dont les forêts sont considérées

et utilisées. Pour examiner les retombées de ces changements sur

la foresterie et appuyer l’examen des politiques et les réformes,

partenariat avec les pays membres et d’autres organisations

internationales, a lancé la deuxième étude prospective du secteur

La CFAP a parrainé la première étude prospective. une projection

jusqu’en 2010 – entre 1996 et 1998. Depuis lors, l’étude a servi de

point de repère pour d’autres régions; la FAO, en partenariat avec

les pays, a entrepris des études similaires pour l’Afrique, l’Europe,

l’Amérique latine et les Caraïbes et l’Asie de l’Ouest et centrale. Ces

-

tion stratégique et la conception de politiques et projets afférant à la

gestion forestière durable.

En avril 2006, la vingt et unième session de la CFAP a recommandé

que la première étude prospective soit réexaminée et prolongée à

2020. La deuxième étude est une initiative de longue haleine visant

à collecter des informations, examiner les tendances et étudier les

mesures pour l’action et leurs résultats éventuels. Ses objectifs

• identifier les nouveaux changements socioéconomiques qui ont

un impact sur les forêts et la foresterie;

• analyser les scénarios probables pour l’évolution de la foresterie

jusqu’en 2020;

• identifier les priorités et stratégies servant à prendre en compte

les nouvelles occasions et les nouveaux défis.

L’étude permettra aux pays d’inscrire leurs propres objectifs dans

-

L’étude a démarré en octobre 2006 et devrait s’achever en décem-

bre 2008. Des centres de liaison nationaux préparent les rapports

nationaux entre mars et octobre 2007. En même temps, des auteurs et

partenaires choisis rédigent des études thématiques sur une douzaine

de thèmes d’intérêt crucial pour la mise en valeur des forêts dans la

région. Des ateliers ont été tenus en février 2007 pour renseigner les

centres de liaison nationaux sur la manière de préparer les rapports

établi pour fournir des directives techniques générales.

Le processus culminera en une conférence régionale intitulée

2020» qui se tiendra à Chiang Mai, Thaïlande, du 16 au 18 octobre

2007. Diverses parties prenantes partageront leurs points de vue

sur les nouveaux changements, les scénarios probables et leurs

retombées sur les forêts et la foresterie dans la région.

L’équipe responsable de l’étude a mis en circulation un bulletin pour

informer ses partenaires des progrès accomplis et partager les infor-

mations. Pour s’inscrire ou obtenir plus d’informations contacter:

Patricik B. Durst

Forestier principal

39 Phra Atit Road

Bangkok 10200, Thaïlande

E-mail: [email protected]

de droit forestierLa déforestation et la dégradation des forêts résultant de la croissance

démographique, l’expansion de l’agriculture, la demande croissante

de produits ligneux, l’exploitation illégale, le développement industriel,

le commerce non durable des produits forestiers non ligneux et la

croissance économique accélérée ont déclenché un débat qui porte

aussi sur la propriété des ressources forestières et des arrangements

institutionnels. Au cours des 20 dernières années, de nombreux pays

ont accru leurs efforts visant la responsabilisation des communautés

locales, la décentralisation et l’attribution des prises de décisions et

l’accroissement de la participation du secteur privé au secteur fores-

tier. Toutefois, les questions de propriété sont encore une des causes

profondes de la mauvaise performance du secteur forestier.

Pour améliorer la compréhension de la nature et des conséquence

Page 98: Revue internationale 226/227 › 3 › a1222f › a1222f00.pdf · 2007-08-17 · Organisation 226/227 des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture Revue internationale des

Unasylva 226/227, Vol. 58, 200798

du droit forestier, la FAO a organisé une réunion technique à son siège

responsables des politiques des arguments et des preuves pouvant

encourager la réforme profonde des systèmes de droit forestier.

non seulement renforcer la gestion forestière durable, mais aussi

appuyer la réduction de la pauvreté dans le secteur forestier.

La présentation sur les grandes tendances du droit forestier au

niveau régional, en Asie du Sud et du Sud-Est, en Afrique et en

et d’autres appartenant à la société civile ont aussi présenté leurs

perspectives.

des principes clés pour une réforme dans ce domaine, des mes-

sages communs fondés sur ces principes et les moyens de diffuser

les messages pour sensibiliser l’opinion publique aux questions

responsables des politiques.

prendre pour l’avenir dans ce domaine, y compris des activités de

collaboration et des synergies éventuelles.

À la réunion ont assisté plus de 30 représentants d’institutions

gouvernementales, d’organisations de recherche et développement,

la FAO, d’autres institutions des Nations Unies, des organisations

non gouvernementales et d’autres organisations internationales qui

ont une expérience pratique dans le domaine du droit forestier et,

forestièresUne meilleure capacité d’analyse des politiques forestières, du

développement et de la mise en œuvre était l’un des besoins de

En réponse aux recommandations des délégués pour que la FAO

offre une assistance dans ce domaine, le Bureau régional de la

d’éducation exécutive en matière de politiques forestières, qui

s’est tenu du 22 avril au 4 mai 2007 à Nonthaburi, Thaïlande. Le

cours a été organisé en collaboration avec le Mécanisme pour les

programmes forestiers nationaux, l’Organisation internationale des

bois tropicaux (OIBT), le Service forestier des États-Unis, l’Institut

thaïlandais de l’environnement (TEI) et le Programme de l’économie

et l’environnement pour l’Asie du Sud-Est.

Le cours a réuni des forestiers internationaux expérimentés, des

responsables des politiques forestières et des éducateurs spécia-

lisés. Les animateurs du cours ont intégré des thèmes relatifs aux

compétences analytiques et de communication avec une étude

approfondie des questions économiques, environnementales et

sociales qui font de la foresterie un domaine unique en son genre

Les 18 participants assistant au premier cours venaient des pays

suivants: Cambodge, Chine, Indonésie, Malaisie, Palau, Philippines,

Thaïlande, Timor Leste, Viet Nam et de la Division des ressources

siège est à Suva, Fidji. Le groupe de base consistait en forestiers

spécialistes de niveau moyen à supérieur jouant un rôle important

dans tout le processus ou une partie de ce dernier.

Dans l’ensemble, les participants ont estimé que le cours avait eu

du succès. Leurs recommandations seront prises en compte pour

encourager l’engagement actif des participants dans des discussions

Il est espéré que l’initiative serve de modèle à d’autres régions.

Page 99: Revue internationale 226/227 › 3 › a1222f › a1222f00.pdf · 2007-08-17 · Organisation 226/227 des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture Revue internationale des

LE MONDE FORESTIER

Unasylva 226/227, Vol. 58, 200799

contraignantLes délégués participant à la septième session du Forum des Nations

Unies sur les forêts (FNUF) ont su négocier avec succès un instrument

non juridiquement contraignant pour la gestion forestière durable et le

Programme multi-années de travail du FNUF allant de 2007 à 2015.

Près de 600 participants ont assisté à la session qui s’est tenue au

siège de l’ONU à New York du 16 au 27 avril 2007. Ils sont parvenus

à un consensus sur des questions auparavant controversées comme

l’inclusion de la bonne gouvernance comme préalable à la réalisation

de la gestion forestière durable. Toutefois, la discussion sur la manière

Pendant la réunion, les délégués ont aussi participé à des dialogues

multi-parties prenantes avec les principaux groupes (jeunes, femmes,

petits propriétaires forestiers, organisations non gouvernementales,

d’œuvre). Une conférence-débat a eu lieu avec les organisations

membres du Partenariat de collaboration sur les forêts (PCF) qui

ont examiné les moyens de renforcer la coopération. Le FNUF a

également entamé les préparatifs pour l’Année internationale des

forêts 2011.

Les négociations pour le nouvel instrument se sont centrées sur un

texte provisoire présenté par un groupe d’experts spécial qui s’est

réuni en décembre 2006. Par le biais du Conseil économique et social

(ECOSOC) l’instrument sera soumis pour adoption par l’Assemblée

générale de l’ONU plus tard en 2007. Pour toutes raisons pratiques

il peut être considéré comme opérationnel.

Les objectifs de l’instrument visent à renforcer la contribution des

forêts à la réalisation de buts de développement convenus au plan

international, y compris les Objectifs de développement pour le mil-

lénaire (ODM); à fournir un cadre à l’action nationale et la coopération

internationale; et à renforcer l’engagement et les actions politiques

durable pour tous les types de forêts et la réalisation des quatre

objectifs mondiaux partagés approuvés par le FNUF en 2006. Ils

sont résumés ci-dessous:

• renverser la tendance à la perte mondiale de couvert forestier

grâce à la gestion forestière durable et accroître les efforts faits

pour prévenir la dégradation des forêts;

• renforcer les avantages économiques, sociaux et environnementaux

procurés par les forêts, y compris par l’amélioration des moyens

d’existence des populations qui en dépendent;

• augmenter considérablement la superficie des forêts protégées

et gérées de façon durable, ainsi que le pourcentage de produits

forestiers tirés de ces forêts;

• renverser la tendance à la diminution de l’aide publique au dével-

oppement en faveur de la gestion forestière durable et mobiliser

de façon significative des ressources financières ultérieures.

-

ment à la Déclaration sur l’environnement et le développement de

la Conférence des Nations Unies sur l’environnement et le dévelop-

pement (CNUED), les principes forestiers, les ODM, et les quatre

objectifs mondiaux sur les forêts, y compris l’engagement à réaliser

des progrès vers leur réalisation d’ici 2015.

Le texte reconnaît que chaque État est responsable de la gestion

durable de ses forêts et de l’application de ses lois forestières, et

invite à une participation transparente les communautés locales, les

propriétaires forestiers et d’autres parties prenantes importantes en

matière de processus de prises de décisions sur les forêts qui les

intéressent.

Résumé relatif à l’instrument non juridiquement contraignant: Actions que les États membres devraient entreprendre moyennant leurs politiques et mesures nationales

• Mettre au point et réaliser des programmes forestiers nationaux et les intégrer dans les stratégies de réduction de la pauvreté

• Utiliser les sept éléments thématiques de la gestion forestière durable

• Promouvoir la production et le traitement efficaces des produits forestiers

• Soutenir le savoir traditionnel sur les forêts et le partage juste et équitable des avantages

• Formuler des stratégies financières et créer des environnements propices pour les investissements dans la gestion forestière

durable

• Encourager l’évaluation des biens et services forestiers et le reflet de leurs valeurs sur les marchés

• Renforcer la législation forestière et l’application des lois forestières et promouvoir la bonne gouvernance

• Lutter contre les menaces à la santé et la vitalité des forêts

• Constituer et maintenir des réseaux de forêts protégées et évaluer leur efficacité

• Renforcer la contribution de la science et de la recherche aux politiques et programmes forestiers

• Renforcer l’accès à l’éducation, la formation et la vulgarisation

• Renforcer la prise de conscience publique de l’importance des forêts

• Soutenir la coopération, les partenariats et l’intégration intersectorielle des stratégies forestières

• Faciliter l’accès aux ressources forestières et aux marchés pour soutenir les moyens d’existence et la diversification des

revenus liés à la gestion forestière

Page 100: Revue internationale 226/227 › 3 › a1222f › a1222f00.pdf · 2007-08-17 · Organisation 226/227 des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture Revue internationale des

LE MONDE FORESTIER

Unasylva 226/227, Vol. 58, 2007100

Le texte précise aussi que les pays devraient surveiller et évaluer

les progrès vers la réalisation de l’objectif de cet instrument. Le

FNUF examinera sa mise en œuvre dans le cadre du programme

multi-années de travail. Les pays devraient soumettre des rapports

d’avancement volontaires en fonction des ressources disponibles,

dans le cadre de leur établissement normal de rapports à soumettre

au FNUF.

Programme de travail multi-années

La session a conclu que dorénavant le FNUF se réunira tous les

deux ans au lieu qu’annuellement. Les trois prochaines sessions se

centreront sur la réalisation des quatre objectifs mondiaux et la mise

en application de l’instrument non juridiquement contraignant. Les

prochaines sessions porteront sur les thèmes suivants:

• FNUF – 8: Les forêts dans un environnement en évolution et les

moyens de mise en œuvre pour une gestion forestière durable;

• FNUF – 9: Les forêts au service des populations, des moyens

d’existence et de l’éradication de la pauvreté;

• FNUF – 10: Les forêts et le développement économique;

• FNUF – 11: Les forêts: les progrès, les défis et le chemin à suivre

pour l’arrangement international sur les forêts.

Dans le cadre de ces thèmes, chaque session examinera aussi

les moyens de mise en œuvre et d’application des lois forestières

et de la gouvernance. Les prochaines sessions auront des contribu-

tions régionales et sous-régionales; des dialogues et la participation

multi-parties prenantes; et des réunions comprenant des membres

du PCF. Elles pourraient aussi comprendre de nouvelles questions.

L’accent devrait porter davantage sur l’échange d’expériences que

sur le texte de négociation.

Des débats ministériels de haut niveau sont envisagés pour 2011

et 2015. Le FNUF pourrait convoquer des réunions spéciales de

groupes d’experts et encourage le lancement d’initiatives par les

pays, les organisations et les régions sur des questions afférentes

au Programme de travail.

En ce qui concerne les moyens de mise en œuvre de la gestion

forestière durable, l’instrument non juridiquement contraignant et les

objectifs mondiaux, la réunion a reconnu qu’une approche détaillée

FNUF-7. Il a donc été décidé d’examiner une approche axée sur le

l’ECOSOC qu’un groupe d’experts à composition non limitée soit

convoqué pour élaborer des propositions à cet égard.

Dans l’ensemble, le FNUF-7 a réussi à réaliser ses objectifs et a

assuré l’avenir du forum au moins jusqu’en 2015. Le succès de la

négociation de cet instrument – et peut-être encore davantage l’accord

de maintenir les forêts et leur gestion durable dans le programme

des Nations Unies, insiste sur la priorité à donner aux des questions

forestières dans les programmes de développement nationaux de

l’ONU et souligne l’utilité des programmes forestiers nationaux.

Le FNUF-8 se tiendra du 20 avril au 1er mai 2009.

Le rapport de la réunion et le texte de l’instrument non juridi-

quement contraignant sont disponibles sur le site web du FNUF:

www.un.org/esa/forests

Élection du nouveau directeur exécutif de l’OIBTEmmanuel Ze Meka du Cameroun a été élu Directeur exécutif de

l’Organisation internationale des bois tropicaux (OIBT). L’élection

a été le point le plus important de l’ordre du jour de la quarante-

deuxième session du Conseil international des bois tropicaux,

l’organe directeur de l’OIBT, qui s’est tenue du 7 au 12 mai 2007 à

quatre priorités, à savoir responsabilité sociale accrue, comprenant

l’équité dans le partage des avantages et la bonne gouvernance;

réduction de la pauvreté et partenariat mondial pour le dévelop-

pement; compétitivité industrielle accrue par l’addition de valeur,

progrès techniques, création de capacités et aptitude à surmonter

déforestation et accroissement du couvert forestier pour combattre

les changements climatiques.

L’OIBT, dont le siège est à Yokohama, Japon, fournit un cadre aux

pays membres pour examiner et mettre au point des politiques sur

des questions relatives au commerce international et à l’utilisation

des bois tropicaux et sur la gestion durable de sa base de res-

sources. L’OIBT gère aussi l’assistance fournie aux projets connexes.

L’Organisation a 60 membres qui se subdivisent en deux groupes: les

pays producteurs (33 membres, dont la Communauté européenne)

et les pays consommateurs (27 membres). L’OIBT représente 90

pour cent du commerce mondial en bois tropicaux et 80 pour cent

des forêts tropicales du monde.

Six candidats se sont présentés pour le poste de Directeur exécutif,

venant du Cameroun, de l’Allemagne, de l’Indonésie, des Philippines,

de la Suisse et des États-Unis. Bien que certains aient remarqué que

le chef de l’OIBT ne devrait pas être classé comme «producteur» ou

«consommateur», l’élection a néanmoins subdivisé les groupes en

producteurs et consommateurs. Une impasse entre les deux groupes

à savoir l’allemand Jürgen Blaser. L’élection de Ze Meka a donc pu

se faire par consensus.

D’autres questions à l’ordre du jour portaient sur le travail opération-

nel, les projets et les politiques, y compris:

• l’examen et l’évaluation annuels de la situation des bois tropicaux

internationaux;

• les nouvelles propositions formulées dans le cadre de la Conven-

tion sur le commerce international des espèces de faune et de

flore menacées d’extinction (CITES) et des relations entre l’OIBT

et la CITES;

• l’application des lois forestières et la gouvernance dans le cadre

de la production et du commerce durables de bois;

• l’Objectif de l’OIBT pour 2000;

• les directives de l’OIBT pour la restauration, la gestion et la remise

en état de forêts tropicales dégradées et secondaires;

• la société civile et les partenariats du secteur privé pour la gestion

forestière durable;

Page 101: Revue internationale 226/227 › 3 › a1222f › a1222f00.pdf · 2007-08-17 · Organisation 226/227 des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture Revue internationale des

LE MONDE FORESTIER

Unasylva 226/227, Vol. 58, 2007101

• les nouveaux faits concernant la forêt dans la Convention-cadre

des Nations Unies sur les changements climatiques (CCCC).

Les champions de la terre du PNUE comprennent le défenseur des forêts brésiliennesSept champions de la Terre ont été primés par le Programme des

Nations Unies pour l’environnement (PNUE) lors d’une cérémonie

pour la remise de prix tenue à Singapour le 19 avril 2007. Le prix,

établi en 2004, reconnaît les protagonistes charismatiques de

l’environnement venant de chaque région du monde.

Marina Silva du Brésil a été primée pour sa lutte sans répit pour

protéger la forêt tropicale amazonienne tout en tenant compte des

perspectives des populations qui utilisent ces ressources dans leur

vie quotidienne. Silva a soutenu les objectifs de la Convention sur la

diversité biologique concernant la conservation, l’utilisation durable

et le partage équitable des avantages de cette dernière. En tant que

membre du sénat brésilien, elle a légiféré avec succès en faveur de

la conservation des forêts tropicale, défendu les populations contre

la pauvreté et protégé leur mode de vie. Comme Ministre brésilien de

l’environnement depuis 2003, elle a contribué à freiner la déforesta-

tion en mettant en œuvre une approche intersectorielle des questions

environnementales.

Al Gore des États-Unis a reçu une prime pour avoir fait de la

protection de l’environnement un pilier de son service public et pour

avoir sensibilisé le monde aux dangers posés par l’augmentation

des émissions de gaz à effet de serre. Au cours de ses 16 ans de

carrière dans le Congrès des États-Unis, il a guidé les efforts visant à

nettoyer les décharges toxiques et tenu la première audience sur les

changements climatiques mondiaux. En tant que vice-président, Gore

a déployé de grands efforts pour protéger les habitats dans l’ensemble

refuges de la faune sauvage. Il a également contribué à négocier et

rédiger le Protocole de Kyoto. Depuis la conclusion de son service

public il a continué à œuvrer en faveur de l’environnement, y compris

par son documentaire acclamé An Inconvenient Truth.

Cherif Rahmani, Ministre de l’environnement d’Algérie, président de

la fondation Déserts du monde et porte-parole honoraire de l’Année

a été primé pour sa loi en faveur de l’environnement et pour ses

Son Altesse royale le Prince Hassan Bin Talal de Jordanie a reçu

une prime pour les efforts qu’il a déployés en faveur de la collabo-

ration transfrontière pour la protection de l’environnement et son

approche holistique des questions écologiques. Comme fondateur

d’un certain nombre d’institutions jordaniennes et internationales et

comme président du Conseil supérieur jordanien pour la science et

la technologie, il a centré son attention sur la qualité de la vie dans

les zones arides et sur la gestion et la protection de l’environnement,

notamment la gestion de la qualité de l’eau.

Elisea «Bebet» Gillera Gozun des Philippines a été primée pour son

-

industriels, des organisations non gouvernementales et des décideurs

politiques, elle a réussi a promouvoir l’introduction de la récupéra-

tion, du recyclage et de la réutilisation à assise communautaire des

déchets aux Philippines.

suédois pour le Sommet mondial du développement durable et co-

présidente du processus de Marrakech, a été primée pour son rôle

mondiaux visant à garantir la sécurité chimique.

En outre, un prix spécial a été décerné à Jacques Rogge et au

Comité olympique international pour la fourniture de ressources

additionnelles au développement durable et pour avoir introduit des

mesures environnementales rigoureuses pour les villes souhaitant

héberger les jeux olympiques.

Le PNUE encourage la désignation d’individus qui ont offert une

au-delà à la protection et la gestion durable des ressources environ-

nementales et naturelles de la terre. Aucune récompense monétaire

n’a été attribuée à ce prix.

«Biodiversité et changements climatiques» était le thème de la

Journée de la diversité biologique 2007 célébrée le 22 mai sous les

auspices de la Convention sur la diversité biologique (CDB).

Le thème a stimulé la prise de conscience du fait que non seule-

ment la perte de biodiversité s’accélèrera à cause des changements

climatiques, mais aussi que cette biodiversité peut contribuer à nous

défendre contre ces changements. L’interrelation entre la biodiversité

et les changements climatiques est ressortie des commentaires des

chefs de la CDB et de la Convention-cadre des Nations Unies sur

les changements climatiques (CCCC) qui ont noté que l’arrêt de la

perte de biodiversité devrait faire partie des stratégies d’adaptation au

changement climatique, et que la CDB devrait continuer à contribuer

activement aux efforts déployés en matière d’impacts, vulnérabilité

et adaptation au changement climatique.

Pour marquer cette journée, le secrétariat de la CDB, en partenariat

avec la Ville de Montréal, a parrainé un événement de haut niveau

au jardin botanique de Montréal. La conférence de la durée d’une

journée a examiné l’évolution des questions relatives à la diversité

biologique et au changement climatique depuis la signature de la

Convention sur la diversité biologique et la Convention-cadre sur les

changements climatiques des Nations Unies il y a 15 ans.

A Montréal aussi, une conférence publique a été parrainée par la CDB

sur les changements climatiques et la biodiversité, à laquelle ont assisté

plus de 1 000 personnes. Y ont participé Jean Lemire, un biologiste,

montraient l’ampleur des changements climatiques dans la région de

l’Antarctique et son grave impact sur la faune sauvage de la région.

Des célébrations ont été organisées ainsi que des promotions

par 38 pays, la Communauté européenne et un grand nombre

d’organisations partenaires.

Page 102: Revue internationale 226/227 › 3 › a1222f › a1222f00.pdf · 2007-08-17 · Organisation 226/227 des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture Revue internationale des

LIVRES

Unasylva 226/227, Vol. 58, 2007102

Dernière édition de la publication vedette de la FAO sur les forêts

Situation des forêts du monde 2007. 2007. Rome, FAO. ISBN 978-92-5-105586-1.

La série biennale de la Situation des forêts du monde de la FAO

offre une perspective mondiale du secteur forestier, y compris

ses dimensions environnementales, économiques et sociales. La

septième édition examine les progrès vers la gestion forestière

durable. Ella a une nouvelle structure et un nouvel aspect – avec

davantage de graphiques que dans le passé.

L’analyse révèle que certains pays et régions réalisent plus de

progrès que d’autres. La plupart des pays d’Europe et d’Amérique

du Nord sont parvenus à renverser la tendance séculaire à la

déforestation et font preuve actuellement d’une augmentation nette

notamment ceux situés en zone tropicale, continuent à souffrir de

taux élevés de déforestation et de dégradation des forêts. Les pays

forestière durable sont, dans l’ensemble, ceux ayant les taux de

La première partie examine les progrès par région. Chaque résumé

régional est conçu en fonction des sept éléments thématiques de la

gestion forestière durable, convenus par les forums internationaux

comme cadre pour la gestion forestière durable: étendue des

ressources forestières; diversité biologique; santé et vitalité des

forêts; fonctions productives des ressources forestières; fonctions

protectrices des ressources forestières; fonctions socioéconomiques;

et cadre juridique, politique et institutionnel. Les rapports régionaux

résument les informations les plus aisément disponibles, y compris

celles collectées par la FAO pour l’Évaluation des ressources

forestières mondiales 2005 (FRA 2005) (qui était, elle aussi, fondée

sur les rapports nationaux soumis à la FAO et les contributions de

plus de 800 personnes, y compris 172 correspondants nationaux), la

base de données en ligne FAOSTAT (qui regroupe les informations

économiques fournies par les pays) et les études prospectives

régionales du secteur forestier réalisées récemment par la FAO,

ainsi que les contributions de partenaires de la FAO.

La deuxième partie présente un choix de questions relatives au

secteur forestier. Dans quelques pages, chacun des spécialistes de

la FAO présente l’état des connaissances ou les activités les plus

récentes sur 18 thèmes intéressant la foresterie – y compris les

changements climatiques, la remise en état du paysage forestier, le

droit forestier, les espèces envahissantes, la gestion des incendies de

forêts et la dendroénergie, pour n’en nommer que quelques-uns.

La Situation des forêts du monde 2007 sera un outil de référence

précieux pour les responsables des politiques, les forestiers, les

universitaires et tous les lecteurs qui s’intéressent aux grandes

questions concernant le secteur forestier aujourd’hui.

La publication est disponible sur internet: www.fao.org/docrep/009/

a0773f/a0773f00.htm

Évaluation mondiale de la gestion des incendies Fire management – global assessment 2006. 2007. Étude FAO: Forêts n° 151. Rome,

FAO. ISBN 978-92-5-105666-0.

La gestion des incendies fait partie intégrante de la gestion forestière

durable. Les incendies qui éclatent dans les forêts, les terres boisées

et les terrains de parcours, et dans les interfaces entre l’agriculture

et la foresterie d’une part, et entre les espaces naturels et les zones

résidentielles ou urbaines de l’autre, représentent une grave menace

pour la vie, la santé et les moyens d’existence des populations,

le développement économique et l’environnement. Les preuves

montrent que les changements climatiques et l’empiètement croissant

du développement urbain sur les zones rurales pourraient aggraver

grandement cette menace.

La présente publication complète l’Évaluation des ressources

forestières mondiales 2005 (FRA 2005) comme étude thématique

approfondie sur l’incidence, l’impact et la gestion des incendies de

forêts dans toutes les régions du monde. Elle a été rédigée à partir

Page 103: Revue internationale 226/227 › 3 › a1222f › a1222f00.pdf · 2007-08-17 · Organisation 226/227 des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture Revue internationale des

BOOKS

Unasylva 226/227, Vol. 58, 2007103

de 12 rapports régionaux préparés dans le cadre du Réseau mondial

des incendies de forêts de la Stratégie internationale des Nations

Unies pour la prévention des catastrophes naturelles. Elle comprend

des résumés régionaux aussi bien qu’une analyse mondiale. Elle

fournit la meilleure estimation existante de la situation mondiale du

feu et montre bien l’ampleur de l’impact des feux de végétation sur

la société, l’économie et l’environnement.

la protection (alerte rapide), la préparation, la prévention, la réponse

et l’élimination, la restauration/remise en état et la surveillance. Le

rapport reconnaît que tous les incendies ne sont pas destructifs.

De fait, certains écosystèmes ont besoin du feu pour stimuler

leur régénération et sauvegarder ou renforcer la biodiversité, la

productivité agricole et la capacité de charge des systèmes pastoraux.

L’étude estime aussi que, pour une multitude de raisons, les hommes

sont la cause prédominante des incendies dans toutes les régions.

À partir des données satellitaires, le rapport estime qu’environ 350

millions d’hectares ont été intéressés par les feux de végétation dans

le monde en 2000. La majeure partie de la zone brûlée se situait en

Afrique subsaharienne, dont une grande partie consiste en forêts

et terres boisées. Toutefois, le rapport note que le manque de

D’après le rapport, de nombreux pays dépensent des sommes

considérables pour détecter et éliminer les feux, en premier lieu par

la mobilisation de ressources humaines au niveau du terrain, mais de

plus en plus souvent par des systèmes satellitaires et la lutte aérienne.

Toutefois, l’utilisation de mesures d’élimination coûteuses risque de

détourner des fonds et du personnel des mesures de prévention qui

pourraient, quant à elles, éteindre les feux naissants.

C’est dire que beaucoup reste encore à faire pour aider le grand

public et les décideurs à comprendre l’ampleur de cette menace

et à prendre des mesures préventives à long terme. Il est urgent

l’impact et l’échelle du problème, détecter les tendances et sensibiliser.

L’engagement politique est essentiel pour interdire que les incendies

non programmés continuent à exercer des impacts néfastes sur les

forêts et les moyens d’existence dans le monde.

Cette évaluation mondiale intéressera non seulement les

spécialistes des incendies, mais aussi les responsables des politiques,

les gestionnaires forestiers et tous ceux qui s’emploient à collecter

de végétation. Il s’agit d’une importante contribution aux efforts

qu’accomplit la FAO pour renforcer la coopération internationale en

matière de gestion des incendies.

Le rapport est disponible sur internet: www.fao.org/docrep/009/

a0969e/a0969e00.htm

Le rôle futur des forêts et des arbres en Asie de l’Ouest et centrale

People, forests and trees in West and Central Asia – Outlook for 2020. 2007. Étude

FAO: forêts n° 152. Rome, FAO. ISBN 978-92-5-105671-4.

La plupart des pays d’Asie de l’Ouest et centrale déploient des

efforts considérables pour améliorer la gestion de leurs forêts et de

leurs ressources forestières, les gouvernements, le secteur privé,

les communautés, les agriculteurs et la société civile jouant tous un

rôle. Toutefois, ils se heurtent à de nombreux problèmes. La présente

publication, le rapport principal de l’Étude prospective du secteur

forestier pour l’Asie de l’Ouest et centrale, fournit une perspective à long

terme des changements auxquels on peut s’attendre dans le secteur

forestier. L’étude couvre 23 pays d’Asie de l’Ouest, d’Asie centrale et

du Caucase méridional et a été réalisée en partenariat avec eux.

Le rapport décrit l’évolution probable du secteur, y compris des

questions régionales et mondiales plus générales qui doivent être

prises en compte dans la formulation des politiques et programmes

forestiers nationaux. Il examine ensuite ce qui doit être fait pour

Page 104: Revue internationale 226/227 › 3 › a1222f › a1222f00.pdf · 2007-08-17 · Organisation 226/227 des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture Revue internationale des

LIVRES

Unasylva 226/227, Vol. 58, 2007104

renforcer la contribution des forêts et des arbres à la société. Il se

centre notamment sur des scénarios de développement probables,

leurs retombées sur la société en termes de disponibilité de biens et

services, et les priorités et stratégies qui pourraient être appliquées

pour améliorer la situation.

Des conditions environnementales défavorables limitent la capacité

demande croissante. Le rapport souligne que les importations de bois

et de produits ligneux, évaluées à environ 12,7 milliards de dollars EU

en 2005, devraient doubler au cours des 15 prochaines années si les

tendances actuelles du revenu et de la croissance démographique

persistent. Le rapport note aussi la demande croissante de bois

de feu, en particulier de charbon de bois, malgré la disponibilité de

combustibles fossiles.

bassins versants et l’amélioration de la végétation, notamment dans

les centres urbains, resteront les fonctions les plus importantes

des forêts et des arbres dans la région. En raison du faible couvert

forestier et de l’état avancé de dégradation de la végétation, des

efforts accrus sont nécessaires avec urgence pour renforcer les

services environnementaux procurés par les forêts et les arbres.

L’urbanisation accélérée exigera des investissements considérables

en verdissage urbain pour améliorer la qualité de la vie. Les politiques

doivent être actualisées et les institutions renforcées. La stabilité

principaux facteurs qui nuisent à la conservation et à la gestion des

forêts et des terres boisées dans la région.

Le rapport met l’accent sur le besoin de collaboration entre les pays

pour résoudre un grand nombre de problèmes communs, y compris

de forêts et les ravageurs et les maladies.

La FAO entreprend à intervalles réguliers des études prospectives

mondiales et régionales du secteur forestier pour fournir et analyser

des scénarios futurs. Ces études aident à améliorer la formulation

et la mise en œuvre des politiques forestières. La présente analyse

décideurs aux niveaux régional, sous-régional et national.

internet à l’adresse suivante: www.fao.org/docrep/009/a0981e/

a0981e00.htm

Le néolibéralisme et l’impossibilité d’arrêter la déforestation

Logjam: deforestation and the crisis of global governance. D. Humphreys. 2006.

Londres, UK & Sterling, Virginia, E.U.-A, Earthscan. ISBN 978-1-84407-301-6.

D’un certain point de vue Logjam est un aperçu exhaustif des

principaux processus internationaux qui tentent de résoudre le

problème de la déforestation tropicale. L’auteur, David Humphreys,

un professeur anglais, commence par un tour d’horizon à travers le

dialogue international sur les forêts et note son échec vis-à-vis de la

déforestation à l’échelle mondiale. En ce qui concerne le Forum des

Nations Unies sur les forêts (FNUF), il conclut que, «Le FNUF a mis

au point un type étrange de politiques déconnectées. Les différentes

pièces ne s’emboîtent pas pour donner un tout cohérent».

Humphreys consacre des chapitres à différentes initiatives dans

ce qu’il appelle «Le régime forestier international» – c’est-à-dire la

CD-ROM mis à jour: Unasylva 1947–2006

La FAO avait produit en 2001 le premier CD-ROM contenant la

série complète des numéros d’Unasylva jusqu’en 2000. Le succès

de cette initiative a été tel que le CD-ROM a été rapidement épuisé.

Il a été mis à jour et publié en concomitance avec le soixantième

anniversaire de la revue et contient la collection complète d’Unasylva

anglais, français et espagnol.

Un système de recherche sophistiqué permet aux lecteurs de

trouver des informations publiées au cours de ces années sur tous

les thèmes afférant aux forêts.

Pour en obtenir un exemplaire, veuillez envoyer un mél à:

[email protected]

Page 105: Revue internationale 226/227 › 3 › a1222f › a1222f00.pdf · 2007-08-17 · Organisation 226/227 des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture Revue internationale des

BOOKS

Unasylva 226/227, Vol. 58, 2007105

et la stratégie forestière de la Banque mondiale. Comme chronique

historique, Logjam fournit un aperçu utile des processus qui semblent

parfois avoir peu en commun à part leur incapacité apparente de

freiner la déforestation.

C’est du deuxième point de vue que l’ouvrage pourrait déclencher

un débat. Le thème intellectuel dominant de Logjam est l’échec

du «néolibéralisme» comme système politique et économique. Le

néolibéralisme, note Humphreys, «met l’accent sur la suprématie

de l’individu et estime que le bien commun collectif sera maximisé

si les populations et les entreprises sont libres de poursuivre leurs

propres intérêts sur la place du marché». D’après l’auteur, «Les

politiques néolibérales n’ont pas su arrêter la déforestation car

elles ont toutes deux omis d’en étudier les causes profondes et, en

soutenant l’expansion du capital mondial, ont promu ultérieurement

la déforestation».

du capitalisme mondial et de la «mondialisation du pouvoir des

se fondent sur des préalables néolibéraux. La privatisation est une

ruse pour l’exploitation réalisée par les sociétés. La responsabilité

sociale volontaire des sociétés est un «terme contradictoire» car les

La solution que propose Humphreys est une «politique démocratique

post-néolibérale» où la société civile a davantage de pouvoir que

les sociétés privées.» Accepter les valeurs et le programme d’un

ordre capitaliste néolibéral, en sachant qu’un tel système a promu

la déforestation et d’autres problèmes sociaux et environnementaux

… serait à la fois une abrogation de la responsabilité et un échec

de l’imagination.»

L’omission la plus remarquable de Logjam est de ne pas reconnaître

que la déforestation a été freinée essentiellement dans les pays où

la propriété forestière privée est la plus forte, où les sociétés privées

et les institutions néolibérales sont le plus développées et où les

politiques néolibérales sont prédominantes.

L’auteur ne reconnaît pas non plus qu’une importante partie de

la déforestation dans les pays les plus pauvres du monde n’est

pas le fait des compagnies multinationales, mais des populations

pauvres qui cherchent du bois de feu et des terres agricoles. Sont

à peine mentionnés les liens évidents mais peut-être épineux entre

le développement économique et la capacité d’un pays de donner

Malgré ces omissions, Logjam est une contribution importante à

la littérature croissante sur la gouvernance forestière. La série de

l’Earthscan Forestry Library, éditée par Jeffrey Sayer continue à

jouer un rôle important à cet égard.

Comment restaurer les paysages forestiersThe forest landscape restoration handbook. J. Rietbergen-McCracken, S. Maginnis &

A. Sarre, éds. 2007. Londres, UK & Sterling, Virginia, E.U.-A, Earthscan. ISBN 978-1-

84407-369-6.

Lorsque les services de l’écosystème sont invalidés par la perte

approche axée sur le paysage s’impose dès lors. La restauration

récupérer l’intégrité écologique et à accroître le bien-être humain

dans des paysages forestiers déboisés ou dégradés». Ce concept,

mis au point en 2001 avec la collaboration d’une gamme étendue

d’institutions forestières internationales, diffère des concepts de

restauration précédents car:

• il tient compte du paysage;

• il exige à la fois une intégrité biologique améliorée et un bien-être

humain accru (l’état de «filtre double»);

• c’est un processus de collaboration;

• il ne tente pas de reporter les paysages forestiers à leur état

naturel;

• il peut être appliqué aux forêts secondaires et aux terres agricoles,

et non seulement aux forêts primaires.

FRA 2005 CD-ROM

L’Évaluation des ressources forestières mondiales (FRA 2005),

le rapport le plus exhaustif de ces évaluations de la FAO publiées

jusqu’ici, a couvert 229 pays et zones pour la période 1990 à 2005.

Le rapport principal a paru au début de 2006 comme Étude FAO:

forêts n° 147, Évaluation des ressources forestières mondiales

2005 – Progrès vers la gestion forestière durable (voir la section

Livres d’Unasylva no 223). Il a évalué la situation, les tendances

et l’information disponible pour plus de 40 variables et analysé les

progrès vers la gestion forestière durable.

La FAO a récemment mis en circulation un CD-ROM contenant

non seulement le rapport principal en six langues (anglais, français,

espagnol, arabe, chinois et russe) mais aussi un dépliant comprenant

les conclusions principales, les rapports des 229 pays, des tableaux

des résultats mondiaux en format Excel, des cartes, des diagrammes

et une présentation en PowerPoint.

Des exemplaires sont disponibles sur demande à l’adresse

suivante: [email protected]

Page 106: Revue internationale 226/227 › 3 › a1222f › a1222f00.pdf · 2007-08-17 · Organisation 226/227 des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture Revue internationale des

LIVRES

Unasylva 226/227, Vol. 58, 2007106

L’objectif principal n’est pas de rétablir la forêt vierge, mais de rendre

les paysages plus résistants, tenant ainsi ouvertes les options de

gestion futures tout en soutenant les communautés qui continuent

à tirer des avantages de la terre.

The forest landscape restoration handbook, rédigé et édité par des

autorités mondiales dans ce domaine provenant d’institutions comme

l’Organisation internationale des bois tropicaux (OIBT) et l’Union

mondiale pour la nature (UICN), est le premier guide pratique de

l’approche. Il vise à aider les praticiens de la restauration des forêts

à comprendre le concept de restauration du paysage forestier, à en

apprécier les bienfaits et à le mettre en œuvre.

Le volume comprend une description détaillée de l’approche, de

nombreuses stratégies pratiques et des études de cas, un glossaire

utile et des références pour de nouvelles lectures.

L’un des messages clé transmis par les auteurs est que la

restauration du paysage forestier peut commencer par de nombreux

des ressources. Toutefois, il n’existe pas de recette universelle pour

l’attribution des ressources et la mise en œuvre.

Ce manuel facile à lire, un autre volume utile à ajouter à l’Earthscan

Forestry Library (voir plus haut) assure une lecture inspirée pour

les responsables des politiques, les gestionnaires forestiers, les

étudiants, les organisations non gouvernementales, le secteur

la gestion des forêts.

Sécurité humaine et environnementale dans les zones forestières

W. De Jong, D. Donovan & K. Abe, éds. 2007.

World Forests Vol. 5. Dordrecht, Pays-Bas, Springer. ISBN 978-1-4020-5461-7.

Ces dernières années la communauté internationale a consacré

une grande attention au rôle des questions de gouvernance dans la

dégradation de l’environnement mondial. Cette collection d’essais,

écrits par des spécialistes des sciences naturelles et sociales, fournit

un examen approfondi d’un thème connexe: les liens entre les

et la situation sociale, économique et environnementale des forêts

tropicales et de leurs communautés humaines.

dans les forêts tropicales: certains chapitres sont davantage centrés

sur la raison pour laquelle les forêts sont particulièrement exposées à

la violence. D’autres se penchent sur les impacts environnementaux

Cambodge, en Afrique de l’Ouest, au Nicaragua et en République

démocratique populaire lao. Un chapitre étudie les dommages

environnementaux découlant des cultures hallucinogènes illégales en

Colombie. Un autre examine les conséquences pour l’environnement

et la santé publique de la campagne de défoliation de 10 ans

menée pendant la guerre au Viet Nam. Une attention particulière

violents par l’exploitation de ressources naturelles, notamment par

le commerce du bois ou les taxes qui leur sont imposées par des

groupes armés.

Le dernier chapitre, par Jeffrey Mc Neely, examine la capacité

des parcs de la paix – des aires protégées le long des frontières

nationales – d’améliorer la sécurité humaine et la conservation de

Approfondissant des aspects relatifs à la sécurité, l’environnement,

le développement, les politiques forestières et les relations

internationales, cet ouvrage intéressera les responsables des

politiques, les chercheurs, les étudiants et les experts de la

coopération pour le développement. Il fournira aussi des informations

utiles aux praticiens forestiers.

Page 107: Revue internationale 226/227 › 3 › a1222f › a1222f00.pdf · 2007-08-17 · Organisation 226/227 des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture Revue internationale des

BOOKS

Unasylva 226/227, Vol. 58, 2007107

contribuer au développementBiblioteca pública y desarrollo económico. V. Ferreira dos Santos. 2007. Buenos Aires,

Argentine, Alfagrama Ediciones. ISBN 978-987-1305-22-3.

Au cours de ces dernières années, beaucoup de débats ont été

entamés sur la place que devrait occuper la bibliothèque dans la

société moderne des connaissances et de l’information, et le besoin

d’un nouveau modèle. Cet ouvrage, basé sur la recherche de doctorat

de l’auteur suggère que la bibliothèque publique pourrait jouer un

rôle important dans le développement économique local en servant

de centre d’information, non seulement pour les citoyens, mais aussi

pour les petites entreprises, les entrepreneurs et les organisations

communautaires.

Il évalue la possibilité d’établir ces services d’information dans

les bibliothèques publiques au Brésil et en Espagne, en s’inspirant

d’autres bibliothèques qui les fournissent déjà. Les bibliothèques

et technologiques, des infrastructures, et des produits et services

qu’elles offrent aux utilisateurs.

Les bibliothèques jouent sans nul doute un rôle clé en «tissant

les connaissances pour le développement». Ce volume intéressera

les bibliothécaires, les gestionnaires de l’information et ceux qui

s’occupent de développement dans les pays développés aussi bien

qu’en développement. L’auteur est le bibliothécaire de la Bibliothèque

des forêts de la FAO du siège de la FAO à Rome.