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2013 Rapport d’activité Laboratoire de la rage et de la faune sauvage de Nancy Comptant 41 personnes, le laboratoire comprend deux unités de recherche, une station expérimentale et une zone confinée de niveau 3 avec laboratoires et animaleries. Au travers de collaborations multiples au sein de réseaux nationaux d’épidémiosurveillance et d’études sur le terrain, il contribue à la connaissance nationale de l’état sanitaire de la faune sauvage. Celle-ci pouvant être le réservoir de zoonoses ou de maladies transmis- sibles aux animaux domestiques, le suivi de son état sanitaire est à la fois un enjeu de santé publique et un enjeu économique. Les domaines de spécialisation du laboratoire sont : • la rage animale, activité reconnue depuis 40 ans et ayant dépassé le cadre national et celui de la faune sauvage. La focalisation nationale porte sur la rage des chiroptères ; • certaines zoonoses de la faune sauvage, l’échinococcose alvéolaire en particulier, mais aussi la maladie de Lyme, l’encéphalite à tiques, la tuberculose bovine… Ses mandats de référence sont : • Laboratoire National de Référence pour l’échinococcose et pour la rage, • Laboratoire de Référence de l’Union Européenne pour la rage et la sérologie rage et Laboratoire de Référence de l’OIE pour la rage, • Centre Collaborateur de l’OMS pour la lutte contre les zoonoses.

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2013Rapport d’activité

Laboratoire de la rage et de la faune sauvage de Nancy

Comptant 41 personnes, le laboratoire comprend deux unités de recherche, une station expérimentale et une zone confinée de niveau 3 avec laboratoires et animaleries. Au travers de collaborations multiples au sein de réseaux nationaux d’épidémiosurveillance et d’études sur le terrain, il contribue à la connaissance nationale de l’état sanitaire de la faune sauvage. Celle-ci pouvant être le réservoir de zoonoses ou de maladies transmis-sibles aux animaux domestiques, le suivi de son état sanitaire est à la fois un enjeu de santé publique et un enjeu économique.Les domaines de spécialisation du laboratoire sont :• la rage animale, activité reconnue depuis 40 ans et ayant dépassé le cadre national et

celui de la faune sauvage. La focalisation nationale porte sur la rage des chiroptères ;• certaines zoonoses de la faune sauvage, l’échinococcose alvéolaire en particulier, mais

aussi la maladie de Lyme, l’encéphalite à tiques, la tuberculose bovine…Ses mandats de référence sont :• Laboratoire National de Référence pour l’échinococcose et pour la rage,• Laboratoire de Référence de l’Union Européenne pour la rage et la sérologie rage et

Laboratoire de Référence de l’OIE pour la rage,• Centre Collaborateur de l’OMS pour la lutte contre les zoonoses.

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• les analyses sérologiques des réservoirs et vecteurs de l’encé-phalite à tiques, de coronavirus, de la maladie de Lyme ;

• la recherche du marqueur de la prise d’appâts vaccinaux contre la rage (tétracycline) dans les dents de renards ;

• la surveillance événementielle et programmée de l’infection des chauves-souris aux lyssavirus ;

• l’épidémiosurveillance de la rage et la préparation de programmes de contrôle en tant qu’expert dans plusieurs pays ;

• l’organisation d’essais inter-laboratoires sur les techniques de diagnostic de la rage, de la sérologie rage et de détection de tétracycline dans les dents de renards ;

• le contrôle d’activité des vaccins antirabiques vétérinaires dans le cadre de la libération officielle de lots et pour des conventions de recherche ;

• le développement et la standardisation de nouvelles méthodes pour le diagnostic et la sérologie rage et pour le diagnostic de l’échinococcose ;

• l’évaluation de nouveaux tests rapides de sérologie antirabique.Les thèmes de recherche découlent de ces activités.En étroite collaboration avec les chiroptérologues, le laboratoire est impliqué dans le suivi de certaines colonies de chauves-souris infectées par des Lyssavirus afin d’évaluer l’impact viral sur la survie des animaux, le mode de contamination et de déterminer leur persistance au sein des colonies.Dans le cadre du projet européen 3-PREDEMIC, le franchissement de la barrière d’espèces chiens/renards est étudié ainsi que l’évo-lution génétique spatio-temporelle du virus rabique des chauves-souris.Au sein du projet de recherche européen ICONZ, le laboratoire travaille sur la rage et l’hydatidose au Mali et au Maroc.

LES GRANDES ÉVOLUTIONSL’année 2013 a été marquée pour les laboratoires de l’Anses par certains changements dans leurs orientations scientifiques. L’unité « pathologie des animaux sauvages » a ainsi modifié son cap pour devenir l’unité « surveillance et éco-épidémiologie des animaux sauvages ». Elle est dédiée à la surveillance et l’étude du rôle des animaux sauvages dans la circulation d’agents patho-gènes zoonotiques ou partagés avec les animaux domestiques, dans un objectif de prévention et/ou de lutte. Les travaux déve-loppés dans le cadre de ces missions sont conduits en lien avec d’autres unités de l’Anses (LNR des agents pathogènes étudiés et épidémiologistes) et/ou d’autres organismes compétents dans ce domaine et l’écologie.Pour l’Unité des « lyssavirus », les grandes orientations déjà initiées les années précédentes se sont poursuivies. L’unité a conforté son positionnement sur la rage en étant renouvelé en tant que labo-ratoire de référence de l’Union européenne. Les activités priori-taires de l’unité sont celles liées à ses mandats de référence asso-ciées à des activités de recherches à visée appliquée. L’unité reste très réactive au contexte sanitaire sur la rage. Les activités sont partagées entre épidémiologie, pathogénie, biologie des vecteurs, immunologie et virologie classique et biomoléculaire.

LES TRAVAUX RÉALISÉSL’activité du laboratoire est essentiellement tournée vers ses missions de référence et d’expertise :• les titrages des anticorps antirabiques pour les mouvements

internationaux des carnivores domestiques et pour des proto-coles de recherche ;

• les diagnostics de rage et d’échinococcose ;

RAPPORT D’ACTIVITÉ 2013

LABORATOIRE DE LA RAGE ET DE LA FAUNE SAUVAGE DE NANCY

CHIFFRES CLÉS

8 476 ANALYSES ET DIAGNOSTICS EFFECTUÉS

6 JOURS DE FORMATION DISPENSÉES À L’EXTÉRIEUR

1 EILA

4 EIL

65 STAGIAIRES FRANÇAIS FORMÉS

15 PUBLICATIONS INTERNATIONALES À COMITÉ DE LECTURE

13 MISSIONS DANS L’UE

7 RAPPORTS D’EXPERTISE

11 PARTICIPATIONS À DES CONGRÈS NATIONAUX ET INTERNATIONAUX

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Des projets de recherche sont menés sur la faune sauvage en tant que réservoir de pathogènes ; la tuberculose et le blaireau, l’encéphalite à tique, la maladie de Lyme et les rongeurs sauvages.

LES GRANDS CHANTIERS MENÉS À TERMEÉtude Lyme et anaplasmose en Franche-ComtéL’anaplasmose humaine et la maladie de Lyme sont deux maladies associées à une morsure de tique. L’anaplasmose, diagnostiquée en France pour la première fois en Alsace en 2003 est considé-rée comme émergente dans le Nord-Est de la France. La maladie de Lyme, connue depuis plus longtemps, est plus courante sur l’ensemble du territoire avec un risque plus élevé pour certaines régions. L’épidémiologie de ces deux maladies demeure encore peu connue en France, les données étant très parcellaires. Les études vectorielles associées montrent des corrélations entre incidences et densités de tiques infectées, mais les exceptions sont fréquentes. Les recherches entreprises par le laboratoire en collaboration avec le Centre national de référence de l’Institut Pasteur de Paris ont permis de préciser le rôle des rongeurs en tant que réservoir dans l’incidence de ces maladies. Les données collectées montrent bien un lien entre la survenue de cas humains et la présence de pathogènes chez les tiques et les rongeurs.

Evaluation de kits commerciaux et d’une nouvelle méthode de contrôle des vaccins rageL’année 2013 est marquée par la fin de plusieurs études destinées à évaluer de nouveaux outils dans le domaine de la rage. Plusieurs kits de sérologie ont été évalués en tenant compte des critères requis par l’OIE pour tester la performance des méthodes. Un kit a fourni des résultats particulièrement prometteurs pour le titrage des anticorps chez les animaux sauvages (renard et chien

viverrin) et a été recommandé pour l’évaluation des campagnes de vaccination orale en Europe. Ce même kit évalué sur les carni-vores domestiques a révélé des performances moindres, dues à une sensibilité diagnostique plus faible. Un autre kit de sérologie a été évalué pour les carnivores domestiques et a montré une sensibilité diagnostique si faible (78 %) qu’il a été proposé de dimi-nuer le seuil de positivité du test (sans altérer la spécificité du kit). Enfin, une nouvelle méthode moins consommatrice d’animaux reconnue par l’EDQM a été validée pour le contrôle des vaccins vétérinaires. Ce test devrait pouvoir être utilisé dans le cadre du contrôle officiel.

LES GRANDS CHANTIERS ENGAGÉSEvaluation des techniques de biologie moléculaire pour le diagnostic rageLe diagnostic de rage s’effectue grâce à des techniques de réfé-rence que sont le FAT (Fluorescent Antibody Test) permettant de mettre en évidence l’antigène rabique dans les échantillons par un anticorps fluorescent et le RTCIT (Rabies Tissue Culture Infection Test) mettant en évidence le virus par ce même anti-corps mais après multiplication dans des cellules. Depuis de nombreuses années, des techniques de biologie moléculaire sont utilisées par les laboratoires nationaux de référence (LNR) comme des méthodes rapides et sensibles de détection de l’ARN du virus rabique.Le besoin d’évaluation de la méthode de RT-PCR (Real Time Polymerase Chain Reaction), technique la plus utilisée actuellement s’est imposé à l’ensemble des LNR au cours du 5e Workshop organisé en 2012 par le laboratoire en tant que laboratoire de référence de l’Union européenne. Les performances

13 juillet Remise du rapport sur le plan de surveillance de la contamination par Echinococcus granulosus des viscères d’animaux de boucherie à la Direction générale de l’alimentation qui conclut à la circulation du parasite, agent zoonotique, sur l’ensemble du territoire national.

30 août Participation à l’International Expert Meeting à Taïpei au côté des experts OMS et du CDC (USA et Chine) sur les expériences des différents pays quant au contrôle et à la prévention de la rage. La (ré) émergence de la rage chez les Mélogales (ou blaireaux-furets) de Taïwan a été particulièrement discutée.

1 et 2 octobre Organisation à Nancy de la 4e réunion internationale par le laboratoire en tant que laboratoire de référence de l’Union européenne pour la sérologie rage. Au total, 48 participants de 34 laboratoires internationaux ont assisté à cette réunion. Ce fut l’occasion de nombreuses discussions sur la sérologie rage en regard des échanges internationaux de carnivores domestiques et du suivi des campagnes de vaccination orale de la faune sauvage.

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Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travailLaboratoire de la rage et de la faune sauvage de NancyTechnopôle agricole et vétérinaire - BP 40 00954220 Malzévillewww.anses.fr ©

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Le laboratoire est actif sur cette thématique de plusieurs façons. Il participe à la cellule d’animation et au comité de pilotage de la surveillance nationale de la TB chez les suidés, cervidés et blai-reaux sauvages (Sylvatub). Il conduit des travaux de recherches visant l’amélioration des outils diagnostiques utilisables chez les sangliers sauvages. De plus, en lien avec le LNR Tuberculose, il contribue au développement de connaissances de vaccinologie contre la TB chez les blaireaux en collaboration avec le AHVLA (Animal Health and Veterinary Laboratories Agency).

La directive CE 998/2003 fixe les règles à suivre pour la libre circulation non commerciale des carnivores domestiques au sein de l’UE et pour les animaux candidats à leur entrée dans l’UE en provenance des pays tiers. Cette directive ne semble pas correcte-ment appliquée partout, des cas d’importation illégale continuant à être rapportés régulièrement. L’exemple récent d’importation d’un chaton en incubation de rage ramené du Maroc dans le Val d’Oise en octobre 2013 illustre ce constat. Des formations BTSF seront organisées en 2014 avec des experts prévus pour interve-nir dans le domaine des zoonoses (rage et échinococcose alvéo-laire), des contrôles sérologiques antirabiques, des questions sur la fraude éventuelle lors des importations, sur la législation, etc. Le public européen visé est large (vétérinaires européens chargés du contrôle au sein des services vétérinaires, contrôleurs aux fron-tières, vétérinaires des ministères).

Richomme C., Boadella M., Courcoul A., Durand B., Drapeau A., Corde Y., Hars J., Payne A., Fediaevsky A. and Boschiroli M.L.- Exposure of wild boar to Mycobacterium tubercu-losis complex in France since 2000 is consistent with the distribution of bovine tuber-culosis outbreaks in cattle. PlosOne, 2013, 8, n°10, pp 1-7.Cliquet F., Robardet E. and Picard-Meyer E.- Genetic strain modification of a live rabies virus vaccine widely used in Europe for wildlife oral vaccination. Antivir. Res., 2013, 100, n°1, pp 84-89.

ÉPIDÉMIOLOGIE DE LA TUBERCULOSE BOVINE (TB) DANS LA FAUNE SAUVAGE

FORMATION (BETTER TRAINING FOR SAFER FOOD) SUR LES MOUVEMENTS DES CHIENS ET CHATS

Principales publications

de ces nouvelles techniques de diagnostic pourront ainsi être déterminées en comparant, par étape, les réactifs et équipements différents avec l’espoir de pouvoir définir un protocole, ou tout au moins certaines étapes standards, afin d’harmoniser les techniques pour pouvoir mieux en comparer les résultats.

Eco-épidémiologie des coronavirus, de la faune sauvage à l’homme : risque d’émergenceLes coronavirus ont un tropisme d’hôte très large incluant mammi-fères et oiseaux. Ils devinrent un sujet d’intérêt lors de l’épisode du SRAS en 2002-2003, qui fut la première pandémie du 21e siècle puis lors de celui du MERSCoV dans la péninsule arabique, toujours en cours. Ces épisodes ont aussi rappelé que le réservoir animal et plus particulièrement celui de la faune sauvage est important dans l’émergence de pathogènes zoonotiques.

La question de la fréquence du passage des barrières d’espèces et de ses conséquences épidémiques reste posée pour les coro-navirus. Pour essayer d’y répondre pour la France, une étude hori-zontale des coronavirus dans les différentes espèces animales (domestiques et sauvages) et une approche pour évaluer leur potentiel de passage à l’homme va être financée par l’Agence nationale de la recherche et réalisée par plusieurs laboratoires. Notre participation sera l’évaluation de la circulation, de la diver-sité et de la dynamique de transmission des coronavirus dans les différents écosystèmes de la faune sauvage.