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Invisible Children en République Centrafricaine Bangui : SICA 1 (derrière le National Hôtel) Obo : colline AIM www.invisiblechildren.com Rapport sur la situation à Djémah (Haut-Mbomou) Guillaume Cailleaux, Directeur Pays – Invisible Children Tel. +236 75.79.19.21, E-mail : [email protected] 02 Décembre 2013

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  •                                              Invisible  Children  en  République  Centrafricaine  Bangui  :  SICA  1  (derrière  le  National  Hôtel)  

    Obo  :  colline  AIM  www.invisiblechildren.com    

       

                                   

    Rapport sur la situation à Djémah

    (Haut-Mbomou)                          Guillaume Cailleaux, Directeur Pays – Invisible Children Tel. +236 75.79.19.21, E-mail : [email protected]  

    02 Décembre 2013

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    INVISIBLE  CHILDREN  Rapport  sur  la  situation  à  Djémah  (Haut-‐Mbomou)  -‐  02  Décembre  2013  

     

       

    SOMMAIRE 1. Contexte et justification 2. Objectif 3. Faits et chiffres 4. Localisation 5. Situation actuelle ANNEXE 1 : Album photo                                                                      

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    1. Contexte et justification

    Le 07 Novembre 2013, entre 03h et 04h du matin, un groupe armé à attaquer le village de Derbissaka.

    De nombreux coups de feux ont été tirés en l’air, afin de faire fuir la population. Deux personnes ont été blessées par balle.

    Un premier groupe constitué de quatre habitants de Derbissaka a pris fuite en empruntant la route les menant à Djémah (70 km). Ce premier groupe a donné l’alerte aux autorités de Djémah, le 07 Novembre 2013 aux environs de 22h, après avoir marché toute la journée. Ensuite, dans les deux journées qui ont suivi, l’ensemble des familles et des habitants de Derbissaka se sont rendus à Djémah. Les habitants de Derbissaka attribuent cette attaque à la LRA car les assaillants parlaient « swahili » et des femmes et des enfants étaient parmi les assaillants (les habitants disent ne pas connaître d’autres groupes de rebelles avec des femmes et des enfants, à part la LRA).

    Djémah est une sous-préfecture du Haut-Mbomou constituée d’environ plus de 3000 habitants qui a été attaquée par la LRA dès 2009. Depuis, un camp militaire de l’Union Africaine s’est installé dans cette localité. Cependant, la population est invitée à respecter le périmètre de sécurité (15 km) afin de cultiver sans risque. La surexploitation des terres agricoles a comme conséquence la baisse du rendement et donc la diminution des quantités de nourriture disponible.

    Cette première mission sur terrain, s’est déroulée le Lundi 02 Décembre 2013. Elle nous a permis de prendre contact avec les autorités locales (Sous-Préfet de Djémah, Secrétaire de la Mairie de Djémah, Chef de Groupe de Derbissaka). Nous avons recueilli leurs témoignages, ainsi que ceux des personnes déplacées interne, afin de comprendre le contexte et les réponses à apporter aux besoins urgents exprimés.

    2. Objectifs

    Invisible Children est un ONG installée en République Centrafricaine depuis Novembre 2012. Ses programmes sont tous centrés sur la LRA et sont destinés à la sécurité (système d’alerte précoce), à inciter les rebelles LRA à faire défection (flyers, speakers, programmes radiophoniques), au soutien des associations de victimes (enregistrement des associations, informations juridiques, accueil dans les communauté, etc…) et au plaidoyer tant régional qu’international (projet route dans le Sud-Est). L’objectif principal de cette mission d’évaluation est le plaidoyer auprès de la Coordination humanitaire en Centrafrique, afin d’apporter une réponse adaptée aux populations victimes.

    3. Faits et chiffres

    Le chef de groupe de Derbissaka, Monsieur Auguste Sinoyo, nous a expliqué que son village de Derbissaka s’est divisé en deux groupes, le premier est constitué de 504 personnes qui se sont déplacés vers Dembia, le second groupe qu’il continue de dirigé est constitué de 2000 personnes réparties comme suit :

    • Hommes valides : 430 • Femmes valides : 490 • Enfants de 0 à 18 ans : 1080 (dont 465 garçons et 615 filles)

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    • Enfants scolarisés (lorsqu’ils étaient à Derbissaka) : 312 • Invalides et vieillards : 43

    Le chef de groupe estime sa population de Derbissaka actuellement déplacée à Djemah à 2000 personnes.

    Le Sous-Préfet de Djémah, Monsieur Pierre Mbaidou, nous a expliqué qu’il était très concerné par cette situation, notamment parce que depuis le 07 Novembre 2013, l’ensemble des déplacés de Derbissaka vit dans de très mauvaises conditions. Les familles de réfugiés sont accueillies dans les maisons et les paillottes des habitants de Djémah ou bien séjournent en brousse où elles tentent de se construire de petites huttes en branchages.

    Pour le Sous-Préfet, il y a trois urgences :

    Numéro 1 : des abris (bâches et autres matériels) Numéro 2 : la nourriture (les déplacés n’ont rien à manger) Numéro 3 : les médicaments

    Les familles de déplacés sont exposées à toutes sortes de déconvenues liées à la météo (pluie, soleil, vent), liées au manque d’hygiène et aux maladies (paludisme, parasitoses, diarrhées …)

    Ces faits ont été confirmés par l’infirmier de l’hôpital de Djémah, Monsieur Alphonse Zéfouyo. Il nous a expliqué la situation à laquelle il fait face :

    - 90% des cas traités sont dus au paludisme - IST - Diarrhée - Parasite - Rougeole - 1 cas suspecté de jaunisse - Maladie de peau (mycose)

    Il a aussi signalé que pour le VIH, il ne possède pas de test à l’hôpital, mais il suspecte beaucoup de cas. Djémah ne dispose pas de programme d’éducation/prévention.

    L’infirmier a aussi fait état que les habitants de Derbissaka n’avaient pas de centre de santé dans leur localité d’origine. Actuellement, il est submergé par les patients qui se présentent à son hôpital.

    Lors de l’attaque, deux hommes en courant pour s’enfuir ont été atteint par des balles, le premier a reçu une balle qui lui a abîmé le pied, la balle a frôlé le pied (voir photo ci-dessous), tandis que le second a été atteint dans le bas du dos, il est toujours à l’hôpital de Zémio.

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    La balle n’est pas rentrée dans le pied, elle a frôlé le pied du jeune homme âgé de 18 ans

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    4. Localisation

    Sur la carte ci-dessous vous verrez Derbissaka, Djémah et Dembia

    Distances :

    Derbissaka -> Djémah (70 km)

    Derbissaka -> Dembia (100 km)

    Il est à noter que les habitants du village Baraoua (situé entre Derbissaka et Dembia), ont eux aussi fui leur village, le 19 Novembre 2013, pour se rendre vers Dembia. En effet, ayant été informés que les habitants de Derbissaka avaient fui (suite à l’attaque de la LRA), les habitants de Baraoua se sont sentis en insécurité, et encore plus isolés. Depuis, un mbororo est venu les informer le 25 Novembre, que l’ensemble des maisons du village de Baraoua ont été incendiés en leur absence. Le nombre d’habitants de Baraoua déplacés à Dembia est de 69 personnes au total (hommes, femmes et enfants).

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    5. Situation actuelle

    L’ensemble des déplacés de Derbissaka se trouve actuellement dans les deux quartiers de Djémah nommés Torombou et Mabou L’urbanisation a Djémah est décrite dans le schéma ci-dessous :

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    Les déplacés de Derbissaka sont actuellement dans les quartiers Torombou et Mabou. Ils logent dans les familles résidant habituellement à Djémah, sous les paillottes, dans les cours des maisons. Certaines familles de déplacés commencent aussi à bâtir de petites maisons précaires pour s’abriter.

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    Le maire de Djémah, avec le chef de groupe de Derbissaka, ont décidé que les déplacés de Derbissaka ne pouvaient pas restés dans les quartiers de Torombou et Mabou. En effet, le Maire a estimé que les humanitaires (s’ils viennent) auront un accès difficile à ces deux quartiers qui abritent les déplacés, car il y a le bac sur la rivière Ngouangoua à franchir, et ensuite il y a un petit chemin d’environ 2 kilomètres à parcourir. Le Maire a donc alloué un terrain, proche de la mairie, sur la rive droite de la rivière. Ainsi les déplacés auront un meilleur accès aux services (hôpital, école…) et de plus, l’aérodrome se trouve sur la rive droite (pour faciliter l’arrivée des humanitaires). Le Maire a donc demandé à chaque famille de construire son abri, sur la parcelle allouée. Les maisons en bambou et bois sont actuellement en cours de construction.

    Bâtiment en brique : la Mairie Après défrichement, chaque famille construit sa hutte

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    Discussion sur l’implantation « anarchique » des futures maisons des déplacés de Derbissaka Constats : Aménagement du site : L’emplacement donné par le Maire est beaucoup trop petit pour accueillir un si grand nombre de maisons et de familles. Les maisons sont distantes l’une de l’autre de quelques mètres (1 à 3 mètres). Ces dizaines de maisons sont littéralement entassées les unes très proche des autres. Après discussion avec les autorités locales et les déplacés (en train de construire leur maison), il est à noter que personne ne s’est posé la question de la proximité des maisons les unes des autres. De plus, aucun chemin ou route n’est prévu. Les maisons sont installées de manière anarchique. Ce qui fait défaut, ce sont les bâches, afin de couvrir les petites maisons en cours de réalisation. Nourriture : Le site est au cœur de Djémah, il n’y aura aucun moyen pour les déplacés de cultiver dans les prochaines semaines, d’une part parce qu’il n’y a pas de terrain disponible à cet endroit, d’autre part car la saison sèche a déjà débuté. De plus, afin de cuisiner, les familles auront besoin de bois ; il n’y en a pas de disponible à cet endroit.

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    Hygiène et eau : Personne n’a encore pensé aux latrines, à l’hygiène, et aux nombreux problèmes que va engendrer l’implantation d’un village de déplacés d’environ 2000 personnes en plein cœur de la ville de Djémah. Le seul point d’eau disponible (forage réalisé par ACTED il y a quelques années) est situé à environ 350-400 mètres du futur lieu d’implantation des déplacés. Soins médicaux : Un centre médical existe à Djémah, il est très vétuste. L’appui apporté par Médecins Sans Frontières dans le passé est aujourd’hui minime, avec de rares visites. L’accroissement du nombre de personnes de toutes générations engendrera une augmentation de la demande en matière de prise en charge médicale. Education : Concernant l’éducation, le Maire propose que l’école sous-préfectorale de Djémah accueille les enfants de Djémah le matin et les enfants de Derbissaka l’après-midi. Il est à noter que dans les deux quartiers sur l’autre rive, il n’y a pas d’école. Familles résidentes : Les habitants de Djémah, une communauté très fragile qui ne doit son salut qu’à la présence des forces de l’Union Africaine, se voient devenir de plus en plus vulnérables, notamment en matière de nourriture. En effet, les terres cultivables sont déjà épuisées et l’afflux de nouvelle population ne fera qu’empirer la situation. Communication : Il est à noter qu’il n’y a pas de réseau téléphonique à Djémah, Invisible Children a installée une radiophonie HF, mise en place en Août 2013, dans le cadre du Système d’Alerte Précoce. ANNEXE 1. Album Photos

    Sous-Préfet Chef de groupe de Derbissaka

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    Mairie de Djémah Ecole sous-préfectorale

    Hôpital de Djémah Salle de soins

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    La rivière Ngouangoua et le bac Passage du bac

    Nombre de déplacés. Document officiel