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FEWS NET Haiti Tel: (509) 3454 6928 [email protected] FEWS NET Washington 1717 H St, NW Washington, DC 20006 [email protected] FEWS NET is a USAID-funded activity. The authors’ views expressed in this publication do not necessarily reflect the view of the United States Agency for International Development or the United States Government. www.fews.net/Haiti Prévision de la Sécurité Alimentaire en Haïti Juillet à décembre 2010 La sécurité alimentaire dans la plupart des départements continue à s’améliorer. Les marchés dans les régions sont bien approvisionnés et les prix des denrées alimentaires affichent une tendance à la baisse. Cette tendance s’explique en grande partie par le début des récoltes de printemps et la baisse des prix des céréales sur les marchés internationaux. La demande de main d’œuvre apparue en mai et juin avec la création d’emplois demeure stable. En conséquence, le nombre de personnes en situation d’insécurité alimentaire a baissé, particulièrement dans la pointe occidentale de la péninsule du nord, dans le sudest et dans les zones affectées par le séisme. Dans la péninsule du Sud, les premières récoltes ont été bonnes en général. Avec la poursuite des récoltes, jusqu’en août, la disponibilité alimentaire va continuer à s’améliorer, jusqu’en septembre, ce qui va réduire l’insécurité alimentaire. Mais les pluies abondantes de la saison cyclonique pourraient provoquer des inondations et l’endommagement des infrastructures de transport, causant des pertes de biens et de revenus, et une détérioration des conditions sanitaires. Une augmentation du nombre de personnes en situation d’insécurité alimentaire est donc à prévoir, particulièrement entre octobre et décembre. La tendance est à l’amélioration de la sécurité alimentaire dans la zone métropolitaine de PortauPrince. Cette tendance se maintiendra au cours des deux mois à venir, grâce à la reprise de l’activité économique, les programmes cashforwork, le bon fonctionnement des ports et la normalisation des importations, et aussi une plus grande disponibilité sur les marchés alimentaires. Mais une fraction importante de la population (1.6 millions de personnes) vit toujours dans des abris précaires et, dans cette zone urbaine fortement délabrée, les précipitations et les tempêtes prévues à partir de septembre pourraient entrainer l’endommagement de ces abris, et causer des pertes matérielles de ces ménages et l’appauvrissement de leurs conditions sanitaires. Ainsi, la sécurité alimentaire des plus vulnérables de ces ménages se dégradera d’octobre à décembre. De plus, à l’approche des élections générales vers octobre, des manifestations violentes pourraient ralentir l’activité économique et entrainer une augmentation du nombre de personnes en situation d’insécurité alimentaire. Calendrier des événements climatiques et de la production agricole Source: FEWS NET Figure 1. Situation actuelle (juillet 2010) de la sécurité alimentaire Source: FEWS NET Pour plus d’informations sur l’échelle de sévérité de l’insécurité alimentaire de FEWS NET, veuillez consulter: www.fews.net/FoodInsecurityScale .

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FEWS NET Haiti Tel: (509) 3454 6928 [email protected]

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FEWS NET is a USAID-funded activity. The authors’ views expressed in this publication do not necessarily reflect the view of the United States Agency for International Development or the United States Government.

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• La  sécurité  alimentaire  dans  la  plupart  des départements  continue  à  s’améliorer.    Les marchés dans  les  régions  sont bien approvisionnés et  les prix des denrées alimentaires affichent une tendance à  la baisse.    Cette  tendance  s’explique  en  grande  partie par  le  début  des  récoltes  de  printemps  et  la  baisse des prix des céréales sur  les marchés  internationaux.  La demande de main d’œuvre apparue en mai et juin avec  la  création  d’emplois  demeure  stable.    En conséquence,  le  nombre  de  personnes  en  situation d’insécurité  alimentaire  a  baissé,  particulièrement dans  la  pointe  occidentale  de  la  péninsule  du  nord, dans  le  sud‐est  et  dans  les  zones  affectées  par  le séisme. 

• Dans  la péninsule du Sud,  les premières  récoltes ont été bonnes en général. Avec la poursuite des récoltes, jusqu’en  août,  la  disponibilité  alimentaire  va continuer  à  s’améliorer,  jusqu’en  septembre,  ce  qui va  réduire  l’insécurité  alimentaire.  Mais  les  pluies abondantes  de  la  saison  cyclonique  pourraient provoquer des  inondations et  l’endommagement des infrastructures de transport, causant des pertes de biens et de revenus, et une détérioration des conditions sanitaires. Une augmentation du nombre de personnes en situation d’insécurité alimentaire est donc à prévoir, particulièrement entre octobre et décembre.   

• La  tendance  est  à  l’amélioration  de  la  sécurité  alimentaire  dans  la  zone métropolitaine  de  Port‐au‐Prince.  Cette tendance se maintiendra au cours des deux mois à venir, grâce à la reprise de l’activité économique, les programmes cash‐for‐work,  le  bon  fonctionnement  des  ports  et  la  normalisation  des  importations,  et  aussi  une  plus  grande disponibilité sur les marchés alimentaires.   Mais une fraction importante de la population (1.6 millions de personnes) vit toujours dans des abris précaires et, dans cette zone urbaine fortement délabrée, les précipitations et les tempêtes prévues à partir de septembre pourraient entrainer l’endommagement de ces abris, et causer des pertes matérielles de ces ménages et l’appauvrissement de leurs conditions sanitaires. Ainsi, la sécurité alimentaire des plus vulnérables de ces ménages  se  dégradera  d’octobre  à  décembre. De  plus,  à  l’approche  des  élections  générales  vers  octobre,  des manifestations  violentes  pourraient  ralentir  l’activité  économique  et  entrainer  une  augmentation  du  nombre  de personnes en situation d’insécurité alimentaire. 

Calendrier des événements climatiques et de la production agricole 

  

Source: FEWS NET 

Figure 1. Situation actuelle (juillet 2010) de la sécurité alimentaire

Source: FEWS NET

Pour plus d’informations sur l’échelle de sévérité de l’insécurité alimentaire de FEWS NET, veuillez consulter: www.fews.net/FoodInsecurityScale.

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Scénario le plus probable de juillet à décembre 2010 

Vue d’ensemble des conditions actuelles de sécurité alimentaire au niveau national Le nombre de personnes en situation d’insécurité alimentaire continuera à diminuer jusqu’à la fin du mois d’août quand  il atteindra  son niveau  le plus bas  de  l’année.    La  bonne  performance  de  la campagne  agricole  de  printemps,  la  transmission de  la  baisse  des  cours  internationaux  pour  les céréales  au  marché  domestique  et  la  création d’emplois  dans  les  secteurs  à  haute  intensité  en main‐d’œuvre  sont  autant  de  facteurs  qui favorisent cette tendance.  Les  précipitations  ont  été  faibles  au  début  de  la saison  mais  elles  ont  finalement  été  très abondantes au milieu de  la campagne.   Comme  il continuera  à  y  avoir  de  bonnes  conditions pluviométriques  au  cours  des  prochains mois  et que  la  disponibilité  des  intrants  agricoles  est bonne, il devrait y avoir une bonne récolte en août et  un  bon  déroulement  des  semis  dans  les montagnes humides.  Pour le maïs, une très bonne récolte  est  attendue dans  la  grande majorité des zones de production.  D’autres cultures, comme la banane,  l’igname,  le  fruit  d’arbre  véritable  et  les agrumes, ont grandement profité de  cette bonne saison pluvieuse.  Cependant,  des  pluies  excessives  ont  provoqué une  faible  production  de  haricots  dans  certaines zones des montagnes humides de  la péninsule du sud.   La situation dans  la pointe occidentale de  la péninsule du nord est bien différente.   Dans cette zone  de  sécheresse,  particulièrement  dans  les communes de Bombardopolis, de Baie de Henne et d’Anse‐rouge, la production agricole sera faible.  Il en  est  de  même  dans  la  région  des  Gonaïves, touchée  d’abord  par  la  sécheresse  puis  par  une inondation,  les deux événements ayant beaucoup contribué à réduire  la disponibilité alimentaire.   A l’exception  de  certaines  zones  comme  la  pointe occidentale du Nord, le haut Artibonite et dans des poches dans les montagnes humides, une bonne récolte est attendue dans tous les départements.  Avec  le  début  des  récoltes  de  la  campagne  de  printemps,  qui  se  dérouleront  jusqu’au  mois  d’août,  la  disponibilité alimentaire  sur  les marchés  s’est  nettement  améliorée  et  il  continuera  à  en  être  ainsi  jusqu’en  octobre. Ainsi,  les  prix resteront  relativement  faibles  jusqu’en octobre.   A partir de  cette période,  les prix  tendront  à  se  stabiliser  à  cause de l’apport  des  récoltes  des montagnes  humides  et  des  plaines  irriguées  à  la  disponibilité  alimentaire  jusqu'à  la  fin  de décembre.   En milieu  rural, dans  les  zones  à potentialité  agricole  élevée  comme dans  la plaine des Cayes,  la  vallée de l’Artibonite et  la Plaine du Nord,  les montagnes humides,  les  travailleurs agricoles profiteront des  récoltes et des semis, bases de leurs revenus en juillet‐août et en octobre‐décembre, respectivement.  La saison cyclonique s’annonce très active. Les prédictions de la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) et de  l’Université d’État du Colorado  (CSU)  concordent pour dire qu’en 2010  les occurrences de  tempêtes  tropicales et ouragans seront grandement supérieures à la moyenne.  Le Projet de météorologie tropicale de CSU prévoit l’occurrence de 

Figure 3. Scenario le plus probable de juillet à septembre 2010

Figure 4. Scenario le plus probable de septembre à décembre 2010

Source: FEWS NET

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cinq ouragans majeurs alors que  la moyenne annuelle est de 2,3.   Mais étant donné  la grande vulnérabilité de  la quasi‐totalité du pays aux  fortes précipitations, des tempêtes tropicales pourraient conduire à une dégradation modérée de  la sécurité  alimentaire  dans  les  zones  touchées.  Un  ou  des  ouragans  auraient  des  impacts  sévères  sur  les  installations agricoles.  Des  plantations  seront  détruites,  des  animaux  d’élevage  tués  et  les  résidences  des ménages  endommagées.  D’octobre à décembre,  l’insécurité alimentaire augmentera dans  la péninsule du Sud et dans  la région métropolitaine de Port‐au‐Prince aussi bien que dans  le haut Artibonite et  la pointe occidentale de  la péninsule du nord en grande partie à cause des chocs météorologiques.  En résumé, les informations disponibles à ce jour permettent de faire les hypothèses suivantes : une bonne récolte durant la période de juillet à août ; une bonne disponibilité des intrants agricoles pour la campagne du haricot dans les montagnes humides  et  du  riz  dans  la  vallée  de  l’Artibonite;  l’exécution  de  travaux  requérant  de  la main  d’œuvre  dans  les  zones affectées par le séisme et dans les régions du nord‐ouest; l’augmentation des transferts d’argent de l’étranger à la rentrée scolaire  en  septembre  et  pendant  les  fêtes  de  fin  d’année  en  décembre;  l’occurrence  de  tempêtes  tropicales;  des inondations  des  basses  terres  dans  les  départements  de  l’Artibonite,  de  l’Ouest  et  du  Sud;  le  pré‐positionnement  de nourriture et kits d’hygiène dans les zones les plus vulnérables aux fortes chutes de pluie; et des manifestations violentes dans  les grandes zones urbaines à  l’approche des élections d’octobre à décembre.   Les scénarii  les plus probables pour  la péninsule du sud et la zone métropolitaine reposent sur ces hypothèses.  La péninsule du sud En ce moment, la péninsule du sud bénéficie généralement d’une bonne disponibilité alimentaire.  La campagne agricole de printemps a commencé un peu  tardivement à cause d’une pluviométrie anormalement  faible au début de  la  saison des pluies.  Mais la tendance pluviométrique s’est inversée au cours de la saison.  Les zones de montagnes humides ont même reçu des chutes de pluies excessives, entraînant des pertes de production de haricots importantes dans les départements du Sud‐est et du Sud.   En ce qui concerne  le maïs,  la production  sera  très bonne et comparable à celle de 2009.   Dans certaines  communes de  la  région,  le prix du maïs  a déjà baissé de  façon  substantielle.    Par  exemple,  à Camp‐Perin,  la marmite de six livres est passée de 50 gourdes en juin à niveau oscillant entre 25 et 30 gourdes début juillet, alors que la récolte  commençait  à  peine.  A  Torbeck,  la  production  de  riz  a  pratiquement  doublé  cette  année,  avec  4000  hectares emblavés, grâce aux  travaux entrepris par  le Ministère de  l’agriculture et ses partenaires dans cette commune. D’autres produits,  comme  la banane plantain et  le  fruit d’arbre véritable ont bénéficié des pluies abondantes et vont  largement contribuer à améliorer la disponibilité alimentaire.  Les marchés sont très bien approvisionnés en produits de toute sorte.  A coté des activités agricoles qui fournissent des emplois aux plus pauvres, la construction de la route de Cayes‐Jérémie offre des opportunités relativement bien rémunératrices.    Il s’ensuit une diminution considérable du nombre de personnes en insécurité alimentaire dans cette région du pays, particulièrement  les pauvres qui ont obtenu des emplois dans  la récolte des champs et dans les travaux d’infrastructures routières.  Les prévisions de NOAA  indiquent une probabilité de 70 pourcent que  la zone Caraïbe soit frappée par 14 à 23 tempêtes tropicales, 8 à 14 ouragans, dont 3 à 7 ouragans majeurs. Du fait de son relief marqué, de la déforestation, et de l’érosion, le  territoire haïtien est  très vulnérables aux  tempêtes  tropicales voire  les ouragans. De par  sa position géographique,  la péninsule du sud est particulièrement exposée à ces phénomènes climatiques.   Les ouragans qui avaient  frappé Haïti en 2008 avaient détruit plus de 10 pourcent de  la production agricole et endommagé  les  infrastructures routières en  isolant des  régions montagneuses  dans  le  sud‐est,  ce  qui  avait  contribué  à  l’aggravation  de  la malnutrition  infantile  à  Baie d’orange.  Si  la  péninsule  du  sud  est  affectée  par  des  tempêtes  tropicales modérées,  les  effets  sur  la  disponibilité  et  l’accès  aux produits alimentaires seront limités. De fortes précipitations pourront endommager les routes et causer des glissements de terrain  et  des  éboulements  qui  limiteront  les mouvements  de marchandises  et  réduiront  la  disponibilité  des  produits alimentaires importés ou empêcheront les commerçants d’amener les produits locaux aux marchés régionaux ou de Port‐au‐Prince. Les  inondations dans  les plaines détruiront  les cultures, atteindront  les stocks alimentaires, et occasionneront des pertes d’animaux d’élevage.   La culture de terres marginales, surtout par  les pauvres, rendent  la production agricoles encore plus vulnérable.   Les conséquences de ces  intempéries seront plus significatives pour  les zones  isolées ou dont  les sols sont dégradés.  Les impacts sur la sécurité alimentaire pourront donc être significatifs.  En détruisant  les cultures,  les maisons et en  tuant  les animaux ou en coupant  les routes, ces chocs agissent sur  tous  les facteurs responsables de la sécurité alimentaire.  Les cultures que les inondations auront détruites ne s’ajouteront pas à la disponibilité.   De plus, avec  la coupure des  routes,  les marchés seront moins achalandés.   Les ménages agricoles auront 

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moins de production alimentaire à leur disposition et il y aura moins d’emplois à pourvoir dans le secteur agricole pour les plus pauvres.    L’argent qui aurait été disponible pour  l’achat de  la nourriture  serait utilisé pour  la  reconstruction de  la maison ou pour l’achat des actifs productifs qui auront été emportés par ces chocs, réduisant ainsi l’accès à la nourriture.  L’utilisation en sera grandement affectée suite à la consommation d’eau polluée et à la diarrhée.  Dépendant du milieu dans  lequel évoluent  les ménages,  leurs réponses peuvent varier différemment d’une zone de vie à l’autre.  En  général,  ils  vont  commencer  par  diminuer  le  nombre  de  repas  journaliers  ou  ils  utiliseront  des  produits alimentaires dont  la valeur nutritionnelle est faible.   Ceux vivant sur  la côte dans  les zones de pêche comme dans  le sud augmenteront  leurs  activités  de  pêche  et  attraperont même  des  poissons  qui  n’ont  pas  encore  atteint  leur maturité physiologique, entrainant ainsi une baisse de la production du poisson dans le temps.    Dans  les  zones  d’agriculture  sèche,  la  production  de  charbon  augmentera  avec  la  coupe  des  arbres  et  dans  les  zones d’élevage,  on  aura  tendance  à  vendre  les  plus  jeunes  animaux  à  de  faibles  prix  ou même  à  procéder  a  des  récoltes prématurées.  Pour  les  pauvres  de  la  péninsule  du  sud,  la migration  à  Port‐au‐Prince  sera  une  autre  possibilité  de  se procurer des revenus.  Les acteurs externes  interviendront en mettant à  la disposition des personnes affectées des produits alimentaires.   Des programmes de cash‐for‐work ou de food‐for‐work seront planifiés et exécutés en vue d’aider les ménages à améliorer leur situation.    La  création  de  nouveaux  emplois  incitera  les  importateurs  de  produits  alimentaires  à  augmenter  le  volume importé afin de suppléer au déficit alimentaire.  Une amélioration de la situation alimentaire est attendue pendant la période de récolte en juillet et en aout, entrainant une diminution significative du nombre de personnes en insécurité alimentaire.  A partir de septembre‐octobre cette situation peut se dégrader dû aux probables chocs qui produiront une réduction de  la disponibilité alimentaire, une augmentation des prix des denrées et du nombre de personnes en insécurité alimentaire.  La zone métropolitaine La  situation  alimentaire dans  la  région métropolitaine  s’est  grandement  améliorée depuis  le  tremblement de  terre.  Les infrastructures portuaires et aéroportuaires sont en réparation et fonctionnent à plein rendement, ce qui facilite  l’arrivée des produits alimentaires et autres biens de consommation courante. La bonne saison pluvieuse dans la plupart des zones de production a fait augmenter la disponibilité alimentaire dans les marchés. On a remarqué une baisse ou une stabilisation des prix pour la plupart des denrées de base. Cette baisse est due d’une part au cours des produits importés sur le marché international et à la bonne performance de la campagne de printemps dans les régions du pays comme dans le Nord et le Sud.  Sur le marché de la Croix‐des‐Bossales, par exemple, le riz importé, l’aliment le plus consommé par la population, est passé de 150 gourdes après le séisme à 115 gourdes soit en dessous du niveau d’avant le cataclysme du 12 janvier. Le cours des céréales sur le marché international et la bonne performance de la campagne de printemps dans la plupart des régions explique  la  baisse  du  prix  des  produits  alimentaires.  De  nombreux  emplois  créés  avec  l’appui  de  la  communauté internationale  ont  permis  à  des milliers  de  jeunes,  hommes  et  femmes,  d’avoir  un  revenu  et  d’améliorer  leur  accès  à l’alimentation.  En dépit des  conditions  alimentaires  favorables  en  termes de disponibilité,  la  zone métropolitaine  est  le  spectre d’une grande désolation. Elle a beaucoup souffert du  tremblement de  terre du 12  janvier qui a complètement  transformé son faciès.   Des maisons détruites et endommagées sont  légion.   De nombreuses rues de la capitale,  jonchées de débris, sont impraticables.  Les  canaux  de  drainage  sont  dans  beaucoup  de  cas  obstrués  avec  les  débris  venant  des  constructions détruites  par  le  séisme.  Environ  1.6  millions  d’habitants  sont  entassés  dans  des  tentes  dans  des  conditions  qui  se détériorent suite aux dernières pluies et des vents qui détruisent les tentes dans certains camps comme à Corail au nord de la capitale. En pleine saison cyclonique, une telle situation  inquiète et fait craindre une dégradation des conditions de vie dans toute la zone métropolitaine.  Le nombre anormalement élevé de tempêtes tropicales prévues durant la période cyclonique (jusqu’en novembre) pourrait se  traduire  par  des  dégâts  liés  aux  eaux  importants  dans  la  zone métropolitaine. De  fortes  précipitations  et  des  vents violents causeraient des glissements de terrain et  inondations,  la destruction d’infrastructure de transport et d’abris dans les camps de personnes déplacées, des pertes matérielles  (réserves alimentaires et biens essentiels non‐alimentaires en particulier) et, plus grave, des pertes humaines. La présence des débris et des remblais provenant des maisons détruites par le séisme bloquent de nombreuses rues et des canaux de drainage rendant plus  imminent  les  inondations  lors des fortes 

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précipitations.      Ces  dégâts  et  pertes  se  traduiront  par  un  ralentissement  de  l’activité  économique  et  en  particulier  le commerce des denrées  alimentaires, et  aussi des pertes de  revenues, de moyens de  transport, de biens productifs, de logement et d’épargne  (sous forme de biens  immobiliers ou d’abris temporaires), affectant négativement  la capacité des ménages affectés à acheter des aliments ou financer le cout des soins de santé.  Outres  le  risque de désastre naturel,  la période  électorale  fait  encore peser de  lourdes menaces  sur  la population.    La situation  politique  et  sociale  risque  de  se  détériorer    d’octobre  à  décembre  à  cause  des  élections  générales  dont  le processus est contesté d’avance.   La dégradation du climat politique et social se manifestera  très probablement par des manifestations violentes, surtout dans la région de Port‐au‐Prince, ce qui pourrait ralentir ou même interrompre l’activité économique, comme ce fut le cas entre 2001 et 2003 à la suite de la contestation des élections de 2000.  Ce ralentissement de  l’activité économique (hausse du cout du transport et risques  liés à  l’insécurité civile) aboutirait à une hausse des prix généralisée et une baisse du revenu des ménages, surtout de celui des ménages pauvres dont la plupart vivent du secteur informel. Ceux‐là ne pourraient pas continuer leur activité commerciale dans les rues de la ville à cause des manifestations et de l’insécurité et leur accès aux produits alimentaires en serait diminué, ce qui pourrait accentuer le mécontentement de ce segment de la population.  Les  catastrophes  naturelles  et  les  troubles  à  l’ordre  public  pourraient  aussi  contraindre  l’action  des  organisations humanitaires s’occupant des problèmes de nutrition.  Grâce  à  la bonne performance de  la  campagne  agricole de printemps,  la disponibilité des produits  alimentaires  sur  les marchés de  la zone métropolitaine va être bonne au cours des prochains mois et  leur prix va afficher une tendance à  la baisse.   Donc, de  juillet  à  septembre,  la  sécurité  alimentaire  va  continuer  à  s’améliorer  avec une baisse du nombre de ménages ne pouvant satisfaire à leurs besoins alimentaires et une diminution de la sévérité de la sécurité alimentaire. Mais cette tendance pourrait bien s’inverser à partir de la fin septembre à cause de tempêtes tropicales et de la détérioration du climat  politique  et  social  à  l’approche  et  à  la  suite  des  élections.  Dans  ce  cas,  les  prix  des  produits  alimentaires augmenteront  et  le  revenu  des  ménages  pauvres  des  quartiers  marginalisés,  les  bidonvilles,  les  camps  de  déplacés, diminuera, ce qui réduira leur accès à ces produits.  Événements qui pouvaient affecter le scenario le plus probable Haïti est  très  vulnérable  aux  impacts des ouragans, et un ou des ouragans  auraient des  impacts  sévères  sur la  sécurité alimentaire.  Cela  est  surtout  vrai  cette  année‐ci  vu  les  dégâts  causés  par  le  tremblement  de  terre  du  12  janvier.  Les ménages sont toujours en train de se remettre du choc subi par les moyens d’existence, les systèmes sociaux et le secteur du  logement.  Les  services de base  sont  lentement  rétablis et  l’infrastructure a  toujours besoin de  réparations. De plus, environ 1,6 millions de personnes vivent toujours dans des camps vulnérables aux dégâts causés par  les  inondations,  les glissements de  terrain et  les vents  forts, et sont susceptibles aux mauvaises conditions de santé et sanitaires. Les autres régions vulnérables aux  impacts des tempêtes tropicales et ouragans  incluent  la péninsule du sud et  les départements de l’Ouest et de  l’Artibonite. Vu  la  forte déforestation, ces régions sont particulièrement sujettes aux  inondations et dégâts causés par les vents. De plus, on s’attend à ce que la récolte du printemps, en juillet‐août, améliore la sécurité alimentaire dans de nombreuses régions, cependant d’importantes perturbations atmosphériques peuvent endommager les cultures.  La péninsule du sud est historiquement la région la plus frappée par les tempêtes tropicales et les ouragans.  Elle est aussi l’une des régions dont l’environnement est le plus fragile.  En cas d’ouragan, le nombre de ménages exposés est important.  Par exemple, la perte des cultures et des animaux dans la péninsule du Sud suite à des ouragans entrainera une baisse de leur  pouvoir  d’achat.    Des  membres  de  ces  ménages  tendront  à  migrer  vers  d’autres  lieux  plus  cléments  en  quête d’opportunités économiques.  

Tableau 1. Evénements de faible probabilité dont l’occurrence peut changer le scenario le plus probable au cours des six prochains mois.

Zone géographique 

Evénements  Impact sur la sécurité alimentaire 

Ensemble du territoire 

Cyclone majeur(s)  Le nombre de personnes tuées, apporteurs de ressources au niveau des ménages, serait très élevé particulièrement dans la péninsule du sud, dans la zone métropolitaine et dans l’Artibonite.  Les 

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Prévision de la sécurité alimentaire en Haïti Juillet à décembre 2010 

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membres survivant de ces ménages seraient en insécurité alimentaire élevée ou dépendent de l’assistance humanitaire. 

Les départements du nord du pays et de l’Artibonite 

Les intrants agricoles sont disponibles et accessibles à la plupart des agriculteurs.  Une très bonne distribution des pluies et l’absence de pertes, liées aux inondations ou aux vents renversant les cultures dans les champs, permettent une très bonne production agricole (riz dans les plaines irriguées, sorgho et pois Congo dans les zones de plateau, haricots et légumes dans les montagnes humides). 

Une très grande disponibilité de produits alimentaires dans les zones de consommation et dans les zones affectées par les ouragans.  Avec les activités de cash‐for‐work mises en œuvre, les membres des ménages obtiendraient des emplois et auraient accès à la nourriture.  Ce qui contribuerait à diminuer le nombre de personnes en insécurité alimentaire dans les zones où se sont produits les chocs. 

Zone métropolitaine de Port‐au‐Prince 

Le gouvernement aide les ménages vivant dans les camps les plus vulnérables à se relocaliser avant le passage des tempêtes tropicales et ouragans. 

Les pertes en biens matériels et en vies humaines seraient minimisées et les ménages pourraient investir leurs ressources dans l’acquisition de produits alimentaires de meilleure qualité et en plus grande quantité. 

 

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 Réseau de Systèmes d’Alerte Précoce Contre la Famine i

 

ANNEXE: Haïti Bulletin Mensuel des Prix Juillet 2010 

Les prix mensuels proviennent du CNSA/FEWS NET. 

Le riz, les haricots noirs, le maïs et l’huile de cuisson sont les produits alimentaires  les plus  importants pour  les ménages pauvres  et  à  revenus  moyens  d'Haïti.  Les  racines  et tubercules  sont  aussi importantes, mais  leurs  prix ne  sont pas  suivis  pour  le  moment.  Toute  l’huile  de  cuisson  est importée  et  les  importations  de  riz  représentent  près  de quatre‐vingts pour cent des besoins nationaux. De grandes quantités de haricots et de maïs sont également importées, mais plus de  la moitié des besoins nationaux sont produits sur place. Le riz est consommé par  les ménages mêmes  les plus pauvres et  le riz  importé est généralement moins cher que  le  riz  produit  localement.  Croix‐de‐Bossales  est  le marché  le  plus  important  du  pays  et  se  trouve  à  Port‐au‐Prince, où vit un tiers de la population. Hinche, au centre du pays, est située dans  l’une des régions  les plus vulnérables. Jérémie est  le marché  le plus éloigné de Port‐au‐Prince et Jacmel  se  trouve  dans  le  département  du  sud‐est,  un département  particulièrement  exposé  aux  cyclones  et  qui affiche les taux de malnutrition les plus élevés du pays.  

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